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+Project Gutenberg's L'Illustration, No. 3246, 13 Mai 1905, by Various
+
+This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with
+almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or
+re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included
+with this eBook or online at www.gutenberg.org
+
+
+Title: L'Illustration, No. 3246, 13 Mai 1905
+
+Author: Various
+
+Release Date: February 8, 2011 [EBook #35209]
+
+Language: French
+
+Character set encoding: ISO-8859-1
+
+*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK L'ILLUSTRATION, 13 MAI 1905 ***
+
+
+
+
+Produced by Jeroen Hellingman and Rénald Lévesque
+
+
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+
+
+
+L'Illustration, No. 3246, 13 Mai 1905
+
+
+Suppléments de ce Numéro:
+1º L'ILLUSTRATION THÉÂTRALE contenant LE DUEL
+2º Un hors texte en couleurs: TÊTE DE FEMME, par HENNER.
+
+LA REVUE COMIQUE, par Henriot.
+
+Suppléments de ce numéro:
+1º L'ILLUSTRATION THÉÂTRALE avec le texte complet du DUEL;
+2° Une reproduction en couleurs d'un tableau de HENNER.
+
+[Illustration:
+L'ILLUSTRATION
+Prix de ce Numéro: Un Franc. SAMEDI 13 MAI 1905. 63e Année.--N° 3246]
+
+[Illustration: PENDANT LA BATAILLE DE MOUKDEN (1er-10 MARS 1905) Général
+japonais étudiant sa carte, dans une tranchée, à l'écart, avant de faire
+donner sa brigade. _Photographie de notre, nouveau correspondant de
+guerre pour 1905, J. Wittness._]
+
+
+
+Courrier de Paris
+
+JOURNAL D'UNE ÉTRANGÈRE
+
+Les rois rendent volontiers, depuis quelque temps, visite aux Parisiens.
+Ils ne s'y sont pas décidés du premier coup. Paris républicain leur
+faisait un peu peur. «Ce bloc enfariné ne me dit rien qui vaille...» Et
+puis, petit à petit, le «bloc» leur sembla très inoffensif. Ils se
+rassurèrent. Une fois rassurés, ils furent séduits. Aujourd'hui, c'est
+mieux encore; ce bloc, irrésistiblement, les attire. Ce n'est plus par
+politesse qu'ils consentent à nous venir voir: ils en éprouvent,
+dirait-on, le besoin. Ils avouent même--et rien ne saurait flatter
+davantage l'amour-propre des Parisiens--que leur grande joie serait de
+venir souvent chez eux, et sans être acclamés; d'y passer inaperçus; de
+jouir de Paris librement, à la façon du premier badaud venu; de pouvoir
+s'y rencontrer--comme, il y a dix jours, aux; _Capucines_, Edouard VII
+et Léopold II--sans que la foule y fit attention. Le soir où le roi
+d'Angleterre vint applaudir, aux _Capucines_, Mme Jeanne Granier, la
+petite salle était très joliment fleurie; des drapeaux anglais pendaient
+au-dessus de la porte; on avait cru devoir ainsi marquer d'un peu de
+solennité l'honneur de cette visite. On eût augmenté le plaisir du roi
+en ne lui infligeant l'hommage ni de ces fleurs ni de ces drapeaux. Le
+saluer, c'était le reconnaître. Et je sens quelle exquise volupté ce
+doit être, pour un homme condamné à ne jamais échapper une minute au
+supplice de la vénération publique, que de pouvoir penser de temps en
+temps: «On ne me reconnaît pas!»
+
+N'importe! Que Paris les acclame ou fasse semblant de les
+ignorer,--qu'ils y viennent en triomphateurs ou en touristes,
+l'essentiel était pour eux d'y venir; et tous, ou presque tous, en ont
+pris le chemin l'un après l'autre. Presque tous... car il y en a deux
+que leur grand âge retient «à la maison»; et un troisième, que d'autres
+raisons empêchent d'être notre hôte... Celui-là s'en console comme il
+peut--en venant tout près, le plus près possible de la frontière, de
+temps en temps, passer une revue, ou saluer des tombes--et se dit (tout
+bas!) que Gravelotte est bien loin de Longchamps. A qui la faute?
+
+Et pour la première fois de sa vie, sans doute, l'empereur allemand se
+sent un peu jaloux du roi d'Espagne...
+
+
+Car il y viendra, lui aussi, dans quinze jours, et ce sera son premier
+grand voyage. Paris l'attend et s'apprête à le fêter; des comités
+s'organisent; on ne veut pas laisser à M. Loubet tout seul et à ses
+ministres le plaisir de montrer Paris à ce roi de dix-huit ans, et de le
+lui faire aimer. On s'agite même au quartier des Halles; on y prépare à
+Alphonse XIII une réception dont le pittoresque l'étonnera: ce jeune
+homme y sera salué au passage par une jeune fille, la «muse de
+l'Alimentation», que quatre demoiselles d'honneur et la foule de ses
+compagnes, en habits de fête, escorteront.
+
+Je serai contente qu'Alphonse XIII ait un sourire pour elles. Elles le
+méritent. Ces marchandes de poissons, de légumes, de fruits et de fleurs
+ont--comme leurs compagnes les blanchisseuses--une immense vertu: elles
+aiment leur état. Elles ne l'exercent point en résignées; elles ont
+l'orgueil corporatif, qui est le plus noble des orgueils, et le plus
+utile. Elles rougissent si peu d'être des «dames de la Halle» qu'elles
+élisent parmi elles des «reines» pour les montrer aux Parisiens, et des
+«muses» pour les présenter à des rois. Un peu de musique autour de leur
+pauvreté; un diadème en carton doré dans leurs cheveux, et les voilà
+contentes. Aussi bien leur gentille philosophie les a-t-elle rendues
+populaires; et je remarque ceci: elles sont, à Paris, l'une des rares
+catégories de personnes que respecte la satire. La reine de carnaval est
+une personne dont Paris ne se moque point.
+
+
+On y a tant d'occasions meilleures de se moquer; et l'imagination du
+satiriste y est amusée et excitée par une si prodigieuse diversité de
+sujets... Et il est vrai aussi que ses dessinateurs ont tant d'esprit!
+Je crois qu'il n'y a pas de ville au monde où, plus aisément, l'homme
+qui tient un crayon sache dégager de toutes choses des raisons de rire
+et où fleurisse avec plus de grâce et de drôlerie l'art de la «charge».
+Quelques-uns même, en même temps qu'ils dessinaient, ont rêvé de
+peindre. Pourquoi pas? La peinture semblait être jusqu'ici--en France du
+moins--un art réservé aux sujets nobles ou gracieux; on ne concevait pas
+qu'elle pût être satirique joyeusement, et même un peu caricaturale.
+Elle peut l'être. M. Jean Veber l'a prouvé; M. Albert Guillaume aussi.
+Et pour nous en faire la démonstration plus à son aise, celui-ci a fui
+les Champs-Elysées qu'encombrent depuis quinze jours ses camarades, et
+s'est organisé, au seuil du Boulevard, son Salon à lui. Une quarantaine
+de petites toiles, pas davantage; à la place de la «légende» un simple
+titre; mais qui suffit à éclairer l'anecdote. Il y a dans tout cela bien
+de la fantaisie et de l'esprit le meilleur. Albert Guillaume est sans
+pitié pour nos snobismes parisiens, et je lui sais gré de nous en avoir
+si justement _peint_ les aspects un peu comiques. J'aime infiniment sa
+_Conférence pour dames seules_ et le _Five o'clock_ où l'on s'ennuie, et
+le _Bal_ où l'on ne s'amuse pas, et le _Flirt_ où l'on grimace, et
+certain _Dîner académique_, qui fut, je m'en souviens, reproduit dans le
+dernier numéro de Noël de _L'Illustration_, où l'on me dit que plusieurs
+figures sont cruellement reconnaissables...
+
+
+Les dîners académiques! Il paraît qu'il s'en donne beaucoup en ce
+moment. A l'Académie française, à l'Académie des Beaux-Arts, aux
+«Sciences morales», il y a des fauteuils vacants à remplir; et l'on se
+démène. C'est autour de l'Académie française, principalement, que semble
+s'exciter la curiosité publique et s'agiter les passions. Les écrivains
+se moquent beaucoup de l'Académie française, dans le monde des lettres,
+un peu comme se moquent du ruban de la Légion d'honneur ceux qui n'ont
+que les palmes académiques à la boutonnière. On me citait un jour lu cas
+de l'un d'eux qui, s'étant déclaré partisan de la suppression des
+distinctions honorifiques, laissait poser--discrètement--sa candidature
+au ruban rouge. Quelqu'un s'étonnait. Il répondit: «En demandant que la
+Légion d'honneur soit abolie, je ne veux pas être accusé d'avoir obéi à
+un sentiment de rancune personnelle. Il est donc convenable,--il est
+utile à la cause dont je suis l'avocat, que le gouvernement me décore.
+Je n'en serai que plus fort, et mieux écouté, quand j'affirmerai qu'il
+est absurde qu'il y ait des gens décorés.»
+
+Serait-ce dans le même esprit que certains écrivains ambitionnent
+d'entrer à l'Académie? On les accuserait de jalousie, s'ils disaient du
+mal d'elle, n'en étant pas. Afin d'être à leur aise pour se moquer de
+ceux qui en sont, ils sollicitent la faveur d'en être...
+
+Car il leur faut solliciter eux-mêmes cette faveur-là. Ce fut naguère un
+de mes grands étonnements. On m'avait parlé, dans mon pays, d'une sorte
+d'aréopage où se trouvaient assemblés les quarante personnages reconnus
+les plus illustres de France, ou les plus notoirement estimables dans
+l'art de parler ou d'écrire. On m'expliquait que l'Académie élisait ses
+membres, et je supposais que ces choix étaient librement faits par elle,
+sans qu'aucune compétition y intervînt. J'imaginais une assemblée de
+grands hommes délibérant ainsi; «Z... est illustre. Il fait de beaux
+ouvrages. Il a rendu de grands services à son pays. Il a hautement
+honoré sa profession. Il est digne de s'asseoir au milieu de nous; nous
+le nommons académicien.» Et je me figurais l'immense joie de l'homme
+qu'allait surprendre en son cabinet de travail un si glorieux hommage.
+Naïveté! Je ne supposais pas que cette assemblée imposât à ceux qui
+rêvent d'y siéger l'humiliation de se proposer eux-mêmes à son choix;
+d'aller frapper à trente-neuf portes; de raconter leurs ouvrages et d'en
+affirmer trente-neuf fois le mérite...
+
+Ils doivent pourtant subir cette petite avanie; et c'est la condition de
+leur succès. Il leur faut affronter de gênantes rencontres, des
+rebuffades, et, parfois même, l'aveu poli de l'antipathie qu'ils
+inspirent. Ils ne connaîtront la fierté d'être académiciens que s'ils
+consentent à s'abaisser un peu pour le devenir. N'est-ce pas une coutume
+peu élégante, et dont on devrait épargner l'ennui à des hommes si
+considérables?...
+
+
+D'autant que certains d'entre eux savent être illustres avec tant de
+modestie! Témoin Me Rousse: Demain samedi, il y aura vingt-cinq ans que
+Me Rousse appartient à l'Académie française. Il y remplaça Jules Favre,
+et c'est aujourd'hui un vieillard de quatre-vingt-huit ans; un vieillard
+mélancolique et frileux, que les Parisiens ont presque oublié.
+L'occasion était bonne de leur rappeler que M. Rousse existe; et ses
+collègues avaient formé le projet d'organiser, à l'occasion de ce
+demi-jubilé académique, une petite fête, très intime, autour de leur
+doyen. Il les a priés de rester tranquilles. M. Rousse pense
+probablement qu'il est prudent, quand on a eu la chance d'être «oublié»
+par le bon Dieu jusqu'à quatre-vingt-huit ans, de ne point faire de
+bruit...
+
+C'est le geste de Fontenelle, académicien nonagénaire, qui faisait signe
+aux gens de parler tout bas, quand ils le félicitaient de son grand âge.
+
+SONIA.
+
+
+
+UNE OEUVRE DE HENNER
+
+Offerte en fac-similé aux lecteurs de _L'Illustration._
+
+[Illustration: Le peintre J.-J. Henner. _Phot. Braun, Clément et Cie._]
+
+Combien, parmi les visiteurs du Salon, en quête des envois de leurs
+maîtres favoris, ont cherché bien vite au catalogue le nom de M. Henner
+et, ne l'y ayant point trouvé, sont partis, leur promenade achevée,
+déçus, et pensant, à part eux, qu'à cette exposition de 1905 il manquait
+quelque chose pour que leur joie fût tout à fait complète.
+
+Car il est peu d'artistes de ce temps dont les oeuvres exercent sur les
+foules, comme sur le petit choeur des purs amateurs d'art, une séduction
+comparable à celle que dégagent les toiles du peintre de l'_Orpheline_,
+de _Biblis_ et de _Fabiola_.
+
+Le critique le plus exigeant ne saurait, quoi qu'il en ait, demeurer
+insensible à ce métier savoureux, conquis au prix, sans doute, de
+combien de recherches âpres et persévérantes, et dont l'aisance, à
+présent, la tranquille sûreté émerveillent et déconcertent. Ceux-là même
+qui furent le plus sévères à M. Henner ne pouvaient se défendre
+d'admirer la fluidité, le «coulant»--puisque c'est le mot consacré--de
+sa pâte, sa science prodigieuse. On lui ferait tort en limitant à ce
+point l'admiration due à son très beau talent, et ceux que laissent
+indifférents les habiletés du pinceau, les tours de force de facture,
+lui rendent plus de justice quand ils vont d'instinct au fervent
+idéaliste, au poète qui a évoqué, pour sa joie et pour la nôtre, un
+monde meilleur, plus calme, plus beau que la réalité, et a peuplé de
+reposants paysages d'églogue de belles et pâles nudités occupées
+seulement de vivre un doux songe, ou de savourer de tendres regrets.
+
+Aux devantures des grands marchands de tableaux, au milieu d'une
+exposition, dans une salle de musée, on reconnaît un Henner entre vingt,
+entre cent autres toiles, et personne, sans doute, dans l'histoire de
+l'art, n'a jamais imprimé à ses productions une empreinte plus
+personnelle que n'a fait M. Henner. Toute signature, ici, est superflue
+et c'est, en vérité, une sorte de coquetterie de la part de l'artiste
+que de l'écrire, en capitales hésitantes, sur le fond sombre des
+tableaux sortis de ses mains. Ces chairs nacrées, rosées à peine,
+parfois laissées volontairement d'une blancheur transparente d'albâtre,
+ces lourdes toisons fauves ou brunes, ces yeux profonds qui ne reflètent
+nulle lumière du dehors, mais qu'éclaire ardemment la flamme intérieure,
+ces yeux meurtris, tout baignés de mélancolie, tout chargés de rêves
+sans fin, et laissant errer sur le monde des regards désenchantés ou
+repentants, ces yeux qui font parfois songer au Vinci et à ses anges
+énigmatiques, tout cela n'est qu'à M. Henner.
+
+On a voulu lui faire grief de ses qualités mêmes, lui reprocher ce qu'on
+a appelé la monotonie de sa manière. En fait, s'il lui est quelquefois
+arrivé de s'évertuer à répondre--et avec bonheur--à ces reproches en
+s'aventurant à de plus grandes compositions, il a surtout affectionné
+deux notes, pas plus. Mais avec quelle perfection il les a chantées!
+
+L'une, c'est le paysage d'aube ou de crépuscule, prairie de sombre
+velours, baignée de vapeurs légères, fermée, au fond, de noirs cyprès,
+ciel d'un bleu défaillant, d'un bleu de turquoise morte,--le bleu
+Henner!--se reflétant parfois dans une flaque limpide, et, dans ce décor
+de Champs-Elysées ou d'Arcadie, une femme à demi drapée, ou sans autres
+voiles que sa mouvante chevelure, rêvant ou lisant.
+
+L'autre, c'est la figure à mi-corps, dont le _Fabiola_ du Salon de 1885
+fut le type définitif, et dont la _Tête de femme_, de la collection A.
+Cassot[1], que nous publions en _fac-similé_ est un admirable et très
+significatif exemplaire, avec son regard vague et triste, sa pâle
+carnation aux ombres chaudes, ses opulents cheveux roux et la draperie,
+d'un rouge vibrant, jetée sur la poitrine comme pour en accentuer la
+blancheur délicate.
+
+[Note 1: 30, rue Laffitte.]
+
+A reproduire fidèlement cette oeuvre de grande valeur, cette toile
+magistrale, des artisans habiles se sont appliqués avec un respect, une
+conscience de vrais artistes, s'attachant à traduire et les dextérités
+de la brosse, et la qualité de la pâte généreuse. Ils y sont parvenus
+avec un rare bonheur, et ce nous est un réel plaisir que d'offrir à nos
+lecteurs cette planche où le talent, où la pensée d'un maître aimé ont
+été traduits avec cette perfection, sans défaillance, sans trahison.
+ G. B.
+
+
+
+[Illustration: Phot. Cavilla. Le comte Tattenbach.
+Le comte Tattenbach, sa famille et les membres de sa mission].
+
+[Illustration: La mission quitte la légation allemande de Tanger.]
+
+LA MISSION ALLEMANDE AUPRES DU SULTAN DU MAROC
+
+LE DÉPART POUR FEZ
+
+DE LA MISSION ALLEMANDE
+
+Les affaires marocaines occupent une place importante dans les soucis de
+notre politique extérieure, surtout en raison de l'intervention
+personnelle de l'empereur d'Allemagne et de la campagne menée depuis
+quelque temps par la presse d'outre-Rhin. A la suite de son voyage
+sensationnel à Tanger, Guillaume II a, on le sait, décidé d'envoyer son
+représentant au Maroc, le comte Tattenbach, en ambassade extraordinaire
+auprès de la cour chérifienne.
+
+La mission diplomatique allemande a quitté Tanger le 2 mai, escortée
+d'une trentaine de cavaliers indigènes, sous la conduite d'un caïd, pour
+se rendre à Fez, effectuant complètement le trajet par terre. Le comte
+Tattenbach, porteur d'une lettre autographe de l'empereur Guillaume pour
+le sultan, est accompagné de la comtesse, du général Schenk, récemment
+promu, du commandant Sender et du capitaine Kleist.
+
+
+
+[Illustration: M. Goluchowski. M. Tittoni L'entrevue de Venise: le comte
+Goluchowski et M. Tittoni à l'Exposition internationale d'Art. _Phot. A.
+Tivoli._]
+
+L'ENTREVUE DE VENISE
+
+M. Tittoni, ministre des affaires étrangères italien, et le comte
+Goluchowski, ministre des affaires étrangères autrichien, se sont
+rencontrés à Venise, le 29 avril. Ils y passèrent une journée ensemble,
+visitèrent l'Exposition internationale d'Art, eurent des entretiens
+cordiaux, en présence du duc d'Avara, ambassadeur d'Italie à Vienne et
+du comte Lützow, ambassadeur d'Autriche-Hongrie à Rome; enfin M. Tittoni
+offrit, en l'honneur du comte Goluchowski, un dîner de vingt-deux
+couverts, où des toasts non moins cordiaux furent échangés.
+
+Le ministre de Victor-Emmanuel avait fait, en avril 1904, à Abbazia, une
+visite au ministre de François Joseph; son éminent collègue la lui
+rendait: rien de plus naturel. Mais peut-on jamais considérer l'entrevue
+de deux hommes d'État, de deux hauts diplomates, comme un simple acte de
+courtoisie? Le but réel de celle-ci, assurent les gens bien informés,
+était de dissiper des malentendus entre les deux puissances.
+
+
+
+[BALLES ET ÉCLATS D'OBUS EXTRAITS DU CORPS DES BLESSÉS A L'HOPITAL
+JAPONAIS DE MATSUYAMA. _Photographie de notre correspondant J.-C.
+Balet._]
+
+Notre correspondant, qui a pu visiter les hôpitaux japonais où sont
+soignés les blessés des deux armées, évacués de Mandchourie, a
+photographié de nombreuses vitrines semblables. Nous n'en reproduisons
+qu'une: elle contient pourtant à elle seule une variété déjà grande des
+projectiles que les chirurgiens nippons ont retirés des membres confiés
+à leurs soins. Ces informes morceaux de métal, soigneusement étiquetés,
+ne sont pas très effrayants à première vue: mais que l'on songe aux
+affreuses blessures que chacun d'eux a faites, à la somme de souffrances
+qu'ils représentent, et l'on ne pourra plus les regarder sans un frisson
+d'horreur.
+
+[Illustration: RETOUR DE MANDCHOURIE.--A la gare de Moscou: transport
+d'un blessé à l'hôpital militaire. _Photographie Smirnof._]
+
+LA PROCHAINE BATAILLE NAVALE: FORCE COMPARÉE DES DEUX FLOTTES
+
+Le moyen le plus pratique pour comparer deux flottes de guerre, de
+composition aussi hétérogène que le sont les escadres de Rodjestvensky
+et de Togo, consiste à examiner tous les navires qui en font partie, et
+à décomposer chacun d'eux en chacun des quatre principaux éléments de
+force qu'il contient: 1° le tonnage, autrement dit les dimensions du
+navire qui permettent l'endurance à la mer et l'embarquement de plus ou
+moins grandes quantités de charbon; 2° la puissance des machines qui
+permet les grandes vitesses et le rayon d'action étendu; 3º l'armement
+offensif, c'est-à-dire la puissance des canons; 4° l'armement défensif
+ou cuirasse. Si l'on totalise séparément ces diverses données, on
+obtient les chiffres suivants:
+
+FLOTTE JAPONAISE
+
+(86 navires, y compris 40 torpilleurs et 20 contre-torpilleurs.)
+
+I. Tonnage de la flotte japonaise: 204.000 tonnes.
+
+II. Vitesse de la flotte japonaise en puissance des machines au tirage
+forcé: 500.000 chevaux-vapeur.
+
+III. Armement offensif de la flotte japonaise:
+
+IV. Armement défensif de la flotte japonaise:
+
+Chaque millimètre de hauteur de l'hélice représente 10,000
+chevaux-vapeur.
+
+Chaque cube représente une tonne.
+
+Une masse d'acier longue de 90 mètres, large de 10 mètres, épaisse de 5
+mètres, figurerait la quantité de blindage que porte la flotte
+japonaise. Evaluation de ce cuirassement: 4.495 mètres cubes.
+
+FLOTTE RUSSE
+
+(46 navires, dont 11 contre-torpilleurs et 11 croiseurs auxiliaires.)
+
+I. Tonnage de la flotte russe: 183.300 tonnes.
+
+(Y compris la division de Vladivostok, mais non compris les croiseurs
+auxiliaires.)
