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authorRoger Frank <rfrank@pglaf.org>2025-10-15 02:32:56 -0700
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+The Project Gutenberg EBook of Le Rideau levé, by Comte de Mirabeau
+
+This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with
+almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or
+re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included
+with this eBook or online at www.gutenberg.org
+
+
+Title: Le Rideau levé
+ ou l'Education de Laure
+
+Author: Comte de Mirabeau
+
+Release Date: October 7, 2008 [EBook #26809]
+
+Language: French
+
+Character set encoding: ISO-8859-1
+
+*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LE RIDEAU LEVÉ ***
+
+
+
+
+Produced by Daniel Fromont
+
+
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+
+
+[Transcriber's Note: MIRABEAU (Honoré Gabriel Riquetti,
+comte de Mirabeau) (1749-1791),
+_Le Rideau levé ou l'Education de Laure_ (1786), édition de 1921
+
+A French erotic novel of the 18th Century]
+
+
+
+
+
+LES MAITRES DE L'AMOUR
+
+
+L'oeuvre
+
+du
+
+Comte de Mirabeau
+
+
+(...)
+
+
+Le Rideau levé, ou l'Education de Laure
+
+
+(...)
+
+
+PARIS
+
+BIBLIOTHEQUE DES CURIEUX
+
+4, RUE DE FURSTENBERG, A
+
+MCMXXI
+
+
+
+
+
+
+LE RIDEAU LEVE OU L'EDUCATION DE LAURE
+
+
+
+
+Retirez-vous, censeurs atrabilaires;
+
+Fuyez, dévots, hypocrites ou fous;
+
+Prudes, guenons, et vous, vieilles mégères:
+
+Nos doux transports ne sont pas faits pour vous.
+
+
+A CYTHERE
+
+
+MDCC LXXXVIII
+
+
+
+
+LETTRE DE SOPHIE AU CHEVALIER D'OLZAN
+
+
+Je t'envoie, cher Chevalier, un petit manuscrit gaillard.
+
+Tu aurais de la peine à t'imaginer où je l'ai pris. C'est une
+bagatelle sortie d'une jolie main de mon sexe; et c'est un
+délassement badin adressé dans un cloître. Comment un tel
+bréviaire se put-il introduire parmi les guimpes d'une
+religieuse? C'est ce que mes yeux eurent de la peine à me
+persuader; rien n'est cependant plus vrai, cher Chevalier, et
+c'était un présent digne de sa destination. L'amour n'est
+point étranger dans ces lieux; le sentiment constitue le
+naturel du beau sexe; la sensibilité forme la principale
+partie de son essence; la volupté exerce un empire vainqueur
+sur ces êtres délicats. A ces dispositions originaires, qu'on
+joigne les effets échauffants d'une imagination exaltée dans
+la retraite et l'oisiveté, on trouvera la raison de cette
+fureur intestine qui nous maîtrise dans les couvents.
+
+C'est ainsi que les femmes de ces pays, où les hommes jaloux
+les tiennent prisonnières, trouvent si précieuses des
+jouissances dont l'idée habituelle qu'elles en ont n'est point
+contrebalancée par d'autres objets de dissipation. Dans la
+société, un tumulte de soins et de plaisirs énerve les
+passions au lieu de les concentrer; l'éclat séduisant d'une
+vaine coquetterie entraîne les femmes les plus sensuelles;
+l'amour impétueux reste en partage à la solitude obscure et
+mélancolique: il n'est donc pas étonnant que les mystères
+consignés ici se soient glissés dans une cellule pour en
+occuper tendrement les loisirs.
+
+Ton absence me rendait tout le monde à charge, et ma soeur, la
+religieuse, me sollicitait d'aller passer quelques jours avec
+elle: je me suis rendue à son envie. Ah! cher ami, que je suis
+pénétrée, quoique sa soeur, des tourments qu'elle doit
+endurer. Elle a le coeur tendre, l'esprit vif, le goût
+délicat; elle possède les grâces et la beauté; elle s'est
+trouvée cloîtrée avant de se connaître. A sa place, que je
+serais malheureuse, moi qui ai moins qu'elle de droit au
+bonheur! Elle attendait avec impatience une amie qui devait
+bientôt la rejoindre. Dès le premier jour, elle m'en parla
+avec des transports d'une tendresse inouïe; elle me la
+dépeignait avec des couleurs tout à fait animées: elle
+tournait sans cesse la conversation sur cet objet intéressant.
+Elle reçut de sa part un coffre très joli; il était plein de
+petits ustensiles et de chiffons propres à une religieuse.
+
+Il attira les regards, selon l'usage, des bonnes Mères
+tourières et supérieures, toutes plus curieuses ordinairement
+que rusées. Une découverte précieuse leur échappa. Ma soeur
+m'ayant laissée seule, la curiosité me prit à mon tour.
+
+Je m'aperçus que le fond était bien épais pour une si petite
+boîte; en effet, il se trouva double, et il renfermait le
+petit détail que je t'envoie. J'en ai secrètement tiré copie
+dans les heures de prière de ma recluse. Puisse la lecture que
+te procure la main de ton amante te dérober des moments aux
+belles de Paris! Ton absence me tue. Rapporte-moi, cher
+Chevalier, ton coeur et ma vie, ainsi que ce joli manuscrit:
+nous le relirons ensemble.
+
+
+Le chevalier d'Olzan y a substitué d'autres noms, et l'a fait
+imprimer, sans toucher au style; il a pensé que la plume d'une
+femme ne pouvait être que mal taillée par la main d'un homme.
+
+
+LAURE A EUGENIE
+
+
+Loin de moi, imbéciles préjugés, il n'y a que les âmes
+craintives qui vous soient asservies: Eugénie, accablée
+d'ennui dans sa solitude, exige de sa chère Laure ce petit
+amusement tendre. Il n'y a plus rien qui puisse me retenir.
+
+Oui, ma chère Eugénie, ces moments délicieux, dont je t'ai
+quelquefois entretenue dans ton lit; ces transports des sens,
+dont nous avons cherché à répéter les plaisirs dans les bras
+l'une de l'autre; ces tableaux de ma jeunesse, dont nous avons
+voulu réaliser la volupté: eh bien! pour te satisfaire, je
+vais, sous des traits ressemblants, les retracer ici.
+
+Tout ce que j'ai fait et pensé dès ma plus tendre enfance,
+tout ce que j'ai vu et ressenti va reparaître sous tes yeux.
+
+Je ferai renaître dans toi ces sensations vives, ces
+mouvements précieux, dont l'ivresse a tant de charmes. Mes
+expressions seront vraies, naturelles et hardies; j'oserai
+même dessiner de ma main des figures dignes du sujet et de tes
+désirs enflammés; je ne crains pas de manquer d'énergie.
+Eugénie, c'est toi qui m'inspires et qui m'échauffes. Tu es ma
+Vénus et mon Apollon; mais garde-toi, chère amie, que ma
+confidence échappe de tes mains; souviens-toi que tu es dans
+le sanctuaire de l'imbécillité ou de la dissimulation: celles
+même des religieuses qui sont dans la bonne foi ont un zèle
+mille fois moins à craindre que celles qui goûtent, sous un
+voile hypocrite, la volupté la plus exquise et la plus
+raffinée. Tu ne serais que criminelle aux yeux des unes, et
+les autres crieraient hautement à l'infamie.
+
+Le bonheur des femmes aime partout l'ombre et le mystère; mais
+la crainte et la décence donnent du prix à leurs plaisirs. Cet
+ouvrage-ci ne doit jamais voir le jour: il n'est point fait
+pour les yeux du vulgaire; il serait indigné de la franchise
+d'une femme, et son impertinente crédulité lui donne de
+l'horreur pour la nudité des productions de la nature.
+
+Tu ne le croirais pas, ma chère Eugénie, c'est que les hommes,
+même les plus libres, nous envient jusqu'aux privautés de
+l'imagination. Ils ne veulent nous permettre que les plaisirs
+qu'ils nous départissent. Nous ne sommes, à leurs yeux, que
+des esclaves qui ne devons rien tenir que de la main du maître
+impérieux qui nous a subjuguées.
+
+Tout est pour eux, ou doit se rapporter à eux; ils deviennent
+des tyrans dès qu'on ose diviser leurs plaisirs; ils sont
+jaloux, si l'on ose s'envisager à son tour. Egoïstes, ils
+prétendent l'être seuls, et que personne ne le soit.
+
+Dans les plaisirs qu'ils prennent avec nous, il en est peu qui
+pensent à nous les faire partager. Il y en a même qui
+cherchent à s'en procurer en nous tourmentant et en nous
+faisant éprouver des traitements douloureux. A quelles
+bizarreries leur extravagance ne les porte-t-elle pas? Leur
+imagination ardente, fougueuse et remplie d'écarts s'éteint
+avec la même facilité qu'elle s'allume; leurs désirs
+licencieux, sans frein, inconstants et perfides errent d'un
+objet vers l'autre. Par une contradiction perpétuelle avec
+leurs sentiments, ils exigent que nous ne jouissions pas des
+privilèges qu'ils se sont arrogés; nous, dont la sensibilité
+est plus grande, dont l'imagination est encore plus vive et
+plus inflammable par la nature de notre constitution.
+
+Ah! les cruels qu'ils sont! Ils veulent anéantir nos facultés,
+tandis que notre froideur insipide ferait leur tourment et
+leur malheur. Quelques-uns, à la vérité, suivent une ligne
+écartée du tourbillon ordinaire; mais il serait toujours
+imprudent de nous dévoiler à leurs yeux.
+
+Cet ouvrage ne serait pas moins déplacé devant ces êtres
+engourdis que l'amour ne peut émouvoir: je parle de ces femmes
+flegmatiques que les empressements des hommes aimables ne
+peuvent exciter, et de ces graves personnages que la beauté ne
+peut réveiller. Il en existe, Eugénie, de ces animaux
+indéfinis, parés du titre fastueux de virtuoses et de
+philosophes, livrés à l'effervescence d'une bile noire, aux
+vapeurs sombres et malfaisantes de la mélancolie, qui fuient
+le monde dont ils sont méprisés: ces gens-là, comme la
+vieillesse inutile, blâment amèrement tous les plaisirs dont
+ils sont déchus.
+
+Il en est d'autres, au contraire, d'un tempérament fougueux,
+mais que les préjugés de l'éducation et la timidité ont
+enthousiasmés pour le nom d'une vertu dont ils ne connurent
+jamais l'essence; ils détournent les éjaculations naturelles
+de leur coeur pour en diriger les élans vers des êtres
+fantastiques. L'amour est un dieu profane qui ne mérite pas
+leur encens; et si, sous le nom d'hymen, ils lui sacrifient
+quelquefois, ils deviennent des fanatiques qui, sous le titre
+d'honneur, déguisent leur dure jalousie. C'est pour nous un
+blasphème que d'exprimer l'amour.
+
+Ainsi, ma chère Eugénie, il ne faut choquer personne; gardons
+nos confidences libertines pour nous égayer dans le
+particulier; c'est à toi seule que je veux ouvrir mon coeur;
+c'est uniquement pour toi que je ne couvrirai d'aucune gaze
+les tableaux que je mettrai sous tes yeux. Ils seront cachés
+pour les autres, ainsi que les libertés que nous avons prises
+ensemble.
+
+Il n'y a que l'amitié ou l'amour qui puissent arrêter des
+regards de complaisance sur les objets licencieux que ma plume
+et mes crayons vont tâcher d'exprimer.
+
+
+EDUCATION DE LAURE
+
+
+Je sortais de ma dixième année; ma mère tomba dans un état de
+langueur qui, après huit mois, la conduisit au tombeau. Mon
+père, sur la perte duquel je verse tous les jours les larmes
+les plus amères, me chérissait; son affection, ses sentiments
+si doux pour moi se trouvaient payés, de ma part, du retour le
+plus vif.
+
+J'étais continuellement l'objet de ses caresses les plus
+tendres; il ne se passait point de jour qu'il ne me prît dans
+ses bras et que je ne fusse en proie à des baisers pleins de
+feu.
+
+Je me souviens que ma mère, lui reprochant un jour la chaleur
+qu'il paraissait y mettre, il lui fit une réponse dont je ne
+sentis pas alors l'énergie. Mais cette énigme me fut
+développée quelque temps après:
+
+-- De quoi vous plaignez-vous, madame? Je n'ai point à en
+rougir: si c'était ma fille, le reproche serait fondé, je ne
+m'autoriserais pas même de l'exemple de Loth; mais il est
+heureux que j'aie pour elle la tendresse que vous me voyez: ce
+que les conventions et les lois ont établi, la nature ne l'a
+pas fait; ainsi brisons là-dessus.
+
+Cette réponse n'est jamais sortie de ma mémoire. Le silence de
+ma mère me donna dès cet instant beaucoup à penser, sans
+parvenir au but; mais il résulta de cette discussion et de mes
+petites idées que je sentis la nécessité de m'attacher
+uniquement à lui, et je compris que je devais tout à son
+amitié. Cet homme, rempli de douceur, d'esprit, de
+connaissance et de talents, était formé pour inspirer le
+sentiment le plus tendre.
+
+J'avais été favorisée de la nature; j'étais sortie des mains
+de l'amour. Le portrait que je vais faire de moi, chère
+Eugénie, c'est d'après lui que je le trace. Combien de fois
+m'as-tu redit qu'il ne m'avait point flattée: douce illusion
+dans laquelle tu m'entraînes, et qui m'engage à répéter ce que
+je lui ai entendu dire souvent! Dès mon enfance, je promettais
+une figure régulière et prévenante; j'annonçais des grâces,
+des formes bien prises et dégagées, la taille noble et svelte;
+j'avais beaucoup d'éclat et de blancheur.
+
+L'inoculation avait sauvé mes traits des accidents qu'elle
+prévient ordinairement; mes yeux bruns, dont la vivacité était
+tempérée par un regard doux et tendre, et mes cheveux d'un
+châtain cendré, se mariaient avantageusement.
+
+Mon humeur était gaie; mais mon caractère était porté, par une
+pente naturelle, à la réflexion.
+
+Mon père étudiait mes goûts et mes inclinations; il me jugea:
+aussi cultivait-il mes dispositions avec le plus grand soin.
+Son désir particulier était de me rendre vraie avec
+discrétion. Il souhaitait que je n'eusse rien de caché pour
+lui: il y réussit aisément. Ce tendre père mettait tant de
+douceur dans ses manières affectueuses qu'il n'était pas
+possible de s'en défendre. Ses punitions les plus sévères se
+réduisaient à ne me point faire de caresses, et je n'en
+trouvais point de plus mortifiantes.
+
+Quelque temps après la perte de ma mère, il me prit dans ses
+bras:
+
+-- Laurette, ma chère enfant, votre onzième année est révolue,
+vos larmes doivent avoir diminué, je leur ai laissé un terme
+suffisant; vos occupations feront diversion à vos regrets, il
+est temps de les reprendre... Tout ce qui pouvait former une
+éducation brillante et recherchée partageait les instants de
+mes jours. Je n'avais qu'un seul maître, et ce maître c'était
+mon père: dessin, danse, musique, sciences, tout lui était
+familier.
+
+Il m'avait paru facilement se consoler de la mort de ma mère;
+j'en étais surprise, et je ne pus enfin me refuser de lui en
+parler.
+
+-- Ma fille, ton imagination se développe de bonne heure, je
+puis donc à présent te parler avec cette vérité et cette
+raison que tu es capable d'entendre. Apprends donc, ma chère
+Laure, que, dans une société dont les caractères et les
+humeurs sont analogues, le moment qui la divise pour toujours
+est celui qui déchire le coeur des individus qui la composent,
+et qui répand la douleur sur leur existence. Il n'y a point de
+fermeté ni de philosophie pour une âme sensible, qui puisse
+faire soutenir ce malheur sans chagrin, ni de temps qui en
+efface le regret. Mais quand on n'a pas l'avantage de
+sympathiser les uns avec les autres, on ne voit plus la
+séparation que comme une loi despotique de la nature, à
+laquelle tout être vivant est soumis. Il est d'un homme sensé,
+dans une circonstance pareille, de supporter comme il convient
+cet arrêt du sort auquel rien ne peut se soustraire, et de
+recevoir avec sang-froid et une tranquillité modeste,
+absolument dégagée d'affectation et de grimaces, tout ce qui
+le soustrait aux chaînes pesantes qu'il portait.
+
+"N'irai-je pas trop loin, ma chère fille, si, dans l'âge où tu
+es, je t'en dis davantage? Non, non, apprends de bonne heure à
+réfléchir et à former ton jugement, en le dégageant des
+entraves du préjugé, dont le retour journalier t'obligera sans
+cesse d'aplanir le sillon qu'il tâchera de se tracer dans ton
+imagination. Représente-toi deux êtres opposés par leur
+humeur, mais unis intimement par un pouvoir ridicule, que des
+convenances d'état ou de fortune, que des circonstances qui
+promettaient en apparence le bonheur, ont déterminés ou
+subjugués par un enchantement momentané dont l'illusion se
+dissipe à mesure que l'un des deux laisse tomber le masque
+dont il couvrait son caractère naturel: conçois combien ils
+seraient heureux d'être séparés. Quel avantage pour eux, s'il
+était possible, de rompre une chaîne qui fait leur tourment et
+imprime sur leurs jours les chagrins les plus cuisants, pour
+se réunir à des caractères qui sympathisent avec eux! Car ne
+t'y trompe pas, ma Laurette, telle humeur qui ne convient pas
+à tel individu s'allie très bien avec un autre, et l'on voit
+régner entre eux la meilleure intelligence, par l'analogie de
+leurs goûts et de leur génie. En un mot, c'est un certain
+rapport d'idées, de sentiments, d'humeur et de caractère qui
+fait l'aménité et la douceur des unions; tandis que
+l'opposition qui se trouve entre deux personnes, augmentée par
+l'impossibilité de les séparer, fait le malheur et aggrave le
+supplice de ces êtres enchaînés contre leur gré!
+
+-- Quel tableau! quelles images! Cher papa, tu me dégoûtes
+davantage du mariage. Est-ce là ton but?
+
+-- Non, ma chère fille; mais j'ai tant d'exemples à ajouter au
+mien que j'en parle en connaissance de cause; et pour appuyer
+ce sentiment si raisonnable, et même si naturel, lis ce que le
+président de Montesquieu en dit dans ses Lettres persanes, à
+la cent-douzième. Si l'âge et des lumières acquises te
+mettaient dans le cas de le combattre par les prétendus
+inconvénients qu'on voudrait y trouver, il me serait facile de
+les lever et de donner les moyens de les parer; je pourrais
+donc te rendre compte de toutes les réflexions que j'ai faites
+à ce sujet; mais ta jeunesse ne me met pas à même de m'étendre
+sur un objet de cette nature.
+
+Mon père termina là.
+
+C'est à présent, tendre amie, que tu vas voir changer la
+scène. Eugénie! chère Eugénie! Passerai-je outre? Les cris que
+je crois entendre autour de moi soulèvent ma plume, mais
+l'amour et l'amitié l'appuient: je poursuis.
+
+Quoique mon père fût entièrement occupé de mon éducation,
+après deux ou trois mois, je le trouvai rêveur, inquiet; il
+semblait qu'il manquait quelque chose à sa tranquillité. Il
+avait quitté, depuis la mort de ma mère, le séjour où nous
+demeurions pour me conduire dans une grande ville, et se
+livrer entièrement aux soins qu'il prenait de moi; peu
+dissipé, j'étais le centre où il réunissait toutes ses idées,
+son application et toute sa tendresse. Les caresses qu'il me
+faisait, et qu'il ne ménageait pas, paraissaient l'animer; ses
+yeux étaient plus vifs, son teint plus coloré, ses lèvres plus
+brûlantes. Il prenait mes petites fesses, il les maniait, il
+passait un doigt entre mes cuisses, il baisait ma bouche et ma
+poitrine. Souvent il me mettait totalement nue, et me
+plongeait dans un bain. Après m'avoir essuyée, après m'avoir
+frottée d'essences, il portait ses lèvres sur toutes les
+parties de mon corps, sans en excepter une seule; il me
+contemplait, son sein paraissait palpiter, et ses mains
+animées se reposaient partout: rien n'était oublié.
+
+Que j'aimais ce charmant badinage, et le désordre où je le
+voyais! Mais au milieu de ses plus vives caresses il me
+quittait, et courait s'enfoncer dans sa chambre.
+
+Un jour, entre autres, qu'il m'avait accablée des plus ardents
+baisers, que je lui avais rendus par mille et mille aussi
+tendres, où nos bouches s'étaient collées plusieurs fois, où
+sa langue même avait mouillé mes lèvres, je me sentis tout
+autre. Le feu de ses baisers s'était glissé dans mes veines;
+il m'échappa dans l'instant où je m'y attendais le moins; j'en
+ressentis du chagrin. Je voulus découvrir ce qui l'entraînait
+dans cette chambre dont il avait poussé la porte vitrée, qui
+formait la seule séparation qu'il y avait entre elle et la
+mienne; je m'en approchai, je portai les yeux sur tous les
+carreaux dont elle était garnie; mais le rideau qui était de
+son côté, développé dans toute son étendue, ne me laissa rien
+apercevoir, et ma curiosité ne fit que s'en accroître.
+
+Le surlendemain de ce jour, on lui remit une lettre qui parut
+lui faire plaisir. Quand il en eut fait la lecture:
+
+-- Ma chère Laure, vous ne pouvez rester sans gouvernante; on
+m'en envoie une qui arrivera demain: on m'en a fait beaucoup
+d'éloges, mais il est nécessaire de la connaître pour juger
+s'ils ne sont point outrés...
+
+Je ne m'attendais nullement à cette nouvelle; je t'avoue,
+chère Eugénie, qu'elle m'attrista: sa présence me gênait déjà,
+sans savoir pourquoi, et sa personne me déplaisait, même avant
+de l'avoir vue.
+
+En effet, Lucette arriva le jour qu'elle était annoncée.
+
+C'était une grande fille très bien faite, entre dix-neuf et
+vingt ans: belle gorge, fort blanche, d'une figure revenante
+sans être jolie; elle n'avait de régulier qu'une bouche très
+bien dessinée, des lèvres vermeilles, les dents petites, d'un
+bel émail et parfaitement rangées. J'en fus frappée d'abord.
+
+Mon père m'avait appris à connaître une belle bouche en me
+félicitant cent fois sur cet avantage. Lucette unissait à cela
+un excellent caractère, beaucoup de douceur, de bonté, et une
+humeur charmante. Mon amitié, malgré ma petite prévention, se
+porta bientôt vers elle, et j'ai eu lieu de m'y attacher
+fortement. Je m'aperçus que mon père la reçut avec une
+satisfaction qui répandit la sérénité dans ses yeux.
+
+L'envie et la jalousie, ma chère, sont étrangères à mon coeur,
+rien ne me paraît plus mal fondé. D'ailleurs, ce qui fait
+naître les désirs des hommes ne tient souvent pas à notre
+beauté, ni à notre mérite: ainsi, pour notre propre bonheur,
+laissons-les libres, sans inquiétude. Il y en a dont
+l'infidélité est souvent un feu léger, qu'un instant voit
+disparaître aussitôt qu'il a brillé. S'ils pensent, s'ils
+réfléchissent, bientôt on les voit revenir auprès d'une femme
+dont l'humeur douce et agréable les met dans l'impossibilité
+de vivre sans elle. S'ils ne pensent pas, la perte est bien
+faible.
+
+Eh! quelle folie de s'en tourmenter!
+
+Je ne raisonnais pas encore avec autant de sagacité;
+cependant, je ne sentais point de jalousie contre Lucette: il
+est vrai que ses amitiés, ses caresses et celles que mon père
+continuait de me faire, la bannissaient loin de moi. Je
+n'apercevais de différence que dans la réserve qu'il observait
+lorsque Lucette était présente, mais je donnais cette conduite
+à la prudence. Un temps se passa de cette manière, pendant
+lequel je m'aperçus enfin de ses attentions pour elle. Toutes
+les occasions qui pouvaient s'en présenter, il ne les laissait
+point échapper. Cependant, mon affection pour Lucette fut
+bientôt d'accord avec celle de mon père.
+
+Lucette avait désiré coucher dans ma chambre, et mon père s'y
+était prêté. Le matin, à son réveil, il venait nous embrasser;
+j'étais dans un lit à côté d'elle. Cet arrangement, et le
+prétexte de venir me voir, lui donnait la facilité de s'amuser
+avec nous, et de faire à Lucette toutes les avances qu'il
+pouvait hasarder devant moi. Je voyais bien qu'elle ne le
+rebutait pas, mais je ne trouvais pas qu'elle répondît à ses
+empressements comme je l'aurais fait et le désirais d'elle; je
+ne pouvais en concevoir la raison. Je jugeais par moi-même, et
+je croyais qu'en aimant avec tant de tendresse ce cher papa,
+tout le monde devait avoir mon coeur, penser et sentir comme
+moi. Je ne pus me refuser de lui en faire des reproches:
+
+-- Pourquoi, ma bonne, n'aimez-vous pas mon papa, lui qui
+paraît avoir tant d'amitié pour vous? Vous êtes bien
+ingrate...
+
+Elle souriait à ces reproches, en m'assurant que je les lui
+faisais injustement. En effet, cet éloignement apparent ne
+tarda pas à se dissiper.
+
+Un soir, après le repas, nous rentrâmes dans la pièce que
+j'occupais; il nous présenta de la liqueur. Une demi-heure
+était à peine écoulée que Lucette s'endormit profondément; il
+me prit alors entre ses bras et, m'emportant dans sa chambre,
+il me fit mettre dans son lit. Surprise de cet arrangement
+nouveau, ma curiosité fut à l'instant réveillée. Je me relevai
+un moment après et courus d'un pas léger à la porte vitrée où
+j'écartai le bord du rideau.
+
+Je fus bien étonnée de voir toute la gorge de Lucette
+entièrement découverte. Quel sein charmant! deux demi-globes
+d'une blancheur de neige, du milieu desquels sortaient deux
+fraises naissantes d'une couleur de chair plus animée,
+reposaient sur sa poitrine; fermes comme l'ivoire, ils
+n'avaient de mouvement que celui de sa respiration. Mon père
+les regardait, les maniait, les baisait et les suçait: rien ne
+la réveillait. Bientôt, il lui ôta tous ses habits, et la
+porta sur le bord du lit qui était en face de la porte où
+j'étais. Il releva sa chemise; je vis deux cuisses d'albâtre,
+rondes et potelées, qu'il écarta, j'aperçus alors une petite
+fente vermeille, garnie d'un poil fort brun; il l'entrouvrit;
+il y posa les doigts en remuant la main avec activité: rien ne
+la retirait de sa léthargie. Animée par cette vue, instruite
+par l'exemple, j'imitai sur la mienne les mouvements que je
+voyais. J'éprouvais une sensation qui m'était inconnue.
+
+Mon père la coucha dans le lit, et vint à la porte vitrée pour
+la fermer. Je me sauvai, et courus m'enfoncer dans celui où il
+m'avait mise. Aussitôt que j'y fus étendue, profitant des
+lumières que je venais d'acquérir, et réfléchissant sur ce que
+j'avais vu, je recommençai mes frottements. J'étais toute en
+feu; cette sensation que j'avais éprouvée s'augmenta par
+degrés, et parvint à une telle énergie que mon âme, concentrée
+dans le milieu de moi-même, avait quitté toutes les autres
+parties de mon corps pour ne s'arrêter que dans cet endroit:
+je tombai pour la première fois dans un état inconnu dont
+j'étais enchantée.
+
+Revenue à moi, quelle fut ma surprise, en me tâtant au même
+endroit, de me trouver toute mouillée. J'eus dans le premier
+instant une vive inquiétude, qui se dissipa par le souvenir du
+plaisir que j'avais ressenti, et par un doux sommeil qui me
+retraça pendant la nuit, dans des songes flatteurs, les
+agréables images de mon père caressant Lucette. J'étais même
+encore endormie quand il vint, le lendemain, me réveiller par
+ses embrassements, que je lui rendis avec usure.
+
+Depuis ce jour, ma bonne et lui me parurent de la meilleure
+intelligence, quoiqu'il ne restât plus, le matin, si longtemps
+près de nous. Ils n'imaginaient pas que je fusse au fait de
+rien et, dans leur sécurité, ils se faisaient dans la journée
+mille agaceries, qui étaient ordinairement le prélude des
+retraites qu'ils allaient souvent faire ensemble dans sa
+chambre, où ils restaient assez longtemps. J'imaginais bien
+qu'ils allaient répéter ce que j'avais déjà vu; je ne poussais
+pas alors mes idées plus loin; cependant, je mourais d'envie
+de jouir encore du même spectacle. Tu vas juger, ma chère, du
+violent désir qui me tourmentait: il était enfin arrivé, cet
+instant où je devais tout apprendre.
+
+Trois jours après celui dont je viens de te rendre compte,
+voulant, à quelque prix que ce fût, satisfaire mon désir
+curieux, lorsque mon père fut sorti et ma bonne occupée,
+j'imaginai de mettre une soie au coin du rideau et de la faire
+passer par le coin opposé d'un des carreaux. Cet arrangement
+préparé, je ne tardai pas à en profiter. Le lendemain, mon
+père, qui n'avait sur lui qu'une robe de taffetas, entraîna
+Lucette qui était aussi légèrement vêtue: ils prirent le soin
+de fermer exactement la porte et d'arranger le rideau; mais
+j'avais vaincu tous les obstacles et mon expédient me réussit,
+au moins en partie. Ils n'y eurent pas été deux minutes
+qu'impatiente je fus à la porte, et je soulevai faiblement le
+rideau. J'aperçus Lucette. Ses tétons étaient entièrement
+découverts; mon père la tenait dans ses bras et la couvrait de
+ses baisers. Mais, tourmenté de désirs, bientôt jupes, corset,
+chemise, tout fut à bas. Qu'elle me parut bien dans cet état!
+et que j'aimais à la voir ainsi!
+
+La fraîcheur et les grâces de la jeunesse étaient répandues
+sur elle. Chère Eugénie, la beauté des femmes a donc un
+pouvoir bien singulier, un attrait bien puissant, puisqu'elle
+nous intéresse aussi! Oui, ma chère, elle est touchante, même
+pour notre sexe, par ses belles formes arrondies, le satiné et
+le coloris brillant d'une belle peau! Tu me l'as fait
+ressentir dans tes bras, et tu l'as éprouvé comme moi.
+
+Mon père fut bientôt dans un état pareil à celui où il avait
+mis Lucette. Cette vue m'attacha par sa nouveauté.
+
+Il l'emporta sur un lit de repos que je ne pouvais découvrir.
+
+Dévorée par ma curiosité, je ne ménageai plus rien, je levai
+le rideau jusqu'à ce que je puisse les voir entièrement. Rien
+ne fut soustrait à mes regards puisque rien ne gênait leurs
+plaisirs. Lucette, couchée sur lui, les fesses en l'air, les
+jambes écartées, me laissait apercevoir toute l'ouverture de
+sa fente, entre deux petites éminences grasses et rebondies.
+Cette situation, que je devais au hasard, semblait prise pour
+satisfaire entièrement ma curieuse impatience. Mon père, les
+genoux élevés, présentait plus distinctement à mes yeux un
+vrai bijou, un membre gros, entouré de poils à la racine, où
+pendait une boule au-dessous; le bout en était rouge, et
+demi-couvert d'une peau qui paraissait pouvoir se baisser
+davantage. Je le vis entrer dans la fente de Lucette, s'y
+perdre et reparaître tour à tour. Ils se baisaient avec des
+transports qui me firent juger des plaisirs qu'ils
+ressentaient. Enfin, je vis cet instrument ressortir tout à
+fait, le bout totalement découvert, rouge comme le carmin et
+tout mouillé, jetant une liqueur blanche qui, s'élançant avec
+impétuosité, se répandit sur les fesses de Lucette.
+
+Conçois, chère Eugénie, dans quelle situation je me trouvais
+moi-même, ayant sous mes yeux un pareil tableau!
+
+Vivement émue, emportée par des désirs que je n'avais pas
+encore connus, je tâchais au moins de participer à leur
+ivresse. Chère amie, que ce retour sur mes jeunes années est
+encore agréable pour moi!
+
+Enfin, l'attrait du plaisir me retint trop longtemps dans mon
+embuscade, et mon imprudence me trahit. Mon père, qui
+jusque-là avait été trop hors de lui pour penser à ce qui
+l'entourait, vit, en se dégageant des bras de Lucette, le coin
+du rideau levé; il m'aperçut; il s'enveloppa dans sa robe en
+s'approchant de la porte; je me retirai avec précipitation; il
+vint examiner le rideau et y découvrit ma manoeuvre; il se
+fixa près de la porte pendant que Lucette se rhabillait.
+Voyant qu'il restait, je m'imaginai qu'il n'avait rien aperçu.
+Curieuse de ce qu'ils faisaient encore dans cette chambre, je
+retournai au carreau. Quelle fut ma surprise quand j'y vis le
+visage de mon père! La foudre tombée sur moi ne m'eût pas
+causé plus de frayeur. Mon stratagème n'avait pas entièrement
+réussi; le rideau n'avait pu redescendre de lui-même comme je
+m'en étais flattée; cependant, il ne fit semblant de rien dans
+cet instant.
