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-The Project Gutenberg EBook of La maniere d'amolir les os, by Denis Papin
-
-This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with
-almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or
-re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included
-with this eBook or online at www.gutenberg.org/license
-
-
-Title: La maniere d'amolir les os, et de faire cuire
-toutes sortes de viandes en fort peu de temps, & à peu de frais.
-
-Author: Denis Papin
-
-Release Date: October 1, 2016 [EBook #53183]
-
-Language: French
-
-Character set encoding: UTF-8
-
-*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LA MANIERE D'AMOLIR LES OS ***
-
-
-
-
-Produced by Claudine Corbasson and the Online Distributed
-Proofreading Team at http://www.pgdp.net (This file was
-produced from images generously made available by the
-Bibliothèque nationale de France (BnF/Gallica) at
-http://gallica.bnf.fr)
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- Au lecteur,
-
- Cette version numérisée reproduit dans son intégralité la version
- originale. Nous avons utilisé une typographie plus moderne que celle
- de la version papier en remplaçant les s longs par des s.
-
- La ponctuation n'a pas été modifiée hormis quelques corrections
- mineures.
-
- L'orthographe a été conservée. Seuls quelques mots ont été modifiés.
- La liste des modifications se trouve à la fin du texte.
-
-
-
-
- LA
- MANIERE
- D'AMOLIR LES OS,
- ET
- DE FAIRE CUIRE TOUTES
- sortes de viandes en fort peu de
- temps, & à peu de frais.
-
- _Avec une description de la Machine
- dont il se faut servir pour cét effet,
- ses proprietez & ses usages, confirmez
- par plusieurs Experiences._
-
- NOUVELLEMENT INVENTÉ.
-
- _Par Mr PAPIN, Docteur en
- Medecine._
-
-
- A PARIS,
-
- Chez ESTIENNE MICHALLET, ruë Saint Jacques,
- proche la Fontaine Saint Severin,
- à l'image Saint Paul.
-
- M. DC. LXXXII.
-
- _Avec Aprobation & Permission._
-
-
-
-
-[Illustration]
-
-A
-
-L'ILLUSTRE SOCIETÉ
-
-DE LONDRES.
-
-
- _MESSIEVRS_,
-
-_Le favorable accüeil que vous faites à tous ceux qui suivant les
-Statuts & les desseins de vôtre Illustre Societé, travaillent à
-augmenter les commoditez de la vie, & à perfectionner la Science
-Naturelle, me fait prendre la liberté de vous offrir ces Experiences;
-j'avouë qu'il leur manque bien des choses, & qu'elles ne sont
-pas dignes de paroistre devant une Compagnie aussi éclairée & aussi
-considerable que la vôtre: Mais comme j'ay tâché de vous imiter, & que
-je sçay que vous avez assez de bonté pour supporter les defauts de ceux
-qui cherchent les moyens de penetrer dans la connoissance de la nature,
-j'espere que vous accorderez à ce petit Traité la protection que je
-vous demande pour luy, & que vous me ferez, la grace de croire que je
-suis avec respect & estime_,
-
- _MESSIEVRS_,
-
- Vôtre tres-humble & tres-obeïssant
- serviteur. ****
-
-
-
-
-PREFACE.
-
-
-L'ON a déja veu quelques experiences du Bain Marie fermé à vis,
-imprimées dans le livre de l'Illustre Monsieur Boyle des experiences
-Physicomechaniques, qui a paru l'an 1680. mais, comme ce livre là est
-Latin, & qu'il ne donne ny la description de nôtre Machine, ny la
-maniere de s'en servir seurement, j'ay creu qu'il seroit à propos d'en
-faire un petit Traité à part pour l'usage des Peres de famille, & des
-artisans qui pourront en avoir besoin, & s'en servir avec une utilité
-merveilleuse.
-
-Davantage êtant tres-persuadé que cét écrit tombera entre les mains
-de plusieurs personnes qui ne liront jamais l'histoire de la Societe
-Royale de Londres, ny l'admirable Traité de Monsieur Boyle, touchant
-l'utilité de la Philosophie Experimentale; Je croy avoir trouvé une
-occasion tres-favorable pour détromper ceux qui croyent que c'est
-perdre son temps que de travailler à faire de nouvelles découvertes,
-& que tout est déja trouvé. Pour refuter cette erreur je ne veux
-point sortir de mon sujet, & même entre plusieurs Argumens qu'il me
-fournit, il me suffira d'en mettre un seul en usage; Je diray donc
-simplement que l'art de cuire les viandes est si ancien, que son
-usage est si universel & si ordinaire, & que la pluspart des nations
-de la terre ont travaillé avec tant de soin, & si long-temps pour y
-rafiner, qu'il semble que s'il y en avoit quelqu'un au monde qui pust
-être porté au plus haut degré de perfection, ce devroit être celuy-cy.
-Cependant on ne pourra nier qu'il ne reçoive à present une augmentation
-considerable, puis que par le moyen de la Machine dont il s'agit icy,
-la Vache la plus vieille & la plus dure se peut rendre aussi tendre &
-d'aussi bon goust que la viande la mieux choisie; je dis de plus que
-la chose n'êtoit pas difficile à trouver: car on sçait que les corps
-les plus compactes êtant échauffez brûlent plus fort que ceux qui sont
-d'une consistence plus rare; que le fer rouge, par exemple, brûle plus
-fort que les charbons, il n'y avoit donc pas lieu de douter, que si
-on chauffoit de l'eau assez pour la faire boüillir, & que pourtant on
-l'empeschât de se rarefier, comme elle fait en boüillant, cette eau
-ainsi pressée feroit bien plus d'effet que quand elle a la liberté de
-se dilater; Aussi-tôt que cette pensée me fut entrée dans l'esprit, en
-faisant pour Mr Boyle des experiences de compression, je crus la chose
-si assurée, que je ne la balançay point à en faire des experiences,
-cependant, quoy que cela fust si facile, personne que je sçache, n'y
-a pensé jusqu'à cette heure; Nôtre Siecle a produit bien des hommes
-qui ont fait & font encore tous les jours des choses incomparablement
-plus difficiles: mais il paroît clairement qu'une seule personne ne
-peut pas tout découvrir; Il faut donc demeurer d'accord qu'on peut
-toûjours faire de nouvelles découvertes, & qu'il y a dequoy occuper
-les esprits mediocres aussi bien que les plus grands; Tous ceux qui
-ont de l'inclination à l'étude de la nature, ne doivent point faire de
-difficulté de s'y appliquer, puis qu'ils ont lieu d'esperer que leurs
-peines seront recompensées par la gloire de ce plaisir qu'ils auront
-d'avoir trouvé quelque chose d'utile au public qui passera jusques à la
-posterité.
-
-
-
-
- TABLE
- DES CHAPITRES.
-
-
- Chapitre I. _DEscription de la Machine, avec
- les moyens de s'en servir seurement._ page 1.
-
- Chap. II. _Experiences pour les Cuisiniers._ pag. 23.
-
- Chap. III. _Experiences pour les voyages de Mer._ pag. 64.
-
- Chap. IV. _Experiences pour les Confisseurs._ pag. 94.
-
- Chap. V. _Experiences pour faire des Boissons._ pag. 105.
-
- Chap. VI. _Experiences pour les Chymistes._ pag. 109.
-
- Chap. VII. _Experiences pour les Tinturiers._ pag. 137.
-
- Chap. VIII. _Experiences sur les Corps les plus durs,
- comme l'yvoire, l'écaille de tortuë, & l'Ambre,&c._ pag. 148.
-
- Chap. IX. _Calcul du prix à quoy de bonnes & grandes
- Machines pourroient revenir, & du profit qu'elles
- pourroient apporter._ pag. 153.
-
-
-
-
-_Approbation des Docteurs en Medecine._
-
-
-VEu le Raport de Messieurs Rainssant & Leger qui ont leu & examiné le
-Traité _de la maniere d'amolir les Os_, la Faculté consent qu'il soit
-imprimé. A Paris ce 6. Juillet 1681.
-
-LIENARD Doyen de la Faculté de Médecine de Paris.
-
-
-VEu l'Aprobation, permis d'imprimer. Fait ce 8. Juillet 1681.
-
- DE LA REYNIE.
-
-
-
-
-[Illustration]
-
-TRAITÉ TRES-CURIEUX ET UTILE POUR AMOLIR LES OS.
-
-CHAPITRE PREMIER.
-
-_DESCRIPTION DE LA MACHINE, AVEC LES MOYENS DE S'EN SERVIR SEUREMENT._
-
-
- [_Figure premiere._ AA.BB.]
-
-EST un Cylindre creux fermé par en bas, & ouvert par en haut.
-
-Est un autre Cylindre creux de mesme grosseur, mais plus court que
-le precedent, & il luy sert de couvercle en appliquant leurs deux
-ouvertures l'une sur l'autre, comme on void dans la figure.
-
- [CC.]
-
-Sont deux Appendices qui tiennent au Cylindre AA, comme les tourillons
-à un canon.
-
- [DDDD.]
-
-Sont des pieces de fer, qui embrassent d'un côté les Appendices CC, &
-de l'autre les barres de fer EE.
-
- [EE.]
-
-Est une barre de fer qui entre dans les pieces DD, & qui se peut ôter &
-remettre facilement, quand on veut ouvrir & fermer la Machine.
-
- [FFFF.]
-
-Sont deux vis qui tournans dans des écrous de la barre EE servent à
-presser les Cylindres AABB, l'un contre l'autre.
-
- [_Fig. 2._ GG.]
-
-ESt un autre Cylindre creux de verre ou autre matiere, dans quoy l'on
-met les choses à cuire, & l'ayant bouché avec un couvercle juste
-& affermy dans un chassis par le moyen d'une vis comme la figure
-represente, on l'enferme dans les Cylindres AABB, qui doivent être
-pleins d'eau
-
-Pour se servir bien commodément de cette Machine, elle doit être
-posée sur un fourneau fait exprés, & elle y doit enfoncer jusques aux
-appendix CC, le feu êtant en suitte allumé dessous & les vis FF bien
-serrées, vous ferez cuire vos viandes si long-temps qu'il vous plaira,
-sans crainte qu'elles diminuent, ou que les esprits s'exhalent.
-
-Il faut remarquer, que je donne la Figure longue & êtroite à cette
-Machine, afin qu'il ne soit pas besoin d'une si grande force pour la
-tenir fermée, car on sçait que plus une couverture est large, plus il
-faut de force pour empêcher que la pression du dedans ne souleve le
-couvercle.
-
-Il faut remarquer aussi que je donne de la profondeur au couvercle
-BB afin qu'êtant remply d'eau, il conserve toûjours de l'humidité à
-un cercle de papier percé au milieu, dont on doit garnir la jonction
-des Cylindres marquée II; car les deux Cylindres ne sçauroient s'uzer
-assez exactement l'un sur l'autre pour empescher des liqueurs pressées
-de s'échapper si on ne met du papier entre les deux Cylindres, & le
-papier aussi quand il est sec ne ferme pas exactement l'un sur l'autre;
-Cependant la profondeur du couvercle BB doit être fort petite, afin
-que la Machine enfonçant presques dans le fourneau en puisse mieux
-recevoir & conserver la chaleur.
-
-Cette Machine est sans doute fort simple, & peu sujette à se gâter:
-Mais elle est incommode en ce qu'on ne regarde pas dedans si aysément
-que dans le pot ordinaire, & comme elle fait plus ou moins d'effet
-selon que l'eau qui y est se trouve plus ou moins pressée, & aussi
-selon que la chaleur est plus ou moins grande, il pourroit arriver
-quelquesfois que vous tireriez vos viandes avant qu'elles fussent
-cuites, & d'autres fois que vous les laisserez brûler, ainsi il a fallu
-chercher des moyens pour connoistre, & la quantité de pression qui est
-dans la Machine, & le degré de chaleur.
-
-
-_POVR CONNOISTRE LA QUANTITÉ DE PRESSION._
-
-IL n'y a qu'à faire un petit tuyau ouvert des deux bouts comme HH,
-& l'ayant soudé sur un trou fait au couvercle BB, il faut appliquer
-sur l'ouverture d'en haut de ce tuyau une petite soupape P, bien
-exacte, & garnie de papier, & en suite avoir la verge de fer LM dont
-un bout entre dans la piece de fer LZ qui est attachée à la barre EE,
-& s'appuyant en suitte sur le milieu de la soupape P empesche qu'elle
-ne soit soulevée par la pression interieure, & elle l'empesche plus ou
-moins selon que le poids N est plus ou moins avancé vers l'extremité
-M, comme dans les Romaines ordinaires.
-
-Crainte que la soupape P. ne demeurât à sec si-tost qu'il se seroit
-perdu un peu d'eau. Je prend un petit tuyau OO garny de chanvre, & je
-l'enfonce dans le tuyau HH, en sorte qu'une de ses extremitez entre
-assez avant dans l'eau dont la Machine est remplie. Ainsi il arrive
-que si elle se vuide un peu, la pression interieure pousse pourtant
-toûjours de l'eau contre la soupape P, par ledit tuyau OO, ce qui la
-rend plus exacte, & aide aussi à connoistre incontinent quand elle
-laisse échapper quelque chose.
-
-Le tuyau HH doit avoir peu de Diametre, afin qu'il ne soit pas besoin
-d'un fort grand poids pour le tenir fermé dans la Machine ou Bain
-Marie, dont je me suis le plus servy; ce tuyau a prés de 2/5 de pouce
-de Diametre, si bien que son ouverture est à une ouverture d'un
-pouce de Diametre comme 4. & 25. êtant donc environ six fois plus
-petite, elle se peut fermer avec six fois moins de poids: Or selon
-les experiences de Monsieur Boyle, dans la premiere continuation
-des experiences Physicomechaniques, la pression ordinaire de l'air
-contre un trou d'un pouce de Diametre est d'environ 12. livres, & par
-consequent il est d'environ 2. livres contre l'ouverture de mon petit
-tuyau; la verge LM dans la mesme Machine est de douze pouces de long,
-& la distance depuis LL jusques à la soupape est d'un pouce; De sorte
-qu'ayant un poids d'une livre à l'extremité M il fait autant d'effet
-sur la soupape comme un poids de douze livres qui seroit directement
-dessus; & ainsi il ne peut être soulevé si la pression dans le Bain
-Marie n'est six fois plus forte que la pression ordinaire de l'air.
-Ainsi quand un poids d'une livre est à l'extremité M, & que la soupape
-P laisse échapper quelque chose; Je conclus que la pression dans le
-Bain Marie est environ huit fois plus forte que la pression ordinaire
-de l'air, puis qu'elle peut soulever, non seulement le poids qui
-resiste à six pressions, mais aussi la verge LM que j'ay éprouvé qui
-resiste à deux; & ainsi en augmentant ou diminuant le poids ou en le
-changeant de place, je connois toûjours à peu prés combien la pression
-est forte dans la Machine.
-
-Ce mesme tuyau HH sert aussi à remplir le Bain Marie aprés que les vis
-FF sont serrées & en suite j'y fais entrer le tuyau OO, qui le remplit
-juste pour la raison que j'ay dite cy-dessus.
-
-
-_POVR CONNOISTRE LE DEGRÉ DE CHALEUR._
-
-J'Aurois fort souhaité pouvoir faire une sorte de Thermometre marqué
-comme il faut pour faire connoistre precisément de combien la chaleur
-s'augmente ou se diminuë, & je croy que par ce moyen en comparant les
-degrez de chaleur avec la quantité de l'effet qu'ils produiroient, on
-pourroit découvrir diverses choses sur la nature, & de la chaleur,
-& des choses surquoy elle agiroit, mais manquant de loisir & des
-commoditez necessaires pour ce dessein, je me suis au lieu de cela
-servi d'un moyen fort simple, & pourtant assez exact pour les usages
-dont je parle dans ce Traité; Je suspens proche de la Machine un poids
-à un fil d'environ trois pieds de long, afin que chaque vibration ou
-mouvement se fasse dans le temps d'une seconde ou environ; je mets
-ce pendule en mouvement, & je laisse tomber une goutte d'eau sur le
-couvercle de la Machine, afin d'observer en combien de temps cette
-goutte d'eau s'évaporera: car je suis assuré que plus la Machine est
-chaude, & moins le poids suspendu fait de tours & retours avant que la
-goutte soit évaporée, il faut pourtant prendre garde, que le lieu où
-l'on met la goutte d'eau soit toûjours bien net, parce que un peu de
-graisse est capable d'empescher considerablement l'operation.
-
-Ayant ainsi moyen de mesurer les differends degrez de chaleur & de
-pression qui sont dans la Machine, il est bien aisé de se regler pour
-ne faire que l'effet qu'on veut, pourveu qu'on ait une fois éprouvé
-avec quelle force la Machine agit: car on n'aura qu'à prendre environ
-la quantité de charbon, que l'experience aura fait connoistre la
-plus propre; la mettre dans le fourneau sous le Bain Marie; laisser
-les portes & les registres du fourneau ouverts, jusques à ce que la
-chaleur soit parvenuë au point que vous voulez. En suite vous n'aurez
-qu'à fermer les portes & les registres pour étouffer le feu, & laisser
-refroidir les vaisseaux, il faut aussi avoir chargé la verge de fer
-LM autant qu'il est necessaire pour faire la pression qu'on veut, &
-on sera asseuré, qu'en gardant ainsi toûjours la mesme regle, l'effet
-se trouvera toûjours à peu prés pareil; du moins puis-je asseurer que
-j'ay manqué fort souvent tandis que j'agissois au hazard, mais depuis
-que j'ay ainsi trouvé moyen de me regler, j'ay toûjours fait mes
-operations fort bonnes, à moins de quelque malheur; Il faut pourtant
-remarquer, que si on ne mettoit dans la marmitte GG que peu de viande
-en comparaison de ce qu'elle peut contenir, elle ne pourroit y faire
-autant de pression qu'il y en auroit dans le Bain Marie, (en effet)
-j'ay quelquesfois veu des marmittes cassées par l'eau du bain marie qui
-les environnoit, & qui les pressoit plus fort qu'elles ne pouvoient
-soûtenir, & ainsi le poids qui seroit sur la verge LM ne nous pourroit
-faire connoistre la pression qui seroit dans la marmitte, il vaudra
-donc toûjours mieux mettre un peu trop que pas assez de viande; ou bien
-si on veut faire tout exactement & ne rien perdre, il faut suivre les
-directions que je donne au Chap. 2. Exper. 12.
-
-Comme il seroit difficile de se servir sur la mer de l'invention que
-j'ay décrite pour connoistre le degré de pression, à cause que le
-branle du vaisseau feroit remuer les poids & ouvriroit la soupape P, il
-faut au lieu de cela laisser vôtre bain marie assez vuide, afin que la
-chaleur que vous avez dessein de donner fasse tout juste la pression
-que vous voulez. Par exemple, si vous voulez faire dix pressions, &
-que la chaleur soit assez grande pour faire évaporer la goutte d'eau
-en cinq secondes, il faudra ne mettre dans le bain marie que 7/8 de
-l'eau qu'il peut contenir, & prendre garde de ne pousser la chaleur que
-jusqu'où je viens de dire, & vous serez asseuré, qu'il n'y aura eu dans
-le bain marie qu'environ dix pressions, comme vous pouvez voir Chap. 2.
-Exper. 16. On pourra par ce moyen se passer de la verge de fer, & des
-points, & serrer simplement la petite soupape P avec une vis, ce qui
-sera facile en faisant faire le petit tuyau HH de fonte avec de petits
-appendices, comme le Cylindre AR. seulement, il ne sera pas necessaire
-de faire icy les choses fortes à cause de la petitesse de l'ouverture.
-
-Il ne sera pas besoin de sçavoir precisément toutes les differentes
-quantitez d'eau qui seront necessaires pour faire tous les differens
-degrez de pression, avec tous les differens degrez de chaleur, mais
-il suffira pour l'usage ordinaire d'avoir toûjours une mesme quantité
-d'eau dans le bain marie, & trouver par experience quel degré de
-chaleur est necessaire pour chaque operation, avec cette quantité d'eau.
-
-J'aurois souhaitté de pouvoir faire les choses aussi bien comme elles
-sont icy décrites: j'aurois ainsi pû déterminer la quantité de charbon
-ou de bois qu'il faut employer pour chaque operation, mais dans
-l'incertitude de mes affaires je n'ay point voulu bâtir de fourneaux, &
-je me suis toûjours contenté d'appuyer mes machines contre un coin de
-la cheminée, & de mettre le feu dans ce mesme coin entre la cheminée &
-la Machine.
-
-Il y a donc bien de l'apparence que la chaleur n'est pas si bien
-ménagée comme elle le pourra estre dans un bon fourneau, & cependant
-je ne laisseray pas de donner icy le recit de diverses choses que
-j'ay déja faites avec cette Machine, parce que cela pourra toûjours
-beaucoup aider à trouver bien-tost la quantité de feu propre pour les
-autres Machines que l'on fera; & je croy aussi que la proportion d'une
-operation à l'autre se trouvera la mesme; J'ay trouvé par exemple qu'il
-falloit 2/7 moins de charbon pour cuire le mouton que pour cuire le
-bœuf; ainsi quand on aura trouvé par experience, la quantité de
-charbon necessaire pour cuire le bœuf dans une Machine, on n'aura
-qu'à prendre 2/7 moins de charbon pour cuire du mouton dans la mesme
-machine, & ainsi des autres operations.
-
-Mais avant que de commencer le recit des Experiences, je croy qu'il
-ne sera pas mal à propos de dire encore icy, qu'aprés avoir fait le
-premier bain Marie fermé à vis, je voulus en faire un autre fermé
-sans vis par le moyen d'une grande soupape ovalle qui s'applique en
-dedans, qui peut pourtant s'ôter tout à fait à cause de sa figure,
-ovalle comme il a esté dit pour le fusil à vent dans la 2. continuation
-des experiences Physico-mechaniques de monsieur Boyle publié cette
-année 1680. Ce bain Marie a six pouces de diametre, & 18. pouces de
-haut, de sorte qu'on peut y faire entrer une marmitte de 4. pouces de
-diametre, & 14. de hauteur, qui tient neuf ou dix livres de viande,
-mais la grande soupape ayant esté fonduë trop foible pour bien garder
-sa figure, le papier ne suffit pas pour la rendre juste, & il faut
-toûjours y mettre du cuir, mais comme le cuir se cuit dans l'eau si
-chaude, il arrive qu'êtant reduit en boüillie la pression du dedans
-le chasse, & ainsi l'eau s'échappe; Il m'est pourtant arrivé quelques
-fois, que quand le cuir étoit bon & bien fort, j'ay cuit les plus gros
-os d'une jambe de bœuf sans brûler la viande, mais d'autres fois
-aussi il m'est arrivé que le cuir manquant trop tost, la viande se
-brûloit sans que les os se puissent cuire, cela fait que je me sers
-rarement de cette Machine, cependant si on la faisoit avec une soupape
-assez bonne pour la pouvoir garnir de papier, cette derniere maniere
-vaudroit peut-être bien l'autre; la raison est que les ressorts du fer
-se lassent, & ainsi on est assujetty à resserrer les vis de temps en
-temps, mais dans cette derniere Machine, on seroit asseuré que plus
-la pression seroit forte au dedans, tant plus fort la soupape seroit
-fermée, neanmoins jusques à ce que les ouvriers soient mieux instruits
-à faire de ces sortes de soupapes, je conseilleray toûjours plûtost de
-fermer le Bain Marie à vis.
-
-Je croy que cecy suffit pour la description de la Machine, & la maniere
-de s'en servir, je vais donner à present les experiences qui en feront
-connoître divers usages & proprietez. Mais parce que quelques-unes des
-Experiences donnoient lieu à des observations de Physique, j'ay creu
-ne faire pas mal de les y joindre, quoy qu'elles n'ayent peut être pas
-autant de rapport qu'on pourroit le soûhaitter avec le sujet dont il
-s'agit: mais j'ay pris le soin de les distinguer par des caracteres
-differends, afin que ceux qui ne s'en soucient pas puissent sauter par
-dessus.
-
-
-
-
-CHAPITRE II.
-
-_EXPERIENCES POVR LES CUISINIERS._
-
-
-EXPERIENCE PREMIERE.
-
-LE second Juin ayant remply ma marmitte d'une poitrine de mouton & pesé
-huit onces de charbon j'allumay le feu; la chaleur parvint jusques à
-faire exhaller en 3. secondes de temps, la goutte d'eau que je mettois
-sur le couvercle, & la pression en dedans êtoit environ 9. fois plus
-forte que la pression ordinaire de l'air: Je laissay éteindre le feu de
-luy mesme, & les vaisseaux estans froidis je trouvay que le charbon
-qui restoit pesoit environ 1/2 once; si bien qu'il n'y avoit eu en tout
-que 6-1/2 onces de charbon consumées. Cependant la viande êtant tirée
-se trouva avoir du goût d'empyreume, & le suc ne fit pas une gelée si
-forte de beaucoup que quand la viande n'est pas trop cuite.
-
-
-EXPERIENCE II.
-
-LE quatriéme Juin je reïteray la mesme Experience, & je ne pris que
-6-1/2 onces de charbon, mais je poussay la chaleur en soufflant; En
-sorte qu'une goutte d'eau s'exhalloit en moins de deux secondes, &
-il ne resta pas tout à fait une demie once de charbon qui ne fust
-consumée; la pression êtoit un peu plus grande, que dans l'experience
-precedente; Je laissé encore êteindre le feu de luy-mesme, comme
-l'autre fois; cependant quoy que la quantité de charbon eût cette fois
-esté moindre la viande se trouva plus brûlée que l'autre à cause, comme
-je croy, que le feu avoit esté poussé tout vivement.
-
-
-_EXERCICE III._
-
-LE sixiéme Juin, je reïteray la mesme Experience, & je ne mis que cinq
-onces de charbon, & je ne poussay le feu que jusques à faire exhaler
-la goutte d'eau en quatre secondes, la pression interieure comme
-auparavant, & alors le mouton se trouva fort bien cuit & les os mols,
-& le suc vint en une forte gelée. De sorte que depuis ce temps-là
-ayant eu diverses fois du mouton à faire cuire, j'ay toûjours gardé
-cette mesme regle, & je n'ay jamais manqué à avoir mon mouton dans
-ce mesme êtat que je croy être le meilleur, parce que si la cuisson
-êtoit moindre, les os ne seroient pas bons, & si la cuisson êtoit plus
-grande, la gelée estant moins forte, seroit aussi moins nourrissante;
-Je ne pretends pourtant pas dire, que la perfection en cette rencontre
-n'ait point d'étenduë, & je croy qu'on pourroit cuire le mouton
-considerablement davantage sans que pour cela il fût gâté, mais j'aime
-toûjours mieux manquer dans le deffaut, que dans l'excez parce que si
-on le fait trop cuire, il n'y a plus de remede; au lieu que si quelque
-morceau d'os se trouve n'être pas assez cuit, il est facile de le
-remettre avec une autre potée!
-
-
-_EXPERIENCE IV._
-
-LE deuxiéme Juin je fis l'experience avec de la poitrine de bœuf, &
-je pris 7. onces de charbon; je poussay le feu jusques à faire exhaler
-la goute d'eau en trois secondes, & la pression du dedans êtoit environ
-neuf fois plus forte que la pression ordinaire de l'air, le charbon qui
-resta sans être consumé pezoit environ 3/4 d'onces, & le bœuf se
-trouva fort bien cuit, il y avoit pourtant quelques endroits des os qui
-n'êtoient pas tout à fait bien cuits, je ne conseillerois pourtant pas
-de donner plus de feu que cela au bœuf, parce qu'il est toûjours
-bien aisé de recuire les os, j'ay mesme bien des fois mieux aimé ne
-faire cuire la viande qu'autant qu'il est necessaire pour la separer
-facilement des os, parce qu'en suite on peut faire cuire les os à part
-sans aucun danger, comme on le pourra voir par les experiences qui
-suivent.
