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diff --git a/.gitattributes b/.gitattributes new file mode 100644 index 0000000..6833f05 --- /dev/null +++ b/.gitattributes @@ -0,0 +1,3 @@ +* text=auto +*.txt text +*.md text diff --git a/17561-8.txt b/17561-8.txt new file mode 100644 index 0000000..054fd6d --- /dev/null +++ b/17561-8.txt @@ -0,0 +1,1034 @@ +The Project Gutenberg EBook of Confédération Balkanique, by Jivoin Péritch + +This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with +almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or +re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included +with this eBook or online at www.gutenberg.org + + +Title: Confédération Balkanique + +Author: Jivoin Péritch + +Release Date: January 21, 2006 [EBook #17561] + +Language: French + +Character set encoding: ISO-8859-1 + +*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK CONFÉDÉRATION BALKANIQUE *** + + + + +Produced by Nenad Petrovic, Cédric and the Online +Distributed Proofreaders Europe at http://dp.rastko.net. +This file was produced from images generously made available +by the Bibliothèque nationale de France (BnF/Gallica) + + + + + + + + LA + CONFÉDÉRATION BALKANIQUE + + + PAR + JIVOIN PÉRITCH + + PROFESSEUR DE DROIT A L'UNIVERSITÉ DE BELGRADE (SERBIE) + + Extrait du _Bulletin de la Société de Législation comparée_, + de Janvier 1912. + + +PARIS +LIBRAIRIE GÉNÉRALE DE DROIT ET DE JURISPRUDENCE +20, Rue Soufflot, 20 + + +1912 + + +LA CONFÉDÉRATION BALKANIQUE + + + + +Il est des États qui se maintiennent d'une façon toute négative. La +Turquie nous fournit, à ce point de vue, un exemple caractéristique. +Bien que l'Empire ottoman constitue, à tous les égards, une anomalie +parmi les États européens, il n'en est pas moins toujours debout. Sans +doute, ne se tient-il pas tout à fait droit, sans doute chancelle-t-il, +mais il est néanmoins vrai qu'il subsiste. C'est un malade +certainement, mais ce n'est pas un mort. Et c'est un malade dont la +maladie dure depuis si longtemps qu'on commence à douter qu'elle +cessera jamais, une maladie éternelle, c'est-à-dire, une vie éternelle, +puisque la meilleure garantie d'exister, c'est la durée de la maladie, +la mort ne venant qu'après la cessation de celle-ci. La maladie c'est +l'ennemie de la mort. La maladie c'est la vie. Il paraît que la +Turquie le comprend ainsi; aussi soigne-t-elle sa maladie, comme les +autres États soignent leur santé. Tandis que ceux-ci vivent de santé, +la Turquie vie de maladie. + +Mais pourquoi cet État malade? Est-ce que ce n'est pas un péril pour +les États sains, les maladies des États pouvant se répandre et se +gagner, de même que les maladies des hommes? + +Et pourtant, c'est cette même Europe qui entretient le mal, qui le +fait exister, c'est elle qui s'expose volontairement à être atteinte +par lui et, en vérité, une partie en est déjà considérablement +atteinte: nous faisons allusion aux États balkaniques chrétiens qui, +touchant directement le malade ottoman, en ont subi déjà l'influence +malsaine. Peut-être les autres États de l'Europe ne craignent-ils pas +la Turquie, parce qu'ils en sont séparés par les États balkaniques +chrétiens: le Destin a voulu que ces petits pays gardassent les grands +États de la contagion turque, comme ils les ont gardés, autrefois, de +l'invasion turque. Les petits États ont toujours fait le jeu des +grands États. + +Si la Turquie subsiste néanmoins, la faute en est aux grandes +puissances, dont le désaccord, en ce qui concerne l'Empire ottoman, +date de plusieurs siècles. Parmi tous les désaccords internationaux, +celui-ci est, sans conteste, le plus ancien et le plus durable. Grâce +à lui, l'État turc est aussi ancien et durable. Si la Turquie ne peut +dire, quant à ses relations avec l'Europe: _divide ut imperes_, elle +peut dire au moins: _divide ut vivas_. + +En effet, il ne suffirait pas de faire disparaître la Turquie de +l'Europe, il faudrait encore mettre autre chose à sa place. La +politique internationale, comme la nature, ne souffre pas de vide. +Cette règle fait aussi la force de l'Autriche-Hongrie, un État qui, +par son hétérogénéité nationale, constitue pareillement une difficulté +internationale. Mais cet État subsiste toujours parce que l'on ne sait +pas par quelle combinaison politique le remplacer. L'Autriche-Hongrie +n'est sans doute pas une combinaison heureuse, mais du moins elle en +est une, et il vaut mieux une mauvaise solution qu'aucune. + +Si les grandes puissances tombaient d'accord relativement à la Turquie, +celle-ci cesserait d'être comptée parmi les États européens. La +meilleure preuve nous en est fournie par l'histoire de la Pologne: +aussitôt que la Russie, l'Autriche-Hongrie et la Prusse s'entendirent, +la Pologne disparut par le partage entre les contractants. Mais pour +ce qui est de la Turquie, les puissances ne peuvent s'entendre ni pour +se la partager entre elles, ni pour la donner toute entière à l'une +d'elles. Aucune de ces puissances ne trouve son intérêt à ce qu'une +autre, et non pas précisément elle, s'installe à la Corne d'Or, d'où +on ne pourrait plus la déloger, et c'est toujours la Turquie que +chacune d'elles préfère y voir, cette situation lui donnant des +espoirs pour l'avenir. + +Mais hâtons-nous de dire qu'en ce qui concerne la Turquie, il y a, +outre les grandes puissances, un autre facteur très important qui +manquait lors du partage de la Pologne: ce sont les États balkaniques +chrétiens, la Serbie, le Monténégro, la Bulgarie et la Grèce. Ce sont +là les héritiers légitimes de la Turquie d'Europe; ils le sont +ethnographiquement et historiquement. Malheureusement, les grandes +puissances, qui ont, disent-elles, elles aussi, des intérêts dans les +Balkans, ne permettent pas aux États balkaniques de s'arranger pour +faire, entre eux, le partage de leur voisin. Les grandes puissances +élèvent donc, également, des droits de succession par rapport à la +Turquie. Elles émettent, du reste, de pareilles prétentions partout où +il y a quelque chose à prendre. Les grandes puissances sont des +successeurs universels. Et leurs titres? Oh, elles se les fabriquent +elles-mêmes, contrairement à la règle que personne ne peut se créer +soi-même de titre à l'appui du droit réclamé. La force n'est pas gênée +par des règles. La force dit: la règle c'est moi! La force c'est le +titre. Qui dit force dit titre. + +Les grandes puissances affirment, il est vrai, que les États +balkaniques chrétiens ne sont pas eux-mêmes d'accord au point de vue +de la question turque et que, pour empêcher la collision armée entre +ces États et la guerre générale qui pourrait éventuellement en +résulter, elles sont obligées d'intervenir. Voilà une affirmation qui +n'est pas une vérité. En effet, ce n'est pas parce que les États +balkaniques chrétiens sont divisés que les grandes puissances +interviennent, mais tout au contraire, c'est parce que les grandes +puissances interviennent, que ces États sont divisés. Pourquoi, pour +ne citer qu'un exemple, la Bulgarie est-elle si intraitable vis-à-vis +de la Serbie, en ce qui concerne la question macédonienne? Parce +qu'elle est secondée, dans ces prétentions nationales, par la Russie, +qui, de même qu'en 1878, ne verrait pas aujourd'hui non plus d'un oeil +favorable l'agrandissement de la Serbie dans la direction du Sud. Les +grandes puissances craignent un accord entre les pays balkaniques +chrétiens, accord qui pourrait donner à la question turque une +solution dont elles ne seraient pas satisfaites. En divisant ces pays +entre eux, les grandes puissances, toujours dans un but intéressé, +ajournent, de la sorte, la fin de la question turque et prolongent la +vie de la Turquie. + +C'est en aspirant aux mêmes visées que certaines grandes puissances, +parmi lesquelles la Grande-Bretagne occupe la première place, +préconisent l'idée d'une confédération balkanique, confédération qui +serait composée de la Turquie et des autres États balkaniques +(chrétiens). Ces puissances disent à la Turquie et aux États +balkaniques chrétiens: Vous êtes mal les uns avec les autres parce que +vous constituez autant de différents États; organisez un seul État +dans la forme d'une fédération, et alors la guerre ne vous menacerait +plus, car, pour qu'il y ait guerre, il faut deux ou plusieurs États, +un seul État ne pouvant se faire la guerre à lui-même. La +confédération balkanique aurait, dans les limites des Balkans, le même +résultat que la confédération européenne aurait dans les limites de +l'Europe: elle supprimerait la guerre parce qu'elle assurerait +l'amitié entre anciens adversaires ou, ce qui est la même chose, elle +assurerait l'amitié entre anciens adversaires, parce qu'elle +supprimerait la guerre[1]. + +Mais proposer la confédération balkanique, ce n'est nullement encore +résoudre la question d'Orient. Cette question consistait, jusqu'à +présent, en ceci: savoir de quelle manière devraient être distribuées +les provinces actuellement gouvernées en Europe par les Turcs, une +fois que ceux-ci auraient été rejetés en Asie. Le projet de +confédération balkanique, en éliminant l'idée de l'évacuation de la +Péninsule balkanique par les Turcs, supprime, comme nous le voyons, la +question d'Orient. Au lieu de résoudre cette question, ce projet la +tourne. Napoléon Ier a bien dit, il est vrai, que lorsqu'on ne peut +vaincre une difficulté, on doit la tourner, règle qu'il avait souvent +mise à exécution dans ses opérations militaires: quand, par exemple, +il ne pouvait traverser avec son armée une grande montagne, il la +tournait. La difficulté se trouvait tranchée par là, puisque Napoléon +débouchait avec son armée là où il désirait. Mais, nonobstant +certaines analogies entre la guerre et la politique, il n'en reste pas +moins acquis qu'il y a aussi entre elles bien des différences. L'une +d'elles est précisément celle qui a trait à la solution des questions: +en politique, on ne résout pas, comme cela peut arriver à la guerre, +une question en la tournant; en politique, une question tournée n'est +pas une question résolue, une question tournée reste toujours une +question. + +C'est que la confédération balkanique, telle que l'Angleterre la +voudrait, est une impossibilité, et l'on sait que ce n'est pas qu'en +chimie qu'il y a des impossibilités: on en rencontre aussi en +politique. La confédération