+
+J'avais aperçu que Lucette était déjà rhabillée; il revint
+avec elle et l'envoya veiller à l'ordre de la maison. Je me
+trouvai seule avec lui. Il s'approcha pour examiner l'ouvrage
+que j'avais eu à faire: juge, ma chère, à quel point il en
+était! J'étais pâle et tremblante. Quel fut mon étonnement
+quand ce cher et tendre papa me prit dans ses bras et me donna
+cent baisers!
+
+-- Rassure-toi, ma chère Laurette; qui peut t'inspirer la
+terreur que je te vois! Ne crains rien, ma chère fille, tu
+sais la manière dont j'ai toujours agi vis-à-vis de toi; je ne
+te demande rien que la vérité; je désire que tu me regardes
+plutôt comme ton ami que comme ton père. Laure, je ne suis que
+ton ami, je veux qu'en cette qualité tu sois sincère avec moi.
+Ma Laure, je l'exige aujourd'hui: ne me déguise rien et
+dis-moi ce que tu faisais pendant que j'étais avec Lucette, et
+pourquoi l'arrangement singulier de ce rideau.
+
+Sois vraie, je t'en conjure, et sans détour, tu n'auras pas
+lieu de t'en repentir. Mais si tu ne l'es pas, tu me
+refroidiras pour toi et tu peux compter sur un couvent.
+
+Le nom de cette retraite m'avait toujours effrayée. Que je la
+connaissais peu! Je mettais alors une différence totale à être
+renfermée dans ce séjour ou d'être chez mon père.
+
+D'ailleurs, je ne pouvais pas douter qu'il ne fût assuré que
+j'avais tout vu; et je m'étais enfin toujours si bien trouvée
+de ne lui avoir jamais caché la vérité que je ne balançai
+point à lui rendre compte de tout ce qui m'était connu depuis
+l'instant où il m'avait emportée, lorsque ma bonne s'était
+endormie, jusqu'à celui auquel il venait de me rejoindre.
+
+Chaque détail que je lui faisais, chaque tableau que je
+retraçais, loin d'allumer sa colère, était payé par des
+baisers et des caresses. Je balançais néanmoins à lui dire que
+je m'étais procuré des sensations aussi nouvelles pour moi,
+qu'elles m'avaient paru délicieuses. Mais il en eut le
+soupçon:
+
+-- Ma chère Laurette, tu ne me dis pas tout encore...
+
+Et, passant sa main sur mes fesses en me baisant:
+
+-- Achève. Tu ne dois ni ne peux rien me cacher, rends-moi
+compte de tout...
+
+Je lui avouai que je m'étais procuré, par un frottement
+semblable à celui que je lui avais vu faire à Lucette, un
+plaisir des plus vifs, dont j'avais été toute mouillée, et que
+j'avais répété trois ou quatre fois depuis ce jour-là.
+
+-- Mais, ma chère Laure, voyant ce que j'enfonçais à Lucette,
+cela ne t'a-t-il pas donné l'idée de t'enfoncer le doigt?
+
+-- Non, cher papa, je n'en ai pas seulement eu la pensée.
+
+-- Prends garde, Laurette, de m'en imposer. Tu ne peux me
+cacher ce qui en est; viens me faire voir si tu as été
+sincère...
+
+-- De tout mon coeur, cher papa... Je ne t'ai rien déguisé.
+
+Il me donna pour lors les noms les plus tendres. Nous passâmes
+dans sa chambre et, m'étendant sur le lit de repos, il me
+troussa et m'examina avec beaucoup d'attention; puis,
+entrouvrant un peu les bords de ma fente, il voulut y mettre
+le petit doigt. La douleur qu'il me faisait, annoncée par mes
+plaintes, l'arrêta.
+
+-- Elle est tout enflammée, ma chère enfant; je vois cependant
+que tu ne m'as pas trompé: sa rougeur vient sans doute du
+frottement auquel tu t'es amusée pendant que j'étais avec
+Lucette...
+
+J'en convins, et je lui avouai même que je n'avais pu me
+procurer le plaisir que je cherchais. La sincérité de ma
+bouche fut récompensée d'un baiser de la sienne. Il la porta
+même, et fit frétiller sa langue, sous un endroit qui en
+éprouvait une sensation délicieuse. Ce genre de caresse me
+parut neuf et divin, et, pour porter l'enchantement à son
+comble, ce membre que j'avais vu parut à mes yeux; je le pris
+involontairement d'une main, et, de l'autre, j'écartai tout à
+fait la robe de mon père: il me laissa faire. Je tenais et
+voyais enfin de près ce bijou charmant que j'avais déjà si
+bien distingué entre les cuisses de Lucette. Que je le
+trouvais aimable et singulier! Je sentis dès ce moment qu'il
+était le véritable mobile des plaisirs. Cette peau, qui
+haussait et baissait par les mouvements de ma main, en
+couvrait et découvrait le bout; mais quelle ne fut pas ma
+surprise lorsque, après quelques moments de ce badinage, je le
+vis répandre la liqueur dont les fesses de ma bonne avaient
+été inondées. Il y mêlait des transports et des redoublements
+de caresses que je partageais. Le plaisir produisait en moi
+l'effet le plus vif. Bientôt, il passa dans mes sens et y mit
+une émotion indicible. Sa langue continuait son exercice,
+j'étais suffoquée...
+
+-- Ah! cher papa, achève!... holà! je me meurs!... Je me pâmai
+dans ses bras.
+
+Depuis ce temps, tout fut pour moi une source de lumières; ce
+que je n'avais pas conçu jusqu'alors se développa dans
+l'instant. Mon imagination s'ouvrit entièrement; elle
+saisissait tout; il semblait que l'instrument que je touchais
+fût la clef merveilleuse qui ouvrit tout à coup mon
+entendement. Je sentis alors cet aimable papa me devenir plus
+cher, et ma tendresse pour lui prendre un accroissement
+incroyable: tout son corps fut livré au plaisir dans mes
+mains; mes baisers et mes caresses sans nombre se succédaient
+sans interruption, et le feu qu'elles excitaient en lui
+m'animait à les multiplier.
+
+Il me ramena dans ma chambre, où ma bonne revint quelques
+instants après. Je ne prévoyais pas ce qu'il allait lui dire:
+
+-- Lucette, il est désormais inutile que nous nous gênions pour
+Laure, elle en sait autant que nous.
+
+Et il lui répéta tout ce que je lui avais détaillé, en lui
+montrant le jeu du rideau. Elle en parut affectée; mais je me
+jetai à son cou et mes caresses, unies aux raisons dont il la
+tranquillisa, dissipèrent le petit chagrin qu'elle avait
+témoigné. Il nous embrassa en recommandant à ma bonne de ne
+point me quitter. Il sortit, et revint une heure après avec
+une femme qui, dès qu'elle fut entrée, me fit déshabiller et
+prit sur moi la mesure d'une sorte d'ajustement dont je ne
+pouvais concevoir ni la forme ni l'usage.
+
+Quand l'heure de se coucher fut venue, il me mit dans le lit
+de Lucette en la priant de veiller sur moi. Il nous laissa.
+Mais l'inquiétude le ramenant bientôt près de nous, il se mit
+dans le même lit. J'étais entre elle et lui; il me tenait
+embrassée et, couvrant de sa main l'entre-deux de mes cuisses,
+il ne me laissait pas y porter la mienne. Je pris alors son
+instrument, qui me causa beaucoup de surprise en le trouvant
+mou et pendant. Je ne l'avais point encore vu dans cet état,
+m'imaginant au contraire qu'il était toujours gros, raide et
+relevé: il ne tarda pas à reprendre, dans ma main, la fermeté
+et la grosseur que je lui connaissais. Lucette, qui s'aperçut
+de nos actions, étonnée de sa conduite ne pouvait la
+concevoir, et me fit beaucoup de peine par son propos:
+
+-- La manière, monsieur! dont vous agissez avec Laurette a lieu
+de me surprendre. Vous, monsieur, vous, son père!...
+
+-- Oui et non, Lucette. C'est un secret que je veux bien
+confier à votre discrétion et à celle de Laure, qui y est
+assez intéressée pour le garder. Il est même nécessaire, par
+les circonstances, de vous en faire part à l'une et l'autre.
+
+"Il y avait quinze jours que je connaissais sa mère, quand je
+l'épousai. Je découvris dès le premier jour l'état où elle
+était; je trouvai qu'il était de la prudence de n'en rien
+faire paraître. Je la menai dans une province éloignée, sous
+un nom de terre, afin qu'on ne pût rassembler les dates. Au
+bout de quatre mois, Laure vint au monde, jouissant de la
+force et de la santé d'un enfant de neuf mois bien accomplis.
+Je restai six mois encore dans la même province et je les
+ramenai toutes deux au bout de ce terme.
+
+Vous voyez à présent l'une et l'autre que cette enfant, qui
+m'est devenue si chère, n'est point ma fille suivant la
+nature: absolument étrangère pour moi, elle n'est ma fille que
+par affection. Le scrupule intérieur ne peut donc exister, et
+toute autre considération m'est indifférente, avec de la
+prudence.
+
+Je me souvins aussitôt de la réponse qu'il avait faite à ma
+mère: le silence qu'elle observa dans ce moment ne me parut
+plus extraordinaire. Je le dis à Lucette dont l'étonnement
+cessa d'abord.
+
+-- Mais comment donc en avez-vous agi vis-à-vis de votre épouse
+lorsque cet événement fut à votre connaissance?
+
+-- Tout simplement; j'ai vécu toujours avec elle d'une manière
+indifférente, et je ne lui en ai jamais parlé que la seule
+fois dont Laure vient de vous rendre compte; encore y avait-elle
+donné lieu. Le comte de Norval, à qui elle doit le jour,
+est un cavalier aimable, bien fait et d'une figure
+intéressante, doué des qualités qui plaisent aux femmes. Je ne
+fus point étonné qu'elle se fût livrée à son penchant.
+
+Cependant, elle ne put l'épouser, ses parents ne le trouvant
+pas assez riche pour elle. Mais si Laure ne m'est rien par le
+sang et la nature, la tendre affection que j'ai conçue pour
+cette aimable enfant me la fait regarder comme ma fille et me
+la rend peut-être plus chère. Néanmoins, cet événement fut
+cause que je n'approchai jamais de sa mère, me sentant pour
+elle une opposition que sa fausseté fit naître et que je n'ai
+pu vaincre, d'autant plus que son caractère et son humeur ne
+faisaient que l'augmenter. Ainsi, je ne tiens à ma chère
+Laurette que par les liens du coeur, ayant trouvé en elle tout
+ce qui pouvait produire et m'inspirer l'attachement et
+l'amitié la plus tendre.
+
+Ma bonne m'embrassa et me fit cent caresses qui dénotaient que
+le scrupule et ses préjugés étaient enfin totalement effacés.
+Je les lui rendis avec chaleur: je pris ses tétons, que je
+trouvais si jolis; je les baisais, j'en suçais le bout. Mon
+père passa la main sur elle; il rencontra la mienne qu'il
+prit; il me la promena sur le ventre de Lucette, sur ses
+cuisses. Sa peau était d'un velouté charmant; il me la porta
+sur son poil, sur sa motte, sur sa fente: j'appris bientôt le
+nom de toutes ces parties. Je mis mon doigt où je jugeai bien
+que je lui ferais plaisir. Je sentis dans cet endroit quelque
+chose d'un peu dur et gonflé.
+
+-- Bon! Ma Laure, tu tiens l'endroit sensible, remue la main et
+ne quitte pas son clitoris tandis que je mettrai mon doigt
+dans son petit conin...
+
+Lucette me serrait entre ses bras, me caressait les fesses;
+elle prit le vit de mon papa, le mit entre mes cuisses, mais
+il n'enfonçait ni ne s'agitait. Bientôt ma bonne ressentit
+l'excès du plaisir; ses baisers multipliés, ses soupirs nous
+l'annoncèrent:
+
+
+-- Holà! holà! vite, Laurette!.., chère amie, enfonce... Ah! je
+décharge!... je me meurs!...
+
+Que ces expressions de volupté avaient de charmes pour moi! Je
+sentis son petit conin tout mouillé; le doigt de mon papa en
+sortit tout couvert de ce qu'elle avait répandu. Ah! chère
+Eugénie, que j'étais animée! Je pris la main de Lucette, je la
+portai entre mes cuisses; je désirais qu'elle fit pour moi ce
+que je venais de faire pour elle; mais mon papa, couvrant de
+sa main ma petite motte, arrêta ses mouvements, suspendit mes
+desseins. Il était trop voluptueux pour n'être pas ménagé des
+plaisirs. Il modérait ses désirs; il suspendit mon impatience
+et nous recommanda d'être tranquilles. Nous nous endormîmes
+entre les bras les uns des autres, plongés dans la plus
+agréable ivresse. Je n'avais pas encore passé de nuit qui me
+plût autant.
+
+Nous étions au milieu des caresses du réveil, lorsque mon père
+fit ouvrir à cette femme qu'il avait fait venir la veille.
+Quels furent ma surprise et mon chagrin lorsqu'elle mit sur
+moi un caleçon de maroquin doublé de velours qui, me prenant
+au-dessous des hanches, ne descendait qu'au milieu des
+cuisses! Tout était assez lâche, et ne me gênait point; la
+ceinture, seulement, me prenait juste la taille, et avait des
+courroies semblables au caleçon, qui passaient par-dessus mes
+épaules et qui étaient assemblées en haut par une traverse
+pareille, qui tenait de l'une à l'autre. On pouvait élargir
+tout cet assemblage autant qu'on le jugeait à propos. La
+ceinture était ouverte par-devant, en prolongeant plus de
+quatre doigts au-dessous. Le long de cette ouverture, il y
+avait des oeillets des deux côtés, dans lesquels mon père
+passa une petite chaîne de vermeil délicatement travaillée,
+qu'il ferma d'une serrure à secret:
+
+-- Ma chère Laure, aimable enfant, ta santé et ta conservation
+m'intéressent: le hasard t'a instruite sur ce que tu ne devais
+savoir qu'à dix-huit ans. Il est nécessaire que je prenne des
+précautions contre tes connaissances et contre un penchant que
+tu tiens de la nature et de l'amour. Tu apprendras du temps à
+m'en savoir gré, et tout autre moyen n'irait point à ma façon
+de penser, et à mes desseins.
+
+Je fus d'abord très fâchée, et je ne pouvais cacher l'humeur
+que j'en avais. Mais j'ai trop bien appris depuis combien je
+lui en devais de reconnaissance.
+
+Il avait prévu à tout. Au bas de ce caleçon était une petite
+gondole d'argent, dorée en dedans, qui était de la largeur de
+l'entre-deux de mes cuisses; toute ma petite motte y était
+renfermée. Elle se prolongeait, en s'élargissant, par une
+plaque qui s'étendait quatre doigts au-dessous de mon petit
+conin, et elle se terminait en pointe arrondie jusqu'au trou
+de mon cul, sans aucune incommodité. Elle était fendue en
+long, et cette fente s'ouvrait et se fermait, par des
+charnières à plat, en écartant ou resserrant les cuisses. Un
+canal d'anneaux à charnières plates, de même métal, y était
+attaché et me servait de conduit. Ce caleçon avait un trou
+rond, assez grand, vis-à-vis celui de mon cul, qui me laissait
+la liberté de faire toutes les fonctions nécessaires sans
+l'ôter. Mais il m'était impossible d'introduire le doigt dans
+mon petit conin, et encore moins de le branler, point
+essentiel que mon père voulait éviter, et dont la privation me
+faisait le plus de peine.
+
+J'ai pensé bien des fois depuis, ma chère, qu'on ferait bien
+d'employer quelque chose de semblable pour les garçons, afin
+d'éviter les épuisements où ils se plongent avant l'âge. Car,
+de quelque façon qu'on veille sur eux, la société qu'ils ont
+ensemble ne leur apprend que trop, et trop tôt, la manière de
+s'y livrer.
+
+Pendant quatre ou cinq années qui se sont écoulées depuis ce
+jour-là, tous les soirs mon père ôtait lui-même ce caleçon;
+Lucette le nettoyait avec soin et me lavait. Il examinait s'il
+me blessait, et il me le remettait. Depuis ce moment, jusqu'à
+l'âge de seize ans, je ne le quittai pas.
+
+Durant tout ce temps, mes talents s'accrurent, et j'acquis des
+lumières dans tous les genres. Une curiosité naturelle me
+faisait désirer d'apprendre les raisons de tout; chaque année
+voyait augmenter mes connaissances, et je ne cessais de
+chercher à en acquérir. Je m'étais accoutumée à
+l'emprisonnement où j'étais, et la perspective de la fin
+m'avait rendu supportable le temps où j'y étais condamnée. Je
+m'étais fait une raison de cette nécessité d'autant plus
+aisément qu'elle ne m'empêchait pas de jouir des caresses que
+je faisais ou de celles dont j'étais témoin, puisque j'avais
+mis ma bonne et mon papa dans le cas de n'être pas gênés par
+ma présence.
+
+Parmi toutes les questions que je lui faisais, je n'oubliais
+guère celle où je trouvais le plus d'intérêt. Plus j'avançais
+en âge, plus la nature parlait en moi, avec d'autant plus de
+force que leurs plaisirs l'animaient vivement. Aussi lui
+demandais-je souvent sur quelles raisons était fondée la
+nécessité de la contrainte où il me tenait, et quel était le
+sujet des précautions qu'il avait prises vis-à-vis de moi. Il
+m'avait toujours renvoyée à un âge plus avancé. J'étais enfin
+dans ma seizième année lorsqu'il me donna la solution de cette
+demande:
+
+-- Puis-je donc à la fin, cher papa, savoir quelles sont les
+causes qui vous ont engagé de me faire porter ce fâcheux
+caleçon, puisque vous m'assurez avoir tant de tendresse pour
+votre Laurette? Ma bonne est plus heureuse que moi, ou vous
+m'aimez moins qu'elle. Expliquez-moi donc aujourd'hui les vues
+qui vous y ont déterminé.
+
+-- Cette même tendresse, cette même affection que j'ai pour
+toi, ma chère fille, ne te fait plus regarder comme une
+enfant. Tu es à présent dans l'âge où l'on peut t'instruire à
+peu près de tout, et peut-être le dois-je encore plus avec
+toi.
+
+"Apprends donc, ma Laurette, que la nature, chez l'homme,
+travaille à l'accroissement des individus jusqu'à quinze ou
+seize ans. Ce terme est plus ou moins éloigné suivant les
+sujets, mais il est assez général pour ton sexe.
+
+Cependant, il n'est dans le complément de sa force qu'à
+dix-sept ou dix-huit ans. Dans les hommes, la nature met plus de
+temps à acquérir sa perfection. Lorsqu'on détourne ses
+opérations par des épanchements prématurés et multipliés d'une
+matière qui aurait dû servir à cet accroissement, on s'en
+ressent toute la vie et les accidents qui en résultent sont
+des plus fâcheux. Les femmes, par exemple, ou meurent de bonne
+heure, ou restent petites, faibles et languissantes, ou
+tombent dans un marasme, un amaigrissement qui dégénère en
+maux de poitrine dont elles sont bientôt les victimes, ou
+elles privent leur sang d'un véhicule propre à produire leurs
+règles dans l'âge ordinaire, et d'une manière avantageuse, ou
+elles sont enfin sujettes à des vapeurs, à des crispations de
+nerfs, à des vertiges, ou à des fureurs utérines, à
+l'affaiblissement de la vue et au dépérissement; elles
+terminent leurs jours dans un état quelquefois fort triste.
+Les jeunes gens essuient des accidents à peu près semblables;
+ils traînent des jours malheureux, s'ils ne meurent pas
+prématurément.
+
+Cet affreux tableau, chère Eugénie, m'effraya et m'engagea de
+lui témoigner ma reconnaissance de son amitié et de ses soins
+en mettant de bonne heure obstacle au penchant que je me
+sentais pour le plaisir et la volupté. La vie me paraissait
+agréable, et, quelque goût que j'eusse pour le plaisir, je ne
+voulais point l'acheter, lui disais-je, aux dépens de mes
+jours et de ma santé.
+
+-- Je l'ai reconnu d'abord en toi, ma chère Laurette, ce
+penchant; je savais que, dans l'âge où tu étais, toutes les
+raisons du monde ne pouvaient en détourner; c'est ce qui m'a
+fait prendre des précautions que tu n'as pu vaincre, et que je
+n'ai pas dessein de lever encore. Il serait même avantageux
+qu'elles pussent être mises en usage pour toutes sortes de
+jeunes gens que des circonstances imprévues, ou des personnes
+imprudentes, ont malheureusement instruits beaucoup trop tôt.
+
+La frayeur d'une santé délabrée, la crainte d'une mort
+prématurée, se présentaient vivement à mon imagination;
+cependant, ce que je lui avais vu faire à Lucette, et la
+manière dont il vivait avec elle, suspendaient en quelque
+sorte l'énergie de ses images, la force et l'effet de ses
+raisons: je ne pus me refuser de lui faire part de mes doutes:
+
+-- Pourquoi donc, cher papa, ne prenez-vous pas avec ma bonne
+les mêmes précautions qu'avec moi? Pourquoi lui procurez-vous
+souvent, au contraire, ce que vous me refusez entièrement?
+
+-- Mais, ma fille, fais donc attention que Lucette est dans un
+âge absolument formé, qu'elle n'abandonne que le superflu de
+son existence, que c'est le temps où elle peut nourrir dans
+son sein d'autres êtres et que, dès cet instant, elle a plus
+qu'il ne faut pour la conservation du sien, ce qui s'annonce
+si bien par l'exactitude de ses règles. Il ne faut pas te
+cacher non plus, ma chère Laurette, que, chez elle, une trop
+grande quantité de semence retenue, en refluant dans son sang,
+y porterait le feu et le ravage, ou, en stagnant dans les
+parties qui la séparent du reste des humeurs, pourrait se
+corrompre ou embarrasser la circulation; elle serait exposée,
+peut-être, à des accidents aussi dangereux que ceux de
+l'épuisement: tels sont les vapeurs, les vertiges, la démence,
+les accès frénétiques et autres.
+
+N'en voit-on pas des exemples fâcheux dans certains monastères
+où le cagotisme règne en despote, et où rien ne soulage de
+malheureuses recluses qui n'ont pas l'esprit de se retourner?
+
+"L'extravagance monacale a inventé de mêler dans leurs
+boissons des décoctions de nénuphar ou des infusions de nitre
+en vue de détourner les dispositions d'une nature trop active;
+mais, pris un certain temps, ces palliatifs deviennent sans
+effet, ou détruisent tellement l'organisation de l'estomac et
+la santé de ces prisonnières qu'il leur en survient des fleurs
+blanches, des défaillances, des oppressions et des douleurs
+internes pendant le peu de temps qu'il leur reste à vivre. Il
+y a même de ces endroits où la sottise est portée au point de
+traiter de même leurs pensionnaires, et souvent elles sortent
+de ces maisons, ou cacochymes, ou avec le genre nerveux
+attaqué, ou hors d'état de produire leur espèce, soit par la
+destruction des germes, soit par l'inertie où cet usage a
+plongé les forces de la nature et l'esprit vital; et c'est à
+quoi les parents qui chérissent leurs enfants ne font pas
+assez d'attention.
+
+"Apprends encore, ma chère Laure, qu'à un certain âge la
+fougue du tempérament commence à s'éteindre, ce qui arrive
+plus tôt chez les uns que chez les autres par une disposition
+et qualité différentes des liqueurs qui sont en nous, ou par
+une diminution de sensibilité dans les organes. Cette semence,
+alors refluée dans le sang, se tourne en embonpoint, qui
+quelquefois devient monstrueux par la suppression totale des
+épanchements, et ces individus, loin d'être propres à l'union
+des sexes, y sont même indifférents et ne conçoivent presque
+plus comment on peut y être sensible.
+
+"Mais, ma chère enfant, dans l'âge où le superflu commence à
+s'annoncer, où le feu du tempérament est un ardent brasier, si
+l'on s'en dégage avec la prudence qu'il est nécessaire de
+conserver, loin de nuire à sa santé, loin de faire tort à sa
+beauté, on entretient l'une et l'autre dans toute la vigueur
+et dans toute la fraîcheur qu'elles peuvent avoir. Cependant,
+ma Laurette, il y a bien de la différence dans les moyens. Une
+femme, entre les bras d'un homme, est bien plus animée par la
+différence du sexe: combien l'est-elle plus à proportion du
+goût qu'elle a pour lui? Elle l'est même par l'approche et
+l'attouchement d'une personne du sien qui lui plaît.
+L'imagination et la nature se prêtent avec bien plus de
+facilité et beaucoup moins d'efforts que si elle se procurait
+d'elle-même et seule ces sensations voluptueuses. Apprécie
+donc mieux à présent la conduite que je tiens entre Lucette et
+toi.
+
+-- Eh bien! cher papa, car je vous donnerai toujours ce nom, je
+me rends à des raisons si solides et je conçois votre
+prudence; mais à quel âge ferez-vous donc avec moi ce que vous
+faites avec elle? Cet instant manque à ma félicité puisque je
+ne puis remplir tous vos désirs et les satisfaire dans toute
+leur étendue.
+
+-- Attends, fille charmante, que la nature parle en notre
+faveur d'une manière intelligible. Tes tétons n'ont point
+encore acquis leur forme; le duvet qui couvre les lèvres de
+ton petit conin est encore trop faible, à peine a-t-il porté
+les premières fleurs; attends un peu plus de force: alors,
+chère Laurette, enfant de mon coeur, c'est de ta tendresse que
+je recevrai ce présent; tu me laisseras cueillir cette fleur
+que je cultive; mais attendons cet heureux instant.
+
+Ne crois pas cependant, ma chère fille, qu'à cette époque je
+te laisse livrée tout à fait à toi-même: dans une constitution
+robuste, cet instant arrivé suffit souvent, encore est-il
+nécessaire de se ménager; mais dans un tempérament délicat, il
+faut pousser l'attention bien plus loin et contraindre jusqu'à
+dix-sept ou dix-huit ans, où les femmes sont dans toute leur
+force, les penchants qu'elles peuvent avoir à se laisser aller
+aux attraits de la volupté.
+
+Tout ce qu'il me disait, Eugénie, s'imprimait fortement dans
+ma mémoire; ses raisonnements me paraissaient appuyés sur des
+fondements des plus solides, et sa complaisance à répondre
+sans déguisement à mes questions m'engageait à lui en faire de
+nouvelles. Lucette, si profondément endormie la première fois
+que je les découvris ensemble, formait un mystère pour moi que
+je désirais d'éclaircir. Un jour, enfin, je lui en demandai la
+raison:
+
+-- Pourquoi, cher papa, Lucette dormait-elle si fort le premier
+jour que vous lui découvrîtes les tétons et que vous rites
+avec elle tout ce que vous désiriez sans qu'elle s'éveillât?
+Ce sommeil était-il réel ou feint?
+
+-- Très réel, ma chère Laure, mais c'est mon secret.
+
+Dois-je t'en instruire? Oui, cet exemple pourra te devenir
+utile pour t'en garantir. Je t'avoue que depuis longtemps le
+besoin me tourmentait; j'étais souvent très animé avec toi, je
+ne pouvais me satisfaire. Je vis Lucette, elle me plut et
+parut me convenir de toutes manières. Mais, voyant qu'elle
+reculait et balançait à se rendre à mes désirs, je pris mon
+parti: je lui fis avaler quinze ou vingt gouttes d'une potion
+dormitive dans le verre de liqueur que je lui donnai; tu en as
+vu l'effet. Mais je ne me contentai pas de cela: je redoutais
+le moment de son réveil et je craignais que la surprise et la
+colère ne l'emportassent trop loin. Pour l'éviter, j'avais
+préparé d'avance une composition capable d'exciter la nature à
+la concupiscence: c'est ce qu'on appelle un philtre. Quand je
+t'eus portée dans mon lit, je revins en prendre trois ou
+quatre gouttes dans ma main, dont je frottai toute sa motte,
+son clitoris et l'entre-deux des lèvres. Cette liqueur a même
+la propriété d'exciter un homme affaibli, et de le faire
+bander s'il s'en frotte à la même dose le périnée et toutes
+les parties quelque temps avant d'entrer en lice. Lucette ne
+fut pas une heure couchée qu'elle s'éveilla; elle ressentait
+une démangeaison, une ardeur, une passion que rien ne pouvait
+éteindre. Elle ne parut point étonnée de me voir dans ses
+bras; elle les passa autour de moi, et loin d'opposer de la
+résistance à mes caresses et à mes désirs, tout émue par les
+siens elle écarta d'elle-même les genoux, et bientôt je goûtai
+les plaisirs les plus vifs, que je lui fis partager. Mais
+attentif aux suites qui pouvaient en arriver, au moment où je
+sentis la volupté prête à s'élancer comme une flamme, je me
+retirai et j'inondai sa motte et son ventre d'une copieuse
+libation que je répandis sur l'autel où je portais alors tous
+mes voeux.
+
+"Depuis ce moment, Lucette s'est toujours prêtée à mes
+volontés, et c'est par sa complaisance, mon inattention et la
+curiosité que je ne soupçonnais pas de ton âge que tu as
+découvert ce mystère. Elle ignore ce que je viens de
+t'apprendre, et tu dois garder ma confidence.
+
+-- Soyez-en assuré, cher papa, mais achevez-la, je vous prie,
+tout entière. Ne craignez-vous pas de lui faire un enfant si
+vous ne vous retirez pas toujours à temps? En est-on
+absolument le maître? N'est-on pas quelquefois emporté par le
+plaisir, et la crainte qu'on peut avoir de ses suites n'en
+diminue-t-elle pas l'étendue et l'excès?
+
+-- Ah! ma fille, jusqu'où ton imagination curieuse ne va-t-elle
+pas? Je vois bien que je ne dois rien te cacher. Si je ne te
+garantissais pas de tout événement, je ferais sans doute une
+folie de t'éclairer; mais je ne risque rien avec toi, et ta
+raison est au-delà de ton âge.
+
+"Apprends donc que la semence qui n'est point dardée dans la
+matrice ne peut rien produire; qu'elle ne peut s'y rendre
+lorsqu'on intercepte le sucement qui lui est ordinaire. Cela
+reconnu, plusieurs femmes ont imaginé de repousser, par un
+mouvement interne, la semence, au moment où elles croyaient
+leur amant dans les délices du plaisir; mais pour qu'elles
+aient cette liberté d'esprit, il ne faut pas qu'elles le
+partagent, privation bien dure; encore rien n'est-il moins
+assuré. Des hommes ont pensé qu'en se retirant presque à
+l'entrée il n'y avait rien à craindre. Mais ils se trompent,
+la matrice étant une pompe avide. D'ailleurs, il y a des
+hommes qui, emportés par les délicieuses sensations qu'ils
+éprouvent, ne sont pas maîtres de se retirer à temps.
+L'inquiétude, la crainte des suites diminuent ordinairement
+l'excès du plaisir. Mais un moyen auquel on peut avoir la plus
+grande confiance est celui que j'emploie avec Lucette; il
+donne la liberté de se livrer sans inquiétude à tous les
+transports, et le feu du plaisir. J'engageai donc ta bonne,
+depuis le jour où tu nous as découverts, à se munir avant nos
+embrassements d'une éponge fine avec un cordon de soie délicat
+qui la traverse en entier, et qui sert à la retirer. On imbibe
+cette éponge dans l'eau mélangée de quelques gouttes d'eau-de-vie;
+on l'introduit exactement à l'entrée dé la matrice, afin
+de la boucher; et quand bien même les esprits subtils de la
+semence passeraient par les pores de l'éponge, la liqueur
+étrangère qui s'y trouve, mêlée avec eux, en détruit la
+puissance et la nature. On sait que l'air même suffit pour la
+rendre sans vertu. Dès lors, il est impossible que Lucette
+fasse des enfants.
+
+-- J'avais déjà pressenti, cher papa, l'utilité de cette
+éponge, mais j'en désirais l'explication, et celle que tu m'en
+donnes satisfait toutes mes idées.
+
+-- Je t'avoue, ma Laurette, qu'elle est un effet de ma
+tendresse pour toi, et c'est un aveu que je ne m'attendais pas
+à te faire, surtout dans un âge aussi tendre; de pareils
+secrets sont propres à chasser bien loin la timidité de
+beaucoup de filles que la crainte des suites retient le plus
+souvent.
+
+Je n'ai pas oublié cette découverte dans le besoin. Je t'en ai
+déjà fait part, chère Eugénie, de cette ressource favorable et
+salutaire à laquelle tu as eu assez de foi, sur ma propre
+expérience, pour te livrer à ta tendresse et aux
+sollicitations de ton amant.
+
+Telle était une partie des conversations que nous mêlions à
+nos plaisirs, à nos caresses et aux autres instructions qu'il
+me donnait, dont il avait l'art de me faire profiter sans
+peine. Les livres de toutes espèces étaient entre mes mains;
+il n'y en avait aucun d'excepté: mais il dirigeait mon goût
+sur ceux qui traitaient des sciences, aussi loin qu'ils
+pouvaient convenir à mon sexe. Je veux t'en donner un
+échantillon, et un léger précis dans une matière où je l'avais
+souvent questionné:
+
+-- Peux-tu concevoir, ma Laure, et fixer un point d'arrêt sur
+l'immensité dont notre globe est environné? Pousse-la aussi
+loin que ton imagination puisse l'étendre, à quelle distance
+inconcevable seras-tu encore du but? Que penses-tu qui
+remplisse cet espace immense? Des éléments dont la nature et
+le nombre sont et seront toujours inconnus; il est impossible
+de savoir s'il n'y en a qu'un seul dont les modifications
+présentent à nos yeux et à notre pensée ceux que nous
+apercevons, ou si chacun de ces éléments a une racine
+absolument propre qui ne puisse être convertie en une autre.