+
+III. Armement offensif de la flotte russe:
+
+La Vitesse de la flotte russe en puissance des machines au tirage forcé:
+540.000 chevaux-vapeur.
+
+Chaque cube représente une tonne.
+
+Y compris les navires de la flotte volontaire et les anciens paquebots
+allemands convertis en croiseurs.
+
+IV. Armement défensif de la flotte russe:
+
+Une masse d'acier de mêmes largeur et épaisseur, mais longue de 81
+mètres seulement, figurerait la quantité de blindage que porte la flotte
+russe. Evaluation de ce cuirassement: 4.071 mètres cubes.
+
+V. Carte des bases navales
+
+VI. Equipages.--Les experts navals sont d'accord pour donner au marin
+japonais une valeur un peu supérieure au marin russe. Dans notre compte
+total, nous évaluerons cette supériorité à _un cinquième._
+
+Si nous récapitulons et si nous attribuons à chacune des quatre qualités
+essentielles _(tonnage, vitesse, canons et cuirasse)_ une cote
+équivalente: 20. Si nous admettons de plus que les bases navales et
+l'équipage, réunis, constituent un cinquième élément de même valeur,
+nous aurons la comparaison suivante:
+
+ La flotte La flotte
+ japonaise vaut: russe vaut:
+Tonnage 20 18
+Puissance de la machinerie. 18 20
+Canons 20 18,5
+Cuirassement 20 18
+Bases navales 10 ) 6.5)
+ ) 20 ) 14,5
+Commandement et équipages. 10 ) 8 )
+
+ 98 89
+
+D'après ces données, la flotte japonaise serait à la flotte russe comme
+98 est à 89, et la supériorité des forces de Togo sur celles de
+Rodjestvensky serait d'environ _un neuvième_.
+
+J. DELAPORTE.
+
+[Illustration: Ports neutres, stations de charbon ou îles dont l'entrée
+est favorable aux flottes belligérantes: aux Japonais:---------- aux
+Russes: =======.]
+
+
+
+[Illustration: La rue des Maréchaux, à Varsovie, le 1er mai.]
+
+[Illustration double: Chantier où trente-cinq manifestants ont été
+tués.]
+
+LES TROUBLES EN RUSSIE
+
+L'effervescence à laquelle, depuis de longs mois, la Russie est en proie
+ne semble pas près de se calmer. Troubles agraires, révoltes soudaines
+de paysans, pillages, incendies de propriétés, d'une part; grèves,
+rébellions, attentats par les bombes, attaques dirigées contre les
+usines, d'autre part, se renouvellent de place en place à des
+intervalles assez fréquents, et le désarroi certain où la guerre a jeté
+les autorités, leur impuissance ou même leur indifférence à conjurer le
+péril quand cela, parfois, serait possible laissent le champ assez libre
+à toutes ces manifestations de la violence. C'est la région sud-ouest de
+l'empire, celle qui avoisine la Pologne, et la Pologne elle-même, qui
+ont subi les effets les plus terribles de la rancune populaire.
+
+Les troubles agraires les plus inquiétants qu'on ait signalés ont eu
+pour théâtre les gouvernements de Vitebsk, d'Orel, de Koursk et de
+Tchernigof. La capitale du premier n'est guère qu'à 500 kilomètres de
+Saint-Pétersbourg; Orel est à 400 kilomètres de Moscou.
+
+Quand on lit les détails qu'ont pu recueillir sur place les
+correspondants, on a l'impression de se trouver en présence d'une
+véritable jacquerie, avec tous ses excès, toutes ses fureurs.
+
+Dans quelques cas on y mettait, si l'on peut dire, des formes: on
+adressait aux victimes désignées une sorte d'ultimatum; une dizaine de
+délégués passaient dans une métairie et signifiaient au personnel que,
+quelques heures plus tard, on viendrait chercher le blé, le seigle,
+l'orge et l'avoine amoncelés dans les greniers; puis ils repartaient.
+Et, avec les ombres du soir, on voyait arriver en caravane des centaines
+de traîneaux accourus des villages des alentours et montés par une foule
+nombreuse de paysans qui se mettaient aussitôt à la besogne,
+déménageaient les sacs de grains et, aussi vite que possible, de peur
+d'être dérangés, les entassaient sur leurs véhicules, puis repartaient
+au galop.
+
+Le plus souvent, c'est aux céréales seulement qu'on s'en prenait. Mais
+dans nombre de cas, quand se présentèrent des usines, des sucreries, par
+exemple, on les pilla aussi; parfois on emportait les meubles des
+maisons un peu aisées ou des châteaux, le bétail des fermes; et
+toujours, là où se trouvait de l'alcool, on se livrait à d'abominables
+orgies. Enfin, sur quelques points, le pillage terminé, on a mis plus
+d'une fois le feu aux maisons ou aux fabriques qu'on venait de vider de
+tout ce qu'elles contenaient de transportable ou seulement de buvable.
+
+[Illustration: LE 1er MAI A VARSOVIE.--Emplacement où a éclaté la bombe,
+devant la gare de Vienne.]
+
+[Illustration: LA JACQUERIE EN RUSSIE,--Maisons pillées par les paysans
+dans le gouvernement de Vitebsk. _Photographies des correspondants de_
+L'Illustration.]
+
+Nulle part on ne résista sérieusement à ces tentatives. La plupart du
+temps, les propriétaires, dûment avertis, ou sentant venir l'orage à des
+signes précurseurs, abandonnaient leurs propriétés et reprenaient le
+chemin de la ville. Les intendants, abandonnés à eux-mêmes, sans
+défense, suivaient généralement cet exemple de prudence, et c'est sans
+doute à cette seule circonstance que l'on doit de n'avoir pas eu à
+déplorer des meurtres.
+
+Dans les villes, il n'en fut malheureusement pas ainsi, et le sang a
+coulé à diverses reprises.
+
+La journée du 1er mai, à Varsovie, comptera parmi les plus tragiques
+qu'on ait eu à enregistrer depuis longtemps.
+
+Dans la matinée, toute vie semblait suspendue dans la ville. Les
+affaires étaient arrêtées. La police avait coupé le service téléphonique
+et, dans les rues désertes, où ne circulaient plus ni voitures, ni
+tramways, seul le passage de patrouilles, de temps à autre, mettait
+quelque animation.
+
+Vers une heure, seulement, la manifestation commença. Un cortège de
+5.000 ouvriers avec leurs femmes, leurs enfants, s'était formé,
+promenant des drapeaux rouges et chantant des chants révolutionnaires.
+Ils ne tardèrent pas à entrer en collision avec les troupes. Rue des
+Maréchaux, où déjà, au mois de janvier, s'étaient produites de violentes
+bagarres, les cosaques, armés de leurs terribles fouets, les _nagaïkas_,
+chargèrent la foule; puis l'infanterie commença te feu et tira des
+salves sur les rangs pressés des ouvriers qui fuyaient en désordre. Rue
+de Jérusalem, l'épouvantable drame se renouvela. Rue Zolotaïa, une
+patrouille, attaquée à coups de fusil par un homme caché derrière un
+mur, riposta, tira sur les manifestants.
+
+Enfin, à 8 h. 1/2 du soir, une bombe, lancée au milieu d'un détachement
+de cosaques qui passait rue des Maréchaux, devant la gare de Vienne,
+ayant tué sept cosaques et un agent de police, donna lieu à une nouvelle
+intervention des fusils.
+
+Les correspondances socialistes ont raconté qu'avant cet attentat, des
+camarades des émeutiers qui allaient le commettre, postés au coin des
+rues adjacentes, prévenaient les passants d'avoir à rebrousser chemin,
+le passage étant dangereux. Ils n'en voulaient qu'à la troupe. Il n'y
+eut pas moins deux dames, qui sortaient de la gare au moment de
+l'explosion, qui furent effroyablement blessées encore qu'elles
+n'eussent rien à voir avec la répression, non plus qu'avec la
+révolution.
+
+Le nombre des morts et blessés, pour cette journée, a été évalué à plus
+de cent. Dans un seul chantier, clos de mur, qui fut le lendemain comme
+un lieu de funèbre pèlerinage, où les parents des disparus se rendaient
+pour y chercher leurs proches, ou pleurer à l'endroit où ils étaient
+tombés, on ne releva pas moins de trente-cinq cadavres!
+
+
+
+[Illustration: Le torpilleur. Le canot. Canot automobile escorté par un
+torpilleur.]
+
+[Illustration: LA COUPE DE LA MÉDITERRANÉE.--"L'industrie automobile
+rapproche l'Algérie de la Métropole".]
+
+Cette oeuvre du statuaire René Rozet, exécutée en argent patiné d'ors de
+couleur par la maison d'orfèvrerie Christofle, et qui a été choisie
+(entre 70 concurrents) pour être donnée en prix au vainqueur
+d'Alger-Toulon Automobile, donne bien l'impression de la rapidité de la
+course. Sur la mer, un canot automobile fend la vague qui se soulève sur
+son passage. Il se dirige vers le génie de la France, qui, planant
+au-dessus des flots, abrite sous ses ailes la colonie algérienne et
+attend le vainqueur en lui montrant la récompense promise. Mercure,
+symbolisant les industries intéressées, suit, sur un nuage léger, les
+champions de la lutte engagée dans la course d'auto-canots, et répand
+les richesses créées par les progrès de l'industrie nouvelle.
+
+[Illustration: Le yacht "Velléda", au duc Decazes, et son canot
+automobile, le "Quand-Même".]
+
+[Illustration: La flottille des torpilleurs ayant servi d'escorte aux
+canots.]
+
+[Illustration: Mercédès-Mercédès. Héraclès. Fiat. Mercédès C.-P. LES
+CONCURRENTS D'ALGER-TOULON AU SPORT NAUTIQUE D'ALGER. _Photographies
+Geiser, Alger._]
+
+[Illustration: Mme Camille du Gast à bord de son canot le "Camille"].
+
+Au moment où nous paraissons, la première étape de la Coupe de la
+Méditerranée a seule été courue: les canots sont arrivés à Manon. C'est
+le plus petit de tous, l'italien _Fiat-X_, un bateau de 9 mètres avec
+moteur de 35 chevaux, non ponté, qui a triomphé, peut-être
+platoniquement, car on assure qu'il ne remplirait pas exactement les
+conditions de la course. Et, parmi les canots français, c'est celui que
+barrait l'intrépide sportswoman, Mme du Gast, qui s'est montré le plus
+régulier et le plus rapide.
+
+[Illustration: Le "Camille", arrivé à Manon premier des canots français,
+en 16 heures].
+
+[Illustration: Le "Fiat-X", canot italien, le plus petit des
+concurrents, arrivé le premier à Manon, en 12 heures.]
+
+
+
+[Illustration: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
+
+1. M. Rouselière (Opéra). 2. M. Garry (Comédie-Française), 3. M. Notté
+(Opéra), 4. M. Jules Claretie, 5. M. Henry Mayer (Comédie-Française), 6.
+Mlle Leconte (Comédie-Française), 7. Mlle Marie de l'Isle
+(Opéra-Comique), 8. Mme Segond-Weber (Comédie Française), 9. Mme: Cécile
+Sorel (Comédie-Française), 10. M. Alexandre Duval, 11. M. Georges
+Claretie, 12. M. J. Laffitte.
+
+
+
+LES FÊTES D'ALGER-TOULON.--Invités de marque quittant Toulon, par le
+train spécial du "Matin", avant l'arrivée des canots.]
+
+
+[Illustration: La maison, et l'usine de M. Beaulieu, vues du dehors.]
+
+[Illustration: La gendarmerie et la troupe gardant l'usine.]
+
+[Illustration: Le portail barricadé par les grévistes.]
+
+[Illustration: Porte de l'usine.]
+
+UNE USINE ASSIÉGÉE A LIMOGES PAR LES OUVRIERS EN GRÈVE. _Phot. Th.
+Boureau._
+
+Dans deux départements limitrophes, la Haute-Vienne et la Vienne, il
+s'est passé simultanément des faits dont le rapprochement est d'autant
+plus frappant que, sans être absolument identiques, ils offrent entre
+eux une certaine similitude; ici et là, en effet, il s'agit d'une maison
+assiégée.
+
+A Limoges, c'est l'usine de matières premières pour chapellerie
+appartenant à M. Beaulieu et habitée par son propriétaire. Les ouvriers,
+en grève depuis près de deux mois, en étaient venus à organiser un
+véritable blocus autour des bâtiments: après avoir barricadé le portail,
+ils avaient établi un cordon de sentinelles qui, montant la garde jour
+et nuit, tenaient onze personnes prisonnières, empêchaient toute
+communication avec le dehors, s'opposaient même, à l'entrée des
+provisions nécessaires à l'alimentation de ces personnes, parmi
+lesquelles on comptait quatre enfants. Autorités, agents de police et
+gendarmes ont été, pendant plusieurs jours, impuissants à imposer à ces
+grévistes obstinés le respect de la liberté individuelle. A Usseau,
+village voisin de Châtellerault, c'est l'habitation d'un nommé Roy,
+braconnier, ancien garde particulier, qui subit un siège en règle. Mais
+là, on ne se trouve plus en présence d'un assiégé malgré lui, et les
+assiégeants sont des gendarmes et des soldats. Ayant gratifié d'un coup
+de fusil au visage un propriétaire du pays dont il croyait avoir à se
+venger, il s'est ensuite réfugié dans sa maison, convertie en un «Fort
+Chabrol», d'où seul, depuis une semaine, en dépit de ses soixante-dix
+ans, il nargue la justice, tient tête à la force armée et «canarde»
+quiconque tente d'approcher. Déjà ce forcené a blessé un greffier, deux
+gendarmes et un sergent du 12e.
+
+[Illustration: La maison du garde-chasse.
+
+UN NOUVEAU "FORT CHABROL"--Fantassins guettant le garde-chasse Roy, qui
+se défend à coups de fusil. _Clichés Arambourou, communiqués par le_
+Journal.]
+
+
+
+LA MAISON DES ENFANTS
+
+Francisque Sarcey a raconté les déboires d'un de ses amis, professeur et
+père de sept enfants, gais, bien portants, qui lui faisaient donner son
+congé des appartements successifs occupés par lui et sa famille. Il en
+était arrivé, ce malheureux universitaire, à n'avouer que trois
+fillettes à l'engagement de location. Des amis recueillaient
+provisoirement ses garçons. Il les reprenait quelques jours après
+l'emménagement et les introduisait en contrebande. Pour plus de
+précaution, il n'emmenait d'abord promener que trois enfants ensemble.
+Mais un jour, le concierge s'écriait:
+
+--Ah! par exemple! je croyais que vous n'aviez que des filles?
+
+Et la petite malice était découverte.
+
+D'autres parents entraient par surprise leurs bébés entre deux matelas;
+ils les tenaient à la chambre une quinzaine de jours et ne les
+descendaient ensuite que sur le bras. Et, si M. Cordon se fâchait, la
+mère, ingénument, lui répondait: «Eh bien, oui, nous n'en avons déclaré
+que quatre! Les autres ne marchent pas. Nous les portons. C'est comme en
+omnibus! Ils ne comptent pas. «Puis, lorsque les enfants grandissaient
+ou que de nouveaux bébés venaient accroître la famille, le propriétaire
+renvoyait le clan trop nombreux.
+
+[Groupe d'Illustrations: 1. L'architecte a pensé aux petits: l'escalier
+à double rampe.--2. «Croissez et multipliez!»
+
+1. La façade sur la rue du Télégraphe.
+
+2. Ce qu'on voit des terrasses: la causette aux balcons.]
+
+M. Piot a-t-il songé à l'ironie de son: «Croissez et multipliez» dans
+une ville comme Paris où les usages, les moeurs et la volonté des
+propriétaires se dressent en menaçant les existences des petits enfants
+pauvres--c'est la généralité des familles nombreuses--et les obligent à
+exister, à croître, à grandir ou à mourir dans les taudis, ou dans cette
+«Cité aux gosses» qu'a si vigoureusement décrite M. Léon Frapié?... Des
+gens de bonne volonté se sont heureusement trouvés, qui ont voulu donner
+une leçon à l'égoïsme, et montrer, dès maintenant, une réalisation du
+Paris futur, du Paris assaini et délivré des cloaques, des épidémies,
+des misères physiologiques inséparables des logis pourris d'à présent.
+
+Sous l'inspiration féconde du docteur Broca, de M. Gompel, président de
+l'«Abri», cette oeuvre qui offre un toit aux expulsés et aux vagabonds,
+de MM. Bloch, industriel. Vert, maire du XXe arrondissement, de Mme
+Chavarne et M. Poulet, d'autres personnes encore, généreuses et
+bienfaisantes, la Société des logements pour familles nombreuses fut
+créée. Bientôt, en façade de la rue du Télégraphe, s'érigea, blanche,
+joyeuse, énorme avec ses trois corps de bâtiments, une nouvelle «Cité
+des gosses», mais une cité heureuse, ensoleillée, balayée d'air pur,
+là-haut, sur la butte de Ménilmontant.
+
+Cette maison modèle, édifiée par M. Debrie, architecte, comprend
+soixante-douze logements, d'un loyer de 200 à 400 francs maximum,
+desservis par trois escaliers à double, rampe, car on a songé aux
+petites mains qui ont besoin d'appui, et, dès le seuil, la maison se
+montre accueillante, prévenante aux enfants, faite pour eux, enfin.
+Invariablement, chacun des appartements se compose d'une cuisine-salle à
+manger où le fourneau est placé dans un angle dallé, le reste de la
+pièce étant parqueté; d'une chambre pour les parents et de deux chambres
+à coucher, une pour les garçons et une pour les filles.
+
+[Illustrations: 1. Sur les terrasses.--2. Les rondes dans la cour.]
+
+Au moyen d'une bouche ouverte dans le mur, le poêle de la cuisine répand
+sa chaleur dans les chambres. Tous les logements, largement éclairés de
+baies, doubles des fenêtres ordinaires, possèdent chacun un balcon
+profond où s'accrochent une boîte à linge et un garde-manger.
+
+L'oeuvre de M. le docteur Broca et de M. Debrie sera parfaite le jour où
+leur société pourra acquérir les terrains intermédiaires entre la rue du
+Télégraphe et la rue Pelleport, sur laquelle une seconde maison sera
+construite, tandis qu'au centre on réservera un jardin spacieux. Telle
+qu'elle se présente, elle mérite déjà des éloges sans restriction.
+
+Nous l'avons visitée un dimanche. Aussitôt dans la cour, la présence de
+notre photographe attire autour de nous la volée d'une centaine de
+gamins de toutes tailles et de toutes couleurs: des blonds, des bruns,
+des châtains, des rouges, coiffés de polos, de bérets, de bonnets et
+même de casquettes d'écoliers à filets d'or et petits insignes! Dans un
+coin, des fillettes forment une double ronde. Une impression de
+prospérité, d'ordre, de vie heureuse se dégage de l'apparent désordre de
+cette foule enfantine.
+
+Nous montons les sept étages qui conduisent à la terrasse de cette
+maison. De là nous plongeons dans la cour centrale.
+
+Accrochés à tous les étages, les balcons regorgent d'un petit monde en
+cage derrière les barreaux, pépiant comme un peuple de moineaux. Aux
+larges fenêtres, des papas et des mamans entourés de cinq, six, sept,
+huit enfants, se chauffent au bon soleil et les conversations échangées
+témoignent de la bonne entente qui règne entre ces braves gens.
+
+Une heure. On déjeune seulement.
+
+Nous pénétrons chez M. S...: c'est un intérieur modèle dans une maison
+modèle. Le père et la mère président au repas de leurs sept enfants. Le
+père gagne trois cents francs par mois, et cependant on ne peut boire de
+vin, on doit se priver de toute douceur. Dix francs par jour pour neuf
+personnes, à Paris, c'est peu! Pourtant nous avons là, sous les veux, un
+des meilleurs exemples de gaieté courageuse, car l'on sait rire encore
+dans cet appartement au mobilier coquet. Et la plupart des logements de
+cette cité curieuse offrent le même réconfortant spectacle...
+
+Charles Géniaux.
+
+[Illustrations: Deux familles modèles: le repas d'une heure.]
+
+
+UNE MUTINERIE D'ÉTUDIANTS ALLEMANDS
+
+Partout, la jeunesse scolaire est sujette à des accès plus ou moins
+aigus d'une fièvre spéciale qu'on pourrait appeler la fièvre de
+l'indépendance; l'Allemagne elle-même, ce pays de discipline, ne jouit
+point à cet égard d'un privilège d'exception. C'est ainsi que,
+dernièrement, une mutinerie éclatait à l'École polytechnique de
+Charlottenbourg, l'importante cité industrielle qui confine à Berlin
+comme un vaste faubourg. Depuis quelque temps, les rapports étaient
+tendus entre la direction de l'École et le comité de l'Association des
+étudiants auquel on concédait, pour ses réunions, l'usage d'une certaine
+salle de l'établissement. Le retrait de cette faveur fut décidé; mais,
+le comité n'ayant tenu aucun compte des avertissements du proviseur, la
+salle dut être fermée par ordre supérieur: d'où grande irritation et
+protestations tumultueuses des étudiants. Ceux-ci, au nombre de
+plusieurs centaines, se formèrent en colonne, puis parcoururent la
+ville, arborant les divers attributs de leurs études, chantant à
+tue-tête et conspuant avec véhémence les autorités responsables. En
+somme, une de ces manifestations bruyantes où l'indignation des
+protestataires ne va pas sans une gaieté toute juvénile.
+
+[Illustration: Cortège des élèves mutinés de l'École polytechnique de
+Charlottenbourg. _Phot. Berliner Ill. Ges._]
+
+
+
+[Illustration: INAUGURATION A ROME DU MONUMENT DE VICTOR HUGO.-_Phot. Le
+Lieure_.]
+
+LE MONUMENT DE VICTOR HUGO, A ROME
+
+On a inauguré, samedi dernier, à Rome, la statue de Victor Hugo, oeuvre
+de Lucien Pallez, offerte à la Ville Eternelle par la Ligue
+franco-italienne et érigée dans les jardins de la villa Umberto
+(ancienne villa Borghèse). La cérémonie, dans un cadre admirable de
+verdure printanière, au milieu d'une foule considérable qui, malgré les
+carabiniers et les cordons de troupe, avait envahi les jardins Umberto,
+a été d'un pittoresque charmant. Elle a emprunté, surtout, un éclat tout
+particulier à la présence du roi d'Italie, qui avait tenu à donner à la
+Ligue franco-italienne cette marque de haute bienveillance de venir
+présider la manifestation organisée par elle. Au pied du monument, des
+discours ont été prononcés par M. Barrère, M. Bianchi, ministre de
+l'instruction publique en Italie, M. Rivet, qui a fait remise du
+monument à la ville de Rome. Enfin, M. Frédéric Febvre a «dit» une tort
+belle allocution de M. Jules Claretie.