-
-
-_EXPERIENCE V._
-
-LE douziéme Juin je mis cuire du bœuf & du mouton ensemble, & je n'y
-employay que 3. onces de charbon, je poussay le feu assez vivement,
-& pourtant je ne pus faire que trois pressions au plus dans le bain
-Marie, & la chaleur ne parvint qu'à faire exhaler la goutte d'eau
-en 90. secondes; les vaisseaux etans presque refroidis, je trouvay
-le mouton assez cuit au gré de bien des gens, mais pour le bœuf
-asseurement tout le monde l'auroit trouvé trop dur; le suc qui en
-sortit ne tourna point en gelée, quoy que je n'y eusse point mêlé d'eau.
-
-Je croy que le peu de pression & de chaleur en ce rencontre ne vint pas
-tant de manque de charbon que de ce que le bain Marie n'estoit pas bien
-ajusté, car j'ay remarqué depuis que _tant plus il est fermé, & tant
-plus il requiert de chaleur, avec mesme quantité de charbon_.
-
-Le 13. Juin je reïteray la mesme experience, & je mis dans la marmitte
-une partie de viande cruë, & une partie de viande cuite, le jour
-precedent je ne pris que 4. onces de charbon, & ayant poussé le feu le
-plus vivement qu'il me fût possible, je ne pus faire la pression dans
-le bain Marie qu'environ cinq fois plus forte que la pression ordinaire
-de l'air; la chaleur aussi ne parvint qu'à faire exhaler la goute d'eau
-en 40. secondes, le charbon qui resta sans être consumé ne pesoit
-que 2. drachmes, & la viande se trouva parfaitement cuitte & tendre,
-mais tous les os n'êtoient en aucune façon amollis, quoy que ceux qui
-avoient déja esté cuits le jour precedent eussent esté exposez au feu
-de 7. onces de charbon, 3. le premier jour, & quatre le second jour.
-
-Le 15. Juin je reïteray la mesme experience, en mettant dans la marmite
-une partie de la viande qui avoit déja esté cuitte deux fois, &
-aussi de la viande cruë, j'y employay 5. onces de charbon, mais je
-poussay le feu si lentement que la chaleur ne fut point assez grande
-pour faire exhaler la goutte d'eau en moins de deux minutes ou 120.
-secondes; aprés que le feu fût êteint, je trouvay que ma viande estoit
-bien cuite, & que celle qui avoit esté exposée au feu de 12. onces de
-charbon êtoit encore fort bonne sans empyreume, & les os point amollis;
-ainsi je trouvay qu'il estoit bien facile de cuire la viande sans les
-os, puis qu'on pouvoit la laisser au feu trois fois aussi long-temps
-qu'il estoit necessaire, sans que pourtant elle commmençast à se
-brûler.
-
-
-_EXPERIENCE VI._
-
-JE fis en suite la mesme experience sur les os, & le 16. Juin je pris
-les os de cette viande qui avoit ainsi esté cuitte trois fois plus
-long-temps qu'il n'estoit necessaire, & les ayans mis dans une marmitte
-de verre avec de la graisse de mouton cuitte, & toute pure, je les
-enfermay dans le bain Marie; & ayant poussé la chaleur jusqu'à faire
-exhaler la goute d'eau en 4. secondes, & la pression neuf fois plus
-forte que la pression ordinaire de l'air, j'esteignis bien-tost le feu,
-& les os se trouverent cuits.
-
-Je remis une seconde fois ces mesmes os dans la mesme marmitte de verre
-avec la mesme graisse, & j'y ajoûtay un nouveau morceau d'os, qui
-n'avoit jamais esté cuit, & y ayant donné le feu comme auparavant, je
-trouvay que le nouveau morceau d'os estoit bien cuit, & le reste point
-gâté.
-
-Le 17. Juin je remis encore les mesmes os, dans la mesme marmitte avec
-la mesme graisse, & encore un autre morceau d'os qui n'avoit point esté
-cuit; & ayant donné le feu comme auparavant, je trouvay encore mon
-nouveau morceau d'os fort bien cuit, & le reste point gâté.
-
-Je reïteray encore la mesme experience avec les mesmes os & la mesme
-graisse, mais cette derniere fois je donnay le feu, & plus fort & plus
-long temps; & il arriva que les premiers os étoient presques tout en
-poussiere, & sentoient le brûlé; qui ne paroissoit pourtant pas si
-desagreable que celuy de la viande l'est d'ordinaire: pour ce qui
-est de la graisse, elle n'avoit pas un fort bon goust, elle estoit
-seulement plus molle que d'autre graisse qui n'avoit esté cuite qu'une
-fois; je ne sçay pas si à force de la faire cuire on pourroit luy faire
-changer de nature: mais ie croy qu'il y faudroit plus de temps que ie
-n'y en pouvois donner.
-
-Les trois premieres cuissons rapportées dans cette experience me firent
-voir que les os aussi bien que la viande se peuvent cuire trois fois
-aussi long-temps qu'il est necessaire sans danger de se brûler, & ainsi
-il est clair qu'en les faisant ainsi cuire separément les personnes les
-moins capables d'exactitude pourront en venir à bout.
-
-
-_PROPRIETEZ._
-
-IE ne veux pas passer plus loin sans faire remarquer, que dans la 5.
-experience des os qui avoient esté exposez au feu de 12. onces de
-charbon ne paroissoient point amollis, quoy que 5. onces de charbon
-puissent suffire pour cét effet; cela fait voir que ce ne seroit rien
-de peser le charbon à moins de prendre garde en mesme temps de quelle
-maniere on pousse le feu: car on seroit toûjours en danger d'avoir la
-viande ou trop, ou pas assez cuite, & on peut compter cecy pour une
-proprieté de cette Machine, que _plus on donne le feu à coup, plus il
-fait d'effet, avec la mesme quantité de charbon_.
-
-Cette experience me donna envie d'en faire voir un autre, afin de
-faire voir manifestement que la pression interne avance beaucoup en
-cuisson. Je pris donc deux petits vaisseaux tout à fait pareils bien
-fermez à vis; mais dont l'un estoit exactement soudé par tout, &
-l'autre avoit un petit trou au couvercle pour laisser échapper les
-vapeurs; les ayant tous deux mis ensemble sur un mesme Bain de sable,
-apres les avoir remplis de viande & d'eau de la mesme maniere, Je les
-laissay à mesme chaleur pendant trois quarts d'heure, & les ayant ôtez
-tous deux ensemble, je trouvay que la viande qui avoit esté exactement
-fermée estoit plûtôt trop, que pas assez cuite, au lieu que l'autre
-êtoit de beaucoup trop cruë; On peut donc encore compter cecy par une
-des proprietez de cette Machine, que, _plus la pression interieure est
-grande, & plus les choses s'y cuisent, dans le même temps & avec la
-même chaleur_.
-
-
-_EXPERIENCE VII._
-
-AYant trouvé de la difference entre la chair de bœuf & celle de
-mouton, l'une êtant plus facile à cuire que l'autre; Je voulus voir
-s'il y en auroit aussi entre les chairs de mesme espece, mais de
-differends âges; Pour ce dessein le 4. de Juillet ie pris de l'agneau,
-& en mis dans deux verres, dans l'un desquels ie mis de l'eau, & comme
-il ne m'avoit fallu que 5. onces de charbon pour cuire le mouton, ie
-n'en pris que quatre 1/2 pour l'agneau, croyant qu'il devoit être plus
-tendre, ie poussay le feu le plus vivement que ie pus, & ie ne pus
-faire que la goute d'eau s'évaporast en moins de 11. ou douze secondes,
-la pression interieure êtoit huit fois plus forte que la pression
-ordinaire de l'air; J'attribuë ce peu de chaleur en partie à ce que
-mon charbon avoit esté déia la plûpart allumé & êteint, le feu s'êtant
-êteint peu à peu; Je trouvay qu'il ne restoit qu'une drachme de charbon
-qui n'eust pas esté consumée dans le verre sans eau les os n'estoient
-point amollis, sinon quelque petites extremitez: mais dans le verre
-avec de l'eau ils êtoient tout à fait mols, aussi il s'en falloit
-beaucoup que la viande n'y fust d'un goût si relevé que dans l'autre
-verre.
-
-Cette experience me fit iuger 1º. Qu'il ne faudroit gueres moins de feu
-pour les os des animaux jeunes, que pour les vieux. 2º. Que l'eau est
-un dissolvant propre pour ramolir les os, mais qu'elle oste du goût.
-
-
-EXPERIENCE VIII.
-
-_Proprieté._
-
-AFin de iuger à peu prés de la difference de cuisson qui arrive quand
-on laisse êteindre le feu peu à peu, ou quand on l'ôte tout, si tost
-que la chaleur est parvenuë au point où on la veut.
-
-Le 5. Juillet i'emplis encore mes deux marmittes de verre avec de
-l'agneau comme auparavant, & ayant mis bien du charbon, ie poussay la
-chaleur iusques à faire exhaler la goute d'eau en trois secondes, &
-incontinent j'ostay tout le feu; je trouvay que les os dans la marmitte
-sans eau estoient un peu plus cuits que dans l'experience precedente.
-& dans la marmitte avec de l'eau, ils estoient tout à fait mols, & la
-chair point brûlée; ainsi je trouve que _c'est à peu prés la mesme
-chose de pousser le feu de 4-1/2 onces de charbon jusques à faire
-exhaler la goutte d'eau en 10 secondes, & en suitte laisser éteindre le
-feu peu à peu; ou bien de pousser le feu de 6. ou 7. onces de charbon
-jusques à faire exhaler la goutte d'eau en 3. secondes, & en suite
-oster le feu tout à coup_; Il n'y auroit donc qu'à observer cette
-mesme proportion dans les autres generations; Par exemple, si j'avois
-à faire une operation à quoy il fallut une quantité de charbon
-qui fit exhaler la goutte d'eau en 20. _secondes_, & laisser éteindre
-le feu peu à peu, & que je voulusse gagner du temps; je mettrois un
-bon feu, afin que la chaleur vint jusques à faire exhaler la goutte
-d'eau en _six secondes_, & en suite j'esteindrois le feu incontinent,
-& ainsi des autres gardant la proportion de 10. à 3. j'avouë pourtant
-que cette regle n'est pas démontrée: mais aussi la chose ne requiert
-pas une exactitude Mathematique, _quand je ne dis rien de la pression
-interieure comme dans cette regle il faut entendre quelle doit
-tousiours estre égalle_.
-
-
-_EXPERIENCE IX._
-
-LE onziéme Juillet je pris un lapin, & l'ayant mis dans deux
-marmittes de verre, dont l'une estoit avec de l'eau, & l'autre estoit
-sans eau, j'y fis le feu de cinq onces de charbon, & ayant poussé la
-chaleur jusques à faire exhaler une goutte d'eau en 4. secondes, je
-laissay éteindre le feu peu à peu, mes vaisseaux estans refroidis, je
-trouvay que les os du lapin estoient bien cuits dans le verre où estoit
-l'eau, mais dans l'autre ils ne l'estoient point du tout, cependant la
-chair ayant esté assaisonnée avec du sel, du poivre & du lard, êtoit
-aussi bonne qu'un pâté sçauroit être, mais dans le verre où êtoit l'eau
-elle l'êtoit beaucoup moins.
-
-Cette experience me fit voir que les os de lapin sont plus durs à cuire
-que ceux de mouton, & elle me confirma que l'eau ayde beaucoup la
-cuisson des os.
-
-
-EXPERIENCE X.
-
-_Proprieté._
-
-IE pris un autre lapin, & l'ayant enfermé comme le precedent, je fis
-le feu de 4-1/2 onces de charbon; mais le papier qui sert à rendre
-le couvercle juste ayant esté gâté la machine ne souffrit pas plus
-d'une pression en dedans à cause que l'eau s'échappoit; cela fut cause
-aussi que la chaleur ne pût se bien communiquer au couvercle; car quoy
-que dans cette experience la quantité de charbon fut plus grande, la
-goutte d'eau que ie mettois sur le couvercle êtoit 20. fois plus long
-temps à s'exhaler que dans l'experience precedente, si bien que l'on
-peut encore compter cecy entre les proprietez de cette Machine, que
-_plus la pression interieure est grande, moins il faut de charbon pour
-donner un certain degré de chaleur_, le lapin êtoit bien cuit, mais
-les os ne l'êtoient point du tout, pas mesmes dans le verre, où il y
-avoit de l'eau, sinon quelques-uns qui avoient déja esté au feu le jour
-précedent, & que i'avois remis pour s'achever de cuire.
-
-Cette experience me fit voir que les os cuits, quoy qu'ils ne
-paroissent aucunement amollis, ont pourtant acquis une grande
-disposition à cela qui ne nous est pas sensible.
-
-
-_EXPERIENCE XI._
-
-LE 13. Juillet je pris un vieux lapin mâle & domestique, qui
-d'ordinaire est un pitoyable manger, je l'assaisonnay & le mis dans
-deux marmittes de verre, j'y fis le feu de 6. onces de charbon, je
-poussay la chaleur jusques à faire exhaler la goutte d'eau en moins de
-4. secondes; la pression interieure êtoit environ six fois plus forte,
-que la pression ordinaire de l'air, je laissay éteindre le feu peu à
-peu, & je trouvay mon lapin fort bien cuit avec les os mols, & il avoit
-aussi bon goust que les jeunes lapins l'ont d'ordinaire, & son suc se
-tourna en bonne gelée.
-
-
-EXPERIENCE XII.
-
-_Proprietez._
-
-LE 18. Aoust je mis des pigeonneaux dans deux petites marmittes de
-verre, & je les pesay toutes deux separement avant que de les enfermer
-dans leurs chassis, je poussay le feu jusques à faire exhaler la goutte
-d'eau en 5. secondes, & la pression interieure 10. fois plus forte
-que la pression ordinaire de l'air; mes vaisseaux êtans refroidis, je
-trouvay que les deux couvercles êtoient pressez assez fortement contre
-leurs marmittes, ce qui faisoit voir qu'il y avoit de la rarefaction
-en dedans, & qu'il en estoit sorty quelque chose, en suite les ayant
-seichées je les pesay separement, comme avant qu'elles fussent cuites,
-& je trouvay que l'une (dans laquelle j'avois mis par poids 1/8 moins
-de viande, que l'eau qu'elle peut contenir) estoit exactement du mesme
-poids qu'auparavant, & les os en étoient fort tendres, & le suc bien
-congelé sans empyreume.
-
-L'autre marmitte (dans laquelle j'avois mis plus pesant de viande
-qu'elle ne pouvoit tenir d'eau) avoit augmenté ce poids & le suc n'en
-estoit pas si bien gelé; il y a apparence que la grande quantité de
-viande dans cette marmitte, en se rarefiant avec trop de force avoit
-soûlevé le couvercle; en sorte qu'un peu d'eau du Bain Marie avoit pû
-s'y insinuer & ainsi avoit augmenté le poids & deleyé la gelée, au lieu
-que dans l'autre la rarefaction de la viande n'avoit pû faire autre
-chose que chasser un peu de l'air qui estoit au dessus sans soûlever
-presque le couvercle.
-
-Cette experience me fit juger qu'on peut compter entre les proprietez
-de cette Machine, que, _en cuisant des pigeonneaux avec une chaleur
-qui fasse exhaler la goutte d'eau en 5. secondes, & la pression 10.
-fois plus forte que la pression ordinaire de l'air, il faut que le
-poids de la viande dans la marmitte soit 7/8 du poids de l'eau que
-la marmitte peut contenir. Par exemple 7. livres de viande dans une
-marmitte qui peut tenir 8. livres d'eau: car par ce moyen on fait
-la pression dans la marmitte, aussi forte que dans le Bain Marie, &
-pourtant on ne perd rien_.
-
-On peut voir Experience XVI. que l'eau êtant prise dans le même poids,
-feroit aussi le même effet, & ainsi cela pourroit faire croire qu'il en
-seroit à peu prés de mesme dans les autres corps pris en même poids, &
-que ceux qui laisseroient davantage de vuide à cause de leur gravité
-specifique auroient aussi plus de force à proportion pour se dilater;
-mais ce seroit une grande méprise; car i'ay éprouvé au Chapitre sixiéme
-Experience 2. que l'esprit de vin qui a moins de gravité specifique,
-que le vinaigre, a pourtant bien plus de force pour se dilater beaucoup
-par la chaleur; Il faudra donc (si l'on veut estre exact à ne rien
-perdre, & à faire la juste pression dans la marmitte) trouver par
-experience la force & l'étenduë de la rarefaction des autres corps
-comme ie l'ay trouvée icy des pigeons, & emplir la marmite suivant ce
-qu'on aura trouvé.
-
-J'avois mis en même-temps dans une autre Machine des mêmes pigeons à
-cuire; ie poussay la chaleur iusques à faire exhaler la goute d'eau
-en 3. secondes, mais la pression n'y étoit que 5. fois plus grande
-que la pression ordinaire de l'air; mes vaisseaux estans refroidis je
-trouvay que les os n'estoient pas tout à fait si mols, que dans l'autre
-Machine, quoy qu'ils eussent eu la chaleur plus forte; ils estoient
-pourtant mangeables presque tous.
-
-Cette experience me fit croire qu'on peut compter entre les proprietez
-de cette Machine, que _c'est presque la mesme chose de faire exhaler la
-goutte d'eau en 3. secondes, avec 5. pressions ou de la faire exhaler
-en 5. secondes avec dix pressions_. On pourroit ainsi trouver par
-experience, pour toute autre rencontre, que la quantité de pression,
-peut tenir lieu d'une certaine quantité de chaleur; & si l'on avoit
-un Thermometre exact, comme j'ay dit au Chap. 2. on en tireroit
-peut-estre de grandes lumieres pour autres choses.
-
-Cette experience fait encore voir, que les Bains Marie bien fermez pour
-soûtenir de grandes pressions, épargneront extremement le feu: car nous
-avons veu expos. 10. que plus la pression interieure est grande, &
-moins il faut de charbon pour luy donner un certain degré de chaleur,
-& à present nous voyons que ce degré de chaleur acquis avec moins de
-charbon fait pourtant bien plus d'effet, que quand l'on est obligé d'y
-employer plus de charbon faute de pression interieure.
-
-
-SUR LE POISSON.
-
-_EXPERIENCE XIII._
-
-LE quinziéme Juin j'ay pris un maquereau & l'ay mis dans une marmitte
-de verre avec des grosselles vertes, j'enfermay la marmitte dans le
-Bain Marie, & avec 4. onces, deux drachmes de charbon je poussay la
-chaleur, jusques à faire évaporer la goutte d'eau en 10. secondes,
-& la pression au dedans étoit 7. fois plus forte que la pression
-ordinaire de l'air, aprés que le feu fût éteint, peu aprés je trouvay
-que le charbon qui restoit pesoit prés de 2. drachmes; le poisson
-estoit parfaitement bien cuit & ferme, quoy que les arrêtes fussent si
-tendres, qu'on ne les appercevoit pas en les mangeant; avant d'estre
-cuit, il pesoit 9. onces, & aprés être cuit il n'en pesoit plus que 7.
-si bien que j'eus environ 2. onces de bon suc qu'il auroit fallu jetter
-si mon poisson eut esté cuit comme à l'ordinaire; outre qu'il avoit le
-goust bien plus relevé, les sels volatils ne s'êtans ny eschappez ny
-dissous dans de l'eau; les groselles aussi n'êtoient point brûlées,
-mais avoient fort bon goût.
-
-
-_EXPERIENCE XIV._
-
-LE 19. Juin je fis la mesme experience avec un brochet, & ie poussay
-le feu de la mesme maniere que dans l'experience precedente; & ie
-trouvay mon poisson encore fort bien cuit, & la chair ferme & les
-os tendres, quoy que pourtant ils me parussent un peu plus durs que
-ceux du maquereau; un Gentil-homme qui en goûta me demanda si c'estoit
-ce que ie mettois pour amollir les os qui donnoit si bon goust à la
-chair; ce qui me fit croire que ce n'estoit pas la préoccupation qui
-me faisoit iuger le poisson cuit de cette sorte meilleur que l'autre;
-le suc se changea en forte gelée; au lieu que celuy du maquereau êtoit
-tousiours demeuré liquide; je ne sçay pas si cette difference venoit de
-la chaleur de l'air, ou de la nature du poisson.
-
-
-_EXPERIENCE XV._
-
-LE 20. Juin ie pris une grosse anguille, & l'ayant enfermée à
-l'ordinaire, i'y fis le feu de 4-1/2 onces de charbon, & ie poussay la
-chaleur iusques à faire exhaler la goutte d'eau en 6. secondes, & la
-pression 7. fois plus forte que la pression ordinaire de l'air, ayant
-laissé éteindre le feu peu à peu, ie trouvay mon anguille fort bien
-cuite avec la peau, & les os tendres sans empyreume: mais la chair
-n'avoit pas conservé de fermeté comme celle des autres poissons: le suc
-aussi ne se gela point, ce que i'attribuë plûtost au trop de cuisson
-qu'à la nature de ce poisson, dont la peau est sans doute fort propre à
-faire de la gelée.
-
-Toutes ces experiences me font croire qu'il n'y a pas grande difference
-entre la chaleur qu'il faut pour cuire differentes sortes de poissons.
-
-
-LEGUMES.
-
-_EXERCICE XVI._
-
-LE 2. Juillet ie mis des féves dans une marmitte de verre; les unes
-estoient cruës, & d'autres avoient déia esté cuites avec de la corne
-de cerf, ie mis un peu d'eau au fonds de la marmitte pour voir la
-difference qu'il y auroit entre celles qui auroient esté cuites
-dans l'eau, & celles qui auroient esté au dessus; Je poussay le feu
-iusques à faire exhaler la goutte d'eau en 5. secondes, & la pression
-interieure dix fois plus forte que la pression ordinaire de l'air,
-i'ostay incontinent le feu, & les vaisseaux estans refroidis, ie
-trouvay toutes ces féves extremement molles, & qu'il n'y avoit pas
-grande difference entre celles qui n'avoient esté cuites qu'une fois, &
-celles qui l'avoient esté deux fois, mais celles qui étoient au dessus
-étoient ridées, & avoient le goust plus relevé que celles qui estans au
-fonds s'étoient enflées d'eau qui leur rabaissoit le goust; les écorces
-étoient fort molles, excepté une petite pelliculle qui étoit plus dure,
-mais qui se pouvoit pourtant fort facilement manger, en sorte que des
-féves de cette sorte n'auroient pas besoin d'ëtre dérobées, comme on
-dit.
-
-Cette experience me confirma que les alimens dans cette machine peuvent
-demeurer sur le feu long temps aprés être cuites sans pourtant se
-gâter.
-
-
-_PROPRIETÉ._
-
-DAns l'experience que ie viens de décrire, i'avois pris garde de
-ne perdre sur la verge de fer LM, qu'autant de poids qu'il étoit
-necessaire pour faire la pression interieure 10. fois plus grande que
-la pression ordinaire de l'air; de sorte que quand mon Bain Marie fut
-considerablement échauffé, la trop grande quantité d'eau qui y étoit,
-eut la force de soûlever la petite soûpape sur le tuyau HH, & de se
-couler par là peu à peu iusques à ce que i'ostasse le feu: mais quand
-le feu fut tout à fait osté il ne coula plus rien; quoy que la chaleur
-fut assez grande pour faire évaporer la goutte d'eau en 5. secondes;
-ainsi il est aisé de juger que l'eau qui restoit dans le Bain Marie
-avoit desormais tant de place pour se dilatter, que ce degré de chaleur
-n'estoit pas suffisant pour luy faire faire plus de 10. pressions;
-j'eus donc la curiosité de voir combien cette place êtoit grande; Pour
-cét effet quand j'ouvris mon Bain Marie, je pris bien garde de ne
-laisser point perdre d'eau, & ayant pesé toute celle qui s'y trouva,
-je vis qu'il ne s'en étoit pas perdu la huitiéme partie; parce que de
-huit onces que j'y avois mises, il m'en restoit plus de 7. on peut donc
-compter cecy pour une proprieté de cette Machine, que si on y met 7/8
-de l'eau qu'elle peut contenir, _& qu'on pousse la chaleur jusques à
-faire évaporer la goutte d'eau en 5. secondes, la pression au dedans ne
-sera que 10. fois plus forte que la pression ordinaire de l'air_.
-On pourra de mesme trouver par experience combien il faudra laisser
-de vuide selon les autres pressions qu'on voudra faire, & les autres
-degrez de chaleur qu'on voudra donner, & cela sera utile sur la mer
-comme j'ay dit Chap. 2. & pourra aider à connoistre la nature.
-
-
-_EXPERIENCE XVII._
-
-LE quinziéme Juillet j'enfermay des pois verts dans deux petites
-marmites de verre, & je mis dans l'une un peu moins d'eau qu'il n'en
-falloit pour couvrir le poids, dans l'autre je ne mis point d'eau du
-tout; les ayant enfermées dans le petit Bain Marie, je poussay le feu
-jusques, à faire évaporer la goute d'eau en 4. secondes, & la pression
-interieure 10. fois plus grande que la pression ordinaire de l'air;
-j'ostay le feu, & les vaisseaux êtans refroidis, je trouvay tous les
-pois extremement mols, ceux qui étoient sans eau avoient rendu du suc
-presque assez pour les couvrir, & ils avoient une couleur roussastre,
-& tant soit peu d'odeur, & de goût brûlé, les autres avoient conservé
-leur couleur verte, & avoient fort bon goust, mais moins haut que ceux
-qui êtoient sans eau; ayant fait fondre du beure frais, je trouvay à
-mon gré, que les pois sans eau dans cette sauce, navoyent pas le goust
-trop fort, & qu'ils estoient meilleurs que les autres; si on vouloit
-pourtant il seroit bien aisé de les faire moins cuire, ceux cy ayant
-souffert autant de chaleur qu'il en faudroit pour ramolir des os,
-quelques pois que j'avois mis avec les gousses se trouverent fort
-bons & tendres, excepté le parchemin qui n'êtoit point du tout changé
-nonobstant cette grande chaleur.
-
-Cette experience semble prouver que l'eau empesche l'empyreume, mais je
-croy que toute autre chose que l'eau qui auroit remply les interstisses
-entre les pois l'auroit aussi bien empesché, parce que j'ay éprouvé
-assez long-temps depuis qu'ayant mis des grozeilles vertes dans les
-mêmes marmittes de verre sans eau; mais ayant seulement pilé les unes
-& laissé les autres entieres, il arriva qu'ayant poussé la chaleur
-jusques à faire exhaler la goute d'eau en 3. secondes, & la pression
-dix fois plus forte que la pression de l'air, les grozeilles entieres
-avoient acquis beaucoup d'empyreume, quoy que leur verre fust beaucoup
-vuide, & qu'ainsi elles n'eussent pas souffert une grande pression; au
-lieu que les autres qui remplissoient tout exactement de leur propre
-suc, avoient fort bon goust & rien de brûlé; je conseillerois donc
-pour cuire parfaitement bien les pois, de remplir les espaces qu'ils
-laissent entr'eux avec du suc d'autres pois, qui en auroit déja tout le
-goût, & ainsi il ne l'osteroit point aux autres.
-
-Cette experience fait voir que plusieurs digestions se peuvent faire
-dans cette machine, bien mieux que de la maniere ordinaire, où l'on
-est obligé de laisser beaucoup de place vuide, ce qui fait que les
-substances sont plus sujettes à se brûler; cecy pourroit aussi fournir
-des conjectures sur la nature de l'empyreume; mais il vaut mieux
-attendre que l'on ait fait d'avantage d'experiences.
