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+Project Gutenberg's L'Illustration, No. 3253, 1er Juillet 1905, by Various
+
+This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with
+almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or
+re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included
+with this eBook or online at www.gutenberg.org
+
+
+Title: L'Illustration, No. 3253, 1er Juillet 1905
+
+Author: Various
+
+Release Date: February 26, 2011 [EBook #35406]
+
+Language: French
+
+Character set encoding: ISO-8859-1
+
+*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK
+L'ILLUSTRATION, NO. 3253, 1ER JUILLET 1905 ***
+
+
+
+
+Produced by Jeroen Hellingman and Rénald Lévesque
+
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+
+L'Illustration, No. 3252, 1er Juillet 1905
+
+Avec ce Numéro:
+_1º SUPPLEMENT MUSICAL_
+2º un hors texte en couleurs:
+_ÉLOQUENCE_, par A. GUILLAUME
+
+
+LA REVUE COMIQUE, par Henriot.
+
+
+_Suppléments de ce numéro:
+1° Une gravure en couleurs_, ÉLOQUENCE OFFICIELLE, _par Albert
+Guillaume._
+_2° Musique:_ PIÈCE BRÈVE, _par Gabriel Fauré;_ L'AME DES FLEURS, _par
+Massenet;_ POÈME LANGUIDE, _par A. Scriabine._
+
+[Illustration: L'ILLUSTRATION
+_Prix du Numéro: 75 Centimes._
+SAMEDI 1er JUILLET 1905
+_63° Année--N° 3253_]
+
+[Illustration: LES TAMBOURS dont le comité de l'infanterie propose la
+suppression. _Voir le_ Courrier de Paris _à la page suivante._]
+
+
+
+COURRIER DE PARIS
+
+JOURNAL D'UNE ÉTRANGÈRE
+
+Je ne connaissais pas M. Dujardin-Beaumetz. Je l'ai vu ces jours-ci pour
+la première fois. C'était au Cours-la-Reine. Il inaugurait l'Exposition
+de l'Enfance et, bien que l'installation n'en fût pas encore tout à fait
+achevée, il semblait s'y amuser beaucoup. On lui fit voir des poupées et
+des jouets dont la vue excita sa joie; il visita une chèvrerie, sourit
+aux chèvres et promit que leur lait serait bon. Comme il passait devant
+un jeu de balançoires immobiles, il admira l'alignement des sièges et
+des poutrelles coloriées auxquelles ces sièges étaient suspendus et dit:
+«Voyez comme, avec peu de chose, on peut faire de la beauté. Ceci même
+est joli. Ces bois peints, ces cordages légers, ces cuivres, ont une
+grâce géométrique qui amuse l'oeil. On dirait une estampe du
+dix-huitième...» Correctement ganté, le torse épais sanglé sous la
+redingote noire, il avançait à pas tranquilles, appuyé sur sa canne. Il
+serrait des mains, félicitait. Je regardais sa figure. Elle est ronde et
+colorée, s'encadre de boucles grisonnantes qui frisent sous le bord du
+chapeau et d'une courte barbe étalée en éventail autour du menton. Des
+yeux doux et profonds, sous la barre noire des sourcils, éclairent cette
+face de brave homme d'un air de bonté satisfaite. On le mena au buffet.
+On lui présenta une coupe de Champagne qu'il prit en souriant et vida
+sans déplaisir. Une musique militaire joua devant lui le prélude de
+_Messidor_ et, comme il avait aperçu l'auteur, Alfred Bruneau, parmi la
+foule qui l'entourait, il lui fit signe, de s'approcher, lui prit les
+mains, le nomma aux musiciens, le remercia. Des journalistes, à côté de
+moi, échangeaient leurs impressions. L'un d'eux dit: «Dujardin-Beaumetz
+est heureux... Il inaugure. Il n'y a que cela qui l'amuse.»
+
+C'est vrai. M. Dujardin-Beaumetz a beaucoup inauguré depuis qu'il dirige
+les Beaux-Arts; et ce zèle attire sur lui, je crois, quelques
+railleries. Comme il a raison, cependant, de ne point faire fi de ce
+qu'il y a de meilleur dans son état! C'est charmant, une inauguration.
+C'est charmant, parce que c'est le commencement de quelque chose
+d'utile, de bon, de joli, et qu'autour de ces commencements-là il n'y a,
+pour un spectateur doué d'un peu de dilettantisme et de finesse, que de
+la joie à recueillir.
+
+J'ai connu un vieux garçon, pauvre et très seul dans la vie, dont la
+principale récréation était d'assister de temps à autre à une messe de
+mariage, de se mêler aux groupes bavards de la sacristie, de frôler
+d'élégantes toilettes, d'en humer le parfum et, au besoin, d'embrasser
+la mariée quand elle était gentille. J'imagine que c'est un genre de
+volupté analogue que M. Dujardin-Beaumetz vient chercher dans les
+expositions qu'il inaugure. Une exposition qui s'ouvre, c'est de
+l'élégance, des toilettes, des fleurs, du décor, une amusante vision
+d'inédit et de _tout neuf_, et, autour de cela, les figures
+nécessairement souriantes de gens que rendent heureux le sentiment
+d'avoir bien travaille et l'espoir d'en tirer quelque récompense... M.
+Dujardin-Beaumetz est un artiste et, dit-on, un homme d'esprit. Je ne
+comprendrais pas qu'investi par ses fonctions du droit de s'offrir,
+plusieurs fois par semaine, le régal de spectacles si délicieux, il les
+méprisât...
+
+
+Une habitude tout à fait fâcheuse règne aujourd'hui dans Paris: on y
+fait aux vieilles rues leur procès; on se préoccupe et l'on s'indigne,
+au besoin, de ce que leurs noms signifient: il y a sur ces pauvres
+petites plaques bleues des allusions qui choquent, des évocations de
+souvenirs contre quoi protestent le puritanisme politique des uns, la
+pudeur des autres. Voilà bien du travail pour les conseils municipaux de
+demain! Il y a quelques semaines, c'étaient les habitants de la rue
+Bréda qui s'avouaient honteux de demeurer «rue Bréda»; aujourd'hui, ce
+sont ceux de la rue des Vertus qui se plaignent. «On se moque de nous,
+disent-ils, et nous sommes en butte à toutes sortes de commentaires
+ironiques dont notre patience, à la fin, se lasse.» Et ils demandent que
+le nom de leur rue soit changé.
+
+Il me paraît à craindre, si l'on fait droit à la requête de ces
+Parisiens susceptibles, que leur succès n'encourage à se produire bien
+des réclamations. Car, s'il est ridicule d'habiter la rue des Vertus,
+l'est-il beaucoup moins de demeurer rue des Innocents, ou rue de la
+Fidélité? Il y a des gens qui ont la coquetterie de leur bonne santé;
+n'en verrons-nous pas quelques-uns protester à leur tour et se plaindre
+d'avoir pour adresse le boulevard des Invalides?
+
+Paris, qui est une ville d'irréligion, porte sur les plaques de ses rues
+de nombreuses traces de son passé religieux. Bossuet, Fénelon,
+Bourdaloue, Lamennais, Fléchier, Lacordaire, Massillon, ont donné leurs
+noms à des voies publiques. Je feuillette un dictionnaire des rues de
+Paris et j'y trouve une rue des Moines, une rue des Abbesses, une rue
+des Terres-au-Curé, une rue de l'Évangile, une rue de la Madone; deux
+impasses: de l'Église et de l'Enfant-Jésus; une place de la Nativité. Le
+jour où la «revision» des plaques municipales sera commencée, certains
+hommes farouches ne seront-ils pas tentés de purger Paris de tant de
+souvenirs offensants? Toléreront-ils seulement qu'il continue d'y avoir
+une rue Dieu?
+
+Je voudrais qu'on respectât les noms des vieilles rues comme on respecte
+les sépultures (est-ce que les chemins où nos pères ont construit leurs
+maisons ne sont pas un peu les tombeaux de notre histoire?) et plus il y
+a de naïveté, de mystère, de drôlerie en ces appellations, plus je
+souhaiterais qu'on s'interdît d'y toucher. La rue Brise-Miche et la rue
+du Chat-qui-Pêche, la rue des Cinq-Diamants, la rue du Pas-de-la-Mule et
+la rue de l'Épée-de-Bois, la rue au Lard, l'impasse des Trois-Visages,
+les rues Gît-le-Coeur, du Moulin-au-Beurre et du Pont-aux-Choux, la rue
+des Petits-Carreaux, la rue Vide-Gousset, n'évoquent assurément nul
+souvenir d'épopée, ce ne sont point des noms glorieux. Mais ce sont de
+vieux noms; ce sont des parcelles de notre «autrefois»; cela a le charme
+et l'intérêt d'un très vieux bibelot quelconque, d'un objet sans beauté,
+mais qu'auraient usé pendant deux ou trois cents ans les mains de nos
+grand'mères.
+
+Encore une «vieillerie» que les novateurs ont condamnée: il est question
+de supprimer, dans l'armée, les tambours [1].
+
+[Note 1: Le comité d'infanterie vient, en effet, de se prononcer de
+nouveau pour la suppression des tambours. Le général Farre, ministre de
+la guerre il y a vingt-cinq ans, les avait déjà supprimés: ils furent
+rétablis peu de temps après.]
+
+Je n'ai aucune compétence en ces questions et j'ignore s'il est vrai que
+le tambour soit un meuble inutile. On affirme qu'il l'est; et on lui
+trouve, en outre, toutes sortes de défauts ou d'inconvénients graves
+dont nos pères ne s'étaient point avisés: le tambour est encombrant; le
+tambour est à la merci du choc qui le défonce ou de l'averse qui le rend
+aphone, en distendant sa peau; et, comme un soldat ne peut combattre en
+même temps qu'il bat du tambour, voilà une armée (on s'en aperçoit
+aujourd'hui seulement) privée, nous dit-on, par l'emploi du tambour, des
+bras de 10.000 combattants.
+
+Mais le tambour ne pourrait-il être un instrument «de paix» qu'on
+n'emporte point à la guerre? Nos orchestres militaires sont munis aussi
+d'engins fort encombrants et tout le monde s'accorde à penser que la
+grosse caisse, le trombone, l'ophicléide et la contrebasse ne sont point
+des meubles qu'il convienne de pousser à l'assaut d'une place forte ou
+de promener le long d'une ligne de tirailleurs. On les relègue «au
+dépôt» dès que le canon tonne; qu'est-ce qui empêcherait qu'on y laissât
+les tambours?
+
+Le tambour, c'est de la musique (il paraît que le poète Jean Richepin,
+dans sa jeunesse, en jouait supérieurement); le tambour est aussi le
+plus admirable des métronomes; il n'excelle pas seulement à bien rythmer
+la marche du troupier, il la soutient, il la ranime, il l'entraîne. Il
+m'est arrivé quelquefois de suivre un régiment qui passait; les
+tambours, en avant, ronflaient... et je me laissais prendre à ce rythme
+comme à celui d'une valse qui vous soulève et vous force à danser.
+
+A-t-on raison de détruire ces vieilles choses? C'est une idée qui me
+hante: je me demande s'il n'est pas dangereux d'ôter à l'armée ses
+parures d'autrefois, ses vieux jouets; et si nos pères, en voulant qu'un
+peu d'amusement et quelques ornements superflus égayassent le métier de
+soldat, n'étaient point de plus sensés philosophes que nous.
+
+SONIA.
+
+
+
+NOTRE SUPPLÉMENT EN COULEURS
+
+«ÉLOQUENCE OFFICIELLE» Tableau d'Albert Guillaume.
+
+C'est un déjà vieux couplet du Chat Noir, un couplet de Jacques Ferny,
+qu'il faudrait réimprimer pour commenter cet amusant tableau:
+«Messieurs, devant cette belle statue...» Et le spectacle est d'hier,
+d'aujourd'hui, de demain,--car quel est le jour, en France, où l'on
+n'inaugure pas un monument? Voici, sous les grands arbres du mail,
+gardée par les agents en gants de filoselle, la petite tribune où
+s'empilent les autorités: municipalité, sénateurs, députés,--un ministre
+peut-être; derrière, au-delà, tout autour, la foule pressée des chers
+concitoyens; au milieu la statue, toute neuve, au socle jonché de fleurs
+et de palmes; la statue, découverte depuis cinq minutes, de l'illustre
+enfant du pays qui peut-être, comme dans la chanson, «n'eut jamais, ah!
+jamais de génie»--mais qui peut-être en eut aussi, ou fut quelque
+bienfaiteur dont le nom revit dans le coeur des hommes--à moins que ce
+n'eût été quelque politicien. Le représentant de l'arrondissement lui
+rend hommage, et le geste éloquent de sa main gantée de clair, la
+véhémence de sa mimique, disent assez clairement qu'il s'acquitte de la
+tâche avec une conviction entière.
+
+
+
+NOTES ET IMPRESSIONS
+
+Les Européens n'ont derrière eux que deux ou trois siècles d'art; nous
+autres, Japonais, nous en avons vingt-cinq: il est tout naturel que leur
+goût ne soit pas aussi formé que le nôtre. BARON KITABATAKÉ.
+
+ *
+ * *
+
+Ce n'est pas insulter le lion que de bafouer l'âne qui s'est affublé de
+sa peau. ALEX. DUMAS FILS.
+
+ *
+ * *
+
+Il y a, à la Chambre, bien des bonnes gens; mais le diable entre en eux
+dès qu'ils entrent en séance. MELCHIOR DE VOGUÉ.
+
+ *
+ * *
+
+Chercher dans la guerre civile un remède contre les maux de la guerre
+étrangère, c'est proposer le suicide comme un refuge contre les dangers
+d'un duel. Il y a des Gribouilles partout.
+
+ *
+ * *
+
+Il est plus facile de réconcilier deux ennemis qui ont tort l'un et
+l'autre que des adversaires qui ont également raison. G.-M. VALTOUR.
+
+
+
+[Illustration: A Dijon.--Translation des restes des soldats français,
+italiens, allemands, morts en 1870, de l'ancien au nouveau
+cimetière.--Phot. Gaitet.]
+
+HOMMAGE AUX MORTS
+
+On vient de transférer, à Dijon, de l'ancien au nouveau cimetière, les
+restes des soldats français, italiens et allemands, qui, le 30 août
+1870, tombèrent là, sur le champ de bataille.
+
+Cette translation a été entourée de la plus grande solennité. L'armée y
+devait, naturellement, tenir la première place. C'est sur des
+corbillards décorés de trophées de drapeaux que les bières avaient été
+déposées, et des soldats, l'arme sous le bras droit, encadraient le
+cortège funèbre à travers les rues de la vieille cité bourguignonne.
+
+
+
+LE ROI DE SAXE EN ALSACE-LORRAINE
+
+Le roi de Saxe Frédéric-Auguste, accompagné du général de Hausen, son
+ministre de la Guerre, s'est rendu récemment à Metz, où, pendant son
+séjour, il a été l'hôte du comte Zeppelin, président de Lorraine. Ce
+haut fonctionnaire était venu attendre le souverain à la gare en simple
+tenue de ville; il le conduisit à la présidence dans une voiture de
+louage, avec un cocher emprunté à l'administration des postes.
+
+Le 23 juin, le roi inspecta le 12e régiment d'artillerie saxon et passa
+une revue en présence du corps des officiers de la garnison.
+
+Le 24, après avoir entendu la messe à la cathédrale, il alla, escorté de
+son état-major, visiter les champs de bataille de 1870 et le hall
+commémoratif de Gravelotte, inauguré par Guillaume II au mois de mai
+dernier. Autour du monument élevé à la mémoire du 12e corps d'armée
+saxon, la colonie saxonne de Metz et les officiers du 12e d'artillerie
+s'étaient réunis pour faire à leur souverain une ovation enthousiaste.
+
+
+
+PROMESSES DE RÉFORMES EN RUSSIE
+
+Le mardi 20 juin, l'empereur Nicolas II recevait, en audience privée, au
+palais Alexandria, à Péterhof, la députation du congrès des zemstvos
+tenu à Moscou et les délégués de la municipalité de Saint-Pétersbourg,
+qui s'étaient joints à eux.
+
+La première délégation se composait de M. le comte P.-A. Heyden, de
+Pskov, président; M. J.-J. Petrounkevitch, de Tver; M. N.-N. Zwow, de
+Saratof; M. F.-I. Roditchef, de Tver; M. le comte G.-G. Zwow, président
+du zemstvo de Toula; M. F.-A. Golovine, président du zemstvo de Moscou;
+M. N.-N. Kovalevsky, de Kharkof; du comte P.-D. Dolgoroukof, de Roussk;
+du comte S.-N. Troubetzkoï, de Moscou; de M. J.-A. Nowossiltzef, de
+Temnikowsk et du comte D.-J. Chakowsky, de Yaroslav. La ville de
+Saint-Pétersbourg était représentée par MM. le baron Korf, Nikitine et
+Fedorof.
+
+Tous ont eu la grande amabilité, au sortir de cette audience, de vouloir
+bien poser spécialement pour _L'Illustration_. Cette photographie aura
+du moins pour résultat de montrer combien est grande l'illusion des gens
+qui s'imaginent le parti réformateur, en Russie, dirigé par des
+démagogues à tous crins, des agitateurs sans feu ni lieu.
+
+Cette audience de Péterhof marque, évidemment, une date importante dans
+l'histoire de la Russie. Et ce n'est pas sans beaucoup de
+tergiversations que le tsar, tiraillé entre son bon vouloir et les
+intrigues du parti hostile à toutes réformes, se décida à l'accorder.
+
+Même, un homme, parmi ces hommes rangés qui composaient la députation
+des zemstvos, excita dans l'entourage impérial quelque défiance. Quand
+les délégués du congrès de Moscou et de la ville de Saint-Pétersbourg,
+amenés dans les voitures de la cour à la «ferme» Alexandria, tout
+enguirlandée de verdure et de fleurs, furent dans le salon où on les
+avait introduits en attendant qu'ils pussent être reçus, le ministre de
+la cour, baron Fredericksz vint leur déclarer que, quelle que fût la
+bienveillance de son maître, il lui était toutefois difficile de
+recevoir M. Petrounkevitch, qui passait pour avoir des relations
+révolutionnaires. M. Petrounkevitch, pourtant, fut reçu avec ses amis et
+collègues.
+
+On avait beaucoup discuté, par avance, sur les conditions dans
+lesquelles Nicolas II consentirait à recevoir les délégués. «A titre
+privé» disait leur lettre d'audience et dit aussi le compte rendu
+officiel de l'audience. En réalité, envers et contre toutes les
+définitions protocolaires, c'est bien une députation de son peuple qu'a
+reçue l'empereur, et c'est ce qui donne à cette audience toute son
+importance.
+
+A peine avait-on introduit les délégués dans la salle où allait avoir
+lieu cette décisive entrevue que Nicolas II parut. Il ne dit pas un mot
+et attendit que le porte-parole des délégués parlât. Le comte
+Troubetzkoï alors lut l'adresse, assez rude dans ses termes, qu'avaient
+rédigée les mandataires des zemstvos. M. Fedorof lui succéda, parlant au
+nom de la ville de Saint-Pétersbourg.
+
+Puis l'empereur répondit, et l'essence de sa réponse tenait dans ces
+deux phrases:
+
+«Dissipez vos doutes; ma volonté est volonté souveraine et inébranlable,
+et l'admission des élus aux travaux de l'État sera régulièrement
+accomplie; je veille chaque jour et me consacre à cette oeuvre. Vous
+pouvez annoncer cela à tous vos proches, aussi bien à ceux habitant la
+campagne qu'à ceux des villes.»
+
+Et, conformément à ce désir du tsar, le lendemain, les représentants de
+la ville de Saint-Pétersbourg, devant le conseil municipal assemblé à la
+_douma_, à l'hôtel de ville, rendaient compte de l'audience de Péterhof.
+
+M. Nikitine en retraçait tous les détails. Puis, aux applaudissements
+unanimes de l'assemblée, résumait les impressions des trois délégués de
+la municipalité et disait leurs espérances,--les espérances du peuple
+russe:
+
+«Soyons confiants, a-t-il dit, dans les promesses du tsar. L'assemblée
+sera convoquée de façon normale. Il n'y aura pas de déshérités. Le tsar
+veille. Le tsar nous protégera contre les attentats à la liberté de
+conscience, de la presse, de la parole, des personnes et du domicile.
+
+»Nous sommes à la veille d'une grande réforme. Je suis sûr qu'elle se
+réalisera, comme toutes les grandes réformes de la Russie, sans
+cataclysme, et que la Russie en sortira rénovée.»
+
+
+
+[Illustration: Le roi. Le ministre. A Metz.--Le roi Frédéric-Auguste de
+Saxe et son ministre de la guerre, le baron de Hausen.--Phot. W.
+Jacobi.]
+
+
+[Illustration: S.-S. Zwow, F.-I. Roditchef, Comte de Zwow, F.-A.
+Golovine, Kovalevsky, Comte Dolgoroukof, Comte Troubetzkoï, de Moscou,
+Nowossiltzef, Comte Chakowsky.
+
+De Saratof de Tver, pt. de zemstvo à Toula, pt. de zemstvo à Moscou, de
+Kharkof, de Roussk. qui parla au nom des délégués, de Temnikowsk, de
+Yaroslav.
+
+Baron P.-Z. Korf, Comte Heyden, de Pskov, J.-J, Petrounkevitch, M.-P.
+Fedorof, A.-N. Nikitine.
+
+De Saint-Pétersbourg, président de la délégation des zemstvos, de Tver,
+de Saint-Pétersbourg, de Saint-Pétersbourg.
+
+La délégation du Congrès des zemstvos de Moscou et de la municipalité de
+Saint-Pétersbourg, qui a été reçue par le tsar à Péterhof, le 20 juin.
+_Photographie Moniouchko, prise spécialement pour_ L'Illustration.]
+
+[Illustration: Séance de la «douma» de Saint-Pétersbourg, le 21 juin: M.
+Nikitine rend compte de l'audience de Péterhof. _Dessin d'après nature
+de M. V. Mazourovsky.--Voir l'article à la page précédente._
+
+PROMESSES DE RÉFORMES EN RUSSIE]
+
+
+
+LES TROUBLES DE LODZ
+
+Il y a quinze jours, tout le monde, en France, ignorait, ou à peu près,
+l'existence de la ville de Lodz, en Pologne. Les villes heureuses n'ont
+pas d'histoire!
+
+Au commencement du dix-neuvième siècle, une colonie allemande venait
+s'établir, là où est Lodz, aux bords de la Loudka. Elle y fonda un
+atelier de tissage de coton.
+
+L'administration russe l'accueillit bien, espérant trouver dans les
+survenants, dans ceux qui ne pouvaient manquer de venir les rejoindre,
+une sorte de noyau antipolonais. Elle combla de faveurs les immigrants.
+Lodz, rapidement, prospéra.
+
+Il y vint de nouveaux Allemands et beaucoup d'Israélites, auxquels la
+possession du sol et même les travaux de la terre étaient interdits en
+Russie. La ville neuve les attira.
+
+D'autres industries s'adjoignirent alors aux filatures de coton. Et Lodz
+est maintenant une formidable ville industrielle, habitée par 400.000
+âmes. Mais l'ouvrier y est très malheureux en raison même du pullulement
+de la main-d'oeuvre. Quand la persécution antisémite commença en Russie,
+les patrons chrétiens ne voulurent plus employer de juifs. Les patrons
+israélites les repoussèrent également. Ceux des industriels qui
+consentirent à utiliser leurs services profitèrent de leur situation
+_d'outlaws_ pour leur offrir des salaires dérisoires: la paye moyenne
+d'un ouvrier, à Lodz, ne dépasse pas 60 kopecks, 1 fr. 60 environ. La
+moyenne s'établit fatalement d'après le tarif que les ouvriers
+israélites étaient obligés de subir. Croupissant dans une misère noire,
+inquiétés, d'autre part, à cause de leur religion, par l'autorité, les
+juifs de Lodz s'efforcèrent de quitter cet enfer. Le «sionisme» en
+fournit à nombre d'entre eux le moyen. Ils émigrèrent en masse en
+Amérique. Le socialisme s'en mêla, remua les ouvriers non israélites et
+aussi maltraités, au point de vue du gain, que les juifs. La population
+ouvrière de Lodz tout entière fermenta: on sait quel a été, ces jours
+derniers, le résultat de ce lamentable état de choses.