+
+
+
+[Illustration: Le Kronprinz photographiant UN MATCH ANGLO-ALLEMAND DE
+FOOTBALL, A BERLIN, EN PRÉSENCE DU KRONPRINZ.
+
+_Comme la plupart des jeunes gens de sa génération, le prince impérial
+d'Allemagne a un goût très prononcé pour tous les sports; quand il n'y
+participe pas activement, il assiste volontiers en spectateur passionné
+à quelque intéressante réunion. Récemment, un match international de
+football était engagé entre les clubs Civil-Service, de Londres, et
+Germania, de Berlin: il eut lieu au Berlin-Tempelhof, et le prince
+Frédéric-Guillaume tint à être témoin de ce gros événement sportif. Ce
+fut donc sous ses yeux que se livra le combat opiniâtre où les
+concurrents, dont la présence d'un tel personnage stimulait l'ardeur, se
+disputèrent la victoire. Sans doute regrettait-il sa grandeur qui
+l'attachait au rivage, c'est-à-dire le retenait derrière la barrière du
+champs clos: en revanche, l'étiquette ne lui défendait pas l'usage de
+l'appareil photographique, bagage désormais consacré de tout pratiquant
+de la vie en plein air, quels que soient sa condition et son rang._]
+
+
+
+[Illustration: Le temple de l'Erechthéion, avant la remise en état.]
+
+FAUT-IL RESTAURER LE PARTHÉNON?
+
+La question qui a fait assurément le plus de bruit parmi celles que le
+congrès archéologique d'Athènes a discutées le mois dernier est celle de
+la restauration du Parthénon. Doit-on restaurer le Parthénon? Et jusqu'à
+quel point? Ce n'est pas ici le lieu d'étudier _ex professo_ ce problème
+à la fois artistique et archéologique, mais nous voudrions au moins
+faire comprendre par un exemple comment il se pose. Personne ne songe à
+reconstruire le Parthénon, mais les uns voudraient en laisser les ruines
+dans la majesté de l'abandon tandis que d'autres sont d'avis de veiller
+activement à leur conservation. Sans méconnaître la poésie des ruines,
+chère à Chateaubriand et Lamartine, on peut admettre--et l'on admet en
+général--qu'il n'y a aucune impiété à entourer de soins protecteurs ce
+qui nous reste du passé. Mais dans quelle mesure? Faut-il «réparer du
+temps l'irréparable outrage» ou simplement retarder la marche fatale de
+l'irrésistible oeuvre de destruction?
+
+A Athènes, on est pour l'intervention. On travaille aux monuments de
+l'Acropole et, tout en se défendant de vouloir les restaurer au sens
+littéral du mot, on a l'ambition de relever toutes les ruines écroulées
+dont les débris sont restés sur le sol et possibles à reconstituer. Le
+principe adopté est celui-ci: il faut remettre en place et restituer
+tout ce qui a été détruit par accident. C'est ainsi qu'on a reconstitué,
+il y a déjà quelques années, le petit temple de la Victoire Aptère,
+situé en avant des Propylées, que les Turcs avaient démoli pour
+installer une batterie sur ses déblais.
+
+[Illustration: L'Erechthéion après les travaux de restauration.]
+
+Le dernier travail de restauration, qui est à peine terminé, est celui
+que je veux mettre sous les yeux des lecteurs de _L'Illustration_. Il
+concerne le temple de l'Erechthéion, situé au nord du Parthénon, dont
+les façades ouest et nord sont dès maintenant remises en état, autant
+que le permet le mode de travail adopté. Il s'agit de reconnaître
+d'abord et d'inventorier tous les débris gisant à terre, d'en déterminer
+le rôle et la place, et de les remettre ensuite à cette place, sauf à
+combler les vides et les manques par des matériaux modernes. Les
+gravures ci-jointes représentent la façade ouest du monument, avant et
+après les derniers travaux. C'est grâce à l'inépuisable obligeance de M.
+Balanos, le savant ingénieur-architecte «chargé des travaux de
+reconstruction des monuments de l'Acropole», que je puis publier la
+seconde de ces deux photographies qui n'est pas encore en vente. On voit
+que le vide béant qui trouait le milieu de la façade a été comblé.
+Quatre colonnes, dont une seule était partiellement debout, ont été
+relevées. Elles l'avaient été une première fois en 1840, mais une
+tempête les avait renversées en 1852. Pièce par pièce on les a
+recomposées. On remarquera qu'il n'y a presque plus rien par terre.
+C'était un vrai jeu de patience, comme on en peut juger. L'architrave a
+été de même relevée, ainsi que l'angle du fronton, tout cela, sauf
+quelques rares fragments modernes, étant absolument authentique et d'un
+heureux effet.
+
+Mais on a été plus loin. On a reconstitué le mur dans lequel les
+colonnes étaient encastrées et même les fenêtres pratiquées dans ce mur.
+Il s'agit, non pas du mur primitif et des fenêtres de l'époque grecque,
+mais du mur et des fenêtres tels qu'ils étaient à l'époque romaine. Ici,
+il a fallu un peu plus intervenir. Les encadrements des fenêtres sont
+authentiques, mais il y a dans le mur des matériaux modernes. Ils ne
+sautent pas aux yeux, parce qu'on leur a donné à l'extérieur une patine
+antique, mais on les distingue de l'intérieur.
+
+Chacun pourra, d'après ces documents, se faire une opinion. Comme la
+restauration du Parthénon est conçue dans le même esprit, on peut
+prévoir ce qui va se passer. Les colonnes dont les tambours existent
+seront relevées, ce qui est légitime, car il n'y a pas, après tout, à
+considérer comme sacrées et irréparables les conséquences d'un accident
+tel que l'explosion de la poudrière turque qui a éventré le Parthénon.
+Mais on sera obligé de remplacer un certain nombre de tambours
+manquants. Après quoi, on replacera l'architrave, les triglyphes et les
+métopes qu'on a recueillis, avec les bouche-trous indispensables.
+
+Il faut bien avouer que la nécessité de ces bouche-trous n'est pas sans
+nous troubler. On peut aller loin dans cette voie. Pour utiliser un
+fragment de chapiteau, on arrive vite à refaire une colonne. Certes, les
+hommes de goût et de science qui dirigent présentement ce travail
+délicat méritent confiance; mais, quand ils auront fini leur oeuvre et
+atteint le terme qu'ils déclarent ne pas vouloir franchir, qui nous
+garantit que leurs successeurs auront la même réserve et la même
+conscience? A. Albert-Petit.
+
+
+
+Documents et Informations.
+
+Le trépas d'une grenouille historique. Une célébrité du monde des
+grenouilles vient de disparaître, qui mérite une petite notice
+nécrologique. C'est la grenouille décérébrée de l'université Cornell. M.
+Wilder, physiologiste à cette université, étant d'avis que, chez la
+grenouille, c'est le cerveau qui est le siège de la conscience et de la
+volition, entreprit, en 1899, de démontrer la chose en privant une
+grenouille de son cerveau. Il enleva donc à celle-ci ses deux
+hémisphères cérébraux. Elle supporta bien cette rude opération et guérit
+rapidement; on la conserva dans un grand vase ouvert où elle resta
+pendant cinq ans, jusqu'à sa mort. Ce qui frappa, dans son attitude,
+durant cette période, ce fut son absolu manque d'initiative. Elle ne
+faisait que de petits mouvements involontaires du genre de ceux que fait
+une personne endormie. Jamais l'idée de fuir ou de se déplacer seulement
+ne lui venait. Pas même celle de se nourrir, qui est pourtant une des
+plus naturelles et élémentaires. On mettait devant elle les mets les
+plus attrayants--pour son espèce--sans qu'elle y prit garde: elle
+voyait, sans doute, mais ne comprenait plus la signification de ce
+qu'elle voyait. Il fallut la nourrir de force. Chaque jour on la
+prenait, on lui ouvrait la bouche et on lui poussait, au fond de la
+bouche, de manière à exciter le mécanisme réflexe de la déglutition, une
+bouchée de viande fraîche ou de poisson. De cette manière, on put
+l'entretenir en vie; autrement, elle serait morte d'inanition, faute de
+conscience et de volition. Dès qu'on la touchait, on provoquait des
+mouvements: elle faisait quelques pas ou un saut; dans l'eau, elle
+nageait jusqu'à ce que quelque obstacle l'arrêtât et, mise sur le dos,
+elle se retournait vivement, mais c'était tout. Si elle réagissait aux
+excitations extérieures, elle était incapable de se mouvoir de son
+propre gré; elle manquait absolument d'initiative et de volonté. Elle
+prouvait nettement, par son attitude, que l'existence des hémisphères
+cérébraux est la condition de la possession de la conscience et de la
+volition. Il faut ajouter qu'on savait ceci depuis longtemps, par
+Flourens et d'autres expérimentateurs. Pendant cinq ans, la pauvre bête
+a servi à l'instruction des physiologistes; elle a été montrée à cinq
+générations d'étudiants, elle a même figuré à un congrès de physiologie.
+Après quoi, elle a trépassé. Il est permis de croire qu'elle n'a eu
+aucune conscience de sa mort: elle était morte intellectuellement du
+jour où son cerveau lui fut enlevé.
+
+Baisse générale de la natalité en Europe.
+
+En présence de la baisse de la natalité française, deux écoles de
+démographes s'étaient formées: les uns considéraient le mal comme nous
+étant spécial et s'efforçaient d'y appliquer des remèdes; les autres,
+plus calmes et plus optimistes, soutenaient qu'il s'agissait d'un
+phénomène caractéristique de toutes les civilisations avancées,
+phénomène plus accentué chez nous, simplement parce que la France était
+à la tête de la civilisation, mais qui se produisait aussi chez tous les
+autres peuples, dans tous les pays civilisés, où il ne tarderait pas à
+s'accentuer.
+
+En réalité, cette dernière école paraît être la bonne, car il est
+certain que la natalité va baissant chez tous les peuples européens.
+
+Ainsi, dans l'empire allemand, la marche décroissante de la natalité est
+de plus en plus frappante: de 35,7 0/00 en 1901, et de 35.1 en 1902,
+elle n'était plus que de 33,9 en 1903.
+
+En Italie, la natalité a passé de 36,5 à 33,3; en Grande-Bretagne, elle
+a passé de 30.7 en 1893 à 27,6 en 1904; en Danemark, de 1893 à 1902,
+elle est tombée de 30,8 à 29,3; et en Norvège, de 30,6 à 28,9.
+Seulement, tous les pays, en dépit de cette baisse, ont encore une fort
+belle natalité comparée à celle de la France, qui atteint à peine 22
+0/00.
+
+La fête Jacques Callot.
+
+Le groupe des dessinateurs humoristes, auquel on doit la réussite de la
+fête Gavarni et de la fête Henry Monnier, prépare pour le 17 mai, au
+Casino de Paris, une fête nouvelle en l'honneur de _Jacques Callot_, le
+bon Lorrain qui croquait de verve, de si magistrale façon, les grands
+seigneurs, les soldats, les bohémiens, les gueux et les comédiens de son
+temps (1592-1635). Les imaginations de nos jeunes satiristes sont fort
+échauffées sur ce thème ancien: on parle de merveilleuses
+reconstitutions. La fête Callot est une _fête d'artistes_, où l'humour
+de bon aloi s'alliera, pour l'amusement des spectateurs, à la curiosité
+des baraques, cortèges et costumes fidèlement reconstitués. Avis
+important: les habits noirs et les toilettes de soirée sont admis à ce
+bal.
+
+
+
+_Mouvement littéraire_
+
+_Le Crime de Clodomir Busiquet_, par Edmond Frank (Fontemoing, 3 fr.
+50). _Brichanteau célèbre_, par Jules Claretie (Fasquelle, 3 fr. 50).
+--_Le Roman d'un M'as-tu vu?_, par Frédéric Febvre (Combel, 3 fr.
+50).--_Demi-Mère_, par Mme Resclauze de Bermon (Plon, 3 fr. 50).
+
+Le Crime de Clodomir Busiquet. Un sonnet vaut souvent tout un long
+poème. Il y faut une ingéniosité, une perfection infinies. Comparée au
+roman, la nouvelle légère, spirituelle, sensible, demande un art tout
+particulier; c'est un peu comme le sonnet en poésie. Si le court récit
+en prose n'a pas jusqu'ici obtenu une grande faveur parmi le public, si
+les éditeurs le redoutent et présentent un visage déçu à celui qui leur
+apporte un recueil de petites histoires, c'est qu'il n'y a pas là
+ordinairement toute la sentimentalité exquise, tout le vif esprit
+qu'exige le genre. M. Edmond Frank nous offre en revanche une série de
+nouvelles qui ne laissent rien à désirer aux lettrés délicats. Ce sont
+de petits bijoux admirablement ciselés, jetant une lueur vive et
+charmante. Impossible de montrer dans des lignes rapides toutes les
+petites choses, quelques-unes menues et frêles, de M. Frank. La
+première, la plus étendue, le _Crime de Clodomir Busiquet_, a donné son
+nom au volume entier. Gauche comme Diafoirus, le jeune Clodomir a eu
+maille à partir, dès le lycée, avec un beau garçon, riche, avantageux,
+qui se moquait de sa mine et de sa laideur. Il s'est résigné plus tard à
+prendre la succession de son père, le pharmacien, et à passer sa vie
+parmi les drogues et à la lueur des bocaux multicolores. Mais, pour être
+apothicaire, on n'en a pas moins un coeur sensible; Clodomir adore en
+secret une cousine plus fortunée que lui. Quel est son désespoir quand
+il apprend qu'elle va se marier! Mais, ce qui redouble son chagrin,
+c'est que le fiancé est précisément son ancien ennemi du lycée, qui n'a
+pas désarmé et profite de la circonstance pour abreuver d'humiliations
+le malheureux Busiquet, lequel cherche une vengeance adéquate à la
+situation. Avec quoi peut bien s'assouvir l'ire d'un pharmacien?
+N'a-t-il pas dans son officine de quoi mettre à mal le genre humain tout
+entier? Clodomir jure que la cousine n'appartiendra pas à son rival
+détesté. Aussi glisse-t-il, dans une fiole, un peu de poison au lieu
+d'un médicament ordonné à la belle. Mais quel remords, le crime
+accompli. Il se jette à la mer, mais, au milieu du saut, est retenu par
+sa vieille et fidèle bonne, attentive à tout et qui avait mis dans la
+fiole meurtrière de l'eau innocente au lieu du liquide meurtrier. Voilà
+comment Busiquet, après les avoir frôlés, a évité l'assassinat et le
+suicide. Tout cela est joliment narré, avec une sûreté de mots toute
+classique, avec une bonne humeur attendrie. Rien de plus amusant
+pareillement que le _Saint-Honoré_, et toute cette série de jolies
+nouvelles dans lesquelles s'est joué le talent fin et souple de M.
+Frank!
+
+Brichanteau célèbre.
+
+Jules Claretie a créé un nom et un type. Brichanteau restera; on se
+souviendra toujours de Brichanteau; on le nommera dans les générations
+futures. Qu'est ce donc que cet illustre, que cet immortel? Nous le
+connaissions déjà par un livre de M. Claretie; mais ici, il nous
+apparaît mieux encore, non plus dans son éclat, mais sous un jour doux,
+attendri. Retiré du théâtre, pensionné par l'Association des artistes
+dramatiques, célèbre puisqu'on l'interviewe et qu'on recueille ses
+souvenirs, Brichanteau aime à se raconter lui-même et surtout à raconter
+ce qu'il a aperçu au théâtre. Ce n'est pas seulement un _M'as-tu vu?_,
+c'est encore et surtout un artiste qui a su voir les autres et les
+admirer. A l'exposition de portraits d'artistes où il se promène, il
+narre, en passant devant chaque peinture ou devant chaque buste, les
+impressions poignantes ou tendres qu'il a ressenties au théâtre. Il a
+entendu les deux grands romantiques: Bocage et Frederick Lemaître; Mme
+Doche, _la Dame aux camélias_, l'a enthousiasmé; il se rappelle combien
+exquise était Léonide Leblanc «sous la perruque poudrée de la _Frileuse_
+ou le petit chapeau de _Patrie_». En passant devant le Conservatoire,
+Brichanteau sent toute sa jeunesse refleurir et se permet aussi de
+judicieuses observations. Pourquoi est-il question là de déclamer?
+Est-ce qu'un comédien doit jamais déclamer? Pourquoi admettre, dans
+cette maison, des gens mal bâtis? Sur le théâtre ne doivent figurer que
+des Apollons ou bien des Vénus et des Minerves. Avec un art exquis, avec
+une connaissance parfaite de son sujet, M. Claretie nous a rendu, en le
+faisant célèbre, ce Brichanteau, à moitié de Paris et, par ses tournées,
+à moitié de la province. Je recommande en particulier les pages
+humoristiques où l'auteur nous peint les scrupules de son héros,
+attablé, aux frais du prince, chez une ancienne camarade, encore jolie
+et aimée.
+
+Le Roman d'un M'as-tu vu?
+
+Dans sa retraite, M. Frédéric Febvre a composé ces douces pages. Son
+pauvre _M'as-tu vu?_, enfant gâté, vaniteux, incapable de se gouverner,
+vivant de phrases qui ne lui appartiennent pas, transportant dans
+l'existence ordinaire ses gestes de comédien, regardant tout à travers
+un prisme ou des verres grossissants, a remporté sur la scène du Havre
+toutes les couronnes. Il était la vedette de chaque soir; les femmes
+l'adoraient; est-ce qu'une toute jeune fille ne s'était pas noyée pour
+lui? Il acceptait tout cela comme un hommage dû à son talent et à son
+galbe. Mais combien précaire la fortune du pauvre comédien Marinval! Les
+ans viennent; il roule d'engagements en engagements, mange le pain de
+l'étranger, accourt à Paris où il savoure toutes les déceptions amères
+des agences dramatiques. En vain frappe-t-il sa poitrine et secoue-t-il
+sa chevelure à chaque frison de laquelle était pendue autrefois une
+jolie provinciale, il ne peut que constater jusqu'à quel point, dans ce
+Paris imbécile, on méconnaît le génie. Grâce à M. Frédéric Febvre, il
+obtient un bout de rôle à la Gaîté. Un bout de rôle, à lui, l'illustre
+Marinval! Après avoir repris sa vie errante en compagnie d'une douce
+choriste, Marie-Anne, dont il a fait sa femme, l'ancien premier du Havre
+se retire avec une petite pension au bord de la mer bretonne. Il pêche,
+il fume, il se promène en bon bourgeois, ne se souvenant plus qu'à de
+rares moments de ses rôles éclatants. Voilà le principal personnage, le
+type qu'a dépeint avec une véracité saisissante et d'une façon
+spirituelle et sensible M. Febvre. D'autres personnages secondaires
+apparaissent auprès de l'enfantin, vaniteux et bon Marinval. Rien de
+plus piquant et de meilleur à lire que le Roman lamentable d'un _M'as lu
+vu?_ C'est l'oeuvre d'un lettré et d'un homme fort délicat et fort
+humain.
+
+Demi-Mère.
+
+Ce qui fait la beauté du roman, plus que les aventures, c'est la poésie.
+Or, les pages de Mme Resclauze de Bermon en surabondent, sans toutefois
+en être surchargées. Les jolis détails, les apprêts de la phrase, loin
+de couvrir les personnages les font valoir et les mettent en relief. Mme
+Valbert a épousé un avocat, veuf, qui avait eu une fille d'un premier
+mariage. Dans cette enfant se retrouve toute l'âme créole de sa mère, et
+ici, la psychologie de Mme de Bermon apparaît avec autant de grâce que
+de précision. «Nonchalante à ses heures, elle se réveillait d'une
+brusque secousse, qui semblait l'agiter d'un vent de folie...; le regard
+se perdait dans la langueur d'un songe lointain pour se réveiller
+brusquement, tout brillant d'étincelles.» Nous aurons tout le long du
+volume ces portraits à la fois poétiques et fins. La demi-mère de
+Juliette--c'est le nom de l'enfant--n'a jamais révélé à celle-ci qu'elle
+n'était pas sa vraie mère. Ne l'aime-t-elle pas avec la dernière
+tendresse? Elle est, elle-même, au commencement de sa maturité, plus
+belle et plus touchante qu'à son printemps. Un tout jeune homme,
+Olivier, l'adore, le lui dit, l'enveloppe de séductions. Quelles
+résistances chez cette honnête femme! Quel travail opiniâtre chez
+Olivier qui la veut conquérir! Malgré tout elle se laisse peu à peu
+aller à l'amour qui essaye de l'emporter. Sans faillir complètement,
+elle accorde quelques menues faveurs. Une nuit, à Biarritz, en l'absence
+de son mari, elle tolère qu'Olivier lui vienne faire ses adieux, bien
+décidée à lui octroyer seulement quelques paroles de sympathie. Mais,
+tout à coup, le mari revient, aperçoit, à cette heure, la démarche
+hésitante et troublée du jeune homme. Où va celui-ci? En même temps, la
+jeune Juliette--elle a dix-huit ans--qui a surpris les assiduités
+d'Olivier, qui souffre de tout ce manège et qui comprend ce qui va se
+passer entre les deux hommes et la ruine certaine de sa famille, se
+précipite en criant à son père: «C'est pour moi qu'il vient!» De là le
+mariage, l'inéluctable mariage exigé par M Valbert. C'est poignant,
+plein de détails mondains, et d'une psychologie amoureuse très intense.
+Mme Valbert admire sa fille, l'adore plus passionnément, et cependant,
+comment éviterait-elle les tortures de la jalousie? Séduits et emportés
+par ces passions vives, par cette tragédie domestique, nous hésitons à
+nous ressaisir et à critiquer. Qu'on me permette cependant une
+objection: est-ce que le mariage était inévitable comme le prétend
+l'auteur? Ne pouvait-on l'écarter en déclarant à M. Valbert que c'était
+une simple amourette passagère, que le jeune homme imprudent s'était
+hasardé, sans permission, à solliciter la nuit une entrevue? Mme
+Resclauze de Bermon a, dans tous les cas, écrit un roman très passionné
+et très chaste, nous découvrant bien des coins cachés de l'âme féminine.
+
+E. Ledrain.
+
+
+
+LES THÉÂTRES
+
+A l'Opéra-Comique, on a accueilli avec une faveur marquée la _Cabrera_,
+drame lyrique en deux parties, fort adroitement établi par M. H. Cain et
+mis en musique par un jeune compositeur, M. G. Dupont, dont la verve
+mélodique et le savoir sont de bon augure pour l'avenir. Nous avons
+donné, il y a quelques mois, un fragment de cet intéressant ouvrage, qui
+a été couronné au concours international ouvert par M. Sonzogno, en
+Italie.