balkanique est une alchimie politique, et +la Grande-Bretagne est un alchimiste qui, bien que de date récente et +moderne, ne sera pas plus heureux que ses lointains ancêtres. + +En effet, c'est n'avoir pas les notions les plus élémentaires sur la +Turquie et les Turcs que d'oser émettre l'idée d'une confédération +entre les États balkaniques chrétiens et la Porte, et si l'Angleterre +s'est arrêtée à cette idée, cela montre à quel point elle a épuisé +tous les autres moyens pour prévenir la dissolution et le partage de +la Turquie, dissolution et partage qui s'accompliraient, en est-elle +persuadée, au détriment de ses intérêts. + +Car, si les peuples chrétiens des Balkans, les Serbes (au nombre +desquels il faut également comprendre les Monténégrins), les Bulgares, +les Grecs et les Koutzo-Valaques, se confédéraient avec la Turquie, +ils devraient alors renoncer à leurs aspirations nationales, la +Turquie étant un État qui est, en principe, habité par les +coreligionnaires de ces mêmes peuples. Faisons remarquer tout de suite +que ce ne serait pas encore un grief sérieux contre l'idée d'une +confédération balkanique que l'obstacle qui en découlerait, pour les +peuples susnommés, quant à la possibilité de la réalisation du soi-disant +principe des nationalités. Car ce qu'on appelle «principe des +nationalités» n'est point un principe, c'est encore moins un droit. +C'est tout simplement et ce ne peut être autre chose qu'un _moyen_ +pour atteindre un certain but. Le but, c'est le progrès, la +civilisation, et si les nations non encore unifiées se réclament du +principe des nationalités, c'est parce qu'un peuple n'est à même +d'atteindre le plus haut degré possible de culture et de civilisation +qu'autant qu'il est unifié. Et puisque tel est le sens de ce principe +des nationalités, il s'en suit qu'un peuple non unifié n'a le droit à +son unification politique que s'il a prouvé ses aptitudes à la +civilisation. Sans cela, le droit à l'unification n'existe pas. Et la +meilleure preuve du bien-fondé de ce que nous avançons ici, nous la +trouvons dans ce fait, qui n'est contesté par personne en Europe et en +Amérique, que les nations civilisées (Anglais, Allemands, Français, +Italiens, etc.), au lieu de proclamer, pour les races inférieures et +barbares, le principe des nationalités, au contraire, se les partagent, +afin de relever, autant que possible, leur niveau matériel, moral et +intellectuel. La colonisation de l'Afrique, par exemple, est une +manifestation éclatante contre cette prétention qu'il y ait un +principe ou un droit des nationalités. S'il y a ici un principe, c'est +le _principe de la civilisation_, principe qui seul peut justifier +l'union d'une race ou d'un peuple. Il résulte de cette observation +encore ceci: qu'un État n'a point le droit de tendre à s'adjoindre les +habitants d'un autre État qui seraient de la même nationalité que ses +propres sujets, si ces habitants, bien que séparés du gros du peuple +auquel ils appartiennent, sont placés, dans l'État dont ils sont les +ressortissants, dans les meilleures conditions possibles pour +progresser et prospérer et aussi pour conserver leur nationalité. Du +reste, ce n'est que grâce au respect qu'on a pour sa nationalité qu'on +peut dire qu'un habitant d'un pays est placé dans les meilleures +conditions possibles pour progresser et prospérer. Ainsi, par exemple, +l'Allemagne, la France et l'Italie ne seraient point admises à +prétendre au droit de s'unir les Allemands, les Français et les +Italiens qui composent la République suisse, parce que les Suisses +jouissent, dans cette République, des libertés nécessaires au plein +développement de leurs facultés intellectuelles et morales. + +En conséquence, si la Turquie parvenait à doter les populations +chrétiennes qui sont sous sa domination d'un régime de paix et de +bien-être, les États balkaniques chrétiens ne sauraient se prévaloir, +dans ce cas, du principe des nationalités, ce principe ne pouvant +avoir ici sa raison d'être, puisque le but qui l'explique et le +justifie serait, dans le cas supposé, atteint même sans son +application. + +Mais il n'en est rien. La situation des sujets chrétiens de la Turquie +d'Europe, au lieu de devenir meilleure depuis l'avènement au pouvoir +des Jeunes Turcs, a, au contraire, empiré. Comment, du reste, +pourrait-il en être autrement, puisque la Jeune Turquie n'est pas +parvenue à changer les conditions d'existence des nationalités +chrétiennes, conditions auxquelles celles-ci avaient été soumises +pendant toute la durée du gouvernement de la Vieille Turquie. La +liberté et l'égalité politique, sans lesquelles on ne peut concevoir +ni progrès individuel, ni prospérité collective, les populations +chrétiennes continuent à en manquer en Turquie, nonobstant +l'introduction de la démocratie dans ce pays. + +Car il ne faut pas confondre, quand il s'agit de systèmes de +gouvernement, les États homogènes et hétérogènes, c'est-à-dire les +États peuplés par une seule nationalité et les États qui sont composés +de nationalités différentes. + +Dans les premiers États, tous les habitants sont placés sous un même +régime politique, régime conservateur ou démocratique, tandis que dans +les derniers États, il n'en est pas ainsi: une nationalité,--et c'est +celle qui est régnante, dominante,--bénéficie seule des privilèges et +libertés politiques, les autres nationalités restant toujours soumises +à un régime d'exception, toujours, c'est-à-dire sans égard aux +améliorations qui peuvent être apportées à la situation sociale et +politique de la nationalité détenant le pouvoir. Les luttes politiques, +dans les États hétérogènes, sont limitées aux seuls représentants de +la nationalité dominante, de telle sorte que, par exemple, la victoire +de la démocratie ne signifie, dans ces États, autre chose qu'un +changement, dans le sens démocratique, survenu dans la position +politique des membres de ladite nationalité: ce ne seront qu'eux qui +profiteront du nouveau régime basé sur les principes démocratiques. +Mais, quant aux autres nationalités, celles qui sont gouvernées par la +nationalité dominante, elles ne cesseront point, pour cela, d'être +placées sous un régime réactionnaire et rétrograde. + +Et il n'y a pas lieu de s'étonner qu'il en soit ainsi. Car, dans un +État hétérogène, la nationalité dominante ne peut mettre sur le même +pied qu'elle les autres nationalités, par cette simple raison qu'elle +ne veut pas lâcher le pouvoir, ni perdre sa prédominance dans l'État, +ce qui pourrait parfaitement arriver si les nationalités qu'elle +gouverne avaient à leur disposition les mêmes moyens de combat et +d'influence qu'elle. On s'en convainc très bien d'après ce qui se +passe en Hongrie: malgré la division des Magyars en différents partis +politiques, les uns libéraux et démocratiques, les autres +conservateurs, qui se sont succédé et qui se succèdent au pouvoir, la +situation des nationalités serbe, croate et roumaine, ne se modifie +pas, elle est toujours précaire et difficile, presque intolérable: la +nationalité magyare, numériquement faible, tire sa prépondérance et sa +force des conditions spécialement favorables qu'elle s'est assurées +dans l'État hongrois. + +Il en est de même de la Turquie. La révolution pacifique de 1908 s'est +bornée, quant à ses effets, aux seuls Turcs. Cette révolution a été +tout simplement une affaire interne des Vieux et des Jeunes Turcs, une +affaire de ménage. Au lieu d'être gouvernés par le système absolutiste +d'Abdul-Hamid, les Turcs le sont maintenant par le système +démocratique des Jeunes Turcs. Peut-être pouvons-nous dire que, même à +ce point de vue restreint, c'est-à-dire au point de vue des rapports +entre les Vieux et les Jeunes Turcs, il n'y a rien de changé: de même +que, sous Abdul-Hamid, les Vieux Turcs tyrannisaient les Jeunes Turcs, +de même, à présent, les Jeunes Turcs tyrannisent les Vieux Turcs. Il +n'y a ici que cette différence: sous l'ancien régime, c'était un homme, +Abdul-Hamid, qui exerçait l'absolutisme, maintenant c'est un club, +celui d'«Union et Progrès». + +Mais, quoi qu'il en soit à cet égard, toujours est-il que, du moins, +les nationalités chrétiennes n'ont tiré aucun profit de la démocratie +jeune-turque. C'est que ces nationalités signifient, aux yeux des +Jeunes Turcs, la même chose qu'elles signifiaient aux yeux des Vieux +Turcs: un danger pour le maintien et l'intégrité de l'Empire Ottoman. +Aussi les Jeunes Turcs ont-ils vite démenti, en ce qui concerne les +populations chrétiennes, leur programme démocratique: la liberté et +l'égalité politiques, ce sont la dot des Turcs seuls et non pas aussi +des chrétiens, ceux-ci restant, comme sous Abdul-Hamid, plongés dans +la misère et l'obscurité. + +Les exemples, à l'appui de ce que nous avançons, sont nombreux et, +même, trop nombreux, et il n'est pas nécessaire de fatiguer le lecteur +par leur énumération. Les Jeunes Turcs se disent: si nous appliquons +également nos principes démocratiques aux chrétiens, nous risquons de +détruire notre Empire, les chrétiens pouvant employer la liberté que +nous leur donnerions pour s'affranchir de nous et pour s'adjoindre aux +différents États Balkaniques chrétiens; mais, d'un autre côté, si nous +exceptons les chrétiens de nos institutions démocratiques pour les +garder toujours en notre pouvoir, nous nous attirerons les mêmes +reproches que s'était déjà attirés le régime despotique d'Abdul-Hamid. +Il fallait donc choisir entre ces deux voies, et les Jeunes Turcs ont +fait ici le même choix que les Vieux Turcs--ce qui démontre qu'en ce +qui concerne les chrétiens, il n'y a pas de vieux et de jeunes Turcs, +mais seulement des Turcs--c'est-à-dire qu'ils ont préféré la Turquie +aux principes, qu'ils ont préféré leur nationalité aux nationalités +chrétiennes, qu'ils ont préféré le pouvoir à la civilisation. + +Et puisqu'il en est ainsi, peut-on dès lors soutenir l'idée d'une +confédération entre la Turquie et les États balkaniques chrétiens, +confédération qui aurait pour résultat de laisser définitivement à +leur sort malheureux les populations chrétiennes en Turquie? Est-ce +que ce ne serait pas inhumain de la part des Serbes de la Serbie et du +Monténégro, des Bulgares de la Bulgarie et des Grecs de la Grèce, que +de se désintéresser de leurs frères en Turquie au point de s'allier +avec la nation