diff options
| author | Roger Frank <rfrank@pglaf.org> | 2025-10-15 02:32:56 -0700 |
|---|---|---|
| committer | Roger Frank <rfrank@pglaf.org> | 2025-10-15 02:32:56 -0700 |
| commit | 87be260f405372c47f36aa8ba5e2c8d119569883 (patch) | |
| tree | bea254cdf9ab3cc21519910b628df3960b07b466 | |
| -rw-r--r-- | .gitattributes | 3 | ||||
| -rw-r--r-- | 26809-8.txt | 5082 | ||||
| -rw-r--r-- | 26809-8.zip | bin | 0 -> 98001 bytes | |||
| -rw-r--r-- | LICENSE.txt | 11 | ||||
| -rw-r--r-- | README.md | 2 |
5 files changed, 5098 insertions, 0 deletions
diff --git a/.gitattributes b/.gitattributes new file mode 100644 index 0000000..6833f05 --- /dev/null +++ b/.gitattributes @@ -0,0 +1,3 @@ +* text=auto +*.txt text +*.md text diff --git a/26809-8.txt b/26809-8.txt new file mode 100644 index 0000000..07b101a --- /dev/null +++ b/26809-8.txt @@ -0,0 +1,5082 @@ +The Project Gutenberg EBook of Le Rideau levé, by Comte de Mirabeau + +This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with +almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or +re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included +with this eBook or online at www.gutenberg.org + + +Title: Le Rideau levé + ou l'Education de Laure + +Author: Comte de Mirabeau + +Release Date: October 7, 2008 [EBook #26809] + +Language: French + +Character set encoding: ISO-8859-1 + +*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LE RIDEAU LEVÉ *** + + + + +Produced by Daniel Fromont + + + + + + + + + +[Transcriber's Note: MIRABEAU (Honoré Gabriel Riquetti, +comte de Mirabeau) (1749-1791), +_Le Rideau levé ou l'Education de Laure_ (1786), édition de 1921 + +A French erotic novel of the 18th Century] + + + + + +LES MAITRES DE L'AMOUR + + +L'oeuvre + +du + +Comte de Mirabeau + + +(...) + + +Le Rideau levé, ou l'Education de Laure + + +(...) + + +PARIS + +BIBLIOTHEQUE DES CURIEUX + +4, RUE DE FURSTENBERG, A + +MCMXXI + + + + + + +LE RIDEAU LEVE OU L'EDUCATION DE LAURE + + + + +Retirez-vous, censeurs atrabilaires; + +Fuyez, dévots, hypocrites ou fous; + +Prudes, guenons, et vous, vieilles mégères: + +Nos doux transports ne sont pas faits pour vous. + + +A CYTHERE + + +MDCC LXXXVIII + + + + +LETTRE DE SOPHIE AU CHEVALIER D'OLZAN + + +Je t'envoie, cher Chevalier, un petit manuscrit gaillard. + +Tu aurais de la peine à t'imaginer où je l'ai pris. C'est une +bagatelle sortie d'une jolie main de mon sexe; et c'est un +délassement badin adressé dans un cloître. Comment un tel +bréviaire se put-il introduire parmi les guimpes d'une +religieuse? C'est ce que mes yeux eurent de la peine à me +persuader; rien n'est cependant plus vrai, cher Chevalier, et +c'était un présent digne de sa destination. L'amour n'est +point étranger dans ces lieux; le sentiment constitue le +naturel du beau sexe; la sensibilité forme la principale +partie de son essence; la volupté exerce un empire vainqueur +sur ces êtres délicats. A ces dispositions originaires, qu'on +joigne les effets échauffants d'une imagination exaltée dans +la retraite et l'oisiveté, on trouvera la raison de cette +fureur intestine qui nous maîtrise dans les couvents. + +C'est ainsi que les femmes de ces pays, où les hommes jaloux +les tiennent prisonnières, trouvent si précieuses des +jouissances dont l'idée habituelle qu'elles en ont n'est point +contrebalancée par d'autres objets de dissipation. Dans la +société, un tumulte de soins et de plaisirs énerve les +passions au lieu de les concentrer; l'éclat séduisant d'une +vaine coquetterie entraîne les femmes les plus sensuelles; +l'amour impétueux reste en partage à la solitude obscure et +mélancolique: il n'est donc pas étonnant que les mystères +consignés ici se soient glissés dans une cellule pour en +occuper tendrement les loisirs. + +Ton absence me rendait tout le monde à charge, et ma soeur, la +religieuse, me sollicitait d'aller passer quelques jours avec +elle: je me suis rendue à son envie. Ah! cher ami, que je suis +pénétrée, quoique sa soeur, des tourments qu'elle doit +endurer. Elle a le coeur tendre, l'esprit vif, le goût +délicat; elle possède les grâces et la beauté; elle s'est +trouvée cloîtrée avant de se connaître. A sa place, que je +serais malheureuse, moi qui ai moins qu'elle de droit au +bonheur! Elle attendait avec impatience une amie qui devait +bientôt la rejoindre. Dès le premier jour, elle m'en parla +avec des transports d'une tendresse inouïe; elle me la +dépeignait avec des couleurs tout à fait animées: elle +tournait sans cesse la conversation sur cet objet intéressant. +Elle reçut de sa part un coffre très joli; il était plein de +petits ustensiles et de chiffons propres à une religieuse. + +Il attira les regards, selon l'usage, des bonnes Mères +tourières et supérieures, toutes plus curieuses ordinairement +que rusées. Une découverte précieuse leur échappa. Ma soeur +m'ayant laissée seule, la curiosité me prit à mon tour. + +Je m'aperçus que le fond était bien épais pour une si petite +boîte; en effet, il se trouva double, et il renfermait le +petit détail que je t'envoie. J'en ai secrètement tiré copie +dans les heures de prière de ma recluse. Puisse la lecture que +te procure la main de ton amante te dérober des moments aux +belles de Paris! Ton absence me tue. Rapporte-moi, cher +Chevalier, ton coeur et ma vie, ainsi que ce joli manuscrit: +nous le relirons ensemble. + + +Le chevalier d'Olzan y a substitué d'autres noms, et l'a fait +imprimer, sans toucher au style; il a pensé que la plume d'une +femme ne pouvait être que mal taillée par la main d'un homme. + + +LAURE A EUGENIE + + +Loin de moi, imbéciles préjugés, il n'y a que les âmes +craintives qui vous soient asservies: Eugénie, accablée +d'ennui dans sa solitude, exige de sa chère Laure ce petit +amusement tendre. Il n'y a plus rien qui puisse me retenir. + +Oui, ma chère Eugénie, ces moments délicieux, dont je t'ai +quelquefois entretenue dans ton lit; ces transports des sens, +dont nous avons cherché à répéter les plaisirs dans les bras +l'une de l'autre; ces tableaux de ma jeunesse, dont nous avons +voulu réaliser la volupté: eh bien! pour te satisfaire, je +vais, sous des traits ressemblants, les retracer ici. + +Tout ce que j'ai fait et pensé dès ma plus tendre enfance, +tout ce que j'ai vu et ressenti va reparaître sous tes yeux. + +Je ferai renaître dans toi ces sensations vives, ces +mouvements précieux, dont l'ivresse a tant de charmes. Mes +expressions seront vraies, naturelles et hardies; j'oserai +même dessiner de ma main des figures dignes du sujet et de tes +désirs enflammés; je ne crains pas de manquer d'énergie. +Eugénie, c'est toi qui m'inspires et qui m'échauffes. Tu es ma +Vénus et mon Apollon; mais garde-toi, chère amie, que ma +confidence échappe de tes mains; souviens-toi que tu es dans +le sanctuaire de l'imbécillité ou de la dissimulation: celles +même des religieuses qui sont dans la bonne foi ont un zèle +mille fois moins à craindre que celles qui goûtent, sous un +voile hypocrite, la volupté la plus exquise et la plus +raffinée. Tu ne serais que criminelle aux yeux des unes, et +les autres crieraient hautement à l'infamie. + +Le bonheur des femmes aime partout l'ombre et le mystère; mais +la crainte et la décence donnent du prix à leurs plaisirs. Cet +ouvrage-ci ne doit jamais voir le jour: il n'est point fait +pour les yeux du vulgaire; il serait indigné de la franchise +d'une femme, et son impertinente crédulité lui donne de +l'horreur pour la nudité des productions de la nature. + +Tu ne le croirais pas, ma chère Eugénie, c'est que les hommes, +même les plus libres, nous envient jusqu'aux privautés de +l'imagination. Ils ne veulent nous permettre que les plaisirs +qu'ils nous départissent. Nous ne sommes, à leurs yeux, que +des esclaves qui ne devons rien tenir que de la main du maître +impérieux qui nous a subjuguées. + +Tout est pour eux, ou doit se rapporter à eux; ils deviennent +des tyrans dès qu'on ose diviser leurs plaisirs; ils sont +jaloux, si l'on ose s'envisager à son tour. Egoïstes, ils +prétendent l'être seuls, et que personne ne le soit. + +Dans les plaisirs qu'ils prennent avec nous, il en est peu qui +pensent à nous les faire partager. Il y en a même qui +cherchent à s'en procurer en nous tourmentant et en nous +faisant éprouver des traitements douloureux. A quelles +bizarreries leur extravagance ne les porte-t-elle pas? Leur +imagination ardente, fougueuse et remplie d'écarts s'éteint +avec la même facilité qu'elle s'allume; leurs désirs +licencieux, sans frein, inconstants et perfides errent d'un +objet vers l'autre. Par une contradiction perpétuelle avec +leurs sentiments, ils exigent que nous ne jouissions pas des +privilèges qu'ils se sont arrogés; nous, dont la sensibilité +est plus grande, dont l'imagination est encore plus vive et +plus inflammable par la nature de notre constitution. + +Ah! les cruels qu'ils sont! Ils veulent anéantir nos facultés, +tandis que notre froideur insipide ferait leur tourment et +leur malheur. Quelques-uns, à la vérité, suivent une ligne +écartée du tourbillon ordinaire; mais il serait toujours +imprudent de nous dévoiler à leurs yeux. + +Cet ouvrage ne serait pas moins déplacé devant ces êtres +engourdis que l'amour ne peut émouvoir: je parle de ces femmes +flegmatiques que les empressements des hommes aimables ne +peuvent exciter, et de ces graves personnages que la beauté ne +peut réveiller. Il en existe, Eugénie, de ces animaux +indéfinis, parés du titre fastueux de virtuoses et de +philosophes, livrés à l'effervescence d'une bile noire, aux +vapeurs sombres et malfaisantes de la mélancolie, qui fuient +le monde dont ils sont méprisés: ces gens-là, comme la +vieillesse inutile, blâment amèrement tous les plaisirs dont +ils sont déchus. + +Il en est d'autres, au contraire, d'un tempérament fougueux, +mais que les préjugés de l'éducation et la timidité ont +enthousiasmés pour le nom d'une vertu dont ils ne connurent +jamais l'essence; ils détournent les éjaculations naturelles +de leur coeur pour en diriger les élans vers des êtres +fantastiques. L'amour est un dieu profane qui ne mérite pas +leur encens; et si, sous le nom d'hymen, ils lui sacrifient +quelquefois, ils deviennent des fanatiques qui, sous le titre +d'honneur, déguisent leur dure jalousie. C'est pour nous un +blasphème que d'exprimer l'amour. + +Ainsi, ma chère Eugénie, il ne faut choquer personne; gardons +nos confidences libertines pour nous égayer dans le +particulier; c'est à toi seule que je veux ouvrir mon coeur; +c'est uniquement pour toi que je ne couvrirai d'aucune gaze +les tableaux que je mettrai sous tes yeux. Ils seront cachés +pour les autres, ainsi que les libertés que nous avons prises +ensemble. + +Il n'y a que l'amitié ou l'amour qui puissent arrêter des +regards de complaisance sur les objets licencieux que ma plume +et mes crayons vont tâcher d'exprimer. + + +EDUCATION DE LAURE + + +Je sortais de ma dixième année; ma mère tomba dans un état de +langueur qui, après huit mois, la conduisit au tombeau. Mon +père, sur la perte duquel je verse tous les jours les larmes +les plus amères, me chérissait; son affection, ses sentiments +si doux pour moi se trouvaient payés, de ma part, du retour le +plus vif. + +J'étais continuellement l'objet de ses caresses les plus +tendres; il ne se passait point de jour qu'il ne me prît dans +ses bras et que je ne fusse en proie à des baisers pleins de +feu. + +Je me souviens que ma mère, lui reprochant un jour la chaleur +qu'il paraissait y mettre, il lui fit une réponse dont je ne +sentis pas alors l'énergie. Mais cette énigme me fut +développée quelque temps après: + +-- De quoi vous plaignez-vous, madame? Je n'ai point à en +rougir: si c'était ma fille, le reproche serait fondé, je ne +m'autoriserais pas même de l'exemple de Loth; mais il est +heureux que j'aie pour elle la tendresse que vous me voyez: ce +que les conventions et les lois ont établi, la nature ne l'a +pas fait; ainsi brisons là-dessus. + +Cette réponse n'est jamais sortie de ma mémoire. Le silence de +ma mère me donna dès cet instant beaucoup à penser, sans +parvenir au but; mais il résulta de cette discussion et de mes +petites idées que je sentis la nécessité de m'attacher +uniquement à lui, et je compris que je devais tout à son +amitié. Cet homme, rempli de douceur, d'esprit, de +connaissance et de talents, était formé pour inspirer le +sentiment le plus tendre. + +J'avais été favorisée de la nature; j'étais sortie des mains +de l'amour. Le portrait que je vais faire de moi, chère +Eugénie, c'est d'après lui que je le trace. Combien de fois +m'as-tu redit qu'il ne m'avait point flattée: douce illusion +dans laquelle tu m'entraînes, et qui m'engage à répéter ce que +je lui ai entendu dire souvent! Dès mon enfance, je promettais +une figure régulière et prévenante; j'annonçais des grâces, +des formes bien prises et dégagées, la taille noble et svelte; +j'avais beaucoup d'éclat et de blancheur. + +L'inoculation avait sauvé mes traits des accidents qu'elle +prévient ordinairement; mes yeux bruns, dont la vivacité était +tempérée par un regard doux et tendre, et mes cheveux d'un +châtain cendré, se mariaient avantageusement. + +Mon humeur était gaie; mais mon caractère était porté, par une +pente naturelle, à la réflexion. + +Mon père étudiait mes goûts et mes inclinations; il me jugea: +aussi cultivait-il mes dispositions avec le plus grand soin. +Son désir particulier était de me rendre vraie avec +discrétion. Il souhaitait que je n'eusse rien de caché pour +lui: il y réussit aisément. Ce tendre père mettait tant de +douceur dans ses manières affectueuses qu'il n'était pas +possible de s'en défendre. Ses punitions les plus sévères se +réduisaient à ne me point faire de caresses, et je n'en +trouvais point de plus mortifiantes. + +Quelque temps après la perte de ma mère, il me prit dans ses +bras: + +-- Laurette, ma chère enfant, votre onzième année est révolue, +vos larmes doivent avoir diminué, je leur ai laissé un terme +suffisant; vos occupations feront diversion à vos regrets, il +est temps de les reprendre... Tout ce qui pouvait former une +éducation brillante et recherchée partageait les instants de +mes jours. Je n'avais qu'un seul maître, et ce maître c'était +mon père: dessin, danse, musique, sciences, tout lui était +familier. + +Il m'avait paru facilement se consoler de la mort de ma mère; +j'en étais surprise, et je ne pus enfin me refuser de lui en +parler. + +-- Ma fille, ton imagination se développe de bonne heure, je +puis donc à présent te parler avec cette vérité et cette +raison que tu es capable d'entendre. Apprends donc, ma chère +Laure, que, dans une société dont les caractères et les +humeurs sont analogues, le moment qui la divise pour toujours +est celui qui déchire le coeur des individus qui la composent, +et qui répand la douleur sur leur existence. Il n'y a point de +fermeté ni de philosophie pour une âme sensible, qui puisse +faire soutenir ce malheur sans chagrin, ni de temps qui en +efface le regret. Mais quand on n'a pas l'avantage de +sympathiser les uns avec les autres, on ne voit plus la +séparation que comme une loi despotique de la nature, à +laquelle tout être vivant est soumis. Il est d'un homme sensé, +dans une circonstance pareille, de supporter comme il convient +cet arrêt du sort auquel rien ne peut se soustraire, et de +recevoir avec sang-froid et une tranquillité modeste, +absolument dégagée d'affectation et de grimaces, tout ce qui +le soustrait aux chaînes pesantes qu'il portait. + +"N'irai-je pas trop loin, ma chère fille, si, dans l'âge où tu +es, je t'en dis davantage? Non, non, apprends de bonne heure à +réfléchir et à former ton jugement, en le dégageant des +entraves du préjugé, dont le retour journalier t'obligera sans +cesse d'aplanir le sillon qu'il tâchera de se tracer dans ton +imagination. Représente-toi deux êtres opposés par leur +humeur, mais unis intimement par un pouvoir ridicule, que des +convenances d'état ou de fortune, que des circonstances qui +promettaient en apparence le bonheur, ont déterminés ou +subjugués par un enchantement momentané dont l'illusion se +dissipe à mesure que l'un des deux laisse tomber le masque +dont il couvrait son caractère naturel: conçois combien ils +seraient heureux d'être séparés. Quel avantage pour eux, s'il +était possible, de rompre une chaîne qui fait leur tourment et +imprime sur leurs jours les chagrins les plus cuisants, pour +se réunir à des caractères qui sympathisent avec eux! Car ne +t'y trompe pas, ma Laurette, telle humeur qui ne convient pas +à tel individu s'allie très bien avec un autre, et l'on voit +régner entre eux la meilleure intelligence, par l'analogie de +leurs goûts et de leur génie. En un mot, c'est un certain +rapport d'idées, de sentiments, d'humeur et de caractère qui +fait l'aménité et la douceur des unions; tandis que +l'opposition qui se trouve entre deux personnes, augmentée par +l'impossibilité de les séparer, fait le malheur et aggrave le +supplice de ces êtres enchaînés contre leur gré! + +-- Quel tableau! quelles images! Cher papa, tu me dégoûtes +davantage du mariage. Est-ce là ton but? + +-- Non, ma chère fille; mais j'ai tant d'exemples à ajouter au +mien que j'en parle en connaissance de cause; et pour appuyer +ce sentiment si raisonnable, et même si naturel, lis ce que le +président de Montesquieu en dit dans ses Lettres persanes, à +la cent-douzième. Si l'âge et des lumières acquises te +mettaient dans le cas de le combattre par les prétendus +inconvénients qu'on voudrait y trouver, il me serait facile de +les lever et de donner les moyens de les parer; je pourrais +donc te rendre compte de toutes les réflexions que j'ai faites +à ce sujet; mais ta jeunesse ne me met pas à même de m'étendre +sur un objet de cette nature. + +Mon père termina là. + +C'est à présent, tendre amie, que tu vas voir changer la +scène. Eugénie! chère Eugénie! Passerai-je outre? Les cris que +je crois entendre autour de moi soulèvent ma plume, mais +l'amour et l'amitié l'appuient: je poursuis. + +Quoique mon père fût entièrement occupé de mon éducation, +après deux ou trois mois, je le trouvai rêveur, inquiet; il +semblait qu'il manquait quelque chose à sa tranquillité. Il +avait quitté, depuis la mort de ma mère, le séjour où nous +demeurions pour me conduire dans une grande ville, et se +livrer entièrement aux soins qu'il prenait de moi; peu +dissipé, j'étais le centre où il réunissait toutes ses idées, +son application et toute sa tendresse. Les caresses qu'il me +faisait, et qu'il ne ménageait pas, paraissaient l'animer; ses +yeux étaient plus vifs, son teint plus coloré, ses lèvres plus +brûlantes. Il prenait mes petites fesses, il les maniait, il +passait un doigt entre mes cuisses, il baisait ma bouche et ma +poitrine. Souvent il me mettait totalement nue, et me +plongeait dans un bain. Après m'avoir essuyée, après m'avoir +frottée d'essences, il portait ses lèvres sur toutes les +parties de mon corps, sans en excepter une seule; il me +contemplait, son sein paraissait palpiter, et ses mains +animées se reposaient partout: rien n'était oublié. + +Que j'aimais ce charmant badinage, et le désordre où je le +voyais! Mais au milieu de ses plus vives caresses il me +quittait, et courait s'enfoncer dans sa chambre. + +Un jour, entre autres, qu'il m'avait accablée des plus ardents +baisers, que je lui avais rendus par mille et mille aussi +tendres, où nos bouches s'étaient collées plusieurs fois, où +sa langue même avait mouillé mes lèvres, je me sentis tout +autre. Le feu de ses baisers s'était glissé dans mes veines; +il m'échappa dans l'instant où je m'y attendais le moins; j'en +ressentis du chagrin. Je voulus découvrir ce qui l'entraînait +dans cette chambre dont il avait poussé la porte vitrée, qui +formait la seule séparation qu'il y avait entre elle et la +mienne; je m'en approchai, je portai les yeux sur tous les +carreaux dont elle était garnie; mais le rideau qui était de +son côté, développé dans toute son étendue, ne me laissa rien +apercevoir, et ma curiosité ne fit que s'en accroître. + +Le surlendemain de ce jour, on lui remit une lettre qui parut +lui faire plaisir. Quand il en eut fait la lecture: + +-- Ma chère Laure, vous ne pouvez rester sans gouvernante; on +m'en envoie une qui arrivera demain: on m'en a fait beaucoup +d'éloges, mais il est nécessaire de la connaître pour juger +s'ils ne sont point outrés... + +Je ne m'attendais nullement à cette nouvelle; je t'avoue, +chère Eugénie, qu'elle m'attrista: sa présence me gênait déjà, +sans savoir pourquoi, et sa personne me déplaisait, même avant +de l'avoir vue. + +En effet, Lucette arriva le jour qu'elle était annoncée. + +C'était une grande fille très bien faite, entre dix-neuf et +vingt ans: belle gorge, fort blanche, d'une figure revenante +sans être jolie; elle n'avait de régulier qu'une bouche très +bien dessinée, des lèvres vermeilles, les dents petites, d'un +bel émail et parfaitement rangées. J'en fus frappée d'abord. + +Mon père m'avait appris à connaître une belle bouche en me +félicitant cent fois sur cet avantage. Lucette unissait à cela +un excellent caractère, beaucoup de douceur, de bonté, et une +humeur charmante. Mon amitié, malgré ma petite prévention, se +porta bientôt vers elle, et j'ai eu lieu de m'y attacher +fortement. Je m'aperçus que mon père la reçut avec une +satisfaction qui répandit la sérénité dans ses yeux. + +L'envie et la jalousie, ma chère, sont étrangères à mon coeur, +rien ne me paraît plus mal fondé. D'ailleurs, ce qui fait +naître les désirs des hommes ne tient souvent pas à notre +beauté, ni à notre mérite: ainsi, pour notre propre bonheur, +laissons-les libres, sans inquiétude. Il y en a dont +l'infidélité est souvent un feu léger, qu'un instant voit +disparaître aussitôt qu'il a brillé. S'ils pensent, s'ils +réfléchissent, bientôt on les voit revenir auprès d'une femme +dont l'humeur douce et agréable les met dans l'impossibilité +de vivre sans elle. S'ils ne pensent pas, la perte est bien +faible. + +Eh! quelle folie de s'en tourmenter! + +Je ne raisonnais pas encore avec autant de sagacité; +cependant, je ne sentais point de jalousie contre Lucette: il +est vrai que ses amitiés, ses caresses et celles que mon père +continuait de me faire, la bannissaient loin de moi. Je +n'apercevais de différence que dans la réserve qu'il observait +lorsque Lucette était présente, mais je donnais cette conduite +à la prudence. Un temps se passa de cette manière, pendant +lequel je m'aperçus enfin de ses attentions pour elle. Toutes +les occasions qui pouvaient s'en présenter, il ne les laissait +point échapper. Cependant, mon affection pour Lucette fut +bientôt d'accord avec celle de mon père. + +Lucette avait désiré coucher dans ma chambre, et mon père s'y +était prêté. Le matin, à son réveil, il venait nous embrasser; +j'étais dans un lit à côté d'elle. Cet arrangement, et le +prétexte de venir me voir, lui donnait la facilité de s'amuser +avec nous, et de faire à Lucette toutes les avances qu'il +pouvait hasarder devant moi. Je voyais bien qu'elle ne le +rebutait pas, mais je ne trouvais pas qu'elle répondît à ses +empressements comme je l'aurais fait et le désirais d'elle; je +ne pouvais en concevoir la raison. Je jugeais par moi-même, et +je croyais qu'en aimant avec tant de tendresse ce cher papa, +tout le monde devait avoir mon coeur, penser et sentir comme +moi. Je ne pus me refuser de lui en faire des reproches: + +-- Pourquoi, ma bonne, n'aimez-vous pas mon papa, lui qui +paraît avoir tant d'amitié pour vous? Vous êtes bien +ingrate... + +Elle souriait à ces reproches, en m'assurant que je les lui +faisais injustement. En effet, cet éloignement apparent ne +tarda pas à se dissiper. + +Un soir, après le repas, nous rentrâmes dans la pièce que +j'occupais; il nous présenta de la liqueur. Une demi-heure +était à peine écoulée que Lucette s'endormit profondément; il +me prit alors entre ses bras et, m'emportant dans sa chambre, +il me fit mettre dans son lit. Surprise de cet arrangement +nouveau, ma curiosité fut à l'instant réveillée. Je me relevai +un moment après et courus d'un pas léger à la porte vitrée où +j'écartai le bord du rideau. + +Je fus bien étonnée de voir toute la gorge de Lucette +entièrement découverte. Quel sein charmant! deux demi-globes +d'une blancheur de neige, du milieu desquels sortaient deux +fraises naissantes d'une couleur de chair plus animée, +reposaient sur sa poitrine; fermes comme l'ivoire, ils +n'avaient de mouvement que celui de sa respiration. Mon père +les regardait, les maniait, les baisait et les suçait: rien ne +la réveillait. Bientôt, il lui ôta tous ses habits, et la +porta sur le bord du lit qui était en face de la porte où +j'étais. Il releva sa chemise; je vis deux cuisses d'albâtre, +rondes et potelées, qu'il écarta, j'aperçus alors une petite +fente vermeille, garnie d'un poil fort brun; il l'entrouvrit; +il y posa les doigts en remuant la main avec activité: rien ne +la retirait de sa léthargie. Animée par cette vue, instruite +par l'exemple, j'imitai sur la mienne les mouvements que je +voyais. J'éprouvais une sensation qui m'était inconnue. + +Mon père la coucha dans le lit, et vint à la porte vitrée pour +la fermer. Je me sauvai, et courus m'enfoncer dans celui où il +m'avait mise. Aussitôt que j'y fus étendue, profitant des +lumières que je venais d'acquérir, et réfléchissant sur ce que +j'avais vu, je recommençai mes frottements. J'étais toute en +feu; cette sensation que j'avais éprouvée s'augmenta par +degrés, et parvint à une telle énergie que mon âme, concentrée +dans le milieu de moi-même, avait quitté toutes les autres +parties de mon corps pour ne s'arrêter que dans cet endroit: +je tombai pour la première fois dans un état inconnu dont +j'étais enchantée. + +Revenue à moi, quelle fut ma surprise, en me tâtant au même +endroit, de me trouver toute mouillée. J'eus dans le premier +instant une vive inquiétude, qui se dissipa par le souvenir du +plaisir que j'avais ressenti, et par un doux sommeil qui me +retraça pendant la nuit, dans des songes flatteurs, les +agréables images de mon père caressant Lucette. J'étais même +encore endormie quand il vint, le lendemain, me réveiller par +ses embrassements, que je lui rendis avec usure. + +Depuis ce jour, ma bonne et lui me parurent de la meilleure +intelligence, quoiqu'il ne restât plus, le matin, si longtemps +près de nous. Ils n'imaginaient pas que je fusse au fait de +rien et, dans leur sécurité, ils se faisaient dans la journée +mille agaceries, qui étaient ordinairement le prélude des +retraites qu'ils allaient souvent faire ensemble dans sa +chambre, où ils restaient assez longtemps. J'imaginais bien +qu'ils allaient répéter ce que j'avais déjà vu; je ne poussais +pas alors mes idées plus loin; cependant, je mourais d'envie +de jouir encore du même spectacle. Tu vas juger, ma chère, du +violent désir qui me tourmentait: il était enfin arrivé, cet +instant où je devais tout apprendre. + +Trois jours après celui dont je viens de te rendre compte, +voulant, à quelque prix que ce fût, satisfaire mon désir +curieux, lorsque mon père fut sorti et ma bonne occupée, +j'imaginai de mettre une soie au coin du rideau et de la faire +passer par le coin opposé d'un des carreaux. Cet arrangement +préparé, je ne tardai pas à en profiter. Le lendemain, mon +père, qui n'avait sur lui qu'une robe de taffetas, entraîna +Lucette qui était aussi légèrement vêtue: ils prirent le soin +de fermer exactement la porte et d'arranger le rideau; mais +j'avais vaincu tous les obstacles et mon expédient me réussit, +au moins en partie. Ils n'y eurent pas été deux minutes +qu'impatiente je fus à la porte, et je soulevai faiblement le +rideau. J'aperçus Lucette. Ses tétons étaient entièrement +découverts; mon père la tenait dans ses bras et la couvrait de +ses baisers. Mais, tourmenté de désirs, bientôt jupes, corset, +chemise, tout fut à bas. Qu'elle me parut bien dans cet état! +et que j'aimais à la voir ainsi! + +La fraîcheur et les grâces de la jeunesse étaient répandues +sur elle. Chère Eugénie, la beauté des femmes a donc un +pouvoir bien singulier, un attrait bien puissant, puisqu'elle +nous intéresse aussi! Oui, ma chère, elle est touchante, même +pour notre sexe, par ses belles formes arrondies, le satiné et +le coloris brillant d'une belle peau! Tu me l'as fait +ressentir dans tes bras, et tu l'as éprouvé comme moi. + +Mon père fut bientôt dans un état pareil à celui où il avait +mis Lucette. Cette vue m'attacha par sa nouveauté. + +Il l'emporta sur un lit de repos que je ne pouvais découvrir. + +Dévorée par ma curiosité, je ne ménageai plus rien, je levai +le rideau jusqu'à ce que je puisse les voir entièrement. Rien +ne fut soustrait à mes regards puisque rien ne gênait leurs +plaisirs. Lucette, couchée sur lui, les fesses en l'air, les +jambes écartées, me laissait apercevoir toute l'ouverture de +sa fente, entre deux petites éminences grasses et rebondies. +Cette situation, que je devais au hasard, semblait prise pour +satisfaire entièrement ma curieuse impatience. Mon père, les +genoux élevés, présentait plus distinctement à mes yeux un +vrai bijou, un membre gros, entouré de poils à la racine, où +pendait une boule au-dessous; le bout en était rouge, et +demi-couvert d'une peau qui paraissait pouvoir se baisser +davantage. Je le vis entrer dans la fente de Lucette, s'y +perdre et reparaître tour à tour. Ils se baisaient avec des +transports qui me firent juger des plaisirs qu'ils +ressentaient. Enfin, je vis cet instrument ressortir tout à +fait, le bout totalement découvert, rouge comme le carmin et +tout mouillé, jetant une liqueur blanche qui, s'élançant avec +impétuosité, se répandit sur les fesses de Lucette. + +Conçois, chère Eugénie, dans quelle situation je me trouvais +moi-même, ayant sous mes yeux un pareil tableau! + +Vivement émue, emportée par des désirs que je n'avais pas +encore connus, je tâchais au moins de participer à leur +ivresse. Chère amie, que ce retour sur mes jeunes années est +encore agréable pour moi! + +Enfin, l'attrait du plaisir me retint trop longtemps dans mon +embuscade, et mon imprudence me trahit. Mon père, qui +jusque-là avait été trop hors de lui pour penser à ce qui +l'entourait, vit, en se dégageant des bras de Lucette, le coin +du rideau levé; il m'aperçut; il s'enveloppa dans sa robe en +s'approchant de la porte; je me retirai avec précipitation; il +vint examiner le rideau et y découvrit ma manoeuvre; il se +fixa près de la porte pendant que Lucette se rhabillait. +Voyant qu'il restait, je m'imaginai qu'il n'avait rien aperçu. +Curieuse de ce qu'ils faisaient encore dans cette chambre, je +retournai au carreau. Quelle fut ma surprise quand j'y vis le +visage de mon père! La foudre tombée sur moi ne m'eût pas +causé plus de frayeur. Mon stratagème n'avait pas entièrement +réussi; le rideau n'avait pu redescendre de lui-même comme je +m'en étais flattée; cependant, il ne fit semblant de rien dans +cet instant. + +J'avais aperçu que Lucette était déjà rhabillée; il revint +avec elle et l'envoya veiller à l'ordre de la maison. Je me +trouvai seule avec lui. Il s'approcha pour examiner l'ouvrage +que j'avais eu à faire: juge, ma chère, à quel point il en +était! J'étais pâle et tremblante. Quel fut mon étonnement +quand ce cher et tendre papa me prit dans ses bras et me donna +cent baisers! + +-- Rassure-toi, ma chère Laurette; qui peut t'inspirer la +terreur que je te vois! Ne crains rien, ma chère fille, tu +sais la manière dont j'ai toujours agi vis-à-vis de toi; je ne +te demande rien que la vérité; je désire que tu me regardes +plutôt comme ton ami que comme ton père. Laure, je ne suis que +ton ami, je veux qu'en cette qualité tu sois sincère avec moi. +Ma Laure, je l'exige aujourd'hui: ne me déguise rien et +dis-moi ce que tu faisais pendant que j'étais avec Lucette, et +pourquoi l'arrangement singulier de ce rideau. + +Sois vraie, je t'en conjure, et sans détour, tu n'auras pas +lieu de t'en repentir. Mais si tu ne l'es pas, tu me +refroidiras pour toi et tu peux compter sur un couvent. + +Le nom de cette retraite m'avait toujours effrayée. Que je la +connaissais peu! Je mettais alors une différence totale à être +renfermée dans ce séjour ou d'être chez mon père. + +D'ailleurs, je ne pouvais pas douter qu'il ne fût assuré que +j'avais tout vu; et je m'étais enfin toujours si bien trouvée +de ne lui avoir jamais caché la vérité que je ne balançai +point à lui rendre compte de tout ce qui m'était connu depuis +l'instant où il m'avait emportée, lorsque ma bonne s'était +endormie, jusqu'à celui auquel il venait de me rejoindre. + +Chaque détail que je lui faisais, chaque tableau que je +retraçais, loin d'allumer sa colère, était payé par des +baisers et des caresses. Je balançais néanmoins à lui dire que +je m'étais procuré des sensations aussi nouvelles pour moi, +qu'elles m'avaient paru délicieuses. Mais il en eut le +soupçon: + +-- Ma chère Laurette, tu ne me dis pas tout encore... + +Et, passant sa main sur mes fesses en me baisant: + +-- Achève. Tu ne dois ni ne peux rien me cacher, rends-moi +compte de tout... + +Je lui avouai que je m'étais procuré, par un frottement +semblable à celui que je lui avais vu faire à Lucette, un +plaisir des plus vifs, dont j'avais été toute mouillée, et que +j'avais répété trois ou quatre fois depuis ce jour-là. + +-- Mais, ma chère Laure, voyant ce que j'enfonçais à Lucette, +cela ne t'a-t-il pas donné l'idée de t'enfoncer le doigt? + +-- Non, cher papa, je n'en ai pas seulement eu la pensée. + +-- Prends garde, Laurette, de m'en imposer. Tu ne peux me +cacher ce qui en est; viens me faire voir si tu as été +sincère... + +-- De tout mon coeur, cher papa... Je ne t'ai rien déguisé. + +Il me donna pour lors les noms les plus tendres. Nous passâmes +dans sa chambre et, m'étendant sur le lit de repos, il me +troussa et m'examina avec beaucoup d'attention; puis, +entrouvrant un peu les bords de ma fente, il voulut y mettre +le petit doigt. La douleur qu'il me faisait, annoncée par mes +plaintes, l'arrêta. + +-- Elle est tout enflammée, ma chère enfant; je vois cependant +que tu ne m'as pas trompé: sa rougeur vient sans doute du +frottement auquel tu t'es amusée pendant que j'étais avec +Lucette... + +J'en convins, et je lui avouai même que je n'avais pu me +procurer le plaisir que je cherchais. La sincérité de ma +bouche fut récompensée d'un baiser de la sienne. Il la porta +même, et fit frétiller sa langue, sous un endroit qui en +éprouvait une sensation délicieuse. Ce genre de caresse me +parut neuf et divin, et, pour porter l'enchantement à son +comble, ce membre que j'avais vu parut à mes yeux; je le pris +involontairement d'une main, et, de l'autre, j'écartai tout à +fait la robe de mon père: il me laissa faire. Je tenais et +voyais enfin de près ce bijou charmant que j'avais déjà si +bien distingué entre les cuisses de Lucette. Que je le +trouvais aimable et singulier! Je sentis dès ce moment qu'il +était le véritable mobile des plaisirs. Cette peau, qui +haussait et baissait par les mouvements de ma main, en +couvrait et découvrait le bout; mais quelle ne fut pas ma +surprise lorsque, après quelques moments de ce badinage, je le +vis répandre la liqueur dont les fesses de ma bonne avaient +été inondées. Il y mêlait des transports et des redoublements +de caresses que je partageais. Le plaisir produisait en moi +l'effet le plus vif. Bientôt, il passa dans mes sens et y mit +une émotion indicible. Sa langue continuait son exercice, +j'étais suffoquée... + +-- Ah! cher papa, achève!... holà! je me meurs!... Je me pâmai +dans ses bras. + +Depuis ce temps, tout fut pour moi une source de lumières; ce +que je n'avais pas conçu jusqu'alors se développa dans +l'instant. Mon imagination s'ouvrit entièrement; elle +saisissait tout; il semblait que l'instrument que je touchais +fût la clef merveilleuse qui ouvrit tout à coup mon +entendement. Je sentis alors cet aimable papa me devenir plus +cher, et ma tendresse pour lui prendre un accroissement +incroyable: tout son corps fut livré au plaisir dans mes +mains; mes baisers et mes caresses sans nombre se succédaient +sans interruption, et le feu qu'elles excitaient en lui +m'animait à les multiplier. + +Il me ramena dans ma chambre, où ma bonne revint quelques +instants après. Je ne prévoyais pas ce qu'il allait lui dire: + +-- Lucette, il est désormais inutile que nous nous gênions pour +Laure, elle en sait autant que nous. + +Et il lui répéta tout ce que je lui avais détaillé, en lui +montrant le jeu du rideau. Elle en parut affectée; mais je me +jetai à son cou et mes caresses, unies aux raisons dont il la +tranquillisa, dissipèrent le petit chagrin qu'elle avait +témoigné. Il nous embrassa en recommandant à ma bonne de ne +point me quitter. Il sortit, et revint une heure après avec +une femme qui, dès qu'elle fut entrée, me fit déshabiller et +prit sur moi la mesure d'une sorte d'ajustement dont je ne +pouvais concevoir ni la forme ni l'usage. + +Quand l'heure de se coucher fut venue, il me mit dans le lit +de Lucette en la priant de veiller sur moi. Il nous laissa. +Mais l'inquiétude le ramenant bientôt près de nous, il se mit +dans le même lit. J'étais entre elle et lui; il me tenait +embrassée et, couvrant de sa main l'entre-deux de mes cuisses, +il ne me laissait pas y porter la mienne. Je pris alors son +instrument, qui me causa beaucoup de surprise en le trouvant +mou et pendant. Je ne l'avais point encore vu dans cet état, +m'imaginant au contraire qu'il était toujours gros, raide et +relevé: il ne tarda pas à reprendre, dans ma main, la fermeté +et la grosseur que je lui connaissais. Lucette, qui s'aperçut +de nos actions, étonnée de sa conduite ne pouvait la +concevoir, et me fit beaucoup de peine par son propos: + +-- La manière, monsieur! dont vous agissez avec Laurette a lieu +de me surprendre. Vous, monsieur, vous, son père!... + +-- Oui et non, Lucette. C'est un secret que je veux bien +confier à votre discrétion et à celle de Laure, qui y est +assez intéressée pour le garder. Il est même nécessaire, par +les circonstances, de vous en faire part à l'une et l'autre. + +"Il y avait quinze jours que je connaissais sa mère, quand je +l'épousai. Je découvris dès le premier jour l'état où elle +était; je trouvai qu'il était de la prudence de n'en rien +faire paraître. Je la menai dans une province éloignée, sous +un nom de terre, afin qu'on ne pût rassembler les dates. Au +bout de quatre mois, Laure vint au monde, jouissant de la +force et de la santé d'un enfant de neuf mois bien accomplis. +Je restai six mois encore dans la même province et je les +ramenai toutes deux au bout de ce terme. + +Vous voyez à présent l'une et l'autre que cette enfant, qui +m'est devenue si chère, n'est point ma fille suivant la +nature: absolument étrangère pour moi, elle n'est ma fille que +par affection. Le scrupule intérieur ne peut donc exister, et +toute autre considération m'est indifférente, avec de la +prudence. + +Je me souvins aussitôt de la réponse qu'il avait faite à ma +mère: le silence qu'elle observa dans ce moment ne me parut +plus extraordinaire. Je le dis à Lucette dont l'étonnement +cessa d'abord. + +-- Mais comment donc en avez-vous agi vis-à-vis de votre épouse +lorsque cet événement fut à votre connaissance? + +-- Tout simplement; j'ai vécu toujours avec elle d'une manière +indifférente, et je ne lui en ai jamais parlé que la seule +fois dont Laure vient de vous rendre compte; encore y avait-elle +donné lieu. Le comte de Norval, à qui elle doit le jour, +est un cavalier aimable, bien fait et d'une figure +intéressante, doué des qualités qui plaisent aux femmes. Je ne +fus point étonné qu'elle se fût livrée à son penchant. + +Cependant, elle ne put l'épouser, ses parents ne le trouvant +pas assez riche pour elle. Mais si Laure ne m'est rien par le +sang et la nature, la tendre affection que j'ai conçue pour +cette aimable enfant me la fait regarder comme ma fille et me +la rend peut-être plus chère. Néanmoins, cet événement fut +cause que je n'approchai jamais de sa mère, me sentant pour +elle une opposition que sa fausseté fit naître et que je n'ai +pu vaincre, d'autant plus que son caractère et son humeur ne +faisaient que l'augmenter. Ainsi, je ne tiens à ma chère +Laurette que par les liens du coeur, ayant trouvé en elle tout +ce qui pouvait produire et m'inspirer l'attachement et +l'amitié la plus tendre. + +Ma bonne m'embrassa et me fit cent caresses qui dénotaient que +le scrupule et ses préjugés étaient enfin totalement effacés. +Je les lui rendis avec chaleur: je pris ses tétons, que je +trouvais si jolis; je les baisais, j'en suçais le bout. Mon +père passa la main sur elle; il rencontra la mienne qu'il +prit; il me la promena sur le ventre de Lucette, sur ses +cuisses. Sa peau était d'un velouté charmant; il me la porta +sur son poil, sur sa motte, sur sa fente: j'appris bientôt le +nom de toutes ces parties. Je mis mon doigt où je jugeai bien +que je lui ferais plaisir. Je sentis dans cet endroit quelque +chose d'un peu dur et gonflé. + +-- Bon! Ma Laure, tu tiens l'endroit sensible, remue la main et +ne quitte pas son clitoris tandis que je mettrai mon doigt +dans son petit conin... + +Lucette me serrait entre ses bras, me caressait les fesses; +elle prit le vit de mon papa, le mit entre mes cuisses, mais +il n'enfonçait ni ne s'agitait. Bientôt ma bonne ressentit +l'excès du plaisir; ses baisers multipliés, ses soupirs nous +l'annoncèrent: + + +-- Holà! holà! vite, Laurette!.., chère amie, enfonce... Ah! je +décharge!... je me meurs!... + +Que ces expressions de volupté avaient de charmes pour moi! Je +sentis son petit conin tout mouillé; le doigt de mon papa en +sortit tout couvert de ce qu'elle avait répandu. Ah! chère +Eugénie, que j'étais animée! Je pris la main de Lucette, je la +portai entre mes cuisses; je désirais qu'elle fit pour moi ce +que je venais de faire pour elle; mais mon papa, couvrant de +sa main ma petite motte, arrêta ses mouvements, suspendit mes +desseins. Il était trop voluptueux pour n'être pas ménagé des +plaisirs. Il modérait ses désirs; il suspendit mon impatience +et nous recommanda d'être tranquilles. Nous nous endormîmes +entre les bras les uns des autres, plongés dans la plus +agréable ivresse. Je n'avais pas encore passé de nuit qui me +plût autant. + +Nous étions au milieu des caresses du réveil, lorsque mon père +fit ouvrir à cette femme qu'il avait fait venir la veille. +Quels furent ma surprise et mon chagrin lorsqu'elle mit sur +moi un caleçon de maroquin doublé de velours qui, me prenant +au-dessous des hanches, ne descendait qu'au milieu des +cuisses! Tout était assez lâche, et ne me gênait point; la +ceinture, seulement, me prenait juste la taille, et avait des +courroies semblables au caleçon, qui passaient par-dessus mes +épaules et qui étaient assemblées en haut par une traverse +pareille, qui tenait de l'une à l'autre. On pouvait élargir +tout cet assemblage autant qu'on le jugeait à propos. La +ceinture était ouverte par-devant, en prolongeant plus de +quatre doigts au-dessous. Le long de cette ouverture, il y +avait des oeillets des deux côtés, dans lesquels mon père +passa une petite chaîne de vermeil délicatement travaillée, +qu'il ferma d'une serrure à secret: + +-- Ma chère Laure, aimable enfant, ta santé et ta conservation +m'intéressent: le hasard t'a instruite sur ce que tu ne devais +savoir qu'à dix-huit ans. Il est nécessaire que je prenne des +précautions contre tes connaissances et contre un penchant que +tu tiens de la nature et de l'amour. Tu apprendras du temps à +m'en savoir gré, et tout autre moyen n'irait point à ma façon +de penser, et à mes desseins. + +Je fus d'abord très fâchée, et je ne pouvais cacher l'humeur +que j'en avais. Mais j'ai trop bien appris depuis combien je +lui en devais de reconnaissance. + +Il avait prévu à tout. Au bas de ce caleçon était une petite +gondole d'argent, dorée en dedans, qui était de la largeur de +l'entre-deux de mes cuisses; toute ma petite motte y était +renfermée. Elle se prolongeait, en s'élargissant, par une +plaque qui s'étendait quatre doigts au-dessous de mon petit +conin, et elle se terminait en pointe arrondie jusqu'au trou +de mon cul, sans aucune incommodité. Elle était fendue en +long, et cette fente s'ouvrait et se fermait, par des +charnières à plat, en écartant ou resserrant les cuisses. Un +canal d'anneaux à charnières plates, de même métal, y était +attaché et me servait de conduit. Ce caleçon avait un trou +rond, assez grand, vis-à-vis celui de mon cul, qui me laissait +la liberté de faire toutes les fonctions nécessaires sans +l'ôter. Mais il m'était impossible d'introduire le doigt dans +mon petit conin, et encore moins de le branler, point +essentiel que mon père voulait éviter, et dont la privation me +faisait le plus de peine. + +J'ai pensé bien des fois depuis, ma chère, qu'on ferait bien +d'employer quelque chose de semblable pour les garçons, afin +d'éviter les épuisements où ils se plongent avant l'âge. Car, +de quelque façon qu'on veille sur eux, la société qu'ils ont +ensemble ne leur apprend que trop, et trop tôt, la manière de +s'y livrer. + +Pendant quatre ou cinq années qui se sont écoulées depuis ce +jour-là, tous les soirs mon père ôtait lui-même ce caleçon; +Lucette le nettoyait avec soin et me lavait. Il examinait s'il +me blessait, et il me le remettait. Depuis ce moment, jusqu'à +l'âge de seize ans, je ne le quittai pas. + +Durant tout ce temps, mes talents s'accrurent, et j'acquis des +lumières dans tous les genres. Une curiosité naturelle me +faisait désirer d'apprendre les raisons de tout; chaque année +voyait augmenter mes connaissances, et je ne cessais de +chercher à en acquérir. Je m'étais accoutumée à +l'emprisonnement où j'étais, et la perspective de la fin +m'avait rendu supportable le temps où j'y étais condamnée. Je +m'étais fait une raison de cette nécessité d'autant plus +aisément qu'elle ne m'empêchait pas de jouir des caresses que +je faisais ou de celles dont j'étais témoin, puisque j'avais +mis ma bonne et mon papa dans le cas de n'être pas gênés par +ma présence. + +Parmi toutes les questions que je lui faisais, je n'oubliais +guère celle où je trouvais le plus d'intérêt. Plus j'avançais +en âge, plus la nature parlait en moi, avec d'autant plus de +force que leurs plaisirs l'animaient vivement. Aussi lui +demandais-je souvent sur quelles raisons était fondée la +nécessité de la contrainte où il me tenait, et quel était le +sujet des précautions qu'il avait prises vis-à-vis de moi. Il +m'avait toujours renvoyée à un âge plus avancé. J'étais enfin +dans ma seizième année lorsqu'il me donna la solution de cette +demande: + +-- Puis-je donc à la fin, cher papa, savoir quelles sont les +causes qui vous ont engagé de me faire porter ce fâcheux +caleçon, puisque vous m'assurez avoir tant de tendresse pour +votre Laurette? Ma bonne est plus heureuse que moi, ou vous +m'aimez moins qu'elle. Expliquez-moi donc aujourd'hui les vues +qui vous y ont déterminé. + +-- Cette même tendresse, cette même affection que j'ai pour +toi, ma chère fille, ne te fait plus regarder comme une +enfant. Tu es à présent dans l'âge où l'on peut t'instruire à +peu près de tout, et peut-être le dois-je encore plus avec +toi. + +"Apprends donc, ma Laurette, que la nature, chez l'homme, +travaille à l'accroissement des individus jusqu'à quinze ou +seize ans. Ce terme est plus ou moins éloigné suivant les +sujets, mais il est assez général pour ton sexe. + +Cependant, il n'est dans le complément de sa force qu'à +dix-sept ou dix-huit ans. Dans les hommes, la nature met plus de +temps à acquérir sa perfection. Lorsqu'on détourne ses +opérations par des épanchements prématurés et multipliés d'une +matière qui aurait dû servir à cet accroissement, on s'en +ressent toute la vie et les accidents qui en résultent sont +des plus fâcheux. Les femmes, par exemple, ou meurent de bonne +heure, ou restent petites, faibles et languissantes, ou +tombent dans un marasme, un amaigrissement qui dégénère en +maux de poitrine dont elles sont bientôt les victimes, ou +elles privent leur sang d'un véhicule propre à produire leurs +règles dans l'âge ordinaire, et d'une manière avantageuse, ou +elles sont enfin sujettes à des vapeurs, à des crispations de +nerfs, à des vertiges, ou à des fureurs utérines, à +l'affaiblissement de la vue et au dépérissement; elles +terminent leurs jours dans un état quelquefois fort triste. +Les jeunes gens essuient des accidents à peu près semblables; +ils traînent des jours malheureux, s'ils ne meurent pas +prématurément. + +Cet affreux tableau, chère Eugénie, m'effraya et m'engagea de +lui témoigner ma reconnaissance de son amitié et de ses soins +en mettant de bonne heure obstacle au penchant que je me +sentais pour le plaisir et la volupté. La vie me paraissait +agréable, et, quelque goût que j'eusse pour le plaisir, je ne +voulais point l'acheter, lui disais-je, aux dépens de mes +jours et de ma santé. + +-- Je l'ai reconnu d'abord en toi, ma chère Laurette, ce +penchant; je savais que, dans l'âge où tu étais, toutes les +raisons du monde ne pouvaient en détourner; c'est ce qui m'a +fait prendre des précautions que tu n'as pu vaincre, et que je +n'ai pas dessein de lever encore. Il serait même avantageux +qu'elles pussent être mises en usage pour toutes sortes de +jeunes gens que des circonstances imprévues, ou des personnes +imprudentes, ont malheureusement instruits beaucoup trop tôt. + +La frayeur d'une santé délabrée, la crainte d'une mort +prématurée, se présentaient vivement à mon imagination; +cependant, ce que je lui avais vu faire à Lucette, et la +manière dont il vivait avec elle, suspendaient en quelque +sorte l'énergie de ses images, la force et l'effet de ses +raisons: je ne pus me refuser de lui faire part de mes doutes: + +-- Pourquoi donc, cher papa, ne prenez-vous pas avec ma bonne +les mêmes précautions qu'avec moi? Pourquoi lui procurez-vous +souvent, au contraire, ce que vous me refusez entièrement? + +-- Mais, ma fille, fais donc attention que Lucette est dans un +âge absolument formé, qu'elle n'abandonne que le superflu de +son existence, que c'est le temps où elle peut nourrir dans +son sein d'autres êtres et que, dès cet instant, elle a plus +qu'il ne faut pour la conservation du sien, ce qui s'annonce +si bien par l'exactitude de ses règles. Il ne faut pas te +cacher non plus, ma chère Laurette, que, chez elle, une trop +grande quantité de semence retenue, en refluant dans son sang, +y porterait le feu et le ravage, ou, en stagnant dans les +parties qui la séparent du reste des humeurs, pourrait se +corrompre ou embarrasser la circulation; elle serait exposée, +peut-être, à des accidents aussi dangereux que ceux de +l'épuisement: tels sont les vapeurs, les vertiges, la démence, +les accès frénétiques et autres. + +N'en voit-on pas des exemples fâcheux dans certains monastères +où le cagotisme règne en despote, et où rien ne soulage de +malheureuses recluses qui n'ont pas l'esprit de se retourner? + +"L'extravagance monacale a inventé de mêler dans leurs +boissons des décoctions de nénuphar ou des infusions de nitre +en vue de détourner les dispositions d'une nature trop active; +mais, pris un certain temps, ces palliatifs deviennent sans +effet, ou détruisent tellement l'organisation de l'estomac et +la santé de ces prisonnières qu'il leur en survient des fleurs +blanches, des défaillances, des oppressions et des douleurs +internes pendant le peu de temps qu'il leur reste à vivre. Il +y a même de ces endroits où la sottise est portée au point de +traiter de même leurs pensionnaires, et souvent elles sortent +de ces maisons, ou cacochymes, ou avec le genre nerveux +attaqué, ou hors d'état de produire leur espèce, soit par la +destruction des germes, soit par l'inertie où cet usage a +plongé les forces de la nature et l'esprit vital; et c'est à +quoi les parents qui chérissent leurs enfants ne font pas +assez d'attention. + +"Apprends encore, ma chère Laure, qu'à un certain âge la +fougue du tempérament commence à s'éteindre, ce qui arrive +plus tôt chez les uns que chez les autres par une disposition +et qualité différentes des liqueurs qui sont en nous, ou par +une diminution de sensibilité dans les organes. Cette semence, +alors refluée dans le sang, se tourne en embonpoint, qui +quelquefois devient monstrueux par la suppression totale des +épanchements, et ces individus, loin d'être propres à l'union +des sexes, y sont même indifférents et ne conçoivent presque +plus comment on peut y être sensible. + +"Mais, ma chère enfant, dans l'âge où le superflu commence à +s'annoncer, où le feu du tempérament est un ardent brasier, si +l'on s'en dégage avec la prudence qu'il est nécessaire de +conserver, loin de nuire à sa santé, loin de faire tort à sa +beauté, on entretient l'une et l'autre dans toute la vigueur +et dans toute la fraîcheur qu'elles peuvent avoir. Cependant, +ma Laurette, il y a bien de la différence dans les moyens. Une +femme, entre les bras d'un homme, est bien plus animée par la +différence du sexe: combien l'est-elle plus à proportion du +goût qu'elle a pour lui? Elle l'est même par l'approche et +l'attouchement d'une personne du sien qui lui plaît. +L'imagination et la nature se prêtent avec bien plus de +facilité et beaucoup moins d'efforts que si elle se procurait +d'elle-même et seule ces sensations voluptueuses. Apprécie +donc mieux à présent la conduite que je tiens entre Lucette et +toi. + +-- Eh bien! cher papa, car je vous donnerai toujours ce nom, je +me rends à des raisons si solides et je conçois votre +prudence; mais à quel âge ferez-vous donc avec moi ce que vous +faites avec elle? Cet instant manque à ma félicité puisque je +ne puis remplir tous vos désirs et les satisfaire dans toute +leur étendue. + +-- Attends, fille charmante, que la nature parle en notre +faveur d'une manière intelligible. Tes tétons n'ont point +encore acquis leur forme; le duvet qui couvre les lèvres de +ton petit conin est encore trop faible, à peine a-t-il porté +les premières fleurs; attends un peu plus de force: alors, +chère Laurette, enfant de mon coeur, c'est de ta tendresse que +je recevrai ce présent; tu me laisseras cueillir cette fleur +que je cultive; mais attendons cet heureux instant. + +Ne crois pas cependant, ma chère fille, qu'à cette époque je +te laisse livrée tout à fait à toi-même: dans une constitution +robuste, cet instant arrivé suffit souvent, encore est-il +nécessaire de se ménager; mais dans un tempérament délicat, il +faut pousser l'attention bien plus loin et contraindre jusqu'à +dix-sept ou dix-huit ans, où les femmes sont dans toute leur +force, les penchants qu'elles peuvent avoir à se laisser aller +aux attraits de la volupté. + +Tout ce qu'il me disait, Eugénie, s'imprimait fortement dans +ma mémoire; ses raisonnements me paraissaient appuyés sur des +fondements des plus solides, et sa complaisance à répondre +sans déguisement à mes questions m'engageait à lui en faire de +nouvelles. Lucette, si profondément endormie la première fois +que je les découvris ensemble, formait un mystère pour moi que +je désirais d'éclaircir. Un jour, enfin, je lui en demandai la +raison: + +-- Pourquoi, cher papa, Lucette dormait-elle si fort le premier +jour que vous lui découvrîtes les tétons et que vous rites +avec elle tout ce que vous désiriez sans qu'elle s'éveillât? +Ce sommeil était-il réel ou feint? + +-- Très réel, ma chère Laure, mais c'est mon secret. + +Dois-je t'en instruire? Oui, cet exemple pourra te devenir +utile pour t'en garantir. Je t'avoue que depuis longtemps le +besoin me tourmentait; j'étais souvent très animé avec toi, je +ne pouvais me satisfaire. Je vis Lucette, elle me plut et +parut me convenir de toutes manières. Mais, voyant qu'elle +reculait et balançait à se rendre à mes désirs, je pris mon +parti: je lui fis avaler quinze ou vingt gouttes d'une potion +dormitive dans le verre de liqueur que je lui donnai; tu en as +vu l'effet. Mais je ne me contentai pas de cela: je redoutais +le moment de son réveil et je craignais que la surprise et la +colère ne l'emportassent trop loin. Pour l'éviter, j'avais +préparé d'avance une composition capable d'exciter la nature à +la concupiscence: c'est ce qu'on appelle un philtre. Quand je +t'eus portée dans mon lit, je revins en prendre trois ou +quatre gouttes dans ma main, dont je frottai toute sa motte, +son clitoris et l'entre-deux des lèvres. Cette liqueur a même +la propriété d'exciter un homme affaibli, et de le faire +bander s'il s'en frotte à la même dose le périnée et toutes +les parties quelque temps avant d'entrer en lice. Lucette ne +fut pas une heure couchée qu'elle s'éveilla; elle ressentait +une démangeaison, une ardeur, une passion que rien ne pouvait +éteindre. Elle ne parut point étonnée de me voir dans ses +bras; elle les passa autour de moi, et loin d'opposer de la +résistance à mes caresses et à mes désirs, tout émue par les +siens elle écarta d'elle-même les genoux, et bientôt je goûtai +les plaisirs les plus vifs, que je lui fis partager. Mais +attentif aux suites qui pouvaient en arriver, au moment où je +sentis la volupté prête à s'élancer comme une flamme, je me +retirai et j'inondai sa motte et son ventre d'une copieuse +libation que je répandis sur l'autel où je portais alors tous +mes voeux. + +"Depuis ce moment, Lucette s'est toujours prêtée à mes +volontés, et c'est par sa complaisance, mon inattention et la +curiosité que je ne soupçonnais pas de ton âge que tu as +découvert ce mystère. Elle ignore ce que je viens de +t'apprendre, et tu dois garder ma confidence. + +-- Soyez-en assuré, cher papa, mais achevez-la, je vous prie, +tout entière. Ne craignez-vous pas de lui faire un enfant si +vous ne vous retirez pas toujours à temps? En est-on +absolument le maître? N'est-on pas quelquefois emporté par le +plaisir, et la crainte qu'on peut avoir de ses suites n'en +diminue-t-elle pas l'étendue et l'excès? + +-- Ah! ma fille, jusqu'où ton imagination curieuse ne va-t-elle +pas? Je vois bien que je ne dois rien te cacher. Si je ne te +garantissais pas de tout événement, je ferais sans doute une +folie de t'éclairer; mais je ne risque rien avec toi, et ta +raison est au-delà de ton âge. + +"Apprends donc que la semence qui n'est point dardée dans la +matrice ne peut rien produire; qu'elle ne peut s'y rendre +lorsqu'on intercepte le sucement qui lui est ordinaire. Cela +reconnu, plusieurs femmes ont imaginé de repousser, par un +mouvement interne, la semence, au moment où elles croyaient +leur amant dans les délices du plaisir; mais pour qu'elles +aient cette liberté d'esprit, il ne faut pas qu'elles le +partagent, privation bien dure; encore rien n'est-il moins +assuré. Des hommes ont pensé qu'en se retirant presque à +l'entrée il n'y avait rien à craindre. Mais ils se trompent, +la matrice étant une pompe avide. D'ailleurs, il y a des +hommes qui, emportés par les délicieuses sensations qu'ils +éprouvent, ne sont pas maîtres de se retirer à temps. +L'inquiétude, la crainte des suites diminuent ordinairement +l'excès du plaisir. Mais un moyen auquel on peut avoir la plus +grande confiance est celui que j'emploie avec Lucette; il +donne la liberté de se livrer sans inquiétude à tous les +transports, et le feu du plaisir. J'engageai donc ta bonne, +depuis le jour où tu nous as découverts, à se munir avant nos +embrassements d'une éponge fine avec un cordon de soie délicat +qui la traverse en entier, et qui sert à la retirer. On imbibe +cette éponge dans l'eau mélangée de quelques gouttes d'eau-de-vie; +on l'introduit exactement à l'entrée dé la matrice, afin +de la boucher; et quand bien même les esprits subtils de la +semence passeraient par les pores de l'éponge, la liqueur +étrangère qui s'y trouve, mêlée avec eux, en détruit la +puissance et la nature. On sait que l'air même suffit pour la +rendre sans vertu. Dès lors, il est impossible que Lucette +fasse des enfants. + +-- J'avais déjà pressenti, cher papa, l'utilité de cette +éponge, mais j'en désirais l'explication, et celle que tu m'en +donnes satisfait toutes mes idées. + +-- Je t'avoue, ma Laurette, qu'elle est un effet de ma +tendresse pour toi, et c'est un aveu que je ne m'attendais pas +à te faire, surtout dans un âge aussi tendre; de pareils +secrets sont propres à chasser bien loin la timidité de +beaucoup de filles que la crainte des suites retient le plus +souvent. + +Je n'ai pas oublié cette découverte dans le besoin. Je t'en ai +déjà fait part, chère Eugénie, de cette ressource favorable et +salutaire à laquelle tu as eu assez de foi, sur ma propre +expérience, pour te livrer à ta tendresse et aux +sollicitations de ton amant. + +Telle était une partie des conversations que nous mêlions à +nos plaisirs, à nos caresses et aux autres instructions qu'il +me donnait, dont il avait l'art de me faire profiter sans +peine. Les livres de toutes espèces étaient entre mes mains; +il n'y en avait aucun d'excepté: mais il dirigeait mon goût +sur ceux qui traitaient des sciences, aussi loin qu'ils +pouvaient convenir à mon sexe. Je veux t'en donner un +échantillon, et un léger précis dans une matière où je l'avais +souvent questionné: + +-- Peux-tu concevoir, ma Laure, et fixer un point d'arrêt sur +l'immensité dont notre globe est environné? Pousse-la aussi +loin que ton imagination puisse l'étendre, à quelle distance +inconcevable seras-tu encore du but? Que penses-tu qui +remplisse cet espace immense? Des éléments dont la nature et +le nombre sont et seront toujours inconnus; il est impossible +de savoir s'il n'y en a qu'un seul dont les modifications +présentent à nos yeux et à notre pensée ceux que nous +apercevons, ou si chacun de ces éléments a une racine +absolument propre qui ne puisse être convertie en une autre. +Dans une ignorance si parfaite de la nature des choses dont +nous faisons tous les jours usage, il paraît ridicule que les +hommes aient fixé le nombre de ces éléments: rien n'est plus +digne de la sphère étroite de leurs idées, et néanmoins, à les +entendre, il semble qu'ils aient assisté aux dispositions de +l'Ordonnateur éternel. Mais enfin, qu'ils soient un ou +plusieurs, l'assemblage de leurs parties forme les corps et se +trouve uni dans un nombre très multiplié de globules de feu et +de matière qui paraît inerte aux yeux préoccupés. Que penses-tu +donc de ces points de feu brillants connus parmi nous sous +le nom d'étoiles? Eh bien! ma fille, ce sont de vastes globes +enflammés semblables à notre soleil, établis pour éclairer, +échauffer et donner la vie à une multitude de globes +terrestres, peut-être chacun aussi peuplé que le nôtre. +Quelques-uns ont cru qu'ils étaient placés là pour nous +éclairer pendant la nuit; l'amour-propre leur fait rapporter +tout à nous, afin que tout aille à eux. Et de quoi nous +servent-ils, ces globes, quand l'air est obscurci par les +nuages ou les vapeurs? La lune paraîtrait plutôt être destinée +à cet office; elle nous éclaire dans l'absence du soleil, même +à travers les parties nébuleuses qui couvrent souvent notre +horizon; et cependant ce n'est pas là son unique destination: +on ne peut même affirmer qu'elle n'est pas un monde, dont les +habitants doutent si nous existons et sont peut-être assez +stupides pour se flatter de jouir seuls de la magnificence des +cieux; peut-être aussi sont-ils plus pénétrants, plus +ingénieux que nous, ou pourvus de meilleurs organes, et qu'ils +savent juger plus sainement des choses. Les planètes sont des +terres comme la nôtre, peuplées sans doute de végétaux et +d'animaux différents de ceux que nous connaissons, car rien +dans la nature n'est semblable. + +"Dans ce point de vue, et parmi cette infinité de boules de +matière, que devient notre terre? Un point qui fait nombre +parmi les autres. Et nous! fourmis répandues sur cette boule, +que sommes-nous donc pour être le type, le point central et le +but où se rendent les prétendues vérités dont on berce +l'enfance? + +C'est à peu près ainsi que mon père tâchait chaque jour de +tracer dans mon esprit des impressions de philosophie. + +Je lui demandai un jour:. + +-- Quel est cet Etre créateur de tout, que je sentais mal +défini dans les notions qu'on m'en avait données? + +Il me dit: + +-- Cet Etre magnifique est incompréhensible; il est senti sans +être connu; c'est nos respects qu'il exige; il méprise nos +spéculations. S'il existe plusieurs éléments, c'est de ses +mains qu'ils sortent; il les a créés par la puissance de sa +volonté: il est donc l'âme de l'univers. S'il n'existe qu'un +élément, il ne peut être que lui-même: connaissons-nous les +bornes de son pouvoir? N'a-t-il pas pu dépendre de lui de se +transformer dans la matière que nous voyons, dont nous ne +connaissons ni la nature ni l'essence? Et ce qu'il a pu faire +dans un temps, ne l'a-t-il pas pu de toute éternité? C'en est +assez, ma chère enfant, pour le présent; quand tu seras dans +un âge plus avancé, j'écarterai de tout mon pouvoir les voiles +qui couvrent la vérité. + +Mon père se plaisait à me faire lire des livres de morale dont +nous examinions les principes, non sous la perspective +vulgaire, mais sous celle de la nature. En effet, c'est sur +les lois dictées par elle et imprimées dans nos coeurs qu'il +faut la considérer. Il la réduisait à ce seul principe, auquel +tout le reste est étranger mais qui renferme une étendue +considérable: faire pour les autres ce que nous voudrions +qu'on fit pour nous, lorsque la possibilité s'y trouve; et ne +point faire aux autres ce que nous ne voudrions pas qu'on nous +lit. Tu vois, ma chère, que cette science dont on parle tant +n'est jamais relative qu'à l'espèce humaine; et si elle n'est +rien en elle-même, au moins est-elle utile à son bonheur. + +Les romans étaient presque bannis de mes yeux, et il me +faisait voir, dans presque tous, une ressemblance assez +générale dans le tissu, les vues et le but, à la différence +près du style, des événements et de certains caractères. Il y +en avait cependant plusieurs qui étaient exceptés de cette +règle; il me donnait volontiers ceux dont le sujet était +moral. Peu des autres peignent les hommes et les femmes de +leurs véritables couleurs: ils y sont présentés sous le plus +bel aspect. Ah! ma chère, combien cette apparence est en +général loin de la réalité: les uns et les autres vus de près, +quelle différence n'y trouve-t-on pas? Je puisais dans les +voyageurs et dans les coutumes des nations un genre +d'instruction qui me faisait mieux apprécier l'humanité en +général, comme la société fait apercevoir les nuances des +caractères. + +Les livres d'histoire, qui me rendaient compte des moeurs +antiques et des préjugés différents qui, tour à tour, ont +couvert la surface de la terre, étaient ma balance. Les +ouvrages de nos meilleurs poètes formaient le genre amusant, +pour lequel mon goût était le plus décidé et que j'inculquais +avec empressement dans ma mémoire. + +Il me remit un jour entre les mains un livre qui venait de +paraître, en me recommandant d'y réfléchir: + +-- Lis, ma chère Laurette. Cet ouvrage est la production d'un +génie dont tu as lu presque tout ce qu'il a mis au jour et +dont ta mémoire possède plusieurs morceaux, qui unit un style +élevé, élégant, agréable et facile, propre à lui seul à des +idées profondes. Zadig, paré de ses mains, t'apprendra sous +l'allégorie d'un conte qu'il n'arrive point d'événements dans +la vie qui soient à notre disposition. + +"De quelque aveuglement dont l'amour-propre et la vanité nous +fascinent, sois assurée que, pour un esprit attentif et +réfléchi, il est d'une vérité palpable et constante que tout +s'enchaîne afin de suivre un ordre fixé pour l'ensemble et +pour chacun en particulier; des circonstances imprévues +forcent les idées et les actions des humains; des raisons +éloignées, et souvent imperceptibles, les entraînent dans une +détermination qui, presque toujours, leur paraît volontaire: +elle semble venir d'eux et de leur choix, tandis que tout les +y porte sans qu'ils s'en aperçoivent. Ils tiennent même de la +nature les formes, le caractère et le tempérament qui +concourent à leur faire remplir le rôle qu'ils ont à jouer, et +dont toute la marche est dessinée d'avance dans les décrets du +moteur éternel. + +"Si l'on peut prévoir quelques événements, ce n'est que par +une perspicacité, une sagacité de vue sur la chaîne de ces +circonstances qu'on ne peut cependant changer, et qui est +d'une force irrésistible, même pour ce qui constitue le +malheur. Le plus sage est celui qui sait se prêter au cours +naturel des choses. + +Pour toi, ma chère Eugénie, ton esprit facile sait se plier à +tout; ta docilité te rend heureuse et tu sais l'être malgré +les entraves mises à ta liberté; tu savoures les plaisirs que +tu inventes sans t'inquiéter de ceux qui te manquent. + +J'avançais en âge et j'atteignais la fin de ma seizième année +lorsque ma situation prit une face nouvelle: les formes +commençaient à se décider; mes tétons avaient acquis du +volume, j'en admirais l'arrondissement journalier, j'en +faisais voir tous les jours les progrès à Lucette et à mon +papa, je les leur faisais baiser, je mettais leurs mains +dessus et je leur faisais faire attention qu'ils les +remplissaient déjà; enfin, je leur donnais mille marques de +mon impatience. Elevée sans préjugés, je n'écoutais, je ne +suivais que la voix de la nature: ce badinage l'animait et +l'excitait vivement, je m'en apercevais: + +-- Tu bandes, cher papa, viens... + +Et je le mettais entre les bras de Lucette. Je n'étais pas +moins émue, mais je jouissais de leurs plaisirs. Nous vivions, +elle et moi, dans l'union la plus intime; elle me chérissait +autant que je l'aimais; je couchais ordinairement avec elle, +et je n'y manquais pas, lorsque mon papa était absent. Je +remplissais son rôle du mieux que je le pouvais: je +l'embrassais, je suçais sa langue, ses tétons; je baisais ses +fesses, son ventre, je caressais sa jolie motte, je la +branlais; mes doigts prenaient souvent la place du vit que je +ne pouvais lui fournir, et je la plongeais à mon tour dans ces +agonies voluptueuses où j'étais enchantée de la voir. Mon +humeur et mes manières lui avaient fait prendre pour moi une +affection dont je ne puis, ma chère, te donner l'idée que +d'après la tienne. Elle m'avait vue bien des fois, au milieu +de nos caresses, violemment animée et, dans ces moments, elle +m'assurait qu'elle désirait que je fusse au terme où elle pût +aussi me procurer, sans danger, les mêmes plaisirs que je lui +donnais. Elle souhaitait que mon papa me l'eût mis et eût +ouvert la route sur laquelle ils sont semés: + +-- Oui, ma chère Laure, disait-elle, quand cet instant +arrivera, je projette d'en faire une fête; je l'attends avec +empressement. Mais, ma chère amie, je crois apercevoir qu'il +ne tardera pas: tes tétons naissants sont presque formés, tes +membres s'arrondissent, ta motte se rebondit, elle est déjà +toute couverte d'un tendre gazon, ton petit conin est d'un +incarnat admirable, et j'ai cru découvrir dans tes yeux que la +nature veut qu'on te mette bientôt au rang des femmes. L'année +dernière, au printemps, tu vis les préludes d'une éruption qui +va s'établir tout à fait. + +En effet, je ne tardai pas à me sentir plus pesante, la tête +chargée, les yeux moins vifs, les douleurs de reins et des +sensations d'une colique extraordinaire pour moi; enfin, huit +ou dix jours après, Lucette trouva la gondole ensanglantée. +Mon père ne me la remit pas. Ils avaient pressenti l'effet de +ma situation; j'en étais prévenue; je restai près de neuf +jours dans cet état, après lesquels je redevins aussi gaie et +je jouis d'une santé aussi brillante qu'auparavant. + +Que j'eus de joie de cet événement! J'en étais folle, +j'embrassai Lucette: + +-- Ma chère bonne, que je vais être heureuse! + +Je volai au cou de mon papa, je le couvris de mes baisers: + +-- Me voilà donc enfin à l'époque où tu me désirais!... + +Que je serai contente si je puis faire naître tes désirs et +les satisfaire!... Mon bonheur est d'être tout entière à toi: +mon amour et ma tendresse en font l'objet de ma félicité... + +Il me prit dans ses bras, me mit sur ses genoux. Ah! qu'il me +rendait bien les caresses que je lui faisais! Il pressait mes +tétons, il les baisait, il suçait mes lèvres, sa langue venait +caresser la mienne; mes fesses, mon petit conin, tout était +livré à ses mains brûlantes. + +-- Il est enfin arrivé, charmante et chère Laure, cet heureux +instant où ta tendresse et la mienne vont s'unir dans le sein +de la volupté; aujourd'hui même je veux avoir ton pucelage et +cueillir la fleur qui vient d'éclore; je vais la devoir à ton +amour, et ce sentiment de ton coeur y met un prix infini; mais +tu dois être prévenue que, si le plaisir doit suivre nos +embrassements et nos transports, le moment qui va me rendre +maître de cette charmante rose te fera sentir quelques épines +qui te causeront de la douleur. + +-- Qu'importe, fais-moi souffrir, mets-moi toute en sang si tu +veux, je ne puis te faire trop de sacrifices, ton plaisir et +ta satisfaction sont l'objet de mes désirs. + +Le feu brillait dans nos yeux. L'aimable Lucette, voulant +coopérer à l'effusion du sang de la victime, ne montrait pas +moins d'empressement que si elle-même eût été le +sacrificateur. Ils m'enlevèrent et me portèrent dans un +cabinet qu'ils avaient fait préparer pendant le temps de mon +état. La lumière du jour en était absolument bannie; un lit de +satin gros bleu était placé dans un enfoncement entouré de +glaces. Les foyers de quatre réverbères placés dans les +encoignures, adoucis par des gazes bleues, venaient se réunir +sur un petit coussin de satin couleur de feu, mis au milieu, +qui formait la pierre sur laquelle devait se consommer le +sacrifice. Lucette exposa bientôt à découvert tous les appas +que j'avais reçus de la nature; elle ne para cette victime +volontaire qu'avec des rubans couleur de feu qu'elle noua +au-dessus de mes coudes et à la ceinture dont, comme une autre +Vénus, elle marqua ma taille. Ma tête, couronnée simplement de +sa longue chevelure, n'avait d'autre ornement qu'un ruban de +la même couleur qui la retenait. Je me jetai de moi-même sur +l'autel. + +Quelques parures que j'eusse auparavant portées, je me +trouvais alors bien plus belle de ma seule beauté; je me +regardais dans les glaces avec une complaisance satisfaite, un +contentement singulier. Je paraissais d'une blancheur +éblouissante, mes petits tétons, si jeunes encore, s'élevaient +sur mon sein comme deux demi-boules parfaitement rondes, +relevées de deux petits boutons d'une couleur de chair rose; +un duvet clair ombrageait une jolie motte grasse et rebondie +qui, faiblement entrouverte, laissait apercevoir un bout de +clitoris semblable à celui d'une langue entre deux lèvres; il +appelait le plaisir et la volupté. Une taille fine et bien +prise, un pied mignon surmonté d'une jambe déliée et d'une +cuisse arrondie, des fesses dont les pommettes étaient +légèrement colorées, des épaules, un cou, une chute de reins +charmante et la fraîcheur d'Hébé. Non, l'Amour ne m'eût rien +disputé s'il eût été de mon sexe. Tels étaient les éloges que +Lucette et mon papa faisaient à l'envi de ma personne. Je +nageais dans la joie et l'ivresse de l'amour-propre. Plus je +me croyais bien, plus ils me trouvaient telle, et plus j'étais +enchantée que ce papa si cher à mon coeur eût une entière +jouissance de tout ce que je possédais. Il m'examinait, il +m'admirait; ses mains, ses lèvres ardentes se portaient sur +toutes les parties de. mon corps. Nous avions, l'un et +l'autre, l'ardeur de deux jeunes amants qui n'ont rencontré +que des obstacles, et qui vont enfin jouir du prix de leur +attente et de leur amour. + +Je souhaitais vivement le voir dans l'état où j'étais; je l'en +pressai avec instance; il y fut bientôt. Lucette le dégagea de +tous ses vêtements; il me coucha sur le lit, mes fesses posées +sur le coussin. Je tenais en main le couteau sacré qui devait +à l'instant immoler mon pucelage. Ce vit que je caressais avec +passion, semblable à l'aiguillon de l'abeille, était d'une +raideur à me prouver qu'il percerait rigoureusement la rose +qu'il avait soignée et conservée avec tant d'attention. Mon +imagination brûlait de désir; mon petit conin tout en feu +appétait ce cher vit, que je mis aussitôt dans la route. Nous +nous tenions embrassés, serrés, collés l'un sur l'autre; nos +bouches, nos langues se dévoraient. Je m'apercevais qu'il me +ménageait; mais passant mes jambes sur ses fesses et le +pressant bien fort, je donnai un coup de cul qui le fit +enfoncer jusqu'où il pouvait aller, La douleur qu'il sentit et +le cri qui m'échappa furent ceux de sa victoire. Lucette, +passant alors sa main entre nous, me branlait, tandis que, de +l'autre, elle chatouillait le trou de mon cul. La douleur, le +plaisir mélangés, le foutre et le sang qui coulaient, me +firent ressentir une sublimité de plaisir et de volupté +inexprimables. J'étouffais, je mourais; mes bras, mes jambes, +ma tête tombèrent de toutes parts; je n'étais plus à force +d'être. Je me délectais dans ces sensations excessives, +auxquelles on peut à peine suffire. Quel état délicieux! +Bientôt, j'en fus retirée par de nouvelles caresses; il me +baisait, me suçait, me maniait les tétons, les fesses, la +motte; il relevait mes jambes en l'air pour avoir le plaisir +d'examiner, sous un autre point de vue, mon cul, mon con, et +le ravage qu'il y avait fait. Son vit que je tenais, ses +couilles que Lucette caressait, reprirent bientôt leur +fermeté. Il me le remit. Le passage facilité ne nous fit plus +sentir, dès qu'il fut entré, que des ravissements. Lucette, +toujours complaisante, renouvela ses chatouillements, et je +retombai dans l'apathie voluptueuse que je venais d'éprouver. + +Mon papa, fier de sa victoire et charmé du sacrifice que mon +coeur lui avait fait, prit le coussin qui était sous moi, +teint du sang qu'il avait fait couler, et le serra avec le +soin et l'empressement de l'amant le plus tendre, comme un +trophée de sa conquête. Il revint bientôt à nous: + +-- Ma Laure, chère et aimable fille, Lucette a multiplié tes +plaisirs: n'est-il pas juste de les lui faire partager? + +Je me jetai à son cou, je l'attirai sur le lit; il la prit +dans ses bras et la mit à côté de moi; je la troussai d'abord +et je la trouvai toute mouillée. + +-- Que tu es émue, ma chère bonne, je veux te rendre une partie +du plaisir que j'ai eu. + +Je pris la main de mon papa, je lui introduisis un de ses +doigts qu'il faisait entrer et reparaître, et je la branlai. +Elle ne tarda pas à tomber dans l'extase d'où je venais de +sortir. + +Ah! chère Eugénie, que ce jour eut de charmes pour moi! Je te +l'avoue, tendre amie, il a été le plus beau de ma vie et le +premier où j'ai connu les délices de la volupté dans leur plus +haut degré. Je le rappelle encore à ma mémoire avec un +saisissement de satisfaction que je ne peux te rendre; mais, +en même temps, avec un cruel serrement de coeur. Faut-il que +ce souvenir, qui me cause tant de plaisir et de joie, fasse +naître en même temps les regrets les plus amers? Écartons pour +un moment cette image si triste pour mon âme. + +Il régnait dans ce cabinet une douce chaleur; je me sentais si +bien dans l'état où j'étais que je ne voulus rien mettre sur +moi; j'étais d'une gaieté folle: je prétendis souper parée de +mes seuls appas. Lucette, attentive, avait eu le soin +d'écarter tous les domestiques et de jeter un voile épais sur +la malignité de leurs regards; elle eut la complaisance +d'apporter seule et de préparer tout ce qu'il fallait, et +ferma les portes avec soin. Je ne fus pas contente que je ne +l'eusse mise dans la situation où nous étions: je fis voler +loin d'elle tout ce qui la couvrait; elle était charmante à +mes yeux. Nous nous mîmes à table. Mon papa était, entre nous +deux, l'objet de nos caresses, qu'il nous rendait tour à tour. +Les glaces répétaient cette charmante scène; nos grâces et nos +attitudes étaient variées par les saillies qu'inspirait un vin +délicat; son coloris brillant y répandait même des nuances +différentes: nous ressentîmes bientôt les effets de sa vertu +et de nos attouchements. Nos cons étaient enflammés; son vit +avait repris toute sa raideur et sa dureté. Dans un état aussi +animé, aussi pressant, la table nous déplut; nous courûmes, +nous volâmes sur le lit. Dans ce jour, qui m'était uniquement +consacré, je fus encore plongée dans les délices d'une volupté +suprême; il se coucha sur ma gauche, ses cuisses passées sous +les miennes qui étaient relevées; son vit se présentait +fièrement à l'entrée. Lucette se mit sur moi, ma tête entre +ses genoux; son joli con était sous mes yeux; je +l'entrouvrais, je le chatouillais, je caressais ses fesses qui +étaient en l'air; son ventre rasait mes tétons; ses cuisses +étaient entre mes bras; tout excitait, tout animait la flamme +du désir. Elle écarta les lèvres de mon petit conin, qui était +d'un rouge vif; je l'engageai d'y mettre l'éponge pour que mon +papa jouît de moi sans inquiétude et pût décharger dedans. Il +était sensible et douloureux: dès qu'on y touchait, je +souffrais; cependant, malgré cette sensation douloureuse, je +l'endurai dans l'espérance que j'en aurais bientôt de plus +agréable. Lucette conduisit le vit de mon papa dans le chemin +dont elle avait écarté tous les dangers, et qui n'était plus +semé que de fleurs: il s'y précipita; il enfonça; elle me +branlait en même temps, et je lui rendais un pareil service, +tandis qu'il faisait avec son doigt, dans le con de ma bonne, +le même mouvement que son vit faisait dans le mien. Ces +variétés, ces attitudes, cette multiplicité d'objets et de +sensations dans les approches du plaisir en augmentaient +infiniment les délices. Nous le sentîmes venir à nous; mais +prêts à nous échapper comme l'éclair étincelant fuit à nos +regards, nous en savourâmes au moins toute l'étendue dans un +délectable anéantissement, dont la douceur et les charmes ne +peuvent qu'être sentis. Nous commencions à être fatigués. +Lucette se releva, fut mettre ordre à tout et, dès qu'elle fut +de retour, nous nous mîmes dans un lit, entre les bras les uns +des autres, où nous passâmes une huit préférable pour nous au +jour le plus pompeux. + +Hélas! chère Eugénie, pourquoi l'imagination va-t-elle +toujours au-delà de la réalité qui suffit seule à notre +bonheur? Je croyais que tous les jours allaient le disputer à +celui qui m'avait procuré tant de plaisirs; mais mon père, +plus soigneux, plus délicat peut-être, et veillant sans +interruption à ma santé, m'engagea le lendemain à reprendre ce +fatal caleçon: + +-- Ma chère Laurette, je ne te le cache pas, je me défie de +toi, de nous tous; ton tempérament n'est pas encore assez +formé pour que je t'abandonne à toi-même, et tu m'es trop +chère pour que je ne cherche pas à te ménager avec toute +l'attention qui peut dépendre de moi. Cependant, tu jouiras de +nos caresses, tu nous en feras; sans gêne avec toi, tu +partageras en quelque façon nos plaisirs; et de temps en temps +nous te réserverons une nuit pareille, que tu trouveras +d'autant plus agréable que tu l'attendras avec impatience. +Enfin si tu veux me plaire, tu te prêteras à ce que je désire +de toi et tu y consentiras avec complaisance. + +C'était un moyen assuré de ne pas me faire regarder cet +emprisonnement comme insupportable. Ne crois pas non plus, ma +chère, que ce soit par un trait de jalousie: tu verras bientôt +le contraire. Je te laisse donc faire. Ah! chère Eugénie, que +je m'en suis bien trouvée. + +Il y avait déjà près de dix-neuf mois que j'avais passé +l'heureuse soirée dont je viens de te retracer le tableau, +lorsque j'eus le chagrin de voir l'éloignement de Lucette. + +Son père, qui demeurait en province, la rappela près de lui: +une maladie dangereuse lui fit désirer absolument son retour +avant de mourir. Son départ nous causa la peine la plus +sensible; nos larmes sincères furent confondues avec les +siennes; pour moi, je ne pouvais retenir mes sanglots, qui ne +furent enfin suspendus que par l'espérance et le désir qu'elle +nous témoignait de revenir au plus tôt. Mais, peu de temps +après la mort de son père, elle tomba dans une maladie de +langueur dont elle eut beaucoup de peine à se rétablir pendant +plus de deux ans. Son père lui avait laissé un bien-être qui +la fit rechercher dans son canton; elle ne voulait entendre +parler de qui que ce soit; elle trouvait, suivant ses lettres, +une si grande différence entre mon papa et tous ceux qui se +présentaient pour elle qu'elle en était révoltée. Enfin, elle +ne voulait écouter aucune proposition de mariage et ne +soupirait qu'après son retour avec nous. Néanmoins, sollicitée +par sa mère et ses autres parents, qui lui représentaient les +avantages qu'elle y trouvait et le besoin que sa mère, +infirme, avait d'elle, la complaisance arracha son +consentement contre son gré, après avoir cependant consulté +mon papa en qui elle avait la plus entière confiance. Comme le +parti qui s'offrait était effectivement très avantageux, il se +crut obligé par ses principes de lui conseiller de l'accepter, +ce qu'il fit avec une véritable répugnance, m'ayant assuré +plusieurs fois qu'il avait un pressentiment de son malheur, +auquel il ne voulait pourtant pas ajouter foi, le regardant +comme une faiblesse. + +Cependant, elle mourut des suites de sa première couche. + +Je regrettais souvent l'éloignement de Lucette, que je +regardais perdue pour moi, mais je me consolais dans les bras +de ce cher et tendre papa. J'avais enfin totalement quitté cet +habillement secret que j'avais si souvent maudit; mais la +langueur de Lucette, de quelque cause qu'elle pût venir, +ajoutant du poids aux réflexions qu'il avait déjà faites et +aux nouvelles dont il me faisait part, le détermina à me +ménager avec plus d'attention qu'il n'en avait mis à son +égard, en me faisant sentir combien cela était nécessaire à ma +constitution délicate. Je me rendais à ses raisons, avec +d'autant plus de facilité que j'avais en lui la foi la plus +complète. Comme il s'éloignait peu de moi et que je couchais +toujours avec lui, il me veillait et m'arrêtait souvent +lorsque je cédais à mes désirs avec trop d'ardeur. + +Depuis le départ de Lucette, il avait fait plusieurs +changements dans son appartement; on ne pouvait plus entrer +dans ma chambre qu'en passant par la sienne. Il avait répandu +dans son domestique un air de sévérité sur ce sujet, qui nous +faisait quelquefois rire ensemble. Nos lits étaient appuyés +contre le même mur qu'il avait fait percer; et dans les +doubles cloisons qui couvraient le fond de nos alcôves il +avait fait pratiquer des panneaux à coulisses, qui s'ouvraient +par un ressort que nous seuls connaissions. Il faisait +emporter tous les soirs la clef de ma chambre par une femme +qu'il avait prise à la place de Lucette, et que nous tenions +tout à fait dans le rang de domestique; mais, quand nous +étions dégagés de tout incommode, je passais par les coulisses +et je venais, dans ses bras, jouir d'un sommeil doux et +tranquille que me procuraient ces nuits heureuses, suivies des +jours les plus agréables. + +Ce fut dans une de ces charmantes nuits qu'il me fit goûter +une nouvelle sorte de plaisir, dont je n'avais pas d'idée; que +non seulement je ne trouvai pas moins délicieux, mais encore +qui me parut des plus vifs: + +-- Ma chère Laure, aimable enfant, tu m'as donné ta première +fleur; mais tu possèdes un autre pucelage que tu ne dois ni ne +peux me refuser si je te suis toujours cher. + +-- Ah! si tu me l'es! Qu'ai-je donc en moi, cher papa, dont tu +ne puisses disposer à ton gré et qui ne soit pas à toi? +Heureuse quand je puis faire tout ce qui peut contribuer à ta +satisfaction, mon bonheur est établi sur elle! + +-- Fille divine, tu m'enchantes, la nature et l'amour ont pris +plaisir à former tes grâces; partout en toi séjourne la +volupté, elle se présente avec mille attraits différents dans +toutes les parties de ton corps; dans une belle femme qu'on +adore, et qui paie d'un semblable amour, mains, bouche, +aisselles, tétons, cul, tout est con. + +-- Eh bien! choisis, tu es le maître et je suis toute à tes +désirs. + +Il me fit mettre sur le côté gauche, mes fesses tournées vers +lui. Et, mouillant le trou de mon cul et la tête de son vit, +il l'y fit entrer doucement. La difficulté du passage levée ne +nous présenta plus qu'un nouveau chemin semé de plaisirs +accumulés; et, soutenant ma jambe de son genou relevé, il me +branlait, en enfonçant de temps en temps le doigt dans mon +con. Ce chatouillement réuni de toutes parts avait bien plus +d'énergie et d'effet; quand il reconnut que j'étais au moment +de ressentir les derniers transports, il hâta ses mouvements, +que je secondais des miens. Je sentis le fond de mon cul +inondé d'un foutre brûlant, qui produisit de ma part une +décharge abondante. Je goûtais une volupté inexprimable, +toutes les parties sensibles y concouraient, mes transports et +mes élans en faisaient une démonstration convaincante; mais je +ne les devais qu'à ce vit charmant, pointu, retroussé et peu +puissant, porté par un homme que j'adorais. + +-- Quel séduisant plaisir, chère Laurette! et toi, belle amie, +qu'en dis-tu? Si j'en juge par celui que tu as montré, tu dois +en avoir eu beaucoup! + +-- Ah! cher papa, infini, nouveau, inconnu, dont je ne peux +exprimer les délices, et dont les sensations voluptueuses sont +multipliées au-delà de tout ce que j'ai éprouvé jusqu'à +présent. + +-- En ce cas, ma chère enfant, je veux une autre fois y +répandre plus de charmes encore, en me servant en même temps +d'un godemiché, et je réaliserai par ce moyen l'Y grec du +Saint-Père. + +-- Papa, qu'est-ce donc qu'un godemiché? + +-- Tu le verras, ma Laure, mais il faut attendre un autre jour. + +Le lendemain je ne lui parlai que de cela; je voulais le voir +absolument; je le pressai tant qu'il fallut enfin qu'il me le +montrât. J'en fus surprise; je désirais qu'il m'en fît faire +l'essai le soir même, mais il me remit au surlendemain. Je +veux, ma chère, faire avec toi, comme papa me fit alors; je ne +t'en ferai la description que dans une autre scène où nous le +mîmes en usage. Je t'en ai déjà parlé de vive voix, et je +regrettais de ne pas l'avoir dans nos caresses où j'aurais +avec tant de plaisir joué le rôle d'un amant tendre avec toi; +mais je ne l'oublierai sûrement pas quand j'irai retrouver ma +consolation dans tes bras. + +Malgré la distance qu'il mettait dans les plaisirs qu'il me +procurait, il n'y avait aucune sorte de variété qu'il n'y +répandît pour y ajouter de nouveaux attraits; il m'était +d'autant plus facile de les y trouver que je l'aimais avec +toute la passion dont j'étais capable. Quelquefois il se +mettait sur moi, sa tête entre mes cuisses et la mienne entre +ses genoux; il couvrait de sa bouche ouverte et brûlante +toutes les lèvres de mon con; il les suçait, il enfonçait sa +langue entre deux, du bout il branlait mon clitoris, tandis +qu'avec son doigt ou le godemiché il animait, il inondait +l'intérieur. Je suçais moi-même la tête de son vit; je la +pressais de mes lèvres; je la chatouillais de ma langue; je +l'enfonçais tout entier, je l'aurais avalé. Je caressais ses +couilles, son ventre, ses cuisses et ses fesses. Tout est +plaisir, charmes, délices, chère amie, quand on s'aime aussi +tendrement et avec autant de passion. + +Telle était la vie délicieuse et enchantée dont je jouissais +depuis le départ de ma chère bonne. Déjà huit ou neuf mois +s'étaient écoulés, qui m'avaient paru fuir bien rapidement. + +Le souvenir et l'état de Lucette étaient les seuls nuages qui +se montraient dans les beaux jours que je passais alors; +variés par mille plaisirs, suivis de nuits qui m'intéressaient +encore davantage, je faisais consister toute ma satisfaction +et ma félicité à les voir disparaître pour employer tous les +moments qu'ils me laissaient entre les bras de ce tendre et +aimable papa, que j'accablais de mes baisers et de mes +caresses. Il me chérissait uniquement, mon âme était unie à la +sienne, je l'aimais à un degré que je ne puis te peindre. + +Mais, chère Eugénie, que vas-tu penser de ton amie sur une +confession que je ne t'ai pas encore faite? Quelle scène +nouvelle tu vas voir paraître, et quel fondement peut-on faire +sur soi-même? A quel degré d'extravagance l'imagination +exaltée n'entraîne-t-elle pas? Qui peut donc répondre de ses +caprices et de son tempérament? Si le coeur est toujours le +même, s'il est plein des mêmes sentiments, faut-il que des +désirs violents, souvent pour un vain fantôme qu'on se crée, +nous poussent au-delà du but où nous devrions nous arrêter et +nous mènent bien plus loin que nous ne devrions aller? J'en +suis un exemple frappant. + +Dois-je te faire cet aveu? Oui, ne cachons rien à l'amie de +mon coeur; je rougis moins de te le dire que d'en avoir eu la +folie. Une circonstance va te la développer tout entière, et +te fera voir en même temps la bonté, la douceur et le vif +intérêt de mon père pour moi, la justesse de son esprit, la +force de son âme, de son attachement et de sa complaisance. +Elle me fit connaître plus que jamais à quel point il méritait +tout mon coeur et mon amour; aussi son image le remplira-t-elle +toujours, et ne s'en effacera qu'avec ma vie. + +Dans la même maison que nous occupions végétait une vieille +dévote, veuve et âgée, qui ne croyait son temps bien employé +qu'en passant la plus grande partie du jour à courir les +églises. Elle avait trois enfants. L'aîné, débauché dans toute +l'étendue de l'expression, ne fréquentait que la plus mauvaise +compagnie; à peine le connaissions-nous de vue. Jouissant du +bien qui lui revenait de son père, il le dissipait avec +profusion. Son frère, de beaucoup plus jeune, avait quelques +mois au-dessus de seize ans lorsqu'il quitta le collège pour +revenir chez sa mère. C'était un garçon beau comme on peint +l'Amour, d'une humeur égale et d'un caractère fort doux. Ils +avaient une soeur fort gentille, qui atteignait ses quinze ans +et demi. + +Représente-toi, chère Eugénie, une petite brune claire, teint +animé, oeil vif, nez troussé, bouche agréable et vermeille, +taille découplée, toute mignonne, d'une vivacité pétulante, +folle autant qu'il se puisse, et outre cela très amoureuse; +mais fine, et en même temps discrète sur ce qui pouvait avoir +trait à ses plaisirs. Tous les jours elle plaisantait sur les +sermons que lui faisait de temps en temps sa bonne dévote de +mère. J'avais lié connaissance avec elle plus particulièrement +huit ou neuf mois après le départ de Lucette et, par cette +occasion, j'avais fait celle de son jeune frère lorsqu'il +revint avec elle. Souvent ils venaient me voir et il ne se +passait guère de jours que nous ne fussions ensemble. Sa mère +en était d'autant plus satisfaite qu'elle me donnait +journellement pour exemple à sa fille. Il est vrai que je +tenais de la nature et de l'éducation que je recevais de mon +papa un air plus réservé. Ne penses-tu pas, Eugénie, avec moi +que si, dans nos usages, l'amour dégrade nos réputations, +l'imprudence dans le choix et dans la conduite y contribue +totalement, et surtout ces airs de coquetterie, ces façons +libres et qui ne tiennent à rien, quoique souvent elles ne +vont pas plus loin; tandis qu'une hypocrite, une dévote, une +femme attentive aux dehors les sauvent en jouissant sous le +voile du mystère; mais elles conservent leur réputation sous +ces apparences; elles font bien, et mieux encore si elles ont +la prudence de mettre un frein à leur langue sur la conduite +des autres; modération qui détourne les curieux ou les +intéressés de l'examen recherché qu'ils pourraient faire. +Encore une fois, ce n'est pas dans le fait, c'est dans les +manières et par un mauvais choix qu'on se perd. + +Je m'aperçus bientôt que mon père les étudiait avec attention; +il jugea Vernol et sa soeur. Il me dit que Rose en savait plus +que sa nourrice ne lui en avait enseigné, et que si, sur le +plaisir et la jouissance, elle était plus ignorante que moi, +ce dont il doutait, elle avait grande disposition à en +apprendre davantage, et que si j'étais curieuse de juger de +ses connaissances, je pouvais l'éprouver. Les différents +badinages où je l'engageai depuis me mirent à même d'en porter +le même jugement. Mais il s'expliqua peu sur Vernol. + +Mes talents s'étaient perfectionnés. Musicienne, pinçant la +harpe avec délicatesse, chantant avec goût, déclamant avec +intelligence, j'avais formé une société où j'admis Rose et +Vernol. Bientôt il eut par là le moyen de me faire apercevoir +la passion qu'il avait prise pour moi. Il me cherchait, il me +suivait sans cesse, les prétextes ne lui manquaient pas. Ses +rôles étaient animés, remplis d'attention, de soins, de +complaisance: tout me disait ce qu'il n'osait prononcer. + +Je m'en aperçus, et, lorsque j'en fus persuadée, j'en fis part +à mon papa avec ce ton et ce sourire qui annoncent la +plaisanterie: + +-- Laure, je l'ai soupçonné dès les premiers instants; ses +yeux, son teint deviennent plus animés quand il est près de +toi; son air quelquefois embarrassé et toutes ses démarches le +décèlent. Eh bien! ma fille, avec cette connaissance de son +amour pour toi, que ressens-tu pour lui? + +Je ne m'étais pas encore consultée, ma chère Eugénie, je +n'avais pas fouillé dans les replis de mon âme et, croyant +n'avoir pour Vernol que ce sentiment qu'on nomme amitié, je +lui en parlai sur ce ton. Mais un service de mon père, en me +demandant si c'était là tout, suffit pour me faire rentrer en +moi, et je reconnus bientôt, en y réfléchissant, que la +présence de Vernol m'animait, et que lorsqu'il n'était pas +avec sa soeur il me manquait quelque chose; car, sans y faire +attention, je demandais à Rose avec une sorte d'empressement +ce que son frère était devenu. Je ne pouvais concevoir comment +je m'étais éprise d'un tel caprice avec lequel mon coeur était +si peu d'accord. Sa figure, il est