+
+Les représentations de l'Opéra-Italien, au théâtre Sarah-Bernhardt,
+captivent de plus en plus le public--j'entends cette partie du public,
+la plus nombreuse certainement, qui ne voyait pas sans regret le dédain
+témoigné par la plupart de nos compositeurs aux séductions pures de la
+mélodie interprétée par des voix humaines. Là, se rencontrent les
+chanteurs les plus réputés de l'Italie: Bassi, F. de Lucia, Titta Ruffo,
+Garbin, Mmes Pinto, Stehle, etc., etc., et les ouvrages qu'interprètent
+ces artistes sont traités, dans leur fougue, avec une conscience de
+travail harmonique et orchestral qui commande le respect de la critique.
+Ce n'est pas assez dire pour _Siberia_, le magnifique drame lyrique de
+M. Giordano, dont nous avons constaté le triomphal succès la semaine
+dernière. _Adriana Lecouvreur_, de M. Cilea et, à un degré inférieur,
+_Amico Fritz_, de M. Mascagni, méritent également la faveur dont ces
+ouvrages jouissent en Italie.
+
+_Coeur-de-moineau_, la nouvelle pièce de l'Athénée, va certainement
+faire reprendre à cet heureux théâtre la série à peine interrompue de
+ses succès. Nous le constatons avec d'autant plus de plaisir que la
+comédie de M. Artus, hardiment gauloise quant au sujet, reste littéraire
+dans la forme et que les mots d'esprit y jaillissent réellement des
+situations, c'est-à-dire de leur source naturelle. Le moineau, on le
+devine, c'est un Don Juan en jaquette, amoureux de toutes les femmes et
+les trompant toutes avec une belle Inconscience jusqu'au moment où
+l'amour le prend sérieusement au coeur. M. Brûlé joue avec beaucoup de
+bonne grâce et de tact ce rôle difficile, entouré de charmantes
+«moinelles», Mmes Diéterle, Duluc, Bignon, etc., et d'un excellent
+compère mondain, M. Bullier.
+
+
+
+LE SABRE D'HONNEUR DE STOESSEL
+
+Nous avons entretenu déjà nos lecteurs de la souscription ouverte par
+notre confrère l'_Echo de Paris_ afin d'offrir, au nom des Français, au
+général Stoessel, un sabre d'honneur, et, aux défenseurs de Port-Arthur,
+un souvenir.
+
+Le sabre du général Stoessel, par Falize, figure en ce moment au Salon
+des Artistes français, où, comme on peut le penser, il est fort admiré.
+
+La poignée en est formée d'une fusée d'ivoire avec résille d'or et de
+rubis. Au centre, dans un médaillon oblong, se détache un _Saint
+Georges_ d'or et d'émail, auquel fait pendant, au revers, le monogramme
+du général, exécuté en émaux translucides sur or. Au sommet, l'aigle
+éployé des armoiries russes. Ces trois appliques sent bordées de
+brillants. Sur les flancs de la poignée, on lit: _Dieu protège les
+braves_ et _Hommage des Français._
+
+Le pommeau est formé d'une aigue-marine, pierre qui symbolise la mer,
+entourée de vingt-six brillants correspondant aux vingt-six forts de
+Port-Arthur. Dans la gorge, un décor de seize rubis cabochons.
+
+Sur la garde s'enlacent les palmes et le laurier, liés par un ruban où
+s'inscrit la devise _Honneur et Patrie_. La bague, au-dessous, porte ce
+mot: _Port-Arthur_, en lettres d'émaux champlevés translucides, parmi
+lesquelles court, sur le fond d'or, une brindille de laurier.
+
+Enfin, sur la lame d'acier trempé, on a inscrit la dédicace: _Au général
+Stoessel, défenseur de Port-Arthur, 1904 1905. Souscription de l'«Echo
+de Paris»_. Et la croix de Saint-Georges pend à la dragonne.
+
+[Illustration: Sabre d'honneur, par Falize, offert au général Stoessel.
+(Souscription de _l'Écho de Paris._)]
+
+Telle est l'arme qui va être bientôt présentée à l'énergique commandant
+de Port-Arthur, et dont les mérites artistiques, plus encore que les
+matières précieuses qui sont entrées dans son exécution, font une oeuvre
+de grande valeur.
+
+
+
+[Illustration: Capitaine Tamburini, Capitaine Volpert, M. Meyer. M.
+Vrinat. M. Hansen.]
+
+LE COMPLOT DES CAPOTES
+
+Un four judiciaire, ce procès du complot. Un tour si noir qu'on n'est
+point allé jusqu'au bout du deuxième acte. Avant la fin de la deuxième
+audience, sur un incident de procédure, on a renvoyé les débats à quinze
+jours. Ils recommenceront dans six semaines, ou trois mois, ou
+davantage. Le plus tard sera le mieux. Elle était vraiment trop
+ennuyeuse, cette histoire de complot. On nous parlait d'une
+conspiration, sans nous dire pour qui l'on conspirait: duc d'Orléans,
+général de Négrier, M. Doumer, prince Victor? on ne savait; on lançait
+des noms au hasard. Sauf les capotes et les képis découverts, un beau
+soir, dans une villa de Courbevoie, on n'avait rien trouvé.
+
+Sur le banc des prévenus deux officiers: l'un en non-activité, M.
+Tamburini; l'autre en congé, M. Volpert. Ces deux inconnus,
+«instruments» de plus grands et de plus ambitieux, dit-on, avaient fait
+à d'anciens camarades de vagues propositions de «marcher sur l'Elysée».
+Les camarades avaient haussé les épaules. Voilà tout le crime poursuivi?
+Non: il y avait encore ceci:
+
+Les prévenus, avec un troisième inculpé en fuite, avaient tenté de
+recruter des «soldats d'occasion» pour l'insurrection projetée. Quant
+aux comparses: MM. Hansen et Meyer avaient transporté ou reçu des
+cartouches dont il devait être fait usage quand viendrait le Grand Jour.
+
+Un garçon de vingt ans, M. Vrinat, avait été le gardien du magasin
+d'habillement des conjurés.
+
+C'est tout ce qu'à l'audience on a pu savoir de ce grand complot dont
+les journaux parlent depuis un mois.
+
+MM. Tamburini et Volpert, si différents d'aspect--le premier correct,
+éloquent, énergique; l'autre, remuant, bègue et nerveux--se défendent
+tous deux de toute idée insurrectionnelle. Et c'est là une originalité
+en la matière. Les conspirateurs, d'ordinaire, se plaisent à braver
+leurs juges. Ils ont du panache. Ils sont insolents. MM. Volpert et
+Tamburini s'épuisent en dénégations. Ils font de la procédure. Ils
+«distinguent». Ils voulaient, disent-ils, changer de ministère, mais pas
+de gouvernement. Ils sont républicains, et libéraux, et respectueux des
+lois...
+
+Drôles de conspirateurs. De Catilina à Blanqui, en passant par
+Cinq-Mars, Cadoudal et Malet, tous les ancêtres de la conspiration ont
+dû tressaillir dans leur tombe, aux paroles prudentes de si médiocres
+successeurs.
+
+HENRI VARENNES.
+
+
+
+LE MONUMENT DE GRAVELOTTE Dans le programme du voyage que l'empereur
+d'Allemagne lient d'entreprendre en Alsace-Lorraine figurait, à la date
+du 11 mai, l'inauguration du monument commémoratif de Gravelotte.
+
+Ce monument consiste en une sorte de cloître construit de pierres
+ocreuses, couvert de tuiles rouges, et dont les allées sont décorées à
+l'intérieur de médaillons en bronze.
+
+Le monument de Gravelotte, inauguré le 11 mai par l'empereur Guillaume
+II, représentant l'effigie des généraux allemands qui ont pris part à la
+bataille des 15-18 août 1870. Au milieu de l'espace découvert est placé
+un buste en marbre de Guillaume Ier, fondateur de l'empire, et, au fond,
+dans une niche faisant face à l'entrée, se dresse une statue symbolique,
+d'un caractère tout ensemble religieux et guerrier, ange ou génie,
+tenant une longue trompette.
+
+Bien plus suggestif que cet édifice funèbre, d'une lourde banalité, est
+le lieu où il s'élève: le cimetière, avec ses simples croix de bois
+blanches, alignées derrière les sombres cyprès et portant des épitaphes
+suffisamment éloquentes en la précision de leurs chiffres, car elles
+indiquent que tel nombre d'Allemands et tel nombre de Français, tombés
+en se combattant, reposent depuis trente-quatre ans côte à côte sous le
+même tertre verdoyant.
+
+
+
+L'OMNIBUS AUTOMOBILE
+
+Dans son numéro du 1er avril, _L'Illustration_ donnait, avec quelques
+indications sommaires, un dessin schématique représentant le type de
+voiture automobile que la Compagnie générale des Omnibus de Paris s'est
+décidée à construire.
+
+Le 6 mai, l'omnibus de M. Léon Serpollet, muni d'un moteur à vapeur
+d'une force nominale de 40 chevaux et capable, au besoin, d'aller
+jusqu'à 100, faisait son premier essai, chargé de quelques voyageurs
+privilégiés. Parti, vers deux heures de l'après-midi, du dépôt de la rue
+Championnet, le véhicule, sous la conduite de son constructeur, à gravi
+les pentes abruptes de la butte Montmartre, puis à suivi à travers
+Paris, un itinéraire comprenant la rue d'Amsterdam, l'avenue de l'Opéra,
+la place du Carrousel, le boulevard Saint-Germain, les grands
+boulevards, depuis la Bastille jusqu'à la chaussée d'Antin. Après un
+trajet accompli en deux heures quarante minutes, sans la moindre panne,
+il stoppait à son point de départ. La réussite de cette première
+expérience permet d'espérer la prochaine mise en circulation des omnibus
+automobiles.
+
+[Illustration: La première promenade dans Paris du nouvel omnibus
+automobile, conduit par son constructeur, M. Serpollet.]
+
+
+
+[Illustration: RAJEUNISSONS LE PALAIS-ROYAL, par Henriot.]
+
+
+
+_NOUVELLES INVENTIONS_
+
+_(Tous les articles compris sous cette rubrique sont entièrement
+gratuits)_
+
+ANNEAUX POUR STORES ET BRISE-BISE
+
+Quelle ménagère n'a pas eu de petits ennuis dans la suspension des
+stores, brise-bise, rideaux légers ou dentelles?
+
+Ces ennuis tiennent à la forme même et à la nature de la suspension
+adoptée jusqu'ici: les anneaux sont cousus à l'étoffe légère ou à la
+dentelle, puis enfilés généralement sur une tringle. Qu'arrive-t-il donc
+dans ces conditions?
+
+[Illustration.]
+
+1° L'anneau a une tendance, naturellement, à se mettre _de champ_, dans
+le plan de l'étoffe, tandis qu'il en est contrarié par la tige sur
+laquelle il est enfilé; de ce fait, il se met en biais, l'étoffe tombe
+mal, fait des coques souvent disgracieuses et inégales... inconvénients
+difficiles à éviter.
+
+2° Veut-on nettoyer l'étoffe, remettre la dentelle au teinturier pour un
+nettoyage délicat? Il faut découdre les anneaux un à un, travail qui
+exige la plus grande attention, pour les recoudre ensuite.
+
+Trop heureux si un coup de ciseaux un peu rapide ne coupe pas la
+dentelle!
+
+Tous ces inconvénients sont évités par une charmante petite invention
+figurée sur les dessins ci-dessus. Voulez-vous fixer les anneaux?
+
+Vous les serrez légèrement: les deux yeux inférieurs s'écartent et vous
+pincez votre étoffe. L'anneau, loin de chercher à tourner, tend au
+contraire à laisser l'étoffe tomber librement.
+
+Rien à découdre non plus: en pressant vos anneaux l'étoffe est dégagée.
+Le motif le plus léger et le plus fragile se trouvera bien d'un tel
+emploi: les rideaux si nombreux de nos appartements seront mieux,
+suspendus, ils seront rapidement posés et déposés, sans crainte jamais
+d'être détériorés par des ciseaux pressés. Les ménagères avisées verront
+là de précieux avantages, avec l'élégance et l'économie d'un temps
+précieux.
+
+Ces anneaux se trouvent en vente, chez _M. Blachon, 61, rue Halle,
+Partes_, au prix de 1 fr. 25 la douzaine en cuivre verni et 2 francs en
+cuivre doré.
+
+ORGUE-HARMONIUM PLIANT
+
+Le transport des instruments de musique volumineux, tels que pianos et
+orgues-harmoniums, n'est pas sans présenter des inconvénients assez
+désagréables; l'inventeur de l'orgue-harmonium «Aeolus» a voulu remédier
+à ces difficultés de transport en construisant un instrument susceptible
+de se replier et de se renfermer dans une malle tout en conservant la
+sonorité et la puissance des harmoniums ordinaires. Nous n'entrerons pas
+dans les détails du système de charnières et d'articulations, d'ailleurs
+fort simple, qui permet d'obtenir cet intéressant résultat; les figures
+ci-jointes montrent suffisamment les différences de volume, l'instrument
+étant ouvert ou fermé. Les pièces les plus encombrantes, pédales de
+soufflerie, pieds et barres supportant les pédales, se replient sans la
+moindre difficulté.
+
+[Illustration: Appareil fermé.]
+
+L'orgue-coffre comporte 1 jeu de 4 octaves. Il est muni de 2 pédales et
+de 2 registres: _Forte_ et _Melodia_--et se ferme au moyen d'une serrure
+à clef.
+
+L'instrument fermé présente l'aspect d'une petite malle ou coffret,
+parfaitement clos de toutes parts et mesurant 0m,78 de long sur 0m,30 de
+haut et 0m,41 de profondeur. Il est donc très peu encombrant et
+facilement transportable. Son poids n'est que de 23 kilos, ce qui permet
+de l'emporter en voyage et de le mettre aux bagages, sans excédent.
+
+[Illustration: Appareil ouvert.]
+
+Au dire de l'inventeur, malgré ses dimensions restreintes, la sonorité
+de cet instrument est pleine et ronde, rappelant celle des orgues à
+tuyaux, et sa puissance rivalise avec celle de modèles d'un prix plus
+élevé.
+
+Le prix de l'orgue-coffret en chêne est de 130 francs; avec serrure et
+garnitures en cuivre poli, 140 francs. Le prix de l'emballage pour la
+province est de 5 francs. S'adresser à _M. Gebhardt, 1, rue Madame,
+Paris._
+
+LE PORTE-PLUME "BERTILLON"
+
+Fort originale a été l'idée de l'inventeur qui a construit ce
+porte-plume: elle permet d'avoir, par excellence, cet instrument bien en
+main, puisque son extrémité est modelée suivant la position et la forme
+exactes des doigts qui le maintiennent. Mieux encore, si l'empreinte a
+été prise par une main écrivant d'une façon correcte, les personnes dont
+la position de main est défectueuse la verront corrigée par cet
+instrument modèle.
+
+Rien de plus simple que l'obtention d'un pareil résultat. Le porte-plume
+Bertillon (figure) comporte près de la plume un renflement ovoïde en
+gutta-percha: il suffit de tremper cette partie dans l'eau bouillante
+pendant une demi-minute et d'appliquer dessus les doigts comme pour
+écrire en pressant légèrement, de façon à donner l'empreinte des doigts
+à la gutta-percha dont tout le monde connaît les remarquables qualités
+en matière de modelage. On durcit ensuite cette substance en la trempant
+dans l'eau froide.
+
+Au dire de l'inventeur, cet instrument faciliterait une écriture
+régulière et sûre; il empêcherait le porte-plume de glisser ou de
+tourner, supprimerait les durillons aux doigts, la crampe des écrivains
+ou la fatigue de la main. D'autre part, il éviterait bien des taches
+d'encre aux doigts et aux papiers.
+
+Le prix de ce porte-plume est de 0 fr. 75; on le trouve chez _M. Victor
+Schroedler, 59, rue des Petites-Écuries, Paris._
+
+
+
+
+
+
+
+
+End of Project Gutenberg's L'Illustration, No. 3246, 13 Mai 1905, by Various
+
+*** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK L'ILLUSTRATION, 13 MAI 1905 ***
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+works. See paragraph 1.E below.
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+is also defective, you may demand a refund in writing without further
+opportunities to fix the problem.
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+in paragraph 1.F.3, this work is provided to you 'AS-IS' WITH NO OTHER
+WARRANTIES OF ANY KIND, EXPRESS OR IMPLIED, INCLUDING BUT NOT LIMITED TO
+WARRANTIES OF MERCHANTIBILITY OR FITNESS FOR ANY PURPOSE.
+
+1.F.5. Some states do not allow disclaimers of certain implied
+warranties or the exclusion or limitation of certain types of damages.
+If any disclaimer or limitation set forth in this agreement violates the
+law of the state applicable to this agreement, the agreement shall be
+interpreted to make the maximum disclaimer or limitation permitted by
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+promotion and distribution of Project Gutenberg-tm electronic works,
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+work, (b) alteration, modification, or additions or deletions to any
+Project Gutenberg-tm work, and (c) any Defect you cause.
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+Section 2. Information about the Mission of Project Gutenberg-tm
+
+Project Gutenberg-tm is synonymous with the free distribution of
+electronic works in formats readable by the widest variety of computers
+including obsolete, old, middle-aged and new computers. It exists
+because of the efforts of hundreds of volunteers and donations from
+people in all walks of life.
+
+Volunteers and financial support to provide volunteers with the
+assistance they need are critical to reaching Project Gutenberg-tm's
+goals and ensuring that the Project Gutenberg-tm collection will
+remain freely available for generations to come. In 2001, the Project
+Gutenberg Literary Archive Foundation was created to provide a secure
+and permanent future for Project Gutenberg-tm and future generations.
+To learn more about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation
+and how your efforts and donations can help, see Sections 3 and 4
+and the Foundation web page at https://www.pglaf.org.
+
+
+Section 3. Information about the Project Gutenberg Literary Archive
+Foundation
+
+The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non profit
+501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the
+state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal
+Revenue Service. The Foundation's EIN or federal tax identification
+number is 64-6221541. Its 501(c)(3) letter is posted at
+https://pglaf.org/fundraising. Contributions to the Project Gutenberg
+Literary Archive Foundation are tax deductible to the full extent
+permitted by U.S. federal laws and your state's laws.
+
+The Foundation's principal office is located at 4557 Melan Dr. S.
+Fairbanks, AK, 99712., but its volunteers and employees are scattered
+throughout numerous locations. Its business office is located at
+809 North 1500 West, Salt Lake City, UT 84116, (801) 596-1887, email
+business@pglaf.org. Email contact links and up to date contact
+information can be found at the Foundation's web site and official
+page at https://pglaf.org
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+ Dr. Gregory B. Newby
+ Chief Executive and Director
+ gbnewby@pglaf.org
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+
+Section 4. Information about Donations to the Project Gutenberg
+Literary Archive Foundation
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+Project Gutenberg-tm depends upon and cannot survive without wide
+spread public support and donations to carry out its mission of
+increasing the number of public domain and licensed works that can be
+freely distributed in machine readable form accessible by the widest
+array of equipment including outdated equipment. Many small donations
+($1 to $5,000) are particularly important to maintaining tax exempt
+status with the IRS.
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+The Foundation is committed to complying with the laws regulating
+charities and charitable donations in all 50 states of the United
+States. Compliance requirements are not uniform and it takes a
+considerable effort, much paperwork and many fees to meet and keep up
+with these requirements. We do not solicit donations in locations
+where we have not received written confirmation of compliance. To
+SEND DONATIONS or determine the status of compliance for any
+particular state visit https://pglaf.org
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+While we cannot and do not solicit contributions from states where we
+have not met the solicitation requirements, we know of no prohibition
+against accepting unsolicited donations from donors in such states who
+approach us with offers to donate.
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+International donations are gratefully accepted, but we cannot make
+any statements concerning tax treatment of donations received from
+outside the United States. U.S. laws alone swamp our small staff.
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+methods and addresses. Donations are accepted in a number of other
+ways including including checks, online payments and credit card
+donations. To donate, please visit: https://pglaf.org/donate
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+Section 5. General Information About Project Gutenberg-tm electronic
+works.
+
+Professor Michael S. Hart was the originator of the Project Gutenberg-tm
+concept of a library of electronic works that could be freely shared
+with anyone. For thirty years, he produced and distributed Project
+Gutenberg-tm eBooks with only a loose network of volunteer support.
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+
+Project Gutenberg-tm eBooks are often created from several printed
+editions, all of which are confirmed as Public Domain in the U.S.
+unless a copyright notice is included. Thus, we do not necessarily
+keep eBooks in compliance with any particular paper edition.
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+Most people start at our Web site which has the main PG search facility:
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+
+This Web site includes information about Project Gutenberg-tm,
+including how to make donations to the Project Gutenberg Literary
+Archive Foundation, how to help produce our new eBooks, and how to
+subscribe to our email newsletter to hear about new eBooks.
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+.poem p.i30 {margin-left: 15em}
+
+
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+</style>
+</head>
+<body>
+
+
+<pre>
+
+Project Gutenberg's L'Illustration, No. 3246, 13 Mai 1905, by Various
+
+This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with
+almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or
+re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included
+with this eBook or online at www.gutenberg.org
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+
+Title: L'Illustration, No. 3246, 13 Mai 1905
+
+Author: Various
+
+Release Date: February 8, 2011 [EBook #35209]
+
+Language: French
+
+Character set encoding: ISO-8859-1
+
+*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK L'ILLUSTRATION, 13 MAI 1905 ***
+
+
+
+
+Produced by Jeroen Hellingman and Rénald Lévesque
+
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+</pre>
+
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+<br><br>
+
+
+
+
+<div class="cont">
+
+
+
+
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/000small.png"></p>
+<p class="mid"><a href="images/000large.png">(Agrandissement)</a></p>
+
+
+<p class="sml">Suppléments de ce numéro:<br>
+1º L'ILLUSTRATION THÉÂTRALE avec le texte complet du DUEL;<br>
+2° Une reproduction en couleurs d'un tableau de HENNER.</p>
+
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/001.png"></p>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/001a.png"><br> <b>PENDANT LA BATAILLE DE MOUKDEN (1er-10 MARS 1905)<br>Général
+japonais étudiant sa carte, dans une tranchée, à l'écart, avant de faire
+donner sa brigade. <i>Photographie de notre, nouveau correspondant de
+guerre pour 1905, J. Wittness.</i></b></p>
+<br>
+
+<h3>Courrier de Paris</h3>
+
+<h4>JOURNAL D'UNE ÉTRANGÈRE</h4>
+
+<p>Les rois rendent volontiers, depuis quelque temps, visite aux Parisiens.