+
+Une première bagarre eut lieu, le 18, entre ces miséreux et la police.
+Il y eut de nombreuses victimes. Une question confessionnelle s'étant
+élevée au sujet des funérailles, les socialistes s'unirent résolument
+aux juifs. Le 20, 70.000 manifestants se heurtaient à la police. On
+éleva des barricades. Il y eut, dans les rues, de véritables batailles
+rangées. La police et la troupe furent sans pitié. Pendant plusieurs
+jours, ce furent d'indescriptibles boucheries.
+
+Et voilà comme Lodz est devenue tout à coup tristement célèbre.
+
+Nous avons eu la bonne fortune de découvrir, à Paris, un peintre qui
+nous apporte sur la vie populaire dans cette malheureuse ville, des
+documents d'un haut intérêt et d'un réalisme très sincère. C'est M.
+Léopold Pilichowski, un exposant fidèle de nos Salons. Fils d'un humble
+cultivateur des environs de Lodz, M. Pilichowski a connu, au début de la
+vie, toutes les misères des pauvres, et c'est à force d'énergie et de
+persévérance qu'il parvint à poursuivre ses études artistiques, à
+Munich, puis à Paris. Maître de son art, il a consacré le meilleur de
+son talent à représenter les scènes de la vie juive à Lodz et dans la
+région, son pays natal. Ses modèles favoris ont été ses coreligionnaires
+infortunés, et l'on peut penser qu'il a mis à les peindre le meilleur de
+lui-même. Nous connaissons admirablement, par lui, les types de ces
+pauvres diables que, depuis une huitaine, on fusille en masse dans les
+rues de la grande ville polonaise.
+
+
+[Illustration: Halte sur la route de l'exil.]
+
+[Illustration: Une ruelle à Lodz.]
+
+[Illustration: Repos précaire.]
+
+[Illustration: Les accablés.]
+
+LA MISÈRE JUIVE A LODZ
+
+_D'après les tableaux du peintre polonais Léopold Pilichowski._
+
+
+
+LE CONCOURS CENTRAL HIPPIQUE
+
+Le Concours central hippique, qui s'est tenu la semaine dernière à la
+galerie des Machines et qui, sans doute, va se renouveler tous les ans,
+n'est à aucun point de vue une répétition ni une concurrence du concours
+hippique traditionnel du mois d'avril. A vrai dire, il n'a avec celui-ci
+rien de commun, pas même le titre. Sa dénomination officielle et seule
+exacte de «Concours central des animaux reproducteurs des espèces
+chevaline et asine», en détermine parfaitement la nature et le but.
+Alors que le concours organisé chaque année, au palais de l'Industrie
+jadis, au Grand Palais maintenant, a pour objet de faire ressortir la
+qualité et le dressage des chevaux destinés à la selle ou à la voiture,
+l'exhibition nouvelle est réservée aux étalons et aux poulinières:
+encore faut-il qu'ils soient nés en France.
+
+D'autre part, elle admet des animaux de diverses races qui ne pourraient
+figurer qu'exceptionnellement dans les épreuves du Grand Palais. A côté
+des pur sang (anglais, arabe ou anglo-arabe), des trotteurs, des
+demi-sang (anglo-arabe, normand, vendéen, du Centre, etc.), des
+catégories spéciales étaient ouvertes, à la galerie des Machines, aux
+races postières et aux races de gros trait (percheronne, ardennaise,
+bretonne, etc.), et ce n'étaient certes ni les moins nombreuses, ni les
+moins intéressantes. Il y avait même une petite place pour les ânes et
+les mulets.
+
+En somme, l'exposition présentait un tableau très fidèle et très complet
+de la population chevaline de la France, sauf peut-être en ce qui
+concerne les pur sang anglais, dont la qualité comme le nombre étaient
+médiocres et qui ne peuvent, en réalité, être appréciés à leur juste
+valeur que sur l'hippodrome. Elle permettait de juger de la variété et
+de la richesse des ressources fournies par notre élevage, ressources
+encore trop peu connues de nous et sur lesquelles peut-être les
+étrangers étaient mieux édifiés. En 1900, l'Exposition de Vincennes
+avait déjà pu nous donner confiance. Le concours de juin 1905 aura servi
+surtout à mettre en lumière nos races de trait: non seulement elles ont
+conservé leurs qualités originelles, elles les ont développées en y
+joignant d'autres mérites, alliant à la force et à la puissance dues à
+leur structure, d'apparence massive, une intensité d'énergie nerveuse et
+une souplesse d'allures qui les rendent plus résistantes que jamais à la
+fatigue et leur donnent du même coup une réelle beauté.
+
+Les types les plus divers se rencontraient la semaine dernière à la
+galerie des Machines, portés presque à leur perfection, déjà
+admirablement appropriés aux services que peuvent attendre d'eux soit le
+luxe, soit l'industrie, soit--ce qui est plus essentiel encore--la
+défense nationale.
+
+Les trois photographies que nous publions de trois des étalons primés
+donneront bien l'idée de cette diversité d'aspect.
+
+Dans le cheval d'origine orientale, arabe ou anglo-arabe, se maintient
+toujours cette élégance aristocratique qui attire invinciblement le
+regard, qui appelle la caresse et qui, d'ailleurs, n'exclut point la
+vigueur, ni la résistance, au contraire! Notre cavalerie légère en a
+donné des preuves suffisamment nombreuses, et, à l'occasion, en
+donnerait de nouvelles encore.
+
+Mais, sous une enveloppe plus grosse, en des membres plus épais, on peut
+trouver, comme nous l'avons déjà dit, chez nos étalons de trait, une
+solidité non moins grande et une harmonie des lignes non moins
+véritable. Vus par groupes surtout, ces percherons, ces bretons,
+évoquent bien l'idée du coup de collier irrésistible, dans lequel ils
+entraîneront les masses les plus lourdes.
+
+Enfin, malgré leur aspect certes moins engageant sous leur toison
+floconneuse et souillée de fange, il ne faut point avoir de dédain pour
+les braves baudets et ânesses dont les rejetons pourront traîner la
+petite charrette si utile aux pauvres gens ou si réjouissante pour nos
+bébés. Ils furent d'ailleurs une des grandes distractions du public.
+
+[Illustration: Sadik, étalon de pur sang arabe.]
+
+[Illustration: Bacchis, baudet.]
+
+[Illustration: Mogy, étalon breton.]
+
+TROIS TYPES D'ÉTALONS PHOTOGRAPHIÉS AU CONCOURS CENTRAL HIPPIQUE
+
+
+
+Le «Trou de l'Agneau» et le sommet du mont Margérias.
+
+UNE PROUESSE DE CHASSEURS ALPINS
+
+Les bataillons de chasseurs alpins ont à remplir un rôle de
+«couverture», c'est-à-dire doivent prendre et garder le contact avec
+l'ennemi, afin de pouvoir renseigner à tout instant le gros de l'armée.
+Ceci n'est possible qu'avec une connaissance parfaite des moindres
+accidents du terrain; aussi les secteurs dévolus à ces troupes d'élite
+sont-ils explorés par elles avec une minutie inconnue dans les autres
+armes. Le service y est plus dur, mais en même temps singulièrement plus
+intéressant, et le moral des hommes s'en ressent de la manière la plus
+heureuse.
+
+Le 13e bataillon des chasseurs alpins, en garnison à Chambéry, sous la
+conduite du colonel Sauret, chef plein d'activité et d'initiative
+énergique, vient de se distinguer brillamment en forçant un passage
+nouveau au Margérias.
+
+Au nord-est de Chambéry se trouve une grande crête rocheuse qui sépare
+les vallées du Châtelard et d'Aillon de celle de la Leisse. Orientée du
+nord au sud, elle s'étend, à vol d'oiseau, sur 12 ou 15 kilomètres de
+long. Son point culminant est le mont Margérias, 1.846 mètres. Ses deux
+versants sont de déclivités très inégales. Celui de droite forme un
+plateau qui descend lentement vers Aillon. Celui de gauche commence par
+une muraille à pic de 200 mètres environ et continue par des pentes très
+inclinées dévalant jusqu'à la Leisse.
+
+Au lieu de contourner toujours cette longue crête par le nord ou par le
+sud, le colonel Sauret se proposa de l'attaquer en plein milieu, sous le
+sommet, là où se dessine une légère faille. Le projet était hardi. La
+légende voulait qu'un agneau, une fois, s'y étant inconsidérément lancé,
+avait réussi à en sortir sain et sauf; mais, de mémoire d'homme,
+personne n'avait jamais passé par là et aucun chef ne l'avait supposé
+possible. Ce qui est aisé pour un touriste délivré de tout
+_impedimentum_ peut devenir terrible pour une troupe en armes; et la
+chose n'est en outre intéressante, au point de vue militaire, que si
+elle peut s'effectuer dans un certain laps de temps assez court.
+
+Le lieutenant Royer [2] et deux chasseurs ayant effectué une
+reconnaissance préliminaire, l'expédition est décidée et, à 2 heures du
+matin, six compagnies quittent la caserne de Joppet pour remonter la
+vallée de la Leisse.
+
+Jusqu'au Chalet-aux-Cares (1.380 m.), atteint à 6 h. 30, c'est une
+simple promenade; c'est tout plaisir, mais voici venir la lutte et la
+fatigue. C'est d'abord 200 à 300 mètres d'un pierrier assez raide. Puis,
+à 7 h. 55, nous nous trouvons au pied même de la grande muraille du
+Margérias.
+
+[Note 2: Enlevé récemment à l'affection de tous par une courte
+maladie.]
+
+Nous avons à franchir une paroi scabreuse, rayée d'un couloir à peine
+indiqué, où les pierres tiennent mal. Le fusil est horriblement gênant,
+le sac tire d'une manière terrible, les hommes ont toutes les peines du
+monde à grimper, mais ils sont pleins d'entrain et les officiers pleins
+de sollicitude; le capitaine, Arbey et le lieutenant Fine (6e
+compagnie), se sont arrêtés aux deux plus mauvais pas de cette escalade,
+et, sans se lasser, prennent les fusils que chacun leur tend, à tour de
+rôle. A mi-hauteur, après un petit replat, la roche surplombe, et nous
+nous trouvons avec surprise à l'entrée d'une grande caverne noire, dont
+le sol accidenté est encore capitonné de neige.
+
+Le noyau plutonique des Alpes est ceinturé par un épais anneau de roches
+sédimentaires, constitué en majeure partie de calcaire compact, mais
+feuilleté et fissuré. Tel est le Margérias. L'eau de pluie, et plus
+encore l'eau de neige, plus riche en acide carbonique, corrode le
+calcaire et y pratique à la longue d'incroyables refouillements.
+
+Notre caverne n'est que l'orifice inférieur du «Trou de l'Agneau», boyau
+tortueux, coupé de brusques ressauts et qui finit par déboucher juste au
+sommet. La gymnastique heurtée à laquelle il faut nous livrer dans le
+sein de la roche, à la lumière tremblante de quelques lanternes, est
+curieuse et inoubliable.
+
+Enfin, voici le jour. A 8 h. 25 nous émergeons en plein soleil, au haut
+de la montagne, à 1.850 mètres. Le passage est forcé avec un plein
+succès. La musique nous joue ses airs les plus réconfortants pour nous
+remettre de nos violents efforts.
+
+Le retour (départ à 11 heures) eût été fort agréable sans un soleil
+torride et les lourdes charges qui nous appesantissaient! Mais chacun
+était fier du bel exploit accompli et c'est avec bonne humeur que nous
+nous préparons à enlever l'étape qui nous sépare encore de la grande
+halte.
+
+La crête de la montagne est suivie vers le sud pendant 4 à 5 kilomètres,
+au bout desquels le col d'Averne (1.518 m., 11 h. 40), permet de
+redescendre dans la vallée de la Leisse. Un pierrier éprouvant et un
+versant rapide nous amènent enfin, à 1 heure, à Pougène: il y a onze
+heures que nous n'avons rien mangé et nous avons fait preuve d'une belle
+endurance.
+
+Tout à fait gaillards, nous nous levons deux heures plus tard pour
+rentrer à Joppet, en excellente forme, à 5 h. 30.
+
+EDOUARD MONOD-HERZEN.
+
+[Illustration: «... Nous avons à franchir une paroi, rayée d'un couloir
+à peine indiqué...»]
+
+
+
+[Illustration: Le roi Frédéric-Auguste. LE 12e RÉGIMENT D'ARTILLERIE
+SAXON DÉFILE AU PAS DE PARADE DEVANT LE ROI DE SAXE, SUR L'ESPLANADE DE
+METZ, LE 23 JUIN _Voir l'article, page 3._]
+
+
+
+[Illustration: Petit jouet en ivoire sculpté.]
+
+[Illustration: Machines à compter ou jouets à combinaison de chiffres.]
+
+[Illustration: Laie en ivoire sculpté.]
+
+UNE NOUVELLE SALLE AU MUSÉE DU LOUVRE
+
+LES TRÉSORS RAPPORTÉS DE SUSIANE PAR LA MISSION DE MORGAN
+_(Photographies de M. G. Pissarro.)_
+
+Il y avait une fois, dans un pays lointain, une reine qui s'appelait la
+reine Napir Asou. Elle avait épousé le roi Ountach Gal, qui était un
+fort bel homme et très galant.
+
+Le roi Ountach Gal voulut un jour honorer son épouse. Il prescrivit à un
+artiste de choix de faire la statue de la reine et commanda qu'elle fût
+en bronze, adornée du mieux possible, faute de quoi le sculpteur aurait
+la tête tranchée ou serait simplement empalé, suivant ce qu'il aimerait
+le mieux. Si ce n'est vrai, c'est du moins vraisemblable.
+
+Cela se passait, il y a trois mille cinq cents ans, à Suse en Susiane ou
+pays d'Elam, non loin du Tigre et de l'Euphrate, à deux pas du golfe
+Persique. Aujourd'hui, le chah de Perse, ami de la France et de
+Contrexéville, règne sur cette contrée, bénie peut-être, mais, à coup
+sûr, mal habitée. Des nomades y abondent, qui ne reconnaissent d'autre
+puissance que celle d'Allah et se soucient fort peu de celle du chah.
+
+Depuis 1897, nous entretenons en Susiane une mission dite de la
+Délégation en Perse. Le ministère de l'instruction publique lui octroie
+généreusement 130.000 francs par an, et M. de Morgan, précédemment
+directeur général des antiquités de l'Égypte, en est l'admirable chef.
+Elle combat sur le champ de bataille de l'archéologie et fait,
+indistinctement, le coup de pelle, le coup de pioche et le coup de feu.
+Elle s'occupe de doter la France de tout ce qu'elle découvre de propre à
+enrichir le trésor scientifique de l'humanité et ne dédaigne ni la
+flore, ni la faune, à la grande joie de notre Muséum d'histoire
+naturelle. Ses principales trouvailles sont à présent au Louvre. Une
+nouvelle salle--trop petite--proche de celle du Mastaba, leur est
+réservée. MM. Bienvenu-Martin et Dujardin-Beaumetz l'ont inaugurée cette
+semaine. On y remarquera des peintures évocatrices, faites par le
+peintre Bondoux en Susiane. Leurs fraîches couleurs voisinent avec les
+pierres, les poteries et les bronzes vénérables dont le R. P. Scheil a
+déchiffré les inscriptions millénaires. La reine Napir Asou doit
+beaucoup de reconnaissance à cet illustre et modeste érudit.
+
+[Illustration: Koudourou, ou titre de propriété, portant le «sirou»
+symbolique, ou serpent sacré.]
+
+La belle statue dont lui fit présent le roi son époux dormait ensevelie,
+à 20 mètres de profondeur, dans les ruines de l'ancienne acropole de
+Suse. L'an passé, quelques-uns des 800 ouvriers qui ont déblayé 280.000
+mètres cubes de 1897 à 1905, sur les 1.220.000 que représente le tell de
+l'Acropole (il faudra vingt-cinq ans pour en venir à bout) mirent à jour
+l'effigie de Sa Majesté. L'oeuvre d'art était intacte, à la tête près,
+qui manquait. Elle manque toujours. Mais M. Lampre, le dévoué secrétaire
+de la Délégation, espère la trouver, et sa zélée collaboratrice, Mme
+Lampre, qui partage les joies et les peines de la mission, en restant
+modestement vêtue du costume de son sexe, a la même confiance. Cette
+tête, il nous la faut; on l'aura. Elle ne peut être que fort belle, car
+les femmes qui perdent la tête sont ordinairement jolies.
+
+Napir Asou l'était. Le savant M. Van Branteghem s'en est porté garant
+dans _Saturday Review_. Dirons-nous, d'après lui, que la reine faisait
+fort bien la révérence? Le mouvement de la statue semble l'indiquer.
+Quel malheur que, lors du sac de Suse par quelque roi de Ninive ou
+d'ailleurs, elle ait été décapitée! Heureusement, on respecta sa robe.
+Elle était déjà à la mode actuelle: la jupe est «plissée-soleil». Mais,
+sur ce point, les savants discutent. Une seule chose est certaine:
+l'inscription qui est au bas de la statue. Le R. P. Scheil l'a traduite
+et voilà pourquoi, au pays des ombres, la reine Napir Asou lui est
+reconnaissante. Cette inscription énumère les noms, titres et grâces de
+Sa Majesté. Derrière elle veillent deux lions d'argile émaillé, qui
+virent le feu du four deux mille ans au moins avant Jésus-Christ. Plus
+loin, voici le code d'Hanimourabi, stèle de granit qu'un roi de Suse dut
+prendre en Babylonie à titre de trophée. C'est un monument d'une
+inappréciable valeur et qui nous donne le code civil des Chaldéens vingt
+siècles avant notre ère.
+
+Nous avons eu, par la mission Dieulafoy, la révélation des splendeurs
+des Achéménides. Xerxès et Darius nous sont apparus dans l'éclat de
+leurs palais. Mais, avant eux, d'autres grands rois régnaient entre la
+mer Caspienne et le golfe Persique. La mission Dieulafoy effleura le sol
+où ils ont disparu; la Délégation de Perse, reprenant tout à pied
+d'oeuvre, va jusqu'au tréfonds des ruines, et l'antique Elam sort du
+tombeau. Voici des «koudourous», ou titres de propriété gravés sur
+pierre, qui ont cinq mille ans; voici un vase de bronze, magnifiquement
+ciselé cinquante siècles avant l'ère chrétienne. M. de Morgan et le R.
+P. Scheil savent déjà presque toute l'histoire de la Susiane et de la
+Chaldée depuis le lendemain du préhistorique. Un monde insoupçonné sort,
+grâce à eux, de la nuit du passé.
+
+H. DE N.
+
+[Illustration: Vase en bronze (vieux d'environ 7.000 ans).]
+
+[Illustration: La salle d'exposition des objets rapportés par la mission
+de Morgan. Au premier plan, la reine Napir Asou.]
+
+
+
+[Illustrations: 1. Un groupe de dentellières.--2. La Muse de
+l'alimentation, marchande de fleurs et de primeurs.--3. Le buffet.]
+
+Il s'est fondé récemment, sous le haut patronage de Mme la duchesse
+d'Uzès, avec le concours de femmes du monde, une institution fort
+intéressante destinée à encourager en France la très ancienne et très
+artistique industrie de la dentelle à la main, qu'il serait si
+regrettable de laisser péricliter; le but immédiat de cette oeuvre du
+«Travail au foyer» est de procurer aux ouvrières de la «partie»,
+disséminées dans nos campagnes, une besogne à domicile, suffisamment
+rémunératrice.
+
+Un comité, dont le vice-président, M. de Marande, prodigue son zèle de
+la façon la plus active, avait organisé, le 21 juin, au jardin des
+Tuileries, une grande fête au profit de l'oeuvre. Rien ne manquait au
+programme pour en assurer le succès: ni l'agrément du cadre de verdure,
+ni la variété des attractions, ni la précieuse collaboration du soleil.
+Pendant toute une journée, une foule où souriaient toutes les élégances,
+où figuraient les plus beaux noms de l'aristocratie française, se pressa
+sur la terrasse des Feuillants, devant l'exposition des dentelles, les
+groupes de dentellières, les boutiques des vendeuses titrées, et le luxe
+paya un large tribut à la bienfaisance.
+
+[Illustration: M. Arthur Meyer.]
+
+[Illustration: En cercle autour de la duchesse d'Uzès.]
+
+[Illustration: Breton et Parisienne.]
+
+LA FÊTE DE L'ÉLÉGANCE ET DE LA DENTELLE AU JARDIN DES TUILERIES
+
+
+
+[Illustration: Intérieur de la forteresse de Saïdia, enlevée au
+prétendant par les troupes du Maghzen.]
+
+[Illustration: La frontière algéro-marocaine près de Saïdia (au fond, la
+Méditerranée).]
+
+UNE FORTERESSE DU PRÉTENDANT MAROCAIN
+
+Tandis qu'en Europe, à propos du Maroc, on se chamaille, on négocie à
+coups de conversations diplomatiques et de notes, au Maroc même on
+continue d'échanger des coups de fusil. Le prétendant Moulay M'hamed
+résiste énergiquement aux troupes du Maghzen.
+
+La forteresse de Saïdia, au bord même de la Méditerranée, avec une
+défense naturelle de collines assez peu élevées, mais propres toujours
+aux embuscades, avec une bonne muraille crénelée, était une de ses
+positions principales. Elle vient de tomber aux mains des soldats du
+sultan, qui n'est pas autrement fâché, dans toute cette interminable
+campagne, de trouver quelquefois l'appui des canons français.
+
+
+
+Sur les marches du palais législatif d'Athènes: passants et curieux
+regardant les taches de sang à l'endroit où M. Delyannis fut assassiné.
+
+LA MORT DE M. DELYANNIS
+
+La profonde émotion causée en Grèce par l'assassinat de M. Delyannis,
+président du Conseil, ne s'est pas bornée au monde politique. A la suite
+du tragique événement, ce fut, pendant plusieurs jours, un pèlerinage
+populaire vers le palais législatif au seuil duquel, le 13 juin, le
+vénérable homme d'État avait été mortellement frappé: on voulait voir la
+place même où il était tombé, et il semblait à cette foule expansive
+qu'elle manifestait mieux ainsi sa réprobation contre le meurtrier et sa
+sympathie pour la victime.
+
+
+
+[Illustration: Un éléphant du royaume de Lilliput.]
+
+L'EXPOSITION COLONIALE DE NOGENT
+
+Le jardin colonial de Nogent, que dirige avec tant de soins
+l'explorateur Jean Dybowski, est en ce moment le théâtre d'une
+Exposition coloniale fort intéressante, variée, et qui attire dans ces
+parages assez lointains, mais fort agréables, un public nombreux.
+
+Cette Exposition a été inaugurée très brillamment, il y a une huitaine,
+par M. Clémentel, ministre des Colonies. En dehors de son côté sérieux
+(apiculture et botanique coloniales, beaux-arts), elle présente quelques
+attractions pittoresques. Elle a ses nègres, avec leurs pirogues, dans
+de jolis paysages de bambous aux fins feuillages, sa faune exotique,
+dont le clou est un petit éléphant de boîte de jeu, mais bien vivant,
+espiègle, haut d'un mètre à peu près, fantaisiste et tout à fait
+amusant.
+
+[Illustration: M. Clémentel, M. Dybowski et M. le maire de Nogent
+inaugurant l'Exposition coloniale.]
