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Descaves + +Author: Georges Darien and Édouard Dubus + +Release Date: June 17, 2006 [EBook #18611] + +Language: French + +Character set encoding: ISO-8859-1 + +*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LES VRAIS SOUS-OFFS *** + + + + +Produced by Chuck Greif, Carlo Traverso and the Online +Distributed Proofreading Team at http://www.pgdp.net (This +file was produced from images generously made available +by the Bibliothèque nationale de France (BnF/Gallica) at +http://gallica.bnf.fr) + + + + + + + + + +GEORGES DARIEN ET ÉDOUARD DUBUS + +LES VRAIS =Sous-Offs= + +RÉPONSE A M. DESCAVES + + Il faut passer par la + mort pour naître à la + gloire. + + _Sergent_ Bobillot. + +[Illustration] + +PARIS + +NOUVELLE LIBRAIRIE PARISIENNE + +ALBERT SAVINE, ÉDITEUR + +12, RUE DES PYRAMIDES, 12 + + * * * * * + +AUX SOUS-OFFICIERS + +_Des Armées de Terre et de Mer,_ + +AUX GLORIEUX MUTILÉS + +DONT LES MEMBRES + +JONCHENT LES PAGES DE NOTRE HISTOIRE: + +AUX INVALIDES, A L'ARMÉE, A LA PATRIE + +_Cette OEuvre de Réparation est dédiée._ + + * * * * * + + + + +LES VRAIS SOUS-OFFS + + +A l'heure où l'ennemi nous guette par dessus la frontière; à l'heure où +la barbarie teutonne étire ses griffes, encore rouges de sang, vers la +civilisation latine; à l'heure où un adversaire brutal médite d'étouffer +sous le talon de sa botte notre génie national; à l'heure lugubre où, +devant les ambitions affamées du despotisme, va sonner peut-être le +tocsin vengeur des dernières libertés, un homme s'est rencontré qui n'a +pas craint de lancer la calomnie, comme un bélier destructeur, contre +les remparts de la Patrie; qui n'a pas hésité à éclabousser de boue le +drapeau tricolore; qui a osé se rire de notre honneur et railler nos +espérances: + +Il a insulté l'armée française! + +Un livre scandaleux a paru, qui a la prétention de faire un tableau +fidèle de la vie des sous-officiers. Dans ce livre, il n'est question ni +de dévouement, ni de courage, ni de désintéressement, ni de loyauté. On +n'y parle que de lâcheté, que de moeurs honteuses, que de concussions. +A en croire ce livre, du caporal à l'adjudant, on ne trouve dans les +casernes que prévaricateurs, couards, équivoques gredins... + + * * * * * + +Ce n'est pas la première fois, disons-le, en nous voilant la face, qu'un +écrivain sans doute altéré de réclame, a déversé l'immonde injure, +l'ignoble outrage, sur les défenseurs de nos foyers. MM. Péladan, +Huysmans,--il sent son Prussien, ce nom là--Abel Hermant, Perrin, Octave +Mirbeau, Bonnetain, Robert Gaze, ont voulu nous peindre, sous les +couleurs les plus odieuses, cette vie d'abnégation, de renoncement et +d'héroïsme discret, qui est celle des cadres de notre armée. + +L'indifférence avait jusqu'ici fait justice de ces attaques haineuses +inspirées par une basse rancune ou une étrange aberration. + +Quant aux diffamés, ils avaient su montrer sur le terrain qu'on ne se +jouait pas impunément de leur honneur. + +Les honnêtes gens pouvaient croire que la leçon avait été comprise et +que c'en était fini de cette campagne anti-française. + +Ils se trompaient. + +Ramassant toutes les infamies tombées au ruisseau, renchérissant sur +elles, les aggravant encore, M. Lucien Descaves, puisqu'il faut +l'appeler par son nom, est parvenu à forcer l'attention publique, par +une accumulation d'outrages encore sans précédent. + + * * * * * + +Dans _Sous-Offs_, M. Descaves affiche l'outrecuidante prétention de nous +donner la psychologie du sous-officier. + +A cet effet, il imagine un régiment, tout de fantaisie--et quelle +fantaisie!--un régiment, où les officiers paraissent à peine, où les +sous-officiers, déchargés de tout contrôle supérieur, s'abandonnent à +des instincts mauvais, qu'aucune autorité, ni morale ni hiérarchique, ne +vient refréner. + +Il en fait des rustres, des manants, sans éducation, sans instruction, +sortis des couches les plus abjectes de la société, apportant au +régiment des moeurs de repris de justice, des habitudes de souteneur. + +Sans autre souci que celui du bien-être à satisfaire à tout prix, +remplaçant le sentiment du devoir à remplir par un appétit effréné de +jouissance, ils mettent dans la poche des plus misérables créatures, des +doigts crochus qu'ils n'hésitent pas à plonger au besoin dans la caisse +du régiment. + +Sans cesse occupés à parfumer d'odeurs canailles, dérobées dans des +maisons louches, leur peau qu'efféminent chaque jour des contacts +dégradants--une peau qu'ils marchandent sans vergogne au Pays en +danger--ils endorment un temps volé à l'exercice de leurs fonctions dans +la paresse et l'ivrognerie. + +Précisons. Étudions le roman de M. Descaves. Portons le scalpel de +l'analyse dans cette production monstrueuse. + +Ou plutôt; non! Qu'on ne nous accuse point ici de partialité! Refrénons +l'indignation qui fait bondir le coeur de tout bon Français à la +lecture de ces pages maudites. Laissons la parole aux organes autorisés +de l'opinion publique. Quelque doctrine politique qu'ils défendent, à +quelque parti qu'ils soient inféodés, ils se sont rencontrés, cette +fois, dans un sentiment d'unanime réprobation. + + * * * * * + +Monsieur Francisque Sarcey écrivait dans le _Parti National_ du 15 +novembre 1889: + + «Il a paru un volume de M. Descaves, qui a pour titre _Sous-Offs_. + Je n'ai pu en soutenir la lecture jusqu'au bout. Elle est + impatientante et parfois même révoltante.» + +Dans la _Liberté_ du 17 novembre, M. de Molènes, ce judicieux critique, +s'écriait: + + «Quant aux moeurs infâmes, accompagnées d'escroqueries chez + certains, laissons les conseils de guerre en faire justice et + _détournons les yeux_.» + +Oui! Mais quel est le conseil de guerre qui fera justice du +calomniateur? + +M. Scaramouche, le sosie de M. Henri Fouquier, publiait dans le +_Gaulois_ du 29 novembre, ces lignes où court un grand souffle +patriotique: + + «On vole dans la caserne, on s'y saoûle en payant les + sous-officiers; et si on en sort, c'est pour vivre en d'ignobles et + gratuites débauches dans de mauvais lieux. Et voilà l'armée!» + + Nous lisons dans l'_Estafette_ du 30 novembre, sous la signature + transparente d'un anonyme: + + «Qui touche à l'armée est un mauvais Français.» + + Vous entendez, M. Descaves? + + M. de Lyden s'exprime ainsi dans la _Patrie_ du 5 novembre: + + «Ce livre est un livre contre l'armée; j'ajoute que c'est un livre + contre la France. Et je ne serais pas surpris que M. de Bismarck + lui infligeât le déshonneur d'être traduit en allemand, pour la + plus grande édification de nos implacables ennemis!» + + M. de Lyden a été bon prophète: c'est fait!!! + + M. Laisant imprimait dans les colonnes de la _Presse_ + du 6 décembre l'appréciation suivante: + + «Je ne crois guère à l'existence des mauvais livres. Celui dont je + veux parler aujourd'hui fait exception, car il est de nature à + ralentir la grande oeuvre de réconciliation nationale autour du + drapeau, et à réjouir nos ennemis de l'autre côté du Rhin!» + + Dans le _Paris_ du 13 décembre, M. Charles Laurent donne cet + excellent conseil: + + «Avez vous lu _Sous-Offs_? Non. Eh bien, ne le lisez pas!» + +M. Tony-Révillon, dans les colonnes du _Radical_ du 15 décembre, +flétrissait en ces termes les inventions nauséabondes de M. Descaves: + + «_Sous-Offs_ est une satire de l'armée. C'est la vie à la caserne, + dans la brasserie de femmes et dans la maison de filles. Tous les + soldats, dont nous parle l'auteur, sont des brutes... Et tous les + sous-officiers qu'il nomme sont des voleurs et des souteneurs.» + +Nous n'avons rien à ajouter à une appréciation aussi judicieuse. + +M. Paul de Cassagnac, dans l'_Autorité_ du 13 décembre, se montrait +sévère mais juste: + + «Pour ce livre, il ne faut pas de circonstances atténuantes. On + doit le flétrir comme doivent être flétries les oeuvres qui + s'attachent à détruire ce qu'il y a de plus respectable au monde, + ce qu'il y a de plus sacré après Dieu, après la famille, l'Armée + enfin!» + + «_Le feu seul peut épurer une telle oeuvre en la détruisant_.» + +Plus d'un soldat a déjà dû lancer au feu, après en avoir parcouru la +première page, le volume dont il s'agit. + +M. Carle des Perrières, dans le _Gaulois_ du 12 décembre, +s'adresse à M. le ministre de la guerre: + + «Je suppose, M. le ministre, que votre désir est d'avoir une armée + vigoureuse, instruite, brave, et fière de son uniforme... Votre + mission est de la faire respecter sur l'heure, de la mettre à + l'abri des insultes du ruisseau.» + +Cet appel éloquent a été entendu. + +Dans le _XIXe Siècle_ du 15 décembre, M. Francisque Sarcey écrit en +ces termes émus à M. Saint-Genest du _Figaro_: + + «Le régiment a été pour vous, mon cher Saint-Genest, ce qu'a été + pour moi l'Ecole Normale, avec cette différence tout à votre + avantage que l'Ecole Normale n'est après tout qu'une coterie de + professeurs, tandis que l'armée c'est la France!» + +Il est réconfortant d'entendre de pareilles vérités exprimées dans un +pareil style. + +Dans la _France_ du 17 décembre, nous trouvons sous la signature de M. +Mermeix: + + «Les poursuites contre M. Descaves sont fâcheuses, parce que, le + jour où il se défendra devant le jury, les CORRESPONDANTS ALLEMANDS + seront tous à leur poste dans la salle.» + +Nous trouvons dans le _Petit Journal_ du 17 décembre: + + «On compte dans l'armée 30,000 officiers, 100,000 sous-officiers. + Si l'auteur du livre en question veut faire un peu de statistique, + il verra que l'armée, au point de vue du caractère, est encore + l'école qui développe au plus haut degré les sentiments d'honneur + et de moralité.» + +La statistique: c'est le salut, c'est le droit! Faites-en, M. Descaves. + +Après avoir cité des passages de _Sous-Offs_, M. Paul Bluysen écrivait +dans la _République Française_ du 15 décembre: + + «Ces citations qui font bondir tout Français appelé à servir le + pays en quelque contrée que ce soit, ne suffisent pas encore à + prouver combien est fausse et écoeurante l'oeuvre de M. + Descaves.» + +Dans le _Gil Blas_ du 21 décembre, M. Charles Leser donne cette +appréciation: + + «C'est l'armée que M. Descaves a outragée, et l'armée ne peut pas + avoir d'autre avocat que son chef. C'est une honte déjà qu'elle ait + besoin d'un avocat.» + +En réponse à une sorte de protestation en faveur de _Sous-Offs_, M. De +Cassagnac, dans l'_Autorité_ du 26 décembre, revient sur un sujet qui +l'écoeure profondément: + + «J'ose croire que le gouvernement repoussera honteusement cette + levée de plumes d'oie. Il nous plait, à nous, de défendre contre + vos prétentions exorbitantes l'âme de la France! Nous vous + défendons d'y toucher, vous entendez.» + +C'est ce qui s'appelle clouer d'un seul coup le bec à la plume des +folliculaires. + +Dans le _Matin_ du 9 janvier 1890, M. Jules Simon, jugeant qu'il n'est +jamais trop tard pour dire une bonne chose, s'écrie: + + «Le collège préparera la caserne, _c'est parfait_. Que la caserne, + à son tour, RAPPELLE UN PEU ET CONTINUE LE COLLÈGE.» + +Dans l'_Eclair_ du 9 janvier, M. Camille Doucet, de l'Académie +française, dans sa passion pour la considération, reproche à M. Descaves +les moyens qu'il y a employés pour s'assurer un succès de mauvais aloi: + + «Je n'ai pas lu _Sous-Offs_. Mais l'auteur a choisi un excellent + moyen de forcer l'indifférence et de s'imposer à l'attention + publique.» + +Dans la _République Française_ du 9 janvier, M. Albert Delpit, un de nos +illustres romanciers, donne l'appréciation suivante: + + «Le roman de M. Descaves n'est qu'une lanterne magique, où passent + et repassent des bonshommes grotesques et répugnants. Ce sont des + caricatures... Je comprends qu'on aille de temps en temps dans un + mauvais lieu, mais, vrai! ça «me fatiguerait d'y passer ma vie tout + entière.» + +C'est la leçon de l'expérience. + + * * * * * + +Assez de citations. Nos lecteurs sont édifiés sur la portée de +_Sous-Offs_. Personne n'a été dupe de ce roman et l'opinion publique +s'est chargée d'infliger à M. Descaves le démenti le plus sévère. + +C'est une rude leçon, mais elle n'est point complète. A chacune des +accusations échappées à une plume aigrie par la rancune, il ne suffit +pas de répondre par une négation: une affirmation est nécessaire. + +Il est temps d'élever une digue indestructible devant le flot débordant +d'injures, d'imputations calomnieuses, qui tente de submerger l'honneur +de notre armée. + +Aux faits imaginaires avancés par l'invention malade du malsain +pamphlétaire, nous allons opposer des faits historiques, des faits +indiscutables, des faits qui prouveront qu'aujourd'hui, comme par le +passé, il y a dans l'âme du _Sous-Offs_ autre chose que de la sanie et +de la boue! + +Où M. Descaves trouve couardise et lâcheté, nous allons montrer bravoure +et héroïsme. + +Où M. Descaves trouve concussion et vol, nous allons montrer abnégation +et sacrifice. + +Où M. Descaves trouve des vices honteux et des moeurs infâmes, nous +allons montrer une tempérance parfois stoïque et de généreuses passions. + +Où M. Descaves trouve l'égoïsme le plus abject, nous allons montrer la +France! + + * * * * * + + «On demandait des volontaires pour le Tonkin. + + «... Les gradés devaient faire l'objet d'un état ad hoc. + + «Au déjeuner des sergents, les fourriers qui venaient d'assister à + la lecture du rapport, dans les chambres, divulguèrent + l'_impression générale_: + + «--C'est un four. Un seul sous-officier s'est fait inscrire: + l'adjudant Rupert. + + «--_Parce qu'il sait qu'on ne le prendra pas_, avec sa maladie. + + «--Oui, mais vis à vis des chefs, c'est adroit. + + «On discutait surtout l'abstention du seul sergent rengagé que + possédât le bataillon, Vaubourgeix. + + «--Vaubourgeix! dit quelqu'un, on devrait l'envoyer là-bas + d'office. C'est son métier, n'est-ce pas? Mais voilà: _ceux qui + restent au régiment lui donnent non leur peau_, MAIS LE POIL QU'ILS + ONT DANS LA MAIN... + + «... Quant aux hommes, les quatre compagnies réunies n'en + fournissaient que huit. On cita deux caporaux récemment cassés de + leur grade, deux engagés volontaires, deux découcheurs tenaces, + actuellement en prison, un ivrogne et une forte tête. + + «...--Leur Tonkin, on l'a quelque part! + + «... Et, sous ce raisonnement en façade, sous ces prétextes + décoratifs, une inquiète lâcheté s'aménageait, se terrait dans les + caves de l'âme, ou bien apparaissait aux fenêtres du for intérieur, + aux lucarnes du corps, fardée, tremblant pour la bâtisse, criant + éperduement, par la bouche et par les yeux, son _insatiable amour + de la peau_...» + +Sans la crainte d'être accusé de parti pris et d'exagération en +affirmant que _Sous-Offs_ représente notre armée, comme un ramassis de +lâches, jamais nous ne nous serions permis de citer les lignes honteuses +qui précèdent. + +Nous ne voulons pas les discuter. Notre histoire militaire tout entière +crie au mensonge et s'inscrit en faux. + +Depuis qu'il y a des sous-officiers, les exemples de courage, les traits +d'héroïsme ne se comptent pas. + +N'était-ce pas un _sous-off_, ce grenadier qui, à l'assaut de Prague, +monta le premier sur les remparts et assura la capture de la ville par +l'héroïque Chevert? + +Dans la même campagne (1745 à 1748), lorsque Chevert fut obligé +d'abandonner la ville de Moncalvo, il y laissa, dit le duc de Broglie, à +qui nous empruntons ces lignes, ses blessés et ses malades, en les +recommandant à la clémence du vainqueur, qui, entrant dans la ville sans +résistance, n'aurait eu aucune raison pour maltraiter des infortunés. +Mais avant que les Piémontais eussent paru devant les remparts, un de +ces pauvres abandonnés, un sergent, qui portait le nom de guerre de +Va-de-bon-coeur, se soulevant sur son grabat et se retournant vers ses +compagnons: «Camarades, leur dit-il, est-ce que nous allons nous rendre +sans souffrir au moins pour _deux liards_ de siège?» Et il leur fit +comprendre que, moyennant quelques vieilles pièces de canon rouillées, +mises en place sur les remparts, on pouvait faire un simulacre de +défense qui leur donnerait droit aux conditions d'une capitulation +honorable. Aussitôt dit, aussitôt fait, et quand le baron de Leutrum +arriva aux portes de la ville, il fut reçu, à sa grande surprise, par +une décharge d'artillerie qui mit quelques-uns de ses hommes hors de +combat. Touché lui-même de ce trait d'énergie, il fit tout de suite +offrir à ces défenseurs improvisés de leur accorder le traitement qui +leur conviendrait. «Non, répondit Va-de-bon-coeur, nous ne nous +rendrons pas que vous n'ayez fait une tranchée, ne fût-elle que de la +longueur de ma pipe.» Leutrum se prêta à la plaisanterie, et après une +heure de bombardement assez mollement opéré, il accorda aux assiégés +une capitulation qui leur permettait de sortir avec les honneurs de la +guerre. Le régiment des infirmes défila alors devant lui, chacun +portant, en guise des armes qu'il n'aurait peut-être pas été en état de +soutenir, quelque signe de sa maladie ou de sa blessure: celui-ci +brandissant sa béquille, cet autre le bras en écharpe, quelques-uns +montés sur les épaules de leurs camarades, et ce fut dans cet appareil +qu'ils rejoignirent l'armée française, où ils furent reçus avec de +joyeuses acclamations. + +N'était-ce pas un sous-off, encore, que ce sergent Dubois, qui, avec le +chevalier d'Assas, poussa, à Klostercamp, un cri héroïque et légendaire, +qui lui valut la mort: «A moi, Auvergne, ce sont les ennemis!» + +Mais qu'est-il besoin de citer des exemples empruntés à l'histoire du +siècle dernier? Sans parler des quatre sergents de la Rochelle, les +récentes guerres sont pleines de traits d'héroïsme accomplis par des +sous-officiers. + +Le 4 juin 1853, à Magenta, l'adjudant Savière du 2e bataillon des +zouaves, s'élance sur un porte-drapeau autrichien et à la gloire de +s'emparer de l'étendard ennemi. + +Le 24 juin 1859, c'est le sergent Garnier, de la 1re compagnie du 10e +bataillon de chasseurs, qui s'empare du drapeau du 60e de ligne +autrichien. + +Au Mexique, à l'affaire du Borezzo, un drapeau est enlevé par le sergent +de grenadiers Picarent. Le fourrier Besançon, le 28 janvier 1865, +s'empare d'un drapeau de la division Rojas. + +A la bataille de l'Alma, le sergent-clairon Gesland, le poignet brisé +par un boulet, se fait amputer, et revient se placer à la tête de ses +clairons. + +Est-il besoin de retracer les exploits du sergent Blandan en Algérie? La +France reconnaissante élevait hier un monument à sa mémoire, et le récit +de ses exploits est encore dans toutes les bouches. + +C'était aussi un sous-off, que ce sergent Bobillot, tombé au champ +d'honneur, dans ce Tonkin dont, au dire de M. Descaves, les Français ont +peur, et où ils ne vont point. + +Savez-vous ce qu'il écrivait dans une lettre, la dernière peut-être +qu'on ait reçue de lui: + + «Moi, je rêve de quelque grand projet irréalisable, d'une flèche + iroquoise, d'une fièvre jaune ou d'un chemin de fer + transatlantique. + + «... Il _paraît qu'il faut passer par la mort pour naître à la + gloire_. + + «Je voudrais mourir comme Chénier sur l'échafaud, comme Dolet sur + le bûcher, comme Mürger à l'hôpital. Mais l'hôpital est encore si + peu. Oh! qu'il vienne une guerre sibérienne, chinoise ou + patagonienne, mais qu'elle vienne et que j'y tombe: _je me + relèverai roi_.» + +Dans un court billet, écrit à la veille de sa mort, il disait encore: + + «J'AI LE PRESSENTIMENT JOYEUX QUE JE NE REVIENDRAI PAS EN + FRANCE...» + +Et l'illustre sergent Hoff, le héros du siège de Paris, qui attend +aujourd'hui, entre le revolver d'honneur qui lui a été offert, et ses +bottes déjà graissées pour le départ, l'heure où il faudra marcher pour +la Revanche, savez-vous en quelle estime le tiennent ses chefs +hiérarchiques? + +Le général Le Flô, dans une lettre datée de 9 mars 1873 raconte ce qui +suit: + + «Chaque fois que je l'ai vu, il m'a touché par sa simplicité, sa + modestie, et j'ajoute: par son désintéressement. Au moment de + quitter Paris pour essayer de porter une lettre de moi au maréchal + Bazaine, et ayant reçu la promesse d'une récompense de 20,000 + francs, s'il me rapportait une réponse à cette dépêche, il me dit: + merci, mon général, mais permettez-moi de refuser toute récompense + pécuniaire, je ne veux pas d'argent.» + +Nous pourrions multiplier à l'infini de pareils exemples. Il n'est pas +un de nos régiments qui ne possède les noms de sous-officiers inscrits +sur son livre d'or. Nos annales sont remplies d'actes d'héroïsme, car le +soldat français n'a pas son égal au monde. Il sait obéir et mourir pour +son pays et il aura toujours pour devise ces deux mots gravés dans son +coeur: «Honneur et Patrie!» + +Ne vous rappelez-vous point, M. Descaves, vous qui avez eu l'honneur de +porter l'uniforme, avoir entendu, le soir, les conteurs ordinaires des +chambrées, enthousiasmer leur auditoire avec le récit dramatique des +exploits accomplis par quelqu'un des sous-officiers légendaires dont +nous avons cité les noms? + +Ah! Ce n'est pas le vôtre qu'ils citeront, soyez en sûr! Ceux qu'ils +citent ont trouvé la gloire par l'héroïsme avant que vous n'ayez atteint +à la célébrité par le scandale... + +A votre âge, Monsieur, Bobillot était mort!! + + * * * * * + +S'il a été facile de convaincre M. Descaves de mauvaise foi, alors qu'il +accusait nos sous-officiers de lâcheté, il ne sera pas moins aisé de le +confondre, alors qu'il essaye de les flétrir en leur reprochant le vol +et la concussion. + + «C'était de la part du fourrier, écrit-il à la page 56 de son + libelle, les semaines de distribution, un rabiau minutieux sur le + pain, sur le sucre et le café livrés au percolateur, sur le vin + fourni par l'ordinaire, sur les étiquettes de paquetage et de + râtelier d'armes, sur les permissions _établies_, vendues aux + _bleus_. + + «Toute l'ignominie de l'exploitation des grades, toutes les + roueries de l'intimidation, des responsabilités esquivées, + déplacées; le CYNISME DANS L'ESCROQUERIE ET LA LÂCHETÉ DANS LE + DÉPOUILLEMENT--les deux nouveaux fourriers firent ce honteux + apprentissage à bonne école...» + +Il faut supposer dans le lecteur l'ignorance la plus profonde des lois +et règlements militaires pour oser lui imposer de pareilles allégations. + +Est-ce que, dans l'armée, l'examen le plus rigoureux ne s'étend pas aux +faits les plus minimes? + +Les sous-officiers donnent le prêt irrégulièrement, prétend M. Descaves. + +Est-ce que, s'il en était ainsi, les soldats hésiteraient à réclamer, +avec d'autant plus de certitude d'être écoutés, sans courir le moindre +risque, que le sergent-major prévaricateur serait immédiatement cassé? + +Est-il nécessaire de discuter des histoires de compromissions indignes +avec les fournisseurs? Mais les denrées fournies par ces derniers ne +sont-elles pas soumises à l'examen scrupuleux de la commission des +ordinaires? + +Est-ce que la sollicitude paternelle des chefs de corps, qui s'intéresse +aux plus infimes détails de l'existence du troupier, ne peut pas +contrôler à l'improviste la gestion de l'ordinaire, et rectifier +immédiatement une erreur, d'ailleurs improbable? + +Le décret du 28 décembre 1883, portant règlement sur le service +intérieur des troupes d'infanterie, porte, en termes exprès au +paragraphe 9, chapitre premier: + + «Le colonel a la haute surveillance des ordinaires du régiment. Il + détermine le mode de gestion à suivre d'après les instructions du + commandement et suivant les circonstances locales. Il provoque la + concurrence entre les fournisseurs, il recourt à l'intervention des + autorités municipales, du sous-préfet et du préfet, lorsque le + régiment éprouve des difficultés provenant de coalitions ou de + collusions. + + «Il fixe le versement à faire à l'ordinaire, demande des ordres au + général de brigade au sujet du taux du boni, veille à la formation + judicieuse des fonds d'économie et s'assure que la somme qui + dépasse le maximum fixé est déposée dans la caisse du trésorier + (art. 90).» + +Ainsi, rien n'échappe à l'oeil vigilant du colonel. + +N'est-elle pas légendaire au régiment, la visite de cet officiel +supérieur dans les cuisines? Qui ne l'a pas vu goûter diligemment au +succulent bouillon qu'on prépare pour les hommes? + +M. Descaves a vraiment de l'impudeur lorsqu'il vient vous raconter que +sous-officiers et bouchers s'entendent comme larrons en foire pour +empoisonner nos soldats avec des viandes de rebut! + +Et d'ailleurs, la condamnation sévère qui, tout dernièrement encore, +frappait des misérables, coupables d'avoir fourni des vivres avariés aux +troupes du camp d'Avor, est un exemple saisissant, présent à toutes les +mémoires, de la