+Ils ne s'y sont pas décidés du premier coup. Paris républicain leur
+faisait un peu peur. «Ce bloc enfariné ne me dit rien qui vaille...» Et
+puis, petit à petit, le «bloc» leur sembla très inoffensif. Ils se
+rassurèrent. Une fois rassurés, ils furent séduits. Aujourd'hui, c'est
+mieux encore; ce bloc, irrésistiblement, les attire. Ce n'est plus par
+politesse qu'ils consentent à nous venir voir: ils en éprouvent,
+dirait-on, le besoin. Ils avouent même --et rien ne saurait flatter
+davantage l'amour-propre des Parisiens--que leur grande joie serait de
+venir souvent chez eux, et sans être acclamés; d'y passer inaperçus; de
+jouir de Paris librement, à la façon du premier badaud venu; de pouvoir
+s'y rencontrer--comme, il y a dix jours, aux; <i>Capucines</i>, Edouard VII
+et Léopold II --sans que la foule y fit attention. Le soir où le roi
+d'Angleterre vint applaudir, aux <i>Capucines</i>, Mme Jeanne Granier, la
+petite salle était très joliment fleurie; des drapeaux anglais pendaient
+au-dessus de la porte; on avait cru devoir ainsi marquer d'un peu de
+solennité l'honneur de cette visite. On eût augmenté le plaisir du roi
+en ne lui infligeant l'hommage ni de ces fleurs ni de ces drapeaux. Le
+saluer, c'était le reconnaître. Et je sens quelle exquise volupté ce
+doit être, pour un homme condamné à ne jamais échapper une minute au
+supplice de la vénération publique, que de pouvoir penser de temps en
+temps: «On ne me reconnaît pas!»</p>
+
+<p>N'importe! Que Paris les acclame ou fasse semblant de les
+ignorer,--qu'ils y viennent en triomphateurs ou en touristes,
+l'essentiel était pour eux d'y venir; et tous, ou presque tous, en ont
+pris le chemin l'un après l'autre. Presque tous... car il y en a deux
+que leur grand âge retient «à la maison»; et un troisième, que d'autres
+raisons empêchent d'être notre hôte... Celui-là s'en console comme il
+peut--en venant tout près, le plus près possible de la frontière, de
+temps en temps, passer une revue, ou saluer des tombes--et se dit (tout
+bas!) que Gravelotte est bien loin de Longchamps. A qui la faute?</p>
+
+<p>Et pour la première fois de sa vie, sans doute, l'empereur allemand se
+sent un peu jaloux du roi d'Espagne...</p>
+
+<br>
+
+<p>Car il y viendra, lui aussi, dans quinze jours, et ce sera son premier
+grand voyage. Paris l'attend et s'apprête à le fêter; des comités
+s'organisent; on ne veut pas laisser à M. Loubet tout seul et à ses
+ministres le plaisir de montrer Paris à ce roi de dix-huit ans, et de le
+lui faire aimer. On s'agite même au quartier des Halles; on y prépare à
+Alphonse XIII une réception dont le pittoresque l'étonnera: ce jeune
+homme y sera salué au passage par une jeune fille, la «muse de
+l'Alimentation», que quatre demoiselles d'honneur et la foule de ses
+compagnes, en habits de fête, escorteront.</p>
+
+<p>Je serai contente qu'Alphonse XIII ait un sourire pour elles. Elles le
+méritent. Ces marchandes de poissons, de légumes, de fruits et de fleurs
+ont--comme leurs compagnes les blanchisseuses--une immense vertu: elles
+aiment leur état. Elles ne l'exercent point en résignées; elles ont
+l'orgueil corporatif, qui est le plus noble des orgueils, et le plus
+utile. Elles rougissent si peu d'être des «dames de la Halle» qu'elles
+élisent parmi elles des «reines» pour les montrer aux Parisiens, et des
+«muses» pour les présenter à des rois. Un peu de musique autour de leur
+pauvreté; un diadème en carton doré dans leurs cheveux, et les voilà
+contentes. Aussi bien leur gentille philosophie les a-t-elle rendues
+populaires; et je remarque ceci: elles sont, à Paris, l'une des rares
+catégories de personnes que respecte la satire. La reine de carnaval est
+une personne dont Paris ne se moque point.</p>
+
+<br>
+
+<p>On y a tant d'occasions meilleures de se moquer; et l'imagination du
+satiriste y est amusée et excitée par une si prodigieuse diversité de
+sujets... Et il est vrai aussi que ses dessinateurs ont tant d'esprit!
+Je crois qu'il n'y a pas de ville au monde où, plus aisément, l'homme
+qui tient un crayon sache dégager de toutes choses des raisons de rire
+et où fleurisse avec plus de grâce et de drôlerie l'art de la «charge».
+Quelques-uns même, en même temps qu'ils dessinaient, ont rêvé de
+peindre. Pourquoi pas? La peinture semblait être jusqu'ici--en France du
+moins--un art réservé aux sujets nobles ou gracieux; on ne concevait pas
+qu'elle pût être satirique joyeusement, et même un peu caricaturale.
+Elle peut l'être. M. Jean Veber l'a prouvé; M. Albert Guillaume aussi.
+Et pour nous en faire la démonstration plus à son aise, celui-ci a fui
+les Champs-Elysées qu'encombrent depuis quinze jours ses camarades, et
+s'est organisé, au seuil du Boulevard, son Salon à lui. Une quarantaine
+de petites toiles, pas davantage; à la place de la «légende» un simple
+titre; mais qui suffit à éclairer l'anecdote. Il y a dans tout cela bien
+de la fantaisie et de l'esprit le meilleur. Albert Guillaume est sans
+pitié pour nos snobismes parisiens, et je lui sais gré de nous en avoir
+si justement <i>peint</i> les aspects un peu comiques. J'aime infiniment sa
+<i>Conférence pour dames seules</i> et le <i>Five o'clock</i> où l'on s'ennuie, et
+le <i>Bal</i> où l'on ne s'amuse pas, et le <i>Flirt</i> où l'on grimace, et
+certain <i>Dîner académique</i>, qui fut, je m'en souviens, reproduit dans le
+dernier numéro de Noël de <i>L'Illustration</i>, où l'on me dit que plusieurs
+figures sont cruellement reconnaissables...</p>
+
+<br>
+
+<p>Les dîners académiques! Il paraît qu'il s'en donne beaucoup en ce
+moment. A l'Académie française, à l'Académie des Beaux-Arts, aux
+«Sciences morales», il y a des fauteuils vacants à remplir; et l'on se
+démène. C'est autour de l'Académie française, principalement, que semble
+s'exciter la curiosité publique et s'agiter les passions. Les écrivains
+se moquent beaucoup de l'Académie française, dans le monde des lettres,
+un peu comme se moquent du ruban de la Légion d'honneur ceux qui n'ont
+que les palmes académiques à la boutonnière. On me citait un jour lu cas
+de l'un d'eux qui, s'étant déclaré partisan de la suppression des
+distinctions honorifiques, laissait poser--discrètement--sa candidature
+au ruban rouge. Quelqu'un s'étonnait. Il répondit: «En demandant que la
+Légion d'honneur soit abolie, je ne veux pas être accusé d'avoir obéi à
+un sentiment de rancune personnelle. Il est donc convenable,--il est
+utile à la cause dont je suis l'avocat, que le gouvernement me décore.
+Je n'en serai que plus fort, et mieux écouté, quand j'affirmerai qu'il
+est absurde qu'il y ait des gens décorés.»</p>
+
+<p>Serait-ce dans le même esprit que certains écrivains ambitionnent
+d'entrer à l'Académie? On les accuserait de jalousie, s'ils disaient du
+mal d'elle, n'en étant pas. Afin d'être à leur aise pour se moquer de
+ceux qui en sont, ils sollicitent la faveur d'en être...</p>
+
+<p>Car il leur faut solliciter eux-mêmes cette faveur-là. Ce fut naguère un
+de mes grands étonnements. On m'avait parlé, dans mon pays, d'une sorte
+d'aréopage où se trouvaient assemblés les quarante personnages reconnus
+les plus illustres de France, ou les plus notoirement estimables dans
+l'art de parler ou d'écrire. On m'expliquait que l'Académie élisait ses
+membres, et je supposais que ces choix étaient librement faits par elle,
+sans qu'aucune compétition y intervînt. J'imaginais une assemblée de
+grands hommes délibérant ainsi; «Z... est illustre. Il fait de beaux
+ouvrages. Il a rendu de grands services à son pays. Il a hautement
+honoré sa profession. Il est digne de s'asseoir au milieu de nous; nous
+le nommons académicien.» Et je me figurais l'immense joie de l'homme
+qu'allait surprendre en son cabinet de travail un si glorieux hommage.
+Naïveté! Je ne supposais pas que cette assemblée imposât à ceux qui
+rêvent d'y siéger l'humiliation de se proposer eux-mêmes à son choix;
+d'aller frapper à trente-neuf portes; de raconter leurs ouvrages et d'en
+affirmer trente-neuf fois le mérite...</p>
+
+<p>Ils doivent pourtant subir cette petite avanie; et c'est la condition de
+leur succès. Il leur faut affronter de gênantes rencontres, des
+rebuffades, et, parfois même, l'aveu poli de l'antipathie qu'ils
+inspirent. Ils ne connaîtront la fierté d'être académiciens que s'ils
+consentent à s'abaisser un peu pour le devenir. N'est-ce pas une coutume
+peu élégante, et dont on devrait épargner l'ennui à des hommes si
+considérables?...</p>
+
+<br>
+
+<p>D'autant que certains d'entre eux savent être illustres avec tant de
+modestie! Témoin Me Rousse: Demain samedi, il y aura vingt-cinq ans que
+Me Rousse appartient à l'Académie française. Il y remplaça Jules Favre,
+et c'est aujourd'hui un vieillard de quatre-vingt-huit ans; un vieillard
+mélancolique et frileux, que les Parisiens ont presque oublié.
+L'occasion était bonne de leur rappeler que M. Rousse existe; et ses
+collègues avaient formé le projet d'organiser, à l'occasion de ce
+demi-jubilé académique, une petite fête, très intime, autour de leur
+doyen. Il les a priés de rester tranquilles. M. Rousse pense
+probablement qu'il est prudent, quand on a eu la chance d'être «oublié»
+par le bon Dieu jusqu'à quatre-vingt-huit ans, de ne point faire de
+bruit...</p>
+
+<p>C'est le geste de Fontenelle, académicien nonagénaire, qui faisait signe
+aux gens de parler tout bas, quand ils le félicitaient de son grand âge.<br>
+
+<span class="rig">SONIA.</span></p><br><br>
+
+<h3>UNE OEUVRE DE HENNER</h3>
+
+<p class="mid">Offerte en fac-similé aux lecteurs de <i>L'Illustration.</i></p>
+
+
+
+<p>Combien, parmi les visiteurs du Salon, en quête des envois de leurs
+maîtres favoris, ont cherché bien vite au catalogue le nom de M. Henner
+et, ne l'y ayant point trouvé, sont partis, leur promenade achevée,
+<span class="rig"><img alt="" src="images/002.png"><br>
+&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;<b>Le peintre J.-J. Henner.</b><br>
+&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;<i>Phot. Braun, Clément et Cie.</i>
+</span>
+déçus, et pensant, à part eux, qu'à cette exposition de 1905 il manquait
+quelque chose pour que leur joie fût tout à fait complète.</p>
+
+<p>Car il est peu d'artistes de ce temps dont les oeuvres exercent sur les
+foules, comme sur le petit choeur des purs amateurs d'art, une séduction
+comparable à celle que dégagent les toiles du peintre de l'<i>Orpheline</i>,
+de <i>Biblis</i> et de <i>Fabiola</i>.</p>
+
+<p>Le critique le plus exigeant ne saurait, quoi qu'il en ait, demeurer
+insensible à ce métier savoureux, conquis au prix, sans doute, de
+combien de recherches âpres et persévérantes, et dont l'aisance, à
+présent, la tranquille sûreté émerveillent et déconcertent. Ceux-là même
+qui furent le plus sévères à M. Henner ne pouvaient se défendre
+d'admirer la fluidité, le «coulant»--puisque c'est le mot consacré--de
+sa pâte, sa science prodigieuse. On lui ferait tort en limitant à ce
+point l'admiration due à son très beau talent, et ceux que laissent
+indifférents les habiletés du pinceau, les tours de force de facture,
+lui rendent plus de justice quand ils vont d'instinct au fervent
+idéaliste, au poète qui a évoqué, pour sa joie et pour la nôtre, un
+monde meilleur, plus calme, plus beau que la réalité, et a peuplé de
+reposants paysages d'églogue de belles et pâles nudités occupées
+seulement de vivre un doux songe, ou de savourer de tendres regrets.</p>
+
+<p>Aux devantures des grands marchands de tableaux, au milieu d'une
+exposition, dans une salle de musée, on reconnaît un Henner entre vingt,
+entre cent autres toiles, et personne, sans doute, dans l'histoire de
+l'art, n'a jamais imprimé à ses productions une empreinte plus
+personnelle que n'a fait M. Henner. Toute signature, ici, est superflue
+et c'est, en vérité, une sorte de coquetterie de la part de l'artiste
+que de l'écrire, en capitales hésitantes, sur le fond sombre des
+tableaux sortis de ses mains. Ces chairs nacrées, rosées à peine,
+parfois laissées volontairement d'une blancheur transparente d'albâtre,
+ces lourdes toisons fauves ou brunes, ces yeux profonds qui ne reflètent
+nulle lumière du dehors, mais qu'éclaire ardemment la flamme intérieure,
+ces yeux meurtris, tout baignés de mélancolie, tout chargés de rêves
+sans fin, et laissant errer sur le monde des regards désenchantés ou
+repentants, ces yeux qui font parfois songer au Vinci et à ses anges
+énigmatiques, tout cela n'est qu'à M. Henner.</p>
+
+<p>On a voulu lui faire grief de ses qualités mêmes, lui reprocher ce qu'on
+a appelé la monotonie de sa manière. En fait, s'il lui est quelquefois
+arrivé de s'évertuer à répondre--et avec bonheur--à ces reproches en
+s'aventurant à de plus grandes compositions, il a surtout affectionné
+deux notes, pas plus. Mais avec quelle perfection il les a chantées!</p>
+
+<p>L'une, c'est le paysage d'aube ou de crépuscule, prairie de sombre
+velours, baignée de vapeurs légères, fermée, au fond, de noirs cyprès,
+ciel d'un bleu défaillant, d'un bleu de turquoise morte,--le bleu
+Henner!--se reflétant parfois dans une flaque limpide, et, dans ce décor
+de Champs-Elysées ou d'Arcadie, une femme à demi drapée, ou sans autres
+voiles que sa mouvante chevelure, rêvant ou lisant.</p>
+
+<p>L'autre, c'est la figure à mi-corps, dont le <i>Fabiola</i> du Salon de 1885
+fut le type définitif, et dont la <i>Tête de femme</i>, de la collection A.
+Cassot<a id="footnotetag1" name="footnotetag1"></a><a href="#footnote1"><sup class="sml">1</sup></a>, que nous publions en <i>fac-similé</i> est un admirable et très
+significatif exemplaire, avec son regard vague et triste, sa pâle
+carnation aux ombres chaudes, ses opulents cheveux roux et la draperie,
+d'un rouge vibrant, jetée sur la poitrine comme pour en accentuer la
+blancheur délicate.</p>
+
+<blockquote class="footnote"><a id="footnote1" name="footnote1"><b>Note 1: </b></a><a href="#footnotetag1">(retour) </a> 30, rue Laffitte.</blockquote>
+
+<p>A reproduire fidèlement cette oeuvre de grande valeur, cette toile
+magistrale, des artisans habiles se sont appliqués avec un respect, une
+conscience de vrais artistes, s'attachant à traduire et les dextérités
+de la brosse, et la qualité de la pâte généreuse. Ils y sont parvenus
+avec un rare bonheur, et ce nous est un réel plaisir que d'offrir à nos
+lecteurs cette planche où le talent, où la pensée d'un maître aimé ont
+été traduits avec cette perfection, sans défaillance, sans trahison. G.
+B.</p>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/003a.png"><br><span class="sml">
+&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Le comte Tattenbach.&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Phot. Cavilla.</span><br>
+<b>Le comte Tattenbach, sa famille et les membres de sa mission</b>.</p>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/003b.png"><br> <b>La mission quitte la légation allemande de Tanger.</b></p>
+
+<h3>LA MISSION ALLEMANDE AUPRES DU SULTAN DU MAROC</h3>
+
+<h4>LE DÉPART POUR FEZ DE LA MISSION ALLEMANDE</h4>
+
+<p>Les affaires marocaines occupent une place importante dans les soucis de
+notre politique extérieure, surtout en raison de l'intervention
+personnelle de l'empereur d'Allemagne et de la campagne menée depuis
+quelque temps par la presse d'outre-Rhin. A la suite de son voyage
+sensationnel à Tanger, Guillaume II a, on le sait, décidé d'envoyer son
+représentant au Maroc, le comte Tattenbach, en ambassade extraordinaire
+auprès de la cour chérifienne.</p>
+
+<p>La mission diplomatique allemande a quitté Tanger le 2 mai, escortée
+d'une trentaine de cavaliers indigènes, sous la conduite d'un caïd, pour
+se rendre à Fez, effectuant complètement le trajet par terre. Le comte
+Tattenbach, porteur d'une lettre autographe de l'empereur Guillaume pour
+le sultan, est accompagné de la comtesse, du général Schenk, récemment
+promu, du commandant Sender et du capitaine Kleist.</p>
+<br>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/003c.png"><br>
+ <span class="sml">M. Goluchowski. M. Tittoni</span><br>
+<b> L'entrevue de Venise: le comte Goluchowski et M. Tittoni à l'Exposition internationale d'Art.</b><br>
+ <i>Phot. A. Tivoli.</i></p>
+
+<h3>L'ENTREVUE DE VENISE</h3>
+
+<p>M. Tittoni, ministre des affaires étrangères italien, et le comte
+Goluchowski, ministre des affaires étrangères autrichien, se sont
+rencontrés à Venise, le 29 avril. Ils y passèrent une journée ensemble,
+visitèrent l'Exposition internationale d'Art, eurent des entretiens
+cordiaux, en présence du duc d'Avara, ambassadeur d'Italie à Vienne et
+du comte Lützow, ambassadeur d'Autriche-Hongrie à Rome; enfin M. Tittoni
+offrit, en l'honneur du comte Goluchowski, un dîner de vingt-deux
+couverts, où des toasts non moins cordiaux furent échangés.</p>
+
+<p>Le ministre de Victor-Emmanuel avait fait, en avril 1904, à Abbazia, une
+visite au ministre de François Joseph; son éminent collègue la lui
+rendait: rien de plus naturel. Mais peut-on jamais considérer l'entrevue
+de deux hommes d'État, de deux hauts diplomates, comme un simple acte de
+courtoisie? Le but réel de celle-ci, assurent les gens bien informés,
+était de dissiper des malentendus entre les deux puissances.</p>
+<br>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/004a.png"><br><b>BALLES ET ÉCLATS D'OBUS EXTRAITS DU CORPS DES BLESSÉS A L'HOPITAL
+JAPONAIS DE MATSUYAMA.</b><br> <i>Photographie de notre correspondant J.-C.
+Balet.</i></p>
+
+<p>Notre correspondant, qui a pu visiter les hôpitaux japonais où sont
+soignés les blessés des deux armées, évacués de Mandchourie, a
+photographié de nombreuses vitrines semblables. Nous n'en reproduisons
+qu'une: elle contient pourtant à elle seule une variété déjà grande des
+projectiles que les chirurgiens nippons ont retirés des membres confiés
+à leurs soins. Ces informes morceaux de métal, soigneusement étiquetés,
+ne sont pas très effrayants à première vue: mais que l'on songe aux
+affreuses blessures que chacun d'eux a faites, à la somme de souffrances
+qu'ils représentent, et l'on ne pourra plus les regarder sans un frisson
+d'horreur.</p>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/004b.png"><br><b>RETOUR DE MANDCHOURIE.--A la gare de Moscou: transport
+d'un blessé à l'hôpital militaire.</b><br><i>Photographie Smirnof.</i></p>
+<br>
+
+<h3>LA PROCHAINE BATAILLE NAVALE:<br>FORCE COMPARÉE DES DEUX FLOTTES</h3>
+
+<p>Le moyen le plus pratique pour comparer deux flottes de guerre, de
+composition aussi hétérogène que le sont les escadres de Rodjestvensky
+et de Togo, consiste à examiner tous les navires qui en font partie, et
+à décomposer chacun d'eux en chacun des quatre principaux éléments de
+force qu'il contient: 1° le tonnage, autrement dit les dimensions du
+navire qui permettent l'endurance à la mer et l'embarquement de plus ou
+moins grandes quantités de charbon; 2° la puissance des machines qui
+permet les grandes vitesses et le rayon d'action étendu; 3º l'armement
+offensif, c'est-à-dire la puissance des canons; 4° l'armement défensif
+ou cuirasse. Si l'on totalise séparément ces diverses données, on
+obtient les chiffres suivants:</p>
+
+<table cellpadding="2" cellspacing="5" border="0"
+ style="width: 100%; text-align: left;" summary="forces">
+ <tbody>
+ <tr>
+ <td style="vertical-align: top; width: 50%; text-align: center;">
+<b>FLOTTE JAPONAISE</b><br>
+<span class="sml">(86 navires, y compris 40 torpilleurs et 20 contre-torpilleurs.)</span><br>
+<p class="mid"><img alt="" src="images/005a.png"><br>
+Une masse d'acier longue de 90 mètres, large de 10 mètres, épaisse de 5
+mètres, figurerait la quantité de blindage que porte la flotte
+japonaise. Evaluation de ce cuirassement: 4.495 mètres cubes.</p>
+ </td>
+ <td style="vertical-align: top; width: 50%; text-align: center;">
+<b>FLOTTE RUSSE</b><br>
+<span class="sml">(46 navires, dont 11 contre-torpilleurs et 11 croiseurs auxiliaires.)</span><br>
+<p class="mid"><img alt="" src="images/005b.png"><br>
+Une masse d'acier de mêmes largeur et épaisseur, mais longue de 81
+mètres seulement, figurerait la quantité de blindage que porte la flotte
+russe. Evaluation de ce cuirassement: 4.071 mètres cubes.</p>
+ </td>
+ </tr>
+ </tbody>
+</table>
+
+<p>Il convient de tenir compte; d'une part, des bases navales dont chaque flotte peut disposer; d'autre part, de la valeur technique et morale de chaque équipage.</p>
+
+<p>V. Carte des bases navales</p>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/005c.png"><br> <b>Ports neutres, stations de charbon ou îles dont l'entrée<br>
+est favorable aux flottes belligérantes:<br> aux Japonais:---------- aux
+Russes: =======.</b></p>
+
+<p>VI. Equipages.--Les experts navals sont d'accord pour donner au marin
+japonais une valeur un peu supérieure au marin russe. Dans notre compte
+total, nous évaluerons cette supériorité à <i>un cinquième.</i></p>
+
+<p>Si nous récapitulons et si nous attribuons à chacune des quatre qualités
+essentielles <i>(tonnage, vitesse, canons et cuirasse)</i> une cote
+équivalente: 20. Si nous admettons de plus que les bases navales et
+l'équipage, réunis, constituent un cinquième élément de même valeur,
+nous aurons la comparaison suivante:</p>
+
+<pre>
+ La flotte La flotte
+ japonaise vaut: russe vaut:
+Tonnage 20 18
+Puissance de la machinerie. 18 20
+Canons 20 18,5
+Cuirassement 20 18
+Bases navales 10 ) 6.5)
+ ) 20 ) 14,5
+Commandement et équipages. 10 ) 8 )
+
+ 98 89
+</pre>
+
+<p>D'après ces données, la flotte japonaise serait à la flotte russe comme
+98 est à 89, et la supériorité des forces de Togo sur celles de
+Rodjestvensky serait d'environ <i>un neuvième</i>.<br>
+
+<span class="rig">J. DELAPORTE</span></p><br><br>
+
+
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/006a.png"><br> <b>La rue des Maréchaux, à Varsovie, le 1er mai.</b></p>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/006b.png"><br> <b>Chantier où trente-cinq manifestants ont été
+tués.</b></p>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/006c.png"><br> <b>LE 1er MAI A VARSOVIE.--Emplacement où a éclaté la bombe,
+devant la gare de Vienne.</b></p>
+<br>
+
+<h3>LES TROUBLES EN RUSSIE</h3>
+
+<p>L'effervescence à laquelle, depuis de longs mois, la Russie est en proie
+ne semble pas près de se calmer. Troubles agraires, révoltes soudaines
+de paysans, pillages, incendies de propriétés, d'une part; grèves,
+rébellions, attentats par les bombes, attaques dirigées contre les
+usines, d'autre part, se renouvellent de place en place à des
+intervalles assez fréquents, et le désarroi certain où la guerre a jeté
+les autorités, leur impuissance ou même leur indifférence à conjurer le
+péril quand cela, parfois, serait possible laissent le champ assez libre
+à toutes ces manifestations de la violence. C'est la région sud-ouest de
+l'empire, celle qui avoisine la Pologne, et la Pologne elle-même, qui
+ont subi les effets les plus terribles de la rancune populaire.</p>
+
+<p>Les troubles agraires les plus inquiétants qu'on ait signalés ont eu
+pour théâtre les gouvernements de Vitebsk, d'Orel, de Koursk et de
+Tchernigof. La capitale du premier n'est guère qu'à 500 kilomètres de
+Saint-Pétersbourg; Orel est à 400 kilomètres de Moscou.</p>
+
+<p>Quand on lit les détails qu'ont pu recueillir sur place les
+correspondants, on a l'impression de se trouver en présence d'une
+véritable jacquerie, avec tous ses excès, toutes ses fureurs.</p>
+
+<p>Dans quelques cas on y mettait, si l'on peut dire, des formes: on
+adressait aux victimes désignées une sorte d'ultimatum; une dizaine de
+délégués passaient dans une métairie et signifiaient au personnel que,
+quelques heures plus tard, on viendrait chercher le blé, le seigle,
+l'orge et l'avoine amoncelés dans les greniers; puis ils repartaient.