qui est la cause de leur infortune? Comme nous voyons, +les sentiments des Serbes, des Bulgares et des Grecs se révoltent +contre la pensée d'une confédération avec l'ennemi, non seulement +séculaire mais encore actuel, constant, éternel, de leurs races. La +raison n'est pas ici non plus en opposition avec les sentiments: elle +commande hautement aux États balkaniques chrétiens d'arracher à la +domination turque les populations chrétiennes en leur appliquant le +principe des nationalités, cette application étant rendue ici +nécessaire et inévitable par les besoins de la civilisation. Les +Serbes, les Grecs et les Bulgares formant les États libres de Serbie, +de Monténégro, de Grèce et de Bulgarie, ont certainement donné +suffisamment de preuves de leurs capacités civilisatrices pour qu'ils +aient le droit de s'unir, en vue de faire jouir des bienfaits de la +culture moderne leurs coreligionnaires de Turquie, qui y sont exposés +à toutes sortes de souffrances. + +Mais alors même que les Jeunes Turcs se départiraient de leur conduite +actuelle vis-à-vis des chrétiens, une confédération entre l'Empire +ottoman et les États balkaniques chrétiens ne serait pas encore +possible. En effet, pour que ces derniers États qui, bien qu'encore +arriérés en comparaison des vieux États européens, n'en sont pas moins +des pays civilisés, trouvent leur intérêt à se confédérer avec la +Turquie, il faudrait que cet État fût, lui aussi, un pays de culture +ou, du moins, qu'il donnât des garanties, par son organisation, ainsi +que par le caractère du peuple par lequel il est dirigé, permettant de +compter sur cette transformation, dans un avenir plus ou moins +rapproché. + +Or, c'est précisément cette condition, si indispensable à la +réalisation de ladite combinaison politique, qui manque. Non seulement +la Turquie ne peut être rangée parmi les États civilisés, mais encore +elle ne promet aucunement de le devenir un jour, malgré le changement +tout de surface qui s'y est accompli, à la suite de la révolution +jeune-turque. + +C'est que les Turcs sont absolument réfractaires à la civilisation. Il +suffit, pour s'en persuader, d'observer ce fait que, depuis leur +arrivée en Europe, ils sont restés presque stationnaires dans leur vie +sociale. Si on constate quelques progrès techniques en Turquie, c'est +aux Chrétiens qu'on le doit. On a dit des Chinois que c'était un +peuple momie, on peut en dire autant, avec plus de raison encore, des +Turcs, avec plus de raison, parce que les Turcs étaient, depuis des +siècles, à proximité de la culture européenne, ce qui n'avait pas été +le cas des Chinois. À quel point les Turcs résistent à la poussée de +la civilisation, on le voit aussi d'après ce qui est arrivé lors de la +formation des États chrétiens libres des Balkans. Ne pouvant supporter +le nouvel ordre de choses, ordre européen, qui s'établissait dans ces +États, anciennes provinces ottomanes, les Turcs en ont émigré pour +aller s'installer soit dans la Turquie d'Europe, soit dans la Turquie +d'Asie, où ils retrouvèrent les conditions de vie sociale qui +convenaient à leurs idées et à leur caractère. La même chose se passe, +à l'heure qu'il est, en Bosnie-Herzégovine: les Turcs quittent en +masse ces pays, où l'Autriche-Hongrie projette de priver enfin les +Turcs, par le rachat des droits féodaux des spahis, de la situation +privilégiée que, jusqu'à présent, ils y occupaient comparativement aux +kmètes serbes. Partout où la civilisation européenne commence à +pénétrer, les Turcs s'enfuient; ils ne la souffrent pas plus que les +chauves-souris ne souffrent la lumière. Civiliser la Turquie, ce +serait chasser les Turcs de l'Europe. Le jour où les Turcs auront +passé le détroit des Dardanelles, ce jour-là, la Turquie d'Europe[2] +sera acquise à la civilisation; le jour où la Turquie deviendrait pays +de culture, ce jour-là les Turcs ne seraient plus en Europe. Et cette +incompatibilité entre la civilisation chrétienne et l'islamisme, on la +constate aussi dans les autres pays mahométans. Nous pouvons citer à +cet effet la Perse. Le chaos qui règne dans cet État musulman ne date +que de l'époque où il est venu en contact avec les idées européennes. +On peut comparer les pays ottomans à ces objets qu'on exhume dans les +fouilles de Pompéi et qui, dès qu'ils sont touchés par l'air, tombent +en poussière. Pour ces pays, la civilisation européenne est pleine de +venin: aussitôt qu'ils en sont touchés, ils en meurent. Ce n'est qu'en +respectant le Coran et son système d'organisation de l'État que les +pays mahométans peuvent durer; en s'en écartant pour marcher dans les +voies tracées par la civilisation européenne, ils se sont perdus ou se +perdront. Tant que la Turquie observait scrupuleusement les +injonctions de Mahomet, elle était forte; mais dès qu'elle voulut +introduire chez elle les réformes pour s'élever au rang des États +modernes, sa force commença à décroître rapidement. + +C'est qu'il y a une différence profonde entre l'islamisme et le +christianisme. On parle de l'égalité des hommes au point de vue des +_droits_. Nous ne savons pas si ce principe est une vérité, mais il y +a une égalité par rapport à laquelle il ne peut exister aucun doute, +c'est l'égalité devant les _devoirs_ ou, mieux, devant le _devoir_, et +ce devoir consiste dans l'obligation de chacun de nous d'aider, par +ses efforts personnels, au progrès de la société. + +Ce devoir, c'est, autrement dit, le devoir du travail. Nous sommes +égaux devant le travail: chacun est tenu de travailler dans la mesure +de ses capacités et de ses forces. Tel est l'enseignement du +christianisme, tel est aussi l'enseignement de la science, qui, de +même que le Christ, prêche la solidarité sociale, prêche le devoir +qu'ont tous les hommes de vivre et d'agir pour cette unité qui +s'appelle société, dont ils ne sont que les parties. + +Eh bien! cette égalité devant le travail, le Coran ne la connaît pas. +S'il connaît quelque chose, c'est, tout au contraire, l'inégalité +devant le devoir. Le Coran partage les hommes en deux catégories: les +_fidèles_ (fidèles au prophète), c'est-à-dire les Mahométans, qui +n'ont pas de devoirs, bien qu'ils aient tous les droits, et les +_infidèles_ (infidèles envers le prophète), qui ont tous les devoirs, +mais sans avoir aussi des droits. L'islamisme est donc une +consécration du principe de l'inégalité: inégalité devant les devoirs +de même que devant les droits. + +Peut-on, dès lors, espérer de sauver un État, assis sur des bases si +opposées à celles sur lesquelles sont constitués les États européens? +Est-ce qu'un pareil pays, d'où la solidarité sociale est tout à fait +bannie, est capable de répondre aux buts des États modernes, buts qui +ne sont pas réalisables en dehors de l'application du principe +solidariste? Quel esprit de solidarité existe-t-il entre un mahométan, +qui n'a que le droit de jouir sans avoir le devoir de travailler, et +un chrétien qui n'a que le devoir de travailler sans avoir le droit de +jouir? En d'autres termes, quelle solidarité peut-il y avoir entre le +maître et son esclave? Et puis, peut-on parler de la solidarité +sociale, solidarité qui suppose l'existence d'une unité, d'une société, +dans un État où une moitié de la population peine pour l'autre moitié, +où les uns, les giaours, nonobstant leur travail dur et continu, +manquent très souvent des moyens d'existence les plus élémentaires, +tandis que les autres, les Osmanlis, s'adonnent à un luxe effréné et à +une débauche orientale? La Turquie n'est pas un État moderne, parce +que ce n'est pas une société, et elle n'est pas une société parce +qu'elle n'est pas une unité: c'est un tout divisé en deux parties, +dont l'une, les fidèles, méprise l'autre, les infidèles, laquelle, à +son tour, hait la première. Est-ce que les sentiments de mépris et de +haine sont de nature à développer la solidarité parmi ceux entre +lesquels ils existent? + +La perturbation politique survenue en Turquie en 1908, sur laquelle +beaucoup de gens avisés de l'Occident fondent tant d'espoir, sera +absolument impuissante à modifier socialement et politiquement les +Turcs. La religion de Mahomet représente, pour eux, un code complet: +c'est un recueil de lois tant religieuses que civiles, c'est un code +social. Il embrasse un fidèle sous tous les rapports, depuis sa +naissance jusqu'à sa mort et même après la mort. Pas de manifestation +de vie humaine qui ne soit réglée par le Coran. Et c'est depuis des +siècles que les Turcs subissent l'action des préceptes de Mahomet; +sous cette action, leur esprit s'est complètement formé ou, si l'on +veut, déformé. À l'égal des gouttes d'eau qui, en tombant longtemps +sur le rocher, finissent par le creuser, les idées finissent aussi par +creuser le cerveau. Les idées de Mahomet ont fait dans le cerveau turc +des fêlures qui le distinguent du cerveau chrétien, à tel point qu'un +Turc et un chrétien sont maintenant des êtres différents même au point +de vue physiologique, êtres qu'on ne peut absolument pas enfermer dans +un même moule social et politique. + +Ainsi, par exemple, les Jeunes Turcs ont beau proclamer l'égalité +entre le Turc et le Chrétien--nous avons d'ailleurs vu que cette +proclamation est restée à l'état de proclamation, cette égalité, les +Jeunes Turcs ne la désirant pas sincèrement--un Mahométan ne se fera +jamais à l'idée de considérer comme son égal celui qui, pendant des +siècles, était son inférieur, plus que cela: son serf. Le giaour reste +le giaour, digne seulement de promener les chevaux de son maître, le +Turc, et la Constitution jeune-turque est trop faible pour entamer la +constitution physiologique du Mahométan. A constitution, constitution +et demie. + +La démocratie jeune-turque qui, comme toute démocratie, suppose +l'activité de tous les membres de la société, activité dirigée vers le +perfectionnement de celle-ci, ne produira, à cet égard non plus, aucun +effet par rapport aux Turcs. Il y a, à Belgrade, près de l'ancienne +forteresse romaine que baigne le confluent de la Save et du Danube, +une éminence, tournée vers l'Orient, que les Turcs, au temps où ils +étaient maîtres de Belgrade et de la Serbie, appelaient _Fitchir Bair_, +ce qui veut dire: la rive de la réflexion. C'est toute la +caractéristique du Turc: il réfléchit, mais il ne travaille pas. Sans +doute, il est beau de réfléchir, mais