+Dans une ignorance si parfaite de la nature des choses dont
+nous faisons tous les jours usage, il paraît ridicule que les
+hommes aient fixé le nombre de ces éléments: rien n'est plus
+digne de la sphère étroite de leurs idées, et néanmoins, à les
+entendre, il semble qu'ils aient assisté aux dispositions de
+l'Ordonnateur éternel. Mais enfin, qu'ils soient un ou
+plusieurs, l'assemblage de leurs parties forme les corps et se
+trouve uni dans un nombre très multiplié de globules de feu et
+de matière qui paraît inerte aux yeux préoccupés. Que penses-tu
+donc de ces points de feu brillants connus parmi nous sous
+le nom d'étoiles? Eh bien! ma fille, ce sont de vastes globes
+enflammés semblables à notre soleil, établis pour éclairer,
+échauffer et donner la vie à une multitude de globes
+terrestres, peut-être chacun aussi peuplé que le nôtre.
+Quelques-uns ont cru qu'ils étaient placés là pour nous
+éclairer pendant la nuit; l'amour-propre leur fait rapporter
+tout à nous, afin que tout aille à eux. Et de quoi nous
+servent-ils, ces globes, quand l'air est obscurci par les
+nuages ou les vapeurs? La lune paraîtrait plutôt être destinée
+à cet office; elle nous éclaire dans l'absence du soleil, même
+à travers les parties nébuleuses qui couvrent souvent notre
+horizon; et cependant ce n'est pas là son unique destination:
+on ne peut même affirmer qu'elle n'est pas un monde, dont les
+habitants doutent si nous existons et sont peut-être assez
+stupides pour se flatter de jouir seuls de la magnificence des
+cieux; peut-être aussi sont-ils plus pénétrants, plus
+ingénieux que nous, ou pourvus de meilleurs organes, et qu'ils
+savent juger plus sainement des choses. Les planètes sont des
+terres comme la nôtre, peuplées sans doute de végétaux et
+d'animaux différents de ceux que nous connaissons, car rien
+dans la nature n'est semblable.
+
+"Dans ce point de vue, et parmi cette infinité de boules de
+matière, que devient notre terre? Un point qui fait nombre
+parmi les autres. Et nous! fourmis répandues sur cette boule,
+que sommes-nous donc pour être le type, le point central et le
+but où se rendent les prétendues vérités dont on berce
+l'enfance?
+
+C'est à peu près ainsi que mon père tâchait chaque jour de
+tracer dans mon esprit des impressions de philosophie.
+
+Je lui demandai un jour:.
+
+-- Quel est cet Etre créateur de tout, que je sentais mal
+défini dans les notions qu'on m'en avait données?
+
+Il me dit:
+
+-- Cet Etre magnifique est incompréhensible; il est senti sans
+être connu; c'est nos respects qu'il exige; il méprise nos
+spéculations. S'il existe plusieurs éléments, c'est de ses
+mains qu'ils sortent; il les a créés par la puissance de sa
+volonté: il est donc l'âme de l'univers. S'il n'existe qu'un
+élément, il ne peut être que lui-même: connaissons-nous les
+bornes de son pouvoir? N'a-t-il pas pu dépendre de lui de se
+transformer dans la matière que nous voyons, dont nous ne
+connaissons ni la nature ni l'essence? Et ce qu'il a pu faire
+dans un temps, ne l'a-t-il pas pu de toute éternité? C'en est
+assez, ma chère enfant, pour le présent; quand tu seras dans
+un âge plus avancé, j'écarterai de tout mon pouvoir les voiles
+qui couvrent la vérité.
+
+Mon père se plaisait à me faire lire des livres de morale dont
+nous examinions les principes, non sous la perspective
+vulgaire, mais sous celle de la nature. En effet, c'est sur
+les lois dictées par elle et imprimées dans nos coeurs qu'il
+faut la considérer. Il la réduisait à ce seul principe, auquel
+tout le reste est étranger mais qui renferme une étendue
+considérable: faire pour les autres ce que nous voudrions
+qu'on fit pour nous, lorsque la possibilité s'y trouve; et ne
+point faire aux autres ce que nous ne voudrions pas qu'on nous
+lit. Tu vois, ma chère, que cette science dont on parle tant
+n'est jamais relative qu'à l'espèce humaine; et si elle n'est
+rien en elle-même, au moins est-elle utile à son bonheur.
+
+Les romans étaient presque bannis de mes yeux, et il me
+faisait voir, dans presque tous, une ressemblance assez
+générale dans le tissu, les vues et le but, à la différence
+près du style, des événements et de certains caractères. Il y
+en avait cependant plusieurs qui étaient exceptés de cette
+règle; il me donnait volontiers ceux dont le sujet était
+moral. Peu des autres peignent les hommes et les femmes de
+leurs véritables couleurs: ils y sont présentés sous le plus
+bel aspect. Ah! ma chère, combien cette apparence est en
+général loin de la réalité: les uns et les autres vus de près,
+quelle différence n'y trouve-t-on pas? Je puisais dans les
+voyageurs et dans les coutumes des nations un genre
+d'instruction qui me faisait mieux apprécier l'humanité en
+général, comme la société fait apercevoir les nuances des
+caractères.
+
+Les livres d'histoire, qui me rendaient compte des moeurs
+antiques et des préjugés différents qui, tour à tour, ont
+couvert la surface de la terre, étaient ma balance. Les
+ouvrages de nos meilleurs poètes formaient le genre amusant,
+pour lequel mon goût était le plus décidé et que j'inculquais
+avec empressement dans ma mémoire.
+
+Il me remit un jour entre les mains un livre qui venait de
+paraître, en me recommandant d'y réfléchir:
+
+-- Lis, ma chère Laurette. Cet ouvrage est la production d'un
+génie dont tu as lu presque tout ce qu'il a mis au jour et
+dont ta mémoire possède plusieurs morceaux, qui unit un style
+élevé, élégant, agréable et facile, propre à lui seul à des
+idées profondes. Zadig, paré de ses mains, t'apprendra sous
+l'allégorie d'un conte qu'il n'arrive point d'événements dans
+la vie qui soient à notre disposition.
+
+"De quelque aveuglement dont l'amour-propre et la vanité nous
+fascinent, sois assurée que, pour un esprit attentif et
+réfléchi, il est d'une vérité palpable et constante que tout
+s'enchaîne afin de suivre un ordre fixé pour l'ensemble et
+pour chacun en particulier; des circonstances imprévues
+forcent les idées et les actions des humains; des raisons
+éloignées, et souvent imperceptibles, les entraînent dans une
+détermination qui, presque toujours, leur paraît volontaire:
+elle semble venir d'eux et de leur choix, tandis que tout les
+y porte sans qu'ils s'en aperçoivent. Ils tiennent même de la
+nature les formes, le caractère et le tempérament qui
+concourent à leur faire remplir le rôle qu'ils ont à jouer, et
+dont toute la marche est dessinée d'avance dans les décrets du
+moteur éternel.
+
+"Si l'on peut prévoir quelques événements, ce n'est que par
+une perspicacité, une sagacité de vue sur la chaîne de ces
+circonstances qu'on ne peut cependant changer, et qui est
+d'une force irrésistible, même pour ce qui constitue le
+malheur. Le plus sage est celui qui sait se prêter au cours
+naturel des choses.
+
+Pour toi, ma chère Eugénie, ton esprit facile sait se plier à
+tout; ta docilité te rend heureuse et tu sais l'être malgré
+les entraves mises à ta liberté; tu savoures les plaisirs que
+tu inventes sans t'inquiéter de ceux qui te manquent.
+
+J'avançais en âge et j'atteignais la fin de ma seizième année
+lorsque ma situation prit une face nouvelle: les formes
+commençaient à se décider; mes tétons avaient acquis du
+volume, j'en admirais l'arrondissement journalier, j'en
+faisais voir tous les jours les progrès à Lucette et à mon
+papa, je les leur faisais baiser, je mettais leurs mains
+dessus et je leur faisais faire attention qu'ils les
+remplissaient déjà; enfin, je leur donnais mille marques de
+mon impatience. Elevée sans préjugés, je n'écoutais, je ne
+suivais que la voix de la nature: ce badinage l'animait et
+l'excitait vivement, je m'en apercevais:
+
+-- Tu bandes, cher papa, viens...
+
+Et je le mettais entre les bras de Lucette. Je n'étais pas
+moins émue, mais je jouissais de leurs plaisirs. Nous vivions,
+elle et moi, dans l'union la plus intime; elle me chérissait
+autant que je l'aimais; je couchais ordinairement avec elle,
+et je n'y manquais pas, lorsque mon papa était absent. Je
+remplissais son rôle du mieux que je le pouvais: je
+l'embrassais, je suçais sa langue, ses tétons; je baisais ses
+fesses, son ventre, je caressais sa jolie motte, je la
+branlais; mes doigts prenaient souvent la place du vit que je
+ne pouvais lui fournir, et je la plongeais à mon tour dans ces
+agonies voluptueuses où j'étais enchantée de la voir. Mon
+humeur et mes manières lui avaient fait prendre pour moi une
+affection dont je ne puis, ma chère, te donner l'idée que
+d'après la tienne. Elle m'avait vue bien des fois, au milieu
+de nos caresses, violemment animée et, dans ces moments, elle
+m'assurait qu'elle désirait que je fusse au terme où elle pût
+aussi me procurer, sans danger, les mêmes plaisirs que je lui
+donnais. Elle souhaitait que mon papa me l'eût mis et eût
+ouvert la route sur laquelle ils sont semés:
+
+-- Oui, ma chère Laure, disait-elle, quand cet instant
+arrivera, je projette d'en faire une fête; je l'attends avec
+empressement. Mais, ma chère amie, je crois apercevoir qu'il
+ne tardera pas: tes tétons naissants sont presque formés, tes
+membres s'arrondissent, ta motte se rebondit, elle est déjà
+toute couverte d'un tendre gazon, ton petit conin est d'un
+incarnat admirable, et j'ai cru découvrir dans tes yeux que la
+nature veut qu'on te mette bientôt au rang des femmes. L'année
+dernière, au printemps, tu vis les préludes d'une éruption qui
+va s'établir tout à fait.
+
+En effet, je ne tardai pas à me sentir plus pesante, la tête
+chargée, les yeux moins vifs, les douleurs de reins et des
+sensations d'une colique extraordinaire pour moi; enfin, huit
+ou dix jours après, Lucette trouva la gondole ensanglantée.
+Mon père ne me la remit pas. Ils avaient pressenti l'effet de
+ma situation; j'en étais prévenue; je restai près de neuf
+jours dans cet état, après lesquels je redevins aussi gaie et
+je jouis d'une santé aussi brillante qu'auparavant.
+
+Que j'eus de joie de cet événement! J'en étais folle,
+j'embrassai Lucette:
+
+-- Ma chère bonne, que je vais être heureuse!
+
+Je volai au cou de mon papa, je le couvris de mes baisers:
+
+-- Me voilà donc enfin à l'époque où tu me désirais!...
+
+Que je serai contente si je puis faire naître tes désirs et
+les satisfaire!... Mon bonheur est d'être tout entière à toi:
+mon amour et ma tendresse en font l'objet de ma félicité...
+
+Il me prit dans ses bras, me mit sur ses genoux. Ah! qu'il me
+rendait bien les caresses que je lui faisais! Il pressait mes
+tétons, il les baisait, il suçait mes lèvres, sa langue venait
+caresser la mienne; mes fesses, mon petit conin, tout était
+livré à ses mains brûlantes.
+
+-- Il est enfin arrivé, charmante et chère Laure, cet heureux
+instant où ta tendresse et la mienne vont s'unir dans le sein
+de la volupté; aujourd'hui même je veux avoir ton pucelage et
+cueillir la fleur qui vient d'éclore; je vais la devoir à ton
+amour, et ce sentiment de ton coeur y met un prix infini; mais
+tu dois être prévenue que, si le plaisir doit suivre nos
+embrassements et nos transports, le moment qui va me rendre
+maître de cette charmante rose te fera sentir quelques épines
+qui te causeront de la douleur.
+
+-- Qu'importe, fais-moi souffrir, mets-moi toute en sang si tu
+veux, je ne puis te faire trop de sacrifices, ton plaisir et
+ta satisfaction sont l'objet de mes désirs.
+
+Le feu brillait dans nos yeux. L'aimable Lucette, voulant
+coopérer à l'effusion du sang de la victime, ne montrait pas
+moins d'empressement que si elle-même eût été le
+sacrificateur. Ils m'enlevèrent et me portèrent dans un
+cabinet qu'ils avaient fait préparer pendant le temps de mon
+état. La lumière du jour en était absolument bannie; un lit de
+satin gros bleu était placé dans un enfoncement entouré de
+glaces. Les foyers de quatre réverbères placés dans les
+encoignures, adoucis par des gazes bleues, venaient se réunir
+sur un petit coussin de satin couleur de feu, mis au milieu,
+qui formait la pierre sur laquelle devait se consommer le
+sacrifice. Lucette exposa bientôt à découvert tous les appas
+que j'avais reçus de la nature; elle ne para cette victime
+volontaire qu'avec des rubans couleur de feu qu'elle noua
+au-dessus de mes coudes et à la ceinture dont, comme une autre
+Vénus, elle marqua ma taille. Ma tête, couronnée simplement de
+sa longue chevelure, n'avait d'autre ornement qu'un ruban de
+la même couleur qui la retenait. Je me jetai de moi-même sur
+l'autel.
+
+Quelques parures que j'eusse auparavant portées, je me
+trouvais alors bien plus belle de ma seule beauté; je me
+regardais dans les glaces avec une complaisance satisfaite, un
+contentement singulier. Je paraissais d'une blancheur
+éblouissante, mes petits tétons, si jeunes encore, s'élevaient
+sur mon sein comme deux demi-boules parfaitement rondes,
+relevées de deux petits boutons d'une couleur de chair rose;
+un duvet clair ombrageait une jolie motte grasse et rebondie
+qui, faiblement entrouverte, laissait apercevoir un bout de
+clitoris semblable à celui d'une langue entre deux lèvres; il
+appelait le plaisir et la volupté. Une taille fine et bien
+prise, un pied mignon surmonté d'une jambe déliée et d'une
+cuisse arrondie, des fesses dont les pommettes étaient
+légèrement colorées, des épaules, un cou, une chute de reins
+charmante et la fraîcheur d'Hébé. Non, l'Amour ne m'eût rien
+disputé s'il eût été de mon sexe. Tels étaient les éloges que
+Lucette et mon papa faisaient à l'envi de ma personne. Je
+nageais dans la joie et l'ivresse de l'amour-propre. Plus je
+me croyais bien, plus ils me trouvaient telle, et plus j'étais
+enchantée que ce papa si cher à mon coeur eût une entière
+jouissance de tout ce que je possédais. Il m'examinait, il
+m'admirait; ses mains, ses lèvres ardentes se portaient sur
+toutes les parties de. mon corps. Nous avions, l'un et
+l'autre, l'ardeur de deux jeunes amants qui n'ont rencontré
+que des obstacles, et qui vont enfin jouir du prix de leur
+attente et de leur amour.
+
+Je souhaitais vivement le voir dans l'état où j'étais; je l'en
+pressai avec instance; il y fut bientôt. Lucette le dégagea de
+tous ses vêtements; il me coucha sur le lit, mes fesses posées
+sur le coussin. Je tenais en main le couteau sacré qui devait
+à l'instant immoler mon pucelage. Ce vit que je caressais avec
+passion, semblable à l'aiguillon de l'abeille, était d'une
+raideur à me prouver qu'il percerait rigoureusement la rose
+qu'il avait soignée et conservée avec tant d'attention. Mon
+imagination brûlait de désir; mon petit conin tout en feu
+appétait ce cher vit, que je mis aussitôt dans la route. Nous
+nous tenions embrassés, serrés, collés l'un sur l'autre; nos
+bouches, nos langues se dévoraient. Je m'apercevais qu'il me
+ménageait; mais passant mes jambes sur ses fesses et le
+pressant bien fort, je donnai un coup de cul qui le fit
+enfoncer jusqu'où il pouvait aller, La douleur qu'il sentit et
+le cri qui m'échappa furent ceux de sa victoire. Lucette,
+passant alors sa main entre nous, me branlait, tandis que, de
+l'autre, elle chatouillait le trou de mon cul. La douleur, le
+plaisir mélangés, le foutre et le sang qui coulaient, me
+firent ressentir une sublimité de plaisir et de volupté
+inexprimables. J'étouffais, je mourais; mes bras, mes jambes,
+ma tête tombèrent de toutes parts; je n'étais plus à force
+d'être. Je me délectais dans ces sensations excessives,
+auxquelles on peut à peine suffire. Quel état délicieux!
+Bientôt, j'en fus retirée par de nouvelles caresses; il me
+baisait, me suçait, me maniait les tétons, les fesses, la
+motte; il relevait mes jambes en l'air pour avoir le plaisir
+d'examiner, sous un autre point de vue, mon cul, mon con, et
+le ravage qu'il y avait fait. Son vit que je tenais, ses
+couilles que Lucette caressait, reprirent bientôt leur
+fermeté. Il me le remit. Le passage facilité ne nous fit plus
+sentir, dès qu'il fut entré, que des ravissements. Lucette,
+toujours complaisante, renouvela ses chatouillements, et je
+retombai dans l'apathie voluptueuse que je venais d'éprouver.
+
+Mon papa, fier de sa victoire et charmé du sacrifice que mon
+coeur lui avait fait, prit le coussin qui était sous moi,
+teint du sang qu'il avait fait couler, et le serra avec le
+soin et l'empressement de l'amant le plus tendre, comme un
+trophée de sa conquête. Il revint bientôt à nous:
+
+-- Ma Laure, chère et aimable fille, Lucette a multiplié tes
+plaisirs: n'est-il pas juste de les lui faire partager?
+
+Je me jetai à son cou, je l'attirai sur le lit; il la prit
+dans ses bras et la mit à côté de moi; je la troussai d'abord
+et je la trouvai toute mouillée.
+
+-- Que tu es émue, ma chère bonne, je veux te rendre une partie
+du plaisir que j'ai eu.
+
+Je pris la main de mon papa, je lui introduisis un de ses
+doigts qu'il faisait entrer et reparaître, et je la branlai.
+Elle ne tarda pas à tomber dans l'extase d'où je venais de
+sortir.
+
+Ah! chère Eugénie, que ce jour eut de charmes pour moi! Je te
+l'avoue, tendre amie, il a été le plus beau de ma vie et le
+premier où j'ai connu les délices de la volupté dans leur plus
+haut degré. Je le rappelle encore à ma mémoire avec un
+saisissement de satisfaction que je ne peux te rendre; mais,
+en même temps, avec un cruel serrement de coeur. Faut-il que
+ce souvenir, qui me cause tant de plaisir et de joie, fasse
+naître en même temps les regrets les plus amers? Écartons pour
+un moment cette image si triste pour mon âme.
+
+Il régnait dans ce cabinet une douce chaleur; je me sentais si
+bien dans l'état où j'étais que je ne voulus rien mettre sur
+moi; j'étais d'une gaieté folle: je prétendis souper parée de
+mes seuls appas. Lucette, attentive, avait eu le soin
+d'écarter tous les domestiques et de jeter un voile épais sur
+la malignité de leurs regards; elle eut la complaisance
+d'apporter seule et de préparer tout ce qu'il fallait, et
+ferma les portes avec soin. Je ne fus pas contente que je ne
+l'eusse mise dans la situation où nous étions: je fis voler
+loin d'elle tout ce qui la couvrait; elle était charmante à
+mes yeux. Nous nous mîmes à table. Mon papa était, entre nous
+deux, l'objet de nos caresses, qu'il nous rendait tour à tour.
+Les glaces répétaient cette charmante scène; nos grâces et nos
+attitudes étaient variées par les saillies qu'inspirait un vin
+délicat; son coloris brillant y répandait même des nuances
+différentes: nous ressentîmes bientôt les effets de sa vertu
+et de nos attouchements. Nos cons étaient enflammés; son vit
+avait repris toute sa raideur et sa dureté. Dans un état aussi
+animé, aussi pressant, la table nous déplut; nous courûmes,
+nous volâmes sur le lit. Dans ce jour, qui m'était uniquement
+consacré, je fus encore plongée dans les délices d'une volupté
+suprême; il se coucha sur ma gauche, ses cuisses passées sous
+les miennes qui étaient relevées; son vit se présentait
+fièrement à l'entrée. Lucette se mit sur moi, ma tête entre
+ses genoux; son joli con était sous mes yeux; je
+l'entrouvrais, je le chatouillais, je caressais ses fesses qui
+étaient en l'air; son ventre rasait mes tétons; ses cuisses
+étaient entre mes bras; tout excitait, tout animait la flamme
+du désir. Elle écarta les lèvres de mon petit conin, qui était
+d'un rouge vif; je l'engageai d'y mettre l'éponge pour que mon
+papa jouît de moi sans inquiétude et pût décharger dedans. Il
+était sensible et douloureux: dès qu'on y touchait, je
+souffrais; cependant, malgré cette sensation douloureuse, je
+l'endurai dans l'espérance que j'en aurais bientôt de plus
+agréable. Lucette conduisit le vit de mon papa dans le chemin
+dont elle avait écarté tous les dangers, et qui n'était plus
+semé que de fleurs: il s'y précipita; il enfonça; elle me
+branlait en même temps, et je lui rendais un pareil service,
+tandis qu'il faisait avec son doigt, dans le con de ma bonne,
+le même mouvement que son vit faisait dans le mien. Ces
+variétés, ces attitudes, cette multiplicité d'objets et de
+sensations dans les approches du plaisir en augmentaient
+infiniment les délices. Nous le sentîmes venir à nous; mais
+prêts à nous échapper comme l'éclair étincelant fuit à nos
+regards, nous en savourâmes au moins toute l'étendue dans un
+délectable anéantissement, dont la douceur et les charmes ne
+peuvent qu'être sentis. Nous commencions à être fatigués.
+Lucette se releva, fut mettre ordre à tout et, dès qu'elle fut
+de retour, nous nous mîmes dans un lit, entre les bras les uns
+des autres, où nous passâmes une huit préférable pour nous au
+jour le plus pompeux.
+
+Hélas! chère Eugénie, pourquoi l'imagination va-t-elle
+toujours au-delà de la réalité qui suffit seule à notre
+bonheur? Je croyais que tous les jours allaient le disputer à
+celui qui m'avait procuré tant de plaisirs; mais mon père,
+plus soigneux, plus délicat peut-être, et veillant sans
+interruption à ma santé, m'engagea le lendemain à reprendre ce
+fatal caleçon:
+
+-- Ma chère Laurette, je ne te le cache pas, je me défie de
+toi, de nous tous; ton tempérament n'est pas encore assez
+formé pour que je t'abandonne à toi-même, et tu m'es trop
+chère pour que je ne cherche pas à te ménager avec toute
+l'attention qui peut dépendre de moi. Cependant, tu jouiras de
+nos caresses, tu nous en feras; sans gêne avec toi, tu
+partageras en quelque façon nos plaisirs; et de temps en temps
+nous te réserverons une nuit pareille, que tu trouveras
+d'autant plus agréable que tu l'attendras avec impatience.
+Enfin si tu veux me plaire, tu te prêteras à ce que je désire
+de toi et tu y consentiras avec complaisance.
+
+C'était un moyen assuré de ne pas me faire regarder cet
+emprisonnement comme insupportable. Ne crois pas non plus, ma
+chère, que ce soit par un trait de jalousie: tu verras bientôt
+le contraire. Je te laisse donc faire. Ah! chère Eugénie, que
+je m'en suis bien trouvée.
+
+Il y avait déjà près de dix-neuf mois que j'avais passé
+l'heureuse soirée dont je viens de te retracer le tableau,
+lorsque j'eus le chagrin de voir l'éloignement de Lucette.
+
+Son père, qui demeurait en province, la rappela près de lui:
+une maladie dangereuse lui fit désirer absolument son retour
+avant de mourir. Son départ nous causa la peine la plus
+sensible; nos larmes sincères furent confondues avec les
+siennes; pour moi, je ne pouvais retenir mes sanglots, qui ne
+furent enfin suspendus que par l'espérance et le désir qu'elle
+nous témoignait de revenir au plus tôt. Mais, peu de temps
+après la mort de son père, elle tomba dans une maladie de
+langueur dont elle eut beaucoup de peine à se rétablir pendant
+plus de deux ans. Son père lui avait laissé un bien-être qui
+la fit rechercher dans son canton; elle ne voulait entendre
+parler de qui que ce soit; elle trouvait, suivant ses lettres,
+une si grande différence entre mon papa et tous ceux qui se
+présentaient pour elle qu'elle en était révoltée. Enfin, elle
+ne voulait écouter aucune proposition de mariage et ne
+soupirait qu'après son retour avec nous. Néanmoins, sollicitée
+par sa mère et ses autres parents, qui lui représentaient les
+avantages qu'elle y trouvait et le besoin que sa mère,
+infirme, avait d'elle, la complaisance arracha son
+consentement contre son gré, après avoir cependant consulté
+mon papa en qui elle avait la plus entière confiance. Comme le
+parti qui s'offrait était effectivement très avantageux, il se
+crut obligé par ses principes de lui conseiller de l'accepter,
+ce qu'il fit avec une véritable répugnance, m'ayant assuré
+plusieurs fois qu'il avait un pressentiment de son malheur,
+auquel il ne voulait pourtant pas ajouter foi, le regardant
+comme une faiblesse.
+
+Cependant, elle mourut des suites de sa première couche.
+
+Je regrettais souvent l'éloignement de Lucette, que je
+regardais perdue pour moi, mais je me consolais dans les bras
+de ce cher et tendre papa. J'avais enfin totalement quitté cet
+habillement secret que j'avais si souvent maudit; mais la
+langueur de Lucette, de quelque cause qu'elle pût venir,
+ajoutant du poids aux réflexions qu'il avait déjà faites et
+aux nouvelles dont il me faisait part, le détermina à me
+ménager avec plus d'attention qu'il n'en avait mis à son
+égard, en me faisant sentir combien cela était nécessaire à ma
+constitution délicate. Je me rendais à ses raisons, avec
+d'autant plus de facilité que j'avais en lui la foi la plus
+complète. Comme il s'éloignait peu de moi et que je couchais
+toujours avec lui, il me veillait et m'arrêtait souvent
+lorsque je cédais à mes désirs avec trop d'ardeur.
+
+Depuis le départ de Lucette, il avait fait plusieurs
+changements dans son appartement; on ne pouvait plus entrer
+dans ma chambre qu'en passant par la sienne. Il avait répandu
+dans son domestique un air de sévérité sur ce sujet, qui nous
+faisait quelquefois rire ensemble. Nos lits étaient appuyés
+contre le même mur qu'il avait fait percer; et dans les
+doubles cloisons qui couvraient le fond de nos alcôves il
+avait fait pratiquer des panneaux à coulisses, qui s'ouvraient
+par un ressort que nous seuls connaissions. Il faisait
+emporter tous les soirs la clef de ma chambre par une femme
+qu'il avait prise à la place de Lucette, et que nous tenions
+tout à fait dans le rang de domestique; mais, quand nous
+étions dégagés de tout incommode, je passais par les coulisses
+et je venais, dans ses bras, jouir d'un sommeil doux et
+tranquille que me procuraient ces nuits heureuses, suivies des
+jours les plus agréables.
+
+Ce fut dans une de ces charmantes nuits qu'il me fit goûter
+une nouvelle sorte de plaisir, dont je n'avais pas d'idée; que
+non seulement je ne trouvai pas moins délicieux, mais encore
+qui me parut des plus vifs:
+
+-- Ma chère Laure, aimable enfant, tu m'as donné ta première
+fleur; mais tu possèdes un autre pucelage que tu ne dois ni ne
+peux me refuser si je te suis toujours cher.
+
+-- Ah! si tu me l'es! Qu'ai-je donc en moi, cher papa, dont tu
+ne puisses disposer à ton gré et qui ne soit pas à toi?
+Heureuse quand je puis faire tout ce qui peut contribuer à ta
+satisfaction, mon bonheur est établi sur elle!
+
+-- Fille divine, tu m'enchantes, la nature et l'amour ont pris
+plaisir à former tes grâces; partout en toi séjourne la
+volupté, elle se présente avec mille attraits différents dans
+toutes les parties de ton corps; dans une belle femme qu'on
+adore, et qui paie d'un semblable amour, mains, bouche,
+aisselles, tétons, cul, tout est con.
+
+-- Eh bien! choisis, tu es le maître et je suis toute à tes
+désirs.
+
+Il me fit mettre sur le côté gauche, mes fesses tournées vers
+lui. Et, mouillant le trou de mon cul et la tête de son vit,
+il l'y fit entrer doucement. La difficulté du passage levée ne
+nous présenta plus qu'un nouveau chemin semé de plaisirs
+accumulés; et, soutenant ma jambe de son genou relevé, il me
+branlait, en enfonçant de temps en temps le doigt dans mon
+con. Ce chatouillement réuni de toutes parts avait bien plus
+d'énergie et d'effet; quand il reconnut que j'étais au moment
+de ressentir les derniers transports, il hâta ses mouvements,
+que je secondais des miens. Je sentis le fond de mon cul
+inondé d'un foutre brûlant, qui produisit de ma part une
+décharge abondante. Je goûtais une volupté inexprimable,
+toutes les parties sensibles y concouraient, mes transports et
+mes élans en faisaient une démonstration convaincante; mais je
+ne les devais qu'à ce vit charmant, pointu, retroussé et peu
+puissant, porté par un homme que j'adorais.
+
+-- Quel séduisant plaisir, chère Laurette! et toi, belle amie,
+qu'en dis-tu? Si j'en juge par celui que tu as montré, tu dois
+en avoir eu beaucoup!
+
+-- Ah! cher papa, infini, nouveau, inconnu, dont je ne peux
+exprimer les délices, et dont les sensations voluptueuses sont
+multipliées au-delà de tout ce que j'ai éprouvé jusqu'à
+présent.
+
+-- En ce cas, ma chère enfant, je veux une autre fois y
+répandre plus de charmes encore, en me servant en même temps
+d'un godemiché, et je réaliserai par ce moyen l'Y grec du
+Saint-Père.
+
+-- Papa, qu'est-ce donc qu'un godemiché?
+
+-- Tu le verras, ma Laure, mais il faut attendre un autre jour.
+
+Le lendemain je ne lui parlai que de cela; je voulais le voir
+absolument; je le pressai tant qu'il fallut enfin qu'il me le
+montrât. J'en fus surprise; je désirais qu'il m'en fît faire
+l'essai le soir même, mais il me remit au surlendemain. Je
+veux, ma chère, faire avec toi, comme papa me fit alors; je ne
+t'en ferai la description que dans une autre scène où nous le
+mîmes en usage. Je t'en ai déjà parlé de vive voix, et je
+regrettais de ne pas l'avoir dans nos caresses où j'aurais
+avec tant de plaisir joué le rôle d'un amant tendre avec toi;
+mais je ne l'oublierai sûrement pas quand j'irai retrouver ma
+consolation dans tes bras.
+
+Malgré la distance qu'il mettait dans les plaisirs qu'il me
+procurait, il n'y avait aucune sorte de variété qu'il n'y
+répandît pour y ajouter de nouveaux attraits; il m'était
+d'autant plus facile de les y trouver que je l'aimais avec
+toute la passion dont j'étais capable. Quelquefois il se
+mettait sur moi, sa tête entre mes cuisses et la mienne entre
+ses genoux; il couvrait de sa bouche ouverte et brûlante
+toutes les lèvres de mon con; il les suçait, il enfonçait sa
+langue entre deux, du bout il branlait mon clitoris, tandis
+qu'avec son doigt ou le godemiché il animait, il inondait
+l'intérieur. Je suçais moi-même la tête de son vit; je la
+pressais de mes lèvres; je la chatouillais de ma langue; je
+l'enfonçais tout entier, je l'aurais avalé. Je caressais ses
+couilles, son ventre, ses cuisses et ses fesses. Tout est
+plaisir, charmes, délices, chère amie, quand on s'aime aussi
+tendrement et avec autant de passion.
+
+Telle était la vie délicieuse et enchantée dont je jouissais
+depuis le départ de ma chère bonne. Déjà huit ou neuf mois
+s'étaient écoulés, qui m'avaient paru fuir bien rapidement.
+
+Le souvenir et l'état de Lucette étaient les seuls nuages qui
+se montraient dans les beaux jours que je passais alors;
+variés par mille plaisirs, suivis de nuits qui m'intéressaient
+encore davantage, je faisais consister toute ma satisfaction
+et ma félicité à les voir disparaître pour employer tous les
+moments qu'ils me laissaient entre les bras de ce tendre et
+aimable papa, que j'accablais de mes baisers et de mes
+caresses. Il me chérissait uniquement, mon âme était unie à la
+sienne, je l'aimais à un degré que je ne puis te peindre.