+Et, avec les ombres du soir, on voyait arriver en caravane des centaines
+de traîneaux accourus des villages des alentours et montés par une foule
+nombreuse de paysans qui se mettaient aussitôt à la besogne,
+déménageaient les sacs de grains et, aussi vite que possible, de peur
+d'être dérangés, les entassaient sur leurs véhicules, puis repartaient
+au galop.</p>
+
+<p>Le plus souvent, c'est aux céréales seulement qu'on s'en prenait. Mais
+dans nombre de cas, quand se présentèrent des usines, des sucreries, par
+exemple, on les pilla aussi; parfois on emportait les meubles des
+maisons un peu aisées ou des châteaux, le bétail des fermes; et
+toujours, là où se trouvait de l'alcool, on se livrait à d'abominables
+orgies. Enfin, sur quelques points, le pillage terminé, on a mis plus
+d'une fois le feu aux maisons ou aux fabriques qu'on venait de vider de
+tout ce qu'elles contenaient de transportable ou seulement de buvable.</p>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/006d.png"><br>
+
+<img alt="" src="images/006e.png"><img alt="" src="images/006f.png"><br><b>LA JACQUERIE EN RUSSIE,--Maisons pillées par les paysans
+dans le gouvernement de Vitebsk.</b><br><i>Photographies des correspondants de</i>
+L'Illustration.</p>
+
+<p>Nulle part on ne résista sérieusement à ces tentatives. La plupart du
+temps, les propriétaires, dûment avertis, ou sentant venir l'orage à des
+signes précurseurs, abandonnaient leurs propriétés et reprenaient le
+chemin de la ville. Les intendants, abandonnés à eux-mêmes, sans
+défense, suivaient généralement cet exemple de prudence, et c'est sans
+doute à cette seule circonstance que l'on doit de n'avoir pas eu à
+déplorer des meurtres.</p>
+
+<p>Dans les villes, il n'en fut malheureusement pas ainsi, et le sang a
+coulé à diverses reprises.</p>
+
+<p>La journée du 1er mai, à Varsovie, comptera parmi les plus tragiques
+qu'on ait eu à enregistrer depuis longtemps.</p>
+
+<p>Dans la matinée, toute vie semblait suspendue dans la ville. Les
+affaires étaient arrêtées. La police avait coupé le service téléphonique
+et, dans les rues désertes, où ne circulaient plus ni voitures, ni
+tramways, seul le passage de patrouilles, de temps à autre, mettait
+quelque animation.</p>
+
+<p>Vers une heure, seulement, la manifestation commença. Un cortège de
+5.000 ouvriers avec leurs femmes, leurs enfants, s'était formé,
+promenant des drapeaux rouges et chantant des chants révolutionnaires.
+Ils ne tardèrent pas à entrer en collision avec les troupes. Rue des
+Maréchaux, où déjà, au mois de janvier, s'étaient produites de violentes
+bagarres, les cosaques, armés de leurs terribles fouets, les <i>nagaïkas</i>,
+chargèrent la foule; puis l'infanterie commença te feu et tira des
+salves sur les rangs pressés des ouvriers qui fuyaient en désordre. Rue
+de Jérusalem, l'épouvantable drame se renouvela. Rue Zolotaïa, une
+patrouille, attaquée à coups de fusil par un homme caché derrière un
+mur, riposta, tira sur les manifestants.</p>
+
+<p>Enfin, à 8 h. 1/2 du soir, une bombe, lancée au milieu d'un détachement
+de cosaques qui passait rue des Maréchaux, devant la gare de Vienne,
+ayant tué sept cosaques et un agent de police, donna lieu à une nouvelle
+intervention des fusils.</p>
+
+<p>Les correspondances socialistes ont raconté qu'avant cet attentat, des
+camarades des émeutiers qui allaient le commettre, postés au coin des
+rues adjacentes, prévenaient les passants d'avoir à rebrousser chemin,
+le passage étant dangereux. Ils n'en voulaient qu'à la troupe. Il n'y
+eut pas moins deux dames, qui sortaient de la gare au moment de
+l'explosion, qui furent effroyablement blessées encore qu'elles
+n'eussent rien à voir avec la répression, non plus qu'avec la
+révolution.</p>
+
+<p>Le nombre des morts et blessés, pour cette journée, a été évalué à plus
+de cent. Dans un seul chantier, clos de mur, qui fut le lendemain comme
+un lieu de funèbre pèlerinage, où les parents des disparus se rendaient
+pour y chercher leurs proches, ou pleurer à l'endroit où ils étaient
+tombés, on ne releva pas moins de trente-cinq cadavres!</p>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/007a.png"><br>
+<span class="sml"> Le torpilleur.&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Le canot.</span><br>
+
+<b>Canot automobile escorté par un torpilleur.</b></p>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/007b.png"><br> <b>LA COUPE DE LA MÉDITERRANÉE.--"L'industrie automobile
+rapproche l'Algérie de la Métropole".</b></p>
+
+<p>Cette oeuvre du statuaire René Rozet, exécutée en argent patiné d'ors de
+couleur par la maison d'orfèvrerie Christofle, et qui a été choisie
+(entre 70 concurrents) pour être donnée en prix au vainqueur
+d'Alger-Toulon Automobile, donne bien l'impression de la rapidité de la
+course. Sur la mer, un canot automobile fend la vague qui se soulève sur
+son passage. Il se dirige vers le génie de la France, qui, planant
+au-dessus des flots, abrite sous ses ailes la colonie algérienne et
+attend le vainqueur en lui montrant la récompense promise. Mercure,
+symbolisant les industries intéressées, suit, sur un nuage léger, les
+champions de la lutte engagée dans la course d'auto-canots, et répand
+les richesses créées par les progrès de l'industrie nouvelle.</p>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/007c.png"><br> <b>Le yacht "Velléda", au duc Decazes, et son canot
+automobile, le "Quand-Même".</b></p>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/007d.png"><br> <b>La flottille des torpilleurs ayant servi d'escorte aux
+canots.</b></p>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/007e.png"><br>
+<span class="sml">Mercédès-Mercédès.&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Héraclès. &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Fiat. &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Mercédès C.-P.</span><br>
+<b>LES CONCURRENTS D'ALGER-TOULON AU SPORT NAUTIQUE D'ALGER.</b><br>
+<i>Photographies Geiser, Alger.</i></p>
+
+<table cellpadding="2" cellspacing="5" border="0"
+ style="width: 100%; text-align: left;" summary="forces">
+ <tbody>
+ <tr>
+ <td style="vertical-align: top; width: 50%; text-align: center;">
+<img alt="" src="images/008a.png"><br><b>Mme Camille du Gast à bord de son canot le "Camille"</b>.<br>
+
+<p>Au moment où nous paraissons, la première étape de la Coupe de la
+Méditerranée a seule été courue: les canots sont arrivés à Manon. C'est
+le plus petit de tous, l'italien <i>Fiat-X</i>, un bateau de 9 mètres avec
+moteur de 35 chevaux, non ponté, qui a triomphé, peut-être
+platoniquement, car on assure qu'il ne remplirait pas exactement les
+conditions de la course. Et, parmi les canots français, c'est celui que
+barrait l'intrépide sportswoman, Mme du Gast, qui s'est montré le plus
+régulier et le plus rapide.</p>
+ </td>
+ <td style="vertical-align: top; width: 50%; text-align: center;"><br>
+<img alt="" src="images/008b.png"><br> <b>Le "Camille", arrivé à Manon premier des canots français,
+en 16 heures</b>.<br><br><br>
+
+<img alt="" src="images/008c.png"><br> <b>Le "Fiat-X", canot italien, le plus petit des
+concurrents, arrivé le premier à Manon, en 12 heures.</b>
+ </td>
+ </tr>
+ </tbody>
+</table>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/008d.png"><br>
+ <span class="sml">
+ 1
+ &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;2
+ &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;3
+ &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;4
+ &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;5&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;
+ &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;6
+ &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;7
+ &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;8
+ &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;9&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;
+ &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;10
+ &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;11
+ &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;12</span><br>
+
+<b>1. M. Rouselière (Opéra). 2. M. Garry (Comédie-Française), 3. M. Notté
+(Opéra), 4. M. Jules Claretie, 5. M. Henry Mayer (Comédie-Française), 6.
+Mlle Leconte (Comédie-Française), 7. Mlle Marie de l'Isle
+(Opéra-Comique), 8. Mme Segond-Weber (Comédie Française), 9. Mme: Cécile
+Sorel (Comédie-Française), 10. M. Alexandre Duval, 11. M. Georges
+Claretie, 12. M. J. Laffitte.</b></p>
+
+
+
+<p><b>LES FÊTES D'ALGER-TOULON.--Invités de marque quittant Toulon, par le
+train spécial du "Matin", avant l'arrivée des canots.</b></p>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/009a.png"><br>
+<b>La maison, et l'usine de M. Beaulieu,
+&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;
+La gendarmerie et la troupe gardant l'usine.<br>
+ <span class="lef">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;vues du dehors.</span></b></p>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/009b.png"><br>
+ <b>Le portail barricadé par les grévistes.
+&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;
+Porte de l'usine.</b></p>
+
+<h3>UNE USINE ASSIÉGÉE A LIMOGES PAR LES OUVRIERS EN GRÈVE.</h3>
+<p class="mid"><i>Phot. Th. Boureau.</i></p>
+
+
+
+<p>Dans deux départements limitrophes, la Haute-Vienne et la Vienne, il
+s'est passé simultanément des faits dont le rapprochement est d'autant
+plus frappant que, sans être absolument identiques, ils offrent entre
+eux une certaine similitude; ici et là, en effet, il s'agit d'une maison
+assiégée.</p>
+
+<p>A Limoges, c'est l'usine de matières premières pour chapellerie
+appartenant à M. Beaulieu et habitée par son propriétaire. Les ouvriers,
+en grève depuis près de deux mois, en étaient venus à organiser un
+véritable blocus autour des bâtiments: après avoir barricadé le portail,
+<span class="rig"><img alt="" src="images/009c.png"></span>
+ils avaient établi un cordon de sentinelles qui, montant la garde jour
+et nuit, tenaient onze personnes prisonnières, empêchaient toute
+communication avec le dehors, s'opposaient même, à l'entrée des
+provisions nécessaires à l'alimentation de ces personnes, parmi
+lesquelles on comptait quatre enfants. Autorités, agents de police et
+gendarmes ont été, pendant plusieurs jours, impuissants à imposer à ces
+grévistes obstinés le respect de la liberté individuelle. A Usseau,
+village voisin de Châtellerault, c'est l'habitation d'un nommé Roy,
+braconnier, ancien garde particulier, qui subit un siège en règle. Mais
+là, on ne se trouve plus en présence d'un assiégé malgré lui, et les
+assiégeants sont des gendarmes et des soldats. Ayant gratifié d'un coup
+de fusil au visage un propriétaire du pays dont il croyait avoir à se
+venger, il s'est ensuite réfugié dans sa maison, convertie en un «Fort
+Chabrol», d'où seul, depuis une semaine, en dépit de ses soixante-dix
+ans, il nargue la justice, tient tête à la force armée et «canarde»
+quiconque tente d'approcher. Déjà ce forcené a blessé un greffier, deux
+gendarmes et un sergent du 12e.</p>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/009d.png"><br>
+&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;<b>La maison du garde-chasse.</b></p>
+
+<p class="mid"><b>UN NOUVEAU "FORT CHABROL"<br>--Fantassins guettant le garde-chasse Roy, qui
+se défend à coups de fusil.</b><br> <i>Clichés Arambourou, communiqués par le</i>
+Journal.</p>
+
+<br>
+<p class="rig"><img alt="" src="images/010a.png"><br>
+&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;<b>La façade sur la rue du Télégraphe.</b></p>
+
+<h3>LA MAISON DES ENFANTS</h3>
+
+<p>Francisque Sarcey a raconté les déboires d'un de ses amis, professeur et
+père de sept enfants, gais, bien portants, qui lui faisaient donner son
+congé des appartements successifs occupés par lui et sa famille. Il en
+était arrivé, ce malheureux universitaire, à n'avouer que trois
+fillettes à l'engagement de location. Des amis recueillaient
+provisoirement ses garçons. Il les reprenait quelques jours après
+l'emménagement et les introduisait en contrebande. Pour plus de
+précaution, il n'emmenait d'abord promener que trois enfants ensemble.
+Mais un jour, le concierge s'écriait:</p>
+
+<p>--Ah! par exemple! je croyais que vous n'aviez que des filles?</p>
+
+<p>Et la petite malice était découverte.</p>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/010b.png"><br><b> 1. L'architecte a pensé aux petits: l'escalier
+à double rampe.--2. Ce qu'on voit des terrasses: la causette aux balcons.</b></p>
+
+<p class="lef"><img alt="" src="images/010c.png"><br>
+&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;<b>«Croissez et multipliez!»</b></p>
+
+<p>D'autres parents entraient par surprise leurs bébés entre deux matelas;
+ils les tenaient à la chambre une quinzaine de jours et ne les
+descendaient ensuite que sur le bras. Et, si M. Cordon se fâchait, la
+mère, ingénument, lui répondait: «Eh bien, oui, nous n'en avons déclaré
+que quatre! Les autres ne marchent pas. Nous les portons. C'est comme en
+omnibus! Ils ne comptent pas. «Puis, lorsque les enfants grandissaient
+ou que de nouveaux bébés venaient accroître la famille, le propriétaire
+renvoyait le clan trop nombreux.</p>
+
+<p>M. Piot a-t-il songé à l'ironie de son: «Croissez et multipliez» dans
+une ville comme Paris où les usages, les moeurs et la volonté des
+propriétaires se dressent en menaçant les existences des petits enfants
+pauvres--c'est la généralité des familles nombreuses--et les obligent à
+exister, à croître, à grandir ou à mourir dans les taudis, ou dans cette
+«Cité aux gosses» qu'a si vigoureusement décrite M. Léon Frapié?... Des
+gens de bonne volonté se sont heureusement trouvés, qui ont voulu donner
+une leçon à l'égoïsme, et montrer, dès maintenant, une réalisation du
+Paris futur, du Paris assaini et délivré des cloaques, des épidémies,
+des misères physiologiques inséparables des logis pourris d'à présent.</p>
+
+<p>Sous l'inspiration féconde du docteur Broca, de M. Gompel, président de
+l'«Abri», cette oeuvre qui offre un toit aux expulsés et aux vagabonds,
+de MM. Bloch, industriel. Vert, maire du XXe arrondissement, de Mme
+Chavarne et M. Poulet, d'autres personnes encore, généreuses et
+bienfaisantes, la Société des logements pour familles nombreuses fut
+créée. Bientôt, en façade de la rue du Télégraphe, s'érigea, blanche,
+joyeuse, énorme avec ses trois corps de bâtiments, une nouvelle «Cité
+des gosses», mais une cité heureuse, ensoleillée, balayée d'air pur,
+là-haut, sur la butte de Ménilmontant.</p>
+
+<p>Cette maison modèle, édifiée par M. Debrie, architecte, comprend
+soixante-douze logements, d'un loyer de 200 à 400 francs maximum,
+desservis par trois escaliers à double, rampe, car on a songé aux
+petites mains qui ont besoin d'appui, et, dès le seuil, la maison se
+montre accueillante, prévenante aux enfants, faite pour eux, enfin.