la société n'en vit pas. Si la +philosophie peut se contenter de la réflexion, la société demande +autre chose encore: l'action, le travail. Le Turc est philosophe, +parce qu'il lui est possible de l'être: pendant qu'il réfléchit, le +giaour travaille pour lui. C'est comme dans l'ancienne Grèce: Aristote +et Platon pouvaient bien se consacrer à la philosophie, puisque leurs +esclaves labouraient les champs pour eux. Le Turc a toujours été tel +et il restera tel. Il a été et il sera l'homme de la rive de la +réflexion. + +Par sa nature, le Turc est encore plus inutile pour la civilisation +que la race noire, également rébarbative à la culture. En effet, si +l'on ne peut faire d'un nègre un homme civilisé, du moins peut-on en +faire un travailleur. Les nègres sont, comme on le sait, un élément +dont les Européens tirent de grands profits dans leurs entreprises +coloniales. Un nègre n'a pas honte d'être employé à des besognes +toutes manuelles. Il en est autrement d'un Turc: il est paresseux, +excepté en ce qui concerne la réflexion, ou il est infatigable: il +peut passer des journées entières dans la contemplation et la +réflexion, c'est-à-dire dans l'oisiveté; il est paresseux, disons-nous, +parce qu'il est fataliste: à quoi bon se mouvoir et agir, puisque +l'homme est impuissant à déranger, tant soit peu, l'ordre naturel des +choses, puisque tout se passera comme la fatalité immuable l'aura +ordonné? Ou bien, il est fataliste parce qu'il est paresseux: pour +donner à sa paresse une explication philosophique, il la rattache au +fatalisme. Et quant à son orgueil, c'est un obstacle à ce qu'il puisse +être employé utilement, comme on emploie les nègres: il est dégradant +pour un Mahométan de travailler, surtout s'il s'agit de travaux +corporels. + +Telle est la psychologie du Turc, et elle montre clairement que +l'Empire ottoman est irrémédiablement voué à sa perte. Ce sera +certainement le sort de ce pays dans lequel la race dominante est +dépourvue, au plus haut degré, des qualités requises pour qu'elle +puisse rendre le pays moderne. Aussi est-ce une utopie qu'une +confédération entre un État qui se meurt et les jeunes États +balkaniques chrétiens, qui sont en plein essor de développement +matériel et moral. Une pareille confédération ne ferait qu'affaiblir +ces derniers États, une force n'augmentant qu'autant qu'elle s'allie à +une autre force. Et c'est encore accentuer cette utopie que de +proposer que cette confédération soit placée sous l'hégémonie de la +Turquie. L'hégémonie de la Turquie serait l'hégémonie de l'islamisme +et de ses idées néfastes. L'hégémonie de la Turquie, serait le +panislamisme, dont rêvent les Jeunes-Turcs, qui ont embrassé, avec une +précipitation intéressée, l'idée d'une confédération balkanique sous +l'hégémonie turque. On propose la confédération balkanique comme une +barrière contre le _Drang nach Osten_ allemand, en préparant en même +temps, par là, un autre Drang, le _Drang nach Westen_ turc. Mais, s'il +y a à choisir entre ces deux Drangs, les peuples balkaniques chrétiens, +peuples capables et avides de civilisation, n'hésiteraient +certainement pas un moment à se prononcer pour le premier. + +C'est une chose très curieuse que le rôle que l'Angleterre voudrait +imposer aux États balkaniques chrétiens, et, en premier lieu, à la +Serbie. Elle leur dit de barrer la route au _Drang_ allemand. Mais +qu'est-ce que c'est en somme que ce _Drang_? Ce n'est autre chose que +la poussée civilisatrice de l'Europe, et elle est dite _Drang_ +allemand, parce que les Allemands étant voisins des Slaves du Sud, ce +sont eux qui transmettent à ces derniers la culture européenne. Ainsi, +en fin de compte, les Anglais voudraient que les Slaves du Sud fussent +un obstacle à la propagation, vers l'Orient, de la civilisation +européenne, ils voudraient que ce fussent eux contre qui cette +civilisation devrait se briser. Et voilà une tâche qu'on ne saurait +précisément appeler une tâche noble, digne d'un peuple moderne! Que +les Slaves du Sud se soient toujours fait un titre de gloire d'avoir +combattu l'islamisme, c'est très concevable: c'est l'Europe et sa +culture qu'ils défendaient contre l'ignorance musulmane, mais qu'on +prétende maintenant, en plein XXe siècle, leur faire jouer un rôle +inverse, c'est à quoi ils ne pourraient jamais consentir, conscients +qu'ils sont que leur destinée est non pas de servir la cause spéciale +de la politique anglaise, mais de servir celle de la civilisation. Et +c'est aussi dans le but de contribuer à celle-ci que, par exemple, les +Serbes se soulevèrent, il y a de cela plus d'un siècle, contre leurs +oppresseurs turcs, et ce serait vraiment une chose bien étrange qu'à +présent, ces mêmes Serbes pussent montrer la velléité de se replacer, +en quelque sorte, par une confédération, avec la Turquie en tête, sous +la même domination dont ils se sont affranchis au prix de tant de +sacrifices. Aujourd'hui qu'ils sont incomparablement plus avancés +qu'au temps de leurs luttes avec les Ottomans, les Serbes feraient si +peu de cas de la civilisation qu'ils seraient prêts à préférer à +celle-ci l'influence de l'islamisme rétrograde! Mais une pareille +tentative serait un démenti des plus cruels qu'ils se donneraient à +eux-mêmes, un pas en arrière qu'ils accompliraient. + +Les puissances occidentales et, en premier lieu, l'Angleterre, au lieu +de froisser les Slaves du Sud en leur suggérant des projets qui ne +sauraient que les dégrader, devraient, au contraire, si vraiment elles +sont amies des peuples balkaniques chrétiens et de leur progrès, les +aider à délivrer les Balkans d'une race asiatique, race grâce à +laquelle l'Europe orientale n'est pas encore arrivée au même niveau de +civilisation que le reste de l'Europe, afin qu'une fois maîtres de +toute la Péninsule balkanique, qui, maintenant, on peut le dire, ne +fait que _géographiquement_ partie de l'Europe, ils puissent y faire +rentrer cette presqu'île aussi au point de vue de la culture. + + +[1] Le projet de confédération balkanique, projet dont l'idée est due, +en principe, à la Grande-Bretagne, montre que la position de cette +dernière puissance dans les Balkans ne s'est point améliorée depuis le +Congrès de Berlin. En 1878, l'Angleterre défendait l'intégrité de +l'Empire ottoman, parce qu'elle craignait l'omnipotence de la Russie; +elle la craignait pour ses possessions asiatiques, et surtout pour +celle des Indes. Aujourd'hui, l'Angleterre a les mêmes craintes, bien +que ce ne soit plus la Russie qui les lui inspire. Toujours est-il que +l'Angleterre ne cesse pas d'être menacée, par la Péninsule balkanique, +dans ses colonies asiatiques, ce qui veut dire, répétons-le, que sa +position dans l'Est européen n'est pas avancée depuis le Traité de +Berlin. Il y a même plus: cette situation est empirée, puisque, en +1878, l'Angleterre avait l'Allemagne comme alliée contre la politique +balkanique russe, tandis qu'aujourd'hui, on ne peut dire avec +certitude qu'elle ait, à l'inverse, la Russie comme alliée contre la +politique balkanique allemande: on le voit d'après l'effort même de la +Grande-Bretagne pour créer une confédération balkanique contre le +_Drang_ allemand, ce dont elle n'aurait pas besoin si elle était sûre +de la Russie; et certainement les États balkaniques ne peuvent être +mis sur le même pied que l'Allemagne au point de vue des garanties +qu'ils assurent à l'Angleterre pour la réalisation de sa politique +balkanique: la garantie que lui donnait, à cet égard, l'Allemagne, en +1878, était autrement efficace que celle que lui pourraient offrir à +présent les États balkaniques. + +[2] Le mot _Turquie_ est pris ici dans son acception _géographique_. + + +70558.--Paris, Imprimerie LAHURE, 9, rue de Fleurus. + + + + + + + + + +End of Project Gutenberg's Confédération Balkanique, by Jivoin Péritch + +*** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK CONFÉDÉRATION BALKANIQUE *** + +***** This file should be named 17561-8.txt or 17561-8.zip ***** +This and all associated files of various formats will be found in: + http://www.gutenberg.org/1/7/5/6/17561/ + +Produced by Nenad Petrovic, Cédric and the Online +Distributed Proofreaders Europe at http://dp.rastko.net. +This file was produced from images generously made available +by the Bibliothèque nationale de France (BnF/Gallica) + + +Updated editions will replace the previous one--the old editions +will be renamed. + +Creating the works from public domain print editions means that no +one owns a United States copyright in these works, so the Foundation +(and you!) can copy and distribute it in the United States without +permission and without paying copyright royalties. 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You may copy it, give it away or +re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included +with this eBook or online at www.gutenberg.org + + +Title: Confédération Balkanique + +Author: Jivoin Péritch + +Release Date: January 21, 2006 [EBook #17561] + +Language: French + +Character set encoding: ISO-8859-1 + +*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK CONFÉDÉRATION BALKANIQUE *** + + + + +Produced by Nenad Petrovic, Cédric and the Online +Distributed Proofreaders Europe at http://dp.rastko.net. +This file was produced from images generously made available +by the Bibliothèque nationale de France (BnF/Gallica) + + + + + + +</pre> + + +<h1>LA</h1> + +<h1>CONFÉDÉRATION BALKANIQUE</h1> + + +<h4>PAR</h4> + +<h2>JIVOIN PÉRITCH</h2> + +<h3>PROFESSEUR DE DROIT A L'UNIVERSITÉ DE BELGRADE (SERBIE)</h3> + + +<p class="mid">Extrait du <i>Bulletin de la Société de Législation comparée</i>, de Janvier 1912.</p> + +<br><br> +<p class="mid">PARIS<br> +LIBRAIRIE GÉNÉRALE DE DROIT ET DE JURISPRUDENCE<br> +20, Rue Soufflot, 20</p> + + +<h3>1912</h3> +<br><br> + + +<h3>LA + + +CONFÉDÉRATION BALKANIQUE</h3> + + + +<p>Il est des États qui se maintiennent d'une façon toute négative. La +Turquie nous fournit, à ce point de vue, un exemple caractéristique. +Bien que l'Empire ottoman constitue, à tous les égards, une anomalie +parmi les États européens, il n'en est pas moins toujours debout. Sans +doute, ne se tient-il pas tout à fait droit, sans doute chancelle-t-il, +mais il est néanmoins vrai qu'il subsiste. C'est un malade +certainement, mais ce n'est pas un mort. Et c'est un malade dont la +maladie dure depuis si longtemps qu'on commence à douter qu'elle +cessera jamais, une maladie éternelle, c'est-à-dire, une vie éternelle, +puisque la meilleure garantie d'exister, c'est la durée de la maladie, +la mort ne venant qu'après la cessation de celle-ci. La maladie c'est +l'ennemie de la mort. La maladie c'est la vie. Il paraît que la +Turquie le comprend ainsi; aussi soigne-t-elle sa maladie, comme les +autres États soignent leur santé. Tandis que ceux-ci vivent de santé, +la Turquie vie de maladie.