+
+Mais, chère Eugénie, que vas-tu penser de ton amie sur une
+confession que je ne t'ai pas encore faite? Quelle scène
+nouvelle tu vas voir paraître, et quel fondement peut-on faire
+sur soi-même? A quel degré d'extravagance l'imagination
+exaltée n'entraîne-t-elle pas? Qui peut donc répondre de ses
+caprices et de son tempérament? Si le coeur est toujours le
+même, s'il est plein des mêmes sentiments, faut-il que des
+désirs violents, souvent pour un vain fantôme qu'on se crée,
+nous poussent au-delà du but où nous devrions nous arrêter et
+nous mènent bien plus loin que nous ne devrions aller? J'en
+suis un exemple frappant.
+
+Dois-je te faire cet aveu? Oui, ne cachons rien à l'amie de
+mon coeur; je rougis moins de te le dire que d'en avoir eu la
+folie. Une circonstance va te la développer tout entière, et
+te fera voir en même temps la bonté, la douceur et le vif
+intérêt de mon père pour moi, la justesse de son esprit, la
+force de son âme, de son attachement et de sa complaisance.
+Elle me fit connaître plus que jamais à quel point il méritait
+tout mon coeur et mon amour; aussi son image le remplira-t-elle
+toujours, et ne s'en effacera qu'avec ma vie.
+
+Dans la même maison que nous occupions végétait une vieille
+dévote, veuve et âgée, qui ne croyait son temps bien employé
+qu'en passant la plus grande partie du jour à courir les
+églises. Elle avait trois enfants. L'aîné, débauché dans toute
+l'étendue de l'expression, ne fréquentait que la plus mauvaise
+compagnie; à peine le connaissions-nous de vue. Jouissant du
+bien qui lui revenait de son père, il le dissipait avec
+profusion. Son frère, de beaucoup plus jeune, avait quelques
+mois au-dessus de seize ans lorsqu'il quitta le collège pour
+revenir chez sa mère. C'était un garçon beau comme on peint
+l'Amour, d'une humeur égale et d'un caractère fort doux. Ils
+avaient une soeur fort gentille, qui atteignait ses quinze ans
+et demi.
+
+Représente-toi, chère Eugénie, une petite brune claire, teint
+animé, oeil vif, nez troussé, bouche agréable et vermeille,
+taille découplée, toute mignonne, d'une vivacité pétulante,
+folle autant qu'il se puisse, et outre cela très amoureuse;
+mais fine, et en même temps discrète sur ce qui pouvait avoir
+trait à ses plaisirs. Tous les jours elle plaisantait sur les
+sermons que lui faisait de temps en temps sa bonne dévote de
+mère. J'avais lié connaissance avec elle plus particulièrement
+huit ou neuf mois après le départ de Lucette et, par cette
+occasion, j'avais fait celle de son jeune frère lorsqu'il
+revint avec elle. Souvent ils venaient me voir et il ne se
+passait guère de jours que nous ne fussions ensemble. Sa mère
+en était d'autant plus satisfaite qu'elle me donnait
+journellement pour exemple à sa fille. Il est vrai que je
+tenais de la nature et de l'éducation que je recevais de mon
+papa un air plus réservé. Ne penses-tu pas, Eugénie, avec moi
+que si, dans nos usages, l'amour dégrade nos réputations,
+l'imprudence dans le choix et dans la conduite y contribue
+totalement, et surtout ces airs de coquetterie, ces façons
+libres et qui ne tiennent à rien, quoique souvent elles ne
+vont pas plus loin; tandis qu'une hypocrite, une dévote, une
+femme attentive aux dehors les sauvent en jouissant sous le
+voile du mystère; mais elles conservent leur réputation sous
+ces apparences; elles font bien, et mieux encore si elles ont
+la prudence de mettre un frein à leur langue sur la conduite
+des autres; modération qui détourne les curieux ou les
+intéressés de l'examen recherché qu'ils pourraient faire.
+Encore une fois, ce n'est pas dans le fait, c'est dans les
+manières et par un mauvais choix qu'on se perd.
+
+Je m'aperçus bientôt que mon père les étudiait avec attention;
+il jugea Vernol et sa soeur. Il me dit que Rose en savait plus
+que sa nourrice ne lui en avait enseigné, et que si, sur le
+plaisir et la jouissance, elle était plus ignorante que moi,
+ce dont il doutait, elle avait grande disposition à en
+apprendre davantage, et que si j'étais curieuse de juger de
+ses connaissances, je pouvais l'éprouver. Les différents
+badinages où je l'engageai depuis me mirent à même d'en porter
+le même jugement. Mais il s'expliqua peu sur Vernol.
+
+Mes talents s'étaient perfectionnés. Musicienne, pinçant la
+harpe avec délicatesse, chantant avec goût, déclamant avec
+intelligence, j'avais formé une société où j'admis Rose et
+Vernol. Bientôt il eut par là le moyen de me faire apercevoir
+la passion qu'il avait prise pour moi. Il me cherchait, il me
+suivait sans cesse, les prétextes ne lui manquaient pas. Ses
+rôles étaient animés, remplis d'attention, de soins, de
+complaisance: tout me disait ce qu'il n'osait prononcer.
+
+Je m'en aperçus, et, lorsque j'en fus persuadée, j'en fis part
+à mon papa avec ce ton et ce sourire qui annoncent la
+plaisanterie:
+
+-- Laure, je l'ai soupçonné dès les premiers instants; ses
+yeux, son teint deviennent plus animés quand il est près de
+toi; son air quelquefois embarrassé et toutes ses démarches le
+décèlent. Eh bien! ma fille, avec cette connaissance de son
+amour pour toi, que ressens-tu pour lui?
+
+Je ne m'étais pas encore consultée, ma chère Eugénie, je
+n'avais pas fouillé dans les replis de mon âme et, croyant
+n'avoir pour Vernol que ce sentiment qu'on nomme amitié, je
+lui en parlai sur ce ton. Mais un service de mon père, en me
+demandant si c'était là tout, suffit pour me faire rentrer en
+moi, et je reconnus bientôt, en y réfléchissant, que la
+présence de Vernol m'animait, et que lorsqu'il n'était pas
+avec sa soeur il me manquait quelque chose; car, sans y faire
+attention, je demandais à Rose avec une sorte d'empressement
+ce que son frère était devenu. Je ne pouvais concevoir comment
+je m'étais éprise d'un tel caprice avec lequel mon coeur était
+si peu d'accord. Sa figure, il est vrai, me charmait; sa
+douceur et ses soins en augmentaient les attraits.
+
+A l'air de mon père, il était aisé de juger qu'il avait
+découvert en moi ce que je n'osais presque encore m'avouer à
+moi-même; il fut quelque temps sans m'en parler. Je l'aimais
+toujours autant, et plus, s'il était possible, que je n'avais
+jamais fait; mon empressement et mon goût pour lui ne
+diminuaient point; enfant de la nature et de la vérité, je n'y
+mettais ni politique ni dissimulation. On prétend que nous
+sommes naturellement fausses; je crois que cette fausseté est
+d'acquisition, et selon l'éducation reçue. Enfin, je me
+sentais capable de tout sacrifier pour ce cher et tendre père,
+et je pris une résolution intérieure d'éviter les poursuites
+et les soins de ce beau garçon. Je n'avais pu concevoir
+l'accord des sensations et de la fantaisie que j'éprouvais
+pour Vernol avec les sentiments de mon coeur pour ce tendre
+papa; mais la disposition où je me trouvais me fit connaître
+par la suite la différence des mouvements qui m'agitaient. Tu
+concevras difficilement, chère Eugénie, cette différence; il
+faut l'avoir sentie pour la connaître: bien des hommes
+pourraient t'apprendre à faire la distinction qui s'y trouve.
+Mon père voulut la juger en moi, et s'en assura en me mettant
+à une épreuve à laquelle je ne m'attendais nullement:
+
+-- Laure, quelques-uns de vos amis actuels me font de la peine;
+je désirerais que vous ne voyiez plus Rose ni son frère.
+
+Je ne balançai pas un instant, et, me jetant à son cou, le
+serrant, le pressant contre mon sein:
+
+-- J'y consens bien volontiers, cher papa, je te conjure même
+de quitter cette demeure, ou que tu me mènes à la campagne: je
+ne serai plus dans le cas de me trouver avec eux. Partons dès
+demain, je serai bientôt prête.
+
+En effet, je courus préparer mon trousseau. J'y étais occupée
+lorsqu'il me rappela. Il me prit sur ses genoux et me dit en
+m'embrassant:
+
+-- Chère Laurette, je suis content de ta tendresse et de ton
+affection; tes yeux secs me disent que c'est sans peine que tu
+veux me faire un sacrifice. Avoue-le-moi, je t'y engage;
+ouvre-moi ton coeur car, sans doute, ce n'est pas la crainte
+qui est le principe de ta résolution; tu n'as pas lieu d'en
+avoir avec moi.
+
+Toujours vrair, toujours sincère, je ne cherchai point à
+déguiser:
+
+-- Non, très assurément, cher papa, depuis longtemps la crainte
+vis-à-vis de toi n'est plus entrée dans mon âme; le sentiment
+seul me guide. Je conviens que Vernol a fait naître dans mon
+imagination une illusion, un caprice dont je ne puis me rendre
+compte; mais mon coeur, qui est plein de toi, n'est pas un
+moment indécis entre vous deux; je ne veux plus le voir.
+
+-- Non, ma chère enfant, non, j'ai désiré connaître la nature
+de tes sentiments pour moi, j'en suis satisfait. Vernol excite
+en toi des sensations que ton imagination augmente: tu en
+jouiras; tu connaîtras aussi toute ma tendresse pour toi; tu
+sentiras que tu ne peux cesser de m'aimer, et c'est tout ce
+que je désire. Va, je ne suis jaloux que de ton coeur dont la
+possession m'est si chère.
+
+Ce trait me confondit; une lumière vint dissiper le trouble de
+cette imagination fascinée, je tombai à ses genoux, toute en
+larmes, et mon sein palpitait; je baisais ses mains que
+j'arrosais de mes pleurs; mes sanglots me laissaient à peine
+la liberté de m'exprimer:
+
+-- Tendre papa, je t'aime, je t'adore, je ne chéris que toi;
+mon âme, mon coeur, tout est plein de toi. Il fut touché de ma
+douleur; il me releva et, me pressant à son tour en me
+couvrant de baisers:
+
+-- Console-toi, trop aimable et chère enfant, crois-tu que je
+ne connaisse pas la nature et ses lois invincibles? Va, je ne
+suis point injuste. C'est par expérience, par comparaison et
+par la complaisance la plus étendue de ma part, que produisent
+seules l'affection et l'amitié la plus tendre, que je désire
+être aimé de toi: il est temps que tu apprennes à juger des
+différences. Je t'ai promis que tu jouirais de Vernol: ferme
+dans mes principes, constant dans mes idées je tiendrai ma
+parole; d'ailleurs, il est aimable, bien fait, beau garçon, je
+lui dois cette justice; et si ce n'était pas pour lui que tu
+eusses senti ce désir, tu pourrais l'avoir éprouvé pour
+quelqu'un d'autre qui vaudrait encore moins; ainsi, j'ai pris
+mon parti.
+
+Depuis ce jour je me trouvai bien moins affectée pour Vernol;
+et si je me suis prêtée, ma chère, à tout ce que tu vas voir,
+ce fut par une réunion de condescendance pour ce cher papa, de
+curiosité et de tempérament excité, premier principe de mon
+désir fantastique, que je me laissai aller. Je passai la nuit
+entre ses bras. Le matin, au milieu des baisers que je lui
+donnais à mon réveil, il me dit:
+
+-- Laurette, il faut que tu voies aujourd'hui la mère de Rose:
+engage-la de laisser venir sa fille passer la journée à la
+campagne avec toi; en même temps préviens-la qu'elle ne soit
+point inquiète si elle ne revenait pas le soir, que tu
+pourrais, peut-être, ne la ramener que demain. Nous
+prétexterons que la voiture nous a manqué, et tu la garderas
+ici jusqu'à demain. Quand tu seras avec elle en liberté, tu
+pourras juger de sa façon de penser et de tout ce qu'elle
+fait: elle paraît avoir de la confiance et de l'amitié pour
+toi; aussitôt que tu sauras à quoi t'en tenir, tu m'en
+instruiras.
+
+Je crus de ce moment qu'il avait formé des desseins sur elle;
+il ne m'en fallut pas davantage pour m'empresser, sans autre
+réflexion, à entrer dans ses idées et à me prêter à tout ce
+qu'il avait projeté. Je soupçonnais déjà Rose aussi savante
+que je l'étais, ou à peu près. Tout fut conduit comme il
+l'avait arrangé. Elle vint; la porte fut close à tout le
+monde: nous passâmes la journée seuls dans toutes les folies
+que nous pûmes imaginer. Je lui faisais cent agaceries; elle
+me les rendait avec usure. Je découvrais sa gorge, je faisais
+baiser ses tétons à mon papa; ses fesses, sa motte, son con,
+essuyèrent mes lutineries; je la tenais entre mes bras pour
+qu'il lui en fît autant; elle riait, folâtrait; et, quoique à
+chaque espièglerie nouvelle elle fit des demi-façons, elle se
+prêtait à tout; aussi son teint était-il très animé et ses
+yeux étincelants. Le souper vint, où je ne la ménageai pas; je
+lui versais à plein verre; je soufflais le feu qui la brûlait
+déjà. Levés de table, nous recommençâmes nos folies; elle ne
+fit plus aucune résistance; je la renversai, le visage sur un
+canapé; je troussai ses jupes, et son cul découvert nous
+présenta une perspective que mon papa, par un dernier coup de
+pinceau, aurait rendue parfaite: il m'aidait à me venger de
+toutes les lutineries qu'à son tour elle m'avait fait
+éprouver. Je voulus juger de l'effet que produisaient ces jeux
+sur elle; je la trouvai toute mouillée, et je conjecturai
+qu'elle avait eu bien du plaisir pendant ce folâtre badinage.
+Nous passâmes enfin, Rose et moi, dans ma chambre, et nous
+nous préparâmes à nous mettre au lit. Dès qu'elle me vit en
+chemise, elle me l'arracha; je lui rendis le change et je mis
+la sienne à bas. Elle m'entraîna dans le lit. Elle me baisait,
+prenait mes tétons, ma motte; je mis aussitôt le doigt où je
+voyais bien qu'elle le désirait; je ne me trompais pas; elle
+écarta les cuisses et se prêta à mes mouvements. Je voulus en
+savoir davantage: je glissai mon doigt dans son con, et la
+facilité avec laquelle il entra me donna des lumières sur
+l'usage qu'elle en avait fait. Je désirais apprendre d'elle
+par quelle aventure elle avait perdu son pucelage. Je me
+préparais à la questionner lorsque mon père entra dans ma
+chambre et vint nous embrasser avant de se coucher. D'un seul
+coup, Rose rejeta la couverture: il ne s'attendait pas à nous
+voir totalement nues et nos mains placées au centre de la
+volupté. Elle passa le bras autour de son cou, l'attira, et
+lui fit baiser mes tétons. Je ne fus pas en reste; je lui fis
+prendre et baiser les siens, je promenai sa main sur tout son
+corps, et je l'arrêtai sur sa motte. Il s'animait, mais il
+nous quitta brusquement en nous souhaitant beaucoup de
+plaisir.
+
+Déjà la pendule marquait dix heures lorsque, le lendemain, il
+rentra dans ma chambre; il nous éveilla par ses caresses et
+ses baisers réitérés, en nous demandant si nous avions passé
+une nuit agréable.
+
+-- Nous avons veillé, cher papa, longtemps après que tu nous as
+quittées; tu as bien vu dans quelle humeur nous étions.
+
+Rose, que nos jeux avaient apaisée et le sommeil rafraîchie,
+rougit et mit aussitôt sa main sur ma bouche. Je la détournai:
+
+-- Non, Rose. Non, tu ne me retiendras jamais de raconter à mon
+papa tout ce que nous avons fait et tout ce que tu m'as dit:
+je ne lui cache rien, ma confiance est entière pour lui, et la
+tienne ne doit pas être moindre.
+
+Alors passant ses bras et ses jambes autour de moi, elle me
+laissa continuer:
+
+-- Quand tu nous eus abandonnées, Rose, déjà vivement émue,
+vint baiser ma bouche, sucer mon sein; elle m'attira sur elle,
+nous entrelaçâmes nos cuisses, nos cons s'y frottaient; mes
+tétons étaient appuyés sur les siens, mon ventre sur son
+ventre; elle me demanda ma langue, et d'une main caressant mes
+fesses, de l'autre elle chatouillait mon clitoris et
+m'invitait, par le jeu de son doigt, à l'imiter; je mis le
+mien où elle l'attendait avec impatience et bientôt nous
+ressentîmes les délices de ces amusements. Mais elle ne voulut
+pas que mon doigt la quittât sans les avoir goûtées quatre
+fois avec des transports incroyables.
+
+Dans le temps même que je rendais compte de nos ébats, Rose,
+réchauffée par ce tableau, avait remis sa main entre mes
+cuisses et répétait ce que je racontais. Je conçus aussitôt ce
+qu'elle désirait: nous étions restées nues; je la découvris à
+mon tour, je pris la main de mon papa qui s'empara de tout ce
+qu'elle avait. Il n'avait sur lui que sa robe, qui s'était
+entrouverte par ses mouvements: j'aperçus par une avance
+distincte et par le pavillon que faisait sa chemise de l'effet
+que ces caresses produisaient sur lui.
+
+Je le fis remarquer à Rose, et je lui dis de lui ôter cette
+robe et de le faire mettre près de nous. Elle se leva sans
+balancer, se jeta à son cou, le dépouilla dans l'instant et,
+l'enveloppant de ses bras, elle l'attira dans le lit. Rose,
+retombée sur le dos, écartait les cuisses; j'élevai une de ses
+jambes sur lui, et il passa l'autre entre les siennes; par
+cette attitude, son vit se trouvait naturellement vis-à-vis de
+son con; je le conduisis moi-même dans la route; elle courut
+au-devant du charme qui l'entraînait et, par un coup de cul,
+elle hâta l'entrée du temple au dieu qu'elle adorait.
+
+Je la branlais, elle précipitait la marche par les mouvements
+qu'elle y ajoutait, et ses transports emportés, dont elle
+seule me donnait le modèle, nous firent connaître le plaisir
+excessif qu'elle ressentait. Mon père, qui éprouvait avec
+quelle âpreté elle suçait son vit, n'y tenait plus; il se hâta
+de se retirer et j'achevai de faire, avec ma main, couler la
+libation qu'il craignait de verser dans le con de Rose, qui,
+pendant le temps qu'il y fut, éprouva cinq fois, de son aveu,
+les délices de la décharge. Son ventre fut inondé du foutre
+qu'il répandit sur elle et qu'il lança jusque sur ses tétons.
+Tandis que je rendais ces divers offices, elle s'était emparée
+de mon con; elle le chatouillait; ce petit jeu, joint à
+l'émotion que me causait le plaisir que je leur voyais
+ressentir et aux caresses que je leur faisais, me mettait dans
+une agitation violente. A mon tour, je désirais d'apaiser le
+feu qui me dévorait; elle s'en aperçut et, passant sur ma
+gauche, elle prit la main de mon papa dont elle m'introduisit
+un des doigts qu'il agitait et, par un jeu pareil à celui que
+j'avais employé pour elle, Rose acheva de me faire partager
+les doux plaisirs que nous lui avions procurés, dont elle
+ressentit encore les effets pendant le service qu'elle me
+rendait.
+
+Quand nous fûmes revenus dans un état plus tranquille:
+
+-- Ecoute, cher papa, tu es peut-être étonné de l'habileté de
+Rose; je n'en étais pas moins surprise; je l'ai engagée de
+m'apprendre d'où venaient ces connaissances. Je vais te
+répéter tout son récit. Mais non, c'est de sa bouche que tu
+dois l'entendre, et je désire qu'elle s'y prête. Ce que tu
+viens de faire avec elle la met à même de ne te rien cacher et
+de te confier tout ce qu'elle m'a dit.
+
+Les baisers, les caresses furent employés pour l'y déterminer.
+
+Elle se rendit aisément:
+
+-- Eh bien! j'y consens, et, puisque j'en ai fait part à
+Laurette, je ne risque plus rien. Les plaisirs dont nous
+venons de jouir ensemble me donnent lieu d'être persuadée que
+vous le sauriez d'elle; ma confiance s'établit sur celle que
+vous me montrez et se rapporte à mes désirs. Il vaut donc
+mieux que je vous le répète moi-même.
+
+
+HISTOIRE DE ROSE
+
+
+J'avais dix ans quand ma mère m'envoya chez une soeur qu'elle
+avait en province, où je passai plus de six mois. Elle n'avait
+qu'une fille qui avait au moins six ans au-dessus de moi.
+Jusqu'à ce moment, toujours retirée chez ma mère dont la
+dévotion ne permettait à personne d'approcher de nous, mes
+frères au collège, j'étais toujours seule, ou à l'église avec
+ma mère; je ne me connaissais pas encore, mais je m'ennuyais
+beaucoup. J'aimais bien mieux être aux églises que rester au
+logis car, quoiqu'elle se mît très souvent dans les coins les
+plus retirés, j'apercevais au moins, à la dérobée, quelque
+figure humaine qui attachait mes regards. Il y avait longtemps
+que ma mère promettait à ma tante, qui me demandait, de
+m'envoyer chez elle: je le désirais avec d'autant plus
+d'impatience que je savais qu'elle ne ressemblait pas à ma
+mère. Une occasion survint qui l'y détermina. Mon frère aîné
+était menacé de la petite vérole, elle me fit partir au plus
+tôt. Ma tante et ma cousine me reçurent avec mille
+démonstrations d'amitié. Dans les premières caresses, Isabelle
+demanda que je couchasse avec elle. Je ne sais si elle ne s'en
+repentit pas bientôt par la contrainte que cet arrangement lui
+donna dans les premiers temps. Cependant, le soir avant de
+nous endormir, elle m'embrassait, et le matin je lui rendais
+ses caresses.
+
+Les quinze premiers jours passés, sa contrainte me parut
+diminuer, et le soir elle retroussait nos chemises pour
+appuyer ses fesses contre les miennes et me donner le baiser
+des quatre soeurs.
+
+Une nuit, entre autres, que je ne pus pas m'endormir aussitôt
+qu'à l'ordinaire et qu'elle me croyait très enfoncée dans le
+sommeil, je sentis qu'elle remuait le bras avec un petit
+mouvement; sa main gauche était sur le haut de ma cuisse; je
+l'entendis qui haletait et poussait une respiration
+entrecoupée; elle remuait doucement le derrière; enfin, elle
+fit un grand soupir, se tint tranquille et s'endormit.
+
+Surprise de tout cela et n'y pouvant rien comprendre, je
+craignais qu'il ne lui fût arrivé quelque chose
+d'extraordinaire; cependant, comme je la trouvai fraîche et
+gaie le lendemain, mon inquiétude cessa. Depuis ce jour, je
+m'aperçus qu'elle répétait tous les soirs ce même manège,
+auquel je ne concevais rien pour lors; mais je ne tardai pas à
+en être instruite.
+
+Ma tante avait une femme de chambre âgée tout au plus d'une
+vingtaine d'années: Isabelle était souvent enfermée dans sa
+chambre avec elle. Justine brodait parfaitement en tout genre,
+et ma cousine allait recevoir ses leçons; elle ne voulait
+point, disait-elle, que je l'interrompisse, parce que je
+l'empêcherais de faire les progrès qu'elle désirait. Je donnai
+d'abord dans ce panneau qui, cependant n'en était pas tout à
+fait un puisque, en effet, elle apprenait à manier
+parfaitement l'aiguille. Enfin, piquée de n'être point admise
+en trio et remarquant entre elles une certaine intelligence,
+ma curiosité fut vivement excitée. Curiosité de fille est un
+démon qui la tourmente, il faut qu'elle lui cède, qu'elle y
+succombe.
+
+Un jour que j'étais restée seule, ma tante étant sortie avec
+Isabelle et Justine, ayant profité de ce moment pour en faire
+autant, je le mis en usage pour aller dans sa chambre examiner
+si je ne trouverais pas quelque moyen, ou quelque ouverture de
+laquelle je pourrais découvrir ce qu'on pouvait y faire.
+J'aperçus, au coin du lit où couchait Justine, une porte dans
+la ruelle, que je parvins à ouvrir à force de la secouer, et
+qui conduisait dans une chambre sombre toute remplie de vieux
+meubles presque jusqu'au plancher. Il n'y avait de libre qu'un
+passage qui conduisait à une autre porte qui donnait sur un
+escalier dérobé, duquel on descendait dans une petite cour
+d'où l'on sortait dans une ruelle déserte et écartée.
+
+Ma tante croyait ce quartier bien fermé; mais si elle en avait
+les clefs, Justine avait trouvé le moyen d'en avoir le passage
+libre. Dans cette espèce de garde-meubles il y avait à quelque
+hauteur, à l'égalité du pied du lit, une ouverture qui avait
+été ménagée dans la muraille pour y mettre une croisée qui
+aurait donné du jour dans cette chambre, étant vis-à-vis les
+fenêtres de celle de Justine. Mais l'usage qu'on faisait de
+cette pièce rendant cette précaution inutile, cette ouverture
+était couverte par la tapisserie qui entourait la chambre de
+Justine. Je m'aperçus de cette ouverture; je grimpai sur les
+meubles pour chercher s'il n'y aurait pas quelque trou; n'en
+trouvant pas d'assez grand, je pris mes ciseaux et je fis une
+ouverture suffisante pour découvrir partout dans la chambre,
+et particulièrement sur le lit, auquel je ne pensais guère
+alors. Charmée d'avoir trouvé ces moyens, et dans le dessein
+d'en profiter, je me retirai au plus vite en refermant la
+porte. J'avais remarqué que lorsque Isabelle allait dans la
+chambre de Justine, c'était presque aussitôt après le dîner.
+
+Un jour, ma tante devait aller passer l'après-midi chez une de
+ses amies, où quelque affaire devait la retenir et où elle ne
+comptait nous mener ni l'une ni l'autre. Ma cousine me dit en
+particulier qu'elle devait apprendre ce jour-là quelques
+points nouveaux, et que je pouvais aller chez des voisines ou
+m'occuper de mon côté afin qu'elle ne fût point troublée. Il
+ne m'en fallut pas davantage. Dès qu'on fut hors de table, je
+fis semblant de sortir de la maison et d'aller dans le
+voisinage. Mais je remontai doucement dans la chambre de
+Justine, qui habillait ma tante, et je les prévins. Je fus me
+renfermer dans la chambre noire, cachée parmi les meubles,
+l'oeil attaché sur l'ouverture que j'avais agrandie. Je ne fus
+pas longtemps sans voir arriver ma cousine qui prit à la main
+un ouvrage de broderie; je crus alors que j'allais passer une
+après-midi bien ennuyeuse; je me repentis de ma curiosité, que
+je maudissais de tout mon coeur. Justine y vint peu de temps
+après avec ma tante, qui demanda où j'étais. Le coeur me
+palpitait. Elles lui répondirent qu'apparemment j'étais allée
+chez de petites amies de mon âge où je me rendais quelquefois;
+elle ne fit pas d'autres informations et, voyant sa fille
+occupée, elle s'en fut, et je les vis toutes deux examiner par
+la fenêtre si ma tante sortait. Aussitôt qu'elle fut dehors,
+ce que j'entendis à leurs discours, Justine ferma les verrous;
+elle vint ouvrir la porte de la chambre où j'étais et fut à
+celle de l'escalier dérobé. La frayeur d'être découverte me
+saisit; j'étais accroupie pour me cacher parmi les meubles;
+elle ne s'aperçut de rien et retourna dans sa chambre. Dès
+qu'elle y fut rentrée, Isabelle mit de côté son ouvrage et
+s'avança près d'un miroir pour raccommoder sa coiffure et
+rajuster son mouchoir de cou, que Justine lui arracha, et qui
+lui prenait les tétons, lui faisait compliment sur leur
+rondeur et sur leur fermeté; puis, découvrant les siens, elle
+en faisait la comparaison entre eux. Au milieu de leurs
+amusements, j'entendis, sur l'escalier de la petite cour,
+quelqu'un qui montait et qui, trouvant libre l'entrée de la
+première porte qu'apparemment Justine avait été ouvrir, vint
+gratter à celle de la chambre. Je ne pus le voir passer, étant
+enfoncée et cachée pour n'être pas vue moi-même. Justine le
+fit entrer et fut refermer les portes avec soin. Quand il fut
+dans la chambre, je le reconnus aussitôt: c'était un grand
+jeune homme, un peu parent de la maison, qui venait
+quelquefois voir ma tante. Isabelle avait la gorge découverte.
+
+Courbelon fut sans façon la lui baiser et y fourra sa main
+tandis que l'autre fut se perdre sous sa jupe. Justine, à son
+tour, fut traitée de même. Le temps ne me paraissait plus
+long. Il prit Isabelle dans ses bras, la jeta sur le pied du
+lit et la troussa tout à découvert; je vis alors son ventre,
+ses cuisses et sa fente; elle était peu garnie de poil, mais
+il était fort noir; il la baisait et remuait le doigt de la
+main droite au haut de cette fente, tandis que le doigt de la
+main gauche y était tout enfoncé. Justine, déboutonnant sa
+culotte, en tira une machine fort longue, raide et très
+grosse. Ma cousine la prit; il voulait la mettre à la place de
+son doigt, mais j'entendis Justine lui dire:
+
+-- Non, Courbelon, je ne le souffrirai pas; si je deviens
+grosse, je saurai m'en tirer; mais si jamais Isabelle était
+dans ce cas-là, où pourrions-nous toutes deux nous cacher?
+Caressez-la, donnez-lui du plaisir; mais ne lui mettez pas.
+
+Tous ces discours, que j'entendais parfaitement, étaient
+autant d'énigmes dont je cherchais le mot. Je vis cependant
+Courbelon se retirer à contre-coeur et, tout en pestant, il
+continua de caresser Isabelle en la chatouillant comme il
+avait commencé, tandis que ma cousine tenait à pleine main ce
+gros instrument que Justine avait mis en liberté.
+
+Quelques moments après qu'il eut recommencé les mouvements de
+ses doigts, j'entendis et vis faire à Isabelle le même jeu et
+les mêmes soupirs qu'elle faisait quand nous étions couchées.
+Je fus alors au fait, et je jugeai qu'elle répétait, seule
+dans son lit, ce que Courbelon venait de faire. Isabelle se
+releva bientôt, et Justine, qui était en arrêt comme un chien
+sur sa proie, se jetant à son tour sur le pied du lit, tenant
+d'un bras Courbelon par les reins et, de l'autre main, tenant
+ce pieu qui conservait sa grosseur, l'entraîna sur elle. Elle
+fut bientôt troussée; il se coucha sur son ventre et, de ses
+deux mains, il tenait ses tétons qu'il baisait, et les
+mouvements de reins et de cul que je lui voyais faire me
+firent juger qu'il enfonçait ce membre que j'aurais voulu voir
+entrer. Ma cousine passa sa main par-derrière entre les
+cuisses de Courbelon, ou pour le caresser, ou pour juger de
+l'enfoncement. Je les vis alors s'agiter, se remuer avec
+fureur: bientôt Courbelon, après des transports et des
+mouvements qui m'étonnaient, se laissa aller, et je le vis
+retirer cet instrument humble et bien diminué de longueur et
+de grosseur. Ils se reposèrent quelques moments sur le lit;
+mais les baisers et les caresses allaient leur train. Cette
+première scène, qui m'avait vivement émue, ne tarda pas à être
+suivie d'une autre qui me plut encore davantage.
+
+Courbelon, impatienté de leurs habillements qui le gênaient,
+et sachant que ma tante ne reviendrait pas si tôt, les mit
+bientôt dans l'état où il désirait les voir: en peu d'instants
+elles furent toutes deux nues. Justine n'était pas d'une
+figure aussi jolie qu'lsabelle; mais elle gagnait dans la
+situation où il les avait mises: son corps était plus blanc,
+elle était plus grasse et potelée. Il leur imprima plus de
+cent baisers à l'une et à l'autre; il prenait leurs culs,
+leurs tétons, leurs fentes, tout était à sa disposition. Ce
+que je voyais depuis une demi-heure excitait en moi un feu,
+une émotion que je n'avais jamais sentis. Leurs caresses
+recommencèrent avec plus de vivacité. Il les fit mettre toutes
+deux couchées sur le ventre au pied du lit en leur faisant
+écarter les cuisses. Je découvrais parfaitement tout ce que
+Courbelon voyait: il les examinait, baisait leurs fesses,
+enfonçait un doigt de chaque main entre leurs cuisses. Son
+instrument était revenu dans le premier état où je l'avais vu;
+et comme Justine, le visage appuyé dans ses mains contre la
+couverture, ne pouvait le voir, il avait commencé de
+l'introduire à Isabelle quand, tout à coup, Justine en
+défiance se leva furieuse, et prenant ma cousine par les
+jambes elle la retira et démonta Courbelon. J'en fus très
+fâchée car je voyais cet outil prendre sa route à grands pas.
+
+-- Non, lui répéta-t-elle, cela ne sera pas; je vous en ai dit
+cent fois les raisons, c'est une nécessité de s'y conformer.
+
+Comme je pouvais entendre aussi facilement que je voyais,
+aucun des mots, aucune des expressions ne furent perdus:
+
+-- Viens, mon cher, dit Justine en le prenant par son
+instrument, viens mettre ton vit dans mon con, ils se
+connaissent et tu ne risques rien avec moi.