surveillance exercée par l'autorité militaire pour +rendre impossibles les faits avancés sans vergogne par l'auteur de +_Sous-Offs_. + + * * * * * + +Il n'a pu dissimuler sur ce point, comme sur bien d'autres du reste, la +fragilité de ses arguments. Il a senti trembler sous ses pieds, comme le +sol de l'Etna à la veille d'une éruption, le terrain sur lequel il se +plaçait. Aussi a-t-il employé, à l'appui de sa thèse, un artifice +subtil, un stratagème de composition, que nous ne saurions trop flétrir. + +A côté d'une foule de sous-officiers, qu'il habille en gibier de Cour +d'Assises, et pour nous faire croire à une impartialité dont nous ne +sommes pas dupes, il a tracé le portrait d'un adjudant intègre. + +Le piège est grossier, et personne n'y a été pris. + +Il aurait fallu, pour le tendre avec quelque chance de succès, que M. +Descaves ne couvrit point de ridicule, en nous le peignant comme un +esprit borné, le seul honnête homme qu'il ait daigné voir dans l'armée. + +Ah, certes! en mettant en scène l'adjudant Boisguillaume, qui vit +modestement à la caserne, passant entre son épouse et son sabre les +rares instants que lui laisse l'accomplissement de ses doubles devoirs, +on avait une belle oeuvre à faire. + +C'est une oeuvre de haine qu'on a perpétrée! + +Ah! la haine!!... + +Combien il eut mieux valu, pourtant, ne pas se laisser aveugler par la +rancune, et voir les choses telles qu'elles sont. + +Mais, vous n'avez donc jamais assisté, M. Descaves, au défilé +prestigieux de nos braves troupiers, à Longchamps, le 14 juillet? + +Le colonel en avant, précédé des tambours et des clairons, les +capitaines à la tête de leurs compagnies, nos braves sous-officiers en +serre-file, les régiments, sous les plis claquants du drapeau qui semble +rire à la victoire, aux mâles accents de la Marseillaise, défilent +devant les représentants de la Patrie! + +Si vous aviez assisté à ce spectacle grandiose, M. Descaves, vous auriez +appris, à l'allure martiale, à la belle tenue, à la santé radieuse, à +l'héroïque gaîté de nos soldats qu'il ne peut y avoir place dans leurs +rangs pour toutes les plaies honteuses que vous avez voulu nous y +montrer! + +Et puis, prenez y garde, M. Descaves. En accusant les moeurs de +l'armée, en taxant d'immoralité ceux qui sont ses véritables +instructeurs, vous jetez l'injure à la France tout entière. + +L'uniforme, tout le monde le porte, aujourd'hui. Les galons, ils sont +l'apanage des plus dévoués et des plus dignes; tous peuvent y prétendre; +et c'est maintenant surtout, que tout soldat porte dans sa giberne le +bâton de maréchal! + +L'armée n'est plus une caste; c'est l'incarnation du Peuple. Le fossé +qui séparait autrefois l'élément militaire de l'élément civil n'existe +plus. + +Ce fossé, la redingote de M. de Freycinet l'a comblé! + + * * * * * + +Admettre la corruption de l'armée, c'est croire à la corruption de la +nation elle-même. Accuser les sous-officiers de vol et de concussion, +c'est accuser tous ces modestes travailleurs qui, dans nos +administrations, tant privées que publiques, dans nos usines, dans nos +ateliers, sont les plus intelligents et les plus dévoués auxiliaires de +cette prospérité dont notre immortelle Exposition a donné un éclatant +témoignage. + +Ouvrez les journaux à la _Chronique du Bien_, lisez les comptes-rendus +de ces séances où l'Académie française récompense solennellement des +actes de vertu ou de haute probité; prenez connaissance de ces longues +listes de médailles qui vont briller, éclatants témoignages de +dévouement, sur la poitrine des sauveteurs, et comptez combien de noms +d'anciens sous-officiers figurent sur les palmarès de l'honneur! + +Pour les besoins de son infâme campagne de calomnies, M. Descaves veut +nous faire croire que des gens qui font preuve, après avoir quitté +l'uniforme, du désintéressement le plus méritoire, n'ont pas fait sous +les drapeaux l'apprentissage de la vertu! + +C'est se moquer de nous! + +Non! Les soldats d'aujourd'hui sont les dignes fils de leurs aînés et +nous pourrions les voir, si des heures lugubres sonnaient encore pour +les destinées de la Patrie, sacrifier jusqu'à l'or de leurs galons sur +ses autels, et, semblables aux vétérans de l'An II, porter comme l'a dit +Victor Hugo: + + L'épaulette de laine et la dragonne en cuir! + + * * * * * + +M. Descaves ne s'est pas tenu pour satisfait de nous montrer les +sous-officiers lâches et cupides, il lui a fallu encore les souffleter +avec une abominable accusation d'ivrognerie et de moeurs infâmes. + +Alcool et absinthe, voilà leurs dieux! + +Femmes mariées, servantes d'auberges, filles de mauvais lieu, sont +l'objet de leur exploitation éhontée. Pour en tirer de l'argent, tous +les moyens leur sont bons. Ils s'en vantent entre eux. Ils en rient. +Leur cynisme laisse bien loin derrière lui celui des rôdeurs de +barrière. M. Descaves a cousu le galon de leur grade sur une casquette à +trois ponts! + +Il nous est douloureux de nous étendre sur un pareil sujet, et, sans +notre désir ardent de ne pas laisser debout une seule des poutres de cet +échafaudage de carton qu'est _Sous-Offs_, nous nous arrêterions ici. + +D'ailleurs, le sujet que nous traitons maintenant est d'une gravité +exceptionnelle. Il ne suffit plus de donner un aperçu du livre, il faut +en citer des passages entiers, pour n'être point taxé d'invraisemblance +et de parti pris dans sa réfutation. + +Laissons la parole à M. Descaves. Puisqu'il a osé porter le vilebrequin +du cynisme dans le tonneau de la honte, qu'il en boive l'amère liqueur. + +Voici des passages entiers de _Sous-Offs_: + +_Page 45:_ + + «Deux sous-officiers, au moment de rentrer au quartier, heurtèrent + deux vieilles femmes en cheveux, grelottant, l'une dans un paletot + d'homme, l'autre dans un vaterproof trentenaire. + + «--Nous nous retrouverons là, dit Favières. + + «Et, sommairement, ils en emmenèrent chacun une, droit devant + soi... Favières était tombé sur le dos, tout à coup impuissant, les + yeux délicieusement frais sous les compresses de nuit pleuvante, + roulé dans le beuglement de cette formidable bouche d'ombre qui + l'injuriait, crachotait sur sa nudité partielle, tandis que la + vieille femme rémunérée s'escrimait honnêtement. + + «Il retrouva Tétrelle--délesté--qui l'attendait...» + +_Page 55:_ + + «C'est drôle, notait Favières, chez le soldat, les sentiments + habitent les parties basses; l'âme se répartit dans la culotte, + entre la poche, la brayette et le fond...» + +Décidément, pour la peinture des tableaux infâmes, M. Descaves est sans +rival. + +_Page 59:_ + + «Petitmangin, de ses nuitées en ville, ne rapportait que des + sucreries et des pâtisseries légères, pêle-mêle avec du tabac, au + fond de ses poches...» + +Des goûts de petite fille à un militaire? Allons donc! + +_Page 5:_ + + «Alors le sergent, les yeux humides, la face cuite, le nez pareil à + une langue de feu dans un incendie de façade... A peu près ivre, il + parlait seul, faisait des tournées d'inspection dans les + compartiments voisins. On devait le hisser. On le passait comme un + colis triomphal qui s'écroulait sous les banquettes.» + +Quelle invraisemblance! Cet ivrogne amène des conscrits au régiment! + +_Page 62:_ + + «Il s'était assis en tailleur, par terre, devant la malle béante, + exposant le premier de ses compartiments superposés: Un capharnaüm + où les objets de toilette et d'étagère confondus semblaient + provenir du pillage d'une chambre de fille.» + +C'est clair, cela. L'accusation est précise! Sans une citation +textuelle, on ne l'eut pas cru. + +_Page 64:_ + + «Nous dînons tous les dimanches au restaurant. _Elle_ me donne son + porte-monnaie avant d'entrer et je le lui rends en sortant, après + avoir payé... par exemple, des cadeaux utiles toujours...» + +Cela soulève le coeur. + +_Page 84:_ + + «Aucun choix n'était possible. Ils empoignèrent au hasard les + femmes, la mère et la fille côte à côte, les renversèrent sur eux + toujours assis... + + «Favières exulta lorsque ses approches fourragères eurent pressenti + Généreuse à l'indulgent accès d'un praticable estuaire.» + +Sans le devoir de révéler tout entières les turpitudes du livre, jamais +nous ne nous serions permis de reproduire cette abominable scène! + +_Page 88:_ + +Dans une maison publique: + + «Des femmes sur les genoux ou collées aux flancs, buvant, chantant + et fumant, dans une atmosphère de luxure et d'ivresse, DES + SOLDATS...» + +Des soldats! M. Descaves ne les a jamais vus que dans un lieu infâme. Il +ignore donc ce que c'est qu'un champ de bataille? + +_Page 90:_ + +Une fille parle à un sous-officier: + + «Justement mes amies n'ont personne; elles voudraient bien un petit + homme comme toi, bien gentil, et qui les aimerait bien. Vrai, je + fais des jalouses.» + +Cette fille n'avait donc pas vu les deux sardines d'or? + +_Page 95:_ + + «Deux prostitutions se partageaient le soldat sans relâche. La + Maison se couchait quand s'éveillait le Quartier.» + +C'est hideux! + +_Page 100:_ + + «--Comment! Vous payez encore le coucher, s'écria Devouge, en + réponse à l'énumération geignarde faite par Tétrelle des frais + qu'entraînaient les plaisirs tarifés. + + «--Ah! Tu ne voudrais pas. C'est déjà joli de ne leur rien donner, + protesta Favières. + + «--C'est différent... du moment que vous mettez du sentiment dans + ces choses-là!... + + «--Si vous vouliez, je dirais deux mots à Laure, qui parlerait à + vos femmes... Le Gouvernement ne vous paye pas pour les + entretenir... + + «--C'est vrai, insinua Tétrelle. En somme il ne nous reste rien + entre les mains... + + «--L'argent n'a pas d'odeur, rectifia Devouge.» + +La langue française n'a pas de mots pour flétrir de semblables +indignités! + +_Page 102:_ + + «Pâquerette s'était rassise en face de son amant; elle s'accroupit, + explora une resserre dérobée, parvint à en extraire une pièce + blanche, qu'elle glissa dans la main de Tétrelle: + + «--Règle, dit-elle. + + «Il prit l'argent...» + +! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! + +_Page 110:_ + +Une fille écrit à son _sous-off_: + + «Ne viens donc pas cette semaine. Je ne pourrais pas payer pour + toi.» + +Quel abîme de scélératesse! + +_Page 111:_ + + «Autour d'eux, la boue montait, plus dense. Comme les femmes + continuaient à payer les consommations, et qu'elles ne se + trouvaient pas toujours là, quand le garçon rapportait la monnaie, + Tétrelle réduisait le pourboire au strict convenable, et empochait + la différence. + + «Ce qui tombe au fossé est pour le soldat, disait Devouge.» + +Ce qui tombe à l'égoût du mépris c'est un roman souillé de pareilles +calomnies!!! + +_Page 125:_ + + «C'était Blanc, le sergent de la classe, se soûlant effroyablement + avec les pompiers de Neuville, sous prétexte d'apprendre les + batteries à leur tambour. + + «C'était Edeline, réussissant à s'introduire dans toute une + famille... Il dînait, flattait le père, s'insinuait dans les BONNES + GRACES de la mère, tout prêt d'atteindre son but. Le gîte, la table + et... le reste, ce qu'il appelait les accessoires de solde.» + +L'insulte à la famille, maintenant! + +_Page 126:_ + + «Civil, dans la bouche du soldat, cela n'a d'équivalent que PANTE + dans l'argot des souteneurs.» + +Quelles expressions! C'est sans doute dans les carrières d'Amérique que +le pamphlétaire les a recueillies. + +_Page 193:_ + + «Des soldats attirés par le fracas de la musique avaient envahi la + salle, s'y bousculaient pour tarir les bouteilles, recueillir le + fond des verres, boire au moins l'ivresse des autres, pendant que + Blanc, à croupetons dans un coin, facilitait paisiblement la + libération de son estomac.» + +Cela se passe le 14 Juillet, dans une cantine où nos braves +sous-officiers célèbrent par un banquet fraternel notre grande fête +nationale! + +_Page 201:_ + + «C'était jour de repos officiel, jour de trêve. Le gros numéro et + le numéro matricule prenaient _campos_. La Prostituée suspendait + l'adultération du sang français QUE LA PATRIE LUI ABANDONNE, quand + ses chantiers de carnage n'en ont pas soif.» + +C'est encore le 14 juillet, qu'on n'a pas honte de choisir, pour lancer +un crachat à la face de la Patrie! + +O jour anniversaire de la prise de la Bastille, jour immortel, où le +sang d'un peuple secouant ses chaines a scellé le monument de la Liberté +future, c'est en vain