+
+
+
+LES BAGAGES DU KRONPRINZ
+
+[Illustration: En gare de Stettin: les bagages du kronprinz d'Allemagne
+partant, après son mariage avec la princesse Cécile de
+Mecklembourg-Schwerin, pour le château d'Hubertusstock.]
+
+Après la célébration de leur mariage, le 6 juin, le prince impérial
+d'Allemagne et la princesse Cécile sont partis pour le château
+d'Hubertusstock, où ils vont passer leur lune de miel. Pour un pareil
+déplacement, les bagages ne furent pas, comme bien on pense, chose de
+minime importance, et ceux du kronprinz, à eux seuls, considérables par
+leur quantité et par leur poids, devaient fournir, à la bascule, ce
+qu'on appelle un joli «excédent». Une photographie nous les montre
+réunis sous le hall de la gare de Stettin: colis de toutes formes et de
+toutes dimensions, y compris un monumental étui à chapeau, timbré d'un
+chiffre couronné; un facteur du chemin de fer, préposé à leur garde,
+partage la consigne avec un chien bull, gravement assis sur une énorme
+malle et prêt à réprimer, de ses crocs redoutables, le moindre attentat
+à la propriété princière. C'est le cas d'appliquer le vieil adage:
+cave canem!
+
+
+
+[Illustration: Un coin du jardin colonial.]
+
+A L'EXPOSITION COLONIALE DE NOGENT-SUR-MARNE
+
+
+
+NOS TRANSPORTS DE MOBILISATION EN 1870 ET EN 1905
+
+Si _L'Illustration_, qui a publié en 1903, dans son numéro du 16 mai, un
+tableau de la mobilisation allemande, s'occupe aujourd'hui de la
+mobilisation française, ce n'est assurément pas avec l'intention de
+laisser entendre à ses lecteurs que cette mobilisation puisse être une
+éventualité proche. Rien ne permet de supposer que nous soyons à la
+veille, ou même à l'avant-veille, d'un conflit armé.
+
+Il importe cependant que le public français ne croie pas que des
+complications, quelles qu'elles fussent, nous surprendraient au
+dépourvu, ou dans un état d'infériorité. Et les deux schémas que nous
+reproduisons ici sont, à cet égard, du plus haut intérêt. Ils montrent,
+de la façon la plus frappante, quels progrès la France a réalisés,
+depuis trente-cinq ans, dans l'organisation essentielle de ses
+transports de mobilisation.
+
+Voilà où nous en étions en 1870... Voici où nous en sommes en 1905... Il
+est bon que tous les Français, et aussi tous les Allemands, puissent
+comparer d'un coup d'oeil _ceci_ à _cela_.
+
+Hâtons-nous d'ajouter que ces schémas ne sont pas empruntés au plan de
+mobilisation de notre état-major général. Aucune divulgation criminelle
+ne les a mis entre nos mains et nous ne compromettons, en les publiant,
+aucun intérêt national. Nous les avons trouvés dans une brochure
+allemande.
+
+C'est une de ces brochures semi-confidentielles que publient, à un petit
+nombre d'exemplaires, les officiers allemands des grandes villes de
+garnison lorsque, en présence de leurs camarades, ils ont fait une
+conférence remarquée, méritant les honneurs de l'impression et de
+l'envoi au grand état-major de Berlin.
+
+Celle-ci, intitulée _Der noechste Krieg gegen Frankreich (la Prochaine
+Guerre contre la France)_, est l'oeuvre du major saxon von S...
+
+Dans un premier tableau, l'auteur a résumé la façon dont s'effectua le
+transport des troupes françaises en 1870. On voit que trois lignes
+ferrées seulement, dont l'une était à double voie et les deux autres à
+voie simple, servirent à transporter l'armée du Rhin et que, toutes les
+lignes ferrées aboutissant à Paris, toute l'armée française mobilisée
+dut passer par Paris pour se rendre à la frontière. Il en résulta une
+lenteur, une irrégularité et un encombrement indescriptibles.
+
+Il est facile de comprendre qu'une rapide concentration des armées à la
+frontière exige les conditions essentielles suivantes:
+
+1° Chaque corps d'armée doit posséder, pour son transport à la
+frontière, une ligne ferrée indépendante;
+
+2° Le transport sera plus rapide si la ligne est à plusieurs voies, si
+elle est choisie la plus courte possible, mais en même temps la mieux
+appropriée à une circulation intensive des trains, c'est-à-dire si elle
+ne comporte pas de rampes trop fortes pour les grands convois et des
+courbes à trop petit rayon.
+
+En 1905, suivant le second tableau dressé par l'officier allemand, les
+conditions d'un transport de troupes françaises à la frontière de l'est
+sont merveilleusement remplies. Treize lignes à double voie (une de plus
+qu'en Allemagne) amèneraient 13 corps français, directement et dans le
+plus court temps possible, à la frontière. Ces 13 corps, s'ajoutant aux
+3 corps de couverture (6e, 7e et 20e), formeraient quatre armées: sur
+l'Argonne, à la trouée de la Moselle, près de Nancy et sur les Vosges.
+
+Le major von S... calcule ainsi le temps nécessaire à la mobilisation,
+au transport et à la concentration des armées françaises en 1905:
+
+1° Envoi de l'ordre de mobilisation.......................... 1er jour.
+
+2° Arrivée des réservistes, habillement; réquisitionnement des chevaux
+et voitures, terminés le...................................... 5e jour.
+
+3º Embarquement des troupes et du matériel de chaque corps d'armée,
+terminé le. 8e jour 4° Transport à la frontière (2 jours), terminé
+le........................................................... 10e jour.
+
+Repos de deux jours, terminé le.............................. 12e jour.
+
+Concentration, terminée le................................... 13e jour.
+
+Marche en avant, le.......................................... 14e jour.
+
+En résumé, près de 700.000 hommes (y compris les troupes de couverture)
+seraient prêts à marcher en avant le 14e jour, contre 200.000 seulement,
+en 1870, dans le même laps de temps.
+
+J. DELAPORTE.
+
+[Illustration: LA MOBILISATION TELLE QU'ELLE S'EFFECTUA EN 1870 Une
+ligne à voie double et deux à voie simple partant de Paris pour aboutir
+à la frontière allemande.
+
+_En 1870, aucune voie ferrée de mobilisation ne réunissait directement
+l'intérieur de la France à la frontière d'Allemagne. Toute l'armée du
+Rhin dut passer par Paris, ce qui causa un encombrement énorme. La
+Compagnie de l'Est réussit cependant à transporter 196.000 hommes en dix
+jours par les trois lignes ferrées indiquées ci-dessus. La ligne à voie
+double Paris-Strasbourg supporta 48 trains par jour (24 à l'aller et 24
+au retour); les deux lignes Paris-Thionville et Paris-Mulhouse, à voie
+simple, supportèrent seulement 36 trains quotidiens (18 à l'aller, 18 au
+retour)._]
+
+[Illustration: Dessiné spécialement pour l'Illustration par G. Lepage
+sous la direction de M. Delaporte.
+
+LA MOBILISATION TELLE QU'ELLE POURRAIT S'EFFECTUER EN 1905
+
+Treize lignes ferrées à double voie, aboutissant pour le 1er corps à
+Longwy, le 2e à Apremont, le 3e à Liart, le 10e à Verdun, le 4e à
+Sainte-Menehould, le 11e à Châlons-sur-Marne, le 9e à Lérouville, le 12e
+à Commercy, le 5e à Pagny-sur-Meuse, le 8e à Toul (encore à voie simple
+entre Clamecy et Avallon), le 13e à Epinal, le 16e à Belfort, le 19e à
+Belfort.
+
+_Le 18e corps peut se rendre jusqu'à Chartres par une ligne indépendante
+à voie double, le 17e jusqu'à Limoges, les 15e et 14e corps jusqu'à
+Bellegarde, mais le retard de ces quatre corps d'armée n'a pas
+d'importance, ces corps étant prévus en réserve provisoire. Ajoutons que
+les 6e, 20e et 7e corps se rendent à pied à leur poste de combat. Enfin
+une 14e ligne à voie double (de Paris à Lérouville par Meaux,
+Château-Thierry, Epernay) servirait exclusivement au transport des
+approvisionnements. Le transport d'un seul corps d'armée exigeant 120
+trains, les treize corps d'armée amenés immédiatement à la frontière
+exigeraient donc (13 x 120) 1.560 trains à l'aller et autant au retour,
+soit une circulation de plus de 3.000 trains (60.000 wagons).
+L'Illustration a donné, dans son numéro du 16 mai 1903, un tableau de la
+mobilisation allemande._]
+
+[Illustration: La comtesse Mathieu de Noailles, dont le nouveau roman:
+_la Domination_, vient de paraître.--_Phot. Dornac._]
+
+
+
+MOUVEMENT LITTÉRAIRE
+
+_L'Impossible Sincérité,_ par la baronne Hélène de Zuylen (Calmann-Lévy,
+3 fr. 50).--_La Domination_, par la comtesse de Noailles (Calmann-Lévy,
+3 fr. 50).--_L'Illusion sentimentale_, par Paul Flat (Fontemoing, 3 fr.
+50).--_La Nièce de M. Jacob Gaspard_, par Gaston Rouvier, (Fasquelle, 3
+fr. 50).--_La Couronne des jours_, par Ernest Raynaud (Mercure de
+France, 3 fr. 50).
+
+L'Impossible Sincérité.
+
+Une jeune Anglaise, Béryl, est adorée d'un jeune Hongrois, Gyula Zékéï,
+un compatriote passionné de Pétofi. Elle lui rend tous ses sentiments;
+mais, comme la jeune fille aime avant tout la loyauté, elle arracherait
+son coeur plutôt que d'y laisser quelque amour pour un menteur. On a beau
+lui dire que, dans la passion, les hommes mentent toujours un peu, elle
+croit à la sincérité de Gyula. Celui-ci se rend en Hongrie, pour
+obtenir, dit-il, le consentement de ses parents à son mariage avec
+Béryl.
+
+Cependant la jeune Anglaise a des soupçons. Elle apprend fortuitement
+que le Hongrois est marié et père de deux enfants. Ce qu'il cherche à
+obtenir, c'est le divorce, afin d'épouser Béryl. Mais, comme il l'a
+trompée pour la posséder, elle rompt avec lui et le chasse de sa
+présence, ce qui amène le fiancé à se loger une balle mortelle dans la
+tête. Désespérée, Béryl est conduite elle-même par la fièvre au bord du
+tombeau, puis voyage, mais sans retrouver la tranquillité. A ses yeux se
+présente un de ses cousins, de même race qu'elle, aussi froid en amour
+que le Hongrois était démonstratif. Celui-là ne ment pas, ou ment,
+dit-il, aussi peu que possible. Finira-t-elle par l'épouser? Peut-être.
+A Venise, où l'on coudoie tant d'étrangers, elle aperçoit souvent à la
+même place deux enfants vêtus de deuil auxquels elle demande leur nom.
+Ce sont les enfants de Gyula.
+
+«Aujourd'hui, Béryl savait que, parmi les évocations du passé, ce sont
+les souvenirs navrés qui obsèdent avec le plus tenace parfum», telle est
+la morale du roman que la baronne Hélène de Zuylen a intitulé:
+_l'Impossible Sincérité._
+
+Ce n'est plus seulement comme romancières que les femmes nous dépassent.
+Avec Mme de Zuylen, elles montrent dans la musique de la phrase, dans la
+disposition des couleurs, dans la recherche précieuse du mot, la science
+la plus raffinée.
+
+La Domination.
+
+Où la domination dans le roman de Mme de Noailles? Je vois bien un jeune
+écrivain, Antoine Arnault, possédé de la fureur d'être au premier rang.
+On sent dans ce personnage un petit lettré fort rempli de son moi, mais
+dont l'esprit manque de vigueur et de savoir. Rien ne surpasse en vanité
+cet Antoine Arnault, qui essaye de se faire une place dans les salles à
+manger d'un monde aristocratique et hautain. Evidemment, Mme de Noailles
+a peint ici d'après nature. Successivement, Antoine aime plusieurs
+femmes, entre autres la comtesse Albi, dont le nom flatte ses puériles
+prétentions. Il goûte à plusieurs beautés sans trop s'y attarder et en
+dilettante, jusqu'à ce qu'enfin il épouse bourgeoisement une jeune fille
+pourvue d'une assez belle dot. Ne se met-il pas à adorer la soeur de sa
+femme? Avec une absence totale de scrupule, tous les deux, Antoine et sa
+belle-soeur, installent sous le toit familial leur amour
+semi-incestueux. Mme de Noailles nous a fort bien représenté le petit
+lettré sans vergogne qui aspire à la domination littéraire et féminine
+et qui ne sait pas se dominer lui-même. Avec un art subtil elle nous a
+pareillement indiqué les endroits accessibles de la femme en général, la
+cible qu'elle offre aux flèches d'Éros.
+
+Dans ce roman, Mme de Noailles décrit aussi les lieux qu'avec ses amies
+traverse Antoine Arnault et, surtout, pose devant nous, en une vivante
+évocation, cette superbe veuve qui s'appelle Venise. Il y a là, malgré
+la modernité des types, je ne sais quoi, partout, de sensuellement
+païen, d'un paganisme semi-oriental et décadent.
+
+L'Illusion sentimentale.
+
+M. Paul Flat, lui, ne répand la couleur que suffisamment pour qu'on le
+croie capable de la verser à flot, s'il le voulait. Charles Hérial, son
+héros, a rencontré un jeune homme, Lucien d'Entraygues, avec lequel il
+s'est lié d'une vive amitié. Ensemble, ils ont communié dans les mêmes
+maîtres et dans les mêmes idées; ils se sont enivrés de Wagner; ils ont
+pareillement bu ensemble aux sources plus pures peut-être et plus
+harmonieuses, mais moins capiteuses de l'art italien. Les mêmes paysages
+les ont enthousiasmés et, le soir, leur ont apporté les mêmes
+mélancolies. Mais l'apparition d'une jeune fille les troubla dans leur
+amitié. Lucien d'Entraygues aimait cette jeune fille. Charles Hérial,
+lui prêtant tous les charmes de l'esprit et du corps; l'épousa. Il fut
+trompé par l'illusion sentimentale. Après quelques mois de mariage, le
+voile tombant, la réalité apparut. Sa femme n'avait pas toute la finesse
+d'esprit, tout le jugement qu'il lui avait supposés. Aussi, après s'être
+détaché d'elle, retourna-t-il vers l'ami et reprirent-ils les communions
+anciennes. L'oeuvre de M. Flat, serrée, abondante en fines dissections,
+sera goûtée de tous les gens lettrés.
+
+La Nièce de M. Jacob Gaspard
+
+C'est un article entier que mériterait le roman de M. Gaston Rouvier...
+Une petite ville suisse en temps d'élections communales, avec ses
+intrigues et ses commérages, nous est représentée. Ne ressemble-t-elle
+pas un peu à un bourg français? M. Jacob Gaspard, usurier émérite, est
+candidat à la présidence ou mairie. Mais l'amour lui trouble l'âme. Il
+veut épouser sa nièce, laquelle est éprise d'un jeune Français et
+n'éprouve que dégoût pour le vieil oncle. Celui-ci est tué dans une
+mêlée ouvrière. Rien de sublime comme l'image de Mathilde, la mère de la
+jeune fille, que tire de sa fange et que transfigure l'amour maternel.
+
+La Couronne des jours.
+
+De la prose harmonieuse de Mme de Zuylen et de Noailles, nous allons,
+sans changer d'univers, aux poèmes de M. Ernest Raynaud. Le poète des
+_Vitraux_ a un jour accolé au nom de M. Raynaud l'adjectif _grand_. Dans
+tous les cas, c'est un artiste riche, habile, que l'auteur des _Cornes
+du faune_, de la _Tour d'ivoire_ et de la _Couronne des jours_. Combien
+de pierres précieuses rutilantes et finement serties dans les pages de
+M. Raynaud! Peut-être sa phrase s'accommode-t-elle mieux des sujets
+élevés, des peintures antiques, que des détails de la vie familière.
+Je recommande en particulier aux amateurs d'art, dans le dernier volume
+du poète: _la Nouvelle Arcadie._
+
+E. LEDRAIN.
+
+
+
+M. ERNEST DAUDET
+
+M. Ernest Daudet, frère du célèbre romancier, a, on le sait, conquis
+depuis longtemps sa place parmi nos écrivains les plus distingués. Il a
+publié lui-même des romans qui auraient suffi à lui assurer une
+notoriété personnelle; mais c'est surtout à des études historiques qu'il
+a, pendant vingt-cinq ans, consacré le meilleur de son labeur, fouillant
+les archives avec une patience de bénédictin, y faisant d'importantes
+découvertes documentaires, éclairant d'une vive lumière des points
+curieux demeurés obscurs, puis--et ceci n'est pas le moindre de ses
+mérites--pratiquant l'art difficile de communiquer à ses lecteurs
+l'intérêt passionna que le chercheur a pris à ses investigations et
+jusqu'à l'émotion qu'il a ressentie au contact du passé.
+
+[Illustration: M. Ernest Daudet.--Phot. Caulin et Berger.]
+
+Entre tant de travaux remarquables, il convient de mentionner
+particulièrement _l'Histoire de l'émigration_, pour laquelle l'Académie
+française vient de décerner à M. Ernest Daudet le grand prix Gobert, la
+plus haute distinction dont elle dispose en faveur des historiens. Avant
+lui, MM. Albert Sorel, Albert Vandal, Thureau-Dangin, Hanotaux,
+académiciens aujourd'hui, avaient obtenu tour à tour ce prix, qui compta
+Augustin Thierry au nombre de ses illustres titulaires; de tels noms en
+disent assez la valeur honorifique.
+
+
+
+L'EXPOSITION COLONIALE DE MARSEILLE
+
+POSE DE LA PREMIÈRE PIERRE DU PALAIS DE MADAGASCAR.
+
+Le comité d'organisation de l'Exposition nationale coloniale, qui doit
+s'ouvrir à Marseille en avril 1906, a profité de l'arrivée à Marseille
+du général Gallieni pour l'inviter à poser la première pierre du palais
+que la colonie de Madagascar va édifier, selon les plans de M. Jully,
+sur le vaste emplacement qui lui a été réservé sur les terrains de
+l'Exposition. Entouré de M. Charles Roux, commissaire général; de MM.
+Morel, directeur; Giry et Delborbe, directeurs adjoints, et de toutes
+les notabilités présentes au banquet qui lui avait été offert quelques
+instants avant par la Société de géographie de Marseille, le général
+Gallieni a scellé lui-même les premières assises de la très belle
+construction que sera le palais de Madagascar, et la très curieuse
+photographie que nous reproduisons représente le général au moment même
+où, une pelle à la main, il jette le mortier sur les fondations.
+
+
+
+[Illustration: Avant. Arrière. Le vaisseau anglais à trois ponts
+_Royal-Adélaïde_ en démolition dans le port de Dunkerque.--_Phot.
+Falciny._]
+
+DOCUMENTS et INFORMATIONS
+
+UN VAISSEAU VÉNÉRABLE.
+
+Depuis quelque temps, on peut voir dans le port de Dunkerque un bâtiment
+plus que centenaire, ayant appartenu à la marine britannique et
+récemment vendu en France pour démolition, par l'Amirauté, qui l'avait
+transformé en ponton-caserne. Cet énorme vaisseau à trois ponts, armé
+jadis de 120 canons, déplace environ 4.500 tonnes; il mesure 80 mètres
+de longueur, 18 m. 25 de largeur et 14 mètres de hauteur au-dessus de
+l'eau; l'avant s'effile gracieusement; l'arrière, d'une structure
+quasi-monumentale, rappelle, avec ses quatre balcons ouvragés, la façade
+d'une maison. Lancé au commencement du siècle dernier, le
+_Royal-Adélaïde_ prit part, en 1805, à la bataille de Trafalgar; c'est
+un des plus beaux spécimens des anciennes constructions navales.
+
+
+
+EDUCATION SPARTIATE OFFICIELLE.
+
+L'hygiène, si fort en honneur dans nos sociétés civilisées, serait-elle
+à la veille de subir une réaction, inséparable de tous les engouements,
+et, après le dix-neuvième siècle, qui a proclamé la toute-puissance
+sociale de l'hygiène, le vingtième siècle va-t-il décréter que celle-ci
+ne sert qu'à conserver les faibles et à peupler la terre de malingres,
+au détriment des forts dont ils prennent les places? Il ne semblait pas
+qu'un tel revirement fût à la veille de se produire.
+
+Or, en Prusse, la Chambre des députés vient d'adopter un projet de loi
+portant création d'un office spécial dénommé: _Office pour le bien
+public_.
+
+Ce titre ne dit pas grand'chose; mais le ministre de l'intérieur a
+déclaré, à ce sujet, qu'il s'agit de ne plus s'occuper seulement
+d'assister les malades, les faibles, les indigents, mais bien de ne pas
+négliger les personnes en bonne santé. «L'avenir de notre pays, a-t-il
+dit, consiste à créer une population forte au point de vue physique,
+apte à endurer les rigueurs de la nature, capable de fournir un travail
+effectif, et non point un peuple amolli et affaibli par l'application
+des mesures d'hygiène.»
+
+Il n'y a pas à s'y tromper: c'est bien la première bombe envoyée dans le
+camp des hygiénistes. C'est bien la proclamation du retour à l'éducation
+Spartiate, c'est-à-dire aux méthodes d'endurcissement qui tuent les
+faibles et ne laissent subsister que les forts. Dans cette voie on peut
+aller très loin, mais dans un sens tout opposé à celui où se sont
+engagées les sciences médicales modernes.
+
+
+
+ENCORE LE TRAITEMENT DU MAL DE MER.
+
+Ayant signalé à nos lecteurs la méthode que conseille le docteur M.-A.
+Legrand pour le traitement du mal de mer, nous croyons qu'il sera
+intéressant pour eux de savoir quels résultats a donnés cette méthode
+dans des essais tout récents. Ces essais ont été faits à bord d'un
+cuirassé et d'un aviso-école, par grosse mer, sur douze marins sujets au
+mal de mer, dont deux étaient malades même par beau temps. Ces douze
+marins ont subi l'immobilisation préventive de tout le ventre, depuis le
+pli des cuisses jusqu'au-dessous des mamelons, à l'aide d'une bande de
+forte toile de 5 mètres de long sur 25 centimètres de large. Or, dans
+tous les cas, sauf un seul, le résultat a été fort bon. Voici du reste
+les observations faites:
+
+1. Matelot.--A eu seulement quelques malaises au début, mais a été
+immobilisé tardivement.
+
+2. Matelot.--N'a absolument rien ressenti.
+
+3. Matelot.--Léger état de faiblesse. Sujet très nerveux. N'a rien
+ressenti.
+
+4. Officier.--Se protège toujours de cette façon au moyen d'une très
+large ceinture et s'en trouve toujours très bien.
+
+5. Distributeur.--A pu parfaitement faire son service au poste à l'avant
+et n'a rien ressenti.
+
+6. Elève-mécanicien.--A pu faire son service dans la machine sans rien
+ressentir, sauf un léger mal de tête.
+
+7. Elève-mécanicien.--A fait son service aussi sans rien éprouver.
+
+8. Elève-mécanicien.--Résultat médiocre: le sujet a eu un vomissement.
+Pourtant il y a amélioration évidente.
+
+9. Maître infirmier.--A été légèrement indisposé à l'arrivée au
+mouillage, mais seulement après avoir desserré la bande; est d'habitude
+très malade.
+
+10. Mécanicien.--Légèrement indisposé aussi, mais après avoir desserré
+la bande.
+
+11. Quartier-maître fourrier.--Se porte bien, sauf légère perte
+d'appétit; mais a le mal de mer dès que, peu avant le mouillage, il
+enlève la bande.