vrai, me charmait; sa +douceur et ses soins en augmentaient les attraits. + +A l'air de mon père, il était aisé de juger qu'il avait +découvert en moi ce que je n'osais presque encore m'avouer à +moi-même; il fut quelque temps sans m'en parler. Je l'aimais +toujours autant, et plus, s'il était possible, que je n'avais +jamais fait; mon empressement et mon goût pour lui ne +diminuaient point; enfant de la nature et de la vérité, je n'y +mettais ni politique ni dissimulation. On prétend que nous +sommes naturellement fausses; je crois que cette fausseté est +d'acquisition, et selon l'éducation reçue. Enfin, je me +sentais capable de tout sacrifier pour ce cher et tendre père, +et je pris une résolution intérieure d'éviter les poursuites +et les soins de ce beau garçon. Je n'avais pu concevoir +l'accord des sensations et de la fantaisie que j'éprouvais +pour Vernol avec les sentiments de mon coeur pour ce tendre +papa; mais la disposition où je me trouvais me fit connaître +par la suite la différence des mouvements qui m'agitaient. Tu +concevras difficilement, chère Eugénie, cette différence; il +faut l'avoir sentie pour la connaître: bien des hommes +pourraient t'apprendre à faire la distinction qui s'y trouve. +Mon père voulut la juger en moi, et s'en assura en me mettant +à une épreuve à laquelle je ne m'attendais nullement: + +-- Laure, quelques-uns de vos amis actuels me font de la peine; +je désirerais que vous ne voyiez plus Rose ni son frère. + +Je ne balançai pas un instant, et, me jetant à son cou, le +serrant, le pressant contre mon sein: + +-- J'y consens bien volontiers, cher papa, je te conjure même +de quitter cette demeure, ou que tu me mènes à la campagne: je +ne serai plus dans le cas de me trouver avec eux. Partons dès +demain, je serai bientôt prête. + +En effet, je courus préparer mon trousseau. J'y étais occupée +lorsqu'il me rappela. Il me prit sur ses genoux et me dit en +m'embrassant: + +-- Chère Laurette, je suis content de ta tendresse et de ton +affection; tes yeux secs me disent que c'est sans peine que tu +veux me faire un sacrifice. Avoue-le-moi, je t'y engage; +ouvre-moi ton coeur car, sans doute, ce n'est pas la crainte +qui est le principe de ta résolution; tu n'as pas lieu d'en +avoir avec moi. + +Toujours vrair, toujours sincère, je ne cherchai point à +déguiser: + +-- Non, très assurément, cher papa, depuis longtemps la crainte +vis-à-vis de toi n'est plus entrée dans mon âme; le sentiment +seul me guide. Je conviens que Vernol a fait naître dans mon +imagination une illusion, un caprice dont je ne puis me rendre +compte; mais mon coeur, qui est plein de toi, n'est pas un +moment indécis entre vous deux; je ne veux plus le voir. + +-- Non, ma chère enfant, non, j'ai désiré connaître la nature +de tes sentiments pour moi, j'en suis satisfait. Vernol excite +en toi des sensations que ton imagination augmente: tu en +jouiras; tu connaîtras aussi toute ma tendresse pour toi; tu +sentiras que tu ne peux cesser de m'aimer, et c'est tout ce +que je désire. Va, je ne suis jaloux que de ton coeur dont la +possession m'est si chère. + +Ce trait me confondit; une lumière vint dissiper le trouble de +cette imagination fascinée, je tombai à ses genoux, toute en +larmes, et mon sein palpitait; je baisais ses mains que +j'arrosais de mes pleurs; mes sanglots me laissaient à peine +la liberté de m'exprimer: + +-- Tendre papa, je t'aime, je t'adore, je ne chéris que toi; +mon âme, mon coeur, tout est plein de toi. Il fut touché de ma +douleur; il me releva et, me pressant à son tour en me +couvrant de baisers: + +-- Console-toi, trop aimable et chère enfant, crois-tu que je +ne connaisse pas la nature et ses lois invincibles? Va, je ne +suis point injuste. C'est par expérience, par comparaison et +par la complaisance la plus étendue de ma part, que produisent +seules l'affection et l'amitié la plus tendre, que je désire +être aimé de toi: il est temps que tu apprennes à juger des +différences. Je t'ai promis que tu jouirais de Vernol: ferme +dans mes principes, constant dans mes idées je tiendrai ma +parole; d'ailleurs, il est aimable, bien fait, beau garçon, je +lui dois cette justice; et si ce n'était pas pour lui que tu +eusses senti ce désir, tu pourrais l'avoir éprouvé pour +quelqu'un d'autre qui vaudrait encore moins; ainsi, j'ai pris +mon parti. + +Depuis ce jour je me trouvai bien moins affectée pour Vernol; +et si je me suis prêtée, ma chère, à tout ce que tu vas voir, +ce fut par une réunion de condescendance pour ce cher papa, de +curiosité et de tempérament excité, premier principe de mon +désir fantastique, que je me laissai aller. Je passai la nuit +entre ses bras. Le matin, au milieu des baisers que je lui +donnais à mon réveil, il me dit: + +-- Laurette, il faut que tu voies aujourd'hui la mère de Rose: +engage-la de laisser venir sa fille passer la journée à la +campagne avec toi; en même temps préviens-la qu'elle ne soit +point inquiète si elle ne revenait pas le soir, que tu +pourrais, peut-être, ne la ramener que demain. Nous +prétexterons que la voiture nous a manqué, et tu la garderas +ici jusqu'à demain. Quand tu seras avec elle en liberté, tu +pourras juger de sa façon de penser et de tout ce qu'elle +fait: elle paraît avoir de la confiance et de l'amitié pour +toi; aussitôt que tu sauras à quoi t'en tenir, tu m'en +instruiras. + +Je crus de ce moment qu'il avait formé des desseins sur elle; +il ne m'en fallut pas davantage pour m'empresser, sans autre +réflexion, à entrer dans ses idées et à me prêter à tout ce +qu'il avait projeté. Je soupçonnais déjà Rose aussi savante +que je l'étais, ou à peu près. Tout fut conduit comme il +l'avait arrangé. Elle vint; la porte fut close à tout le +monde: nous passâmes la journée seuls dans toutes les folies +que nous pûmes imaginer. Je lui faisais cent agaceries; elle +me les rendait avec usure. Je découvrais sa gorge, je faisais +baiser ses tétons à mon papa; ses fesses, sa motte, son con, +essuyèrent mes lutineries; je la tenais entre mes bras pour +qu'il lui en fît autant; elle riait, folâtrait; et, quoique à +chaque espièglerie nouvelle elle fit des demi-façons, elle se +prêtait à tout; aussi son teint était-il très animé et ses +yeux étincelants. Le souper vint, où je ne la ménageai pas; je +lui versais à plein verre; je soufflais le feu qui la brûlait +déjà. Levés de table, nous recommençâmes nos folies; elle ne +fit plus aucune résistance; je la renversai, le visage sur un +canapé; je troussai ses jupes, et son cul découvert nous +présenta une perspective que mon papa, par un dernier coup de +pinceau, aurait rendue parfaite: il m'aidait à me venger de +toutes les lutineries qu'à son tour elle m'avait fait +éprouver. Je voulus juger de l'effet que produisaient ces jeux +sur elle; je la trouvai toute mouillée, et je conjecturai +qu'elle avait eu bien du plaisir pendant ce folâtre badinage. +Nous passâmes enfin, Rose et moi, dans ma chambre, et nous +nous préparâmes à nous mettre au lit. Dès qu'elle me vit en +chemise, elle me l'arracha; je lui rendis le change et je mis +la sienne à bas. Elle m'entraîna dans le lit. Elle me baisait, +prenait mes tétons, ma motte; je mis aussitôt le doigt où je +voyais bien qu'elle le désirait; je ne me trompais pas; elle +écarta les cuisses et se prêta à mes mouvements. Je voulus en +savoir davantage: je glissai mon doigt dans son con, et la +facilité avec laquelle il entra me donna des lumières sur +l'usage qu'elle en avait fait. Je désirais apprendre d'elle +par quelle aventure elle avait perdu son pucelage. Je me +préparais à la questionner lorsque mon père entra dans ma +chambre et vint nous embrasser avant de se coucher. D'un seul +coup, Rose rejeta la couverture: il ne s'attendait pas à nous +voir totalement nues et nos mains placées au centre de la +volupté. Elle passa le bras autour de son cou, l'attira, et +lui fit baiser mes tétons. Je ne fus pas en reste; je lui fis +prendre et baiser les siens, je promenai sa main sur tout son +corps, et je l'arrêtai sur sa motte. Il s'animait, mais il +nous quitta brusquement en nous souhaitant beaucoup de +plaisir. + +Déjà la pendule marquait dix heures lorsque, le lendemain, il +rentra dans ma chambre; il nous éveilla par ses caresses et +ses baisers réitérés, en nous demandant si nous avions passé +une nuit agréable. + +-- Nous avons veillé, cher papa, longtemps après que tu nous as +quittées; tu as bien vu dans quelle humeur nous étions. + +Rose, que nos jeux avaient apaisée et le sommeil rafraîchie, +rougit et mit aussitôt sa main sur ma bouche. Je la détournai: + +-- Non, Rose. Non, tu ne me retiendras jamais de raconter à mon +papa tout ce que nous avons fait et tout ce que tu m'as dit: +je ne lui cache rien, ma confiance est entière pour lui, et la +tienne ne doit pas être moindre. + +Alors passant ses bras et ses jambes autour de moi, elle me +laissa continuer: + +-- Quand tu nous eus abandonnées, Rose, déjà vivement émue, +vint baiser ma bouche, sucer mon sein; elle m'attira sur elle, +nous entrelaçâmes nos cuisses, nos cons s'y frottaient; mes +tétons étaient appuyés sur les siens, mon ventre sur son +ventre; elle me demanda ma langue, et d'une main caressant mes +fesses, de l'autre elle chatouillait mon clitoris et +m'invitait, par le jeu de son doigt, à l'imiter; je mis le +mien où elle l'attendait avec impatience et bientôt nous +ressentîmes les délices de ces amusements. Mais elle ne voulut +pas que mon doigt la quittât sans les avoir goûtées quatre +fois avec des transports incroyables. + +Dans le temps même que je rendais compte de nos ébats, Rose, +réchauffée par ce tableau, avait remis sa main entre mes +cuisses et répétait ce que je racontais. Je conçus aussitôt ce +qu'elle désirait: nous étions restées nues; je la découvris à +mon tour, je pris la main de mon papa qui s'empara de tout ce +qu'elle avait. Il n'avait sur lui que sa robe, qui s'était +entrouverte par ses mouvements: j'aperçus par une avance +distincte et par le pavillon que faisait sa chemise de l'effet +que ces caresses produisaient sur lui. + +Je le fis remarquer à Rose, et je lui dis de lui ôter cette +robe et de le faire mettre près de nous. Elle se leva sans +balancer, se jeta à son cou, le dépouilla dans l'instant et, +l'enveloppant de ses bras, elle l'attira dans le lit. Rose, +retombée sur le dos, écartait les cuisses; j'élevai une de ses +jambes sur lui, et il passa l'autre entre les siennes; par +cette attitude, son vit se trouvait naturellement vis-à-vis de +son con; je le conduisis moi-même dans la route; elle courut +au-devant du charme qui l'entraînait et, par un coup de cul, +elle hâta l'entrée du temple au dieu qu'elle adorait. + +Je la branlais, elle précipitait la marche par les mouvements +qu'elle y ajoutait, et ses transports emportés, dont elle +seule me donnait le modèle, nous firent connaître le plaisir +excessif qu'elle ressentait. Mon père, qui éprouvait avec +quelle âpreté elle suçait son vit, n'y tenait plus; il se hâta +de se retirer et j'achevai de faire, avec ma main, couler la +libation qu'il craignait de verser dans le con de Rose, qui, +pendant le temps qu'il y fut, éprouva cinq fois, de son aveu, +les délices de la décharge. Son ventre fut inondé du foutre +qu'il répandit sur elle et qu'il lança jusque sur ses tétons. +Tandis que je rendais ces divers offices, elle s'était emparée +de mon con; elle le chatouillait; ce petit jeu, joint à +l'émotion que me causait le plaisir que je leur voyais +ressentir et aux caresses que je leur faisais, me mettait dans +une agitation violente. A mon tour, je désirais d'apaiser le +feu qui me dévorait; elle s'en aperçut et, passant sur ma +gauche, elle prit la main de mon papa dont elle m'introduisit +un des doigts qu'il agitait et, par un jeu pareil à celui que +j'avais employé pour elle, Rose acheva de me faire partager +les doux plaisirs que nous lui avions procurés, dont elle +ressentit encore les effets pendant le service qu'elle me +rendait. + +Quand nous fûmes revenus dans un état plus tranquille: + +-- Ecoute, cher papa, tu es peut-être étonné de l'habileté de +Rose; je n'en étais pas moins surprise; je l'ai engagée de +m'apprendre d'où venaient ces connaissances. Je vais te +répéter tout son récit. Mais non, c'est de sa bouche que tu +dois l'entendre, et je désire qu'elle s'y prête. Ce que tu +viens de faire avec elle la met à même de ne te rien cacher et +de te confier tout ce qu'elle m'a dit. + +Les baisers, les caresses furent employés pour l'y déterminer. + +Elle se rendit aisément: + +-- Eh bien! j'y consens, et, puisque j'en ai fait part à +Laurette, je ne risque plus rien. Les plaisirs dont nous +venons de jouir ensemble me donnent lieu d'être persuadée que +vous le sauriez d'elle; ma confiance s'établit sur celle que +vous me montrez et se rapporte à mes désirs. Il vaut donc +mieux que je vous le répète moi-même. + + +HISTOIRE DE ROSE + + +J'avais dix ans quand ma mère m'envoya chez une soeur qu'elle +avait en province, où je passai plus de six mois. Elle n'avait +qu'une fille qui avait au moins six ans au-dessus de moi. +Jusqu'à ce moment, toujours retirée chez ma mère dont la +dévotion ne permettait à personne d'approcher de nous, mes +frères au collège, j'étais toujours seule, ou à l'église avec +ma mère; je ne me connaissais pas encore, mais je m'ennuyais +beaucoup. J'aimais bien mieux être aux églises que rester au +logis car, quoiqu'elle se mît très souvent dans les coins les +plus retirés, j'apercevais au moins, à la dérobée, quelque +figure humaine qui attachait mes regards. Il y avait longtemps +que ma mère promettait à ma tante, qui me demandait, de +m'envoyer chez elle: je le désirais avec d'autant plus +d'impatience que je savais qu'elle ne ressemblait pas à ma +mère. Une occasion survint qui l'y détermina. Mon frère aîné +était menacé de la petite vérole, elle me fit partir au plus +tôt. Ma tante et ma cousine me reçurent avec mille +démonstrations d'amitié. Dans les premières caresses, Isabelle +demanda que je couchasse avec elle. Je ne sais si elle ne s'en +repentit pas bientôt par la contrainte que cet arrangement lui +donna dans les premiers temps. Cependant, le soir avant de +nous endormir, elle m'embrassait, et le matin je lui rendais +ses caresses. + +Les quinze premiers jours passés, sa contrainte me parut +diminuer, et le soir elle retroussait nos chemises pour +appuyer ses fesses contre les miennes et me donner le baiser +des quatre soeurs. + +Une nuit, entre autres, que je ne pus pas m'endormir aussitôt +qu'à l'ordinaire et qu'elle me croyait très enfoncée dans le +sommeil, je sentis qu'elle remuait le bras avec un petit +mouvement; sa main gauche était sur le haut de ma cuisse; je +l'entendis qui haletait et poussait une respiration +entrecoupée; elle remuait doucement le derrière; enfin, elle +fit un grand soupir, se tint tranquille et s'endormit. + +Surprise de tout cela et n'y pouvant rien comprendre, je +craignais qu'il ne lui fût arrivé quelque chose +d'extraordinaire; cependant, comme je la trouvai fraîche et +gaie le lendemain, mon inquiétude cessa. Depuis ce jour, je +m'aperçus qu'elle répétait tous les soirs ce même manège, +auquel je ne concevais rien pour lors; mais je ne tardai pas à +en être instruite. + +Ma tante avait une femme de chambre âgée tout au plus d'une +vingtaine d'années: Isabelle était souvent enfermée dans sa +chambre avec elle. Justine brodait parfaitement en tout genre, +et ma cousine allait recevoir ses leçons; elle ne voulait +point, disait-elle, que je l'interrompisse, parce que je +l'empêcherais de faire les progrès qu'elle désirait. Je donnai +d'abord dans ce panneau qui, cependant n'en était pas tout à +fait un puisque, en effet, elle apprenait à manier +parfaitement l'aiguille. Enfin, piquée de n'être point admise +en trio et remarquant entre elles une certaine intelligence, +ma curiosité fut vivement excitée. Curiosité de fille est un +démon qui la tourmente, il faut qu'elle lui cède, qu'elle y +succombe. + +Un jour que j'étais restée seule, ma tante étant sortie avec +Isabelle et Justine, ayant profité de ce moment pour en faire +autant, je le mis en usage pour aller dans sa chambre examiner +si je ne trouverais pas quelque moyen, ou quelque ouverture de +laquelle je pourrais découvrir ce qu'on pouvait y faire. +J'aperçus, au coin du lit où couchait Justine, une porte dans +la ruelle, que je parvins à ouvrir à force de la secouer, et +qui conduisait dans une chambre sombre toute remplie de vieux +meubles presque jusqu'au plancher. Il n'y avait de libre qu'un +passage qui conduisait à une autre porte qui donnait sur un +escalier dérobé, duquel on descendait dans une petite cour +d'où l'on sortait dans une ruelle déserte et écartée. + +Ma tante croyait ce quartier bien fermé; mais si elle en avait +les clefs, Justine avait trouvé le moyen d'en avoir le passage +libre. Dans cette espèce de garde-meubles il y avait à quelque +hauteur, à l'égalité du pied du lit, une ouverture qui avait +été ménagée dans la muraille pour y mettre une croisée qui +aurait donné du jour dans cette chambre, étant vis-à-vis les +fenêtres de celle de Justine. Mais l'usage qu'on faisait de +cette pièce rendant cette précaution inutile, cette ouverture +était couverte par la tapisserie qui entourait la chambre de +Justine. Je m'aperçus de cette ouverture; je grimpai sur les +meubles pour chercher s'il n'y aurait pas quelque trou; n'en +trouvant pas d'assez grand, je pris mes ciseaux et je fis une +ouverture suffisante pour découvrir partout dans la chambre, +et particulièrement sur le lit, auquel je ne pensais guère +alors. Charmée d'avoir trouvé ces moyens, et dans le dessein +d'en profiter, je me retirai au plus vite en refermant la +porte. J'avais remarqué que lorsque Isabelle allait dans la +chambre de Justine, c'était presque aussitôt après le dîner. + +Un jour, ma tante devait aller passer l'après-midi chez une de +ses amies, où quelque affaire devait la retenir et où elle ne +comptait nous mener ni l'une ni l'autre. Ma cousine me dit en +particulier qu'elle devait apprendre ce jour-là quelques +points nouveaux, et que je pouvais aller chez des voisines ou +m'occuper de mon côté afin qu'elle ne fût point troublée. Il +ne m'en fallut pas davantage. Dès qu'on fut hors de table, je +fis semblant de sortir de la maison et d'aller dans le +voisinage. Mais je remontai doucement dans la chambre de +Justine, qui habillait ma tante, et je les prévins. Je fus me +renfermer dans la chambre noire, cachée parmi les meubles, +l'oeil attaché sur l'ouverture que j'avais agrandie. Je ne fus +pas longtemps sans voir arriver ma cousine qui prit à la main +un ouvrage de broderie; je crus alors que j'allais passer une +après-midi bien ennuyeuse; je me repentis de ma curiosité, que +je maudissais de tout mon coeur. Justine y vint peu de temps +après avec ma tante, qui demanda où j'étais. Le coeur me +palpitait. Elles lui répondirent qu'apparemment j'étais allée +chez de petites amies de mon âge où je me rendais quelquefois; +elle ne fit pas d'autres informations et, voyant sa fille +occupée, elle s'en fut, et je les vis toutes deux examiner par +la fenêtre si ma tante sortait. Aussitôt qu'elle fut dehors, +ce que j'entendis à leurs discours, Justine ferma les verrous; +elle vint ouvrir la porte de la chambre où j'étais et fut à +celle de l'escalier dérobé. La frayeur d'être découverte me +saisit; j'étais accroupie pour me cacher parmi les meubles; +elle ne s'aperçut de rien et retourna dans sa chambre. Dès +qu'elle y fut rentrée, Isabelle mit de côté son ouvrage et +s'avança près d'un miroir pour raccommoder sa coiffure et +rajuster son mouchoir de cou, que Justine lui arracha, et qui +lui prenait les tétons, lui faisait compliment sur leur +rondeur et sur leur fermeté; puis, découvrant les siens, elle +en faisait la comparaison entre eux. Au milieu de leurs +amusements, j'entendis, sur l'escalier de la petite cour, +quelqu'un qui montait et qui, trouvant libre l'entrée de la +première porte qu'apparemment Justine avait été ouvrir, vint +gratter à celle de la chambre. Je ne pus le voir passer, étant +enfoncée et cachée pour n'être pas vue moi-même. Justine le +fit entrer et fut refermer les portes avec soin. Quand il fut +dans la chambre, je le reconnus aussitôt: c'était un grand +jeune homme, un peu parent de la maison, qui venait +quelquefois voir ma tante. Isabelle avait la gorge découverte. + +Courbelon fut sans façon la lui baiser et y fourra sa main +tandis que l'autre fut se perdre sous sa jupe. Justine, à son +tour, fut traitée de même. Le temps ne me paraissait plus +long. Il prit Isabelle dans ses bras, la jeta sur le pied du +lit et la troussa tout à découvert; je vis alors son ventre, +ses cuisses et sa fente; elle était peu garnie de poil, mais +il était fort noir; il la baisait et remuait le doigt de la +main droite au haut de cette fente, tandis que le doigt de la +main gauche y était tout enfoncé. Justine, déboutonnant sa +culotte, en tira une machine fort longue, raide et très +grosse. Ma cousine la prit; il voulait la mettre à la place de +son doigt, mais j'entendis Justine lui dire: + +-- Non, Courbelon, je ne le souffrirai pas; si je deviens +grosse, je saurai m'en tirer; mais si jamais Isabelle était +dans ce cas-là, où pourrions-nous toutes deux nous cacher? +Caressez-la, donnez-lui du plaisir; mais ne lui mettez pas. + +Tous ces discours, que j'entendais parfaitement, étaient +autant d'énigmes dont je cherchais le mot. Je vis cependant +Courbelon se retirer à contre-coeur et, tout en pestant, il +continua de caresser Isabelle en la chatouillant comme il +avait commencé, tandis que ma cousine tenait à pleine main ce +gros instrument que Justine avait mis en liberté. + +Quelques moments après qu'il eut recommencé les mouvements de +ses doigts, j'entendis et vis faire à Isabelle le même jeu et +les mêmes soupirs qu'elle faisait quand nous étions couchées. +Je fus alors au fait, et je jugeai qu'elle répétait, seule +dans son lit, ce que Courbelon venait de faire. Isabelle se +releva bientôt, et Justine, qui était en arrêt comme un chien +sur sa proie, se jetant à son tour sur le pied du lit, tenant +d'un bras Courbelon par les reins et, de l'autre main, tenant +ce pieu qui conservait sa grosseur, l'entraîna sur elle. Elle +fut bientôt troussée; il se coucha sur son ventre et, de ses +deux mains, il tenait ses tétons qu'il baisait, et les +mouvements de reins et de cul que je lui voyais faire me +firent juger qu'il enfonçait ce membre que j'aurais voulu voir +entrer. Ma cousine passa sa main par-derrière entre les +cuisses de Courbelon, ou pour le caresser, ou pour juger de +l'enfoncement. Je les vis alors s'agiter, se remuer avec +fureur: bientôt Courbelon, après des transports et des +mouvements qui m'étonnaient, se laissa aller, et je le vis +retirer cet instrument humble et bien diminué de longueur et +de grosseur. Ils se reposèrent quelques moments sur le lit; +mais les baisers et les caresses allaient leur train. Cette +première scène, qui m'avait vivement émue, ne tarda pas à être +suivie d'une autre qui me plut encore davantage. + +Courbelon, impatienté de leurs habillements qui le gênaient, +et sachant que ma tante ne reviendrait pas si tôt, les mit +bientôt dans l'état où il désirait les voir: en peu d'instants +elles furent toutes deux nues. Justine n'était pas d'une +figure aussi jolie qu'lsabelle; mais elle gagnait dans la +situation où il les avait mises: son corps était plus blanc, +elle était plus grasse et potelée. Il leur imprima plus de +cent baisers à l'une et à l'autre; il prenait leurs culs, +leurs tétons, leurs fentes, tout était à sa disposition. Ce +que je voyais depuis une demi-heure excitait en moi un feu, +une émotion que je n'avais jamais sentis. Leurs caresses +recommencèrent avec plus de vivacité. Il les fit mettre toutes +deux couchées sur le ventre au pied du lit en leur faisant +écarter les cuisses. Je découvrais parfaitement tout ce que +Courbelon voyait: il les examinait, baisait leurs fesses, +enfonçait un doigt de chaque main entre leurs cuisses. Son +instrument était revenu dans le premier état où je l'avais vu; +et comme Justine, le visage appuyé dans ses mains contre la +couverture, ne pouvait le voir, il avait commencé de +l'introduire à Isabelle quand, tout à coup, Justine en +défiance se leva furieuse, et prenant ma cousine par les +jambes elle la retira et démonta Courbelon. J'en fus très +fâchée car je voyais cet outil prendre sa route à grands pas. + +-- Non, lui répéta-t-elle, cela ne sera pas; je vous en ai dit +cent fois les raisons, c'est une nécessité de s'y conformer. + +Comme je pouvais entendre aussi facilement que je voyais, +aucun des mots, aucune des expressions ne furent perdus: + +-- Viens, mon cher, dit Justine en le prenant par son +instrument, viens mettre ton vit dans mon con, ils se +connaissent et tu ne risques rien avec moi. + +Mais elle manqua son coup car, le tenant toujours par là, elle +lui donna deux ou trois secousses: aussitôt je vis Courbelon +se pencher sur son épaule, tenant un téton, la baiser et +répandre une liqueur blanche que je n'avais pas encore vue, +avec des convulsions qui marquaient un vif sentiment de +plaisir. J'étais dans un état que je ne concevais pas +moi-même. Depuis quelque temps je chatouillais le haut de ma +petite fente de la même manière que j'avais vu Courbelon le +faire à Isabelle et à Justine. J'étais dans cette agréable +occupation, qui ne me procurait encore qu'un doux plaisir, +quand l'une et l'autre, sans doute vivement animées par les +caresses que Courbelon leur avait faites, le mirent dans la +même position où elles étaient elles-mêmes: pas le moindre +vêtement depuis la tête jusqu'aux genoux. Cette perspective +nouvelle m'attacha avec une curiosité délicieuse, et d'autant +plus particulièrement que j'avais fort désiré le voir ainsi: +il semblait que leurs plaisirs fussent d'accord avec mes +souhaits. Chacune le baisait, le caressait, lui prenait le vit +qui s'était ramolli, chatouillait ses couilles et ses fesses; +il les baisait à son tour, maniait, suçait leurs tétons, les +renversait, les examinait, les branlottait et leur enfonçait +le doigt. Je vis enfin cet instrument reprendre toute sa +vigueur et les menacer toutes deux; il ressemblait à un épieu +qu'on va plonger dans le corps d'une bête féroce. J'apercevais +bien que Courbelon en voulait à ma cousine; mais Justine le +saisissant, ils tombèrent l'un sur l'autre sur le pied du lit; +je crus qu'il lui enfoncerait l'estomac; rien ne la fit +reculer. + +-- Attends au moins, lui dit-il, que nous augmentions nos +plaisirs et que nous en jouissions tous ensemble. + +Il fit mettre Isabelle sur le lit, les genoux et les cuisses +écartés, entre lesquels Justine plaça ses jambes à terre et +fort ouvertes. Comme rien ne gênait plus mes regards, +j'aperçus le vit de Courbelon entrer dans son con, qui, par +ses mouvements, paraissait, s'y renfonçait et faisait un écart +qui me surprenait. Il me semblait inconcevable qu'un membre +aussi gros pût y entrer, à moi qui avais essayé d'introduire +mon doigt dans le mien et qui n'avais pas osé l'y pousser à +cause de la douleur. Mais cet exemple me fit passer outre, et +je l'enfonçai avec tout le courage dont j'avais le modèle +devant les yeux; je m'y déterminai d'autant plus facilement +que, tandis que Courbelon avait son vit dans le con de +Justine, il avait mis son doigt dans celui d'Isabelle en lui +disant qu'elle avait la plus charmante motte et le plus joli +conin du monde, et en lui recommandant de branler son +clitoris; ce que fit ma cousine pendant qu'il faisait aller et +venir le doigt dans son con, comme son vit allait et venait +dans celui de Justine. Fidèle à les imiter en partie, je +m'armai de ma fermeté et je poussai dans le mien le doigt de +la main gauche que j'y enfonçai tant que je pus, et que +j'agitais de la même manière tandis que de la droite je me +branlais comme faisait Isabelle. Une sensation délicieuse +s'accroissait par degrés; je ne fus plus surprise que ma +cousine se plaisait à la répéter. Je ne tardai pas à les voir +tous trois dans les plus vifs transports. Isabelle se laissa +aller sur le dos, donnant de temps en temps des coups de cul. +Courbelon, témoin de son plaisir, lui criait: + +-- Ah! ma chère, tu décharges! + +Il achevait à peine ces mots qu'il tomba lui-même presque sans +mouvement sur Justine en faisant de grands soupirs et +prononçant avec énergie des foutre et des sacre qui peignaient +ses sensations. Justine elle-même, après des élancements vifs +et réitérés et des serrements de cul précipités, resta comme +anéantie, la tête et les bras penchés, en faisant chorus avec +Courbelon. + +Ces témoignages d'un plaisir si violent m'animèrent à un tel +point et portèrent le mien à un si prodigieux degré qu'à mon +tour je me laissai tomber sur les meubles en ressentant un +plaisir incroyable. Quel excès de délices quand on éprouve +pour la première fois une volupté si grande, qu'on n'a jamais +connue et dont on n'a pas d'idée! + +On n'est plus rien, on est tout à cette suprême félicité, on +ne sent qu'elle. + +Le temps que j'avais employé à la savourer leur en avait assez +donné pour se mettre en train de se rhabiller. Dès qu'ils le +furent, Courbelon, après les avoir embrassées, reprit la route +par laquelle il était venu, et quelques instants après +Isabelle et Justine sortirent de la chambre. J'attendis encore +un peu; je parvins enfin à me dégager, et, prenant le même +chemin que Courbelon, je revins au logis dans l'appartement de +ma tante, qui rentra peu de temps après avec ma cousine qui +était allée la rejoindre. + +Depuis ce moment, je ne pensais, je ne rêvais plus qu'à ce que +j'avais vu; toutes leurs paroles étaient parvenues à mes +oreilles; aucune de leurs actions ne m'avait échappé; j'y +réfléchissais sans cesse. Le même soir, quand je fus au lit +avec Isabelle, je fis semblant de me livrer au sommeil; elle +ne tarda pas à tomber dans un profond assoupissement; j'en fis +bientôt autant; mais le lendemain il n'en fut pas de même. Dès +que nous fûmes couchées, je fis comme la veille; ma cousine me +croyant endormie, je sentis qu'elle recommençait son petit +manège. J'étais au fait, je me retournai et, passant ma cuisse +sur la sienne, je mis ma main où je savais bien qu'était son +doigt; je la glissai par-dessous et, le soulevant, je pris +toute sa motte. Je l'embrassai, je baisai ses tétons et +j'enfonçai mon doigt dans son con. Je l'en retirai pour +chatouiller. l'endroit où j'avais trouvé le sien; elle +écartait les cuisses et me laissait faire, lorsque je +l'entendis pousser les derniers soupirs; je la trouvai toute +mouillée. Le même désir me tourmentait, je pris la sienne dont +je couvris ma motte, j'employai son doigt à faire son office +et je me trouvai peu de moments après au point de lui rendre +soupirs pour soupirs. Elle ne fut pas peu surprise de tout ce +que j'avais fait; elle me croyait dans l'ignorance la plus +profonde: elle n'avait eu garde de m'instruire, croyant +qu'ayant été élevée par une mère dévote je ne fusse assez +enfant pour en parler à ma tante, ou à ma mère à mon retour +chez elle: + +-- Comment, Rose, comment sais-tu tout cela? Je suis bien +étonnée de tes connaissances; à ton âge je n'en savais pas +tant. + +-- Je le crois, ma chère cousine; je te le dirai, à condition +que tu ne seras point fâchée contre moi et que tu m'aimeras +toujours. + +Je me repentis au moment même de ce que j'avais dit, et je ne +voulais plus continuer lorsque Isabelle, me prenant dans ses +bras et me caressant, me pressa de lui tout avouer. + +-- Tu ne m'en voudras donc pas? Tiens, ma chère cousine, sois +assurée de ma discrétion. Je te promets de n'ouvrir jamais la +bouche à personne de ce que je sais, et surtout à ma tante ni +à ma mère. Mets ta confiance en moi comme en toi-même. + +Je lui redis alors tout ce dont j'avais été témoin, et de +quelle manière je l'avais été... L'effroi la saisit: + +-- Ah! ma bonne amie, ma chère Rose, gardes-en, je te conjure, +le secret; ne me trahis pas, tu me perdrais. + +Je le lui jurai de nouveau. Nous convînmes qu'il ne fallait +pas même en parler à Justine. Elle me donna cent baisers en me +faisant autant de questions sur ce que j'avais vu, entendu, et +sur l'effet que j'en avais éprouvé. Je lui rendis compte de +tout. Je la tranquillisai pour lors en lui disant que tout ce +que je lui avais appris de moi-même m'engageait à garder un +secret qui était devenu le mien. + +-- Mais raconte-moi donc, Isabelle, par quelles circonstances +tu en es venue là avec Courbelon et Justine. + +-- Je le veux bien, ma petite cousine, après ce que tu sais, je +n'ai rien à te refuser ni à te cacher, et