</p> + +<p>Mais pourquoi cet État malade? Est-ce que ce n'est pas un péril pour +les États sains, les maladies des États pouvant se répandre et se +gagner, de même que les maladies des hommes?</p> + +<p>Et pourtant, c'est cette même Europe qui entretient le mal, qui le +fait exister, c'est elle qui s'expose volontairement à être atteinte +par lui et, en vérité, une partie en est déjà considérablement +atteinte: nous faisons allusion aux États balkaniques chrétiens qui, +touchant directement le malade ottoman, en ont subi déjà l'influence +malsaine. Peut-être les autres États de l'Europe ne craignent-ils pas +la Turquie, parce qu'ils en sont séparés par les États balkaniques +chrétiens: le Destin a voulu que ces petits pays gardassent les grands +États de la contagion turque, comme ils les ont gardés, autrefois, de +l'invasion turque. Les petits États ont toujours fait le jeu des +grands États.</p> + +<p>Si la Turquie subsiste néanmoins, la faute en est aux grandes +puissances, dont le désaccord, en ce qui concerne l'Empire ottoman, +date de plusieurs siècles. Parmi tous les désaccords internationaux, +celui-ci est, sans conteste, le plus ancien et le plus durable. Grâce +à lui, l'État turc est aussi ancien et durable. Si la Turquie ne peut +dire, quant à ses relations avec l'Europe: <i>divide ut imperes</i>, elle +peut dire au moins: <i>divide ut vivas</i>.</p> + +<p>En effet, il ne suffirait pas de faire disparaître la Turquie de +l'Europe, il faudrait encore mettre autre chose à sa place. La +politique internationale, comme la nature, ne souffre pas de vide. +Cette règle fait aussi la force de l'Autriche-Hongrie, un État qui, +par son hétérogénéité nationale, constitue pareillement une difficulté +internationale. Mais cet État subsiste toujours parce que l'on ne sait +pas par quelle combinaison politique le remplacer. L'Autriche-Hongrie +n'est sans doute pas une combinaison heureuse, mais du moins elle en +est une, et il vaut mieux une mauvaise solution qu'aucune.</p> + +<p>Si les grandes puissances tombaient d'accord relativement à la Turquie, +celle-ci cesserait d'être comptée parmi les États européens. La +meilleure preuve nous en est fournie par l'histoire de la Pologne: +aussitôt que la Russie, l'Autriche-Hongrie et la Prusse s'entendirent, +la Pologne disparut par le partage entre les contractants. Mais pour +ce qui est de la Turquie, les puissances ne peuvent s'entendre ni pour +se la partager entre elles, ni pour la donner toute entière à l'une +d'elles. Aucune de ces puissances ne trouve son intérêt à ce qu'une +autre, et non pas précisément elle, s'installe à la Corne d'Or, d'où +on ne pourrait plus la déloger, et c'est toujours la Turquie que +chacune d'elles préfère y voir, cette situation lui donnant des +espoirs pour l'avenir.</p> + +<p>Mais hâtons-nous de dire qu'en ce qui concerne la Turquie, il y a, +outre les grandes puissances, un autre facteur très important qui +manquait lors du partage de la Pologne: ce sont les États balkaniques +chrétiens, la Serbie, le Monténégro, la Bulgarie et la Grèce. Ce sont +là les héritiers légitimes de la Turquie d'Europe; ils le sont +ethnographiquement et historiquement. Malheureusement, les grandes +puissances, qui ont, disent-elles, elles aussi, des intérêts dans les +Balkans, ne permettent pas aux États balkaniques de s'arranger pour +faire, entre eux, le partage de leur voisin. Les grandes puissances +élèvent donc, également, des droits de succession par rapport à la +Turquie. Elles émettent, du reste, de pareilles prétentions partout où +il y a quelque chose à prendre. Les grandes puissances sont des +successeurs universels. Et leurs titres? Oh, elles se les fabriquent +elles-mêmes, contrairement à la règle que personne ne peut se créer +soi-même de titre à l'appui du droit réclamé. La force n'est pas gênée +par des règles. La force dit: la règle c'est moi! La force c'est le +titre. Qui dit force dit titre.</p> + +<p>Les grandes puissances affirment, il est vrai, que les États +balkaniques chrétiens ne sont pas eux-mêmes d'accord au point de vue +de la question turque et que, pour empêcher la collision armée entre +ces États et la guerre générale qui pourrait éventuellement en +résulter, elles sont obligées d'intervenir. Voilà une affirmation qui +n'est pas une vérité. En effet, ce n'est pas parce que les États +balkaniques chrétiens sont divisés que les grandes puissances +interviennent, mais tout au contraire, c'est parce que les grandes +puissances interviennent, que ces États sont divisés. Pourquoi, pour +ne citer qu'un exemple, la Bulgarie est-elle si intraitable vis-à-vis +de la Serbie, en ce qui concerne la question macédonienne? Parce +qu'elle est secondée, dans ces prétentions nationales, par la Russie, +qui, de même qu'en 1878, ne verrait pas aujourd'hui non plus d'un oeil +favorable l'agrandissement de la Serbie dans la direction du Sud. Les +grandes puissances craignent un accord entre les pays balkaniques +chrétiens, accord qui pourrait donner à la question turque une +solution dont elles ne seraient pas satisfaites. En divisant ces pays +entre eux, les grandes puissances, toujours dans un but intéressé, +ajournent, de la sorte, la fin de la question turque et prolongent la +vie de la Turquie.</p> + +<p>C'est en aspirant aux mêmes visées que certaines grandes puissances, +parmi lesquelles la Grande-Bretagne occupe la première place, +préconisent l'idée d'une confédération balkanique, confédération qui +serait composée de la Turquie et des autres États balkaniques +(chrétiens). Ces puissances disent à la Turquie et aux États +balkaniques chrétiens: Vous êtes mal les uns avec les autres parce que +vous constituez autant de différents États; organisez un seul État +dans la forme d'une fédération, et alors la guerre ne vous menacerait +plus, car, pour qu'il y ait guerre, il faut deux ou plusieurs États, +un seul État ne pouvant se faire la guerre à lui-même. La +confédération balkanique aurait, dans les limites des Balkans, le même +résultat que la confédération européenne aurait dans les limites de +l'Europe: elle supprimerait la guerre parce qu'elle assurerait +l'amitié entre anciens adversaires ou, ce qui est la même chose, elle +assurerait l'amitié entre anciens adversaires, parce qu'elle +supprimerait la guerre<a id="footnotetag1" name="footnotetag1"></a><a href="#footnote1"><sup>1</sup></a>.</p> + +<p>Mais proposer la confédération balkanique, ce n'est nullement encore +résoudre la question d'Orient. Cette question consistait, jusqu'à +présent, en ceci: savoir de quelle manière devraient être distribuées +les provinces actuellement gouvernées en Europe par les Turcs, une +fois que ceux-ci auraient été rejetés en Asie. Le projet de +confédération balkanique, en éliminant l'idée de l'évacuation de la +Péninsule balkanique par les Turcs, supprime, comme nous le voyons, la +question d'Orient. Au lieu de résoudre cette question, ce projet la +tourne. Napoléon Ier a bien dit, il est vrai, que lorsqu'on ne peut +vaincre une difficulté, on doit la tourner, règle qu'il avait souvent +mise à exécution dans ses opérations militaires: quand, par exemple, +il ne pouvait traverser avec son armée une grande montagne, il la +tournait. La difficulté se trouvait tranchée par là, puisque Napoléon +débouchait avec son armée là où il désirait. Mais, nonobstant +certaines analogies entre la guerre et la politique, il n'en reste pas +moins acquis qu'il y a aussi entre elles bien des différences. L'une +d'elles est précisément celle qui a trait à la solution des questions: +en politique, on ne résout pas, comme cela peut arriver à la guerre, +une question en la tournant; en politique, une question tournée n'est +pas une question résolue, une question tournée reste toujours une +question.</p> + +<p>C'est que la confédération balkanique, telle que l'Angleterre la +voudrait, est une impossibilité, et l'on sait que ce n'est pas qu'en +chimie qu'il y a des impossibilités: on en rencontre aussi en +politique. La confédération balkanique est une alchimie politique, et +la Grande-Bretagne est un alchimiste qui, bien que de date récente et +moderne, ne sera pas plus heureux que ses lointains ancêtres.</p> + +<p>En effet, c'est n'avoir pas les notions les plus élémentaires sur la +Turquie et les Turcs que d'oser émettre l'idée d'une confédération +entre les États balkaniques chrétiens et la Porte, et si l'Angleterre +s'est arrêtée à cette idée, cela montre à quel point elle a épuisé +tous les autres moyens pour prévenir la dissolution et le partage de +la Turquie, dissolution et partage qui s'accompliraient, en est-elle +persuadée, au détriment de ses intérêts.