que des reptiles visqueux essayent de te souiller +de leur bave; tu es un soleil radieux et sans tache, qui planes trop +haut dans les cieux modernes pour que l'outrage puisse t'atteindre +jamais! + +Une imagination en délire aura beau vouloir te représenter, fête +auguste, comme une odieuse saturnale, comme une priapée abjecte, tu n'en +resteras pas moins le grand jour, sacré entre tous, où pas un +Français--si ce n'est peut-être M. Descaves--n'oserait se déshonorer par +une intempérance qui ferait la joie de nos ennemis! + +Ils ne sont pas nés en France, les ivrognes du 14 Juillet! + + * * * * * + +Toutes les concessions qu'on peut accorder à la thèse de M. Descaves, +elles ont été énumérées par la plume trop impartiale peut-être de M. +Edmond Lepelletier. + + «Tous nos sous-officiers, écrivait-il dans l'_Écho de Paris_ du 15 + décembre 1889, ne sont pas des anges. Il est parmi eux, comme + partout, des souteneurs, des hypocrites, des lâches, des débauchés, + des filous et des Alphonses. Ils _sortent de la société, les + sous-offs, avant de sortir du rang_. + + «Mais tous des misérables, des gibiers de lupanar, en attendant + qu'ils deviennent gibier de bagne ou de peloton, allons donc! + + «Ce n'est pas seulement calomnier les gradés de la jeunesse armée, + c'est insulter odieusement toute la jeunesse française.» + +L'éminent écrivain, à qui nous empruntons ces lignes, a dû se borner, +dans un article de journal, à montrer l'exagération cynique des +reproches adressés aux moeurs des sous-officiers. Il a montré ce +qu'ils ne sont pas, nous allons faire voir ce qu'ils sont. + +Qui n'a pas vu, par un radieux matin de printemps, par une belle +après-midi d'été, par un beau ciel d'automne clair et rose, le pays et +la payse, ce couple légendaire, s'avancer à pas lents, côte à côte, +pleins d'affectueux respects mutuels, et chuchotant, avec une passion +contenue, des mots d'amour?--Vision attendrissante que l'un de nos +poëtes militaires les plus distingués rendait en ces vers mâles et +vigoureux, où il rappelle ses modestes plaisirs hors de la caserne: + + Le soir tombait, un soir équivoque d'automne + Les bonnes se pendant rêveuses à nos bras, + Dirent alors des mots si spéciaux, tout bas, + Que notre âme depuis ce temps tremble et s'étonne. + +Et ce sont ces gens là qui ne connaîtraient d'autre distraction que les +plaisirs malsains des maisons de débauche, dont ils mettraient les +filles en coupe réglées! + +Ce n'est pas à dire, certes--et M. Edmond Lepelletier en a fait la +judicieuse remarque--qu'on ne voie jamais la capote à galons étalée sur +des canapés suspects. Mais, si certains civils mettaient un peu plus de +discrétion dans les invitations qu'ils adressent à nos sous-officiers, +de pareils faits n'auraient guère d'exemple. + +D'ailleurs, une chute n'est jamais irrémédiable. Si bas qu'on soit +entraîné, on peut toujours s'arracher à l'influence néfaste des mauvais +conseils et rentrer dans le chemin du devoir et de l'honneur. + +Nous n'en voulons pour témoin que cette citation d'un beau livre de +C.-J. Lecour, la _Prostitution à Paris et à Londres_: «Le tragique, +c'est ce militaire qui, en 48, entré pendant la nuit dans un lieu de +débauche, se réveillait le lendemain dans les bras de sa soeur.» + +L'auteur ne nous donne pas la suite de cet épouvantable récit, mais +d'autres la connaissent. Le militaire, devenu sous-officier, sut faire +des économies pour payer les dettes de sa soeur et l'arracher à +l'infamie. Il la maria à un de ses collègues. Elle fut bonne épouse et +bonne mère. + + * * * * * + +Nous n'avons pas parlé jusqu'ici du mariage des sous-officiers. C'est un +sujet que M. Descaves a traité avec son venin habituel. Il n'a pas +hésité à nous montrer le cantinier du régiment qu'il met en scène, marié +avec une coquine de bas étage, dont la seule préoccupation est de le +tromper. + +Vous êtes là pour répondre, noble pléïade de Françaises, héroïnes +modestes, toutes cantinières, qui avez reçu la croix de la Légion +d'honneur: Veuve Perrot décorée en Afrique; Annette Drevon, décorée en +1859, pour action d'éclat sur le champ de bataille de Magenta, où vous +avez sauvé le drapeau du deuxième zouaves; Perrine Cros, du bataillon +de chasseurs à pieds de la garde impériale, blessée à Palestro et à +Magenta; Jeanne Bonnemère, du 21e régiment d'infanterie, médaillée en +1870, pour avoir avalé une dépêche au moment où les Prussiens +s'emparaient de vous! + +Si toutes les femmes de sous-officiers ne sont pas arrivées à votre +gloire, du moins donnent-elles dans leur ménage l'exemple de toutes les +vertus civiques, qui sont l'apanage de la Française. + +Celles-ci, lorsque leurs maris, ayant quitté l'armée, occupent une de +ces places accordées si libéralement par l'Etat à ses anciens +serviteurs; celles-là apportent dans la vie civile l'exemple de toutes +les qualités militaires. Elles nous préparent une génération forte et +saine, ornement de nos sociétés de gymnastique et de nos orphéons; et le +jour venu, elles n'hésiteraient pas, comme les mères Spartiates, à +envoyer leurs fils au combat. Elles leur mettraient elles-mêmes dans la +main l'arme vengeresse, en criant, sans pâlir: + +--Voilà le sabre de ton père! + + * * * * * + +Il est temps de conclure. + +Que reste-t-il de l'oeuvre de M. Descaves? + +Dans l'opinion publique, elle est jugée. Ce n'est pas seulement un +mauvais livre, c'est une mauvaise action. Les esprits, un instant +troublés par l'audace des attaques contre notre armée, se sont +heureusement rassérénés. Le peuple français tout entier sait qu'il peut +avoir confiance dans ses défenseurs, et les familles, lorsque leurs +enfants quittent le foyer pour aller payer l'impôt du sang, les confient +joyeusement à la Caserne, comme à une école de dévouement et d'honneur. + +La tentative anti-patriotique de M. Descaves a échoué. Il n'a plus, +maintenant, devant le flot unanime des réprobations, qu'à courber la +tête comme un coupable démasqué. + +S'il lui reste au fond du coeur quelque chose de ce qui constitue un +Français, il doit faire d'amères réflexions. + +Le remords doit hanter vos nuits, M. Descaves. Comme les petits soldats +du magnifique tableau de Detaille regardent passer en rêve les grandes +ombres glorieuses des aïeux, qui, la face auréolée de gloire, agitent +d'illustres drapeaux, vous devez voir, dans vos sommeils troublés de +cauchemars, les spectres des héros que vous avez insultés, tendre vers +votre front des bras accusateurs! + +Par toutes leurs blessures béantes, ils crient vengeance contre vous. + +Puissiez-vous, rentrant enfin en vous même, faire amende honorable; et, +si vous ne brisez pas votre plume, après en avoir fait une arme +empoisonnée, l'employer maintenant à cicatriser les plaies qu'elle a +ouvertes. + +Quant à vous, sous-officiers, héros modestes, serviteurs obscurs et +dévoués de la plus noble des causes, ne vous inquiétez pas des viles +attaques dirigées contre vous. + +La patrie vous couvre de son palladium. + + «Voulez-vous mon avis, mes chers sous-offs? écrivait M. + Saint-Genest dans le _Figaro_ du 13 Décembre 1889; ne vous + inquiétez pas: cela n'est rien. Secouez dédaigneusement la boue que + l'on vous jette, et continuez à porter la tête haute, car tous ceux + qui vous attaquent voudraient bien avoir la considération dont vous + jouissez.» + + * * * * * + +Imp. Beaudelot et Méliès, 16, rue de Verneuil, Paris. + +EN VENTE A LA MÊME LIBRAIRIE + +Collection In-18 Jésus à 3 fr. 50 + +_Envoi franco au reçu de timbres ou mandat_ + +Georges DARIEN + +=Biribi=, discipline militaire. + +=Bas les Coeurs=, 1870-1871. + +Marcel LUGUET + +=Élève-Martyr=, roman militaire. + +Pauline DROUARD + +=En Pays envahi=. + +J.-H. ROSNY + +=Le Termite=. =Le Bilatéral=. + +=L'Immolation=. =Nell Horn=. + + + + + + +End of the Project Gutenberg EBook of Les vrais sous-offs, by +Georges Darien and Édouard Dubus + +*** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LES VRAIS SOUS-OFFS *** + +***** This file should be named 18611-8.txt or 18611-8.zip ***** +This and all associated files of various formats will be found in: + http://www.gutenberg.org/1/8/6/1/18611/ + +Produced by Chuck Greif, Carlo Traverso and the Online +Distributed Proofreading Team at http://www.pgdp.net (This +file was produced from images generously made available +by the Bibliothèque nationale de France (BnF/Gallica) at +http://gallica.bnf.fr) + + +Updated editions will replace the previous one--the old editions +will be renamed. + +Creating the works from public domain print editions means that no +one owns a United States copyright in these works, so the Foundation +(and you!) can copy and distribute it in the United States without +permission and without paying copyright royalties. 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You may copy it, give it away or +re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included +with this eBook or online at www.gutenberg.org + + +Title: Les vrais sous-offs + Réponse à M. Descaves + +Author: Georges Darien and Édouard Dubus + +Release Date: June 17, 2006 [EBook #18611] + +Language: French + +Character set encoding: ISO-8859-1 + +*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LES VRAIS SOUS-OFFS *** + + + + +Produced by Chuck Greif, Carlo Traverso and the Online +Distributed Proofreading Team at http://www.pgdp.net (This +file was produced from images generously made available +by the Bibliothèque nationale de France (BnF/Gallica) at +http://gallica.bnf.fr) + + + + + + +</pre> + + +<h1>GEORGES DARIEN <span class="smcap">et</span> ÉDOUARD DUBUS</h1> + +<h1>LES VRAIS <b>Sous-Offs</b></h1> + +<h3>RÉPONSE A M. DESCAVES</h3> + +<div class="poem"><div class="stanza"><div class="doit"> +<span class="i2">Il faut passer par la<br /></span> +<span class="i0">mort pour naître à la<br /></span> +<span class="i0">gloire.<br /></span> +</div></div> +<div class="stanza"><div class="doit"> +<span class="i4"><i>Sergent</i> Bobillot.<br /></span> +</div></div></div> + +<div class="center"> + <img src="images/medalion.jpg" + alt="image" title="image" /> +</div> + +<h3>PARIS</h3> + +<h3>NOUVELLE LIBRAIRIE PARISIENNE</h3> + +<h3>ALBERT SAVINE, ÉDITEUR</h3> + +<h3>12, RUE DES PYRAMIDES, 12</h3> + +<hr style='width: 45%;' /> + +<h3>AUX SOUS-OFFICIERS</h3> + +<p class="center"><i>Des Armées de Terre et de Mer,</i></p> + +<p class="center">AUX GLORIEUX MUTILÉS</p> + +<p class="center">DONT LES MEMBRES</p> + +<p class="center">JONCHENT LES PAGES DE NOTRE HISTOIRE:</p> + +<p class="center">AUX INVALIDES, A L'ARMÉE, A LA PATRIE</p> + +<p class="center"><i>Cette Œuvre de Réparation est dédiée.</i></p> + + +<hr style="width: 65%;" /> +<h2><a name="LES_VRAIS_SOUS-OFFS" id="LES_VRAIS_SOUS-OFFS"></a>LES VRAIS SOUS-OFFS</h2> + + +<p>A l'heure où l'ennemi nous guette par dessus la frontière; à l'heure où +la barbarie teutonne étire ses griffes, encore rouges de sang, vers la +civilisation latine; à l'heure où un adversaire brutal médite d'étouffer +sous le talon de sa botte notre génie national; à l'heure lugubre où, +devant les ambitions affamées du despotisme, va sonner peut-être le +tocsin vengeur des dernières libertés, un homme s'est rencontré qui n'a +pas craint de lancer la calomnie, comme un bélier destructeur, contre +les remparts de la Patrie; qui n'a pas hésité à éclabousser de boue le +drapeau tricolore; qui a osé se rire de notre honneur et railler nos +espérances:</p> + +<p>Il a insulté l'armée française!</p> + +<p>Un livre scandaleux a paru, qui a la prétention de faire un tableau +fidèle de la vie des sous-officiers. Dans ce livre, il n'est question ni +de dévouement, ni de courage, ni de désintéressement, ni de loyauté. On +n'y parle que de lâcheté, que de mœurs honteuses, que de concussions. +A en croire ce livre, du caporal à l'adjudant, on ne trouve dans les +casernes que prévaricateurs, couards, équivoques gredins...</p> + +<hr style='width: 45%;' /> + +<p>Ce n'est pas la première fois, disons-le, en nous voilant la face, qu'un +écrivain sans doute altéré de réclame, a déversé l'immonde injure, +l'ignoble outrage, sur les défenseurs de nos foyers. MM. Péladan, +Huysmans,—il sent son Prussien, ce nom là—Abel Hermant, Perrin, Octave +Mirbeau, Bonnetain, Robert Gaze, ont voulu nous peindre, sous les +couleurs les plus odieuses, cette vie d'abnégation, de renoncement et +d'héroïsme discret, qui est celle des cadres de notre armée.