-
-
-
-
-CHAPITRE III.
-
-EXPERIENCES POUR LES VOYAGES PAR MER.
-
-
-_EXPERIENCE PREMIERE._
-
-LA plus grande incommodité des gens qui font de grands voyages sur
-Mer vient selon l'opinion la plus commune, de ce que les viandes dont
-on se nourrit ayans esté gardées long-temps salées ont perdu toutes
-leurs parties les plus spiritueuses, & volatiles, & ainsi les parties
-terrestres & grossieres qui restent, ne sont propres qu'à former un
-sang terrestre & grossier, qui donne le Scorbut; il y a donc apparence
-que les gelées estans composées de parties volatilles & aisées à
-digerer, sont propres à corriger ce deffaut des viandes salées; mais
-pour l'ordinaire elles sont si cheres & si difficiles à faire, qu'il
-est rare d'en avoir sur mer, cela m'a fait croire qu'il seroit bon de
-donner un moyen d'en faire par tout facilement & à bon marché, j'ay
-donc travaillé pour cela.
-
-Le 18. Juin j'ay pris des os de bœuf qui n'avoient jamais esté
-boüillis qui estoient fort secs, & du plus dur endroit de la cuisse, &
-les ayans mis dans une petite marmitte de verre avec de l'eau, je les
-enfermay dans le Bain Marie avec une autre petite marmitte de verre
-qui estoit aussi pleine d'eau & d'os de mesme maniere, sinon que dans
-celle-cy les os êtoyent des costes, & avoyent déja esté cuites, ayant
-poussé le feu jusques à faire exhaler la goutte d'eau en 3. secondes,
-& dix pressions, j'ostay le feu & les vaisseaux estans refroidis, je
-trouvay de fort belle gelée dans mes deux marmittes; mais celle dont
-les os êtoient des costes avoit la couleur un peu rougeâtre, ce qui
-pouvoit proceder de la partie moüelleuse; l'autre gelée estoit sans
-couleur & sans goust, comme la gelêe de corne de cerf, & je ne voy pas
-pourquoy elle ne feroit pas à peu prés le mesme effet, je puis mesme
-asseurer que l'ayant assaisonnée avec du sucre & du jus de limon, je la
-mangeay avec autant de plaisir, & n'en sentis aucune incommodité non
-plus que si c'eust esté de la gelée de corne de cerf.
-
-Quoy que cette experience soit particulierement à estimer sur la mer,
-elle ne laissera pas d'être aussi fort utile sur la terre, les gelées
-êtans par tout fort bonnes pour plusieurs maladies, il sera fort
-avantageux par tout d'en pouvoir facilement faire pour un sol, plus
-qu'on n'en pourroit achepter pour quinze.
-
-
-_EXPERIENCE II._
-
-IE remis des os crus de l'endroit le plus dur d'une cuisse de bœuf
-dans une de mes petites marmittes de verre, & dans l'autre je mis
-des os de poitrine de mouton qui avoient déja esté cuits; & qui
-n'estoient pourtant pas mols: les ayant enfermées toutes deux dans
-un mesme chassis; en sorte qu'elles n'êtoient pas plus serrées l'une
-que l'autre, & les ayant mises dans le Bain Marie, je poussay le feu
-jusques à faire exaler la goute d'eau en 9. secondes, mais alors il
-arriva que la soupape qui ferme le petit tuyau HH ayant manqué, parce
-que je l'avois garnie de cuir, l'eau du Bain Marie s'échappa toute avec
-une impetuosité qui m'êtonna d'abord, mais qui dura pourtant environ
-une minute à cause de la petitesse de l'ouverture.
-
-Je m'assure, que dans ce même temps là, l'eau dans les marmites se
-dilatoit aussi & s'en alloit par dessus les bords; car je les trouvay
-beaucoup vuidées, mais avec cette difference que dans celle où êtoient
-les os de mouton, la liqueur estoit une forte gelée, quoy que les os
-ne fussent pas encore attendris, sinon en quelques extremitez, & cette
-gelée ne pesoit que 2/7 moins que l'eau que j'y avois mise; au lieu que
-dans l'autre marmite les os n'estoient point du tout amolis, la liqueur
-point du tout gelée, mais seulement un peu êpaisse, & il y en avoit
-plus des 3/4 de perduë, quoy que cette marmitte eust les bords beaucoup
-plus hauts que l'autre.
-
-Cette experience me fit voir, 1º. Qu'il vaudroit toûjours mieux faire
-provision d'os de mouton que de bœuf. 2º. Que ce seroit inutilement
-qu'on essayeroit de faire par les voyes ordinaires de la gelée des os
-de bœuf, veu la grande chaleur qu'il faudroit, & la grande quantité
-d'eau qui se perdroit par l'évaporation. 3º. _Que la gelée consiste de
-parties bien plus difficiles à élever en vapeurs que celle de l'eau
-ordinaire._
-
-
-_EXPERIENCE III._
-
-LE vingt-troisiéme Juin je mis les os de bœuf dont je viens de
-parler dans la mesme marmitte, & le poids de l'eau estant double du
-poids des os, je mis des cartillages dans l'autre marmite avec aussi le
-double de leur poids d'eau, aprés avoir poussé le feu jusques à faire
-exhaler la goutte d'eau en 3. secondes, & la pression interieure 10.
-fois plus forts que la pression ordinaire de l'air, je laissay le feu
-encore quatre ou cinq minutes, & ensuite je l'ostay tout à fait; &
-les vaisseaux êtans refroidis je trouvay que les os estoient devenus
-mediocrement friables, mais l'eau n'êtoit pas assez épaisse pour être
-appellée gelée; je croy pourtant, que si ce qui s'éstoit évaporé dans
-la premiere coction y eut encore esté, la gelée auroit esté assez
-forte; Les cartilages dans l'autre marmitte êtoient presque absolument
-fondus, & faisoient une forte gelée depuis le fonds du verre jusques
-au milieu, mais le dessus n'estoit pas plus épais que la liqueur dans
-l'autre marmitte.
-
-Cette experience me fit juger, 1º. Qu'une livre d'os de bœuf
-pourroit faire environ deux livres de gelée. 2º. Qu'il vaudroit mieux
-faire provision de cartilages, parce qu'ils sont absolument glutineux,
-& se fondent tout à fait dans l'eau, mais comme elle est plus legere,
-elle surnage, & les cartillages demeurent au fonds, ne retenant entre
-leurs parties que quelque peu d'eau qui s'y est insinuée pour les
-dissoudre. 3º. _Que ce n'est que le ciment_ qui joint les parties des
-os qui se dissout dans l'eau pour faire la gélee, puis que les os en
-suite demeurent friables.
-
-
-_EXPERIENCE IV._
-
-LE 28. Juin j'enfermay des os dans mes deux petites marmittes de verre,
-dans l'une estoient des os de bœuf en plus grande quantité qu'il
-n'estoit necessaire pour faire de la gelée avec l'eau qui y estoit,
-dans l'autre c'estoient des os de mouton aussi en quantité plus que
-suffisante pour congeler l'eau où ils trempoient; Je poussay le feu
-jusques à faire exhaler la goutte d'eau en 3. secondes, & la pression
-interieure estoit 10. fois plus forte que la pression ordinaire de
-l'air; je continüay le feu de cette sorte prés d'un quart d'heure, &
-ensuite je n'éteignis qu'une partie du charbon, en laissant le reste
-pour entretenir la chaleur plus long-temps; mes vaisseaux estant
-refroidis, je trouvay de fort bon boüillon sans goût de brûlé dans
-mes deux marmites, mais pourtant il ne se gela point, ce que ie ne
-puis attribuer qu'au trop de cuisson, puisque dans les Experiences
-precedentes, avec moins d'os & moins de chaleur j'avois fait de la
-gelée.
-
-Cette Experience fait voir qu'il faudra bien prendre garde au degré
-de chaleur que l'on donnera pour faire une grande quantité de gelée,
-& que ce n'est pas assez qu'il n'y ait point de goût de brûlé, car il
-pourroit nonobstant cela y avoir eu beaucoup trop de chaleur, & pour
-trouver ce meilleur degré de chaleur, il faut plusieurs Experiences.
-
-
-_EXPERIENCE V._
-
-LE 29. Juin je mis des os de bœuf dans une de mes petites marmittes
-de verre avec égal poids d'eau; Dans l'autre je mis de l'yvoire le
-plus pressé qu'il me fut possible avec de l'eau pour remplir les
-interstices; Je poussay le feu jusqu'à faire exhaler la goutte d'eau
-en 6. secondes, & la pression interieure 12. fois plus grande que la
-pression ordinaire de l'air. J'ôtay alors le feu le plus vite qu'il
-me fut possible, & les vaisseaux étant refroidis, je trouvay que le
-vaisseau où étoit l'yvoire, s'étoit cassé, parce que l'yvoire qui y
-étoit pressée venant à s'enfler par la chaleur & par l'humidité, avoit
-eu plus de force que le verre; L'yvoire étoit devenuë friable: & dans
-l'autre marmite les os n'étoient pas encore ramolis qu'en quelques
-endroits des apophyses; la liqueur n'étoit pas non plus gelée excepté
-au fonds, mais le lendemain qu'il faisoit un peu plus froid je la
-trouvay gelée jusques au haut, & je la mis sur diverses plaques de
-verre afin de la faire seicher; Le lendemain premier de Juillet, quoy
-qu'elle eût été 24. heures à l'air pour évaporer l'humidité, je la
-trouvay encore liquide, à cause, comme je croy, qu'il faisoit un peu
-plus chaud; je m'en servis à coller un verre cassé qui depuis cela
-tient fort bien, & se peut rincer presques comme s'il n'avoit point
-esté cassé; mais à la longue l'humidité dissout cette colle.
-
-Cette Experience me fit iuger, 1º. que la chaleur que i'y avois
-employé, avoit peché dans le deffaut aussi bien que la precedente
-avoit peché dans l'excés, & qu'ainsi pour bien faire la gelée d'os,
-il faudroit pousser la chaleur environ comme dans la premiere ou
-dans la troisiéme experience. 2º. _Ie me confirmai dans la pensée
-que j'avois que c'est la colle des os qui se dissout dans l'eau pour
-faire la gelée._ 3º. _Ie trouvay qu'il faut extremement peu de parties
-congelantes pour coaguler l'eau; car quoyque celle-cy eust pu se
-congeler dans un grenier en esté; cependant quand elle fut seiche, il
-me resta si peu de colle que j'en fus surpris._ 4º. _Ie jugeay qu'il
-falloit bien peu de chaleur pour empescher ces sortes de congelations,
-& qu'ainsi selon l'apparence la qualité de gelée, à proportion de la
-matiere, se trouvera bien plus grande en hyver, qu'en esté._ 5º. _Que
-la congelation qui se fait de cette maniere est toute differente de
-celle qui se fait purement par le froid, puisque la glace flotte sur
-l'eau, mais la gelée va au fonds._
-
-Pour se bien servir de la colle dont ie viens de parler, il faut la
-conserver bien nette, & quand on la veut employer, en detremper un peu
-avec trois ou quatre gouttes d'eau nette, en frotter les bords du verre
-à recoller, & les rappliquer l'un contre l'autre, le plus exactement
-qu'on pourra; on en pourra faire de mesme à l'yvoire, à la porcelaine,
-& autres corps qui se cassent net.
-
-
-_EXPERIENCE VI._
-
-LE premier Iuillet ie remplis deux petites marmites de verre, dans
-l'une il y avoit une once de corne de cerf rapée, avec deux onces
-d'eau; Dans l'autre il y avoit une once d'os de merlan & deux onces
-d'eau, ayant poussé le feu iusqu'à faire exhaler la goutte d'eau
-en 7. secondes, & la pression interieure 12. fois plus grande que
-l'exterieure; i'otay promptement tout le feu, & les vaisseaux étant
-refroidis, ie trouvay une gelée extremement forte & belle dans la
-marmitte où étoit la corne de cerf, ie fis goûter cette gelée à une
-personne qui en fait fort souvent, & elle me dit qu'il faloit qu'il y
-eût dans celle-là quelque chose plus que dans la sienne, parce qu'elle
-y trouvoit beaucoup de goût & d'odeur, au lieu que la sienne estoit
-sans odeur & goût, ie n'attribuë cette difference qu'aux esprits & sels
-volatils, qui sont tous conservez par le moyen du Bain Marie fermé à
-vis, au lieu que par les voyes ordinaires ils se perdent; & cela donne
-lieu de croire que cette nouvelle sorte de gelée aura bien plus de
-vertu.
-
-La corne de cerf aussi n'avoit rien conservé de dur, au lieu que pour
-l'ordinaire elle se reduit en poussiere qu'on sent rude entre les
-doigts.
-
-_Dans l'autre marmite les os de poisson étoient tout à fait mols, mais
-la liqueur n'étoit point gelée; cependant étant mise à exhaler, il
-restoit de la colle, mais en petite quantité, & beaucoup moins forte
-que celle des os de bœuf._
-
-
-_EXPERIENCE VII._
-
-LE 2. Iuillet ie remplis deux petites marmites de verre, dans l'une ie
-mis 1/2 once de corne de cerf avec 2-1/2 onces d'eau; dans l'autre ie
-mis des os rapez aussi-bien que la corne de cerf avec mesme quantité
-d'eau à proportion; ayant poussé le feu iusques à faire exhaler
-la goutte d'eau en 5. secondes, & 10. pressions: J'ôtay tout fort
-promptement; le lendemain matin mes vaisseaux étant refroidis, ie
-trouvay que dans la marmite où étoient les os, la liqueur étoit peu
-épaissie; dans l'autre il y avoit une bonne gelée, mais beaucoup
-moins forte, que celle de l'Experience precedente: Ie la fis chauffer,
-& si-tost qu'elle fust fonduë, ie la passay & la pressay le mieux
-que ie pus, & ie mis le marc seicher; _ce marc au bout de huit jours
-étant tout à fait sec, s'est trouvé peser encore 2-3/4 drachmes: De
-sorte qu'il n'étoit sorti de parties congelantes de la corne de cerf
-que 1-1/4 drachmes, & cela avoit suffi pour congeler 2-1/2 onces de
-liqueur, qui sont 16. fois plus._
-
-La liqueur qui avoit passé se gela en fort peu de temps, & parut bien
-plus forte, que n'est la gelée ordinaire; si bien que je croy qu'on
-peut assurer qu'une quantité de corne de cerf suffit pour faire du
-moins 5. fois aussi pesant de gelée, & peut-estre qu'en pratiquant on
-trouvera quelque degré de feu propre pour en faire bien davantage;
-mais quand on ne feroit que je viens de dire, toûjours cela seroit-il
-fort considerable, puisque par les voyes ordinaires on auroit prés de
-la moitié moins de gelée & moins bonne, & il faudroit beaucoup plus
-de feu, de temps & d'eau douce qui est de consequence sur la mer; car
-quoy qu'il faille de l'eau pour faire de la gelée à ma maniere, cette
-eau n'est pas perduë, & elle demeure toute dans la gelée; au lieu qu'à
-la maniere ordinaire il s'en évapore bien plus des trois quarts, &
-l'épargne du temps & du feu sera encore plus considerable.
-
-
-_EXPERIENCE VIII._
-
-AYant trouvé par l'Experience precedente que la corne de cerf faisoit
-une si grande quantité de gelée en comparaison des os, ie voulus voir
-si cela ne venoit point de ce que le degré de feu avoit esté propre
-pour la corne de cerf, & pas assez fort pour les os; Je reïteray donc
-cette Experience avec les mesmes circonstances, sinon que cette fois
-ie poussay la chaleur iusques à faire évaporer la goutte d'eau en 4.
-secondes, & mes vaisseaux estant refroidis, ie trouvay que la gelée
-de corne de cerf estoit encore fort belle, mais la liqueur sur les os
-estoit peu épaissie; Ie trouuay pourtant de la gelée aprés avoir versé
-par inclination la liqueur qui surnageoit, mais cette liqueur pesoit
-plus d'une once; ainsi je iugeay que les os ne contiennent pas en effet
-à beaucoup prés autant de parties congelées, comme la corne de cerf en
-contient.
-
-Aprés avoir passé & exprimé les matieres de mes deux marmites, i'en
-garday les marcs séparément, chacun dans un verre bien fermé, crainte
-que l'humidité ne s'évaporast; & environ quinze iours aprés ie trouvay
-qu'ils s'estoient fermentez & avoient acquis une odeur & un goût de
-fromage de Parmezan, & fort propre à faire trouver le vin bon, en
-le mangant avec un peu de pain; Messieurs de la Societé Royale, le
-voyant ont iugé qu'il y a apparence que la corne de cerf en cet estat
-donneroit dans la distilation plus d'esprits, & plus facilement qu'elle
-ne fait d'ordinaire; Les os estoient fort semblables en tout à la corne
-de cerf, & mesme dans la suite il s'y forma des vers, ce qui n'arriva
-pas à la corne de cerf; de sorte que, comme on a remarqué d'ordinaire
-que c'est dans le meilleur fromage que les vers se forment le plûtost,
-il sembleroit que les os en cecy auroient quelque avantage sur la corne
-de cerf, en recompense de ce que la corne de cerf donne le plus de
-gelée.
-
-_Ayant trouvé de la difference dans la qualité de la gelée qu'on
-tire de differents corps, & dans la facilité de la tirer; & dans la
-force de cette sorte de colle, sçachant que d'ailleurs nos corps
-ne sont autre chose que des liqueurs congelées; je croy que si l'on
-entreprenoit de pousser la chose, & que l'on tirast des gelées de
-diverses parties d'un mesme animal, & qu'on en tirast aussi de divers
-animaux de mesme espece, mais d'âges differents, & qu'on en tirast
-aussi d'animaux de differentes especes, & de bien plus longue vie les
-uns que les autres, comme sont les cerfs & les lapins, & qu'ensuite
-on comparast les differentes proprietez de toutes ces colles les unes
-avec les autres: je croy, dis-je, que cela pourroit beaucoup aider à
-faire une meilleure Theorie que l'on n'en a jusques icy des causes de
-la durée de la vie, & cette Theorie pourroit avoir des suites bien plus
-importantes que la pluspart du monde ne croit._
-
-Toutes ces Experiences me font croire que si on veut conserver des os,
-des cartilages, des tendons, des pieds, & autres parties d'animaux qui
-sont assez solides pour se conserver sans sel, & dont on perd tous
-les ans dans Londres plus qu'il n'en faudroit pour fournir tous les
-vaisseaux que l'Angleterre a en mer; On pourroit avoir toûjours sur
-les vaisseaux des alimens plus sains, & bien meilleurs & à meilleur
-marché, que l'on n'en a d'ordinaire; Ie dis mesme que ces sortes
-d'alimens seroient moins embarrassans, parce qu'ils contiennent bien
-plus de nourriture à proportion de leur poids, comme nous avons veû
-manifestement dans la corne de cerf, qui aprés avoir fait cinq fois son
-poids de gelée (qui passe pour une chose fort nourrissante) se change
-encore presques tout en substance, fort semblable à du fromage dont on
-ne sçauroit manger qu'en petite quantité.
-
-
-_EXPERIENCE IX._
-
-LE 20. Juin je fis cuire deux maquereaux de la maniere que j'ay dite
-chap. 2. exper. 13. en sorte qu'ils avoient les os tendres, & j'en
-laissay un à l'air ouvert, & huit jours de temps chaud que je le
-garday, je vis qu'il ne se gatoit point, au lieu qu'un morceau de
-l'autre que je garday dans sa sauce, se gâta en trois jours.
-
-Je voulus ensuite voir si une cuisson ordinaire pourroit faire le mesme
-effet, & pour ce dessein le 26. Iuin je fis cuire un maquereau à la
-maniere ordinaire, & ayant voulu le faire seicher comme le precedent,
-je trouvay qu'il se gasta en moins de 4. jours; cela me fit croire que
-le Bain Marie fermé à vis pourroit estre utile pour seicher les alimens
-sans qu'il fust besoin de sel, & sans perdre le suc qui s'en évaporast;
-la viande ainsi conservée pourroit estre plus saine que la viande salée
-dont on se sert sur mer.
-
-
-_EXPERIENCE X._
-
-CETTE Machine estant si utile pour empescher l'évaporation de l'eau
-douce qui se fait en cuisson à la maniere ordinaire; Je voulus voir si
-elle ne pourra pas aussi en quelque occasion faire servir l'eau salée
-au lieu de douce, pour ce desseïn, je fis dissoudre une drachme de sel
-dans 40. drachmes d'eau (qui est à peu prés la mesme proportion de
-sel qui se trouve dans l'eau, à ce que m'a dit Mr. Boyle, & ayant mis
-deux onces de cette eau sur une once de pois secs dans une marmitte de
-verre, je les enfermay dans la Machine; Je poussay le feu jusqu'à faire
-évaporer la goutte d'eau en quatre secondes, avec dix pressions; les
-vaisseaux étant refroidis, je trouvay que les pois avoient imbibé toute
-l'eau, & estoient fort bien ramolis, & Mr. le Docteur King en ayant
-goûté les trouva de fort bon goust, & pas trop salez: Il y a bien de
-l'apparence que les féves & autres legumes seroient de mesme).
-
-Je croy donc qu'en fournissant de vivres les vaisseaux, on peut compter
-que les legumes changeront le double de leur pois d'eau de mer en eau
-douce, ou du moins la feront servir pour la nourriture, aussi-bien que
-si elle avoit esté douce, & cecy peut beaucoup diminuër la quantité
-d'eau douce dont il faut embarasser les vaisseaux; si on vouloit se
-servir aussi d'eau de mer pour cuire les pois à la maniere ordinaire,
-il arriveroit que l'évaporation ne dissipant que les parties aqueuses,
-les pois demeureroient extremement salez, outre que l'on ne pourroit
-jamais les bien ramolir.
-
-J'ay aussi essayé si l'eau de mer ne pourroit pas servir à faire de
-la gelée; je mis pour ce dessein de cette mesme eau salée dans une
-marmitte de verre avec poids égal d'os de mouton, & ayant poussé le feu
-comme à l'ordinaire pour faire la gelée d'os, je trouvay qu'à la verité
-j'avois de la gelée trop forte, mais beaucoup trop salée; la quantité
-de parties congelantes estant trop petite pour temperer la salleure de
-l'eau: Je croy donc qu'il faudroit mesler l'eau de mer avec le double
-d'eau douce pour faire de la gelée.
-
-
-
-
-CHAPITRE IV.
-
-EXPERIENCES POUR LES CONFISSEURS.
-
-
-_EXPERIENCE I._
-
-LE 27. Juin j'ay mis des cerises dans deux marmittes; aux unes j'ay mis
-de l'eau autant qu'il estoit necessaire pour les couvrir, aux autres
-je ne mis rien du tout, ayant poussé le feu jusques à faire exhaler la
-goutte d'eau en 40. secondes, & la pression interieure triple de la
-pression ordinaire de l'air, je trouvay mes cerises fort bien cuites, &
-beaucoup de jus à celles mesme à qui je n'avois rien ajoûté; celles à
-qui i'avois mis de l'eau avoient beaucoup plus de liqueur, mais elles
-avoient le goût bien plus fade que les autres.
-
-Le lendemain ie mis quelques-unes des cerises dont ie viens de parler,
-à seicher à l'air, & i'en remis quelques-unes avec des grosseilles
-vertes dans une marmitte de verre, afin de voir si une nouvelle cuisson
-les gâteroit; ie poussay le feu iusqu'à faire exhaler la goutte d'eau
-en 10 secondes, & la pression 8. fois plus forte que la pression
-ordinaire de l'air, & aprés tout cela ie ne trouvay pas que mes cerises
-fussent presque changées, & elles estoient encore aussi grosses & aussi
-entieres que devant que d'estre cuites. Je mis aussi quelques-unes de
-celle-cy à seicher; le lendemain je trouvay que toutes les cerises
-se seichoient sans se gâter, mais celles qui n'avoient été cuites
-qu'une fois & sans eau, se conservoient plus grosses que les autres,
-car celles qui avoient esté cuites deux fois, estant fort ridées &
-déja beaucoup plus petites que les autres avoient esté une fois plus
-long-temps à seicher.
-
-Cette Experience fait voir que quelques fruits peuvent sans danger
-demeurer fort long-temps sur le feu dans cette Machine aprés estre
-cuits, & pourtant cela leur oste la disposition qu'ils avoient
-auparavant à se pourrir, cela me fait croire que si les gens qui
-l'entendent faisoient à part du syrop dans lequel on put conserver
-en suite ces cerises, sans qu'elles se seichassent; on auroit une
-confiture, qui n'ayant point esté boüillie dans le sucre, conserveroit
-plus de goust du fruit, mais je croy qu'il faudroit que le sirop fust
-un peu plus épais qu'à l'ordinaire, à cause que l'humidité des cerises
-s'y mesleroit bien tost, & la rendroit plus liquide.
-
-On pourra trouver par experience quel degré de cuisson sera le plus
-propre pour mettre le fruit en estat de se conserver, sans luy changer
-beaucoup le goust.
-
-
-_EXPERIENCE II._
-
-LE 6. Juillet j'enfermay dans une marmitte de verre 5. onces de
-grozeilles vertes, & ayant poussé le feu jusques à faire exhaler
-la goutte d'eau en 15. secondes, je l'éteignis promptement. & les
-vaisseaux estant refroidis, je trouvay que mes grozeilles avoient
-rendu 1-1/2 once de liqueur assez épaisse, je mis quelques-unes de ces
-grozeilles à l'air, & elles se seicherent fort bien sans se gaster.
-
- [_Clearkake est une espece de gateau transparent fait avec de
- la cresme._]
-
-Cette experience me confirma dans la pensée qu'on pourroit faire des
-confitures qui conserveroient beaucoup du goust de fruit; & je croy
-qu'en mesme temps ce seroit une grande avance pour faire ce qu'on
-appelle des Clearcakes, parce que le suc qui est propre pour cela,
-conserve tout icy, & se retire beaucoup plus promptement, que par les
-moyens ordinaires.
-
-
-_EXPERIENCE III._
-
-LE 22. Juillet il y a bien trois semaines que j'avois enfermé des
-grozeilles vertes déja molles dans un grand verre, & j'y avois mis
-de l'eau soule de sucre pour remplir les intervalles, aujourd'huy
-voyant que ces grozeilles se fermentoient considerablement, parce
-qu'elles formoient quantité de bulles, j'en ay mis une partie avec
-de la liqueur dans une marmitte de verre, & l'ayant enfermée dans le
-Bain, j'ay poussé le feu jusques à faire exhaler la goutte d'eau en 6.
-secondes, & la pression 5. fois plus forte que la pression ordinaire
-de l'air: J'ostay le feu, & les vaisseaux estant refroidis, je trouvay
-mes grozeilles fort bien cuites, molles & bonnes, au lieu que la
-fermentation les avoit renduës dures & desagreables à manger.
-
-J'avois mis en mesme temps une autre marmitte pleine de grozeilles
-fraischement cüeillies, & j'y avois ajoûté 3. parties de sucre sur 5.
-de fruit, je trouvay que celles-cy aussi estoient fort bien cuites, &
-avoient fort bon goût, mais beaucoup plus doux que celles qui avoient
-esté fermentées.
-
-Aprés avoir laissé dix jours mes deux verres bien couverts, mais vuides
-de plus d'un tiers, i'ay veu qu'il ne se faisoit point de fermentation,
-mais que le fruit se moisissoit un peu dans le verre, dont les
-grozeilles n'avoient point esté fermentées; cela m'obligea à les mettre
-dans un verre plus petit, lequel en estant remply & bien fermé à vis,
-commença en moins de 5. ou 6. jours à se fermenter & à perdre un peu de
-suc par dessus les bords nonobstant la vis qui pressoit le couvercle.
