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diff --git a/.gitattributes b/.gitattributes new file mode 100644 index 0000000..d7b82bc --- /dev/null +++ b/.gitattributes @@ -0,0 +1,4 @@ +*.txt text eol=lf +*.htm text eol=lf +*.html text eol=lf +*.md text eol=lf diff --git a/LICENSE.txt b/LICENSE.txt new file mode 100644 index 0000000..6312041 --- /dev/null +++ b/LICENSE.txt @@ -0,0 +1,11 @@ +This eBook, including all associated images, markup, improvements, +metadata, and any other content or labor, has been confirmed to be +in the PUBLIC DOMAIN IN THE UNITED STATES. + +Procedures for determining public domain status are described in +the "Copyright How-To" at https://www.gutenberg.org. + +No investigation has been made concerning possible copyrights in +jurisdictions other than the United States. 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You may copy it, give it away or -re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included -with this eBook or online at www.gutenberg.org/license - - -Title: La maniere d'amolir les os, et de faire cuire -toutes sortes de viandes en fort peu de temps, & à peu de frais. - -Author: Denis Papin - -Release Date: October 1, 2016 [EBook #53183] - -Language: French - -Character set encoding: UTF-8 - -*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LA MANIERE D'AMOLIR LES OS *** - - - - -Produced by Claudine Corbasson and the Online Distributed -Proofreading Team at http://www.pgdp.net (This file was -produced from images generously made available by the -Bibliothèque nationale de France (BnF/Gallica) at -http://gallica.bnf.fr) - - - - - - - - - - Au lecteur, - - Cette version numérisée reproduit dans son intégralité la version - originale. Nous avons utilisé une typographie plus moderne que celle - de la version papier en remplaçant les s longs par des s. - - La ponctuation n'a pas été modifiée hormis quelques corrections - mineures. - - L'orthographe a été conservée. Seuls quelques mots ont été modifiés. - La liste des modifications se trouve à la fin du texte. - - - - - LA - MANIERE - D'AMOLIR LES OS, - ET - DE FAIRE CUIRE TOUTES - sortes de viandes en fort peu de - temps, & à peu de frais. - - _Avec une description de la Machine - dont il se faut servir pour cét effet, - ses proprietez & ses usages, confirmez - par plusieurs Experiences._ - - NOUVELLEMENT INVENTÉ. - - _Par Mr PAPIN, Docteur en - Medecine._ - - - A PARIS, - - Chez ESTIENNE MICHALLET, ruë Saint Jacques, - proche la Fontaine Saint Severin, - à l'image Saint Paul. - - M. DC. LXXXII. - - _Avec Aprobation & Permission._ - - - - -[Illustration] - -A - -L'ILLUSTRE SOCIETÉ - -DE LONDRES. - - - _MESSIEVRS_, - -_Le favorable accüeil que vous faites à tous ceux qui suivant les -Statuts & les desseins de vôtre Illustre Societé, travaillent à -augmenter les commoditez de la vie, & à perfectionner la Science -Naturelle, me fait prendre la liberté de vous offrir ces Experiences; -j'avouë qu'il leur manque bien des choses, & qu'elles ne sont -pas dignes de paroistre devant une Compagnie aussi éclairée & aussi -considerable que la vôtre: Mais comme j'ay tâché de vous imiter, & que -je sçay que vous avez assez de bonté pour supporter les defauts de ceux -qui cherchent les moyens de penetrer dans la connoissance de la nature, -j'espere que vous accorderez à ce petit Traité la protection que je -vous demande pour luy, & que vous me ferez, la grace de croire que je -suis avec respect & estime_, - - _MESSIEVRS_, - - Vôtre tres-humble & tres-obeïssant - serviteur. **** - - - - -PREFACE. - - -L'ON a déja veu quelques experiences du Bain Marie fermé à vis, -imprimées dans le livre de l'Illustre Monsieur Boyle des experiences -Physicomechaniques, qui a paru l'an 1680. mais, comme ce livre là est -Latin, & qu'il ne donne ny la description de nôtre Machine, ny la -maniere de s'en servir seurement, j'ay creu qu'il seroit à propos d'en -faire un petit Traité à part pour l'usage des Peres de famille, & des -artisans qui pourront en avoir besoin, & s'en servir avec une utilité -merveilleuse. - -Davantage êtant tres-persuadé que cét écrit tombera entre les mains -de plusieurs personnes qui ne liront jamais l'histoire de la Societe -Royale de Londres, ny l'admirable Traité de Monsieur Boyle, touchant -l'utilité de la Philosophie Experimentale; Je croy avoir trouvé une -occasion tres-favorable pour détromper ceux qui croyent que c'est -perdre son temps que de travailler à faire de nouvelles découvertes, -& que tout est déja trouvé. Pour refuter cette erreur je ne veux -point sortir de mon sujet, & même entre plusieurs Argumens qu'il me -fournit, il me suffira d'en mettre un seul en usage; Je diray donc -simplement que l'art de cuire les viandes est si ancien, que son -usage est si universel & si ordinaire, & que la pluspart des nations -de la terre ont travaillé avec tant de soin, & si long-temps pour y -rafiner, qu'il semble que s'il y en avoit quelqu'un au monde qui pust -être porté au plus haut degré de perfection, ce devroit être celuy-cy. -Cependant on ne pourra nier qu'il ne reçoive à present une augmentation -considerable, puis que par le moyen de la Machine dont il s'agit icy, -la Vache la plus vieille & la plus dure se peut rendre aussi tendre & -d'aussi bon goust que la viande la mieux choisie; je dis de plus que -la chose n'êtoit pas difficile à trouver: car on sçait que les corps -les plus compactes êtant échauffez brûlent plus fort que ceux qui sont -d'une consistence plus rare; que le fer rouge, par exemple, brûle plus -fort que les charbons, il n'y avoit donc pas lieu de douter, que si -on chauffoit de l'eau assez pour la faire boüillir, & que pourtant on -l'empeschât de se rarefier, comme elle fait en boüillant, cette eau -ainsi pressée feroit bien plus d'effet que quand elle a la liberté de -se dilater; Aussi-tôt que cette pensée me fut entrée dans l'esprit, en -faisant pour Mr Boyle des experiences de compression, je crus la chose -si assurée, que je ne la balançay point à en faire des experiences, -cependant, quoy que cela fust si facile, personne que je sçache, n'y -a pensé jusqu'à cette heure; Nôtre Siecle a produit bien des hommes -qui ont fait & font encore tous les jours des choses incomparablement -plus difficiles: mais il paroît clairement qu'une seule personne ne -peut pas tout découvrir; Il faut donc demeurer d'accord qu'on peut -toûjours faire de nouvelles découvertes, & qu'il y a dequoy occuper -les esprits mediocres aussi bien que les plus grands; Tous ceux qui -ont de l'inclination à l'étude de la nature, ne doivent point faire de -difficulté de s'y appliquer, puis qu'ils ont lieu d'esperer que leurs -peines seront recompensées par la gloire de ce plaisir qu'ils auront -d'avoir trouvé quelque chose d'utile au public qui passera jusques à la -posterité. - - - - - TABLE - DES CHAPITRES. - - - Chapitre I. _DEscription de la Machine, avec - les moyens de s'en servir seurement._ page 1. - - Chap. II. _Experiences pour les Cuisiniers._ pag. 23. - - Chap. III. _Experiences pour les voyages de Mer._ pag. 64. - - Chap. IV. _Experiences pour les Confisseurs._ pag. 94. - - Chap. V. _Experiences pour faire des Boissons._ pag. 105. - - Chap. VI. _Experiences pour les Chymistes._ pag. 109. - - Chap. VII. _Experiences pour les Tinturiers._ pag. 137. - - Chap. VIII. _Experiences sur les Corps les plus durs, - comme l'yvoire, l'écaille de tortuë, & l'Ambre,&c._ pag. 148. - - Chap. IX. _Calcul du prix à quoy de bonnes & grandes - Machines pourroient revenir, & du profit qu'elles - pourroient apporter._ pag. 153. - - - - -_Approbation des Docteurs en Medecine._ - - -VEu le Raport de Messieurs Rainssant & Leger qui ont leu & examiné le -Traité _de la maniere d'amolir les Os_, la Faculté consent qu'il soit -imprimé. A Paris ce 6. Juillet 1681. - -LIENARD Doyen de la Faculté de Médecine de Paris. - - -VEu l'Aprobation, permis d'imprimer. Fait ce 8. Juillet 1681. - - DE LA REYNIE. - - - - -[Illustration] - -TRAITÉ TRES-CURIEUX ET UTILE POUR AMOLIR LES OS. - -CHAPITRE PREMIER. - -_DESCRIPTION DE LA MACHINE, AVEC LES MOYENS DE S'EN SERVIR SEUREMENT._ - - - [_Figure premiere._ AA.BB.] - -EST un Cylindre creux fermé par en bas, & ouvert par en haut. - -Est un autre Cylindre creux de mesme grosseur, mais plus court que -le precedent, & il luy sert de couvercle en appliquant leurs deux -ouvertures l'une sur l'autre, comme on void dans la figure. - - [CC.] - -Sont deux Appendices qui tiennent au Cylindre AA, comme les tourillons -à un canon. - - [DDDD.] - -Sont des pieces de fer, qui embrassent d'un côté les Appendices CC, & -de l'autre les barres de fer EE. - - [EE.] - -Est une barre de fer qui entre dans les pieces DD, & qui se peut ôter & -remettre facilement, quand on veut ouvrir & fermer la Machine. - - [FFFF.] - -Sont deux vis qui tournans dans des écrous de la barre EE servent à -presser les Cylindres AABB, l'un contre l'autre. - - [_Fig. 2._ GG.] - -ESt un autre Cylindre creux de verre ou autre matiere, dans quoy l'on -met les choses à cuire, & l'ayant bouché avec un couvercle juste -& affermy dans un chassis par le moyen d'une vis comme la figure -represente, on l'enferme dans les Cylindres AABB, qui doivent être -pleins d'eau - -Pour se servir bien commodément de cette Machine, elle doit être -posée sur un fourneau fait exprés, & elle y doit enfoncer jusques aux -appendix CC, le feu êtant en suitte allumé dessous & les vis FF bien -serrées, vous ferez cuire vos viandes si long-temps qu'il vous plaira, -sans crainte qu'elles diminuent, ou que les esprits s'exhalent. - -Il faut remarquer, que je donne la Figure longue & êtroite à cette -Machine, afin qu'il ne soit pas besoin d'une si grande force pour la -tenir fermée, car on sçait que plus une couverture est large, plus il -faut de force pour empêcher que la pression du dedans ne souleve le -couvercle. - -Il faut remarquer aussi que je donne de la profondeur au couvercle -BB afin qu'êtant remply d'eau, il conserve toûjours de l'humidité à -un cercle de papier percé au milieu, dont on doit garnir la jonction -des Cylindres marquée II; car les deux Cylindres ne sçauroient s'uzer -assez exactement l'un sur l'autre pour empescher des liqueurs pressées -de s'échapper si on ne met du papier entre les deux Cylindres, & le -papier aussi quand il est sec ne ferme pas exactement l'un sur l'autre; -Cependant la profondeur du couvercle BB doit être fort petite, afin -que la Machine enfonçant presques dans le fourneau en puisse mieux -recevoir & conserver la chaleur. - -Cette Machine est sans doute fort simple, & peu sujette à se gâter: -Mais elle est incommode en ce qu'on ne regarde pas dedans si aysément -que dans le pot ordinaire, & comme elle fait plus ou moins d'effet -selon que l'eau qui y est se trouve plus ou moins pressée, & aussi -selon que la chaleur est plus ou moins grande, il pourroit arriver -quelquesfois que vous tireriez vos viandes avant qu'elles fussent -cuites, & d'autres fois que vous les laisserez brûler, ainsi il a fallu -chercher des moyens pour connoistre, & la quantité de pression qui est -dans la Machine, & le degré de chaleur. - - -_POVR CONNOISTRE LA QUANTITÉ DE PRESSION._ - -IL n'y a qu'à faire un petit tuyau ouvert des deux bouts comme HH, -& l'ayant soudé sur un trou fait au couvercle BB, il faut appliquer -sur l'ouverture d'en haut de ce tuyau une petite soupape P, bien -exacte, & garnie de papier, & en suite avoir la verge de fer LM dont -un bout entre dans la piece de fer LZ qui est attachée à la barre EE, -& s'appuyant en suitte sur le milieu de la soupape P empesche qu'elle -ne soit soulevée par la pression interieure, & elle l'empesche plus ou -moins selon que le poids N est plus ou moins avancé vers l'extremité -M, comme dans les Romaines ordinaires. - -Crainte que la soupape P. ne demeurât à sec si-tost qu'il se seroit -perdu un peu d'eau. Je prend un petit tuyau OO garny de chanvre, & je -l'enfonce dans le tuyau HH, en sorte qu'une de ses extremitez entre -assez avant dans l'eau dont la Machine est remplie. Ainsi il arrive -que si elle se vuide un peu, la pression interieure pousse pourtant -toûjours de l'eau contre la soupape P, par ledit tuyau OO, ce qui la -rend plus exacte, & aide aussi à connoistre incontinent quand elle -laisse échapper quelque chose. - -Le tuyau HH doit avoir peu de Diametre, afin qu'il ne soit pas besoin -d'un fort grand poids pour le tenir fermé dans la Machine ou Bain -Marie, dont je me suis le plus servy; ce tuyau a prés de 2/5 de pouce -de Diametre, si bien que son ouverture est à une ouverture d'un -pouce de Diametre comme 4. & 25. êtant donc environ six fois plus -petite, elle se peut fermer avec six fois moins de poids: Or selon -les experiences de Monsieur Boyle, dans la premiere continuation -des experiences Physicomechaniques, la pression ordinaire de l'air -contre un trou d'un pouce de Diametre est d'environ 12. livres, & par -consequent il est d'environ 2. livres contre l'ouverture de mon petit -tuyau; la verge LM dans la mesme Machine est de douze pouces de long, -& la distance depuis LL jusques à la soupape est d'un pouce; De sorte -qu'ayant un poids d'une livre à l'extremité M il fait autant d'effet -sur la soupape comme un poids de douze livres qui seroit directement -dessus; & ainsi il ne peut être soulevé si la pression dans le Bain -Marie n'est six fois plus forte que la pression ordinaire de l'air. -Ainsi quand un poids d'une livre est à l'extremité M, & que la soupape -P laisse échapper quelque chose; Je conclus que la pression dans le -Bain Marie est environ huit fois plus forte que la pression ordinaire -de l'air, puis qu'elle peut soulever, non seulement le poids qui -resiste à six pressions, mais aussi la verge LM que j'ay éprouvé qui -resiste à deux; & ainsi en augmentant ou diminuant le poids ou en le -changeant de place, je connois toûjours à peu prés combien la pression -est forte dans la Machine. - -Ce mesme tuyau HH sert aussi à remplir le Bain Marie aprés que les vis -FF sont serrées & en suite j'y fais entrer le tuyau OO, qui le remplit -juste pour la raison que j'ay dite cy-dessus. - - -_POVR CONNOISTRE LE DEGRÉ DE CHALEUR._ - -J'Aurois fort souhaité pouvoir faire une sorte de Thermometre marqué -comme il faut pour faire connoistre precisément de combien la chaleur -s'augmente ou se diminuë, & je croy que par ce moyen en comparant les -degrez de chaleur avec la quantité de l'effet qu'ils produiroient, on -pourroit découvrir diverses choses sur la nature, & de la chaleur, -& des choses surquoy elle agiroit, mais manquant de loisir & des -commoditez necessaires pour ce dessein, je me suis au lieu de cela -servi d'un moyen fort simple, & pourtant assez exact pour les usages -dont je parle dans ce Traité; Je suspens proche de la Machine un poids -à un fil d'environ trois pieds de long, afin que chaque vibration ou -mouvement se fasse dans le temps d'une seconde ou environ; je mets -ce pendule en mouvement, & je laisse tomber une goutte d'eau sur le -couvercle de la Machine, afin d'observer en combien de temps cette -goutte d'eau s'évaporera: car je suis assuré que plus la Machine est -chaude, & moins le poids suspendu fait de tours & retours avant que la -goutte soit évaporée, il faut pourtant prendre garde, que le lieu où -l'on met la goutte d'eau soit toûjours bien net, parce que un peu de -graisse est capable d'empescher considerablement l'operation. - -Ayant ainsi moyen de mesurer les differends degrez de chaleur & de -pression qui sont dans la Machine, il est bien aisé de se regler pour -ne faire que l'effet qu'on veut, pourveu qu'on ait une fois éprouvé -avec quelle force la Machine agit: car on n'aura qu'à prendre environ -la quantité de charbon, que l'experience aura fait connoistre la -plus propre; la mettre dans le fourneau sous le Bain Marie; laisser -les portes & les registres du fourneau ouverts, jusques à ce que la -chaleur soit parvenuë au point que vous voulez. En suite vous n'aurez -qu'à fermer les portes & les registres pour étouffer le feu, & laisser -refroidir les vaisseaux, il faut aussi avoir chargé la verge de fer -LM autant qu'il est necessaire pour faire la pression qu'on veut, & -on sera asseuré, qu'en gardant ainsi toûjours la mesme regle, l'effet -se trouvera toûjours à peu prés pareil; du moins puis-je asseurer que -j'ay manqué fort souvent tandis que j'agissois au hazard, mais depuis -que j'ay ainsi trouvé moyen de me regler, j'ay toûjours fait mes -operations fort bonnes, à moins de quelque malheur; Il faut pourtant -remarquer, que si on ne mettoit dans la marmitte GG que peu de viande -en comparaison de ce qu'elle peut contenir, elle ne pourroit y faire -autant de pression qu'il y en auroit dans le Bain Marie, (en effet) -j'ay quelquesfois veu des marmittes cassées par l'eau du bain marie qui -les environnoit, & qui les pressoit plus fort qu'elles ne pouvoient -soûtenir, & ainsi le poids qui seroit sur la verge LM ne nous pourroit -faire connoistre la pression qui seroit dans la marmitte, il vaudra -donc toûjours mieux mettre un peu trop que pas assez de viande; ou bien -si on veut faire tout exactement & ne rien perdre, il faut suivre les -directions que je donne au Chap. 2. Exper. 12. - -Comme il seroit difficile de se servir sur la mer de l'invention que -j'ay décrite pour connoistre le degré de pression, à cause que le -branle du vaisseau feroit remuer les poids & ouvriroit la soupape P, il -faut au lieu de cela laisser vôtre bain marie assez vuide, afin que la -chaleur que vous avez dessein de donner fasse tout juste la pression -que vous voulez. Par exemple, si vous voulez faire dix pressions, & -que la chaleur soit assez grande pour faire évaporer la goutte d'eau -en cinq secondes, il faudra ne mettre dans le bain marie que 7/8 de -l'eau qu'il peut contenir, & prendre garde de ne pousser la chaleur que -jusqu'où je viens de dire, & vous serez asseuré, qu'il n'y aura eu dans -le bain marie qu'environ dix pressions, comme vous pouvez voir Chap. 2. -Exper. 16. On pourra par ce moyen se passer de la verge de fer, & des -points, & serrer simplement la petite soupape P avec une vis, ce qui -sera facile en faisant faire le petit tuyau HH de fonte avec de petits -appendices, comme le Cylindre AR. seulement, il ne sera pas necessaire -de faire icy les choses fortes à cause de la petitesse de l'ouverture. - -Il ne sera pas besoin de sçavoir precisément toutes les differentes -quantitez d'eau qui seront necessaires pour faire tous les differens -degrez de pression, avec tous les differens degrez de chaleur, mais -il suffira pour l'usage ordinaire d'avoir toûjours une mesme quantité -d'eau dans le bain marie, & trouver par experience quel degré de -chaleur est necessaire pour chaque operation, avec cette quantité d'eau. - -J'aurois souhaitté de pouvoir faire les choses aussi bien comme elles -sont icy décrites: j'aurois ainsi pû déterminer la quantité de charbon -ou de bois qu'il faut employer pour chaque operation, mais dans -l'incertitude de mes affaires je n'ay point voulu bâtir de fourneaux, & -je me suis toûjours contenté d'appuyer mes machines contre un coin de -la cheminée, & de mettre le feu dans ce mesme coin entre la cheminée & -la Machine. - -Il y a donc bien de l'apparence que la chaleur n'est pas si bien -ménagée comme elle le pourra estre dans un bon fourneau, & cependant -je ne laisseray pas de donner icy le recit de diverses choses que -j'ay déja faites avec cette Machine, parce que cela pourra toûjours -beaucoup aider à trouver bien-tost la quantité de feu propre pour les -autres Machines que l'on fera; & je croy aussi que la proportion d'une -operation à l'autre se trouvera la mesme; J'ay trouvé par exemple qu'il -falloit 2/7 moins de charbon pour cuire le mouton que pour cuire le -bœuf; ainsi quand on aura trouvé par experience, la quantité de -charbon necessaire pour cuire le bœuf dans une Machine, on n'aura -qu'à prendre 2/7 moins de charbon pour cuire du mouton dans la mesme -machine, & ainsi des autres operations. - -Mais avant que de commencer le recit des Experiences, je croy qu'il -ne sera pas mal à propos de dire encore icy, qu'aprés avoir fait le -premier bain Marie fermé à vis, je voulus en faire un autre fermé -sans vis par le moyen d'une grande soupape ovalle qui s'applique en -dedans, qui peut pourtant s'ôter tout à fait à cause de sa figure, -ovalle comme il a esté dit pour le fusil à vent dans la 2. continuation -des experiences Physico-mechaniques de monsieur Boyle publié cette -année 1680. Ce bain Marie a six pouces de diametre, & 18. pouces de -haut, de sorte qu'on peut y faire entrer une marmitte de 4. pouces de -diametre, & 14. de hauteur, qui tient neuf ou dix livres de viande, -mais la grande soupape ayant esté fonduë trop foible pour bien garder -sa figure, le papier ne suffit pas pour la rendre juste, & il faut -toûjours y mettre du cuir, mais comme le cuir se cuit dans l'eau si -chaude, il arrive qu'êtant reduit en boüillie la pression du dedans -le chasse, & ainsi l'eau s'échappe; Il m'est pourtant arrivé quelques -fois, que quand le cuir étoit bon & bien fort, j'ay cuit les plus gros -os d'une jambe de bœuf sans brûler la viande, mais d'autres fois -aussi il m'est arrivé que le cuir manquant trop tost, la viande se -brûloit sans que les os se puissent cuire, cela fait que je me sers -rarement de cette Machine, cependant si on la faisoit avec une soupape -assez bonne pour la pouvoir garnir de papier, cette derniere maniere -vaudroit peut-être bien l'autre; la raison est que les ressorts du fer -se lassent, & ainsi on est assujetty à resserrer les vis de temps en -temps, mais dans cette derniere Machine, on seroit asseuré que plus -la pression seroit forte au dedans, tant plus fort la soupape seroit -fermée, neanmoins jusques à ce que les ouvriers soient mieux instruits -à faire de ces sortes de soupapes, je conseilleray toûjours plûtost de -fermer le Bain Marie à vis. - -Je croy que cecy suffit pour la description de la Machine, & la maniere -de s'en servir, je vais donner à present les experiences qui en feront -connoître divers usages & proprietez. Mais parce que quelques-unes des -Experiences donnoient lieu à des observations de Physique, j'ay creu -ne faire pas mal de les y joindre, quoy qu'elles n'ayent peut être pas -autant de rapport qu'on pourroit le soûhaitter avec le sujet dont il -s'agit: mais j'ay pris le soin de les distinguer par des caracteres -differends, afin que ceux qui ne s'en soucient pas puissent sauter par -dessus. - - - - -CHAPITRE II. - -_EXPERIENCES POVR LES CUISINIERS._ - - -EXPERIENCE PREMIERE. - -LE second Juin ayant remply ma marmitte d'une poitrine de mouton & pesé -huit onces de charbon j'allumay le feu; la chaleur parvint jusques à -faire exhaller en 3. secondes de temps, la goutte d'eau que je mettois -sur le couvercle, & la pression en dedans êtoit environ 9. fois plus -forte que la pression ordinaire de l'air: Je laissay éteindre le feu de -luy mesme, & les vaisseaux estans froidis je trouvay que le charbon -qui restoit pesoit environ 1/2 once; si bien qu'il n'y avoit eu en tout -que 6-1/2 onces de charbon consumées. Cependant la viande êtant tirée -se trouva avoir du goût d'empyreume, & le suc ne fit pas une gelée si -forte de beaucoup que quand la viande n'est pas trop cuite. - - -EXPERIENCE II. - -LE quatriéme Juin je reïteray la mesme Experience, & je ne pris que -6-1/2 onces de charbon, mais je poussay la chaleur en soufflant; En -sorte qu'une goutte d'eau s'exhalloit en moins de deux secondes, & -il ne resta pas tout à fait une demie once de charbon qui ne fust -consumée; la pression êtoit un peu plus grande, que dans l'experience -precedente; Je laissé encore êteindre le feu de luy-mesme, comme -l'autre fois; cependant quoy que la quantité de charbon eût cette fois -esté moindre la viande se trouva plus brûlée que l'autre à cause, comme -je croy, que le feu avoit esté poussé tout vivement. - - -_EXERCICE III._ - -LE sixiéme Juin, je reïteray la mesme Experience, & je ne mis que cinq -onces de charbon, & je ne poussay le feu que jusques à faire exhaler -la goutte d'eau en quatre secondes, la pression interieure comme -auparavant, & alors le mouton se trouva fort bien cuit & les os mols, -& le suc vint en une forte gelée. De sorte que depuis ce temps-là -ayant eu diverses fois du mouton à faire cuire, j'ay toûjours gardé -cette mesme regle, & je n'ay jamais manqué à avoir mon mouton dans -ce mesme êtat que je croy être le meilleur, parce que si la cuisson -êtoit moindre, les os ne seroient pas bons, & si la cuisson êtoit plus -grande, la gelée estant moins forte, seroit aussi moins nourrissante; -Je ne pretends pourtant pas dire, que la perfection en cette rencontre -n'ait point d'étenduë, & je croy qu'on pourroit cuire le mouton -considerablement davantage sans que pour cela il fût gâté, mais j'aime -toûjours mieux manquer dans le deffaut, que dans l'excez parce que si -on le fait trop cuire, il n'y a plus de remede; au lieu que si quelque -morceau d'os se trouve n'être pas assez cuit, il est facile de le -remettre avec une autre potée! - - -_EXPERIENCE IV._ - -LE deuxiéme Juin je fis l'experience avec de la poitrine de bœuf, & -je pris 7. onces de charbon; je poussay le feu jusques à faire exhaler -la goute d'eau en trois secondes, & la pression du dedans êtoit environ -neuf fois plus forte que la pression ordinaire de l'air, le charbon qui -resta sans être consumé pezoit environ 3/4 d'onces, & le bœuf se -trouva fort bien cuit, il y avoit pourtant quelques endroits des os qui -n'êtoient pas tout à fait bien cuits, je ne conseillerois pourtant pas -de donner plus de feu que cela au bœuf, parce qu'il est toûjours -bien aisé de recuire les os, j'ay mesme bien des fois mieux aimé ne -faire cuire la viande qu'autant qu'il est necessaire pour la separer -facilement des os, parce qu'en suite on peut faire cuire les os à part -sans aucun danger, comme on le pourra voir par les experiences qui -suivent. - - -_EXPERIENCE V._ - -LE douziéme Juin je mis cuire du bœuf & du mouton ensemble, & je n'y -employay que 3. onces de charbon, je poussay le feu assez vivement, -& pourtant je ne pus faire que trois pressions au plus dans le bain -Marie, & la chaleur ne parvint qu'à faire exhaler la goutte d'eau -en 90. secondes; les vaisseaux etans presque refroidis, je trouvay -le mouton assez cuit au gré de bien des gens, mais pour le bœuf -asseurement tout le monde l'auroit trouvé trop dur; le suc qui en -sortit ne tourna point en gelée, quoy que je n'y eusse point mêlé d'eau. - -Je croy que le peu de pression & de chaleur en ce rencontre ne vint pas -tant de manque de charbon que de ce que le bain Marie n'estoit pas bien -ajusté, car j'ay remarqué depuis que _tant plus il est fermé, & tant -plus il requiert de chaleur, avec mesme quantité de charbon_. - -Le 13. Juin je reïteray la mesme experience, & je mis dans la marmitte -une partie de viande cruë, & une partie de viande cuite, le jour -precedent je ne pris que 4. onces de charbon, & ayant poussé le feu le -plus vivement qu'il me fût possible, je ne pus faire la pression dans -le bain Marie qu'environ cinq fois plus forte que la pression ordinaire -de l'air; la chaleur aussi ne parvint qu'à faire exhaler la goute d'eau -en 40. secondes, le charbon qui resta sans être consumé ne pesoit -que 2. drachmes, & la viande se trouva parfaitement cuitte & tendre, -mais tous les os n'êtoient en aucune façon amollis, quoy que ceux qui -avoient déja esté cuits le jour precedent eussent esté exposez au feu -de 7. onces de charbon, 3. le premier jour, & quatre le second jour. - -Le 15. Juin je reïteray la mesme experience, en mettant dans la marmite -une partie de la viande qui avoit déja esté cuitte deux fois, & -aussi de la viande cruë, j'y employay 5. onces de charbon, mais je -poussay le feu si lentement que la chaleur ne fut point assez grande -pour faire exhaler la goutte d'eau en moins de deux minutes ou 120. -secondes; aprés que le feu fût êteint, je trouvay que ma viande estoit -bien cuite, & que celle qui avoit esté exposée au feu de 12. onces de -charbon êtoit encore fort bonne sans empyreume, & les os point amollis; -ainsi je trouvay qu'il estoit bien facile de cuire la viande sans les -os, puis qu'on pouvoit la laisser au feu trois fois aussi long-temps -qu'il estoit necessaire, sans que pourtant elle commmençast à se -brûler. - - -_EXPERIENCE VI._ - -JE fis en suite la mesme experience sur les os, & le 16. Juin je pris -les os de cette viande qui avoit ainsi esté cuitte trois fois plus -long-temps qu'il n'estoit necessaire, & les ayans mis dans une marmitte -de verre avec de la graisse de mouton cuitte, & toute pure, je les -enfermay dans le bain Marie; & ayant poussé la chaleur jusqu'à faire -exhaler la goute d'eau en 4. secondes, & la pression neuf fois plus -forte que la pression ordinaire de l'air, j'esteignis bien-tost le feu, -& les os se trouverent cuits. - -Je remis une seconde fois ces mesmes os dans la mesme marmitte de verre -avec la mesme graisse, & j'y ajoûtay un nouveau morceau d'os, qui -n'avoit jamais esté cuit, & y ayant donné le feu comme auparavant, je -trouvay que le nouveau morceau d'os estoit bien cuit, & le reste point -gâté. - -Le 17. Juin je remis encore les mesmes os, dans la mesme marmitte avec -la mesme graisse, & encore un autre morceau d'os qui n'avoit point esté -cuit; & ayant donné le feu comme auparavant, je trouvay encore mon -nouveau morceau d'os fort bien cuit, & le reste point gâté. - -Je reïteray encore la mesme experience avec les mesmes os & la mesme -graisse, mais cette derniere fois je donnay le feu, & plus fort & plus -long temps; & il arriva que les premiers os étoient presques tout en -poussiere, & sentoient le brûlé; qui ne paroissoit pourtant pas si -desagreable que celuy de la viande l'est d'ordinaire: pour ce qui -est de la graisse, elle n'avoit pas un fort bon goust, elle estoit -seulement plus molle que d'autre graisse qui n'avoit esté cuite qu'une -fois; je ne sçay pas si à force de la faire cuire on pourroit luy faire -changer de nature: mais ie croy qu'il y faudroit plus de temps que ie -n'y en pouvois donner. - -Les trois premieres cuissons rapportées dans cette experience me firent -voir que les os aussi bien que la viande se peuvent cuire trois fois -aussi long-temps qu'il est necessaire sans danger de se brûler, & ainsi -il est clair qu'en les faisant ainsi cuire separément les personnes les -moins capables d'exactitude pourront en venir à bout. - - -_PROPRIETEZ._ - -IE ne veux pas passer plus loin sans faire remarquer, que dans la 5. -experience des os qui avoient esté exposez au feu de 12. onces de -charbon ne paroissoient point amollis, quoy que 5. onces de charbon -puissent suffire pour cét effet; cela fait voir que ce ne seroit rien -de peser le charbon à moins de prendre garde en mesme temps de quelle -maniere on pousse le feu: car on seroit toûjours en danger d'avoir la -viande ou trop, ou pas assez cuite, & on peut compter cecy pour une -proprieté de cette Machine, que _plus on donne le feu à coup, plus il -fait d'effet, avec la mesme quantité de charbon_. - -Cette experience me donna envie d'en faire voir un autre, afin de -faire voir manifestement que la pression interne avance beaucoup en -cuisson. Je pris donc deux petits vaisseaux tout à fait pareils bien -fermez à vis; mais dont l'un estoit exactement soudé par tout, & -l'autre avoit un petit trou au couvercle pour laisser échapper les -vapeurs; les ayant tous deux mis ensemble sur un mesme Bain de sable, -apres les avoir remplis de viande & d'eau de la mesme maniere, Je les -laissay à mesme chaleur pendant trois quarts d'heure, & les ayant ôtez -tous deux ensemble, je trouvay que la viande qui avoit esté exactement -fermée estoit plûtôt trop, que pas assez cuite, au lieu que l'autre -êtoit de beaucoup trop cruë; On peut donc encore compter cecy par une -des proprietez de cette Machine, que, _plus la pression interieure est -grande, & plus les choses s'y cuisent, dans le même temps & avec la -même chaleur_. - - -_EXPERIENCE VII._ - -AYant trouvé de la difference entre la chair de bœuf & celle de -mouton, l'une êtant plus facile à cuire que l'autre; Je voulus voir -s'il y en auroit aussi entre les chairs de mesme espece, mais de -differends âges; Pour ce dessein le 4. de Juillet ie pris de l'agneau, -& en mis dans deux verres, dans l'un desquels ie mis de l'eau, & comme -il ne m'avoit fallu que 5. onces de charbon pour cuire le mouton, ie -n'en pris que quatre 1/2 pour l'agneau, croyant qu'il devoit être plus -tendre, ie poussay le feu le plus vivement que ie pus, & ie ne pus -faire que la goute d'eau s'évaporast en moins de 11. ou douze secondes, -la pression interieure êtoit huit fois plus forte que la pression -ordinaire de l'air; J'attribuë ce peu de chaleur en partie à ce que -mon charbon avoit esté déia la plûpart allumé & êteint, le feu s'êtant -êteint peu à peu; Je trouvay qu'il ne restoit qu'une drachme de charbon -qui n'eust pas esté consumée dans le verre sans eau les os n'estoient -point amollis, sinon quelque petites extremitez: mais dans le verre -avec de l'eau ils êtoient tout à fait mols, aussi il s'en falloit -beaucoup que la viande n'y fust d'un goût si relevé que dans l'autre -verre. - -Cette experience me fit iuger 1º. Qu'il ne faudroit gueres moins de feu -pour les os des animaux jeunes, que pour les vieux. 