+
+Mais elle manqua son coup car, le tenant toujours par là, elle
+lui donna deux ou trois secousses: aussitôt je vis Courbelon
+se pencher sur son épaule, tenant un téton, la baiser et
+répandre une liqueur blanche que je n'avais pas encore vue,
+avec des convulsions qui marquaient un vif sentiment de
+plaisir. J'étais dans un état que je ne concevais pas
+moi-même. Depuis quelque temps je chatouillais le haut de ma
+petite fente de la même manière que j'avais vu Courbelon le
+faire à Isabelle et à Justine. J'étais dans cette agréable
+occupation, qui ne me procurait encore qu'un doux plaisir,
+quand l'une et l'autre, sans doute vivement animées par les
+caresses que Courbelon leur avait faites, le mirent dans la
+même position où elles étaient elles-mêmes: pas le moindre
+vêtement depuis la tête jusqu'aux genoux. Cette perspective
+nouvelle m'attacha avec une curiosité délicieuse, et d'autant
+plus particulièrement que j'avais fort désiré le voir ainsi:
+il semblait que leurs plaisirs fussent d'accord avec mes
+souhaits. Chacune le baisait, le caressait, lui prenait le vit
+qui s'était ramolli, chatouillait ses couilles et ses fesses;
+il les baisait à son tour, maniait, suçait leurs tétons, les
+renversait, les examinait, les branlottait et leur enfonçait
+le doigt. Je vis enfin cet instrument reprendre toute sa
+vigueur et les menacer toutes deux; il ressemblait à un épieu
+qu'on va plonger dans le corps d'une bête féroce. J'apercevais
+bien que Courbelon en voulait à ma cousine; mais Justine le
+saisissant, ils tombèrent l'un sur l'autre sur le pied du lit;
+je crus qu'il lui enfoncerait l'estomac; rien ne la fit
+reculer.
+
+-- Attends au moins, lui dit-il, que nous augmentions nos
+plaisirs et que nous en jouissions tous ensemble.
+
+Il fit mettre Isabelle sur le lit, les genoux et les cuisses
+écartés, entre lesquels Justine plaça ses jambes à terre et
+fort ouvertes. Comme rien ne gênait plus mes regards,
+j'aperçus le vit de Courbelon entrer dans son con, qui, par
+ses mouvements, paraissait, s'y renfonçait et faisait un écart
+qui me surprenait. Il me semblait inconcevable qu'un membre
+aussi gros pût y entrer, à moi qui avais essayé d'introduire
+mon doigt dans le mien et qui n'avais pas osé l'y pousser à
+cause de la douleur. Mais cet exemple me fit passer outre, et
+je l'enfonçai avec tout le courage dont j'avais le modèle
+devant les yeux; je m'y déterminai d'autant plus facilement
+que, tandis que Courbelon avait son vit dans le con de
+Justine, il avait mis son doigt dans celui d'Isabelle en lui
+disant qu'elle avait la plus charmante motte et le plus joli
+conin du monde, et en lui recommandant de branler son
+clitoris; ce que fit ma cousine pendant qu'il faisait aller et
+venir le doigt dans son con, comme son vit allait et venait
+dans celui de Justine. Fidèle à les imiter en partie, je
+m'armai de ma fermeté et je poussai dans le mien le doigt de
+la main gauche que j'y enfonçai tant que je pus, et que
+j'agitais de la même manière tandis que de la droite je me
+branlais comme faisait Isabelle. Une sensation délicieuse
+s'accroissait par degrés; je ne fus plus surprise que ma
+cousine se plaisait à la répéter. Je ne tardai pas à les voir
+tous trois dans les plus vifs transports. Isabelle se laissa
+aller sur le dos, donnant de temps en temps des coups de cul.
+Courbelon, témoin de son plaisir, lui criait:
+
+-- Ah! ma chère, tu décharges!
+
+Il achevait à peine ces mots qu'il tomba lui-même presque sans
+mouvement sur Justine en faisant de grands soupirs et
+prononçant avec énergie des foutre et des sacre qui peignaient
+ses sensations. Justine elle-même, après des élancements vifs
+et réitérés et des serrements de cul précipités, resta comme
+anéantie, la tête et les bras penchés, en faisant chorus avec
+Courbelon.
+
+Ces témoignages d'un plaisir si violent m'animèrent à un tel
+point et portèrent le mien à un si prodigieux degré qu'à mon
+tour je me laissai tomber sur les meubles en ressentant un
+plaisir incroyable. Quel excès de délices quand on éprouve
+pour la première fois une volupté si grande, qu'on n'a jamais
+connue et dont on n'a pas d'idée!
+
+On n'est plus rien, on est tout à cette suprême félicité, on
+ne sent qu'elle.
+
+Le temps que j'avais employé à la savourer leur en avait assez
+donné pour se mettre en train de se rhabiller. Dès qu'ils le
+furent, Courbelon, après les avoir embrassées, reprit la route
+par laquelle il était venu, et quelques instants après
+Isabelle et Justine sortirent de la chambre. J'attendis encore
+un peu; je parvins enfin à me dégager, et, prenant le même
+chemin que Courbelon, je revins au logis dans l'appartement de
+ma tante, qui rentra peu de temps après avec ma cousine qui
+était allée la rejoindre.
+
+Depuis ce moment, je ne pensais, je ne rêvais plus qu'à ce que
+j'avais vu; toutes leurs paroles étaient parvenues à mes
+oreilles; aucune de leurs actions ne m'avait échappé; j'y
+réfléchissais sans cesse. Le même soir, quand je fus au lit
+avec Isabelle, je fis semblant de me livrer au sommeil; elle
+ne tarda pas à tomber dans un profond assoupissement; j'en fis
+bientôt autant; mais le lendemain il n'en fut pas de même. Dès
+que nous fûmes couchées, je fis comme la veille; ma cousine me
+croyant endormie, je sentis qu'elle recommençait son petit
+manège. J'étais au fait, je me retournai et, passant ma cuisse
+sur la sienne, je mis ma main où je savais bien qu'était son
+doigt; je la glissai par-dessous et, le soulevant, je pris
+toute sa motte. Je l'embrassai, je baisai ses tétons et
+j'enfonçai mon doigt dans son con. Je l'en retirai pour
+chatouiller. l'endroit où j'avais trouvé le sien; elle
+écartait les cuisses et me laissait faire, lorsque je
+l'entendis pousser les derniers soupirs; je la trouvai toute
+mouillée. Le même désir me tourmentait, je pris la sienne dont
+je couvris ma motte, j'employai son doigt à faire son office
+et je me trouvai peu de moments après au point de lui rendre
+soupirs pour soupirs. Elle ne fut pas peu surprise de tout ce
+que j'avais fait; elle me croyait dans l'ignorance la plus
+profonde: elle n'avait eu garde de m'instruire, croyant
+qu'ayant été élevée par une mère dévote je ne fusse assez
+enfant pour en parler à ma tante, ou à ma mère à mon retour
+chez elle:
+
+-- Comment, Rose, comment sais-tu tout cela? Je suis bien
+étonnée de tes connaissances; à ton âge je n'en savais pas
+tant.
+
+-- Je le crois, ma chère cousine; je te le dirai, à condition
+que tu ne seras point fâchée contre moi et que tu m'aimeras
+toujours.
+
+Je me repentis au moment même de ce que j'avais dit, et je ne
+voulais plus continuer lorsque Isabelle, me prenant dans ses
+bras et me caressant, me pressa de lui tout avouer.
+
+-- Tu ne m'en voudras donc pas? Tiens, ma chère cousine, sois
+assurée de ma discrétion. Je te promets de n'ouvrir jamais la
+bouche à personne de ce que je sais, et surtout à ma tante ni
+à ma mère. Mets ta confiance en moi comme en toi-même.
+
+Je lui redis alors tout ce dont j'avais été témoin, et de
+quelle manière je l'avais été... L'effroi la saisit:
+
+-- Ah! ma bonne amie, ma chère Rose, gardes-en, je te conjure,
+le secret; ne me trahis pas, tu me perdrais.
+
+Je le lui jurai de nouveau. Nous convînmes qu'il ne fallait
+pas même en parler à Justine. Elle me donna cent baisers en me
+faisant autant de questions sur ce que j'avais vu, entendu, et
+sur l'effet que j'en avais éprouvé. Je lui rendis compte de
+tout. Je la tranquillisai pour lors en lui disant que tout ce
+que je lui avais appris de moi-même m'engageait à garder un
+secret qui était devenu le mien.
+
+-- Mais raconte-moi donc, Isabelle, par quelles circonstances
+tu en es venue là avec Courbelon et Justine.
+
+-- Je le veux bien, ma petite cousine, après ce que tu sais, je
+n'ai rien à te refuser ni à te cacher, et je compte toujours
+sur tes promesses. Ecoute-moi. Un mois ou cinq semaines avant
+ton arrivée ici, j'étais un jour sortie avec ma mère; mais,
+ayant oublié quelque chose dans ma chambre et n'étant pas
+éloignée de la maison, j'y revins pour la chercher; après
+l'avoir prise, je fus à la chambre de Justine, je ne puis te
+dire pourquoi; la porte apparemment n'était pas bien fermée,
+ou elle n'y avait pas pensé; je la poussai, elle s'ouvrit. Je
+ne fus jamais plus surprise, et je restai dans l'étonnement et
+comme pétrifiée de trouver Courbelon sur elle; il en descendit
+aussitôt, et j'aperçus son outil qu'il tâchait de cacher, dans
+le même temps qu'il abattait les jupes de Justine qui étaient
+toutes levées. Elle était bien heureuse que ma mère ne fût pas
+à ma place. Je voulus à l'instant m'en aller; mais cette
+fille, craignant que je ne dise à ma mère ce que j'avais vu,
+accourut après moi, se mit à mes genoux en me conjurant de
+n'en pas parler. Elle me pressa tant, en me baisant les mains,
+que je lui promis tout ce qu'elle voulut, et je lui tins
+parole. Je t'avoue, ma chère Rose, que cette aventure me donna
+matière à bien des pensées. Depuis ce jour-là, Justine
+m'amenait souvent dans sa chambre sous prétexte de m'apprendre
+à broder; mais elle m'entretenait toujours sur le sujet de ce
+que j'avais vu en m'apprenant des choses bien nouvelles pour
+moi; elle découvrait ma gorge, elle prenait mes tétons, elle
+me peignait le plaisir sous les attraits les plus séduisants:
+je convins que j'en trouvais à l'entendre. Enfin, un jour que
+cette conversation m'avait fort animée, et ma curiosité
+fortement excitée, je sentis le feu sur mes joues, mon sein
+était agité; les questions que je lui faisais firent connaître
+à Justine que le moment était favorable; elle me prit entre
+ses bras, m'enleva et me porta sur son lit; elle me troussa:
+je m'en défendais faiblement; elle continuait toujours, en me
+disant qu'un jeune et aimable cavalier serait bien heureux à
+sa place s'il voyait et touchait les beautés, les grâces et la
+fraîcheur qu'elle venait de découvrir que sa machine
+s'enflerait et qu'il mourrait de plaisir en m'en faisant
+connaître et ressentir de bien vifs. Ses flatteries, ses
+peintures et ses caresses m'ayant subjuguée, je me laissai
+faire par elle tout ce qu'elle voulut. Elle posa le bout du
+doigt de la main gauche entre les lèvres de mon ouverture,
+qu'elle chatouillait tandis que, de la droite, elle en
+frottait le haut.
+
+-- Ma chère cousine, lui dis-je, pourquoi n'emploies-tu pas les
+termes et les noms que tu sais? Je les ai tous entendus de
+Courbelon et de Justine.
+
+-- Tu as raison, Rose, je n'en ferai plus de difficulté.
+
+Enfin, après quelque temps de ce badinage, je ressentis cet
+extrême plaisir qu'elle m'avait si bien dépeint; mais elle
+m'assura que j'en trouverais bien davantage avec un joli
+homme, jeune et galant. Depuis ce temps, elle répéta souvent,
+à ma satisfaction, ce jeu charmant; elle enfonça même un jour
+son doigt; j'éprouvai quelque douleur qui fut bientôt apaisée.
+Elle sut enfin m'engager de lui rendre le plaisir qu'elle me
+donnait. J'y trouvais beaucoup d'agrément et je m'en
+contentais. Mais, huit à dix jours avant ton arrivée, ma mère
+étant sortie seule, nous reprîmes nos jeux et nos plaisirs; et
+sous divers moyens que Justine employa nous nous mîmes toutes
+deux totalement nues. Courbelon, caché derrière un rideau,
+avait été témoin de toutes nos folies: c'était une partie liée
+entre Justine et lui, mais je l'ignorais. Elle riait depuis le
+commencement, de tout son coeur. Surprise de ses ris qui me
+paraissaient quelquefois hors de propos je la pressai de m'en
+dire le sujet; elle m'avoua que Courbelon nous voyait. Il
+sortit aussitôt de dessous le rideau, nu comme nous étions, et
+son vit était d'une grosseur et d'une raideur étonnantes.
+Effrayée, palpitante, honteuse, je ne pouvais plus fuir dans
+l'état où j'étais qu'en me cachant sous le même rideau; j'y
+courus, mais ils m'arrêtèrent tous deux, et je n'osai lui rien
+dire après ce qu'il nous avait vues faire. Courbelon me prit
+entre ses bras, se jeta à mon cou, m'embrassa, porta ses mains
+et ses lèvres partout où il put: tout était à sa disposition
+et Justine l'aidait. Enfin la surprise et la honte firent
+place au désir. Il mit son vit dans ma main; je ne pouvais
+l'empoigner; le feu de ses baisers, de ses attouchements, ce
+spectacle si nouveau pour moi et l'exemple de Justine qui le
+caressait sans scrupule firent couler le plaisir dans tous mes
+membres et m'avaient mise dans une situation à ne pouvoir rien
+lui refuser. Les plaisirs qu'il me donna avaient une pointe de
+vivacité que je n'avais point sentie par les mains de Justine,
+avec laquelle je désirai qu'il fit la même chose. Mais ils
+allèrent bien plus loin: elle l'attira sur elle au pied de son
+lit et, me tenant d'une main, elle me fit voir le vit de
+Courbelon qui se perdait dans son con, et la vivacité de leurs
+transports me fit juger de l'excès de leurs plaisirs. C'est
+hier la sixième fois que je me suis trouvée avec lui, cela
+n'arrivant pas souvent, crainte d'être découverte. Je fus
+enchantée de ton arrivée, chère Rose, dans l'espérance que
+j'en aurais plus de liberté, car je t'avoue que j'ai eu un
+violent désir que Courbelon m'en fît autant qu'à Justine. Je
+crains, il est vrai, les enfants, dont elle me fait peur, et
+le mal que la grosseur de son vit me pronostique; mais
+puisqu'elle le reçoit avec empressement j'imagine que ma
+crainte n'est pas trop fondée et que la douleur doit être bien
+moindre que le plaisir, du moins Courbelon me le dit de même.
+Cependant, Justine s'oppose toujours au désir que nous en
+avons par diverses raisons dont elle ne peut me persuader
+puisqu'elle s'y expose.
+
+
+(Fin du récit d 'Isabelle)
+
+
+Je la pressai autant qu'il fut en mon pouvoir de le
+satisfaire. Je combattais les raisons de cette fille par
+toutes celles qui me vinrent à l'idée, dans un âge où je
+n'avais pas d'expérience ni grandes ressources à donner; mais
+soit que son imagination, sa curiosité et ses désirs fussent
+d'accord avec mes raisonnements, elle me parut facilement s'y
+rendre. Je lui fis promettre en même temps de me faire le
+détail du plaisir qu'elle aurait eu. Elle m'en donna sa
+parole, en me recommandant toujours ce que nous appelâmes dès
+lors notre secret. Depuis ce moment nous ne nous quittions
+presque plus.
+
+Quelques jours après, nous fûmes invitées d'une noce des
+parents de Justine. Ces sortes d'invitations sont assez en
+usage dans les petites villes de province. Elle ne manqua pas
+de s'y rendre une des . premières, avant que nous y
+allassions. Isabelle me dit en riant que cette occasion était
+bien favorable pour la tromper, car je l'entretenais tous les
+jours dans le projet d'en passer sa fantaisie. Je saisis
+d'abord cette idée et je lui dis qu'en effet ma tante, croyant
+que nous irions ensemble, ne manquerait pas, de son côté,
+d'aller chez quelques-unes de ses amies; qu'il fallait qu'elle
+fût et se tînt dans la chambre de Justine; que sans doute
+Courbelon ne manquerait pas de venir à la danse comme font
+ordinairement les jeunes gens, même sans être invités; que
+l'espérance de la trouver l'y amènerait plus sûrement;
+qu'aussitôt que je le verrais, je lui dirais qu'elle avait à
+lui parler et qu'il se rendît dans la chambre de cette fille,
+où elle serait à l'attendre.
+
+-- Non, non, je ne le veux pas, me dit-elle en rougissant.
+
+Mais je la pressai, je mêlai mes caresses à mes engagements;
+et soit qu'elle fût bien aise qu'ils voilassent ses désirs, ou
+soit que je la déterminai, elle y consentit. Je n'avais pas
+fini de m'habiller que ma tante était déjà partie.
+
+Je m'en fus donc seule. Effectivement, je trouvai Courbelon
+qui était arrivé; je m'approchai de lui et je parvins à lui
+dire, sans affectation et sans qu'on s'en aperçût, ce que
+j'avais projeté; il ne tarda pas à disparaître. Quelques
+instants après je ne le vis plus. Je regrettais de n'être pas
+encore à mon poste. Mais comme je me flattais qu'Isabelle me
+rendrait compte de tout ce qui se serait passé, je me consolai
+et je participai de mon mieux aux plaisirs de la fête où
+j'étais puisque je ne pouvais être de celle de ma cousine.
+
+Justine m'avait demandé, lorsque j'entrai, pour quelle raison
+Isabelle n'était pas avec moi. J'imaginai de lui dire que ma
+tante avait voulu sortir avec elle, mais qu'elle ne tarderait
+pas à venir prendre sa part du divertissement et me rejoindre.
+Elle prit d'abord mon conte le mieux du monde; cependant,
+voyant que Courbelon n'y était plus depuis longtemps et que ma
+cousine n'arrivait point, elle prit de la défiance et, sans
+s'expliquer avec moi, elle ne put s'empêcher de me dire
+qu'elle avait lieu d'être surprise du départ de l'un et du
+retard de l'autre. A peine venait-elle de me tenir ce propos
+que Courbelon arriva, et ma cousine peu après. Justine
+disparut à son tour; je le fis remarquer à Isabelle à qui
+j'avais répété ce qu'elle m'avait dit. Elle soupçonna dans
+l'instant que cette fille était retournée au logis, ce qui lui
+donna de l'inquiétude. Justine revint et ne fit rien paraître;
+mais elle avait fait des recherches et pris des informations
+qui l'instruisirent autant qu'elle le désirait. Nous rentrâmes
+chez ma tante. Il me tardait que nous fussions couchées pour
+questionner en liberté ma cousine.
+
+Je lui dis que j'étais fatiguée de la danse; Isabelle en dit
+autant, quoiqu'elle n'eût point pris part à cet exercice: elle
+l'avait toujours refusé sous quelque prétexte, qui n'était pas
+néanmoins le véritable. Nous fûmes donc nous mettre au lit.
+Quand je la tins dans mes bras, je voulus mettre ma main où
+elle avait reçu les plus grands coups; mais elle la repoussa
+en me disant qu'elle y souffrait trop de douleur.
+
+Il ne m'en fallut pas davantage pour la sommer de sa parole et
+la presser de me la tenir:
+
+-- Ah! ma chère Rose, ma curiosité a été bien mal satisfaite.
+Courbelon est venu comme les autres fois. J'avais l'oreille au
+guet, je fus lui ouvrir, il s'est jeté à mon cou.
+
+Après bien des baisers et des caresses, il m'a prise dans ses
+bras et m'a portée sur le pied du lit en promenant ses mains
+partout où il a voulu, d'autant que je m'y prêtais sans
+feindre aucune résistance. Enfin, m'ayant penchée sur le lit,
+il m'a enfoncé son vit qu'il avait mouillé de salive; mais
+quelle douleur ne m'a-t-il pas faite; ce vit, d'une grosseur
+énorme, me déchirait; je n'osai crier, j'en versais des
+larmes. Il tâchait de me consoler en m'embrassant et en
+m'assurant qu'une seconde fois je n'aurais plus que du
+plaisir. Il me trompait: il y revint et ma douleur fut aussi
+vive, je souffrais tout ce qu'on peut endurer. Il s'y présenta
+une troisième fois; je ne voulais plus y consentir; il me
+pressa si fort, en y joignant tant de baisers et de caresses,
+que je ne pus lui refuser. Il s'y prit si doucement et avec
+tant de précautions que je croyais ne plus endurer un tel
+tourment, mais il fut presque le même. Ces vives souffrances
+que j'ai ressenties, jointes à la crainte des enfants qui
+s'est retracée plus fortement à mon imagination, m'éloignent
+d'une pareille épreuve. Il m'en reste même une cuisson si
+grande que je ne puis encore y toucher sans renouveler mes
+douleurs, et c'est ce qui m'a fait refuser de participer à la
+danse.
+
+-- Sans doute, chère cousine, qu'étant bien plus jeune que
+Justine, tu es beaucoup plus étroite.
+
+-- C'est bien ce que me disait Courbelon, en m'assurant que le
+temps et l'usage m'élargiraient. Mais en attendant je n'en
+souffre pas moins.
+
+Il fallut donc rester tranquilles et nous nous endormîmes.
+
+Le lendemain, Justine fut attirer Isabelle dans sa chambre et
+lui dit qu'elle s'était aperçue que Courbelon y était venu la
+veille, qu'elle avait trouvé à la porte du petit escalier, qui
+n'était pas fermée comme elle le faisait ordinairement, un
+morceau du bouquet qu'il avait ce jour-là; qu'elle avait très
+bien distingué que son lit avait été foulé, et qu'enfin elle
+avait appris qu'au lieu d'être sortie avec sa mère, comme je
+lui avais dit, elle était restée et n'avait quitté la maison
+que deux heures après moi; qu'elle jugeait bien ce qui s'était
+passé, qu'elle l'engageait de le lui avouer; qu'elle ne devait
+pas avoir de crainte ni faire de mystère avec elle puisqu'elle
+n'avait rien à redouter de sa part, étant pour le moins aussi
+intéressée qu'elle à ce que personne n'en sût rien. Isabelle
+s'en défendit d'abord; mais les marques étaient si claires
+pour Justine qu'à la fin elle lui avoua que Courbelon était
+venu et lui avait fait les caresses dont il usait
+ordinairement. Justine lui soutint qu'assurément il lui avait
+mis; que tout lui démontrait qu'elle n'en devait pas douter.
+Ma cousine ne voulut point en convenir, mais cette fille lui
+dit qu'elle le connaîtrait bientôt. Comme elle était forte,
+elle la prit dans ses bras et la coucha sur le lit; Isabelle,
+ne pouvant lui résister et se persuadant qu'elle y connaîtrait
+quelque chose, craignant encore que, pour s'en assurer, elle
+ne renouvelât ses douleurs, lui fit l'aveu de tout ce qu'elle
+m'avait raconté.
+
+Justine, qui redoutait infiniment les suites de cette
+aventure, ou vivement piquée contre Courbelon, apporta depuis
+tant de difficultés et d'obstacles à leurs entrevues que ma
+cousine et lui ne pouvaient plus se voir avec la facilité
+qu'elle leur avait procurée, et, peut-être alors jalouse de
+lui, elle ne lui permit plus de revenir; elle parvint, enfin,
+par toutes les voies et les moyens qu'elle put imaginer à
+rompre cette liaison, d'autant plus aisément qu'elle y
+employait la vigilance la plus grande. Courbelon, jugeant
+qu'il ne pourrait jamais surmonter les obstacles qu'opposait
+une surveillante aussi éclairée et au fait de cette allure, se
+brouilla avec elle; et comme, dans cette circonstance, il fut
+obligé quelque temps après de se rendre dans une autre
+province, il oublia bientôt Isabelle et Justine qui, elle-même,
+peu après son départ, se retira de chez ma tante et
+quitta la ville où nous étions. C'est ce qui m'a fait penser,
+depuis, qu'elle était allée dans le même lieu où s'était rendu
+Courbelon, pour qui elle aurait tout sacrifié.
+
+Dans les premiers temps, Isabelle n'endura pas sans chagrin le
+déplaisir de ne le plus voir; elle me faisait part de tout ce
+que son humeur lui inspirait. Je la consolais du mieux qu'il
+m'était possible; j'y parvins à la longue, et les plaisirs que
+nous nous procurions ensemble lui firent supporter avec plus
+d'aisance, et même oublier à la fin, cette perte qui m'avait
+aussi fort déplu. Je désirais être quelque jour de leurs
+parties; je projetais d'y engager ma cousine, et je m'en
+flattais d'autant mieux qu'elle avait pris pour moi une forte
+inclination qui ne servit pas peu, depuis, à dissiper son
+chagrin. Ces contretemps détruisirent mes desseins, et la
+nécessité fit que je n'y pensai bientôt plus.
+
+Nous passâmes encore quatre mois ensemble, pendant lesquels
+elle m'instruisit de tout ce qu'elle avait appris de Courbelon
+et de Justine, qui l'avaient rendue très habile.
+
+Les réflexions que j'ai faites depuis sur cette aventure et
+sur les réponses d'Isabelle aux différentes questions que je
+lui faisais m'ont fait voir que Courbelon avait jeté ses
+desseins sur ma cousine ensuite du jour où elle l'avait trouvé
+sur Justine, et que, sous le prétexte de mieux engager
+Isabelle à garder le secret, il avait fait entendre à cette
+fille que le moyen le plus assuré était de l'admettre en tiers
+dans leurs plaisirs, autant que la petite oie pourrait
+s'étendre; qu'enfin il avait su l'en convaincre et la faire
+donner dans le panneau qu'il leur tendait; sans quoi la
+jalousie que nous soupçonnions à Justine s'y serait
+difficilement prêtée.
+
+Le temps que je passai chez ma tante fut trop tôt écoulé; je
+fus rappelée par ma mère: il fallut nous séparer. Nous ne nous
+quittâmes pas sans regret, et nous ne pûmes en venir à cette
+séparation sans verser bien des larmes. Ma tante en fut
+touchée et me promit qu'elle ferait tout ce qui dépendrait
+d'elle pour me ravoir encore. Elle et ma cousine, qui
+pouvaient jouir d'une agréable liberté, me plaignaient,
+n'envisageant pour moi que des jours bien tristes et remplis
+d'ennui avec une mère dévote qui ne voyait personne. Je le
+croyais comme elles; mais nous avions toutes tort.
+
+Arrivée chez ma mère, je mis à profit tout ce que j'avais
+appris du hasard et d'Isabelle: comme elle, je me procurais
+tous les jours les sensations les plus délicieuses du plaisir;
+souvent même j'en redoublais la dose. Mon imagination
+échauffée n'était emplie que des idées qui y avaient rapport.
+Je ne pensais qu'aux hommes, je fixais mes regards et mes
+désirs sur tous ceux que je voyais: les yeux, attachés sur
+l'endroit où je savais que reposait l'idole que j'aurais
+encensée, animaient mes désirs dont le feu se répandait
+jusqu'aux extrémités de mon corps. Ce fut dans cet instant que
+Vernol revint passer ses vacances chez ma mère; il avait un an
+et demi de plus que moi. Ah! que je le trouvai beau; j'en fus
+surprise; jusque-là ses charmes m'avaient échappé. Il est vrai
+que l'âge à peu près égal de l'enfance nous avait toujours
+donné beaucoup d'amitié l'un pour l'autre; mais dans ce moment
+ce fut tout autre chose: il réunit tous mes désirs, une ardeur
+dévorante s'empara de tous mes sens, je ne vis plus que lui,
+toutes mes idées s'y concentrèrent. Depuis longtemps je
+souhaitais d'examiner de près, et de toucher, ce que je
+n'avais fait qu'entrevoir à Courbelon. Je sentais que j'étais
+trop jeune pour me flatter de devenir l'objet des desseins
+d'un homme plus âgé, et, me persuadant que leur instrument
+grossissait à la mesure de leurs années, les douleurs
+d'Isabelle m'effrayaient.
+
+D'ailleurs je ne voyais personne qui pût jeter les yeux sur
+moi ni arrêter les miens; cependant, j'étais dans une vive
+impatience et je fis de Vernol le but où je désirais
+atteindre.
+
+Sa chambre était derrière celle de ma mère où je couchais.
+
+Quand cette bonne dévote allait à l'église, où elle passait
+deux ou trois heures tous les matins, je fermais exactement la
+porte après elle. On croyait que nous dormions et l'on nous
+laissait en paix. Mais, continuellement éveillée par mes
+désirs, j'allais en chemise près de lui et je lui faisais
+mille agaceries pendant qu'il était dans son lit. Tantôt je
+l'embrassais, je le chatouillais, tantôt je tirais ses
+couvertures, ses draps; je le mettais presque nu; je lui
+donnais de petits coups sur ses fesses d'ivoire; il sautait
+après moi, me poussait sur son lit, me baisait et rendait sur
+mon cul les coups légers que je lui avais donnés. Nous avions
+répété deux matinées ce badinage lorsque, la troisième, en me
+jetant à la renverse sur son lit, ma chemise, à qui j'avais
+prêté un peu de secours, se trouva toute relevée et mes jambes
+en l'air; il aperçut aussitôt mon petit conin, il m'écarta les
+cuisses, il y porta la main, et ne pouvait se lasser de le
+regarder et d'y toucher; je le laissais faire.
+
+-- Ah! Rose, me dit-il, que nous sommes bien différents l'un de
+l'autre!
+
+-- Comment! lui répondis-je, quelle différence y a-t-il donc?
+Je lui fis cette question avec l'air de la plus innocente
+simplicité.
+
+-- Tiens, vois, me dit-il en troussant sa chemise et me
+montrant son petit outil qui était devenu gros et raide, et
+que je n'avais qu'entrevu jusque-là.
+
+Je pris cette lance en main, je la considérai, je la caressai,
+j'en découvrais, j'en aiguisais la pointe, et j'eus enfin la
+satisfaction d'en faire l'examen le plus attentif. Vernol,
+impatient d'en faire un pareil, me dit:
+
+-- Rose, laisse-moi donc te regarder encore.
+
+Je me rendis à sa demande et je me recouchai. Il releva mes
+jambes, les écarta et ne mit pas moins d'attention dans sa
+recherche et dans ses détails que j'en avais eu dans la
+mienne; mais il ignorait l'usage de ce qu'il voyait. Il était
+à genoux sur le lit, penché sur moi; je passai ma main entre
+ses cuisses et je repris son joli bijou; je m'amusai à coiffer
+et décoiffer sa tête rouge comme le corail. Le plaisir que je
+lui faisais, dont je m'apercevais, augmentait le mien: j'étais
+dans l'impatience; je me relevai et le renversai à son tour,
+je le découvris tout entier; je le baisais, je le mangeais, je
+caressais ses petites olives; enfin, à force de hausser et
+baisser ma main sur ce charmant bijou, il répandit cette
+liqueur que j'avais vu rendre à Courbelon par la main de
+Justine. Cette situation si nouvelle pour lui, l'étonnement
+joint au plaisir excessif dont il paraissait jouir, étaient un
+délicieux spectacle pour moi; sa main, placée entre mes
+cuisses, était restée sans mouvement. Je me recouchai sur le
+lit, je la pris et je lui fis faire un exercice qui lui était
+inconnu, et que je souhaitais vivement. Je tombai bientôt
+moi-même dans l'extase où je l'avais mis peu auparavant.
+
+Tout cela lui paraissait bien extraordinaire; je l'avais
+conduit de surprises en surprises; elles me réjouissaient et
+m'enchantaient. Je recommençai mes caresses, je repris son
+instrument, je le baisai, je le suçai, je le mis tout entier
+dans ma bouche, je l'aurais avalé: il ne tarda pas à
+reparaître dans l'état charmant où il avait été. Jusque-là, je
+n'avais pas osé lui apprendre à le mettre où je le souhaitais;
+mais de plus en plus animée, j'arrachai sa chemise, je quittai
+la mienne; rien ne me cachait ses charmes naturels; je les
+contemplais, je les couvrais de mes mains et de mes lèvres; il
+me rendait les mêmes caresses à son tour.
+
+Son petit vit était dans toute sa dureté; je me mis sur lui;
+je le conduisis moi-même dans mon petit conin. Ah! qu'il fut
+bientôt au fait: j'étais encore étroite, mais il n'était pas
+gros; nous poussions tous les deux; enfin, m'asseyant sur lui,
+je parvins aussitôt à me l'enfoncer tout entier, et j'eus
+l'agréable satisfaction de le sentir pour la première fois
+introduit où je le désirais avec tant de passion. C'est ainsi
+que nos pucelages, quoiqu'ils ne fussent pas bien intacts,
+furent enlevés l'un par l'autre. Quelle volupté nous
+ressentions! Vernol ne savait plus où il en était. Nous
+jouissions de cette félicité pure qui se sent sans pouvoir
+l'exprimer ni la concevoir. Nos plaisirs étaient à leur
+comble. Il en éprouva le premier l'excès: il déchargeait, ses
+bras qui m'entrelaçaient se relâchèrent, je précipitai mes
+mouvements, je l'atteignis, et, me laissant aller sur lui, il
+connut que je jouissais des mêmes délices. Serrés, collés l'un
+sur l'autre, nous savourions ce voluptueux anéantissement qui
+n'est pas moins enchanteur que le plaisir qui nous l'avait
+procuré. Mais, plus tôt rétablie que lui, je me vis forcée de
+l'engager à se servir encore de sa main et de son doigt.