</p> + +<p>L'indifférence avait jusqu'ici fait justice de ces attaques haineuses +inspirées par une basse rancune ou une étrange aberration.</p> + +<p>Quant aux diffamés, ils avaient su montrer sur le terrain qu'on ne se +jouait pas impunément de leur honneur.</p> + +<p>Les honnêtes gens pouvaient croire que la leçon avait été comprise et +que c'en était fini de cette campagne anti-française.</p> + +<p>Ils se trompaient.</p> + +<p>Ramassant toutes les infamies tombées au ruisseau, renchérissant sur +elles, les aggravant encore, M. Lucien Descaves, puisqu'il faut +l'appeler par son nom, est parvenu à forcer l'attention publique, par +une accumulation d'outrages encore sans précédent.</p> + +<hr style='width: 45%;' /> + +<p>Dans <i>Sous-Offs</i>, M. Descaves affiche l'outrecuidante prétention de nous +donner la psychologie du sous-officier.</p> + +<p>A cet effet, il imagine un régiment, tout de fantaisie—et quelle +fantaisie!—un régiment, où les officiers paraissent à peine, où les +sous-officiers, déchargés de tout contrôle supérieur, s'abandonnent à +des instincts mauvais, qu'aucune autorité, ni morale ni hiérarchique, ne +vient refréner.</p> + +<p>Il en fait des rustres, des manants, sans éducation, sans instruction, +sortis des couches les plus abjectes de la société, apportant au +régiment des mœurs de repris de justice, des habitudes de souteneur.</p> + +<p>Sans autre souci que celui du bien-être à satisfaire à tout prix, +remplaçant le sentiment du devoir à remplir par un appétit effréné de +jouissance, ils mettent dans la poche des plus misérables créatures, des +doigts crochus qu'ils n'hésitent pas à plonger au besoin dans la caisse +du régiment.</p> + +<p>Sans cesse occupés à parfumer d'odeurs canailles, dérobées dans des +maisons louches, leur peau qu'efféminent chaque jour des contacts +dégradants—une peau qu'ils marchandent sans vergogne au Pays en +danger—ils endorment un temps volé à l'exercice de leurs fonctions dans +la paresse et l'ivrognerie.</p> + +<p>Précisons. Étudions le roman de M. Descaves. Portons le scalpel de +l'analyse dans cette production monstrueuse.</p> + +<p>Ou plutôt; non! Qu'on ne nous accuse point ici de partialité! Refrénons +l'indignation qui fait bondir le cœur de tout bon Français à la +lecture de ces pages maudites. Laissons la parole aux organes autorisés +de l'opinion publique. Quelque doctrine politique qu'ils défendent, à +quelque parti qu'ils soient inféodés, ils se sont rencontrés, cette +fois, dans un sentiment d'unanime réprobation.</p> + +<hr style='width: 45%;' /> + +<p>Monsieur <span class="smcap">Francisque Sarcey</span> écrivait dans le <i>Parti National</i> du 15 +novembre 1889:</p> + +<div class="blockquot"><p>«Il a paru un volume de M. Descaves, qui a pour titre <i>Sous-Offs</i>. +Je n'ai pu en soutenir la lecture jusqu'au bout. Elle est +impatientante et parfois même révoltante.»</p></div> + +<p>Dans la <i>Liberté</i> du 17 novembre, <span class="smcap">M. de Molènes</span>, ce judicieux critique, +s'écriait:</p> + +<div class="blockquot"><p>«Quant aux mœurs infâmes, accompagnées d'escroqueries chez +certains, laissons les conseils de guerre en faire justice et +<i>détournons les yeux</i>.»</p></div> + +<p>Oui! Mais quel est le conseil de guerre qui fera justice du +calomniateur?</p> + +<p><span class="smcap">M. Scaramouche</span>, le sosie de M. Henri Fouquier, publiait dans le +<i>Gaulois</i> du 29 novembre, ces lignes où court un grand souffle +patriotique:</p> + +<div class="blockquot"><p>«On vole dans la caserne, on s'y saoûle en payant les +sous-officiers; et si on en sort, c'est pour vivre en d'ignobles et +gratuites débauches dans de mauvais lieux. Et voilà l'armée!» +</p></div> +<p>Nous lisons dans l'<i>Estafette</i> du 30 novembre, sous la signature +transparente d'un anonyme:</p> + +<div class="blockquot"><p>«Qui touche à l'armée est un mauvais Français.» +</p></div> +<p>Vous entendez, M. Descaves?</p> + +<p>M. de <span class="smcap">Lyden</span> s'exprime ainsi dans la <i>Patrie</i> du 5 novembre:</p> + +<div class="blockquot"><p>«Ce livre est un livre contre l'armée; j'ajoute que c'est un livre +contre la France. Et je ne serais pas surpris que M. de Bismarck +lui infligeât le déshonneur d'être traduit en allemand, pour la +plus grande édification de nos implacables ennemis!» +</p></div> + +<p>M. de Lyden a été bon prophète: c'est fait!!!</p> + +<p>M. <span class="smcap">Laisant</span> imprimait dans les colonnes de la <i>Presse</i> +du 6 décembre l'appréciation suivante:</p> + +<div class="blockquot"><p>«Je ne crois guère à l'existence des mauvais livres. Celui dont je +veux parler aujourd'hui fait exception, car il est de nature à +ralentir la grande œuvre de réconciliation nationale autour du +drapeau, et à réjouir nos ennemis de l'autre côté du Rhin!» +</p></div> + +<p>Dans le <i>Paris</i> du 13 décembre, M. <span class="smcap">Charles Laurent</span> donne cet +excellent conseil:</p> + +<div class="blockquot"><p>«Avez vous lu <i>Sous-Offs</i>? Non. Eh bien, ne le lisez pas!»</p></div> + +<p>M. <span class="smcap">Tony-Révillon</span>, dans les colonnes du <i>Radical</i> du 15 décembre, +flétrissait en ces termes les inventions nauséabondes de M. Descaves:</p> + +<div class="blockquot"><p>«<i>Sous-Offs</i> est une satire de l'armée. C'est la vie à la caserne, +dans la brasserie de femmes et dans la maison de filles. Tous les +soldats, dont nous parle l'auteur, sont des brutes... Et tous les +sous-officiers qu'il nomme sont des voleurs et des souteneurs.»</p></div> + +<p>Nous n'avons rien à ajouter à une appréciation aussi judicieuse.</p> + +<p>M. <span class="smcap">Paul de Cassagnac</span>, dans l'<i>Autorité</i> du 13 décembre, se montrait +sévère mais juste:</p> + +<div class="blockquot"><p>«Pour ce livre, il ne faut pas de circonstances atténuantes. On +doit le flétrir comme doivent être flétries les œuvres qui +s'attachent à détruire ce qu'il y a de plus respectable au monde, +ce qu'il y a de plus sacré après Dieu, après la famille, l'<span class="smcap">Armée</span> +enfin!»</p> + +<p>«<i>Le feu seul peut épurer une telle œuvre en la détruisant</i>.»</p></div> + +<p>Plus d'un soldat a déjà dû lancer au feu, après en avoir parcouru la +première page, le volume dont il s'agit.</p> + +<p>M. <span class="smcap">Carle des Perrières</span>, dans le <i>Gaulois</i> du 12 décembre, +s'adresse à M. le ministre de la guerre:</p> + +<div class="blockquot"><p>«Je suppose, M. le ministre, que votre désir est d'avoir une armée +vigoureuse, instruite, brave, et fière de son uniforme... Votre +mission est de la faire respecter sur l'heure, de la mettre à +l'abri des insultes du ruisseau.»</p></div> + +<p>Cet appel éloquent a été entendu.</p> + +<p>Dans le <i>XIX<sup>e</sup> Siècle</i> du 15 décembre, M. <span class="smcap">Francisque Sarcey</span> écrit en +ces termes émus à M. <span class="smcap">Saint-Genest</span> du <i>Figaro</i>:</p> + +<div class="blockquot"><p>«Le régiment a été pour vous, mon cher Saint-Genest, ce qu'a été +pour moi l'Ecole Normale, avec cette différence tout à votre +avantage que l'Ecole Normale n'est après tout qu'une coterie de +professeurs, tandis que l'armée c'est la France!»</p></div> + +<p>Il est réconfortant d'entendre de pareilles vérités exprimées dans un +pareil style.</p> + +<p>Dans la <i>France</i> du 17 décembre, nous trouvons sous la signature de M. +<span class="smcap">Mermeix</span>:</p> + +<div class="blockquot"><p>«Les poursuites contre M. Descaves sont fâcheuses, parce que, le +jour où il se défendra devant le jury, les CORRESPONDANTS ALLEMANDS +seront tous à leur poste dans la salle.»</p></div> + +<p>Nous trouvons dans le <i>Petit Journal</i> du 17 décembre:</p> + +<div class="blockquot"><p>«On compte dans l'armée 30,000 officiers, 100,000 sous-officiers. +Si l'auteur du livre en question veut faire un peu de statistique, +il verra que l'armée, au point de vue du caractère, est encore +l'école qui développe au plus haut degré les sentiments d'honneur +et de moralité.»</p></div> + +<p>La statistique: c'est le salut, c'est le droit! Faites-en, M. Descaves.</p> + +<p>Après avoir cité des passages de <i>Sous-Offs</i>, M. <span class="smcap">Paul Bluysen</span> écrivait +dans la <i>République Française</i> du 15 décembre:</p> + +<div class="blockquot"><p>«Ces citations qui font bondir tout Français appelé à servir le +pays en quelque contrée que ce soit, ne suffisent pas encore à +prouver combien est fausse et écœurante l'œuvre de M. +Descaves.»</p></div> + +<p>Dans le <i>Gil Blas</i> du 21 décembre, M. <span class="smcap">Charles Leser</span> donne cette +appréciation:</p> + +<div class="blockquot"><p>«C'est l'armée que M. Descaves a outragée, et l'armée ne peut pas +avoir d'autre avocat que son chef. C'est une honte déjà qu'elle ait +besoin d'un avocat.»</p></div> + +<p>En réponse à une sorte de protestation en faveur de <i>Sous-Offs</i>, M. <span class="smcap">De +Cassagnac</span>, dans l'<i>Autorité</i> du 26 décembre, revient sur un sujet qui +l'écœure profondément:</p> + +<div class="blockquot"><p>«J'ose croire que le gouvernement repoussera honteusement cette +levée de plumes d'oie. Il nous plait, à nous, de défendre contre +vos prétentions exorbitantes l'âme de la France! Nous vous +défendons d'y toucher, vous entendez.»</p></div> + +<p>C'est ce qui s'appelle clouer d'un seul coup le bec à la plume des +folliculaires.</p> + +<p>Dans le <i>Matin</i> du 9 janvier 1890, M. <span class="smcap">Jules Simon</span>, jugeant qu'il n'est +jamais trop tard pour dire une bonne chose, s'écrie:</p> + +<div class="blockquot"><p>«Le collège préparera la caserne, <i>c'est parfait</i>. Que la caserne, +à son tour, <span class="smcap">rappelle un peu et continue le collège.</span>»</p></div> + +<p>Dans l'<i>Eclair</i> du 9 janvier, M. <span class="smcap">Camille Doucet</span>, de l'Académie +française, dans sa passion pour la considération, reproche à M. Descaves +les moyens qu'il y a employés pour s'assurer un succès de mauvais aloi:</p> + +<div class="blockquot"><p>«Je n'ai pas lu <i>Sous-Offs</i>. Mais l'auteur a choisi un excellent +moyen de forcer l'indifférence et de s'imposer à l'attention +publique.»</p></div> + +<p>Dans la <i>République Française</i> du 9 janvier, M. <span class="smcap">Albert Delpit</span>, un de nos +illustres romanciers, donne l'appréciation suivante:</p> + +<div class="blockquot"><p>«Le roman de M. Descaves n'est qu'une lanterne magique, où passent +et repassent des bonshommes grotesques et répugnants. Ce sont des +caricatures... Je comprends qu'on aille de temps en temps dans un +mauvais lieu, mais, vrai! ça «me fatiguerait d'y passer ma vie tout +entière.»</p></div> + +<p>C'est la leçon de l'expérience.</p> + +<hr style='width: 45%;' /> + +<p>Assez de citations. Nos lecteurs sont édifiés sur la portée de +<i>Sous-Offs</i>. Personne n'a été dupe de ce roman et l'opinion publique +s'est chargée d'infliger à M. Descaves le démenti le plus sévère.</p> + +<p>C'est une rude leçon, mais elle n'est point complète. A chacune des +accusations échappées à une plume aigrie par la rancune, il ne suffit +pas de répondre par une négation: une affirmation est nécessaire.</p> + +<p>Il est temps d'élever une digue indestructible devant le flot débordant +d'injures, d'imputations calomnieuses, qui tente de submerger l'honneur +de notre armée.</p> + +<p>Aux faits imaginaires avancés par l'invention malade du malsain +pamphlétaire, nous allons opposer des faits historiques, des faits +indiscutables, des faits qui prouveront qu'aujourd'hui, comme par le +passé, il y a dans l'âme du <i>Sous-Offs</i> autre chose que de la sanie et +de la boue!</p> + +<p>Où M. Descaves trouve couardise et lâcheté, nous allons montrer bravoure +et héroïsme.</p> + +<p>Où M. Descaves trouve concussion et vol, nous allons montrer abnégation +et sacrifice.</p> + +<p>Où M. Descaves trouve des vices honteux et des mœurs infâmes, nous +allons montrer une tempérance parfois stoïque et de généreuses passions.</p> + +<p>Où M. Descaves trouve l'égoïsme le plus abject, nous allons montrer la +France!</p> + +<hr style='width: 45%;' /> + +<div class="blockquot"><p>«On demandait des volontaires pour le Tonkin.</p> + +<p>«... Les gradés devaient faire l'objet d'un état ad hoc.