2º. Que l'eau est -un dissolvant propre pour ramolir les os, mais qu'elle oste du goût. - - -EXPERIENCE VIII. - -_Proprieté._ - -AFin de iuger à peu prés de la difference de cuisson qui arrive quand -on laisse êteindre le feu peu à peu, ou quand on l'ôte tout, si tost -que la chaleur est parvenuë au point où on la veut. - -Le 5. Juillet i'emplis encore mes deux marmittes de verre avec de -l'agneau comme auparavant, & ayant mis bien du charbon, ie poussay la -chaleur iusques à faire exhaler la goute d'eau en trois secondes, & -incontinent j'ostay tout le feu; je trouvay que les os dans la marmitte -sans eau estoient un peu plus cuits que dans l'experience precedente. -& dans la marmitte avec de l'eau, ils estoient tout à fait mols, & la -chair point brûlée; ainsi je trouve que _c'est à peu prés la mesme -chose de pousser le feu de 4-1/2 onces de charbon jusques à faire -exhaler la goutte d'eau en 10 secondes, & en suitte laisser éteindre le -feu peu à peu; ou bien de pousser le feu de 6. ou 7. onces de charbon -jusques à faire exhaler la goutte d'eau en 3. secondes, & en suite -oster le feu tout à coup_; Il n'y auroit donc qu'à observer cette -mesme proportion dans les autres generations; Par exemple, si j'avois -à faire une operation à quoy il fallut une quantité de charbon -qui fit exhaler la goutte d'eau en 20. _secondes_, & laisser éteindre -le feu peu à peu, & que je voulusse gagner du temps; je mettrois un -bon feu, afin que la chaleur vint jusques à faire exhaler la goutte -d'eau en _six secondes_, & en suite j'esteindrois le feu incontinent, -& ainsi des autres gardant la proportion de 10. à 3. j'avouë pourtant -que cette regle n'est pas démontrée: mais aussi la chose ne requiert -pas une exactitude Mathematique, _quand je ne dis rien de la pression -interieure comme dans cette regle il faut entendre quelle doit -tousiours estre égalle_. - - -_EXPERIENCE IX._ - -LE onziéme Juillet je pris un lapin, & l'ayant mis dans deux -marmittes de verre, dont l'une estoit avec de l'eau, & l'autre estoit -sans eau, j'y fis le feu de cinq onces de charbon, & ayant poussé la -chaleur jusques à faire exhaler une goutte d'eau en 4. secondes, je -laissay éteindre le feu peu à peu, mes vaisseaux estans refroidis, je -trouvay que les os du lapin estoient bien cuits dans le verre où estoit -l'eau, mais dans l'autre ils ne l'estoient point du tout, cependant la -chair ayant esté assaisonnée avec du sel, du poivre & du lard, êtoit -aussi bonne qu'un pâté sçauroit être, mais dans le verre où êtoit l'eau -elle l'êtoit beaucoup moins. - -Cette experience me fit voir que les os de lapin sont plus durs à cuire -que ceux de mouton, & elle me confirma que l'eau ayde beaucoup la -cuisson des os. - - -EXPERIENCE X. - -_Proprieté._ - -IE pris un autre lapin, & l'ayant enfermé comme le precedent, je fis -le feu de 4-1/2 onces de charbon; mais le papier qui sert à rendre -le couvercle juste ayant esté gâté la machine ne souffrit pas plus -d'une pression en dedans à cause que l'eau s'échappoit; cela fut cause -aussi que la chaleur ne pût se bien communiquer au couvercle; car quoy -que dans cette experience la quantité de charbon fut plus grande, la -goutte d'eau que ie mettois sur le couvercle êtoit 20. fois plus long -temps à s'exhaler que dans l'experience precedente, si bien que l'on -peut encore compter cecy entre les proprietez de cette Machine, que -_plus la pression interieure est grande, moins il faut de charbon pour -donner un certain degré de chaleur_, le lapin êtoit bien cuit, mais -les os ne l'êtoient point du tout, pas mesmes dans le verre, où il y -avoit de l'eau, sinon quelques-uns qui avoient déja esté au feu le jour -précedent, & que i'avois remis pour s'achever de cuire. - -Cette experience me fit voir que les os cuits, quoy qu'ils ne -paroissent aucunement amollis, ont pourtant acquis une grande -disposition à cela qui ne nous est pas sensible. - - -_EXPERIENCE XI._ - -LE 13. Juillet je pris un vieux lapin mâle & domestique, qui -d'ordinaire est un pitoyable manger, je l'assaisonnay & le mis dans -deux marmittes de verre, j'y fis le feu de 6. onces de charbon, je -poussay la chaleur jusques à faire exhaler la goutte d'eau en moins de -4. secondes; la pression interieure êtoit environ six fois plus forte, -que la pression ordinaire de l'air, je laissay éteindre le feu peu à -peu, & je trouvay mon lapin fort bien cuit avec les os mols, & il avoit -aussi bon goust que les jeunes lapins l'ont d'ordinaire, & son suc se -tourna en bonne gelée. - - -EXPERIENCE XII. - -_Proprietez._ - -LE 18. Aoust je mis des pigeonneaux dans deux petites marmittes de -verre, & je les pesay toutes deux separement avant que de les enfermer -dans leurs chassis, je poussay le feu jusques à faire exhaler la goutte -d'eau en 5. secondes, & la pression interieure 10. fois plus forte -que la pression ordinaire de l'air; mes vaisseaux êtans refroidis, je -trouvay que les deux couvercles êtoient pressez assez fortement contre -leurs marmittes, ce qui faisoit voir qu'il y avoit de la rarefaction -en dedans, & qu'il en estoit sorty quelque chose, en suite les ayant -seichées je les pesay separement, comme avant qu'elles fussent cuites, -& je trouvay que l'une (dans laquelle j'avois mis par poids 1/8 moins -de viande, que l'eau qu'elle peut contenir) estoit exactement du mesme -poids qu'auparavant, & les os en étoient fort tendres, & le suc bien -congelé sans empyreume. - -L'autre marmitte (dans laquelle j'avois mis plus pesant de viande -qu'elle ne pouvoit tenir d'eau) avoit augmenté ce poids & le suc n'en -estoit pas si bien gelé; il y a apparence que la grande quantité de -viande dans cette marmitte, en se rarefiant avec trop de force avoit -soûlevé le couvercle; en sorte qu'un peu d'eau du Bain Marie avoit pû -s'y insinuer & ainsi avoit augmenté le poids & deleyé la gelée, au lieu -que dans l'autre la rarefaction de la viande n'avoit pû faire autre -chose que chasser un peu de l'air qui estoit au dessus sans soûlever -presque le couvercle. - -Cette experience me fit juger qu'on peut compter entre les proprietez -de cette Machine, que, _en cuisant des pigeonneaux avec une chaleur -qui fasse exhaler la goutte d'eau en 5. secondes, & la pression 10. -fois plus forte que la pression ordinaire de l'air, il faut que le -poids de la viande dans la marmitte soit 7/8 du poids de l'eau que -la marmitte peut contenir. Par exemple 7. livres de viande dans une -marmitte qui peut tenir 8. livres d'eau: car par ce moyen on fait -la pression dans la marmitte, aussi forte que dans le Bain Marie, & -pourtant on ne perd rien_. - -On peut voir Experience XVI. que l'eau êtant prise dans le même poids, -feroit aussi le même effet, & ainsi cela pourroit faire croire qu'il en -seroit à peu prés de mesme dans les autres corps pris en même poids, & -que ceux qui laisseroient davantage de vuide à cause de leur gravité -specifique auroient aussi plus de force à proportion pour se dilater; -mais ce seroit une grande méprise; car i'ay éprouvé au Chapitre sixiéme -Experience 2. que l'esprit de vin qui a moins de gravité specifique, -que le vinaigre, a pourtant bien plus de force pour se dilater beaucoup -par la chaleur; Il faudra donc (si l'on veut estre exact à ne rien -perdre, & à faire la juste pression dans la marmitte) trouver par -experience la force & l'étenduë de la rarefaction des autres corps -comme ie l'ay trouvée icy des pigeons, & emplir la marmite suivant ce -qu'on aura trouvé. - -J'avois mis en même-temps dans une autre Machine des mêmes pigeons à -cuire; ie poussay la chaleur iusques à faire exhaler la goute d'eau -en 3. secondes, mais la pression n'y étoit que 5. fois plus grande -que la pression ordinaire de l'air; mes vaisseaux estans refroidis je -trouvay que les os n'estoient pas tout à fait si mols, que dans l'autre -Machine, quoy qu'ils eussent eu la chaleur plus forte; ils estoient -pourtant mangeables presque tous. - -Cette experience me fit croire qu'on peut compter entre les proprietez -de cette Machine, que _c'est presque la mesme chose de faire exhaler la -goutte d'eau en 3. secondes, avec 5. pressions ou de la faire exhaler -en 5. secondes avec dix pressions_. On pourroit ainsi trouver par -experience, pour toute autre rencontre, que la quantité de pression, -peut tenir lieu d'une certaine quantité de chaleur; & si l'on avoit -un Thermometre exact, comme j'ay dit au Chap. 2. on en tireroit -peut-estre de grandes lumieres pour autres choses. - -Cette experience fait encore voir, que les Bains Marie bien fermez pour -soûtenir de grandes pressions, épargneront extremement le feu: car nous -avons veu expos. 10. que plus la pression interieure est grande, & -moins il faut de charbon pour luy donner un certain degré de chaleur, -& à present nous voyons que ce degré de chaleur acquis avec moins de -charbon fait pourtant bien plus d'effet, que quand l'on est obligé d'y -employer plus de charbon faute de pression interieure. - - -SUR LE POISSON. - -_EXPERIENCE XIII._ - -LE quinziéme Juin j'ay pris un maquereau & l'ay mis dans une marmitte -de verre avec des grosselles vertes, j'enfermay la marmitte dans le -Bain Marie, & avec 4. onces, deux drachmes de charbon je poussay la -chaleur, jusques à faire évaporer la goutte d'eau en 10. secondes, -& la pression au dedans étoit 7. fois plus forte que la pression -ordinaire de l'air, aprés que le feu fût éteint, peu aprés je trouvay -que le charbon qui restoit pesoit prés de 2. drachmes; le poisson -estoit parfaitement bien cuit & ferme, quoy que les arrêtes fussent si -tendres, qu'on ne les appercevoit pas en les mangeant; avant d'estre -cuit, il pesoit 9. onces, & aprés être cuit il n'en pesoit plus que 7. -si bien que j'eus environ 2. onces de bon suc qu'il auroit fallu jetter -si mon poisson eut esté cuit comme à l'ordinaire; outre qu'il avoit le -goust bien plus relevé, les sels volatils ne s'êtans ny eschappez ny -dissous dans de l'eau; les groselles aussi n'êtoient point brûlées, -mais avoient fort bon goût. - - -_EXPERIENCE XIV._ - -LE 19. Juin je fis la mesme experience avec un brochet, & ie poussay -le feu de la mesme maniere que dans l'experience precedente; & ie -trouvay mon poisson encore fort bien cuit, & la chair ferme & les -os tendres, quoy que pourtant ils me parussent un peu plus durs que -ceux du maquereau; un Gentil-homme qui en goûta me demanda si c'estoit -ce que ie mettois pour amollir les os qui donnoit si bon goust à la -chair; ce qui me fit croire que ce n'estoit pas la préoccupation qui -me faisoit iuger le poisson cuit de cette sorte meilleur que l'autre; -le suc se changea en forte gelée; au lieu que celuy du maquereau êtoit -tousiours demeuré liquide; je ne sçay pas si cette difference venoit de -la chaleur de l'air, ou de la nature du poisson. - - -_EXPERIENCE XV._ - -LE 20. Juin ie pris une grosse anguille, & l'ayant enfermée à -l'ordinaire, i'y fis le feu de 4-1/2 onces de charbon, & ie poussay la -chaleur iusques à faire exhaler la goutte d'eau en 6. secondes, & la -pression 7. fois plus forte que la pression ordinaire de l'air, ayant -laissé éteindre le feu peu à peu, ie trouvay mon anguille fort bien -cuite avec la peau, & les os tendres sans empyreume: mais la chair -n'avoit pas conservé de fermeté comme celle des autres poissons: le suc -aussi ne se gela point, ce que i'attribuë plûtost au trop de cuisson -qu'à la nature de ce poisson, dont la peau est sans doute fort propre à -faire de la gelée. - -Toutes ces experiences me font croire qu'il n'y a pas grande difference -entre la chaleur qu'il faut pour cuire differentes sortes de poissons. - - -LEGUMES. - -_EXERCICE XVI._ - -LE 2. Juillet ie mis des féves dans une marmitte de verre; les unes -estoient cruës, & d'autres avoient déia esté cuites avec de la corne -de cerf, ie mis un peu d'eau au fonds de la marmitte pour voir la -difference qu'il y auroit entre celles qui auroient esté cuites -dans l'eau, & celles qui auroient esté au dessus; Je poussay le feu -iusques à faire exhaler la goutte d'eau en 5. secondes, & la pression -interieure dix fois plus forte que la pression ordinaire de l'air, -i'ostay incontinent le feu, & les vaisseaux estans refroidis, ie -trouvay toutes ces féves extremement molles, & qu'il n'y avoit pas -grande difference entre celles qui n'avoient esté cuites qu'une fois, & -celles qui l'avoient esté deux fois, mais celles qui étoient au dessus -étoient ridées, & avoient le goust plus relevé que celles qui estans au -fonds s'étoient enflées d'eau qui leur rabaissoit le goust; les écorces -étoient fort molles, excepté une petite pelliculle qui étoit plus dure, -mais qui se pouvoit pourtant fort facilement manger, en sorte que des -féves de cette sorte n'auroient pas besoin d'ëtre dérobées, comme on -dit. - -Cette experience me confirma que les alimens dans cette machine peuvent -demeurer sur le feu long temps aprés être cuites sans pourtant se -gâter. - - -_PROPRIETÉ._ - -DAns l'experience que ie viens de décrire, i'avois pris garde de -ne perdre sur la verge de fer LM, qu'autant de poids qu'il étoit -necessaire pour faire la pression interieure 10. fois plus grande que -la pression ordinaire de l'air; de sorte que quand mon Bain Marie fut -considerablement échauffé, la trop grande quantité d'eau qui y étoit, -eut la force de soûlever la petite soûpape sur le tuyau HH, & de se -couler par là peu à peu iusques à ce que i'ostasse le feu: mais quand -le feu fut tout à fait osté il ne coula plus rien; quoy que la chaleur -fut assez grande pour faire évaporer la goutte d'eau en 5. secondes; -ainsi il est aisé de juger que l'eau qui restoit dans le Bain Marie -avoit desormais tant de place pour se dilatter, que ce degré de chaleur -n'estoit pas suffisant pour luy faire faire plus de 10. pressions; -j'eus donc la curiosité de voir combien cette place êtoit grande; Pour -cét effet quand j'ouvris mon Bain Marie, je pris bien garde de ne -laisser point perdre d'eau, & ayant pesé toute celle qui s'y trouva, -je vis qu'il ne s'en étoit pas perdu la huitiéme partie; parce que de -huit onces que j'y avois mises, il m'en restoit plus de 7. on peut donc -compter cecy pour une proprieté de cette Machine, que si on y met 7/8 -de l'eau qu'elle peut contenir, _& qu'on pousse la chaleur jusques à -faire évaporer la goutte d'eau en 5. secondes, la pression au dedans ne -sera que 10. fois plus forte que la pression ordinaire de l'air_. -On pourra de mesme trouver par experience combien il faudra laisser -de vuide selon les autres pressions qu'on voudra faire, & les autres -degrez de chaleur qu'on voudra donner, & cela sera utile sur la mer -comme j'ay dit Chap. 2. & pourra aider à connoistre la nature. - - -_EXPERIENCE XVII._ - -LE quinziéme Juillet j'enfermay des pois verts dans deux petites -marmites de verre, & je mis dans l'une un peu moins d'eau qu'il n'en -falloit pour couvrir le poids, dans l'autre je ne mis point d'eau du -tout; les ayant enfermées dans le petit Bain Marie, je poussay le feu -jusques, à faire évaporer la goute d'eau en 4. secondes, & la pression -interieure 10. fois plus grande que la pression ordinaire de l'air; -j'ostay le feu, & les vaisseaux êtans refroidis, je trouvay tous les -pois extremement mols, ceux qui étoient sans eau avoient rendu du suc -presque assez pour les couvrir, & ils avoient une couleur roussastre, -& tant soit peu d'odeur, & de goût brûlé, les autres avoient conservé -leur couleur verte, & avoient fort bon goust, mais moins haut que ceux -qui êtoient sans eau; ayant fait fondre du beure frais, je trouvay à -mon gré, que les pois sans eau dans cette sauce, navoyent pas le goust -trop fort, & qu'ils estoient meilleurs que les autres; si on vouloit -pourtant il seroit bien aisé de les faire moins cuire, ceux cy ayant -souffert autant de chaleur qu'il en faudroit pour ramolir des os, -quelques pois que j'avois mis avec les gousses se trouverent fort -bons & tendres, excepté le parchemin qui n'êtoit point du tout changé -nonobstant cette grande chaleur. - -Cette experience semble prouver que l'eau empesche l'empyreume, mais je -croy que toute autre chose que l'eau qui auroit remply les interstisses -entre les pois l'auroit aussi bien empesché, parce que j'ay éprouvé -assez long-temps depuis qu'ayant mis des grozeilles vertes dans les -mêmes marmittes de verre sans eau; mais ayant seulement pilé les unes -& laissé les autres entieres, il arriva qu'ayant poussé la chaleur -jusques à faire exhaler la goute d'eau en 3. secondes, & la pression -dix fois plus forte que la pression de l'air, les grozeilles entieres -avoient acquis beaucoup d'empyreume, quoy que leur verre fust beaucoup -vuide, & qu'ainsi elles n'eussent pas souffert une grande pression; au -lieu que les autres qui remplissoient tout exactement de leur propre -suc, avoient fort bon goust & rien de brûlé; je conseillerois donc -pour cuire parfaitement bien les pois, de remplir les espaces qu'ils -laissent entr'eux avec du suc d'autres pois, qui en auroit déja tout le -goût, & ainsi il ne l'osteroit point aux autres. - -Cette experience fait voir que plusieurs digestions se peuvent faire -dans cette machine, bien mieux que de la maniere ordinaire, où l'on -est obligé de laisser beaucoup de place vuide, ce qui fait que les -substances sont plus sujettes à se brûler; cecy pourroit aussi fournir -des conjectures sur la nature de l'empyreume; mais il vaut mieux -attendre que l'on ait fait d'avantage d'experiences. - - - - -CHAPITRE III. - -EXPERIENCES POUR LES VOYAGES PAR MER. - - -_EXPERIENCE PREMIERE._ - -LA plus grande incommodité des gens qui font de grands voyages sur -Mer vient selon l'opinion la plus commune, de ce que les viandes dont -on se nourrit ayans esté gardées long-temps salées ont perdu toutes -leurs parties les plus spiritueuses, & volatiles, & ainsi les parties -terrestres & grossieres qui restent, ne sont propres qu'à former un -sang terrestre & grossier, qui donne le Scorbut; il y a donc apparence -que les gelées estans composées de parties volatilles & aisées à -digerer, sont propres à corriger ce deffaut des viandes salées; mais -pour l'ordinaire elles sont si cheres & si difficiles à faire, qu'il -est rare d'en avoir sur mer, cela m'a fait croire qu'il seroit bon de -donner un moyen d'en faire par tout facilement & à bon marché, j'ay -donc travaillé pour cela. - -Le 18. Juin j'ay pris des os de bœuf qui n'avoient jamais esté -boüillis qui estoient fort secs, & du plus dur endroit de la cuisse, & -les ayans mis dans une petite marmitte de verre avec de l'eau, je les -enfermay dans le Bain Marie avec une autre petite marmitte de verre -qui estoit aussi pleine d'eau & d'os de mesme maniere, sinon que dans -celle-cy les os êtoyent des costes, & avoyent déja esté cuites, ayant -poussé le feu jusques à faire exhaler la goutte d'eau en 3. secondes, -& dix pressions, j'ostay le feu & les vaisseaux estans refroidis, je -trouvay de fort belle gelée dans mes deux marmittes; mais celle dont -les os êtoient des costes avoit la couleur un peu rougeâtre, ce qui -pouvoit proceder de la partie moüelleuse; l'autre gelée estoit sans -couleur & sans goust, comme la gelêe de corne de cerf, & je ne voy pas -pourquoy elle ne feroit pas à peu prés le mesme effet, je puis mesme -asseurer que l'ayant assaisonnée avec du sucre & du jus de limon, je la -mangeay avec autant de plaisir, & n'en sentis aucune incommodité non -plus que si c'eust esté de la gelée de corne de cerf. - -Quoy que cette experience soit particulierement à estimer sur la mer, -elle ne laissera pas d'être aussi fort utile sur la terre, les gelées -êtans par tout fort bonnes pour plusieurs maladies, il sera fort -avantageux par tout d'en pouvoir facilement faire pour un sol, plus -qu'on n'en pourroit achepter pour quinze. - - -_EXPERIENCE II._ - -IE remis des os crus de l'endroit le plus dur d'une cuisse de bœuf -dans une de mes petites marmittes de verre, & dans l'autre je mis -des os de poitrine de mouton qui avoient déja esté cuits; & qui -n'estoient pourtant pas mols: les ayant enfermées toutes deux dans -un mesme chassis; en sorte qu'elles n'êtoient pas plus serrées l'une -que l'autre, & les ayant mises dans le Bain Marie, je poussay le feu -jusques à faire exaler la goute d'eau en 9. secondes, mais alors il -arriva que la soupape qui ferme le petit tuyau HH ayant manqué, parce -que je l'avois garnie de cuir, l'eau du Bain Marie s'échappa toute avec -une impetuosité qui m'êtonna d'abord, mais qui dura pourtant environ -une minute à cause de la petitesse de l'ouverture. - -Je m'assure, que dans ce même temps là, l'eau dans les marmites se -dilatoit aussi & s'en alloit par dessus les bords; car je les trouvay -beaucoup vuidées, mais avec cette difference que dans celle où êtoient -les os de mouton, la liqueur estoit une forte gelée, quoy que les os -ne fussent pas encore attendris, sinon en quelques extremitez, & cette -gelée ne pesoit que 2/7 moins que l'eau que j'y avois mise; au lieu que -dans l'autre marmite les os n'estoient point du tout amolis, la liqueur -point du tout gelée, mais seulement un peu êpaisse, & il y en avoit -plus des 3/4 de perduë, quoy que cette marmitte eust les bords beaucoup -plus hauts que l'autre. - -Cette experience me fit voir, 1º. Qu'il vaudroit toûjours mieux faire -provision d'os de mouton que de bœuf. 2º. Que ce seroit inutilement -qu'on essayeroit de faire par les voyes ordinaires de la gelée des os -de bœuf, veu la grande chaleur qu'il faudroit, & la grande quantité -d'eau qui se perdroit par l'évaporation. 3º. _Que la gelée consiste de -parties bien plus difficiles à élever en vapeurs que celle de l'eau -ordinaire._ - - -_EXPERIENCE III._ - -LE vingt-troisiéme Juin je mis les os de bœuf dont je viens de -parler dans la mesme marmitte, & le poids de l'eau estant double du -poids des os, je mis des cartillages dans l'autre marmite avec aussi le -double de leur poids d'eau, aprés avoir poussé le feu jusques à faire -exhaler la goutte d'eau en 3. secondes, & la pression interieure 10. -fois plus forts que la pression ordinaire de l'air, je laissay le feu -encore quatre ou cinq minutes, & ensuite je l'ostay tout à fait; & -les vaisseaux êtans refroidis je trouvay que les os estoient devenus -mediocrement friables, mais l'eau n'êtoit pas assez épaisse pour être -appellée gelée; je croy pourtant, que si ce qui s'éstoit évaporé dans -la premiere coction y eut encore esté, la gelée auroit esté assez -forte; Les cartilages dans l'autre marmitte êtoient presque absolument -fondus, & faisoient une forte gelée depuis le fonds du verre jusques -au milieu, mais le dessus n'estoit pas plus épais que la liqueur dans -l'autre marmitte. - -Cette experience me fit juger, 1º. Qu'une livre d'os de bœuf -pourroit faire environ deux livres de gelée. 2º. Qu'il vaudroit mieux -faire provision de cartilages, parce qu'ils sont absolument glutineux, -& se fondent tout à fait dans l'eau, mais comme elle est plus legere, -elle surnage, & les cartillages demeurent au fonds, ne retenant entre -leurs parties que quelque peu d'eau qui s'y est insinuée pour les -dissoudre. 3º. _Que ce n'est que le ciment_ qui joint les parties des -os qui se dissout dans l'eau pour faire la gélee, puis que les os en -suite demeurent friables. - - -_EXPERIENCE IV._ - -LE 28. Juin j'enfermay des os dans mes deux petites marmittes de verre, -dans l'une estoient des os de bœuf en plus grande quantité qu'il -n'estoit necessaire pour faire de la gelée avec l'eau qui y estoit, -dans l'autre c'estoient des os de mouton aussi en quantité plus que -suffisante pour congeler l'eau où ils trempoient; Je poussay le feu -jusques à faire exhaler la goutte d'eau en 3. secondes, & la pression -interieure estoit 10. fois plus forte que la pression ordinaire de -l'air; je continüay le feu de cette sorte prés d'un quart d'heure, & -ensuite je n'éteignis qu'une partie du charbon, en laissant le reste -pour entretenir la chaleur plus long-temps; mes vaisseaux estant -refroidis, je trouvay de fort bon boüillon sans goût de brûlé dans -mes deux marmites, mais pourtant il ne se gela point, ce que ie ne -puis attribuer qu'au trop de cuisson, puisque dans les Experiences -precedentes, avec moins d'os & moins de chaleur j'avois fait de la -gelée. - -Cette Experience fait voir qu'il faudra bien prendre garde au degré -de chaleur que l'on donnera pour faire une grande quantité de gelée, -& que ce n'est pas assez qu'il n'y ait point de goût de brûlé, car il -pourroit nonobstant cela y avoir eu beaucoup trop de chaleur, & pour -trouver ce meilleur degré de chaleur, il faut plusieurs Experiences. - - -_EXPERIENCE V._ - -LE 29. Juin je mis des os de bœuf dans une de mes petites marmittes -de verre avec égal poids d'eau; Dans l'autre je mis de l'yvoire le -plus pressé qu'il me fut possible avec de l'eau pour remplir les -interstices; Je poussay le feu jusqu'à faire exhaler la goutte d'eau -en 6. secondes, & la pression interieure 12. fois plus grande que la -pression ordinaire de l'air. J'ôtay alors le feu le plus vite qu'il -me fut possible, & les vaisseaux étant refroidis, je trouvay que le -vaisseau où étoit l'yvoire, s'étoit cassé, parce que l'yvoire qui y -étoit pressée venant à s'enfler par la chaleur & par l'humidité, avoit -eu plus de force que le verre; L'yvoire étoit devenuë friable: & dans -l'autre marmite les os n'étoient pas encore ramolis qu'en quelques -endroits des apophyses; la liqueur n'étoit pas non plus gelée excepté -au fonds, mais le lendemain qu'il faisoit un peu plus froid je la -trouvay gelée jusques au haut, & je la mis sur diverses plaques de -verre afin de la faire seicher; Le lendemain premier de Juillet, quoy -qu'elle eût été 24. heures à l'air pour évaporer l'humidité, je la -trouvay encore liquide, à cause, comme je croy, qu'il faisoit un peu -plus chaud; je m'en servis à coller un verre cassé qui depuis cela -tient fort bien, & se peut rincer presques comme s'il n'avoit point -esté cassé; mais à la longue l'humidité dissout cette colle. - -Cette Experience me fit iuger, 1º. que la chaleur que i'y avois -employé, avoit peché dans le deffaut aussi bien que la precedente -avoit peché dans l'excés, & qu'ainsi pour bien faire la gelée d'os, -il faudroit pousser la chaleur environ comme dans la premiere ou -dans la troisiéme experience. 2º. _Ie me confirmai dans la pensée -que j'avois que c'est la colle des os qui se dissout dans l'eau pour -faire la gelée._ 3º. _Ie trouvay qu'il faut extremement peu de parties -congelantes pour coaguler l'eau; car quoyque celle-cy eust pu se -congeler dans un grenier en esté; cependant quand elle fut seiche, il -me resta si peu de colle que j'en fus surpris._ 4º. _Ie jugeay qu'il -falloit bien peu de chaleur pour empescher ces sortes de congelations, -& qu'ainsi selon l'apparence la qualité de gelée, à proportion de la -matiere, se trouvera bien plus grande en hyver, qu'en esté._ 5º. _Que -la congelation qui se fait de cette maniere est toute differente de -celle qui se fait purement par le froid, puisque la glace flotte sur -l'eau, mais la gelée va au fonds._ - -Pour se bien servir de la colle dont ie viens de parler, il faut la -conserver bien nette, & quand on la veut employer, en detremper un peu -avec trois ou quatre gouttes d'eau nette, en frotter les bords du verre -à recoller, & les rappliquer l'un contre l'autre, le plus exactement -qu'on pourra; on en pourra faire de mesme à l'yvoire, à la porcelaine, -& autres corps qui se cassent net. - - -_EXPERIENCE VI._ - -LE premier Iuillet ie remplis deux petites marmites de verre, dans -l'une il y avoit une once de corne de cerf rapée, avec deux onces -d'eau; Dans l'autre il y avoit une once d'os de merlan & deux onces -d'eau, ayant poussé le feu iusqu'à faire exhaler la goutte d'eau -en 7. secondes, & la pression interieure 12. fois plus grande que -l'exterieure; i'otay promptement tout le feu, & les vaisseaux étant -refroidis, ie trouvay une gelée extremement forte & belle dans la -marmitte où étoit la corne de cerf, ie fis goûter cette gelée à une -personne qui en fait fort souvent, & elle me dit qu'il faloit qu'il y -eût dans celle-là quelque chose plus que dans la sienne, parce qu'elle -y trouvoit beaucoup de goût & d'odeur, au lieu que la sienne estoit -sans odeur & goût, ie n'attribuë cette difference qu'aux esprits & sels -volatils, qui sont tous conservez par le moyen du Bain Marie fermé à -vis, au lieu que par les voyes ordinaires ils se perdent; & cela donne -lieu de croire que cette nouvelle sorte de gelée aura bien plus de -vertu. - -La corne de cerf aussi n'avoit rien conservé de dur, au lieu que pour -l'ordinaire elle se reduit en poussiere qu'on sent rude entre les -doigts. - -_Dans l'autre marmite les os de poisson étoient tout à fait mols, mais -la liqueur n'étoit point gelée; cependant étant mise à exhaler, il -restoit de la colle, mais en petite quantité, & beaucoup moins forte -que celle des os de bœuf._ - - -_EXPERIENCE VII._ - -LE 2. Iuillet ie remplis deux petites marmites de verre, dans l'une ie -mis 1/2 once de corne de cerf avec 2-1/2 onces d'eau; dans l'autre ie -mis des os rapez aussi-bien que la corne de cerf avec mesme quantité -d'eau à proportion; ayant poussé le feu iusques à faire exhaler -la goutte d'eau en 5. secondes, & 10. pressions: J'ôtay tout fort -promptement; le lendemain matin mes vaisseaux étant refroidis, ie -trouvay que dans la marmite où étoient les os, la liqueur étoit peu -épaissie; dans l'autre il y avoit une bonne gelée, mais beaucoup -moins forte, que celle de l'Experience precedente: Ie la fis chauffer, -& si-tost qu'elle fust fonduë, ie la passay & la pressay le mieux -que ie pus, & ie mis le marc seicher; _ce marc au bout de huit jours -étant tout à fait sec, s'est trouvé peser encore 2-3/4 drachmes: De -sorte qu'il n'étoit sorti de parties congelantes de la corne de cerf -que 1-1/4 drachmes, & cela avoit suffi pour congeler 2-1/2 onces de -liqueur, qui sont 16. fois plus._ - -La liqueur qui avoit passé se gela en fort peu de temps, & parut bien -plus forte, que n'est la gelée ordinaire; si bien que je croy qu'on -peut assurer qu'une quantité de corne de cerf suffit pour faire du -moins 5. fois aussi pesant de gelée, & peut-estre qu'en pratiquant on -trouvera quelque degré de feu propre pour en faire bien davantage; -mais quand on ne feroit que je viens de dire, toûjours cela seroit-il -fort considerable, puisque par les voyes ordinaires on auroit prés de -la moitié moins de gelée & moins bonne, & il faudroit beaucoup plus -de feu, de temps & d'eau douce qui est de consequence sur la mer; car -quoy qu'il faille de l'eau pour faire de la gelée à ma maniere, cette -eau n'est pas perduë, & elle demeure toute dans la gelée; au lieu qu'à -la maniere ordinaire il s'en évapore bien plus des trois quarts, & -l'épargne du temps & du feu sera encore plus considerable. - - -_EXPERIENCE VIII._ - -AYant trouvé par l'Experience precedente que la corne de cerf faisoit -une si grande quantité de gelée en comparaison des os, ie voulus voir -si cela ne venoit point de ce que le degré de feu avoit esté propre -pour la corne de cerf, & pas assez fort pour les os; Je reïteray donc -cette Experience avec les mesmes circonstances, sinon que cette fois -ie poussay la chaleur iusques à faire évaporer la goutte d'eau en 4. -secondes, & mes vaisseaux estant refroidis, ie trouvay que la gelée -de corne de cerf estoit encore fort belle, mais la liqueur sur les os -estoit peu épaissie; Ie trouuay pourtant de la gelée aprés avoir versé -par inclination la liqueur qui surnageoit, mais cette liqueur pesoit -plus d'une once; ainsi je iugeay que les os ne contiennent pas en effet -à beaucoup prés autant de parties congelées, comme la corne de cerf en -contient. - -Aprés avoir passé & exprimé les matieres de mes deux marmites, i'en -garday les marcs séparément, chacun dans un verre bien fermé, crainte -que l'humidité ne s'évaporast; & environ quinze iours aprés ie trouvay -qu'ils s'estoient fermentez & avoient acquis une odeur & un goût de -fromage de Parmezan, & fort propre à faire trouver le vin bon, en -le mangant avec un peu de pain; Messieurs de la Societé Royale, le -voyant ont iugé qu'il y a apparence que la corne de cerf en cet estat -donneroit dans la distilation plus d'esprits, & plus facilement qu'elle -ne fait d'ordinaire; Les os estoient fort semblables en tout à la corne -de cerf, & mesme dans la suite il s'y forma des vers, ce qui n'arriva -pas à la corne de cerf; de sorte que, comme on a remarqué d'ordinaire -que c'est dans le meilleur fromage que les vers se forment le plûtost, -il sembleroit que les os en cecy auroient quelque avantage sur la corne -de cerf, en recompense de ce que la corne de cerf donne le plus de -gelée. - -_Ayant trouvé de la difference dans la qualité de la gelée qu'on -tire de differents corps, & dans la facilité de la tirer; & dans la -force de cette sorte de colle, sçachant que d'ailleurs nos corps -ne sont autre chose que des liqueurs congelées; je croy que si l'on -entreprenoit de pousser la chose, & que l'on tirast des gelées de -diverses parties d'un mesme animal, & qu'on en tirast aussi de divers -animaux de mesme espece, mais d'âges differents, & qu'on en tirast -aussi d'animaux de differentes especes, & de bien plus longue vie les -uns que les autres, comme sont les cerfs & les lapins, & qu'ensuite -on comparast les differentes proprietez de toutes ces colles les unes -avec les autres: je croy, dis-je, que cela pourroit beaucoup aider à -faire une meilleure Theorie que l'on n'en a jusques icy des causes de -la durée de la vie, & cette Theorie pourroit avoir des suites bien plus -importantes que la pluspart du monde ne croit._ - -Toutes ces Experiences me font croire que si on veut conserver des os, -des cartilages, des tendons, des pieds, & autres parties d'animaux qui -sont assez solides pour se conserver sans sel, & dont on perd tous -les ans dans Londres plus qu'il n'en faudroit pour fournir tous les -vaisseaux que l'Angleterre a en mer; On pourroit avoir toûjours sur -les vaisseaux des alimens plus sains, & bien meilleurs & à meilleur -marché, que l'on n'en a d'ordinaire; Ie dis mesme que ces sortes -d'alimens seroient moins embarrassans, parce qu'ils contiennent bien -plus de nourriture à proportion de leur poids, comme nous avons veû -manifestement dans la corne de cerf, qui aprés avoir fait cinq fois son -poids de gelée (qui passe pour une chose fort nourrissante) se change -encore presques tout en substance, fort semblable à du fromage dont on -ne sçauroit manger qu'en petite quantité. - - -_EXPERIENCE IX._ - -LE 20. Juin je fis cuire deux maquereaux de la maniere que j'ay dite -chap. 2. exper. 13. en sorte qu'ils avoient les os tendres, & j'en -laissay un à l'air ouvert, & huit jours de temps chaud que je le -garday, je vis qu'il ne se gatoit point, au lieu qu'un morceau de -l'autre que je garday dans sa sauce, se gâta en trois jours. - -Je voulus ensuite voir si une cuisson ordinaire pourroit faire le mesme -effet, & pour ce dessein le 26. Iuin je fis cuire un maquereau à la -maniere ordinaire, & ayant voulu le faire seicher comme le precedent, -je trouvay qu'il se gasta en moins de 4. jours; cela me fit croire que -le Bain Marie fermé à vis pourroit estre utile pour seicher les alimens -sans qu'il fust besoin de sel, & sans perdre le suc qui s'en évaporast; -la viande ainsi conservée pourroit estre plus saine que la viande salée -dont on se sert sur mer. - - -_EXPERIENCE X._ - -CETTE Machine estant si utile pour empescher l'évaporation de l'eau -douce qui se fait en cuisson à la maniere ordinaire; Je voulus voir si -elle ne pourra pas aussi en quelque occasion faire servir l'eau salée -au lieu de douce, pour ce desseïn, je fis dissoudre une drachme de sel -dans 40. drachmes d'eau (qui est à peu prés la mesme proportion de -sel qui se trouve dans l'eau, à ce que m'a dit Mr. Boyle, & ayant mis -deux onces de cette eau sur une once de pois secs dans une marmitte de -verre, je les enfermay dans la Machine; Je poussay le feu jusqu'à faire -évaporer la goutte d'eau en quatre secondes, avec dix pressions; les -vaisseaux étant refroidis, je trouvay que les pois avoient imbibé toute -l'eau, & estoient fort bien ramolis, & Mr. le Docteur King en ayant -goûté les trouva de fort bon goust, & pas trop salez: Il y a bien de -l'apparence que les féves & autres legumes seroient de mesme). - -Je croy donc qu'en fournissant de vivres les vaisseaux, on peut compter -que les legumes changeront le double de leur pois d'eau de mer en eau -douce, ou du moins la feront servir pour la nourriture, aussi-bien que -si elle avoit esté douce, & cecy peut beaucoup diminuër la quantité -d'eau douce dont il faut embarasser les vaisseaux; si on vouloit se -servir aussi d'eau de mer pour cuire les pois à la maniere ordinaire, -il arriveroit que l'évaporation ne dissipant que les parties aqueuses, -les pois demeureroient extremement salez, outre que l'on ne pourroit -jamais les bien ramolir. - -J'ay aussi essayé si l'eau de mer ne pourroit pas servir à faire de -la gelée; je mis pour ce dessein de cette mesme eau salée dans une -marmitte de verre avec poids égal d'os de mouton, & ayant poussé le feu -comme à l'ordinaire pour faire la gelée d'os, je trouvay qu'à la verité -j'avois de la gelée trop forte, mais beaucoup trop salée; la quantité -de parties congelantes estant trop petite pour temperer la salleure de -l'eau: Je croy donc qu'il faudroit mesler l'eau de mer avec le double -d'eau douce pour faire de la gelée. - - - - -CHAPITRE IV. - -EXPERIENCES POUR LES CONFISSEURS. - - -_EXPERIENCE I._ - -LE 27. Juin j'ay mis des cerises dans deux marmittes; aux unes j'ay mis -de l'eau autant qu'il estoit necessaire pour les couvrir, aux autres -je ne mis rien du tout, ayant poussé le feu jusques à faire exhaler la -goutte d'eau en 40. secondes, & la pression interieure triple de la -pression ordinaire de l'air, je trouvay mes cerises fort bien cuites, & -beaucoup de jus à celles mesme à qui je n'avois rien ajoûté; celles à -qui i'avois mis de l'eau avoient beaucoup plus de liqueur, mais elles -avoient le goût bien plus fade que les autres. - -Le lendemain ie mis quelques-unes des cerises dont ie viens de parler, -à seicher à l'air, & i'en remis quelques-unes avec des grosseilles -vertes dans une marmitte de verre, afin de voir si une nouvelle cuisson -les gâteroit; ie poussay le feu iusqu'à faire exhaler la goutte d'eau -en 10 secondes, & la pression 8. fois plus forte que la pression -ordinaire de l'air, & aprés tout cela ie ne trouvay pas que mes cerises -fussent presque changées, & elles estoient encore aussi grosses & aussi -entieres que devant que d'estre cuites. Je mis aussi quelques-unes de -celle-cy à seicher; le lendemain je trouvay que toutes les cerises -se seichoient sans se gâter, mais celles qui n'avoient été cuites -qu'une fois & sans eau, se conservoient plus grosses que les autres, -car celles qui avoient esté cuites deux fois, estant fort ridées & -déja beaucoup plus petites que les autres avoient esté une fois plus -long-temps à seicher. - -Cette Experience fait voir que quelques fruits peuvent sans danger -demeurer fort long-temps sur le feu dans cette Machine aprés estre -cuits, & pourtant cela leur oste la disposition qu'ils avoient -auparavant à se pourrir, cela me fait croire que si les gens qui -l'entendent faisoient à part du syrop dans lequel on put conserver -en suite ces cerises, sans qu'elles se seichassent; on auroit une -confiture, qui n'ayant point esté boüillie dans le sucre, conserveroit -plus de goust du fruit, mais je croy qu'il faudroit que le sirop fust -un peu plus épais qu'à l'ordinaire, à cause que l'humidité des cerises -s'y mesleroit bien tost, & la rendroit plus liquide. - -On pourra trouver par experience quel degré de cuisson sera le plus -propre pour mettre le fruit en estat de se conserver, sans luy changer -beaucoup le goust. - - -_EXPERIENCE II._ - -LE 6. Juillet j'enfermay dans une marmitte de verre 5. onces de -grozeilles vertes, & ayant poussé le feu jusques à faire exhaler -la goutte d'eau en 15. secondes, je l'éteignis promptement. & les -vaisseaux estant refroidis, je trouvay que mes grozeilles avoient -rendu 1-1/2 once de liqueur assez épaisse, je mis quelques-unes de ces -grozeilles à l'air, & elles se seicherent fort bien sans se gaster. - - [_Clearkake est une espece de gateau transparent fait avec de - la cresme._] - -Cette experience me confirma dans la pensée qu'on pourroit faire des -confitures qui conserveroient beaucoup du goust de fruit; & je croy -qu'en mesme temps ce seroit une grande avance pour faire ce qu'on -appelle des Clearcakes, parce que le suc qui est propre pour cela, -conserve tout icy, & se retire beaucoup plus promptement, que par les -moyens ordinaires. - - -_EXPERIENCE III._ - -LE 22. Juillet il y a bien trois semaines que j'avois enfermé des -grozeilles vertes déja molles dans un grand verre, & j'y avois mis -de l'eau soule de sucre pour remplir les intervalles, aujourd'huy -voyant que ces grozeilles se fermentoient considerablement, parce -qu'elles formoient quantité de bulles, j'en ay mis une partie avec -de la liqueur dans une marmitte de verre, & l'ayant enfermée dans le -Bain, j'ay poussé le feu jusques à faire exhaler la goutte d'eau en 6. -secondes, & la pression 5. fois plus forte que la pression ordinaire -de l'air: J'ostay le feu, & les vaisseaux estant refroidis, je trouvay -mes grozeilles fort bien cuites, molles & bonnes, au lieu que la -fermentation les avoit renduës dures & desagreables à manger. - -J'avois mis en mesme temps une autre marmitte pleine de grozeilles -fraischement cüeillies, & j'y avois ajoûté 3. parties de sucre sur 5. -de fruit, je trouvay que celles-cy aussi estoient fort bien cuites, & -avoient fort bon goût, mais beaucoup plus doux que celles qui avoient -esté fermentées. - -Aprés avoir laissé dix jours mes deux verres bien couverts, mais vuides -de plus d'un tiers, i'ay veu qu'il ne se faisoit point de fermentation, -mais que le fruit se moisissoit un peu dans le verre, dont les -grozeilles n'avoient point esté fermentées; cela m'obligea à les mettre -dans un verre plus petit, lequel en estant remply & bien fermé à vis, -commença en moins de 5. ou 6. jours à se fermenter & à perdre un peu de -suc par dessus les bords nonobstant la vis qui pressoit le couvercle. - -Le 30. Aoust i'ay ouvert ce verre que i'avois fermé à vis, & ayant -mis une partie du fruit & du suc dans une petite marmitte de terre, -& l'ayant enfermée dans le Bain Marie, i'ay poussé le feu iusques à -faire exhaler la goutte d'eau en 6. secondes, & la pression interieure -12. fois plus forte que la pression ordinaire de l'air, i'ay osté le -feu incontinent, & les vaisseaux estant refroidis i'ay trouvé que ces -grozeilles ainsi recuites avoient perdu beaucoup de leur douceur, mais -qu'elles avoient pourtant un goust fort agreable, & qui plairoit -peut-estre mieux que le doux, à bien des gens; ayant mis un peu de leur -suc qui n'avoit point esté recuit dans une autre verre; ie les mis tous -deux ensemble dans le vuide & ie vis que le suc recuit ne se fermentoit -plus, parce qu'il ne ietta pas de bulles, au lieu que l'autre en ietta -grande quantité. - -De tout ce que ie viens de dire, ie croy pouvoir conclure, 1º. que -en conservant des fruits, comme i'ay dit au commencement, c'est à -dire les faisant fermenter lentement dans des vaisseaux bien fermez, -on sera toûiours prest d'en faire une bonne confiture à fort bon -marché par le moyen du Bain Marie qui ramolira le fruit & empeschera -l'évaporation des esprits dégagez par la fermentation. 