+
+Nous répétions tous les jours cet agréable exercice; j'allais
+dans son lit ou il venait dans le mien; partout où nous
+pouvions nous réunir en sûreté pendant le jour, nous le
+recommencions ou nous n'en prenions que l'ombre. La nuit que
+nous ne pouvions être ensemble, toute pleine de son image je
+lui consacrais les plaisirs qu'elle faisait naître; il en
+faisait autant de son côté, nous nous en rendions compte le
+matin et nous réalisions les illusions nocturnes.
+
+Etonné dès les premiers jours de tout ce que je lui avais
+appris, il avait désiré que je lui dise par quel moyen j'en
+avais eu connaissance; mais ne croyant pas à propos de lui
+rendre compte d'abord de ce que j'avais vu chez ma cousine, je
+fixai ses idées sur des exemples généraux.
+
+Cependant, ayant ensuite reconnu sa discrétion, je lui
+racontai tout, et nous tâchions d'en réaliser le souvenir et
+d'en imiter l'exemple.
+
+Hélas! au milieu de nos plaisirs, notre séparation approchait;
+nous l'envisagions avec douleur. Ce moment vint enfin; il
+fallut nous quitter; ma peine fut extrême, je ne puis vous la
+peindre. Depuis trois ans et demi d'absence nous ne nous
+sommes réunis que depuis quatre ou cinq mois qu'il est revenu
+tout à fait chez ma mère.
+
+
+(Fin de l'Histoire de Rose)
+
+
+Quand elle eut fini son récit où elle était entrée dans un
+détail plus étendu qu'avec moi, surtout en ce qui regardait
+Vernol, je repris la parole:
+
+-- Tu ne sais pas, cher papa, ce que Rose m'a dit encore, elle
+ne te rend pas compte de tout. Ma chère Laure, m'a-t-elle
+ajouté, je me suis aperçue que Vernol avait pris pour toi la
+plus forte passion, et même il m'en a fait l'aveu.
+
+Tiens, chère amie, je n'en suis point jalouse, je vous aime
+tendrement tous deux: tu es belle, il est charmant, je serais
+enchantée de le voir dans tes bras; oui, ma chère, je l'y
+mettrais moi-même, je ferais mon bonheur de sa félicité.
+
+Ne la trouves-tu pas folle?
+
+-- Pas tant, Laure, je n'en suis point surpris, dans sa façon
+d'être.
+
+Nous jugeâmes aisément que Rose aimait le plaisir avec fureur;
+nous le lui dîmes, elle en convint. Les tableaux qu'elle avait
+retracés avaient ranimé son tempérament; ils avaient produit
+le même effet sur nous. Mon papa en présentait des preuves
+parlantes: elle s'en saisit, et, pour nous prouver le charme
+séducteur qu'elle y trouvait, elle conduisit elle-même le cher
+objet qu'elle tenait, et nous fit cent caresses dont nous la
+payâmes par cette sensation délicieuse après laquelle elle
+soupirait sans cesse. Comme elle était arrivée la première au
+but, elle arrêta mon papa et, nous adressant la parole:
+
+-- Achevez d'avoir en moi la même confiance que je vous ai
+montrée; ce que nous avons fait tous les trois, depuis hier,
+m'a totalement ouvert les yeux et m'a donné la liberté de vous
+raconter ce que j'ai fait avec Vernol. Viens donc, papa, viens
+à côté de ta chère Laurette, à sa place j'en ferais autant
+avec toi. Mets-lui, et qu'elle partage les plaisirs que tu
+m'as donnés; sois assuré de la plus inviolable discrétion.
+
+-- Eh bien! Rose, pour te prouver que je n'en doute en aucune
+manière, tu vas jouer un nouveau rôle.
+
+Il se leva et fut aussitôt chercher le godemiché; il l'attacha
+à la ceinture de Rose qui était extasiée de cet outil qu'elle
+ne connaissait pas; il me fit mettre sur elle et le conduisit
+dans mon con en lui recommandant de se remuer comme ferait un
+homme, et de me branler en même temps; il l'instruisit de
+l'effet de la détente lorsqu'elle me verrait prête à
+décharger. Il se mit ensuite sur moi et m'introduisit son vit
+dans le cul. Rose remuait la charnière supérieurement; je
+tenais ses tétons, elle caressait les miens, elle suçait ma
+langue, je me mourais. Au moment où j'allais perdre
+connaissance, elle fit décharger le godemiché; mon con en fut
+inondé, et le foutre que mon papa répandit en même temps dans
+mon cul excita en moi des transports qui se joignirent aux
+siens et à ceux de Rose qui, par le frottement du godemiché
+sur son clitoris, les lui fit partager; enfin je tombai sur
+elle, morte de plaisir. Mon papa se releva bientôt, et quand
+je fus revenue de cet évanouissement enchanteur nous sortîmes
+du lit qu'il était plus de midi.
+
+Dès que nous fûmes debout, elle n'eut rien de plus pressé que
+de passer à l'examen de cet outil si nouveau pour elle.
+
+Je l'aidai à en désunir toutes les parties: il était
+parfaitement semblable à un vit; toute la différence
+consistait dans des ondes transversales depuis la tête jusqu'à
+la racine pour procurer un frottement plus actif. Il était
+d'argent, mais couvert des couleurs de la nature, et d'un
+vernis dur et poli. Il était vide, mince et léger. Dans le
+milieu de l'espace, il y avait un tuyau du même métal, rond et
+plus gros qu'une plume, dans lequel il y avait un piston. Ce
+tuyau se vissait à un autre bout percé et soudé au fond de la
+tête. Il se trouvait par ce moyen des espaces autour de cette
+petite seringue, dont elle avait l'effet, et les parois de
+celui qui imitait le vit. Un morceau de liège, taillé pour
+boucher exactement ce dernier, avait un trou qui laissait
+entrer très juste la naissance de la petite pompe, dans lequel
+on insérait un ressort d'acier en spirale qui repoussait le
+piston par le moyen d'une détente. Quand Rose l'eut bien
+tourné et retourné:
+
+-- Il faut encore, me dit-elle, que tu m'apprennes comment on
+lui fait faire son office.
+
+-- On emplit, lui dis-je, le godemiché d'eau suffisamment
+échauffée pour en supporter la chaleur sur les lèvres; on le
+bouche bien avec le morceau de liège, auquel tu vois cet
+anneau pour le retirer; on emplit ensuite la pompe, par le
+moyen du piston qu'on attire, de colle de poisson fondue et
+légèrement teinte de blanc qu'on tient toute préparée:
+
+la chaleur de l'eau se communique aussitôt à cette liqueur qui
+ressemble autant qu'il est possible à la semence.
+
+La première action de Rose, après ce détail, fut de trousser
+sa chemise et de l'enfoncer dans son con. Cette folie dans ce
+moment me fit rire au point que mon papa rentra pour savoir le
+sujet qui m'y excitait si fort. Il la vit à cet ouvrage, il ne
+put s'empêcher de m'imiter, et s'adressa à elle:
+
+-- Laisse-le donc, Rose, sa vertu dans ce moment n'existe plus,
+et nous pouvons faire quelque chose de mieux.
+
+Elle continua donc de s'habiller. Il me prit par la main et
+sortit:
+
+-- Ma chère Laure, Rose sera la victime de sa passion et de son
+tempérament; rien ne la retient; elle s'y livre avec fureur,
+sans mesure ni ménagement; sois assurée qu'elle paiera de sa
+personne cette imprudence, ainsi que le pauvre Vernol qu'elle
+a jeté dans le même excès; mais je veux en profiter pour
+remplir mes desseins.
+
+En effet, inébranlable dans ses réflexions, il fut la
+retrouver dans ma chambre, et j'entendis:
+
+-- Rose, ce que vous avez dit à Laure, au sujet de votre frère
+sur la fin de votre histoire, annonce votre amitié pour l'un
+et pour l'autre; mais peut-on compter sur la discrétion de
+Vernol comme sur la vôtre? Il est nécessaire qu'elle soit des
+plus grandes, vous devez le concevoir, songez-y.
+
+-- Oh! ne vous trompez pas sur la confidence que je vous ai
+faite; elle n'est pas le fruit de l'indiscrétion; mais la
+manière dont j'ai agi avec lui m'a fait sentir que si j'eusse
+été Laurette vous eussiez été pour moi ce qu'est Vernol.
+
+L'obscurité à travers laquelle j'entrevoyais la chose s'est
+totalement dissipée par la façon dont nous vivons depuis hier;
+j'ai jugé que, dès lors, je pouvais parler sans déguisement et
+que vous seriez intéressés à garder, à notre sujet, le même
+secret qu'à votre égard je vous jure pour Vernol et pour moi,
+y trouvant le même intérêt. Mais, de grâce, qu'il participe à
+nos plaisirs; il m'a fait l'aveu qu'il était fou de Laurette,
+et vous vous y trouvez engagé plus que vous ne pensez. Vous
+serait-il donc possible de nous refuser? Je serai comblée de
+joie si vous ne vous y opposez pas et si, comme je le désire,
+la chère Laurette ne le hait pas.
+
+-- Tout me force aujourd'hui à y consentir; ne lui dites
+cependant rien encore de ce qui s'est passé entre nous, je
+vous le conseille et vous y engage. Il me croirait dédommagé,
+et je veux qu'il me paie lui-même du sacrifice que je fais.
+Prévenez-le seulement de se prêter à tout ce que nous
+voudrons.
+
+-- Ah! je vous réponds de lui comme de moi-même sur qui vous
+pouvez compter en tout.
+
+-- Il est cependant nécessaire que vous sachiez, vous et lui,
+que Laure n'est ma fille que pour le public; car en réalité
+elle ne l'est pas. Vous voyez cependant qu'elle ne m'en est
+pas moins chère; mais surtout, que personne ne soit instruit
+de ce secret que vous deux, je vous le recommande. Allez à
+présent trouver votre mère avec elle, dites-lui que demain
+nous irons encore passer le jour à la campagne, et que si elle
+veut vous y laisser venir avec votre frère nous vous y
+mènerons. Cependant, promettez-moi d'être tranquilles l'un et
+l'autre jusqu'à ce que vous veniez, car vous en aurez sûrement
+besoin.
+
+Je n'avais rien perdu de ce discours; Rose vint, m'entraîna,
+courut chez sa mère et obtint facilement pour elle et pour
+Vernol ce qu'elle lui demandait. Je la quittai et fus passer
+le reste de la journée chez une parente. Pendant ce temps-là,
+mon père fut donner ses soins aux arrangements qu'il
+projetait.
+
+La nuit, quand je fus dans ses bras, je présumai qu'il me
+rendrait compte de ce qu'il avait dit à Rose, et de ses
+desseins. Indécise avec moi-même, je ne voulus pas lui en
+parler la première, ni lui faire connaître que je l'avais
+entendu. Le coeur me battait; mais il ne m'en ouvrit pas la
+bouche.
+
+Le lendemain après-midi, une voiture se rendit à notre porte,
+nous prit et nous conduisit dans une maison charmante à
+quelque distance de la ville; je ne la lui connaissais pas. Je
+jugeai qu'elle appartenait à quelqu'un de ses amis qui la lui
+prêtait. Vernol avait cherché à relever ses attraits naturels.
+Rose et moi, nous étions dans un déshabillé galant. Instruit
+par sa soeur, il avait une politesse plus aisée et quelque
+chose de plus assuré qui lui était avantageux.
+
+Nous arrivâmes sur les quatre heures, il faisait un temps
+admirable et très doux. Nous rimes plusieurs tours dans les
+jardins, qui étaient vraiment dessinés par Vertumne, et non de
+ces assemblages fantasques où la bizarrerie semble avoir
+présidé. Ce n'était pas non plus de ces jardins compassés, où
+la régularité et la symétrie écrasent la nature: nous y
+jouissions de la beauté de l'horizon, qui semblait d'accord
+avec la fête. Après cette promenade, où nous avions préludé
+par les baisers, nous vînmes dans les appartements, que nous
+parcourûmes; nous trouvâmes, dans un salon où mon papa nous
+conduisit, une collation servie; il nous présenta plusieurs
+mets, nous versait à boire et ne nous ménageait pas. Soit
+délicatesse des vins et des liqueurs, ou soit qu'il eût
+employé quelque autre moyen qu'il connaissait assez, nos têtes
+perdirent bientôt leur équilibre et nous jetâmes des fleurs à
+la folie, qui nous en couronna. Dès qu'il nous vit en cet
+état, il fut écarter tout son monde de manière à ne le faire
+revenir que tard, en sorte que nous étions exactement seuls.
+Il nous conduisit dans un appartement où nous n'avions pas
+encore été, situé dans le quartier le plus reculé. Il nous fit
+entrer dans un petit salon illuminé, de toutes parts, de
+bougies mises dans des girandoles, posées à la hauteur où l'on
+pouvait facilement atteindre avec la main. Au-dessous d'elles
+régnaient tout alentour des glaces ordinairement couvertes de
+rideaux qui, dans ce moment, étaient relevés par des cordons
+et des glands qui les tenaient en festons, dont les pendants
+garnissaient les encoignures. Des bergères larges, fort basses
+et presque sans dossier, sur lesquelles étaient répandus des
+carreaux, garnissaient le tour jusqu'à la hauteur où les
+glaces étaient placées. Au-dessus d'elles étaient enchâssés
+différents tableaux. Dieux! quels objets, chère Eugénie!
+Clinchetet et l'Arétin n'ont rien produit de plus voluptueux.
+Des sculptures peu multipliées, les unes en blanc, les autres
+peintes à la gouache, présentaient de semblables sujets. Dans
+un des côtés était une niche ornée et éclairée de même, qui
+renfermait un meuble sur lequel la jouissance et la volupté
+avaient établi leur trône. Ces peintures, ces sculptures, les
+vins et les liqueurs que nous avions pris écartèrent et
+chassèrent loin de nous jusqu'à l'ombre de la contrainte: le
+délire voluptueux s'empara de nos sens; Bacchus et la Folie
+menaient le branle. Rose, inspirée par sa divinité chérie,
+nous donna le ton et commença l'hymne du plaisir. Elle sautait
+au cou de mon papa, elle embrassait Vernol, elle me baisait et
+m'engagea de l'imiter. Elle arracha mon mouchoir qu'elle jeta
+à son frère, elle fit voler le sien sur mon papa, elle leur
+faisait baiser ses tétons, elle les conduisait sur les miens,
+nos bouches étaient couvertes de leurs lèvres. Ces jeux, ces
+baisers qui se répétaient dans les glaces nous échauffèrent à
+l'excès. Nos joues étaient colorées, nos lèvres brûlantes et
+vermeilles, nos yeux animés et nos seins palpitants. Vernol,
+déjà dans un demi-désordre, le teint brillant, les yeux pleins
+de feu, me paraissait beau comme le jour. Je le regardai dans
+ce moment comme une jouissance divine dont tous les appas se
+réunirent en un seul trait, au centre de mes désirs; il ne
+savait lui-même où il en était: mon papa calculait la
+gradation. Rose me fit tomber sur une bergère, elle appela
+Vernol pour l'aider: elle me troussa, me donna de petits coups
+sur les fesses, et lui fit voir l'objet après lequel il
+soupirait. Je la pris à mon tour pour la renverser aussi; mais
+elle ne m'en donna pas le temps; elle s'y jeta d'elle-même et,
+levant les pieds en l'air, elle mit au jour tous les appas
+qu'elle avait reçus de la nature, son con, son cul, son
+ventre, ses cuisses, tout fut à découvert. Nous fûmes aussitôt
+tous les trois près d'elle lui faire les caresses qu'elle
+montrait désirer. A peine avions-nous posé nos mains sur ses
+fesses qu'après deux ou trois mouvements de reins nous
+l'aperçûmes tortiller l'oeil, et nous vîmes couler la fontaine
+du plaisir. Nous nous apercevions bien l'une et l'autre que
+Vernol et mon papa bandaient de tout leur pouvoir. Le sillon
+relevé que leurs vits faisaient le long de leurs cuisses en
+portait le plus sûr témoignage. Tout d'un coup, Rose se releva
+et fut se jeter sur mon père:
+
+-- Cher papa, je t'ai jeté le mouchoir; tu seras mon mari et
+moi ta femme; donne-moi ta main.
+
+-- Très volontiers, Rose; mais il faut que la dernière
+cérémonie en soit.
+
+-- Ah! de tout mon coeur. Mais Vernol a eu le mouchoir de
+Laurette, il faut aussi les unir. Y consens-tu?
+
+-- Soit, comme tu le désires.
+
+Elle accourut prendre nos mains qu'elle mit l'une dans
+l'autre; elle nous fit embrasser, nos bouches se
+rencontrèrent; elle porta sa main sur mes tétons et nous fit
+appeler mari et femme. Nous étions tous quatre vivement émus
+et très échauffés. Rose brûlait.
+
+-- Qu'il serait délicieux dans ce moment, s'écria-t-elle,
+d'être dans un bain où nous puissions nous rafraîchir! Le feu
+me dévore.
+
+Mon papa se leva et fut tirer un cordon qui était à côté de la
+niche. Aussitôt le dessus du meuble qui y était fut enlevé, et
+découvrit un bassin à trois robinets qui jetaient à volonté de
+l'eau chaude, froide ou de senteur.
+
+-- Voilà qui est magnifique, c'est ici le palais des divinités.
+Je vais, dit Rose, ressembler à une naïade, mais je ne serai
+pas la seule. En peu d'instants, elle parut avec les seuls
+ornements des nymphes; elle s'empara de moi, et pressa Vernol
+et mon papa de l'aider à me mettre dans le même état: en un
+clin d'oeil, tout disparut de dessus moi. Rose fit un signe à
+son frère qui se montra bientôt en Sylvain pendant qu'elle et
+moi nous prêtions notre secours à mon papa. Mes regards
+furtifs avaient déjà détaillé Vernol: qu'il était bien fait,
+et qu'il me paraissait agréable! La jeunesse et la fraîcheur
+brillaient de tous côtés: au milieu de la blancheur et de
+l'éclat d'une jeune fille, on voyait le trait qui
+caractérisait un homme. Nous nous plongeâmes tous quatre à la
+fois dans ce bassin, ils étaient l'un et l'autre rayonnants de
+gloire. Tous consumés d'un feu dévorant, nous étions
+semblables à des fournaises sur lesquelles on jette de l'eau
+et qui n'en deviennent que plus vives. Deux lances en arrêt
+nous menaçaient tour à tour, mais le combat ne nous effrayait
+pas: en proie aux mains folâtres et passionnées, aux baisers
+amoureux et lascifs de nos tritons, nous leur rendions les
+mêmes caresses, nous badinions avec leurs flèches, ils
+s'étaient emparés de nos carquois. Dans ce moment, mon papa
+eut la prudence de plonger l'éponge au fond du mien lorsque
+j'y pensais le moins. Vernol voulait entrer en lice mais, par
+une adresse si naturelle aux femmes et si propre à aiguiser
+les désirs, je l'arrêtai et me sauvai du bassin. Rose me
+suivit. Bientôt ils furent dehors.
+
+La fraîcheur qu'ils sentirent en sortant leur donna sur la
+crête, leur humilité momentanée nous laissa le temps de nous
+essuyer et, nous étant couvertes simplement de robes légères
+et transparentes qui ne gênaient presque point la vue ni les
+larcins, et que mon papa tira d'une armoire cachée par une
+glace mobile, nous nous étendîmes sur les bergères. A peine y
+étions-nous qu'il fit descendre du plancher, par un autre
+cordon, une table servie de mets délicats, de vins et de
+liqueurs semblables à celles dont nous nous étions si bien
+coiffés, et qui nous achevèrent. Tout y était propre à
+augmenter l'ardeur qui nous dévorait déjà.
+
+Vernol était dans une impatience prodigieuse; mais, ce que je
+n'aurais pas attendu de celle de Rose, elle ne perdit rien de
+sa gaieté. Pour moi, dont la volupté était plus délicate, je
+jouissais par les yeux, par les mains; mais j'étais moins
+empressée d'arriver au but, que j'envisageais avec plus de
+satisfaction en exaltant le désir, et je me trouvais en cela
+d'accord avec mon papa. Vernol et Rose furent donc obligés de
+modérer leur impatience, ce qui fut plus facile à Rose qui,
+par nos caresses et nos attouchements, avait déjà, de son
+aveu, ressenti trois fois les délices du plaisir. Enfin, elle
+appela ce service le souper de noce; l'hymen n'y présidait
+guère, mais qu'importe, la volupté y régnait; elle seule nous
+suffisait et nous enchantait. On la voyait au milieu de la
+table, couronnée par le dieu des jardins, tenant son sceptre
+en main; dans les quatre coins il y avait des groupes
+entrelacés et dans les attitudes qui annonçaient le plus doux
+des moments. Entre eux, de vieux satyres jaloux présentant
+leurs offrandes, que des nymphes chassaient et que les
+plaisirs fuyaient: tout inspirait, tout animait. Rose, le
+verre et la bouteille en mains, sa robe ouverte, développant
+ses appas et ses grâces, répandait la flamme dans nos veines;
+ce qu'elle nous versait devenait un torrent de feu.
+
+Je désirais enfin moi-même avec violence, rien ne m'eût
+effrayée. Nos attraits, presque toujours à découvert,
+produisaient le même effet, et nous voyions sans cesse à nos
+yeux des signes palpables de leur pouvoir. Enfin, chère
+Eugénie, parlons sans figure: ils ne débandaient point.
+
+Rose, ne pouvant plus y tenir, s'écria:
+
+-- Vernol, prends ta femme. Pour moi, me jetant entre les bras
+de mon papa, je tiens mon mari.
+
+Elle s'était déjà saisie de son vit qu'elle fixait depuis
+longtemps, déjà Vernol me tenait embrassée et sa main s'était
+emparée de mon con, lorsque mon papa nous arrêta:
+
+-- Attendez, mes enfants, il y a une condition à laquelle
+j'attache ma complaisance; il est juste que j'en sois payé.
+
+Si Vernol le met à Laure, je veux imiter cet homme de cour
+qui, faisant coucher avec sa femme un page qu'elle aimait,
+faisait en le cul de ce page la même opération qu'il faisait
+dans le con de la dame. Il faut, de même, que pendant qu'il
+foutra Laure son cul soit à ma disposition.
+
+Je me persuadai dans l'instant que les beautés de Vernol lui
+avaient inspiré des désirs, comme elles avaient fait naître
+les miens; j'en fus enchantée, j'en devenais plus libre de me
+livrer à mes désirs, et cette pensée me dégagea d'une entrave
+qui, jusque-là, m'avait donné quelque gêne. J'animai nos jeux
+avec les transports de la joie; je tâchai d'y ajouter de ma
+part tout ce qui pouvait les rendre plus charmants: je me
+saisis de Vernol, j'arrachai sa robe, je présentai son cul,
+j'écartai ses fesses charmantes, son vit m'enfonçait le
+ventre.
+
+-- Non, Vernol, non, ne te flatte pas de me le mettre dans
+cette condition.
+
+Rose, qui avait vu que mon papa me l'avait mis de même,
+s'écria qu'il n'avait pas à balancer, et jura qu'elle le
+tiendrait plutôt.
+
+-- Quoi, dit Vernol, quel serait donc l'obstacle qui pourrait
+m'arrêter? Depuis longtemps, je suis à la torture; que ne
+ferais-je pas, belle Laurette, pour jouir de vous et mourir
+dans vos bras?
+
+-- En ce cas, dit mon papa, Rose sera aussi de la partie.
+
+Dans le moment, la table fut enlevée et le bassin recouvert;
+un coussin épais en remplissait l'étendue et était enveloppé
+d'un satin couleur puce, si propre à relever la blancheur.
+Cette niche était le vrai sanctuaire de la volupté.
+
+Nous fûmes à l'instant débarrassés de tout ce qui nous était
+étranger, et nous montâmes sur cet autel avec les seuls
+ornements de la nature, tels qu'ils étaient nécessaires pour
+offrir nos voeux à la divinité que nous allions encenser et
+pour les sacrifices que nous allions lui faire. Les glaces
+répétaient de tous côtés nos différents attraits. J'admirais
+ceux de Vernol. Ce beau garçon me prit dans ses bras, il me
+couvrit de baisers et de caresses; il bandait de toute sa
+force. Je tenais son vit; mon papa maniait ses fesses d'une
+main et, de l'autre, les tétons ou le con de Rose qui nous
+caressait tous trois. Cédant enfin à notre fureur amoureuse,
+Vernol me renversa, écarta mes cuisses, baisa ma motte, mon
+con, y mit sa langue, suça mon clitoris, se coucha sur moi et
+me fit entrer son vit jusques aux gardes. Mon papa se mit
+aussitôt sur lui. Rose était sur les genoux, appuyée sur les
+coudes, son con tourné de mon côté; elle entrouvrit les fesses
+de Vernol, en mouilla l'entrée et conduisit le vit de mon papa
+dans la route qu'elle lui avait préparée. Pendant qu'ils
+agissaient, elle chatouillait les couilles de l'un et de
+l'autre. Je tenais son con, j'y mettais le doigt, je la
+branlais; bientôt ma main fut toute mouillée, ses transports,
+qui parurent les premiers, nous excitèrent vivement:
+
+Vernol la suivit de près; mon papa s'en aperçut, il hâta sa
+course qui m'était favorable; je doublai mes mouvements, et
+nous tombâmes presque aussitôt dans la même extase: nos trois
+individus unis n'en faisaient pour ainsi dire plus qu'un, que
+Rose couvrait de ses baisers.
+
+Revenus à nous-mêmes, nos caresses remplacèrent nos transports
+et remplissaient le temps que le plaisir nous laissait à
+parcourir; elles nous remirent bientôt en état de le ramener à
+nous. Vernol avoua qu'il n'en avait jamais ressenti de pareil.
+
+-- Il faut l'avoir connu, dit mon papa, pour pouvoir en juger.
+Viens, ma chère Laurette, viens l'éprouver à ton tour. Vernol,
+moins fourni que moi, ne te procurera que des douceurs. Belle
+comme tu es, de quelque côté que ce soit il n'a rien à perdre.
+Nous bandons, viens dans mes bras. Rose fera pour lui ce
+qu'elle a fait pour moi, et branlera ton clitoris en arrière,
+par-dessous les cuisses.
+
+Je me jetai sur lui, je le mangeai de caresses. Rose
+introduisit son vit dans mon con; elle ouvrit mon cul, elle
+mit le vit de Vernol dans sa bouche, elle en mouilla la tête
+ainsi que le passage où il devait entrer, et le conduisit
+elle-même.
+
+Placée comme elle était la première fois, elle me branlait et
+caressait les fesses de Vernol, tandis que mon papa, le doigt
+dans son con, la branlait aussi. Le sublime. plaisir annonça
+bientôt sa présence, nous volions après lui, nous le saisîmes.
+Ah! qu'il était grand! Nous déchargions tous, nous étions
+inondés, le foutre ruisselait. Livrée aux plus vives
+sensations, j'étais dans un état convulsif. Après avoir été
+agitée comme un nageur qui se débat, un calme, non moins
+voluptueux que le plaisir, lui succéda. Ce resserrement, ce
+frottement dans toutes les parties délicates et sensibles, où
+se trouve le trône de la suprême volupté, me la fit connaître
+dans l'extrémité de son dernier période. Je ne pus mettre la
+parallèle avec cette journée, que celle où j'avais fait le
+sacrifice volontaire de mon pucelage.
+
+Il fallut enfin se reposer; nous nous assîmes, et nous les
+engageâmes de reprendre pour quelques instants leurs habits;
+mais nous ne fûmes guère plus tranquilles: dans l'état où nous
+étions, nos yeux, nos mains, nos bouches, nos langues, tout
+rappela les désirs; nous parlions foutaise; nos tétons, nos
+fesses, nos cons étaient maniés, baisés; nous les rendions,
+ces caresses, des vits et des couilles en étaient les objets.
+Bientôt les effets en parurent avec fierté, nous les
+ressentîmes aussi; nous bandions tous encore, nos clitoris
+gonflés le démontraient aussi bien que la fermeté de leurs
+vits; nous courûmes sur les traces du plaisir qui nous avait
+échappé; nous le ramenâmes à nous pour le laisser fuir encore;
+mais je voulus que Rose eût une part plus solide que celle qui
+lui était tombée jusqu'alors; je la fis coucher les genoux
+élevés; mon papa se mit à côté d'elle et, passant ses cuisses
+par-dessous ses jambes qu'elle mit en l'air, son vit se
+trouvait pointé sur le but; je me mis sur elle, sa tête entre
+mes genoux et entre ceux de Vernol qui me le mettait en
+levrette. Je mis le vit de mon papa dans son con; il s'y
+perdait et reparaissait tour à tour; il prenait nos tétons à
+l'une et à l'autre; je la branlais, elle me rendait le même
+office; mon con était sur ses yeux; le vit de Vernol qui
+allait et venait, ses couilles qui se balançaient, formaient
+un spectacle enchanteur pour elle, qui produisit un tel effet
+sur ses sens que, dans le même temps que nous mîmes à chercher
+le plaisir pour le savourer, Rose avait déjà ressenti quatre
+fois ses attraits; quatre fois ses élancements et ses
+transports, ses expressions: je me meurs, je décharge, nous en
+donnèrent des preuves certaines. Enfin, nos fouteurs de
+dessous se réunissant, Rose reçut, dans un cinquième et
+copieux épanchement de sa part, le foutre dont mon papa
+l'inonda. Leur plaisir excitant le nôtre, nous jouîmes presque
+en même temps qu'eux de ces enchantements que nous nous
+hâtions d'atteindre.
+
+Rose se mourait: si elle chérissait le plaisir, celui-ci ne la
+fuyait pas; elle en ressentait les effets des trois et quatre
+fois contre nous une; son con était une source de foutre; il
+lui causait un plaisir si vif qu'elle pinçait et mordait
+toutes les fois qu'elle le répandait. Enfin, elle tomba dans
+cet état d'anéantissement où l'on ne connaît et ne sent rien
+que l'excès des sensations délicieuses qu'il procure. Dès
+qu'elle en fut revenue, elle fit tant d'éloges de cette
+attitude que je voulus jouir à mon tour de la même
+perspective. Aussi, dès que nos forces furent rétablies, nous
+n'y changeâmes presque rien; je pris seulement la place
+qu'elle occupait, elle se mit sur moi, Vernol la foutait. Ma
+tête entre leurs cuisses, je voyais tous leurs mouvements, et
+nous nous branlions l'une et l'autre, pendant que le vit de
+mon papa fournissait pour moi sa carrière.
+
+Ce quatrième acte fini, nous étions fatigués, brisés, excédés;
+nous avions grand besoin de réparer nos pertes. Nous nous
+relevâmes, mon papa fit redescendre la table et nous ranimâmes
+nos forces par les restaurants que nous prîmes. Le repos nous
+était bien nécessaire. Dès que la table fut relevée, nous nous
+couchâmes tous quatre, les uns sur les autres, nos bras et nos
+cuisses entrelacés, tenant chacun le cher objet de tous nos
+voeux et le divin moteur de nos plaisirs.
+
+Après une bonne heure de sommeil, Rose, éveillée par un songe
+voluptueux, nous tira bientôt de l'espèce de léthargie où nous
+étions plongés. Nos caresses et nos baisers recommencèrent;
+mais, loin de nous précipiter, nous badinions avec nos désirs
+pour en allonger la durée, en multipliant la jouissance, en
+retardant l'approche du plaisir: nous allions jusqu'à lui,
+nous le repoussions, il nous poursuivait. Rose l'avait déjà
+saisi deux ou trois fois; à notre tour il nous atteignit
+aussi: il n'est pas sûr de jouer avec lui. Il fut enfin
+victorieux, et nous terminâmes cette journée par un cinquième
+acte dont Rose fut l'héroïne.
+
+Couché sur mon papa qui l'enfilait par le grand chemin, Vernol
+se présentait à la porte de derrière. J'avais pris l'attitude
+qu'elle avait tenue; je mis tout en place et je lui rendais
+les mêmes services que j'en avais reçus, pendant que mon papa
+me prodiguait des caresses semblables; mais, par un nouveau
+badinage, Vernol changeait de temps en temps de route: il
+quittait celle où je l'avais conduit pour aller s'accoler avec
+mon papa dans le chemin qu'il occupait. Rose trouvait
+admirable de les avoir ensemble: il était heureux pour elle
+que la même voie pût se prêter à deux de front; mais, au
+dernier moment, Vernol reprit le sentier où je l'avais guidé
+et qu'il avait occupé d'abord.
+
+Elle trouva ce dénouement divin et supérieur à tout ce qu'elle
+avait éprouvé jusqu'alors; aussi s'écria-t-elle, dans son
+enthousiasme:
+
+-- Que je serais heureuse, et que la mort me serait douce si je
+perdais la vie dans un moment si délicieux!
+
+Nous rîmes de son idée, et nous la trouvâmes bien analogue à
+son tempérament et à sa façon de penser.