je compte toujours +sur tes promesses. Ecoute-moi. Un mois ou cinq semaines avant +ton arrivée ici, j'étais un jour sortie avec ma mère; mais, +ayant oublié quelque chose dans ma chambre et n'étant pas +éloignée de la maison, j'y revins pour la chercher; après +l'avoir prise, je fus à la chambre de Justine, je ne puis te +dire pourquoi; la porte apparemment n'était pas bien fermée, +ou elle n'y avait pas pensé; je la poussai, elle s'ouvrit. Je +ne fus jamais plus surprise, et je restai dans l'étonnement et +comme pétrifiée de trouver Courbelon sur elle; il en descendit +aussitôt, et j'aperçus son outil qu'il tâchait de cacher, dans +le même temps qu'il abattait les jupes de Justine qui étaient +toutes levées. Elle était bien heureuse que ma mère ne fût pas +à ma place. Je voulus à l'instant m'en aller; mais cette +fille, craignant que je ne dise à ma mère ce que j'avais vu, +accourut après moi, se mit à mes genoux en me conjurant de +n'en pas parler. Elle me pressa tant, en me baisant les mains, +que je lui promis tout ce qu'elle voulut, et je lui tins +parole. Je t'avoue, ma chère Rose, que cette aventure me donna +matière à bien des pensées. Depuis ce jour-là, Justine +m'amenait souvent dans sa chambre sous prétexte de m'apprendre +à broder; mais elle m'entretenait toujours sur le sujet de ce +que j'avais vu en m'apprenant des choses bien nouvelles pour +moi; elle découvrait ma gorge, elle prenait mes tétons, elle +me peignait le plaisir sous les attraits les plus séduisants: +je convins que j'en trouvais à l'entendre. Enfin, un jour que +cette conversation m'avait fort animée, et ma curiosité +fortement excitée, je sentis le feu sur mes joues, mon sein +était agité; les questions que je lui faisais firent connaître +à Justine que le moment était favorable; elle me prit entre +ses bras, m'enleva et me porta sur son lit; elle me troussa: +je m'en défendais faiblement; elle continuait toujours, en me +disant qu'un jeune et aimable cavalier serait bien heureux à +sa place s'il voyait et touchait les beautés, les grâces et la +fraîcheur qu'elle venait de découvrir que sa machine +s'enflerait et qu'il mourrait de plaisir en m'en faisant +connaître et ressentir de bien vifs. Ses flatteries, ses +peintures et ses caresses m'ayant subjuguée, je me laissai +faire par elle tout ce qu'elle voulut. Elle posa le bout du +doigt de la main gauche entre les lèvres de mon ouverture, +qu'elle chatouillait tandis que, de la droite, elle en +frottait le haut. + +-- Ma chère cousine, lui dis-je, pourquoi n'emploies-tu pas les +termes et les noms que tu sais? Je les ai tous entendus de +Courbelon et de Justine. + +-- Tu as raison, Rose, je n'en ferai plus de difficulté. + +Enfin, après quelque temps de ce badinage, je ressentis cet +extrême plaisir qu'elle m'avait si bien dépeint; mais elle +m'assura que j'en trouverais bien davantage avec un joli +homme, jeune et galant. Depuis ce temps, elle répéta souvent, +à ma satisfaction, ce jeu charmant; elle enfonça même un jour +son doigt; j'éprouvai quelque douleur qui fut bientôt apaisée. +Elle sut enfin m'engager de lui rendre le plaisir qu'elle me +donnait. J'y trouvais beaucoup d'agrément et je m'en +contentais. Mais, huit à dix jours avant ton arrivée, ma mère +étant sortie seule, nous reprîmes nos jeux et nos plaisirs; et +sous divers moyens que Justine employa nous nous mîmes toutes +deux totalement nues. Courbelon, caché derrière un rideau, +avait été témoin de toutes nos folies: c'était une partie liée +entre Justine et lui, mais je l'ignorais. Elle riait depuis le +commencement, de tout son coeur. Surprise de ses ris qui me +paraissaient quelquefois hors de propos je la pressai de m'en +dire le sujet; elle m'avoua que Courbelon nous voyait. Il +sortit aussitôt de dessous le rideau, nu comme nous étions, et +son vit était d'une grosseur et d'une raideur étonnantes. +Effrayée, palpitante, honteuse, je ne pouvais plus fuir dans +l'état où j'étais qu'en me cachant sous le même rideau; j'y +courus, mais ils m'arrêtèrent tous deux, et je n'osai lui rien +dire après ce qu'il nous avait vues faire. Courbelon me prit +entre ses bras, se jeta à mon cou, m'embrassa, porta ses mains +et ses lèvres partout où il put: tout était à sa disposition +et Justine l'aidait. Enfin la surprise et la honte firent +place au désir. Il mit son vit dans ma main; je ne pouvais +l'empoigner; le feu de ses baisers, de ses attouchements, ce +spectacle si nouveau pour moi et l'exemple de Justine qui le +caressait sans scrupule firent couler le plaisir dans tous mes +membres et m'avaient mise dans une situation à ne pouvoir rien +lui refuser. Les plaisirs qu'il me donna avaient une pointe de +vivacité que je n'avais point sentie par les mains de Justine, +avec laquelle je désirai qu'il fit la même chose. Mais ils +allèrent bien plus loin: elle l'attira sur elle au pied de son +lit et, me tenant d'une main, elle me fit voir le vit de +Courbelon qui se perdait dans son con, et la vivacité de leurs +transports me fit juger de l'excès de leurs plaisirs. C'est +hier la sixième fois que je me suis trouvée avec lui, cela +n'arrivant pas souvent, crainte d'être découverte. Je fus +enchantée de ton arrivée, chère Rose, dans l'espérance que +j'en aurais plus de liberté, car je t'avoue que j'ai eu un +violent désir que Courbelon m'en fît autant qu'à Justine. Je +crains, il est vrai, les enfants, dont elle me fait peur, et +le mal que la grosseur de son vit me pronostique; mais +puisqu'elle le reçoit avec empressement j'imagine que ma +crainte n'est pas trop fondée et que la douleur doit être bien +moindre que le plaisir, du moins Courbelon me le dit de même. +Cependant, Justine s'oppose toujours au désir que nous en +avons par diverses raisons dont elle ne peut me persuader +puisqu'elle s'y expose. + + +(Fin du récit d 'Isabelle) + + +Je la pressai autant qu'il fut en mon pouvoir de le +satisfaire. Je combattais les raisons de cette fille par +toutes celles qui me vinrent à l'idée, dans un âge où je +n'avais pas d'expérience ni grandes ressources à donner; mais +soit que son imagination, sa curiosité et ses désirs fussent +d'accord avec mes raisonnements, elle me parut facilement s'y +rendre. Je lui fis promettre en même temps de me faire le +détail du plaisir qu'elle aurait eu. Elle m'en donna sa +parole, en me recommandant toujours ce que nous appelâmes dès +lors notre secret. Depuis ce moment nous ne nous quittions +presque plus. + +Quelques jours après, nous fûmes invitées d'une noce des +parents de Justine. Ces sortes d'invitations sont assez en +usage dans les petites villes de province. Elle ne manqua pas +de s'y rendre une des . premières, avant que nous y +allassions. Isabelle me dit en riant que cette occasion était +bien favorable pour la tromper, car je l'entretenais tous les +jours dans le projet d'en passer sa fantaisie. Je saisis +d'abord cette idée et je lui dis qu'en effet ma tante, croyant +que nous irions ensemble, ne manquerait pas, de son côté, +d'aller chez quelques-unes de ses amies; qu'il fallait qu'elle +fût et se tînt dans la chambre de Justine; que sans doute +Courbelon ne manquerait pas de venir à la danse comme font +ordinairement les jeunes gens, même sans être invités; que +l'espérance de la trouver l'y amènerait plus sûrement; +qu'aussitôt que je le verrais, je lui dirais qu'elle avait à +lui parler et qu'il se rendît dans la chambre de cette fille, +où elle serait à l'attendre. + +-- Non, non, je ne le veux pas, me dit-elle en rougissant. + +Mais je la pressai, je mêlai mes caresses à mes engagements; +et soit qu'elle fût bien aise qu'ils voilassent ses désirs, ou +soit que je la déterminai, elle y consentit. Je n'avais pas +fini de m'habiller que ma tante était déjà partie. + +Je m'en fus donc seule. Effectivement, je trouvai Courbelon +qui était arrivé; je m'approchai de lui et je parvins à lui +dire, sans affectation et sans qu'on s'en aperçût, ce que +j'avais projeté; il ne tarda pas à disparaître. Quelques +instants après je ne le vis plus. Je regrettais de n'être pas +encore à mon poste. Mais comme je me flattais qu'Isabelle me +rendrait compte de tout ce qui se serait passé, je me consolai +et je participai de mon mieux aux plaisirs de la fête où +j'étais puisque je ne pouvais être de celle de ma cousine. + +Justine m'avait demandé, lorsque j'entrai, pour quelle raison +Isabelle n'était pas avec moi. J'imaginai de lui dire que ma +tante avait voulu sortir avec elle, mais qu'elle ne tarderait +pas à venir prendre sa part du divertissement et me rejoindre. +Elle prit d'abord mon conte le mieux du monde; cependant, +voyant que Courbelon n'y était plus depuis longtemps et que ma +cousine n'arrivait point, elle prit de la défiance et, sans +s'expliquer avec moi, elle ne put s'empêcher de me dire +qu'elle avait lieu d'être surprise du départ de l'un et du +retard de l'autre. A peine venait-elle de me tenir ce propos +que Courbelon arriva, et ma cousine peu après. Justine +disparut à son tour; je le fis remarquer à Isabelle à qui +j'avais répété ce qu'elle m'avait dit. Elle soupçonna dans +l'instant que cette fille était retournée au logis, ce qui lui +donna de l'inquiétude. Justine revint et ne fit rien paraître; +mais elle avait fait des recherches et pris des informations +qui l'instruisirent autant qu'elle le désirait. Nous rentrâmes +chez ma tante. Il me tardait que nous fussions couchées pour +questionner en liberté ma cousine. + +Je lui dis que j'étais fatiguée de la danse; Isabelle en dit +autant, quoiqu'elle n'eût point pris part à cet exercice: elle +l'avait toujours refusé sous quelque prétexte, qui n'était pas +néanmoins le véritable. Nous fûmes donc nous mettre au lit. +Quand je la tins dans mes bras, je voulus mettre ma main où +elle avait reçu les plus grands coups; mais elle la repoussa +en me disant qu'elle y souffrait trop de douleur. + +Il ne m'en fallut pas davantage pour la sommer de sa parole et +la presser de me la tenir: + +-- Ah! ma chère Rose, ma curiosité a été bien mal satisfaite. +Courbelon est venu comme les autres fois. J'avais l'oreille au +guet, je fus lui ouvrir, il s'est jeté à mon cou. + +Après bien des baisers et des caresses, il m'a prise dans ses +bras et m'a portée sur le pied du lit en promenant ses mains +partout où il a voulu, d'autant que je m'y prêtais sans +feindre aucune résistance. Enfin, m'ayant penchée sur le lit, +il m'a enfoncé son vit qu'il avait mouillé de salive; mais +quelle douleur ne m'a-t-il pas faite; ce vit, d'une grosseur +énorme, me déchirait; je n'osai crier, j'en versais des +larmes. Il tâchait de me consoler en m'embrassant et en +m'assurant qu'une seconde fois je n'aurais plus que du +plaisir. Il me trompait: il y revint et ma douleur fut aussi +vive, je souffrais tout ce qu'on peut endurer. Il s'y présenta +une troisième fois; je ne voulais plus y consentir; il me +pressa si fort, en y joignant tant de baisers et de caresses, +que je ne pus lui refuser. Il s'y prit si doucement et avec +tant de précautions que je croyais ne plus endurer un tel +tourment, mais il fut presque le même. Ces vives souffrances +que j'ai ressenties, jointes à la crainte des enfants qui +s'est retracée plus fortement à mon imagination, m'éloignent +d'une pareille épreuve. Il m'en reste même une cuisson si +grande que je ne puis encore y toucher sans renouveler mes +douleurs, et c'est ce qui m'a fait refuser de participer à la +danse. + +-- Sans doute, chère cousine, qu'étant bien plus jeune que +Justine, tu es beaucoup plus étroite. + +-- C'est bien ce que me disait Courbelon, en m'assurant que le +temps et l'usage m'élargiraient. Mais en attendant je n'en +souffre pas moins. + +Il fallut donc rester tranquilles et nous nous endormîmes. + +Le lendemain, Justine fut attirer Isabelle dans sa chambre et +lui dit qu'elle s'était aperçue que Courbelon y était venu la +veille, qu'elle avait trouvé à la porte du petit escalier, qui +n'était pas fermée comme elle le faisait ordinairement, un +morceau du bouquet qu'il avait ce jour-là; qu'elle avait très +bien distingué que son lit avait été foulé, et qu'enfin elle +avait appris qu'au lieu d'être sortie avec sa mère, comme je +lui avais dit, elle était restée et n'avait quitté la maison +que deux heures après moi; qu'elle jugeait bien ce qui s'était +passé, qu'elle l'engageait de le lui avouer; qu'elle ne devait +pas avoir de crainte ni faire de mystère avec elle puisqu'elle +n'avait rien à redouter de sa part, étant pour le moins aussi +intéressée qu'elle à ce que personne n'en sût rien. Isabelle +s'en défendit d'abord; mais les marques étaient si claires +pour Justine qu'à la fin elle lui avoua que Courbelon était +venu et lui avait fait les caresses dont il usait +ordinairement. Justine lui soutint qu'assurément il lui avait +mis; que tout lui démontrait qu'elle n'en devait pas douter. +Ma cousine ne voulut point en convenir, mais cette fille lui +dit qu'elle le connaîtrait bientôt. Comme elle était forte, +elle la prit dans ses bras et la coucha sur le lit; Isabelle, +ne pouvant lui résister et se persuadant qu'elle y connaîtrait +quelque chose, craignant encore que, pour s'en assurer, elle +ne renouvelât ses douleurs, lui fit l'aveu de tout ce qu'elle +m'avait raconté. + +Justine, qui redoutait infiniment les suites de cette +aventure, ou vivement piquée contre Courbelon, apporta depuis +tant de difficultés et d'obstacles à leurs entrevues que ma +cousine et lui ne pouvaient plus se voir avec la facilité +qu'elle leur avait procurée, et, peut-être alors jalouse de +lui, elle ne lui permit plus de revenir; elle parvint, enfin, +par toutes les voies et les moyens qu'elle put imaginer à +rompre cette liaison, d'autant plus aisément qu'elle y +employait la vigilance la plus grande. Courbelon, jugeant +qu'il ne pourrait jamais surmonter les obstacles qu'opposait +une surveillante aussi éclairée et au fait de cette allure, se +brouilla avec elle; et comme, dans cette circonstance, il fut +obligé quelque temps après de se rendre dans une autre +province, il oublia bientôt Isabelle et Justine qui, elle-même, +peu après son départ, se retira de chez ma tante et +quitta la ville où nous étions. C'est ce qui m'a fait penser, +depuis, qu'elle était allée dans le même lieu où s'était rendu +Courbelon, pour qui elle aurait tout sacrifié. + +Dans les premiers temps, Isabelle n'endura pas sans chagrin le +déplaisir de ne le plus voir; elle me faisait part de tout ce +que son humeur lui inspirait. Je la consolais du mieux qu'il +m'était possible; j'y parvins à la longue, et les plaisirs que +nous nous procurions ensemble lui firent supporter avec plus +d'aisance, et même oublier à la fin, cette perte qui m'avait +aussi fort déplu. Je désirais être quelque jour de leurs +parties; je projetais d'y engager ma cousine, et je m'en +flattais d'autant mieux qu'elle avait pris pour moi une forte +inclination qui ne servit pas peu, depuis, à dissiper son +chagrin. Ces contretemps détruisirent mes desseins, et la +nécessité fit que je n'y pensai bientôt plus. + +Nous passâmes encore quatre mois ensemble, pendant lesquels +elle m'instruisit de tout ce qu'elle avait appris de Courbelon +et de Justine, qui l'avaient rendue très habile. + +Les réflexions que j'ai faites depuis sur cette aventure et +sur les réponses d'Isabelle aux différentes questions que je +lui faisais m'ont fait voir que Courbelon avait jeté ses +desseins sur ma cousine ensuite du jour où elle l'avait trouvé +sur Justine, et que, sous le prétexte de mieux engager +Isabelle à garder le secret, il avait fait entendre à cette +fille que le moyen le plus assuré était de l'admettre en tiers +dans leurs plaisirs, autant que la petite oie pourrait +s'étendre; qu'enfin il avait su l'en convaincre et la faire +donner dans le panneau qu'il leur tendait; sans quoi la +jalousie que nous soupçonnions à Justine s'y serait +difficilement prêtée. + +Le temps que je passai chez ma tante fut trop tôt écoulé; je +fus rappelée par ma mère: il fallut nous séparer. Nous ne nous +quittâmes pas sans regret, et nous ne pûmes en venir à cette +séparation sans verser bien des larmes. Ma tante en fut +touchée et me promit qu'elle ferait tout ce qui dépendrait +d'elle pour me ravoir encore. Elle et ma cousine, qui +pouvaient jouir d'une agréable liberté, me plaignaient, +n'envisageant pour moi que des jours bien tristes et remplis +d'ennui avec une mère dévote qui ne voyait personne. Je le +croyais comme elles; mais nous avions toutes tort. + +Arrivée chez ma mère, je mis à profit tout ce que j'avais +appris du hasard et d'Isabelle: comme elle, je me procurais +tous les jours les sensations les plus délicieuses du plaisir; +souvent même j'en redoublais la dose. Mon imagination +échauffée n'était emplie que des idées qui y avaient rapport. +Je ne pensais qu'aux hommes, je fixais mes regards et mes +désirs sur tous ceux que je voyais: les yeux, attachés sur +l'endroit où je savais que reposait l'idole que j'aurais +encensée, animaient mes désirs dont le feu se répandait +jusqu'aux extrémités de mon corps. Ce fut dans cet instant que +Vernol revint passer ses vacances chez ma mère; il avait un an +et demi de plus que moi. Ah! que je le trouvai beau; j'en fus +surprise; jusque-là ses charmes m'avaient échappé. Il est vrai +que l'âge à peu près égal de l'enfance nous avait toujours +donné beaucoup d'amitié l'un pour l'autre; mais dans ce moment +ce fut tout autre chose: il réunit tous mes désirs, une ardeur +dévorante s'empara de tous mes sens, je ne vis plus que lui, +toutes mes idées s'y concentrèrent. Depuis longtemps je +souhaitais d'examiner de près, et de toucher, ce que je +n'avais fait qu'entrevoir à Courbelon. Je sentais que j'étais +trop jeune pour me flatter de devenir l'objet des desseins +d'un homme plus âgé, et, me persuadant que leur instrument +grossissait à la mesure de leurs années, les douleurs +d'Isabelle m'effrayaient. + +D'ailleurs je ne voyais personne qui pût jeter les yeux sur +moi ni arrêter les miens; cependant, j'étais dans une vive +impatience et je fis de Vernol le but où je désirais +atteindre. + +Sa chambre était derrière celle de ma mère où je couchais. + +Quand cette bonne dévote allait à l'église, où elle passait +deux ou trois heures tous les matins, je fermais exactement la +porte après elle. On croyait que nous dormions et l'on nous +laissait en paix. Mais, continuellement éveillée par mes +désirs, j'allais en chemise près de lui et je lui faisais +mille agaceries pendant qu'il était dans son lit. Tantôt je +l'embrassais, je le chatouillais, tantôt je tirais ses +couvertures, ses draps; je le mettais presque nu; je lui +donnais de petits coups sur ses fesses d'ivoire; il sautait +après moi, me poussait sur son lit, me baisait et rendait sur +mon cul les coups légers que je lui avais donnés. Nous avions +répété deux matinées ce badinage lorsque, la troisième, en me +jetant à la renverse sur son lit, ma chemise, à qui j'avais +prêté un peu de secours, se trouva toute relevée et mes jambes +en l'air; il aperçut aussitôt mon petit conin, il m'écarta les +cuisses, il y porta la main, et ne pouvait se lasser de le +regarder et d'y toucher; je le laissais faire. + +-- Ah! Rose, me dit-il, que nous sommes bien différents l'un de +l'autre! + +-- Comment! lui répondis-je, quelle différence y a-t-il donc? +Je lui fis cette question avec l'air de la plus innocente +simplicité. + +-- Tiens, vois, me dit-il en troussant sa chemise et me +montrant son petit outil qui était devenu gros et raide, et +que je n'avais qu'entrevu jusque-là. + +Je pris cette lance en main, je la considérai, je la caressai, +j'en découvrais, j'en aiguisais la pointe, et j'eus enfin la +satisfaction d'en faire l'examen le plus attentif. Vernol, +impatient d'en faire un pareil, me dit: + +-- Rose, laisse-moi donc te regarder encore. + +Je me rendis à sa demande et je me recouchai. Il releva mes +jambes, les écarta et ne mit pas moins d'attention dans sa +recherche et dans ses détails que j'en avais eu dans la +mienne; mais il ignorait l'usage de ce qu'il voyait. Il était +à genoux sur le lit, penché sur moi; je passai ma main entre +ses cuisses et je repris son joli bijou; je m'amusai à coiffer +et décoiffer sa tête rouge comme le corail. Le plaisir que je +lui faisais, dont je m'apercevais, augmentait le mien: j'étais +dans l'impatience; je me relevai et le renversai à son tour, +je le découvris tout entier; je le baisais, je le mangeais, je +caressais ses petites olives; enfin, à force de hausser et +baisser ma main sur ce charmant bijou, il répandit cette +liqueur que j'avais vu rendre à Courbelon par la main de +Justine. Cette situation si nouvelle pour lui, l'étonnement +joint au plaisir excessif dont il paraissait jouir, étaient un +délicieux spectacle pour moi; sa main, placée entre mes +cuisses, était restée sans mouvement. Je me recouchai sur le +lit, je la pris et je lui fis faire un exercice qui lui était +inconnu, et que je souhaitais vivement. Je tombai bientôt +moi-même dans l'extase où je l'avais mis peu auparavant. + +Tout cela lui paraissait bien extraordinaire; je l'avais +conduit de surprises en surprises; elles me réjouissaient et +m'enchantaient. Je recommençai mes caresses, je repris son +instrument, je le baisai, je le suçai, je le mis tout entier +dans ma bouche, je l'aurais avalé: il ne tarda pas à +reparaître dans l'état charmant où il avait été. Jusque-là, je +n'avais pas osé lui apprendre à le mettre où je le souhaitais; +mais de plus en plus animée, j'arrachai sa chemise, je quittai +la mienne; rien ne me cachait ses charmes naturels; je les +contemplais, je les couvrais de mes mains et de mes lèvres; il +me rendait les mêmes caresses à son tour. + +Son petit vit était dans toute sa dureté; je me mis sur lui; +je le conduisis moi-même dans mon petit conin. Ah! qu'il fut +bientôt au fait: j'étais encore étroite, mais il n'était pas +gros; nous poussions tous les deux; enfin, m'asseyant sur lui, +je parvins aussitôt à me l'enfoncer tout entier, et j'eus +l'agréable satisfaction de le sentir pour la première fois +introduit où je le désirais avec tant de passion. C'est ainsi +que nos pucelages, quoiqu'ils ne fussent pas bien intacts, +furent enlevés l'un par l'autre. Quelle volupté nous +ressentions! Vernol ne savait plus où il en était. Nous +jouissions de cette félicité pure qui se sent sans pouvoir +l'exprimer ni la concevoir. Nos plaisirs étaient à leur +comble. Il en éprouva le premier l'excès: il déchargeait, ses +bras qui m'entrelaçaient se relâchèrent, je précipitai mes +mouvements, je l'atteignis, et, me laissant aller sur lui, il +connut que je jouissais des mêmes délices. Serrés, collés l'un +sur l'autre, nous savourions ce voluptueux anéantissement qui +n'est pas moins enchanteur que le plaisir qui nous l'avait +procuré. Mais, plus tôt rétablie que lui, je me vis forcée de +l'engager à se servir encore de sa main et de son doigt. + +Nous répétions tous les jours cet agréable exercice; j'allais +dans son lit ou il venait dans le mien; partout où nous +pouvions nous réunir en sûreté pendant le jour, nous le +recommencions ou nous n'en prenions que l'ombre. La nuit que +nous ne pouvions être ensemble, toute pleine de son image je +lui consacrais les plaisirs qu'elle faisait naître; il en +faisait autant de son côté, nous nous en rendions compte le +matin et nous réalisions les illusions nocturnes. + +Etonné dès les premiers jours de tout ce que je lui avais +appris, il avait désiré que je lui dise par quel moyen j'en +avais eu connaissance; mais ne croyant pas à propos de lui +rendre compte d'abord de ce que j'avais vu chez ma cousine, je +fixai ses idées sur des exemples généraux. + +Cependant, ayant ensuite reconnu sa discrétion, je lui +racontai tout, et nous tâchions d'en réaliser le souvenir et +d'en imiter l'exemple. + +Hélas! au milieu de nos plaisirs, notre séparation approchait; +nous l'envisagions avec douleur. Ce moment vint enfin; il +fallut nous quitter; ma peine fut extrême, je ne puis vous la +peindre. Depuis trois ans et demi d'absence nous ne nous +sommes réunis que depuis quatre ou cinq mois qu'il est revenu +tout à fait chez ma mère. + + +(Fin de l'Histoire de Rose) + + +Quand elle eut fini son récit où elle était entrée dans un +détail plus étendu qu'avec moi, surtout en ce qui regardait +Vernol, je repris la parole: + +-- Tu ne sais pas, cher papa, ce que Rose m'a dit encore, elle +ne te rend pas compte de tout. Ma chère Laure, m'a-t-elle +ajouté, je me suis aperçue que Vernol avait pris pour toi la +plus forte passion, et même il m'en a fait l'aveu. + +Tiens, chère amie, je n'en suis point jalouse, je vous aime +tendrement tous deux: tu es belle, il est charmant, je serais +enchantée de le voir dans tes bras; oui, ma chère, je l'y +mettrais moi-même, je ferais mon bonheur de sa félicité. + +Ne la trouves-tu pas folle? + +-- Pas tant, Laure, je n'en suis point surpris, dans sa façon +d'être. + +Nous jugeâmes aisément que Rose aimait le plaisir avec fureur; +nous le lui dîmes, elle en convint. Les tableaux qu'elle avait +retracés avaient ranimé son tempérament; ils avaient produit +le même effet sur nous. Mon papa en présentait des preuves +parlantes: elle s'en saisit, et, pour nous prouver le charme +séducteur qu'elle y trouvait, elle conduisit elle-même le cher +objet qu'elle tenait, et nous fit cent caresses dont nous la +payâmes par cette sensation délicieuse après laquelle elle +soupirait sans cesse. Comme elle était arrivée la première au +but, elle arrêta mon papa et, nous adressant la parole: + +-- Achevez d'avoir en moi la même confiance que je vous ai +montrée; ce que nous avons fait tous les trois, depuis hier, +m'a totalement ouvert les yeux et m'a donné la liberté de vous +raconter ce que j'ai fait avec Vernol. Viens donc, papa, viens +à côté de ta chère Laurette, à sa place j'en ferais autant +avec toi. Mets-lui, et qu'elle partage les plaisirs que tu +m'as donnés; sois assuré de la plus inviolable discrétion. + +-- Eh bien! Rose, pour te prouver que je n'en doute en aucune +manière, tu vas jouer un nouveau rôle. + +Il se leva et fut aussitôt chercher le godemiché; il l'attacha +à la ceinture de Rose qui était extasiée de cet outil qu'elle +ne connaissait pas; il me fit mettre sur elle et le conduisit +dans mon con en lui recommandant de se remuer comme ferait un +homme, et de me branler en même temps; il l'instruisit de +l'effet de la détente lorsqu'elle me verrait prête à +décharger. Il se mit ensuite sur moi et m'introduisit son vit +dans le cul. Rose remuait la charnière supérieurement; je +tenais ses tétons, elle caressait les miens, elle suçait ma +langue, je me mourais. Au moment où j'allais perdre +connaissance, elle fit décharger le godemiché; mon con en fut +inondé, et le foutre que mon papa répandit en même temps dans +mon cul excita en moi des transports qui se joignirent aux +siens et à ceux de Rose qui, par le frottement du godemiché +sur son clitoris, les lui fit partager; enfin je tombai sur +elle, morte de plaisir. Mon papa se releva bientôt, et quand +je fus revenue de cet évanouissement enchanteur nous sortîmes +du lit qu'il était plus de midi. + +Dès que nous fûmes debout, elle n'eut rien de plus pressé que +de passer à l'examen de cet outil si nouveau pour elle. + +Je l'aidai à en désunir toutes les parties: il était +parfaitement semblable à un vit; toute la différence +consistait dans des ondes transversales depuis la tête jusqu'à +la racine pour procurer un frottement plus actif. Il était +d'argent, mais couvert des couleurs de la nature, et d'un +vernis dur et poli. Il était vide, mince et léger. Dans le +milieu de l'espace, il y avait un tuyau du même métal, rond et +plus gros qu'une plume, dans lequel il y avait un piston. Ce +tuyau se vissait à un autre bout percé et soudé au fond de la +tête. Il se trouvait par ce moyen des espaces autour de cette +petite seringue, dont elle avait l'effet, et les parois de +celui qui imitait le vit. Un morceau de liège, taillé pour +boucher exactement ce dernier, avait un trou qui laissait +entrer très juste la naissance de la petite pompe, dans lequel +on insérait un ressort d'acier en spirale qui repoussait le +piston par le moyen d'une détente. Quand Rose l'eut bien +tourné et retourné: + +-- Il faut encore, me dit-elle, que tu m'apprennes comment on +lui fait faire son office. + +-- On emplit, lui dis-je, le godemiché d'eau suffisamment +échauffée pour en supporter la chaleur sur les lèvres; on le +bouche bien avec le morceau de liège, auquel tu vois cet +anneau pour le retirer; on emplit ensuite la pompe, par le +moyen du piston qu'on attire, de colle de poisson fondue et +légèrement teinte de blanc qu'on tient toute préparée: + +la chaleur de l'eau se communique aussitôt à cette liqueur qui +ressemble autant qu'il est possible à la semence. + +La première action de Rose, après ce détail, fut de trousser +sa chemise et de l'enfoncer dans son con. Cette folie dans ce +moment me fit rire au point que mon papa rentra pour savoir le +sujet qui m'y excitait si fort. Il la vit à cet ouvrage, il ne +put s'empêcher de m'imiter, et s'adressa à elle: + +-- Laisse-le donc, Rose, sa vertu dans ce moment n'existe plus, +et nous pouvons faire quelque chose de mieux. + +Elle continua donc de s'habiller. Il me prit par la main et +sortit: + +-- Ma chère Laure, Rose sera la victime de sa passion et de son +tempérament; rien ne la retient; elle s'y livre avec fureur, +sans mesure ni ménagement; sois assurée qu'elle paiera de sa +personne cette imprudence, ainsi que le pauvre Vernol qu'elle +a jeté dans le même excès; mais je veux en profiter pour +remplir mes desseins. + +En effet, inébranlable dans ses réflexions, il fut la +retrouver dans ma chambre, et j'entendis: + +-- Rose, ce que vous avez dit à Laure, au sujet de votre frère +sur la fin de votre histoire, annonce votre amitié pour l'un +et pour l'autre; mais peut-on compter sur la discrétion de +Vernol comme sur la vôtre? Il est nécessaire qu'elle soit des +plus grandes, vous devez le concevoir, songez-y. + +-- Oh! ne vous trompez pas sur la confidence que je vous ai +faite; elle n'est pas le fruit de l'indiscrétion; mais la +manière dont j'ai agi avec lui m'a fait sentir que si j'eusse +été Laurette vous eussiez été pour moi ce qu'est Vernol. + +L'obscurité à travers laquelle j'entrevoyais la chose s'est +totalement dissipée par la façon dont nous vivons depuis hier; +j'ai jugé que, dès lors, je pouvais parler sans déguisement et +que vous seriez intéressés à garder, à notre sujet, le même +secret qu'à votre égard je vous jure pour Vernol et pour moi, +y trouvant le même intérêt. Mais, de grâce, qu'il participe à +nos plaisirs; il m'a fait l'aveu qu'il était fou de Laurette, +et vous vous y trouvez engagé plus que vous ne pensez. Vous +serait-il donc possible de nous refuser? Je serai comblée de +joie si vous ne vous y opposez pas et si, comme je le désire, +la chère Laurette ne le hait pas. + +-- Tout me force aujourd'hui à y consentir; ne lui dites +cependant rien encore de ce qui s'est passé entre nous, je +vous le conseille et vous y engage. Il me croirait dédommagé, +et je veux qu'il me paie lui-même du sacrifice que je fais. +Prévenez-le seulement de se prêter à tout ce que nous +voudrons. + +-- Ah! je vous réponds de lui comme de moi-même sur qui vous +pouvez compter en tout. + +-- Il est cependant nécessaire que vous sachiez, vous et lui, +que Laure n'est ma fille que pour le public; car en réalité +elle ne l'est pas. Vous voyez cependant qu'elle ne m'en est +pas moins chère; mais surtout, que personne ne soit instruit +de ce secret que vous deux, je vous le recommande. Allez à +présent trouver votre mère avec elle, dites-lui que demain +nous irons encore passer le jour à la campagne, et que si elle +veut vous y laisser venir avec votre frère nous vous y +mènerons. Cependant, promettez-moi d'être tranquilles l'un et +l'autre jusqu'à ce que vous veniez, car vous en aurez sûrement +besoin. + +Je n'avais rien perdu de ce discours; Rose vint, m'entraîna, +courut chez sa mère et obtint facilement pour elle et pour +Vernol ce qu'elle lui demandait. Je la quittai et fus passer +le reste de la journée chez une parente. Pendant ce temps-là, +mon père fut donner ses soins aux arrangements qu'il +projetait. + +La nuit, quand je fus dans ses bras, je présumai qu'il me +rendrait compte de ce qu'il avait dit à Rose, et de ses +desseins. Indécise avec moi-même, je ne voulus pas lui en +parler la première, ni lui faire connaître que je l'avais +entendu. Le coeur me battait; mais il ne m'en ouvrit pas la +bouche. + +Le lendemain après-midi, une voiture se rendit à notre porte, +nous prit et nous conduisit dans une maison charmante à +quelque distance de