2º. Il y aura -moins de danger de moisi, quand les fruits seront ainsi cuits pendant -leur fermentation. 3º. S'il se fait du moisi, on pourra le garantir -en remplissant les verres & les fermant à vis. 4º. Si la fermentation -recommence, on pourra encore l'arrester par une nouvelle cuisson. - -Il faudra pourtant continuër les experiences pendant un plus long temps -que ie n'ay fait, afin de sçavoir iusqu'où cela ira. - -Je ne donne point icy la maniere de fermer les verres à vis, puisque -c'est la mesme qui a esté décrite au premier Chap. pour la marmite, GG, -& des gens qui en voudroient faire grand trafic, pourroient au lieu de -verre se servir de grands pots de terre bien hauts. - - -_EXPERIENCE IV._ - -LE 17. & le 18. Aoust ie reïteray l'experience precedente, mais au lieu -de grozeilles ie me servis de prunes, dont ie fis cuire par 3. diverses -fois, & ie n'y remarquay rien qui vaille la peine d'être rapporté, -sinon que les prunes cuites en se fermentant avec 1/4 ou 1/3 de sucre, -acquierent un goust vineux, beaucoup plus fort & plus agreable que -ne font les grozeilles, & ie ne doute point que bien des gens ne les -preferassent à quelque confiture que ce puisse estre. - -Je remarquay aussi qu'en les distillant de la maniere que ie diray du -rosmarin Chap.6. Exper.3. on en tire plus de suc & bien plus épais que -quand on les fait cuire de la mesme maniere que les grozeilles dont ie -viens de parler. - - - - -CHAPITRE V. - -EXPERIENCES POUR FAIRE DES BOISSONS. - - -_EXPERIENCE PREMIERE._ - -LE vingt-deuxiéme Juillet il y avoit bien trois semaines que j'avois -enfermé des grozeilles vertes déja molles dans un grand verre, & -j'y avois mis de l'eau soule de sucre pour remplir les intervalles, -aujourd'huy voyant que ces fruits se fermentoyent bien fort, j'en ay -ôté une partie & de la liqueur aussi, & en ay rempli 4/5 d'une de mes -petites marmittes de verre; ensuite j'ay pris de la liqueur pour -remplir de même mon autre petite marmitte de verre, dans laquelle -j'avois mis quelque peu de grozeilles fraiches; ayant ainsi enfermé ces -deux marmites dans un même chassiz, & dans le même bain marie, j'ay -poussé le feu jusques à faire exhaller la goutte d'eau en 2. secondes, -& je l'ay continüé quelque temps de cette force la pression êtoit dix -fois plus forte que la pression ordinaire de l'air; mes vaisseaux êtans -refroidis, j'ay trouvé que les grozeilles qui se fermentoient avoient -vüidé leur marmitte jusqu'à la moitié, & qu'elles êtoient fort brûlées, -au lieu que les grozeilles fraîches, quoy qu'elles nageassent dans une -grande quantité de liqueur qui se fermentoit, n'avoient presque pas -vuidé leur marmitte, & ne sentoient pas le brûlé. - -Cette experience me fit juger, qu'en faisant du vin de cette maniere -par infusion dans de l'eau sucrée, la force consiste bien plus dans les -fruits, que dans la liqueur; & que la fermentation leur donne presques -autant de force, que l'esprit de vin en a pour se dilatter, (voy. chap. -6. exper. II.) Je pensai donc, que si on faisoit le vin avec les fruits -seuls sans eau, on auroit une liqueur extremement forte; mais comme le -suc des grozeilles de cette sorte, & de plusieurs autres fruits est -trop épais pour se changer en vin à moins d'être cuit; je crus que -le Bain Marie fermé à vis êtoit absolument necessaire pour attenüer -ces sucs sans eau, & sans qu'ils s'évaporent, cela m'engagea à faire -l'Experience suivante. - - -_EXPERIENCE II._ - -LE vingt-cinquiéme Juillet je mis des grozeilles vertes déja molles -dans une marmite d'étain, & l'ayant enfermée dans le Bain Marie je -poussay la chaleur jusques à faire evaporer la goutte d'eau en 3. -secondes, & la pression 10. fois plus forte que la pression ordinaire -de l'air; j'ôtay incontinent le feu, & mes vaisseaux êtans refroidis, -je trouvay, que les grozeilles avoient rendu un suc fort rouge & -que dans les endroits où elles s'étoient crevées contre la marmitte -d'étain, elles avoient acquis une fort belle couleur de pourpre violet; -_ce qui donna lieu à la premiere Experience pour les Teinturiers_. - -J'avois mis ce matin de ces même grozeilles cruës dans un verre bien -fermé avec de l'eau saoule de sucre, & à present je mets une partie des -grozeilles que je viens de cuire, dans un autre verre avec leur suc, & -environ 1/4 de sucre afin de voir lesquelles se fermenteront le plûtôt. - -Le deuxiéme Aoust j'ay veu depuis 2. ou 3. jours les grozeilles -se fermenter dans un autre verre aussi bien que dans l'autre, & -aujourd'huy ayant mis du suc de mes deux verres chacun dans une -bouteille; je les ay mises toutes deux ensemble dans le vuide; & j'ay -veu, comme je l'attendois, que le suc des grozeilles cuites approchoit -bien plus de la nature du vin, que celuy des grozeilles cruës; car il -a esté bien plus de bulles, & il avoit aussi le goût bien plus picquant -& spiritueux. - -Le troisiéme Aoust, j'ôtay les grozeilles de leur suc, & les pressay -le mieux que je pus pour leur en faire rendre davantage: je mis tout -ce suc dans une bouteille que j'ay toûjours gardée dépuis, les 2. -ou 3. premiers jours elle boüilloit extremement fort, chassoit le -bouchon de liege, & s'en alloit par dessus, quoy qu'elle ne fust pas -pleine jusqu'aux 2/3: mais depuis cela elle s'est beaucoup moderée, & -elle a presentement le goût fort bon & picquant; mais pourtant elle -se fermente toûjours, la liqueur n'est pas encore bien éclaircie, & -on void toûjours des bulles s'y former, quoy que ie la garde depuis -six semaines; cela me fait croire que du vin de cette sorte, sera de -tres bonne garde, & qu'on doit plustost apprehender qu'il ne soit trop -long-temps à venir à sa perfection, que de le voir aigrir trop-tôt. - -Ie mis dans un autre verre le marc de ces grozeilles avec de l'eau & -un peu de succre par dessus, en moins de 24. heures il commença à se -fermenter bien fort, & en 15. iours de temps la liqueur estoit preste -à boire & bien claire, mais elle n'avoit pas tant de force à beaucoup -prés, que celle qui estoit sans eau, & ie croy aussi qu'elle se seroit -bien-tôt aigrie; ie fis cette experience à veuë d'œil, & sans peser; -mais ie iugeay que le marc estoit environ 1/2 du poids de l'eau & le -sucre 1/8. - -Cette experience fait voir que par le moyen du Bain Marie, le même -fruit peut servir à faire deux sortes de vin; l'un de bonne garde, & -l'autre prompt à boire. - - -_EXPERIENCE III._ - -LE cinquiéme Aoust j'ay pris un peu du suc des grozeilles de -l'experience precedente dans le temps qu'il se fermentoit le plus fort; -& l'ayant mis dans une petite marmite de verre dans le Bain Marie, -i'ay poussé la chaleur iusques à faire exhaler la goutte d'eau en 10. -secondes, & la pression triple de la pression ordinaire de l'air; J'ay -trouvé que ma liqueur avoit acquis un goust un peu approchant de ce -que nous appellons en France du resiné, mais elle estoit fort agreable -à boire, & propre à étancher la soif; pour sçavoir ensuite si cette -liqueur avoit beaucoup changé, i'en mis dans un petit verre, & ie pris -aussi de la liqueur de la bouteille d'où celle-cy avoir esté tirée, & -la mis dans un autre verre & les ayant mises toutes deux en même temps -dans le vuide, ie trouvay que la liqueur qui avoit esté mise au feu -pendant sa fermentation, ietta moins de bulles que ne feroit de l'eau -commune; au lieu que l'autre liqueur de la premiere suction se couvrit -toute de bulles, & en suite s'éleva assez haut en escume. - -Cette Experience me fit croire 1. que la cuisson d'une liqueur qui -se fermente, peut estre propre à luy oster promptement la mauvaise -qualité d'engendrer des vents, & de donner la colique, 2. que cette -liqueur ainsi cuite ne monteroit pas pourtant à la teste, comme fait -le vin, parce que les esprits n'y sont pas si developpez que dans le -vin; puisque le vin bout un peu à gros boüillons dans le vuide, & cette -liqueur n'y bout point du tout, & n'y fait même que tres peu de bulles; -3. que cette liqueur ne seroit pas suiette à s'éventer, puisque les -esprits en sortent si difficilement; enfin i'ay du penchant à croire -qu'elle fortifieroit & nourriroit beaucoup, puisque le pain qui est -ainsi cuit pendant sa fermentation, passe pour le soûtien de la vie: -Cependant il faut attendre l'experience avant que d'en pouvoir parler -avec certitude; toûiours on peut dire que cette boisson ne sera pas -long-temps à preparer. - - -_EXPERIENCE IV._ - -LE dix-septiéme Aoust ie pris du suc de prunes distillé de la maniere -que ie diray chap. 6. exper. 3. comme il estoit plus épais que celuy -qui se tire sans distillation, parce que celuy qui demeure toûiours à -la chaleur avec le fruit, s'y attenuë continuellement; ie crus qu'il -faloit plus de chaleur, pour le subtilizer; l'ayant donc enfermé à -la maniere ordinaire dans une marmitte, & dans le Bain Marie; je -poussay le feu jusques à faire exhaler la goutte d'eau en moins de 2. -secondes, & la pression 12. fois plus forte que la pression de l'air; -mes Vaisseaux estans refroidis, je trouvay contre mon attente que le -suc estoit devenu presque tout solide dépuis le haut jusqu'au bas de la -marmitte, & qu'il estoit changé en une substance noire & bruslée qui -se pouvoit facilement écrazer entre les doigts; cependant il y avoit -quantité de cavitez remplies d'une liqueur fort coulante, & qui avoit -tant d'acrimonie que la langue la pouvoit à peine souffrir, de sorte -que la chaleur avoit fait dans ce suc une separation approchante de -celle que la presure fait dans le laict. - -Cette experience fait voir que l'excez de chaleur est à craindre, &, -aussi que la cuisson des fruits tel que je l'ay décrite sera meilleure -pour les boissons, que la distillation, quoy que celle-cy puisse estre -plus propre pour les confisseurs, pour les gellées Clearcackes, &c. - -Peut-estre pourtant qu'avec le temps ces sucs si épais feroient du vin -plus fort que des sucs plus liquides; mais je crains qu'il ne falust -plusieurs années pour en venir là. - - -_EXPERIENCE V._ - -LE dix-septiéme, & dix-huitiéme Aoust je garday des sucs tirez de -prunes, pour faire les mêmes experiences que j'avois faites avec les -sucs de grozeilles vertes, dont je viens de parler; mais je crois -qu'il est inutile de les rapporter, puisque je n'y ay rien appris de -nouveau, sinon que les prunes font un vin bien meilleur, & plus fort -à mon gré que les grozeilles, & qu'aussi ayant mis dans une bouteille -de suc nouveau fait, un peu de suc fait dépuis 10. iours, & qui se -fermentoit bien fort, cela servit comme de levain pour faire fermenter -cette bouteille beaucoup plus proprement qu'elle n'auroit fait sans -cela. - - - - -CHAPITRE VI. - -EXPERIENCES POUR LES CHYMISTES. - - -_EXPERIENCE I._ - -LE 13. Juillet Mr. le Docteur Slare membre de la Societé Royale eut la -curiosité d'essayer si le Bain Marie fermé à vis ne pourroit pas servir -à haster beaucoup l'extraction des teintures difficiles en Chymie; Pour -ce dessein nous mismes dans une des petites marmittes de verre du sel -de tartre avec de l'esprit de vin rectifié; dans l'autre nous mismes de -l'ambre avec du mesme esprit de vin; nous poussâmes la chaleur jusqu'à -faire exhaler la goutte d'eau en 3. secondes, avec 12. pressions, & -je l'éteignis bien-tost aprés: les vaisseaux estant refroidis, il se -trouva que dans le verre où estoit le sel de tartre, la teinture estoit -aussi forte qu'on l'eust pû faire en un mois de temps par la maniere -ordinaire, & elle avoit le goût lexivieux; dans l'autre marmite la -teinture d'ambre étoit beaucoup plus forte qu'on n'a coûtume de la -faire. - - -_EXPERIENCE II._ - -LE 15. Juillet Mr. le Docteur Slare eut encore envie d'essayer l'effet -du bain Marie pour la teinture d'antimoine, nous allumasmes le feu -environ à 10.-1/2 heures du matin; je poussay le feu jusques à faire -exhaler la goutte d'eau en 2. secondes, & la pression interieure estoit -12. fois plus forte que la pression ordinaire de l'air; J'ôtay une -partie du feu, & la chaleur estant diminuée en sorte que la goutte -d'eau ne s'exhaloit plus qu'en 3. secondes, le Bain Marie ne perdoit -rien du tout, j'entretins le feu à peu prés de cette force jusqu'à -1/2 heures; ensuite ie n'y regarday qu'un peu aprés 3. heures, & je -trouvay mes vaisseaux fort refroidis, & le feu presque tout esteint: -je le rallumay, & je poussay encore la chaleur jusques à faire exhaler -la goutte d'eau en moins de 1-1/2 secondes, & il recommença à sortir -quelque chose du Bain Marie par la petite soupape, & j'ôtay du feu en -sorte que la goutte d'eau ne s'exhaloit plus qu'en 2. secondes, & le -bain Marie cessa de s'en aller, je laissay éteindre le feu peu à peu, -& ensuite ie trouvay que le vinaigre avoit tiré peu de la teinture -d'antimoine, quoy que la chaleur eust esté plus forte & beaucoup plus -longue, que pour la teinture du sel de tartre. - -Quelque temps aprés en vuidant la marmitte, je trouvay que le verre -d'antimoine estoit venu tout en une masse, comme s'il eust esté fondu, -& que le dessus estoit rouge, mais le fonds estoit noirastre, ce qui -nous fit croire que la teinture avoit esté toute tirée, mais qu'elle -s'estoit ensuite precipitée. - -Nous remarquasmes aussi une grande difference entre l'esprit de vin & -le vinaigre distillé, c'est que la chaleur dans l'experience premiere -avoit donné une si grande force à l'esprit de vin pour se dilater qu'il -en estoit sorty une grande partie par dessus les bords de la marmitte, -qui par ce moyen se trouva plus de demy vuide, & au contraire l'esprit -de vinaigre s'estoit trouvé si peu capable de dilatation, que la -pression dans le Bain Marie se trouvant autant ou plus forte que dans -la marmite, elle ne se trouva point du tout vuidée, quoyque la chaleur -eust esté plus grande que sur l'esprit de vin, & que la pression dans -le Bain Marie eust esté égale dans l'une & l'autre experience. - - -_EXPERIENCE III._ - -LE 2. Aoust je mis du rosmarin dans une grande marmitte de verre -longue, & il estoit soûtenu par un petit treillis de fer, en sorte -qu'il s'en falloit un tiers qu'il ne touchât au fonds de la marmite; -J'allumay ensuite le feu vers le haut de la machine, afin que le bas -demeurant le plus froid les vapeurs du rosmarin peussent se condenser -au fonds de la marmitte, je poussay la chaleur jusqu'à faire exhaler -la goutte d'eau en 6. secondes sur le couvercle, mais le bas estoit -presque tout froid; ie trouvay ensuite que le rosmarin avoit rendu un -peu d'eau rouge, & de bonne odeur, environ le poids d'une drachme, & -2. ou 3. gouttes d'huile essentielle qui avoit fort bonne odeur, & -qui approchoit de la nature du beurre; estant plus épaisse que l'huile -ordinaire; cette maniere de distiller a de l'avantage par-dessus la -maniere ordinaire; 1. En ce qu'on n'est point en danger de rien perdre, -2. En ce que les vapeurs sont plus faciles à pousser en bas qu'en haut, -& qu'ainsi n'estant mise en agitation que par la chaleur innocente du -Bain Marie, & tombans incontinent par leur poids, elles conserveront -bien mieux leur nature, que quand elles sont exposées à un feu moins -benin qu'il faut qu'elles en reçoivent une agitation capable de les -élever à une hauteur considerable; ce qui ne se peut faire sans danger -d'alterer leur nature, 3. Dans les distillations ordinaires il demeure -toûjours beaucoup d'huyle attachée au chapiteau, & quj ne tombe point -dans le recipient, au lieu qu'icy il n'y a point de chapiteau, le -recipient faisant les deux offices, reçoit d'abord toutes les vapeurs -qui sortent du mixte. - -Le Diaphragme dont je me suis servy pour ces distillations, est -representé fig. 3. - -BB est le diaphragme fait de fils de fer. - -AA sont trois petits pieds pour soûtenir le diaphragme à quelque -distance du fonds. - -CC est un autre fil de fer attaché au centre du diaphragme, & montant -jusques vers le haut de la marmitte, afin que quand l'operation est -finie, on puisse tirer par là le diaphragme & les matieres qui sont au -dessus; & qu'ainsi la liqueur distillée demeure seule dans la marmitte. - -On pourroit aussi donner aux vaisseaux une figure circulaire; comme -dans la quatriéme figure; car mettant une des extremitez dans le feu -& l'autre dans l'eau, les vapeurs se viendroient condenser de ce -costé-là, & les sels atils se pourroient attacher au milieu, comme ils -font dans les distillations ordinaires. - -On pourroit aussi faire des vaisseaux tels que la cinquiéme figure -represente, la marmitte bb, son ouverture II tout à fait hors du Bain -Marie. - -On la pourroit emplir entierement de la matiere qu'on voudroit -distiller; car appliquant à l'ouverture II un couvercle BB de -profondeur raisonnable, toutes les vapeurs viendroient s'y condenser, -& les matieres seroient soûtenuës par un diaphragme. - -Il faudroit que la marmitte fust fortement soudée au Bain Marie à -l'ouverture SS, afin de retenir l'eau contenuë dans l'espace TTTT entre -le Bain Marie & la marmitte. - -Il faudroit que le petit tuyau HH fust fermé à vis, & non par des poids -comme vous voyez dans la figure. - -Il faudroit qu'il y eust quelque boëte de fer attachée au Bain Marie -par des poids, comme vous voyez dans la figure, pour tenir le feu qui -l'échaufferoit. - -Enfin il faudroit que le tout fust soûtenu presques en équilibre par -les tourillons CC sur les deux piliers RRRR, afin de pouvoir aisément -tourner la machine sans dessus dessous. - -Par ce moyen on s'épargneroit la peine d'ouvrir le Bain Marie, & -ainsi il ne seroit point necessaire de le laisser refroidir, parce -qu'on pourroit toûjours ouvrir la marmitte & la remplir de nouveau -sans donner aucun lieu à l'eau de s'échapper de l'espace TTTT, & de -plus le couvercle BB pourroit estre de verre, & ainsi on auroit moyen -d'observer le progrez de la distillation. - -On pourroit aussi (pour les operations qui se doivent faire en grande -quantité) enfermer 5. ou 6. machines de cette sorte dans un grand -cercle de fer, & mettre le feu dans l'espace du milieu, & ainsi le -mesme feu les échaufferoit toutes à la fois, & peut estre que par ce -moyen avec du charbon de terre, on pourroit cuire le Pain fort bon -& à bon marché; & quelque grande que fust la machine, on la pourroit -toûiours tourner le haut en bas, à cause qu'elle seroit soûtenuë en -équilibre, & ainsi on la pourroit vuider, & remplir assez facilement -mais i'avouë que ie ne l'ay pas encore experimenté iusques là. - - -_EXPERIENCE IV._ - -LE 10. Aoust ie pris 3. onces de canelle, & les ayant disposées de -mesme que le rosmarin dont ie viens de parler, ie poussay le feu -iusqu'à faire évaporer la goute d'eau en 2. secondes, mais le bas de la -machine trempoit dans de l'eau froide que ie renouvellois de temps en -temps, si bien que il devint à peine tiede, i'eus à ce coup environ -5. drachmes d'une liqueur blancheâtre avec quelques petites gouttes -d'huile au dessus, il y avoit aussi un peu d'huile atachée aux côtez du -verre & qu'on pouvoit détacher avec une lame de couteau, & on la voyoit -ensuite nager sur la liqueur; Il y apparence que l'huile tirée de cette -maniere n'est pas si pesante, que celle qu'on apporte des Indes, & -se meslant avec le phlegme elle le rend ainsi blancheâtre; cependant -le phlegme ainsi meslé d'huile a fort bonne odeur, & peut fort bien -aromatiser, estant mis en plus grande dose que l'huile pure. - - -_EXPERIENCE V._ - -LE 12 Aoust ie mis de l'anis dans une de mes petites marmittes de -verre, & des feüilles de rosmarin dans l'autre avec de l'eau qui les -surnageoit un peu, mon dessein estoit de voir si l'huile essentielle -ne se pourroit point extraire de mesme que la gelée des os, ie croyois -que les parties de l'eau s'insinuans entre les parties des plantes, -pourroient faire échapper l'huile qui ensuite se trouveroit au dessus -de l'eau; ie poussay le feu iusques à faire évaporer la goutte d'eau -en 10. secondes, puis ie l'éteignis incontinent, ie trouvay que mes -matieres avoient bien meilleur odeur qu'auparavant, sur tout le -rosmarin, mais ie ne trouvay point d'huyle. - -Le 13. Aoust ie reïteray la mesme experience avec du rosmarin dans une -marmitte, & de la canelle dans l'autre. Je poussay le feu iusques à -faire exhaler la goutte d'eau en trois secondes, & l'ôtay incontinent -aprés; les vaisseaux êtans refroidis je trouvay que le rosmarin avoit -plûtôt mauvaise, que bonne odeur; ce qui me fit juger que la chaleur -excessive l'avoit gâté, au lieu que dans l'autre Experience une chaleur -moins grande l'avoit rendu plus odoriferant, si bien que je ne sçay -pas si par plusieurs experiences on ne pourroit point trouver un degré -de chaleur propre à le rendre meilleur, & luy faire donner dans la -distillation plus d'huile, & plus facilement qu'il ne fait d'ordinaire. - -La Canelle êtant un corps plus dur n'étoit point gâtée, mais il n'y -avoit pas de profit à le preparer de cette maniere, à moins de sçavoir -quelque degré de chaleur qui luy fut plus propre. - -Voilà tout ce que j'ay fait jusques icy sur la Chymie avec cette -Machine; à quoy je croy pouvoir ajoûter qu'il y a tout lieu de croire -qu'elle sera fort utile pour toutes les operations qui demandent un feu -doux, & égal de tous côtez, parce que mettant le feu au bas & l'eau la -plus chaude montant toûjours au dessus, la chaleur se communiquera par -tout égallement; elle sera propre aussi pour conserver le même degré -de chaleur pendant un fort long temps, parce que la grande quantité -d'eau qu'il y aura à échauffer, empeschera que les inegalitez du feu ne -soient si sensibles sur les matieres qui y sont enfermées; Par exemple; -Si le feu vient à être plus fort à un temps qu'à l'autre, il arrivera -que cette force du feu sera diminuée avant qu'elle ait pû faire -d'effet considerable sur la Machine & toute l'eau qu'elle contient; -de même quand le feu vient à étre moins grand qu'il ne devroit la -chaleur ne laisse pas de se conserver long-temps dans la Machine; en -sorte qu'on peut avoir le loisir de refaire du feu; Cette consideration -m'avoit donné envie d'éclorre des poulets par ce moyen, & je ne doute -pas que la chose ne pût fort bien reüssir; J'aurois voulu mettre la -boule d'un Thermometre scellé hermatiquement sous une poule parmy les -œufs, & le tuyau du Thermometre sortant assez loin hors du nid, -auroit montré le degré de chaleur necessaire pour cette operation; En -suite j'aurois enfermé le mesme Thermometre dans une Machine ajustée -avec des fenêtres vitrées pour laisser voir ce qui se passoit au -dedans, & ainsi on auroit pû voir quand le Thermometre seroit parvenu -au même degré que quand elle êtoit sous la poule; & les œufs êtans -ainsi enfermez dans des marmites de verre auroient esté faciles à voir, -quand il en seroit sorty des poulets, comme cette operation ne demande -ny beaucoup de pression, ny beaucoup de chaleur, on pourroit la faire -dans des machines de plomb, qui pourroient être grandes & à bon marché. - -J'aurois voulu aussi essayer si la pression pourroit avancer la -formation du poulet, aussi bien qu'elle avance la cuisson de la viande; -mais j'ay abandonné ces desseins crainte de manquer de loisir pour en -venir à bout. - - - - -CHAPITRE VII. - -POUR LES TINTURIERS. - - -_EXPERIENCE PREMIERE._ - -PARCE que dans la seconde Experience du Chap. V. j'avois crû que les -grozeilles vertes avoient tiré de l'étain une belle couleur de pourpre -violet, je voulus voir si des grozeilles rouges ne feroient pas une -couleur encore plus belle; ainsi le 3. Aoust, je mis plusieurs lames -d'étain dans une petite marmite de verre avec des grozeilles rouges -pilées; je poussay le feu jusques à faire évaporer la goutte d'eau en -3. secondes, avec la pression interieure 12. fois plus grande que la -pression ordinaire de l'air; je trouvay en suite que les groseilles -rouges au lieu d'avoir fait une couleur plus belle, avoient une couleur -pâle, & le fruit avoit beaucoup de goût de brûlé; J'avois mis en mesme -temps dans l'autre marmite de verre des cerises noires, & je trouvay -que le suc avoit aussi perdu beaucoup de sa couleur; cela me fit croire -que le feu altere les couleurs des choses, sur lesquelles il agit, en -donnant aux corps qui n'en ont pas, & l'ôtant à ceux qui en ont, & je -croy que dans la 2. Experience du Chap. V. les grozeilles vertes qui -s'êtoient crevées contre l'étain n'avoient pas plus de couleur que les -autres, parce qu'elles avoient souffert plus de chaleur, Il y a donc -apparence que par le moyen de cette machine qui fait si bien agir la -chaleur sans dissiper les parties des corps; On pourra faire servir à -diverses teintures des substances qui n'y êtoient pas propres par les -voyes ordinaires. - - -_EXPERIENCE II._ - -LE quatriéme Aoust je pris du suc de limon & l'enfermay avec des -lamines d'étain dans une petite marmite de verre & ayant poussé le feu -jusques à faire évaporer la goute d'eau en 10. secondes, & la pression -interieure seulement triple de la pression ordinaire de l'air, je -trouvay que le suc de limon n'avoit point tiré de teinture de l'étain, -quoy qu'il soit bien plus acide que les grozeilles vertes quand elles -sont meures. - -Le 7. Aoust je reïteray la même experience avec le mesme suc de limon, -& je poussay le feu jusques à faire évaporer la goute d'eau en trois -secondes, & la pression 12. fois plus forte que la pression ordinaire -de l'air; Je laissay un peu de charbon afin de conserver la chaleur -plus long temps, & je trouvay que le suc de limon n'avoit point de goût -de brûle, & qu'il n'avoit point tiré de teinture de l'étain, seulement -il paroissoit un peu jaunâtre, ce qui me confirma que la couleur des -grozeilles vertes, Chap. V. Experience II. n'avoit pas esté tirée de -l'étain. - -J'avois mis en même temps dans une autre marmite des grozeilles -écrasées, & je trouvay qu'elles avoient contracté un goût d'empyreume, -si fort qu'on ne les pouvoit avaller, leur liqueur êtoit rougeâtre, -& beaucoup moins belle que celle du Chap. V. Experience II. De sorte -qu'il paroist que l'excez de chaleur peut beaucoup nuire; cette liqueur -tachoit mes mains d'une couleur jaune que je ne pouvois faire passer en -huit jours de temps, quoy que je n'épargnasse pas le savon. - - -_EXPERIENCE III._ - -LE seiziéme Aoust Monsieur Meres Teinturier à Londres m'apporta de la -racine nommée _Rubea tinctorum_ en poudre; Nous en mismes dans deux -marmites de verre avec des petits morceaux d'étoffe & de l'eau, & dans -l'une nous melâmes un peu d'eau de vie, nous poussames le feu jusques -à faire douze pressions & évaporer la goute d'eau en trois secondes, -ce qui fut fait en 1/2 heure, & ayant incontinent osté le feu, nous -trouvâmes que la couleur rouge étoit gâtée, & qu'elle tiroit sur le -jaune; les morceaux d'étoffe étoient tout à fait gâtez & se déchiroient -sans peine quoy que pour l'ordinaire on puisse faire boüillir cette -étoffe trois heures sans se gâter. Cette experience nous fit croire que -le _Rubea tinctorum_, ny les étoffes ne sont pas propres pour une si -grande chaleur. - -Monsieur Meres eut en suite envie de voir si la cochenille pourroit -donner toute sa couleur sans être morduë; Pour cét effet il mit trois -grains de Cochenille, fort entiers dans trois onces & demie d'eau, & -en même temps il mit dans l'autre marmitte de la Cochenille commune -qui se vend huit fois meilleur marché que l'autre, à cause de cela il -en mit environ huit fois plus à proportion de l'eau; ayant poussé le -feu de même que dans l'experience precedente, nous trouvâmes que dans -le premier verre il y avoit eu un des grains de Cochenille qui s'êtoit -tout à fait dissout, & que les deux autres n'avoient plus du tout de -couleur, mais qu'ils étoient noirs. La liqueur êtoit d'un beau rouge: -mais dans l'autre verre la teinture êtoit bien plus forte. - -Cette experience fit voir qu'on peut par le moyen du Bain Marie fermé -à vis, épargner toute la peine & le déchet qu'il y a à brayer la -Cochenille, & que peut-être la Cochenille commune donneroit beaucoup -plus de teinture qu'elle ne fait d'ordinaire. - -Je fis avec ces liqueurs une experience pour sçavoir si la Machine du -vuide pourroit servir à faire penetrer les teintures dans les étoffes; -Je mis un morceau d'étoffe dans une des liqueurs, & les ayant mis dans -le vuide, je vis comme je l'attendois, qu'il sortit grande quantité -d'air de l'étoffe, si bien que je croyois que la teinture entrant -ensuite dans la place de cét air, se trouveroit avoir bien penetré par -tout; cependant quand j'eus redonné l'air, & que l'humidité de l'étoffe -eut esté exprimée, il se trouva qu'il n'y resta pas de couleur, ce -qui me fit voir que ce n'est pas assez que la teinture s'insinuë entre -les poils mesmes; & elle ne sçauroit s'y insinuer si les parties dont -chaque poil est composé, ne sont rarefiées par la chaleur qui a bien -plus de force pour cela, que le vuide. - - -_EXPERIENCE IV._ - -LE 18. Aoust ie mis deux morceaux d'étoffe de laine dans deux marmittes -de verre, & ie versay sur l'un de la teinture de cochenille à bon -marché, & sur l'autre du suc de prunes distillées de la maniere décrite -chap. 6. exper. 