+
+Avant de reprendre nos vêtements, mon père découvrit de
+nouveau le bassin; je fus enchantée de ce soin; je m'y
+plongeai dans l'instant, ils m'y suivirent aussitôt. Je
+retirai l'éponge et j'introduisis de l'eau dans le lieu
+qu'elle avait occupé. Cette première ablution faite, nous la
+renouvelâmes et nous y rimes couler une essence qui nous
+embaumait. Ce second bain porta le calme et la fraîcheur dans
+tous nos sens. L'heure s'avançait, nous nous hâtâmes d'en
+sortir.
+
+Après nous être rhabillés, nous rimes encore quelques tours
+dans les jardins. Enfin, nous remontâmes en voiture sur les
+huit heures, et nous rentrâmes en ville une heure après.
+
+Depuis ce jour, et dans les premiers temps qui le suivirent,
+Rose ne cessait de me presser de répéter cette scène.
+
+Je m'y prêtai d'abord. Peu après je ne me rendais que par
+complaisance pour elle qui, sur la fin, en était seule le
+coryphée. Enfin, elle me devint insipide, je l'aurais trouvée
+même à charge si mon papa n'eût été de la partie. Cette
+dégradation ne lui avait point échappé, il en fut enchanté.
+
+Mon ivresse pour Vernol, que mes yeux et mes sens avaient
+seuls produite et où le coeur n'avait point de part, se
+dissipait tous les jours: soustraction faite de sa figure et
+de sa douceur, on ne trouvait plus rien en lui; elle
+s'éteignit totalement et ne me laissa que des regrets; je
+revins tout entière au penchant de mon coeur et à mon
+attachement qui, loin de diminuer, avait pris de nouvelles
+forces. Je regardais mon père comme un homme extraordinaire,
+unique, un vrai philosophe au-dessus de tout, mais en même
+temps aimable et fait pour toucher réellement un coeur; je
+l'aimais, je l'adorais. Ah! chère Eugénie, ce sont les
+qualités de l'âme qui, seules, nous fixent, nous enchaînent
+indépendamment des sens et coupent les ailes de notre
+inconstance naturelle. Les hommes qui réfléchissent n'y
+résistent point quand ils les rencontrent, et toute leur
+infidélité leur cède: enfin, j'étais le seul objet de sa
+tendre affection, comme il l'était de celle de mon coeur. Les
+événements qui suivirent achevèrent d'anéantir ces liaisons
+que j'avais déjà commencé de rompre.
+
+Une aventure où Rose brisa plusieurs lances avec trop
+d'effronterie et d'imprudence acheva de m'aliéner d'elle et de
+Vernol, lorsqu'ils m'en eurent fait un détail que je sus tirer
+d'eux. Je fus convaincue que la délicatesse des sentiments
+n'habitait point leurs coeurs, et qu'ils n'avaient l'un et
+l'autre que ceux de la passion la plus effrénée et la plus
+indiscrète. Cette manière d'être et de penser n'étant point
+uniforme avec la mienne, je fus entièrement décidée sur leur
+compte.
+
+Je t'ai déjà dit que je ne les voyais plus aussi souvent, ce
+qui les engageait à chercher de leur côté tous les amusements
+qu'ils pouvaient se procurer: la promenade en faisait partie.
+Vernol, conduisant un jour Rose dans un jardin public,
+rencontra quatre de ses camarades de collège, dont le plus âgé
+avait à peine vingt ans. Reconnaissance, essor de joie,
+embrassades, questions multipliées: d'où viens-tu?
+
+Que fais-tu? Où vas-tu? Quelle est cette belle? La réponse à
+la dernière demande donna lieu à nos jeunes gens de faire des
+révérences et des compliments qui, sûrement, ne déplaisaient
+point à Rose. Satisfaits sur les autres points, ils se
+déterminèrent à engager Vernol d'être de leur partie.
+
+Il était question d'aller hors de la ville se régaler d'une
+collation dans quelque endroit commode; ils n'essuyèrent point
+de refus de la part de Vernol, et encore moins de Rose: ils
+partent.
+
+Dans les premiers transports de joie, nos jeunes gens avaient
+oublié les conventions qu'ils avaient prises ensemble, mais le
+plus âgé, en même temps le plus rusé par ce que tu vas voir
+ensuite, ne les avait pas perdues de vue. Il tenait Rose avec
+un autre sous les bras, les petits propos, les cajoleries, les
+expressions énigmatiques, allaient leur train. On était encore
+dans la belle saison; on marchait assez vite. En arrivant, on
+monte dans une chambre; Rose avait chaud, elle se jeta sur un
+lit, découvrit sa gorge, et laissait pencher une jambe qu'elle
+savait avoir bien faite; aussi en reçut-elle des éloges qui
+l'enivraient. On fit apporter mets, vins et liqueurs de
+diverses sortes; les têtes commencèrent à s'échauffer: Rose
+sablait, tous en faisaient autant. Dans cette disposition, les
+propos, les chansons s'égayèrent, la liberté s'en mêla, les
+baisers trottaient; le feu prit, et l'incendie se communiqua.
+Le plus âgé, plus hardi et plus expérimenté que les autres,
+prit Vernol dans une embrasure et lui fit part des conventions
+qu'ils avaient faites avant de partir. Vernol ne put
+s'empêcher d'en rire de tout son coeur. Rose, curieuse à son
+ordinaire, voulut absolument savoir ce qui lui en donnait
+lieu: elle l'appela, le pressa; il ne fit pas de difficulté de
+lui raconter que ses camarades étaient convenus entre eux,
+avant de les avoir rencontrés, que celui des quatre qui aurait
+le vit le plus petit paierait pour tous la bonne chère, et que
+celui qui l'aurait le plus gros ferait présent de ce qui
+serait bu.
+
+Dans les transports, les éclats de rire et les élans que ce
+récit fit faire à Rose, elle s'agita de façon, en levant une
+jambe, qu'elle fît voir presque tout ce qu'elle avait de
+caché, et, dans ce premier mouvement, elle s'écria:
+
+-- Qui donc en sera le juge?
+
+-- Vous-même, lui dit le plus effronté, croyant bien que Vernol
+lui avait rendu compte de ce qu'il avait appris.
+
+Rose, animée par le vin et par une idée aussi flatteuse pour
+elle, répondit que, certainement, elle serait le meilleur juge
+et plus en état d'en décider qu'aucun d'eux. De ce moment, on
+ne se gêna plus; les expressions les plus hardies,
+accompagnées de vin et mêlées de caresses, passaient de bouche
+en bouche. Rose, comme un vaillant champion, tenait tête à
+tous; mais elle se préparait d'autres assauts qui
+l'intéressaient davantage et, voulant en venir au plus tôt à
+des effets où elle trouvait plus de solidité, elle appela
+Vernol et, lui passant un bras autour du cou, elle pencha sa
+tête sur ses tétons qu'elle lui faisait baiser puis, coulant
+sa main plus bas, elle s'empara de son vit; lui, de son côté,
+glissant la sienne sous ses jupes se saisit de son con. Ses
+jupes à demi soulevées ne laissaient rien apercevoir encore,
+mais, relevant un genou, elle facilita la découverte de ce
+centre du plaisir. Cette vue les anima de telle sorte qu'ils
+l'entourèrent, l'un lui prenant une fesse, l'autre une cuisse,
+un autre les tétons, chacun en tenait un morceau. Rose,
+faisant relever Vernol, leur demanda, en leur montrant son vit
+qu'elle tenait, s'ils pouvaient lui faire voir quelque chose
+de pareil. Chacun mit aussitôt les armes à la main: elle eut
+alors le spectacle enchanteur à ses yeux de voir à la fois
+cinq vits bandés, fiers et menaçants, qui lui proposaient le
+combat quoique certains d'être vaincus.
+
+Rose, aussitôt se relevant et s'asseyant sur le lit, les
+genoux relevés et écartés, le lieu de la joute totalement à
+découvert et présentant la bague:
+
+-- Je pourrais, dit-elle, décider la question au coup d'oeil;
+mais puisque je dois juger je veux y procéder avec tout le
+scrupule possible, et même y joindre, s'il le faut, une mesure
+qui m'est propre. Cependant commençons.
+
+Elle les fit ranger tous cinq en leur faisant mettre toutes
+pièces à découvert et, prenant son lacet, elle les mesura avec
+la plus grande exactitude, tant en longueur qu'en grosseur,
+soupesant même avec attention leurs dépendances.
+
+Le maniement de tous ces vits fit une telle impression sur
+elle que, se laissant aller sur le dos et donnant deux ou
+trois coups de cul, elle leur fit connaître qu'elle
+déchargeait.
+
+Tous voulaient, dans cet instant, monter sur elle, mais elle
+les arrêta:
+
+-- Je veux avant, dit-elle, prononcer mon jugement.
+
+Le plus âgé fut tenu de payer les vins et les liqueurs; Vernol
+aurait été chargé du restant s'il n'eût été par tous exempté
+des obligations de la convention dont il n'était pas. Ce fut
+au second, presque du même âge que le premier, que cette
+chance tomba, n'étant guère mieux fourni que Vernol. Il était
+d'une figure agréable, et Rose, pour dissiper le chagrin qu'il
+témoignait, lui promit qu'il serait le premier à passer aux
+épreuves. Elle les désirait avec passion: tous ces vits,
+toutes ces couilles l'avaient mise en fureur. Ils la prièrent
+de les y admettre; elle ne se fit pas presser et, se
+renversant sur le lit, elle tendit la main à celui auquel elle
+l'avait promis, qui, sautant sur elle, enfonça sur-le-champ
+son dard dans l'anneau qu'elle présentait; Vernol le suivit et
+les trois autres à leur tour selon la gradation qu'elle avait
+observée. Rose, enchantée, arrosée de foutre, nageait dans le
+plaisir: sans cesse déchargeant, à peine avait-elle le temps
+de respirer; l'un n'avait pas plus tôt quitté la place que
+l'autre aussitôt y rentrait.
+
+Enfin, il fallut se reposer un moment. On était fort échauffé:
+boire, rire et caresser remplirent les entractes.
+
+Rose était toute livrée aux baisers et aux mains fourrageuses
+de ces cinq fouteurs. Ils ne purent la souffrir plus longtemps
+couverte du moindre voile; bientôt elle fut mise dans l'état
+où étaient les trois déesses au jugement de Pâris.
+
+Tous, jeunes et vigoureux, ne la virent pas plus tôt ainsi que
+leurs désirs se montrèrent plus furieux. Rose aurait cédé
+volontiers la ceinture de Vénus pour une guirlande de cons
+afin de les recevoir tous à la fois, à moins que cette
+ceinture de la mère des Amours ne fût de cette espèce.
+
+Mais, n'en pouvant avoir que deux, elle changea la scène en
+faisant mettre le plus gros et le plus long couché sur le lit,
+la tête au pied; elle se mit sur lui, les tétons appuyés sur
+sa bouche; le moins avantagé se mit sur elle entre leurs
+cuisses; chacun prit la route qui lui était présentée; de
+chaque main, elle tenait le vit des deux autres, et réserva
+Vernol, dont elle prit le hochet entre les lèvres, qu'elle
+chatouillait et suçait du bout de sa langue.
+
+Enfin Rose, au milieu du foutre qui ruisselait de toutes
+parts, demeura victorieuse après qu'ils se furent présentés
+entre eux vingt-deux fois au combat, qu'elle eut arrosé
+trente-neuf fois par elle-même le champ de bataille. Elle
+était excédée mais ivre de plaisir.
+
+Je la vis le lendemain; je la trouvai mourante, les yeux
+languissants et abattus. Surprise de la trouver dans cet état,
+je la questionnai avec adresse, et je la pressai tant qu'elle
+et Vernol me firent enfin l'aveu de cette orgie.
+
+Je ne me mêlai pas de leur donner des conseils, je voyais trop
+combien ils seraient inutiles; je ne daignai pas même les
+blâmer. Aussi je ne mets pas en doute qu'elle ne l'ait
+renouvelée aussitôt qu'elle l'a pu; mais je ne me mis plus à
+même de l'apprendre, et de ce jour je ne les vis plus.
+
+Rose, livrée sans frein à la passion furieuse dont elle
+faisait l'idole de son bonheur, à la fin y succomba. Ses
+règles n'avaient point paru; elle ne fut pas longtemps sans
+essuyer un épuisement total, suivi de vapeurs affreuses. Sa
+vue s'en ressentit, elle ne ressemblait plus qu'à une ombre
+ambulante. Sa gaieté fut totalement perdue et un
+dépérissement, produit par une fièvre lente, la conduisit
+enfin au tombeau.
+
+Vernol, qu'elle avait jeté dans le même excès, fut saisi d'une
+fièvre putride dont il eut beaucoup de peine à revenir, et,
+peu de mois après son rétablissement, la petite vérole lui fit
+essuyer des ravages qui le défigurèrent totalement. Il fut
+encore très mal et ne fit que languir depuis.
+
+Mon père avait prévu tous ces événements; nous nous
+entretenions souvent sur ce sujet. Je sentis mieux que jamais
+le prix de ses soins, et mon coeur avait peine à soutenir les
+épanouissements qu'il ressentait pour lui.
+
+Nous nous ménageâmes de plus en plus: plus tendres, plus
+voluptueux et délicats que passionnés, nous passions souvent
+des nuits dans les bras l'un de l'autre, sans autre plaisir
+que celui d'y être, accompagné de douces caresses.
+
+Quelquefois, rappelant à ma mémoire ce qui s'était passé, le
+souvenir m'en donnait un vrai chagrin; et dans une de ces
+nuits heureuses où mon coeur plein de lui jouissait de toute
+sa félicité, il m'échappa de le lui faire connaître: j'en
+versais des larmes.
+
+-- Qu'as-tu donc, ma chère Laurette? Pourquoi répands-tu des
+pleurs? Tes joues viennent d'en mouiller les miennes.
+
+-- Ah! cher papa, vous ne devez plus m'aimer, vous ne pouvez
+plus estimer votre fille. Je ne peux concevoir comment,
+dépendante de vous et de vos volontés, vous avez pu vous
+prêter aux écarts et aux extravagances d'une imagination
+fascinée, et permettre que je m'y livre.
+
+
+(Discours du père)
+
+
+-- Es-tu folle, ma chère enfant? Crois-tu que je fasse dépendre
+mon estime et mon amitié des préjugés reçus?
+
+Qu'importe qu'une femme ait été dans les bras d'un autre amant
+si les qualités de son coeur, si l'égalité de son humeur, la
+douceur de son caractère, les agréments de son esprit et les
+grâces de sa personne n'en sont point altérés, et si elle est
+encore susceptible d'un tendre attachement?
+
+Crois-tu qu'elle ait moins de prix qu'une veuve, à mérite
+égal, sur qui l'on aura jeté quelques gouttes d'eau et
+marmotté des paroles pour lui permettre de coucher avec un
+homme au su de tout le monde, et d'en promener les fruits avec
+ostentation? Dis-moi, n'en a-t-elle pas plus que tant de
+veuves, et même de prétendues filles dont le mérite est
+inférieur? Les femmes sont-elles donc comme les chevaux,
+auxquels on ne met de prix qu'à proportion qu'ils sont neufs?
+Ecoute mes principes, ma chère fille, je serai satisfait s'ils
+peuvent te tranquilliser et te persuader que je t'aime aussi
+tendrement et que je ne t'estime pas moins qu'auparavant."
+Rien ne me surprend si peu que de voir faire une infidélité,
+quoiqu'on ait le coeur rempli d'une affection bien tendre pour
+un objet qu'on chérit uniquement; j'en suis un exemple pour
+toi. Je t'aime, ma Laurette, et mon amour est né presque avec
+toi; je peux même assurer que tu avais à peine sept ans que je
+n'aimais uniquement que toi; tu remplis entièrement mon coeur.
+T'en ai-je moins fait infidélité avec Lucette, avec Rose et
+même avec Vernol? Crois-moi, cette action, qui tient à la
+constitution de nos organes, est trop naturelle pour n'être
+pas pardonnable, tandis que l'inconstance, qui provient du
+sentiment, ne me le paraît pas lorsque l'objet auquel nous
+sommes engagés par les liens de l'estime, de la bonne foi, de
+la reconnaissance, et par son attachement, ne nous en donne
+pas lieu. Encore faut-il des sujets très graves pour autoriser
+un dégagement entier: comme la méchanceté du coeur, l'aigreur
+dans le caractère et l'emportement journalier dans une humeur
+récalcitrante. Mais j'ai supposé un choix heureux: alors
+l'inconstance, suivant moi, décèle un coeur léger, ingrat,
+perfide et mauvais; je n'en ferais jamais un ami. Tout homme
+capable de perfidie et d'inconstance pour une femme qui a de
+la délicatesse dans les sentiments, et un esprit agréable et
+cultivé, qui s'est livrée à lui et à sa discrétion, est
+toujours perfide et inconstant pour son ami.
+
+Mais l'infidélité passagère ne démontre qu'un tempérament
+susceptible d'irritation, que souvent le besoin, l'occasion,
+ou même des circonstances imprévues auxquelles on ne peut se
+refuser, engagent à satisfaire.
+
+"Nous sommes composés de contradictions apparentes, la volonté
+n'est souvent pas d'accord avec nos actions parce qu'elles ne
+dépendent pas d'elle; souvent nous ressentons des impulsions
+qui conduisent à des résultats qui paraissent contradictoires,
+quoiqu'ils partent cependant de la même source; et celui qui a
+reconnu un sixième sens dans le centre de nos individus en
+connaissait bien la nature. En effet, dépend-il de notre
+volonté de le faire agir ou non? Il n'est point soumis à ses
+lois. Tout en nous, au contraire, l'est à notre organisation
+et à la fermentation des liqueurs qui la mettent en mouvement.
+Rien ne peut s'y opposer, ni les changer, que le temps seul
+qui détruit tout. C'est à cet ensemble, qui compose chaque
+être différent, que se rapportent les variétés qu'on y
+découvre, et c'est encore du sort donné à chacun d'eux qu'ils
+tiennent cet ensemble, qui s'y rapporte avec une liaison
+parfaite.
+
+"Nos sens éprouvent, dans l'union des sexes, des impressions
+dont nous ne sommes pas les maîtres. Tel objet frappe, séduit,
+inspire des désirs aux uns, qui ne produit rien sur les
+autres, quoique réellement agréable: j'en ai vu bien des
+exemples. Sommes-nous affectés par un objet?
+
+Tout nous y traîne ou nous y porte; quelquefois nous haïssons
+son humeur et son caractère, cependant il fait naître en nous
+l'idée d'un plaisir vif, nous en sentons l'effet; le sixième
+sens s'élève, nous désirons, nous voulons en jouir à quelque
+prix que ce soit, sans avoir le dessein de nous y attacher, et
+souvent on le fuit après l'avoir possédé. En un mot,
+attachements solides, goûts passagers, tout est dans le cercle
+que nous avons à parcourir. Si nous trouvons de la résistance
+à nos poursuites, l'amour-propre vient se mêler de
+l'entreprise, et l'on emploie plus de souplesses et de moyens
+réunis pour vaincre cette résistance que pour attaquer ceux
+qu'on estime et qu'on chérit le plus. Enfin, la volupté,
+l'ambition et l'avarice, passions qui, du plus au moins,
+mènent et maîtrisent tous les hommes pendant leur vie, nous
+déterminent et nous entraînent nécessairement dans un
+enchaînement de circonstances qui forment le tissu dont notre
+existence est enveloppée. Et fais-y bien attention, ma Laure,
+ces trois mobiles, qu'on pare souvent de voiles brillants et
+de noms adoucis, sont les seuls qui mettent en mouvement les
+humains et qui les gouvernent: tels individus par un, par
+deux, tels autres par tous les trois ensemble, suivant la
+marche qui leur est tracée et la carrière qu'ils ont à
+parcourir.
+
+"Si l'on a reçu de la nature et du rôle qu'on doit faire un
+coeur susceptible d'une passion forte et durable, d'un
+attachement tendre et délicat, c'est l'analogie des humeurs et
+des caractères qui les approche et les unit. L'idée du plaisir
+est plus éloignée; on en est moins affecté que de l'intimité
+d'une union remplie de douceurs et d'agréments, qui allie les
+esprits et les goûts. On est méprisable de relâcher, par sa
+faute, des liens de fleurs que vivifie et entretient
+l'aménité; aussi ces chaînes sont-elles bien difficiles à
+rompre, et cette modification dans les individus a des
+influences bien plus déterminées. On y mêle, il est vrai, les
+sensations du plaisir; mais leur genre a quelque chose de
+différent. Il est un âge où tout ce que je te dis, ma chère
+Laurette, paraît une fable; cependant il est puisé dans la
+nature.
+
+"Arrive enfin, à pas plus ou moins lents, l'habitude qui, sans
+éteindre les sentiments, sans détruire ces liens aimables,
+émousse néanmoins cette pointe de volupté, amortit cette
+vivacité de désirs qu'un nouvel objet fait renaître; désirs
+qui semblent ajouter à notre existence et faire mieux sentir
+le prix et les charmes de la vie dont on jouit; mais on n'en
+est pas moins fixé: si l'on peut avoir assez de raison et de
+fermeté pour sacrifier une fantaisie, un caprice, un écart
+momentané qui pourrait détruire l'accord d'une union intime,
+il n'y a pas à balancer; mais la jalousie qui vient y jeter
+ses serpents ne la détruit-elle pas plus encore que cette
+infidélité passagère? Et n'est-il pas nécessaire que, de part
+et d'autre, on sache se prêter sans humeur et sans
+tracasseries aux lois imposées par la nature, dont la
+puissance est invincible? Ecoutons sa voix, elle parle
+partout: ne fermons point nos yeux, ne bouchons point nos
+oreilles et notre entendement à ce qu'elle prononce et
+démontre; elle annonce en tout la variété, et même que tout
+finit. Pourquoi se plaindre d'une loi qui ne peut être éludée,
+à laquelle nous sommes absolument soumis, et aussi despotique
+que celle de la destruction qui anéantit la modification de
+notre être? L'amour-propre et ce fatal égoïsme nous y font
+résister. Eh bien! qu'on ne la seconde pas, cette loi, elle
+n'en a pas besoin; mais qu'on détourne la vue sans aigreur.
+
+"Beaucoup de nations, plus près de ses principes, moins
+écartées de ses impressions primitives, en suivent bien mieux
+l'impulsion que nous qui, à force de polissure, sommes si
+éloignés de ses premières notions.
+
+"Jette les yeux, ma chère Laure, sur toutes les espèces
+d'animaux répandus sur notre globe: voit-on les femelles
+enchaînées aux mâles qu'elles ont eus l'année précédente?
+
+La tourterelle, dont on fait une peinture qui n'est si
+touchante que parce qu'elle éveille et pique notre amour
+propre, ne reste dans le même ménage que jusqu'au temps où sa
+famille n'a plus besoin d'elle; souvent le même été la voit
+choisir un nouveau favori. Cherche d'autres exemples, ils sont
+tous pareils. Consultons la nature, quels ont été son but et
+ses desseins? La reproduction des êtres; et elle n'a imprimé
+tant de plaisir dans l'union des sexes que pour y parvenir
+d'une manière agréable et, par conséquent, plus sûre. Le
+plaisir est même si dominant dans notre espèce que, souvent,
+il nous fait agir malgré nous. Si je me suis détourné de ce
+but avec toi, nos coutumes et nos préjugés m'en ont imposé
+l'obligation absolue; mais ce dessein est si marqué qu'un
+homme bien constitué peut, en jouissant de plusieurs femmes
+fécondes, se reproduire autant de fois qu'il en aura connu.
+Si, dans ces deux sexes, on trouve des individus qui ne
+répondent pas à ses vues, c'est une erreur passagère de
+constitution qui ne détruit pas les lois générales.
+
+"J'avoue que cette faveur faite aux hommes ne rejaillit pas
+sur les femmes; elles ne peuvent ordinairement produire qu'un
+seul être; plusieurs hommes n'en feraient pas éclore
+davantage, et, souvent même, un mélange trop prompt détruirait
+le germe fructifiant s'il n'avait pas été bien fixé; sans
+compter encore les fâcheux effets qui résulteraient d'un
+mélange diversifié et très prochainement successif. Cependant,
+si le premier germe avait pris de profondes racines, et qu'à
+quelque temps le même homme ou un autre anime et vivifie un
+nouveau germe, elles peuvent produire un second fruit, et même
+un troisième; mais ces cas ne sont pas dans le cours commun de
+la nature pour notre espèce.
+
+"Si cette nature a comblé les hommes de faveurs, elle n'a pas
+été tout à fait injuste ni marâtre avec elles: les femmes
+portent un vide qu'une nécessité perpétuelle, un appétit
+indépendant d'elles les porte à remplir. Si l'un ne le peut ou
+ne le veut pas, un sentiment plus fort qu'elles et que tous
+leurs préjugés en appelle un autre; mais le choix dépend de
+leur goût. En effet, pourquoi vouloir absolument qu'elles
+souffrent les approches et les caresses de tel objet qu'elles
+abhorrent? Que peut produire une union qu'elles détestent et
+qui les révolte? Rien, ou des avortons qu'elles ont en
+horreur. Combien en voit-on d'exemples? C'est dans de
+pareilles conjonctures, qui ne sont que trop multipliées, que
+le secours d'une désunion entière serait bien nécessaire.
+Elles tiennent de leur existence et de leur constitution le
+droit de choisir, et même de changer si elles se sont
+trompées. Eh! qui ne se trompe pas? Enfin, c'est ce droit né
+avec elles qui les rend plus inconstantes que les hommes, qui
+tiennent des lois générales d'être plus infidèles.
+
+"S'il est en elles, par la constitution de leur sexe, un degré
+de volupté plus grand, un plaisir plus vif ou plus durable que
+dans le nôtre, qui les dédommage en quelque sorte des
+accidents et des peines auxquels elles sont soumises, quelle
+injustice de leur en faire un crime! leur tempérament dépend-il
+d'elles? De qui l'ont-elles reçu? Leur imagination, plus
+aisément frappée et plus vivement affectée en raison de la
+délicatesse et de la sensibilité de leurs organes, leur
+curiosité excessive et ce tempérament animé leur présentent
+des images qui les émeuvent violemment, et qui les obligent de
+succomber d'autant plus aisément que le moment présent est, en
+général, ce qui les remue avec le plus d'énergie.
+
+"Ecartons donc la contrainte produite par la jalousie,
+enfantée par l'amour-propre et l'égoïsme; elles reviendront
+bientôt d'elles-mêmes et sauront, mieux que les hommes,
+connaître leurs pertes. Il se trouvera, sans doute, des
+exceptions, mais où n'y en a-t-il point? D'ailleurs,
+mériteront-elles des regrets? Apprenons donc à nous prêter à
+leur essence, rendons plus léger le joug qui leur est imposé,
+chargeons de fleurs les liens dans lesquels elles sont
+engagées, pour captiver leur esprit, subjuguer leur coeur et
+fixer l'inconstance qu'elles ont reçue de la nature. Passons-leur
+une infidélité, s'il est nécessaire, pour ne point les
+aliéner, ce qui arriverait bientôt, sans doute, si les chaînes
+leur paraissaient trop pesantes et trop resserrées; sans cela,
+cette belle moitié du genre humain serait trop malheureuse.
+Mais ce qu'il y a de singulier c'est que, si ces principes ne
+sont point autorisés, ils n'en sont pas souvent moins suivis
+en beaucoup de parties et dans bien des climats.
+
+-- Mais, cher papa, si les femmes n'ont pas reçu, comme les
+hommes, un droit à l'infidélité, pourquoi voit-on un nombre
+d'entre elles qui, non seulement s'arrogent une telle
+prétention, mais encore qui la portent beaucoup plus loin
+puisqu'elles la poussent jusqu'à la publicité? Il faut donc
+que ce penchant tienne autant à la constitution de notre sexe
+qu'à celle du tien.
+
+-- Erreur, ma fille: dans ton sexe, c'est un écart excessif des
+lois générales de la nature, dans lequel les individus sont
+portés ou entraînés par un assemblage de circonstances où il
+entre souvent de la nécessité, où, souvent aussi, le penchant
+n'entre pour rien et dans lequel la plus grande partie ne
+reste que par les mêmes circonstances dont la chaîne se
+perpétue, ou par fainéantise, habitude, gourmandise, mépris
+d'elles-mêmes, et tant d'autres raisons que je ne peux te
+détailler. Tu vas voir, par les effets qui en résultent, que
+la nature même s'y oppose fortement puisque cet écart, poussé
+jusqu'à son dernier période, emporte avec lui des malheurs,
+des maux affreux, des suites fâcheuses et tout ce qu'on peut
+imaginer de plus funeste. Effets qui ne sont point produits
+par l'infidélité des hommes qui ne voient point de femmes
+publiques.
+
+"Je dois, en premier lieu, te faire une comparaison qui te
+rendra plus sensibles et plus claires ces lois générales de la
+nature. Que, dans vingt vases différents, on verse une même
+liqueur, qu'on la survide dans le vaisseau d'où elle est
+sortie, elle ne change point de nature, elle sera tout au plus
+affaiblie par la transvasion si elle est spiritueuse. Mais
+que, dans un même vase, on verse vingt liqueurs différentes et
+hétérogènes, il s'établit une fermentation qui change la
+combinaison naturelle de ces liqueurs; qu'on vide ce vase sans
+le rincer ni l'essuyer, les parois, infectées de la liqueur
+fermentée, suffiront pour insinuer un levain qui changera
+l'essence d'une seule des vingt qu'on remettrait dedans; ou
+qu'on prenne une goutte de cet assemblage fermenté, et qu'on
+la mette dans le vaisseau qui en contient une seule, l'effet
+en sera le même.
+
+"De cet exemple, voici les conséquences: qu'un homme sain se
+joigne à plusieurs femmes, il ne peut en résulter aucun mal;
+c'est la même liqueur versée dans plusieurs vases. Mais qu'une
+femme, fût-elle même très saine, s'unisse à plusieurs hommes
+coup sur coup qui ne seraient pas infectés, cette diversité de
+semence produira, par la fermentation aidée et accélérée par
+la chaleur du lieu, les effets les plus dangereux.
+
+"Qu'une fille, une femme jeune, jolie, libre et indépendante,
+mais de la lie du peuple et, par conséquent, sans éducation,
+sans soin, sans propreté, sans précaution, se trouve
+abandonnée à là publicité, soit par son propre besoin, soit
+par celui de vieilles coquines qui, fondant sur ses appas
+leurs avantages, la dirigent et l'entraînent dans cette
+affreuse conduite, soit par les suites d'un engagement où la
+séduction des hommes l'aura jetée, soit enfin par tempérament
+ou libertinage de caractère, reçoive plusieurs hommes en un
+jour et presque à la suite l'un de l'autre, il est constant
+qu'elle ne tardera pas à être infectée: ce sont différentes
+liqueurs versées dans un même vase; elle peut même être
+sujette à des fleurs blanches très âcres, à des reliquats de
+règles de mauvaise qualité, à des ulcères de matrice. Les
+semences de ces différents hommes, qui sont hétérogènes, soit
+par la diversité du tempérament des individus, soit par la
+prodigieuse différence qui se trouve dans l'état de leur
+santé, - tels que ceux qui ont des maladies cutanées qui les
+rendent encore plus âpres auprès des femmes, tels encore que
+ceux qui ont des maladies habituelles qui n'ôtent point la
+puissance génératrice, et autres de cette espèce -, mêlées les
+unes avec les autres dans le même lieu, où déjà se trouve
+quelquefois en lui-même une liqueur viciée ou tout au moins en
+disposition de l'être, ces semences fermentent avec plus
+d'aisance et de promptitude par la chaleur, s'aigrissent, se
+tournent en acide et deviennent un poison d'autant plus subtil
+que la matière qui l'a produit l'est elle-même; ce qui prouve
+que les femmes ne sont point faites pour être infidèles, et
+encore moins pour la prostitution.
+
+"D'après ce résumé, qui tient à la saine physique, à la raison
+et à l'expérience, il est certain que, du moment où il s'est
+trouvé des femmes livrées à cet abandon général, la contagion
+a dû se développer dans les sources de la vie.
+
+Ce qui n'est malheureusement que trop général, et, de la plus
+vile populace où elle a probablement commencé, elle est montée
+jusques aux grands.
+
+"Mais puisqu'elle existe en action ou en puissance, il est
+sans doute nécessaire que des hommes éclairés, remplis de
+connaissances appuyées d'une longue expérience, cherchent tous
+les moyens de l'arrêter dans son principe, et les communiquent
+lorsqu'ils les ont trouvés. Il y en a, ma chère Laure, de ces
+hommes bienfaisants qui, sans redouter le blâme et les cris
+des sots, sont utiles, non seulement à leurs contemporains
+mais encore à la postérité, en découvrant sans fard et sans
+déguisement tout ce qu'ils ont acquis pour prévenir et parer
+aux accidents qui résultent de la prostitution des femmes.
+
+"C'est encore ici, ma Laurette, un des avantages de l'éponge.
+Mais elle ne suffit pas seule; il s'agit de l'imbiber avant
+d'une liqueur où se trouve répandu un sel dont la ténuité est
+infinie, qui, par ses préparations étant un alcali puissant,
+s'unit avec précipitation aux sels acides de la liqueur
+viciée, absorbe dans l'instant leur action, en détruit la
+nature, les réduit au moment même en sels neutres et préserve
+par conséquent de contagion dans l'union des sexes dont l'un
+ou l'autre serait infecté.