-
-Le 30. Aoust i'ay ouvert ce verre que i'avois fermé à vis, & ayant
-mis une partie du fruit & du suc dans une petite marmitte de terre,
-& l'ayant enfermée dans le Bain Marie, i'ay poussé le feu iusques à
-faire exhaler la goutte d'eau en 6. secondes, & la pression interieure
-12. fois plus forte que la pression ordinaire de l'air, i'ay osté le
-feu incontinent, & les vaisseaux estant refroidis i'ay trouvé que ces
-grozeilles ainsi recuites avoient perdu beaucoup de leur douceur, mais
-qu'elles avoient pourtant un goust fort agreable, & qui plairoit
-peut-estre mieux que le doux, à bien des gens; ayant mis un peu de leur
-suc qui n'avoit point esté recuit dans une autre verre; ie les mis tous
-deux ensemble dans le vuide & ie vis que le suc recuit ne se fermentoit
-plus, parce qu'il ne ietta pas de bulles, au lieu que l'autre en ietta
-grande quantité.
-
-De tout ce que ie viens de dire, ie croy pouvoir conclure, 1º. que
-en conservant des fruits, comme i'ay dit au commencement, c'est à
-dire les faisant fermenter lentement dans des vaisseaux bien fermez,
-on sera toûiours prest d'en faire une bonne confiture à fort bon
-marché par le moyen du Bain Marie qui ramolira le fruit & empeschera
-l'évaporation des esprits dégagez par la fermentation. 2º. Il y aura
-moins de danger de moisi, quand les fruits seront ainsi cuits pendant
-leur fermentation. 3º. S'il se fait du moisi, on pourra le garantir
-en remplissant les verres & les fermant à vis. 4º. Si la fermentation
-recommence, on pourra encore l'arrester par une nouvelle cuisson.
-
-Il faudra pourtant continuër les experiences pendant un plus long temps
-que ie n'ay fait, afin de sçavoir iusqu'où cela ira.
-
-Je ne donne point icy la maniere de fermer les verres à vis, puisque
-c'est la mesme qui a esté décrite au premier Chap. pour la marmite, GG,
-& des gens qui en voudroient faire grand trafic, pourroient au lieu de
-verre se servir de grands pots de terre bien hauts.
-
-
-_EXPERIENCE IV._
-
-LE 17. & le 18. Aoust ie reïteray l'experience precedente, mais au lieu
-de grozeilles ie me servis de prunes, dont ie fis cuire par 3. diverses
-fois, & ie n'y remarquay rien qui vaille la peine d'être rapporté,
-sinon que les prunes cuites en se fermentant avec 1/4 ou 1/3 de sucre,
-acquierent un goust vineux, beaucoup plus fort & plus agreable que
-ne font les grozeilles, & ie ne doute point que bien des gens ne les
-preferassent à quelque confiture que ce puisse estre.
-
-Je remarquay aussi qu'en les distillant de la maniere que ie diray du
-rosmarin Chap.6. Exper.3. on en tire plus de suc & bien plus épais que
-quand on les fait cuire de la mesme maniere que les grozeilles dont ie
-viens de parler.
-
-
-
-
-CHAPITRE V.
-
-EXPERIENCES POUR FAIRE DES BOISSONS.
-
-
-_EXPERIENCE PREMIERE._
-
-LE vingt-deuxiéme Juillet il y avoit bien trois semaines que j'avois
-enfermé des grozeilles vertes déja molles dans un grand verre, &
-j'y avois mis de l'eau soule de sucre pour remplir les intervalles,
-aujourd'huy voyant que ces fruits se fermentoyent bien fort, j'en ay
-ôté une partie & de la liqueur aussi, & en ay rempli 4/5 d'une de mes
-petites marmittes de verre; ensuite j'ay pris de la liqueur pour
-remplir de même mon autre petite marmitte de verre, dans laquelle
-j'avois mis quelque peu de grozeilles fraiches; ayant ainsi enfermé ces
-deux marmites dans un même chassiz, & dans le même bain marie, j'ay
-poussé le feu jusques à faire exhaller la goutte d'eau en 2. secondes,
-& je l'ay continüé quelque temps de cette force la pression êtoit dix
-fois plus forte que la pression ordinaire de l'air; mes vaisseaux êtans
-refroidis, j'ay trouvé que les grozeilles qui se fermentoient avoient
-vüidé leur marmitte jusqu'à la moitié, & qu'elles êtoient fort brûlées,
-au lieu que les grozeilles fraîches, quoy qu'elles nageassent dans une
-grande quantité de liqueur qui se fermentoit, n'avoient presque pas
-vuidé leur marmitte, & ne sentoient pas le brûlé.
-
-Cette experience me fit juger, qu'en faisant du vin de cette maniere
-par infusion dans de l'eau sucrée, la force consiste bien plus dans les
-fruits, que dans la liqueur; & que la fermentation leur donne presques
-autant de force, que l'esprit de vin en a pour se dilatter, (voy. chap.
-6. exper. II.) Je pensai donc, que si on faisoit le vin avec les fruits
-seuls sans eau, on auroit une liqueur extremement forte; mais comme le
-suc des grozeilles de cette sorte, & de plusieurs autres fruits est
-trop épais pour se changer en vin à moins d'être cuit; je crus que
-le Bain Marie fermé à vis êtoit absolument necessaire pour attenüer
-ces sucs sans eau, & sans qu'ils s'évaporent, cela m'engagea à faire
-l'Experience suivante.
-
-
-_EXPERIENCE II._
-
-LE vingt-cinquiéme Juillet je mis des grozeilles vertes déja molles
-dans une marmite d'étain, & l'ayant enfermée dans le Bain Marie je
-poussay la chaleur jusques à faire evaporer la goutte d'eau en 3.
-secondes, & la pression 10. fois plus forte que la pression ordinaire
-de l'air; j'ôtay incontinent le feu, & mes vaisseaux êtans refroidis,
-je trouvay, que les grozeilles avoient rendu un suc fort rouge &
-que dans les endroits où elles s'étoient crevées contre la marmitte
-d'étain, elles avoient acquis une fort belle couleur de pourpre violet;
-_ce qui donna lieu à la premiere Experience pour les Teinturiers_.
-
-J'avois mis ce matin de ces même grozeilles cruës dans un verre bien
-fermé avec de l'eau saoule de sucre, & à present je mets une partie des
-grozeilles que je viens de cuire, dans un autre verre avec leur suc, &
-environ 1/4 de sucre afin de voir lesquelles se fermenteront le plûtôt.
-
-Le deuxiéme Aoust j'ay veu depuis 2. ou 3. jours les grozeilles
-se fermenter dans un autre verre aussi bien que dans l'autre, &
-aujourd'huy ayant mis du suc de mes deux verres chacun dans une
-bouteille; je les ay mises toutes deux ensemble dans le vuide; & j'ay
-veu, comme je l'attendois, que le suc des grozeilles cuites approchoit
-bien plus de la nature du vin, que celuy des grozeilles cruës; car il
-a esté bien plus de bulles, & il avoit aussi le goût bien plus picquant
-& spiritueux.
-
-Le troisiéme Aoust, j'ôtay les grozeilles de leur suc, & les pressay
-le mieux que je pus pour leur en faire rendre davantage: je mis tout
-ce suc dans une bouteille que j'ay toûjours gardée dépuis, les 2.
-ou 3. premiers jours elle boüilloit extremement fort, chassoit le
-bouchon de liege, & s'en alloit par dessus, quoy qu'elle ne fust pas
-pleine jusqu'aux 2/3: mais depuis cela elle s'est beaucoup moderée, &
-elle a presentement le goût fort bon & picquant; mais pourtant elle
-se fermente toûjours, la liqueur n'est pas encore bien éclaircie, &
-on void toûjours des bulles s'y former, quoy que ie la garde depuis
-six semaines; cela me fait croire que du vin de cette sorte, sera de
-tres bonne garde, & qu'on doit plustost apprehender qu'il ne soit trop
-long-temps à venir à sa perfection, que de le voir aigrir trop-tôt.
-
-Ie mis dans un autre verre le marc de ces grozeilles avec de l'eau &
-un peu de succre par dessus, en moins de 24. heures il commença à se
-fermenter bien fort, & en 15. iours de temps la liqueur estoit preste
-à boire & bien claire, mais elle n'avoit pas tant de force à beaucoup
-prés, que celle qui estoit sans eau, & ie croy aussi qu'elle se seroit
-bien-tôt aigrie; ie fis cette experience à veuë d'œil, & sans peser;
-mais ie iugeay que le marc estoit environ 1/2 du poids de l'eau & le
-sucre 1/8.
-
-Cette experience fait voir que par le moyen du Bain Marie, le même
-fruit peut servir à faire deux sortes de vin; l'un de bonne garde, &
-l'autre prompt à boire.
-
-
-_EXPERIENCE III._
-
-LE cinquiéme Aoust j'ay pris un peu du suc des grozeilles de
-l'experience precedente dans le temps qu'il se fermentoit le plus fort;
-& l'ayant mis dans une petite marmite de verre dans le Bain Marie,
-i'ay poussé la chaleur iusques à faire exhaler la goutte d'eau en 10.
-secondes, & la pression triple de la pression ordinaire de l'air; J'ay
-trouvé que ma liqueur avoit acquis un goust un peu approchant de ce
-que nous appellons en France du resiné, mais elle estoit fort agreable
-à boire, & propre à étancher la soif; pour sçavoir ensuite si cette
-liqueur avoit beaucoup changé, i'en mis dans un petit verre, & ie pris
-aussi de la liqueur de la bouteille d'où celle-cy avoir esté tirée, &
-la mis dans un autre verre & les ayant mises toutes deux en même temps
-dans le vuide, ie trouvay que la liqueur qui avoit esté mise au feu
-pendant sa fermentation, ietta moins de bulles que ne feroit de l'eau
-commune; au lieu que l'autre liqueur de la premiere suction se couvrit
-toute de bulles, & en suite s'éleva assez haut en escume.
-
-Cette Experience me fit croire 1. que la cuisson d'une liqueur qui
-se fermente, peut estre propre à luy oster promptement la mauvaise
-qualité d'engendrer des vents, & de donner la colique, 2. que cette
-liqueur ainsi cuite ne monteroit pas pourtant à la teste, comme fait
-le vin, parce que les esprits n'y sont pas si developpez que dans le
-vin; puisque le vin bout un peu à gros boüillons dans le vuide, & cette
-liqueur n'y bout point du tout, & n'y fait même que tres peu de bulles;
-3. que cette liqueur ne seroit pas suiette à s'éventer, puisque les
-esprits en sortent si difficilement; enfin i'ay du penchant à croire
-qu'elle fortifieroit & nourriroit beaucoup, puisque le pain qui est
-ainsi cuit pendant sa fermentation, passe pour le soûtien de la vie:
-Cependant il faut attendre l'experience avant que d'en pouvoir parler
-avec certitude; toûiours on peut dire que cette boisson ne sera pas
-long-temps à preparer.
-
-
-_EXPERIENCE IV._
-
-LE dix-septiéme Aoust ie pris du suc de prunes distillé de la maniere
-que ie diray chap. 6. exper. 3. comme il estoit plus épais que celuy
-qui se tire sans distillation, parce que celuy qui demeure toûiours à
-la chaleur avec le fruit, s'y attenuë continuellement; ie crus qu'il
-faloit plus de chaleur, pour le subtilizer; l'ayant donc enfermé à
-la maniere ordinaire dans une marmitte, & dans le Bain Marie; je
-poussay le feu jusques à faire exhaler la goutte d'eau en moins de 2.
-secondes, & la pression 12. fois plus forte que la pression de l'air;
-mes Vaisseaux estans refroidis, je trouvay contre mon attente que le
-suc estoit devenu presque tout solide dépuis le haut jusqu'au bas de la
-marmitte, & qu'il estoit changé en une substance noire & bruslée qui
-se pouvoit facilement écrazer entre les doigts; cependant il y avoit
-quantité de cavitez remplies d'une liqueur fort coulante, & qui avoit
-tant d'acrimonie que la langue la pouvoit à peine souffrir, de sorte
-que la chaleur avoit fait dans ce suc une separation approchante de
-celle que la presure fait dans le laict.
-
-Cette experience fait voir que l'excez de chaleur est à craindre, &,
-aussi que la cuisson des fruits tel que je l'ay décrite sera meilleure
-pour les boissons, que la distillation, quoy que celle-cy puisse estre
-plus propre pour les confisseurs, pour les gellées Clearcackes, &c.
-
-Peut-estre pourtant qu'avec le temps ces sucs si épais feroient du vin
-plus fort que des sucs plus liquides; mais je crains qu'il ne falust
-plusieurs années pour en venir là.
-
-
-_EXPERIENCE V._
-
-LE dix-septiéme, & dix-huitiéme Aoust je garday des sucs tirez de
-prunes, pour faire les mêmes experiences que j'avois faites avec les
-sucs de grozeilles vertes, dont je viens de parler; mais je crois
-qu'il est inutile de les rapporter, puisque je n'y ay rien appris de
-nouveau, sinon que les prunes font un vin bien meilleur, & plus fort
-à mon gré que les grozeilles, & qu'aussi ayant mis dans une bouteille
-de suc nouveau fait, un peu de suc fait dépuis 10. iours, & qui se
-fermentoit bien fort, cela servit comme de levain pour faire fermenter
-cette bouteille beaucoup plus proprement qu'elle n'auroit fait sans
-cela.
-
-
-
-
-CHAPITRE VI.
-
-EXPERIENCES POUR LES CHYMISTES.
-
-
-_EXPERIENCE I._
-
-LE 13. Juillet Mr. le Docteur Slare membre de la Societé Royale eut la
-curiosité d'essayer si le Bain Marie fermé à vis ne pourroit pas servir
-à haster beaucoup l'extraction des teintures difficiles en Chymie; Pour
-ce dessein nous mismes dans une des petites marmittes de verre du sel
-de tartre avec de l'esprit de vin rectifié; dans l'autre nous mismes de
-l'ambre avec du mesme esprit de vin; nous poussâmes la chaleur jusqu'à
-faire exhaler la goutte d'eau en 3. secondes, avec 12. pressions, &
-je l'éteignis bien-tost aprés: les vaisseaux estant refroidis, il se
-trouva que dans le verre où estoit le sel de tartre, la teinture estoit
-aussi forte qu'on l'eust pû faire en un mois de temps par la maniere
-ordinaire, & elle avoit le goût lexivieux; dans l'autre marmite la
-teinture d'ambre étoit beaucoup plus forte qu'on n'a coûtume de la
-faire.
-
-
-_EXPERIENCE II._
-
-LE 15. Juillet Mr. le Docteur Slare eut encore envie d'essayer l'effet
-du bain Marie pour la teinture d'antimoine, nous allumasmes le feu
-environ à 10.-1/2 heures du matin; je poussay le feu jusques à faire
-exhaler la goutte d'eau en 2. secondes, & la pression interieure estoit
-12. fois plus forte que la pression ordinaire de l'air; J'ôtay une
-partie du feu, & la chaleur estant diminuée en sorte que la goutte
-d'eau ne s'exhaloit plus qu'en 3. secondes, le Bain Marie ne perdoit
-rien du tout, j'entretins le feu à peu prés de cette force jusqu'à
-1/2 heures; ensuite ie n'y regarday qu'un peu aprés 3. heures, & je
-trouvay mes vaisseaux fort refroidis, & le feu presque tout esteint:
-je le rallumay, & je poussay encore la chaleur jusques à faire exhaler
-la goutte d'eau en moins de 1-1/2 secondes, & il recommença à sortir
-quelque chose du Bain Marie par la petite soupape, & j'ôtay du feu en
-sorte que la goutte d'eau ne s'exhaloit plus qu'en 2. secondes, & le
-bain Marie cessa de s'en aller, je laissay éteindre le feu peu à peu,
-& ensuite ie trouvay que le vinaigre avoit tiré peu de la teinture
-d'antimoine, quoy que la chaleur eust esté plus forte & beaucoup plus
-longue, que pour la teinture du sel de tartre.
-
-Quelque temps aprés en vuidant la marmitte, je trouvay que le verre
-d'antimoine estoit venu tout en une masse, comme s'il eust esté fondu,
-& que le dessus estoit rouge, mais le fonds estoit noirastre, ce qui
-nous fit croire que la teinture avoit esté toute tirée, mais qu'elle
-s'estoit ensuite precipitée.
-
-Nous remarquasmes aussi une grande difference entre l'esprit de vin &
-le vinaigre distillé, c'est que la chaleur dans l'experience premiere
-avoit donné une si grande force à l'esprit de vin pour se dilater qu'il
-en estoit sorty une grande partie par dessus les bords de la marmitte,
-qui par ce moyen se trouva plus de demy vuide, & au contraire l'esprit
-de vinaigre s'estoit trouvé si peu capable de dilatation, que la
-pression dans le Bain Marie se trouvant autant ou plus forte que dans
-la marmite, elle ne se trouva point du tout vuidée, quoyque la chaleur
-eust esté plus grande que sur l'esprit de vin, & que la pression dans
-le Bain Marie eust esté égale dans l'une & l'autre experience.
-
-
-_EXPERIENCE III._
-
-LE 2. Aoust je mis du rosmarin dans une grande marmitte de verre
-longue, & il estoit soûtenu par un petit treillis de fer, en sorte
-qu'il s'en falloit un tiers qu'il ne touchât au fonds de la marmite;
-J'allumay ensuite le feu vers le haut de la machine, afin que le bas
-demeurant le plus froid les vapeurs du rosmarin peussent se condenser
-au fonds de la marmitte, je poussay la chaleur jusqu'à faire exhaler
-la goutte d'eau en 6. secondes sur le couvercle, mais le bas estoit
-presque tout froid; ie trouvay ensuite que le rosmarin avoit rendu un
-peu d'eau rouge, & de bonne odeur, environ le poids d'une drachme, &
-2. ou 3. gouttes d'huile essentielle qui avoit fort bonne odeur, &
-qui approchoit de la nature du beurre; estant plus épaisse que l'huile
-ordinaire; cette maniere de distiller a de l'avantage par-dessus la
-maniere ordinaire; 1. En ce qu'on n'est point en danger de rien perdre,
-2. En ce que les vapeurs sont plus faciles à pousser en bas qu'en haut,
-& qu'ainsi n'estant mise en agitation que par la chaleur innocente du
-Bain Marie, & tombans incontinent par leur poids, elles conserveront
-bien mieux leur nature, que quand elles sont exposées à un feu moins
-benin qu'il faut qu'elles en reçoivent une agitation capable de les
-élever à une hauteur considerable; ce qui ne se peut faire sans danger
-d'alterer leur nature, 3. Dans les distillations ordinaires il demeure
-toûjours beaucoup d'huyle attachée au chapiteau, & quj ne tombe point
-dans le recipient, au lieu qu'icy il n'y a point de chapiteau, le
-recipient faisant les deux offices, reçoit d'abord toutes les vapeurs
-qui sortent du mixte.
-
-Le Diaphragme dont je me suis servy pour ces distillations, est
-representé fig. 3.
-
-BB est le diaphragme fait de fils de fer.
-
-AA sont trois petits pieds pour soûtenir le diaphragme à quelque
-distance du fonds.
-
-CC est un autre fil de fer attaché au centre du diaphragme, & montant
-jusques vers le haut de la marmitte, afin que quand l'operation est
-finie, on puisse tirer par là le diaphragme & les matieres qui sont au
-dessus; & qu'ainsi la liqueur distillée demeure seule dans la marmitte.
-
-On pourroit aussi donner aux vaisseaux une figure circulaire; comme
-dans la quatriéme figure; car mettant une des extremitez dans le feu
-& l'autre dans l'eau, les vapeurs se viendroient condenser de ce
-costé-là, & les sels atils se pourroient attacher au milieu, comme ils
-font dans les distillations ordinaires.
-
-On pourroit aussi faire des vaisseaux tels que la cinquiéme figure
-represente, la marmitte bb, son ouverture II tout à fait hors du Bain
-Marie.
-
-On la pourroit emplir entierement de la matiere qu'on voudroit
-distiller; car appliquant à l'ouverture II un couvercle BB de
-profondeur raisonnable, toutes les vapeurs viendroient s'y condenser,
-& les matieres seroient soûtenuës par un diaphragme.
-
-Il faudroit que la marmitte fust fortement soudée au Bain Marie à
-l'ouverture SS, afin de retenir l'eau contenuë dans l'espace TTTT entre
-le Bain Marie & la marmitte.
-
-Il faudroit que le petit tuyau HH fust fermé à vis, & non par des poids
-comme vous voyez dans la figure.
-
-Il faudroit qu'il y eust quelque boëte de fer attachée au Bain Marie
-par des poids, comme vous voyez dans la figure, pour tenir le feu qui
-l'échaufferoit.
-
-Enfin il faudroit que le tout fust soûtenu presques en équilibre par
-les tourillons CC sur les deux piliers RRRR, afin de pouvoir aisément
-tourner la machine sans dessus dessous.
-
-Par ce moyen on s'épargneroit la peine d'ouvrir le Bain Marie, &
-ainsi il ne seroit point necessaire de le laisser refroidir, parce
-qu'on pourroit toûjours ouvrir la marmitte & la remplir de nouveau
-sans donner aucun lieu à l'eau de s'échapper de l'espace TTTT, & de
-plus le couvercle BB pourroit estre de verre, & ainsi on auroit moyen
-d'observer le progrez de la distillation.
-
-On pourroit aussi (pour les operations qui se doivent faire en grande
-quantité) enfermer 5. ou 6. machines de cette sorte dans un grand
-cercle de fer, & mettre le feu dans l'espace du milieu, & ainsi le
-mesme feu les échaufferoit toutes à la fois, & peut estre que par ce
-moyen avec du charbon de terre, on pourroit cuire le Pain fort bon
-& à bon marché; & quelque grande que fust la machine, on la pourroit
-toûiours tourner le haut en bas, à cause qu'elle seroit soûtenuë en
-équilibre, & ainsi on la pourroit vuider, & remplir assez facilement
-mais i'avouë que ie ne l'ay pas encore experimenté iusques là.
-
-
-_EXPERIENCE IV._
-
-LE 10. Aoust ie pris 3. onces de canelle, & les ayant disposées de
-mesme que le rosmarin dont ie viens de parler, ie poussay le feu
-iusqu'à faire évaporer la goute d'eau en 2. secondes, mais le bas de la
-machine trempoit dans de l'eau froide que ie renouvellois de temps en
-temps, si bien que il devint à peine tiede, i'eus à ce coup environ
-5. drachmes d'une liqueur blancheâtre avec quelques petites gouttes
-d'huile au dessus, il y avoit aussi un peu d'huile atachée aux côtez du
-verre & qu'on pouvoit détacher avec une lame de couteau, & on la voyoit
-ensuite nager sur la liqueur; Il y apparence que l'huile tirée de cette
-maniere n'est pas si pesante, que celle qu'on apporte des Indes, &
-se meslant avec le phlegme elle le rend ainsi blancheâtre; cependant
-le phlegme ainsi meslé d'huile a fort bonne odeur, & peut fort bien
-aromatiser, estant mis en plus grande dose que l'huile pure.
-
-
-_EXPERIENCE V._
-
-LE 12 Aoust ie mis de l'anis dans une de mes petites marmittes de
-verre, & des feüilles de rosmarin dans l'autre avec de l'eau qui les
-surnageoit un peu, mon dessein estoit de voir si l'huile essentielle
-ne se pourroit point extraire de mesme que la gelée des os, ie croyois
-que les parties de l'eau s'insinuans entre les parties des plantes,
-pourroient faire échapper l'huile qui ensuite se trouveroit au dessus
-de l'eau; ie poussay le feu iusques à faire évaporer la goutte d'eau
-en 10. secondes, puis ie l'éteignis incontinent, ie trouvay que mes
-matieres avoient bien meilleur odeur qu'auparavant, sur tout le
-rosmarin, mais ie ne trouvay point d'huyle.
-
-Le 13. Aoust ie reïteray la mesme experience avec du rosmarin dans une
-marmitte, & de la canelle dans l'autre. Je poussay le feu iusques à
-faire exhaler la goutte d'eau en trois secondes, & l'ôtay incontinent
-aprés; les vaisseaux êtans refroidis je trouvay que le rosmarin avoit
-plûtôt mauvaise, que bonne odeur; ce qui me fit juger que la chaleur
-excessive l'avoit gâté, au lieu que dans l'autre Experience une chaleur
-moins grande l'avoit rendu plus odoriferant, si bien que je ne sçay
-pas si par plusieurs experiences on ne pourroit point trouver un degré
-de chaleur propre à le rendre meilleur, & luy faire donner dans la
-distillation plus d'huile, & plus facilement qu'il ne fait d'ordinaire.
-
-La Canelle êtant un corps plus dur n'étoit point gâtée, mais il n'y
-avoit pas de profit à le preparer de cette maniere, à moins de sçavoir
-quelque degré de chaleur qui luy fut plus propre.
-
-Voilà tout ce que j'ay fait jusques icy sur la Chymie avec cette
-Machine; à quoy je croy pouvoir ajoûter qu'il y a tout lieu de croire
-qu'elle sera fort utile pour toutes les operations qui demandent un feu
-doux, & égal de tous côtez, parce que mettant le feu au bas & l'eau la
-plus chaude montant toûjours au dessus, la chaleur se communiquera par
-tout égallement; elle sera propre aussi pour conserver le même degré
-de chaleur pendant un fort long temps, parce que la grande quantité
-d'eau qu'il y aura à échauffer, empeschera que les inegalitez du feu ne
-soient si sensibles sur les matieres qui y sont enfermées; Par exemple;
-Si le feu vient à être plus fort à un temps qu'à l'autre, il arrivera
-que cette force du feu sera diminuée avant qu'elle ait pû faire
-d'effet considerable sur la Machine & toute l'eau qu'elle contient;
-de même quand le feu vient à étre moins grand qu'il ne devroit la
-chaleur ne laisse pas de se conserver long-temps dans la Machine; en
-sorte qu'on peut avoir le loisir de refaire du feu; Cette consideration
-m'avoit donné envie d'éclorre des poulets par ce moyen, & je ne doute
-pas que la chose ne pût fort bien reüssir; J'aurois voulu mettre la
-boule d'un Thermometre scellé hermatiquement sous une poule parmy les
-œufs, & le tuyau du Thermometre sortant assez loin hors du nid,
-auroit montré le degré de chaleur necessaire pour cette operation; En
-suite j'aurois enfermé le mesme Thermometre dans une Machine ajustée
-avec des fenêtres vitrées pour laisser voir ce qui se passoit au
-dedans, & ainsi on auroit pû voir quand le Thermometre seroit parvenu
-au même degré que quand elle êtoit sous la poule; & les œufs êtans
-ainsi enfermez dans des marmites de verre auroient esté faciles à voir,
-quand il en seroit sorty des poulets, comme cette operation ne demande
-ny beaucoup de pression, ny beaucoup de chaleur, on pourroit la faire
-dans des machines de plomb, qui pourroient être grandes & à bon marché.
-
-J'aurois voulu aussi essayer si la pression pourroit avancer la
-formation du poulet, aussi bien qu'elle avance la cuisson de la viande;
-mais j'ay abandonné ces desseins crainte de manquer de loisir pour en
-venir à bout.
-
-
-
-
-CHAPITRE VII.
-
-POUR LES TINTURIERS.