3. ie ne poussay le feu que iusques à faire évaporer la -goutte d'eau en quarante deux secondes & six pressions; ensuite i'ôtay -vite le feu, craignant que l'étoffe ne fust gâtée; les vaisseaux -estant refroidis, ie trouvay mes deux morceaux d'étoffe encore bons & -bien teints, celuy qui estoit dans le ius de pruneaux aussi bien que -l'autre, mais il estoit d'un rouge plus enfoncé & tirant sur le brun; -le iu des pruneaux aussi avoit beaucoup changé de couleur, estant -devenu rougeastre de violet qu'il estoit auparavant, il estoit aussi -devenu plus liquide. - -Cette experience fait voir que le Bain Marie conservant longtemps les -choses à la chaleur sans qu'elles se gastent, & retenant les plus -subtiles parties qui s'exhalent d'ordinaire, sera propre à faire -penetrer dans les étoffes des teintures, qui d'ordinaire sont estimées -trop visqueuses, comme est le ius de pruneaux. - -Parce que pour les teintures on ne se soucie pas du goût, Mr. Meres -croit qu'on n'auroit pas besoin de marmitte pour mettre dans le Bain -Marie; ainsi ie croy qu'on pourroit laisser l'ouverture moindre que la -cavité, comme vous voyez fig. 6. & il faudroit aussi suspendre cette -machine en equilibre sur les tourillons CC, afin de la vuider & remplir -facilement. - -Si on vouloit y teindre des étoffes, il faudroit que l'entrée HH fust -du moins assez grande pour pouvoir introduire les pieces d'étoffe dans -la cavité AA. - - - - -CHAPITRE VIII. - -_EXPERIENCES SUR LES CORPS PLUS DURS, COMME L'AMBRE, L'YVOIRE, &c._ - - -J'Ay fait des experiences sur des corps plus durs, comme l'ambre, -l'yvoire, la corne de bœuf, l'écaille de tortuë; mais comme ie n'y -ay encore rien trouvé qui puisse estre utile dans la pratique, je ne -veux pas ennuyer le lecteur en rapportant toutes les particularitez des -experiences; Je me contenteray donc simplement de donner quelque peu -d'observations qu'elles m'ont fourni. - -1º. Ie n'ay jamais pu fondre l'ambre, quelque degré de chaleur que -j'aye employé, quoy que j'emplisse la Machine avec de la pois & du -sable au lieu d'eau, & que je la fermasse avec 8. vis au lieu de 2. -J'ay bien pû faire la separation de diverses substances dont il est -composé, sçavoir de baume, des fumées, & des terrestreitez; mais tout -cela ne se peut appeller de l'ambre fondu, puis qu'il n'a plus les -proprietez de l'ambre, car si on dissout ces substances dans l'esprit -de therebentine, elles ne sçauroient acquerir beaucoup de dureté, quoy -qu'on fasse évaporer l'esprit; & une chaleur mediocre peut les ramolir, -comme si ce n'estoit que la therebentine endurcie. - -2º. Mr. Boyle m'ayant donné de la gomme copal pour essayer ce qu'elle -feroit, je trouvay bien à la verité qu'elle se fondit sans se gaster -beaucoup: mais quand je voulus m'en servir pour faciliter la fonte de -l'ambre, je n'y pus reüssir, j'ay voulu employer pour ce même dessein -du mastik, de la gomme adragant, de la poix resiné, mais tout cela a -été inutilement, si bien que je croy qu'on peut asseurer, que pour la -fonte de l'ambre il faut une chaleur plus forte & plus prompte que -cette Machine n'en peut donner. - -3º. Quoy qu'il semble que la corne de bœuf soit un corps plus gluant -que les os, je n'ay jamais pu en tirer aucune gelée ny colle, quoyque -j'aye remis la mesme corne trois ou quatre fois de suite dans la -Machine sur le feu. - -4º. Je n'ay jamais pu prendre l'yvoire molle & pliante, quoyque je -l'aye fait cuire de diverses manieres, & avec diverses liqueurs, comme -sont la graisse, l'huyle, la bierre & l'eau, j'en ay tiré de fort belle -gelée bien transparente, mais l'yvoire demeure cassante. - -5º. L'écaille de tortuë ne se sçauroit ramollir en boüillant dans -l'huyle, mais dans l'esprit de vin elle s'enfle, & devient pleine de -cavitez comme une éponge. - -6º. La corne de bœuf & l'écaille de tortuë ayant esté cuittes dans -l'eau, a une chaleur capable de faire exhaler la goutte d'eau en 3. -secondes, avec une pression interieure 12. fois plus forte que la -pression ordinaire de l'air; elles deviennent si molles, qu'elles ne se -rendurcissent point en 3. ou 4. jours de temps, & peut-estre que cecy -pourroit être d'usage dans la pratique, & donner plus de commodité de -mettre ces matieres en œuvres, que quand elles ne sont échauffées -qu'à la maniere ordinaire; il faut pourtant avoüer qu'elles demeurent -aprés cela plus cassantes qu'auparavant; & j'ay une fois veu deux -pieces d'écaille de tortuë, qui en cuisant ensemble, s'estoient si bien -collées l'une à l'autre, qu'elles se rompoient ailleurs, plûtost que de -se des-unir. - - - - -CHAPITRE IX. - -_CALCVL DV PRIX A QUOY DE BONNES & GRANDES MACHINES POURROIENT -REVENIR, & DU PROFIT QU'ELLES POURROIENT APPORTER._ - - -PARCE que l'on objecte d'ordinaire contre les nouvelles Inventions, que -la dépense ira plus loing que le profit qu'elles pourront apporter, -j'ajoûteray icy un calcul de la dépense qu'il y auroit à faire pour -de telles machines que celles que j'ay décrites, & du profit qu'on en -tireroit. - -J'ay esté chez un Marchand de fer, & j'y ay fait peser un tuyau de fer -de fonte qui avoit 6. pouces de diametre & 2. pieds de haut, il estoit -sans doute assez fort pour resister à une pression interieure 20. fois -plus forte que la pression ordinaire de l'air; cependant il ne pesoit -que 57. liv. si bien qu'un autre tuyau de cette sorte qui auroit 12. -pouces de diametre, & autant de force à proportion de sa grosseur ne -peseroit qu'environ 228. liv. mais quand mesme un vaisseau de cette -grandeur avec ses fonds peseroit 250. liv. il ne reviendroit toûjours -pas à 29. livres tournois, puisque les marchands peuvent gagner en -donnant cette sorte de fer pour 2-1/2 sols la livre. - -On pourroit faire user & ajuster le couvercle au vaisseau dans le lieu -mesme où sont les forges, & où les ouvriers travaillent à bon marché, & -ainsi cela se pourroit faire à moins de 20. sols pour chaque Machine. - -Les pieces de fer DD avec les quatre vis crainte que deux ne fussent -pas suffisantes, & la verge de fer LM se pourroient faire à moins d'un -écu, sur tout si on les faisoit à la campagne, & beaucoup à la fois. - -Ce ne seroit aussi que trop de donner un écu pour mettre le tuyau HH, & -y aioûter la soupape. - -On pourroit aussi avoir la marmitte GG de fonte, de fer, de verre ou de -pots de grais pour moins de 4. écus, & elle seroit assez forte & assez -grande pour contenir 8. livres d'eau, i'avouë pourtant qu'il seroit -difficile de faire un verre si grand, mais au lieu d'un, on en pourroit -faire trois ou quatre, pour mettre l'un sur l'autre dans le mesme -chassis. On peut donc asseurer qu'un marchand pourroit avec bon profit -vendre de telles marchandises à seize écus la piece toutes prestes & en -bon estat. - -Une Machine telle que ie viens de décrire feroit plus de 50. liv. de -gelée à la fois, & elle pourroit faire son effet du moins deux fois en -24. heures; car i'ay éprouvé que ma grande Machine qui a six pouces -de diametre, peut en moins d'une heure acquerir toute la chaleur -necessaire pour faire de la gelée d'os. On peut donc asseurer qu'on -pourroit faire du moins 110. liv. de gelée par iour avec une machine de -12 pouces de diametre. - -Or dans Paris, où quelques Traitteurs tiennent toûjours de la gelée -prête pour ceux qui en veulent achepter; On la vend communement vingt -sols la livre: mais dans Londres où l'on n'en fait que quand on la -demande, les Apoticaires la vendent deux Chelins; ce seroit donc rendre -un bon service au public, si quelqu'un entreprenoit de fournir la gelée -à 4. sols la livre; Cependant un homme pourroit à ce prix-là faire par -jour pour environ vingt livres tournois de gelée avec telle machine. - -Le feu ne coûteroit pas six sols, & on auroit aussi les os, & un peu de -corne de Cerf à bon marché, n'êtant pas necessaire de les raper, il ne -faut pas non plus beaucoup de sucre pour la gelée, mais supposons que -la dépense monte à huit livres tournois par jour, il restera toûjours -quatre écus de profit pour le Maître de la Machine, & ainsi en quatre -jours de temps, il pourra être remboursé de la dépense de l'achapt, & -un homme seul pourroit faire travailler cinq ou six machines à la fois, -& les employer pour divers usages, dont quelques-uns seroient peut-être -de plus grand profit que de faire de la gelée; Il ne faut donc point -douter, que ceux qui auront les avances necessaires pour travailler à -bon escient à ces sortes de choses, y pourront faire parfaitement bien -leurs affaires, & en même temps rendre un service au public. - - - - -ADVIS - - -MOnsieur Edmond King Docteur en Medecine, & l'un des membres de la -Societé Royale de Londres, ayant fait faire une de ces machines, pour -plus grande commodité & seureté a fait ajuster la verge de fer LM avec -une charniere à l'extremité L, afin qu'elle tombe toûjours juste sur le -Tuyau HH, & qu'il n'y ait pas de danger que la soupape P glisse à costé -& gaste l'operation: Il a aussi fait bâtir un fourneau de brique tout -exprés: & ainsi j'ay eu depuis la commodité d'essayer si par ce moyen -la dépense du charbon seroit moindre que dans le coin de ma cheminée -(_voy chap. 1._) mais j'ay trouvé contre mon attente que la dépense -de charbon est beaucoup plus grande dans son fourneau, dont je croy -devoir attribuer la raison à ce que les charbons dans son fourneau ne -touchent pas la machine, mais demeurent à quelque distance au dessous; -de mesme que dans les fourneaux ordinaires à bain de sable les charbons -ne touchent pas le pot, au lieu que dans ma cheminée le charbon touche -la machine presque tout le long d'un costé, & ainsi la peuvent bien -mieux échauffer. Il y a donc apparence qu'il vaudroit mieux faire les -fourneaux en sorte que les charbons touchassent la machine tout le long -d'un costé: il vaudroit mieux aussi les faire de plaques de fer, parce -que les fourneaux de brique demandent beaucoup de feu pour estre tout à -fait échauffez, à moins qu'on les fasse travailler continuellement. - -Cependant Mr. King a fait diverses experiences avec sa machine, ayant -la commodité que le feu s'y allume sans qu'il soit besoin de souffler. -Outre plusieurs bons plats de viande & de poisson, il a aussi preparé -dîvers remedes, & a trouvé que dans cette machine l'operation se peut -faire en moins de la dixiéme partie du temps qui est necessaire dans -les autres fourneaux; & pourtant quelques unes de ces preparations sont -beaucoup plus fortes que l'ordinaire. - -Nous avons veu qu'en hyver la corne de cerf estant boüillie avec douze -fois aussi pesant d'eau, elle la change toute en gelée: les os font -la mesme chose estant boüillis avec quatre fois aussi pesant d'eau, -ce qui est du moins le double de ce que j'avois trouvé en esté. _A -cette occasion je rapporteray deux autres effets qui ne se produisent -pas également en hyver & en esté: la premiere est la fermentation des -os dont j'ay parlé chap. 3. exp. 8._ qui ne se fait pas de beaucoup -si bien dans le froid que dans le chaud; le second est la cuisson des -viandes: car j'ay éprouvé avec ma machine que le mouton se cuit fort -bien en esté avec 5. onces de charbon; mais en hyver il ne se peut bien -cuire à moins de 6-1/2 onces. - -Nous avons veu qu'il n'est pas necessaire de mettre dans la machine -toute l'eau qu'on veut congeler; mais mettant poids égal d'os & d'eau, -aprês l'operation cette eau estant mêlée avec trois fois autant d'autre -eau, la tourne toute en gelée; & ainsi la quantité de gelée qu'on peut -faire avec une machine, & par consequent le profit qu'on en peut tirer, -va bien plus loin que je n'ay dit dans le 9. Chapitre. - -J'ay trouvé qu'un vieux chappeau fort méchant & mal travaillé, estant -penetré de gelée d'os, est devenu bon & ferme; en sorte qu'il y a -apparence que si on se servoit d'une telle liqueur pour faire les -chappeaux, ils seroient bien meilleurs que l'ordinaire. - -La machine de Mr King ayant déja donné lieu à ces experiences; Je ne -doute pas que quand la chose sera devenuë commune, on en découvrira -beaucoup d'autres usages en fort peu de temps. - - - - -ADVIS - - _DE MONSIEVR COMIERS - Prévôt de Ternant, Professeur des Mathematiques à Paris._ - - -LA Version du Livre Anglois de Mr Papin, est autant bonne qu'on la -peut souhaitter: Mais comme ce docte Medecin François de naissance, -& experimenté Philosophe Cosmopolite, que l'Academie nouvellement -établie à Venise, pour perfectionner les Arts & les Sciences, a tiré -d'Angleterre, ne fit que passer par Paris, & y salüer ses anciens amis; -il n'eut pas le temps d'y faire construire sa _Machine pour amolir les -Os, & faire cuire toutes sortes de Viandes en fort peu de temps, & à -peu de frais_: plusieurs personnes n'ont peu y réüssir. Cela m'a obligé -de donner au public la même Machine, renduë beaucoup plus facile, plus -commode & plus asseurée, & telle que Mr Hubin Emailleur du Roy, & si -connu parmy les Sçavans curieux, la fit construire au mois d'Avril -dernier, avec laquelle il a le premier en France, montré par experience -à la Cour, & à Mrs. de l'Academie Royale des Sçiences, tout ce que Mr -Papin son ancien amy, avoit promis dans son livre imprimé à Londres. - -On connoistra par la seule inspection de ces figures, en quoy cette -machine est plus facile, plus commode & plus seure, que celle de Mr -Papin. - -La Figure premiere marquée par les lettres GG:FF, represente le -Cylindre creux dans lequel on met cuire les Fruits, les Legumes, les -Poissons, les Chairs, & les Os pour en faire de la gelée. - -Ce Cylindre creux est de Metal. Sa hauteur est d'un pied de Roy. Son -diametre est de quatre pouces. Son rebord, ou cordon GG, est de quatre -lignes d'épaisseur, & d'autant de sallie. - -La Figure II marquée H, represente un couvercle de fonte, de trois -lignes d'épaisseur, un peu voutée, pour mettre sur le Cylindre creux -GG,FF. - -La Figure III, marquée K, V, K: K, L, K, represente une espece -d'Estrier de fer. - -La Figure IV, marquée N, est une Platine de fer, de quatre lignes -d'épaisseur, pour mettre sur L, fonds de l'Estrier. - -La Figure V, marquée par les lettres KVK:GG.K:FF:K, represente le -Cylindre creux GG:FF de la _Fig. I._ mis dans l'Estrier de _Fig. III_. -On serre fortement le couvercle H, sur la bouche GG, du Cylindre creux -par le moyen de la vis V, qu'on tourne avec le gros poinçon de fer Q -qu'on voit dans la _Fig. IX_. - -La Fig. VI, marquée par les lettres BB:DD. est un Cylindre creux de -fonte. Son rebord ou cordon BB a six lignes de hauteur & autant de -sallie. Son fonds DD est épais d'environ quatre lignes, afin que par -l'effort de la pression interne il ne bouge, la machine figure X -estant mise sur les charbons ardents. La concavité de ce Cylindre BD. -Fig. VI. à un pied & un pouce de profondeur, & cinq pouces & demi de -diametre d'ouverture ou largeur pour recevoir toute la machine de la -Figure V. laquelle est supportée au fonds DD sur un petit bourclet -cercle ou couronne de paille. - -La Figure VII, marquée par les lettres _a_,T,_a_:AA. represente un -Cylindre de fonte creux & renversé, pour servir de couvercle au -Cylindre creux B, B: D, D. de la _Fig. VI_, ainsi qu'on le voit dans -la _Fig. X_. Son diametre est égal a celuy du Cylindre creux BB. Sa -hauteur est de deux pouces & demi. Son rebord ou cordon AA, est de six -lignes de hauteur, & d'autant de saillie. Le Tuyau T est de fonte, & -soudé au travers du fond _aa_, du couvercle _aa_:AA, son usage, est -tel que Mr Papin l'a décrit. - -La Figure VIII, marquée Y, est une platine de fer de quatre lignes -d'épaisseur, elle est un peu cambrée sur le milieu: Elle est aussi -échancrée en Z, afin qu'en la mettant sur le fonds _aa_, du couvercle -_aa_:BB, comme on le voit dans la _Fig. X._ elle reçoive le Tuyau T. -Cette platine y sert à presser & joindre tres-fermement par le moyen -des vis O, I. le couvercle _aa_: AA. avec le Cylindre BB:DD. comme il -paroist dans la _Fig. X_. - -La Figure VIII, marquée par les lettres RC:OMI:ES est forgée en double -Equerre, donc les deux extremitez sont forgées quarrément en crochets -chacun de demi pouce de sallie en dedans. Ces crochets embrassent le -corps du Cylindre, AA.BB. de la fig. VI. par dessous le rebord sallie -ou cordon BB, comme le tout paroît dans la _Fig. X_. Enfin par le -moyen des deux vis O: I. qu'on tourne avec le gros poinçon de fer Q -_Fig. IX._ dans des écrous de la bande de fer CE, on serre, & on joint -tres-étroitement le couvercle _aa_:AA de la _Fig. VII_, sur la bouche -BB du Cylindre creux BB.DD de la _Fig. VI_, comme on voit le tout dans -la _Fig. X_. - -Ce double Equerre RCES porte une petite boucle M, qui sert à acrocher, -comme il paroist dans la _Fig. X_, le levier, verge, ou barre plate -de fer MTX, laquelle par sa pesanteur, & par celle du poids P sert -à presser le papier qu'on met sur le trou du tuyau T, pour le bien -boucher, afin que pendant que la machine est sur les charbons ardens il -n'en puisse rien échapper ou exhaler. - -Ce double Equerre à crochets a par tout un pouce & demi de largeur, -& demi pouce d'épaisseur. Ses crochets RS ont du moins demi pouce de -sallie en dedans. La largeur ou distance d'entre les deux barres plates -CR:ES, est égale au diametre des rebords, sallies ou cordons AA.BB. -qu'elles embrassent; mais la distance RS de l'extremité ou pointe d'un -crochet à l'autre, est precisément de la largeur du diametre du corps -du Cylindre BB:DD, qu'ils doivent embrasser au dessous du cordon BB, -qui a de chaque costé un demi pouce de sallie. La hauteur inferieure -de ce double Equerre RC, est d'environ quatre pouces, afin de pouvoir -embrasser le cordon BB, tout le couvercle aa:AA, & la platine Y sur -laquelle portent les pointes des vis OI, qui tournent dans des Ecrous -de la partie horizontale CE du double équerre RC:OMI:ES. - -J'ay depuis remarqué qu'on peut encore rendre cette machine plus facile -& de moindre dépense: en voicy la maniere. Faites que le Cylindre -creux de fonte de la _Fig. VI_, marquée par les lettres BB:DD, soit -assez profond pour recevoir entierement toute la machine de la _Fig. -V_, marquée par les lettres KVK:GG.KFFK. Cela estant vous n'aurez pas -besoin du couvercle, en Cylindre creux de la _Fig. VII_, marqué par -les lettres _a_,T,_a_:AA: il suffira d'avoir une platine de metal de -3, ou 4 lignes d'épaisseur, dont le diametre sera égal au diametre -BB du Cylindre creux de fonte y compris son rebord, ou cordon. Cette -platine servira donc de couvercle au Cylindre creux marqué AA:BB dans -les figures VI & X. On soudera au travers de cette platine le Tuyau de -fonte T. Ainsi on remplira d'eau tout à coup la machine AA:BB, laquelle -estant couverte de sa platine, & sur icelle ayant mis l'autre platine -échancrée yz de la _Fig. VIII_, on adjustera le doule Equerre marqué -par les lettres C:OMIE:RS, &c. - - -_Ceux qui souhaitteront avoir la Machine reduite dans toute sa -facilité & de moindre dépense, telle que nous l'avons donné cy-dessus, -s'addresseront au Sr HOVDRY, Maistre Fondeur, ruë de la Ferronerie._ - -[Deux Planches illustrées] - - - * * * * * - - - Liste des modifications: - - Page 6: «CONNOISTE» remplacé par «CONNOISTRE» (POVR CONNOISTRE LA - QUANTITÉ DE PRESSION.) - Page 17: «prcisement» par «précisement» (Il ne sera pas besoin - de sçavoir precisément) - Page 18: «cuir» par «cuir» (pour cuire le bœuf) - Page 22: «êrre» par «être» et «aurant» par «autant» (quoy qu'elles - n'ayent peut être pas autant de rapport) - Page 28: «EXPFRIENCE» par «EXPERIENCE» (EXPERIENCE V.) - Page 30: «prtie» par «partie» (une partie de la viande) - Page 41: «de de» par «de» (une quantité de charbon) - Page 42: «dans dans» par «dans» (l'ayant mis dans dans deux marmittes) - Page 43: «pûr» par «pût» (que la chaleur ne pût) - Page 44: «cuir» par «cuire» (pour s'achever de cuire) - Page 46: «marmirtes» par «marmittes» (deux petites marmittes de verre) - Page 51: «pour pour» par «pour» (de grandes lumieres pour autres - choses) - Page 53: «EXPFRIENCE» par «EXPERIENCE» (EXPERIENCE XIV.) - Page 66: «parrie» par «partie» (ce qui pouvoit proceder de la partie) - Page 68: «que que» par «que» (il arriva que la soupape) - Page 70: «mis mis» par «mis» (je mis les os de bœuf) - Page 72: «les les» par «les» (qui joint les parties) - Page 73: «me» par «mes» ( mes vaisseaux estant refroidis) - Page 78: «au au» par «au» (mais la gelée va au fonds) - Page 95: «ordinainaire» par «ordinaire» (la pression ordinaire - de l'air,) - Page 101: «uerre» par «terre» (une petite marmitte de terre) - Page 103: «servit» par «servir» (se servir de grands pots) - Page 114: «cuison» par «cuisson» (que la cuisson d'une liqueur) - Page 125: «de de» par «de» (en danger de rien perdre) - Page 132: «gou» par «goutte» (à faire exhaler la goutte d'eau) - Page 142: «nou» par «nous» (nous trouvâmes que la couleur rouge) - Page 161: «ponrtant» par «pourtant» (& pourtant quelques unes) - - - - - -End of the Project Gutenberg EBook of La maniere d'amolir les os, by Denis Papin - -*** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LA MANIERE D'AMOLIR LES OS *** - -***** This file should be named 53183-0.txt or 53183-0.zip ***** -This and all associated files of various formats will be found in: - http://www.gutenberg.org/5/3/1/8/53183/ - -Produced by Claudine Corbasson and the Online Distributed -Proofreading Team at http://www.pgdp.net (This file was -produced from images generously made available by the -Bibliothèque nationale de France (BnF/Gallica) at -http://gallica.bnf.fr) - - -Updated editions will replace the previous one--the old editions -will be renamed. - -Creating the works from public domain print editions means that no -one owns a United States copyright in these works, so the Foundation -(and you!) can copy and distribute it in the United States without -permission and without paying copyright royalties. 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It exists -because of the efforts of hundreds of volunteers and donations from -people in all walks of life. - -Volunteers and financial support to provide volunteers with the -assistance they need, are critical to reaching Project Gutenberg-tm's -goals and ensuring that the Project Gutenberg-tm collection will -remain freely available for generations to come. In 2001, the Project -Gutenberg Literary Archive Foundation was created to provide a secure -and permanent future for Project Gutenberg-tm and future generations. -To learn more about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation -and how your efforts and donations can help, see Sections 3 and 4 -and the Foundation web page at http://www.pglaf.org. - - -Section 3. 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Email contact links and up to date contact -information can be found at the Foundation's web site and official -page at http://pglaf.org - -For additional contact information: - Dr. Gregory B. Newby - Chief Executive and Director - gbnewby@pglaf.org - - -Section 4. Information about Donations to the Project Gutenberg -Literary Archive Foundation - -Project Gutenberg-tm depends upon and cannot survive without wide -spread public support and donations to carry out its mission of -increasing the number of public domain and licensed works that can be -freely distributed in machine readable form accessible by the widest -array of equipment including outdated equipment. Many small donations -($1 to $5,000) are particularly important to maintaining tax exempt -status with the IRS. - -The Foundation is committed to complying with the laws regulating -charities and charitable donations in all 50 states of the United -States. Compliance requirements are not uniform and it takes a -considerable effort, much paperwork and many fees to meet and keep up -with these requirements. We do not solicit donations in locations -where we have not received written confirmation of compliance. To -SEND DONATIONS or determine the status of compliance for any -particular state visit http://pglaf.org - -While we cannot and do not solicit contributions from states where we -have not met the solicitation requirements, we know of no prohibition -against accepting unsolicited donations from donors in such states who -approach us with offers to donate. - -International donations are gratefully accepted, but we cannot make -any statements concerning tax treatment of donations received from -outside the United States. U.S. laws alone swamp our small staff. - -Please check the Project Gutenberg Web pages for current donation -methods and addresses. 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Thus, we do not necessarily -keep eBooks in compliance with any particular paper edition. - - -Most people start at our Web site which has the main PG search facility: - - http://www.gutenberg.org - -This Web site includes information about Project Gutenberg-tm, -including how to make donations to the Project Gutenberg Literary -Archive Foundation, how to help produce our new eBooks, and how to -subscribe to our email newsletter to hear about new eBooks. diff --git a/old/53183-0.zip b/old/53183-0.zip Binary files differdeleted file mode 100644 index d70c4c0..0000000 --- a/old/53183-0.zip +++ /dev/null diff --git a/old/53183-h.zip b/old/53183-h.zip Binary files differdeleted file mode 100644 index dacc33c..0000000 --- a/old/53183-h.zip +++ /dev/null diff --git a/old/53183-h/53183-h.htm b/old/53183-h/53183-h.htm deleted file mode 100644 index 83cca5b..0000000 --- a/old/53183-h/53183-h.htm +++ /dev/null @@ -1,3060 +0,0 @@ -<!DOCTYPE html PUBLIC "-//W3C//DTD XHTML 1.0 Strict//EN" - "http://www.w3.org/TR/xhtml1/DTD/xhtml1-strict.dtd"> - -<html xmlns="http://www.w3.org/1999/xhtml" xml:lang="fr" lang="fr"> - <head> - <meta http-equiv="Content-Type" content="text/html;charset=utf-8" /> - <meta http-equiv="Content-Style-Type" content="text/css" /> - <title>The Project Gutenberg eBook of La maniere d’amolir les os, et de faire cuire toutes - sortes de viandes en fort peu de temps, & à peu de frais, by Denis Papin</title> - -<link rel="coverpage" href="images/cover.jpg" /> - -<style type="text/css"> - -body {margin-left: 15%; 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You may copy it, give it away or -re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included -with this eBook or online at www.gutenberg.org/license - - -Title: La maniere d'amolir les os, et de faire cuire -toutes sortes de viandes en fort peu de temps, & à peu de frais. - -Author: Denis Papin - -Release Date: October 1, 2016 [EBook #53183] - -Language: French - -Character set encoding: UTF-8 - -*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LA MANIERE D'AMOLIR LES OS *** - - - - -Produced by Claudine Corbasson and the Online Distributed -Proofreading Team at http://www.pgdp.net (This file was -produced from images generously made available by the -Bibliothèque nationale de France (BnF/Gallica) at -http://gallica.bnf.fr) - - - - - - -</pre> - - -<hr class="full" /> - -<div class="texte600"> - - <p><a href="#tnote">Au lecteur</a></p> - - <p><a href="#table_des_chapitres">Table des chapitres</a></p> - - <div class="titlepage"> - <h1><span class="title1">LA</span><br /> - <span class="title2">MANIERE</span><br /> - <span class="title3">D’AMOLIR LES OS,</span><br /> - <span class="title1">ET</span><br /> - <span class="title4">DE FAIRE CUIRE TOUTES</span><br /> - <span class="title5">sortes de viandes en fort peu de</span><br /> - <span class="title5">temps, & à peu de frais.</span></h1> - - <div class="description"> - <span class="line1"><i>Avec une description de la Machine</i></span><br /> - <span class="line2"><i>dont il se faut servir pour cét effet,</i></span><br /> - <span class="line2"><i>ses proprietez & ses usages, confirmez</i></span><br /> - <span class="line2"><i>par plusieurs Experiences.</i></span> - </div> - - <p class="title6">NOUVELLEMENT INVENTÉ.</p> - - <p class="title7"><i>Par M<sup>r</sup> PAPIN, Docteur en<br /> - Medecine.</i></p> - - <div class="figcenter2" style="width: 128px;"> - <img src="images/bandeau-7.jpg" alt="" title="" width="128" height="64" /> - </div> - - <p class="title8">A PARIS,</p> - - <p class="center">Chez <span class="estienne">ESTIENNE MICHALLET</span>, ruë<br /> - Saint Jacques, proche la Fontaine Saint<br /> - Severin, à l’image Saint Paul.</p> - - <p class="center">M. DC. LXXXII.</p> - - <p class="center"><i>Avec Aprobation & Permission.</i></p> - </div> - - <div class="figcenter" style="width: 600px;"> - <img src="images/image-1a.jpg" alt="" title="" width="600" height="179" /> - </div> - - <h2><span class="small90">A</span><br /> - L’ILLUSTRE SOCIETÉ<br /> - <span class="small90">DE LONDRES.</span></h2> - - <div class="imagelettrine" style="width: 75px"> - <img src="images/image-1b.jpg" alt="" title="" width="75" height="76" /> - </div> - - <p class="messieurs"><span class="firstletter">M</span><i>ESSIEVRS</i>,</p> - - <p class="margintop4"><i>Le favorable accüeil que vous faites à tous ceux qui suivant les - Statuts & les desseins de vôtre Illustre Societé, travaillent à - augmenter les commoditez de la vie, & à perfectionner la Science - Naturelle, me fait prendre la liberté de vous offrir ces Experiences; - j’avouë qu’il leur manque bien des choses, & qu’elles ne sont pas - dignes de paroistre devant une Compagnie aussi éclairée & aussi - considerable que la vôtre: Mais comme j’ay tâché de vous imiter, & que - je sçay que vous avez assez de bonté pour supporter les defauts de ceux - qui cherchent les moyens de penetrer dans la connoissance de la nature, - j’espere que vous accorderez à ce petit Traité la protection que je - vous demande pour luy, & que vous me ferez, la grace de croire que je - suis avec respect & estime</i>,</p> - - <p class="lsignature"><i>MESSIEVRS</i>,</p> - - <p class="rsignature">Vôtre tres-humble & tres-obeïssant serviteur. ****</p> - - <div class="figcenter" style="width: 600px;"> - <img src="images/bandeau-1.jpg" alt="" title="" width="600" height="69" /> - </div> - - <h2><span class="big150">PREFACE.</span></h2> - - <p class="noindent"><img class="imagelettrine" src="images/image-2.jpg" width="100" height="107" alt=""/><span class="firstletter">L</span>’<span class="smcap">ON</span> a déja veu quelques experiences du Bain Marie fermé à vis, - imprimées dans le livre de l’Illustre Monsieur Boyle des experiences - Physicomechaniques, qui a paru l’an 1680. mais, comme ce livre là est - Latin, & qu’il ne donne ny la description de nôtre Machine, ny la - maniere de s’en servir seurement, j’ay creu qu’il seroit à propos d’en - faire un petit Traité à part pour l’usage des Peres de famille, & des - artisans qui pourront en avoir besoin, & s’en servir avec une utilité - merveilleuse.</p> - - <p>Davantage êtant tres-persuadé que cét écrit tombera entre les mains - de plusieurs personnes qui ne liront jamais l’histoire de la Societe - Royale de Londres, ny l’admirable Traité de Monsieur Boyle, touchant - l’utilité de la Philosophie Experimentale; Je croy avoir trouvé une - occasion tres-favorable pour détromper ceux qui croyent que c’est - perdre son temps que de travailler à faire de nouvelles découvertes, & - que tout est déja trouvé. Pour refuter cette erreur je ne veux point - sortir de mon sujet, & même entre plusieurs Argumens qu’il me fournit, - il me suffira d’en mettre un seul en usage; Je diray donc simplement - que l’art de cuire les viandes est si ancien, que son usage est si - universel & si ordinaire, & que la pluspart des nations de la terre - ont travaillé avec tant de soin, & si long-temps pour y rafiner, - qu’il semble que s’il y en avoit quelqu’un au monde qui pust être - porté au plus haut degré de perfection, ce devroit être celuy-cy. - Cependant on ne pourra nier qu’il ne reçoive à present une augmentation - considerable, puis que par le moyen de la Machine dont il s’agit icy, - la Vache la plus vieille & la plus dure se peut rendre aussi tendre & - d’aussi bon goust que la viande la mieux choisie; je dis de plus que - la chose n’êtoit pas difficile à trouver: car on sçait que les corps - les plus compactes êtant échauffez brûlent plus fort que ceux qui sont - d’une consistence plus rare; que le fer rouge, par exemple, brûle plus - fort que les charbons, il n’y avoit donc pas lieu de douter, que si - on chauffoit de l’eau assez pour la faire boüillir, & que pourtant on - l’empeschât de se rarefier, comme elle fait en boüillant, cette eau - ainsi pressée feroit bien plus d’effet que quand elle a la liberté de - se dilater; Aussi-tôt que cette pensée me fut entrée dans l’esprit, en - faisant pour Mr Boyle des experiences de compression, je crus la chose - si assurée, que je ne la balançay point à en faire des experiences, - cependant, quoy que cela fust si facile, personne que je sçache, n’y - a pensé jusqu’à cette heure; Nôtre Siecle a produit bien des hommes - qui ont fait & font encore tous les jours des choses incomparablement - plus difficiles: mais il paroît clairement qu’une seule personne ne - peut pas tout découvrir; Il faut donc demeurer d’accord qu’on peut - toûjours faire de nouvelles découvertes, & qu’il y a dequoy occuper - les esprits mediocres aussi bien que les plus grands; Tous ceux qui - ont de l’inclination à l’étude de la nature, ne doivent point faire de - difficulté de s’y appliquer, puis qu’ils ont lieu d’esperer que leurs - peines seront recompensées par la gloire de ce plaisir qu’ils auront - d’avoir trouvé quelque chose d’utile au public qui passera jusques à la - posterité.</p> - - <div class="figcenter" style="width: 600px;"> - <img src="images/bandeau-2.jpg" alt="" title="" width="600" height="116" /> - </div> - - <h2 id="table_des_chapitres">TABLE<br /><span class="small90">DES CHAPITRES.</span></h2> - - <table style="width: 100%" summary="table_des_chapitres"> - <colgroup span="3"> - <col width="15%" /> - <col width="80%" /> - <col width="5%" /> - </colgroup> - <tbody> - <tr> - <td class="tdltopnowrap">Chapitre I.</td> - <td class="tdltop"><span class="dropcap">D</span><i><span class="smcap">E</span>scription de la Machine, avec les moyens - de s’en servir seurement.</i></td> - <td class="tdrtop"><a href="#ch_1">page 1.</a></td> - </tr> - <tr> - <td class="tdltop">Chap. II.</td> - <td class="tdltop"><i>Experiences pour les Cuisiniers.</i></td> - <td class="tdrtop"><a href="#ch_2">pag. 23.</a></td> - </tr> - <tr> - <td class="tdltop">Chap. III.</td> - <td class="tdltop"><i>Experiences pour les voyages de Mer.</i></td> - <td class="tdrtop"><a href="#ch_3">pag. 64.</a></td> - </tr> - <tr> - <td class="tdltop">Chap. IV.</td> - <td class="tdltop"><i>Experiences pour les Confisseurs.</i></td> - <td class="tdrtop"><a href="#ch_4">pag. 94.</a></td> - </tr> - <tr> - <td class="tdltop">Chap. V.</td> - <td class="tdltop"><i>Experiences pour faire des Boissons.</i></td> - <td class="tdrtop"><a href="#ch_5">pag. 105.</a></td> - </tr> - <tr> - <td class="tdltop">Chap. VI.</td> - <td class="tdltop"><i>Experiences pour les Chymistes.</i></td> - <td class="tdrtop"><a href="#ch_6">pag. 109.</a></td> - </tr> - <tr> - <td class="tdltop">Chap. VII.</td> - <td class="tdltop"><i>Experiences pour les Tinturiers.</i></td> - <td class="tdrtop"><a href="#ch_7">pag. 137.</a></td> - </tr> - <tr> - <td class="tdltop">Chap. VIII.</td> - <td class="tdltop"><i>Experiences sur les Corps les plus durs, comme l’yvoire, - l’écaille de tortuë, & l’Ambre,&c.</i></td> - <td class="tdrtop"><a href="#ch_8">pag. 148.</a></td> - </tr> - <tr> - <td class="tdltop">Chap. IX.</td> - <td class="tdltop"><i>Calcul du prix à quoy de bonnes & grandes Machines - pourroient revenir, & du profit qu’elles pourroient apporter.</i></td> - <td class="tdrtop"><a href="#ch_9">pag. 153.</a></td> - </tr> - </tbody> - </table> - - <hr class="small2" /> - - <p class="center"><i>Approbation des Docteurs en Medecine.</i></p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">V</span><span class="smcap">E</span>u le Raport de Messieurs Rainssant & Leger qui ont leu & examiné le - Traité <i>de la maniere d’amolir les Os</i>, la Faculté consent qu’il soit - imprimé.</p> - - <p>A Paris ce 6. Juillet 1681.</p> - - <p><span class="smcap">Lienard</span> Doyen de la Faculté de Médecine de Paris.</p> - - <p class="noindent br"><span class="dropcap">V</span><span class="smcap">E</span>u l’Aprobation, permis d’imprimer. Fait ce 8. Juillet 1681.</p> - - <p class="rsignature">DE LA REYNIE.</p> - - <p><span class="pagenum" id="Page_1">1</span></p> - - <div class="figcenter" style="width: 600px;"> - <img src="images/image-1a.jpg" alt="" title="" width="600" height="179" /> - </div> - - <h1 id="ch_1">TRAITÉ<br /> - <span class="small70">TRES-CURIEUX<br /> - ET UTILE<br /> POUR AMOLIR LES OS.</span></h1> - - <h2><span class="smcap">Chapitre Premier.</span></h2> - - <p class="schapitre"><i>DESCRIPTION DE LA MACHINE, AVEC LES MOYENS DE S’EN SERVIR SEUREMENT.</i></p> -</div> - -<p class="sidenote"><i>Figure premiere.</i><br />AA.BB.</p> - -<div class="texte600"> - <p class="noindent"><span class="dropcap">E</span><span class="smcap">ST</span> un Cylindre creux fermé par en bas, & ouvert par en haut.</p> - - <p>Est un autre Cylindre creux de mesme grosseur, mais plus court que le - precedent, & il luy sert de <span class="pagenum" id="Page_2">2</span> couvercle en appliquant leurs deux - ouvertures l’une sur l’autre, comme on void dans la figure.</p> -</div> - -<p class="sidenote">CC.</p> - -<div class="texte600"> - <p>Sont deux Appendices qui tiennent au Cylindre AA, comme les tourillons - à un canon.</p> -</div> - -<p class="sidenote">DDDD.</p> - -<div class="texte600"> - <p>Sont des pieces de fer, qui embrassent d’un côté les Appendices CC, & - de l’autre les barres de fer EE.</p> -</div> - -<p class="sidenote">EE.</p> - -<div class="texte600"> - <p>Est une barre de fer qui entre dans les pieces DD, & qui se peut ôter & - remettre facilement, quand on veut ouvrir & fermer la Machine.</p> -</div> - -<p class="sidenote">FFFF.</p> - -<div class="texte600"> - <p>Sont deux vis qui tournans dans des écrous de la barre EE servent à - presser les Cylindres AABB, l’un contre l’autre.</p> -</div> - -<p class="sidenote"><i>Fig. 2.</i> GG.</p> - -<div class="texte600"> - <p>Est un autre Cylindre creux de verre ou autre matiere, dans quoy l’on - met les choses à cuire, & l’ayant bouché avec un couvercle <span class="pagenum" id="Page_3">3</span> juste - & affermy dans un chassis par le moyen d’une vis comme la figure - represente, on l’enferme dans les Cylindres AABB, qui doivent être - pleins d’eau</p> - - <p>Pour se servir bien commodément de cette Machine, elle doit être - posée sur un fourneau fait exprés, & elle y doit enfoncer jusques aux - appendix CC, le feu êtant en suitte allumé dessous & les vis FF bien - serrées, vous ferez cuire vos viandes si long-temps qu’il vous plaira, - sans crainte qu’elles diminuent, ou que les esprits s’exhalent.</p> - - <p>Il faut remarquer, que je donne la Figure longue & êtroite à cette - Machine, afin qu’il ne soit pas besoin d’une si grande force pour la - tenir fermée, car on sçait que plus une couverture est large, <span class="pagenum" id="Page_4">4</span> plus - il faut de force pour empêcher que la pression du dedans ne souleve le - couvercle.</p> - - <p>Il faut remarquer aussi que je donne de la profondeur au couvercle - BB afin qu’êtant remply d’eau, il conserve toûjours de l’humidité à - un cercle de papier percé au milieu, dont on doit garnir la jonction - des Cylindres marquée II; car les deux Cylindres ne sçauroient s’uzer - assez exactement l’un sur l’autre pour empescher des liqueurs pressées - de s’échapper si on ne met du papier entre les deux Cylindres, & le - papier aussi quand il est sec ne ferme pas exactement l’un sur l’autre; - Cependant la profondeur du couvercle BB doit être fort petite, afin que - la Machine enfonçant presques dans le fourneau en puisse mieux recevoir - <span class="pagenum" id="Page_5">5</span> & conserver la chaleur.