+Invariablement, chacun des appartements se compose d'une cuisine-salle à
+manger où le fourneau est placé dans un angle dallé, le reste de la
+pièce étant parqueté; d'une chambre pour les parents et de deux chambres
+à coucher, une pour les garçons et une pour les filles.</p>
+
+<p class="lef"><img alt="" src="images/011a.png"><br>
+<img alt="" src="images/011b.png"><br>
+<b>1. Sur les terrasses. 2. Rondes dans la cour</b></p>
+
+<p>Au moyen d'une bouche ouverte dans le mur, le poêle de la cuisine répand
+sa chaleur dans les chambres. Tous les logements, largement éclairés de
+baies, doubles des fenêtres ordinaires, possèdent chacun un balcon
+profond où s'accrochent une boîte à linge et un garde-manger.</p>
+
+<p>L'oeuvre de M. le docteur Broca et de M. Debrie sera parfaite le jour où
+leur société pourra acquérir les terrains intermédiaires entre la rue du
+Télégraphe et la rue Pelleport, sur laquelle une seconde maison sera
+construite, tandis qu'au centre on réservera un jardin spacieux. Telle
+qu'elle se présente, elle mérite déjà des éloges sans restriction.</p>
+
+<p>Nous l'avons visitée un dimanche. Aussitôt dans la cour, la présence de
+notre photographe attire autour de nous la volée d'une centaine de
+gamins de toutes tailles et de toutes couleurs: des blonds, des bruns,
+des châtains, des rouges, coiffés de polos, de bérets, de bonnets et
+même de casquettes d'écoliers à filets d'or et petits insignes! Dans un
+coin, des fillettes forment une double ronde. Une impression de
+prospérité, d'ordre, de vie heureuse se dégage de l'apparent désordre de
+cette foule enfantine.</p>
+
+<p class="lef"><img alt="" src="images/011c.png"></p>
+
+<p>Nous montons les sept étages qui conduisent à la terrasse de cette
+maison. De là nous plongeons dans la cour centrale.</p>
+
+<p>Accrochés à tous les étages, les balcons regorgent d'un petit monde en
+cage derrière les barreaux, pépiant comme un peuple de moineaux. Aux
+larges fenêtres, des papas et des mamans entourés de cinq, six, sept,
+huit enfants, se chauffent au bon soleil et les conversations échangées
+témoignent de la bonne entente qui règne entre ces braves gens.</p>
+
+<p>Une heure. On déjeune seulement.</p>
+
+<p>Nous pénétrons chez M. S...: c'est un intérieur modèle dans une maison
+modèle. Le père et la mère président au repas de leurs sept enfants. Le
+père gagne trois cents francs par mois, et cependant on ne peut boire de
+vin, on doit se priver de toute douceur. Dix francs par jour pour neuf
+personnes, à Paris, c'est peu! Pourtant nous avons là, sous les veux, un
+des meilleurs exemples de gaieté courageuse, car l'on sait rire encore
+dans cet appartement au mobilier coquet. Et la plupart des logements de
+cette cité curieuse offrent le même réconfortant spectacle...<br>
+
+<span class="rig">Charles Géniaux.</span></p><br>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/011d.png"><br> <b>Deux familles modèles: le repas d'une heure.</b></p>
+<br>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/012b.png"><br>
+<b>UNE MUTINERIE D'ÉTUDIANTS ALLEMANDS</b></p>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/012c.png"><br><b>Charlottenbourg. <i>Phot. Berliner Ill. Ges.</i></b></p>
+
+<p>Partout, la jeunesse scolaire est sujette à des accès plus ou moins
+aigus d'une fièvre spéciale qu'on pourrait appeler la fièvre de
+l'indépendance; l'Allemagne elle-même, ce pays de discipline, ne jouit
+point à cet égard d'un privilège d'exception. C'est ainsi que,
+dernièrement, une mutinerie éclatait à l'École polytechnique de
+Charlottenbourg, l'importante cité industrielle qui confine à Berlin
+comme un vaste faubourg. Depuis quelque temps, les rapports étaient
+tendus entre la direction de l'École et le comité de l'Association des
+étudiants auquel on concédait, pour ses réunions, l'usage d'une certaine
+salle de l'établissement. Le retrait de cette faveur fut décidé; mais,
+le comité n'ayant tenu aucun compte des avertissements du proviseur, la
+salle dut être fermée par ordre supérieur: d'où grande irritation et
+protestations tumultueuses des étudiants. Ceux-ci, au nombre de
+plusieurs centaines, se formèrent en colonne, puis parcoururent la
+ville, arborant les divers attributs de leurs études, chantant à
+tue-tête et conspuant avec véhémence les autorités responsables. En
+somme, une de ces manifestations bruyantes où l'indignation des
+protestataires ne va pas sans une gaieté toute juvénile.</p>
+<br>
+
+<h4>LE MONUMENT DE VICTOR HUGO, A ROME</h4>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/012a.png"><br><b>INAUGURATION A ROME DU MONUMENT DE VICTOR HUGO.</b>--<i>Phot. Le
+Lieure</i>.</p>
+
+<p>On a inauguré, samedi dernier, à Rome, la statue de Victor Hugo, oeuvre
+de Lucien Pallez, offerte à la Ville Eternelle par la Ligue
+franco-italienne et érigée dans les jardins de la villa Umberto
+(ancienne villa Borghèse). La cérémonie, dans un cadre admirable de
+verdure printanière, au milieu d'une foule considérable qui, malgré les
+carabiniers et les cordons de troupe, avait envahi les jardins Umberto,
+a été d'un pittoresque charmant. Elle a emprunté, surtout, un éclat tout
+particulier à la présence du roi d'Italie, qui avait tenu à donner à la
+Ligue franco-italienne cette marque de haute bienveillance de venir
+présider la manifestation organisée par elle. Au pied du monument, des
+discours ont été prononcés par M. Barrère, M. Bianchi, ministre de
+l'instruction publique en Italie, M. Rivet, qui a fait remise du
+monument à la ville de Rome. Enfin, M. Frédéric Febvre a «dit» une tort
+belle allocution de M. Jules Claretie.</p>
+
+
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/013.png"><br> <b>Le Kronprinz photographiant UN MATCH ANGLO-ALLEMAND DE
+FOOTBALL, A BERLIN, EN PRÉSENCE DU KRONPRINZ.</b></p>
+
+<p><i>Comme la plupart des jeunes gens de sa génération, le prince impérial
+d'Allemagne a un goût très prononcé pour tous les sports; quand il n'y
+participe pas activement, il assiste volontiers en spectateur passionné
+à quelque intéressante réunion. Récemment, un match international de
+football était engagé entre les clubs Civil-Service, de Londres, et
+Germania, de Berlin: il eut lieu au Berlin-Tempelhof, et le prince
+Frédéric-Guillaume tint à être témoin de ce gros événement sportif. Ce
+fut donc sous ses yeux que se livra le combat opiniâtre où les
+concurrents, dont la présence d'un tel personnage stimulait l'ardeur, se
+disputèrent la victoire. Sans doute regrettait-il sa grandeur qui
+l'attachait au rivage, c'est-à-dire le retenait derrière la barrière du
+champs clos: en revanche, l'étiquette ne lui défendait pas l'usage de
+l'appareil photographique, bagage désormais consacré de tout pratiquant
+de la vie en plein air, quels que soient sa condition et son rang.</i></p>
+<br>
+
+<h3>FAUT-IL RESTAURER LE PARTHÉNON?</h3>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/014a.png"><br><b>Le temple de l'Erechthéion, avant la remise en état.</b></p>
+
+
+<p>La question qui a fait assurément le plus de bruit parmi celles que le
+congrès archéologique d'Athènes a discutées le mois dernier est celle de
+la restauration du Parthénon. Doit-on restaurer le Parthénon? Et jusqu'à
+quel point? Ce n'est pas ici le lieu d'étudier <i>ex professo</i> ce problème
+à la fois artistique et archéologique, mais nous voudrions au moins
+faire comprendre par un exemple comment il se pose. Personne ne songe à
+reconstruire le Parthénon, mais les uns voudraient en laisser les ruines
+dans la majesté de l'abandon tandis que d'autres sont d'avis de veiller
+activement à leur conservation. Sans méconnaître la poésie des ruines,
+chère à Chateaubriand et Lamartine, on peut admettre--et l'on admet en
+général--qu'il n'y a aucune impiété à entourer de soins protecteurs ce
+qui nous reste du passé. Mais dans quelle mesure? Faut-il «réparer du
+temps l'irréparable outrage» ou simplement retarder la marche fatale de
+l'irrésistible oeuvre de destruction?</p>
+
+<p>A Athènes, on est pour l'intervention. On travaille aux monuments de
+l'Acropole et, tout en se défendant de vouloir les restaurer au sens
+littéral du mot, on a l'ambition de relever toutes les ruines écroulées
+dont les débris sont restés sur le sol et possibles à reconstituer. Le
+principe adopté est celui-ci: il faut remettre en place et restituer
+tout ce qui a été détruit par accident. C'est ainsi qu'on a reconstitué,
+il y a déjà quelques années, le petit temple de la Victoire Aptère,
+situé en avant des Propylées, que les Turcs avaient démoli pour
+installer une batterie sur ses déblais.</p>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/014b.png"><br><b>Le temple de l'Erechthéion, après la remise en état.</b></p>
+
+<p>Le dernier travail de restauration, qui est à peine terminé, est celui
+que je veux mettre sous les yeux des lecteurs de <i>L'Illustration</i>. Il
+concerne le temple de l'Erechthéion, situé au nord du Parthénon, dont
+les façades ouest et nord sont dès maintenant remises en état, autant
+que le permet le mode de travail adopté. Il s'agit de reconnaître
+d'abord et d'inventorier tous les débris gisant à terre, d'en déterminer
+le rôle et la place, et de les remettre ensuite à cette place, sauf à
+combler les vides et les manques par des matériaux modernes. Les
+gravures ci-jointes représentent la façade ouest du monument, avant et
+après les derniers travaux. C'est grâce à l'inépuisable obligeance de M.
+Balanos, le savant ingénieur-architecte «chargé des travaux de
+reconstruction des monuments de l'Acropole», que je puis publier la
+seconde de ces deux photographies qui n'est pas encore en vente. On voit
+que le vide béant qui trouait le milieu de la façade a été comblé.
+Quatre colonnes, dont une seule était partiellement debout, ont été
+relevées. Elles l'avaient été une première fois en 1840, mais une
+tempête les avait renversées en 1852. Pièce par pièce on les a
+recomposées. On remarquera qu'il n'y a presque plus rien par terre.
+C'était un vrai jeu de patience, comme on en peut juger. L'architrave a
+été de même relevée, ainsi que l'angle du fronton, tout cela, sauf
+quelques rares fragments modernes, étant absolument authentique et d'un
+heureux effet.</p>
+
+<p>Mais on a été plus loin. On a reconstitué le mur dans lequel les
+colonnes étaient encastrées et même les fenêtres pratiquées dans ce mur.
+Il s'agit, non pas du mur primitif et des fenêtres de l'époque grecque,
+mais du mur et des fenêtres tels qu'ils étaient à l'époque romaine. Ici,
+il a fallu un peu plus intervenir. Les encadrements des fenêtres sont
+authentiques, mais il y a dans le mur des matériaux modernes. Ils ne
+sautent pas aux yeux, parce qu'on leur a donné à l'extérieur une patine
+antique, mais on les distingue de l'intérieur.</p>
+
+<p>Chacun pourra, d'après ces documents, se faire une opinion. Comme la
+restauration du Parthénon est conçue dans le même esprit, on peut
+prévoir ce qui va se passer. Les colonnes dont les tambours existent
+seront relevées, ce qui est légitime, car il n'y a pas, après tout, à
+considérer comme sacrées et irréparables les conséquences d'un accident
+tel que l'explosion de la poudrière turque qui a éventré le Parthénon.
+Mais on sera obligé de remplacer un certain nombre de tambours
+manquants. Après quoi, on replacera l'architrave, les triglyphes et les
+métopes qu'on a recueillis, avec les bouche-trous indispensables.</p>
+
+<p>Il faut bien avouer que la nécessité de ces bouche-trous n'est pas sans
+nous troubler. On peut aller loin dans cette voie. Pour utiliser un
+fragment de chapiteau, on arrive vite à refaire une colonne. Certes, les
+hommes de goût et de science qui dirigent présentement ce travail
+délicat méritent confiance; mais, quand ils auront fini leur oeuvre et
+atteint le terme qu'ils déclarent ne pas vouloir franchir, qui nous
+garantit que leurs successeurs auront la même réserve et la même
+conscience?<br> <span class="rig">A. Albert-Petit.</span></p>
+<br><br>
+
+<h3>Documents et Informations.</h3>
+
+<p>Le trépas d'une grenouille historique. Une célébrité du monde des
+grenouilles vient de disparaître, qui mérite une petite notice
+nécrologique. C'est la grenouille décérébrée de l'université Cornell. M.
+Wilder, physiologiste à cette université, étant d'avis que, chez la
+grenouille, c'est le cerveau qui est le siège de la conscience et de la
+volition, entreprit, en 1899, de démontrer la chose en privant une
+grenouille de son cerveau. Il enleva donc à celle-ci ses deux
+hémisphères cérébraux. Elle supporta bien cette rude opération et guérit
+rapidement; on la conserva dans un grand vase ouvert où elle resta
+pendant cinq ans, jusqu'à sa mort. Ce qui frappa, dans son attitude,
+durant cette période, ce fut son absolu manque d'initiative. Elle ne
+faisait que de petits mouvements involontaires du genre de ceux que fait
+une personne endormie. Jamais l'idée de fuir ou de se déplacer seulement
+ne lui venait. Pas même celle de se nourrir, qui est pourtant une des
+plus naturelles et élémentaires. On mettait devant elle les mets les
+plus attrayants --pour son espèce--sans qu'elle y prit garde: elle
+voyait, sans doute, mais ne comprenait plus la signification de ce
+qu'elle voyait. Il fallut la nourrir de force. Chaque jour on la
+prenait, on lui ouvrait la bouche et on lui poussait, au fond de la
+bouche, de manière à exciter le mécanisme réflexe de la déglutition, une
+bouchée de viande fraîche ou de poisson. De cette manière, on put
+l'entretenir en vie; autrement, elle serait morte d'inanition, faute de
+conscience et de volition. Dès qu'on la touchait, on provoquait des
+mouvements: elle faisait quelques pas ou un saut; dans l'eau, elle
+nageait jusqu'à ce que quelque obstacle l'arrêtât et, mise sur le dos,
+elle se retournait vivement, mais c'était tout. Si elle réagissait aux
+excitations extérieures, elle était incapable de se mouvoir de son
+propre gré; elle manquait absolument d'initiative et de volonté. Elle
+prouvait nettement, par son attitude, que l'existence des hémisphères
+cérébraux est la condition de la possession de la conscience et de la
+volition. Il faut ajouter qu'on savait ceci depuis longtemps, par
+Flourens et d'autres expérimentateurs. Pendant cinq ans, la pauvre bête
+a servi à l'instruction des physiologistes; elle a été montrée à cinq
+générations d'étudiants, elle a même figuré à un congrès de physiologie.
+Après quoi, elle a trépassé. Il est permis de croire qu'elle n'a eu
+aucune conscience de sa mort: elle était morte intellectuellement du
+jour où son cerveau lui fut enlevé.</p>
+
+<span class="rig"><b>Baisse générale de la natalité en Europe.</b></span><br>
+
+<p>En présence de la baisse de la natalité française, deux écoles de
+démographes s'étaient formées: les uns considéraient le mal comme nous
+étant spécial et s'efforçaient d'y appliquer des remèdes; les autres,
+plus calmes et plus optimistes, soutenaient qu'il s'agissait d'un
+phénomène caractéristique de toutes les civilisations avancées,
+phénomène plus accentué chez nous, simplement parce que la France était
+à la tête de la civilisation, mais qui se produisait aussi chez tous les
+autres peuples, dans tous les pays civilisés, où il ne tarderait pas à
+s'accentuer.</p>
+
+<p>En réalité, cette dernière école paraît être la bonne, car il est
+certain que la natalité va baissant chez tous les peuples européens.</p>
+
+<p>Ainsi, dans l'empire allemand, la marche décroissante de la natalité est
+de plus en plus frappante: de 35,7 0/00 en 1901, et de 35.1 en 1902,
+elle n'était plus que de 33,9 en 1903.</p>
+
+<p>En Italie, la natalité a passé de 36,5 à 33,3; en Grande-Bretagne, elle
+a passé de 30.7 en 1893 à 27,6 en 1904; en Danemark, de 1893 à 1902,
+elle est tombée de 30,8 à 29,3; et en Norvège, de 30,6 à 28,9.
+Seulement, tous les pays, en dépit de cette baisse, ont encore une fort
+belle natalité comparée à celle de la France, qui atteint à peine 22
+0/00.</p>
+
+<span class="rig"><b>La fête Jacques Callot.</b></span><br>
+
+<p>Le groupe des dessinateurs humoristes, auquel on doit la réussite de la
+fête Gavarni et de la fête Henry Monnier, prépare pour le 17 mai, au
+Casino de Paris, une fête nouvelle en l'honneur de <i>Jacques Callot</i>, le
+bon Lorrain qui croquait de verve, de si magistrale façon, les grands
+seigneurs, les soldats, les bohémiens, les gueux et les comédiens de son
+temps (1592-1635). Les imaginations de nos jeunes satiristes sont fort
+échauffées sur ce thème ancien: on parle de merveilleuses
+reconstitutions. La fête Callot est une <i>fête d'artistes</i>, où l'humour
+de bon aloi s'alliera, pour l'amusement des spectateurs, à la curiosité
+des baraques, cortèges et costumes fidèlement reconstitués. Avis
+important: les habits noirs et les toilettes de soirée sont admis à ce
+bal.</p>
+<br>
+
+<h3><i>Mouvement littéraire</i></h3>
+
+<p class="mid"><i>Le Crime de Clodomir Busiquet</i>, par Edmond Frank (Fontemoing, 3 fr.
+50). <i>Brichanteau célèbre</i>, par Jules Claretie (Fasquelle, 3 fr. 50).
+--<i>Le Roman d'un M'as-tu vu?</i>, par Frédéric Febvre (Combel, 3 fr.
+50).--<i>Demi-Mère</i>, par Mme Resclauze de Bermon (Plon, 3 fr. 50).</p>
+
+
+<span class="rig"><b>Le Crime de Clodomir Busiquet.</b></span><br>
+
+<p>Un sonnet vaut souvent tout un long
+poème. Il y faut une ingéniosité, une perfection infinies. Comparée au
+roman, la nouvelle légère, spirituelle, sensible, demande un art tout
+particulier; c'est un peu comme le sonnet en poésie. Si le court récit
+en prose n'a pas jusqu'ici obtenu une grande faveur parmi le public, si
+les éditeurs le redoutent et présentent un visage déçu à celui qui leur
+apporte un recueil de petites histoires, c'est qu'il n'y a pas là
+ordinairement toute la sentimentalité exquise, tout le vif esprit
+qu'exige le genre. M. Edmond Frank nous offre en revanche une série de
+nouvelles qui ne laissent rien à désirer aux lettrés délicats. Ce sont
+de petits bijoux admirablement ciselés, jetant une lueur vive et
+charmante. Impossible de montrer dans des lignes rapides toutes les
+petites choses, quelques-unes menues et frêles, de M. Frank. La
+première, la plus étendue, le <i>Crime de Clodomir Busiquet</i>, a donné son
+nom au volume entier. Gauche comme Diafoirus, le jeune Clodomir a eu
+maille à partir, dès le lycée, avec un beau garçon, riche, avantageux,
+qui se moquait de sa mine et de sa laideur. Il s'est résigné plus tard à
+prendre la succession de son père, le pharmacien, et à passer sa vie
+parmi les drogues et à la lueur des bocaux multicolores. Mais, pour être
+apothicaire, on n'en a pas moins un coeur sensible; Clodomir adore en
+secret une cousine plus fortunée que lui. Quel est son désespoir quand
+il apprend qu'elle va se marier! Mais, ce qui redouble son chagrin,
+c'est que le fiancé est précisément son ancien ennemi du lycée, qui n'a
+pas désarmé et profite de la circonstance pour abreuver d'humiliations
+le malheureux Busiquet, lequel cherche une vengeance adéquate à la
+situation. Avec quoi peut bien s'assouvir l'ire d'un pharmacien?
+N'a-t-il pas dans son officine de quoi mettre à mal le genre humain tout
+entier? Clodomir jure que la cousine n'appartiendra pas à son rival
+détesté. Aussi glisse-t-il, dans une fiole, un peu de poison au lieu
+d'un médicament ordonné à la belle. Mais quel remords, le crime
+accompli. Il se jette à la mer, mais, au milieu du saut, est retenu par
+sa vieille et fidèle bonne, attentive à tout et qui avait mis dans la
+fiole meurtrière de l'eau innocente au lieu du liquide meurtrier. Voilà
+comment Busiquet, après les avoir frôlés, a évité l'assassinat et le
+suicide. Tout cela est joliment narré, avec une sûreté de mots toute
+classique, avec une bonne humeur attendrie. Rien de plus amusant
+pareillement que le <i>Saint-Honoré</i>, et toute cette série de jolies
+nouvelles dans lesquelles s'est joué le talent fin et souple de M.
+Frank!</p>
+
+<span class="rig"><b>Brichanteau célèbre.</b></span><br>
+
+<p>Jules Claretie a créé un nom et un type. Brichanteau restera; on se
+souviendra toujours de Brichanteau; on le nommera dans les générations
+futures. Qu'est ce donc que cet illustre, que cet immortel? Nous le
+connaissions déjà par un livre de M. Claretie; mais ici, il nous
+apparaît mieux encore, non plus dans son éclat, mais sous un jour doux,
+attendri. Retiré du théâtre, pensionné par l'Association des artistes
+dramatiques, célèbre puisqu'on l'interviewe et qu'on recueille ses
+souvenirs, Brichanteau aime à se raconter lui-même et surtout à raconter
+ce qu'il a aperçu au théâtre. Ce n'est pas seulement un <i>M'as-tu vu?</i>,
+c'est encore et surtout un artiste qui a su voir les autres et les
+admirer. A l'exposition de portraits d'artistes où il se promène, il
+narre, en passant devant chaque peinture ou devant chaque buste, les
+impressions poignantes ou tendres qu'il a ressenties au théâtre. Il a
+entendu les deux grands romantiques: Bocage et Frederick Lemaître; Mme
+Doche, <i>la Dame aux camélias</i>, l'a enthousiasmé; il se rappelle combien
+exquise était Léonide Leblanc «sous la perruque poudrée de la <i>Frileuse</i>
+ou le petit chapeau de <i>Patrie</i>». En passant devant le Conservatoire,
+Brichanteau sent toute sa jeunesse refleurir et se permet aussi de
+judicieuses observations. Pourquoi est-il question là de déclamer?
+Est-ce qu'un comédien doit jamais déclamer? Pourquoi admettre, dans
+cette maison, des gens mal bâtis? Sur le théâtre ne doivent figurer que
+des Apollons ou bien des Vénus et des Minerves. Avec un art exquis, avec
+une connaissance parfaite de son sujet, M. Claretie nous a rendu, en le
+faisant célèbre, ce Brichanteau, à moitié de Paris et, par ses tournées,
+à moitié de la province. Je recommande en particulier les pages
+humoristiques où l'auteur nous peint les scrupules de son héros,
+attablé, aux frais du prince, chez une ancienne camarade, encore jolie
+et aimée.</p>
+
+<span class="rig"><b>Le Roman d'un M'as-tu vu?</b></span><br>
+
+
+<p>Dans sa retraite, M. Frédéric Febvre a composé ces douces pages. Son
+pauvre <i>M'as-tu vu?</i>, enfant gâté, vaniteux, incapable de se gouverner,
+vivant de phrases qui ne lui appartiennent pas, transportant dans
+l'existence ordinaire ses gestes de comédien, regardant tout à travers
+un prisme ou des verres grossissants, a remporté sur la scène du Havre
+toutes les couronnes. Il était la vedette de chaque soir; les femmes
+l'adoraient; est-ce qu'une toute jeune fille ne s'était pas noyée pour
+lui? Il acceptait tout cela comme un hommage dû à son talent et à son
+galbe. Mais combien précaire la fortune du pauvre comédien Marinval! Les
+ans viennent; il roule d'engagements en engagements, mange le pain de
+l'étranger, accourt à Paris où il savoure toutes les déceptions amères
+des agences dramatiques. En vain frappe-t-il sa poitrine et secoue-t-il
+sa chevelure à chaque frison de laquelle était pendue autrefois une
+jolie provinciale, il ne peut que constater jusqu'à quel point, dans ce
+Paris imbécile, on méconnaît le génie. Grâce à M. Frédéric Febvre, il
+obtient un bout de rôle à la Gaîté. Un bout de rôle, à lui, l'illustre
+Marinval! Après avoir repris sa vie errante en compagnie d'une douce
+choriste, Marie-Anne, dont il a fait sa femme, l'ancien premier du Havre
+se retire avec une petite pension au bord de la mer bretonne. Il pêche,
+il fume, il se promène en bon bourgeois, ne se souvenant plus qu'à de
+rares moments de ses rôles éclatants. Voilà le principal personnage, le
+type qu'a dépeint avec une véracité saisissante et d'une façon
+spirituelle et sensible M. Febvre. D'autres personnages secondaires
+apparaissent auprès de l'enfantin, vaniteux et bon Marinval. Rien de
+plus piquant et de meilleur à lire que le Roman lamentable d'un <i>M'as lu
+vu?</i> C'est l'oeuvre d'un lettré et d'un homme fort délicat et fort
+humain.</p>
+
+
+<span class="rig"><b>Demi-Mère.</b></span><br>
+
+<p>Ce qui fait la beauté du roman, plus que les aventures, c'est la poésie.
+Or, les pages de Mme Resclauze de Bermon en surabondent, sans toutefois
+en être surchargées. Les jolis détails, les apprêts de la phrase, loin
+de couvrir les personnages les font valoir et les mettent en relief. Mme
+Valbert a épousé un avocat, veuf, qui avait eu une fille d'un premier
+mariage. Dans cette enfant se retrouve toute l'âme créole de sa mère, et
+ici, la psychologie de Mme de Bermon apparaît avec autant de grâce que
+de précision. «Nonchalante à ses heures, elle se réveillait d'une
+brusque secousse, qui semblait l'agiter d'un vent de folie...; le regard
+se perdait dans la langueur d'un songe lointain pour se réveiller
+brusquement, tout brillant d'étincelles.» Nous aurons tout le long du
+volume ces portraits à la fois poétiques et fins. La demi-mère de
+Juliette--c'est le nom de l'enfant--n'a jamais révélé à celle-ci qu'elle
+n'était pas sa vraie mère. Ne l'aime-t-elle pas avec la dernière
+tendresse? Elle est, elle-même, au commencement de sa maturité, plus
+belle et plus touchante qu'à son printemps. Un tout jeune homme,
+Olivier, l'adore, le lui dit, l'enveloppe de séductions. Quelles
+résistances chez cette honnête femme! Quel travail opiniâtre chez
+Olivier qui la veut conquérir! Malgré tout elle se laisse peu à peu
+aller à l'amour qui essaye de l'emporter. Sans faillir complètement,
+elle accorde quelques menues faveurs. Une nuit, à Biarritz, en l'absence
+de son mari, elle tolère qu'Olivier lui vienne faire ses adieux, bien
+décidée à lui octroyer seulement quelques paroles de sympathie. Mais,
+tout à coup, le mari revient, aperçoit, à cette heure, la démarche
+hésitante et troublée du jeune homme. Où va celui-ci? En même temps, la
+jeune Juliette--elle a dix-huit ans--qui a surpris les assiduités
+d'Olivier, qui souffre de tout ce manège et qui comprend ce qui va se
+passer entre les deux hommes et la ruine certaine de sa famille, se
+précipite en criant à son père: «C'est pour moi qu'il vient!» De là le
+mariage, l'inéluctable mariage exigé par M Valbert. C'est poignant,
+plein de détails mondains, et d'une psychologie amoureuse très intense.