+
+"Qu'une femme trempe l'éponge dans cette eau composée, qu'elle
+se l'introduise, elle peut sans risque s'unir de suite à
+plusieurs hommes; elle peut même recevoir un homme malsain;
+ou, dans le cas de la contagion, ayant soin, pour plus de
+sûreté, de la retirer avec son petit cordon aussitôt qu'il est
+dehors, de se laver et de s'injecter de la même eau, ou bien
+de remettre à chaque fois une éponge imbibée de la même
+composition; on peut ensuite laver ces éponges dans une
+quantité assez étendue d'eau simple, et s'en servir de nouveau
+en les retrempant dans l'eau composée.
+
+"Si c'est un homme sain qui se joint à une femme qui ne l'est
+pas, il peut de même lui introduire cette éponge trempée de
+cette composition, ayant attention, quand il sera dehors, de
+tremper le membre décalotté dans cette eau qu'on aura soin de
+mettre dans un vase de verre, de faïence ou de porcelaine. Et,
+pour plus de sûreté, il en fera couler par injection dans le
+canal, avec une petite seringue d'ivoire, et non de métal.
+S'il était d'une sensation très délicate dans cette partie,
+cette eau composée serait coupée par moitié avec de l'eau de
+rose ou de plantain. Je ne te dis rien, ma chère Laure, dont
+je ne sois très assuré par nombre d'expériences.
+
+"Je pourrais, ma chère Laure, t'apporter encore nombre
+d'autres raisons pour te prouver que la nature n'a pas donné
+le même droit aux femmes pour être infidèles; mais il est
+constant qu'elle a mis dans leur coeur et dans leur manière
+d'être plus d'inconstance que dans notre sexe. On est fort
+heureux, quand un objet nous touche sensiblement, de ne pas
+essuyer cet événement, et, dût-il nous en coûter quelque
+chose, il faut savoir faire un petit sacrifice pour éviter une
+perte totale."
+
+
+(Fin du discours du père)
+
+
+Dieux! chère Eugénie, qu'il lisait bien dans notre coeur! tu
+l'avoueras sans doute avec moi. Il dégagea mon âme, par cet
+exposé de ses sentiments, d'un poids qui la surchargeait; il
+lui rendit sa tranquillité et la remplit d'une joie parfaite.
+Je voulais cependant encore éclaircir un soupçon que nos
+scènes de la campagne m'avaient donné, et je souhaitais qu'il
+se vérifiât pour ôter tout retour aux regrets que j'avais
+éprouvés; mais je n'eus pas lieu de tirer cet avantage de la
+demande que je lui fis:
+
+-- Je désire, cher papa, te faire une question sur laquelle je
+te prie de me satisfaire sans déguisement.
+
+-- Quoi donc? ma Laurette, pourrais-je en avoir pour toi, et te
+donner cet indigne exemple après avoir cherché moi-même à te
+rendre toujours sincère? Parle, la vérité dans ma bouche ne
+sera pas même fardée.
+
+-- Quand nous avons été la première fois à la campagne avec
+Rose et Vernol, après t'avoir entendu dire à quelle condition
+tu te prêtais à ma folie, je me suis persuadée que la vue des
+grâces de ce beau garçon avait fait naître tes désirs comme il
+avait excité les miens, et que, pour en jouir, tu avais
+consenti de céder aux siens en exigeant cette obligation de
+lui. Ma persuasion était-elle fondée?
+
+-- Que tu t'es trompée, ma chère enfant! j'avais des désirs, il
+est vrai, tu en voyais les signes certains. Eh! qui n'en
+aurait pas eu? Mais les attraits et les charmes répandus sur
+toute ta personne en étaient les principaux mobiles; la scène
+y ajoutait, mais Vernol n'y était pour rien. Je t'avoue même
+que le goût de beaucoup d'hommes pour leur sexe me paraît plus
+que bizarre, quoiqu'il soit répandu chez toutes les nations de
+la terre; outre qu'il viole les lois de la nature, il me
+paraît extravagant, à moins qu'on ne se trouve dans une
+disette absolue de femmes; alors la nécessité est la première
+de toutes les lois. C'est ce qu'on voit dans les pensions,
+dans les collèges, dans les vaisseaux, dans les pays où les
+femmes sont renfermées; et ce qu'il y a de malheureux, ce
+goût, une fois pris, est préféré. Je ne vois pas du même oeil
+celui des femmes pour le leur; il ne me paraît pas
+extraordinaire, il tient même plus à leur essence, tout les y
+porte, quoiqu'il ne remplisse pas les vues générales; mais au
+moins il ne les distrait pas ordinairement de leur penchant
+pour les hommes. En effet, la contrainte presque générale où
+elles se trouvent, la clôture sous laquelle on les tient, les
+prisons dans lesquelles elles sont renfermées chez presque
+toutes les nations, leur présentent l'idée illusoire du
+bonheur et du plaisir entre les bras d'une autre femme qui
+leur plaît; point de dangers à courir, point de jalousie à
+essuyer de la part des hommes, point de médisance à éprouver,
+une discrétion certaine, plus de beautés, de grâces, de
+fraîcheur et de mignardises.
+
+Que de raisons, chère enfant, pour les entraîner dans une
+tendre passion vis-à-vis d'une femme! Il n'en est pas de même
+à l'égard des hommes, rien ne les y porte; en général, ils ne
+manquent point de femmes, le chemin qu'ils recherchent n'est
+pas moins semé de dangers que celui qu'ils fuient dans les
+femmes; enfin, il me paraît contraire à tout, et tu dois te
+souvenir, que c'est l'unique fois que j'aie agi de même avec
+Vernol. Si ce goût recherché me paraît plus que bizarre avec
+les hommes, ne pense pas que je le regarde de même avec les
+femmes: un homme mal fourni dans un vaste chemin est obligé de
+chercher la voie étroite pour répandre, après, la rosée
+bienfaisante dans le champ qu'il doit ensemencer. Mais il y a
+plus: il existe des femmes qui ne peuvent être aimées que par
+ce moyen, et, chez elles, l'entrée du sentier est presque
+toujours exempt d'épines.
+
+"Voici donc les raisons de ma conduite avec Vernol: mon amour
+et ma complaisance, tous deux extrêmes pour toi, ma façon de
+penser exempte de préjugés, le vif désir de te plaire de toute
+façon et de posséder ton affection entière, enfin la
+différence que je souhaitais que tu connusses entre les divers
+sentiments des hommes (car tu as dû juger que la passion de
+Vernol n'avait pour but que la jouissance), tous ces motifs
+m'ont fait condescendre à des désirs que tu aurais pu
+satisfaire à mon insu si j'avais pris d'autres moyens; désirs
+enfin qui t'auraient engagée à me regarder, dans ton coeur,
+comme un tyran jaloux si je m'y étais opposé, et j'aurais
+perdu pour jamais ta tendresse et ce coeur dont seul je suis
+jaloux; mais je ne voulais pas, en te souffrant entre les bras
+de Vernol, qu'il s'autorisât de ma complaisance pour toi et
+qu'il s'en fit un titre pour penser intérieurement, ou pour
+parler, d'une manière désavantageuse. Je désirai qu'il ne pût
+même, ainsi que Rose, songer au bonheur qu'il avait trouvé
+dans tes bras sans se souvenir, en même temps, qu'il l'avait
+payé de sa personne, et que cette réflexion fût un frein pour
+ses idées et pour sa langue. Je le fis avec d'autant plus de
+raison qu'en général, dans la jouissance des femmes, les
+hommes ne sont guère prudents ni discrets. Pour ajouter encore
+une preuve de ma franchise et de mes vues réelles, c'est que
+Rose, de ce côté-là, n'a pas reçu de ma part une pareille
+offrande, quoique cela soit plus naturel avec une femme, comme
+je te l'ai déjà dit, et que même elle y gagne presque
+toujours: mais elle ne m'était pas nécessaire; et malgré que
+ce fût la première fois qu'elle en eût essayé, j'ai laissé ces
+prémices à Vernol. Juge de là si tu t'es trompée.
+
+Je pris mon papa dans mes bras, je le serrai contre mon coeur,
+je le pressai contre mon sein, je l'étouffais:
+
+-- Cher et tendre papa, je sens plus que jamais jusqu'où
+s'étendent tes bontés et ton amour pour ta Laurette. Tous les
+moments de mes jours seront désormais consacrés à te prouver
+le mien. Mes soins, ma complaisance, mes plus secrètes pensées
+dont je te ferai part, enfin la constance et la fidélité de ma
+tendresse pour toi en seront des témoignages continuels et des
+preuves certaines. Des baisers et des caresses sans nombre en
+furent les gages.
+
+Je jouissais avec lui, depuis près de quatre ans, d'une
+tranquillité douce et charmante; j'en faisais toute ma
+félicité: prévenante et prévenue, caressante et caressée, mes
+jours étaient filés par le plaisir et le bonheur quand, au
+bout de ce terme, il fut troublé par la mort de Lucette. Son
+souvenir m'était toujours bien cher, il était le fruit de la
+sincère amitié que nous avions l'une pour l'autre, en tout sa
+conduite avait été guidée par la tendre affection qu'elle
+avait pour mon père et pour moi. J'avais trop bien connu la
+différence qu'il y avait entre elle et Rose et je mettais à
+son attachement un tout autre prix. Mais la perte que je
+faisais était un préparatif aux tourments et aux noirs
+chagrins que je devais essuyer. Quel récit exiges-tu de moi,
+chère Eugénie? Pourquoi renouveler ma douleur? Mon coeur se
+déchire encore au souvenir de mon infortune; les mêmes
+angoisses se font sentir avec une force pareille au moment de
+ce détail. Non, je ne puis passer outre..."
+
+Je reprends, trop chère amie, ce fatal et cruel récit que j'ai
+été forcée de suspendre. Je n'étais plus à moi, mon coeur
+était navré, ma main tremblante laissait tomber ma plume, les
+sanglots m'étouffaient, mes yeux offusqués ne pouvaient
+retenir l'abondance de larmes où tu m'as vue plongée, et que
+ton amitié consolante aurait encore essuyée si j'avais été
+près de toi. Enfin mon coeur, un peu dégagé, me rend la
+liberté de retracer mon malheur à tes yeux.
+
+Tu sais que j'étais dans ma vingtième année quand mon papa, le
+plus tendre et le plus aimable des pères, et en même temps le
+plus chéri, duquel j'aurais voulu racheter la vie de tout mon
+sang et dont la perte est irréparable pour moi, fut emporté
+par une fluxion de poitrine dont tout l'art des médecins ne
+put le sauver. Je ne le quittais point, j'étais jour et nuit
+près de son lit que j'arrosais de mes pleurs; je m'efforçais
+de les cacher; ma bouche était collée sur ses mains. Ce
+spectacle le pénétrait; il aurait voulu m'épargner celui de
+son état, il tâchait de m'éloigner mais il ne fut pas possible
+de m'y faire consentir: je n'écoutais rien, à peine pouvais-je
+prêter un peu d'attention à quelques conseils qu'il me
+donnait; car il sentait sa situation et la soutenait avec
+fermeté. Enfin le coup me fut porté et je reçus sur mes lèvres
+son dernier soupir. Ah! quelle perte pour moi, Eugénie! chère
+Eugénie! mes yeux arrosent encore le papier sur lequel je
+trace ce douloureux récit. Je lui étais mille fois plus
+attachée que s'il eût été réellement mon père. Il m'avait fait
+connaître le comte de Norval, aux plaisirs duquel je devais le
+jour: je l'avais vu sans émotion et sans autre intérêt que
+celui de la curiosité; mon coeur ne disait rien. Le désir
+d'envisager celui qui avait contribué à mon existence était le
+seul guide qui me conduisait. Où est donc, disais-je en
+moi-même, cette voix intérieure qui nous porte vers ceux à qui
+nous devons la vie?... Vains propos, chimères: notre coeur
+parle, mais c'est pour ceux qui ont fait et préparé notre
+bonheur.
+
+Enfin, ma douleur sombre, le désespoir, le désordre de mes
+facultés anéanties, le déchirement de mon coeur et mes regrets
+amers avaient totalement éloigné de moi le repos et le
+sommeil. L'embrasement se mit dans mes veines et je fus
+moi-même très mal: je voulais mourir, mais mon heure n'était pas
+venue, et ma jeunesse fut un des moyens dont le sort se servit
+pour me sauver. Aussitôt que j'eus repris mes forces, je n'eus
+d'autres pensées que de m'enterrer vive: j'avais tout perdu,
+la vie m'était odieuse. Un couvent fut le seul but de mes
+désirs: aurais-je jamais pu croire y trouver quelque
+adoucissement à mes peines? Mon chagrin serait encore dans
+toute sa force s'il n'avait été modéré dans tes bras. Souffre,
+belle et tendre amie, que, pour ma propre satisfaction, je
+peigne à tes yeux mêmes l'image des doux instants que j'ai
+passés près de toi et où tu as versé un baume salutaire sur
+les plaies de mon coeur. Ce penchant qu'on nomme sympathie,
+cet intérêt qu'on prend aux infortunés par la similitude où
+l'on peut se trouver avec eux, te fit concevoir de l'amitié
+pour moi presque aussitôt que je fus dans ton couvent, où je
+voulais me fixer et pleurer en liberté. Tu pénétras l'état de
+mon coeur sans en connaître les motifs, tu vins essuyer mes
+larmes, tu quittais ta cellule pour dissiper ma langueur. Ta
+jeunesse, tes grâces, tes attraits et ton esprit donnaient du
+poids à tes discours, mais tu t'apercevais aisément, le
+lendemain, que la solitude de la nuit détruisait tous les
+soins que tu avais pris pendant le jour. Tu parvins enfin à
+partager mes ennuis et mon lit.
+
+Que je fus surprise des trésors que ta guimpe et tes habits
+recelaient! Cet instant ranima d'un sentiment vif le souvenir
+de mes peines: tu vis couler mes pleurs, tu en fus étonnée, tu
+voulais connaître la cause et découvrir un secret que tu as si
+bien su m'enlever depuis.
+
+Je ne tenais à rien, j'étais dans une inertie totale, à peine
+aurais-je su que j'existais sans le sentiment de ma douleur.
+
+Je concevais le besoin d'une amie, mais je n'espérais plus en
+trouver une telle que je la désirais. Ce fut dans cet instant
+que je sentis plus vivement combien Lucette me manquait, je ne
+comptais pas pouvoir la remplacer, bien moins me flattais-je
+d'en trouver une semblable sous le masque qui te couvre. Ton
+caractère, ton humeur, ton âme vinrent sans déguisement se
+montrer à moi et se joindre à ta figure charmante; j'en fis
+quelque temps mon étude, et mes observations furent toutes en
+ta faveur; enfin ton amitié et ta confiance établirent les
+miennes. Tes confidences furent payées par celles que je te
+fis alors, et je trouvai dans tes bras l'adoucissement que tu
+cherchais à me procurer. Avec quelles satisfactions je me
+rappelle encore cette nuit où tu me dis:
+
+-- Aimable Laure, chère amie, j'ai lieu d'être persuadée que
+tes chagrins sont cuisants; mais si je puis, en te faisant
+part des miens, émousser le sentiment de ceux qui t'accablent,
+j'aurai du moins le contentement que me donnera la diminution
+de ta douleur.
+
+Tu jugeais avec raison qu'observant une réserve exacte sur le
+secret de mon coeur, je pouvais aussi garder le tien: tu ne te
+trompais pas; il me semble encore t'entendre me dire:
+
+-- Écoute, ma chère, j'aime, oui, j'aime aussi tendrement qu'on
+puisse aimer, et j'ai le malheur cruel d'être couverte des
+livrées religieuses. Des béguines emmiellées et trompeuses ont
+entouré de murs et de grilles ma jeunesse sans expérience et
+l'ont attirée dans leur cachot infernal. Mon ignorance, des
+voeux, des préjugés sont mes tourments; les désirs, mes
+bourreaux, et j'en suis la victime. La nuit, le sommeil est
+loin de mes yeux, et les larmes s'en emparent; le jour, tout
+me déplaît et m'ennuie; mon âme est absorbée: juge de mon
+état. Libre comme tu es, tu peux au moins sans crainte livrer
+à l'amant que tu chéris les appas que j'ai vus et que je
+touche.
+
+Ta main, que tu mis sur mon sein, me fit frissonner:
+
+-- Ah! chère Eugénie, te dis-je avec transport, voilà le jour
+de mon désespoir! je l'ai perdu cet amant que j'adorais, et la
+mort me l'a ravi. Dieux! que n'est-il ici! mais c'est lui,
+oui, c'est lui que je tiens.
+
+Je te serrais dans mes bras, tu me faisais illusion. Hélas! le
+détail de tes charmes, que je parcourus, me rendit à moi-même;
+ce qui te manquait détruisit le prestige de mon imagination et
+le fantôme qu'elle se créait. Cependant, tes attraits
+répandirent sur ma langue tous les éloges que tu méritais si
+bien. Ton sein, ta taille, tes fesses, tes cuisses, ta motte
+et ta peau, tout en fut un sujet pour moi:
+
+-- Quel plaisir! m'écriai-je, pour ton amant et pour toi s'il
+te tenait dans ses bras comme je te serre dans les miens.
+
+Tu désirais t'instruire, tu voulais savoir, tu balançais, tu
+cherchais à m'interroger, et tu n'osais. Je te voyais venir.
+
+Tu pris enfin la résolution de me demander si j'avais
+connaissance de ces plaisirs et s'ils étaient si grands. Je te
+l'avouai; je t'en fis une peinture qui t'enchantait sans
+pouvoir les concevoir:
+
+-- Il faut les éprouver, te dis-je. Quoi donc! à dix-sept ans
+passés ne les pas connaître? Si tu veux, ma chère, je t'en
+ferai goûter au moins ce qu'ils ont de plus vif.
+
+Ta curiosité, tes désirs que mes caresses faisaient naître et
+qui firent couler le feu de la volupté dans toutes les parties
+de ton corps, t'y firent consentir. L'envie de te consoler à
+mon tour, et de dissiper les ténèbres de ton ignorance,
+suspendit mes peines. Tu te prêtas à mes leçons: j'écartai tes
+cuisses, je caressai les lèvres de ton petit conin dont les
+roses étaient à peine épanouies; je n'osai t'y enfoncer le
+doigt, tu n'étais pas encore assez endoctrinée pour que tu
+eusses regardé la première douleur comme propre à produire une
+augmentation de plaisir. Bientôt je gagnai le trône de la
+volupté, et ton charmant clitoris, que je caressai, te jeta
+dans une extase dont tu pouvais à peine revenir:
+
+-- Ah! Dieux! me dis-tu, ma chère Laurette, quelles suprêmes
+délices!
+
+Tu me pris à ton tour pour ton amant; j'étais couverte de tes
+baisers; tes mains s'égarèrent sur tout mon corps: tu voulus
+me rendre le service que tu venais de recevoir de moi, mais
+mon coeur, encore trop serré, ne s'y prêtait pas et je retins
+ta main. Je te repris bientôt dans mes bras et, renouvelant
+mes caresses, je t'en appris davantage sur le premier instant
+de jouissance. Tu étais animée, tu fus aisément persuadée.
+
+-- Eh bien! me dis-tu avec cette charmante vivacité qui te va
+si joliment, fais de moi ce que tu voudras.
+
+Je repris ton petit conin, j'y enfonçai le doigt d'une main
+tandis que je te branlais de l'autre. La douleur, mêlée au
+plaisir, te le fit trouver encore plus délicieux: c'est moi,
+chère et tendre amie, oui, c'est moi l'heureuse mortelle qui
+ai cueilli ton pucelage, cette fleur si rare et si recherchée.
+
+Plus libre avec toi, qui venais de connaître et sentir les
+attraits de la volupté, je ne craignis plus de t'ouvrir mon
+coeur en entier, de t'en faire parcourir toutes les routes et
+de te raconter, en raccourci, ce que je retrace ici dans
+toutes ces circonstances. Si le plaisir et ma main ont su te
+dégager des entraves de l'ignorance et des préjugés qu'elle
+enfante, combien n'ai-je pas eu de peine à te vaincre sur tous
+les autres! La crainte de la grossesse ne te faisait plus
+trembler, je t'en avais guérie par mon récit et ma propre
+expérience. Ton amant me devait déjà tes premiers pas à son
+bonheur et à ta jouissance:
+
+-- Hélas! me disais-tu, la plupart des dogmes dont on a bercé
+mon enfance jusqu'à présent, les voeux qu'on m'a dictés, cette
+guimpe, ces grilles qui nous entourent, tout s'y oppose.
+
+Mais ton amour, mes avis et mon assistance ont affaibli ces
+préjugés et vaincu tous les obstacles. Tu me dois donc, chère
+Eugénie, la tranquillité d'esprit et de société dont tu jouis.
+De toute façon ton amant me doit sa victoire, de toute manière
+mon amitié vous a servis tous deux. Mais avant, j'ai voulu
+connaître ce Valfay si cher à ton coeur, étudier sa façon de
+penser, et juger s'il méritait ton amour, ta confiance et tes
+faveurs. Ces soins, tu le sais, n'ont pas été l'affaire d'un
+jour. Les femmes dont le jugement a été cultivé ont le tact
+fin, délicat et sûr pour pénétrer dans le coeur des hommes
+malgré leurs détours, leur duplicité et les voiles dont ils
+cherchent à se couvrir. Mais je fus contente de Valfay, je
+trouvai suffisamment en lui pour me faire présumer que je ne
+risquais plus rien à prendre tout sur moi pour satisfaire tes
+désirs, aider ton peu d'expérience et bannir tes frayeurs.
+Heureusement je servais, dans ton couvent, de prétexte à son
+amour tandis que je travaillais pour vous deux, car ta
+faiblesse et ta timidité n'auraient jamais été vaincues sans
+mon secours. Retrace-toi ce jour où, après un temps assez
+long, ton amant te pressait avec les instances les plus vives
+de le rendre heureux: je le secondais de tout mon pouvoir, tu
+t'en défendais et tu le désirais. Tu lui opposais des raisons
+qui te paraissaient bien fortes, tu lui présentais des
+obstacles insurmontables à tes yeux, tu me faisais compassion.
+J'avais pitié de lui; je ne vous le cachai pas, je voyais
+l'ardeur de vos désirs portée à son comble. L'instant me parut
+favorable, je m'enivrai de l'idée de contribuer à ta félicité:
+
+-- Eh bien! te dis-je, je vais tout surmonter. Valfay, tu
+serais un ingrat, un homme indigne de son bonheur si ma
+conduite pour te le procurer influait, dans ton esprit, à mon
+désavantage.
+
+Je fermai les portes du parloir de notre côté, malgré tes
+oppositions apparentes; ton amant en fit autant du sien.
+
+Je te pris dans mes bras, je t'approchai de la grille, je
+soulevai ta guimpe; il prit tes tétons, il baisait tes lèvres,
+il suçait ta langue que tu lui donnas à la fin. Mais la soif
+dévorante du désir lui fit porter sa main sous tes jupes pour
+saisir ta motte et s'en emparer. Je te pressais contre lui, je
+te baisais aussi, tu ne pouvais m'échapper ni retirer tes bras
+des miens: il eut enfin l'adresse et la satisfaction de les
+lever et de saisir cet aimable petit conin où tous les
+attraits de la jeunesse et de la fraîcheur sont répandus. Ses
+caresses t'embrasèrent du feu de la volupté; il en était
+dévoré, il maudissait cette impitoyable grille qui nous
+séparait et s'opposait à sa jouissance. J'étais émue, hors de
+moi-même:
+
+-- Quoi! dis-je à ton amant, vous avez en vous si peu de
+ressources? Ah! Valfay, quand on aime bien tout devient
+facile. J'aime donc ma chère Eugénie plus tendrement que vous;
+je veux lui prouver que ce sentiment me rend tout possible, et
+que rien ne peut m'arrêter pour le satisfaire, en vous
+obligeant tous deux; car si elle est abandonnée à elle-même
+vous êtes perdu.
+
+Tu te rendis enfin. Je te fis monter sur l'appui de la grille,
+tes mains posées sur mes épaules; je .te soutenais. Valfay
+releva ces habits noirs qui faisaient briller l'éclat et la
+blancheur de tes fesses charmantes; il les maniait, les
+baisait, leur rendait l'hommage qui leur était dû. Ton petit
+conin, encadré dans un des carreaux de la grille, était un
+tableau vivant qui l'enchantait. Il lui donna cent baisers.
+Mais, pressé de couronner son bonheur, il te le mit, tandis
+que, passant moi-même ma main entre tes cuisses, je te
+branlais.
+
+Le plaisir que nous appelions, que nous caressions, vint
+s'emparer de toi; tu prenais mes tétons, tu me baisais, tu me
+mangeais, tu déchargeais. Valfay, prêt à en faire autant, eut
+la prudence de se retirer; sa volupté vint expirer entre mes
+doigts et se répandre sur ma main comme la lave d'un volcan.
+Je vous abandonnai pour lors tous deux à vous mêmes; tu vis,
+tu pris en main, tu caressas ce bijou dont tant de fois je
+t'avais fait la peinture; mais, manquant des facilités que je
+te procurais, tu ne pus recommencer d'en faire usage. Tu m'en
+fis, à ton retour, des plaintes amères; tu n'osais me demander
+de servir encore ta maladresse; j'apercevais à quel point tu
+le désirais, tu me pressais, tu me conjurais de ne plus te
+quitter. Tu voulus, cruelle amie, que je fusse témoin de tes
+plaisirs et de ta félicité pendant que la mienne était perdue
+pour toujours. Il fallut que ma complaisance et mon amitié
+pour toi me sollicitassent encore de t'offrir de nouveaux
+secours. Mes offres t'enchantèrent, tu m'accablas de caresses
+et de baisers; je te fis penser, en cet instant, à te munir de
+l'éponge salutaire, et tu m'entraînas pour être présente à vos
+transports et au bonheur dont vous jouissiez. Toi-même me fis
+voir le dieu que portait Valfay, ce dieu que tu chérissais,
+avec lequel tu badinais et dont il m'avait, dès la première
+fois, fait sentir la présence. Tu ajoutais de jour en jour à
+tes folies, tu lui découvrais mes tétons et tout ce que
+j'avais de plus caché, je me prêtais à ton badinage, tu les
+lui faisais toucher. Dans quel état et dans quelle émotion me
+mettiez-vous tous les deux! Je te le disais à l'oreille, et la
+pitié perfide te faisait révéler mon secret. Tu voulais me
+faire jouir de ton amant, tu lui souhaitais mes faveurs, tu me
+pressais de les lui accorder, tu voulais enfin me porter à la
+place que tu avais occupée. Ton aveu, tes empressements et ses
+désirs, dont tu mettais entre mes mains les témoignages
+sensibles, l'engageaient à m'en solliciter. Je résistai
+toujours: tes prières, ses sollicitations, le feu même qui
+roulait dans mes veines, ne purent m'y déterminer. Non, ma
+chère Eugénie, non, en vain espères-tu de lui faire remporter
+la victoire, je n'y consentirai jamais. A tort me fais-tu des
+reproches, ce n'est ni par haine, ni même indifférence: Valfay
+détruit l'une et n'est point fait pour inspirer l'autre; mais
+ton amitié seule me suffit. Après la perte que j'ai faite, je
+renonce pour toujours à toute liaison intime avec les hommes,
+et je serai ferme dans cette résolution. Tu dois en être
+persuadée puisque, malgré vos plaisirs, les caresses que vous
+vous faisiez, celles que j'ai reçues, la vue et le toucher de
+ce que vous avez de plus intéressant, et vos transports qui
+animaient mes sens et les mettaient en désordre, je ne me suis
+pas laissé vaincre. J'étais contente et satisfaite lorsque, la
+nuit, dans tes bras, tu apaisais les feux que tu avais allumés
+le jour.
+
+Un destin, jaloux de la tranquillité que j'avais retrouvée,
+est venu l'interrompre: le mariage de ma cousine, la nécessité
+de mes affaires ont précipité mon départ et nous ont séparées
+pour quelque temps. Tu as exigé de mon amitié, tu lui as
+commandé que, pendant mon éloignement, je t'entretinsse encore
+et te fisse un détail exact de ce que je t'avais dit en plus
+grande partie et que tu écoutais avec tant de plaisir et
+d'avidité. J'ai rempli ma promesse: quel sacrifice je fais à
+la prudence! Tu connais ton pouvoir sur moi, tu sais combien
+je te chéris; tu réunis aujourd'hui tous les sentiments de mon
+coeur: partagés autrefois dans le monde et la société, tu les
+rassembles tous. Reçois-en pour assurance mille baisers que je
+t'envoie, ils te diront combien je soupire après le doux
+instant de te les donner moi-même enveloppée de tes bras et
+serrée dans les miens. Ah! ma chère, pourquoi cet instant
+n'est-il pas encore arrivé? Je me flatte au moins qu'il sera
+très prochain. Je t'apporterai ce bijou, semblable à celui de
+Valfay mais moins dangereux: s'il n'est pas aussi naturel, ses
+avantages n'en sont pas moins grands puisqu'il remplira, sans
+les risques des alentours, le vide qui se fait sentir dans nos
+plaisirs. Si tu te trouves bien de son usage, notre tendre
+amitié nous tiendra lieu de tout. Et puisque Valfay se trouve
+dans l'obligation de s'éloigner de toi pour un temps, crois-moi,
+chère amie, laissons affaiblir les liaisons étrangères
+qui pourraient, à la fin, devenir fatales, étant hors de nous.
+J'irai bientôt à mon tour essuyer tes pleurs. Oui, tendre
+amie, oublions l'univers pour ne nous en tenir qu'à nous-mêmes.
+
+Attends-moi donc au plus tôt.
+
+
+
+
+
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+
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+works. See paragraph 1.E below.
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+
+Project Gutenberg-tm is synonymous with the free distribution of
+electronic works in formats readable by the widest variety of computers
+including obsolete, old, middle-aged and new computers. It exists
+because of the efforts of hundreds of volunteers and donations from
+people in all walks of life.
+
+Volunteers and financial support to provide volunteers with the
+assistance they need, is critical to reaching Project Gutenberg-tm's
+goals and ensuring that the Project Gutenberg-tm collection will
+remain freely available for generations to come. In 2001, the Project
+Gutenberg Literary Archive Foundation was created to provide a secure
+and permanent future for Project Gutenberg-tm and future generations.
+To learn more about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation
+and how your efforts and donations can help, see Sections 3 and 4
+and the Foundation web page at https://www.pglaf.org.
+
+
+Section 3. Information about the Project Gutenberg Literary Archive
+Foundation
+
+The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non profit
+501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the
+state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal
+Revenue Service. The Foundation's EIN or federal tax identification
+number is 64-6221541. Its 501(c)(3) letter is posted at
+https://pglaf.org/fundraising. Contributions to the Project Gutenberg
+Literary Archive Foundation are tax deductible to the full extent
+permitted by U.S. federal laws and your state's laws.
+
+The Foundation's principal office is located at 4557 Melan Dr. S.
+Fairbanks, AK, 99712., but its volunteers and employees are scattered
+throughout numerous locations. Its business office is located at
+809 North 1500 West, Salt Lake City, UT 84116, (801) 596-1887, email
+business@pglaf.org. Email contact links and up to date contact
+information can be found at the Foundation's web site and official
+page at https://pglaf.org
+
+For additional contact information:
+ Dr. Gregory B. Newby
+ Chief Executive and Director
+ gbnewby@pglaf.org
+
+
+Section 4. Information about Donations to the Project Gutenberg
+Literary Archive Foundation
+
+Project Gutenberg-tm depends upon and cannot survive without wide
+spread public support and donations to carry out its mission of
+increasing the number of public domain and licensed works that can be
+freely distributed in machine readable form accessible by the widest
+array of equipment including outdated equipment. Many small donations
+($1 to $5,000) are particularly important to maintaining tax exempt
+status with the IRS.
+
+The Foundation is committed to complying with the laws regulating
+charities and charitable donations in all 50 states of the United
+States. Compliance requirements are not uniform and it takes a
+considerable effort, much paperwork and many fees to meet and keep up
+with these requirements. We do not solicit donations in locations
+where we have not received written confirmation of compliance. To
+SEND DONATIONS or determine the status of compliance for any
+particular state visit https://pglaf.org
+
+While we cannot and do not solicit contributions from states where we
+have not met the solicitation requirements, we know of no prohibition
+against accepting unsolicited donations from donors in such states who
+approach us with offers to donate.
+
+International donations are gratefully accepted, but we cannot make
+any statements concerning tax treatment of donations received from
+outside the United States. U.S. laws alone swamp our small staff.
+
+Please check the Project Gutenberg Web pages for current donation
+methods and addresses. Donations are accepted in a number of other
+ways including including checks, online payments and credit card
+donations. To donate, please visit: https://pglaf.org/donate
+
+
+Section 5. General Information About Project Gutenberg-tm electronic
+works.
+
+Professor Michael S. Hart was the originator of the Project Gutenberg-tm
+concept of a library of electronic works that could be freely shared
+with anyone. For thirty years, he produced and distributed Project
+Gutenberg-tm eBooks with only a loose network of volunteer support.
+
+
+Project Gutenberg-tm eBooks are often created from several printed
+editions, all of which are confirmed as Public Domain in the U.S.
+unless a copyright notice is included. Thus, we do not necessarily
+keep eBooks in compliance with any particular paper edition.
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+This Web site includes information about Project Gutenberg-tm,
+including how to make donations to the Project Gutenberg Literary
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