</p> + +<p>«Au déjeuner des sergents, les fourriers qui venaient d'assister à +la lecture du rapport, dans les chambres, divulguèrent +l'<i>impression générale</i>:</p> + +<p>«—C'est un four. Un seul sous-officier s'est fait inscrire: +l'adjudant Rupert.</p> + +<p>«—<i>Parce qu'il sait qu'on ne le prendra pas</i>, avec sa maladie.</p> + +<p>«—Oui, mais vis à vis des chefs, c'est adroit.</p> + +<p>«On discutait surtout l'abstention du seul sergent rengagé que +possédât le bataillon, Vaubourgeix.</p> + +<p>«—Vaubourgeix! dit quelqu'un, on devrait l'envoyer là-bas +d'office. C'est son métier, n'est-ce pas? Mais voilà: <i>ceux qui +restent au régiment lui donnent non leur peau</i>, <span class="smcap">mais le poil qu'ils +ont dans la main</span>...</p> + +<p>«... Quant aux hommes, les quatre compagnies réunies n'en +fournissaient que huit. On cita deux caporaux récemment cassés de +leur grade, deux engagés volontaires, deux découcheurs tenaces, +actuellement en prison, un ivrogne et une forte tête.</p> + +<p>«...—Leur Tonkin, on l'a quelque part!</p> + +<p>«... Et, sous ce raisonnement en façade, sous ces prétextes +décoratifs, une inquiète lâcheté s'aménageait, se terrait dans les +caves de l'âme, ou bien apparaissait aux fenêtres du for intérieur, +aux lucarnes du corps, fardée, tremblant pour la bâtisse, criant +éperduement, par la bouche et par les yeux, son <i>insatiable amour +de la peau</i>...»</p></div> + +<p>Sans la crainte d'être accusé de parti pris et d'exagération en +affirmant que <i>Sous-Offs</i> représente notre armée, comme un ramassis de +lâches, jamais nous ne nous serions permis de citer les lignes honteuses +qui précèdent.</p> + +<p>Nous ne voulons pas les discuter. Notre histoire militaire tout entière +crie au mensonge et s'inscrit en faux.</p> + +<p>Depuis qu'il y a des sous-officiers, les exemples de courage, les traits +d'héroïsme ne se comptent pas.</p> + +<p>N'était-ce pas un <i>sous-off</i>, ce grenadier qui, à l'assaut de Prague, +monta le premier sur les remparts et assura la capture de la ville par +l'héroïque Chevert?</p> + +<p>Dans la même campagne (1745 à 1748), lorsque Chevert fut obligé +d'abandonner la ville de Moncalvo, il y laissa, dit le duc de Broglie, à +qui nous empruntons ces lignes, ses blessés et ses malades, en les +recommandant à la clémence du vainqueur, qui, entrant dans la ville sans +résistance, n'aurait eu aucune raison pour maltraiter des infortunés. +Mais avant que les Piémontais eussent paru devant les remparts, un de +ces pauvres abandonnés, un sergent, qui portait le nom de guerre de +Va-de-bon-cœur, se soulevant sur son grabat et se retournant vers ses +compagnons: «Camarades, leur dit-il, est-ce que nous allons nous rendre +sans souffrir au moins pour <i>deux liards</i> de siège?» Et il leur fit +comprendre que, moyennant quelques vieilles pièces de canon rouillées, +mises en place sur les remparts, on pouvait faire un simulacre de +défense qui leur donnerait droit aux conditions d'une capitulation +honorable. Aussitôt dit, aussitôt fait, et quand le baron de Leutrum +arriva aux portes de la ville, il fut reçu, à sa grande surprise, par +une décharge d'artillerie qui mit quelques-uns de ses hommes hors de +combat. Touché lui-même de ce trait d'énergie, il fit tout de suite +offrir à ces défenseurs improvisés de leur accorder le traitement qui +leur conviendrait. «Non, répondit Va-de-bon-cœur, nous ne nous +rendrons pas que vous n'ayez fait une tranchée, ne fût-elle que de la +longueur de ma pipe.» Leutrum se prêta à la plaisanterie, et après une +heure de bombardement assez mollement opéré, il accorda aux assiégés +une capitulation qui leur permettait de sortir avec les honneurs de la +guerre. Le régiment des infirmes défila alors devant lui, chacun +portant, en guise des armes qu'il n'aurait peut-être pas été en état de +soutenir, quelque signe de sa maladie ou de sa blessure: celui-ci +brandissant sa béquille, cet autre le bras en écharpe, quelques-uns +montés sur les épaules de leurs camarades, et ce fut dans cet appareil +qu'ils rejoignirent l'armée française, où ils furent reçus avec de +joyeuses acclamations.</p> + +<p>N'était-ce pas un sous-off, encore, que ce sergent Dubois, qui, avec le +chevalier d'Assas, poussa, à Klostercamp, un cri héroïque et légendaire, +qui lui valut la mort: «A moi, Auvergne, ce sont les ennemis!»</p> + +<p>Mais qu'est-il besoin de citer des exemples empruntés à l'histoire du +siècle dernier? Sans parler des quatre sergents de la Rochelle, les +récentes guerres sont pleines de traits d'héroïsme accomplis par des +sous-officiers.</p> + +<p>Le 4 juin 1853, à Magenta, l'adjudant Savière du 2<sup>e</sup> bataillon des +zouaves, s'élance sur un porte-drapeau autrichien et à la gloire de +s'emparer de l'étendard ennemi.</p> + +<p>Le 24 juin 1859, c'est le sergent Garnier, de la 1<sup>re</sup> compagnie du 10<sup>e</sup> +bataillon de chasseurs, qui s'empare du drapeau du 60<sup>e</sup> de ligne +autrichien.</p> + +<p>Au Mexique, à l'affaire du Borezzo, un drapeau est enlevé par le sergent +de grenadiers Picarent. Le fourrier Besançon, le 28 janvier 1865, +s'empare d'un drapeau de la division Rojas.</p> + +<p>A la bataille de l'Alma, le sergent-clairon Gesland, le poignet brisé +par un boulet, se fait amputer, et revient se placer à la tête de ses +clairons.</p> + +<p>Est-il besoin de retracer les exploits du sergent Blandan en Algérie? La +France reconnaissante élevait hier un monument à sa mémoire, et le récit +de ses exploits est encore dans toutes les bouches.</p> + +<p>C'était aussi un sous-off, que ce sergent Bobillot, tombé au champ +d'honneur, dans ce Tonkin dont, au dire de M. Descaves, les Français ont +peur, et où ils ne vont point.</p> + +<p>Savez-vous ce qu'il écrivait dans une lettre, la dernière peut-être +qu'on ait reçue de lui:</p> + +<div class="blockquot"><p>«Moi, je rêve de quelque grand projet irréalisable, d'une flèche +iroquoise, d'une fièvre jaune ou d'un chemin de fer +transatlantique.</p> + +<p>«... Il <i>paraît qu'il faut passer par la mort pour naître à la +gloire</i>.</p> + +<p>«Je voudrais mourir comme Chénier sur l'échafaud, comme Dolet sur +le bûcher, comme Mürger à l'hôpital. Mais l'hôpital est encore si +peu. Oh! qu'il vienne une guerre sibérienne, chinoise ou +patagonienne, mais qu'elle vienne et que j'y tombe: <i>je me +relèverai roi</i>.»</p></div> + +<p>Dans un court billet, écrit à la veille de sa mort, il disait encore:</p> + +<div class="blockquot"><p>«<span class="smcap">j'ai le pressentiment joyeux que je ne reviendrai pas en +france</span>...»</p></div> + +<p>Et l'illustre sergent Hoff, le héros du siège de Paris, qui attend +aujourd'hui, entre le revolver d'honneur qui lui a été offert, et ses +bottes déjà graissées pour le départ, l'heure où il faudra marcher pour +la Revanche, savez-vous en quelle estime le tiennent ses chefs +hiérarchiques?</p> + +<p>Le général Le Flô, dans une lettre datée de 9 mars 1873 raconte ce qui +suit:</p> + +<div class="blockquot"><p>«Chaque fois que je l'ai vu, il m'a touché par sa simplicité, sa +modestie, et j'ajoute: par son désintéressement. Au moment de +quitter Paris pour essayer de porter une lettre de moi au maréchal +Bazaine, et ayant reçu la promesse d'une récompense de 20,000 +francs, s'il me rapportait une réponse à cette dépêche, il me dit: +merci, mon général, mais permettez-moi de refuser toute récompense +pécuniaire, je ne veux pas d'argent.»</p></div> + +<p>Nous pourrions multiplier à l'infini de pareils exemples. Il n'est pas +un de nos régiments qui ne possède les noms de sous-officiers inscrits +sur son livre d'or. Nos annales sont remplies d'actes d'héroïsme, car le +soldat français n'a pas son égal au monde. Il sait obéir et mourir pour +son pays et il aura toujours pour devise ces deux mots gravés dans son +cœur: «Honneur et Patrie!»</p> + +<p>Ne vous rappelez-vous point, M. Descaves, vous qui avez eu l'honneur de +porter l'uniforme, avoir entendu, le soir, les conteurs ordinaires des +chambrées, enthousiasmer leur auditoire avec le récit dramatique des +exploits accomplis par quelqu'un des sous-officiers légendaires dont +nous avons cité les noms?</p> + +<p>Ah! Ce n'est pas le vôtre qu'ils citeront, soyez en sûr! Ceux qu'ils +citent ont trouvé la gloire par l'héroïsme avant que vous n'ayez atteint +à la célébrité par le scandale...</p> + +<p>A votre âge, Monsieur, Bobillot était mort!!</p> + +<hr style='width: 45%;' /> + +<p>S'il a été facile de convaincre M. Descaves de mauvaise foi, alors qu'il +accusait nos sous-officiers de lâcheté, il ne sera pas moins aisé de le +confondre, alors qu'il essaye de les flétrir en leur reprochant le vol +et la concussion.</p> + +<div class="blockquot"><p>«C'était de la part du fourrier, écrit-il à la page 56 de son +libelle, les semaines de distribution, un rabiau minutieux sur le +pain, sur le sucre et le café livrés au percolateur, sur le vin +fourni par l'ordinaire, sur les étiquettes de paquetage et de +râtelier d'armes, sur les permissions <i>établies</i>, vendues aux +<i>bleus</i>.</p> + +<p>«Toute l'ignominie de l'exploitation des grades, toutes les +roueries de l'intimidation, des responsabilités esquivées, +déplacées; le <span class="smcap">cynisme dans l'escroquerie et la lâcheté dans le +dépouillement</span>—les deux nouveaux fourriers firent ce honteux +apprentissage à bonne école...»</p></div> + +<p>Il faut supposer dans le lecteur l'ignorance la plus profonde des lois +et règlements militaires pour oser lui imposer de pareilles allégations.</p> + +<p>Est-ce que, dans l'armée, l'examen le plus rigoureux ne s'étend pas aux +faits les plus minimes?</p> + +<p>Les sous-officiers donnent le prêt irrégulièrement, prétend M. Descaves.</p> + +<p>Est-ce que, s'il en était ainsi, les soldats hésiteraient à réclamer, +avec d'autant plus de certitude d'être écoutés, sans courir le moindre +risque, que le sergent-major prévaricateur serait immédiatement cassé?</p> + +<p>Est-il nécessaire de discuter des histoires de compromissions indignes +avec les fournisseurs? Mais les denrées fournies par ces derniers ne +sont-elles pas soumises à l'examen scrupuleux de la commission des +ordinaires?</p> + +<p>Est-ce que la sollicitude paternelle des chefs de corps, qui s'intéresse +aux plus infimes détails de l'existence du troupier, ne peut pas +contrôler à l'improviste la gestion de l'ordinaire, et rectifier +immédiatement une erreur, d'ailleurs improbable?</p> + +<p>Le décret du 28 décembre 1883, portant règlement sur le service +intérieur des troupes d'infanterie, porte, en termes exprès au +paragraphe 9, chapitre premier:</p> + +<div class="blockquot"><p>«Le colonel a la haute surveillance des ordinaires du régiment. Il +détermine le mode de gestion à suivre d'après les instructions du +commandement et suivant les circonstances locales. Il provoque la +concurrence entre les fournisseurs, il recourt à l'intervention des +autorités municipales, du sous-préfet et du préfet, lorsque le +régiment éprouve des difficultés provenant de coalitions ou de +collusions.</p> + +<p>«Il fixe le versement à faire à l'ordinaire, demande des ordres au +général de brigade au sujet du taux du boni, veille à la formation +judicieuse des fonds d'économie et s'assure que la somme qui +dépasse le maximum fixé est déposée dans la caisse du trésorier +(art. 90).»</p></div> + +<p>Ainsi, rien n'échappe à l'œil vigilant du colonel.</p> + +<p>N'est-elle pas légendaire au régiment, la visite de cet officiel +supérieur dans les cuisines? Qui ne l'a pas vu goûter diligemment au +succulent bouillon qu'on prépare pour les hommes?</p> + +<p>M. Descaves a vraiment de l'impudeur lorsqu'il vient vous raconter que +sous-officiers et bouchers s'entendent comme larrons en foire pour +empoisonner nos soldats avec des viandes de rebut!</p> + +<p>Et d'ailleurs, la condamnation sévère qui, tout dernièrement encore, +frappait des misérables, coupables d'avoir fourni des vivres avariés aux +troupes du camp d'Avor, est un exemple saisissant, présent à toutes les +mémoires, de la surveillance exercée par l'autorité militaire pour +rendre impossibles les faits avancés sans vergogne par l'auteur de +<i>Sous-Offs</i>.