+Mme Valbert admire sa fille, l'adore plus passionnément, et cependant,
+comment éviterait-elle les tortures de la jalousie? Séduits et emportés
+par ces passions vives, par cette tragédie domestique, nous hésitons à
+nous ressaisir et à critiquer. Qu'on me permette cependant une
+objection: est-ce que le mariage était inévitable comme le prétend
+l'auteur? Ne pouvait-on l'écarter en déclarant à M. Valbert que c'était
+une simple amourette passagère, que le jeune homme imprudent s'était
+hasardé, sans permission, à solliciter la nuit une entrevue? Mme
+Resclauze de Bermon a, dans tous les cas, écrit un roman très passionné
+et très chaste, nous découvrant bien des coins cachés de l'âme féminine.<br>
+
+<span class="rig">E. Ledrain.</span></p><br><br>
+
+<h3>LES THÉÂTRES</h3>
+
+<p>A l'Opéra-Comique, on a accueilli avec une faveur marquée la <i>Cabrera</i>,
+drame lyrique en deux parties, fort adroitement établi par M. H. Cain et
+mis en musique par un jeune compositeur, M. G. Dupont, dont la verve
+mélodique et le savoir sont de bon augure pour l'avenir. Nous avons
+donné, il y a quelques mois, un fragment de cet intéressant ouvrage, qui
+a été couronné au concours international ouvert par M. Sonzogno, en
+Italie.</p>
+
+<p>Les représentations de l'Opéra-Italien, au théâtre Sarah-Bernhardt,
+captivent de plus en plus le public--j'entends cette partie du public,
+la plus nombreuse certainement, qui ne voyait pas sans regret le dédain
+témoigné par la plupart de nos compositeurs aux séductions pures de la
+mélodie interprétée par des voix humaines. Là, se rencontrent les
+chanteurs les plus réputés de l'Italie: Bassi, F. de Lucia, Titta Ruffo,
+Garbin, Mmes Pinto, Stehle, etc., etc., et les ouvrages qu'interprètent
+ces artistes sont traités, dans leur fougue, avec une conscience de
+travail harmonique et orchestral qui commande le respect de la critique.
+Ce n'est pas assez dire pour <i>Siberia</i>, le magnifique drame lyrique de
+M. Giordano, dont nous avons constaté le triomphal succès la semaine
+dernière. <i>Adriana Lecouvreur</i>, de M. Cilea et, à un degré inférieur,
+<i>Amico Fritz</i>, de M. Mascagni, méritent également la faveur dont ces
+ouvrages jouissent en Italie.</p>
+
+<p><i>Coeur-de-moineau</i>, la nouvelle pièce de l'Athénée, va certainement
+faire reprendre à cet heureux théâtre la série à peine interrompue de
+ses succès. Nous le constatons avec d'autant plus de plaisir que la
+comédie de M. Artus, hardiment gauloise quant au sujet, reste littéraire
+dans la forme et que les mots d'esprit y jaillissent réellement des
+situations, c'est-à-dire de leur source naturelle. Le moineau, on le
+devine, c'est un Don Juan en jaquette, amoureux de toutes les femmes et
+les trompant toutes avec une belle Inconscience jusqu'au moment où
+l'amour le prend sérieusement au coeur. M. Brûlé joue avec beaucoup de
+bonne grâce et de tact ce rôle difficile, entouré de charmantes
+«moinelles», Mmes Diéterle, Duluc, Bignon, etc., et d'un excellent
+compère mondain, M. Bullier.</p>
+
+<h3>LE SABRE D'HONNEUR DE STOESSEL</h3>
+
+<p>Nous avons entretenu déjà nos lecteurs de la souscription ouverte par
+notre confrère l'<i>Echo de Paris</i> afin d'offrir, au nom des Français, au
+général Stoessel, un sabre d'honneur, et, aux défenseurs de Port-Arthur,
+un souvenir.</p>
+
+<p>Le sabre du général Stoessel, par Falize, figure en ce moment au Salon
+des Artistes français, où, comme on peut le penser, il est fort admiré.</p>
+
+<p>La poignée en est formée d'une fusée d'ivoire avec résille d'or et de
+rubis. Au centre, dans un médaillon oblong, se détache un <i>Saint
+Georges</i> d'or et d'émail, auquel fait pendant, au revers, le monogramme
+<span class="rig"><img alt="" src="images/015.png"></span>
+du général, exécuté en émaux translucides sur or. Au sommet, l'aigle
+éployé des armoiries russes. Ces trois appliques sent bordées de
+brillants. Sur les flancs de la poignée, on lit: <i>Dieu protège les
+braves</i> et <i>Hommage des Français.</i></p>
+
+<p>Le pommeau est formé d'une aigue-marine, pierre qui symbolise la mer,
+entourée de vingt-six brillants correspondant aux vingt-six forts de
+Port-Arthur. Dans la gorge, un décor de seize rubis cabochons.</p>
+
+<p>Sur la garde s'enlacent les palmes et le laurier, liés par un ruban où
+s'inscrit la devise <i>Honneur et Patrie</i>. La bague, au-dessous, porte ce
+mot: <i>Port-Arthur</i>, en lettres d'émaux champlevés translucides, parmi
+lesquelles court, sur le fond d'or, une brindille de laurier.</p>
+
+<p>Enfin, sur la lame d'acier trempé, on a inscrit la dédicace: <i>Au général
+Stoessel, défenseur de Port-Arthur, 1904 1905. Souscription de l'«Echo
+de Paris»</i>. Et la croix de Saint-Georges pend à la dragonne.</p>
+
+<p>Telle est l'arme qui va être bientôt présentée à l'énergique commandant
+de Port-Arthur, et dont les mérites artistiques, plus encore que les
+matières précieuses qui sont entrées dans son exécution, font une oeuvre
+de grande valeur.</p>
+
+<br>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/016a.png"></p>
+
+<h3>LE COMPLOT DES CAPOTES</h3>
+
+<p>Un four judiciaire, ce procès du complot. Un tour si noir qu'on n'est
+point allé jusqu'au bout du deuxième acte. Avant la fin de la deuxième
+audience, sur un incident de procédure, on a renvoyé les débats à quinze
+jours. Ils recommenceront dans six semaines, ou trois mois, ou
+davantage. Le plus tard sera le mieux. Elle était vraiment trop
+ennuyeuse, cette histoire de complot. On nous parlait d'une
+conspiration, sans nous dire pour qui l'on conspirait: duc d'Orléans,
+général de Négrier, M. Doumer, prince Victor? on ne savait; on lançait
+des noms au hasard. Sauf les capotes et les képis découverts, un beau
+soir, dans une villa de Courbevoie, on n'avait rien trouvé.</p>
+
+<p>Sur le banc des prévenus deux officiers: l'un en non-activité, M.
+Tamburini; l'autre en congé, M. Volpert. Ces deux inconnus,
+«instruments» de plus grands et de plus ambitieux, dit-on, avaient fait
+à d'anciens camarades de vagues propositions de «marcher sur l'Elysée».
+Les camarades avaient haussé les épaules. Voilà tout le crime poursuivi?
+Non: il y avait encore ceci:</p>
+
+<p>Les prévenus, avec un troisième inculpé en fuite, avaient tenté de
+recruter des «soldats d'occasion» pour l'insurrection projetée. Quant
+aux comparses: MM. Hansen et Meyer avaient transporté ou reçu des
+cartouches dont il devait être fait usage quand viendrait le Grand Jour.</p>
+
+<p>Un garçon de vingt ans, M. Vrinat, avait été le gardien du magasin
+d'habillement des conjurés.</p>
+
+<p>C'est tout ce qu'à l'audience on a pu savoir de ce grand complot dont
+les journaux parlent depuis un mois.</p>
+
+<p>MM. Tamburini et Volpert, si différents d'aspect--le premier correct,
+éloquent, énergique; l'autre, remuant, bègue et nerveux--se défendent
+tous deux de toute idée insurrectionnelle. Et c'est là une originalité
+en la matière. Les conspirateurs, d'ordinaire, se plaisent à braver
+leurs juges. Ils ont du panache. Ils sont insolents. MM. Volpert et
+Tamburini s'épuisent en dénégations. Ils font de la procédure. Ils
+«distinguent». Ils voulaient, disent-ils, changer de ministère, mais pas
+de gouvernement. Ils sont républicains, et libéraux, et respectueux des
+lois...</p>
+
+<p>Drôles de conspirateurs. De Catilina à Blanqui, en passant par
+Cinq-Mars, Cadoudal et Malet, tous les ancêtres de la conspiration ont
+dû tressaillir dans leur tombe, aux paroles prudentes de si médiocres
+successeurs.<br>
+
+<span class="rig">HENRI VARENNES.</span></p><br><br>
+<br>
+<p class="mid"><img alt="" src="images/016b.png"><br>
+<b>Le monument de Gravelotte, inauguré le 11 mai par l'empereur Guillaume
+II.</b></p>
+
+<h3>LE MONUMENT DE GRAVELOTTE</h3>
+
+<p>Dans le programme du voyage que l'empereur
+d'Allemagne lient d'entreprendre en Alsace-Lorraine figurait, à la date
+du 11 mai, l'inauguration du monument commémoratif de Gravelotte.</p>
+
+<p>Ce monument consiste en une sorte de cloître construit de pierres
+ocreuses, couvert de tuiles rouges, et dont les allées sont décorées à
+l'intérieur de médaillons en bronze représentant l'effigie des généraux allemands qui ont pris part à la
+bataille des 15-18 août 1870. Au milieu de l'espace découvert est placé
+un buste en marbre de Guillaume Ier, fondateur de l'empire, et, au fond,
+dans une niche faisant face à l'entrée, se dresse une statue symbolique,
+d'un caractère tout ensemble religieux et guerrier, ange ou génie,
+tenant une longue trompette.</p>
+
+<p>Bien plus suggestif que cet édifice funèbre, d'une lourde banalité, est
+le lieu où il s'élève: le cimetière, avec ses simples croix de bois
+blanches, alignées derrière les sombres cyprès et portant des épitaphes
+suffisamment éloquentes en la précision de leurs chiffres, car elles
+indiquent que tel nombre d'Allemands et tel nombre de Français, tombés
+en se combattant, reposent depuis trente-quatre ans côte à côte sous le
+même tertre verdoyant.</p>
+<br>
+
+<h3>L'OMNIBUS AUTOMOBILE</h3>
+
+<p>Dans son numéro du 1er avril, <i>L'Illustration</i> donnait, avec quelques
+indications sommaires, un dessin schématique représentant le type de
+voiture automobile que la Compagnie générale des Omnibus de Paris s'est
+décidée à construire.</p>
+
+<p>Le 6 mai, l'omnibus de M. Léon Serpollet, muni d'un moteur à vapeur
+d'une force nominale de 40 chevaux et capable, au besoin, d'aller
+jusqu'à 100, faisait son premier essai, chargé de quelques voyageurs
+privilégiés. Parti, vers deux heures de l'après-midi, du dépôt de la rue
+Championnet, le véhicule, sous la conduite de son constructeur, à gravi
+les pentes abruptes de la butte Montmartre, puis à suivi à travers
+Paris, un itinéraire comprenant la rue d'Amsterdam, l'avenue de l'Opéra,
+la place du Carrousel, le boulevard Saint-Germain, les grands
+boulevards, depuis la Bastille jusqu'à la chaussée d'Antin. Après un
+trajet accompli en deux heures quarante minutes, sans la moindre panne,
+il stoppait à son point de départ. La réussite de cette première
+expérience permet d'espérer la prochaine mise en circulation des omnibus
+automobiles.</p>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/016c.png"><br> <b>La première promenade dans Paris du nouvel omnibus
+automobile, conduit par son constructeur, M. Serpollet.</b></p>
+<br>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/017small.png"><br><a href="images/017large.png">(Agrandissement)</a></p>
+<br>
+
+<h3><i>NOUVELLES INVENTIONS</i></h3>
+
+<p class="mid"><i>(Tous les articles compris sous cette rubrique sont entièrement
+gratuits)</i></p>
+
+<h4>ANNEAUX POUR STORES ET BRISE-BISE</h4>
+
+<p>Quelle ménagère n'a pas eu de petits ennuis dans la suspension des
+stores, brise-bise, rideaux légers ou dentelles?</p>
+
+<p>Ces ennuis tiennent à la forme même et à la nature de la suspension
+adoptée jusqu'ici: les anneaux sont cousus à l'étoffe légère ou à la
+dentelle, puis enfilés généralement sur une tringle. Qu'arrive-t-il donc
+dans ces conditions?</p>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/018a.png"><br>
+
+<p>1° L'anneau a une tendance, naturellement, à se mettre <i>de champ</i>, dans
+le plan de l'étoffe, tandis qu'il en est contrarié par la tige sur
+laquelle il est enfilé; de ce fait, il se met en biais, l'étoffe tombe
+mal, fait des coques souvent disgracieuses et inégales... inconvénients
+difficiles à éviter.</p>
+
+<p>2° Veut-on nettoyer l'étoffe, remettre la dentelle au teinturier pour un
+nettoyage délicat? Il faut découdre les anneaux un à un, travail qui
+exige la plus grande attention, pour les recoudre ensuite.</p>
+
+<p>Trop heureux si un coup de ciseaux un peu rapide ne coupe pas la
+dentelle!</p>
+
+<p>Tous ces inconvénients sont évités par une charmante petite invention
+figurée sur les dessins ci-dessus. Voulez-vous fixer les anneaux?</p>
+
+<p>Vous les serrez légèrement: les deux yeux inférieurs s'écartent et vous
+pincez votre étoffe. L'anneau, loin de chercher à tourner, tend au
+contraire à laisser l'étoffe tomber librement.</p>
+
+<p>Rien à découdre non plus: en pressant vos anneaux l'étoffe est dégagée.
+Le motif le plus léger et le plus fragile se trouvera bien d'un tel
+emploi: les rideaux si nombreux de nos appartements seront mieux,
+suspendus, ils seront rapidement posés et déposés, sans crainte jamais
+d'être détériorés par des ciseaux pressés. Les ménagères avisées verront
+là de précieux avantages, avec l'élégance et l'économie d'un temps
+précieux.</p>
+
+<p>Ces anneaux se trouvent en vente, chez <i>M. Blachon, 61, rue Halle,
+Partes</i>, au prix de 1 fr. 25 la douzaine en cuivre verni et 2 francs en
+cuivre doré.</p>
+
+<h4>ORGUE-HARMONIUM PLIANT</h4>
+
+<p>Le transport des instruments de musique volumineux, tels que pianos et
+orgues-harmoniums, n'est pas sans présenter des inconvénients assez
+désagréables; l'inventeur de l'orgue-harmonium «Aeolus» a voulu remédier
+à ces difficultés de transport en construisant un instrument susceptible
+de se replier et de se renfermer dans une malle tout en conservant la
+sonorité et la puissance des harmoniums ordinaires. Nous n'entrerons pas
+dans les détails du système de charnières et d'articulations, d'ailleurs
+fort simple, qui permet d'obtenir cet intéressant résultat; les figures
+ci-jointes montrent suffisamment les différences de volume, l'instrument
+étant ouvert ou fermé. Les pièces les plus encombrantes, pédales de
+soufflerie, pieds et barres supportant les pédales, se replient sans la
+moindre difficulté.</p>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/018b.png"><br><b>Appareil fermé.</b></p>
+
+<p>L'orgue-coffre comporte 1 jeu de 4 octaves. Il est muni de 2 pédales et
+de 2 registres: <i>Forte</i> et <i>Melodia</i>--et se ferme au moyen d'une serrure
+à clef.</p>
+
+<p>L'instrument fermé présente l'aspect d'une petite malle ou coffret,
+parfaitement clos de toutes parts et mesurant 0m,78 de long sur 0m,30 de
+haut et 0m,41 de profondeur. Il est donc très peu encombrant et
+facilement transportable. Son poids n'est que de 23 kilos, ce qui permet
+de l'emporter en voyage et de le mettre aux bagages, sans excédent.</p>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/018c.png"><br><b>Appareil ouvert.</b></p>
+
+<p>Au dire de l'inventeur, malgré ses dimensions restreintes, la sonorité
+de cet instrument est pleine et ronde, rappelant celle des orgues à
+tuyaux, et sa puissance rivalise avec celle de modèles d'un prix plus
+élevé.</p>
+
+<p>Le prix de l'orgue-coffret en chêne est de 130 francs; avec serrure et
+garnitures en cuivre poli, 140 francs. Le prix de l'emballage pour la
+province est de 5 francs. S'adresser à <i>M. Gebhardt, 1, rue Madame,
+Paris.</i></p>
+
+<p class="rig"><img alt="" src="images/018d.png"></p>
+<h4>LE PORTE-PLUME "BERTILLON"</h4>
+
+<p>Fort originale a été l'idée de l'inventeur qui a construit ce
+porte-plume: elle permet d'avoir, par excellence, cet instrument bien en
+main, puisque son extrémité est modelée suivant la position et la forme
+exactes des doigts qui le maintiennent. Mieux encore, si l'empreinte a
+été prise par une main écrivant d'une façon correcte, les personnes dont
+la position de main est défectueuse la verront corrigée par cet
+instrument modèle.</p>
+
+<p>Rien de plus simple que l'obtention d'un pareil résultat. Le porte-plume
+Bertillon (figure) comporte près de la plume un renflement ovoïde en
+gutta-percha: il suffit de tremper cette partie dans l'eau bouillante
+pendant une demi-minute et d'appliquer dessus les doigts comme pour
+écrire en pressant légèrement, de façon à donner l'empreinte des doigts
+à la gutta-percha dont tout le monde connaît les remarquables qualités
+en matière de modelage. On durcit ensuite cette substance en la trempant
+dans l'eau froide.</p>
+
+<p>Au dire de l'inventeur, cet instrument faciliterait une écriture
+régulière et sûre; il empêcherait le porte-plume de glisser ou de
+tourner, supprimerait les durillons aux doigts, la crampe des écrivains
+ou la fatigue de la main. D'autre part, il éviterait bien des taches
+d'encre aux doigts et aux papiers.</p>
+
+<p>Le prix de ce porte-plume est de 0 fr. 75; on le trouve chez <i>M. Victor
+Schroedler, 59, rue des Petites-Écuries, Paris.</i></p>
+
+<br><br>
+</div>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/supp1.png"></p>
+
+<p class="mid">Note du transcripteur:<br>
+Ces deux suppléments ne nous ont pas été fournis.</p>
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+<pre>
+
+
+
+
+
+End of Project Gutenberg's L'Illustration, No. 3246, 13 Mai 1905, by Various
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+Gutenberg-tm electronic works if you follow the terms of this agreement
+and help preserve free future access to Project Gutenberg-tm electronic
+works. See paragraph 1.E below.
+
+1.C. The Project Gutenberg Literary Archive Foundation ("the Foundation"
+or PGLAF), owns a compilation copyright in the collection of Project
+Gutenberg-tm electronic works. Nearly all the individual works in the
+collection are in the public domain in the United States. If an
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+
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+or cause to occur: (a) distribution of this or any Project Gutenberg-tm
+work, (b) alteration, modification, or additions or deletions to any
+Project Gutenberg-tm work, and (c) any Defect you cause.
+
+
+Section 2. Information about the Mission of Project Gutenberg-tm
+
+Project Gutenberg-tm is synonymous with the free distribution of
+electronic works in formats readable by the widest variety of computers
+including obsolete, old, middle-aged and new computers. It exists
+because of the efforts of hundreds of volunteers and donations from
+people in all walks of life.
+
+Volunteers and financial support to provide volunteers with the
+assistance they need are critical to reaching Project Gutenberg-tm's
+goals and ensuring that the Project Gutenberg-tm collection will
+remain freely available for generations to come. In 2001, the Project
+Gutenberg Literary Archive Foundation was created to provide a secure
+and permanent future for Project Gutenberg-tm and future generations.
+To learn more about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation
+and how your efforts and donations can help, see Sections 3 and 4
+and the Foundation web page at https://www.pglaf.org.
+
+
+Section 3. Information about the Project Gutenberg Literary Archive
+Foundation
+
+The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non profit
+501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the
+state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal
+Revenue Service. The Foundation's EIN or federal tax identification
+number is 64-6221541. Its 501(c)(3) letter is posted at
+https://pglaf.org/fundraising. Contributions to the Project Gutenberg
+Literary Archive Foundation are tax deductible to the full extent
+permitted by U.S. federal laws and your state's laws.
+
+The Foundation's principal office is located at 4557 Melan Dr. S.
+Fairbanks, AK, 99712., but its volunteers and employees are scattered
+throughout numerous locations. Its business office is located at
+809 North 1500 West, Salt Lake City, UT 84116, (801) 596-1887, email
+business@pglaf.org. Email contact links and up to date contact
+information can be found at the Foundation's web site and official
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+Literary Archive Foundation
+
+Project Gutenberg-tm depends upon and cannot survive without wide
+spread public support and donations to carry out its mission of
+increasing the number of public domain and licensed works that can be
+freely distributed in machine readable form accessible by the widest
+array of equipment including outdated equipment. Many small donations
+($1 to $5,000) are particularly important to maintaining tax exempt
+status with the IRS.
+
+The Foundation is committed to complying with the laws regulating
+charities and charitable donations in all 50 states of the United
+States. Compliance requirements are not uniform and it takes a
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+SEND DONATIONS or determine the status of compliance for any
+particular state visit https://pglaf.org
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+have not met the solicitation requirements, we know of no prohibition
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+any statements concerning tax treatment of donations received from
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+methods and addresses. Donations are accepted in a number of other
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+donations. To donate, please visit: https://pglaf.org/donate
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+works.
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+with anyone. For thirty years, he produced and distributed Project
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+
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+unless a copyright notice is included. Thus, we do not necessarily
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