la ville; je ne la lui connaissais pas. Je +jugeai qu'elle appartenait à quelqu'un de ses amis qui la lui +prêtait. Vernol avait cherché à relever ses attraits naturels. +Rose et moi, nous étions dans un déshabillé galant. Instruit +par sa soeur, il avait une politesse plus aisée et quelque +chose de plus assuré qui lui était avantageux. + +Nous arrivâmes sur les quatre heures, il faisait un temps +admirable et très doux. Nous rimes plusieurs tours dans les +jardins, qui étaient vraiment dessinés par Vertumne, et non de +ces assemblages fantasques où la bizarrerie semble avoir +présidé. Ce n'était pas non plus de ces jardins compassés, où +la régularité et la symétrie écrasent la nature: nous y +jouissions de la beauté de l'horizon, qui semblait d'accord +avec la fête. Après cette promenade, où nous avions préludé +par les baisers, nous vînmes dans les appartements, que nous +parcourûmes; nous trouvâmes, dans un salon où mon papa nous +conduisit, une collation servie; il nous présenta plusieurs +mets, nous versait à boire et ne nous ménageait pas. Soit +délicatesse des vins et des liqueurs, ou soit qu'il eût +employé quelque autre moyen qu'il connaissait assez, nos têtes +perdirent bientôt leur équilibre et nous jetâmes des fleurs à +la folie, qui nous en couronna. Dès qu'il nous vit en cet +état, il fut écarter tout son monde de manière à ne le faire +revenir que tard, en sorte que nous étions exactement seuls. +Il nous conduisit dans un appartement où nous n'avions pas +encore été, situé dans le quartier le plus reculé. Il nous fit +entrer dans un petit salon illuminé, de toutes parts, de +bougies mises dans des girandoles, posées à la hauteur où l'on +pouvait facilement atteindre avec la main. Au-dessous d'elles +régnaient tout alentour des glaces ordinairement couvertes de +rideaux qui, dans ce moment, étaient relevés par des cordons +et des glands qui les tenaient en festons, dont les pendants +garnissaient les encoignures. Des bergères larges, fort basses +et presque sans dossier, sur lesquelles étaient répandus des +carreaux, garnissaient le tour jusqu'à la hauteur où les +glaces étaient placées. Au-dessus d'elles étaient enchâssés +différents tableaux. Dieux! quels objets, chère Eugénie! +Clinchetet et l'Arétin n'ont rien produit de plus voluptueux. +Des sculptures peu multipliées, les unes en blanc, les autres +peintes à la gouache, présentaient de semblables sujets. Dans +un des côtés était une niche ornée et éclairée de même, qui +renfermait un meuble sur lequel la jouissance et la volupté +avaient établi leur trône. Ces peintures, ces sculptures, les +vins et les liqueurs que nous avions pris écartèrent et +chassèrent loin de nous jusqu'à l'ombre de la contrainte: le +délire voluptueux s'empara de nos sens; Bacchus et la Folie +menaient le branle. Rose, inspirée par sa divinité chérie, +nous donna le ton et commença l'hymne du plaisir. Elle sautait +au cou de mon papa, elle embrassait Vernol, elle me baisait et +m'engagea de l'imiter. Elle arracha mon mouchoir qu'elle jeta +à son frère, elle fit voler le sien sur mon papa, elle leur +faisait baiser ses tétons, elle les conduisait sur les miens, +nos bouches étaient couvertes de leurs lèvres. Ces jeux, ces +baisers qui se répétaient dans les glaces nous échauffèrent à +l'excès. Nos joues étaient colorées, nos lèvres brûlantes et +vermeilles, nos yeux animés et nos seins palpitants. Vernol, +déjà dans un demi-désordre, le teint brillant, les yeux pleins +de feu, me paraissait beau comme le jour. Je le regardai dans +ce moment comme une jouissance divine dont tous les appas se +réunirent en un seul trait, au centre de mes désirs; il ne +savait lui-même où il en était: mon papa calculait la +gradation. Rose me fit tomber sur une bergère, elle appela +Vernol pour l'aider: elle me troussa, me donna de petits coups +sur les fesses, et lui fit voir l'objet après lequel il +soupirait. Je la pris à mon tour pour la renverser aussi; mais +elle ne m'en donna pas le temps; elle s'y jeta d'elle-même et, +levant les pieds en l'air, elle mit au jour tous les appas +qu'elle avait reçus de la nature, son con, son cul, son +ventre, ses cuisses, tout fut à découvert. Nous fûmes aussitôt +tous les trois près d'elle lui faire les caresses qu'elle +montrait désirer. A peine avions-nous posé nos mains sur ses +fesses qu'après deux ou trois mouvements de reins nous +l'aperçûmes tortiller l'oeil, et nous vîmes couler la fontaine +du plaisir. Nous nous apercevions bien l'une et l'autre que +Vernol et mon papa bandaient de tout leur pouvoir. Le sillon +relevé que leurs vits faisaient le long de leurs cuisses en +portait le plus sûr témoignage. Tout d'un coup, Rose se releva +et fut se jeter sur mon père: + +-- Cher papa, je t'ai jeté le mouchoir; tu seras mon mari et +moi ta femme; donne-moi ta main. + +-- Très volontiers, Rose; mais il faut que la dernière +cérémonie en soit. + +-- Ah! de tout mon coeur. Mais Vernol a eu le mouchoir de +Laurette, il faut aussi les unir. Y consens-tu? + +-- Soit, comme tu le désires. + +Elle accourut prendre nos mains qu'elle mit l'une dans +l'autre; elle nous fit embrasser, nos bouches se +rencontrèrent; elle porta sa main sur mes tétons et nous fit +appeler mari et femme. Nous étions tous quatre vivement émus +et très échauffés. Rose brûlait. + +-- Qu'il serait délicieux dans ce moment, s'écria-t-elle, +d'être dans un bain où nous puissions nous rafraîchir! Le feu +me dévore. + +Mon papa se leva et fut tirer un cordon qui était à côté de la +niche. Aussitôt le dessus du meuble qui y était fut enlevé, et +découvrit un bassin à trois robinets qui jetaient à volonté de +l'eau chaude, froide ou de senteur. + +-- Voilà qui est magnifique, c'est ici le palais des divinités. +Je vais, dit Rose, ressembler à une naïade, mais je ne serai +pas la seule. En peu d'instants, elle parut avec les seuls +ornements des nymphes; elle s'empara de moi, et pressa Vernol +et mon papa de l'aider à me mettre dans le même état: en un +clin d'oeil, tout disparut de dessus moi. Rose fit un signe à +son frère qui se montra bientôt en Sylvain pendant qu'elle et +moi nous prêtions notre secours à mon papa. Mes regards +furtifs avaient déjà détaillé Vernol: qu'il était bien fait, +et qu'il me paraissait agréable! La jeunesse et la fraîcheur +brillaient de tous côtés: au milieu de la blancheur et de +l'éclat d'une jeune fille, on voyait le trait qui +caractérisait un homme. Nous nous plongeâmes tous quatre à la +fois dans ce bassin, ils étaient l'un et l'autre rayonnants de +gloire. Tous consumés d'un feu dévorant, nous étions +semblables à des fournaises sur lesquelles on jette de l'eau +et qui n'en deviennent que plus vives. Deux lances en arrêt +nous menaçaient tour à tour, mais le combat ne nous effrayait +pas: en proie aux mains folâtres et passionnées, aux baisers +amoureux et lascifs de nos tritons, nous leur rendions les +mêmes caresses, nous badinions avec leurs flèches, ils +s'étaient emparés de nos carquois. Dans ce moment, mon papa +eut la prudence de plonger l'éponge au fond du mien lorsque +j'y pensais le moins. Vernol voulait entrer en lice mais, par +une adresse si naturelle aux femmes et si propre à aiguiser +les désirs, je l'arrêtai et me sauvai du bassin. Rose me +suivit. Bientôt ils furent dehors. + +La fraîcheur qu'ils sentirent en sortant leur donna sur la +crête, leur humilité momentanée nous laissa le temps de nous +essuyer et, nous étant couvertes simplement de robes légères +et transparentes qui ne gênaient presque point la vue ni les +larcins, et que mon papa tira d'une armoire cachée par une +glace mobile, nous nous étendîmes sur les bergères. A peine y +étions-nous qu'il fit descendre du plancher, par un autre +cordon, une table servie de mets délicats, de vins et de +liqueurs semblables à celles dont nous nous étions si bien +coiffés, et qui nous achevèrent. Tout y était propre à +augmenter l'ardeur qui nous dévorait déjà. + +Vernol était dans une impatience prodigieuse; mais, ce que je +n'aurais pas attendu de celle de Rose, elle ne perdit rien de +sa gaieté. Pour moi, dont la volupté était plus délicate, je +jouissais par les yeux, par les mains; mais j'étais moins +empressée d'arriver au but, que j'envisageais avec plus de +satisfaction en exaltant le désir, et je me trouvais en cela +d'accord avec mon papa. Vernol et Rose furent donc obligés de +modérer leur impatience, ce qui fut plus facile à Rose qui, +par nos caresses et nos attouchements, avait déjà, de son +aveu, ressenti trois fois les délices du plaisir. Enfin, elle +appela ce service le souper de noce; l'hymen n'y présidait +guère, mais qu'importe, la volupté y régnait; elle seule nous +suffisait et nous enchantait. On la voyait au milieu de la +table, couronnée par le dieu des jardins, tenant son sceptre +en main; dans les quatre coins il y avait des groupes +entrelacés et dans les attitudes qui annonçaient le plus doux +des moments. Entre eux, de vieux satyres jaloux présentant +leurs offrandes, que des nymphes chassaient et que les +plaisirs fuyaient: tout inspirait, tout animait. Rose, le +verre et la bouteille en mains, sa robe ouverte, développant +ses appas et ses grâces, répandait la flamme dans nos veines; +ce qu'elle nous versait devenait un torrent de feu. + +Je désirais enfin moi-même avec violence, rien ne m'eût +effrayée. Nos attraits, presque toujours à découvert, +produisaient le même effet, et nous voyions sans cesse à nos +yeux des signes palpables de leur pouvoir. Enfin, chère +Eugénie, parlons sans figure: ils ne débandaient point. + +Rose, ne pouvant plus y tenir, s'écria: + +-- Vernol, prends ta femme. Pour moi, me jetant entre les bras +de mon papa, je tiens mon mari. + +Elle s'était déjà saisie de son vit qu'elle fixait depuis +longtemps, déjà Vernol me tenait embrassée et sa main s'était +emparée de mon con, lorsque mon papa nous arrêta: + +-- Attendez, mes enfants, il y a une condition à laquelle +j'attache ma complaisance; il est juste que j'en sois payé. + +Si Vernol le met à Laure, je veux imiter cet homme de cour +qui, faisant coucher avec sa femme un page qu'elle aimait, +faisait en le cul de ce page la même opération qu'il faisait +dans le con de la dame. Il faut, de même, que pendant qu'il +foutra Laure son cul soit à ma disposition. + +Je me persuadai dans l'instant que les beautés de Vernol lui +avaient inspiré des désirs, comme elles avaient fait naître +les miens; j'en fus enchantée, j'en devenais plus libre de me +livrer à mes désirs, et cette pensée me dégagea d'une entrave +qui, jusque-là, m'avait donné quelque gêne. J'animai nos jeux +avec les transports de la joie; je tâchai d'y ajouter de ma +part tout ce qui pouvait les rendre plus charmants: je me +saisis de Vernol, j'arrachai sa robe, je présentai son cul, +j'écartai ses fesses charmantes, son vit m'enfonçait le +ventre. + +-- Non, Vernol, non, ne te flatte pas de me le mettre dans +cette condition. + +Rose, qui avait vu que mon papa me l'avait mis de même, +s'écria qu'il n'avait pas à balancer, et jura qu'elle le +tiendrait plutôt. + +-- Quoi, dit Vernol, quel serait donc l'obstacle qui pourrait +m'arrêter? Depuis longtemps, je suis à la torture; que ne +ferais-je pas, belle Laurette, pour jouir de vous et mourir +dans vos bras? + +-- En ce cas, dit mon papa, Rose sera aussi de la partie. + +Dans le moment, la table fut enlevée et le bassin recouvert; +un coussin épais en remplissait l'étendue et était enveloppé +d'un satin couleur puce, si propre à relever la blancheur. +Cette niche était le vrai sanctuaire de la volupté. + +Nous fûmes à l'instant débarrassés de tout ce qui nous était +étranger, et nous montâmes sur cet autel avec les seuls +ornements de la nature, tels qu'ils étaient nécessaires pour +offrir nos voeux à la divinité que nous allions encenser et +pour les sacrifices que nous allions lui faire. Les glaces +répétaient de tous côtés nos différents attraits. J'admirais +ceux de Vernol. Ce beau garçon me prit dans ses bras, il me +couvrit de baisers et de caresses; il bandait de toute sa +force. Je tenais son vit; mon papa maniait ses fesses d'une +main et, de l'autre, les tétons ou le con de Rose qui nous +caressait tous trois. Cédant enfin à notre fureur amoureuse, +Vernol me renversa, écarta mes cuisses, baisa ma motte, mon +con, y mit sa langue, suça mon clitoris, se coucha sur moi et +me fit entrer son vit jusques aux gardes. Mon papa se mit +aussitôt sur lui. Rose était sur les genoux, appuyée sur les +coudes, son con tourné de mon côté; elle entrouvrit les fesses +de Vernol, en mouilla l'entrée et conduisit le vit de mon papa +dans la route qu'elle lui avait préparée. Pendant qu'ils +agissaient, elle chatouillait les couilles de l'un et de +l'autre. Je tenais son con, j'y mettais le doigt, je la +branlais; bientôt ma main fut toute mouillée, ses transports, +qui parurent les premiers, nous excitèrent vivement: + +Vernol la suivit de près; mon papa s'en aperçut, il hâta sa +course qui m'était favorable; je doublai mes mouvements, et +nous tombâmes presque aussitôt dans la même extase: nos trois +individus unis n'en faisaient pour ainsi dire plus qu'un, que +Rose couvrait de ses baisers. + +Revenus à nous-mêmes, nos caresses remplacèrent nos transports +et remplissaient le temps que le plaisir nous laissait à +parcourir; elles nous remirent bientôt en état de le ramener à +nous. Vernol avoua qu'il n'en avait jamais ressenti de pareil. + +-- Il faut l'avoir connu, dit mon papa, pour pouvoir en juger. +Viens, ma chère Laurette, viens l'éprouver à ton tour. Vernol, +moins fourni que moi, ne te procurera que des douceurs. Belle +comme tu es, de quelque côté que ce soit il n'a rien à perdre. +Nous bandons, viens dans mes bras. Rose fera pour lui ce +qu'elle a fait pour moi, et branlera ton clitoris en arrière, +par-dessous les cuisses. + +Je me jetai sur lui, je le mangeai de caresses. Rose +introduisit son vit dans mon con; elle ouvrit mon cul, elle +mit le vit de Vernol dans sa bouche, elle en mouilla la tête +ainsi que le passage où il devait entrer, et le conduisit +elle-même. + +Placée comme elle était la première fois, elle me branlait et +caressait les fesses de Vernol, tandis que mon papa, le doigt +dans son con, la branlait aussi. Le sublime. plaisir annonça +bientôt sa présence, nous volions après lui, nous le saisîmes. +Ah! qu'il était grand! Nous déchargions tous, nous étions +inondés, le foutre ruisselait. Livrée aux plus vives +sensations, j'étais dans un état convulsif. Après avoir été +agitée comme un nageur qui se débat, un calme, non moins +voluptueux que le plaisir, lui succéda. Ce resserrement, ce +frottement dans toutes les parties délicates et sensibles, où +se trouve le trône de la suprême volupté, me la fit connaître +dans l'extrémité de son dernier période. Je ne pus mettre la +parallèle avec cette journée, que celle où j'avais fait le +sacrifice volontaire de mon pucelage. + +Il fallut enfin se reposer; nous nous assîmes, et nous les +engageâmes de reprendre pour quelques instants leurs habits; +mais nous ne fûmes guère plus tranquilles: dans l'état où nous +étions, nos yeux, nos mains, nos bouches, nos langues, tout +rappela les désirs; nous parlions foutaise; nos tétons, nos +fesses, nos cons étaient maniés, baisés; nous les rendions, +ces caresses, des vits et des couilles en étaient les objets. +Bientôt les effets en parurent avec fierté, nous les +ressentîmes aussi; nous bandions tous encore, nos clitoris +gonflés le démontraient aussi bien que la fermeté de leurs +vits; nous courûmes sur les traces du plaisir qui nous avait +échappé; nous le ramenâmes à nous pour le laisser fuir encore; +mais je voulus que Rose eût une part plus solide que celle qui +lui était tombée jusqu'alors; je la fis coucher les genoux +élevés; mon papa se mit à côté d'elle et, passant ses cuisses +par-dessous ses jambes qu'elle mit en l'air, son vit se +trouvait pointé sur le but; je me mis sur elle, sa tête entre +mes genoux et entre ceux de Vernol qui me le mettait en +levrette. Je mis le vit de mon papa dans son con; il s'y +perdait et reparaissait tour à tour; il prenait nos tétons à +l'une et à l'autre; je la branlais, elle me rendait le même +office; mon con était sur ses yeux; le vit de Vernol qui +allait et venait, ses couilles qui se balançaient, formaient +un spectacle enchanteur pour elle, qui produisit un tel effet +sur ses sens que, dans le même temps que nous mîmes à chercher +le plaisir pour le savourer, Rose avait déjà ressenti quatre +fois ses attraits; quatre fois ses élancements et ses +transports, ses expressions: je me meurs, je décharge, nous en +donnèrent des preuves certaines. Enfin, nos fouteurs de +dessous se réunissant, Rose reçut, dans un cinquième et +copieux épanchement de sa part, le foutre dont mon papa +l'inonda. Leur plaisir excitant le nôtre, nous jouîmes presque +en même temps qu'eux de ces enchantements que nous nous +hâtions d'atteindre. + +Rose se mourait: si elle chérissait le plaisir, celui-ci ne la +fuyait pas; elle en ressentait les effets des trois et quatre +fois contre nous une; son con était une source de foutre; il +lui causait un plaisir si vif qu'elle pinçait et mordait +toutes les fois qu'elle le répandait. Enfin, elle tomba dans +cet état d'anéantissement où l'on ne connaît et ne sent rien +que l'excès des sensations délicieuses qu'il procure. Dès +qu'elle en fut revenue, elle fit tant d'éloges de cette +attitude que je voulus jouir à mon tour de la même +perspective. Aussi, dès que nos forces furent rétablies, nous +n'y changeâmes presque rien; je pris seulement la place +qu'elle occupait, elle se mit sur moi, Vernol la foutait. Ma +tête entre leurs cuisses, je voyais tous leurs mouvements, et +nous nous branlions l'une et l'autre, pendant que le vit de +mon papa fournissait pour moi sa carrière. + +Ce quatrième acte fini, nous étions fatigués, brisés, excédés; +nous avions grand besoin de réparer nos pertes. Nous nous +relevâmes, mon papa fit redescendre la table et nous ranimâmes +nos forces par les restaurants que nous prîmes. Le repos nous +était bien nécessaire. Dès que la table fut relevée, nous nous +couchâmes tous quatre, les uns sur les autres, nos bras et nos +cuisses entrelacés, tenant chacun le cher objet de tous nos +voeux et le divin moteur de nos plaisirs. + +Après une bonne heure de sommeil, Rose, éveillée par un songe +voluptueux, nous tira bientôt de l'espèce de léthargie où nous +étions plongés. Nos caresses et nos baisers recommencèrent; +mais, loin de nous précipiter, nous badinions avec nos désirs +pour en allonger la durée, en multipliant la jouissance, en +retardant l'approche du plaisir: nous allions jusqu'à lui, +nous le repoussions, il nous poursuivait. Rose l'avait déjà +saisi deux ou trois fois; à notre tour il nous atteignit +aussi: il n'est pas sûr de jouer avec lui. Il fut enfin +victorieux, et nous terminâmes cette journée par un cinquième +acte dont Rose fut l'héroïne. + +Couché sur mon papa qui l'enfilait par le grand chemin, Vernol +se présentait à la porte de derrière. J'avais pris l'attitude +qu'elle avait tenue; je mis tout en place et je lui rendais +les mêmes services que j'en avais reçus, pendant que mon papa +me prodiguait des caresses semblables; mais, par un nouveau +badinage, Vernol changeait de temps en temps de route: il +quittait celle où je l'avais conduit pour aller s'accoler avec +mon papa dans le chemin qu'il occupait. Rose trouvait +admirable de les avoir ensemble: il était heureux pour elle +que la même voie pût se prêter à deux de front; mais, au +dernier moment, Vernol reprit le sentier où je l'avais guidé +et qu'il avait occupé d'abord. + +Elle trouva ce dénouement divin et supérieur à tout ce qu'elle +avait éprouvé jusqu'alors; aussi s'écria-t-elle, dans son +enthousiasme: + +-- Que je serais heureuse, et que la mort me serait douce si je +perdais la vie dans un moment si délicieux! + +Nous rîmes de son idée, et nous la trouvâmes bien analogue à +son tempérament et à sa façon de penser. + +Avant de reprendre nos vêtements, mon père découvrit de +nouveau le bassin; je fus enchantée de ce soin; je m'y +plongeai dans l'instant, ils m'y suivirent aussitôt. Je +retirai l'éponge et j'introduisis de l'eau dans le lieu +qu'elle avait occupé. Cette première ablution faite, nous la +renouvelâmes et nous y rimes couler une essence qui nous +embaumait. Ce second bain porta le calme et la fraîcheur dans +tous nos sens. L'heure s'avançait, nous nous hâtâmes d'en +sortir. + +Après nous être rhabillés, nous rimes encore quelques tours +dans les jardins. Enfin, nous remontâmes en voiture sur les +huit heures, et nous rentrâmes en ville une heure après. + +Depuis ce jour, et dans les premiers temps qui le suivirent, +Rose ne cessait de me presser de répéter cette scène. + +Je m'y prêtai d'abord. Peu après je ne me rendais que par +complaisance pour elle qui, sur la fin, en était seule le +coryphée. Enfin, elle me devint insipide, je l'aurais trouvée +même à charge si mon papa n'eût été de la partie. Cette +dégradation ne lui avait point échappé, il en fut enchanté. + +Mon ivresse pour Vernol, que mes yeux et mes sens avaient +seuls produite et où le coeur n'avait point de part, se +dissipait tous les jours: soustraction faite de sa figure et +de sa douceur, on ne trouvait plus rien en lui; elle +s'éteignit totalement et ne me laissa que des regrets; je +revins tout entière au penchant de mon coeur et à mon +attachement qui, loin de diminuer, avait pris de nouvelles +forces. Je regardais mon père comme un homme extraordinaire, +unique, un vrai philosophe au-dessus de tout, mais en même +temps aimable et fait pour toucher réellement un coeur; je +l'aimais, je l'adorais. Ah! chère Eugénie, ce sont les +qualités de l'âme qui, seules, nous fixent, nous enchaînent +indépendamment des sens et coupent les ailes de notre +inconstance naturelle. Les hommes qui réfléchissent n'y +résistent point quand ils les rencontrent, et toute leur +infidélité leur cède: enfin, j'étais le seul objet de sa +tendre affection, comme il l'était de celle de mon coeur. Les +événements qui suivirent achevèrent d'anéantir ces liaisons +que j'avais déjà commencé de rompre. + +Une aventure où Rose brisa plusieurs lances avec trop +d'effronterie et d'imprudence acheva de m'aliéner d'elle et de +Vernol, lorsqu'ils m'en eurent fait un détail que je sus tirer +d'eux. Je fus convaincue que la délicatesse des sentiments +n'habitait point leurs coeurs, et qu'ils n'avaient l'un et +l'autre que ceux de la passion la plus effrénée et la plus +indiscrète. Cette manière d'être et de penser n'étant point +uniforme avec la mienne, je fus entièrement décidée sur leur +compte. + +Je t'ai déjà dit que je ne les voyais plus aussi souvent, ce +qui les engageait à chercher de leur côté tous les amusements +qu'ils pouvaient se procurer: la promenade en faisait partie. +Vernol, conduisant un jour Rose dans un jardin public, +rencontra quatre de ses camarades de collège, dont le plus âgé +avait à peine vingt ans. Reconnaissance, essor de joie, +embrassades, questions multipliées: d'où viens-tu? + +Que fais-tu? Où vas-tu? Quelle est cette belle? La réponse à +la dernière demande donna lieu à nos jeunes gens de faire des +révérences et des compliments qui, sûrement, ne déplaisaient +point à Rose. Satisfaits sur les autres points, ils se +déterminèrent à engager Vernol d'être de leur partie. + +Il était question d'aller hors de la ville se régaler d'une +collation dans quelque endroit commode; ils n'essuyèrent point +de refus de la part de Vernol, et encore moins de Rose: ils +partent. + +Dans les premiers transports de joie, nos jeunes gens avaient +oublié les conventions qu'ils avaient prises ensemble, mais le +plus âgé, en même temps le plus rusé par ce que tu vas voir +ensuite, ne les avait pas perdues de vue. Il tenait Rose avec +un autre sous les bras, les petits propos, les cajoleries, les +expressions énigmatiques, allaient leur train. On était encore +dans la belle saison; on marchait assez vite. En arrivant, on +monte dans une chambre; Rose avait chaud, elle se jeta sur un +lit, découvrit sa gorge, et laissait pencher une jambe qu'elle +savait avoir bien faite; aussi en reçut-elle des éloges qui +l'enivraient. On fit apporter mets, vins et liqueurs de +diverses sortes; les têtes commencèrent à s'échauffer: Rose +sablait, tous en faisaient autant. Dans cette disposition, les +propos, les chansons s'égayèrent, la liberté s'en mêla, les +baisers trottaient; le feu prit, et l'incendie se communiqua. +Le plus âgé, plus hardi et plus expérimenté que les autres, +prit Vernol dans une embrasure et lui fit part des conventions +qu'ils avaient faites avant de partir. Vernol ne put +s'empêcher d'en rire de tout son coeur. Rose, curieuse à son +ordinaire, voulut absolument savoir ce qui lui en donnait +lieu: elle l'appela, le pressa; il ne fit pas de difficulté de +lui raconter que ses camarades étaient convenus entre eux, +avant de les avoir rencontrés, que celui des quatre qui aurait +le vit le plus petit paierait pour tous la bonne chère, et que +celui qui l'aurait le plus gros ferait présent de ce qui +serait bu. + +Dans les transports, les éclats de rire et les élans que ce +récit fit faire à Rose, elle s'agita de façon, en levant une +jambe, qu'elle fît voir presque tout ce qu'elle avait de +caché, et, dans ce premier mouvement, elle s'écria: + +-- Qui donc en sera le juge? + +-- Vous-même, lui dit le plus effronté, croyant bien que Vernol +lui avait rendu compte de ce qu'il avait appris. + +Rose, animée par le vin et par une idée aussi flatteuse pour +elle, répondit que, certainement, elle serait le meilleur juge +et plus en état d'en décider qu'aucun d'eux. De ce moment, on +ne se gêna plus; les expressions les plus hardies, +accompagnées de vin et mêlées de caresses, passaient de bouche +en bouche. Rose, comme un vaillant champion, tenait tête à +tous; mais elle se préparait d'autres assauts qui +l'intéressaient davantage et, voulant en venir au plus tôt à +des effets où elle trouvait plus de solidité, elle appela +Vernol et, lui passant un bras autour du cou, elle pencha sa +tête sur ses tétons qu'elle lui faisait baiser puis, coulant +sa main plus bas, elle s'empara de son vit; lui, de son côté, +glissant la sienne sous ses jupes se saisit de son con. Ses +jupes à demi soulevées ne laissaient rien apercevoir encore, +mais, relevant un genou, elle facilita la découverte de ce +centre du plaisir. Cette vue les anima de telle sorte qu'ils +l'entourèrent, l'un lui prenant une fesse, l'autre une cuisse, +un autre les tétons, chacun en tenait un morceau. Rose, +faisant relever Vernol, leur demanda, en leur montrant son vit +qu'elle tenait, s'ils pouvaient lui faire voir quelque chose +de pareil. Chacun mit aussitôt les armes à la main: elle eut +alors le spectacle enchanteur à ses yeux de voir à la fois +cinq vits bandés, fiers et menaçants, qui lui proposaient le +combat quoique certains d'être vaincus. + +Rose, aussitôt se relevant et s'asseyant sur le lit, les +genoux relevés et écartés, le lieu de la joute totalement à +découvert et présentant la bague: + +-- Je pourrais, dit-elle, décider la question au coup d'oeil; +mais puisque je dois juger je veux y procéder avec tout le +scrupule possible, et même y joindre, s'il le faut, une mesure +qui m'est propre. Cependant commençons. + +Elle les fit ranger tous cinq en leur faisant mettre toutes +pièces à découvert et, prenant son lacet, elle les mesura avec +la plus grande exactitude, tant en longueur qu'en grosseur, +soupesant même avec attention leurs dépendances. + +Le maniement de tous ces vits fit une telle impression sur +elle que, se laissant aller sur le dos et donnant deux ou +trois coups de cul, elle leur fit connaître qu'elle +déchargeait. + +Tous voulaient, dans cet instant, monter sur elle, mais elle +les arrêta: + +-- Je veux avant, dit-elle, prononcer mon jugement. + +Le plus âgé fut tenu de payer les vins et les liqueurs; Vernol +aurait été chargé du restant s'il n'eût été par tous exempté +des obligations de la convention dont il n'était pas. Ce fut +au second, presque du même âge que le premier, que cette +chance tomba, n'étant guère mieux fourni que Vernol. Il était +d'une figure agréable, et Rose, pour dissiper le chagrin qu'il +témoignait, lui promit qu'il serait le premier à passer aux +épreuves. Elle les désirait avec passion: tous ces vits, +toutes ces couilles l'avaient mise en fureur. Ils la prièrent +de les y admettre; elle ne se fit pas presser et, se +renversant sur le lit, elle tendit la main à celui auquel elle +l'avait promis, qui, sautant sur elle, enfonça sur-le-champ +son dard dans l'anneau qu'elle présentait; Vernol le suivit et +les trois autres à leur tour selon la gradation qu'elle avait +observée. Rose, enchantée, arrosée de foutre, nageait dans le +plaisir: sans cesse déchargeant, à peine avait-elle le temps +de respirer; l'un n'avait pas plus tôt quitté la place que +l'autre aussitôt y rentrait. + +Enfin, il fallut se reposer un moment. On était fort échauffé: +boire, rire et caresser remplirent les entractes. + +Rose était toute livrée aux baisers et aux mains fourrageuses +de ces cinq fouteurs. Ils ne purent la souffrir plus longtemps +couverte du moindre voile; bientôt elle fut mise dans l'état +où étaient les trois déesses au jugement de Pâris. + +Tous, jeunes et vigoureux, ne la virent pas plus tôt ainsi que +leurs désirs se montrèrent plus furieux. Rose aurait cédé +volontiers la ceinture de Vénus pour une guirlande de cons +afin de les recevoir tous à la fois, à moins que cette +ceinture de la mère des Amours ne fût de cette espèce. + +Mais, n'en pouvant avoir que deux, elle changea la scène en +faisant mettre le plus gros et le plus long couché sur le lit, +la tête au pied; elle se mit sur lui, les tétons appuyés sur +sa bouche; le moins avantagé se mit sur elle entre leurs +cuisses; chacun prit la route qui lui était présentée; de +chaque main, elle tenait le vit des deux autres, et réserva +Vernol, dont elle prit le hochet entre les lèvres, qu'elle +chatouillait et suçait du bout de sa langue. + +Enfin Rose, au milieu du foutre qui ruisselait de toutes +parts, demeura victorieuse après qu'ils se furent présentés +entre eux vingt-deux fois au combat, qu'elle eut arrosé +trente-neuf fois par elle-même le champ de bataille. Elle +était excédée mais ivre de plaisir. + +Je la vis le lendemain; je la trouvai mourante, les yeux +languissants et abattus. Surprise de la trouver dans cet état, +je la questionnai avec adresse, et je la pressai tant qu'elle +et Vernol me firent enfin l'aveu de cette orgie. + +Je ne me mêlai pas de leur donner des conseils, je voyais trop +combien ils seraient inutiles; je ne daignai pas même les +blâmer. Aussi je ne mets pas en doute qu'elle ne l'ait +renouvelée aussitôt qu'elle l'a pu; mais je ne me mis plus à +même de l'apprendre, et de ce jour je ne les vis plus. + +Rose, livrée sans frein à la passion furieuse dont elle +faisait l'idole de son bonheur, à la fin y succomba. Ses +règles n'avaient point paru; elle ne fut pas longtemps sans +essuyer un épuisement total, suivi de vapeurs affreuses. Sa +vue s'en ressentit, elle ne ressemblait plus qu'à une ombre +ambulante. Sa gaieté fut totalement perdue et un +dépérissement, produit par une fièvre lente, la conduisit +enfin au tombeau. + +Vernol, qu'elle avait jeté dans le même excès, fut saisi d'une +fièvre putride dont il eut beaucoup de peine à revenir, et, +peu de mois après son rétablissement, la petite vérole lui fit +essuyer des ravages qui le défigurèrent totalement. Il fut +encore très mal et ne fit que languir depuis. + +Mon père avait prévu tous ces événements; nous nous +entretenions souvent sur ce sujet. Je sentis mieux que jamais +le prix de ses soins, et mon coeur avait peine à soutenir les +épanouissements qu'il ressentait pour lui. + +Nous nous ménageâmes de plus en plus: plus tendres, plus +voluptueux et délicats que passionnés, nous passions souvent +des nuits dans les bras l'un de l'autre, sans autre plaisir +que celui d'y être, accompagné de douces caresses. + +Quelquefois, rappelant à ma mémoire ce qui s'était passé, le +souvenir m'en donnait un vrai chagrin; et dans une de ces +nuits heureuses où mon coeur plein de lui jouissait de toute +sa félicité, il m'échappa de le lui faire connaître: j'en +versais des larmes. + +-- Qu'as-tu donc, ma chère Laurette? Pourquoi répands-tu des +pleurs? Tes joues viennent d'en mouiller les miennes. + +-- Ah! cher papa, vous ne devez plus m'aimer, vous ne pouvez +plus estimer votre fille. Je ne peux concevoir comment, +dépendante de vous et de vos volontés, vous avez pu vous +prêter aux écarts et aux extravagances d'une imagination +fascinée, et permettre que je m'y livre. + + +(Discours du père) + + +-- Es-tu folle, ma chère enfant? Crois-tu que je fasse dépendre +mon estime et mon amitié des préjugés reçus? + +Qu'importe qu'une femme ait été dans les bras d'un autre amant +si les qualités de son coeur, si l'égalité de son humeur, la +douceur de son caractère, les agréments de son esprit et les +grâces de sa personne n'en sont point altérés, et si elle est +encore susceptible d'un tendre attachement? + +Crois-tu qu'elle ait moins de prix qu'une veuve, à mérite +égal, sur qui l'on aura jeté quelques gouttes d'eau et +marmotté des paroles pour lui permettre de coucher avec un +homme au su de tout le monde, et d'en promener les fruits avec +ostentation? Dis-moi, n'en a-t-elle pas plus que tant de +veuves, et même de prétendues filles dont le mérite est +inférieur? Les femmes sont-elles donc comme les chevaux, +auxquels on ne met de prix qu'à proportion qu'ils sont neufs? +Ecoute mes principes, ma chère fille, je serai satisfait s'ils +peuvent te tranquilliser et te persuader que je t'aime aussi +tendrement et que je ne t'estime pas moins qu'auparavant." +Rien ne me surprend si peu que de voir faire une infidélité, +quoiqu'on ait le coeur rempli d'une affection bien tendre pour +un objet qu'on chérit uniquement; j'en suis un exemple pour +toi. Je t'aime, ma Laurette, et mon amour est né presque avec +toi; je peux même assurer que tu avais à peine sept ans que je +n'aimais uniquement que toi; tu remplis entièrement mon coeur. +T'en ai-je moins fait infidélité avec Lucette, avec Rose et +même avec Vernol? Crois-moi, cette action, qui tient à la +constitution de nos organes, est trop naturelle pour n'être +pas pardonnable, tandis que l'inconstance, qui provient du +sentiment, ne me le paraît pas lorsque l'objet auquel nous +sommes engagés par les liens de l'estime, de la bonne foi, de +la reconnaissance, et par son attachement, ne nous en donne +pas lieu. Encore faut-il des sujets très graves pour autoriser +un dégagement entier: comme la méchanceté du coeur, l'aigreur +dans le caractère et l'emportement journalier dans une humeur +récalcitrante. Mais j'ai supposé un choix heureux: alors +l'inconstance, suivant moi, décèle un coeur léger, ingrat, +perfide et mauvais; je n'en ferais jamais un ami. Tout homme +capable de perfidie et d'inconstance pour une femme qui a de +la délicatesse dans les sentiments, et un esprit agréable et +cultivé, qui s'est livrée à lui et à sa discrétion, est +toujours perfide et inconstant pour son ami. + +Mais l'infidélité passagère ne démontre qu'un tempérament +susceptible d'irritation, que souvent le besoin, l'occasion, +ou même des circonstances imprévues auxquelles on ne peut se +refuser, engagent à satisfaire. + +"Nous sommes composés de contradictions apparentes, la volonté +n'est souvent pas d'accord avec nos actions parce qu'elles ne +dépendent pas d'elle; souvent nous ressentons des impulsions +qui conduisent à des résultats qui paraissent contradictoires, +quoiqu'ils partent cependant de la même source; et celui qui a +reconnu un sixième sens dans le centre de nos individus en +connaissait bien la nature. En effet, dépend-il de notre +volonté de le faire agir ou non? Il n'est point soumis à ses +lois. Tout en nous, au contraire, l'est à notre organisation +et à la fermentation des liqueurs qui la mettent en mouvement. +Rien ne peut s'y opposer, ni les changer, que le temps seul +qui détruit tout. C'est à cet ensemble, qui compose chaque +être différent, que se rapportent les variétés qu'on y +découvre, et c'est encore du sort donné à chacun d'eux qu'ils +tiennent cet ensemble, qui s'y rapporte avec une liaison +parfaite. + +"Nos sens éprouvent, dans l'union des sexes, des impressions +dont nous ne sommes pas les maîtres. Tel objet frappe, séduit, +inspire des désirs aux uns, qui ne produit rien sur les +autres, quoique réellement agréable: j'en ai vu bien des +exemples. Sommes-nous affectés par un objet? + +Tout nous y traîne ou nous y porte; quelquefois nous haïssons +son humeur et son caractère, cependant il fait naître en nous +l'idée d'un plaisir vif, nous en sentons l'effet; le sixième +sens s'élève, nous désirons, nous voulons en jouir à quelque +prix que ce soit, sans avoir le dessein de nous y attacher, et +souvent on le fuit après l'avoir possédé. En un mot, +attachements solides, goûts passagers, tout est dans le cercle +que nous avons à parcourir. Si nous trouvons de la résistance +à nos poursuites, l'amour-propre vient se mêler de +l'entreprise, et l'on emploie plus de souplesses et de moyens +réunis pour vaincre cette résistance que pour attaquer ceux +qu'on estime et qu'on chérit le plus. Enfin, la volupté, +l'ambition et l'avarice, passions qui, du plus au moins, +mènent et maîtrisent tous les hommes pendant leur vie, nous +déterminent et nous entraînent nécessairement dans un +enchaînement de circonstances qui forment le tissu dont notre +existence est enveloppée. Et fais-y bien attention, ma Laure, +ces trois mobiles, qu'on pare souvent de voiles brillants et +de noms adoucis, sont les seuls qui mettent en mouvement les +humains et qui les gouvernent: tels individus par un, par +deux, tels autres par tous les trois ensemble, suivant la +marche qui leur est tracée et la carrière qu'ils ont à +parcourir. + +"Si l'on a reçu de la nature et du rôle qu'on doit faire un +coeur susceptible d'une passion forte et durable, d'un +attachement tendre et délicat, c'est l'analogie des humeurs et +des caractères qui les approche et les unit. L'idée du plaisir +est plus éloignée; on en est moins affecté que de l'intimité +d'une union remplie de douceurs et d'agréments, qui allie les +esprits et les goûts. On est méprisable de relâcher, par sa +faute, des liens de fleurs que vivifie et entretient +l'aménité; aussi ces chaînes sont-elles bien difficiles à +rompre, et cette modification dans les individus a des +influences bien plus déterminées. On y mêle, il est vrai, les +sensations du plaisir; mais leur genre a quelque chose de +différent. Il est un âge où tout ce que je te dis, ma chère +Laurette, paraît une fable; cependant il est puisé dans la +nature. + +"Arrive enfin, à pas plus ou moins lents, l'habitude qui, sans +éteindre les sentiments, sans détruire ces liens aimables, +émousse néanmoins cette pointe de volupté, amortit cette +vivacité de désirs qu'un nouvel objet fait renaître; désirs +qui semblent ajouter à notre existence et faire mieux sentir +le prix et les charmes de la vie dont on jouit; mais on n'en +est pas moins fixé: si l'on peut avoir assez de raison et de +fermeté pour sacrifier une fantaisie, un caprice, un écart +momentané qui pourrait détruire l'accord d'une union intime, +il n'y a pas à balancer; mais la jalousie qui vient y jeter +ses serpents ne la détruit-elle pas plus encore que cette +infidélité passagère? Et n'est-il pas nécessaire que, de part +et d'autre, on sache se prêter sans humeur et sans +tracasseries aux lois imposées par la nature, dont la +puissance est invincible? Ecoutons sa voix, elle parle +partout: ne fermons point nos yeux, ne bouchons point nos +oreilles et notre entendement à ce qu'elle prononce et +démontre; elle annonce en tout la variété, et même que tout +finit. Pourquoi se plaindre d'une loi qui ne peut être éludée, +à laquelle nous sommes absolument soumis, et aussi despotique +que celle de la destruction qui anéantit la modification de +notre être? L'amour-propre et ce fatal égoïsme nous y font +résister. Eh bien! qu'on ne la seconde pas, cette loi, elle +n'en a pas besoin; mais qu'on détourne la vue sans aigreur. + +"Beaucoup de nations, plus près de ses principes, moins +écartées de ses impressions primitives, en suivent bien mieux +l'impulsion que nous qui, à force de polissure, sommes si +éloignés de ses premières notions. + +"Jette les yeux, ma chère Laure, sur toutes les espèces +d'animaux répandus sur notre globe: voit-on les femelles +enchaînées aux mâles qu'elles ont eus l'année précédente? + +La tourterelle, dont on fait une peinture qui n'est si +touchante que parce qu'elle éveille et pique notre amour +propre, ne reste dans le même ménage que jusqu'au temps où sa +famille n'a plus besoin d'elle; souvent le même été la voit +choisir un nouveau favori. Cherche d'autres exemples, ils sont +tous pareils. Consultons la nature, quels ont été son but et +ses desseins? La reproduction des êtres; et elle n'a imprimé +tant de plaisir dans l'union des sexes que pour y parvenir +d'une manière agréable et, par conséquent, plus sûre. Le +plaisir est même si dominant dans notre espèce que, souvent, +il nous fait agir malgré nous. Si je me suis détourné de ce +but avec toi, nos coutumes et nos préjugés m'en ont imposé +l'obligation absolue; mais ce dessein est si marqué qu'un +homme bien constitué peut, en jouissant de plusieurs femmes +fécondes, se reproduire autant de fois qu'il en aura connu. +Si, dans ces deux sexes, on trouve des individus qui ne +répondent pas à ses vues, c'est une erreur passagère de +constitution qui ne détruit pas les lois générales. + +"J'avoue que cette faveur faite aux hommes ne rejaillit pas +sur les femmes; elles ne peuvent ordinairement produire qu'un +seul être; plusieurs hommes n'en feraient pas éclore +davantage, et, souvent même, un mélange trop prompt détruirait +le germe fructifiant s'il n'avait pas été bien fixé; sans +compter encore les fâcheux effets qui résulteraient d'un +mélange diversifié et très prochainement successif. Cependant, +si le premier germe avait pris de profondes racines, et qu'à +quelque temps le même homme ou un autre anime et vivifie un +nouveau germe, elles peuvent produire un second fruit, et même +un troisième; mais ces cas ne sont pas dans le cours commun de +la nature pour notre espèce. + +"Si cette nature a comblé les hommes de faveurs, elle n'a pas +été tout à fait injuste ni marâtre avec elles: les femmes +portent un vide qu'une nécessité perpétuelle, un appétit +indépendant d'elles les porte à remplir. Si l'un ne le peut ou +ne le veut pas, un sentiment plus fort qu'elles et que tous +leurs préjugés en appelle un autre; mais le choix dépend de +leur goût. En effet, pourquoi vouloir absolument qu'elles +souffrent les approches et les caresses de tel objet qu'elles +abhorrent? Que peut produire une union qu'elles détestent et +qui les révolte? Rien, ou des avortons qu'elles ont en +horreur. Combien en voit-on d'exemples? C'est dans de +pareilles conjonctures, qui ne sont que trop multipliées, que +le secours d'une désunion entière serait bien nécessaire. +Elles tiennent de leur existence et de leur constitution le +droit de choisir, et même de changer si elles se sont +trompées. Eh! qui ne se trompe pas? Enfin, c'est ce droit né +avec elles qui les rend plus inconstantes que les hommes, qui +tiennent des lois générales d'être plus infidèles. + +"S'il est en elles, par la constitution de leur sexe, un degré +de volupté plus grand, un plaisir plus vif ou plus durable que +dans le nôtre, qui les dédommage en quelque sorte des +accidents et des peines auxquels elles sont soumises, quelle +injustice de leur en faire un crime! leur tempérament dépend-il +d'elles? De qui l'ont-elles reçu? Leur imagination, plus +aisément frappée et plus vivement affectée en raison de la +délicatesse et de la sensibilité de leurs organes, leur +curiosité excessive et ce tempérament animé leur présentent +des images qui les émeuvent violemment, et qui les obligent de +succomber d'autant plus aisément que le moment présent est, en +général, ce qui les remue avec le plus d'énergie. + +"Ecartons donc la contrainte produite par la jalousie, +enfantée par l'amour-propre et l'égoïsme; elles reviendront +bientôt d'elles-mêmes et sauront, mieux que les hommes, +connaître leurs pertes. Il se trouvera, sans doute, des +exceptions, mais où n'y en a-t-il point? D'ailleurs, +mériteront-elles des regrets? Apprenons donc à nous prêter à +leur essence, rendons plus léger le joug qui leur est imposé, +chargeons de fleurs les liens dans lesquels elles sont +engagées, pour captiver leur esprit, subjuguer leur coeur et +fixer l'inconstance qu'elles ont reçue de la nature. Passons-leur +une infidélité, s'il est nécessaire, pour ne point les +aliéner, ce qui arriverait bientôt, sans doute, si les chaînes +leur paraissaient trop pesantes et trop resserrées; sans cela, +cette belle moitié du genre humain serait trop malheureuse. +Mais ce qu'il y a de singulier c'est que, si ces principes ne +sont point autorisés, ils n'en sont pas souvent moins suivis +en beaucoup de parties et dans bien des climats. + +-- Mais, cher papa, si les femmes n'ont pas reçu, comme les +hommes, un droit à l'infidélité, pourquoi voit-on un nombre +d'entre elles qui, non seulement s'arrogent une telle +prétention, mais encore qui la portent beaucoup plus loin +puisqu'elles la poussent jusqu'à la publicité? Il faut donc +que ce penchant tienne autant à la constitution de notre sexe +qu'à celle du tien. + +-- Erreur, ma fille: dans ton sexe, c'est un écart excessif des +lois générales de la nature, dans lequel les individus sont +portés ou entraînés par un assemblage de circonstances où il +entre souvent de la nécessité, où, souvent aussi, le penchant +n'entre pour rien et dans lequel la plus grande partie ne +reste que par les mêmes circonstances dont la chaîne se +perpétue, ou par fainéantise, habitude, gourmandise, mépris +d'elles-mêmes, et tant d'autres raisons que je ne peux te +détailler. Tu vas voir, par les effets qui en résultent, que +la nature même s'y oppose fortement puisque cet écart, poussé +jusqu'à son dernier période, emporte avec lui des malheurs, +des maux affreux, des suites fâcheuses et tout ce qu'on peut +imaginer de plus funeste. Effets qui ne sont point produits +par l'infidélité des hommes qui ne voient point de femmes +publiques. + +"Je dois, en premier lieu, te faire une comparaison qui te +rendra plus sensibles et plus claires ces lois générales de la +nature. Que, dans vingt vases différents, on verse une même +liqueur, qu'on la survide dans le vaisseau d'où elle est +sortie, elle ne change point de nature, elle sera tout au plus +affaiblie par la transvasion si elle est spiritueuse. Mais +que, dans un même vase, on verse vingt liqueurs différentes et +hétérogènes, il s'établit une fermentation qui change la +combinaison naturelle de ces liqueurs; qu'on vide ce vase sans +le rincer ni l'essuyer, les parois, infectées de la liqueur +fermentée, suffiront pour insinuer un levain qui changera +l'essence d'une seule des vingt qu'on remettrait dedans; ou +qu'on prenne une goutte de cet assemblage fermenté, et qu'on +la mette dans le vaisseau qui en contient une seule, l'effet +en sera le même. + +"De cet exemple, voici les conséquences: qu'un homme sain se +joigne à plusieurs femmes, il ne peut en résulter aucun mal; +c'est la même liqueur versée dans plusieurs vases. Mais qu'une +femme, fût-elle même très saine, s'unisse à plusieurs hommes +coup sur coup qui ne seraient pas infectés, cette diversité de +semence produira, par la fermentation aidée et accélérée par +la chaleur du lieu, les effets les plus dangereux. + +"Qu'une fille, une femme jeune, jolie, libre et indépendante, +mais de la lie du peuple et, par conséquent, sans éducation, +sans soin, sans propreté, sans précaution, se trouve +abandonnée à là publicité, soit par son propre besoin, soit +par celui de vieilles coquines qui, fondant sur ses appas +leurs avantages, la dirigent et l'entraînent dans cette +affreuse conduite, soit par les suites d'un engagement où la +séduction des hommes l'aura jetée, soit enfin par tempérament +ou libertinage de caractère, reçoive plusieurs hommes en un +jour et presque à la suite l'un de l'autre, il est constant +qu'elle ne tardera pas à être infectée: ce sont différentes +liqueurs versées dans un même vase; elle peut même être +sujette à des fleurs blanches très âcres, à des reliquats de +règles de mauvaise qualité, à des ulcères de matrice. Les +semences de ces différents hommes, qui sont hétérogènes, soit +par la diversité du tempérament des individus, soit par la +prodigieuse différence qui se trouve dans l'état de leur +santé, - tels que ceux qui ont des maladies cutanées qui les +rendent encore plus âpres auprès des femmes, tels encore que +ceux qui ont des maladies habituelles qui n'ôtent point la +puissance génératrice, et autres de cette espèce -, mêlées les +unes avec les autres dans le même lieu, où déjà se trouve +quelquefois en lui-même une liqueur viciée ou tout au moins en +disposition de l'être, ces semences fermentent avec plus +d'aisance et de promptitude par la chaleur, s'aigrissent, se +tournent en acide et deviennent un poison d'autant plus subtil +que la matière qui l'a produit l'est elle-même; ce qui prouve +que les femmes ne sont point faites pour être infidèles, et +encore moins pour la prostitution. + +"D'après ce résumé, qui tient à la saine physique, à la raison +et à l'expérience, il est certain que, du moment où il s'est +trouvé des femmes livrées à cet abandon général, la contagion +a dû se développer dans les sources de la vie. + +Ce qui n'est malheureusement que trop général, et, de la plus +vile populace où elle a probablement commencé, elle est montée +jusques aux grands. + +"Mais puisqu'elle existe en action ou en puissance, il est +sans doute nécessaire que des hommes éclairés, remplis de +connaissances appuyées d'une longue expérience, cherchent tous +les moyens de l'arrêter dans son principe, et les communiquent +lorsqu'ils les ont trouvés. Il y en a, ma chère Laure, de ces +hommes bienfaisants qui, sans redouter le blâme et les cris +des sots, sont utiles, non seulement à leurs contemporains +mais encore à la postérité, en découvrant sans fard et sans +déguisement tout ce qu'ils ont acquis pour prévenir et parer +aux accidents qui résultent de la prostitution des femmes. + +"C'est encore ici, ma Laurette, un des avantages de l'éponge. +Mais elle ne suffit pas seule; il s'agit de l'imbiber avant +d'une liqueur où se trouve répandu un sel dont la ténuité est +infinie, qui, par ses préparations étant un alcali puissant, +s'unit avec précipitation aux sels acides de la liqueur +viciée, absorbe dans l'instant leur action, en détruit la +nature, les réduit au moment même en sels neutres et préserve +par conséquent de contagion dans l'union des sexes dont l'un +ou l'autre serait infecté. + +"Qu'une femme trempe l'éponge dans cette eau composée, qu'elle +se l'introduise, elle peut sans risque s'unir de suite à +plusieurs hommes; elle peut même recevoir un homme malsain; +ou, dans le cas de la contagion, ayant soin, pour plus de +sûreté, de la retirer avec son petit cordon aussitôt qu'il est +dehors, de se laver et de s'injecter de la même eau, ou bien +de remettre à chaque fois une éponge imbibée de la même +composition; on peut ensuite laver ces éponges dans une +quantité assez étendue d'eau simple, et s'en servir de nouveau +en les retrempant dans l'eau composée. + +"Si c'est un homme sain qui se joint à une femme qui ne l'est +pas, il peut de même lui introduire cette éponge trempée de +cette composition, ayant attention, quand il sera dehors, de +tremper le membre décalotté dans cette eau qu'on aura soin de +mettre dans un vase de verre, de faïence ou de porcelaine. Et, +pour plus de sûreté, il en fera couler par injection dans le +canal, avec une petite seringue d'ivoire, et non de métal. +S'il était d'une sensation très délicate dans cette partie, +cette eau composée serait coupée par moitié avec de l'eau de +rose ou de plantain. Je ne te dis rien, ma chère Laure, dont +je ne sois très assuré par nombre d'expériences. + +"Je pourrais, ma chère Laure, t'apporter encore nombre +d'autres raisons pour te prouver que la nature n'a pas donné +le même droit aux femmes pour être infidèles; mais il est +constant qu'elle a mis dans leur coeur et dans leur manière +d'être plus d'inconstance que dans notre sexe. On est fort +heureux, quand un objet nous touche sensiblement, de ne pas +essuyer cet événement, et, dût-il nous en coûter quelque +chose, il faut savoir faire un petit sacrifice pour éviter une +perte totale." + + +(Fin du discours du père) + + +Dieux! chère Eugénie, qu'il lisait bien dans notre coeur! tu +l'avoueras sans doute avec moi. Il dégagea mon âme, par cet +exposé de ses sentiments, d'un poids qui la surchargeait; il +lui rendit sa tranquillité et la remplit d'une joie parfaite. +Je voulais cependant encore éclaircir un soupçon que nos +scènes de la campagne m'avaient donné, et je souhaitais qu'il +se vérifiât pour ôter tout retour aux regrets que j'avais +éprouvés; mais je n'eus pas lieu de tirer cet avantage de la +demande que je lui fis: + +-- Je désire, cher papa, te faire une question sur laquelle je +te prie de me satisfaire sans déguisement. + +-- Quoi donc? ma Laurette, pourrais-je en avoir pour toi, et te +donner cet indigne exemple après avoir cherché moi-même à te +rendre toujours sincère? Parle, la vérité dans ma bouche ne +sera pas même fardée. + +-- Quand nous avons été la première fois à la campagne avec +Rose et Vernol, après t'avoir entendu dire à quelle condition +tu te prêtais à ma folie, je me suis persuadée que la vue des +grâces de ce beau garçon avait fait naître tes désirs comme il +avait excité les miens, et que, pour en jouir, tu avais +consenti de céder aux siens en exigeant cette obligation de +lui. Ma persuasion était-elle fondée? + +-- Que tu t'es trompée, ma chère enfant! j'avais des désirs, il +est vrai, tu en voyais les signes certains. Eh! qui n'en +aurait pas eu? Mais les attraits et les charmes répandus sur +toute ta personne en étaient les principaux mobiles; la scène +y ajoutait, mais Vernol n'y était pour rien. Je t'avoue même +que le goût de beaucoup d'hommes pour leur sexe me paraît plus +que bizarre, quoiqu'il soit répandu chez toutes les nations de +la terre; outre qu'il viole les lois de la nature, il me +paraît extravagant, à moins qu'on ne se trouve dans une +disette absolue de femmes; alors la nécessité est la première +de toutes les lois. C'est ce qu'on voit dans les pensions, +dans les collèges, dans les vaisseaux, dans les pays où les +femmes sont renfermées; et ce qu'il y a de malheureux, ce +goût, une fois pris, est préféré. Je ne vois pas du même oeil +celui des femmes pour le leur; il ne me paraît pas +extraordinaire, il tient même plus à leur essence, tout les y +porte, quoiqu'il ne remplisse pas les vues générales; mais au +moins il ne les distrait pas ordinairement de leur penchant +pour les hommes. En effet, la contrainte presque générale où +elles se trouvent, la clôture sous laquelle on les tient, les +prisons dans lesquelles elles sont renfermées chez presque +toutes les nations, leur présentent l'idée illusoire du +bonheur et du plaisir entre les bras d'une autre femme qui +leur plaît; point de dangers à courir, point de jalousie à +essuyer de la part des hommes, point de médisance à éprouver, +une discrétion certaine, plus de beautés, de grâces, de +fraîcheur et de mignardises. + +Que de raisons, chère enfant, pour les entraîner dans une +tendre passion vis-à-vis d'une femme! Il n'en est pas de même +à l'égard des hommes, rien ne les y porte; en général, ils ne +manquent point de femmes, le chemin qu'ils recherchent n'est +pas moins semé de dangers que celui qu'ils fuient dans les +femmes; enfin, il me paraît contraire à tout, et tu dois te +souvenir, que c'est l'unique fois que j'aie agi de même avec +Vernol. Si ce goût recherché me paraît plus que bizarre avec +les hommes, ne pense pas que je le regarde de même avec les +femmes: un homme mal fourni dans un vaste chemin est obligé de +chercher la voie étroite pour répandre, après, la rosée +bienfaisante dans le champ qu'il doit ensemencer. Mais il y a +plus: il existe des femmes qui ne peuvent être aimées que par +ce moyen, et, chez elles, l'entrée du sentier est presque +toujours exempt d'épines. + +"Voici donc les raisons de ma conduite avec Vernol: mon amour +et ma complaisance, tous deux extrêmes pour toi, ma façon de +penser exempte de préjugés, le vif désir de te plaire de toute +façon et de posséder ton affection entière, enfin la +différence que je souhaitais que tu connusses entre les divers +sentiments des hommes (car tu as dû juger que la passion de +Vernol n'avait pour but que la jouissance), tous ces motifs +m'ont fait condescendre à des désirs que tu aurais pu +satisfaire à mon insu si j'avais pris d'autres moyens; désirs +enfin qui t'auraient engagée à me regarder, dans ton coeur, +comme un tyran jaloux si je m'y étais opposé, et j'aurais +perdu pour jamais ta tendresse et ce coeur dont seul je suis +jaloux; mais je ne voulais pas, en te souffrant entre les bras +de Vernol, qu'il s'autorisât de ma complaisance pour toi et +qu'il s'en fit un titre pour penser intérieurement, ou pour +parler, d'une manière désavantageuse. Je désirai qu'il ne pût +même, ainsi que Rose, songer au bonheur qu'il avait trouvé +dans tes bras sans se souvenir, en même temps, qu'il l'avait +payé de sa personne, et que cette réflexion fût un frein pour +ses idées et pour sa langue. Je le fis avec d'autant plus de +raison qu'en général, dans la jouissance des femmes, les +hommes ne sont guère prudents ni discrets. Pour ajouter encore +une preuve de ma franchise et de mes vues réelles, c'est que +Rose, de ce côté-là, n'a pas reçu de ma part une pareille +offrande, quoique cela soit plus naturel avec une femme, comme +je te l'ai déjà dit, et que même elle y gagne presque +toujours: mais elle ne m'était pas nécessaire; et malgré que +ce fût la première fois qu'elle en eût essayé, j'ai laissé ces +prémices à Vernol. Juge de là si tu t'es trompée. + +Je pris mon papa dans mes bras, je le serrai contre mon coeur, +je le pressai contre mon sein, je l'étouffais: + +-- Cher et tendre papa, je sens plus que jamais jusqu'où +s'étendent tes bontés et ton amour pour ta Laurette. Tous les +moments de mes jours seront désormais consacrés à te prouver +le mien. Mes soins, ma complaisance, mes plus secrètes pensées +dont je te ferai part, enfin la constance et la fidélité de ma +tendresse pour toi en seront des témoignages continuels et des +preuves certaines. Des baisers et des caresses sans nombre en +furent les gages. + +Je jouissais avec lui, depuis près de quatre ans, d'une +tranquillité douce et charmante; j'en faisais toute ma +félicité: prévenante et prévenue, caressante et caressée, mes +jours étaient filés par le plaisir et le bonheur quand, au +bout de ce terme, il fut troublé par la mort de Lucette. Son +souvenir m'était toujours bien cher, il était le fruit de la +sincère amitié que nous avions l'une pour l'autre, en tout sa +conduite avait été guidée par la tendre affection qu'elle +avait pour mon père et pour moi. J'avais trop bien connu la +différence qu'il y avait entre elle et Rose et je mettais à +son attachement un tout autre prix. Mais la perte que je +faisais était un préparatif aux tourments et aux noirs +chagrins que je devais essuyer. Quel récit exiges-tu de moi, +chère Eugénie? Pourquoi renouveler ma douleur? Mon coeur se +déchire encore au souvenir de mon infortune; les mêmes +angoisses se font sentir avec une force pareille au moment de +ce détail. Non, je ne puis passer outre..." + +Je reprends, trop chère amie, ce fatal et cruel récit que j'ai +été forcée de suspendre. Je n'étais plus à moi, mon coeur +était navré, ma main tremblante laissait tomber ma plume, les +sanglots m'étouffaient, mes yeux offusqués ne pouvaient +retenir l'abondance de larmes où tu m'as vue plongée, et que +ton amitié consolante aurait encore essuyée si j'avais été +près de toi. Enfin mon coeur, un peu dégagé, me rend la +liberté de retracer mon malheur à tes yeux. + +Tu sais que j'étais dans ma vingtième année quand mon papa, le +plus tendre et le plus aimable des pères, et en même temps le +plus chéri, duquel j'aurais voulu racheter la vie de tout mon +sang et dont la perte est irréparable pour moi, fut emporté +par une fluxion de poitrine dont tout l'art des médecins ne +put le sauver. Je ne le quittais point, j'étais jour et nuit +près de son lit que j'arrosais de mes pleurs; je m'efforçais +de les cacher; ma bouche était collée sur ses mains. Ce +spectacle le pénétrait; il aurait voulu m'épargner celui de +son état, il tâchait de m'éloigner mais il ne fut pas possible +de m'y faire consentir: je n'écoutais rien, à peine pouvais-je +prêter un peu d'attention à quelques conseils qu'il me +donnait; car il sentait sa situation et la soutenait avec +fermeté. Enfin le coup me fut porté et je reçus sur mes lèvres +son dernier soupir. Ah! quelle perte pour moi, Eugénie! chère +Eugénie! mes yeux arrosent encore le papier sur lequel je +trace ce douloureux récit. Je lui étais mille fois plus +attachée que s'il eût été réellement mon père. Il m'avait fait +connaître le comte de Norval, aux plaisirs duquel je devais le +jour: je l'avais vu sans émotion et sans autre intérêt que +celui de la curiosité; mon coeur ne disait rien. Le désir +d'envisager celui qui avait contribué à mon existence était le +seul guide qui me conduisait. Où est donc, disais-je en +moi-même, cette voix intérieure qui nous porte vers ceux à qui +nous devons la vie?... Vains propos, chimères: notre coeur +parle, mais c'est pour ceux qui ont fait et préparé notre +bonheur. + +Enfin, ma douleur sombre, le désespoir, le désordre de mes +facultés anéanties, le déchirement de mon coeur et mes regrets +amers avaient totalement éloigné de moi le repos et le +sommeil. L'embrasement se mit dans mes veines et je fus +moi-même très mal: je voulais mourir, mais mon heure n'était pas +venue, et ma jeunesse fut un des moyens dont le sort se servit +pour me sauver. Aussitôt que j'eus repris mes forces, je n'eus +d'autres pensées que de m'enterrer vive: j'avais tout perdu, +la vie m'était odieuse. Un couvent fut le seul but de mes +désirs: aurais-je jamais pu croire y trouver quelque +adoucissement à mes peines? Mon chagrin serait encore dans +toute sa force s'il n'avait été modéré dans tes bras. Souffre, +belle et tendre amie, que, pour ma propre satisfaction, je +peigne à tes yeux mêmes l'image des doux instants que j'ai +passés près de toi et où tu as versé un baume salutaire sur +les plaies de mon coeur. Ce penchant qu'on nomme sympathie, +cet intérêt qu'on prend aux infortunés par la similitude où +l'on peut se trouver avec eux, te fit concevoir de l'amitié +pour moi presque aussitôt que je fus dans ton couvent, où je +voulais me fixer et pleurer en liberté. Tu pénétras l'état de +mon coeur sans en connaître les motifs, tu vins essuyer mes +larmes, tu quittais ta cellule pour dissiper ma langueur. Ta +jeunesse, tes grâces, tes attraits et ton esprit donnaient du +poids à tes discours, mais tu t'apercevais aisément, le +lendemain, que la solitude de la nuit détruisait tous les +soins que tu avais pris pendant le jour. Tu parvins enfin à +partager mes ennuis et mon lit. + +Que je fus surprise des trésors que ta guimpe et tes habits +recelaient! Cet instant ranima d'un sentiment vif le souvenir +de mes peines: tu vis couler mes pleurs, tu en fus étonnée, tu +voulais connaître la cause et découvrir un secret que tu as si +bien su m'enlever depuis. + +Je ne tenais à rien, j'étais dans une inertie totale, à peine +aurais-je su que j'existais sans le sentiment de ma douleur. + +Je concevais le besoin d'une amie, mais je n'espérais plus en +trouver une telle que je la désirais. Ce fut dans cet instant +que je sentis plus vivement combien Lucette me manquait, je ne +comptais pas pouvoir la remplacer, bien moins me flattais-je +d'en trouver une semblable sous le masque qui te couvre. Ton +caractère, ton humeur, ton âme vinrent sans déguisement se +montrer à moi et se joindre à ta figure charmante; j'en fis +quelque temps mon étude, et mes observations furent toutes en +ta faveur; enfin ton amitié et ta confiance établirent les +miennes. Tes confidences furent payées par celles que je te +fis alors, et je trouvai dans tes bras l'adoucissement que tu +cherchais à me procurer. Avec quelles satisfactions je me +rappelle encore cette nuit où tu me dis: + +-- Aimable Laure, chère amie, j'ai lieu d'être persuadée que +tes chagrins sont cuisants; mais si je puis, en te faisant +part des miens, émousser le sentiment de ceux qui t'accablent, +j'aurai du moins le contentement que me donnera la diminution +de ta douleur. + +Tu jugeais avec raison qu'observant une réserve exacte sur le +secret de mon coeur, je pouvais aussi garder le tien: tu ne te +trompais pas; il me semble encore t'entendre me dire: + +-- Écoute, ma chère, j'aime, oui, j'aime aussi tendrement qu'on +puisse aimer, et j'ai le malheur cruel