-
-
-_EXPERIENCE PREMIERE._
-
-PARCE que dans la seconde Experience du Chap. V. j'avois crû que les
-grozeilles vertes avoient tiré de l'étain une belle couleur de pourpre
-violet, je voulus voir si des grozeilles rouges ne feroient pas une
-couleur encore plus belle; ainsi le 3. Aoust, je mis plusieurs lames
-d'étain dans une petite marmite de verre avec des grozeilles rouges
-pilées; je poussay le feu jusques à faire évaporer la goutte d'eau en
-3. secondes, avec la pression interieure 12. fois plus grande que la
-pression ordinaire de l'air; je trouvay en suite que les groseilles
-rouges au lieu d'avoir fait une couleur plus belle, avoient une couleur
-pâle, & le fruit avoit beaucoup de goût de brûlé; J'avois mis en mesme
-temps dans l'autre marmite de verre des cerises noires, & je trouvay
-que le suc avoit aussi perdu beaucoup de sa couleur; cela me fit croire
-que le feu altere les couleurs des choses, sur lesquelles il agit, en
-donnant aux corps qui n'en ont pas, & l'ôtant à ceux qui en ont, & je
-croy que dans la 2. Experience du Chap. V. les grozeilles vertes qui
-s'êtoient crevées contre l'étain n'avoient pas plus de couleur que les
-autres, parce qu'elles avoient souffert plus de chaleur, Il y a donc
-apparence que par le moyen de cette machine qui fait si bien agir la
-chaleur sans dissiper les parties des corps; On pourra faire servir à
-diverses teintures des substances qui n'y êtoient pas propres par les
-voyes ordinaires.
-
-
-_EXPERIENCE II._
-
-LE quatriéme Aoust je pris du suc de limon & l'enfermay avec des
-lamines d'étain dans une petite marmite de verre & ayant poussé le feu
-jusques à faire évaporer la goute d'eau en 10. secondes, & la pression
-interieure seulement triple de la pression ordinaire de l'air, je
-trouvay que le suc de limon n'avoit point tiré de teinture de l'étain,
-quoy qu'il soit bien plus acide que les grozeilles vertes quand elles
-sont meures.
-
-Le 7. Aoust je reïteray la même experience avec le mesme suc de limon,
-& je poussay le feu jusques à faire évaporer la goute d'eau en trois
-secondes, & la pression 12. fois plus forte que la pression ordinaire
-de l'air; Je laissay un peu de charbon afin de conserver la chaleur
-plus long temps, & je trouvay que le suc de limon n'avoit point de goût
-de brûle, & qu'il n'avoit point tiré de teinture de l'étain, seulement
-il paroissoit un peu jaunâtre, ce qui me confirma que la couleur des
-grozeilles vertes, Chap. V. Experience II. n'avoit pas esté tirée de
-l'étain.
-
-J'avois mis en même temps dans une autre marmite des grozeilles
-écrasées, & je trouvay qu'elles avoient contracté un goût d'empyreume,
-si fort qu'on ne les pouvoit avaller, leur liqueur êtoit rougeâtre,
-& beaucoup moins belle que celle du Chap. V. Experience II. De sorte
-qu'il paroist que l'excez de chaleur peut beaucoup nuire; cette liqueur
-tachoit mes mains d'une couleur jaune que je ne pouvois faire passer en
-huit jours de temps, quoy que je n'épargnasse pas le savon.
-
-
-_EXPERIENCE III._
-
-LE seiziéme Aoust Monsieur Meres Teinturier à Londres m'apporta de la
-racine nommée _Rubea tinctorum_ en poudre; Nous en mismes dans deux
-marmites de verre avec des petits morceaux d'étoffe & de l'eau, & dans
-l'une nous melâmes un peu d'eau de vie, nous poussames le feu jusques
-à faire douze pressions & évaporer la goute d'eau en trois secondes,
-ce qui fut fait en 1/2 heure, & ayant incontinent osté le feu, nous
-trouvâmes que la couleur rouge étoit gâtée, & qu'elle tiroit sur le
-jaune; les morceaux d'étoffe étoient tout à fait gâtez & se déchiroient
-sans peine quoy que pour l'ordinaire on puisse faire boüillir cette
-étoffe trois heures sans se gâter. Cette experience nous fit croire que
-le _Rubea tinctorum_, ny les étoffes ne sont pas propres pour une si
-grande chaleur.
-
-Monsieur Meres eut en suite envie de voir si la cochenille pourroit
-donner toute sa couleur sans être morduë; Pour cét effet il mit trois
-grains de Cochenille, fort entiers dans trois onces & demie d'eau, &
-en même temps il mit dans l'autre marmitte de la Cochenille commune
-qui se vend huit fois meilleur marché que l'autre, à cause de cela il
-en mit environ huit fois plus à proportion de l'eau; ayant poussé le
-feu de même que dans l'experience precedente, nous trouvâmes que dans
-le premier verre il y avoit eu un des grains de Cochenille qui s'êtoit
-tout à fait dissout, & que les deux autres n'avoient plus du tout de
-couleur, mais qu'ils étoient noirs. La liqueur êtoit d'un beau rouge:
-mais dans l'autre verre la teinture êtoit bien plus forte.
-
-Cette experience fit voir qu'on peut par le moyen du Bain Marie fermé
-à vis, épargner toute la peine & le déchet qu'il y a à brayer la
-Cochenille, & que peut-être la Cochenille commune donneroit beaucoup
-plus de teinture qu'elle ne fait d'ordinaire.
-
-Je fis avec ces liqueurs une experience pour sçavoir si la Machine du
-vuide pourroit servir à faire penetrer les teintures dans les étoffes;
-Je mis un morceau d'étoffe dans une des liqueurs, & les ayant mis dans
-le vuide, je vis comme je l'attendois, qu'il sortit grande quantité
-d'air de l'étoffe, si bien que je croyois que la teinture entrant
-ensuite dans la place de cét air, se trouveroit avoir bien penetré par
-tout; cependant quand j'eus redonné l'air, & que l'humidité de l'étoffe
-eut esté exprimée, il se trouva qu'il n'y resta pas de couleur, ce
-qui me fit voir que ce n'est pas assez que la teinture s'insinuë entre
-les poils mesmes; & elle ne sçauroit s'y insinuer si les parties dont
-chaque poil est composé, ne sont rarefiées par la chaleur qui a bien
-plus de force pour cela, que le vuide.
-
-
-_EXPERIENCE IV._
-
-LE 18. Aoust ie mis deux morceaux d'étoffe de laine dans deux marmittes
-de verre, & ie versay sur l'un de la teinture de cochenille à bon
-marché, & sur l'autre du suc de prunes distillées de la maniere décrite
-chap. 6. exper. 3. ie ne poussay le feu que iusques à faire évaporer la
-goutte d'eau en quarante deux secondes & six pressions; ensuite i'ôtay
-vite le feu, craignant que l'étoffe ne fust gâtée; les vaisseaux
-estant refroidis, ie trouvay mes deux morceaux d'étoffe encore bons &
-bien teints, celuy qui estoit dans le ius de pruneaux aussi bien que
-l'autre, mais il estoit d'un rouge plus enfoncé & tirant sur le brun;
-le iu des pruneaux aussi avoit beaucoup changé de couleur, estant
-devenu rougeastre de violet qu'il estoit auparavant, il estoit aussi
-devenu plus liquide.
-
-Cette experience fait voir que le Bain Marie conservant longtemps les
-choses à la chaleur sans qu'elles se gastent, & retenant les plus
-subtiles parties qui s'exhalent d'ordinaire, sera propre à faire
-penetrer dans les étoffes des teintures, qui d'ordinaire sont estimées
-trop visqueuses, comme est le ius de pruneaux.
-
-Parce que pour les teintures on ne se soucie pas du goût, Mr. Meres
-croit qu'on n'auroit pas besoin de marmitte pour mettre dans le Bain
-Marie; ainsi ie croy qu'on pourroit laisser l'ouverture moindre que la
-cavité, comme vous voyez fig. 6. & il faudroit aussi suspendre cette
-machine en equilibre sur les tourillons CC, afin de la vuider & remplir
-facilement.
-
-Si on vouloit y teindre des étoffes, il faudroit que l'entrée HH fust
-du moins assez grande pour pouvoir introduire les pieces d'étoffe dans
-la cavité AA.
-
-
-
-
-CHAPITRE VIII.
-
-_EXPERIENCES SUR LES CORPS PLUS DURS, COMME L'AMBRE, L'YVOIRE, &c._
-
-
-J'Ay fait des experiences sur des corps plus durs, comme l'ambre,
-l'yvoire, la corne de bœuf, l'écaille de tortuë; mais comme ie n'y
-ay encore rien trouvé qui puisse estre utile dans la pratique, je ne
-veux pas ennuyer le lecteur en rapportant toutes les particularitez des
-experiences; Je me contenteray donc simplement de donner quelque peu
-d'observations qu'elles m'ont fourni.
-
-1º. Ie n'ay jamais pu fondre l'ambre, quelque degré de chaleur que
-j'aye employé, quoy que j'emplisse la Machine avec de la pois & du
-sable au lieu d'eau, & que je la fermasse avec 8. vis au lieu de 2.
-J'ay bien pû faire la separation de diverses substances dont il est
-composé, sçavoir de baume, des fumées, & des terrestreitez; mais tout
-cela ne se peut appeller de l'ambre fondu, puis qu'il n'a plus les
-proprietez de l'ambre, car si on dissout ces substances dans l'esprit
-de therebentine, elles ne sçauroient acquerir beaucoup de dureté, quoy
-qu'on fasse évaporer l'esprit; & une chaleur mediocre peut les ramolir,
-comme si ce n'estoit que la therebentine endurcie.
-
-2º. Mr. Boyle m'ayant donné de la gomme copal pour essayer ce qu'elle
-feroit, je trouvay bien à la verité qu'elle se fondit sans se gaster
-beaucoup: mais quand je voulus m'en servir pour faciliter la fonte de
-l'ambre, je n'y pus reüssir, j'ay voulu employer pour ce même dessein
-du mastik, de la gomme adragant, de la poix resiné, mais tout cela a
-été inutilement, si bien que je croy qu'on peut asseurer, que pour la
-fonte de l'ambre il faut une chaleur plus forte & plus prompte que
-cette Machine n'en peut donner.
-
-3º. Quoy qu'il semble que la corne de bœuf soit un corps plus gluant
-que les os, je n'ay jamais pu en tirer aucune gelée ny colle, quoyque
-j'aye remis la mesme corne trois ou quatre fois de suite dans la
-Machine sur le feu.
-
-4º. Je n'ay jamais pu prendre l'yvoire molle & pliante, quoyque je
-l'aye fait cuire de diverses manieres, & avec diverses liqueurs, comme
-sont la graisse, l'huyle, la bierre & l'eau, j'en ay tiré de fort belle
-gelée bien transparente, mais l'yvoire demeure cassante.
-
-5º. L'écaille de tortuë ne se sçauroit ramollir en boüillant dans
-l'huyle, mais dans l'esprit de vin elle s'enfle, & devient pleine de
-cavitez comme une éponge.
-
-6º. La corne de bœuf & l'écaille de tortuë ayant esté cuittes dans
-l'eau, a une chaleur capable de faire exhaler la goutte d'eau en 3.
-secondes, avec une pression interieure 12. fois plus forte que la
-pression ordinaire de l'air; elles deviennent si molles, qu'elles ne se
-rendurcissent point en 3. ou 4. jours de temps, & peut-estre que cecy
-pourroit être d'usage dans la pratique, & donner plus de commodité de
-mettre ces matieres en œuvres, que quand elles ne sont échauffées
-qu'à la maniere ordinaire; il faut pourtant avoüer qu'elles demeurent
-aprés cela plus cassantes qu'auparavant; & j'ay une fois veu deux
-pieces d'écaille de tortuë, qui en cuisant ensemble, s'estoient si bien
-collées l'une à l'autre, qu'elles se rompoient ailleurs, plûtost que de
-se des-unir.
-
-
-
-
-CHAPITRE IX.
-
-_CALCVL DV PRIX A QUOY DE BONNES & GRANDES MACHINES POURROIENT
-REVENIR, & DU PROFIT QU'ELLES POURROIENT APPORTER._
-
-
-PARCE que l'on objecte d'ordinaire contre les nouvelles Inventions, que
-la dépense ira plus loing que le profit qu'elles pourront apporter,
-j'ajoûteray icy un calcul de la dépense qu'il y auroit à faire pour
-de telles machines que celles que j'ay décrites, & du profit qu'on en
-tireroit.
-
-J'ay esté chez un Marchand de fer, & j'y ay fait peser un tuyau de fer
-de fonte qui avoit 6. pouces de diametre & 2. pieds de haut, il estoit
-sans doute assez fort pour resister à une pression interieure 20. fois
-plus forte que la pression ordinaire de l'air; cependant il ne pesoit
-que 57. liv. si bien qu'un autre tuyau de cette sorte qui auroit 12.
-pouces de diametre, & autant de force à proportion de sa grosseur ne
-peseroit qu'environ 228. liv. mais quand mesme un vaisseau de cette
-grandeur avec ses fonds peseroit 250. liv. il ne reviendroit toûjours
-pas à 29. livres tournois, puisque les marchands peuvent gagner en
-donnant cette sorte de fer pour 2-1/2 sols la livre.
-
-On pourroit faire user & ajuster le couvercle au vaisseau dans le lieu
-mesme où sont les forges, & où les ouvriers travaillent à bon marché, &
-ainsi cela se pourroit faire à moins de 20. sols pour chaque Machine.
-
-Les pieces de fer DD avec les quatre vis crainte que deux ne fussent
-pas suffisantes, & la verge de fer LM se pourroient faire à moins d'un
-écu, sur tout si on les faisoit à la campagne, & beaucoup à la fois.
-
-Ce ne seroit aussi que trop de donner un écu pour mettre le tuyau HH, &
-y aioûter la soupape.
-
-On pourroit aussi avoir la marmitte GG de fonte, de fer, de verre ou de
-pots de grais pour moins de 4. écus, & elle seroit assez forte & assez
-grande pour contenir 8. livres d'eau, i'avouë pourtant qu'il seroit
-difficile de faire un verre si grand, mais au lieu d'un, on en pourroit
-faire trois ou quatre, pour mettre l'un sur l'autre dans le mesme
-chassis. On peut donc asseurer qu'un marchand pourroit avec bon profit
-vendre de telles marchandises à seize écus la piece toutes prestes & en
-bon estat.
-
-Une Machine telle que ie viens de décrire feroit plus de 50. liv. de
-gelée à la fois, & elle pourroit faire son effet du moins deux fois en
-24. heures; car i'ay éprouvé que ma grande Machine qui a six pouces
-de diametre, peut en moins d'une heure acquerir toute la chaleur
-necessaire pour faire de la gelée d'os. On peut donc asseurer qu'on
-pourroit faire du moins 110. liv. de gelée par iour avec une machine de
-12 pouces de diametre.
-
-Or dans Paris, où quelques Traitteurs tiennent toûjours de la gelée
-prête pour ceux qui en veulent achepter; On la vend communement vingt
-sols la livre: mais dans Londres où l'on n'en fait que quand on la
-demande, les Apoticaires la vendent deux Chelins; ce seroit donc rendre
-un bon service au public, si quelqu'un entreprenoit de fournir la gelée
-à 4. sols la livre; Cependant un homme pourroit à ce prix-là faire par
-jour pour environ vingt livres tournois de gelée avec telle machine.
-
-Le feu ne coûteroit pas six sols, & on auroit aussi les os, & un peu de
-corne de Cerf à bon marché, n'êtant pas necessaire de les raper, il ne
-faut pas non plus beaucoup de sucre pour la gelée, mais supposons que
-la dépense monte à huit livres tournois par jour, il restera toûjours
-quatre écus de profit pour le Maître de la Machine, & ainsi en quatre
-jours de temps, il pourra être remboursé de la dépense de l'achapt, &
-un homme seul pourroit faire travailler cinq ou six machines à la fois,
-& les employer pour divers usages, dont quelques-uns seroient peut-être
-de plus grand profit que de faire de la gelée; Il ne faut donc point
-douter, que ceux qui auront les avances necessaires pour travailler à
-bon escient à ces sortes de choses, y pourront faire parfaitement bien
-leurs affaires, & en même temps rendre un service au public.
-
-
-
-
-ADVIS
-
-
-MOnsieur Edmond King Docteur en Medecine, & l'un des membres de la
-Societé Royale de Londres, ayant fait faire une de ces machines, pour
-plus grande commodité & seureté a fait ajuster la verge de fer LM avec
-une charniere à l'extremité L, afin qu'elle tombe toûjours juste sur le
-Tuyau HH, & qu'il n'y ait pas de danger que la soupape P glisse à costé
-& gaste l'operation: Il a aussi fait bâtir un fourneau de brique tout
-exprés: & ainsi j'ay eu depuis la commodité d'essayer si par ce moyen
-la dépense du charbon seroit moindre que dans le coin de ma cheminée
-(_voy chap. 1._) mais j'ay trouvé contre mon attente que la dépense
-de charbon est beaucoup plus grande dans son fourneau, dont je croy
-devoir attribuer la raison à ce que les charbons dans son fourneau ne
-touchent pas la machine, mais demeurent à quelque distance au dessous;
-de mesme que dans les fourneaux ordinaires à bain de sable les charbons
-ne touchent pas le pot, au lieu que dans ma cheminée le charbon touche
-la machine presque tout le long d'un costé, & ainsi la peuvent bien
-mieux échauffer. Il y a donc apparence qu'il vaudroit mieux faire les
-fourneaux en sorte que les charbons touchassent la machine tout le long
-d'un costé: il vaudroit mieux aussi les faire de plaques de fer, parce
-que les fourneaux de brique demandent beaucoup de feu pour estre tout à
-fait échauffez, à moins qu'on les fasse travailler continuellement.
-
-Cependant Mr. King a fait diverses experiences avec sa machine, ayant
-la commodité que le feu s'y allume sans qu'il soit besoin de souffler.
-Outre plusieurs bons plats de viande & de poisson, il a aussi preparé
-dîvers remedes, & a trouvé que dans cette machine l'operation se peut
-faire en moins de la dixiéme partie du temps qui est necessaire dans
-les autres fourneaux; & pourtant quelques unes de ces preparations sont
-beaucoup plus fortes que l'ordinaire.
-
-Nous avons veu qu'en hyver la corne de cerf estant boüillie avec douze
-fois aussi pesant d'eau, elle la change toute en gelée: les os font
-la mesme chose estant boüillis avec quatre fois aussi pesant d'eau,
-ce qui est du moins le double de ce que j'avois trouvé en esté. _A
-cette occasion je rapporteray deux autres effets qui ne se produisent
-pas également en hyver & en esté: la premiere est la fermentation des
-os dont j'ay parlé chap. 3. exp. 8._ qui ne se fait pas de beaucoup
-si bien dans le froid que dans le chaud; le second est la cuisson des
-viandes: car j'ay éprouvé avec ma machine que le mouton se cuit fort
-bien en esté avec 5. onces de charbon; mais en hyver il ne se peut bien
-cuire à moins de 6-1/2 onces.
-
-Nous avons veu qu'il n'est pas necessaire de mettre dans la machine
-toute l'eau qu'on veut congeler; mais mettant poids égal d'os & d'eau,
-aprês l'operation cette eau estant mêlée avec trois fois autant d'autre
-eau, la tourne toute en gelée; & ainsi la quantité de gelée qu'on peut
-faire avec une machine, & par consequent le profit qu'on en peut tirer,
-va bien plus loin que je n'ay dit dans le 9. Chapitre.
-
-J'ay trouvé qu'un vieux chappeau fort méchant & mal travaillé, estant
-penetré de gelée d'os, est devenu bon & ferme; en sorte qu'il y a
-apparence que si on se servoit d'une telle liqueur pour faire les
-chappeaux, ils seroient bien meilleurs que l'ordinaire.
-
-La machine de Mr King ayant déja donné lieu à ces experiences; Je ne
-doute pas que quand la chose sera devenuë commune, on en découvrira
-beaucoup d'autres usages en fort peu de temps.
-
-
-
-
-ADVIS
-
- _DE MONSIEVR COMIERS
- Prévôt de Ternant, Professeur des Mathematiques à Paris._
-
-
-LA Version du Livre Anglois de Mr Papin, est autant bonne qu'on la
-peut souhaitter: Mais comme ce docte Medecin François de naissance,
-& experimenté Philosophe Cosmopolite, que l'Academie nouvellement
-établie à Venise, pour perfectionner les Arts & les Sciences, a tiré
-d'Angleterre, ne fit que passer par Paris, & y salüer ses anciens amis;
-il n'eut pas le temps d'y faire construire sa _Machine pour amolir les
-Os, & faire cuire toutes sortes de Viandes en fort peu de temps, & à
-peu de frais_: plusieurs personnes n'ont peu y réüssir. Cela m'a obligé
-de donner au public la même Machine, renduë beaucoup plus facile, plus
-commode & plus asseurée, & telle que Mr Hubin Emailleur du Roy, & si
-connu parmy les Sçavans curieux, la fit construire au mois d'Avril
-dernier, avec laquelle il a le premier en France, montré par experience
-à la Cour, & à Mrs. de l'Academie Royale des Sçiences, tout ce que Mr
-Papin son ancien amy, avoit promis dans son livre imprimé à Londres.
-
-On connoistra par la seule inspection de ces figures, en quoy cette
-machine est plus facile, plus commode & plus seure, que celle de Mr
-Papin.
-
-La Figure premiere marquée par les lettres GG:FF, represente le
-Cylindre creux dans lequel on met cuire les Fruits, les Legumes, les
-Poissons, les Chairs, & les Os pour en faire de la gelée.
-
-Ce Cylindre creux est de Metal. Sa hauteur est d'un pied de Roy. Son
-diametre est de quatre pouces. Son rebord, ou cordon GG, est de quatre
-lignes d'épaisseur, & d'autant de sallie.
-
-La Figure II marquée H, represente un couvercle de fonte, de trois
-lignes d'épaisseur, un peu voutée, pour mettre sur le Cylindre creux
-GG,FF.
-
-La Figure III, marquée K, V, K: K, L, K, represente une espece
-d'Estrier de fer.
-
-La Figure IV, marquée N, est une Platine de fer, de quatre lignes
-d'épaisseur, pour mettre sur L, fonds de l'Estrier.
-
-La Figure V, marquée par les lettres KVK:GG.K:FF:K, represente le
-Cylindre creux GG:FF de la _Fig. I._ mis dans l'Estrier de _Fig. III_.
-On serre fortement le couvercle H, sur la bouche GG, du Cylindre creux
-par le moyen de la vis V, qu'on tourne avec le gros poinçon de fer Q
-qu'on voit dans la _Fig. IX_.
-
-La Fig. VI, marquée par les lettres BB:DD. est un Cylindre creux de
-fonte. Son rebord ou cordon BB a six lignes de hauteur & autant de
-sallie. Son fonds DD est épais d'environ quatre lignes, afin que par
-l'effort de la pression interne il ne bouge, la machine figure X
-estant mise sur les charbons ardents. La concavité de ce Cylindre BD.
-Fig. VI. à un pied & un pouce de profondeur, & cinq pouces & demi de
-diametre d'ouverture ou largeur pour recevoir toute la machine de la
-Figure V. laquelle est supportée au fonds DD sur un petit bourclet
-cercle ou couronne de paille.
-
-La Figure VII, marquée par les lettres _a_,T,_a_:AA. represente un
-Cylindre de fonte creux & renversé, pour servir de couvercle au
-Cylindre creux B, B: D, D. de la _Fig. VI_, ainsi qu'on le voit dans
-la _Fig. X_. Son diametre est égal a celuy du Cylindre creux BB. Sa
-hauteur est de deux pouces & demi. Son rebord ou cordon AA, est de six
-lignes de hauteur, & d'autant de saillie. Le Tuyau T est de fonte, &
-soudé au travers du fond _aa_, du couvercle _aa_:AA, son usage, est
-tel que Mr Papin l'a décrit.
-
-La Figure VIII, marquée Y, est une platine de fer de quatre lignes
-d'épaisseur, elle est un peu cambrée sur le milieu: Elle est aussi
-échancrée en Z, afin qu'en la mettant sur le fonds _aa_, du couvercle
-_aa_:BB, comme on le voit dans la _Fig. X._ elle reçoive le Tuyau T.
-Cette platine y sert à presser & joindre tres-fermement par le moyen
-des vis O, I. le couvercle _aa_: AA. avec le Cylindre BB:DD. comme il
-paroist dans la _Fig. X_.
-
-La Figure VIII, marquée par les lettres RC:OMI:ES est forgée en double
-Equerre, donc les deux extremitez sont forgées quarrément en crochets
-chacun de demi pouce de sallie en dedans. Ces crochets embrassent le
-corps du Cylindre, AA.BB. de la fig. VI. par dessous le rebord sallie
-ou cordon BB, comme le tout paroît dans la _Fig. X_. Enfin par le
-moyen des deux vis O: I. qu'on tourne avec le gros poinçon de fer Q
-_Fig. IX._ dans des écrous de la bande de fer CE, on serre, & on joint
-tres-étroitement le couvercle _aa_:AA de la _Fig. VII_, sur la bouche
-BB du Cylindre creux BB.DD de la _Fig. VI_, comme on voit le tout dans
-la _Fig. X_.
-
-Ce double Equerre RCES porte une petite boucle M, qui sert à acrocher,
-comme il paroist dans la _Fig. X_, le levier, verge, ou barre plate
-de fer MTX, laquelle par sa pesanteur, & par celle du poids P sert
-à presser le papier qu'on met sur le trou du tuyau T, pour le bien
-boucher, afin que pendant que la machine est sur les charbons ardens il
-n'en puisse rien échapper ou exhaler.
-
-Ce double Equerre à crochets a par tout un pouce & demi de largeur,
-& demi pouce d'épaisseur. Ses crochets RS ont du moins demi pouce de
-sallie en dedans. La largeur ou distance d'entre les deux barres plates
-CR:ES, est égale au diametre des rebords, sallies ou cordons AA.BB.
-qu'elles embrassent; mais la distance RS de l'extremité ou pointe d'un
-crochet à l'autre, est precisément de la largeur du diametre du corps
-du Cylindre BB:DD, qu'ils doivent embrasser au dessous du cordon BB,
-qui a de chaque costé un demi pouce de sallie. La hauteur inferieure
-de ce double Equerre RC, est d'environ quatre pouces, afin de pouvoir
-embrasser le cordon BB, tout le couvercle aa:AA, & la platine Y sur
-laquelle portent les pointes des vis OI, qui tournent dans des Ecrous
-de la partie horizontale CE du double équerre RC:OMI:ES.
-
-J'ay depuis remarqué qu'on peut encore rendre cette machine plus facile
-& de moindre dépense: en voicy la maniere. Faites que le Cylindre
-creux de fonte de la _Fig. VI_, marquée par les lettres BB:DD, soit
-assez profond pour recevoir entierement toute la machine de la _Fig.
-V_, marquée par les lettres KVK:GG.KFFK. Cela estant vous n'aurez pas
-besoin du couvercle, en Cylindre creux de la _Fig. VII_, marqué par
-les lettres _a_,T,_a_:AA: il suffira d'avoir une platine de metal de
-3, ou 4 lignes d'épaisseur, dont le diametre sera égal au diametre
-BB du Cylindre creux de fonte y compris son rebord, ou cordon. Cette
-platine servira donc de couvercle au Cylindre creux marqué AA:BB dans
-les figures VI & X. On soudera au travers de cette platine le Tuyau de
-fonte T. Ainsi on remplira d'eau tout à coup la machine AA:BB, laquelle
-estant couverte de sa platine, & sur icelle ayant mis l'autre platine
-échancrée yz de la _Fig. VIII_, on adjustera le doule Equerre marqué
-par les lettres C:OMIE:RS, &c.