</p> - - <p>Cette Machine est sans doute fort simple, & peu sujette à se gâter: - Mais elle est incommode en ce qu’on ne regarde pas dedans si aysément - que dans le pot ordinaire, & comme elle fait plus ou moins d’effet - selon que l’eau qui y est se trouve plus ou moins pressée, & aussi - selon que la chaleur est plus ou moins grande, il pourroit arriver - quelquesfois que vous tireriez vos viandes avant qu’elles fussent - cuites, & d’autres fois que vous les laisserez brûler, ainsi il a fallu - chercher des moyens pour connoistre, & la quantité de pression qui est - dans la Machine, & le degré de chaleur.</p> - - <p><span class="pagenum" id="Page_6">6</span></p> - - <div class="figcenter" style="width: 600px;"> - <img src="images/bandeau-1.jpg" alt="" title="" width="600" height="69" /> - </div> - - <p class="schapitre"><span class="letterspacing1"><i>POVR <ins class="correction" title="CONNOISTE">CONNOISTRE</ins> LA QUANTITÉ DE PRESSION.</i></span></p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">I</span><span class="smcap">L</span> n’y a qu’à faire un petit tuyau ouvert des deux bouts comme HH, - & l’ayant soudé sur un trou fait au couvercle BB, il faut appliquer - sur l’ouverture d’en haut de ce tuyau une petite soupape P, bien - exacte, & garnie de papier, & en suite avoir la verge de fer LM dont - un bout entre dans la piece de fer LZ qui est attachée à la barre EE, - & s’appuyant en suitte sur le milieu de la soupape P empesche qu’elle - ne soit soulevée par la pression interieure, & elle l’empesche plus - ou moins selon que le poids N est plus ou moins <span class="pagenum" id="Page_7">7</span> avancé vers - l’extremité M, comme dans les Romaines ordinaires.</p> - - <p>Crainte que la soupape P. ne demeurât à sec si-tost qu’il se seroit - perdu un peu d’eau. Je prend un petit tuyau OO garny de chanvre, & je - l’enfonce dans le tuyau HH, en sorte qu’une de ses extremitez entre - assez avant dans l’eau dont la Machine est remplie. Ainsi il arrive - que si elle se vuide un peu, la pression interieure pousse pourtant - toûjours de l’eau contre la soupape P, par ledit tuyau OO, ce qui la - rend plus exacte, & aide aussi à connoistre incontinent quand elle - laisse échapper quelque chose.</p> - - <p>Le tuyau HH doit avoir peu de Diametre, afin qu’il ne soit pas besoin - d’un fort grand poids <span class="pagenum" id="Page_8">8</span> pour le tenir fermé dans la Machine ou - Bain Marie, dont je me suis le plus servy; ce tuyau a prés de <sup>2</sup>/<sub>5</sub> de - pouce de Diametre, si bien que son ouverture est à une ouverture d’un - pouce de Diametre comme 4. & 25. êtant donc environ six fois plus - petite, elle se peut fermer avec six fois moins de poids: Or selon - les experiences de Monsieur Boyle, dans la premiere continuation - des experiences Physicomechaniques, la pression ordinaire de l’air - contre un trou d’un pouce de Diametre est d’environ 12. livres, & par - consequent il est d’environ 2. livres contre l’ouverture de mon petit - tuyau; la verge LM dans la mesme Machine est de douze pouces de long, - & la distance depuis LL jusques à la soupape est d’un <span class="pagenum" id="Page_9">9</span> pouce; De - sorte qu’ayant un poids d’une livre à l’extremité M il fait autant - d’effet sur la soupape comme un poids de douze livres qui seroit - directement dessus; & ainsi il ne peut être soulevé si la pression dans - le Bain Marie n’est six fois plus forte que la pression ordinaire de - l’air. Ainsi quand un poids d’une livre est à l’extremité M, & que la - soupape P laisse échapper quelque chose; Je conclus que la pression - dans le Bain Marie est environ huit fois plus forte que la pression - ordinaire de l’air, puis qu’elle peut soulever, non seulement le poids - qui resiste à six pressions, mais aussi la verge LM que j’ay éprouvé - qui resiste à deux; & ainsi en augmentant ou diminuant le poids ou en - le changeant <span class="pagenum" id="Page_10">10</span> de place, je connois toûjours à peu prés combien la - pression est forte dans la Machine.</p> - - <p>Ce mesme tuyau HH sert aussi à remplir le Bain Marie aprés que les vis - FF sont serrées & en suite j’y fais entrer le tuyau OO, qui le remplit - juste pour la raison que j’ay dite cy-dessus.</p> - - <div class="figcenter3" style="width: 129px;"> - <img src="images/page-10.jpg" alt="" title="" width="129" height="123" /> - </div> - - <p><span class="pagenum" id="Page_11">11</span></p> - - <div class="figcenter" style="width: 600px;"> - <img src="images/bandeau-3.jpg" alt="" title="" width="600" height="73" /> - </div> - - <p class="schapitre"><span class="letterspacing1"><i>POVR CONNOISTRE LE DEGRÉ DE CHALEUR.</i></span></p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">J</span>’<span class="smcap">A</span>urois fort souhaité pouvoir faire une sorte de Thermometre marqué - comme il faut pour faire connoistre precisément de combien la chaleur - s’augmente ou se diminuë, & je croy que par ce moyen en comparant les - degrez de chaleur avec la quantité de l’effet qu’ils produiroient, on - pourroit découvrir diverses choses sur la nature, & de la chaleur, - & des choses surquoy elle agiroit, mais manquant de loisir & des - commoditez necessaires pour ce dessein, je me suis au lieu de cela - servi d’un moyen fort simple, & pourtant assez exact pour <span class="pagenum" id="Page_12">12</span> les - usages dont je parle dans ce Traité; Je suspens proche de la Machine un - poids à un fil d’environ trois pieds de long, afin que chaque vibration - ou mouvement se fasse dans le temps d’une seconde ou environ; je mets - ce pendule en mouvement, & je laisse tomber une goutte d’eau sur le - couvercle de la Machine, afin d’observer en combien de temps cette - goutte d’eau s’évaporera: car je suis assuré que plus la Machine est - chaude, & moins le poids suspendu fait de tours & retours avant que la - goutte soit évaporée, il faut pourtant prendre garde, que le lieu où - l’on met la goutte d’eau soit toûjours bien net, parce que un peu de - graisse est capable d’empescher considerablement l’operation.</p> - - <p><span class="pagenum" id="Page_13">13</span></p> - - <p>Ayant ainsi moyen de mesurer les differends degrez de chaleur & de - pression qui sont dans la Machine, il est bien aisé de se regler pour - ne faire que l’effet qu’on veut, pourveu qu’on ait une fois éprouvé - avec quelle force la Machine agit: car on n’aura qu’à prendre environ - la quantité de charbon, que l’experience aura fait connoistre la - plus propre; la mettre dans le fourneau sous le Bain Marie; laisser - les portes & les registres du fourneau ouverts, jusques à ce que la - chaleur soit parvenuë au point que vous voulez. En suite vous n’aurez - qu’à fermer les portes & les registres pour étouffer le feu, & laisser - refroidir les vaisseaux, il faut aussi avoir chargé la verge de fer LM - autant qu’il est necessaire pour <span class="pagenum" id="Page_14">14</span> faire la pression qu’on veut, & - on sera asseuré, qu’en gardant ainsi toûjours la mesme regle, l’effet - se trouvera toûjours à peu prés pareil; du moins puis-je asseurer que - j’ay manqué fort souvent tandis que j’agissois au hazard, mais depuis - que j’ay ainsi trouvé moyen de me regler, j’ay toûjours fait mes - operations fort bonnes, à moins de quelque malheur; Il faut pourtant - remarquer, que si on ne mettoit dans la marmitte GG que peu de viande - en comparaison de ce qu’elle peut contenir, elle ne pourroit y faire - autant de pression qu’il y en auroit dans le Bain Marie, (en effet) - j’ay quelquesfois veu des marmittes cassées par l’eau du bain marie qui - les environnoit, & qui les pressoit plus fort qu’elles ne pouvoient - soûtenir, & <span class="pagenum" id="Page_15">15</span> ainsi le poids qui seroit sur la verge LM ne nous - pourroit faire connoistre la pression qui seroit dans la marmitte, il - vaudra donc toûjours mieux mettre un peu trop que pas assez de viande; - ou bien si on veut faire tout exactement & ne rien perdre, il faut - suivre les directions que je donne au Chap. 2. Exper. 12.</p> - - <p>Comme il seroit difficile de se servir sur la mer de l’invention que - j’ay décrite pour connoistre le degré de pression, à cause que le - branle du vaisseau feroit remuer les poids & ouvriroit la soupape P, il - faut au lieu de cela laisser vôtre bain marie assez vuide, afin que la - chaleur que vous avez dessein de donner fasse tout juste la pression - que vous voulez. Par exemple, si vous voulez faire dix pressions, & que - la chaleur <span class="pagenum" id="Page_16">16</span> soit assez grande pour faire évaporer la goutte d’eau - en cinq secondes, il faudra ne mettre dans le bain marie que <sup>7</sup>/<sub>8</sub> de - l’eau qu’il peut contenir, & prendre garde de ne pousser la chaleur que - jusqu’où je viens de dire, & vous serez asseuré, qu’il n’y aura eu dans - le bain marie qu’environ dix pressions, comme vous pouvez voir Chap. 2. - Exper. 16. On pourra par ce moyen se passer de la verge de fer, & des - points, & serrer simplement la petite soupape P avec une vis, ce qui - sera facile en faisant faire le petit tuyau HH de fonte avec de petits - appendices, comme le Cylindre AR. seulement, il ne sera pas necessaire - de faire icy les choses fortes à cause de la petitesse de l’ouverture.</p> - - <p>Il ne sera pas besoin de sçavoir <span class="pagenum" id="Page_17">17</span> <ins class="correction" title="prcisement">precisément</ins> toutes les - differentes quantitez d’eau qui seront necessaires pour faire tous - les differens degrez de pression, avec tous les differens degrez de - chaleur, mais il suffira pour l’usage ordinaire d’avoir toûjours une - mesme quantité d’eau dans le bain marie, & trouver par experience quel - degré de chaleur est necessaire pour chaque operation, avec cette - quantité d’eau.</p> - - <p>J’aurois souhaitté de pouvoir faire les choses aussi bien comme elles - sont icy décrites: j’aurois ainsi pû déterminer la quantité de charbon - ou de bois qu’il faut employer pour chaque operation, mais dans - l’incertitude de mes affaires je n’ay point voulu bâtir de fourneaux, - & je me suis toûjours contenté d’appuyer mes machines contre un coin - de <span class="pagenum" id="Page_18">18</span> la cheminée, & de mettre le feu dans ce mesme coin entre la - cheminée & la Machine.</p> - - <p>Il y a donc bien de l’apparence que la chaleur n’est pas si bien - ménagée comme elle le pourra estre dans un bon fourneau, & cependant - je ne laisseray pas de donner icy le recit de diverses choses que - j’ay déja faites avec cette Machine, parce que cela pourra toûjours - beaucoup aider à trouver bien-tost la quantité de feu propre pour les - autres Machines que l’on fera; & je croy aussi que la proportion d’une - operation à l’autre se trouvera la mesme; J’ay trouvé par exemple qu’il - falloit <sup>2</sup>/<sub>7</sub> moins de charbon pour cuire le mouton que pour <ins class="correction" title="cuir">cuire</ins> le - bœuf; ainsi quand on aura trouvé par experience, la quantité de - charbon <span class="pagenum" id="Page_19">19</span> necessaire pour cuire le bœuf dans une Machine, on - n’aura qu’à prendre <sup>2</sup>/<sub>7</sub> moins de charbon pour cuire du mouton dans la - mesme machine, & ainsi des autres operations.</p> - - <p>Mais avant que de commencer le recit des Experiences, je croy qu’il - ne sera pas mal à propos de dire encore icy, qu’aprés avoir fait le - premier bain Marie fermé à vis, je voulus en faire un autre fermé sans - vis par le moyen d’une grande soupape ovalle qui s’applique en dedans, - qui peut pourtant s’ôter tout à fait à cause de sa figure, ovalle - comme il a esté dit pour le fusil à vent dans la 2. continuation des - experiences Physico-mechaniques de monsieur Boyle publié cette année - 1680. Ce bain Marie a six pouces de diametre, & <span class="pagenum" id="Page_20">20</span> 18. pouces de - haut, de sorte qu’on peut y faire entrer une marmitte de 4. pouces de - diametre, & 14. de hauteur, qui tient neuf ou dix livres de viande, - mais la grande soupape ayant esté fonduë trop foible pour bien garder - sa figure, le papier ne suffit pas pour la rendre juste, & il faut - toûjours y mettre du cuir, mais comme le cuir se cuit dans l’eau si - chaude, il arrive qu’êtant reduit en boüillie la pression du dedans - le chasse, & ainsi l’eau s’échappe; Il m’est pourtant arrivé quelques - fois, que quand le cuir étoit bon & bien fort, j’ay cuit les plus gros - os d’une jambe de bœuf sans brûler la viande, mais d’autres fois - aussi il m’est arrivé que le cuir manquant trop tost, la viande se - brûloit sans que les os se puissent cuire, cela fait <span class="pagenum" id="Page_21">21</span> que je me - sers rarement de cette Machine, cependant si on la faisoit avec une - soupape assez bonne pour la pouvoir garnir de papier, cette derniere - maniere vaudroit peut-être bien l’autre; la raison est que les ressorts - du fer se lassent, & ainsi on est assujetty à resserrer les vis de - temps en temps, mais dans cette derniere Machine, on seroit asseuré - que plus la pression seroit forte au dedans, tant plus fort la soupape - seroit fermée, neanmoins jusques à ce que les ouvriers soient mieux - instruits à faire de ces sortes de soupapes, je conseilleray toûjours - plûtost de fermer le Bain Marie à vis.</p> - - <p>Je croy que cecy suffit pour la description de la Machine, & la - maniere de s’en servir, je vais donner à present les experiences <span class="pagenum" id="Page_22">22</span> - qui en feront connoître divers usages & proprietez. Mais parce que - quelques-unes des Experiences donnoient lieu à des observations de - Physique, j’ay creu ne faire pas mal de les y joindre, quoy qu’elles - n’ayent peut <ins class="correction" title="êrre">être</ins> pas <ins class="correction" title="aurant">autant</ins> de rapport qu’on pourroit le soûhaitter - avec le sujet dont il s’agit: mais j’ay pris le soin de les distinguer - par des caracteres differends, afin que ceux qui ne s’en soucient pas - puissent sauter par dessus.</p> - - <div class="figcenter3" style="width: 129px;"> - <img src="images/page-10.jpg" alt="" title="" width="129" height="123" /> - </div> - - <p><span class="pagenum" id="Page_23">23</span></p> - - <div class="figcenter" style="width: 600px;"> - <img src="images/bandeau-3.jpg" alt="" title="" width="600" height="73" /> - </div> - - <h2 id="ch_2"><span class="smcap">Chapitre II.</span></h2> - - <p class="schapitre"><i>EXPERIENCES POVR LES CUISINIERS.</i></p> - - <p class="experience">EXPERIENCE PREMIERE.</p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> second Juin ayant remply ma marmitte d’une poitrine de mouton & pesé - huit onces de charbon j’allumay le feu; la chaleur parvint jusques à - faire exhaller en 3. secondes de temps, la goutte d’eau que je mettois - sur le couvercle, & la pression en dedans êtoit environ 9. fois plus - forte que la pression ordinaire de l’air: Je laissay éteindre le feu - de luy mesme, & les vaisseaux estans froidis je trouvay <span class="pagenum" id="Page_24">24</span> que le - charbon qui restoit pesoit environ <sup>1</sup>/<sub>2</sub> once; si bien qu’il n’y avoit eu - en tout que 6 <sup>1</sup>/<sub>2</sub> onces de charbon consumées. Cependant la viande êtant - tirée se trouva avoir du goût d’empyreume, & le suc ne fit pas une - gelée si forte de beaucoup que quand la viande n’est pas trop cuite.</p> - - <p class="experience">EXPERIENCE II.</p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> quatriéme Juin je reïteray la mesme Experience, & je ne pris que - 6 <sup>1</sup>/<sub>2</sub> onces de charbon, mais je poussay la chaleur en soufflant; En - sorte qu’une goutte d’eau s’exhalloit en moins de deux secondes, - & il ne resta pas tout à fait une demie once de charbon qui ne - fust consumée; la pression êtoit un peu plus <span class="pagenum" id="Page_25">25</span> grande, que dans - l’experience precedente; Je laissé encore êteindre le feu de luy-mesme, - comme l’autre fois; cependant quoy que la quantité de charbon eût cette - fois esté moindre la viande se trouva plus brûlée que l’autre à cause, - comme je croy, que le feu avoit esté poussé tout vivement.</p> - - <p class="experience"><i>EXERCICE III.</i></p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> sixiéme Juin, je reïteray la mesme Experience, & je ne mis que cinq - onces de charbon, & je ne poussay le feu que jusques à faire exhaler - la goutte d’eau en quatre secondes, la pression interieure comme - auparavant, & alors le mouton se trouva fort bien cuit & les os mols, - & le suc vint en une forte gelée. <span class="pagenum" id="Page_26">26</span> De sorte que depuis ce temps-là - ayant eu diverses fois du mouton à faire cuire, j’ay toûjours gardé - cette mesme regle, & je n’ay jamais manqué à avoir mon mouton dans - ce mesme êtat que je croy être le meilleur, parce que si la cuisson - êtoit moindre, les os ne seroient pas bons, & si la cuisson êtoit plus - grande, la gelée estant moins forte, seroit aussi moins nourrissante; - Je ne pretends pourtant pas dire, que la perfection en cette rencontre - n’ait point d’étenduë, & je croy qu’on pourroit cuire le mouton - considerablement davantage sans que pour cela il fût gâté, mais j’aime - toûjours mieux manquer dans le deffaut, que dans l’excez parce que si - on le fait trop cuire, il n’y a plus de remede; au lieu que si quelque - morceau d’os se <span class="pagenum" id="Page_27">27</span> trouve n’être pas assez cuit, il est facile de le - remettre avec une autre potée!</p> - - <p class="experience"><i>EXPERIENCE IV.</i></p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> deuxiéme Juin je fis l’experience avec de la poitrine de bœuf, & - je pris 7. onces de charbon; je poussay le feu jusques à faire exhaler - la goute d’eau en trois secondes, & la pression du dedans êtoit environ - neuf fois plus forte que la pression ordinaire de l’air, le charbon - qui resta sans être consumé pezoit environ <sup>3</sup>/<sub>4</sub> d’onces, & le bœuf - se trouva fort bien cuit, il y avoit pourtant quelques endroits des os - qui n’êtoient pas tout à fait bien cuits, je ne conseillerois pourtant - pas de donner plus de feu que cela <span class="pagenum" id="Page_28">28</span> au bœuf, parce qu’il est - toûjours bien aisé de recuire les os, j’ay mesme bien des fois mieux - aimé ne faire cuire la viande qu’autant qu’il est necessaire pour la - separer facilement des os, parce qu’en suite on peut faire cuire les os - à part sans aucun danger, comme on le pourra voir par les experiences - qui suivent.</p> - - <p class="experience"><i><ins class="correction" title="EXPFRIENCE">EXPERIENCE</ins> V.</i></p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> douziéme Juin je mis cuire du bœuf & du mouton ensemble, & je n’y - employay que 3. onces de charbon, je poussay le feu assez vivement, - & pourtant je ne pus faire que trois pressions au plus dans le bain - Marie, & la chaleur ne parvint qu’à faire exhaler la goutte d’eau en - 90. secondes; <span class="pagenum" id="Page_29">29</span> les vaisseaux etans presque refroidis, je trouvay - le mouton assez cuit au gré de bien des gens, mais pour le bœuf - asseurement tout le monde l’auroit trouvé trop dur; le suc qui en - sortit ne tourna point en gelée, quoy que je n’y eusse point mêlé d’eau.</p> - - <p>Je croy que le peu de pression & de chaleur en ce rencontre ne vint pas - tant de manque de charbon que de ce que le bain Marie n’estoit pas bien - ajusté, car j’ay remarqué depuis que <i>tant plus il est fermé, & tant - plus il requiert de chaleur, avec mesme quantité de charbon</i>.</p> - - <p>Le 13. Juin je reïteray la mesme experience, & je mis dans la marmitte - une partie de viande cruë, & une partie de viande cuite, le jour - precedent je ne <span class="pagenum" id="Page_30">30</span> pris que 4. onces de charbon, & ayant poussé le - feu le plus vivement qu’il me fût possible, je ne pus faire la pression - dans le bain Marie qu’environ cinq fois plus forte que la pression - ordinaire de l’air; la chaleur aussi ne parvint qu’à faire exhaler la - goute d’eau en 40. secondes, le charbon qui resta sans être consumé ne - pesoit que 2. drachmes, & la viande se trouva parfaitement cuitte & - tendre, mais tous les os n’êtoient en aucune façon amollis, quoy que - ceux qui avoient déja esté cuits le jour precedent eussent esté exposez - au feu de 7. onces de charbon, 3. le premier jour, & quatre le second - jour.</p> - - <p>Le 15. Juin je reïteray la mesme experience, en mettant dans la marmite - une <ins class="correction" title="prtie">partie</ins> de la viande <span class="pagenum" id="Page_31">31</span> qui avoit déja esté cuitte deux fois, & - aussi de la viande cruë, j’y employay 5. onces de charbon, mais je - poussay le feu si lentement que la chaleur ne fut point assez grande - pour faire exhaler la goutte d’eau en moins de deux minutes ou 120. - secondes; aprés que le feu fût êteint, je trouvay que ma viande estoit - bien cuite, & que celle qui avoit esté exposée au feu de 12. onces de - charbon êtoit encore fort bonne sans empyreume, & les os point amollis; - ainsi je trouvay qu’il estoit bien facile de cuire la viande sans les - os, puis qu’on pouvoit la laisser au feu trois fois aussi long-temps - qu’il estoit necessaire, sans que pourtant elle commmençast à se - brûler.</p> - - <p><span class="pagenum" id="Page_32">32</span></p> - - <p class="experience"><i>EXPERIENCE VI.</i></p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">J</span><span class="smcap">E</span> fis en suite la mesme experience sur les os, & le 16. Juin je pris - les os de cette viande qui avoit ainsi esté cuitte trois fois plus - long-temps qu’il n’estoit necessaire, & les ayans mis dans une marmitte - de verre avec de la graisse de mouton cuitte, & toute pure, je les - enfermay dans le bain Marie; & ayant poussé la chaleur jusqu’à faire - exhaler la goute d’eau en 4. secondes, & la pression neuf fois plus - forte que la pression ordinaire de l’air, j’esteignis bien-tost le feu, - & les os se trouverent cuits.</p> - - <p>Je remis une seconde fois ces mesmes os dans la mesme marmitte de verre - avec la mesme graisse, & j’y ajoûtay un nouveau <span class="pagenum" id="Page_33">33</span> morceau d’os, qui - n’avoit jamais esté cuit, & y ayant donné le feu comme auparavant, je - trouvay que le nouveau morceau d’os estoit bien cuit, & le reste point - gâté.</p> - - <p>Le 17. Juin je remis encore les mesmes os, dans la mesme marmitte avec - la mesme graisse, & encore un autre morceau d’os qui n’avoit point esté - cuit; & ayant donné le feu comme auparavant, je trouvay encore mon - nouveau morceau d’os fort bien cuit, & le reste point gâté.</p> - - <p>Je reïteray encore la mesme experience avec les mesmes os & la mesme - graisse, mais cette derniere fois je donnay le feu, & plus fort & plus - long temps; & il arriva que les premiers os étoient presques tout en - poussiere, & sentoient le brûlé; qui ne <span class="pagenum" id="Page_34">34</span> paroissoit pourtant pas - si desagreable que celuy de la viande l’est d’ordinaire: pour ce qui - est de la graisse, elle n’avoit pas un fort bon goust, elle estoit - seulement plus molle que d’autre graisse qui n’avoit esté cuite qu’une - fois; je ne sçay pas si à force de la faire cuire on pourroit luy faire - changer de nature: mais ie croy qu’il y faudroit plus de temps que ie - n’y en pouvois donner.</p> - - <p>Les trois premieres cuissons rapportées dans cette experience me firent - voir que les os aussi bien que la viande se peuvent cuire trois fois - aussi long-temps qu’il est necessaire sans danger de se brûler, & ainsi - il est clair qu’en les faisant ainsi cuire separément les personnes les - moins capables d’exactitude pourront en venir à bout.</p> - - <p><span class="pagenum" id="Page_35">35</span></p> - - <p class="experience"><i>PROPRIETEZ.</i></p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">I</span><span class="smcap">E</span> ne veux pas passer plus loin sans faire remarquer, que dans la 5. - experience des os qui avoient esté exposez au feu de 12. onces de - charbon ne paroissoient point amollis, quoy que 5. onces de charbon - puissent suffire pour cét effet; cela fait voir que ce ne seroit rien - de peser le charbon à moins de prendre garde en mesme temps de quelle - maniere on pousse le feu: car on seroit toûjours en danger d’avoir la - viande ou trop, ou pas assez cuite, & on peut compter cecy pour une - proprieté de cette Machine, que <i>plus on donne le feu à coup, plus il - fait d’effet, avec la mesme quantité de charbon</i>.</p> - - <p>Cette experience me donna <span class="pagenum" id="Page_36">36</span> envie d’en faire voir un autre, afin - de faire voir manifestement que la pression interne avance beaucoup - en cuisson. Je pris donc deux petits vaisseaux tout à fait pareils - bien fermez à vis; mais dont l’un estoit exactement soudé par tout, - & l’autre avoit un petit trou au couvercle pour laisser échapper les - vapeurs; les ayant tous deux mis ensemble sur un mesme Bain de sable, - apres les avoir remplis de viande & d’eau de la mesme maniere, Je les - laissay à mesme chaleur pendant trois quarts d’heure, & les ayant ôtez - tous deux ensemble, je trouvay que la viande qui avoit esté exactement - fermée estoit plûtôt trop, que pas assez cuite, au lieu que l’autre - êtoit de beaucoup trop cruë; On peut donc encore compter cecy par une - des <span class="pagenum" id="Page_37">37</span> proprietez de cette Machine, que, <i>plus la pression interieure - est grande, & plus les choses s’y cuisent, dans le même temps & avec la - même chaleur</i>.</p> - - <p class="experience"><i>EXPERIENCE VII.</i></p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">A</span><span class="smcap">Y</span>ant trouvé de la difference entre la chair de bœuf & celle de - mouton, l’une êtant plus facile à cuire que l’autre; Je voulus voir - s’il y en auroit aussi entre les chairs de mesme espece, mais de - differends âges; Pour ce dessein le 4. de Juillet ie pris de l’agneau, - & en mis dans deux verres, dans l’un desquels ie mis de l’eau, & comme - il ne m’avoit fallu que 5. onces de charbon pour cuire le mouton, ie - n’en pris que quatre <sup>1</sup>/<sub>2</sub> pour l’agneau, croyant qu’il devoit <span class="pagenum" id="Page_38">38</span> être - plus tendre, ie poussay le feu le plus vivement que ie pus, & ie ne pus - faire que la goute d’eau s’évaporast en moins de 11. ou douze secondes, - la pression interieure êtoit huit fois plus forte que la pression - ordinaire de l’air; J’attribuë ce peu de chaleur en partie à ce que - mon charbon avoit esté déia la plûpart allumé & êteint, le feu s’êtant - êteint peu à peu; Je trouvay qu’il ne restoit qu’une drachme de charbon - qui n’eust pas esté consumée dans le verre sans eau les os n’estoient - point amollis, sinon quelque petites extremitez: mais dans le verre - avec de l’eau ils êtoient tout à fait mols, aussi il s’en falloit - beaucoup que la viande n’y fust d’un goût si relevé que dans l’autre - verre.</p> - - <p><span class="pagenum" id="Page_39">39</span></p> - - <p>Cette experience me fit iuger 1<sup>o</sup>. Qu’il ne faudroit gueres moins de - feu pour les os des animaux jeunes, que pour les vieux. 2<sup>o</sup>. Que l’eau - est un dissolvant propre pour ramolir les os, mais qu’elle oste du goût.</p> - - <p class="experience">EXPERIENCE VIII.</p> - - <p class="center"><i>Proprieté.</i></p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">A</span><span class="smcap">F</span>in de iuger à peu prés de la difference de cuisson qui arrive quand - on laisse êteindre le feu peu à peu, ou quand on l’ôte tout, si tost - que la chaleur est parvenuë au point où on la veut.</p> - - <p>Le 5. Juillet i’emplis encore mes deux marmittes de verre avec de - l’agneau comme auparavant, & ayant mis bien du charbon, ie poussay la - chaleur iusques à faire exhaler la goute <span class="pagenum" id="Page_40">40</span> d’eau en trois secondes, - & incontinent j’ostay tout le feu; je trouvay que les os dans la - marmitte sans eau estoient un peu plus cuits que dans l’experience - precedente. & dans la marmitte avec de l’eau, ils estoient tout à fait - mols, & la chair point brûlée; ainsi je trouve que <i>c’est à peu prés - la mesme chose de pousser le feu de 4 <sup>1</sup>/<sub>2</sub> onces de charbon jusques - à faire exhaler la goutte d’eau en 10 secondes, & en suitte laisser - éteindre le feu peu à peu; ou bien de pousser le feu de 6. ou 7. onces - de charbon jusques à faire exhaler la goutte d’eau en 3. secondes, & en - suite oster le feu tout à coup</i>; Il n’y auroit donc qu’à observer cette - mesme proportion dans les autres generations; Par exemple, si j’avois - à faire une operation à quoy il fallut une quantité <span class="pagenum" id="Page_41">41</span> <ins class="correction" title="de de ">de</ins> charbon - qui fit exhaler la goutte d’eau en 20. <i>secondes</i>, & laisser éteindre - le feu peu à peu, & que je voulusse gagner du temps; je mettrois un - bon feu, afin que la chaleur vint jusques à faire exhaler la goutte - d’eau en <i>six secondes</i>, & en suite j’esteindrois le feu incontinent, - & ainsi des autres gardant la proportion de 10. à 3. j’avouë pourtant - que cette regle n’est pas démontrée: mais aussi la chose ne requiert - pas une exactitude Mathematique, <i>quand je ne dis rien de la pression - interieure comme dans cette regle il faut entendre quelle doit - tousiours estre égalle</i>.</p> - - <p class="experience"><i>EXPERIENCE IX.</i></p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> onziéme Juillet je pris un lapin, & l’ayant mis <span class="pagenum" id="Page_42">42</span> <ins class="correction" title="dans dans">dans</ins> deux - marmittes de verre, dont l’une estoit avec de l’eau, & l’autre estoit - sans eau, j’y fis le feu de cinq onces de charbon, & ayant poussé la - chaleur jusques à faire exhaler une goutte d’eau en 4. secondes, je - laissay éteindre le feu peu à peu, mes vaisseaux estans refroidis, je - trouvay que les os du lapin estoient bien cuits dans le verre où estoit - l’eau, mais dans l’autre ils ne l’estoient point du tout, cependant la - chair ayant esté assaisonnée avec du sel, du poivre & du lard, êtoit - aussi bonne qu’un pâté sçauroit être, mais dans le verre où êtoit l’eau - elle l’êtoit beaucoup moins.</p> - - <p>Cette experience me fit voir que les os de lapin sont plus durs à cuire - que ceux de mouton, & elle me confirma que l’eau ayde beaucoup la - cuisson des os.</p> - - <p><span class="pagenum" id="Page_43">43</span></p> - - <p class="experience">EXPERIENCE X.</p> - - <p class="center"><i>Proprieté.</i></p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">I</span><span class="smcap">E</span> pris un autre lapin, & l’ayant enfermé comme le precedent, je fis - le feu de 4 <sup>1</sup>/<sub>2</sub> onces de charbon; mais le papier qui sert à rendre le - couvercle juste ayant esté gâté la machine ne souffrit pas plus d’une - pression en dedans à cause que l’eau s’échappoit; cela fut cause aussi - que la chaleur ne <ins class="correction" title="pûr">pût</ins> se bien communiquer au couvercle; car quoy que - dans cette experience la quantité de charbon fut plus grande, la goutte - d’eau que ie mettois sur le couvercle êtoit 20. fois plus long temps - à s’exhaler que dans l’experience precedente, si bien que l’on peut - encore compter cecy <span class="pagenum" id="Page_44">44</span> entre les proprietez de cette Machine, que - <i>plus la pression interieure est grande, moins il faut de charbon pour - donner un certain degré de chaleur</i>, le lapin êtoit bien cuit, mais - les os ne l’êtoient point du tout, pas mesmes dans le verre, où il y - avoit de l’eau, sinon quelques-uns qui avoient déja esté au feu le jour - précedent, & que i’avois remis pour s’achever de <ins class="correction" title="cuir">cuire</ins>.</p> - - <p>Cette experience me fit voir que les os cuits, quoy qu’ils ne - paroissent aucunement amollis, ont pourtant acquis une grande - disposition à cela qui ne nous est pas sensible.</p> - - <p class="experience"><i>EXPERIENCE XI.</i></p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> 13. Juillet je pris un vieux lapin mâle & domestique, <span class="pagenum" id="Page_45">45</span> qui - d’ordinaire est un pitoyable manger, je l’assaisonnay & le mis dans - deux marmittes de verre, j’y fis le feu de 6. onces de charbon, je - poussay la chaleur jusques à faire exhaler la goutte d’eau en moins de - 4. secondes; la pression interieure êtoit environ six fois plus forte, - que la pression ordinaire de l’air, je laissay éteindre le feu peu à - peu, & je trouvay mon lapin fort bien cuit avec les os mols, & il avoit - aussi bon goust que les jeunes lapins l’ont d’ordinaire, & son suc se - tourna en bonne gelée.</p> - - <p class="experience">EXPERIENCE XII.</p> - - <p class="center"><i>Proprietez.</i></p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> 18. Aoust je mis des pigeonneaux dans deux petites <span class="pagenum" id="Page_46">46</span> <ins class="correction" title="marmirtes">marmittes</ins> de - verre, & je les pesay toutes deux separement avant que de les enfermer - dans leurs chassis, je poussay le feu jusques à faire exhaler la goutte - d’eau en 5. secondes, & la pression interieure 10. fois plus forte - que la pression ordinaire de l’air; mes vaisseaux êtans refroidis, je - trouvay que les deux couvercles êtoient pressez assez fortement contre - leurs marmittes, ce qui faisoit voir qu’il y avoit de la rarefaction - en dedans, & qu’il en estoit sorty quelque chose, en suite les ayant - seichées je les pesay separement, comme avant qu’elles fussent cuites, - & je trouvay que l’une (dans laquelle j’avois mis par poids <sup>1</sup>/<sub>8</sub> moins - de viande, que l’eau qu’elle peut contenir) estoit exactement du mesme - poids qu’auparavant, & les os en <span class="pagenum" id="Page_47">47</span> étoient fort tendres, & le suc - bien congelé sans empyreume.</p> - - <p>L’autre marmitte (dans laquelle j’avois mis plus pesant de viande - qu’elle ne pouvoit tenir d’eau) avoit augmenté ce poids & le suc n’en - estoit pas si bien gelé; il y a apparence que la grande quantité de - viande dans cette marmitte, en se rarefiant avec trop de force avoit - soûlevé le couvercle; en sorte qu’un peu d’eau du Bain Marie avoit pû - s’y insinuer & ainsi avoit augmenté le poids & deleyé la gelée, au lieu - que dans l’autre la rarefaction de la viande n’avoit pû faire autre - chose que chasser un peu de l’air qui estoit au dessus sans soûlever - presque le couvercle.</p> - - <p>Cette experience me fit juger qu’on peut compter entre les proprietez - de cette Machine, <span class="pagenum" id="Page_48">48</span> que, <i>en cuisant des pigeonneaux avec une - chaleur qui fasse exhaler la goutte d’eau en 5. secondes, & la pression - 10. fois plus forte que la pression ordinaire de l’air, il faut que - le poids de la viande dans la marmitte soit <sup>7</sup>/<sub>8</sub> du poids de l’eau que - la marmitte peut contenir. Par exemple 7. livres de viande dans une - marmitte qui peut tenir 8. livres d’eau: car par ce moyen on fait - la pression dans la marmitte, aussi forte que dans le Bain Marie, & - pourtant on ne perd rien</i>.</p> - - <p>On peut voir Experience XVI. que l’eau êtant prise dans le même poids, - feroit aussi le même effet, & ainsi cela pourroit faire croire qu’il - en seroit à peu prés de mesme dans les autres corps pris en même - poids, & que ceux qui laisseroient davantage de vuide à cause de leur - gravité <span class="pagenum" id="Page_49">49</span> specifique auroient aussi plus de force à proportion - pour se dilater; mais ce seroit une grande méprise; car i’ay éprouvé - au Chapitre sixiéme Experience 2. que l’esprit de vin qui a moins de - gravité specifique, que le vinaigre, a pourtant bien plus de force pour - se dilater beaucoup par la chaleur; Il faudra donc (si l’on veut estre - exact à ne rien perdre, & à faire la juste pression dans la marmitte) - trouver par experience la force & l’étenduë de la rarefaction des - autres corps comme ie l’ay trouvée icy des pigeons, & emplir la marmite - suivant ce qu’on aura trouvé.</p> - - <p>J’avois mis en même-temps dans une autre Machine des mêmes pigeons à - cuire; ie poussay la chaleur iusques à faire exhaler <span class="pagenum" id="Page_50">50</span> la goute - d’eau en 3. secondes, mais la pression n’y étoit que 5. fois plus - grande que la pression ordinaire de l’air; mes vaisseaux estans - refroidis je trouvay que les os n’estoient pas tout à fait si mols, que - dans l’autre Machine, quoy qu’ils eussent eu la chaleur plus forte; ils - estoient pourtant mangeables presque tous.