+
+12. Le même.--Cette fois, garde la bande jusqu'au bout, et tout le temps
+«se trouve aussi bien qu'à terre», lui qui était invariablement malade.
+
+Aucun de ces sujets n'était entraîné à l'immobilisation du ventre et
+tous étaient des victimes régulières du mal de mer. Grâce à
+l'immobilisation, ils ont tous fait leur service malgré le mauvais temps
+et sans être incommodés.
+
+
+
+[Illustration: A Marseille.--Le général Gallieni scellant la première
+pierre du palais de Madagascar dans l'enceinte de l'Exposition coloniale
+de 1906._--Phot. Brion_]
+
+
+
+NOTRE SUPPLÉMENT MUSICAL
+
+_Pièce Brève (pour piano)_, par Gabriel Fauré.--_L'Illustration_ a salué
+la nomination de M. Gabriel Fauré au poste envié de directeur du
+Conservatoire de musique. Nos lecteurs et lectrices pourront apprécier,
+par cette _Pièce Brève_, que nous publions, combien l'inspiration du
+maître est originale.
+
+Ce qui caractériserait cette oeuvre exquise, ce serait l'imprécision du
+titre et la coloration précise de la pensée musicale. Il semblerait que,
+si _Pièce Brève_ avait été un morceau de piano et chant au lieu d'être
+uniquement pour piano, l'auteur aurait écrit sa musique d'abord, puis
+ses paroles seulement après la musique.
+
+Un chant s'élève, à la fois ample et gai, puis les broderies soulignent
+une phrase très musicale et, par une modulation très trouvée, le chant
+initial suit à nouveau son développement. Oserai-je dire que, malgré les
+accords de la fin, _Pièce Brève_ ne finit pas. Il semble qu'il y a là
+une porte ouverte sur l'infini. On rêve, on rêve encore, alors que
+l'inspiration du maître s'est tue. C'est le plus bel éloge que l'on
+puisse faire de cette page de M. Gabriel Fauré.
+
+_L'Ame des Fleurs_ (mélodie), par Massenet.--S'il est un compositeur
+dont le talent est souple et divers, c'est bien M. Massenet. Qu'il
+s'agisse, par contre, d'un opéra ou d'une simple mélodie, M. Massenet
+sait imprimer à l'un ou à l'autre sa griffe magistrale; et l'on peut
+dire que _l'Ame des Fleurs_ est «le sonnet sans défaut qui vaut seul un
+long poème», ainsi que le souhaitait Boileau.
+
+Faut-il louer la distinction de la phrase mélodique, la justesse de
+l'expression, le piquant et l'imprévu des sonorités de cette page toute
+parfumée de poésie? Chez M. Massenet, la langue musicale a une éloquence
+telle que, même quand il se sert du piano, on devine un dessin
+orchestral dans ce qu'il a voulu décrire. Ainsi, dans l'envolée lyrique
+de ce passage de _l'Ame des Fleurs:_ «Oh! respectons la relique des
+roses!» on entend un unisson d'instruments à cordes qui charme
+l'oreille. C'est précisément le secret des maîtres d'évoquer tant de
+choses avec les moyens les plus simples, et M. Massenet s'y entend.
+
+_Poème languide_, par A. Scriabine.
+
+A. Scriabine est né à Moscou en 1870. Sa 3e symphonie vient d'être jouée
+à Paris sous la direction du célèbre chef d'orchestre Nikisch, dirigeant
+l'orchestre Colonne. Il est donc d'actualité.
+
+Scriabine est élève de Saponov et Tanief. Entré comme professeur au
+Conservatoire de Moscou, il en sort presque aussitôt pour se consacrer
+exclusivement à la composition. Son bagage musical est déjà assez
+considérable: oeuvres pour piano, sonates, trois symphonies; la
+dernière, le _Divin Poème_, qui vient d'être exécutée ici, exprime en
+partie les idées philosophiques qui, de tout temps, le préoccupaient.
+Ces idées n'atteindront leur complet développement et leur parfaite
+expression que dans son oeuvre suivante déjà presque terminée.
+
+C'est un musicien curieux, raffiné... pourtant un peu compliqué.
+
+
+
+[Illustration: LE JARDIN DU TROCADÉRO ET LES QUARTIERS NORD-OUEST DE
+PARIS PENDANT LA NUIT DU SOLSTICE D'ÉTÉ (20-21 juin). _Photographie
+prise, à 2 heures du matin, de la deuxième plate-forme de la tour
+Eiffel._]
+
+[Illustration: Le gagnant du prix de France et son entraîneur.]
+
+[Illustration: Le coureur américain Kramer, gagnant du Grand Prix
+cycliste de la Ville de Paris.]
+
+LE PRIX DE FRANCE
+
+Le prix de France est le grand prix des gentlemen-riders: le cavalier
+gagnant ce steeple-chase a désormais son droit d'entrée à vie sur
+l'hippodrome d'Auteuil. L'heureux vainqueur du prix de France de 1905,
+couru à Auteuil dimanche dernier, est un officier, M. Petit. Il montait
+_Valmajour_, appartenant à M. Arthur Veil-Picard et entraîné par M. J.
+d'Okhuysen. Celui-ci mérite une mention spéciale. C'est bien le type de
+l'entraîneur moderne, tout à fait différent de l'entraîneur anglais
+classique, ancien jockey devenu trop lourd, bon serviteur, presque
+toujours fidèle, des aristocratiques propriétaires d'écuries de courses.
+M. d'Okhuysen, hollandais d'origine, fit ses études au lycée de Nice,
+suivit les cours de l'école d'Alfort, passa par le journalisme sportif,
+s'avisa enfin d'appliquer à l'entraînement ses connaissances
+vétérinaires et son esprit novateur. Il eut d'abord deux chevaux d'ordre
+modeste, dont il fit deux gagnants de modestes épreuves. Il a eu pour la
+première fois cette année des cracks sous sa direction et il a remporté
+successivement le grand prix de Nice avec _Brat_, le grand prix de
+Bruxelles, le prix du Jockey-Club et le Grand Prix de Paris avec
+_Finasseur_, à M. Michel Ephrussi. M. Arthur Veil-Picard, possédant
+seulement des chevaux d'obstacles, ne pouvait aspirer qu'au Grand
+Steeple et au prix de France: il a manqué le grand-steeple que
+Frosdorphe n'a pu disputer; mais l'allocation du prix de France a dû
+être pour lui une appréciable compensation.
+
+[Illustration: Concours de tourisme en montagne: une des quarante-trois
+voitures concurrentes sur la route de Pleintanais.]
+
+[Illustration: La formation de la trombe.]
+
+[Illustration: La trombe s'abattant sur le lac.]
+
+UNE TROMBE SUR LE LAC DE ZUG (SUISSE).
+
+_Clichés pris je 19 juin, à 4 heures après midi, par M. Léopold
+Woelffling, ex-archiduc d'Autriche._
+
+[Illustration: Médaille gravée par Louis Oury, dont un exemplaire sera
+décerné à chaque concurrent classé dans la «Coupe des Pyrénées».]
+
+[Illustration: LA COUPE DES PYRÉNÉES. Oeuvre en argent du sculpteur
+Ducuing, qui sera offerte au vainqueur de la course organisée par le
+journal _la Dépêche_, de Toulouse à Toulouse par les Pyrénées: Béziers,
+Perpignan, Foix, Bayonne, Pau, Tarbes (20-27 août 1905).]
+
+[Illustration: Sur le lac du Bourget: le garage des canots de course
+automobiles.]
+
+LA SAISON SPORTIVE A AIX-LES-BAINS
+
+
+
+[Illustration: L'AUTOMOBILE PLIANTE, par Henriot.]
+
+
+
+_NOUVELLES INVENTIONS_
+
+(Tous les articles compris sous cette rubrique sont entièrement
+gratuits.)
+
+SUPPORT ARTICULÉ POUR BIBERON
+
+Les mères de famille s'intéresseront assurément à l'utile et commode
+support de biberon décrit dans les lignes qui suivent, en raison des
+avantages réels qu'il est appelé à leur rendre. Comme on peut le voir
+sur la figure ci-jointe, le support articulé soutient le biberon à la
+portée de la bouche de l'enfant et lui permet de téter tout seul quand
+il est dans son berceau; grâce à une disposition ingénieuse, donnant la
+même souplesse qu'un mécanisme à la «cardan», le biberon suit tous les
+mouvements de la tête de l'enfant; la tétine en caoutchouc est toujours
+maintenue au niveau de sa bouche; il la lâche et la reprend à volonté.
+
+Cet appareil très simple et d'un maniement très facile est indispensable
+surtout la nuit; la mère n'est plus obligée de se priver de sommeil pour
+soutenir le biberon du bébé pendant le temps de la tétée; elle n'est
+plus tentée de prendre l'enfant dans son lit pour lui donner à boire.
+Dans la journée, enfin, la mère peut vaquer à ses occupations pendant
+que l'enfant boit. Cet appareil procure, en un mot, la commodité
+cherchée autrefois dans l'usage des biberons à longs tubes, difficiles à
+nettoyer et dangereux en raison de leur manque d'asepsie. Il a été créé
+pour faciliter l'emploi des bouteilles coiffées de tétines à soupapes,
+reconnues seules hygiéniques par les médecins.
+
+Ces avantages très réels du «support articulé pour biberon» le feront
+apprécier de toutes les mères de famille, surtout de celles qui sont
+obligées de gagner leur vie en travaillant chez elles, tout en soignant
+leurs enfants.
+
+L'appareil se place sur tous les berceaux et lits d'enfants. On fixe
+d'abord le support sur le berceau en allongeant les planchettes à la
+largeur du lit; on place ensuite la bouteille en passant le col dans
+l'anneau en métal et l'on relève le caoutchouc dessus pour la maintenir;
+il suffit d'incliner ensuite la bouteille à la hauteur de la bouche du
+bébé et de la fixer par la vis de serrage; la bouteille pourra tourner à
+droite ou à gauche, suivant les mouvements de la tête de l'enfant.
+
+[Illustration: _Fig. 1.--Support articulé pour biberon._]
+
+L'appareil se fait en bois, cuivre et cuivre nickelé; les prix
+respectifs étant de 5 francs, 9 francs et 10 fr. 50; joindre 0 fr. 85
+pour le port.
+
+_S'adresser à M. Jules Mallat, 12, rue Buisson, Saint-Etienne (Loire)._
+
+
+Note du transcripteur: Ces suppléments ne nous ont pas été fournis.
+
+
+
+
+
+End of the Project Gutenberg EBook of L'Illustration, No. 3253, 1er Juillet
+1905, by Various
+
+*** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK
+L'ILLUSTRATION, NO. 3253, 1ER JUILLET 1905 ***
+
+***** This file should be named 35406-8.txt or 35406-8.zip *****
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+
+Produced by Jeroen Hellingman and Rénald Lévesque
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+one owns a United States copyright in these works, so the Foundation
+(and you!) can copy and distribute it in the United States without
+permission and without paying copyright royalties. Special rules,
+set forth in the General Terms of Use part of this license, apply to
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+Gutenberg is a registered trademark, and may not be used if you
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+do not charge anything for copies of this eBook, complying with the
+rules is very easy. You may use this eBook for nearly any purpose
+such as creation of derivative works, reports, performances and
+research. They may be modified and printed and given away--you may do
+practically ANYTHING with public domain eBooks. Redistribution is
+subject to the trademark license, especially commercial
+redistribution.
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+things that you can do with most Project Gutenberg-tm electronic works
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+paragraph 1.C below. There are a lot of things you can do with Project
+Gutenberg-tm electronic works if you follow the terms of this agreement
+and help preserve free future access to Project Gutenberg-tm electronic
+works. See paragraph 1.E below.
+
+1.C. The Project Gutenberg Literary Archive Foundation ("the Foundation"
+or PGLAF), owns a compilation copyright in the collection of Project
+Gutenberg-tm electronic works. Nearly all the individual works in the
+collection are in the public domain in the United States. If an
+individual work is in the public domain in the United States and you are
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+1.E.7. Do not charge a fee for access to, viewing, displaying,
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+- You pay a royalty fee of 20% of the gross profits you derive from
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+ has agreed to donate royalties under this paragraph to the
+ Project Gutenberg Literary Archive Foundation. Royalty payments
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+ prepare (or are legally required to prepare) your periodic tax
+ returns. Royalty payments should be clearly marked as such and
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+ License. You must require such a user to return or
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+ distribution of Project Gutenberg-tm works.
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+electronic work or group of works on different terms than are set
+forth in this agreement, you must obtain permission in writing from
+both the Project Gutenberg Literary Archive Foundation and Michael
+Hart, the owner of the Project Gutenberg-tm trademark. Contact the
+Foundation as set forth in Section 3 below.
+
+1.F.
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+effort to identify, do copyright research on, transcribe and proofread
+public domain works in creating the Project Gutenberg-tm
+collection. Despite these efforts, Project Gutenberg-tm electronic
+works, and the medium on which they may be stored, may contain
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+LIABILITY, BREACH OF WARRANTY OR BREACH OF CONTRACT EXCEPT THOSE
+PROVIDED IN PARAGRAPH 1.F.3. YOU AGREE THAT THE FOUNDATION, THE
+TRADEMARK OWNER, AND ANY DISTRIBUTOR UNDER THIS AGREEMENT WILL NOT BE
+LIABLE TO YOU FOR ACTUAL, DIRECT, INDIRECT, CONSEQUENTIAL, PUNITIVE OR
+INCIDENTAL DAMAGES EVEN IF YOU GIVE NOTICE OF THE POSSIBILITY OF SUCH
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+providing it to you may choose to give you a second opportunity to
+receive the work electronically in lieu of a refund. If the second copy
+is also defective, you may demand a refund in writing without further
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+1.F.4. Except for the limited right of replacement or refund set forth
+in paragraph 1.F.3, this work is provided to you 'AS-IS' WITH NO OTHER
+WARRANTIES OF ANY KIND, EXPRESS OR IMPLIED, INCLUDING BUT NOT LIMITED TO
+WARRANTIES OF MERCHANTIBILITY OR FITNESS FOR ANY PURPOSE.
+
+1.F.5. Some states do not allow disclaimers of certain implied
+warranties or the exclusion or limitation of certain types of damages.
+If any disclaimer or limitation set forth in this agreement violates the
+law of the state applicable to this agreement, the agreement shall be
+interpreted to make the maximum disclaimer or limitation permitted by
+the applicable state law. The invalidity or unenforceability of any
+provision of this agreement shall not void the remaining provisions.
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+1.F.6. INDEMNITY - You agree to indemnify and hold the Foundation, the
+trademark owner, any agent or employee of the Foundation, anyone
+providing copies of Project Gutenberg-tm electronic works in accordance
+with this agreement, and any volunteers associated with the production,
+promotion and distribution of Project Gutenberg-tm electronic works,
+harmless from all liability, costs and expenses, including legal fees,
+that arise directly or indirectly from any of the following which you do
+or cause to occur: (a) distribution of this or any Project Gutenberg-tm
+work, (b) alteration, modification, or additions or deletions to any
+Project Gutenberg-tm work, and (c) any Defect you cause.
+
+
+Section 2. Information about the Mission of Project Gutenberg-tm
+
+Project Gutenberg-tm is synonymous with the free distribution of
+electronic works in formats readable by the widest variety of computers
+including obsolete, old, middle-aged and new computers. It exists
+because of the efforts of hundreds of volunteers and donations from
+people in all walks of life.
+
+Volunteers and financial support to provide volunteers with the
+assistance they need, are critical to reaching Project Gutenberg-tm's
+goals and ensuring that the Project Gutenberg-tm collection will
+remain freely available for generations to come. In 2001, the Project
+Gutenberg Literary Archive Foundation was created to provide a secure
+and permanent future for Project Gutenberg-tm and future generations.
+To learn more about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation
+and how your efforts and donations can help, see Sections 3 and 4
+and the Foundation web page at http://www.pglaf.org.
+
+
+Section 3. Information about the Project Gutenberg Literary Archive
+Foundation
+
+The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non profit
+501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the
+state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal
+Revenue Service. The Foundation's EIN or federal tax identification
+number is 64-6221541. Its 501(c)(3) letter is posted at
+http://pglaf.org/fundraising. Contributions to the Project Gutenberg
+Literary Archive Foundation are tax deductible to the full extent
+permitted by U.S. federal laws and your state's laws.
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+The Foundation's principal office is located at 4557 Melan Dr. S.
+Fairbanks, AK, 99712., but its volunteers and employees are scattered
+throughout numerous locations. Its business office is located at
+809 North 1500 West, Salt Lake City, UT 84116, (801) 596-1887, email
+business@pglaf.org. Email contact links and up to date contact
+information can be found at the Foundation's web site and official
+page at http://pglaf.org
+
+For additional contact information:
+ Dr. Gregory B. Newby
+ Chief Executive and Director
+ gbnewby@pglaf.org
+
+
+Section 4. Information about Donations to the Project Gutenberg
+Literary Archive Foundation
+
+Project Gutenberg-tm depends upon and cannot survive without wide
+spread public support and donations to carry out its mission of
+increasing the number of public domain and licensed works that can be
+freely distributed in machine readable form accessible by the widest
+array of equipment including outdated equipment. Many small donations
+($1 to $5,000) are particularly important to maintaining tax exempt
+status with the IRS.
+
+The Foundation is committed to complying with the laws regulating
+charities and charitable donations in all 50 states of the United
+States. Compliance requirements are not uniform and it takes a
+considerable effort, much paperwork and many fees to meet and keep up
+with these requirements. We do not solicit donations in locations
+where we have not received written confirmation of compliance. To
+SEND DONATIONS or determine the status of compliance for any
+particular state visit http://pglaf.org
+
+While we cannot and do not solicit contributions from states where we
+have not met the solicitation requirements, we know of no prohibition
+against accepting unsolicited donations from donors in such states who
+approach us with offers to donate.
+
+International donations are gratefully accepted, but we cannot make
+any statements concerning tax treatment of donations received from
+outside the United States. U.S. laws alone swamp our small staff.
+
+Please check the Project Gutenberg Web pages for current donation
+methods and addresses. Donations are accepted in a number of other
+ways including checks, online payments and credit card donations.
+To donate, please visit: http://pglaf.org/donate
+
+
+Section 5. General Information About Project Gutenberg-tm electronic
+works.
+
+Professor Michael S. Hart is the originator of the Project Gutenberg-tm
+concept of a library of electronic works that could be freely shared
+with anyone. For thirty years, he produced and distributed Project
+Gutenberg-tm eBooks with only a loose network of volunteer support.
+
+
+Project Gutenberg-tm eBooks are often created from several printed
+editions, all of which are confirmed as Public Domain in the U.S.
+unless a copyright notice is included. Thus, we do not necessarily
+keep eBooks in compliance with any particular paper edition.
+
+
+Most people start at our Web site which has the main PG search facility:
+
+ http://www.gutenberg.org
+
+This Web site includes information about Project Gutenberg-tm,
+including how to make donations to the Project Gutenberg Literary
+Archive Foundation, how to help produce our new eBooks, and how to
+subscribe to our email newsletter to hear about new eBooks.
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+Project Gutenberg's L'Illustration, No. 3253, 1er Juillet 1905, by Various
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+This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with
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+Title: L'Illustration, No. 3253, 1er Juillet 1905
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+Author: Various
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+Release Date: February 26, 2011 [EBook #35406]
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+Language: French
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+*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK
+L'ILLUSTRATION, NO. 3253, 1ER JUILLET 1905 ***
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+
+Produced by Jeroen Hellingman and Rénald Lévesque
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+
+
+</pre>
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+
+
+
+<br><br>
+
+
+<p>L'Illustration, No. 3253, 1er Juillet 1905</p>
+
+<div class="cont">
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/000small.png"><br><a href="images/000large.png">(Agrandissement)</a></p>
+
+<p class="sml"><i>Suppléments de ce numéro:<br>
+1° Une gravure en couleurs</i>, <span class="sc">Éloquence officielle</span>, <i>par Albert
+Guillaume.</i><br>
+<i>2° Musique:</i> <span class="sc">Pièce Brève</span>, <i>par Gabriel Fauré;</i> <span class="sc">l'Ame des Fleurs</span>, <i>par
+Massenet;</i><br><span class="sc">Poème languide</span>, <i>par A. Scriabine.</i></p>
+
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/001.png"></p>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/001a.png"><br><b>LES TAMBOURS dont le comité de l'infanterie propose la
+suppression</b>.<br><i>Voir le</i> Courrier de Paris <i>à la page suivante.</i>]</p>
+
+<h3>COURRIER DE PARIS</h3>
+
+<h4>JOURNAL D'UNE ÉTRANGÈRE</h4>
+
+<p>Je ne connaissais pas M. Dujardin-Beaumetz. Je l'ai vu ces jours-ci pour
+la première fois. C'était au Cours-la-Reine. Il inaugurait l'Exposition
+de l'Enfance et, bien que l'installation n'en fût pas encore tout à fait
+achevée, il semblait s'y amuser beaucoup. On lui fit voir des poupées et
+des jouets dont la vue excita sa joie; il visita une chèvrerie, sourit
+aux chèvres et promit que leur lait serait bon. Comme il passait devant
+un jeu de balançoires immobiles, il admira l'alignement des sièges et
+des poutrelles coloriées auxquelles ces sièges étaient suspendus et dit:
+«Voyez comme, avec peu de chose, on peut faire de la beauté. Ceci même
+est joli. Ces bois peints, ces cordages légers, ces cuivres, ont une
+grâce géométrique qui amuse l'oeil. On dirait une estampe du
+dix-huitième...» Correctement ganté, le torse épais sanglé sous la
+redingote noire, il avançait à pas tranquilles, appuyé sur sa canne. Il
+serrait des mains, félicitait. Je regardais sa figure. Elle est ronde et
+colorée, s'encadre de boucles grisonnantes qui frisent sous le bord du
+chapeau et d'une courte barbe étalée en éventail autour du menton. Des
+yeux doux et profonds, sous la barre noire des sourcils, éclairent cette
+face de brave homme d'un air de bonté satisfaite. On le mena au buffet.
+On lui présenta une coupe de Champagne qu'il prit en souriant et vida
+sans déplaisir. Une musique militaire joua devant lui le prélude de
+<i>Messidor</i> et, comme il avait aperçu l'auteur, Alfred Bruneau, parmi la
+foule qui l'entourait, il lui fit signe, de s'approcher, lui prit les
+mains, le nomma aux musiciens, le remercia. Des journalistes, à côté de
+moi, échangeaient leurs impressions. L'un d'eux dit: «Dujardin-Beaumetz
+est heureux... Il inaugure. Il n'y a que cela qui l'amuse.»</p>
+
+<p>C'est vrai. M. Dujardin-Beaumetz a beaucoup inauguré depuis qu'il dirige
+les Beaux-Arts; et ce zèle attire sur lui, je crois, quelques
+railleries. Comme il a raison, cependant, de ne point faire fi de ce
+qu'il y a de meilleur dans son état! C'est charmant, une inauguration.
+C'est charmant, parce que c'est le commencement de quelque chose
+d'utile, de bon, de joli, et qu'autour de ces commencements-là il n'y a,
+pour un spectateur doué d'un peu de dilettantisme et de finesse, que de
+la joie à recueillir.</p>
+
+<p>J'ai connu un vieux garçon, pauvre et très seul dans la vie, dont la
+principale récréation était d'assister de temps à autre à une messe de
+mariage, de se mêler aux groupes bavards de la sacristie, de frôler
+d'élégantes toilettes, d'en humer le parfum et, au besoin, d'embrasser
+la mariée quand elle était gentille. J'imagine que c'est un genre de
+volupté analogue que M. Dujardin-Beaumetz vient chercher dans les
+expositions qu'il inaugure. Une exposition qui s'ouvre, c'est de
+l'élégance, des toilettes, des fleurs, du décor, une amusante vision
+d'inédit et de <i>tout neuf</i>, et, autour de cela, les figures
+nécessairement souriantes de gens que rendent heureux le sentiment
+d'avoir bien travaille et l'espoir d'en tirer quelque récompense... M.