d'être couverte des +livrées religieuses. Des béguines emmiellées et trompeuses ont +entouré de murs et de grilles ma jeunesse sans expérience et +l'ont attirée dans leur cachot infernal. Mon ignorance, des +voeux, des préjugés sont mes tourments; les désirs, mes +bourreaux, et j'en suis la victime. La nuit, le sommeil est +loin de mes yeux, et les larmes s'en emparent; le jour, tout +me déplaît et m'ennuie; mon âme est absorbée: juge de mon +état. Libre comme tu es, tu peux au moins sans crainte livrer +à l'amant que tu chéris les appas que j'ai vus et que je +touche. + +Ta main, que tu mis sur mon sein, me fit frissonner: + +-- Ah! chère Eugénie, te dis-je avec transport, voilà le jour +de mon désespoir! je l'ai perdu cet amant que j'adorais, et la +mort me l'a ravi. Dieux! que n'est-il ici! mais c'est lui, +oui, c'est lui que je tiens. + +Je te serrais dans mes bras, tu me faisais illusion. Hélas! le +détail de tes charmes, que je parcourus, me rendit à moi-même; +ce qui te manquait détruisit le prestige de mon imagination et +le fantôme qu'elle se créait. Cependant, tes attraits +répandirent sur ma langue tous les éloges que tu méritais si +bien. Ton sein, ta taille, tes fesses, tes cuisses, ta motte +et ta peau, tout en fut un sujet pour moi: + +-- Quel plaisir! m'écriai-je, pour ton amant et pour toi s'il +te tenait dans ses bras comme je te serre dans les miens. + +Tu désirais t'instruire, tu voulais savoir, tu balançais, tu +cherchais à m'interroger, et tu n'osais. Je te voyais venir. + +Tu pris enfin la résolution de me demander si j'avais +connaissance de ces plaisirs et s'ils étaient si grands. Je te +l'avouai; je t'en fis une peinture qui t'enchantait sans +pouvoir les concevoir: + +-- Il faut les éprouver, te dis-je. Quoi donc! à dix-sept ans +passés ne les pas connaître? Si tu veux, ma chère, je t'en +ferai goûter au moins ce qu'ils ont de plus vif. + +Ta curiosité, tes désirs que mes caresses faisaient naître et +qui firent couler le feu de la volupté dans toutes les parties +de ton corps, t'y firent consentir. L'envie de te consoler à +mon tour, et de dissiper les ténèbres de ton ignorance, +suspendit mes peines. Tu te prêtas à mes leçons: j'écartai tes +cuisses, je caressai les lèvres de ton petit conin dont les +roses étaient à peine épanouies; je n'osai t'y enfoncer le +doigt, tu n'étais pas encore assez endoctrinée pour que tu +eusses regardé la première douleur comme propre à produire une +augmentation de plaisir. Bientôt je gagnai le trône de la +volupté, et ton charmant clitoris, que je caressai, te jeta +dans une extase dont tu pouvais à peine revenir: + +-- Ah! Dieux! me dis-tu, ma chère Laurette, quelles suprêmes +délices! + +Tu me pris à ton tour pour ton amant; j'étais couverte de tes +baisers; tes mains s'égarèrent sur tout mon corps: tu voulus +me rendre le service que tu venais de recevoir de moi, mais +mon coeur, encore trop serré, ne s'y prêtait pas et je retins +ta main. Je te repris bientôt dans mes bras et, renouvelant +mes caresses, je t'en appris davantage sur le premier instant +de jouissance. Tu étais animée, tu fus aisément persuadée. + +-- Eh bien! me dis-tu avec cette charmante vivacité qui te va +si joliment, fais de moi ce que tu voudras. + +Je repris ton petit conin, j'y enfonçai le doigt d'une main +tandis que je te branlais de l'autre. La douleur, mêlée au +plaisir, te le fit trouver encore plus délicieux: c'est moi, +chère et tendre amie, oui, c'est moi l'heureuse mortelle qui +ai cueilli ton pucelage, cette fleur si rare et si recherchée. + +Plus libre avec toi, qui venais de connaître et sentir les +attraits de la volupté, je ne craignis plus de t'ouvrir mon +coeur en entier, de t'en faire parcourir toutes les routes et +de te raconter, en raccourci, ce que je retrace ici dans +toutes ces circonstances. Si le plaisir et ma main ont su te +dégager des entraves de l'ignorance et des préjugés qu'elle +enfante, combien n'ai-je pas eu de peine à te vaincre sur tous +les autres! La crainte de la grossesse ne te faisait plus +trembler, je t'en avais guérie par mon récit et ma propre +expérience. Ton amant me devait déjà tes premiers pas à son +bonheur et à ta jouissance: + +-- Hélas! me disais-tu, la plupart des dogmes dont on a bercé +mon enfance jusqu'à présent, les voeux qu'on m'a dictés, cette +guimpe, ces grilles qui nous entourent, tout s'y oppose. + +Mais ton amour, mes avis et mon assistance ont affaibli ces +préjugés et vaincu tous les obstacles. Tu me dois donc, chère +Eugénie, la tranquillité d'esprit et de société dont tu jouis. +De toute façon ton amant me doit sa victoire, de toute manière +mon amitié vous a servis tous deux. Mais avant, j'ai voulu +connaître ce Valfay si cher à ton coeur, étudier sa façon de +penser, et juger s'il méritait ton amour, ta confiance et tes +faveurs. Ces soins, tu le sais, n'ont pas été l'affaire d'un +jour. Les femmes dont le jugement a été cultivé ont le tact +fin, délicat et sûr pour pénétrer dans le coeur des hommes +malgré leurs détours, leur duplicité et les voiles dont ils +cherchent à se couvrir. Mais je fus contente de Valfay, je +trouvai suffisamment en lui pour me faire présumer que je ne +risquais plus rien à prendre tout sur moi pour satisfaire tes +désirs, aider ton peu d'expérience et bannir tes frayeurs. +Heureusement je servais, dans ton couvent, de prétexte à son +amour tandis que je travaillais pour vous deux, car ta +faiblesse et ta timidité n'auraient jamais été vaincues sans +mon secours. Retrace-toi ce jour où, après un temps assez +long, ton amant te pressait avec les instances les plus vives +de le rendre heureux: je le secondais de tout mon pouvoir, tu +t'en défendais et tu le désirais. Tu lui opposais des raisons +qui te paraissaient bien fortes, tu lui présentais des +obstacles insurmontables à tes yeux, tu me faisais compassion. +J'avais pitié de lui; je ne vous le cachai pas, je voyais +l'ardeur de vos désirs portée à son comble. L'instant me parut +favorable, je m'enivrai de l'idée de contribuer à ta félicité: + +-- Eh bien! te dis-je, je vais tout surmonter. Valfay, tu +serais un ingrat, un homme indigne de son bonheur si ma +conduite pour te le procurer influait, dans ton esprit, à mon +désavantage. + +Je fermai les portes du parloir de notre côté, malgré tes +oppositions apparentes; ton amant en fit autant du sien. + +Je te pris dans mes bras, je t'approchai de la grille, je +soulevai ta guimpe; il prit tes tétons, il baisait tes lèvres, +il suçait ta langue que tu lui donnas à la fin. Mais la soif +dévorante du désir lui fit porter sa main sous tes jupes pour +saisir ta motte et s'en emparer. Je te pressais contre lui, je +te baisais aussi, tu ne pouvais m'échapper ni retirer tes bras +des miens: il eut enfin l'adresse et la satisfaction de les +lever et de saisir cet aimable petit conin où tous les +attraits de la jeunesse et de la fraîcheur sont répandus. Ses +caresses t'embrasèrent du feu de la volupté; il en était +dévoré, il maudissait cette impitoyable grille qui nous +séparait et s'opposait à sa jouissance. J'étais émue, hors de +moi-même: + +-- Quoi! dis-je à ton amant, vous avez en vous si peu de +ressources? Ah! Valfay, quand on aime bien tout devient +facile. J'aime donc ma chère Eugénie plus tendrement que vous; +je veux lui prouver que ce sentiment me rend tout possible, et +que rien ne peut m'arrêter pour le satisfaire, en vous +obligeant tous deux; car si elle est abandonnée à elle-même +vous êtes perdu. + +Tu te rendis enfin. Je te fis monter sur l'appui de la grille, +tes mains posées sur mes épaules; je .te soutenais. Valfay +releva ces habits noirs qui faisaient briller l'éclat et la +blancheur de tes fesses charmantes; il les maniait, les +baisait, leur rendait l'hommage qui leur était dû. Ton petit +conin, encadré dans un des carreaux de la grille, était un +tableau vivant qui l'enchantait. Il lui donna cent baisers. +Mais, pressé de couronner son bonheur, il te le mit, tandis +que, passant moi-même ma main entre tes cuisses, je te +branlais. + +Le plaisir que nous appelions, que nous caressions, vint +s'emparer de toi; tu prenais mes tétons, tu me baisais, tu me +mangeais, tu déchargeais. Valfay, prêt à en faire autant, eut +la prudence de se retirer; sa volupté vint expirer entre mes +doigts et se répandre sur ma main comme la lave d'un volcan. +Je vous abandonnai pour lors tous deux à vous mêmes; tu vis, +tu pris en main, tu caressas ce bijou dont tant de fois je +t'avais fait la peinture; mais, manquant des facilités que je +te procurais, tu ne pus recommencer d'en faire usage. Tu m'en +fis, à ton retour, des plaintes amères; tu n'osais me demander +de servir encore ta maladresse; j'apercevais à quel point tu +le désirais, tu me pressais, tu me conjurais de ne plus te +quitter. Tu voulus, cruelle amie, que je fusse témoin de tes +plaisirs et de ta félicité pendant que la mienne était perdue +pour toujours. Il fallut que ma complaisance et mon amitié +pour toi me sollicitassent encore de t'offrir de nouveaux +secours. Mes offres t'enchantèrent, tu m'accablas de caresses +et de baisers; je te fis penser, en cet instant, à te munir de +l'éponge salutaire, et tu m'entraînas pour être présente à vos +transports et au bonheur dont vous jouissiez. Toi-même me fis +voir le dieu que portait Valfay, ce dieu que tu chérissais, +avec lequel tu badinais et dont il m'avait, dès la première +fois, fait sentir la présence. Tu ajoutais de jour en jour à +tes folies, tu lui découvrais mes tétons et tout ce que +j'avais de plus caché, je me prêtais à ton badinage, tu les +lui faisais toucher. Dans quel état et dans quelle émotion me +mettiez-vous tous les deux! Je te le disais à l'oreille, et la +pitié perfide te faisait révéler mon secret. Tu voulais me +faire jouir de ton amant, tu lui souhaitais mes faveurs, tu me +pressais de les lui accorder, tu voulais enfin me porter à la +place que tu avais occupée. Ton aveu, tes empressements et ses +désirs, dont tu mettais entre mes mains les témoignages +sensibles, l'engageaient à m'en solliciter. Je résistai +toujours: tes prières, ses sollicitations, le feu même qui +roulait dans mes veines, ne purent m'y déterminer. Non, ma +chère Eugénie, non, en vain espères-tu de lui faire remporter +la victoire, je n'y consentirai jamais. A tort me fais-tu des +reproches, ce n'est ni par haine, ni même indifférence: Valfay +détruit l'une et n'est point fait pour inspirer l'autre; mais +ton amitié seule me suffit. Après la perte que j'ai faite, je +renonce pour toujours à toute liaison intime avec les hommes, +et je serai ferme dans cette résolution. Tu dois en être +persuadée puisque, malgré vos plaisirs, les caresses que vous +vous faisiez, celles que j'ai reçues, la vue et le toucher de +ce que vous avez de plus intéressant, et vos transports qui +animaient mes sens et les mettaient en désordre, je ne me suis +pas laissé vaincre. J'étais contente et satisfaite lorsque, la +nuit, dans tes bras, tu apaisais les feux que tu avais allumés +le jour. + +Un destin, jaloux de la tranquillité que j'avais retrouvée, +est venu l'interrompre: le mariage de ma cousine, la nécessité +de mes affaires ont précipité mon départ et nous ont séparées +pour quelque temps. Tu as exigé de mon amitié, tu lui as +commandé que, pendant mon éloignement, je t'entretinsse encore +et te fisse un détail exact de ce que je t'avais dit en plus +grande partie et que tu écoutais avec tant de plaisir et +d'avidité. J'ai rempli ma promesse: quel sacrifice je fais à +la prudence! Tu connais ton pouvoir sur moi, tu sais combien +je te chéris; tu réunis aujourd'hui tous les sentiments de mon +coeur: partagés autrefois dans le monde et la société, tu les +rassembles tous. Reçois-en pour assurance mille baisers que je +t'envoie, ils te diront combien je soupire après le doux +instant de te les donner moi-même enveloppée de tes bras et +serrée dans les miens. Ah! ma chère, pourquoi cet instant +n'est-il pas encore arrivé? Je me flatte au moins qu'il sera +très prochain. Je t'apporterai ce bijou, semblable à celui de +Valfay mais moins dangereux: s'il n'est pas aussi naturel, ses +avantages n'en sont pas moins grands puisqu'il remplira, sans +les risques des alentours, le vide qui se fait sentir dans nos +plaisirs. Si tu te trouves bien de son usage, notre tendre +amitié nous tiendra lieu de tout. Et puisque Valfay se trouve +dans l'obligation de s'éloigner de toi pour un temps, crois-moi, +chère amie, laissons affaiblir les liaisons étrangères +qui pourraient, à la fin, devenir fatales, étant hors de nous. +J'irai bientôt à mon tour essuyer tes pleurs. Oui, tendre +amie, oublions l'univers pour ne nous en tenir qu'à nous-mêmes. + +Attends-moi donc au plus tôt. + + + + + + + + + +End of the Project Gutenberg EBook of Le Rideau levé, by Comte de Mirabeau + +*** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LE RIDEAU LEVÉ *** + +***** This file should be named 26809-8.txt or 26809-8.zip ***** +This and all associated files of various formats will be found in: + https://www.gutenberg.org/2/6/8/0/26809/ + +Produced by Daniel Fromont + +Updated editions will replace the previous one--the old editions +will be renamed. + +Creating the works from public domain print editions means that no +one owns a United States copyright in these works, so the Foundation +(and you!) can copy and distribute it in the United States without +permission and without paying copyright royalties. Special rules, +set forth in the General Terms of Use part of this license, apply to +copying and distributing Project Gutenberg-tm electronic works to +protect the PROJECT GUTENBERG-tm concept and trademark. Project +Gutenberg is a registered trademark, and may not be used if you +charge for the eBooks, unless you receive specific permission. If you +do not charge anything for copies of this eBook, complying with the +rules is very easy. You may use this eBook for nearly any purpose +such as creation of derivative works, reports, performances and +research. They may be modified and printed and given away--you may do +practically ANYTHING with public domain eBooks. Redistribution is +subject to the trademark license, especially commercial +redistribution. + + + +*** START: FULL LICENSE *** + +THE FULL PROJECT GUTENBERG LICENSE +PLEASE READ THIS BEFORE YOU DISTRIBUTE OR USE THIS WORK + +To protect the Project Gutenberg-tm mission of promoting the free +distribution of electronic works, by using or distributing this work +(or any other work associated in any way with the phrase "Project +Gutenberg"), you agree to comply with all the terms of the Full Project +Gutenberg-tm License (available with this file or online at +https://gutenberg.org/license). + + +Section 1. General Terms of Use and Redistributing Project Gutenberg-tm +electronic works + +1.A. By reading or using any part of this Project Gutenberg-tm +electronic work, you indicate that you have read, understand, agree to +and accept all the terms of this license and intellectual property +(trademark/copyright) agreement. If you do not agree to abide by all +the terms of this agreement, you must cease using and return or destroy +all copies of Project Gutenberg-tm electronic works in your possession. +If you paid a fee for obtaining a copy of or access to a Project +Gutenberg-tm electronic work and you do not agree to be bound by the +terms of this agreement, you may obtain a refund from the person or +entity to whom you paid the fee as set forth in paragraph 1.E.8. + +1.B. "Project Gutenberg" is a registered trademark. It may only be +used on or associated in any way with an electronic work by people who +agree to be bound by the terms of this agreement. There are a few +things that you can do with most Project Gutenberg-tm electronic works +even without complying with the full terms of this agreement. See +paragraph 1.C below. There are a lot of things you can do with Project +Gutenberg-tm electronic works if you follow the terms of this agreement +and help preserve free future access to Project Gutenberg-tm electronic +works. See paragraph 1.E below. + +1.C. The Project Gutenberg Literary Archive Foundation ("the Foundation" +or PGLAF), owns a compilation copyright in the collection of Project +Gutenberg-tm electronic works. Nearly all the individual works in the +collection are in the public domain in the United States. If an +individual work is in the public domain in the United States and you are +located in the United States, we do not claim a right to prevent you from +copying, distributing, performing, displaying or creating derivative +works based on the work as long as all references to Project Gutenberg +are removed. Of course, we hope that you will support the Project +Gutenberg-tm mission of promoting free access to electronic works by +freely sharing Project Gutenberg-tm works in compliance with the terms of +this agreement for keeping the Project Gutenberg-tm name associated with +the work. You can easily comply with the terms of this agreement by +keeping this work in the same format with its attached full Project +Gutenberg-tm License when you share it without charge with others. + +1.D. The copyright laws of the place where you are located also govern +what you can do with this work. Copyright laws in most countries are in +a constant state of change. If you are outside the United States, check +the laws of your country in addition to the terms of this agreement +before downloading, copying, displaying, performing, distributing or +creating derivative works based on this work or any other Project +Gutenberg-tm work. The Foundation makes no representations concerning +the copyright status of any work in any country outside the United +States. + +1.E. Unless you have removed all references to Project Gutenberg: + +1.E.1. The following sentence, with active links to, or other immediate +access to, the full Project Gutenberg-tm License must appear prominently +whenever any copy of a Project Gutenberg-tm work (any work on which the +phrase "Project Gutenberg" appears, or with which the phrase "Project +Gutenberg" is associated) is accessed, displayed, performed, viewed, +copied or distributed: + +This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with +almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or +re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included +with this eBook or online at www.gutenberg.org + +1.E.2. If an individual Project Gutenberg-tm electronic work is derived +from the public domain (does not contain a notice indicating that it is +posted with permission of the copyright holder), the work can be copied +and distributed to anyone in the United States without paying any fees +or charges. If you are redistributing or providing access to a work +with the phrase "Project Gutenberg" associated with or appearing on the +work, you must comply either with the requirements of paragraphs 1.E.1 +through 1.E.7 or obtain permission for the use of the work and the +Project Gutenberg-tm trademark as set forth in paragraphs 1.E.8 or +1.E.9. + +1.E.3. If an individual Project Gutenberg-tm electronic work is posted +with the permission of the copyright holder, your use and distribution +must comply with both paragraphs 1.E.1 through 1.E.7 and any additional +terms imposed by the copyright holder. Additional terms will be linked +to the Project Gutenberg-tm License for all works posted with the +permission of the copyright holder found at the beginning of this work. + +1.E.4. Do not unlink or detach or remove the full Project Gutenberg-tm +License terms from this work, or any files containing a part of this +work or any other work associated with Project Gutenberg-tm. + +1.E.5. Do not copy, display, perform, distribute or redistribute this +electronic work, or any part of this electronic work, without +prominently displaying the sentence set forth in paragraph 1.E.1 with +active links or immediate access to the full terms of the Project +Gutenberg-tm License. + +1.E.6. You may convert to and distribute this work in any binary, +compressed, marked up, nonproprietary or proprietary form, including any +word processing or hypertext form. However, if you provide access to or +distribute copies of a Project Gutenberg-tm work in a format other than +"Plain Vanilla ASCII" or other format used in the official version +posted on the official Project Gutenberg-tm web site (www.gutenberg.org), +you must, at no additional cost, fee or expense to the user, provide a +copy, a means of exporting a copy, or a means of obtaining a copy upon +request, of the work in its original "Plain Vanilla ASCII" or other +form. Any alternate format must include the full Project Gutenberg-tm +License as specified in paragraph 1.E.1. + +1.E.7. Do not charge a fee for access to, viewing, displaying, +performing, copying or distributing any Project Gutenberg-tm works +unless you comply with paragraph 1.E.8 or 1.E.9. + +1.E.8. You may charge a reasonable fee for copies of or providing +access to or distributing Project Gutenberg-tm electronic works provided +that + +- You pay a royalty fee of 20% of the gross profits you derive from + the use of Project Gutenberg-tm works calculated using the method + you already use to calculate your applicable taxes. The fee is + owed to the owner of the Project Gutenberg-tm trademark, but he + has agreed to donate royalties under this paragraph to the + Project Gutenberg Literary Archive Foundation. Royalty payments + must be paid within 60 days following each date on which you + prepare (or are legally required to prepare) your periodic tax + returns. Royalty payments should be clearly marked as such and + sent to the Project Gutenberg Literary Archive Foundation at the + address specified in Section 4, "Information about donations to + the Project Gutenberg Literary Archive Foundation." + +- You provide a full refund of any money paid by a user who notifies + you in writing (or by e-mail) within 30 days of receipt that s/he + does not agree to the terms of the full Project Gutenberg-tm + License. You must require such a user to return or + destroy all copies of the works possessed in a physical medium + and discontinue all use of and all access to other copies of + Project Gutenberg-tm works. + +- You provide, in accordance with paragraph 1.F.3, a full refund of any + money paid for a work or a replacement copy, if a defect in the + electronic work is discovered and reported to you within 90 days + of receipt of the work. + +- You comply with all other terms of this agreement for free + distribution of Project Gutenberg-tm works. + +1.E.9. If you wish to charge a fee or distribute a Project Gutenberg-tm +electronic work or group of works on different terms than are set +forth in this agreement, you must obtain permission in writing from +both the Project Gutenberg Literary Archive Foundation and Michael +Hart, the owner of the Project Gutenberg-tm trademark. Contact the +Foundation as set forth in Section 3 below. + +1.F. + +1.F.1. Project Gutenberg volunteers and employees expend considerable +effort to identify, do copyright research on, transcribe and proofread +public domain works in creating the Project Gutenberg-tm +collection. Despite these efforts, Project Gutenberg-tm electronic +works, and the medium on which they may be stored, may contain +"Defects," such as, but not limited to, incomplete, inaccurate or +corrupt data, transcription errors, a copyright or other intellectual +property infringement, a defective or damaged disk or other medium, a +computer virus, or computer codes that damage or cannot be read by +your equipment. + +1.F.2. LIMITED WARRANTY, DISCLAIMER OF DAMAGES - Except for the "Right +of Replacement or Refund" described in paragraph 1.F.3, the Project +Gutenberg Literary Archive Foundation, the owner of the Project +Gutenberg-tm trademark, and any other party distributing a Project +Gutenberg-tm electronic work under this agreement, disclaim all +liability to you for damages, costs and expenses, including legal +fees. YOU AGREE THAT YOU HAVE NO REMEDIES FOR NEGLIGENCE, STRICT +LIABILITY, BREACH OF WARRANTY OR BREACH OF CONTRACT EXCEPT THOSE +PROVIDED IN PARAGRAPH F3. YOU AGREE THAT THE FOUNDATION, THE +TRADEMARK OWNER, AND ANY DISTRIBUTOR UNDER THIS AGREEMENT WILL NOT BE +LIABLE TO YOU FOR ACTUAL, DIRECT, INDIRECT, CONSEQUENTIAL, PUNITIVE OR +INCIDENTAL DAMAGES EVEN IF YOU GIVE NOTICE OF THE POSSIBILITY OF SUCH +DAMAGE. + +1.F.3. LIMITED RIGHT OF REPLACEMENT OR REFUND - If you discover a +defect in this electronic work within 90 days of receiving it, you can +receive a refund of the money (if any) you paid for it by sending a +written explanation to the person you received the work from. If you +received the work on a physical medium, you must return the medium with +your written explanation. The person or entity that provided you with +the defective work may elect to provide a replacement copy in lieu of a +refund. If you received the work electronically, the person or entity +providing it to you may choose to give you a second opportunity to +receive the work electronically in lieu of a refund. If the second copy +is also defective, you may demand a refund in writing without further +opportunities to fix the problem. + +1.F.4. Except for the limited right of replacement or refund set forth +in paragraph 1.F.3, this work is provided to you 'AS-IS' WITH NO OTHER +WARRANTIES OF ANY KIND, EXPRESS OR IMPLIED, INCLUDING BUT NOT LIMITED TO +WARRANTIES OF MERCHANTIBILITY OR FITNESS FOR ANY PURPOSE. + +1.F.5. Some states do not allow disclaimers of certain implied +warranties or the exclusion or limitation of certain types of damages. +If any disclaimer or limitation set forth in this agreement violates the +law of the state applicable to this agreement, the agreement shall be +interpreted to make the maximum disclaimer or limitation permitted by +the applicable state law. The invalidity or unenforceability of any +provision of this agreement shall not void the remaining provisions. + +1.F.6. INDEMNITY - You agree to indemnify and hold the Foundation, the +trademark owner, any agent or employee of the Foundation, anyone +providing copies of Project Gutenberg-tm electronic works in accordance +with this agreement, and any volunteers associated with the production, +promotion and distribution of Project Gutenberg-tm electronic works, +harmless from all liability, costs and expenses, including legal fees, +that arise directly or indirectly from any of the following which you do +or cause to occur: (a) distribution of this or any Project Gutenberg-tm +work, (b) alteration, modification, or additions or deletions to any +Project Gutenberg-tm work, and (c) any Defect you cause. + + +Section 2. Information about the Mission of Project Gutenberg-tm + +Project Gutenberg-tm is synonymous with the free distribution of +electronic works in formats readable by the widest variety of computers +including obsolete, old, middle-aged and new computers. It exists +because of the efforts of hundreds of volunteers and donations from +people in all walks of life. + +Volunteers and financial support to provide volunteers with the +assistance they need, is critical to reaching Project Gutenberg-tm's +goals and ensuring that the Project Gutenberg-tm collection will +remain freely available for generations to come. In 2001, the Project +Gutenberg Literary Archive Foundation was created to provide a secure +and permanent future for Project Gutenberg-tm and future generations. +To learn more about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation +and how your efforts and donations can help, see Sections 3 and 4 +and the Foundation web page at https://www.pglaf.org. + + +Section 3. Information about the Project Gutenberg Literary Archive +Foundation + +The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non profit +501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the +state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal +Revenue Service. The Foundation's EIN or federal tax identification +number is 64-6221541. Its 501(c)(3) letter is posted at +https://pglaf.org/fundraising. Contributions to the Project Gutenberg +Literary Archive Foundation are tax deductible to the full extent +permitted by U.S. federal laws and your state's laws. + +The Foundation's principal office is located at 4557 Melan Dr. S. +Fairbanks, AK, 99712., but its volunteers and employees are scattered +throughout numerous locations. Its business office is located at +809 North 1500 West, Salt Lake City, UT 84116, (801) 596-1887, email +business@pglaf.org. Email contact links and up to date contact +information can be found at the Foundation's web site and official +page at https://pglaf.org + +For additional contact information: + Dr. Gregory B. Newby + Chief Executive and Director + gbnewby@pglaf.org + + +Section 4. Information about Donations to the Project Gutenberg +Literary Archive Foundation + +Project Gutenberg-tm depends upon and cannot survive without wide +spread public support and donations to carry out its mission of +increasing the number of public domain and licensed works that can be +freely distributed in machine readable form accessible by the widest +array of equipment including outdated equipment. Many small donations +($1 to $5,000) are particularly important to maintaining tax exempt +status with the IRS. + +The Foundation is committed to complying with the laws regulating +charities and charitable donations in all 50 states of the United +States. Compliance requirements are not uniform and it takes a +considerable effort, much paperwork and many fees to meet and keep up +with these requirements. We do not solicit donations in locations +where we have not received written confirmation of compliance. To +SEND DONATIONS or determine the status of compliance for any +particular state visit https://pglaf.org + +While we cannot and do not solicit contributions from states where we +have not met the solicitation requirements, we know of no prohibition +against accepting unsolicited donations from donors in such states who +approach us with offers to donate. + +International donations are gratefully accepted, but we cannot make +any statements concerning tax treatment of donations received from +outside the United States. U.S. laws alone swamp our small staff. + +Please check the Project Gutenberg Web pages for current donation +methods and addresses. Donations are accepted in a number of other +ways including including checks, online payments and credit card +donations. To donate, please visit: https://pglaf.org/donate + + +Section 5. General Information About Project Gutenberg-tm electronic +works. + +Professor Michael S. Hart was the originator of the Project Gutenberg-tm +concept of a library of electronic works that could be freely shared +with anyone. For thirty years, he produced and distributed Project +Gutenberg-tm eBooks with only a loose network of volunteer support. + + +Project Gutenberg-tm eBooks are often created from several printed +editions, all of which are confirmed as Public Domain in the U.S. +unless a copyright notice is included. Thus, we do not necessarily +keep eBooks in compliance with any particular paper edition. + + +Most people start at our Web site which has the main PG search facility: + + https://www.gutenberg.org + +This Web site includes information about Project Gutenberg-tm, +including how to make donations to the Project Gutenberg Literary +Archive Foundation, how to help produce our new eBooks, and how to +subscribe to our email newsletter to hear about new eBooks. diff --git a/26809-8.zip b/26809-8.zip Binary files differnew file mode 100644 index 0000000..34bc49d --- /dev/null +++ b/26809-8.zip diff --git a/LICENSE.txt b/LICENSE.txt new file mode 100644 index 0000000..6312041 --- /dev/null +++ b/LICENSE.txt @@ -0,0 +1,11 @@ +This eBook, including all associated images, markup, improvements, +metadata, and any other content or labor, has been confirmed to be +in the PUBLIC DOMAIN IN THE UNITED STATES. + +Procedures for determining public domain status are described in +the "Copyright How-To" at https://www.gutenberg.org. + +No investigation has been made concerning possible copyrights in +jurisdictions other than the United States. Anyone seeking to utilize +this eBook outside of the United States should confirm copyright +status under the laws that apply to them. diff --git a/README.md b/README.md new file mode 100644 index 0000000..cf93d8d --- /dev/null +++ b/README.md @@ -0,0 +1,2 @@ +Project Gutenberg (https://www.gutenberg.org) public repository for +eBook #26809 (https://www.gutenberg.org/ebooks/26809) |