</p> + +<hr style='width: 45%;' /> + +<p>Il n'a pu dissimuler sur ce point, comme sur bien d'autres du reste, la +fragilité de ses arguments. Il a senti trembler sous ses pieds, comme le +sol de l'Etna à la veille d'une éruption, le terrain sur lequel il se +plaçait. Aussi a-t-il employé, à l'appui de sa thèse, un artifice +subtil, un stratagème de composition, que nous ne saurions trop flétrir.</p> + +<p>A côté d'une foule de sous-officiers, qu'il habille en gibier de Cour +d'Assises, et pour nous faire croire à une impartialité dont nous ne +sommes pas dupes, il a tracé le portrait d'un adjudant intègre.</p> + +<p>Le piège est grossier, et personne n'y a été pris.</p> + +<p>Il aurait fallu, pour le tendre avec quelque chance de succès, que M. +Descaves ne couvrit point de ridicule, en nous le peignant comme un +esprit borné, le seul honnête homme qu'il ait daigné voir dans l'armée.</p> + +<p>Ah, certes! en mettant en scène l'adjudant Boisguillaume, qui vit +modestement à la caserne, passant entre son épouse et son sabre les +rares instants que lui laisse l'accomplissement de ses doubles devoirs, +on avait une belle œuvre à faire.</p> + +<p>C'est une œuvre de haine qu'on a perpétrée!</p> + +<p>Ah! la haine!!...</p> + +<p>Combien il eut mieux valu, pourtant, ne pas se laisser aveugler par la +rancune, et voir les choses telles qu'elles sont.</p> + +<p>Mais, vous n'avez donc jamais assisté, M. Descaves, au défilé +prestigieux de nos braves troupiers, à Longchamps, le 14 juillet?</p> + +<p>Le colonel en avant, précédé des tambours et des clairons, les +capitaines à la tête de leurs compagnies, nos braves sous-officiers en +serre-file, les régiments, sous les plis claquants du drapeau qui semble +rire à la victoire, aux mâles accents de la Marseillaise, défilent +devant les représentants de la Patrie!</p> + +<p>Si vous aviez assisté à ce spectacle grandiose, M. Descaves, vous auriez +appris, à l'allure martiale, à la belle tenue, à la santé radieuse, à +l'héroïque gaîté de nos soldats qu'il ne peut y avoir place dans leurs +rangs pour toutes les plaies honteuses que vous avez voulu nous y +montrer!</p> + +<p>Et puis, prenez y garde, M. Descaves. En accusant les mœurs de +l'armée, en taxant d'immoralité ceux qui sont ses véritables +instructeurs, vous jetez l'injure à la France tout entière.</p> + +<p>L'uniforme, tout le monde le porte, aujourd'hui. Les galons, ils sont +l'apanage des plus dévoués et des plus dignes; tous peuvent y prétendre; +et c'est maintenant surtout, que tout soldat porte dans sa giberne le +bâton de maréchal!</p> + +<p>L'armée n'est plus une caste; c'est l'incarnation du Peuple. Le fossé +qui séparait autrefois l'élément militaire de l'élément civil n'existe +plus.</p> + +<p>Ce fossé, la redingote de M. de Freycinet l'a comblé!</p> + +<hr style='width: 45%;' /> + +<p>Admettre la corruption de l'armée, c'est croire à la corruption de la +nation elle-même. Accuser les sous-officiers de vol et de concussion, +c'est accuser tous ces modestes travailleurs qui, dans nos +administrations, tant privées que publiques, dans nos usines, dans nos +ateliers, sont les plus intelligents et les plus dévoués auxiliaires de +cette prospérité dont notre immortelle Exposition a donné un éclatant +témoignage.</p> + +<p>Ouvrez les journaux à la <i>Chronique du Bien</i>, lisez les comptes-rendus +de ces séances où l'Académie française récompense solennellement des +actes de vertu ou de haute probité; prenez connaissance de ces longues +listes de médailles qui vont briller, éclatants témoignages de +dévouement, sur la poitrine des sauveteurs, et comptez combien de noms +d'anciens sous-officiers figurent sur les palmarès de l'honneur!</p> + +<p>Pour les besoins de son infâme campagne de calomnies, M. Descaves veut +nous faire croire que des gens qui font preuve, après avoir quitté +l'uniforme, du désintéressement le plus méritoire, n'ont pas fait sous +les drapeaux l'apprentissage de la vertu!</p> + +<p>C'est se moquer de nous!</p> + +<p>Non! Les soldats d'aujourd'hui sont les dignes fils de leurs aînés et +nous pourrions les voir, si des heures lugubres sonnaient encore pour +les destinées de la Patrie, sacrifier jusqu'à l'or de leurs galons sur +ses autels, et, semblables aux vétérans de l'An II, porter comme l'a dit +Victor Hugo:</p> + +<div class="blockquot"><p>L'épaulette de laine et la dragonne en cuir!</p></div> + +<hr style='width: 45%;' /> + +<p>M. Descaves ne s'est pas tenu pour satisfait de nous montrer les +sous-officiers lâches et cupides, il lui a fallu encore les souffleter +avec une abominable accusation d'ivrognerie et de mœurs infâmes.</p> + +<p>Alcool et absinthe, voilà leurs dieux!</p> + +<p>Femmes mariées, servantes d'auberges, filles de mauvais lieu, sont +l'objet de leur exploitation éhontée. Pour en tirer de l'argent, tous +les moyens leur sont bons. Ils s'en vantent entre eux. Ils en rient. +Leur cynisme laisse bien loin derrière lui celui des rôdeurs de +barrière. M. Descaves a cousu le galon de leur grade sur une casquette à +trois ponts!</p> + +<p>Il nous est douloureux de nous étendre sur un pareil sujet, et, sans +notre désir ardent de ne pas laisser debout une seule des poutres de cet +échafaudage de carton qu'est <i>Sous-Offs</i>, nous nous arrêterions ici.</p> + +<p>D'ailleurs, le sujet que nous traitons maintenant est d'une gravité +exceptionnelle. Il ne suffit plus de donner un aperçu du livre, il faut +en citer des passages entiers, pour n'être point taxé d'invraisemblance +et de parti pris dans sa réfutation.</p> + +<p>Laissons la parole à M. Descaves. Puisqu'il a osé porter le vilebrequin +du cynisme dans le tonneau de la honte, qu'il en boive l'amère liqueur.</p> + +<p>Voici des passages entiers de <i>Sous-Offs</i>:</p> + +<p class="dent"><i>Page 45:</i></p> + +<div class="blockquot"><p>«Deux sous-officiers, au moment de rentrer au quartier, heurtèrent +deux vieilles femmes en cheveux, grelottant, l'une dans un paletot +d'homme, l'autre dans un vaterproof trentenaire.</p> + +<p>«—Nous nous retrouverons là, dit Favières.</p> + +<p>«Et, sommairement, ils en emmenèrent chacun une, droit devant +soi... Favières était tombé sur le dos, tout à coup impuissant, les +yeux délicieusement frais sous les compresses de nuit pleuvante, +roulé dans le beuglement de cette formidable bouche d'ombre qui +l'injuriait, crachotait sur sa nudité partielle, tandis que la +vieille femme rémunérée s'escrimait honnêtement.</p> + +<p>«Il retrouva Tétrelle—délesté—qui l'attendait...»</p></div> + +<p class="dent"><i>Page 55:</i></p> + +<div class="blockquot"><p>«C'est drôle, notait Favières, chez le soldat, les sentiments +habitent les parties basses; l'âme se répartit dans la culotte, +entre la poche, la brayette et le fond...»</p></div> + +<p>Décidément, pour la peinture des tableaux infâmes, M. Descaves est sans +rival.</p> + +<p class="dent"><i>Page 59:</i></p> + +<div class="blockquot"><p>«Petitmangin, de ses nuitées en ville, ne rapportait que des +sucreries et des pâtisseries légères, pêle-mêle avec du tabac, au +fond de ses poches...»</p></div> + +<p>Des goûts de petite fille à un militaire? Allons donc!</p> + +<p class="dent"><i>Page 5:</i></p> + +<div class="blockquot"><p>«Alors le sergent, les yeux humides, la face cuite, le nez pareil à +une langue de feu dans un incendie de façade... A peu près ivre, il +parlait seul, faisait des tournées d'inspection dans les +compartiments voisins. On devait le hisser. On le passait comme un +colis triomphal qui s'écroulait sous les banquettes.»</p></div> + +<p>Quelle invraisemblance! Cet ivrogne amène des conscrits au régiment!</p> + +<p class="dent"><i>Page 62:</i></p> + +<div class="blockquot"><p>«Il s'était assis en tailleur, par terre, devant la malle béante, +exposant le premier de ses compartiments superposés: Un capharnaüm +où les objets de toilette et d'étagère confondus semblaient +provenir du pillage d'une chambre de fille.»</p></div> + +<p>C'est clair, cela. L'accusation est précise! Sans une citation +textuelle, on ne l'eut pas cru.</p> + +<p class="dent"><i>Page 64:</i></p> + +<div class="blockquot"><p>«Nous dînons tous les dimanches au restaurant. <i>Elle</i> me donne son +porte-monnaie avant d'entrer et je le lui rends en sortant, après +avoir payé... par exemple, des cadeaux utiles toujours...»</p></div> + +<p>Cela soulève le cœur.</p> + +<p class="dent"><i>Page 84:</i></p> + +<div class="blockquot"><p>«Aucun choix n'était possible. Ils empoignèrent au hasard les +femmes, la mère et la fille côte à côte, les renversèrent sur eux +toujours assis...</p> + +<p>«Favières exulta lorsque ses approches fourragères eurent pressenti +Généreuse à l'indulgent accès d'un praticable estuaire.»</p></div> + +<p>Sans le devoir de révéler tout entières les turpitudes du livre, jamais +nous ne nous serions permis de reproduire cette abominable scène!</p> + +<p class="dent"><i>Page 88:</i></p> + +<p>Dans une maison publique:</p> + +<div class="blockquot"><p>«Des femmes sur les genoux ou collées aux flancs, buvant, chantant +et fumant, dans une atmosphère de luxure et d'ivresse, <span class="smcap">des +soldats</span>...»</p></div> + +<p>Des soldats! M. Descaves ne les a jamais vus que dans un lieu infâme. Il +ignore donc ce que c'est qu'un champ de bataille?</p> + +<p class="dent"><i>Page 90:</i></p> + +<p>Une fille parle à un sous-officier:</p> + +<div class="blockquot"><p>«Justement mes amies n'ont personne; elles voudraient bien un petit +homme comme toi, bien gentil, et qui les aimerait bien. Vrai, je +fais des jalouses.»</p></div> + +<p>Cette fille n'avait donc pas vu les deux sardines d'or?</p> + +<p class="dent"><i>Page 95:</i></p> + +<div class="blockquot"><p>«Deux prostitutions se partageaient le soldat sans relâche. La +Maison se couchait quand s'éveillait le Quartier.»</p></div> + +<p>C'est hideux!</p> + +<p class="dent"><i>Page 100:</i></p> + +<div class="blockquot"><p>«—Comment! Vous payez encore le coucher, s'écria Devouge, en +réponse à l'énumération geignarde faite par Tétrelle des frais +qu'entraînaient les plaisirs tarifés.</p> + +<p>«—Ah! Tu ne voudrais pas. C'est déjà joli de ne leur rien donner, +protesta Favières.</p> + +<p>«—C'est différent... du moment que vous mettez du sentiment dans +ces choses-là!...</p> + +<p>«—Si vous vouliez, je dirais deux mots à Laure, qui parlerait à +vos femmes... Le Gouvernement ne vous paye pas pour les +entretenir...</p> + +<p>«—C'est vrai, insinua Tétrelle. En somme il ne nous reste rien +entre les mains...</p> + +<p>«—L'argent n'a pas d'odeur, rectifia Devouge.»</p></div> + +<p>La langue française n'a pas de mots pour flétrir de semblables +indignités!</p> + +<p class="dent"><i>Page 102:</i></p> + +<div class="blockquot"><p>«Pâquerette s'était rassise en face de son amant; elle s'accroupit, +explora une resserre dérobée, parvint à en extraire une pièce +blanche, qu'elle glissa dans la main de Tétrelle:</p> + +<p>«—Règle, dit-elle.</p> + +<p>«Il prit l'argent...»</p></div> + +<p>! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! !</p> + +<p class="dent"><i>Page 110:</i></p> + +<p>Une fille écrit à son <i>sous-off</i>:</p> + +<div class="blockquot"><p>«Ne viens donc pas cette semaine. Je ne pourrais pas payer pour +toi.»</p></div> + +<p>Quel abîme de scélératesse!</p> + +<p class="dent"><i>Page 111:</i></p> + +<div class="blockquot"><p>«Autour d'eux, la boue montait, plus dense. Comme les femmes +continuaient à payer les consommations, et qu'elles ne se +trouvaient pas toujours là, quand le garçon rapportait la monnaie, +Tétrelle réduisait le pourboire au strict convenable, et empochait +la différence.</p> + +<p>«Ce qui tombe au fossé est pour le soldat, disait Devouge.»</p></div> + +<p>Ce qui tombe à l'égoût du mépris c'est un roman souillé de pareilles +calomnies!!!</p> + +<p class="dent"><i>Page 125:</i></p> + +<div class="blockquot"><p>«C'était Blanc, le sergent de la classe, se soûlant effroyablement +avec les pompiers de Neuville, sous prétexte d'apprendre les +batteries à leur tambour.</p> + +<p>«C'était Edeline, réussissant à s'introduire dans toute une +famille... Il dînait, flattait le père, s'insinuait dans les <span class="smcap">bonnes +graces</span> de la mère, tout prêt d'atteindre son but. Le gîte, la table +et... le reste, ce qu'il appelait les accessoires de solde.»</p></div> + +<p>L'insulte à la famille, maintenant!</p> + +<p class="dent"><i>Page 126:</i></p> + +<div class="blockquot"><p>«Civil, dans la bouche du soldat, cela n'a d'équivalent que <span class="smcap">pante</span> +dans l'argot des souteneurs.»