</p> - - <p>Cette experience me fit croire qu’on peut compter entre les proprietez - de cette Machine, que <i>c’est presque la mesme chose de faire exhaler la - goutte d’eau en 3. secondes, avec 5. pressions ou de la faire exhaler - en 5. secondes avec dix pressions</i>. On pourroit ainsi trouver par - experience, pour toute autre rencontre, que la quantité de pression, - peut tenir lieu d’une certaine quantité de chaleur; & si l’on avoit - un Thermometre <span class="pagenum" id="Page_51">51</span> exact, comme j’ay dit au Chap. 2. on en tireroit - peut-estre de grandes lumieres <ins class="correction" title="pour pour">pour</ins> autres choses.</p> - - <p>Cette experience fait encore voir, que les Bains Marie bien fermez pour - soûtenir de grandes pressions, épargneront extremement le feu: car nous - avons veu expos. 10. que plus la pression interieure est grande, & - moins il faut de charbon pour luy donner un certain degré de chaleur, - & à present nous voyons que ce degré de chaleur acquis avec moins de - charbon fait pourtant bien plus d’effet, que quand l’on est obligé d’y - employer plus de charbon faute de pression interieure.</p> - - <p><span class="pagenum" id="Page_52">52</span></p> - - <p class="schapitre">SUR LE POISSON.</p> - - <p class="experience"><i>EXPERIENCE XIII.</i></p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> quinziéme Juin j’ay pris un maquereau & l’ay mis dans une marmitte - de verre avec des grosselles vertes, j’enfermay la marmitte dans le - Bain Marie, & avec 4. onces, deux drachmes de charbon je poussay la - chaleur, jusques à faire évaporer la goutte d’eau en 10. secondes, - & la pression au dedans étoit 7. fois plus forte que la pression - ordinaire de l’air, aprés que le feu fût éteint, peu aprés je trouvay - que le charbon qui restoit pesoit prés de 2. drachmes; le poisson - estoit parfaitement bien cuit & ferme, quoy que les arrêtes fussent - si tendres, qu’on ne <span class="pagenum" id="Page_53">53</span> les appercevoit pas en les mangeant; avant - d’estre cuit, il pesoit 9. onces, & aprés être cuit il n’en pesoit - plus que 7. si bien que j’eus environ 2. onces de bon suc qu’il auroit - fallu jetter si mon poisson eut esté cuit comme à l’ordinaire; outre - qu’il avoit le goust bien plus relevé, les sels volatils ne s’êtans ny - eschappez ny dissous dans de l’eau; les groselles aussi n’êtoient point - brûlées, mais avoient fort bon goût.</p> - - <p class="experience"><i><ins class="correction" title="EXPFRIENCE">EXPERIENCE</ins> XIV.</i></p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> 19. Juin je fis la mesme experience avec un brochet, & ie poussay - le feu de la mesme maniere que dans l’experience precedente; & ie - trouvay mon poisson encore fort <span class="pagenum" id="Page_54">54</span> bien cuit, & la chair ferme & les - os tendres, quoy que pourtant ils me parussent un peu plus durs que - ceux du maquereau; un Gentil-homme qui en goûta me demanda si c’estoit - ce que ie mettois pour amollir les os qui donnoit si bon goust à la - chair; ce qui me fit croire que ce n’estoit pas la préoccupation qui - me faisoit iuger le poisson cuit de cette sorte meilleur que l’autre; - le suc se changea en forte gelée; au lieu que celuy du maquereau êtoit - tousiours demeuré liquide; je ne sçay pas si cette difference venoit de - la chaleur de l’air, ou de la nature du poisson.</p> - - <p class="experience"><i>EXPERIENCE XV.</i></p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> 20. Juin ie pris une grosse anguille, & l’ayant enfermée <span class="pagenum" id="Page_55">55</span> à - l’ordinaire, i’y fis le feu de 4 <sup>1</sup>/<sub>2</sub> onces de charbon, & ie poussay la - chaleur iusques à faire exhaler la goutte d’eau en 6. secondes, & la - pression 7. fois plus forte que la pression ordinaire de l’air, ayant - laissé éteindre le feu peu à peu, ie trouvay mon anguille fort bien - cuite avec la peau, & les os tendres sans empyreume: mais la chair - n’avoit pas conservé de fermeté comme celle des autres poissons: le suc - aussi ne se gela point, ce que i’attribuë plûtost au trop de cuisson - qu’à la nature de ce poisson, dont la peau est sans doute fort propre à - faire de la gelée.</p> - - <p>Toutes ces experiences me font croire qu’il n’y a pas grande difference - entre la chaleur qu’il faut pour cuire differentes sortes de poissons.</p> - - <p><span class="pagenum" id="Page_56">56</span></p> - - <p class="schapitre">LEGUMES.</p> - - <p class="experience"><i>EXERCICE XVI.</i></p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> 2. Juillet ie mis des féves dans une marmitte de verre; les unes - estoient cruës, & d’autres avoient déia esté cuites avec de la corne - de cerf, ie mis un peu d’eau au fonds de la marmitte pour voir la - difference qu’il y auroit entre celles qui auroient esté cuites - dans l’eau, & celles qui auroient esté au dessus; Je poussay le feu - iusques à faire exhaler la goutte d’eau en 5. secondes, & la pression - interieure dix fois plus forte que la pression ordinaire de l’air, - i’ostay incontinent le feu, & les vaisseaux estans refroidis, ie - trouvay toutes ces féves extremement molles, & qu’il n’y <span class="pagenum" id="Page_57">57</span> avoit pas - grande difference entre celles qui n’avoient esté cuites qu’une fois, & - celles qui l’avoient esté deux fois, mais celles qui étoient au dessus - étoient ridées, & avoient le goust plus relevé que celles qui estans au - fonds s’étoient enflées d’eau qui leur rabaissoit le goust; les écorces - étoient fort molles, excepté une petite pelliculle qui étoit plus dure, - mais qui se pouvoit pourtant fort facilement manger, en sorte que des - féves de cette sorte n’auroient pas besoin d’ëtre dérobées, comme on - dit.</p> - - <p>Cette experience me confirma que les alimens dans cette machine peuvent - demeurer sur le feu long temps aprés être cuites sans pourtant se - gâter.</p> - - <p><span class="pagenum" id="Page_58">58</span></p> - - <p class="experience"><i>PROPRIETÉ.</i></p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">D</span><span class="smcap">A</span>ns l’experience que ie viens de décrire, i’avois pris garde de - ne perdre sur la verge de fer LM, qu’autant de poids qu’il étoit - necessaire pour faire la pression interieure 10. fois plus grande que - la pression ordinaire de l’air; de sorte que quand mon Bain Marie fut - considerablement échauffé, la trop grande quantité d’eau qui y étoit, - eut la force de soûlever la petite soûpape sur le tuyau HH, & de se - couler par là peu à peu iusques à ce que i’ostasse le feu: mais quand - le feu fut tout à fait osté il ne coula plus rien; quoy que la chaleur - fut assez grande pour faire évaporer la goutte d’eau en 5. secondes; - ainsi il est aisé de juger <span class="pagenum" id="Page_59">59</span> que l’eau qui restoit dans le Bain - Marie avoit desormais tant de place pour se dilatter, que ce degré - de chaleur n’estoit pas suffisant pour luy faire faire plus de 10. - pressions; j’eus donc la curiosité de voir combien cette place êtoit - grande; Pour cét effet quand j’ouvris mon Bain Marie, je pris bien - garde de ne laisser point perdre d’eau, & ayant pesé toute celle qui - s’y trouva, je vis qu’il ne s’en étoit pas perdu la huitiéme partie; - parce que de huit onces que j’y avois mises, il m’en restoit plus de 7. - on peut donc compter cecy pour une proprieté de cette Machine, que si - on y met <sup>7</sup>/<sub>8</sub> de l’eau qu’elle peut contenir, <i>& qu’on pousse la chaleur - jusques à faire évaporer la goutte d’eau en 5. secondes, la pression au - dedans ne sera que 10. fois <span class="pagenum" id="Page_60">60</span> plus forte que la pression ordinaire - de l’air</i>. On pourra de mesme trouver par experience combien il faudra - laisser de vuide selon les autres pressions qu’on voudra faire, & les - autres degrez de chaleur qu’on voudra donner, & cela sera utile sur la - mer comme j’ay dit Chap. 2. & pourra aider à connoistre la nature.</p> - - <p class="experience"><i>EXPERIENCE XVII.</i></p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> quinziéme Juillet j’enfermay des pois verts dans deux petites - marmites de verre, & je mis dans l’une un peu moins d’eau qu’il n’en - falloit pour couvrir le poids, dans l’autre je ne mis point d’eau du - tout; les ayant enfermées dans le petit Bain Marie, je poussay le feu - jusques, à faire évaporer la goute <span class="pagenum" id="Page_61">61</span> d’eau en 4. secondes, & la - pression interieure 10. fois plus grande que la pression ordinaire de - l’air; j’ostay le feu, & les vaisseaux êtans refroidis, je trouvay - tous les pois extremement mols, ceux qui étoient sans eau avoient - rendu du suc presque assez pour les couvrir, & ils avoient une couleur - roussastre, & tant soit peu d’odeur, & de goût brûlé, les autres - avoient conservé leur couleur verte, & avoient fort bon goust, mais - moins haut que ceux qui êtoient sans eau; ayant fait fondre du beure - frais, je trouvay à mon gré, que les pois sans eau dans cette sauce, - navoyent pas le goust trop fort, & qu’ils estoient meilleurs que les - autres; si on vouloit pourtant il seroit bien aisé de les faire moins - cuire, ceux cy ayant souffert autant <span class="pagenum" id="Page_62">62</span> de chaleur qu’il en faudroit - pour ramolir des os, quelques pois que j’avois mis avec les gousses se - trouverent fort bons & tendres, excepté le parchemin qui n’êtoit point - du tout changé nonobstant cette grande chaleur.</p> - - <p>Cette experience semble prouver que l’eau empesche l’empyreume, - mais je croy que toute autre chose que l’eau qui auroit remply les - interstisses entre les pois l’auroit aussi bien empesché, parce que - j’ay éprouvé assez long-temps depuis qu’ayant mis des grozeilles vertes - dans les mêmes marmittes de verre sans eau; mais ayant seulement pilé - les unes & laissé les autres entieres, il arriva qu’ayant poussé la - chaleur jusques à faire exhaler la goute d’eau en 3. secondes, & - la <span class="pagenum" id="Page_63">63</span> pression dix fois plus forte que la pression de l’air, les - grozeilles entieres avoient acquis beaucoup d’empyreume, quoy que leur - verre fust beaucoup vuide, & qu’ainsi elles n’eussent pas souffert - une grande pression; au lieu que les autres qui remplissoient tout - exactement de leur propre suc, avoient fort bon goust & rien de brûlé; - je conseillerois donc pour cuire parfaitement bien les pois, de remplir - les espaces qu’ils laissent entr’eux avec du suc d’autres pois, qui en - auroit déja tout le goût, & ainsi il ne l’osteroit point aux autres.</p> - - <p>Cette experience fait voir que plusieurs digestions se peuvent faire - dans cette machine, bien mieux que de la maniere ordinaire, où l’on est - obligé de laisser beaucoup de place vuide, ce <span class="pagenum" id="Page_64">64</span> qui fait que les - substances sont plus sujettes à se brûler; cecy pourroit aussi fournir - des conjectures sur la nature de l’empyreume; mais il vaut mieux - attendre que l’on ait fait d’avantage d’experiences.</p> - - <div class="figcenter" style="width: 600px;"> - <img src="images/bandeau-3.jpg" alt="" title="" width="600" height="73" /> - </div> - - <h2 id="ch_3"><span class="smcap">Chapitre III.</span></h2> - - <p class="schapitre">EXPERIENCES POUR LES VOYAGES PAR MER.</p> - - <p class="experience"><i>EXPERIENCE PREMIERE.</i></p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">A</span> plus grande incommodité des gens qui font de grands voyages sur Mer - vient selon l’opinion la plus commune, de ce que les viandes dont on - se nourrit ayans esté gardées <span class="pagenum" id="Page_65">65</span> long-temps salées ont perdu toutes - leurs parties les plus spiritueuses, & volatiles, & ainsi les parties - terrestres & grossieres qui restent, ne sont propres qu’à former un - sang terrestre & grossier, qui donne le Scorbut; il y a donc apparence - que les gelées estans composées de parties volatilles & aisées à - digerer, sont propres à corriger ce deffaut des viandes salées; mais - pour l’ordinaire elles sont si cheres & si difficiles à faire, qu’il - est rare d’en avoir sur mer, cela m’a fait croire qu’il seroit bon de - donner un moyen d’en faire par tout facilement & à bon marché, j’ay - donc travaillé pour cela.</p> - - <p>Le 18. Juin j’ay pris des os de bœuf qui n’avoient jamais esté - boüillis qui estoient fort secs, & du plus dur endroit de la cuisse, - <span class="pagenum" id="Page_66">66</span> & les ayans mis dans une petite marmitte de verre avec de l’eau, - je les enfermay dans le Bain Marie avec une autre petite marmitte de - verre qui estoit aussi pleine d’eau & d’os de mesme maniere, sinon - que dans celle-cy les os êtoyent des costes, & avoyent déja esté - cuites, ayant poussé le feu jusques à faire exhaler la goutte d’eau en - 3. secondes, & dix pressions, j’ostay le feu & les vaisseaux estans - refroidis, je trouvay de fort belle gelée dans mes deux marmittes; mais - celle dont les os êtoient des costes avoit la couleur un peu rougeâtre, - ce qui pouvoit proceder de la <ins class="correction" title="parrie">partie</ins> moüelleuse; l’autre gelée estoit - sans couleur & sans goust, comme la gelêe de corne de cerf, & je ne voy - pas pourquoy elle ne feroit pas à peu prés le mesme effet, <span class="pagenum" id="Page_67">67</span> je puis - mesme asseurer que l’ayant assaisonnée avec du sucre & du jus de limon, - je la mangeay avec autant de plaisir, & n’en sentis aucune incommodité - non plus que si c’eust esté de la gelée de corne de cerf.</p> - - <p>Quoy que cette experience soit particulierement à estimer sur la mer, - elle ne laissera pas d’être aussi fort utile sur la terre, les gelées - êtans par tout fort bonnes pour plusieurs maladies, il sera fort - avantageux par tout d’en pouvoir facilement faire pour un sol, plus - qu’on n’en pourroit achepter pour quinze.</p> - - <p class="experience"><i>EXPERIENCE II.</i></p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">I</span><span class="smcap">E</span> remis des os crus de l’endroit le plus dur d’une cuisse de bœuf - dans une de mes petites <span class="pagenum" id="Page_68">68</span> marmittes de verre, & dans l’autre je - mis des os de poitrine de mouton qui avoient déja esté cuits; & qui - n’estoient pourtant pas mols: les ayant enfermées toutes deux dans - un mesme chassis; en sorte qu’elles n’êtoient pas plus serrées l’une - que l’autre, & les ayant mises dans le Bain Marie, je poussay le feu - jusques à faire exaler la goute d’eau en 9. secondes, mais alors il - arriva <ins class="correction" title="que que">que</ins> la soupape qui ferme le petit tuyau HH ayant manqué, parce - que je l’avois garnie de cuir, l’eau du Bain Marie s’échappa toute avec - une impetuosité qui m’êtonna d’abord, mais qui dura pourtant environ - une minute à cause de la petitesse de l’ouverture.</p> - - <p>Je m’assure, que dans ce même temps là, l’eau dans les marmites <span class="pagenum" id="Page_69">69</span> se - dilatoit aussi & s’en alloit par dessus les bords; car je les trouvay - beaucoup vuidées, mais avec cette difference que dans celle où êtoient - les os de mouton, la liqueur estoit une forte gelée, quoy que les os - ne fussent pas encore attendris, sinon en quelques extremitez, & cette - gelée ne pesoit que <sup>2</sup>/<sub>7</sub> moins que l’eau que j’y avois mise; au lieu que - dans l’autre marmite les os n’estoient point du tout amolis, la liqueur - point du tout gelée, mais seulement un peu êpaisse, & il y en avoit - plus des <sup>3</sup>/<sub>4</sub> de perduë, quoy que cette marmitte eust les bords beaucoup - plus hauts que l’autre.</p> - - <p>Cette experience me fit voir, 1<sup>o</sup>. Qu’il vaudroit toûjours mieux faire - provision d’os de mouton que de bœuf. 2<sup>o</sup>. Que ce seroit <span class="pagenum" id="Page_70">70</span> - inutilement qu’on essayeroit de faire par les voyes ordinaires de la - gelée des os de bœuf, veu la grande chaleur qu’il faudroit, & la - grande quantité d’eau qui se perdroit par l’évaporation. 3<sup>o</sup>. <i>Que la - gelée consiste de parties bien plus difficiles à élever en vapeurs que - celle de l’eau ordinaire.</i></p> - - <p class="experience"><i>EXPERIENCE III.</i></p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> vingt-troisiéme Juin je <ins class="correction" title="mis mis">mis</ins> les os de bœuf dont je viens de - parler dans la mesme marmitte, & le poids de l’eau estant double du - poids des os, je mis des cartillages dans l’autre marmite avec aussi le - double de leur poids d’eau, aprés avoir poussé le feu jusques à faire - exhaler la goutte d’eau en 3. secondes, & la pression interieure 10. - <span class="pagenum" id="Page_71">71</span> fois plus forts que la pression ordinaire de l’air, je laissay le - feu encore quatre ou cinq minutes, & ensuite je l’ostay tout à fait; & - les vaisseaux êtans refroidis je trouvay que les os estoient devenus - mediocrement friables, mais l’eau n’êtoit pas assez épaisse pour être - appellée gelée; je croy pourtant, que si ce qui s’éstoit évaporé dans - la premiere coction y eut encore esté, la gelée auroit esté assez - forte; Les cartilages dans l’autre marmitte êtoient presque absolument - fondus, & faisoient une forte gelée depuis le fonds du verre jusques - au milieu, mais le dessus n’estoit pas plus épais que la liqueur dans - l’autre marmitte.</p> - - <p>Cette experience me fit juger, 1<sup>o</sup>. Qu’une livre d’os de bœuf - pourroit faire environ deux livres <span class="pagenum" id="Page_72">72</span> de gelée. 2<sup>o</sup>. Qu’il vaudroit - mieux faire provision de cartilages, parce qu’ils sont absolument - glutineux, & se fondent tout à fait dans l’eau, mais comme elle est - plus legere, elle surnage, & les cartillages demeurent au fonds, ne - retenant entre leurs parties que quelque peu d’eau qui s’y est insinuée - pour les dissoudre. 3<sup>o</sup>. <i>Que ce n’est que le ciment</i> qui joint <ins class="correction" title="les les">les</ins> - parties des os qui se dissout dans l’eau pour faire la gélee, puis que - les os en suite demeurent friables.</p> - - <p class="experience"><i>EXPERIENCE IV.</i></p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> 28. Juin j’enfermay des os dans mes deux petites marmittes de - verre, dans l’une estoient des os de bœuf en plus grande quantité - qu’il n’estoit necessaire pour faire de la gelée avec <span class="pagenum" id="Page_73">73</span> l’eau qui - y estoit, dans l’autre c’estoient des os de mouton aussi en quantité - plus que suffisante pour congeler l’eau où ils trempoient; Je poussay - le feu jusques à faire exhaler la goutte d’eau en 3. secondes, & - la pression interieure estoit 10. fois plus forte que la pression - ordinaire de l’air; je continüay le feu de cette sorte prés d’un quart - d’heure, & ensuite je n’éteignis qu’une partie du charbon, en laissant - le reste pour entretenir la chaleur plus long-temps; <ins class="correction" title="me">mes</ins> vaisseaux - estant refroidis, je trouvay de fort bon boüillon sans goût de brûlé - dans mes deux marmites, mais pourtant il ne se gela point, ce que ie - ne puis attribuer qu’au trop de cuisson, puisque dans les Experiences - precedentes, avec moins <span class="pagenum" id="Page_74">74</span> d’os & moins de chaleur j’avois fait de la - gelée.</p> - - <p>Cette Experience fait voir qu’il faudra bien prendre garde au degré - de chaleur que l’on donnera pour faire une grande quantité de gelée, - & que ce n’est pas assez qu’il n’y ait point de goût de brûlé, car il - pourroit nonobstant cela y avoir eu beaucoup trop de chaleur, & pour - trouver ce meilleur degré de chaleur, il faut plusieurs Experiences.</p> - - <p class="experience"><i>EXPERIENCE V.</i></p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> 29. Juin je mis des os de bœuf dans une de mes petites marmittes - de verre avec égal poids d’eau; Dans l’autre je mis de l’yvoire le - plus pressé qu’il me fut possible avec de l’eau pour remplir <span class="pagenum" id="Page_75">75</span> les - interstices; Je poussay le feu jusqu’à faire exhaler la goutte d’eau - en 6. secondes, & la pression interieure 12. fois plus grande que la - pression ordinaire de l’air. J’ôtay alors le feu le plus vite qu’il - me fut possible, & les vaisseaux étant refroidis, je trouvay que le - vaisseau où étoit l’yvoire, s’étoit cassé, parce que l’yvoire qui y - étoit pressée venant à s’enfler par la chaleur & par l’humidité, avoit - eu plus de force que le verre; L’yvoire étoit devenuë friable: & dans - l’autre marmite les os n’étoient pas encore ramolis qu’en quelques - endroits des apophyses; la liqueur n’étoit pas non plus gelée excepté - au fonds, mais le lendemain qu’il faisoit un peu plus froid je la - trouvay gelée jusques au haut, & je la <span class="pagenum" id="Page_76">76</span> mis sur diverses plaques - de verre afin de la faire seicher; Le lendemain premier de Juillet, - quoy qu’elle eût été 24. heures à l’air pour évaporer l’humidité, je - la trouvay encore liquide, à cause, comme je croy, qu’il faisoit un - peu plus chaud; je m’en servis à coller un verre cassé qui depuis cela - tient fort bien, & se peut rincer presques comme s’il n’avoit point - esté cassé; mais à la longue l’humidité dissout cette colle.</p> - - <p>Cette Experience me fit iuger, 1<sup>o</sup>. que la chaleur que i’y avois - employé, avoit peché dans le deffaut aussi bien que la precedente - avoit peché dans l’excés, & qu’ainsi pour bien faire la gelée d’os, - il faudroit pousser la chaleur environ comme dans la premiere ou dans - la troisiéme <span class="pagenum" id="Page_77">77</span> experience. 2<sup>o</sup>. <i>Ie me confirmai dans la pensée - que j’avois que c’est la colle des os qui se dissout dans l’eau pour - faire la gelée.</i> 3<sup>o</sup>. <i>Ie trouvay qu’il faut extremement peu de parties - congelantes pour coaguler l’eau; car quoyque celle-cy eust pu se - congeler dans un grenier en esté; cependant quand elle fut seiche, il - me resta si peu de colle que j’en fus surpris.</i> 4<sup>o</sup>. <i>Ie jugeay qu’il - falloit bien peu de chaleur pour empescher ces sortes de congelations, - & qu’ainsi selon l’apparence la qualité de gelée, à proportion de la - matiere, se trouvera bien plus grande en hyver, qu’en esté.</i> 5<sup>o</sup>. <i>Que - la congelation qui se fait de cette maniere est toute differente de - celle qui se fait purement par le froid, puisque la glace flotte <span class="pagenum" id="Page_78">78</span> - sur l’eau, mais la gelée va <ins class="correction" title="au au">au</ins> fonds.</i></p> - - <p>Pour se bien servir de la colle dont ie viens de parler, il faut la - conserver bien nette, & quand on la veut employer, en detremper un peu - avec trois ou quatre gouttes d’eau nette, en frotter les bords du verre - à recoller, & les rappliquer l’un contre l’autre, le plus exactement - qu’on pourra; on en pourra faire de mesme à l’yvoire, à la porcelaine, - & autres corps qui se cassent net.</p> - - <div class="figcenter3" style="width: 122px;"> - <img src="images/bandeau-4.jpg" alt="" title="" width="122" height="68" /> - </div> - - <p><span class="pagenum" id="Page_79">79</span></p> - - <p class="experience"><i>EXPERIENCE VI.</i></p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> premier Iuillet ie remplis deux petites marmites de verre, dans - l’une il y avoit une once de corne de cerf rapée, avec deux onces - d’eau; Dans l’autre il y avoit une once d’os de merlan & deux onces - d’eau, ayant poussé le feu iusqu’à faire exhaler la goutte d’eau - en 7. secondes, & la pression interieure 12. fois plus grande que - l’exterieure; i’otay promptement tout le feu, & les vaisseaux étant - refroidis, ie trouvay une gelée extremement forte & belle dans la - marmitte où étoit la corne de cerf, ie fis goûter cette gelée à une - personne qui en fait fort souvent, & elle me dit qu’il faloit qu’il y - eût dans celle-là quelque <span class="pagenum" id="Page_80">80</span> chose plus que dans la sienne, parce - qu’elle y trouvoit beaucoup de goût & d’odeur, au lieu que la sienne - estoit sans odeur & goût, ie n’attribuë cette difference qu’aux esprits - & sels volatils, qui sont tous conservez par le moyen du Bain Marie - fermé à vis, au lieu que par les voyes ordinaires ils se perdent; & - cela donne lieu de croire que cette nouvelle sorte de gelée aura bien - plus de vertu.</p> - - <p>La corne de cerf aussi n’avoit rien conservé de dur, au lieu que pour - l’ordinaire elle se reduit en poussiere qu’on sent rude entre les - doigts.</p> - - <p><i>Dans l’autre marmite les os de poisson étoient tout à fait mols, mais - la liqueur n’étoit point gelée; cependant étant mise à exhaler, il - restoit de la colle, mais <span class="pagenum" id="Page_81">81</span> en petite quantité, & beaucoup moins - forte que celle des os de bœuf.</i></p> - - <p class="experience"><i>EXPERIENCE VII.</i></p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> 2. Iuillet ie remplis deux petites marmites de verre, dans l’une ie - mis <sup>1</sup>/<sub>2</sub> once de corne de cerf avec 2 <sup>1</sup>/<sub>2</sub> onces d’eau; dans l’autre ie - mis des os rapez aussi-bien que la corne de cerf avec mesme quantité - d’eau à proportion; ayant poussé le feu iusques à faire exhaler - la goutte d’eau en 5. secondes, & 10. pressions: J’ôtay tout fort - promptement; le lendemain matin mes vaisseaux étant refroidis, ie - trouvay que dans la marmite où étoient les os, la liqueur étoit peu - épaissie; dans l’autre il y avoit une bonne gelée, mais beaucoup <span class="pagenum" id="Page_82">82</span> - moins forte, que celle de l’Experience precedente: Ie la fis chauffer, - & si-tost qu’elle fust fonduë, ie la passay & la pressay le mieux - que ie pus, & ie mis le marc seicher; <i>ce marc au bout de huit jours - étant tout à fait sec, s’est trouvé peser encore 2 <sup>3</sup>/<sub>4</sub> drachmes: De - sorte qu’il n’étoit sorti de parties congelantes de la corne de cerf - que 1 <sup>1</sup>/<sub>4</sub> drachmes, & cela avoit suffi pour congeler 2 <sup>1</sup>/<sub>2</sub> onces de - liqueur, qui sont 16. fois plus.</i></p> - - <p>La liqueur qui avoit passé se gela en fort peu de temps, & parut bien - plus forte, que n’est la gelée ordinaire; si bien que je croy qu’on - peut assurer qu’une quantité de corne de cerf suffit pour faire du - moins 5. fois aussi pesant de gelée, & peut-estre qu’en pratiquant on - trouvera <span class="pagenum" id="Page_83">83</span> quelque degré de feu propre pour en faire bien davantage; - mais quand on ne feroit que je viens de dire, toûjours cela seroit-il - fort considerable, puisque par les voyes ordinaires on auroit prés de - la moitié moins de gelée & moins bonne, & il faudroit beaucoup plus - de feu, de temps & d’eau douce qui est de consequence sur la mer; car - quoy qu’il faille de l’eau pour faire de la gelée à ma maniere, cette - eau n’est pas perduë, & elle demeure toute dans la gelée; au lieu qu’à - la maniere ordinaire il s’en évapore bien plus des trois quarts, & - l’épargne du temps & du feu sera encore plus considerable.</p> - - <p><span class="pagenum" id="Page_84">84</span></p> - - <p class="experience"><i>EXPERIENCE VIII.</i></p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">A</span><span class="smcap">Y</span>ant trouvé par l’Experience precedente que la corne de cerf faisoit - une si grande quantité de gelée en comparaison des os, ie voulus voir - si cela ne venoit point de ce que le degré de feu avoit esté propre - pour la corne de cerf, & pas assez fort pour les os; Je reïteray donc - cette Experience avec les mesmes circonstances, sinon que cette fois - ie poussay la chaleur iusques à faire évaporer la goutte d’eau en 4. - secondes, & mes vaisseaux estant refroidis, ie trouvay que la gelée - de corne de cerf estoit encore fort belle, mais la liqueur sur les os - estoit peu épaissie; Ie trouuay pourtant de la gelée aprés avoir versé - <span class="pagenum" id="Page_85">85</span> par inclination la liqueur qui surnageoit, mais cette liqueur - pesoit plus d’une once; ainsi je iugeay que les os ne contiennent pas - en effet à beaucoup prés autant de parties congelées, comme la corne de - cerf en contient.</p> - - <p>Aprés avoir passé & exprimé les matieres de mes deux marmites, i’en - garday les marcs séparément, chacun dans un verre bien fermé, crainte - que l’humidité ne s’évaporast; & environ quinze iours aprés ie trouvay - qu’ils s’estoient fermentez & avoient acquis une odeur & un goût de - fromage de Parmezan, & fort propre à faire trouver le vin bon, en le - mangant avec un peu de pain; Messieurs de la Societé Royale, le voyant - ont iugé qu’il y a apparence <span class="pagenum" id="Page_86">86</span> que la corne de cerf en cet estat - donneroit dans la distilation plus d’esprits, & plus facilement qu’elle - ne fait d’ordinaire; Les os estoient fort semblables en tout à la corne - de cerf, & mesme dans la suite il s’y forma des vers, ce qui n’arriva - pas à la corne de cerf; de sorte que, comme on a remarqué d’ordinaire - que c’est dans le meilleur fromage que les vers se forment le plûtost, - il sembleroit que les os en cecy auroient quelque avantage sur la corne - de cerf, en recompense de ce que la corne de cerf donne le plus de - gelée.</p> - - <p><i>Ayant trouvé de la difference dans la qualité de la gelée qu’on tire - de differents corps, & dans la facilité de la tirer; & dans la force - de cette sorte de colle, sçachant <span class="pagenum" id="Page_87">87</span> que d’ailleurs nos corps - ne sont autre chose que des liqueurs congelées; je croy que si l’on - entreprenoit de pousser la chose, & que l’on tirast des gelées de - diverses parties d’un mesme animal, & qu’on en tirast aussi de divers - animaux de mesme espece, mais d’âges differents, & qu’on en tirast - aussi d’animaux de differentes especes, & de bien plus longue vie les - uns que les autres, comme sont les cerfs & les lapins, & qu’ensuite - on comparast les differentes proprietez de toutes ces colles les unes - avec les autres: je croy, dis-je, que cela pourroit beaucoup aider à - faire une meilleure Theorie que l’on n’en a jusques icy des causes de - la durée de la vie, & cette Theorie pourroit avoir des suites bien plus - importantes que la pluspart du monde ne croit.</i></p> - - <p><span class="pagenum" id="Page_88">88</span></p> - - <p>Toutes ces Experiences me font croire que si on veut conserver des os, - des cartilages, des tendons, des pieds, & autres parties d’animaux qui - sont assez solides pour se conserver sans sel, & dont on perd tous - les ans dans Londres plus qu’il n’en faudroit pour fournir tous les - vaisseaux que l’Angleterre a en mer; On pourroit avoir toûjours sur - les vaisseaux des alimens plus sains, & bien meilleurs & à meilleur - marché, que l’on n’en a d’ordinaire; Ie dis mesme que ces sortes - d’alimens seroient moins embarrassans, parce qu’ils contiennent bien - plus de nourriture à proportion de leur poids, comme nous avons veû - manifestement dans la corne de cerf, qui aprés avoir fait cinq fois son - poids de gelée (qui passe <span class="pagenum" id="Page_89">89</span> pour une chose fort nourrissante) se - change encore presques tout en substance, fort semblable à du fromage - dont on ne sçauroit manger qu’en petite quantité.</p> - - <p class="experience"><i>EXPERIENCE IX.</i></p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> 20. Juin je fis cuire deux maquereaux de la maniere que j’ay dite - chap. 2. exper. 13. en sorte qu’ils avoient les os tendres, & j’en - laissay un à l’air ouvert, & huit jours de temps chaud que je le - garday, je vis qu’il ne se gatoit point, au lieu qu’un morceau de - l’autre que je garday dans sa sauce, se gâta en trois jours.</p> - - <p>Je voulus ensuite voir si une cuisson ordinaire pourroit faire le mesme - effet, & pour ce dessein <span class="pagenum" id="Page_90">90</span> le 26. Iuin je fis cuire un maquereau - à la maniere ordinaire, & ayant voulu le faire seicher comme le - precedent, je trouvay qu’il se gasta en moins de 4. jours; cela me fit - croire que le Bain Marie fermé à vis pourroit estre utile pour seicher - les alimens sans qu’il fust besoin de sel, & sans perdre le suc qui - s’en évaporast; la viande ainsi conservée pourroit estre plus saine que - la viande salée dont on se sert sur mer.</p> - - <p class="experience"><i>EXPERIENCE X.</i></p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">C</span><span class="smcap">ETTE</span> Machine estant si utile pour empescher l’évaporation de l’eau - douce qui se fait en cuisson à la maniere ordinaire; Je voulus voir si - elle ne pourra pas aussi en quelque occasion faire servir <span class="pagenum" id="Page_91">91</span> l’eau - salée au lieu de douce, pour ce desseïn, je fis dissoudre une drachme - de sel dans 40. drachmes d’eau (qui est à peu prés la mesme proportion - de sel qui se trouve dans l’eau, à ce que m’a dit Mr. Boyle, & ayant - mis deux onces de cette eau sur une once de pois secs dans une marmitte - de verre, je les enfermay dans la Machine; Je poussay le feu jusqu’à - faire évaporer la goutte d’eau en quatre secondes, avec dix pressions; - les vaisseaux étant refroidis, je trouvay que les pois avoient imbibé - toute l’eau, & estoient fort bien ramolis, & Mr. le Docteur King en - ayant goûté les trouva de fort bon goust, & pas trop salez: Il y a bien - de l’apparence que les féves & autres legumes seroient de mesme).</p> - - <p><span class="pagenum" id="Page_92">92</span></p> - - <p>Je croy donc qu’en fournissant de vivres les vaisseaux, on peut compter - que les legumes changeront le double de leur pois d’eau de mer en eau - douce, ou du moins la feront servir pour la nourriture, aussi-bien que - si elle avoit esté douce, & cecy peut beaucoup diminuër la quantité - d’eau douce dont il faut embarasser les vaisseaux; si on vouloit se - servir aussi d’eau de mer pour cuire les pois à la maniere ordinaire, - il arriveroit que l’évaporation ne dissipant que les parties aqueuses, - les pois demeureroient extremement salez, outre que l’on ne pourroit - jamais les bien ramolir.</p> - - <p>J’ay aussi essayé si l’eau de mer ne pourroit pas servir à faire de la - gelée; je mis pour ce dessein de cette mesme eau salée dans une <span class="pagenum" id="Page_93">93</span> - marmitte de verre avec poids égal d’os de mouton, & ayant poussé le feu - comme à l’ordinaire pour faire la gelée d’os, je trouvay qu’à la verité - j’avois de la gelée trop forte, mais beaucoup trop salée; la quantité - de parties congelantes estant trop petite pour temperer la salleure de - l’eau: Je croy donc qu’il faudroit mesler l’eau de mer avec le double - d’eau douce pour faire de la gelée.</p> - - <div class="figcenter3" style="width: 122px;"> - <img src="images/bandeau-4.jpg" alt="" title="" width="122" height="68" /> - </div> - - <p><span class="pagenum" id="Page_94">94</span></p> - - <div class="figcenter" style="width: 600px;"> - <img src="images/bandeau-3.jpg" alt="" title="" width="600" height="73" /> - </div> - - <h2 id="ch_4"><span class="smcap">Chapitre IV.</span></h2> - - <p class="schapitre">EXPERIENCES POUR LES CONFISSEURS.</p> - - <p class="experience"><i>EXPERIENCE I.</i></p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> 27. Juin j’ay mis des cerises dans deux marmittes; aux unes j’ay mis - de l’eau autant qu’il estoit necessaire pour les couvrir, aux autres - je ne mis rien du tout, ayant poussé le feu jusques à faire exhaler la - goutte d’eau en 40. secondes, & la pression interieure triple de la - pression ordinaire de l’air, je trouvay mes cerises fort bien cuites, - & beaucoup de jus à celles <span class="pagenum" id="Page_95">95</span> mesme à qui je n’avois rien ajoûté; - celles à qui i’avois mis de l’eau avoient beaucoup plus de liqueur, - mais elles avoient le goût bien plus fade que les autres.</p> - - <p>Le lendemain ie mis quelques-unes des cerises dont ie viens de parler, - à seicher à l’air, & i’en remis quelques-unes avec des grosseilles - vertes dans une marmitte de verre, afin de voir si une nouvelle cuisson - les gâteroit; ie poussay le feu iusqu’à faire exhaler la goutte d’eau - en 10 secondes, & la pression 8. fois plus forte que la pression - <ins class="correction" title="ordinainaire">ordinaire</ins> de l’air, & aprés tout cela ie ne trouvay pas que mes cerises - fussent presque changées, & elles estoient encore aussi grosses & aussi - entieres que devant que d’estre cuites. Je mis aussi quelques-unes de - celle-cy à seicher; le lendemain <span class="pagenum" id="Page_96">96</span> je trouvay que toutes les cerises - se seichoient sans se gâter, mais celles qui n’avoient été cuites - qu’une fois & sans eau, se conservoient plus grosses que les autres, - car celles qui avoient esté cuites deux fois, estant fort ridées & - déja beaucoup plus petites que les autres avoient esté une fois plus - long-temps à seicher.