+Dujardin-Beaumetz est un artiste et, dit-on, un homme d'esprit. Je ne
+comprendrais pas qu'investi par ses fonctions du droit de s'offrir,
+plusieurs fois par semaine, le régal de spectacles si délicieux, il les
+méprisât...</p>
+
+<br>
+
+<p>Une habitude tout à fait fâcheuse règne aujourd'hui dans Paris: on y
+fait aux vieilles rues leur procès; on se préoccupe et l'on s'indigne,
+au besoin, de ce que leurs noms signifient: il y a sur ces pauvres
+petites plaques bleues des allusions qui choquent, des évocations de
+souvenirs contre quoi protestent le puritanisme politique des uns, la
+pudeur des autres. Voilà bien du travail pour les conseils municipaux de
+demain! Il y a quelques semaines, c'étaient les habitants de la rue
+Bréda qui s'avouaient honteux de demeurer «rue Bréda»; aujourd'hui, ce
+sont ceux de la rue des Vertus qui se plaignent. «On se moque de nous,
+disent-ils, et nous sommes en butte à toutes sortes de commentaires
+ironiques dont notre patience, à la fin, se lasse.» Et ils demandent que
+le nom de leur rue soit changé.</p>
+
+<p>Il me paraît à craindre, si l'on fait droit à la requête de ces
+Parisiens susceptibles, que leur succès n'encourage à se produire bien
+des réclamations. Car, s'il est ridicule d'habiter la rue des Vertus,
+l'est-il beaucoup moins de demeurer rue des Innocents, ou rue de la
+Fidélité? Il y a des gens qui ont la coquetterie de leur bonne santé;
+n'en verrons-nous pas quelques-uns protester à leur tour et se plaindre
+d'avoir pour adresse le boulevard des Invalides?</p>
+
+<p>Paris, qui est une ville d'irréligion, porte sur les plaques de ses rues
+de nombreuses traces de son passé religieux. Bossuet, Fénelon,
+Bourdaloue, Lamennais, Fléchier, Lacordaire, Massillon, ont donné leurs
+noms à des voies publiques. Je feuillette un dictionnaire des rues de
+Paris et j'y trouve une rue des Moines, une rue des Abbesses, une rue
+des Terres-au-Curé, une rue de l'Évangile, une rue de la Madone; deux
+impasses: de l'Église et de l'Enfant-Jésus; une place de la Nativité. Le
+jour où la «revision» des plaques municipales sera commencée, certains
+hommes farouches ne seront-ils pas tentés de purger Paris de tant de
+souvenirs offensants? Toléreront-ils seulement qu'il continue d'y avoir
+une rue Dieu?</p>
+
+<p>Je voudrais qu'on respectât les noms des vieilles rues comme on respecte
+les sépultures (est-ce que les chemins où nos pères ont construit leurs
+maisons ne sont pas un peu les tombeaux de notre histoire?) et plus il y
+a de naïveté, de mystère, de drôlerie en ces appellations, plus je
+souhaiterais qu'on s'interdît d'y toucher. La rue Brise-Miche et la rue
+du Chat-qui-Pêche, la rue des Cinq-Diamants, la rue du Pas-de-la-Mule et
+la rue de l'Épée-de-Bois, la rue au Lard, l'impasse des Trois-Visages,
+les rues Gît-le-Coeur, du Moulin-au-Beurre et du Pont-aux-Choux, la rue
+des Petits-Carreaux, la rue Vide-Gousset, n'évoquent assurément nul
+souvenir d'épopée, ce ne sont point des noms glorieux. Mais ce sont de
+vieux noms; ce sont des parcelles de notre «autrefois»; cela a le charme
+et l'intérêt d'un très vieux bibelot quelconque, d'un objet sans beauté,
+mais qu'auraient usé pendant deux ou trois cents ans les mains de nos
+grand'mères.</p>
+
+<p>Encore une «vieillerie» que les novateurs ont condamnée: il est question
+de supprimer, dans l'armée, les tambours [1].</p>
+
+<p>[Footnote 1: Le comité d'infanterie vient, en effet, de se prononcer de
+nouveau pour la suppression des tambours. Le général Farre, ministre de
+la guerre il y a vingt-cinq ans, les avait déjà supprimés: ils furent
+rétablis peu de temps après.]</p>
+
+<p>Je n'ai aucune compétence en ces questions et j'ignore s'il est vrai que
+le tambour soit un meuble inutile. On affirme qu'il l'est; et on lui
+trouve, en outre, toutes sortes de défauts ou d'inconvénients graves
+dont nos pères ne s'étaient point avisés: le tambour est encombrant; le
+tambour est à la merci du choc qui le défonce ou de l'averse qui le rend
+aphone, en distendant sa peau; et, comme un soldat ne peut combattre en
+même temps qu'il bat du tambour, voilà une armée (on s'en aperçoit
+aujourd'hui seulement) privée, nous dit-on, par l'emploi du tambour, des
+bras de 10.000 combattants.</p>
+
+<p>Mais le tambour ne pourrait-il être un instrument «de paix» qu'on
+n'emporte point à la guerre? Nos orchestres militaires sont munis aussi
+d'engins fort encombrants et tout le monde s'accorde à penser que la
+grosse caisse, le trombone, l'ophicléide et la contrebasse ne sont point
+des meubles qu'il convienne de pousser à l'assaut d'une place forte ou
+de promener le long d'une ligne de tirailleurs. On les relègue «au
+dépôt» dès que le canon tonne; qu'est-ce qui empêcherait qu'on y laissât
+les tambours?</p>
+
+<p>Le tambour, c'est de la musique (il paraît que le poète Jean Richepin,
+dans sa jeunesse, en jouait supérieurement); le tambour est aussi le
+plus admirable des métronomes; il n'excelle pas seulement à bien rythmer
+la marche du troupier, il la soutient, il la ranime, il l'entraîne. Il
+m'est arrivé quelquefois de suivre un régiment qui passait; les
+tambours, en avant, ronflaient... et je me laissais prendre à ce rythme
+comme à celui d'une valse qui vous soulève et vous force à danser.</p>
+
+<p>A-t-on raison de détruire ces vieilles choses? C'est une idée qui me
+hante: je me demande s'il n'est pas dangereux d'ôter à l'armée ses
+parures d'autrefois, ses vieux jouets; et si nos pères, en voulant qu'un
+peu d'amusement et quelques ornements superflus égayassent le métier de
+soldat, n'étaient point de plus sensés philosophes que nous.<br>
+
+<span class="rig"><span class="sc">Sonia.</span></span></p><br><br>
+
+
+<h4><span class="sc">notre supplément en couleurs</span></h4>
+
+<h3>«ÉLOQUENCE OFFICIELLE»</h3>
+
+<h4>Tableau d'Albert Guillaume.</h4>
+
+<p>C'est un déjà vieux couplet du Chat Noir, un couplet de Jacques Ferny,
+qu'il faudrait réimprimer pour commenter cet amusant tableau:
+«Messieurs, devant cette belle statue...» Et le spectacle est d'hier,
+d'aujourd'hui, de demain,--car quel est le jour, en France, où l'on
+n'inaugure pas un monument? Voici, sous les grands arbres du mail,
+gardée par les agents en gants de filoselle, la petite tribune où
+s'empilent les autorités: municipalité, sénateurs, députés,--un ministre
+peut-être; derrière, au-delà, tout autour, la foule pressée des chers
+concitoyens; au milieu la statue, toute neuve, au socle jonché de fleurs
+et de palmes; la statue, découverte depuis cinq minutes, de l'illustre
+enfant du pays qui peut-être, comme dans la chanson, «n'eut jamais, ah!
+jamais de génie»--mais qui peut-être en eut aussi, ou fut quelque
+bienfaiteur dont le nom revit dans le coeur des hommes--à moins que ce
+n'eût été quelque politicien. Le représentant de l'arrondissement lui
+rend hommage, et le geste éloquent de sa main gantée de clair, la
+véhémence de sa mimique, disent assez clairement qu'il s'acquitte de la
+tâche avec une conviction entière.</p>
+<br>
+
+<h3>NOTES ET IMPRESSIONS</h3>
+
+<p>Les Européens n'ont derrière eux que deux ou trois siècles d'art; nous
+autres, Japonais, nous en avons vingt-cinq: il est tout naturel que leur
+goût ne soit pas aussi formé que le nôtre. <span class="sc">Baron Kitabataké.</span></p>
+
+<p class="mid"> *<br>* *</p>
+
+<p>Ce n'est pas insulter le lion que de bafouer l'âne qui s'est affublé de
+sa peau. <span class="sc">Alex. Dumas fils.</span></p>
+
+<p class="mid"> *<br>* *</p>
+
+<p>Il y a, à la Chambre, bien des bonnes gens; mais le diable entre en eux
+dès qu'ils entrent en séance. <span class="sc">Melchior de Vogué.</span></p>
+
+<p class="mid"> *<br>* *</p>
+
+<p>Chercher dans la guerre civile un remède contre les maux de la guerre
+étrangère, c'est proposer le suicide comme un refuge contre les dangers
+d'un duel. Il y a des Gribouilles partout.</p>
+
+<p class="mid"> *<br>* *</p>
+
+<p>Il est plus facile de réconcilier deux ennemis qui ont tort l'un et
+l'autre que des adversaires qui ont également raison. <span class="sc">G.-M. Valtour.</span></p>
+
+<br>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/002a.png"><br><b>A Dijon.--Translation des restes des soldats français,<br>
+italiens, allemands, morts en 1870, de l'ancien au nouveau
+cimetière.</b>--Phot. Gaitet.</p>
+
+<h3>HOMMAGE AUX MORTS</h3>
+
+<p>On vient de transférer, à Dijon, de l'ancien au nouveau cimetière, les
+restes des soldats français, italiens et allemands, qui, le 30 août
+1870, tombèrent là, sur le champ de bataille.</p>
+
+<p>Cette translation a été entourée de la plus grande solennité. L'armée y
+devait, naturellement, tenir la première place. C'est sur des
+corbillards décorés de trophées de drapeaux que les bières avaient été
+déposées, et des soldats, l'arme sous le bras droit, encadraient le
+cortège funèbre à travers les rues de la vieille cité bourguignonne.</p>
+
+<br>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/002b.png"><br>
+ <span class="sml">
+ &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Le roi.
+ &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Le ministre.</span><br>
+ <span class="sc">A Metz.</span>--<b>Le roi Frédéric-Auguste de
+Saxe et son ministre de la guerre, le baron de Hausen.</b>--Phot. W.
+Jacobi.</p>
+
+<h3>LE ROI DE SAXE EN ALSACE-LORRAINE</h3>
+
+<p>Le roi de Saxe Frédéric-Auguste, accompagné du général de Hausen, son
+ministre de la Guerre, s'est rendu récemment à Metz, où, pendant son
+séjour, il a été l'hôte du comte Zeppelin, président de Lorraine. Ce
+haut fonctionnaire était venu attendre le souverain à la gare en simple
+tenue de ville; il le conduisit à la présidence dans une voiture de
+louage, avec un cocher emprunté à l'administration des postes.</p>
+
+<p>Le 23 juin, le roi inspecta le 12e régiment d'artillerie saxon et passa
+une revue en présence du corps des officiers de la garnison.</p>
+
+<p>Le 24, après avoir entendu la messe à la cathédrale, il alla, escorté de
+son état-major, visiter les champs de bataille de 1870 et le hall
+commémoratif de Gravelotte, inauguré par Guillaume II au mois de mai
+dernier. Autour du monument élevé à la mémoire du 12e corps d'armée
+saxon, la colonie saxonne de Metz et les officiers du 12e d'artillerie
+s'étaient réunis pour faire à leur souverain une ovation enthousiaste.</p>
+<br>
+<h3>PROMESSES DE RÉFORMES EN RUSSIE</h3>
+
+<p>Le mardi 20 juin, l'empereur Nicolas II recevait, en audience privée, au
+palais Alexandria, à Péterhof, la députation du congrès des zemstvos
+tenu à Moscou et les délégués de la municipalité de Saint-Pétersbourg,
+qui s'étaient joints à eux.</p>
+
+<p>La première délégation se composait de M. le comte P.-A. Heyden, de
+Pskov, président; M. J.-J. Petrounkevitch, de Tver; M. N.-N. Zwow, de
+Saratof; M. F.-I. Roditchef, de Tver; M. le comte G.-G. Zwow, président
+du zemstvo de Toula; M. F.-A. Golovine, président du zemstvo de Moscou;
+M. N.-N. Kovalevsky, de Kharkof; du comte P.-D. Dolgoroukof, de Roussk;
+du comte S.-N. Troubetzkoï, de Moscou; de M. J.-A. Nowossiltzef, de
+Temnikowsk et du comte D.-J. Chakowsky, de Yaroslav. La ville de
+Saint-Pétersbourg était représentée par MM. le baron Korf, Nikitine et
+Fedorof.</p>
+
+<p>Tous ont eu la grande amabilité, au sortir de cette audience, de vouloir
+bien poser spécialement pour <i>L'Illustration</i>. Cette photographie aura
+du moins pour résultat de montrer combien est grande l'illusion des gens
+qui s'imaginent le parti réformateur, en Russie, dirigé par des
+démagogues à tous crins, des agitateurs sans feu ni lieu.</p>
+
+<p>Cette audience de Péterhof marque, évidemment, une date importante dans
+l'histoire de la Russie. Et ce n'est pas sans beaucoup de
+tergiversations que le tsar, tiraillé entre son bon vouloir et les
+intrigues du parti hostile à toutes réformes, se décida à l'accorder.</p>
+
+<p>Même, un homme, parmi ces hommes rangés qui composaient la députation
+des zemstvos, excita dans l'entourage impérial quelque défiance. Quand
+les délégués du congrès de Moscou et de la ville de Saint-Pétersbourg,
+amenés dans les voitures de la cour à la «ferme» Alexandria, tout
+enguirlandée de verdure et de fleurs, furent dans le salon où on les
+avait introduits en attendant qu'ils pussent être reçus, le ministre de
+la cour, baron Fredericksz vint leur déclarer que, quelle que fût la
+bienveillance de son maître, il lui était toutefois difficile de
+recevoir M. Petrounkevitch, qui passait pour avoir des relations
+révolutionnaires. M. Petrounkevitch, pourtant, fut reçu avec ses amis et
+collègues.</p>
+
+<p>On avait beaucoup discuté, par avance, sur les conditions dans
+lesquelles Nicolas II consentirait à recevoir les délégués. «A titre
+privé» disait leur lettre d'audience et dit aussi le compte rendu
+officiel de l'audience. En réalité, envers et contre toutes les
+définitions protocolaires, c'est bien une députation de son peuple qu'a
+reçue l'empereur, et c'est ce qui donne à cette audience toute son
+importance.</p>
+
+<p>A peine avait-on introduit les délégués dans la salle où allait avoir
+lieu cette décisive entrevue que Nicolas II parut. Il ne dit pas un mot
+et attendit que le porte-parole des délégués parlât. Le comte
+Troubetzkoï alors lut l'adresse, assez rude dans ses termes, qu'avaient
+rédigée les mandataires des zemstvos. M. Fedorof lui succéda, parlant au
+nom de la ville de Saint-Pétersbourg.</p>
+
+<p>Puis l'empereur répondit, et l'essence de sa réponse tenait dans ces
+deux phrases:</p>
+
+<p>«Dissipez vos doutes; ma volonté est volonté souveraine et inébranlable,
+et l'admission des élus aux travaux de l'État sera régulièrement
+accomplie; je veille chaque jour et me consacre à cette oeuvre. Vous
+pouvez annoncer cela à tous vos proches, aussi bien à ceux habitant la
+campagne qu'à ceux des villes.»</p>
+
+<p>Et, conformément à ce désir du tsar, le lendemain, les représentants de
+la ville de Saint-Pétersbourg, devant le conseil municipal assemblé à la
+<i>douma</i>, à l'hôtel de ville, rendaient compte de l'audience de Péterhof.</p>
+
+<p>M. Nikitine en retraçait tous les détails. Puis, aux applaudissements
+unanimes de l'assemblée, résumait les impressions des trois délégués de
+la municipalité et disait leurs espérances,--les espérances du peuple
+russe:</p>
+
+<p>«Soyons confiants, a-t-il dit, dans les promesses du tsar. L'assemblée
+sera convoquée de façon normale. Il n'y aura pas de déshérités. Le tsar
+veille. Le tsar nous protégera contre les attentats à la liberté de
+conscience, de la presse, de la parole, des personnes et du domicile.</p>
+
+<p>»Nous sommes à la veille d'une grande réforme. Je suis sûr qu'elle se
+réalisera, comme toutes les grandes réformes de la Russie, sans
+cataclysme, et que la Russie en sortira rénovée.»</p>
+
+
+
+<p class="mid"><span class="sml">
+1. S.-S. Zwow, de Saratof.
+2. F.-I. Roditchef, de Tver.
+3. Comte de Zwow, pt. de zemstvo à Toula.
+4. F.-A. Golovine,pt. de zemstvo à Moscou.
+5. Kovalevsky, de Kharkof.
+6. Comte Dolgoroukof, de Roussk.
+7. Comte Troubetzkoï, de Moscou, qui parla au nom des délégués.
+8. Nowossiltzef, de Temnikowsk.
+9. Comte Chakowsky, de Yaroslav.</span><br>
+
+<img alt="" src="images/003a.png"><br>
+
+<span class="sml">
+1. Baron P.-Z. Korf, de Saint-Pétersbourg.
+2. Comte Heyden, de Pskov, président de la délégation des zemstvos.
+3. J.-J, Petrounkevitch, de Tver.
+4. M.-P. Fedorof, de Saint-Pétersbourg.
+3. A.-N. Nikitine. de Saint-Pétersbourg.</span><br>
+
+<b>La délégation du Congrès des zemstvos de Moscou et de la municipalité de
+Saint-Pétersbourg, qui a été reçue par le tsar à Péterhof, le 20 juin.</b><br>
+<i>Photographie Moniouchko, prise spécialement pour</i> L'Illustration.</p>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/003b.png"><br><b>Séance de la «douma» de Saint-Pétersbourg, le 21 juin:<br>M.
+Nikitine rend compte de l'audience de Péterhof.</b><br><i>Dessin d'après nature
+de M. V. Mazourovsky.--Voir l'article à la page précédente.</i><br>
+<b>PROMESSES DE RÉFORMES EN RUSSIE</b></p>
+<br>
+
+<h3>LES TROUBLES DE LODZ</h3>
+
+<p>Il y a quinze jours, tout le monde, en France, ignorait, ou à peu près,
+l'existence de la ville de Lodz, en Pologne. Les villes heureuses n'ont
+pas d'histoire!</p>
+
+<p>Au commencement du dix-neuvième siècle, une colonie allemande venait
+s'établir, là où est Lodz, aux bords de la Loudka. Elle y fonda un
+atelier de tissage de coton.</p>
+
+<p>L'administration russe l'accueillit bien, espérant trouver dans les
+survenants, dans ceux qui ne pouvaient manquer de venir les rejoindre,
+une sorte de noyau antipolonais. Elle combla de faveurs les immigrants.
+Lodz, rapidement, prospéra.</p>
+
+<p>Il y vint de nouveaux Allemands et beaucoup d'Israélites, auxquels la
+possession du sol et même les travaux de la terre étaient interdits en
+Russie. La ville neuve les attira.</p>
+
+<p>D'autres industries s'adjoignirent alors aux filatures de coton. Et Lodz
+est maintenant une formidable ville industrielle, habitée par 400.000
+âmes. Mais l'ouvrier y est très malheureux en raison même du pullulement
+de la main-d'oeuvre. Quand la persécution antisémite commença en Russie,
+les patrons chrétiens ne voulurent plus employer de juifs. Les patrons
+israélites les repoussèrent également. Ceux des industriels qui
+consentirent à utiliser leurs services profitèrent de leur situation
+<i>d'outlaws</i> pour leur offrir des salaires dérisoires: la paye moyenne
+d'un ouvrier, à Lodz, ne dépasse pas 60 kopecks, 1 fr. 60 environ. La
+moyenne s'établit fatalement d'après le tarif que les ouvriers
+israélites étaient obligés de subir. Croupissant dans une misère noire,
+inquiétés, d'autre part, à cause de leur religion, par l'autorité, les
+juifs de Lodz s'efforcèrent de quitter cet enfer. Le «sionisme» en
+fournit à nombre d'entre eux le moyen. Ils émigrèrent en masse en
+Amérique. Le socialisme s'en mêla, remua les ouvriers non israélites et
+aussi maltraités, au point de vue du gain, que les juifs. La population
+ouvrière de Lodz tout entière fermenta: on sait quel a été, ces jours
+derniers, le résultat de ce lamentable état de choses.</p>
+
+<p>Une première bagarre eut lieu, le 18, entre ces miséreux et la police.
+Il y eut de nombreuses victimes. Une question confessionnelle s'étant
+élevée au sujet des funérailles, les socialistes s'unirent résolument
+aux juifs. Le 20, 70.000 manifestants se heurtaient à la police. On
+éleva des barricades. Il y eut, dans les rues, de véritables batailles
+rangées. La police et la troupe furent sans pitié. Pendant plusieurs
+jours, ce furent d'indescriptibles boucheries.</p>
+
+<p>Et voilà comme Lodz est devenue tout à coup tristement célèbre.</p>
+
+<p>Nous avons eu la bonne fortune de découvrir, à Paris, un peintre qui
+nous apporte sur la vie populaire dans cette malheureuse ville, des
+documents d'un haut intérêt et d'un réalisme très sincère. C'est M.
+Léopold Pilichowski, un exposant fidèle de nos Salons. Fils d'un humble
+cultivateur des environs de Lodz, M. Pilichowski a connu, au début de la
+vie, toutes les misères des pauvres, et c'est à force d'énergie et de
+persévérance qu'il parvint à poursuivre ses études artistiques, à
+Munich, puis à Paris. Maître de son art, il a consacré le meilleur de
+son talent à représenter les scènes de la vie juive à Lodz et dans la
+région, son pays natal. Ses modèles favoris ont été ses coreligionnaires
+infortunés, et l'on peut penser qu'il a mis à les peindre le meilleur de
+lui-même. Nous connaissons admirablement, par lui, les types de ces
+pauvres diables que, depuis une huitaine, on fusille en masse dans les
+rues de la grande ville polonaise.</p>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/004a.png"><br><b>Halte sur la route de l'exil.</b></p>
+<p class="mid"><img alt="" src="images/004b.png"><br><b>Une ruelle à Lodz</b></p>
+<p class="mid"><img alt="" src="images/004c.png"><br><b>Repos précaire. &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Les accablés.<br>
+LA MISÈRE JUIVE A LODZ</b></p>
+
+<p class="mid"><i>D'après les tableaux du peintre polonais Léopold Pilichowski.</i></p>
+<br>
+
+<h3>LE CONCOURS CENTRAL HIPPIQUE</h3>
+
+<p>Le Concours central hippique, qui s'est tenu la semaine dernière à la
+galerie des Machines et qui, sans doute, va se renouveler tous les ans,
+n'est à aucun point de vue une répétition ni une concurrence du concours
+hippique traditionnel du mois d'avril. A vrai dire, il n'a avec celui-ci
+rien de commun, pas même le titre. Sa dénomination officielle et seule
+exacte de «Concours central des animaux reproducteurs des espèces
+chevaline et asine», en détermine parfaitement la nature et le but.