</p></div> + +<p>Quelles expressions! C'est sans doute dans les carrières d'Amérique que +le pamphlétaire les a recueillies.</p> + +<p class="dent"><i>Page 193:</i></p> + +<div class="blockquot"><p>«Des soldats attirés par le fracas de la musique avaient envahi la +salle, s'y bousculaient pour tarir les bouteilles, recueillir le +fond des verres, boire au moins l'ivresse des autres, pendant que +Blanc, à croupetons dans un coin, facilitait paisiblement la +libération de son estomac.»</p></div> + +<p>Cela se passe le 14 Juillet, dans une cantine où nos braves +sous-officiers célèbrent par un banquet fraternel notre grande fête +nationale!</p> + +<p class="dent"><i>Page 201:</i></p> + +<div class="blockquot"><p>«C'était jour de repos officiel, jour de trêve. Le gros numéro et +le numéro matricule prenaient <i>campos</i>. La Prostituée suspendait +l'adultération du sang français <span class="smcap">que la patrie lui abandonne</span>, quand +ses chantiers de carnage n'en ont pas soif.»</p></div> + +<p>C'est encore le 14 juillet, qu'on n'a pas honte de choisir, pour lancer +un crachat à la face de la Patrie!</p> + +<p>O jour anniversaire de la prise de la Bastille, jour immortel, où le +sang d'un peuple secouant ses chaines a scellé le monument de la Liberté +future, c'est en vain que des reptiles visqueux essayent de te souiller +de leur bave; tu es un soleil radieux et sans tache, qui planes trop +haut dans les cieux modernes pour que l'outrage puisse t'atteindre +jamais!</p> + +<p>Une imagination en délire aura beau vouloir te représenter, fête +auguste, comme une odieuse saturnale, comme une priapée abjecte, tu n'en +resteras pas moins le grand jour, sacré entre tous, où pas un +Français—si ce n'est peut-être M. Descaves—n'oserait se déshonorer par +une intempérance qui ferait la joie de nos ennemis!</p> + +<p>Ils ne sont pas nés en France, les ivrognes du 14 Juillet!</p> + +<hr style='width: 45%;' /> + +<p>Toutes les concessions qu'on peut accorder à la thèse de M. Descaves, +elles ont été énumérées par la plume trop impartiale peut-être de M. +Edmond Lepelletier.</p> + +<div class="blockquot"><p>«Tous nos sous-officiers, écrivait-il dans l'<i>Écho de Paris</i> du 15 +décembre 1889, ne sont pas des anges. Il est parmi eux, comme +partout, des souteneurs, des hypocrites, des lâches, des débauchés, +des filous et des Alphonses. Ils <i>sortent de la société, les +sous-offs, avant de sortir du rang</i>.</p> + +<p>«Mais tous des misérables, des gibiers de lupanar, en attendant +qu'ils deviennent gibier de bagne ou de peloton, allons donc!</p> + +<p>«Ce n'est pas seulement calomnier les gradés de la jeunesse armée, +c'est insulter odieusement toute la jeunesse française.»</p></div> + +<p>L'éminent écrivain, à qui nous empruntons ces lignes, a dû se borner, +dans un article de journal, à montrer l'exagération cynique des +reproches adressés aux mœurs des sous-officiers. Il a montré ce +qu'ils ne sont pas, nous allons faire voir ce qu'ils sont.</p> + +<p>Qui n'a pas vu, par un radieux matin de printemps, par une belle +après-midi d'été, par un beau ciel d'automne clair et rose, le pays et +la payse, ce couple légendaire, s'avancer à pas lents, côte à côte, +pleins d'affectueux respects mutuels, et chuchotant, avec une passion +contenue, des mots d'amour?—Vision attendrissante que l'un de nos +poëtes militaires les plus distingués rendait en ces vers mâles et +vigoureux, où il rappelle ses modestes plaisirs hors de la caserne:</p> + +<div class="poem"><div class="stanza"> +<span class="i0">Le soir tombait, un soir équivoque d'automne<br /></span> +<span class="i0">Les bonnes se pendant rêveuses à nos bras,<br /></span> +<span class="i0">Dirent alors des mots si spéciaux, tout bas,<br /></span> +<span class="i0">Que notre âme depuis ce temps tremble et s'étonne.<br /></span> +</div></div> + +<p>Et ce sont ces gens là qui ne connaîtraient d'autre distraction que les +plaisirs malsains des maisons de débauche, dont ils mettraient les +filles en coupe réglées!</p> + +<p>Ce n'est pas à dire, certes—et M. Edmond Lepelletier en a fait la +judicieuse remarque—qu'on ne voie jamais la capote à galons étalée sur +des canapés suspects. Mais, si certains civils mettaient un peu plus de +discrétion dans les invitations qu'ils adressent à nos sous-officiers, +de pareils faits n'auraient guère d'exemple.</p> + +<p>D'ailleurs, une chute n'est jamais irrémédiable. Si bas qu'on soit +entraîné, on peut toujours s'arracher à l'influence néfaste des mauvais +conseils et rentrer dans le chemin du devoir et de l'honneur.</p> + +<p>Nous n'en voulons pour témoin que cette citation d'un beau livre de +C.-J. Lecour, la <i>Prostitution à Paris et à Londres</i>: «Le tragique, +c'est ce militaire qui, en 48, entré pendant la nuit dans un lieu de +débauche, se réveillait le lendemain dans les bras de sa sœur.»</p> + +<p>L'auteur ne nous donne pas la suite de cet épouvantable récit, mais +d'autres la connaissent. Le militaire, devenu sous-officier, sut faire +des économies pour payer les dettes de sa sœur et l'arracher à +l'infamie. Il la maria à un de ses collègues. Elle fut bonne épouse et +bonne mère.</p> + +<hr style='width: 45%;' /> + +<p>Nous n'avons pas parlé jusqu'ici du mariage des sous-officiers. C'est un +sujet que M. Descaves a traité avec son venin habituel. Il n'a pas +hésité à nous montrer le cantinier du régiment qu'il met en scène, marié +avec une coquine de bas étage, dont la seule préoccupation est de le +tromper.</p> + +<p>Vous êtes là pour répondre, noble pléïade de Françaises, héroïnes +modestes, toutes cantinières, qui avez reçu la croix de la Légion +d'honneur: Veuve Perrot décorée en Afrique; Annette Drevon, décorée en +1859, pour action d'éclat sur le champ de bataille de Magenta, où vous +avez sauvé le drapeau du deuxième zouaves; Perrine Cros, du bataillon +de chasseurs à pieds de la garde impériale, blessée à Palestro et à +Magenta; Jeanne Bonnemère, du 21<sup>e</sup> régiment d'infanterie, médaillée en +1870, pour avoir avalé une dépêche au moment où les Prussiens +s'emparaient de vous!</p> + +<p>Si toutes les femmes de sous-officiers ne sont pas arrivées à votre +gloire, du moins donnent-elles dans leur ménage l'exemple de toutes les +vertus civiques, qui sont l'apanage de la Française.</p> + +<p>Celles-ci, lorsque leurs maris, ayant quitté l'armée, occupent une de +ces places accordées si libéralement par l'Etat à ses anciens +serviteurs; celles-là apportent dans la vie civile l'exemple de toutes +les qualités militaires. Elles nous préparent une génération forte et +saine, ornement de nos sociétés de gymnastique et de nos orphéons; et le +jour venu, elles n'hésiteraient pas, comme les mères Spartiates, à +envoyer leurs fils au combat. Elles leur mettraient elles-mêmes dans la +main l'arme vengeresse, en criant, sans pâlir:</p> + +<p>—Voilà le sabre de ton père!</p> + +<hr style='width: 45%;' /> + +<p>Il est temps de conclure.</p> + +<p>Que reste-t-il de l'œuvre de M. Descaves?</p> + +<p>Dans l'opinion publique, elle est jugée. Ce n'est pas seulement un +mauvais livre, c'est une mauvaise action. Les esprits, un instant +troublés par l'audace des attaques contre notre armée, se sont +heureusement rassérénés. Le peuple français tout entier sait qu'il peut +avoir confiance dans ses défenseurs, et les familles, lorsque leurs +enfants quittent le foyer pour aller payer l'impôt du sang, les confient +joyeusement à la Caserne, comme à une école de dévouement et d'honneur.</p> + +<p>La tentative anti-patriotique de M. Descaves a échoué. Il n'a plus, +maintenant, devant le flot unanime des réprobations, qu'à courber la +tête comme un coupable démasqué.</p> + +<p>S'il lui reste au fond du cœur quelque chose de ce qui constitue un +Français, il doit faire d'amères réflexions.</p> + +<p>Le remords doit hanter vos nuits, M. Descaves. Comme les petits soldats +du magnifique tableau de Detaille regardent passer en rêve les grandes +ombres glorieuses des aïeux, qui, la face auréolée de gloire, agitent +d'illustres drapeaux, vous devez voir, dans vos sommeils troublés de +cauchemars, les spectres des héros que vous avez insultés, tendre vers +votre front des bras accusateurs!</p> + +<p>Par toutes leurs blessures béantes, ils crient vengeance contre vous.</p> + +<p>Puissiez-vous, rentrant enfin en vous même, faire amende honorable; et, +si vous ne brisez pas votre plume, après en avoir fait une arme +empoisonnée, l'employer maintenant à cicatriser les plaies qu'elle a +ouvertes.</p> + +<p>Quant à vous, sous-officiers, héros modestes, serviteurs obscurs et +dévoués de la plus noble des causes, ne vous inquiétez pas des viles +attaques dirigées contre vous.</p> + +<p>La patrie vous couvre de son palladium.</p> + +<div class="blockquot"><p>«Voulez-vous mon avis, mes chers sous-offs? écrivait M. +Saint-Genest dans le <i>Figaro</i> du 13 Décembre 1889; ne vous +inquiétez pas: cela n'est rien. Secouez dédaigneusement la boue que +l'on vous jette, et continuez à porter la tête haute, car tous ceux +qui vous attaquent voudraient bien avoir la considération dont vous +jouissez.»</p></div> + +<hr style="width: 65%;" /> + +<h3>Imp. <span class="smcap">Beaudelot</span> et <span class="smcap">Méliès</span>, 16, rue de Verneuil, Paris.</h3> +<p><br /></p> +<h4>EN VENTE A LA MÊME LIBRAIRIE</h4> + +<h4>Collection In-18 Jésus à 3 fr. 50</h4> + +<h4><i>Envoi franco au reçu de timbres ou mandat</i></h4> + + +<p class="noindent"> +<span class="smcap">Georges</span> DARIEN<br /> +<br /> +<b>Biribi</b>, discipline militaire.<br /> +<br /> +<b>Bas les Cœurs</b>, 1870-1871.<br /> +<br /> +<span class="smcap">Marcel</span> LUGUET<br /> +<br /> +<b>Élève-Martyr</b>, roman militaire.<br /> +<br /> +<span class="smcap">Pauline</span> DROUARD<br /> +<br /> +<b>En Pays envahi</b>.<br /> +<br /> +J.-H. ROSNY<br /> +<br /> +<b>Le Termite</b>. <b>Le Bilatéral</b>.<br /> +<br /> +<b>L'Immolation</b>. <b>Nell Horn</b>.<br /> +</p> + + + + + + + + +<pre> + + + + + +End of the Project Gutenberg EBook of Les vrais sous-offs, by +Georges Darien and Édouard Dubus + +*** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LES VRAIS SOUS-OFFS *** + +***** This file should be named 18611-h.htm or 18611-h.zip ***** +This and all associated files of various formats will be found in: + http://www.gutenberg.org/1/8/6/1/18611/ + +Produced by Chuck Greif, Carlo Traverso and the Online +Distributed Proofreading Team at http://www.pgdp.net (This +file was produced from images generously made available +by the Bibliothèque nationale de France (BnF/Gallica) at +http://gallica.bnf.fr) + + +Updated editions will replace the previous one--the old editions +will be renamed. + +Creating the works from public domain print editions means that no +one owns a United States copyright in these works, so the Foundation +(and you!) can copy and distribute it in the United States without +permission and without paying copyright royalties. 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Thus, we do not necessarily +keep eBooks in compliance with any particular paper edition. + +Most people start at our Web site which has the main PG search facility: + + http://www.gutenberg.org + +This Web site includes information about Project Gutenberg-tm, +including how to make donations to the Project Gutenberg Literary +Archive Foundation, how to help produce our new eBooks, and how to +subscribe to our email newsletter to hear about new eBooks. + +*** END: FULL LICENSE *** + + + +</pre> + +</body> +</html> + diff --git a/18611-h/images/medalion.jpg b/18611-h/images/medalion.jpg Binary files differnew file mode 100644 index 0000000..4d110e7 --- /dev/null +++ b/18611-h/images/medalion.jpg diff --git a/LICENSE.txt b/LICENSE.txt new file mode 100644 index 0000000..6312041 --- /dev/null +++ b/LICENSE.txt @@ -0,0 +1,11 @@ +This eBook, including all associated images, markup, improvements, +metadata, and any other content or labor, has been confirmed to be +in the PUBLIC DOMAIN IN THE UNITED STATES. + +Procedures for determining public domain status are described in +the "Copyright How-To" at https://www.gutenberg.org. + +No investigation has been made concerning possible copyrights in +jurisdictions other than the United States. 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