-
-
-_Ceux qui souhaitteront avoir la Machine reduite dans toute sa
-facilité & de moindre dépense, telle que nous l'avons donné cy-dessus,
-s'addresseront au Sr HOVDRY, Maistre Fondeur, ruë de la Ferronerie._
-
-[Deux Planches illustrées]
-
-
- * * * * *
-
-
- Liste des modifications:
-
- Page 6: «CONNOISTE» remplacé par «CONNOISTRE» (POVR CONNOISTRE LA
- QUANTITÉ DE PRESSION.)
- Page 17: «prcisement» par «précisement» (Il ne sera pas besoin
- de sçavoir precisément)
- Page 18: «cuir» par «cuir» (pour cuire le bœuf)
- Page 22: «êrre» par «être» et «aurant» par «autant» (quoy qu'elles
- n'ayent peut être pas autant de rapport)
- Page 28: «EXPFRIENCE» par «EXPERIENCE» (EXPERIENCE V.)
- Page 30: «prtie» par «partie» (une partie de la viande)
- Page 41: «de de» par «de» (une quantité de charbon)
- Page 42: «dans dans» par «dans» (l'ayant mis dans dans deux marmittes)
- Page 43: «pûr» par «pût» (que la chaleur ne pût)
- Page 44: «cuir» par «cuire» (pour s'achever de cuire)
- Page 46: «marmirtes» par «marmittes» (deux petites marmittes de verre)
- Page 51: «pour pour» par «pour» (de grandes lumieres pour autres
- choses)
- Page 53: «EXPFRIENCE» par «EXPERIENCE» (EXPERIENCE XIV.)
- Page 66: «parrie» par «partie» (ce qui pouvoit proceder de la partie)
- Page 68: «que que» par «que» (il arriva que la soupape)
- Page 70: «mis mis» par «mis» (je mis les os de bœuf)
- Page 72: «les les» par «les» (qui joint les parties)
- Page 73: «me» par «mes» ( mes vaisseaux estant refroidis)
- Page 78: «au au» par «au» (mais la gelée va au fonds)
- Page 95: «ordinainaire» par «ordinaire» (la pression ordinaire
- de l'air,)
- Page 101: «uerre» par «terre» (une petite marmitte de terre)
- Page 103: «servit» par «servir» (se servir de grands pots)
- Page 114: «cuison» par «cuisson» (que la cuisson d'une liqueur)
- Page 125: «de de» par «de» (en danger de rien perdre)
- Page 132: «gou» par «goutte» (à faire exhaler la goutte d'eau)
- Page 142: «nou» par «nous» (nous trouvâmes que la couleur rouge)
- Page 161: «ponrtant» par «pourtant» (& pourtant quelques unes)
-
-
-
-
-
-End of the Project Gutenberg EBook of La maniere d'amolir les os, by Denis Papin
-
-*** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LA MANIERE D'AMOLIR LES OS ***
-
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-things that you can do with most Project Gutenberg-tm electronic works
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-paragraph 1.C below. There are a lot of things you can do with Project
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-works. See paragraph 1.E below.
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-is also defective, you may demand a refund in writing without further
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-interpreted to make the maximum disclaimer or limitation permitted by
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-provision of this agreement shall not void the remaining provisions.
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-Project Gutenberg-tm work, and (c) any Defect you cause.
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-Section 2. Information about the Mission of Project Gutenberg-tm
-
-Project Gutenberg-tm is synonymous with the free distribution of
-electronic works in formats readable by the widest variety of computers
-including obsolete, old, middle-aged and new computers. It exists
-because of the efforts of hundreds of volunteers and donations from
-people in all walks of life.
-
-Volunteers and financial support to provide volunteers with the
-assistance they need, are critical to reaching Project Gutenberg-tm's
-goals and ensuring that the Project Gutenberg-tm collection will
-remain freely available for generations to come. In 2001, the Project
-Gutenberg Literary Archive Foundation was created to provide a secure
-and permanent future for Project Gutenberg-tm and future generations.
-To learn more about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation
-and how your efforts and donations can help, see Sections 3 and 4
-and the Foundation web page at http://www.pglaf.org.
-
-
-Section 3. Information about the Project Gutenberg Literary Archive
-Foundation
-
-The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non profit
-501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the
-state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal
-Revenue Service. The Foundation's EIN or federal tax identification
-number is 64-6221541. Its 501(c)(3) letter is posted at
-http://pglaf.org/fundraising. Contributions to the Project Gutenberg
-Literary Archive Foundation are tax deductible to the full extent
-permitted by U.S. federal laws and your state's laws.
-
-The Foundation's principal office is located at 4557 Melan Dr. S.
-Fairbanks, AK, 99712., but its volunteers and employees are scattered
-throughout numerous locations. Its business office is located at
-809 North 1500 West, Salt Lake City, UT 84116, (801) 596-1887, email
-business@pglaf.org. Email contact links and up to date contact
-information can be found at the Foundation's web site and official
-page at http://pglaf.org
-
-For additional contact information:
- Dr. Gregory B. Newby
- Chief Executive and Director
- gbnewby@pglaf.org
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-Section 4. Information about Donations to the Project Gutenberg
-Literary Archive Foundation
-
-Project Gutenberg-tm depends upon and cannot survive without wide
-spread public support and donations to carry out its mission of
-increasing the number of public domain and licensed works that can be
-freely distributed in machine readable form accessible by the widest
-array of equipment including outdated equipment. Many small donations
-($1 to $5,000) are particularly important to maintaining tax exempt
-status with the IRS.
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-The Foundation is committed to complying with the laws regulating
-charities and charitable donations in all 50 states of the United
-States. Compliance requirements are not uniform and it takes a
-considerable effort, much paperwork and many fees to meet and keep up
-with these requirements. We do not solicit donations in locations
-where we have not received written confirmation of compliance. To
-SEND DONATIONS or determine the status of compliance for any
-particular state visit http://pglaf.org
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-While we cannot and do not solicit contributions from states where we
-have not met the solicitation requirements, we know of no prohibition
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-approach us with offers to donate.
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-methods and addresses. Donations are accepted in a number of other
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-Section 5. General Information About Project Gutenberg-tm electronic
-works.
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-Professor Michael S. Hart is the originator of the Project Gutenberg-tm
-concept of a library of electronic works that could be freely shared
-with anyone. For thirty years, he produced and distributed Project
-Gutenberg-tm eBooks with only a loose network of volunteer support.
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-Project Gutenberg-tm eBooks are often created from several printed
-editions, all of which are confirmed as Public Domain in the U.S.
-unless a copyright notice is included. Thus, we do not necessarily
-keep eBooks in compliance with any particular paper edition.
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-This Web site includes information about Project Gutenberg-tm,
-including how to make donations to the Project Gutenberg Literary
-Archive Foundation, how to help produce our new eBooks, and how to
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- sortes de viandes en fort peu de temps, &amp; à peu de frais, by Denis Papin</title>
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-
-<pre>
-
-The Project Gutenberg EBook of La maniere d'amolir les os, by Denis Papin
-
-This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with
-almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or
-re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included
-with this eBook or online at www.gutenberg.org/license
-
-
-Title: La maniere d'amolir les os, et de faire cuire
-toutes sortes de viandes en fort peu de temps, & à peu de frais.
-
-Author: Denis Papin
-
-Release Date: October 1, 2016 [EBook #53183]
-
-Language: French
-
-Character set encoding: UTF-8
-
-*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LA MANIERE D'AMOLIR LES OS ***
-
-
-
-
-Produced by Claudine Corbasson and the Online Distributed
-Proofreading Team at http://www.pgdp.net (This file was
-produced from images generously made available by the
-Bibliothèque nationale de France (BnF/Gallica) at
-http://gallica.bnf.fr)
-
-
-
-
-
-
-</pre>
-
-
-<hr class="full" />
-
-<div class="texte600">
-
- <p><a href="#tnote">Au lecteur</a></p>
-
- <p><a href="#table_des_chapitres">Table des chapitres</a></p>
-
- <div class="titlepage">
- <h1><span class="title1">LA</span><br />
- <span class="title2">MANIERE</span><br />
- <span class="title3">D’AMOLIR LES OS,</span><br />
- <span class="title1">ET</span><br />
- <span class="title4">DE FAIRE CUIRE TOUTES</span><br />
- <span class="title5">sortes de viandes en fort peu de</span><br />
- <span class="title5">temps, &amp; à peu de frais.</span></h1>
-
- <div class="description">
- <span class="line1"><i>Avec une description de la Machine</i></span><br />
- <span class="line2"><i>dont il se faut servir pour cét effet,</i></span><br />
- <span class="line2"><i>ses proprietez &amp; ses usages, confirmez</i></span><br />
- <span class="line2"><i>par plusieurs Experiences.</i></span>
- </div>
-
- <p class="title6">NOUVELLEMENT INVENTÉ.</p>
-
- <p class="title7"><i>Par M<sup>r</sup> PAPIN, Docteur en<br />
- Medecine.</i></p>
-
- <div class="figcenter2" style="width: 128px;">
- <img src="images/bandeau-7.jpg" alt="" title="" width="128" height="64" />
- </div>
-
- <p class="title8">A PARIS,</p>
-
- <p class="center">Chez <span class="estienne">ESTIENNE MICHALLET</span>, ruë<br />
- Saint Jacques, proche la Fontaine Saint<br />
- Severin, à l’image Saint Paul.</p>
-
- <p class="center">M. DC. LXXXII.</p>
-
- <p class="center"><i>Avec Aprobation &amp; Permission.</i></p>
- </div>
-
- <div class="figcenter" style="width: 600px;">
- <img src="images/image-1a.jpg" alt="" title="" width="600" height="179" />
- </div>
-
- <h2><span class="small90">A</span><br />
- L’ILLUSTRE SOCIETÉ<br />
- <span class="small90">DE LONDRES.</span></h2>
-
- <div class="imagelettrine" style="width: 75px">
- <img src="images/image-1b.jpg" alt="" title="" width="75" height="76" />
- </div>
-
- <p class="messieurs"><span class="firstletter">M</span><i>ESSIEVRS</i>,</p>
-
- <p class="margintop4"><i>Le favorable accüeil que vous faites à tous ceux qui suivant les
- Statuts &amp; les desseins de vôtre Illustre Societé, travaillent à
- augmenter les commoditez de la vie, &amp; à perfectionner la Science
- Naturelle, me fait prendre la liberté de vous offrir ces Experiences;
- j’avouë qu’il leur manque bien des choses, &amp; qu’elles ne sont pas
- dignes de paroistre devant une Compagnie aussi éclairée &amp; aussi
- considerable que la vôtre: Mais comme j’ay tâché de vous imiter, &amp; que
- je sçay que vous avez assez de bonté pour supporter les defauts de ceux
- qui cherchent les moyens de penetrer dans la connoissance de la nature,
- j’espere que vous accorderez à ce petit Traité la protection que je
- vous demande pour luy, &amp; que vous me ferez, la grace de croire que je
- suis avec respect &amp; estime</i>,</p>
-
- <p class="lsignature"><i>MESSIEVRS</i>,</p>
-
- <p class="rsignature">Vôtre tres-humble &amp; tres-obeïssant serviteur. ****</p>
-
- <div class="figcenter" style="width: 600px;">
- <img src="images/bandeau-1.jpg" alt="" title="" width="600" height="69" />
- </div>
-
- <h2><span class="big150">PREFACE.</span></h2>
-
- <p class="noindent"><img class="imagelettrine" src="images/image-2.jpg" width="100" height="107" alt=""/><span class="firstletter">L</span>’<span class="smcap">ON</span> a déja veu quelques experiences du Bain Marie fermé à vis,
- imprimées dans le livre de l’Illustre Monsieur Boyle des experiences
- Physicomechaniques, qui a paru l’an 1680. mais, comme ce livre là est
- Latin, &amp; qu’il ne donne ny la description de nôtre Machine, ny la
- maniere de s’en servir seurement, j’ay creu qu’il seroit à propos d’en
- faire un petit Traité à part pour l’usage des Peres de famille, &amp; des
- artisans qui pourront en avoir besoin, &amp; s’en servir avec une utilité
- merveilleuse.</p>
-
- <p>Davantage êtant tres-persuadé que cét écrit tombera entre les mains
- de plusieurs personnes qui ne liront jamais l’histoire de la Societe
- Royale de Londres, ny l’admirable Traité de Monsieur Boyle, touchant
- l’utilité de la Philosophie Experimentale; Je croy avoir trouvé une
- occasion tres-favorable pour détromper ceux qui croyent que c’est
- perdre son temps que de travailler à faire de nouvelles découvertes, &amp;
- que tout est déja trouvé. Pour refuter cette erreur je ne veux point
- sortir de mon sujet, &amp; même entre plusieurs Argumens qu’il me fournit,
- il me suffira d’en mettre un seul en usage; Je diray donc simplement
- que l’art de cuire les viandes est si ancien, que son usage est si
- universel &amp; si ordinaire, &amp; que la pluspart des nations de la terre
- ont travaillé avec tant de soin, &amp; si long-temps pour y rafiner,
- qu’il semble que s’il y en avoit quelqu’un au monde qui pust être
- porté au plus haut degré de perfection, ce devroit être celuy-cy.
- Cependant on ne pourra nier qu’il ne reçoive à present une augmentation
- considerable, puis que par le moyen de la Machine dont il s’agit icy,
- la Vache la plus vieille &amp; la plus dure se peut rendre aussi tendre &amp;
- d’aussi bon goust que la viande la mieux choisie; je dis de plus que
- la chose n’êtoit pas difficile à trouver: car on sçait que les corps
- les plus compactes êtant échauffez brûlent plus fort que ceux qui sont
- d’une consistence plus rare; que le fer rouge, par exemple, brûle plus
- fort que les charbons, il n’y avoit donc pas lieu de douter, que si
- on chauffoit de l’eau assez pour la faire boüillir, &amp; que pourtant on
- l’empeschât de se rarefier, comme elle fait en boüillant, cette eau
- ainsi pressée feroit bien plus d’effet que quand elle a la liberté de
- se dilater; Aussi-tôt que cette pensée me fut entrée dans l’esprit, en
- faisant pour Mr Boyle des experiences de compression, je crus la chose
- si assurée, que je ne la balançay point à en faire des experiences,
- cependant, quoy que cela fust si facile, personne que je sçache, n’y
- a pensé jusqu’à cette heure; Nôtre Siecle a produit bien des hommes
- qui ont fait &amp; font encore tous les jours des choses incomparablement
- plus difficiles: mais il paroît clairement qu’une seule personne ne
- peut pas tout découvrir; Il faut donc demeurer d’accord qu’on peut
- toûjours faire de nouvelles découvertes, &amp; qu’il y a dequoy occuper
- les esprits mediocres aussi bien que les plus grands; Tous ceux qui
- ont de l’inclination à l’étude de la nature, ne doivent point faire de
- difficulté de s’y appliquer, puis qu’ils ont lieu d’esperer que leurs
- peines seront recompensées par la gloire de ce plaisir qu’ils auront
- d’avoir trouvé quelque chose d’utile au public qui passera jusques à la
- posterité.</p>
-
- <div class="figcenter" style="width: 600px;">
- <img src="images/bandeau-2.jpg" alt="" title="" width="600" height="116" />
- </div>
-
- <h2 id="table_des_chapitres">TABLE<br /><span class="small90">DES CHAPITRES.</span></h2>
-
- <table style="width: 100%" summary="table_des_chapitres">
- <colgroup span="3">
- <col width="15%" />
- <col width="80%" />
- <col width="5%" />
- </colgroup>
- <tbody>
- <tr>
- <td class="tdltopnowrap">Chapitre I.</td>
- <td class="tdltop"><span class="dropcap">D</span><i><span class="smcap">E</span>scription de la Machine, avec les moyens
- de s’en servir seurement.</i></td>
- <td class="tdrtop"><a href="#ch_1">page 1.</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="tdltop">Chap. II.</td>
- <td class="tdltop"><i>Experiences pour les Cuisiniers.</i></td>
- <td class="tdrtop"><a href="#ch_2">pag.&nbsp;23.</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="tdltop">Chap. III.</td>
- <td class="tdltop"><i>Experiences pour les voyages de Mer.</i></td>
- <td class="tdrtop"><a href="#ch_3">pag.&nbsp;64.</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="tdltop">Chap. IV.</td>
- <td class="tdltop"><i>Experiences pour les Confisseurs.</i></td>
- <td class="tdrtop"><a href="#ch_4">pag.&nbsp;94.</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="tdltop">Chap. V.</td>
- <td class="tdltop"><i>Experiences pour faire des Boissons.</i></td>
- <td class="tdrtop"><a href="#ch_5">pag.&nbsp;105.</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="tdltop">Chap. VI.</td>
- <td class="tdltop"><i>Experiences pour les Chymistes.</i></td>
- <td class="tdrtop"><a href="#ch_6">pag.&nbsp;109.</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="tdltop">Chap. VII.</td>
- <td class="tdltop"><i>Experiences pour les Tinturiers.</i></td>
- <td class="tdrtop"><a href="#ch_7">pag.&nbsp;137.</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="tdltop">Chap. VIII.</td>
- <td class="tdltop"><i>Experiences sur les Corps les plus durs, comme l’yvoire,
- l’écaille de tortuë, &amp; l’Ambre,&amp;c.</i></td>
- <td class="tdrtop"><a href="#ch_8">pag.&nbsp;148.</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="tdltop">Chap. IX.</td>
- <td class="tdltop"><i>Calcul du prix à quoy de bonnes &amp; grandes Machines
- pourroient revenir, &amp; du profit qu’elles pourroient apporter.</i></td>
- <td class="tdrtop"><a href="#ch_9">pag.&nbsp;153.</a></td>
- </tr>
- </tbody>
- </table>
-
- <hr class="small2" />
-
- <p class="center"><i>Approbation des Docteurs en Medecine.</i></p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">V</span><span class="smcap">E</span>u le Raport de Messieurs Rainssant &amp; Leger qui ont leu &amp; examiné le
- Traité <i>de la maniere d’amolir les Os</i>, la Faculté consent qu’il soit
- imprimé.</p>
-
- <p>A Paris ce 6. Juillet 1681.</p>
-
- <p><span class="smcap">Lienard</span> Doyen de la Faculté de Médecine de Paris.</p>
-
- <p class="noindent br"><span class="dropcap">V</span><span class="smcap">E</span>u l’Aprobation, permis d’imprimer. Fait ce 8. Juillet 1681.</p>
-
- <p class="rsignature">DE LA REYNIE.</p>
-
- <p><span class="pagenum" id="Page_1">1</span></p>
-
- <div class="figcenter" style="width: 600px;">
- <img src="images/image-1a.jpg" alt="" title="" width="600" height="179" />
- </div>
-
- <h1 id="ch_1">TRAITÉ<br />
- <span class="small70">TRES-CURIEUX<br />
- ET UTILE<br /> POUR AMOLIR LES OS.</span></h1>
-
- <h2><span class="smcap">Chapitre Premier.</span></h2>
-
- <p class="schapitre"><i>DESCRIPTION DE LA MACHINE, AVEC LES MOYENS DE S’EN SERVIR SEUREMENT.</i></p>
-</div>
-
-<p class="sidenote"><i>Figure premiere.</i><br />AA.BB.</p>
-
-<div class="texte600">
- <p class="noindent"><span class="dropcap">E</span><span class="smcap">ST</span> un Cylindre creux fermé par en bas, &amp; ouvert par en haut.</p>
-
- <p>Est un autre Cylindre creux de mesme grosseur, mais plus court que le
- precedent, &amp; il luy sert de <span class="pagenum" id="Page_2">2</span> couvercle en appliquant leurs deux
- ouvertures l’une sur l’autre, comme on void dans la figure.</p>
-</div>
-
-<p class="sidenote">CC.</p>
-
-<div class="texte600">
- <p>Sont deux Appendices qui tiennent au Cylindre AA, comme les tourillons
- à un canon.</p>
-</div>
-
-<p class="sidenote">DDDD.</p>
-
-<div class="texte600">
- <p>Sont des pieces de fer, qui embrassent d’un côté les Appendices CC, &amp;
- de l’autre les barres de fer EE.</p>
-</div>
-
-<p class="sidenote">EE.</p>
-
-<div class="texte600">
- <p>Est une barre de fer qui entre dans les pieces DD, &amp; qui se peut ôter &amp;
- remettre facilement, quand on veut ouvrir &amp; fermer la Machine.</p>
-</div>
-
-<p class="sidenote">FFFF.</p>
-
-<div class="texte600">
- <p>Sont deux vis qui tournans dans des écrous de la barre EE servent à
- presser les Cylindres AABB, l’un contre l’autre.</p>
-</div>
-
-<p class="sidenote"><i>Fig. 2.</i> GG.</p>
-
-<div class="texte600">
- <p>Est un autre Cylindre creux de verre ou autre matiere, dans quoy l’on
- met les choses à cuire, &amp; l’ayant bouché avec un couvercle <span class="pagenum" id="Page_3">3</span> juste
- &amp; affermy dans un chassis par le moyen d’une vis comme la figure
- represente, on l’enferme dans les Cylindres AABB, qui doivent être
- pleins d’eau</p>
-
- <p>Pour se servir bien commodément de cette Machine, elle doit être
- posée sur un fourneau fait exprés, &amp; elle y doit enfoncer jusques aux
- appendix CC, le feu êtant en suitte allumé dessous &amp; les vis FF bien
- serrées, vous ferez cuire vos viandes si long-temps qu’il vous plaira,
- sans crainte qu’elles diminuent, ou que les esprits s’exhalent.</p>
-
- <p>Il faut remarquer, que je donne la Figure longue &amp; êtroite à cette
- Machine, afin qu’il ne soit pas besoin d’une si grande force pour la
- tenir fermée, car on sçait que plus une couverture est large, <span class="pagenum" id="Page_4">4</span> plus
- il faut de force pour empêcher que la pression du dedans ne souleve le
- couvercle.</p>
-
- <p>Il faut remarquer aussi que je donne de la profondeur au couvercle
- BB afin qu’êtant remply d’eau, il conserve toûjours de l’humidité à
- un cercle de papier percé au milieu, dont on doit garnir la jonction
- des Cylindres marquée II; car les deux Cylindres ne sçauroient s’uzer
- assez exactement l’un sur l’autre pour empescher des liqueurs pressées
- de s’échapper si on ne met du papier entre les deux Cylindres, &amp; le
- papier aussi quand il est sec ne ferme pas exactement l’un sur l’autre;
- Cependant la profondeur du couvercle BB doit être fort petite, afin que
- la Machine enfonçant presques dans le fourneau en puisse mieux recevoir
- <span class="pagenum" id="Page_5">5</span> &amp; conserver la chaleur.</p>
-
- <p>Cette Machine est sans doute fort simple, &amp; peu sujette à se gâter:
- Mais elle est incommode en ce qu’on ne regarde pas dedans si aysément
- que dans le pot ordinaire, &amp; comme elle fait plus ou moins d’effet
- selon que l’eau qui y est se trouve plus ou moins pressée, &amp; aussi
- selon que la chaleur est plus ou moins grande, il pourroit arriver
- quelquesfois que vous tireriez vos viandes avant qu’elles fussent
- cuites, &amp; d’autres fois que vous les laisserez brûler, ainsi il a fallu
- chercher des moyens pour connoistre, &amp; la quantité de pression qui est
- dans la Machine, &amp; le degré de chaleur.</p>
-
- <p><span class="pagenum" id="Page_6">6</span></p>
-
- <div class="figcenter" style="width: 600px;">
- <img src="images/bandeau-1.jpg" alt="" title="" width="600" height="69" />
- </div>
-
- <p class="schapitre"><span class="letterspacing1"><i>POVR <ins class="correction" title="CONNOISTE">CONNOISTRE</ins> LA QUANTITÉ DE PRESSION.</i></span></p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">I</span><span class="smcap">L</span> n’y a qu’à faire un petit tuyau ouvert des deux bouts comme HH,
- &amp; l’ayant soudé sur un trou fait au couvercle BB, il faut appliquer
- sur l’ouverture d’en haut de ce tuyau une petite soupape P, bien
- exacte, &amp; garnie de papier, &amp; en suite avoir la verge de fer LM dont
- un bout entre dans la piece de fer LZ qui est attachée à la barre EE,
- &amp; s’appuyant en suitte sur le milieu de la soupape P empesche qu’elle
- ne soit soulevée par la pression interieure, &amp; elle l’empesche plus
- ou moins selon que le poids N est plus ou moins <span class="pagenum" id="Page_7">7</span> avancé vers
- l’extremité M, comme dans les Romaines ordinaires.</p>
-
- <p>Crainte que la soupape P. ne demeurât à sec si-tost qu’il se seroit
- perdu un peu d’eau. Je prend un petit tuyau OO garny de chanvre, &amp; je
- l’enfonce dans le tuyau HH, en sorte qu’une de ses extremitez entre
- assez avant dans l’eau dont la Machine est remplie. Ainsi il arrive
- que si elle se vuide un peu, la pression interieure pousse pourtant
- toûjours de l’eau contre la soupape P, par ledit tuyau OO, ce qui la
- rend plus exacte, &amp; aide aussi à connoistre incontinent quand elle
- laisse échapper quelque chose.</p>
-
- <p>Le tuyau HH doit avoir peu de Diametre, afin qu’il ne soit pas besoin
- d’un fort grand poids <span class="pagenum" id="Page_8">8</span> pour le tenir fermé dans la Machine ou
- Bain Marie, dont je me suis le plus servy; ce tuyau a prés de <sup>2</sup>/<sub>5</sub> de
- pouce de Diametre, si bien que son ouverture est à une ouverture d’un
- pouce de Diametre comme 4. &amp; 25. êtant donc environ six fois plus
- petite, elle se peut fermer avec six fois moins de poids: Or selon
- les experiences de Monsieur Boyle, dans la premiere continuation
- des experiences Physicomechaniques, la pression ordinaire de l’air
- contre un trou d’un pouce de Diametre est d’environ 12. livres, &amp; par
- consequent il est d’environ 2. livres contre l’ouverture de mon petit
- tuyau; la verge LM dans la mesme Machine est de douze pouces de long,
- &amp; la distance depuis LL jusques à la soupape est d’un <span class="pagenum" id="Page_9">9</span> pouce; De
- sorte qu’ayant un poids d’une livre à l’extremité M il fait autant
- d’effet sur la soupape comme un poids de douze livres qui seroit
- directement dessus; &amp; ainsi il ne peut être soulevé si la pression dans
- le Bain Marie n’est six fois plus forte que la pression ordinaire de
- l’air. Ainsi quand un poids d’une livre est à l’extremité M, &amp; que la
- soupape P laisse échapper quelque chose; Je conclus que la pression
- dans le Bain Marie est environ huit fois plus forte que la pression
- ordinaire de l’air, puis qu’elle peut soulever, non seulement le poids
- qui resiste à six pressions, mais aussi la verge LM que j’ay éprouvé
- qui resiste à deux; &amp; ainsi en augmentant ou diminuant le poids ou en
- le changeant <span class="pagenum" id="Page_10">10</span> de place, je connois toûjours à peu prés combien la
- pression est forte dans la Machine.</p>
-
- <p>Ce mesme tuyau HH sert aussi à remplir le Bain Marie aprés que les vis
- FF sont serrées &amp; en suite j’y fais entrer le tuyau OO, qui le remplit
- juste pour la raison que j’ay dite cy-dessus.</p>
-
- <div class="figcenter3" style="width: 129px;">
- <img src="images/page-10.jpg" alt="" title="" width="129" height="123" />
- </div>
-
- <p><span class="pagenum" id="Page_11">11</span></p>
-
- <div class="figcenter" style="width: 600px;">
- <img src="images/bandeau-3.jpg" alt="" title="" width="600" height="73" />
- </div>
-
- <p class="schapitre"><span class="letterspacing1"><i>POVR CONNOISTRE LE DEGRÉ DE CHALEUR.</i></span></p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">J</span>’<span class="smcap">A</span>urois fort souhaité pouvoir faire une sorte de Thermometre marqué
- comme il faut pour faire connoistre precisément de combien la chaleur
- s’augmente ou se diminuë, &amp; je croy que par ce moyen en comparant les
- degrez de chaleur avec la quantité de l’effet qu’ils produiroient, on
- pourroit découvrir diverses choses sur la nature, &amp; de la chaleur,
- &amp; des choses surquoy elle agiroit, mais manquant de loisir &amp; des
- commoditez necessaires pour ce dessein, je me suis au lieu de cela
- servi d’un moyen fort simple, &amp; pourtant assez exact pour <span class="pagenum" id="Page_12">12</span> les
- usages dont je parle dans ce Traité; Je suspens proche de la Machine un
- poids à un fil d’environ trois pieds de long, afin que chaque vibration
- ou mouvement se fasse dans le temps d’une seconde ou environ; je mets
- ce pendule en mouvement, &amp; je laisse tomber une goutte d’eau sur le
- couvercle de la Machine, afin d’observer en combien de temps cette
- goutte d’eau s’évaporera: car je suis assuré que plus la Machine est
- chaude, &amp; moins le poids suspendu fait de tours &amp; retours avant que la
- goutte soit évaporée, il faut pourtant prendre garde, que le lieu où
- l’on met la goutte d’eau soit toûjours bien net, parce que un peu de
- graisse est capable d’empescher considerablement l’operation.</p>
-
- <p><span class="pagenum" id="Page_13">13</span></p>
-
- <p>Ayant ainsi moyen de mesurer les differends degrez de chaleur &amp; de
- pression qui sont dans la Machine, il est bien aisé de se regler pour
- ne faire que l’effet qu’on veut, pourveu qu’on ait une fois éprouvé
- avec quelle force la Machine agit: car on n’aura qu’à prendre environ
- la quantité de charbon, que l’experience aura fait connoistre la
- plus propre; la mettre dans le fourneau sous le Bain Marie; laisser
- les portes &amp; les registres du fourneau ouverts, jusques à ce que la
- chaleur soit parvenuë au point que vous voulez. En suite vous n’aurez
- qu’à fermer les portes &amp; les registres pour étouffer le feu, &amp; laisser
- refroidir les vaisseaux, il faut aussi avoir chargé la verge de fer LM
- autant qu’il est necessaire pour <span class="pagenum" id="Page_14">14</span> faire la pression qu’on veut, &amp;
- on sera asseuré, qu’en gardant ainsi toûjours la mesme regle, l’effet
- se trouvera toûjours à peu prés pareil; du moins puis-je asseurer que
- j’ay manqué fort souvent tandis que j’agissois au hazard, mais depuis
- que j’ay ainsi trouvé moyen de me regler, j’ay toûjours fait mes
- operations fort bonnes, à moins de quelque malheur; Il faut pourtant
- remarquer, que si on ne mettoit dans la marmitte GG que peu de viande
- en comparaison de ce qu’elle peut contenir, elle ne pourroit y faire
- autant de pression qu’il y en auroit dans le Bain Marie, (en effet)
- j’ay quelquesfois veu des marmittes cassées par l’eau du bain marie qui
- les environnoit, &amp; qui les pressoit plus fort qu’elles ne pouvoient
- soûtenir, &amp; <span class="pagenum" id="Page_15">15</span> ainsi le poids qui seroit sur la verge LM ne nous
- pourroit faire connoistre la pression qui seroit dans la marmitte, il
- vaudra donc toûjours mieux mettre un peu trop que pas assez de viande;
- ou bien si on veut faire tout exactement &amp; ne rien perdre, il faut
- suivre les directions que je donne au Chap. 2. Exper. 12.</p>
-
- <p>Comme il seroit difficile de se servir sur la mer de l’invention que
- j’ay décrite pour connoistre le degré de pression, à cause que le
- branle du vaisseau feroit remuer les poids &amp; ouvriroit la soupape P, il
- faut au lieu de cela laisser vôtre bain marie assez vuide, afin que la
- chaleur que vous avez dessein de donner fasse tout juste la pression
- que vous voulez. Par exemple, si vous voulez faire dix pressions, &amp; que
- la chaleur <span class="pagenum" id="Page_16">16</span> soit assez grande pour faire évaporer la goutte d’eau
- en cinq secondes, il faudra ne mettre dans le bain marie que <sup>7</sup>/<sub>8</sub> de
- l’eau qu’il peut contenir, &amp; prendre garde de ne pousser la chaleur que
- jusqu’où je viens de dire, &amp; vous serez asseuré, qu’il n’y aura eu dans
- le bain marie qu’environ dix pressions, comme vous pouvez voir Chap. 2.