</p> + +<p>Car, si les peuples chrétiens des Balkans, les Serbes (au nombre +desquels il faut également comprendre les Monténégrins), les Bulgares, +les Grecs et les Koutzo-Valaques, se confédéraient avec la Turquie, +ils devraient alors renoncer à leurs aspirations nationales, la +Turquie étant un État qui est, en principe, habité par les +coreligionnaires de ces mêmes peuples. Faisons remarquer tout de suite +que ce ne serait pas encore un grief sérieux contre l'idée d'une +confédération balkanique que l'obstacle qui en découlerait, pour les +peuples susnommés, quant à la possibilité de la réalisation du soi-disant +principe des nationalités. Car ce qu'on appelle «principe des +nationalités» n'est point un principe, c'est encore moins un droit. +C'est tout simplement et ce ne peut être autre chose qu'un <i>moyen</i> +pour atteindre un certain but. Le but, c'est le progrès, la +civilisation, et si les nations non encore unifiées se réclament du +principe des nationalités, c'est parce qu'un peuple n'est à même +d'atteindre le plus haut degré possible de culture et de civilisation +qu'autant qu'il est unifié. Et puisque tel est le sens de ce principe +des nationalités, il s'en suit qu'un peuple non unifié n'a le droit à +son unification politique que s'il a prouvé ses aptitudes à la +civilisation. Sans cela, le droit à l'unification n'existe pas. Et la +meilleure preuve du bien-fondé de ce que nous avançons ici, nous la +trouvons dans ce fait, qui n'est contesté par personne en Europe et en +Amérique, que les nations civilisées (Anglais, Allemands, Français, +Italiens, etc.), au lieu de proclamer, pour les races inférieures et +barbares, le principe des nationalités, au contraire, se les partagent, +afin de relever, autant que possible, leur niveau matériel, moral et +intellectuel. La colonisation de l'Afrique, par exemple, est une +manifestation éclatante contre cette prétention qu'il y ait un +principe ou un droit des nationalités. S'il y a ici un principe, c'est +le <i>principe de la civilisation</i>, principe qui seul peut justifier +l'union d'une race ou d'un peuple. Il résulte de cette observation +encore ceci: qu'un État n'a point le droit de tendre à s'adjoindre les +habitants d'un autre État qui seraient de la même nationalité que ses +propres sujets, si ces habitants, bien que séparés du gros du peuple +auquel ils appartiennent, sont placés, dans l'État dont ils sont les +ressortissants, dans les meilleures conditions possibles pour +progresser et prospérer et aussi pour conserver leur nationalité. Du +reste, ce n'est que grâce au respect qu'on a pour sa nationalité qu'on +peut dire qu'un habitant d'un pays est placé dans les meilleures +conditions possibles pour progresser et prospérer. Ainsi, par exemple, +l'Allemagne, la France et l'Italie ne seraient point admises à +prétendre au droit de s'unir les Allemands, les Français et les +Italiens qui composent la République suisse, parce que les Suisses +jouissent, dans cette République, des libertés nécessaires au plein +développement de leurs facultés intellectuelles et morales.</p> + +<p>En conséquence, si la Turquie parvenait à doter les populations +chrétiennes qui sont sous sa domination d'un régime de paix et de +bien-être, les États balkaniques chrétiens ne sauraient se prévaloir, +dans ce cas, du principe des nationalités, ce principe ne pouvant +avoir ici sa raison d'être, puisque le but qui l'explique et le +justifie serait, dans le cas supposé, atteint même sans son +application.</p> + +<p>Mais il n'en est rien. La situation des sujets chrétiens de la Turquie +d'Europe, au lieu de devenir meilleure depuis l'avènement au pouvoir +des Jeunes Turcs, a, au contraire, empiré. Comment, du reste, +pourrait-il en être autrement, puisque la Jeune Turquie n'est pas +parvenue à changer les conditions d'existence des nationalités +chrétiennes, conditions auxquelles celles-ci avaient été soumises +pendant toute la durée du gouvernement de la Vieille Turquie. La +liberté et l'égalité politique, sans lesquelles on ne peut concevoir +ni progrès individuel, ni prospérité collective, les populations +chrétiennes continuent à en manquer en Turquie, nonobstant +l'introduction de la démocratie dans ce pays.</p> + +<p>Car il ne faut pas confondre, quand il s'agit de systèmes de +gouvernement, les États homogènes et hétérogènes, c'est-à-dire les +États peuplés par une seule nationalité et les États qui sont composés +de nationalités différentes.</p> + +<p>Dans les premiers États, tous les habitants sont placés sous un même +régime politique, régime conservateur ou démocratique, tandis que dans +les derniers États, il n'en est pas ainsi: une nationalité,—et c'est +celle qui est régnante, dominante,—bénéficie seule des privilèges et +libertés politiques, les autres nationalités restant toujours soumises +à un régime d'exception, toujours, c'est-à-dire sans égard aux +améliorations qui peuvent être apportées à la situation sociale et +politique de la nationalité détenant le pouvoir. Les luttes politiques, +dans les États hétérogènes, sont limitées aux seuls représentants de +la nationalité dominante, de telle sorte que, par exemple, la victoire +de la démocratie ne signifie, dans ces États, autre chose qu'un +changement, dans le sens démocratique, survenu dans la position +politique des membres de ladite nationalité: ce ne seront qu'eux qui +profiteront du nouveau régime basé sur les principes démocratiques. +Mais, quant aux autres nationalités, celles qui sont gouvernées par la +nationalité dominante, elles ne cesseront point, pour cela, d'être +placées sous un régime réactionnaire et rétrograde.</p> + +<p>Et il n'y a pas lieu de s'étonner qu'il en soit ainsi. Car, dans un +État hétérogène, la nationalité dominante ne peut mettre sur le même +pied qu'elle les autres nationalités, par cette simple raison qu'elle +ne veut pas lâcher le pouvoir, ni perdre sa prédominance dans l'État, +ce qui pourrait parfaitement arriver si les nationalités qu'elle +gouverne avaient à leur disposition les mêmes moyens de combat et +d'influence qu'elle. On s'en convainc très bien d'après ce qui se +passe en Hongrie: malgré la division des Magyars en différents partis +politiques, les uns libéraux et démocratiques, les autres +conservateurs, qui se sont succédé et qui se succèdent au pouvoir, la +situation des nationalités serbe, croate et roumaine, ne se modifie +pas, elle est toujours précaire et difficile, presque intolérable: la +nationalité magyare, numériquement faible, tire sa prépondérance et sa +force des conditions spécialement favorables qu'elle s'est assurées +dans l'État hongrois.</p> + +<p>Il en est de même de la Turquie. La révolution pacifique de 1908 s'est +bornée, quant à ses effets, aux seuls Turcs. Cette révolution a été +tout simplement une affaire interne des Vieux et des Jeunes Turcs, une +affaire de ménage. Au lieu d'être gouvernés par le système absolutiste +d'Abdul-Hamid, les Turcs le sont maintenant par le système +démocratique des Jeunes Turcs. Peut-être pouvons-nous dire que, même à +ce point de vue restreint, c'est-à-dire au point de vue des rapports +entre les Vieux et les Jeunes Turcs, il n'y a rien de changé: de même +que, sous Abdul-Hamid, les Vieux Turcs tyrannisaient les Jeunes Turcs, +de même, à présent, les Jeunes Turcs tyrannisent les Vieux Turcs. Il +n'y a ici que cette différence: sous l'ancien régime, c'était un homme, +Abdul-Hamid, qui exerçait l'absolutisme, maintenant c'est un club, +celui d'«Union et Progrès».</p> + +<p>Mais, quoi qu'il en soit à cet égard, toujours est-il que, du moins, +les nationalités chrétiennes n'ont tiré aucun profit de la démocratie +jeune-turque. C'est que ces nationalités signifient, aux yeux des +Jeunes Turcs, la même chose qu'elles signifiaient aux yeux des Vieux +Turcs: un danger pour le maintien et l'intégrité de l'Empire Ottoman. +Aussi les Jeunes Turcs ont-ils vite démenti, en ce qui concerne les +populations chrétiennes, leur programme démocratique: la liberté et +l'égalité politiques, ce sont la dot des Turcs seuls et non pas aussi +des chrétiens, ceux-ci restant, comme sous Abdul-Hamid, plongés dans +la misère et l'obscurité.</p> + +<p>Les exemples, à l'appui de ce que nous avançons, sont nombreux et, +même, trop nombreux, et il n'est pas nécessaire de fatiguer le lecteur +par leur énumération. Les Jeunes Turcs se disent: si nous appliquons +également nos principes démocratiques aux chrétiens, nous risquons de +détruire notre Empire, les chrétiens pouvant employer la liberté que +nous leur donnerions pour s'affranchir de nous et pour s'adjoindre aux +différents États Balkaniques chrétiens; mais, d'un autre côté, si nous +exceptons les chrétiens de nos institutions démocratiques pour les +garder toujours en notre pouvoir, nous nous attirerons les mêmes +reproches que s'était déjà attirés le régime despotique d'Abdul-Hamid. +Il fallait donc choisir entre ces deux voies, et les Jeunes Turcs ont +fait ici le même choix que les Vieux Turcs—ce qui démontre qu'en ce +qui concerne les chrétiens, il n'y a pas de vieux et de jeunes Turcs, +mais seulement des Turcs—c'est-à-dire qu'ils ont préféré la Turquie +aux principes, qu'ils ont préféré leur nationalité aux nationalités +chrétiennes, qu'ils ont préféré le pouvoir à la civilisation.</p> + +<p>Et puisqu'il en est ainsi, peut-on dès lors soutenir l'idée d'une +confédération entre la Turquie et les États balkaniques chrétiens, +confédération qui aurait pour résultat de laisser définitivement à +leur sort malheureux les populations chrétiennes en Turquie? Est-ce +que ce ne serait pas inhumain de la part des Serbes de la Serbie et du +Monténégro, des Bulgares de la Bulgarie et des Grecs de la Grèce, que +de se désintéresser de leurs frères en Turquie au point de s'allier +avec la nation qui est la cause de leur infortune? Comme nous voyons, +les sentiments des Serbes, des Bulgares et des Grecs se révoltent +contre la pensée d'une confédération avec l'ennemi, non seulement +séculaire mais encore actuel, constant, éternel, de leurs races. La +raison n'est pas ici non plus en opposition avec les sentiments: elle +commande hautement aux États balkaniques chrétiens d'arracher à la +domination turque les populations chrétiennes en leur appliquant le +principe des nationalités, cette application étant rendue ici +nécessaire et inévitable par les besoins de la civilisation. Les +Serbes, les Grecs et les Bulgares formant les États libres de Serbie, +de Monténégro, de Grèce et de Bulgarie, ont certainement donné +suffisamment de preuves de leurs capacités civilisatrices pour qu'ils +aient le droit de s'unir, en vue de faire jouir des bienfaits de la +culture moderne leurs coreligionnaires de Turquie, qui y sont exposés +à toutes sortes de souffrances.</p> + +<p>Mais alors même que les Jeunes Turcs se départiraient de leur conduite +actuelle vis-à-vis des chrétiens, une confédération entre l'Empire +ottoman et les États balkaniques chrétiens ne serait pas encore +possible. En effet, pour que ces derniers États qui, bien qu'encore +arriérés en comparaison des vieux États européens, n'en sont pas moins +des pays civilisés, trouvent leur intérêt à se confédérer avec la +Turquie, il faudrait que cet État fût, lui aussi, un pays de culture +ou, du moins, qu'il donnât des garanties, par son organisation, ainsi +que par le caractère du peuple par lequel il est dirigé, permettant de +compter sur cette transformation, dans un avenir plus ou moins +rapproché.