</p> - - <p>Cette Experience fait voir que quelques fruits peuvent sans danger - demeurer fort long-temps sur le feu dans cette Machine aprés estre - cuits, & pourtant cela leur oste la disposition qu’ils avoient - auparavant à se pourrir, cela me fait croire que si les gens qui - l’entendent faisoient à part du syrop dans lequel on put conserver en - suite ces cerises, sans qu’elles se seichassent; <span class="pagenum" id="Page_97">97</span> on auroit une - confiture, qui n’ayant point esté boüillie dans le sucre, conserveroit - plus de goust du fruit, mais je croy qu’il faudroit que le sirop fust - un peu plus épais qu’à l’ordinaire, à cause que l’humidité des cerises - s’y mesleroit bien tost, & la rendroit plus liquide.</p> - - <p>On pourra trouver par experience quel degré de cuisson sera le plus - propre pour mettre le fruit en estat de se conserver, sans luy changer - beaucoup le goust.</p> - - <p class="experience"><i>EXPERIENCE II.</i></p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> 6. Juillet j’enfermay dans une marmitte de verre 5. onces de - grozeilles vertes, & ayant poussé le feu jusques à faire exhaler la - goutte d’eau en 15. <span class="pagenum" id="Page_98">98</span> secondes, je l’éteignis promptement. & les - vaisseaux estant refroidis, je trouvay que mes grozeilles avoient - rendu 1 <sup>1</sup>/<sub>2</sub> once de liqueur assez épaisse, je mis quelques-unes de ces - grozeilles à l’air, & elles se seicherent fort bien sans se gaster.</p> -</div> - -<p class="sidenote"><i>Clearkake est une espece de gateau transparent fait avec de -la cresme.</i></p> - -<div class="texte600"> - <p>Cette experience me confirma dans la pensée qu’on pourroit faire des - confitures qui conserveroient beaucoup du goust de fruit; & je croy - qu’en mesme temps ce seroit une grande avance pour faire ce qu’on - appelle des Clearcakes, parce que le suc qui est propre pour cela, - conserve tout icy, & se retire beaucoup plus promptement, que par les - moyens ordinaires.</p> - - <p><span class="pagenum" id="Page_99">99</span></p> - - <p class="experience"><i>EXPERIENCE III.</i></p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> 22. Juillet il y a bien trois semaines que j’avois enfermé des - grozeilles vertes déja molles dans un grand verre, & j’y avois mis - de l’eau soule de sucre pour remplir les intervalles, aujourd’huy - voyant que ces grozeilles se fermentoient considerablement, parce - qu’elles formoient quantité de bulles, j’en ay mis une partie avec - de la liqueur dans une marmitte de verre, & l’ayant enfermée dans le - Bain, j’ay poussé le feu jusques à faire exhaler la goutte d’eau en 6. - secondes, & la pression 5. fois plus forte que la pression ordinaire - de l’air: J’ostay le feu, & les vaisseaux estant refroidis, je trouvay - mes grozeilles <span class="pagenum" id="Page_100">100</span> fort bien cuites, molles & bonnes, au lieu que la - fermentation les avoit renduës dures & desagreables à manger.</p> - - <p>J’avois mis en mesme temps une autre marmitte pleine de grozeilles - fraischement cüeillies, & j’y avois ajoûté 3. parties de sucre sur 5. - de fruit, je trouvay que celles-cy aussi estoient fort bien cuites, & - avoient fort bon goût, mais beaucoup plus doux que celles qui avoient - esté fermentées.</p> - - <p>Aprés avoir laissé dix jours mes deux verres bien couverts, mais vuides - de plus d’un tiers, i’ay veu qu’il ne se faisoit point de fermentation, - mais que le fruit se moisissoit un peu dans le verre, dont les - grozeilles n’avoient point esté fermentées; cela m’obligea à les mettre - dans un verre <span class="pagenum" id="Page_101">101</span> plus petit, lequel en estant remply & bien fermé - à vis, commença en moins de 5. ou 6. jours à se fermenter & à perdre - un peu de suc par dessus les bords nonobstant la vis qui pressoit le - couvercle.</p> - - <p>Le 30. Aoust i’ay ouvert ce verre que i’avois fermé à vis, & ayant - mis une partie du fruit & du suc dans une petite marmitte de <ins class="correction" title="uerre">terre</ins>, - & l’ayant enfermée dans le Bain Marie, i’ay poussé le feu iusques à - faire exhaler la goutte d’eau en 6. secondes, & la pression interieure - 12. fois plus forte que la pression ordinaire de l’air, i’ay osté le - feu incontinent, & les vaisseaux estant refroidis i’ay trouvé que ces - grozeilles ainsi recuites avoient perdu beaucoup de leur douceur, mais - qu’elles avoient pourtant un <span class="pagenum" id="Page_102">102</span> goust fort agreable, & qui plairoit - peut-estre mieux que le doux, à bien des gens; ayant mis un peu de leur - suc qui n’avoit point esté recuit dans une autre verre; ie les mis tous - deux ensemble dans le vuide & ie vis que le suc recuit ne se fermentoit - plus, parce qu’il ne ietta pas de bulles, au lieu que l’autre en ietta - grande quantité.</p> - - <p>De tout ce que ie viens de dire, ie croy pouvoir conclure, 1<sup>o</sup>. que en - conservant des fruits, comme i’ay dit au commencement, c’est à dire les - faisant fermenter lentement dans des vaisseaux bien fermez, on sera - toûiours prest d’en faire une bonne confiture à fort bon marché par le - moyen du Bain Marie qui ramolira le fruit & empeschera l’évaporation - des esprits dégagez <span class="pagenum" id="Page_103">103</span> par la fermentation. 2<sup>o</sup>. Il y aura moins - de danger de moisi, quand les fruits seront ainsi cuits pendant leur - fermentation. 3<sup>o</sup>. S’il se fait du moisi, on pourra le garantir en - remplissant les verres & les fermant à vis. 4<sup>o</sup>. Si la fermentation - recommence, on pourra encore l’arrester par une nouvelle cuisson.</p> - - <p>Il faudra pourtant continuër les experiences pendant un plus long temps - que ie n’ay fait, afin de sçavoir iusqu’où cela ira.</p> - - <p>Je ne donne point icy la maniere de fermer les verres à vis, puisque - c’est la mesme qui a esté décrite au premier Chap. pour la marmite, GG, - & des gens qui en voudroient faire grand trafic, pourroient au lieu - de verre se <ins class="correction" title="servit">servir</ins> de grands pots de terre bien hauts.</p> - - <p><span class="pagenum" id="Page_104">104</span></p> - - <p class="experience"><i>EXPERIENCE IV.</i></p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> 17. & le 18. Aoust ie reïteray l’experience precedente, mais au lieu - de grozeilles ie me servis de prunes, dont ie fis cuire par 3. diverses - fois, & ie n’y remarquay rien qui vaille la peine d’être rapporté, - sinon que les prunes cuites en se fermentant avec <sup>1</sup>/<sub>4</sub> ou <sup>1</sup>/<sub>3</sub> de sucre, - acquierent un goust vineux, beaucoup plus fort & plus agreable que - ne font les grozeilles, & ie ne doute point que bien des gens ne les - preferassent à quelque confiture que ce puisse estre.</p> - - <p>Je remarquay aussi qu’en les distillant de la maniere que ie diray du - rosmarin Chap.6. Exper.3. on en tire plus de suc & bien plus épais que - quand on les fait cuire de la mesme maniere que les grozeilles dont ie - viens de parler.</p> - - <p><span class="pagenum" id="Page_105">105</span></p> - - <div class="figcenter" style="width: 600px;"> - <img src="images/bandeau-3.jpg" alt="" title="" width="600" height="73" /> - </div> - - <h2 id="ch_5"><span class="smcap">Chapitre V.</span></h2> - - <p class="schapitre">EXPERIENCES POUR FAIRE DES BOISSONS.</p> - - <p class="experience"><i>EXPERIENCE PREMIERE.</i></p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> vingt-deuxiéme Juillet il y avoit bien trois semaines que j’avois - enfermé des grozeilles vertes déja molles dans un grand verre, & - j’y avois mis de l’eau soule de sucre pour remplir les intervalles, - aujourd’huy voyant que ces fruits se fermentoyent bien fort, j’en ay - ôté une partie & de la liqueur aussi, & en ay rempli <sup>4</sup>/<sub>5</sub> d’une de mes - petites marmittes de verre; ensuite j’ay pris de <span class="pagenum" id="Page_106">106</span> la liqueur pour - remplir de même mon autre petite marmitte de verre, dans laquelle - j’avois mis quelque peu de grozeilles fraiches; ayant ainsi enfermé ces - deux marmites dans un même chassiz, & dans le même bain marie, j’ay - poussé le feu jusques à faire exhaller la goutte d’eau en 2. secondes, - & je l’ay continüé quelque temps de cette force la pression êtoit dix - fois plus forte que la pression ordinaire de l’air; mes vaisseaux êtans - refroidis, j’ay trouvé que les grozeilles qui se fermentoient avoient - vüidé leur marmitte jusqu’à la moitié, & qu’elles êtoient fort brûlées, - au lieu que les grozeilles fraîches, quoy qu’elles nageassent dans une - grande quantité de liqueur qui se fermentoit, n’avoient presque <span class="pagenum" id="Page_107">107</span> - pas vuidé leur marmitte, & ne sentoient pas le brûlé.</p> - - <p>Cette experience me fit juger, qu’en faisant du vin de cette maniere - par infusion dans de l’eau sucrée, la force consiste bien plus dans les - fruits, que dans la liqueur; & que la fermentation leur donne presques - autant de force, que l’esprit de vin en a pour se dilatter, (voy. chap. - 6. exper. <span class="smcap">II</span>.) Je pensai donc, que si on faisoit le vin avec - les fruits seuls sans eau, on auroit une liqueur extremement forte; - mais comme le suc des grozeilles de cette sorte, & de plusieurs autres - fruits est trop épais pour se changer en vin à moins d’être cuit; je - crus que le Bain Marie fermé à vis êtoit absolument necessaire pour - attenüer ces sucs sans eau, & sans qu’ils <span class="pagenum" id="Page_108">108</span> s’évaporent, cela - m’engagea à faire l’Experience suivante.</p> - - <p class="experience"><i>EXPERIENCE II.</i></p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> vingt-cinquiéme Juillet je mis des grozeilles vertes déja molles - dans une marmite d’étain, & l’ayant enfermée dans le Bain Marie je - poussay la chaleur jusques à faire evaporer la goutte d’eau en 3. - secondes, & la pression 10. fois plus forte que la pression ordinaire - de l’air; j’ôtay incontinent le feu, & mes vaisseaux êtans refroidis, - je trouvay, que les grozeilles avoient rendu un suc fort rouge & - que dans les endroits où elles s’étoient crevées contre la marmitte - d’étain, elles avoient acquis une fort belle couleur de pourpre - violet; <i>ce qui donna lieu <span class="pagenum" id="Page_109">109</span> à la premiere Experience pour les - Teinturiers</i>.</p> - - <p>J’avois mis ce matin de ces même grozeilles cruës dans un verre bien - fermé avec de l’eau saoule de sucre, & à present je mets une partie des - grozeilles que je viens de cuire, dans un autre verre avec leur suc, & - environ <sup>1</sup>/<sub>4</sub> de sucre afin de voir lesquelles se fermenteront le plûtôt.</p> - - <p>Le deuxiéme Aoust j’ay veu depuis 2. ou 3. jours les grozeilles - se fermenter dans un autre verre aussi bien que dans l’autre, & - aujourd’huy ayant mis du suc de mes deux verres chacun dans une - bouteille; je les ay mises toutes deux ensemble dans le vuide; & j’ay - veu, comme je l’attendois, que le suc des grozeilles cuites approchoit - bien <span class="pagenum" id="Page_110">110</span> plus de la nature du vin, que celuy des grozeilles cruës; - car il a esté bien plus de bulles, & il avoit aussi le goût bien plus - picquant & spiritueux.</p> - - <p>Le troisiéme Aoust, j’ôtay les grozeilles de leur suc, & les pressay - le mieux que je pus pour leur en faire rendre davantage: je mis tout - ce suc dans une bouteille que j’ay toûjours gardée dépuis, les 2. ou - 3. premiers jours elle boüilloit extremement fort, chassoit le bouchon - de liege, & s’en alloit par dessus, quoy qu’elle ne fust pas pleine - jusqu’aux <sup>2</sup>/<sub>3</sub>: mais depuis cela elle s’est beaucoup moderée, & elle - a presentement le goût fort bon & picquant; mais pourtant elle se - fermente toûjours, la liqueur n’est pas encore bien éclaircie, & on - void toûjours des bulles <span class="pagenum" id="Page_111">111</span> s’y former, quoy que ie la garde depuis - six semaines; cela me fait croire que du vin de cette sorte, sera de - tres bonne garde, & qu’on doit plustost apprehender qu’il ne soit trop - long-temps à venir à sa perfection, que de le voir aigrir trop-tôt.</p> - - <p>Ie mis dans un autre verre le marc de ces grozeilles avec de l’eau & - un peu de succre par dessus, en moins de 24. heures il commença à se - fermenter bien fort, & en 15. iours de temps la liqueur estoit preste - à boire & bien claire, mais elle n’avoit pas tant de force à beaucoup - prés, que celle qui estoit sans eau, & ie croy aussi qu’elle se seroit - bien-tôt aigrie; ie fis cette experience à veuë d’œil, & sans peser; - mais ie iugeay que le marc estoit environ <span class="pagenum" id="Page_112">112</span> <sup>1</sup>/<sub>2</sub> du poids de l’eau & - le sucre <sup>1</sup>/<sub>8</sub>.</p> - - <p>Cette experience fait voir que par le moyen du Bain Marie, le même - fruit peut servir à faire deux sortes de vin; l’un de bonne garde, & - l’autre prompt à boire.</p> - - <p class="experience"><i>EXPERIENCE III.</i></p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> cinquiéme Aoust j’ay pris un peu du suc des grozeilles de - l’experience precedente dans le temps qu’il se fermentoit le plus fort; - & l’ayant mis dans une petite marmite de verre dans le Bain Marie, - i’ay poussé la chaleur iusques à faire exhaler la goutte d’eau en 10. - secondes, & la pression triple de la pression ordinaire de l’air; J’ay - trouvé que ma liqueur avoit acquis un <span class="pagenum" id="Page_113">113</span> goust un peu approchant - de ce que nous appellons en France du resiné, mais elle estoit fort - agreable à boire, & propre à étancher la soif; pour sçavoir ensuite si - cette liqueur avoit beaucoup changé, i’en mis dans un petit verre, & - ie pris aussi de la liqueur de la bouteille d’où celle-cy avoir esté - tirée, & la mis dans un autre verre & les ayant mises toutes deux en - même temps dans le vuide, ie trouvay que la liqueur qui avoit esté mise - au feu pendant sa fermentation, ietta moins de bulles que ne feroit de - l’eau commune; au lieu que l’autre liqueur de la premiere suction se - couvrit toute de bulles, & en suite s’éleva assez haut en escume.</p> - - <p>Cette Experience me fit croire <span class="pagenum" id="Page_114">114</span> 1. que la <ins class="correction" title="cuison">cuisson</ins> d’une liqueur - qui se fermente, peut estre propre à luy oster promptement la mauvaise - qualité d’engendrer des vents, & de donner la colique, 2. que cette - liqueur ainsi cuite ne monteroit pas pourtant à la teste, comme fait - le vin, parce que les esprits n’y sont pas si developpez que dans le - vin; puisque le vin bout un peu à gros boüillons dans le vuide, & cette - liqueur n’y bout point du tout, & n’y fait même que tres peu de bulles; - 3. que cette liqueur ne seroit pas suiette à s’éventer, puisque les - esprits en sortent si difficilement; enfin i’ay du penchant à croire - qu’elle fortifieroit & nourriroit beaucoup, puisque le pain qui est - ainsi cuit pendant sa fermentation, <span class="pagenum" id="Page_115">115</span> passe pour le soûtien de la - vie: Cependant il faut attendre l’experience avant que d’en pouvoir - parler avec certitude; toûiours on peut dire que cette boisson ne sera - pas long-temps à preparer.</p> - - <p class="experience"><i>EXPERIENCE IV.</i></p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> dix-septiéme Aoust ie pris du suc de prunes distillé de la maniere - que ie diray chap. 6. exper. 3. comme il estoit plus épais que celuy - qui se tire sans distillation, parce que celuy qui demeure toûiours à - la chaleur avec le fruit, s’y attenuë continuellement; ie crus qu’il - faloit plus de chaleur, pour le subtilizer; l’ayant donc enfermé à la - maniere ordinaire dans une marmitte, & dans le Bain Marie; <span class="pagenum" id="Page_116">116</span> je - poussay le feu jusques à faire exhaler la goutte d’eau en moins de 2. - secondes, & la pression 12. fois plus forte que la pression de l’air; - mes Vaisseaux estans refroidis, je trouvay contre mon attente que le - suc estoit devenu presque tout solide dépuis le haut jusqu’au bas de la - marmitte, & qu’il estoit changé en une substance noire & bruslée qui - se pouvoit facilement écrazer entre les doigts; cependant il y avoit - quantité de cavitez remplies d’une liqueur fort coulante, & qui avoit - tant d’acrimonie que la langue la pouvoit à peine souffrir, de sorte - que la chaleur avoit fait dans ce suc une separation approchante de - celle que la presure fait dans le laict.</p> - - <p>Cette experience fait voir que <span class="pagenum" id="Page_117">117</span> l’excez de chaleur est à craindre, - &, aussi que la cuisson des fruits tel que je l’ay décrite sera - meilleure pour les boissons, que la distillation, quoy que celle-cy - puisse estre plus propre pour les confisseurs, pour les gellées - Clearcackes, &c.</p> - - <p>Peut-estre pourtant qu’avec le temps ces sucs si épais feroient du vin - plus fort que des sucs plus liquides; mais je crains qu’il ne falust - plusieurs années pour en venir là.</p> - - <p class="experience"><i>EXPERIENCE V.</i></p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> dix-septiéme, & dix-huitiéme Aoust je garday des sucs tirez de - prunes, pour faire les mêmes experiences que j’avois faites avec les - sucs de grozeilles vertes, dont je viens de <span class="pagenum" id="Page_118">118</span> parler; mais je crois - qu’il est inutile de les rapporter, puisque je n’y ay rien appris de - nouveau, sinon que les prunes font un vin bien meilleur, & plus fort - à mon gré que les grozeilles, & qu’aussi ayant mis dans une bouteille - de suc nouveau fait, un peu de suc fait dépuis 10. iours, & qui se - fermentoit bien fort, cela servit comme de levain pour faire fermenter - cette bouteille beaucoup plus proprement qu’elle n’auroit fait sans - cela.</p> - - <div class="figcenter3" style="width: 122px;"> - <img src="images/bandeau-4.jpg" alt="" title="" width="122" height="68" /> - </div> - - <p><span class="pagenum" id="Page_119">119</span></p> - - <div class="figcenter" style="width: 600px;"> - <img src="images/bandeau-3.jpg" alt="" title="" width="600" height="73" /> - </div> - - <h2 id="ch_6"><span class="smcap">Chapitre VI.</span></h2> - - <p class="schapitre">EXPERIENCES POUR LES CHYMISTES.</p> - - <p class="experience"><i>EXPERIENCE I.</i></p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> 13. Juillet Mr. le Docteur Slare membre de la Societé Royale eut la - curiosité d’essayer si le Bain Marie fermé à vis ne pourroit pas servir - à haster beaucoup l’extraction des teintures difficiles en Chymie; - Pour ce dessein nous mismes dans une des petites marmittes de verre - du sel de tartre avec de l’esprit de vin rectifié; dans l’autre nous - mismes de l’ambre avec du mesme esprit de vin; nous poussâmes <span class="pagenum" id="Page_120">120</span> la - chaleur jusqu’à faire exhaler la goutte d’eau en 3. secondes, avec - 12. pressions, & je l’éteignis bien-tost aprés: les vaisseaux estant - refroidis, il se trouva que dans le verre où estoit le sel de tartre, - la teinture estoit aussi forte qu’on l’eust pû faire en un mois de - temps par la maniere ordinaire, & elle avoit le goût lexivieux; dans - l’autre marmite la teinture d’ambre étoit beaucoup plus forte qu’on n’a - coûtume de la faire.</p> - - <p class="experience"><i>EXPERIENCE II.</i></p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> 15. Juillet Mr. le Docteur Slare eut encore envie d’essayer l’effet - du bain Marie pour la teinture d’antimoine, nous allumasmes le feu - environ à 10. <sup>1</sup>/<sub>2</sub> heures du matin; <span class="pagenum" id="Page_121">121</span> je poussay le feu jusques à - faire exhaler la goutte d’eau en 2. secondes, & la pression interieure - estoit 12. fois plus forte que la pression ordinaire de l’air; J’ôtay - une partie du feu, & la chaleur estant diminuée en sorte que la goutte - d’eau ne s’exhaloit plus qu’en 3. secondes, le Bain Marie ne perdoit - rien du tout, j’entretins le feu à peu prés de cette force jusqu’à - <sup>1</sup>/<sub>2</sub> heures; ensuite ie n’y regarday qu’un peu aprés 3. heures, & je - trouvay mes vaisseaux fort refroidis, & le feu presque tout esteint: - je le rallumay, & je poussay encore la chaleur jusques à faire exhaler - la goutte d’eau en moins de 1 <sup>1</sup>/<sub>2</sub> secondes, & il recommença à sortir - quelque chose du Bain Marie par la petite soupape, & j’ôtay du feu en - sorte que la goutte <span class="pagenum" id="Page_122">122</span> d’eau ne s’exhaloit plus qu’en 2. secondes, - & le bain Marie cessa de s’en aller, je laissay éteindre le feu peu à - peu, & ensuite ie trouvay que le vinaigre avoit tiré peu de la teinture - d’antimoine, quoy que la chaleur eust esté plus forte & beaucoup plus - longue, que pour la teinture du sel de tartre.</p> - - <p>Quelque temps aprés en vuidant la marmitte, je trouvay que le verre - d’antimoine estoit venu tout en une masse, comme s’il eust esté fondu, - & que le dessus estoit rouge, mais le fonds estoit noirastre, ce qui - nous fit croire que la teinture avoit esté toute tirée, mais qu’elle - s’estoit ensuite precipitée.</p> - - <p>Nous remarquasmes aussi une grande difference entre l’esprit de vin - & le vinaigre distillé, c’est <span class="pagenum" id="Page_123">123</span> que la chaleur dans l’experience - premiere avoit donné une si grande force à l’esprit de vin pour se - dilater qu’il en estoit sorty une grande partie par dessus les bords - de la marmitte, qui par ce moyen se trouva plus de demy vuide, & au - contraire l’esprit de vinaigre s’estoit trouvé si peu capable de - dilatation, que la pression dans le Bain Marie se trouvant autant ou - plus forte que dans la marmite, elle ne se trouva point du tout vuidée, - quoyque la chaleur eust esté plus grande que sur l’esprit de vin, & que - la pression dans le Bain Marie eust esté égale dans l’une & l’autre - experience.</p> - - <p><span class="pagenum" id="Page_124">124</span></p> - - <p class="experience"><i>EXPERIENCE III.</i></p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> 2. Aoust je mis du rosmarin dans une grande marmitte de verre - longue, & il estoit soûtenu par un petit treillis de fer, en sorte - qu’il s’en falloit un tiers qu’il ne touchât au fonds de la marmite; - J’allumay ensuite le feu vers le haut de la machine, afin que le bas - demeurant le plus froid les vapeurs du rosmarin peussent se condenser - au fonds de la marmitte, je poussay la chaleur jusqu’à faire exhaler - la goutte d’eau en 6. secondes sur le couvercle, mais le bas estoit - presque tout froid; ie trouvay ensuite que le rosmarin avoit rendu un - peu d’eau rouge, & de bonne odeur, environ le poids d’une drachme, & 2. - ou 3. <span class="pagenum" id="Page_125">125</span> gouttes d’huile essentielle qui avoit fort bonne odeur, & - qui approchoit de la nature du beurre; estant plus épaisse que l’huile - ordinaire; cette maniere de distiller a de l’avantage par-dessus la - maniere ordinaire; 1. En ce qu’on n’est point en danger <ins class="correction" title="de de">de</ins> rien - perdre, 2. En ce que les vapeurs sont plus faciles à pousser en bas - qu’en haut, & qu’ainsi n’estant mise en agitation que par la chaleur - innocente du Bain Marie, & tombans incontinent par leur poids, elles - conserveront bien mieux leur nature, que quand elles sont exposées à un - feu moins benin qu’il faut qu’elles en reçoivent une agitation capable - de les élever à une hauteur considerable; ce qui ne se peut faire sans - danger d’alterer leur nature, 3. Dans les distillations ordinaires - <span class="pagenum" id="Page_126">126</span> il demeure toûjours beaucoup d’huyle attachée au chapiteau, & quj - ne tombe point dans le recipient, au lieu qu’icy il n’y a point de - chapiteau, le recipient faisant les deux offices, reçoit d’abord toutes - les vapeurs qui sortent du mixte.</p> - - <p>Le Diaphragme dont je me suis servy pour ces distillations, est - representé fig. 3.</p> - - <p>BB est le diaphragme fait de fils de fer.</p> - - <p>AA sont trois petits pieds pour soûtenir le diaphragme à quelque - distance du fonds.</p> - - <p>CC est un autre fil de fer attaché au centre du diaphragme, & montant - jusques vers le haut de la marmitte, afin que quand l’operation est - finie, on puisse tirer par là le diaphragme & les matieres qui sont - au dessus; & <span class="pagenum" id="Page_127">127</span> qu’ainsi la liqueur distillée demeure seule dans la - marmitte.</p> - - <p>On pourroit aussi donner aux vaisseaux une figure circulaire; comme - dans la quatriéme figure; car mettant une des extremitez dans le feu - & l’autre dans l’eau, les vapeurs se viendroient condenser de ce - costé-là, & les sels atils se pourroient attacher au milieu, comme ils - font dans les distillations ordinaires.</p> - - <p>On pourroit aussi faire des vaisseaux tels que la cinquiéme figure - represente, la marmitte bb, son ouverture II tout à fait hors du Bain - Marie.</p> - - <p>On la pourroit emplir entierement de la matiere qu’on voudroit - distiller; car appliquant à l’ouverture II un couvercle BB de - profondeur raisonnable, toutes les vapeurs viendroient s’y <span class="pagenum" id="Page_128">128</span> - condenser, & les matieres seroient soûtenuës par un diaphragme.</p> - - <p>Il faudroit que la marmitte fust fortement soudée au Bain Marie à - l’ouverture SS, afin de retenir l’eau contenuë dans l’espace TTTT entre - le Bain Marie & la marmitte.</p> - - <p>Il faudroit que le petit tuyau HH fust fermé à vis, & non par des poids - comme vous voyez dans la figure.</p> - - <p>Il faudroit qu’il y eust quelque boëte de fer attachée au Bain Marie - par des poids, comme vous voyez dans la figure, pour tenir le feu qui - l’échaufferoit.</p> - - <p>Enfin il faudroit que le tout fust soûtenu presques en équilibre par - les tourillons CC sur les deux piliers RRRR, afin de pouvoir <span class="pagenum" id="Page_129">129</span> - aisément tourner la machine sans dessus dessous.</p> - - <p>Par ce moyen on s’épargneroit la peine d’ouvrir le Bain Marie, & - ainsi il ne seroit point necessaire de le laisser refroidir, parce - qu’on pourroit toûjours ouvrir la marmitte & la remplir de nouveau - sans donner aucun lieu à l’eau de s’échapper de l’espace TTTT, & de - plus le couvercle BB pourroit estre de verre, & ainsi on auroit moyen - d’observer le progrez de la distillation.</p> - - <p>On pourroit aussi (pour les operations qui se doivent faire en grande - quantité) enfermer 5. ou 6. machines de cette sorte dans un grand - cercle de fer, & mettre le feu dans l’espace du milieu, & ainsi le - mesme feu les échaufferoit toutes à la fois, & peut estre que par ce - moyen avec du charbon <span class="pagenum" id="Page_130">130</span> de terre, on pourroit cuire le Pain fort bon - & à bon marché; & quelque grande que fust la machine, on la pourroit - toûiours tourner le haut en bas, à cause qu’elle seroit soûtenuë en - équilibre, & ainsi on la pourroit vuider, & remplir assez facilement - mais i’avouë que ie ne l’ay pas encore experimenté iusques là.</p> - - <p class="experience"><i>EXPERIENCE IV.</i></p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> 10. Aoust ie pris 3. onces de canelle, & les ayant disposées de - mesme que le rosmarin dont ie viens de parler, ie poussay le feu - iusqu’à faire évaporer la goute d’eau en 2. secondes, mais le bas de - la machine trempoit dans de l’eau froide que ie renouvellois de temps - en temps, si bien que il devint à peine tiede, i’eus <span class="pagenum" id="Page_131">131</span> à ce coup - environ 5. drachmes d’une liqueur blancheâtre avec quelques petites - gouttes d’huile au dessus, il y avoit aussi un peu d’huile atachée aux - côtez du verre & qu’on pouvoit détacher avec une lame de couteau, & - on la voyoit ensuite nager sur la liqueur; Il y apparence que l’huile - tirée de cette maniere n’est pas si pesante, que celle qu’on apporte - des Indes, & se meslant avec le phlegme elle le rend ainsi blancheâtre; - cependant le phlegme ainsi meslé d’huile a fort bonne odeur, & peut - fort bien aromatiser, estant mis en plus grande dose que l’huile pure.</p> - - <p class="experience"><i>EXPERIENCE V.</i></p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> 12 Aoust ie mis de l’anis dans une de mes petites marmittes de - verre, & des feüilles <span class="pagenum" id="Page_132">132</span> de rosmarin dans l’autre avec de l’eau - qui les surnageoit un peu, mon dessein estoit de voir si l’huile - essentielle ne se pourroit point extraire de mesme que la gelée des os, - ie croyois que les parties de l’eau s’insinuans entre les parties des - plantes, pourroient faire échapper l’huile qui ensuite se trouveroit au - dessus de l’eau; ie poussay le feu iusques à faire évaporer la goutte - d’eau en 10. secondes, puis ie l’éteignis incontinent, ie trouvay que - mes matieres avoient bien meilleur odeur qu’auparavant, sur tout le - rosmarin, mais ie ne trouvay point d’huyle.</p> - - <p>Le 13. Aoust ie reïteray la mesme experience avec du rosmarin dans - une marmitte, & de la canelle dans l’autre. Je poussay le feu iusques - à faire exhaler la <ins class="correction" title="gou">goutte</ins> <span class="pagenum" id="Page_133">133</span> d’eau en trois secondes, & l’ôtay - incontinent aprés; les vaisseaux êtans refroidis je trouvay que le - rosmarin avoit plûtôt mauvaise, que bonne odeur; ce qui me fit juger - que la chaleur excessive l’avoit gâté, au lieu que dans l’autre - Experience une chaleur moins grande l’avoit rendu plus odoriferant, si - bien que je ne sçay pas si par plusieurs experiences on ne pourroit - point trouver un degré de chaleur propre à le rendre meilleur, & luy - faire donner dans la distillation plus d’huile, & plus facilement qu’il - ne fait d’ordinaire.</p> - - <p>La Canelle êtant un corps plus dur n’étoit point gâtée, mais il n’y - avoit pas de profit à le preparer de cette maniere, à moins de sçavoir - quelque degré de chaleur qui luy fut plus propre.</p> - - <p><span class="pagenum" id="Page_134">134</span></p> - - <p>Voilà tout ce que j’ay fait jusques icy sur la Chymie avec cette - Machine; à quoy je croy pouvoir ajoûter qu’il y a tout lieu de croire - qu’elle sera fort utile pour toutes les operations qui demandent un feu - doux, & égal de tous côtez, parce que mettant le feu au bas & l’eau la - plus chaude montant toûjours au dessus, la chaleur se communiquera par - tout égallement; elle sera propre aussi pour conserver le même degré - de chaleur pendant un fort long temps, parce que la grande quantité - d’eau qu’il y aura à échauffer, empeschera que les inegalitez du feu ne - soient si sensibles sur les matieres qui y sont enfermées; Par exemple; - Si le feu vient à être plus fort à un temps qu’à l’autre, il arrivera - que cette <span class="pagenum" id="Page_135">135</span> force du feu sera diminuée avant qu’elle ait pû faire - d’effet considerable sur la Machine & toute l’eau qu’elle contient; - de même quand le feu vient à étre moins grand qu’il ne devroit la - chaleur ne laisse pas de se conserver long-temps dans la Machine; en - sorte qu’on peut avoir le loisir de refaire du feu; Cette consideration - m’avoit donné envie d’éclorre des poulets par ce moyen, & je ne doute - pas que la chose ne pût fort bien reüssir; J’aurois voulu mettre la - boule d’un Thermometre scellé hermatiquement sous une poule parmy les - œufs, & le tuyau du Thermometre sortant assez loin hors du nid, - auroit montré le degré de chaleur necessaire pour cette operation; - En suite j’aurois enfermé le mesme Thermometre <span class="pagenum" id="Page_136">136</span> dans une Machine - ajustée avec des fenêtres vitrées pour laisser voir ce qui se passoit - au dedans, & ainsi on auroit pû voir quand le Thermometre seroit - parvenu au même degré que quand elle êtoit sous la poule; & les œufs - êtans ainsi enfermez dans des marmites de verre auroient esté faciles - à voir, quand il en seroit sorty des poulets, comme cette operation ne - demande ny beaucoup de pression, ny beaucoup de chaleur, on pourroit la - faire dans des machines de plomb, qui pourroient être grandes & à bon - marché.</p> - - <p>J’aurois voulu aussi essayer si la pression pourroit avancer la - formation du poulet, aussi bien qu’elle avance la cuisson de la viande; - mais j’ay abandonné ces desseins crainte de manquer de loisir pour en - venir à bout.</p> - - <p><span class="pagenum" id="Page_137">137</span></p> - - <div class="figcenter" style="width: 600px;"> - <img src="images/bandeau-3.jpg" alt="" width="600" height="73" /> - </div> - - <h2 id="ch_7"><span class="smcap">Chapitre VII.</span></h2> - - <p class="schapitre">POUR LES TINTURIERS.</p> - - <p class="experience"><i>EXPERIENCE PREMIERE.</i></p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">P</span><span class="smcap">ARCE</span> que dans la seconde Experience du Chap. V. j’avois crû que les - grozeilles vertes avoient tiré de l’étain une belle couleur de pourpre - violet, je voulus voir si des grozeilles rouges ne feroient pas une - couleur encore plus belle; ainsi le 3. Aoust, je mis plusieurs lames - d’étain dans une petite marmite de verre avec des grozeilles rouges - pilées; je poussay le feu jusques à faire évaporer la goutte d’eau en - 3. secondes, avec la <span class="pagenum" id="Page_138">138</span> pression interieure 12. fois plus grande que - la pression ordinaire de l’air; je trouvay en suite que les groseilles - rouges au lieu d’avoir fait une couleur plus belle, avoient une couleur - pâle, & le fruit avoit beaucoup de goût de brûlé; J’avois mis en mesme - temps dans l’autre marmite de verre des cerises noires, & je trouvay - que le suc avoit aussi perdu beaucoup de sa couleur; cela me fit croire - que le feu altere les couleurs des choses, sur lesquelles il agit, en - donnant aux corps qui n’en ont pas, & l’ôtant à ceux qui en ont, & je - croy que dans la 2. Experience du Chap. V. les grozeilles vertes qui - s’êtoient crevées contre l’étain n’avoient pas plus de couleur que les - autres, parce qu’elles avoient souffert plus de chaleur, <span class="pagenum" id="Page_139">139</span> Il y a - donc apparence que par le moyen de cette machine qui fait si bien agir - la chaleur sans dissiper les parties des corps; On pourra faire servir - à diverses teintures des substances qui n’y êtoient pas propres par les - voyes ordinaires.</p> - - <p class="experience"><i>EXPERIENCE II.</i></p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> quatriéme Aoust je pris du suc de limon & l’enfermay avec des - lamines d’étain dans une petite marmite de verre & ayant poussé le feu - jusques à faire évaporer la goute d’eau en 10. secondes, & la pression - interieure seulement triple de la pression ordinaire de l’air, je - trouvay que le suc de limon n’avoit point tiré de teinture de l’étain, - quoy qu’il soit bien plus <span class="pagenum" id="Page_140">140</span> acide que les grozeilles vertes quand - elles sont meures.</p> - - <p>Le 7. Aoust je reïteray la même experience avec le mesme suc de limon, - & je poussay le feu jusques à faire évaporer la goute d’eau en trois - secondes, & la pression 12. fois plus forte que la pression ordinaire - de l’air; Je laissay un peu de charbon afin de conserver la chaleur - plus long temps, & je trouvay que le suc de limon n’avoit point de goût - de brûle, & qu’il n’avoit point tiré de teinture de l’étain, seulement - il paroissoit un peu jaunâtre, ce qui me confirma que la couleur des - grozeilles vertes, Chap. V. Experience II. n’avoit pas esté tirée de - l’étain.</p> - - <p>J’avois mis en même temps dans une autre marmite des grozeilles - écrasées, & je trouvay <span class="pagenum" id="Page_141">141</span> qu’elles avoient contracté un goût - d’empyreume, si fort qu’on ne les pouvoit avaller, leur liqueur êtoit - rougeâtre, & beaucoup moins belle que celle du Chap. V. Experience II. - De sorte qu’il paroist que l’excez de chaleur peut beaucoup nuire; - cette liqueur tachoit mes mains d’une couleur jaune que je ne pouvois - faire passer en huit jours de temps, quoy que je n’épargnasse pas le - savon.</p> - - <p class="experience"><i>EXPERIENCE III.