- Exper. 16. On pourra par ce moyen se passer de la verge de fer, &amp; des
- points, &amp; serrer simplement la petite soupape P avec une vis, ce qui
- sera facile en faisant faire le petit tuyau HH de fonte avec de petits
- appendices, comme le Cylindre AR. seulement, il ne sera pas necessaire
- de faire icy les choses fortes à cause de la petitesse de l’ouverture.</p>
-
- <p>Il ne sera pas besoin de sçavoir <span class="pagenum" id="Page_17">17</span> <ins class="correction" title="prcisement">precisément</ins> toutes les
- differentes quantitez d’eau qui seront necessaires pour faire tous
- les differens degrez de pression, avec tous les differens degrez de
- chaleur, mais il suffira pour l’usage ordinaire d’avoir toûjours une
- mesme quantité d’eau dans le bain marie, &amp; trouver par experience quel
- degré de chaleur est necessaire pour chaque operation, avec cette
- quantité d’eau.</p>
-
- <p>J’aurois souhaitté de pouvoir faire les choses aussi bien comme elles
- sont icy décrites: j’aurois ainsi pû déterminer la quantité de charbon
- ou de bois qu’il faut employer pour chaque operation, mais dans
- l’incertitude de mes affaires je n’ay point voulu bâtir de fourneaux,
- &amp; je me suis toûjours contenté d’appuyer mes machines contre un coin
- de <span class="pagenum" id="Page_18">18</span> la cheminée, &amp; de mettre le feu dans ce mesme coin entre la
- cheminée &amp; la Machine.</p>
-
- <p>Il y a donc bien de l’apparence que la chaleur n’est pas si bien
- ménagée comme elle le pourra estre dans un bon fourneau, &amp; cependant
- je ne laisseray pas de donner icy le recit de diverses choses que
- j’ay déja faites avec cette Machine, parce que cela pourra toûjours
- beaucoup aider à trouver bien-tost la quantité de feu propre pour les
- autres Machines que l’on fera; &amp; je croy aussi que la proportion d’une
- operation à l’autre se trouvera la mesme; J’ay trouvé par exemple qu’il
- falloit <sup>2</sup>/<sub>7</sub> moins de charbon pour cuire le mouton que pour <ins class="correction" title="cuir">cuire</ins> le
- bœuf; ainsi quand on aura trouvé par experience, la quantité de
- charbon <span class="pagenum" id="Page_19">19</span> necessaire pour cuire le bœuf dans une Machine, on
- n’aura qu’à prendre <sup>2</sup>/<sub>7</sub> moins de charbon pour cuire du mouton dans la
- mesme machine, &amp; ainsi des autres operations.</p>
-
- <p>Mais avant que de commencer le recit des Experiences, je croy qu’il
- ne sera pas mal à propos de dire encore icy, qu’aprés avoir fait le
- premier bain Marie fermé à vis, je voulus en faire un autre fermé sans
- vis par le moyen d’une grande soupape ovalle qui s’applique en dedans,
- qui peut pourtant s’ôter tout à fait à cause de sa figure, ovalle
- comme il a esté dit pour le fusil à vent dans la 2. continuation des
- experiences Physico-mechaniques de monsieur Boyle publié cette année
- 1680. Ce bain Marie a six pouces de diametre, &amp; <span class="pagenum" id="Page_20">20</span> 18. pouces de
- haut, de sorte qu’on peut y faire entrer une marmitte de 4. pouces de
- diametre, &amp; 14. de hauteur, qui tient neuf ou dix livres de viande,
- mais la grande soupape ayant esté fonduë trop foible pour bien garder
- sa figure, le papier ne suffit pas pour la rendre juste, &amp; il faut
- toûjours y mettre du cuir, mais comme le cuir se cuit dans l’eau si
- chaude, il arrive qu’êtant reduit en boüillie la pression du dedans
- le chasse, &amp; ainsi l’eau s’échappe; Il m’est pourtant arrivé quelques
- fois, que quand le cuir étoit bon &amp; bien fort, j’ay cuit les plus gros
- os d’une jambe de bœuf sans brûler la viande, mais d’autres fois
- aussi il m’est arrivé que le cuir manquant trop tost, la viande se
- brûloit sans que les os se puissent cuire, cela fait <span class="pagenum" id="Page_21">21</span> que je me
- sers rarement de cette Machine, cependant si on la faisoit avec une
- soupape assez bonne pour la pouvoir garnir de papier, cette derniere
- maniere vaudroit peut-être bien l’autre; la raison est que les ressorts
- du fer se lassent, &amp; ainsi on est assujetty à resserrer les vis de
- temps en temps, mais dans cette derniere Machine, on seroit asseuré
- que plus la pression seroit forte au dedans, tant plus fort la soupape
- seroit fermée, neanmoins jusques à ce que les ouvriers soient mieux
- instruits à faire de ces sortes de soupapes, je conseilleray toûjours
- plûtost de fermer le Bain Marie à vis.</p>
-
- <p>Je croy que cecy suffit pour la description de la Machine, &amp; la
- maniere de s’en servir, je vais donner à present les experiences <span class="pagenum" id="Page_22">22</span>
- qui en feront connoître divers usages &amp; proprietez. Mais parce que
- quelques-unes des Experiences donnoient lieu à des observations de
- Physique, j’ay creu ne faire pas mal de les y joindre, quoy qu’elles
- n’ayent peut <ins class="correction" title="êrre">être</ins> pas <ins class="correction" title="aurant">autant</ins> de rapport qu’on pourroit le soûhaitter
- avec le sujet dont il s’agit: mais j’ay pris le soin de les distinguer
- par des caracteres differends, afin que ceux qui ne s’en soucient pas
- puissent sauter par dessus.</p>
-
- <div class="figcenter3" style="width: 129px;">
- <img src="images/page-10.jpg" alt="" title="" width="129" height="123" />
- </div>
-
- <p><span class="pagenum" id="Page_23">23</span></p>
-
- <div class="figcenter" style="width: 600px;">
- <img src="images/bandeau-3.jpg" alt="" title="" width="600" height="73" />
- </div>
-
- <h2 id="ch_2"><span class="smcap">Chapitre II.</span></h2>
-
- <p class="schapitre"><i>EXPERIENCES POVR LES CUISINIERS.</i></p>
-
- <p class="experience">EXPERIENCE PREMIERE.</p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> second Juin ayant remply ma marmitte d’une poitrine de mouton &amp; pesé
- huit onces de charbon j’allumay le feu; la chaleur parvint jusques à
- faire exhaller en 3. secondes de temps, la goutte d’eau que je mettois
- sur le couvercle, &amp; la pression en dedans êtoit environ 9. fois plus
- forte que la pression ordinaire de l’air: Je laissay éteindre le feu
- de luy mesme, &amp; les vaisseaux estans froidis je trouvay <span class="pagenum" id="Page_24">24</span> que le
- charbon qui restoit pesoit environ <sup>1</sup>/<sub>2</sub> once; si bien qu’il n’y avoit eu
- en tout que 6&nbsp;<sup>1</sup>/<sub>2</sub> onces de charbon consumées. Cependant la viande êtant
- tirée se trouva avoir du goût d’empyreume, &amp; le suc ne fit pas une
- gelée si forte de beaucoup que quand la viande n’est pas trop cuite.</p>
-
- <p class="experience">EXPERIENCE II.</p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> quatriéme Juin je reïteray la mesme Experience, &amp; je ne pris que
- 6&nbsp;<sup>1</sup>/<sub>2</sub> onces de charbon, mais je poussay la chaleur en soufflant; En
- sorte qu’une goutte d’eau s’exhalloit en moins de deux secondes,
- &amp; il ne resta pas tout à fait une demie once de charbon qui ne
- fust consumée; la pression êtoit un peu plus <span class="pagenum" id="Page_25">25</span> grande, que dans
- l’experience precedente; Je laissé encore êteindre le feu de luy-mesme,
- comme l’autre fois; cependant quoy que la quantité de charbon eût cette
- fois esté moindre la viande se trouva plus brûlée que l’autre à cause,
- comme je croy, que le feu avoit esté poussé tout vivement.</p>
-
- <p class="experience"><i>EXERCICE III.</i></p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> sixiéme Juin, je reïteray la mesme Experience, &amp; je ne mis que cinq
- onces de charbon, &amp; je ne poussay le feu que jusques à faire exhaler
- la goutte d’eau en quatre secondes, la pression interieure comme
- auparavant, &amp; alors le mouton se trouva fort bien cuit &amp; les os mols,
- &amp; le suc vint en une forte gelée. <span class="pagenum" id="Page_26">26</span> De sorte que depuis ce temps-là
- ayant eu diverses fois du mouton à faire cuire, j’ay toûjours gardé
- cette mesme regle, &amp; je n’ay jamais manqué à avoir mon mouton dans
- ce mesme êtat que je croy être le meilleur, parce que si la cuisson
- êtoit moindre, les os ne seroient pas bons, &amp; si la cuisson êtoit plus
- grande, la gelée estant moins forte, seroit aussi moins nourrissante;
- Je ne pretends pourtant pas dire, que la perfection en cette rencontre
- n’ait point d’étenduë, &amp; je croy qu’on pourroit cuire le mouton
- considerablement davantage sans que pour cela il fût gâté, mais j’aime
- toûjours mieux manquer dans le deffaut, que dans l’excez parce que si
- on le fait trop cuire, il n’y a plus de remede; au lieu que si quelque
- morceau d’os se <span class="pagenum" id="Page_27">27</span> trouve n’être pas assez cuit, il est facile de le
- remettre avec une autre potée!</p>
-
- <p class="experience"><i>EXPERIENCE IV.</i></p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> deuxiéme Juin je fis l’experience avec de la poitrine de bœuf, &amp;
- je pris 7. onces de charbon; je poussay le feu jusques à faire exhaler
- la goute d’eau en trois secondes, &amp; la pression du dedans êtoit environ
- neuf fois plus forte que la pression ordinaire de l’air, le charbon
- qui resta sans être consumé pezoit environ <sup>3</sup>/<sub>4</sub> d’onces, &amp; le bœuf
- se trouva fort bien cuit, il y avoit pourtant quelques endroits des os
- qui n’êtoient pas tout à fait bien cuits, je ne conseillerois pourtant
- pas de donner plus de feu que cela <span class="pagenum" id="Page_28">28</span> au bœuf, parce qu’il est
- toûjours bien aisé de recuire les os, j’ay mesme bien des fois mieux
- aimé ne faire cuire la viande qu’autant qu’il est necessaire pour la
- separer facilement des os, parce qu’en suite on peut faire cuire les os
- à part sans aucun danger, comme on le pourra voir par les experiences
- qui suivent.</p>
-
- <p class="experience"><i><ins class="correction" title="EXPFRIENCE">EXPERIENCE</ins> V.</i></p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> douziéme Juin je mis cuire du bœuf &amp; du mouton ensemble, &amp; je n’y
- employay que 3. onces de charbon, je poussay le feu assez vivement,
- &amp; pourtant je ne pus faire que trois pressions au plus dans le bain
- Marie, &amp; la chaleur ne parvint qu’à faire exhaler la goutte d’eau en
- 90. secondes; <span class="pagenum" id="Page_29">29</span> les vaisseaux etans presque refroidis, je trouvay
- le mouton assez cuit au gré de bien des gens, mais pour le bœuf
- asseurement tout le monde l’auroit trouvé trop dur; le suc qui en
- sortit ne tourna point en gelée, quoy que je n’y eusse point mêlé d’eau.</p>
-
- <p>Je croy que le peu de pression &amp; de chaleur en ce rencontre ne vint pas
- tant de manque de charbon que de ce que le bain Marie n’estoit pas bien
- ajusté, car j’ay remarqué depuis que <i>tant plus il est fermé, &amp; tant
- plus il requiert de chaleur, avec mesme quantité de charbon</i>.</p>
-
- <p>Le 13. Juin je reïteray la mesme experience, &amp; je mis dans la marmitte
- une partie de viande cruë, &amp; une partie de viande cuite, le jour
- precedent je ne <span class="pagenum" id="Page_30">30</span> pris que 4. onces de charbon, &amp; ayant poussé le
- feu le plus vivement qu’il me fût possible, je ne pus faire la pression
- dans le bain Marie qu’environ cinq fois plus forte que la pression
- ordinaire de l’air; la chaleur aussi ne parvint qu’à faire exhaler la
- goute d’eau en 40. secondes, le charbon qui resta sans être consumé ne
- pesoit que 2. drachmes, &amp; la viande se trouva parfaitement cuitte &amp;
- tendre, mais tous les os n’êtoient en aucune façon amollis, quoy que
- ceux qui avoient déja esté cuits le jour precedent eussent esté exposez
- au feu de 7. onces de charbon, 3. le premier jour, &amp; quatre le second
- jour.</p>
-
- <p>Le 15. Juin je reïteray la mesme experience, en mettant dans la marmite
- une <ins class="correction" title="prtie">partie</ins> de la viande <span class="pagenum" id="Page_31">31</span> qui avoit déja esté cuitte deux fois, &amp;
- aussi de la viande cruë, j’y employay 5. onces de charbon, mais je
- poussay le feu si lentement que la chaleur ne fut point assez grande
- pour faire exhaler la goutte d’eau en moins de deux minutes ou 120.
- secondes; aprés que le feu fût êteint, je trouvay que ma viande estoit
- bien cuite, &amp; que celle qui avoit esté exposée au feu de 12. onces de
- charbon êtoit encore fort bonne sans empyreume, &amp; les os point amollis;
- ainsi je trouvay qu’il estoit bien facile de cuire la viande sans les
- os, puis qu’on pouvoit la laisser au feu trois fois aussi long-temps
- qu’il estoit necessaire, sans que pourtant elle commmençast à se
- brûler.</p>
-
- <p><span class="pagenum" id="Page_32">32</span></p>
-
- <p class="experience"><i>EXPERIENCE VI.</i></p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">J</span><span class="smcap">E</span> fis en suite la mesme experience sur les os, &amp; le 16. Juin je pris
- les os de cette viande qui avoit ainsi esté cuitte trois fois plus
- long-temps qu’il n’estoit necessaire, &amp; les ayans mis dans une marmitte
- de verre avec de la graisse de mouton cuitte, &amp; toute pure, je les
- enfermay dans le bain Marie; &amp; ayant poussé la chaleur jusqu’à faire
- exhaler la goute d’eau en 4. secondes, &amp; la pression neuf fois plus
- forte que la pression ordinaire de l’air, j’esteignis bien-tost le feu,
- &amp; les os se trouverent cuits.</p>
-
- <p>Je remis une seconde fois ces mesmes os dans la mesme marmitte de verre
- avec la mesme graisse, &amp; j’y ajoûtay un nouveau <span class="pagenum" id="Page_33">33</span> morceau d’os, qui
- n’avoit jamais esté cuit, &amp; y ayant donné le feu comme auparavant, je
- trouvay que le nouveau morceau d’os estoit bien cuit, &amp; le reste point
- gâté.</p>
-
- <p>Le 17. Juin je remis encore les mesmes os, dans la mesme marmitte avec
- la mesme graisse, &amp; encore un autre morceau d’os qui n’avoit point esté
- cuit; &amp; ayant donné le feu comme auparavant, je trouvay encore mon
- nouveau morceau d’os fort bien cuit, &amp; le reste point gâté.</p>
-
- <p>Je reïteray encore la mesme experience avec les mesmes os &amp; la mesme
- graisse, mais cette derniere fois je donnay le feu, &amp; plus fort &amp; plus
- long temps; &amp; il arriva que les premiers os étoient presques tout en
- poussiere, &amp; sentoient le brûlé; qui ne <span class="pagenum" id="Page_34">34</span> paroissoit pourtant pas
- si desagreable que celuy de la viande l’est d’ordinaire: pour ce qui
- est de la graisse, elle n’avoit pas un fort bon goust, elle estoit
- seulement plus molle que d’autre graisse qui n’avoit esté cuite qu’une
- fois; je ne sçay pas si à force de la faire cuire on pourroit luy faire
- changer de nature: mais ie croy qu’il y faudroit plus de temps que ie
- n’y en pouvois donner.</p>
-
- <p>Les trois premieres cuissons rapportées dans cette experience me firent
- voir que les os aussi bien que la viande se peuvent cuire trois fois
- aussi long-temps qu’il est necessaire sans danger de se brûler, &amp; ainsi
- il est clair qu’en les faisant ainsi cuire separément les personnes les
- moins capables d’exactitude pourront en venir à bout.</p>
-
- <p><span class="pagenum" id="Page_35">35</span></p>
-
- <p class="experience"><i>PROPRIETEZ.</i></p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">I</span><span class="smcap">E</span> ne veux pas passer plus loin sans faire remarquer, que dans la 5.