</p> + +<p>Or, c'est précisément cette condition, si indispensable à la +réalisation de ladite combinaison politique, qui manque. Non seulement +la Turquie ne peut être rangée parmi les États civilisés, mais encore +elle ne promet aucunement de le devenir un jour, malgré le changement +tout de surface qui s'y est accompli, à la suite de la révolution +jeune-turque.</p> + +<p>C'est que les Turcs sont absolument réfractaires à la civilisation. Il +suffit, pour s'en persuader, d'observer ce fait que, depuis leur +arrivée en Europe, ils sont restés presque stationnaires dans leur vie +sociale. Si on constate quelques progrès techniques en Turquie, c'est +aux Chrétiens qu'on le doit. On a dit des Chinois que c'était un +peuple momie, on peut en dire autant, avec plus de raison encore, des +Turcs, avec plus de raison, parce que les Turcs étaient, depuis des +siècles, à proximité de la culture européenne, ce qui n'avait pas été +le cas des Chinois. À quel point les Turcs résistent à la poussée de +la civilisation, on le voit aussi d'après ce qui est arrivé lors de la +formation des États chrétiens libres des Balkans. Ne pouvant supporter +le nouvel ordre de choses, ordre européen, qui s'établissait dans ces +États, anciennes provinces ottomanes, les Turcs en ont émigré pour +aller s'installer soit dans la Turquie d'Europe, soit dans la Turquie +d'Asie, où ils retrouvèrent les conditions de vie sociale qui +convenaient à leurs idées et à leur caractère. La même chose se passe, +à l'heure qu'il est, en Bosnie-Herzégovine: les Turcs quittent en +masse ces pays, où l'Autriche-Hongrie projette de priver enfin les +Turcs, par le rachat des droits féodaux des spahis, de la situation +privilégiée que, jusqu'à présent, ils y occupaient comparativement aux +kmètes serbes. Partout où la civilisation européenne commence à +pénétrer, les Turcs s'enfuient; ils ne la souffrent pas plus que les +chauves-souris ne souffrent la lumière. Civiliser la Turquie, ce +serait chasser les Turcs de l'Europe. Le jour où les Turcs auront +passé le détroit des Dardanelles, ce jour-là, la Turquie d'Europe<a id="footnotetag2" name="footnotetag2"></a><a href="#footnote2"><sup>2</sup></a> +sera acquise à la civilisation; le jour où la Turquie deviendrait pays +de culture, ce jour-là les Turcs ne seraient plus en Europe. Et cette +incompatibilité entre la civilisation chrétienne et l'islamisme, on la +constate aussi dans les autres pays mahométans. Nous pouvons citer à +cet effet la Perse. Le chaos qui règne dans cet État musulman ne date +que de l'époque où il est venu en contact avec les idées européennes. +On peut comparer les pays ottomans à ces objets qu'on exhume dans les +fouilles de Pompéi et qui, dès qu'ils sont touchés par l'air, tombent +en poussière. Pour ces pays, la civilisation européenne est pleine de +venin: aussitôt qu'ils en sont touchés, ils en meurent. Ce n'est qu'en +respectant le Coran et son système d'organisation de l'État que les +pays mahométans peuvent durer; en s'en écartant pour marcher dans les +voies tracées par la civilisation européenne, ils se sont perdus ou se +perdront. Tant que la Turquie observait scrupuleusement les +injonctions de Mahomet, elle était forte; mais dès qu'elle voulut +introduire chez elle les réformes pour s'élever au rang des États +modernes, sa force commença à décroître rapidement.</p> + +<p>C'est qu'il y a une différence profonde entre l'islamisme et le +christianisme. On parle de l'égalité des hommes au point de vue des +<i>droits</i>. Nous ne savons pas si ce principe est une vérité, mais il y +a une égalité par rapport à laquelle il ne peut exister aucun doute, +c'est l'égalité devant les <i>devoirs</i> ou, mieux, devant le <i>devoir</i>, et +ce devoir consiste dans l'obligation de chacun de nous d'aider, par +ses efforts personnels, au progrès de la société.</p> + +<p>Ce devoir, c'est, autrement dit, le devoir du travail. Nous sommes +égaux devant le travail: chacun est tenu de travailler dans la mesure +de ses capacités et de ses forces. Tel est l'enseignement du +christianisme, tel est aussi l'enseignement de la science, qui, de +même que le Christ, prêche la solidarité sociale, prêche le devoir +qu'ont tous les hommes de vivre et d'agir pour cette unité qui +s'appelle société, dont ils ne sont que les parties.</p> + +<p>Eh bien! cette égalité devant le travail, le Coran ne la connaît pas. +S'il connaît quelque chose, c'est, tout au contraire, l'inégalité +devant le devoir. Le Coran partage les hommes en deux catégories: les +<i>fidèles</i> (fidèles au prophète), c'est-à-dire les Mahométans, qui +n'ont pas de devoirs, bien qu'ils aient tous les droits, et les +<i>infidèles</i> (infidèles envers le prophète), qui ont tous les devoirs, +mais sans avoir aussi des droits. L'islamisme est donc une +consécration du principe de l'inégalité: inégalité devant les devoirs +de même que devant les droits.</p> + +<p>Peut-on, dès lors, espérer de sauver un État, assis sur des bases si +opposées à celles sur lesquelles sont constitués les États européens? +Est-ce qu'un pareil pays, d'où la solidarité sociale est tout à fait +bannie, est capable de répondre aux buts des États modernes, buts qui +ne sont pas réalisables en dehors de l'application du principe +solidariste? Quel esprit de solidarité existe-t-il entre un mahométan, +qui n'a que le droit de jouir sans avoir le devoir de travailler, et +un chrétien qui n'a que le devoir de travailler sans avoir le droit de +jouir? En d'autres termes, quelle solidarité peut-il y avoir entre le +maître et son esclave? Et puis, peut-on parler de la solidarité +sociale, solidarité qui suppose l'existence d'une unité, d'une société, +dans un État où une moitié de la population peine pour l'autre moitié, +où les uns, les giaours, nonobstant leur travail dur et continu, +manquent très souvent des moyens d'existence les plus élémentaires, +tandis que les autres, les Osmanlis, s'adonnent à un luxe effréné et à +une débauche orientale? La Turquie n'est pas un État moderne, parce +que ce n'est pas une société, et elle n'est pas une société parce +qu'elle n'est pas une unité: c'est un tout divisé en deux parties, +dont l'une, les fidèles, méprise l'autre, les infidèles, laquelle, à +son tour, hait la première. Est-ce que les sentiments de mépris et de +haine sont de nature à développer la solidarité parmi ceux entre +lesquels ils existent?</p> + +<p>La perturbation politique survenue en Turquie en 1908, sur laquelle +beaucoup de gens avisés de l'Occident fondent tant d'espoir, sera +absolument impuissante à modifier socialement et politiquement les +Turcs. La religion de Mahomet représente, pour eux, un code complet: +c'est un recueil de lois tant religieuses que civiles, c'est un code +social. Il embrasse un fidèle sous tous les rapports, depuis sa +naissance jusqu'à sa mort et même après la mort. Pas de manifestation +de vie humaine qui ne soit réglée par le Coran. Et c'est depuis des +siècles que les Turcs subissent l'action des préceptes de Mahomet; +sous cette action, leur esprit s'est complètement formé ou, si l'on +veut, déformé. À l'égal des gouttes d'eau qui, en tombant longtemps +sur le rocher, finissent par le creuser, les idées finissent aussi par +creuser le cerveau. Les idées de Mahomet ont fait dans le cerveau turc +des fêlures qui le distinguent du cerveau chrétien, à tel point qu'un +Turc et un chrétien sont maintenant des êtres différents même au point +de vue physiologique, êtres qu'on ne peut absolument pas enfermer dans +un même moule social et politique.</p> + +<p>Ainsi, par exemple, les Jeunes Turcs ont beau proclamer l'égalité +entre le Turc et le Chrétien—nous avons d'ailleurs vu que cette +proclamation est restée à l'état de proclamation, cette égalité, les +Jeunes Turcs ne la désirant pas sincèrement—un Mahométan ne se fera +jamais à l'idée de considérer comme son égal celui qui, pendant des +siècles, était son inférieur, plus que cela: son serf. Le giaour reste +le giaour, digne seulement de promener les chevaux de son maître, le +Turc, et la Constitution jeune-turque est trop faible pour entamer la +constitution physiologique du Mahométan. A constitution, constitution +et demie.</p> + +<p>La démocratie jeune-turque qui, comme toute démocratie, suppose +l'activité de tous les membres de la société, activité dirigée vers le +perfectionnement de celle-ci, ne produira, à cet égard non plus, aucun +effet par rapport aux Turcs. Il y a, à Belgrade, près de l'ancienne +forteresse romaine que baigne le confluent de la Save et du Danube, +une éminence, tournée vers l'Orient, que les Turcs, au temps où ils +étaient maîtres de Belgrade et de la Serbie, appelaient <i>Fitchir Bair</i>, +ce qui veut dire: la rive de la réflexion. C'est toute la +caractéristique du Turc: il réfléchit, mais il ne travaille pas. Sans +doute, il est beau de réfléchir, mais la société n'en vit pas. Si la +philosophie peut se contenter de la réflexion, la société demande +autre chose encore: l'action, le travail. Le Turc est philosophe, +parce qu'il lui est possible de l'être: pendant qu'il réfléchit, le +giaour travaille pour lui. C'est comme dans l'ancienne Grèce: Aristote +et Platon pouvaient bien se consacrer à la philosophie, puisque leurs +esclaves labouraient les champs pour eux. Le Turc a toujours été tel +et il restera tel. Il a été et il sera l'homme de la rive de la +réflexion.</p> + +<p>Par sa nature, le Turc est encore plus inutile pour la civilisation +que la race noire, également rébarbative à la culture. En effet, si +l'on ne peut faire d'un nègre un homme civilisé, du moins peut-on en +faire un travailleur. Les nègres sont, comme on le sait, un élément +dont les Européens tirent de grands profits dans leurs entreprises +coloniales. Un nègre n'a pas honte d'être employé à des besognes +toutes manuelles. Il en est autrement d'un Turc: il est paresseux, +excepté en ce qui concerne la réflexion, ou il est infatigable: il +peut passer des journées entières dans la contemplation et la +réflexion, c'est-à-dire dans l'oisiveté; il est paresseux, disons-nous, +parce qu'il est fataliste: à quoi bon se mouvoir et agir, puisque +l'homme est impuissant à déranger, tant soit peu, l'ordre naturel des +choses, puisque tout se passera comme la fatalité immuable l'aura +ordonné? Ou bien, il est fataliste parce qu'il est paresseux: pour +donner à sa paresse une explication philosophique, il la rattache au +fatalisme. Et quant à son orgueil, c'est un obstacle à ce qu'il puisse +être employé utilement, comme on emploie les nègres: il est dégradant +pour un Mahométan de travailler, surtout s'il s'agit de travaux +corporels.