+Alors que le concours organisé chaque année, au palais de l'Industrie
+jadis, au Grand Palais maintenant, a pour objet de faire ressortir la
+qualité et le dressage des chevaux destinés à la selle ou à la voiture,
+l'exhibition nouvelle est réservée aux étalons et aux poulinières:
+encore faut-il qu'ils soient nés en France.</p>
+
+<p>D'autre part, elle admet des animaux de diverses races qui ne pourraient
+figurer qu'exceptionnellement dans les épreuves du Grand Palais. A côté
+des pur sang (anglais, arabe ou anglo-arabe), des trotteurs, des
+demi-sang (anglo-arabe, normand, vendéen, du Centre, etc.), des
+catégories spéciales étaient ouvertes, à la galerie des Machines, aux
+races postières et aux races de gros trait (percheronne, ardennaise,
+bretonne, etc.), et ce n'étaient certes ni les moins nombreuses, ni les
+moins intéressantes. Il y avait même une petite place pour les ânes et
+les mulets.</p>
+
+<p>En somme, l'exposition présentait un tableau très fidèle et très complet
+de la population chevaline de la France, sauf peut-être en ce qui
+concerne les pur sang anglais, dont la qualité comme le nombre étaient
+médiocres et qui ne peuvent, en réalité, être appréciés à leur juste
+valeur que sur l'hippodrome. Elle permettait de juger de la variété et
+de la richesse des ressources fournies par notre élevage, ressources
+encore trop peu connues de nous et sur lesquelles peut-être les
+étrangers étaient mieux édifiés. En 1900, l'Exposition de Vincennes
+avait déjà pu nous donner confiance. Le concours de juin 1905 aura servi
+surtout à mettre en lumière nos races de trait: non seulement elles ont
+conservé leurs qualités originelles, elles les ont développées en y
+joignant d'autres mérites, alliant à la force et à la puissance dues à
+leur structure, d'apparence massive, une intensité d'énergie nerveuse et
+une souplesse d'allures qui les rendent plus résistantes que jamais à la
+fatigue et leur donnent du même coup une réelle beauté.</p>
+
+<p>Les types les plus divers se rencontraient la semaine dernière à la
+galerie des Machines, portés presque à leur perfection, déjà
+admirablement appropriés aux services que peuvent attendre d'eux soit le
+luxe, soit l'industrie, soit--ce qui est plus essentiel encore--la
+défense nationale.</p>
+
+<p>Les trois photographies que nous publions de trois des étalons primés
+donneront bien l'idée de cette diversité d'aspect.</p>
+
+<p>Dans le cheval d'origine orientale, arabe ou anglo-arabe, se maintient
+toujours cette élégance aristocratique qui attire invinciblement le
+regard, qui appelle la caresse et qui, d'ailleurs, n'exclut point la
+vigueur, ni la résistance, au contraire! Notre cavalerie légère en a
+donné des preuves suffisamment nombreuses, et, à l'occasion, en
+donnerait de nouvelles encore.</p>
+
+<p>Mais, sous une enveloppe plus grosse, en des membres plus épais, on peut
+trouver, comme nous l'avons déjà dit, chez nos étalons de trait, une
+solidité non moins grande et une harmonie des lignes non moins
+véritable. Vus par groupes surtout, ces percherons, ces bretons,
+évoquent bien l'idée du coup de collier irrésistible, dans lequel ils
+entraîneront les masses les plus lourdes.</p>
+
+<p>Enfin, malgré leur aspect certes moins engageant sous leur toison
+floconneuse et souillée de fange, il ne faut point avoir de dédain pour
+les braves baudets et ânesses dont les rejetons pourront traîner la
+petite charrette si utile aux pauvres gens ou si réjouissante pour nos
+bébés. Ils furent d'ailleurs une des grandes distractions du public.</p>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/005a.png"><br><b>Sadik, étalon de pur sang arabe.</b></p>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/005b.png"><br><b>Bacchis, baudet.</b></p>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/005c.png"><br><b>Mogy, étalon breton.</b></p>
+
+<p class="mid"><b>TROIS TYPES D'ÉTALONS PHOTOGRAPHIÉS AU CONCOURS CENTRAL HIPPIQUE</b></p>
+<br>
+
+
+<h3>UNE PROUESSE DE CHASSEURS ALPINS</h3>
+
+<p class="lef"><img alt="" src="images/006a.png"><br>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;<b>Le «Trou de l'Agneau» et le sommet du mont<br>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Margérias.</b></p>
+
+<p>Les bataillons de chasseurs alpins ont à remplir un rôle de
+«couverture», c'est-à-dire doivent prendre et garder le contact avec
+l'ennemi, afin de pouvoir renseigner à tout instant le gros de l'armée.
+Ceci n'est possible qu'avec une connaissance parfaite des moindres
+accidents du terrain; aussi les secteurs dévolus à ces troupes d'élite
+sont-ils explorés par elles avec une minutie inconnue dans les autres
+armes. Le service y est plus dur, mais en même temps singulièrement plus
+intéressant, et le moral des hommes s'en ressent de la manière la plus
+heureuse.</p>
+
+<p>Le 13e bataillon des chasseurs alpins, en garnison à Chambéry, sous la
+conduite du colonel Sauret, chef plein d'activité et d'initiative
+énergique, vient de se distinguer brillamment en forçant un passage
+nouveau au Margérias.</p>
+
+<p>Au nord-est de Chambéry se trouve une grande crête rocheuse qui sépare
+les vallées du Châtelard et d'Aillon de celle de la Leisse. Orientée du
+nord au sud, elle s'étend, à vol d'oiseau, sur 12 ou 15 kilomètres de
+long. Son point culminant est le mont Margérias, 1.846 mètres. Ses deux
+versants sont de déclivités très inégales. Celui de droite forme un
+plateau qui descend lentement vers Aillon. Celui de gauche commence par
+une muraille à pic de 200 mètres environ et continue par des pentes très
+inclinées dévalant jusqu'à la Leisse.</p>
+
+<p>Au lieu de contourner toujours cette longue crête par le nord ou par le
+sud, le colonel Sauret se proposa de l'attaquer en plein milieu, sous le
+sommet, là où se dessine une légère faille. Le projet était hardi. La
+légende voulait qu'un agneau, une fois, s'y étant inconsidérément lancé,
+avait réussi à en sortir sain et sauf; mais, de mémoire d'homme,
+personne n'avait jamais passé par là et aucun chef ne l'avait supposé
+possible. Ce qui est aisé pour un touriste délivré de tout
+<i>impedimentum</i> peut devenir terrible pour une troupe en armes; et la
+chose n'est en outre intéressante, au point de vue militaire, que si
+elle peut s'effectuer dans un certain laps de temps assez court.</p>
+
+<p>Le lieutenant Royer [2] et deux chasseurs ayant effectué une
+reconnaissance préliminaire, l'expédition est décidée et, à 2 heures du
+matin, six compagnies quittent la caserne de Joppet pour remonter la
+vallée de la Leisse.</p>
+
+<p>[Footnote 2: Enlevé récemment à l'affection de tous par une courte
+maladie.]</p>
+
+<p>Jusqu'au Chalet-aux-Cares (1.380 m.), atteint à 6 h. 30, c'est une
+simple promenade; c'est tout plaisir, mais voici venir la lutte et la
+fatigue. C'est d'abord 200 à 300 mètres d'un pierrier assez raide. Puis,
+à 7 h. 55, nous nous trouvons au pied même de la grande muraille du
+Margérias.</p>
+
+<p class="rig"><img alt="" src="images/006b.png"><br><b>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;«Nous avons à franchir une paroi, rayée d'un couloir<br>
+&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;à peine indiqué...»</b></p>
+
+<p>Nous avons à franchir une paroi scabreuse, rayée d'un couloir à peine
+indiqué, où les pierres tiennent mal. Le fusil est horriblement gênant,
+le sac tire d'une manière terrible, les hommes ont toutes les peines du
+monde à grimper, mais ils sont pleins d'entrain et les officiers pleins
+de sollicitude; le capitaine, Arbey et le lieutenant Fine (6e
+compagnie), se sont arrêtés aux deux plus mauvais pas de cette escalade,
+et, sans se lasser, prennent les fusils que chacun leur tend, à tour de
+rôle. A mi-hauteur, après un petit replat, la roche surplombe, et nous
+nous trouvons avec surprise à l'entrée d'une grande caverne noire, dont
+le sol accidenté est encore capitonné de neige.</p>
+
+<p>Le noyau plutonique des Alpes est ceinturé par un épais anneau de roches
+sédimentaires, constitué en majeure partie de calcaire compact, mais
+feuilleté et fissuré. Tel est le Margérias. L'eau de pluie, et plus
+encore l'eau de neige, plus riche en acide carbonique, corrode le
+calcaire et y pratique à la longue d'incroyables refouillements.</p>
+
+<p>Notre caverne n'est que l'orifice inférieur du «Trou de l'Agneau», boyau
+tortueux, coupé de brusques ressauts et qui finit par déboucher juste au
+sommet. La gymnastique heurtée à laquelle il faut nous livrer dans le
+sein de la roche, à la lumière tremblante de quelques lanternes, est
+curieuse et inoubliable.</p>
+
+<p>Enfin, voici le jour. A 8 h. 25 nous émergeons en plein soleil, au haut
+de la montagne, à 1.850 mètres. Le passage est forcé avec un plein
+succès. La musique nous joue ses airs les plus réconfortants pour nous
+remettre de nos violents efforts.</p>
+
+<p>Le retour (départ à 11 heures) eût été fort agréable sans un soleil
+torride et les lourdes charges qui nous appesantissaient! Mais chacun
+était fier du bel exploit accompli et c'est avec bonne humeur que nous
+nous préparons à enlever l'étape qui nous sépare encore de la grande
+halte.</p>
+
+<p>La crête de la montagne est suivie vers le sud pendant 4 à 5 kilomètres,
+au bout desquels le col d'Averne (1.518 m., 11 h. 40), permet de
+redescendre dans la vallée de la Leisse. Un pierrier éprouvant et un
+versant rapide nous amènent enfin, à 1 heure, à Pougène: il y a onze
+heures que nous n'avons rien mangé et nous avons fait preuve d'une belle
+endurance.</p>
+
+<p>Tout à fait gaillards, nous nous levons deux heures plus tard pour
+rentrer à Joppet, en excellente forme, à 5 h. 30.<br>
+
+<span class="rig"><span class="sc">Edouard Monod-Herzen.</span></span></p><br><br>
+
+
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/007small.png"><br><a href="images/007large.png">(Agrandissement)</a><br>
+<span class="sml">Le roi Frédéric-Auguste.</span><br>
+<b>LE 12e RÉGIMENT D'ARTILLERIE
+SAXON DÉFILE AU PAS DE PARADE DEVANT<br> LE ROI DE SAXE, SUR L'ESPLANADE DE
+METZ, LE 23 JUIN</b><br><i>Voir l'article, page 3.</i></p>
+
+<br>
+
+<h3>UNE NOUVELLE SALLE AU MUSÉE DU LOUVRE</h3>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/008a.png"><br><b>Machines à compter ou jouets à combinaison de chiffres.</b></p>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/008b.png"><br>
+<b>Petit jouet en ivoire sculpté.&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Laie en ivoire sculpté.</b></p>
+
+<h4>LES TRÉSORS RAPPORTÉS DE SUSIANE PAR LA MISSION DE MORGAN</h4>
+<p class="mid"><i>(Photographies de M. G. Pissarro.)</i></p>
+
+<p>Il y avait une fois, dans un pays lointain, une reine qui s'appelait la
+reine Napir Asou. Elle avait épousé le roi Ountach Gal, qui était un
+fort bel homme et très galant.</p>
+
+<p class="lef"><img alt="" src="images/008d.png"><br>
+<b>Koudourou, ou titre de propriété, <br>
+ portant le «sirou» symbolique, ou<br>
+&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; serpent sacré.</b></p>
+
+<p>Le roi Ountach Gal voulut un jour honorer son épouse. Il prescrivit à un
+artiste de choix de faire la statue de la reine et commanda qu'elle fût
+en bronze, adornée du mieux possible, faute de quoi le sculpteur aurait
+la tête tranchée ou serait simplement empalé, suivant ce qu'il aimerait
+le mieux. Si ce n'est vrai, c'est du moins vraisemblable.</p>
+
+<p>Cela se passait, il y a trois mille cinq cents ans, à Suse en Susiane ou
+pays d'Elam, non loin du Tigre et de l'Euphrate, à deux pas du golfe
+Persique. Aujourd'hui, le chah de Perse, ami de la France et de
+Contrexéville, règne sur cette contrée, bénie peut-être, mais, à coup
+sûr, mal habitée. Des nomades y abondent, qui ne reconnaissent d'autre
+puissance que celle d'Allah et se soucient fort peu de celle du chah.</p>
+
+<p>Depuis 1897, nous entretenons en Susiane une mission dite de la
+Délégation en Perse. Le ministère de l'instruction publique lui octroie
+généreusement 130.000 francs par an, et M. de Morgan, précédemment
+directeur général des antiquités de l'Égypte, en est l'admirable chef.
+Elle combat sur le champ de bataille de l'archéologie et fait,
+indistinctement, le coup de pelle, le coup de pioche et le coup de feu.
+Elle s'occupe de doter la France de tout ce qu'elle découvre de propre à
+enrichir le trésor scientifique de l'humanité et ne dédaigne ni la
+flore, ni la faune, à la grande joie de notre Muséum d'histoire
+naturelle. Ses principales trouvailles sont à présent au Louvre. Une
+nouvelle salle--trop petite--proche de celle du Mastaba, leur est
+réservée. MM. Bienvenu-Martin et Dujardin-Beaumetz l'ont inaugurée cette
+semaine. On y remarquera des peintures évocatrices, faites par le
+peintre Bondoux en Susiane. Leurs fraîches couleurs voisinent avec les
+pierres, les poteries et les bronzes vénérables dont le R. P. Scheil a
+déchiffré les inscriptions millénaires. La reine Napir Asou doit
+beaucoup de reconnaissance à cet illustre et modeste érudit.</p>
+
+<p class="rig"><img alt="" src="images/008c.png"><br>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;<b>Vase en bronze (vieux d'environ 7.000 ans).</b></p>
+
+<p>La belle statue dont lui fit présent le roi son époux dormait ensevelie,
+à 20 mètres de profondeur, dans les ruines de l'ancienne acropole de
+Suse. L'an passé, quelques-uns des 800 ouvriers qui ont déblayé 280.000
+mètres cubes de 1897 à 1905, sur les 1.220.000 que représente le tell de
+l'Acropole (il faudra vingt-cinq ans pour en venir à bout) mirent à jour
+l'effigie de Sa Majesté. L'oeuvre d'art était intacte, à la tête près,
+qui manquait. Elle manque toujours. Mais M. Lampre, le dévoué secrétaire
+de la Délégation, espère la trouver, et sa zélée collaboratrice, Mme
+Lampre, qui partage les joies et les peines de la mission, en restant
+modestement vêtue du costume de son sexe, a la même confiance. Cette
+tête, il nous la faut; on l'aura. Elle ne peut être que fort belle, car
+les femmes qui perdent la tête sont ordinairement jolies.</p>
+
+<p class="lef"><img alt="" src="images/008e.png"><br> <b>La salle d'exposition des objets rapportés par la mission<br>
+de Morgan. Au premier plan, la reine Napir Asou.</b></p>
+
+<p>Napir Asou l'était. Le savant M. Van Branteghem s'en est porté garant
+dans <i>Saturday Review</i>. Dirons-nous, d'après lui, que la reine faisait
+fort bien la révérence? Le mouvement de la statue semble l'indiquer.
+Quel malheur que, lors du sac de Suse par quelque roi de Ninive ou
+d'ailleurs, elle ait été décapitée! Heureusement, on respecta sa robe.
+Elle était déjà à la mode actuelle: la jupe est «plissée-soleil». Mais,
+sur ce point, les savants discutent. Une seule chose est certaine:
+l'inscription qui est au bas de la statue. Le R. P. Scheil l'a traduite
+et voilà pourquoi, au pays des ombres, la reine Napir Asou lui est
+reconnaissante. Cette inscription énumère les noms, titres et grâces de
+Sa Majesté. Derrière elle veillent deux lions d'argile émaillé, qui
+virent le feu du four deux mille ans au moins avant Jésus-Christ. Plus
+loin, voici le code d'Hanimourabi, stèle de granit qu'un roi de Suse dut
+prendre en Babylonie à titre de trophée. C'est un monument d'une
+inappréciable valeur et qui nous donne le code civil des Chaldéens vingt
+siècles avant notre ère.</p>
+
+<p>Nous avons eu, par la mission Dieulafoy, la révélation des splendeurs
+des Achéménides. Xerxès et Darius nous sont apparus dans l'éclat de
+leurs palais. Mais, avant eux, d'autres grands rois régnaient entre la
+mer Caspienne et le golfe Persique. La mission Dieulafoy effleura le sol
+où ils ont disparu; la Délégation de Perse, reprenant tout à pied
+d'oeuvre, va jusqu'au tréfonds des ruines, et l'antique Elam sort du
+tombeau. Voici des «koudourous», ou titres de propriété gravés sur
+pierre, qui ont cinq mille ans; voici un vase de bronze, magnifiquement
+ciselé cinquante siècles avant l'ère chrétienne. M. de Morgan et le R.
+P. Scheil savent déjà presque toute l'histoire de la Susiane et de la
+Chaldée depuis le lendemain du préhistorique. Un monde insoupçonné sort,
+grâce à eux, de la nuit du passé.<br>
+
+<span class="rib"><span class="sc">H. de N.</span></span></p><br><br>
+
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/009a.png"><br>
+<b> 1. Un groupe de dentellières.--2. La Muse de
+l'alimentation, marchande<br>de fleurs et de primeurs.--3. Le buffet.</b></p>
+
+<p>Il s'est fondé récemment, sous le haut patronage de Mme la duchesse
+d'Uzès, avec le concours de femmes du monde, une institution fort
+intéressante destinée à encourager en France la très ancienne et très
+artistique industrie de la dentelle à la main, qu'il serait si
+regrettable de laisser péricliter; le but immédiat de cette oeuvre du
+«Travail au foyer» est de procurer aux ouvrières de la «partie»,
+disséminées dans nos campagnes, une besogne à domicile, suffisamment
+rémunératrice.</p>
+
+<p>Un comité, dont le vice-président, M. de Marande, prodigue son zèle de
+la façon la plus active, avait organisé, le 21 juin, au jardin des
+Tuileries, une grande fête au profit de l'oeuvre. Rien ne manquait au
+programme pour en assurer le succès: ni l'agrément du cadre de verdure,
+ni la variété des attractions, ni la précieuse collaboration du soleil.