</i></p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> seiziéme Aoust Monsieur Meres Teinturier à Londres m’apporta de la - racine nommée <i>Rubea tinctorum</i> en poudre; Nous en mismes dans deux - marmites de verre avec des petits morceaux d’étoffe & de l’eau, <span class="pagenum" id="Page_142">142</span> - & dans l’une nous melâmes un peu d’eau de vie, nous poussames le feu - jusques à faire douze pressions & évaporer la goute d’eau en trois - secondes, ce qui fut fait en <sup>1</sup>/<sub>2</sub> heure, & ayant incontinent osté - le feu, <ins class="correction" title="nou">nous</ins> trouvâmes que la couleur rouge étoit gâtée, & qu’elle - tiroit sur le jaune; les morceaux d’étoffe étoient tout à fait gâtez - & se déchiroient sans peine quoy que pour l’ordinaire on puisse faire - boüillir cette étoffe trois heures sans se gâter. Cette experience nous - fit croire que le <i>Rubea tinctorum</i>, ny les étoffes ne sont pas propres - pour une si grande chaleur.</p> - - <p>Monsieur Meres eut en suite envie de voir si la cochenille pourroit - donner toute sa couleur sans être morduë; Pour <span class="pagenum" id="Page_143">143</span> cét effet il mit - trois grains de Cochenille, fort entiers dans trois onces & demie - d’eau, & en même temps il mit dans l’autre marmitte de la Cochenille - commune qui se vend huit fois meilleur marché que l’autre, à cause de - cela il en mit environ huit fois plus à proportion de l’eau; ayant - poussé le feu de même que dans l’experience precedente, nous trouvâmes - que dans le premier verre il y avoit eu un des grains de Cochenille qui - s’êtoit tout à fait dissout, & que les deux autres n’avoient plus du - tout de couleur, mais qu’ils étoient noirs. La liqueur êtoit d’un beau - rouge: mais dans l’autre verre la teinture êtoit bien plus forte.</p> - - <p>Cette experience fit voir qu’on peut par le moyen du Bain Marie <span class="pagenum" id="Page_144">144</span> - fermé à vis, épargner toute la peine & le déchet qu’il y a à brayer la - Cochenille, & que peut-être la Cochenille commune donneroit beaucoup - plus de teinture qu’elle ne fait d’ordinaire.</p> - - <p>Je fis avec ces liqueurs une experience pour sçavoir si la Machine du - vuide pourroit servir à faire penetrer les teintures dans les étoffes; - Je mis un morceau d’étoffe dans une des liqueurs, & les ayant mis dans - le vuide, je vis comme je l’attendois, qu’il sortit grande quantité - d’air de l’étoffe, si bien que je croyois que la teinture entrant - ensuite dans la place de cét air, se trouveroit avoir bien penetré par - tout; cependant quand j’eus redonné l’air, & que l’humidité de l’étoffe - eut esté exprimée, <span class="pagenum" id="Page_145">145</span> il se trouva qu’il n’y resta pas de couleur, ce - qui me fit voir que ce n’est pas assez que la teinture s’insinuë entre - les poils mesmes; & elle ne sçauroit s’y insinuer si les parties dont - chaque poil est composé, ne sont rarefiées par la chaleur qui a bien - plus de force pour cela, que le vuide.</p> - - <p class="experience"><i>EXPERIENCE IV.</i></p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> 18. Aoust ie mis deux morceaux d’étoffe de laine dans deux marmittes - de verre, & ie versay sur l’un de la teinture de cochenille à bon - marché, & sur l’autre du suc de prunes distillées de la maniere décrite - chap. 6. exper. 3. ie ne poussay le feu que iusques à faire évaporer la - goutte d’eau en quarante deux secondes & six pressions; ensuite i’ôtay - vite le feu, <span class="pagenum" id="Page_146">146</span> craignant que l’étoffe ne fust gâtée; les vaisseaux - estant refroidis, ie trouvay mes deux morceaux d’étoffe encore bons & - bien teints, celuy qui estoit dans le ius de pruneaux aussi bien que - l’autre, mais il estoit d’un rouge plus enfoncé & tirant sur le brun; - le iu des pruneaux aussi avoit beaucoup changé de couleur, estant - devenu rougeastre de violet qu’il estoit auparavant, il estoit aussi - devenu plus liquide.</p> - - <p>Cette experience fait voir que le Bain Marie conservant longtemps les - choses à la chaleur sans qu’elles se gastent, & retenant les plus - subtiles parties qui s’exhalent d’ordinaire, sera propre à faire - penetrer dans les étoffes des teintures, qui d’ordinaire sont estimées - trop visqueuses, <span class="pagenum" id="Page_147">147</span> comme est le ius de pruneaux.</p> - - <p>Parce que pour les teintures on ne se soucie pas du goût, Mr. Meres - croit qu’on n’auroit pas besoin de marmitte pour mettre dans le Bain - Marie; ainsi ie croy qu’on pourroit laisser l’ouverture moindre que la - cavité, comme vous voyez fig. 6. & il faudroit aussi suspendre cette - machine en equilibre sur les tourillons CC, afin de la vuider & remplir - facilement.</p> - - <p>Si on vouloit y teindre des étoffes, il faudroit que l’entrée HH fust - du moins assez grande pour pouvoir introduire les pieces d’étoffe dans - la cavité AA.</p> - - <p><span class="pagenum" id="Page_148">148</span></p> - - <div class="figcenter" style="width: 600px;"> - <img src="images/bandeau-3.jpg" alt="" title="" width="600" height="73" /> - </div> - - <h2 id="ch_8"><span class="smcap">Chapitre VIII.</span></h2> - - <p class="schapitre"><i>EXPERIENCES SUR LES CORPS PLUS DURS, COMME L’AMBRE, L’YVOIRE, &c.</i></p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">J</span><span class="smcap">'A</span>y fait des experiences sur des corps plus durs, comme l’ambre, - l’yvoire, la corne de bœuf, l’écaille de tortuë; mais comme ie n’y - ay encore rien trouvé qui puisse estre utile dans la pratique, je ne - veux pas ennuyer le lecteur en rapportant toutes les particularitez des - experiences; Je me contenteray donc simplement de donner quelque peu - d’observations qu’elles m’ont fourni.</p> - - <p>1<sup>o</sup>. Ie n’ay jamais pu fondre <span class="pagenum" id="Page_149">149</span> l’ambre, quelque degré de chaleur - que j’aye employé, quoy que j’emplisse la Machine avec de la pois & du - sable au lieu d’eau, & que je la fermasse avec 8. vis au lieu de 2. - J’ay bien pû faire la separation de diverses substances dont il est - composé, sçavoir de baume, des fumées, & des terrestreitez; mais tout - cela ne se peut appeller de l’ambre fondu, puis qu’il n’a plus les - proprietez de l’ambre, car si on dissout ces substances dans l’esprit - de therebentine, elles ne sçauroient acquerir beaucoup de dureté, quoy - qu’on fasse évaporer l’esprit; & une chaleur mediocre peut les ramolir, - comme si ce n’estoit que la therebentine endurcie.</p> - - <p>2<sup>o</sup>. Mr. Boyle m’ayant donné de la gomme copal pour essayer ce <span class="pagenum" id="Page_150">150</span> - qu’elle feroit, je trouvay bien à la verité qu’elle se fondit sans se - gaster beaucoup: mais quand je voulus m’en servir pour faciliter la - fonte de l’ambre, je n’y pus reüssir, j’ay voulu employer pour ce même - dessein du mastik, de la gomme adragant, de la poix resiné, mais tout - cela a été inutilement, si bien que je croy qu’on peut asseurer, que - pour la fonte de l’ambre il faut une chaleur plus forte & plus prompte - que cette Machine n’en peut donner.</p> - - <p>3<sup>o</sup>. Quoy qu’il semble que la corne de bœuf soit un corps plus - gluant que les os, je n’ay jamais pu en tirer aucune gelée ny colle, - quoyque j’aye remis la mesme corne trois ou quatre fois de suite dans - la Machine sur le feu.</p> - - <p>4<sup>o</sup>. Je n’ay jamais pu prendre <span class="pagenum" id="Page_151">151</span> l’yvoire molle & pliante, quoyque - je l’aye fait cuire de diverses manieres, & avec diverses liqueurs, - comme sont la graisse, l’huyle, la bierre & l’eau, j’en ay tiré de fort - belle gelée bien transparente, mais l’yvoire demeure cassante.</p> - - <p>5<sup>o</sup>. L’écaille de tortuë ne se sçauroit ramollir en boüillant dans - l’huyle, mais dans l’esprit de vin elle s’enfle, & devient pleine de - cavitez comme une éponge.</p> - - <p>6<sup>o</sup>. La corne de bœuf & l’écaille de tortuë ayant esté cuittes - dans l’eau, a une chaleur capable de faire exhaler la goutte d’eau en - 3. secondes, avec une pression interieure 12. fois plus forte que la - pression ordinaire de l’air; elles deviennent si molles, qu’elles ne se - rendurcissent point en 3. ou 4. jours de temps, & <span class="pagenum" id="Page_152">152</span> peut-estre que - cecy pourroit être d'usage dans la pratique, & donner plus de commodité - de mettre ces matieres en œuvres, que quand elles ne sont échauffées - qu’à la maniere ordinaire; il faut pourtant avoüer qu’elles demeurent - aprés cela plus cassantes qu’auparavant; & j’ay une fois veu deux - pieces d’écaille de tortuë, qui en cuisant ensemble, s’estoient si bien - collées l’une à l’autre, qu’elles se rompoient ailleurs, plûtost que de - se des-unir.</p> - - <div class="figcenter3" style="width: 122px;"> - <img src="images/bandeau-4.jpg" alt="" title="" width="122" height="68" /> - </div> - - <p><span class="pagenum" id="Page_153">153</span></p> - - <div class="figcenter" style="width: 600px;"> - <img src="images/bandeau-2.jpg" alt="" title="" width="600" height="116" /> - </div> - - <h2 id="ch_9"><span class="smcap">Chapitre IX.</span></h2> - - <p class="schapitre"><i>CALCVL DV PRIX A QUOY DE BONNES & GRANDES MACHINES POURROIENT - REVENIR, & DU PROFIT QU’ELLES POURROIENT APPORTER.</i></p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">P</span><span class="smcap">Arce</span> que l’on objecte d’ordinaire contre les nouvelles Inventions, que - la dépense ira plus loing que le profit qu’elles pourront apporter, - j’ajoûteray icy un calcul de la dépense qu’il y auroit à faire pour - de telles machines que celles que j’ay décrites, & du profit qu’on en - tireroit.</p> - - <p>J’ay esté chez un Marchand de <span class="pagenum" id="Page_154">154</span> fer, & j’y ay fait peser un tuyau - de fer de fonte qui avoit 6. pouces de diametre & 2. pieds de haut, il - estoit sans doute assez fort pour resister à une pression interieure - 20. fois plus forte que la pression ordinaire de l’air; cependant il ne - pesoit que 57. liv. si bien qu’un autre tuyau de cette sorte qui auroit - 12. pouces de diametre, & autant de force à proportion de sa grosseur - ne peseroit qu’environ 228. liv. mais quand mesme un vaisseau de cette - grandeur avec ses fonds peseroit 250. liv. il ne reviendroit toûjours - pas à 29. livres tournois, puisque les marchands peuvent gagner en - donnant cette sorte de fer pour 2 <sup>1</sup>/<sub>2</sub> sols la livre.</p> - - <p>On pourroit faire user & ajuster le couvercle au vaisseau <span class="pagenum" id="Page_155">155</span> dans - le lieu mesme où sont les forges, & où les ouvriers travaillent à bon - marché, & ainsi cela se pourroit faire à moins de 20. sols pour chaque - Machine.</p> - - <p>Les pieces de fer DD avec les quatre vis crainte que deux ne fussent - pas suffisantes, & la verge de fer LM se pourroient faire à moins d’un - écu, sur tout si on les faisoit à la campagne, & beaucoup à la fois.</p> - - <p>Ce ne seroit aussi que trop de donner un écu pour mettre le tuyau HH, - & y aioûter la soupape.</p> - - <p>On pourroit aussi avoir la marmitte GG de fonte, de fer, de verre ou - de pots de grais pour moins de 4. écus, & elle seroit assez forte & - assez grande pour contenir 8. livres d’eau, i’avouë <span class="pagenum" id="Page_156">156</span> pourtant qu’il - seroit difficile de faire un verre si grand, mais au lieu d’un, on - en pourroit faire trois ou quatre, pour mettre l’un sur l’autre dans - le mesme chassis. On peut donc asseurer qu’un marchand pourroit avec - bon profit vendre de telles marchandises à seize écus la piece toutes - prestes & en bon estat.</p> - - <p>Une Machine telle que ie viens de décrire feroit plus de 50. liv. de - gelée à la fois, & elle pourroit faire son effet du moins deux fois en - 24. heures; car i’ay éprouvé que ma grande Machine qui a six pouces - de diametre, peut en moins d’une heure acquerir toute la chaleur - necessaire pour faire de la gelée d'os. On peut donc asseurer qu’on - pourroit faire du moins 110. liv. de gelée par iour avec une machine de - 12 pouces de diametre.</p> - - <p><span class="pagenum" id="Page_157">157</span></p> - - <p>Or dans Paris, où quelques Traitteurs tiennent toûjours de la gelée - prête pour ceux qui en veulent achepter; On la vend communement vingt - sols la livre: mais dans Londres où l’on n’en fait que quand on la - demande, les Apoticaires la vendent deux Chelins; ce seroit donc rendre - un bon service au public, si quelqu’un entreprenoit de fournir la gelée - à 4. sols la livre; Cependant un homme pourroit à ce prix-là faire par - jour pour environ vingt livres tournois de gelée avec telle machine.</p> - - <p>Le feu ne coûteroit pas six sols, & on auroit aussi les os, & un - peu de corne de Cerf à bon marché, n’êtant pas necessaire de les - raper, il ne faut pas non plus beaucoup de sucre pour la gelée, mais - supposons que la dépense <span class="pagenum" id="Page_158">158</span> monte à huit livres tournois par jour, il - restera toûjours quatre écus de profit pour le Maître de la Machine, - & ainsi en quatre jours de temps, il pourra être remboursé de la - dépense de l’achapt, & un homme seul pourroit faire travailler cinq - ou six machines à la fois, & les employer pour divers usages, dont - quelques-uns seroient peut-être de plus grand profit que de faire de la - gelée; Il ne faut donc point douter, que ceux qui auront les avances - necessaires pour travailler à bon escient à ces sortes de choses, y - pourront faire parfaitement bien leurs affaires, & en même temps rendre - un service au public.</p> - - <p><span class="pagenum" id="Page_159">159</span></p> - - <div class="figcenter" style="width: 600px;"> - <img src="images/bandeau-5.jpg" alt="" title="" width="600" height="41" /> - </div> - - <h2 id="ch_10">ADVIS</h2> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">M</span><span class="smcap">O</span>nsieur Edmond King Docteur en Medecine, & l’un des membres de la - Societé Royale de Londres, ayant fait faire une de ces machines, pour - plus grande commodité & seureté a fait ajuster la verge de fer LM avec - une charniere à l’extremité L, afin qu’elle tombe toûjours juste sur - le Tuyau HH, & qu’il n’y ait pas de danger que la soupape P glisse à - costé & gaste l’operation: Il a aussi fait bâtir un fourneau de brique - tout exprés: & ainsi j’ay eu depuis la commodité d’essayer si par ce - moyen la dépense du charbon seroit moindre que dans le coin <span class="pagenum" id="Page_160">160</span> de ma - cheminée (<i>voy chap. 1.</i>) mais j’ay trouvé contre mon attente que la - dépense de charbon est beaucoup plus grande dans son fourneau, dont - je croy devoir attribuer la raison à ce que les charbons dans son - fourneau ne touchent pas la machine, mais demeurent à quelque distance - au dessous; de mesme que dans les fourneaux ordinaires à bain de sable - les charbons ne touchent pas le pot, au lieu que dans ma cheminée le - charbon touche la machine presque tout le long d’un costé, & ainsi la - peuvent bien mieux échauffer. Il y a donc apparence qu’il vaudroit - mieux faire les fourneaux en sorte que les charbons touchassent la - machine tout le long d’un costé: il vaudroit <span class="pagenum" id="Page_161">161</span> mieux aussi les faire - de plaques de fer, parce que les fourneaux de brique demandent beaucoup - de feu pour estre tout à fait échauffez, à moins qu’on les fasse - travailler continuellement.</p> - - <p>Cependant Mr. King a fait diverses experiences avec sa machine, ayant - la commodité que le feu s’y allume sans qu’il soit besoin de souffler. - Outre plusieurs bons plats de viande & de poisson, il a aussi preparé - dîvers remedes, & a trouvé que dans cette machine l’operation se peut - faire en moins de la dixiéme partie du temps qui est necessaire dans - les autres fourneaux; & <ins class="correction" title="ponrtant">pourtant</ins> quelques unes de ces preparations sont - beaucoup plus fortes que l’ordinaire.</p> - - <p><span class="pagenum" id="Page_162">162</span></p> - - <p>Nous avons veu qu’en hyver la corne de cerf estant boüillie avec douze - fois aussi pesant d’eau, elle la change toute en gelée: les os font - la mesme chose estant boüillis avec quatre fois aussi pesant d’eau, - ce qui est du moins le double de ce que j’avois trouvé en esté. <i>A - cette occasion je rapporteray deux autres effets qui ne se produisent - pas également en hyver & en esté: la premiere est la fermentation des - os dont j’ay parlé chap. 3. exp. 8.</i> qui ne se fait pas de beaucoup - si bien dans le froid que dans le chaud; le second est la cuisson des - viandes: car j’ay éprouvé avec ma machine que le mouton se cuit fort - bien en esté avec 5. onces de charbon; mais en hyver il ne se peut bien - cuire à moins de 6 <sup>1</sup>/<sub>2</sub> onces.</p> - - <p><span class="pagenum" id="Page_163">163</span></p> - - <p>Nous avons veu qu’il n’est pas necessaire de mettre dans la machine - toute l’eau qu’on veut congeler; mais mettant poids égal d’os & d’eau, - aprês l’operation cette eau estant mêlée avec trois fois autant d’autre - eau, la tourne toute en gelée; & ainsi la quantité de gelée qu’on peut - faire avec une machine, & par consequent le profit qu’on en peut tirer, - va bien plus loin que je n’ay dit dans le 9. Chapitre.</p> - - <p>J’ay trouvé qu’un vieux chappeau fort méchant & mal travaillé, estant - penetré de gelée d’os, est devenu bon & ferme; en sorte qu’il y a - apparence que si on se servoit d’une telle liqueur pour faire les - chappeaux, ils seroient bien meilleurs que l’ordinaire.</p> - - <p><span class="pagenum" id="Page_164">164</span></p> - - <p>La machine de Mr King ayant déja donné lieu à ces experiences; Je ne - doute pas que quand la chose sera devenuë commune, on en découvrira - beaucoup d’autres usages en fort peu de temps.</p> - - <p><span class="pagenum" id="Page_165">165</span></p> - - <div class="figcenter" style="width: 600px;"> - <img src="images/bandeau-6.jpg" alt="" title="" width="600" height="76" /> - </div> - - <h2 id="ch_11">ADVIS</h2> - - <p class="schapitre2"><i>DE MONSIEVR COMIERS<br />Prévôt de Ternant, Professeur des Mathematiques - à Paris.</i></p> - - <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">A</span> Version du Livre Anglois de Mr Papin, est autant bonne qu’on la - peut souhaitter: Mais comme ce docte Medecin François de naissance, - & experimenté Philosophe Cosmopolite, que l’Academie nouvellement - établie à Venise, pour perfectionner les Arts & les Sciences, a tiré - d’Angleterre, ne fit que passer par Paris, & y salüer ses anciens amis; - il n’eut pas le temps d’y faire construire sa <i>Machine pour amolir - les Os, & faire cuire <span class="pagenum" id="Page_166">166</span> toutes sortes de Viandes en fort peu de - temps, & à peu de frais</i>: plusieurs personnes n’ont peu y réüssir. Cela - m’a obligé de donner au public la même Machine, renduë beaucoup plus - facile, plus commode & plus asseurée, & telle que Mr Hubin Emailleur du - Roy, & si connu parmy les Sçavans curieux, la fit construire au mois - d’Avril dernier, avec laquelle il a le premier en France, montré par - experience à la Cour, & à Mrs. de l’Academie Royale des Sçiences, tout - ce que Mr Papin son ancien amy, avoit promis dans son livre imprimé à - Londres.</p> - - <p>On connoistra par la seule inspection de ces figures, en quoy cette - machine est plus facile, plus commode & plus seure, <span class="pagenum" id="Page_167">167</span> que celle de - Mr Papin.</p> - - <p>La Figure premiere marquée par les lettres GG:FF, represente le - Cylindre creux dans lequel on met cuire les Fruits, les Legumes, les - Poissons, les Chairs, & les Os pour en faire de la gelée.</p> - - <p>Ce Cylindre creux est de Metal. Sa hauteur est d’un pied de Roy. Son - diametre est de quatre pouces. Son rebord, ou cordon GG, est de quatre - lignes d’épaisseur, & d’autant de sallie.</p> - - <p>La Figure II marquée H, represente un couvercle de fonte, de trois - lignes d’épaisseur, un peu voutée, pour mettre sur le Cylindre creux GG,FF.</p> - - <p>La Figure III, marquée K,V,K:K,L,K, represente une espece - d’Estrier de fer.</p> - - <p><span class="pagenum" id="Page_168">168</span></p> - - <p>La Figure IV, marquée N, est une Platine de fer, de quatre lignes - d’épaisseur, pour mettre sur L, fonds de l’Estrier.</p> - - <p>La Figure V, marquée par les lettres KVK:GG.K:FF:K, represente - le Cylindre creux GG:FF de la <i>Fig. I.</i> mis dans l’Estrier de <i>Fig. - III</i>. On serre fortement le couvercle H, sur la bouche GG, du Cylindre - creux par le moyen de la vis V, qu’on tourne avec le gros poinçon de - fer Q qu’on voit dans la <i>Fig. IX</i>.</p> - - <p>La Fig. VI, marquée par les lettres BB:DD. est un Cylindre creux de - fonte. Son rebord ou cordon BB a six lignes de hauteur & autant de - sallie. Son fonds DD est épais d’environ quatre lignes, afin que par - l’effort de la pression interne <span class="pagenum" id="Page_169">169</span> il ne bouge, la machine figure X - estant mise sur les charbons ardents. La concavité de ce Cylindre BD. - Fig. VI. à un pied & un pouce de profondeur, & cinq pouces & demi de - diametre d’ouverture ou largeur pour recevoir toute la machine de la - Figure V. laquelle est supportée au fonds DD sur un petit bourclet - cercle ou couronne de paille.</p> - - <p>La Figure VII, marquée par les lettres <i>a</i>,T,<i>a</i>:AA. represente - un Cylindre de fonte creux & renversé, pour servir de couvercle au - Cylindre creux B,B:D,D. de la <i>Fig. VI</i>, ainsi qu’on le voit dans - la <i>Fig. X</i>. Son diametre est égal a celuy du Cylindre creux BB. Sa - hauteur est de deux pouces & demi. Son rebord ou cordon AA, est <span class="pagenum" id="Page_170">170</span> - de six lignes de hauteur, & d’autant de saillie. Le Tuyau T est de - fonte, & soudé au travers du fond <i>aa</i>, du couvercle <i>aa</i>:AA, son - usage, est tel que Mr Papin l’a décrit.</p> - - <p>La Figure VIII, marquée Y, est une platine de fer de quatre lignes - d’épaisseur, elle est un peu cambrée sur le milieu: Elle est aussi - échancrée en Z, afin qu’en la mettant sur le fonds <i>aa</i>, du couvercle - <i>aa</i>:BB, comme on le voit dans la <i>Fig. X.</i> elle reçoive le Tuyau T. - Cette platine y sert à presser & joindre tres-fermement par le moyen - des vis O, I. le couvercle <i>aa</i>:AA. avec le Cylindre BB:DD. comme - il paroist dans la <i>Fig. X</i>.</p> - - <p>La Figure VIII, marquée par les lettres RC:OMI:ES <span class="pagenum" id="Page_171">171</span> est forgée - en double Equerre, donc les deux extremitez sont forgées quarrément - en crochets chacun de demi pouce de sallie en dedans. Ces crochets - embrassent le corps du Cylindre, AA.BB. de la fig. VI. par dessous - le rebord sallie ou cordon BB, comme le tout paroît dans la <i>Fig. X</i>. - Enfin par le moyen des deux vis O:I. qu’on tourne avec le gros poinçon - de fer Q <i>Fig. IX.</i> dans des écrous de la bande de fer CE, on serre, & - on joint tres-étroitement le couvercle <i>aa</i>:AA de la <i>Fig. VII</i>, sur - la bouche BB du Cylindre creux BB.DD de la <i>Fig. VI</i>, comme on voit - le tout dans la <i>Fig. X</i>.</p> - - <p>Ce double Equerre RCES porte une petite boucle M, qui sert à - acrocher, comme il paroist <span class="pagenum" id="Page_172">172</span> dans la <i>Fig. X</i>, le levier, verge, ou - barre plate de fer MTX, laquelle par sa pesanteur, & par celle du - poids P sert à presser le papier qu’on met sur le trou du tuyau T, pour - le bien boucher, afin que pendant que la machine est sur les charbons - ardens il n’en puisse rien échapper ou exhaler.</p> - - <p>Ce double Equerre à crochets a par tout un pouce & demi de largeur, & - demi pouce d’épaisseur. Ses crochets RS ont du moins demi pouce de - sallie en dedans. La largeur ou distance d’entre les deux barres plates - CR:ES, est égale au diametre des rebords, sallies ou cordons AA.BB. - qu’elles embrassent; mais la distance RS de l’extremité ou - pointe d’un crochet à l’autre, est precisément <span class="pagenum" id="Page_173">173</span> de la largeur du - diametre du corps du Cylindre BB:DD, qu’ils doivent embrasser au - dessous du cordon BB, qui a de chaque costé un demi pouce de sallie. - La hauteur inferieure de ce double Equerre RC, est d’environ quatre - pouces, afin de pouvoir embrasser le cordon BB, tout le couvercle aa:AA, - & la platine Y sur laquelle portent les pointes des vis OI, qui - tournent dans des Ecrous de la partie horizontale CE du double équerre - RC:OMI:ES.</p> - - <p>J’ay depuis remarqué qu’on peut encore rendre cette machine plus facile - & de moindre dépense: en voicy la maniere. Faites que le Cylindre - creux de fonte de la <i>Fig. VI</i>, marquée par les lettres BB:DD, <span class="pagenum" id="Page_174">174</span> - soit assez profond pour recevoir entierement toute la machine de - la <i>Fig. V</i>, marquée par les lettres KVK:GG.KFFK. Cela estant - vous n’aurez pas besoin du couvercle, en Cylindre creux de la <i>Fig. - VII</i>, marqué par les lettres <i>a</i>,T,<i>a</i>:AA: il suffira d’avoir une - platine de metal de 3, ou 4 lignes d’épaisseur, dont le diametre sera - égal au diametre BB du Cylindre creux de fonte y compris son rebord, - ou cordon. Cette platine servira donc de couvercle au Cylindre creux - marqué AA:BB dans les figures VI & X. On soudera au travers de cette - platine le Tuyau de fonte T. Ainsi on remplira d’eau tout à coup la - machine AA:BB, laquelle estant couverte de sa platine, & sur icelle - <span class="pagenum" id="Page_175">175</span> ayant mis l’autre platine échancrée yz de la <i>Fig. VIII</i>, on - adjustera le doule Equerre marqué par les lettres C:OMIE:RS, &c.</p> - - <p class="br"><i>Ceux qui souhaitteront avoir la Machine reduite dans toute sa - facilité & de moindre dépense, telle que nous l’avons donné cy-dessus, - s’addresseront au Sr HOVDRY, Maistre Fondeur, ruë de la Ferronerie.</i></p> - - <div class="figcenter" style="width: 600px;"> - <img src="images/planche-1.jpg" alt="" title="" width="600" height="369" /> - <p class="center"><span class="link"><a href="images/x-planche-1.jpg"> - <img class="agrandissement" src="images/agrandissement.jpg" alt="" width="18" height="14" /></a></span></p> - </div> - - <div class="figcenter" style="width: 600px;"> - <img src="images/planche-2.jpg" alt="" title="" width="600" height="552" /> - <p class="center"><span class="link"><a href="images/x-planche-2.jpg"> - <img class="agrandissement" src="images/agrandissement.jpg" alt="" width="18" height="14" /></a></span></p> - </div> - - <hr class="small2" /> - - <div class="tnote"><a name="tnote" id="tnote"></a> - <h2>Au lecteur</h2> - - <p class="line">~~~~~</p> - - <p>Cette version numérisée reproduit dans son intégralité la version - originale. Nous avons utilisé une typographie plus moderne que celle - de la version papier en remplaçant les ſ par des s.</p> - - <p>La ponctuation n’a pas été modifiée hormis quelques corrections - mineures.</p> - - <p>La version électronique <b>html</b> restitue le mieux la présentation du livre papier.</p> - - <p>L’orthographe a été conservée. Seuls quelques mots ont été modifiés. - Ils sont soulignés par des tirets. Passer la <ins class="correction" title="orthographe originale" >souris</ins> sur - le mot pour voir le texte original.</p> - </div> -</div> - -<hr class="full" /> - - - - - - - - -<pre> - - - - - -End of the Project Gutenberg EBook of La maniere d'amolir les os, by Denis Papin - -*** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LA MANIERE D'AMOLIR LES OS *** - -***** This file should be named 53183-h.htm or 53183-h.zip ***** -This and all associated files of various formats will be found in: - http://www.gutenberg.org/5/3/1/8/53183/ - -Produced by Claudine Corbasson and the Online Distributed -Proofreading Team at http://www.pgdp.net (This file was -produced from images generously made available by the -Bibliothèque nationale de France (BnF/Gallica) at -http://gallica.bnf.fr) - - -Updated editions will replace the previous one--the old editions -will be renamed. - -Creating the works from public domain print editions means that no -one owns a United States copyright in these works, so the Foundation -(and you!) can copy and distribute it in the United States without -permission and without paying copyright royalties. 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Redistribution is -subject to the trademark license, especially commercial -redistribution. - - - -*** START: FULL LICENSE *** - -THE FULL PROJECT GUTENBERG LICENSE -PLEASE READ THIS BEFORE YOU DISTRIBUTE OR USE THIS WORK - -To protect the Project Gutenberg-tm mission of promoting the free -distribution of electronic works, by using or distributing this work -(or any other work associated in any way with the phrase "Project -Gutenberg"), you agree to comply with all the terms of the Full Project -Gutenberg-tm License (available with this file or online at -http://gutenberg.org/license). - - -Section 1. General Terms of Use and Redistributing Project Gutenberg-tm -electronic works - -1.A. By reading or using any part of this Project Gutenberg-tm -electronic work, you indicate that you have read, understand, agree to -and accept all the terms of this license and intellectual property -(trademark/copyright) agreement. 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It exists -because of the efforts of hundreds of volunteers and donations from -people in all walks of life. - -Volunteers and financial support to provide volunteers with the -assistance they need, are critical to reaching Project Gutenberg-tm's -goals and ensuring that the Project Gutenberg-tm collection will -remain freely available for generations to come. In 2001, the Project -Gutenberg Literary Archive Foundation was created to provide a secure -and permanent future for Project Gutenberg-tm and future generations. -To learn more about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation -and how your efforts and donations can help, see Sections 3 and 4 -and the Foundation web page at http://www.pglaf.org. - - -Section 3. Information about the Project Gutenberg Literary Archive -Foundation - -The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non profit -501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the -state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal -Revenue Service. The Foundation's EIN or federal tax identification -number is 64-6221541. Its 501(c)(3) letter is posted at -http://pglaf.org/fundraising. Contributions to the Project Gutenberg -Literary Archive Foundation are tax deductible to the full extent -permitted by U.S. federal laws and your state's laws. - -The Foundation's principal office is located at 4557 Melan Dr. S. -Fairbanks, AK, 99712., but its volunteers and employees are scattered -throughout numerous locations. Its business office is located at -809 North 1500 West, Salt Lake City, UT 84116, (801) 596-1887, email -business@pglaf.org. Email contact links and up to date contact -information can be found at the Foundation's web site and official -page at http://pglaf.org - -For additional contact information: - Dr. Gregory B. Newby - Chief Executive and Director - gbnewby@pglaf.org - - -Section 4. Information about Donations to the Project Gutenberg -Literary Archive Foundation - -Project Gutenberg-tm depends upon and cannot survive without wide -spread public support and donations to carry out its mission of -increasing the number of public domain and licensed works that can be -freely distributed in machine readable form accessible by the widest -array of equipment including outdated equipment. Many small donations -($1 to $5,000) are particularly important to maintaining tax exempt -status with the IRS. - -The Foundation is committed to complying with the laws regulating -charities and charitable donations in all 50 states of the United -States. 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Donations are accepted in a number of other -ways including checks, online payments and credit card donations. -To donate, please visit: http://pglaf.org/donate - - -Section 5. General Information About Project Gutenberg-tm electronic -works. - -Professor Michael S. Hart is the originator of the Project Gutenberg-tm -concept of a library of electronic works that could be freely shared -with anyone. For thirty years, he produced and distributed Project -Gutenberg-tm eBooks with only a loose network of volunteer support. - - -Project Gutenberg-tm eBooks are often created from several printed -editions, all of which are confirmed as Public Domain in the U.S. -unless a copyright notice is included. Thus, we do not necessarily -keep eBooks in compliance with any particular paper edition. - - -Most people start at our Web site which has the main PG search facility: - - http://www.gutenberg.org - -This Web site includes information about Project Gutenberg-tm, -including how to make donations to the Project Gutenberg Literary -Archive Foundation, how to help produce our new eBooks, and how to -subscribe to our email newsletter to hear about new eBooks. - - -</pre> - -</body> -</html> diff --git a/old/53183-h/images/agrandissement.jpg b/old/53183-h/images/agrandissement.jpg Binary files differdeleted file mode 100644 index 5a9bcf3..0000000 --- a/old/53183-h/images/agrandissement.jpg +++ /dev/null diff --git a/old/53183-h/images/bandeau-1.jpg b/old/53183-h/images/bandeau-1.jpg Binary files differdeleted file mode 100644 index d761139..0000000 --- a/old/53183-h/images/bandeau-1.jpg +++ /dev/null diff --git a/old/53183-h/images/bandeau-2.jpg b/old/53183-h/images/bandeau-2.jpg Binary files differdeleted file mode 100644 index 9cb429a..0000000 --- a/old/53183-h/images/bandeau-2.jpg +++ /dev/null diff --git a/old/53183-h/images/bandeau-3.jpg b/old/53183-h/images/bandeau-3.jpg Binary files differdeleted file mode 100644 index 411f23b..0000000 --- a/old/53183-h/images/bandeau-3.jpg +++ /dev/null diff --git a/old/53183-h/images/bandeau-4.jpg b/old/53183-h/images/bandeau-4.jpg Binary files differdeleted file mode 100644 index 86c3c5b..0000000 --- a/old/53183-h/images/bandeau-4.jpg +++ /dev/null diff --git a/old/53183-h/images/bandeau-5.jpg b/old/53183-h/images/bandeau-5.jpg Binary files differdeleted file mode 100644 index a101952..0000000 --- a/old/53183-h/images/bandeau-5.jpg +++ /dev/null diff --git a/old/53183-h/images/bandeau-6.jpg b/old/53183-h/images/bandeau-6.jpg Binary files differdeleted file mode 100644 index 7f140a4..0000000 --- a/old/53183-h/images/bandeau-6.jpg +++ /dev/null diff --git a/old/53183-h/images/bandeau-7.jpg b/old/53183-h/images/bandeau-7.jpg Binary files differdeleted file mode 100644 index 7b2d36d..0000000 --- a/old/53183-h/images/bandeau-7.jpg +++ /dev/null diff --git a/old/53183-h/images/cover.jpg b/old/53183-h/images/cover.jpg Binary files differdeleted file mode 100644 index a3147a6..0000000 --- a/old/53183-h/images/cover.jpg +++ /dev/null diff --git a/old/53183-h/images/image-1a.jpg b/old/53183-h/images/image-1a.jpg Binary files differdeleted file mode 100644 index 1694a75..0000000 --- a/old/53183-h/images/image-1a.jpg +++ /dev/null diff --git a/old/53183-h/images/image-1b.jpg b/old/53183-h/images/image-1b.jpg Binary files differdeleted file mode 100644 index be51130..0000000 --- a/old/53183-h/images/image-1b.jpg +++ /dev/null diff --git a/old/53183-h/images/image-2.jpg b/old/53183-h/images/image-2.jpg Binary files differdeleted file mode 100644 index c76a95a..0000000 --- a/old/53183-h/images/image-2.jpg +++ /dev/null diff --git a/old/53183-h/images/page-10.jpg b/old/53183-h/images/page-10.jpg Binary files differdeleted file mode 100644 index 600fca4..0000000 --- a/old/53183-h/images/page-10.jpg +++ /dev/null diff --git a/old/53183-h/images/planche-1.jpg b/old/53183-h/images/planche-1.jpg Binary files differdeleted file mode 100644 index 1c102f0..0000000 --- a/old/53183-h/images/planche-1.jpg +++ /dev/null diff --git a/old/53183-h/images/planche-2.jpg b/old/53183-h/images/planche-2.jpg Binary files differdeleted file mode 100644 index 86484a1..0000000 --- a/old/53183-h/images/planche-2.jpg +++ /dev/null diff --git a/old/53183-h/images/x-planche-1.jpg b/old/53183-h/images/x-planche-1.jpg Binary files differdeleted file mode 100644 index bbce253..0000000 --- a/old/53183-h/images/x-planche-1.jpg +++ /dev/null diff --git a/old/53183-h/images/x-planche-2.jpg b/old/53183-h/images/x-planche-2.jpg Binary files differdeleted file mode 100644 index ae280d4..0000000 --- a/old/53183-h/images/x-planche-2.jpg +++ /dev/null |