</p> + +<p>Telle est la psychologie du Turc, et elle montre clairement que +l'Empire ottoman est irrémédiablement voué à sa perte. Ce sera +certainement le sort de ce pays dans lequel la race dominante est +dépourvue, au plus haut degré, des qualités requises pour qu'elle +puisse rendre le pays moderne. Aussi est-ce une utopie qu'une +confédération entre un État qui se meurt et les jeunes États +balkaniques chrétiens, qui sont en plein essor de développement +matériel et moral. Une pareille confédération ne ferait qu'affaiblir +ces derniers États, une force n'augmentant qu'autant qu'elle s'allie à +une autre force. Et c'est encore accentuer cette utopie que de +proposer que cette confédération soit placée sous l'hégémonie de la +Turquie. L'hégémonie de la Turquie serait l'hégémonie de l'islamisme +et de ses idées néfastes. L'hégémonie de la Turquie, serait le +panislamisme, dont rêvent les Jeunes-Turcs, qui ont embrassé, avec une +précipitation intéressée, l'idée d'une confédération balkanique sous +l'hégémonie turque. On propose la confédération balkanique comme une +barrière contre le <i>Drang nach Osten</i> allemand, en préparant en même +temps, par là, un autre Drang, le <i>Drang nach Westen</i> turc. Mais, s'il +y a à choisir entre ces deux Drangs, les peuples balkaniques chrétiens, +peuples capables et avides de civilisation, n'hésiteraient +certainement pas un moment à se prononcer pour le premier.</p> + +<p>C'est une chose très curieuse que le rôle que l'Angleterre voudrait +imposer aux États balkaniques chrétiens, et, en premier lieu, à la +Serbie. Elle leur dit de barrer la route au <i>Drang</i> allemand. Mais +qu'est-ce que c'est en somme que ce <i>Drang</i>? Ce n'est autre chose que +la poussée civilisatrice de l'Europe, et elle est dite <i>Drang</i> +allemand, parce que les Allemands étant voisins des Slaves du Sud, ce +sont eux qui transmettent à ces derniers la culture européenne. Ainsi, +en fin de compte, les Anglais voudraient que les Slaves du Sud fussent +un obstacle à la propagation, vers l'Orient, de la civilisation +européenne, ils voudraient que ce fussent eux contre qui cette +civilisation devrait se briser. Et voilà une tâche qu'on ne saurait +précisément appeler une tâche noble, digne d'un peuple moderne! Que +les Slaves du Sud se soient toujours fait un titre de gloire d'avoir +combattu l'islamisme, c'est très concevable: c'est l'Europe et sa +culture qu'ils défendaient contre l'ignorance musulmane, mais qu'on +prétende maintenant, en plein XXe siècle, leur faire jouer un rôle +inverse, c'est à quoi ils ne pourraient jamais consentir, conscients +qu'ils sont que leur destinée est non pas de servir la cause spéciale +de la politique anglaise, mais de servir celle de la civilisation. Et +c'est aussi dans le but de contribuer à celle-ci que, par exemple, les +Serbes se soulevèrent, il y a de cela plus d'un siècle, contre leurs +oppresseurs turcs, et ce serait vraiment une chose bien étrange qu'à +présent, ces mêmes Serbes pussent montrer la velléité de se replacer, +en quelque sorte, par une confédération, avec la Turquie en tête, sous +la même domination dont ils se sont affranchis au prix de tant de +sacrifices. Aujourd'hui qu'ils sont incomparablement plus avancés +qu'au temps de leurs luttes avec les Ottomans, les Serbes feraient si +peu de cas de la civilisation qu'ils seraient prêts à préférer à +celle-ci l'influence de l'islamisme rétrograde! Mais une pareille +tentative serait un démenti des plus cruels qu'ils se donneraient à +eux-mêmes, un pas en arrière qu'ils accompliraient.</p> + +<p>Les puissances occidentales et, en premier lieu, l'Angleterre, au lieu +de froisser les Slaves du Sud en leur suggérant des projets qui ne +sauraient que les dégrader, devraient, au contraire, si vraiment elles +sont amies des peuples balkaniques chrétiens et de leur progrès, les +aider à délivrer les Balkans d'une race asiatique, race grâce à +laquelle l'Europe orientale n'est pas encore arrivée au même niveau de +civilisation que le reste de l'Europe, afin qu'une fois maîtres de +toute la Péninsule balkanique, qui, maintenant, on peut le dire, ne +fait que <i>géographiquement</i> partie de l'Europe, ils puissent y faire +rentrer cette presqu'île aussi au point de vue de la culture.</p> + +<blockquote class="footnote"><a id="footnote1" name="footnote1"></a><b>Note 1: </b><a href="#footnotetag1">(retour) </a><p>Le projet de confédération balkanique, projet dont l'idée est due, +en principe, à la Grande-Bretagne, montre que la position de cette +dernière puissance dans les Balkans ne s'est point améliorée depuis le +Congrès de Berlin. En 1878, l'Angleterre défendait l'intégrité de +l'Empire ottoman, parce qu'elle craignait l'omnipotence de la Russie; +elle la craignait pour ses possessions asiatiques, et surtout pour +celle des Indes. Aujourd'hui, l'Angleterre a les mêmes craintes, bien +que ce ne soit plus la Russie qui les lui inspire. Toujours est-il que +l'Angleterre ne cesse pas d'être menacée, par la Péninsule balkanique, +dans ses colonies asiatiques, ce qui veut dire, répétons-le, que sa +position dans l'Est européen n'est pas avancée depuis le Traité de +Berlin. Il y a même plus: cette situation est empirée, puisque, en +1878, l'Angleterre avait l'Allemagne comme alliée contre la politique +balkanique russe, tandis qu'aujourd'hui, on ne peut dire avec +certitude qu'elle ait, à l'inverse, la Russie comme alliée contre la +politique balkanique allemande: on le voit d'après l'effort même de la +Grande-Bretagne pour créer une confédération balkanique contre le +<i>Drang</i> allemand, ce dont elle n'aurait pas besoin si elle était sûre +de la Russie; et certainement les États balkaniques ne peuvent être +mis sur le même pied que l'Allemagne au point de vue des garanties +qu'ils assurent à l'Angleterre pour la réalisation de sa politique +balkanique: la garantie que lui donnait, à cet égard, l'Allemagne, en +1878, était autrement efficace que celle que lui pourraient offrir à +présent les États balkaniques.</p></blockquote> + +<blockquote class="footnote"><a id="footnote2" name="footnote2"></a><b>Note 2: </b><a href="#footnotetag2">(retour) </a><p>Le mot <i>Turquie</i> est pris ici dans son acception <i>géographique</i>.</p></blockquote> +<br><br> + +<p>70558.—Paris, Imprimerie LAHURE, 9, rue de Fleurus.</p> +<br><br> +<hr> +<br><br> + + + + + + + + + +<pre> + + + + + +End of Project Gutenberg's Confédération Balkanique, by Jivoin Péritch + +*** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK CONFÉDÉRATION BALKANIQUE *** + +***** This file should be named 17561-h.htm or 17561-h.zip ***** +This and all associated files of various formats will be found in: + http://www.gutenberg.org/1/7/5/6/17561/ + +Produced by Nenad Petrovic, Cédric and the Online +Distributed Proofreaders Europe at http://dp.rastko.net. +This file was produced from images generously made available +by the Bibliothèque nationale de France (BnF/Gallica) + + +Updated editions will replace the previous one--the old editions +will be renamed. + +Creating the works from public domain print editions means that no +one owns a United States copyright in these works, so the Foundation +(and you!) can copy and distribute it in the United States without +permission and without paying copyright royalties. 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Email contact links and up to date contact +information can be found at the Foundation's web site and official +page at http://pglaf.org + +For additional contact information: + Dr. Gregory B. Newby + Chief Executive and Director + gbnewby@pglaf.org + +Section 4. Information about Donations to the Project Gutenberg +Literary Archive Foundation + +Project Gutenberg-tm depends upon and cannot survive without wide +spread public support and donations to carry out its mission of +increasing the number of public domain and licensed works that can be +freely distributed in machine readable form accessible by the widest +array of equipment including outdated equipment. Many small donations +($1 to $5,000) are particularly important to maintaining tax exempt +status with the IRS. + +The Foundation is committed to complying with the laws regulating +charities and charitable donations in all 50 states of the United +States. 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Donations are accepted in a number of other +ways including checks, online payments and credit card +donations. To donate, please visit: http://pglaf.org/donate + + +Section 5. General Information About Project Gutenberg-tm electronic +works. + +Professor Michael S. Hart is the originator of the Project Gutenberg-tm +concept of a library of electronic works that could be freely shared +with anyone. For thirty years, he produced and distributed Project +Gutenberg-tm eBooks with only a loose network of volunteer support. + +Project Gutenberg-tm eBooks are often created from several printed +editions, all of which are confirmed as Public Domain in the U.S. +unless a copyright notice is included. Thus, we do not necessarily +keep eBooks in compliance with any particular paper edition. + +Most people start at our Web site which has the main PG search facility: + + http://www.gutenberg.org + +This Web site includes information about Project Gutenberg-tm, +including how to make donations to the Project Gutenberg Literary +Archive Foundation, how to help produce our new eBooks, and how to +subscribe to our email newsletter to hear about new eBooks. + +*** END: FULL LICENSE *** + + + +</pre> + +</body> +</html> + diff --git a/LICENSE.txt b/LICENSE.txt new file mode 100644 index 0000000..6312041 --- /dev/null +++ b/LICENSE.txt @@ -0,0 +1,11 @@ +This eBook, including all associated images, markup, improvements, +metadata, and any other content or labor, has been confirmed to be +in the PUBLIC DOMAIN IN THE UNITED STATES. + +Procedures for determining public domain status are described in +the "Copyright How-To" at https://www.gutenberg.org. + +No investigation has been made concerning possible copyrights in +jurisdictions other than the United States. 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