+Pendant toute une journée, une foule où souriaient toutes les élégances,
+où figuraient les plus beaux noms de l'aristocratie française, se pressa
+sur la terrasse des Feuillants, devant l'exposition des dentelles, les
+groupes de dentellières, les boutiques des vendeuses titrées, et le luxe
+paya un large tribut à la bienfaisance.</p>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/009b.png"><br>
+
+<table cellpadding="2" cellspacing="2" border="0"
+ style="width: 100%; text-align: left;" summary="illustration">
+ <tbody>
+ <tr>
+ <td style="vertical-align: top; width: 25%; text-align: center;">
+<b>M. Arthur Meyer.</b>
+ </td>
+ <td style="vertical-align: top; width: 50%; text-align: center;">
+<b>En cercle autour de la duchesse d'Uzès.</b>
+ </td>
+ <td style="vertical-align: top; width: 25%; text-align: center;">
+<b>Breton et Parisienne.</b>
+ </td>
+ </tr>
+ </tbody>
+</table>
+
+
+<h4>LA FÊTE DE L'ÉLÉGANCE ET DE LA DENTELLE AU JARDIN DES TUILERIES</h4>
+<br>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/010a.png"></p>
+
+<table cellpadding="2" cellspacing="2" border="0"
+ style="width: 100%; text-align: left;" summary="illustration">
+ <tbody>
+ <tr>
+ <td style="vertical-align: top; width: 50%; text-align: center;">
+<b>Intérieur de la forteresse de Saïdia, enlevée au<br>
+prétendant par les troupes du Maghzen.</b>
+ </td>
+ <td style="vertical-align: top; width: 50%; text-align: center;">
+<b>La frontière algéro-marocaine près de Saïdia<br>(au fond, la
+Méditerranée).</b>
+ </td>
+ </tr>
+ </tbody>
+</table>
+
+
+
+<h3>UNE FORTERESSE DU PRÉTENDANT MAROCAIN</h3>
+
+<p>Tandis qu'en Europe, à propos du Maroc, on se chamaille, on négocie à
+coups de conversations diplomatiques et de notes, au Maroc même on
+continue d'échanger des coups de fusil. Le prétendant Moulay M'hamed
+résiste énergiquement aux troupes du Maghzen.</p>
+
+<p>La forteresse de Saïdia, au bord même de la Méditerranée, avec une
+défense naturelle de collines assez peu élevées, mais propres toujours
+aux embuscades, avec une bonne muraille crénelée, était une de ses
+positions principales. Elle vient de tomber aux mains des soldats du
+sultan, qui n'est pas autrement fâché, dans toute cette interminable
+campagne, de trouver quelquefois l'appui des canons français.</p>
+
+
+
+
+
+<h3>LA MORT DE M. DELYANNIS</h3>
+
+<p class="lef"><img alt="" src="images/010b.png"><br><b>
+Sur les marches du palais législatif d'Athènes:<br>
+passants et curieux regardant les taches de sang<br>
+à l'endroit où M. Delyannis fut assassiné.</b></p>
+
+<p>La profonde émotion causée en Grèce par l'assassinat de M. Delyannis,
+président du Conseil, ne s'est pas bornée au monde politique. A la suite
+du tragique événement, ce fut, pendant plusieurs jours, un pèlerinage
+populaire vers le palais législatif au seuil duquel, le 13 juin, le
+vénérable homme d'État avait été mortellement frappé: on voulait voir la
+place même où il était tombé, et il semblait à cette foule expansive
+qu'elle manifestait mieux ainsi sa réprobation contre le meurtrier et sa
+sympathie pour la victime.</p>
+
+<p class="rig"><img alt="" src="images/010d.png"><br>
+&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;<b>M. Clémentel, M. Dybowski et M. le<br>
+&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;maire de Nogent inaugurant<br>
+&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;l'Exposition coloniale.</b></p>
+
+<h4>L'EXPOSITION COLONIALE DE NOGENT</h4>
+
+<p>Le jardin colonial de Nogent, que dirige avec tant de soins
+l'explorateur Jean Dybowski, est en ce moment le théâtre d'une
+Exposition coloniale fort intéressante, variée, et qui attire dans ces
+parages assez lointains, mais fort agréables, un public nombreux.</p>
+
+
+
+<p>Cette Exposition a été inaugurée très brillamment, il y a une huitaine,
+par M. Clémentel, ministre des Colonies. En dehors de son côté sérieux
+(apiculture et botanique coloniales, beaux-arts), elle présente quelques
+attractions pittoresques. Elle a ses nègres, avec leurs pirogues, dans
+de jolis paysages de bambous aux fins feuillages, sa faune exotique,
+dont le clou est un petit éléphant de boîte de jeu, mais bien vivant,
+espiègle, haut d'un mètre à peu près, fantaisiste et tout à fait
+amusant.</p>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/010e.png"><br>
+<table cellpadding="2" cellspacing="2" border="0"
+ style="width: 100%; text-align: left;" summary="illustration">
+ <tbody>
+ <tr>
+ <td style="vertical-align: top; width: 50%; text-align: center;">
+<b>Un éléphant du royaume de Lilliput.</b>
+ </td>
+ <td style="vertical-align: top; width: 50%; text-align: center;">
+<b>Un coin du jardin colonial.</b>
+ </td>
+ </tr>
+ </tbody>
+</table>
+
+<p class="mid"><span class="sc">a l'exposition coloniale de nogent-sur-marne</span></p>
+
+
+
+<p class="lef"><img alt="" src="images/010c.png"><br><b>
+ En gare de Stettin: les bagages du kronprinz
+<br>d'Allemagne partant, après son mariage avec la
+<br>princesse Cécile de Mecklembourg-Schwerin,
+<br>pour le château d'Hubertusstock.</b></p>
+
+<h4>LES BAGAGES DU KRONPRINZ</h4>
+
+<p>Après la célébration de leur mariage, le 6 juin, le prince impérial
+d'Allemagne et la princesse Cécile sont partis pour le château
+d'Hubertusstock, où ils vont passer leur lune de miel. Pour un pareil
+déplacement, les bagages ne furent pas, comme bien on pense, chose de
+minime importance, et ceux du kronprinz, à eux seuls, considérables par
+leur quantité et par leur poids, devaient fournir, à la bascule, ce
+qu'on appelle un joli «excédent». Une photographie nous les montre
+réunis sous le hall de la gare de Stettin: colis de toutes formes et de
+toutes dimensions, y compris un monumental étui à chapeau, timbré d'un
+chiffre couronné; un facteur du chemin de fer, préposé à leur garde,
+partage la consigne avec un chien bull, gravement assis sur une énorme
+malle et prêt à réprimer, de ses crocs redoutables, le moindre attentat
+à la propriété princière. C'est le cas d'appliquer le vieil adage:
+cave canem!</p>
+
+
+
+<h3>NOS TRANSPORTS DE MOBILISATION EN 1870 ET EN 1905</h3>
+
+<p>Si <i>L'Illustration</i>, qui a publié en 1903, dans son numéro du 16 mai, un
+tableau de la mobilisation allemande, s'occupe aujourd'hui de la
+mobilisation française, ce n'est assurément pas avec l'intention de
+laisser entendre à ses lecteurs que cette mobilisation puisse être une
+éventualité proche. Rien ne permet de supposer que nous soyons à la
+veille, ou même à l'avant-veille, d'un conflit armé.</p>
+
+<p>Il importe cependant que le public français ne croie pas que des
+complications, quelles qu'elles fussent, nous surprendraient au
+dépourvu, ou dans un état d'infériorité. Et les deux schémas que nous
+reproduisons ici sont, à cet égard, du plus haut intérêt. Ils montrent,
+de la façon la plus frappante, quels progrès la France a réalisés,
+depuis trente-cinq ans, dans l'organisation essentielle de ses
+transports de mobilisation.</p>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/011a.png"><br><b>LA MOBILISATION TELLE QU'ELLE S'EFFECTUA EN 1870 Une
+ligne à voie double et deux à voie simple partant de Paris pour aboutir
+à la frontière allemande.</b></p>
+
+<p><i>En 1870, aucune voie ferrée de mobilisation ne réunissait directement
+l'intérieur de la France à la frontière d'Allemagne. Toute l'armée du
+Rhin dut passer par Paris, ce qui causa un encombrement énorme. La
+Compagnie de l'Est réussit cependant à transporter 196.000 hommes en dix
+jours par les trois lignes ferrées indiquées ci-dessus. La ligne à voie
+double Paris-Strasbourg supporta 48 trains par jour (24 à l'aller et 24
+au retour); les deux lignes Paris-Thionville et Paris-Mulhouse, à voie
+simple, supportèrent seulement 36 trains quotidiens (18 à l'aller, 18 au
+retour).</i>]</p>
+
+
+<p>Voilà où nous en étions en 1870... Voici où nous en sommes en 1905... Il
+est bon que tous les Français, et aussi tous les Allemands, puissent
+comparer d'un coup d'oeil <i>ceci</i> à <i>cela</i>.</p>
+
+<p>Hâtons-nous d'ajouter que ces schémas ne sont pas empruntés au plan de
+mobilisation de notre état-major général. Aucune divulgation criminelle
+ne les a mis entre nos mains et nous ne compromettons, en les publiant,
+aucun intérêt national. Nous les avons trouvés dans une brochure
+allemande.</p>
+
+<p>C'est une de ces brochures semi-confidentielles que publient, à un petit
+nombre d'exemplaires, les officiers allemands des grandes villes de
+garnison lorsque, en présence de leurs camarades, ils ont fait une
+conférence remarquée, méritant les honneurs de l'impression et de
+l'envoi au grand état-major de Berlin.</p>
+
+<p>Celle-ci, intitulée <i>Der noechste Krieg gegen Frankreich (la Prochaine
+Guerre contre la France)</i>, est l'oeuvre du major saxon von S...</p>
+
+<p>Dans un premier tableau, l'auteur a résumé la façon dont s'effectua le
+transport des troupes françaises en 1870. On voit que trois lignes
+ferrées seulement, dont l'une était à double voie et les deux autres à
+voie simple, servirent à transporter l'armée du Rhin et que, toutes les
+lignes ferrées aboutissant à Paris, toute l'armée française mobilisée
+dut passer par Paris pour se rendre à la frontière. Il en résulta une
+lenteur, une irrégularité et un encombrement indescriptibles.</p>
+
+<p>Il est facile de comprendre qu'une rapide concentration des armées à la
+frontière exige les conditions essentielles suivantes:</p>
+
+<p>1° Chaque corps d'armée doit posséder, pour son transport à la
+frontière, une ligne ferrée indépendante;</p>
+
+<p>2° Le transport sera plus rapide si la ligne est à plusieurs voies, si
+elle est choisie la plus courte possible, mais en même temps la mieux
+appropriée à une circulation intensive des trains, c'est-à-dire si elle
+ne comporte pas de rampes trop fortes pour les grands convois et des
+courbes à trop petit rayon.</p>
+
+<p>En 1905, suivant le second tableau dressé par l'officier allemand, les
+conditions d'un transport de troupes françaises à la frontière de l'est
+sont merveilleusement remplies. Treize lignes à double voie (une de plus
+qu'en Allemagne) amèneraient 13 corps français, directement et dans le
+plus court temps possible, à la frontière. Ces 13 corps, s'ajoutant aux
+3 corps de couverture (6e, 7e et 20e), formeraient quatre armées: sur
+l'Argonne, à la trouée de la Moselle, près de Nancy et sur les Vosges.</p>
+
+<p>Le major von S... calcule ainsi le temps nécessaire à la mobilisation,
+au transport et à la concentration des armées françaises en 1905:</p>
+
+<p>1° Envoi de l'ordre de mobilisation.<span class="rig"> 1er jour.</span></p>
+
+<p>2° Arrivée des réservistes, habillement; réquisitionnement des chevaux
+et voitures, terminés le<span class="rig">5e jour.</span></p>
+
+<p>3º Embarquement des troupes et du matériel de chaque corps d'armée,
+terminé le<span class="rig">8e jour.</span></p>
+
+ <p>4° Transport à la frontière (2 jours), terminé
+le<span class="rig">10e jour.</span></p>
+
+<p>Repos de deux jours, terminé le<span class="rig">12e jour.</span></p>
+
+<p>Concentration, terminée le<span class="rig">13e jour.</span></p>
+
+<p>Marche en avant, le<span class="rig">14e jour.</span></p>
+
+<p>En résumé, près de 700.000 hommes (y compris les troupes de couverture)
+seraient prêts à marcher en avant le 14e jour, contre 200.000 seulement,
+en 1870, dans le même laps de temps.<br>
+
+<span class="rig"><span class="sc">J. Delaporte.</span></span></p><br><br>
+
+
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/011b.png"><br> Dessiné spécialement pour l'Illustration par G. Lepage
+sous la direction de M. Delaporte.<br>
+
+<h4>LA MOBILISATION TELLE QU'ELLE POURRAIT S'EFFECTUER EN 1905</h4>
+
+<p><b>Treize lignes ferrées à double voie, aboutissant pour le 1er corps à
+Longwy, le 2e à Apremont, le 3e à Liart, le 10e à Verdun, le 4e à
+Sainte-Menehould, le 11e à Châlons-sur-Marne, le 9e à Lérouville, le 12e
+à Commercy, le 5e à Pagny-sur-Meuse, le 8e à Toul (encore à voie simple
+entre Clamecy et Avallon), le 13e à Epinal, le 16e à Belfort, le 19e à
+Belfort.</b></p>
+
+<p><i>Le 18e corps peut se rendre jusqu'à Chartres par une ligne indépendante
+à voie double, le 17e jusqu'à Limoges, les 15e et 14e corps jusqu'à
+Bellegarde, mais le retard de ces quatre corps d'armée n'a pas
+d'importance, ces corps étant prévus en réserve provisoire. Ajoutons que
+les 6e, 20e et 7e corps se rendent à pied à leur poste de combat. Enfin
+une 14e ligne à voie double (de Paris à Lérouville par Meaux,
+Château-Thierry, Epernay) servirait exclusivement au transport des
+approvisionnements. Le transport d'un seul corps d'armée exigeant 120
+trains, les treize corps d'armée amenés immédiatement à la frontière
+exigeraient donc (13 x 120) 1.560 trains à l'aller et autant au retour,
+soit une circulation de plus de 3.000 trains (60.000 wagons).
+L'Illustration a donné, dans son numéro du 16 mai 1903, un tableau de la
+mobilisation allemande.</i></p>
+
+<br>
+
+<h3>MOUVEMENT LITTÉRAIRE</h3>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/012.png"><br> <b>La comtesse Mathieu de Noailles, dont le nouveau roman:<br>
+<i>la Domination</i>, vient de paraître.</b>--<i>Phot. Dornac.</i></p>
+
+
+
+<p class="mid"><i>L'Impossible Sincérité,</i> par la baronne Hélène de Zuylen (Calmann-Lévy,
+3 fr. 50).--<i>La Domination</i>, par la comtesse de Noailles (Calmann-Lévy,
+3 fr. 50).--<i>L'Illusion sentimentale</i>, par Paul Flat (Fontemoing, 3 fr.
+50).--<i>La Nièce de M. Jacob Gaspard</i>, par Gaston Rouvier, (Fasquelle, 3
+fr. 50).--<i>La Couronne des jours</i>, par Ernest Raynaud (Mercure de
+France, 3 fr. 50).</p>
+
+<p class="rig">L'Impossible Sincérité.</p><br><br>
+
+<p>Une jeune Anglaise, Béryl, est adorée d'un jeune Hongrois, Gyula Zékéï,
+un compatriote passionné de Pétofi. Elle lui rend tous ses sentiments;
+mais, comme la jeune fille aime avant tout la loyauté, elle arracherait
+son coeur plutôt que d'y laisser quelque amour pour un menteur. On a beau
+lui dire que, dans la passion, les hommes mentent toujours un peu, elle
+croit à la sincérité de Gyula. Celui-ci se rend en Hongrie, pour
+obtenir, dit-il, le consentement de ses parents à son mariage avec
+Béryl.</p>
+
+<p>Cependant la jeune Anglaise a des soupçons. Elle apprend fortuitement
+que le Hongrois est marié et père de deux enfants. Ce qu'il cherche à
+obtenir, c'est le divorce, afin d'épouser Béryl. Mais, comme il l'a
+trompée pour la posséder, elle rompt avec lui et le chasse de sa
+présence, ce qui amène le fiancé à se loger une balle mortelle dans la
+tête. Désespérée, Béryl est conduite elle-même par la fièvre au bord du
+tombeau, puis voyage, mais sans retrouver la tranquillité. A ses yeux se
+présente un de ses cousins, de même race qu'elle, aussi froid en amour
+que le Hongrois était démonstratif. Celui-là ne ment pas, ou ment,
+dit-il, aussi peu que possible. Finira-t-elle par l'épouser? Peut-être.
+A Venise, où l'on coudoie tant d'étrangers, elle aperçoit souvent à la
+même place deux enfants vêtus de deuil auxquels elle demande leur nom.
+Ce sont les enfants de Gyula.</p>
+
+<p>«Aujourd'hui, Béryl savait que, parmi les évocations du passé, ce sont
+les souvenirs navrés qui obsèdent avec le plus tenace parfum», telle est
+la morale du roman que la baronne Hélène de Zuylen a intitulé:
+<i>l'Impossible Sincérité.</i></p>
+
+<p>Ce n'est plus seulement comme romancières que les femmes nous dépassent.
+Avec Mme de Zuylen, elles montrent dans la musique de la phrase, dans la
+disposition des couleurs, dans la recherche précieuse du mot, la science
+la plus raffinée.</p>
+
+<p class="rig">La Domination.</p><br><br>
+
+<p>Où la domination dans le roman de Mme de Noailles? Je vois bien un jeune
+écrivain, Antoine Arnault, possédé de la fureur d'être au premier rang.
+On sent dans ce personnage un petit lettré fort rempli de son moi, mais
+dont l'esprit manque de vigueur et de savoir. Rien ne surpasse en vanité
+cet Antoine Arnault, qui essaye de se faire une place dans les salles à
+manger d'un monde aristocratique et hautain. Evidemment, Mme de Noailles
+a peint ici d'après nature. Successivement, Antoine aime plusieurs
+femmes, entre autres la comtesse Albi, dont le nom flatte ses puériles
+prétentions. Il goûte à plusieurs beautés sans trop s'y attarder et en
+dilettante, jusqu'à ce qu'enfin il épouse bourgeoisement une jeune fille
+pourvue d'une assez belle dot. Ne se met-il pas à adorer la soeur de sa
+femme? Avec une absence totale de scrupule, tous les deux, Antoine et sa
+belle-soeur, installent sous le toit familial leur amour
+semi-incestueux. Mme de Noailles nous a fort bien représenté le petit
+lettré sans vergogne qui aspire à la domination littéraire et féminine
+et qui ne sait pas se dominer lui-même. Avec un art subtil elle nous a
+pareillement indiqué les endroits accessibles de la femme en général, la
+cible qu'elle offre aux flèches d'Éros.</p>
+
+<p>Dans ce roman, Mme de Noailles décrit aussi les lieux qu'avec ses amies
+traverse Antoine Arnault et, surtout, pose devant nous, en une vivante
+évocation, cette superbe veuve qui s'appelle Venise. Il y a là, malgré
+la modernité des types, je ne sais quoi, partout, de sensuellement
+païen, d'un paganisme semi-oriental et décadent.</p>
+
+<p class="rig">L'Illusion sentimentale.</p><br><br>
+
+<p>M. Paul Flat, lui, ne répand la couleur que suffisamment pour qu'on le
+croie capable de la verser à flot, s'il le voulait. Charles Hérial, son
+héros, a rencontré un jeune homme, Lucien d'Entraygues, avec lequel il
+s'est lié d'une vive amitié. Ensemble, ils ont communié dans les mêmes
+maîtres et dans les mêmes idées; ils se sont enivrés de Wagner; ils ont
+pareillement bu ensemble aux sources plus pures peut-être et plus
+harmonieuses, mais moins capiteuses de l'art italien. Les mêmes paysages
+les ont enthousiasmés et, le soir, leur ont apporté les mêmes
+mélancolies. Mais l'apparition d'une jeune fille les troubla dans leur
+amitié. Lucien d'Entraygues aimait cette jeune fille. Charles Hérial,
+lui prêtant tous les charmes de l'esprit et du corps; l'épousa. Il fut
+trompé par l'illusion sentimentale. Après quelques mois de mariage, le
+voile tombant, la réalité apparut. Sa femme n'avait pas toute la finesse
+d'esprit, tout le jugement qu'il lui avait supposés. Aussi, après s'être
+détaché d'elle, retourna-t-il vers l'ami et reprirent-ils les communions
+anciennes. L'oeuvre de M. Flat, serrée, abondante en fines dissections,
+sera goûtée de tous les gens lettrés.</p>
+
+<p class="rig">La Nièce de M. Jacob Gaspard</p><br><br>
+
+<p>C'est un article entier que mériterait le roman de M. Gaston Rouvier...
+Une petite ville suisse en temps d'élections communales, avec ses
+intrigues et ses commérages, nous est représentée. Ne ressemble-t-elle
+pas un peu à un bourg français? M. Jacob Gaspard, usurier émérite, est
+candidat à la présidence ou mairie. Mais l'amour lui trouble l'âme. Il
+veut épouser sa nièce, laquelle est éprise d'un jeune Français et
+n'éprouve que dégoût pour le vieil oncle. Celui-ci est tué dans une
+mêlée ouvrière. Rien de sublime comme l'image de Mathilde, la mère de la
+jeune fille, que tire de sa fange et que transfigure l'amour maternel.</p>
+
+<p class="rig">La Couronne des jours.</p><br><br>
+
+<p>De la prose harmonieuse de Mme de Zuylen et de Noailles, nous allons,
+sans changer d'univers, aux poèmes de M. Ernest Raynaud. Le poète des
+<i>Vitraux</i> a un jour accolé au nom de M. Raynaud l'adjectif <i>grand</i>. Dans
+tous les cas, c'est un artiste riche, habile, que l'auteur des <i>Cornes
+du faune</i>, de la <i>Tour d'ivoire</i> et de la <i>Couronne des jours</i>. Combien
+de pierres précieuses rutilantes et finement serties dans les pages de
+M. Raynaud! Peut-être sa phrase s'accommode-t-elle mieux des sujets
+élevés, des peintures antiques, que des détails de la vie familière.
+Je recommande en particulier aux amateurs d'art, dans le dernier volume
+du poète: <i>la Nouvelle Arcadie.</i><br>
+
+<span class="rig"><span class="sc">E. Ledrain.</span></span></p><br><br>
+
+<h3>M. ERNEST DAUDET</h3>
+
+<p class="lef"><img alt="" src="images/013a.png"><br>
+<b>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;M. Ernest Daudet.</b><br>
+&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;--Phot. Caulin et Berger.</p>
+
+<p>M. Ernest Daudet, frère du célèbre romancier, a, on le sait, conquis
+depuis longtemps sa place parmi nos écrivains les plus distingués. Il a
+publié lui-même des romans qui auraient suffi à lui assurer une
+notoriété personnelle; mais c'est surtout à des études historiques qu'il
+a, pendant vingt-cinq ans, consacré le meilleur de son labeur, fouillant
+les archives avec une patience de bénédictin, y faisant d'importantes
+découvertes documentaires, éclairant d'une vive lumière des points
+curieux demeurés obscurs, puis--et ceci n'est pas le moindre de ses
+mérites--pratiquant l'art difficile de communiquer à ses lecteurs
+l'intérêt passionna que le chercheur a pris à ses investigations et
+jusqu'à l'émotion qu'il a ressentie au contact du passé.</p>
+
+<p>Entre tant de travaux remarquables, il convient de mentionner
+particulièrement <i>l'Histoire de l'émigration</i>, pour laquelle l'Académie
+française vient de décerner à M. Ernest Daudet le grand prix Gobert, la
+plus haute distinction dont elle dispose en faveur des historiens. Avant
+lui, MM. Albert Sorel, Albert Vandal, Thureau-Dangin, Hanotaux,
+académiciens aujourd'hui, avaient obtenu tour à tour ce prix, qui compta
+Augustin Thierry au nombre de ses illustres titulaires; de tels noms en
+disent assez la valeur honorifique.</p>
+
+<h3>L'EXPOSITION COLONIALE DE MARSEILLE</h3>
+
+<h4>POSE DE LA PREMIÈRE PIERRE DU PALAIS DE MADAGASCAR.</h4>
+
+<p class="rig"><img alt="" src="images/013c.png"><br>
+<b>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;A Marseille.--Le général Gallieni scellant la première<br>
+&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;pierre du palais de Madagascar dans l'enceinte<br>
+ &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;de l'Exposition coloniale de 1906.</b><i>--Phot. Brion</i></p>
+
+<p>Le comité d'organisation de l'Exposition nationale coloniale, qui doit
+s'ouvrir à Marseille en avril 1906, a profité de l'arrivée à Marseille
+du général Gallieni pour l'inviter à poser la première pierre du palais
+que la colonie de Madagascar va édifier, selon les plans de M. Jully,
+sur le vaste emplacement qui lui a été réservé sur les terrains de
+l'Exposition. Entouré de M. Charles Roux, commissaire général; de MM.
+Morel, directeur; Giry et Delborbe, directeurs adjoints, et de toutes
+les notabilités présentes au banquet qui lui avait été offert quelques
+instants avant par la Société de géographie de Marseille, le général
+Gallieni a scellé lui-même les premières assises de la très belle
+construction que sera le palais de Madagascar, et la très curieuse
+photographie que nous reproduisons représente le général au moment même
+où, une pelle à la main, il jette le mortier sur les fondations.</p>
+<br>
+
+<h3>DOCUMENTS et INFORMATIONS</h3>
+
+<p class="rig"><span class="sc">Un vaisseau vénérable.</span></p><br><br>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/013b.png"><br>
+<span class="sml"> Avant.&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Arrière.</span><br>
+ <b>Le vaisseau anglais à trois ponts<br>
+<i>Royal-Adélaïde</i> en démolition dans le port de Dunkerque.</b>--<i>Phot.
+Falciny.</i></p>
+
+<p>Depuis quelque temps, on peut voir dans le port de Dunkerque un bâtiment
+plus que centenaire, ayant appartenu à la marine britannique et
+récemment vendu en France pour démolition, par l'Amirauté, qui l'avait
+transformé en ponton-caserne. Cet énorme vaisseau à trois ponts, armé
+jadis de 120 canons, déplace environ 4.500 tonnes; il mesure 80 mètres
+de longueur, 18 m. 25 de largeur et 14 mètres de hauteur au-dessus de
+l'eau; l'avant s'effile gracieusement; l'arrière, d'une structure
+quasi-monumentale, rappelle, avec ses quatre balcons ouvragés, la façade
+d'une maison. Lancé au commencement du siècle dernier, le
+<i>Royal-Adélaïde</i> prit part, en 1805, à la bataille de Trafalgar; c'est
+un des plus beaux spécimens des anciennes constructions navales.</p>
+
+<p class="rig"><span class="sc">Education Spartiate officielle.</span></p><br><br>
+
+<p>L'hygiène, si fort en honneur dans nos sociétés civilisées, serait-elle
+à la veille de subir une réaction, inséparable de tous les engouements,
+et, après le dix-neuvième siècle, qui a proclamé la toute-puissance
+sociale de l'hygiène, le vingtième siècle va-t-il décréter que celle-ci
+ne sert qu'à conserver les faibles et à peupler la terre de malingres,
+au détriment des forts dont ils prennent les places? Il ne semblait pas
+qu'un tel revirement fût à la veille de se produire.</p>
+
+<p>Or, en Prusse, la Chambre des députés vient d'adopter un projet de loi
+portant création d'un office spécial dénommé: <i>Office pour le bien
+public</i>.</p>
+
+<p>Ce titre ne dit pas grand'chose; mais le ministre de l'intérieur a
+déclaré, à ce sujet, qu'il s'agit de ne plus s'occuper seulement
+d'assister les malades, les faibles, les indigents, mais bien de ne pas
+négliger les personnes en bonne santé. «L'avenir de notre pays, a-t-il
+dit, consiste à créer une population forte au point de vue physique,
+apte à endurer les rigueurs de la nature, capable de fournir un travail
+effectif, et non point un peuple amolli et affaibli par l'application
+des mesures d'hygiène.»</p>
+
+<p>Il n'y a pas à s'y tromper: c'est bien la première bombe envoyée dans le
+camp des hygiénistes. C'est bien la proclamation du retour à l'éducation
+Spartiate, c'est-à-dire aux méthodes d'endurcissement qui tuent les
+faibles et ne laissent subsister que les forts. Dans cette voie on peut
+aller très loin, mais dans un sens tout opposé à celui où se sont
+engagées les sciences médicales modernes.</p>
+
+<p class="rig"><span class="sc">Encore le traitement du mal de mer.</span></p><br><br>
+
+<p>Ayant signalé à nos lecteurs la méthode que conseille le docteur M.-A.
+Legrand pour le traitement du mal de mer, nous croyons qu'il sera
+intéressant pour eux de savoir quels résultats a donnés cette méthode
+dans des essais tout récents. Ces essais ont été faits à bord d'un
+cuirassé et d'un aviso-école, par grosse mer, sur douze marins sujets au
+mal de mer, dont deux étaient malades même par beau temps. Ces douze
+marins ont subi l'immobilisation préventive de tout le ventre, depuis le
+pli des cuisses jusqu'au-dessous des mamelons, à l'aide d'une bande de
+forte toile de 5 mètres de long sur 25 centimètres de large. Or, dans
+tous les cas, sauf un seul, le résultat a été fort bon. Voici du reste
+les observations faites:</p>
+
+<p>1. Matelot.--A eu seulement quelques malaises au début, mais a été
+immobilisé tardivement.</p>
+
+<p>2. Matelot.--N'a absolument rien ressenti.</p>
+
+<p>3. Matelot.--Léger état de faiblesse. Sujet très nerveux. N'a rien
+ressenti.</p>
+
+<p>4. Officier.--Se protège toujours de cette façon au moyen d'une très
+large ceinture et s'en trouve toujours très bien.</p>
+
+<p>5. Distributeur.--A pu parfaitement faire son service au poste à l'avant
+et n'a rien ressenti.</p>
+
+<p>6. Elève-mécanicien.--A pu faire son service dans la machine sans rien
+ressentir, sauf un léger mal de tête.</p>
+
+<p>7. Elève-mécanicien.--A fait son service aussi sans rien éprouver.</p>
+
+<p>8. Elève-mécanicien.--Résultat médiocre: le sujet a eu un vomissement.
+Pourtant il y a amélioration évidente.</p>
+
+<p>9. Maître infirmier.--A été légèrement indisposé à l'arrivée au
+mouillage, mais seulement après avoir desserré la bande; est d'habitude
+très malade.</p>
+
+<p>10. Mécanicien.--Légèrement indisposé aussi, mais après avoir desserré
+la bande.</p>
+
+<p>11. Quartier-maître fourrier.--Se porte bien, sauf légère perte
+d'appétit; mais a le mal de mer dès que, peu avant le mouillage, il
+enlève la bande.</p>
+
+<p>12. Le même.--Cette fois, garde la bande jusqu'au bout, et tout le temps
+«se trouve aussi bien qu'à terre», lui qui était invariablement malade.</p>
+
+<p>Aucun de ces sujets n'était entraîné à l'immobilisation du ventre et
+tous étaient des victimes régulières du mal de mer. Grâce à
+l'immobilisation, ils ont tous fait leur service malgré le mauvais temps
+et sans être incommodés.</p>
+
+
+
+<h3>NOTRE SUPPLÉMENT MUSICAL</h3>
+
+<p><i>Pièce Brève (pour piano)</i>, par Gabriel Fauré.--<i>L'Illustration</i> a salué
+la nomination de M. Gabriel Fauré au poste envié de directeur du
+Conservatoire de musique. Nos lecteurs et lectrices pourront apprécier,
+par cette <i>Pièce Brève</i>, que nous publions, combien l'inspiration du
+maître est originale.</p>
+
+<p>Ce qui caractériserait cette oeuvre exquise, ce serait l'imprécision du
+titre et la coloration précise de la pensée musicale. Il semblerait que,
+si <i>Pièce Brève</i> avait été un morceau de piano et chant au lieu d'être
+uniquement pour piano, l'auteur aurait écrit sa musique d'abord, puis
+ses paroles seulement après la musique.</p>
+
+<p>Un chant s'élève, à la fois ample et gai, puis les broderies soulignent
+une phrase très musicale et, par une modulation très trouvée, le chant
+initial suit à nouveau son développement. Oserai-je dire que, malgré les
+accords de la fin, <i>Pièce Brève</i> ne finit pas. Il semble qu'il y a là
+une porte ouverte sur l'infini. On rêve, on rêve encore, alors que
+l'inspiration du maître s'est tue. C'est le plus bel éloge que l'on
+puisse faire de cette page de M. Gabriel Fauré.</p>
+
+<p><i>L'Ame des Fleurs</i> (mélodie), par Massenet.--S'il est un compositeur
+dont le talent est souple et divers, c'est bien M. Massenet. Qu'il
+s'agisse, par contre, d'un opéra ou d'une simple mélodie, M. Massenet
+sait imprimer à l'un ou à l'autre sa griffe magistrale; et l'on peut
+dire que <i>l'Ame des Fleurs</i> est «le sonnet sans défaut qui vaut seul un
+long poème», ainsi que le souhaitait Boileau.</p>
+
+<p>Faut-il louer la distinction de la phrase mélodique, la justesse de
+l'expression, le piquant et l'imprévu des sonorités de cette page toute
+parfumée de poésie? Chez M. Massenet, la langue musicale a une éloquence
+telle que, même quand il se sert du piano, on devine un dessin
+orchestral dans ce qu'il a voulu décrire. Ainsi, dans l'envolée lyrique
+de ce passage de <i>l'Ame des Fleurs:</i> «Oh! respectons la relique des
+roses!» on entend un unisson d'instruments à cordes qui charme
+l'oreille. C'est précisément le secret des maîtres d'évoquer tant de
+choses avec les moyens les plus simples, et M. Massenet s'y entend.</p>
+
+<p><i>Poème languide</i>, par A. Scriabine.</p>
+
+<p>A. Scriabine est né à Moscou en 1870. Sa 3e symphonie vient d'être jouée
+à Paris sous la direction du célèbre chef d'orchestre Nikisch, dirigeant
+l'orchestre Colonne. Il est donc d'actualité.</p>
+
+<p>Scriabine est élève de Saponov et Tanief. Entré comme professeur au
+Conservatoire de Moscou, il en sort presque aussitôt pour se consacrer
+exclusivement à la composition. Son bagage musical est déjà assez
+considérable: oeuvres pour piano, sonates, trois symphonies; la
+dernière, le <i>Divin Poème</i>, qui vient d'être exécutée ici, exprime en
+partie les idées philosophiques qui, de tout temps, le préoccupaient.
+Ces idées n'atteindront leur complet développement et leur parfaite
+expression que dans son oeuvre suivante déjà presque terminée.</p>
+
+<p>C'est un musicien curieux, raffiné... pourtant un peu compliqué.</p>
+<br>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/014a.png"><br>
+<b>LE JARDIN DU TROCADÉRO ET LES QUARTIERS NORD-OUEST DE<br>
+PARIS PENDANT LA NUIT DU SOLSTICE D'ÉTÉ (20-21 juin).<br> Photographie
+prise, à 2 heures du matin, de la deuxième plate-forme de la tour
+Eiffel.</b></p>
+<br>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/014c.png"></p>
+
+<table cellpadding="2" cellspacing="2" border="0"
+ style="width: 100%; text-align: left;" summary="illustration">
+ <tbody>
+ <tr>
+ <td style="vertical-align: top; width: 50%; text-align: center;">
+<b>Le gagnant du prix de France et son entraîneur.</b>
+ </td>
+ <td style="vertical-align: top; width: 50%; text-align: center;">
+<b>Le coureur américain Kramer, gagnant du Grand Prix
+cycliste de la Ville de Paris.</b>
+ </td>
+ </tr>
+ </tbody>
+</table>
+
+<h4>LE PRIX DE FRANCE</h4>
+
+<p>Le prix de France est le grand prix des gentlemen-riders: le cavalier
+gagnant ce steeple-chase a désormais son droit d'entrée à vie sur
+l'hippodrome d'Auteuil. L'heureux vainqueur du prix de France de 1905,
+couru à Auteuil dimanche dernier, est un officier, M. Petit. Il montait
+<i>Valmajour</i>, appartenant à M. Arthur Veil-Picard et entraîné par M. J.
+d'Okhuysen. Celui-ci mérite une mention spéciale. C'est bien le type de
+l'entraîneur moderne, tout à fait différent de l'entraîneur anglais
+classique, ancien jockey devenu trop lourd, bon serviteur, presque
+toujours fidèle, des aristocratiques propriétaires d'écuries de courses.
+M. d'Okhuysen, hollandais d'origine, fit ses études au lycée de Nice,
+suivit les cours de l'école d'Alfort, passa par le journalisme sportif,
+s'avisa enfin d'appliquer à l'entraînement ses connaissances
+vétérinaires et son esprit novateur. Il eut d'abord deux chevaux d'ordre
+modeste, dont il fit deux gagnants de modestes épreuves. Il a eu pour la
+première fois cette année des cracks sous sa direction et il a remporté
+successivement le grand prix de Nice avec <i>Brat</i>, le grand prix de
+Bruxelles, le prix du Jockey-Club et le Grand Prix de Paris avec
+<i>Finasseur</i>, à M. Michel Ephrussi. M. Arthur Veil-Picard, possédant
+seulement des chevaux d'obstacles, ne pouvait aspirer qu'au Grand
+Steeple et au prix de France: il a manqué le grand-steeple que
+Frosdorphe n'a pu disputer; mais l'allocation du prix de France a dû
+être pour lui une appréciable compensation.</p>
+
+
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/014b.png"><br><b>La formation de la trombe.&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;La trombe s'abattant sur le lac.</b></p>
+
+<h4>UNE TROMBE SUR LE LAC DE ZUG (SUISSE).</h4>
+
+<p class="mid"><i>Clichés pris je 19 juin, à 4 heures après midi, par M. Léopold
+Woelffling, ex-archiduc d'Autriche.</i></p>
+
+
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/014f.png"><br> <b>Concours de tourisme en montagne: une des quarante-trois
+voitures concurrentes sur la route de Pleintanais.</b></p>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/014d.png"><br> <b>Médaille gravée par Louis Oury, dont un exemplaire sera
+décerné à chaque concurrent classé dans la «Coupe des Pyrénées».</b></p>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/014e.png"><br> <b>LA COUPE DES PYRÉNÉES. Oeuvre en argent du sculpteur
+Ducuing, qui sera offerte au vainqueur de la course organisée par le
+journal <i>la Dépêche</i>, de Toulouse à Toulouse par les Pyrénées: Béziers,
+Perpignan, Foix, Bayonne, Pau, Tarbes (20-27 août 1905).</b></p>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/014g.png"><br> <b>Sur le lac du Bourget: le garage des canots de course
+automobiles.</b></p>
+
+<h3>LA SAISON SPORTIVE A AIX-LES-BAINS</h3>
+<br>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/015small.png"><br><a href="images/015large.png">(Agrandissement)</a></p>
+<br>
+
+<h3><i>NOUVELLES INVENTIONS</i></h3>
+
+<p class="mid">(Tous les articles compris sous cette rubrique sont entièrement
+gratuits.)</p>
+
+<h4>SUPPORT ARTICULÉ POUR BIBERON</h4>
+
+<p>Les mères de famille s'intéresseront assurément à l'utile et commode
+support de biberon décrit dans les lignes qui suivent, en raison des
+avantages réels qu'il est appelé à leur rendre. Comme on peut le voir
+sur la figure ci-jointe, le support articulé soutient le biberon à la
+portée de la bouche de l'enfant et lui permet de téter tout seul quand
+il est dans son berceau; grâce à une disposition ingénieuse, donnant la
+même souplesse qu'un mécanisme à la «cardan», le biberon suit tous les
+mouvements de la tête de l'enfant; la tétine en caoutchouc est toujours
+maintenue au niveau de sa bouche; il la lâche et la reprend à volonté.</p>
+
+<p>Cet appareil très simple et d'un maniement très facile est indispensable
+surtout la nuit; la mère n'est plus obligée de se priver de sommeil pour
+soutenir le biberon du bébé pendant le temps de la tétée; elle n'est
+plus tentée de prendre l'enfant dans son lit pour lui donner à boire.
+Dans la journée, enfin, la mère peut vaquer à ses occupations pendant
+que l'enfant boit. Cet appareil procure, en un mot, la commodité
+cherchée autrefois dans l'usage des biberons à longs tubes, difficiles à
+nettoyer et dangereux en raison de leur manque d'asepsie. Il a été créé
+pour faciliter l'emploi des bouteilles coiffées de tétines à soupapes,
+reconnues seules hygiéniques par les médecins.</p>
+
+<p>Ces avantages très réels du «support articulé pour biberon» le feront
+apprécier de toutes les mères de famille, surtout de celles qui sont
+obligées de gagner leur vie en travaillant chez elles, tout en soignant
+leurs enfants.</p>
+
+<p>L'appareil se place sur tous les berceaux et lits d'enfants. On fixe
+d'abord le support sur le berceau en allongeant les planchettes à la
+largeur du lit; on place ensuite la bouteille en passant le col dans
+l'anneau en métal et l'on relève le caoutchouc dessus pour la maintenir;
+il suffit d'incliner ensuite la bouteille à la hauteur de la bouche du
+bébé et de la fixer par la vis de serrage; la bouteille pourra tourner à
+droite ou à gauche, suivant les mouvements de la tête de l'enfant.</p>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/017.png"><br> <i>Fig. 1.--Support articulé pour biberon.</i></p>
+
+<p>L'appareil se fait en bois, cuivre et cuivre nickelé; les prix
+respectifs étant de 5 francs, 9 francs et 10 fr. 50; joindre 0 fr. 85
+pour le port.</p>
+
+<p><i>S'adresser à M. Jules Mallat, 12, rue Buisson, Saint-Etienne (Loire).</i></p>
+<br>
+
+<p class="mid"><img alt="" src="images/supp1.png"><br>
+
+<p class="mid">Note du transcripteur: Ces suppléments ne nous ont pas été fournis.</p>
+
+
+
+
+
+<br><br><br>
+
+
+
+
+</div>
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+<pre>
+
+
+
+
+
+End of the Project Gutenberg EBook of L'Illustration, No. 3253, 1er Juillet
+1905, by Various
+
+*** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK
+L'ILLUSTRATION, NO. 3253, 1ER JUILLET 1905 ***
+
+***** This file should be named 35406-h.htm or 35406-h.zip *****
+This and all associated files of various formats will be found in:
+ http://www.gutenberg.org/3/5/4/0/35406/
+
+Produced by Jeroen Hellingman and Rénald Lévesque
+
+Updated editions will replace the previous one--the old editions
+will be renamed.
+
+Creating the works from public domain print editions means that no
+one owns a United States copyright in these works, so the Foundation
+(and you!) can copy and distribute it in the United States without
+permission and without paying copyright royalties. Special rules,
+set forth in the General Terms of Use part of this license, apply to
+copying and distributing Project Gutenberg-tm electronic works to
+protect the PROJECT GUTENBERG-tm concept and trademark. Project
+Gutenberg is a registered trademark, and may not be used if you
+charge for the eBooks, unless you receive specific permission. If you
+do not charge anything for copies of this eBook, complying with the
+rules is very easy. You may use this eBook for nearly any purpose
+such as creation of derivative works, reports, performances and
+research. They may be modified and printed and given away--you may do
+practically ANYTHING with public domain eBooks. Redistribution is
+subject to the trademark license, especially commercial
+redistribution.
+
+
+
+*** START: FULL LICENSE ***
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+THE FULL PROJECT GUTENBERG LICENSE
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+Gutenberg"), you agree to comply with all the terms of the Full Project
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+electronic works
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+Gutenberg-tm electronic work and you do not agree to be bound by the
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+agree to be bound by the terms of this agreement. There are a few
+things that you can do with most Project Gutenberg-tm electronic works
+even without complying with the full terms of this agreement. See
+paragraph 1.C below. There are a lot of things you can do with Project
+Gutenberg-tm electronic works if you follow the terms of this agreement
+and help preserve free future access to Project Gutenberg-tm electronic
+works. See paragraph 1.E below.
+
+1.C. The Project Gutenberg Literary Archive Foundation ("the Foundation"
+or PGLAF), owns a compilation copyright in the collection of Project
+Gutenberg-tm electronic works. Nearly all the individual works in the
+collection are in the public domain in the United States. If an
+individual work is in the public domain in the United States and you are
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+are removed. Of course, we hope that you will support the Project
+Gutenberg-tm mission of promoting free access to electronic works by
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+through 1.E.7 or obtain permission for the use of the work and the
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+1.E.9.
+
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+permission of the copyright holder found at the beginning of this work.
+
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+1.E.5. Do not copy, display, perform, distribute or redistribute this
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+1.E.6. You may convert to and distribute this work in any binary,
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+1.E.7. Do not charge a fee for access to, viewing, displaying,
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+ has agreed to donate royalties under this paragraph to the
+ Project Gutenberg Literary Archive Foundation. Royalty payments
+ must be paid within 60 days following each date on which you
+ prepare (or are legally required to prepare) your periodic tax
+ returns. Royalty payments should be clearly marked as such and
+ sent to the Project Gutenberg Literary Archive Foundation at the
+ address specified in Section 4, "Information about donations to
+ the Project Gutenberg Literary Archive Foundation."
+
+- You provide a full refund of any money paid by a user who notifies
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+ License. You must require such a user to return or
+ destroy all copies of the works possessed in a physical medium
+ and discontinue all use of and all access to other copies of
+ Project Gutenberg-tm works.
+
+- You provide, in accordance with paragraph 1.F.3, a full refund of any
+ money paid for a work or a replacement copy, if a defect in the
+ electronic work is discovered and reported to you within 90 days
+ of receipt of the work.
+
+- You comply with all other terms of this agreement for free
+ distribution of Project Gutenberg-tm works.
+
+1.E.9. If you wish to charge a fee or distribute a Project Gutenberg-tm
+electronic work or group of works on different terms than are set
+forth in this agreement, you must obtain permission in writing from
+both the Project Gutenberg Literary Archive Foundation and Michael
+Hart, the owner of the Project Gutenberg-tm trademark. Contact the
+Foundation as set forth in Section 3 below.
+
+1.F.
+
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+the defective work may elect to provide a replacement copy in lieu of a
+refund. If you received the work electronically, the person or entity
+providing it to you may choose to give you a second opportunity to
+receive the work electronically in lieu of a refund. If the second copy
+is also defective, you may demand a refund in writing without further
+opportunities to fix the problem.
+
+1.F.4. Except for the limited right of replacement or refund set forth
+in paragraph 1.F.3, this work is provided to you 'AS-IS' WITH NO OTHER
+WARRANTIES OF ANY KIND, EXPRESS OR IMPLIED, INCLUDING BUT NOT LIMITED TO
+WARRANTIES OF MERCHANTIBILITY OR FITNESS FOR ANY PURPOSE.
+
+1.F.5. Some states do not allow disclaimers of certain implied
+warranties or the exclusion or limitation of certain types of damages.
+If any disclaimer or limitation set forth in this agreement violates the
+law of the state applicable to this agreement, the agreement shall be
+interpreted to make the maximum disclaimer or limitation permitted by
+the applicable state law. The invalidity or unenforceability of any
+provision of this agreement shall not void the remaining provisions.
+
+1.F.6. INDEMNITY - You agree to indemnify and hold the Foundation, the
+trademark owner, any agent or employee of the Foundation, anyone
+providing copies of Project Gutenberg-tm electronic works in accordance
+with this agreement, and any volunteers associated with the production,
+promotion and distribution of Project Gutenberg-tm electronic works,
+harmless from all liability, costs and expenses, including legal fees,
+that arise directly or indirectly from any of the following which you do
+or cause to occur: (a) distribution of this or any Project Gutenberg-tm
+work, (b) alteration, modification, or additions or deletions to any
+Project Gutenberg-tm work, and (c) any Defect you cause.
+
+
+Section 2. Information about the Mission of Project Gutenberg-tm
+
+Project Gutenberg-tm is synonymous with the free distribution of
+electronic works in formats readable by the widest variety of computers
+including obsolete, old, middle-aged and new computers. It exists
+because of the efforts of hundreds of volunteers and donations from
+people in all walks of life.
+
+Volunteers and financial support to provide volunteers with the
+assistance they need, are critical to reaching Project Gutenberg-tm's
+goals and ensuring that the Project Gutenberg-tm collection will
+remain freely available for generations to come. In 2001, the Project
+Gutenberg Literary Archive Foundation was created to provide a secure
+and permanent future for Project Gutenberg-tm and future generations.
+To learn more about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation
+and how your efforts and donations can help, see Sections 3 and 4
+and the Foundation web page at http://www.pglaf.org.
+
+
+Section 3. Information about the Project Gutenberg Literary Archive
+Foundation
+
+The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non profit
+501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the
+state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal
+Revenue Service. The Foundation's EIN or federal tax identification
+number is 64-6221541. Its 501(c)(3) letter is posted at
+http://pglaf.org/fundraising. Contributions to the Project Gutenberg
+Literary Archive Foundation are tax deductible to the full extent
+permitted by U.S. federal laws and your state's laws.
+
+The Foundation's principal office is located at 4557 Melan Dr. S.
+Fairbanks, AK, 99712., but its volunteers and employees are scattered
+throughout numerous locations. Its business office is located at
+809 North 1500 West, Salt Lake City, UT 84116, (801) 596-1887, email
+business@pglaf.org. Email contact links and up to date contact
+information can be found at the Foundation's web site and official
+page at http://pglaf.org
+
+For additional contact information:
+ Dr. Gregory B. Newby
+ Chief Executive and Director
+ gbnewby@pglaf.org
+
+
+Section 4. Information about Donations to the Project Gutenberg
+Literary Archive Foundation
+
+Project Gutenberg-tm depends upon and cannot survive without wide
+spread public support and donations to carry out its mission of
+increasing the number of public domain and licensed works that can be
+freely distributed in machine readable form accessible by the widest
+array of equipment including outdated equipment. Many small donations
+($1 to $5,000) are particularly important to maintaining tax exempt
+status with the IRS.
+
+The Foundation is committed to complying with the laws regulating
+charities and charitable donations in all 50 states of the United
+States. Compliance requirements are not uniform and it takes a
+considerable effort, much paperwork and many fees to meet and keep up
+with these requirements. We do not solicit donations in locations
+where we have not received written confirmation of compliance. To
+SEND DONATIONS or determine the status of compliance for any
+particular state visit http://pglaf.org
+
+While we cannot and do not solicit contributions from states where we
+have not met the solicitation requirements, we know of no prohibition
+against accepting unsolicited donations from donors in such states who
+approach us with offers to donate.
+
+International donations are gratefully accepted, but we cannot make
+any statements concerning tax treatment of donations received from
+outside the United States. U.S. laws alone swamp our small staff.
+
+Please check the Project Gutenberg Web pages for current donation
+methods and addresses. Donations are accepted in a number of other
+ways including checks, online payments and credit card donations.
+To donate, please visit: http://pglaf.org/donate
+
+
+Section 5. General Information About Project Gutenberg-tm electronic
+works.
+
+Professor Michael S. Hart is the originator of the Project Gutenberg-tm
+concept of a library of electronic works that could be freely shared
+with anyone. For thirty years, he produced and distributed Project
+Gutenberg-tm eBooks with only a loose network of volunteer support.
+
+
+Project Gutenberg-tm eBooks are often created from several printed
+editions, all of which are confirmed as Public Domain in the U.S.
+unless a copyright notice is included. Thus, we do not necessarily
+keep eBooks in compliance with any particular paper edition.
+
+
+Most people start at our Web site which has the main PG search facility:
+
+ http://www.gutenberg.org
+
+This Web site includes information about Project Gutenberg-tm,
+including how to make donations to the Project Gutenberg Literary
+Archive Foundation, how to help produce our new eBooks, and how to
+subscribe to our email newsletter to hear about new eBooks.
+
+
+</pre>
+
+</body>
+</html>
+
+
+
+
+
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+++ b/35406-h/images/004b.png
Binary files differ
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Binary files differ
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Binary files differ
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Binary files differ
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Binary files differ
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Binary files differ
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Binary files differ
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Binary files differ
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Binary files differ
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Binary files differ
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Binary files differ
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Binary files differ
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Binary files differ
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Binary files differ
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Binary files differ
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Binary files differ
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Binary files differ
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Binary files differ
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Binary files differ
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Binary files differ
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Binary files differ
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Binary files differ
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Binary files differ
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Binary files differ
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Binary files differ
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Binary files differ
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Binary files differ
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Binary files differ
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Binary files differ
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