- experience des os qui avoient esté exposez au feu de 12. onces de
- charbon ne paroissoient point amollis, quoy que 5. onces de charbon
- puissent suffire pour cét effet; cela fait voir que ce ne seroit rien
- de peser le charbon à moins de prendre garde en mesme temps de quelle
- maniere on pousse le feu: car on seroit toûjours en danger d’avoir la
- viande ou trop, ou pas assez cuite, &amp; on peut compter cecy pour une
- proprieté de cette Machine, que <i>plus on donne le feu à coup, plus il
- fait d’effet, avec la mesme quantité de charbon</i>.</p>
-
- <p>Cette experience me donna <span class="pagenum" id="Page_36">36</span> envie d’en faire voir un autre, afin
- de faire voir manifestement que la pression interne avance beaucoup
- en cuisson. Je pris donc deux petits vaisseaux tout à fait pareils
- bien fermez à vis; mais dont l’un estoit exactement soudé par tout,
- &amp; l’autre avoit un petit trou au couvercle pour laisser échapper les
- vapeurs; les ayant tous deux mis ensemble sur un mesme Bain de sable,
- apres les avoir remplis de viande &amp; d’eau de la mesme maniere, Je les
- laissay à mesme chaleur pendant trois quarts d’heure, &amp; les ayant ôtez
- tous deux ensemble, je trouvay que la viande qui avoit esté exactement
- fermée estoit plûtôt trop, que pas assez cuite, au lieu que l’autre
- êtoit de beaucoup trop cruë; On peut donc encore compter cecy par une
- des <span class="pagenum" id="Page_37">37</span> proprietez de cette Machine, que, <i>plus la pression interieure
- est grande, &amp; plus les choses s’y cuisent, dans le même temps &amp; avec la
- même chaleur</i>.</p>
-
- <p class="experience"><i>EXPERIENCE VII.</i></p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">A</span><span class="smcap">Y</span>ant trouvé de la difference entre la chair de bœuf &amp; celle de
- mouton, l’une êtant plus facile à cuire que l’autre; Je voulus voir
- s’il y en auroit aussi entre les chairs de mesme espece, mais de
- differends âges; Pour ce dessein le 4. de Juillet ie pris de l’agneau,
- &amp; en mis dans deux verres, dans l’un desquels ie mis de l’eau, &amp; comme
- il ne m’avoit fallu que 5. onces de charbon pour cuire le mouton, ie
- n’en pris que quatre <sup>1</sup>/<sub>2</sub> pour l’agneau, croyant qu’il devoit <span class="pagenum" id="Page_38">38</span> être
- plus tendre, ie poussay le feu le plus vivement que ie pus, &amp; ie ne pus
- faire que la goute d’eau s’évaporast en moins de 11. ou douze secondes,
- la pression interieure êtoit huit fois plus forte que la pression
- ordinaire de l’air; J’attribuë ce peu de chaleur en partie à ce que
- mon charbon avoit esté déia la plûpart allumé &amp; êteint, le feu s’êtant
- êteint peu à peu; Je trouvay qu’il ne restoit qu’une drachme de charbon
- qui n’eust pas esté consumée dans le verre sans eau les os n’estoient
- point amollis, sinon quelque petites extremitez: mais dans le verre
- avec de l’eau ils êtoient tout à fait mols, aussi il s’en falloit
- beaucoup que la viande n’y fust d’un goût si relevé que dans l’autre
- verre.</p>
-
- <p><span class="pagenum" id="Page_39">39</span></p>
-
- <p>Cette experience me fit iuger 1<sup>o</sup>. Qu’il ne faudroit gueres moins de
- feu pour les os des animaux jeunes, que pour les vieux. 2<sup>o</sup>. Que l’eau
- est un dissolvant propre pour ramolir les os, mais qu’elle oste du goût.</p>
-
- <p class="experience">EXPERIENCE VIII.</p>
-
- <p class="center"><i>Proprieté.</i></p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">A</span><span class="smcap">F</span>in de iuger à peu prés de la difference de cuisson qui arrive quand
- on laisse êteindre le feu peu à peu, ou quand on l’ôte tout, si tost
- que la chaleur est parvenuë au point où on la veut.</p>
-
- <p>Le 5. Juillet i’emplis encore mes deux marmittes de verre avec de
- l’agneau comme auparavant, &amp; ayant mis bien du charbon, ie poussay la
- chaleur iusques à faire exhaler la goute <span class="pagenum" id="Page_40">40</span> d’eau en trois secondes,
- &amp; incontinent j’ostay tout le feu; je trouvay que les os dans la
- marmitte sans eau estoient un peu plus cuits que dans l’experience
- precedente. &amp; dans la marmitte avec de l’eau, ils estoient tout à fait
- mols, &amp; la chair point brûlée; ainsi je trouve que <i>c’est à peu prés
- la mesme chose de pousser le feu de 4&nbsp;<sup>1</sup>/<sub>2</sub> onces de charbon jusques
- à faire exhaler la goutte d’eau en 10 secondes, &amp; en suitte laisser
- éteindre le feu peu à peu; ou bien de pousser le feu de 6. ou 7. onces
- de charbon jusques à faire exhaler la goutte d’eau en 3. secondes, &amp; en
- suite oster le feu tout à coup</i>; Il n’y auroit donc qu’à observer cette
- mesme proportion dans les autres generations; Par exemple, si j’avois
- à faire une operation à quoy il fallut une quantité <span class="pagenum" id="Page_41">41</span> <ins class="correction" title="de de ">de</ins> charbon
- qui fit exhaler la goutte d’eau en 20. <i>secondes</i>, &amp; laisser éteindre
- le feu peu à peu, &amp; que je voulusse gagner du temps; je mettrois un
- bon feu, afin que la chaleur vint jusques à faire exhaler la goutte
- d’eau en <i>six secondes</i>, &amp; en suite j’esteindrois le feu incontinent,
- &amp; ainsi des autres gardant la proportion de 10. à 3. j’avouë pourtant
- que cette regle n’est pas démontrée: mais aussi la chose ne requiert
- pas une exactitude Mathematique, <i>quand je ne dis rien de la pression
- interieure comme dans cette regle il faut entendre quelle doit
- tousiours estre égalle</i>.</p>
-
- <p class="experience"><i>EXPERIENCE IX.</i></p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> onziéme Juillet je pris un lapin, &amp; l’ayant mis <span class="pagenum" id="Page_42">42</span> <ins class="correction" title="dans dans">dans</ins> deux
- marmittes de verre, dont l’une estoit avec de l’eau, &amp; l’autre estoit
- sans eau, j’y fis le feu de cinq onces de charbon, &amp; ayant poussé la
- chaleur jusques à faire exhaler une goutte d’eau en 4. secondes, je
- laissay éteindre le feu peu à peu, mes vaisseaux estans refroidis, je
- trouvay que les os du lapin estoient bien cuits dans le verre où estoit
- l’eau, mais dans l’autre ils ne l’estoient point du tout, cependant la
- chair ayant esté assaisonnée avec du sel, du poivre &amp; du lard, êtoit
- aussi bonne qu’un pâté sçauroit être, mais dans le verre où êtoit l’eau
- elle l’êtoit beaucoup moins.</p>
-
- <p>Cette experience me fit voir que les os de lapin sont plus durs à cuire
- que ceux de mouton, &amp; elle me confirma que l’eau ayde beaucoup la
- cuisson des os.</p>
-
- <p><span class="pagenum" id="Page_43">43</span></p>
-
- <p class="experience">EXPERIENCE X.</p>
-
- <p class="center"><i>Proprieté.</i></p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">I</span><span class="smcap">E</span> pris un autre lapin, &amp; l’ayant enfermé comme le precedent, je fis
- le feu de 4&nbsp;<sup>1</sup>/<sub>2</sub> onces de charbon; mais le papier qui sert à rendre le
- couvercle juste ayant esté gâté la machine ne souffrit pas plus d’une
- pression en dedans à cause que l’eau s’échappoit; cela fut cause aussi
- que la chaleur ne <ins class="correction" title="pûr">pût</ins> se bien communiquer au couvercle; car quoy que
- dans cette experience la quantité de charbon fut plus grande, la goutte
- d’eau que ie mettois sur le couvercle êtoit 20. fois plus long temps
- à s’exhaler que dans l’experience precedente, si bien que l’on peut
- encore compter cecy <span class="pagenum" id="Page_44">44</span> entre les proprietez de cette Machine, que
- <i>plus la pression interieure est grande, moins il faut de charbon pour
- donner un certain degré de chaleur</i>, le lapin êtoit bien cuit, mais
- les os ne l’êtoient point du tout, pas mesmes dans le verre, où il y
- avoit de l’eau, sinon quelques-uns qui avoient déja esté au feu le jour
- précedent, &amp; que i’avois remis pour s’achever de <ins class="correction" title="cuir">cuire</ins>.</p>
-
- <p>Cette experience me fit voir que les os cuits, quoy qu’ils ne
- paroissent aucunement amollis, ont pourtant acquis une grande
- disposition à cela qui ne nous est pas sensible.</p>
-
- <p class="experience"><i>EXPERIENCE XI.</i></p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> 13. Juillet je pris un vieux lapin mâle &amp; domestique, <span class="pagenum" id="Page_45">45</span> qui
- d’ordinaire est un pitoyable manger, je l’assaisonnay &amp; le mis dans
- deux marmittes de verre, j’y fis le feu de 6. onces de charbon, je
- poussay la chaleur jusques à faire exhaler la goutte d’eau en moins de
- 4. secondes; la pression interieure êtoit environ six fois plus forte,
- que la pression ordinaire de l’air, je laissay éteindre le feu peu à
- peu, &amp; je trouvay mon lapin fort bien cuit avec les os mols, &amp; il avoit
- aussi bon goust que les jeunes lapins l’ont d’ordinaire, &amp; son suc se
- tourna en bonne gelée.</p>
-
- <p class="experience">EXPERIENCE XII.</p>
-
- <p class="center"><i>Proprietez.</i></p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> 18. Aoust je mis des pigeonneaux dans deux petites <span class="pagenum" id="Page_46">46</span> <ins class="correction" title="marmirtes">marmittes</ins> de
- verre, &amp; je les pesay toutes deux separement avant que de les enfermer
- dans leurs chassis, je poussay le feu jusques à faire exhaler la goutte
- d’eau en 5. secondes, &amp; la pression interieure 10. fois plus forte
- que la pression ordinaire de l’air; mes vaisseaux êtans refroidis, je
- trouvay que les deux couvercles êtoient pressez assez fortement contre
- leurs marmittes, ce qui faisoit voir qu’il y avoit de la rarefaction
- en dedans, &amp; qu’il en estoit sorty quelque chose, en suite les ayant
- seichées je les pesay separement, comme avant qu’elles fussent cuites,
- &amp; je trouvay que l’une (dans laquelle j’avois mis par poids <sup>1</sup>/<sub>8</sub> moins
- de viande, que l’eau qu’elle peut contenir) estoit exactement du mesme
- poids qu’auparavant, &amp; les os en <span class="pagenum" id="Page_47">47</span> étoient fort tendres, &amp; le suc
- bien congelé sans empyreume.</p>
-
- <p>L’autre marmitte (dans laquelle j’avois mis plus pesant de viande
- qu’elle ne pouvoit tenir d’eau) avoit augmenté ce poids &amp; le suc n’en
- estoit pas si bien gelé; il y a apparence que la grande quantité de
- viande dans cette marmitte, en se rarefiant avec trop de force avoit
- soûlevé le couvercle; en sorte qu’un peu d’eau du Bain Marie avoit pû
- s’y insinuer &amp; ainsi avoit augmenté le poids &amp; deleyé la gelée, au lieu
- que dans l’autre la rarefaction de la viande n’avoit pû faire autre
- chose que chasser un peu de l’air qui estoit au dessus sans soûlever
- presque le couvercle.</p>
-
- <p>Cette experience me fit juger qu’on peut compter entre les proprietez
- de cette Machine, <span class="pagenum" id="Page_48">48</span> que, <i>en cuisant des pigeonneaux avec une
- chaleur qui fasse exhaler la goutte d’eau en 5. secondes, &amp; la pression
- 10. fois plus forte que la pression ordinaire de l’air, il faut que
- le poids de la viande dans la marmitte soit <sup>7</sup>/<sub>8</sub> du poids de l’eau que
- la marmitte peut contenir. Par exemple 7. livres de viande dans une
- marmitte qui peut tenir 8. livres d’eau: car par ce moyen on fait
- la pression dans la marmitte, aussi forte que dans le Bain Marie, &amp;
- pourtant on ne perd rien</i>.</p>
-
- <p>On peut voir Experience XVI. que l’eau êtant prise dans le même poids,
- feroit aussi le même effet, &amp; ainsi cela pourroit faire croire qu’il
- en seroit à peu prés de mesme dans les autres corps pris en même
- poids, &amp; que ceux qui laisseroient davantage de vuide à cause de leur
- gravité <span class="pagenum" id="Page_49">49</span> specifique auroient aussi plus de force à proportion
- pour se dilater; mais ce seroit une grande méprise; car i’ay éprouvé
- au Chapitre sixiéme Experience 2. que l’esprit de vin qui a moins de
- gravité specifique, que le vinaigre, a pourtant bien plus de force pour
- se dilater beaucoup par la chaleur; Il faudra donc (si l’on veut estre
- exact à ne rien perdre, &amp; à faire la juste pression dans la marmitte)
- trouver par experience la force &amp; l’étenduë de la rarefaction des
- autres corps comme ie l’ay trouvée icy des pigeons, &amp; emplir la marmite
- suivant ce qu’on aura trouvé.</p>
-
- <p>J’avois mis en même-temps dans une autre Machine des mêmes pigeons à
- cuire; ie poussay la chaleur iusques à faire exhaler <span class="pagenum" id="Page_50">50</span> la goute
- d’eau en 3. secondes, mais la pression n’y étoit que 5. fois plus
- grande que la pression ordinaire de l’air; mes vaisseaux estans
- refroidis je trouvay que les os n’estoient pas tout à fait si mols, que
- dans l’autre Machine, quoy qu’ils eussent eu la chaleur plus forte; ils
- estoient pourtant mangeables presque tous.</p>
-
- <p>Cette experience me fit croire qu’on peut compter entre les proprietez
- de cette Machine, que <i>c’est presque la mesme chose de faire exhaler la
- goutte d’eau en 3. secondes, avec 5. pressions ou de la faire exhaler
- en 5. secondes avec dix pressions</i>. On pourroit ainsi trouver par
- experience, pour toute autre rencontre, que la quantité de pression,
- peut tenir lieu d’une certaine quantité de chaleur; &amp; si l’on avoit
- un Thermometre <span class="pagenum" id="Page_51">51</span> exact, comme j’ay dit au Chap. 2. on en tireroit
- peut-estre de grandes lumieres <ins class="correction" title="pour pour">pour</ins> autres choses.</p>
-
- <p>Cette experience fait encore voir, que les Bains Marie bien fermez pour
- soûtenir de grandes pressions, épargneront extremement le feu: car nous
- avons veu expos. 10. que plus la pression interieure est grande, &amp;
- moins il faut de charbon pour luy donner un certain degré de chaleur,
- &amp; à present nous voyons que ce degré de chaleur acquis avec moins de
- charbon fait pourtant bien plus d’effet, que quand l’on est obligé d’y
- employer plus de charbon faute de pression interieure.</p>
-
- <p><span class="pagenum" id="Page_52">52</span></p>
-
- <p class="schapitre">SUR LE POISSON.</p>
-
- <p class="experience"><i>EXPERIENCE XIII.</i></p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> quinziéme Juin j’ay pris un maquereau &amp; l’ay mis dans une marmitte
- de verre avec des grosselles vertes, j’enfermay la marmitte dans le
- Bain Marie, &amp; avec 4. onces, deux drachmes de charbon je poussay la
- chaleur, jusques à faire évaporer la goutte d’eau en 10. secondes,
- &amp; la pression au dedans étoit 7. fois plus forte que la pression
- ordinaire de l’air, aprés que le feu fût éteint, peu aprés je trouvay
- que le charbon qui restoit pesoit prés de 2. drachmes; le poisson
- estoit parfaitement bien cuit &amp; ferme, quoy que les arrêtes fussent
- si tendres, qu’on ne <span class="pagenum" id="Page_53">53</span> les appercevoit pas en les mangeant; avant
- d’estre cuit, il pesoit 9. onces, &amp; aprés être cuit il n’en pesoit
- plus que 7. si bien que j’eus environ 2. onces de bon suc qu’il auroit
- fallu jetter si mon poisson eut esté cuit comme à l’ordinaire; outre
- qu’il avoit le goust bien plus relevé, les sels volatils ne s’êtans ny
- eschappez ny dissous dans de l’eau; les groselles aussi n’êtoient point
- brûlées, mais avoient fort bon goût.</p>
-
- <p class="experience"><i><ins class="correction" title="EXPFRIENCE">EXPERIENCE</ins> XIV.</i></p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> 19. Juin je fis la mesme experience avec un brochet, &amp; ie poussay
- le feu de la mesme maniere que dans l’experience precedente; &amp; ie
- trouvay mon poisson encore fort <span class="pagenum" id="Page_54">54</span> bien cuit, &amp; la chair ferme &amp; les
- os tendres, quoy que pourtant ils me parussent un peu plus durs que
- ceux du maquereau; un Gentil-homme qui en goûta me demanda si c’estoit
- ce que ie mettois pour amollir les os qui donnoit si bon goust à la
- chair; ce qui me fit croire que ce n’estoit pas la préoccupation qui
- me faisoit iuger le poisson cuit de cette sorte meilleur que l’autre;
- le suc se changea en forte gelée; au lieu que celuy du maquereau êtoit
- tousiours demeuré liquide; je ne sçay pas si cette difference venoit de
- la chaleur de l’air, ou de la nature du poisson.</p>
-
- <p class="experience"><i>EXPERIENCE XV.</i></p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> 20. Juin ie pris une grosse anguille, &amp; l’ayant enfermée <span class="pagenum" id="Page_55">55</span> à
- l’ordinaire, i’y fis le feu de 4&nbsp;<sup>1</sup>/<sub>2</sub> onces de charbon, &amp; ie poussay la
- chaleur iusques à faire exhaler la goutte d’eau en 6. secondes, &amp; la
- pression 7. fois plus forte que la pression ordinaire de l’air, ayant
- laissé éteindre le feu peu à peu, ie trouvay mon anguille fort bien
- cuite avec la peau, &amp; les os tendres sans empyreume: mais la chair
- n’avoit pas conservé de fermeté comme celle des autres poissons: le suc
- aussi ne se gela point, ce que i’attribuë plûtost au trop de cuisson
- qu’à la nature de ce poisson, dont la peau est sans doute fort propre à
- faire de la gelée.</p>
-
- <p>Toutes ces experiences me font croire qu’il n’y a pas grande difference
- entre la chaleur qu’il faut pour cuire differentes sortes de poissons.</p>
-
- <p><span class="pagenum" id="Page_56">56</span></p>
-
- <p class="schapitre">LEGUMES.</p>
-
- <p class="experience"><i>EXERCICE XVI.</i></p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> 2. Juillet ie mis des féves dans une marmitte de verre; les unes
- estoient cruës, &amp; d’autres avoient déia esté cuites avec de la corne
- de cerf, ie mis un peu d’eau au fonds de la marmitte pour voir la
- difference qu’il y auroit entre celles qui auroient esté cuites
- dans l’eau, &amp; celles qui auroient esté au dessus; Je poussay le feu
- iusques à faire exhaler la goutte d’eau en 5. secondes, &amp; la pression
- interieure dix fois plus forte que la pression ordinaire de l’air,
- i’ostay incontinent le feu, &amp; les vaisseaux estans refroidis, ie
- trouvay toutes ces féves extremement molles, &amp; qu’il n’y <span class="pagenum" id="Page_57">57</span> avoit pas
- grande difference entre celles qui n’avoient esté cuites qu’une fois, &amp;
- celles qui l’avoient esté deux fois, mais celles qui étoient au dessus
- étoient ridées, &amp; avoient le goust plus relevé que celles qui estans au
- fonds s’étoient enflées d’eau qui leur rabaissoit le goust; les écorces
- étoient fort molles, excepté une petite pelliculle qui étoit plus dure,
- mais qui se pouvoit pourtant fort facilement manger, en sorte que des
- féves de cette sorte n’auroient pas besoin d’ëtre dérobées, comme on
- dit.</p>
-
- <p>Cette experience me confirma que les alimens dans cette machine peuvent
- demeurer sur le feu long temps aprés être cuites sans pourtant se
- gâter.</p>
-
- <p><span class="pagenum" id="Page_58">58</span></p>
-
- <p class="experience"><i>PROPRIETÉ.</i></p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">D</span><span class="smcap">A</span>ns l’experience que ie viens de décrire, i’avois pris garde de
- ne perdre sur la verge de fer LM, qu’autant de poids qu’il étoit
- necessaire pour faire la pression interieure 10. fois plus grande que
- la pression ordinaire de l’air; de sorte que quand mon Bain Marie fut
- considerablement échauffé, la trop grande quantité d’eau qui y étoit,
- eut la force de soûlever la petite soûpape sur le tuyau HH, &amp; de se
- couler par là peu à peu iusques à ce que i’ostasse le feu: mais quand
- le feu fut tout à fait osté il ne coula plus rien; quoy que la chaleur
- fut assez grande pour faire évaporer la goutte d’eau en 5. secondes;
- ainsi il est aisé de juger <span class="pagenum" id="Page_59">59</span> que l’eau qui restoit dans le Bain
- Marie avoit desormais tant de place pour se dilatter, que ce degré
- de chaleur n’estoit pas suffisant pour luy faire faire plus de 10.
- pressions; j’eus donc la curiosité de voir combien cette place êtoit
- grande; Pour cét effet quand j’ouvris mon Bain Marie, je pris bien
- garde de ne laisser point perdre d’eau, &amp; ayant pesé toute celle qui
- s’y trouva, je vis qu’il ne s’en étoit pas perdu la huitiéme partie;
- parce que de huit onces que j’y avois mises, il m’en restoit plus de 7.
- on peut donc compter cecy pour une proprieté de cette Machine, que si
- on y met <sup>7</sup>/<sub>8</sub> de l’eau qu’elle peut contenir, <i>&amp; qu’on pousse la chaleur
- jusques à faire évaporer la goutte d’eau en 5. secondes, la pression au
- dedans ne sera que 10. fois <span class="pagenum" id="Page_60">60</span> plus forte que la pression ordinaire
- de l’air</i>. On pourra de mesme trouver par experience combien il faudra
- laisser de vuide selon les autres pressions qu’on voudra faire, &amp; les
- autres degrez de chaleur qu’on voudra donner, &amp; cela sera utile sur la
- mer comme j’ay dit Chap. 2. &amp; pourra aider à connoistre la nature.</p>
-
- <p class="experience"><i>EXPERIENCE XVII.</i></p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> quinziéme Juillet j’enfermay des pois verts dans deux petites
- marmites de verre, &amp; je mis dans l’une un peu moins d’eau qu’il n’en
- falloit pour couvrir le poids, dans l’autre je ne mis point d’eau du
- tout; les ayant enfermées dans le petit Bain Marie, je poussay le feu
- jusques, à faire évaporer la goute <span class="pagenum" id="Page_61">61</span> d’eau en 4. secondes, &amp; la
- pression interieure 10. fois plus grande que la pression ordinaire de
- l’air; j’ostay le feu, &amp; les vaisseaux êtans refroidis, je trouvay
- tous les pois extremement mols, ceux qui étoient sans eau avoient
- rendu du suc presque assez pour les couvrir, &amp; ils avoient une couleur
- roussastre, &amp; tant soit peu d’odeur, &amp; de goût brûlé, les autres
- avoient conservé leur couleur verte, &amp; avoient fort bon goust, mais
- moins haut que ceux qui êtoient sans eau; ayant fait fondre du beure
- frais, je trouvay à mon gré, que les pois sans eau dans cette sauce,
- navoyent pas le goust trop fort, &amp; qu’ils estoient meilleurs que les
- autres; si on vouloit pourtant il seroit bien aisé de les faire moins
- cuire, ceux cy ayant souffert autant <span class="pagenum" id="Page_62">62</span> de chaleur qu’il en faudroit
- pour ramolir des os, quelques pois que j’avois mis avec les gousses se
- trouverent fort bons &amp; tendres, excepté le parchemin qui n’êtoit point
- du tout changé nonobstant cette grande chaleur.</p>
-
- <p>Cette experience semble prouver que l’eau empesche l’empyreume,
- mais je croy que toute autre chose que l’eau qui auroit remply les
- interstisses entre les pois l’auroit aussi bien empesché, parce que
- j’ay éprouvé assez long-temps depuis qu’ayant mis des grozeilles vertes
- dans les mêmes marmittes de verre sans eau; mais ayant seulement pilé
- les unes &amp; laissé les autres entieres, il arriva qu’ayant poussé la
- chaleur jusques à faire exhaler la goute d’eau en 3. secondes, &amp;
- la <span class="pagenum" id="Page_63">63</span> pression dix fois plus forte que la pression de l’air, les
- grozeilles entieres avoient acquis beaucoup d’empyreume, quoy que leur
- verre fust beaucoup vuide, &amp; qu’ainsi elles n’eussent pas souffert
- une grande pression; au lieu que les autres qui remplissoient tout
- exactement de leur propre suc, avoient fort bon goust &amp; rien de brûlé;
- je conseillerois donc pour cuire parfaitement bien les pois, de remplir
- les espaces qu’ils laissent entr’eux avec du suc d’autres pois, qui en
- auroit déja tout le goût, &amp; ainsi il ne l’osteroit point aux autres.</p>
-
- <p>Cette experience fait voir que plusieurs digestions se peuvent faire
- dans cette machine, bien mieux que de la maniere ordinaire, où l’on est
- obligé de laisser beaucoup de place vuide, ce <span class="pagenum" id="Page_64">64</span> qui fait que les
- substances sont plus sujettes à se brûler; cecy pourroit aussi fournir
- des conjectures sur la nature de l’empyreume; mais il vaut mieux
- attendre que l’on ait fait d’avantage d’experiences.</p>
-
- <div class="figcenter" style="width: 600px;">
- <img src="images/bandeau-3.jpg" alt="" title="" width="600" height="73" />
- </div>
-
- <h2 id="ch_3"><span class="smcap">Chapitre III.</span></h2>
-
- <p class="schapitre">EXPERIENCES POUR LES VOYAGES PAR MER.</p>
-
- <p class="experience"><i>EXPERIENCE PREMIERE.</i></p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">A</span> plus grande incommodité des gens qui font de grands voyages sur Mer
- vient selon l’opinion la plus commune, de ce que les viandes dont on
- se nourrit ayans esté gardées <span class="pagenum" id="Page_65">65</span> long-temps salées ont perdu toutes
- leurs parties les plus spiritueuses, &amp; volatiles, &amp; ainsi les parties
- terrestres &amp; grossieres qui restent, ne sont propres qu’à former un
- sang terrestre &amp; grossier, qui donne le Scorbut; il y a donc apparence
- que les gelées estans composées de parties volatilles &amp; aisées à
- digerer, sont propres à corriger ce deffaut des viandes salées; mais
- pour l’ordinaire elles sont si cheres &amp; si difficiles à faire, qu’il
- est rare d’en avoir sur mer, cela m’a fait croire qu’il seroit bon de
- donner un moyen d’en faire par tout facilement &amp; à bon marché, j’ay
- donc travaillé pour cela.</p>
-
- <p>Le 18. Juin j’ay pris des os de bœuf qui n’avoient jamais esté
- boüillis qui estoient fort secs, &amp; du plus dur endroit de la cuisse,
- <span class="pagenum" id="Page_66">66</span> &amp; les ayans mis dans une petite marmitte de verre avec de l’eau,
- je les enfermay dans le Bain Marie avec une autre petite marmitte de
- verre qui estoit aussi pleine d’eau &amp; d’os de mesme maniere, sinon
- que dans celle-cy les os êtoyent des costes, &amp; avoyent déja esté
- cuites, ayant poussé le feu jusques à faire exhaler la goutte d’eau en
- 3. secondes, &amp; dix pressions, j’ostay le feu &amp; les vaisseaux estans
- refroidis, je trouvay de fort belle gelée dans mes deux marmittes; mais
- celle dont les os êtoient des costes avoit la couleur un peu rougeâtre,
- ce qui pouvoit proceder de la <ins class="correction" title="parrie">partie</ins> moüelleuse; l’autre gelée estoit
- sans couleur &amp; sans goust, comme la gelêe de corne de cerf, &amp; je ne voy
- pas pourquoy elle ne feroit pas à peu prés le mesme effet, <span class="pagenum" id="Page_67">67</span> je puis
- mesme asseurer que l’ayant assaisonnée avec du sucre &amp; du jus de limon,
- je la mangeay avec autant de plaisir, &amp; n’en sentis aucune incommodité
- non plus que si c’eust esté de la gelée de corne de cerf.</p>
-
- <p>Quoy que cette experience soit particulierement à estimer sur la mer,
- elle ne laissera pas d’être aussi fort utile sur la terre, les gelées
- êtans par tout fort bonnes pour plusieurs maladies, il sera fort
- avantageux par tout d’en pouvoir facilement faire pour un sol, plus
- qu’on n’en pourroit achepter pour quinze.</p>
-
- <p class="experience"><i>EXPERIENCE II.</i></p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">I</span><span class="smcap">E</span> remis des os crus de l’endroit le plus dur d’une cuisse de bœuf
- dans une de mes petites <span class="pagenum" id="Page_68">68</span> marmittes de verre, &amp; dans l’autre je
- mis des os de poitrine de mouton qui avoient déja esté cuits; &amp; qui
- n’estoient pourtant pas mols: les ayant enfermées toutes deux dans
- un mesme chassis; en sorte qu’elles n’êtoient pas plus serrées l’une
- que l’autre, &amp; les ayant mises dans le Bain Marie, je poussay le feu
- jusques à faire exaler la goute d’eau en 9. secondes, mais alors il
- arriva <ins class="correction" title="que que">que</ins> la soupape qui ferme le petit tuyau HH ayant manqué, parce
- que je l’avois garnie de cuir, l’eau du Bain Marie s’échappa toute avec
- une impetuosité qui m’êtonna d’abord, mais qui dura pourtant environ
- une minute à cause de la petitesse de l’ouverture.</p>
-
- <p>Je m’assure, que dans ce même temps là, l’eau dans les marmites <span class="pagenum" id="Page_69">69</span> se
- dilatoit aussi &amp; s’en alloit par dessus les bords; car je les trouvay
- beaucoup vuidées, mais avec cette difference que dans celle où êtoient
- les os de mouton, la liqueur estoit une forte gelée, quoy que les os
- ne fussent pas encore attendris, sinon en quelques extremitez, &amp; cette
- gelée ne pesoit que <sup>2</sup>/<sub>7</sub> moins que l’eau que j’y avois mise; au lieu que
- dans l’autre marmite les os n’estoient point du tout amolis, la liqueur
- point du tout gelée, mais seulement un peu êpaisse, &amp; il y en avoit
- plus des <sup>3</sup>/<sub>4</sub> de perduë, quoy que cette marmitte eust les bords beaucoup
- plus hauts que l’autre.</p>
-
- <p>Cette experience me fit voir, 1<sup>o</sup>. Qu’il vaudroit toûjours mieux faire
- provision d’os de mouton que de bœuf. 2<sup>o</sup>. Que ce seroit <span class="pagenum" id="Page_70">70</span>
- inutilement qu’on essayeroit de faire par les voyes ordinaires de la
- gelée des os de bœuf, veu la grande chaleur qu’il faudroit, &amp; la
- grande quantité d’eau qui se perdroit par l’évaporation. 3<sup>o</sup>. <i>Que la
- gelée consiste de parties bien plus difficiles à élever en vapeurs que
- celle de l’eau ordinaire.</i></p>
-
- <p class="experience"><i>EXPERIENCE III.</i></p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> vingt-troisiéme Juin je <ins class="correction" title="mis mis">mis</ins> les os de bœuf dont je viens de
- parler dans la mesme marmitte, &amp; le poids de l’eau estant double du
- poids des os, je mis des cartillages dans l’autre marmite avec aussi le
- double de leur poids d’eau, aprés avoir poussé le feu jusques à faire
- exhaler la goutte d’eau en 3. secondes, &amp; la pression interieure 10.
- <span class="pagenum" id="Page_71">71</span> fois plus forts que la pression ordinaire de l’air, je laissay le
- feu encore quatre ou cinq minutes, &amp; ensuite je l’ostay tout à fait; &amp;
- les vaisseaux êtans refroidis je trouvay que les os estoient devenus
- mediocrement friables, mais l’eau n’êtoit pas assez épaisse pour être
- appellée gelée; je croy pourtant, que si ce qui s’éstoit évaporé dans
- la premiere coction y eut encore esté, la gelée auroit esté assez
- forte; Les cartilages dans l’autre marmitte êtoient presque absolument
- fondus, &amp; faisoient une forte gelée depuis le fonds du verre jusques
- au milieu, mais le dessus n’estoit pas plus épais que la liqueur dans
- l’autre marmitte.</p>
-
- <p>Cette experience me fit juger, 1<sup>o</sup>. Qu’une livre d’os de bœuf
- pourroit faire environ deux livres <span class="pagenum" id="Page_72">72</span> de gelée. 2<sup>o</sup>. Qu’il vaudroit
- mieux faire provision de cartilages, parce qu’ils sont absolument
- glutineux, &amp; se fondent tout à fait dans l’eau, mais comme elle est
- plus legere, elle surnage, &amp; les cartillages demeurent au fonds, ne
- retenant entre leurs parties que quelque peu d’eau qui s’y est insinuée
- pour les dissoudre. 3<sup>o</sup>. <i>Que ce n’est que le ciment</i> qui joint <ins class="correction" title="les les">les</ins>
- parties des os qui se dissout dans l’eau pour faire la gélee, puis que
- les os en suite demeurent friables.</p>
-
- <p class="experience"><i>EXPERIENCE IV.</i></p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> 28. Juin j’enfermay des os dans mes deux petites marmittes de
- verre, dans l’une estoient des os de bœuf en plus grande quantité
- qu’il n’estoit necessaire pour faire de la gelée avec <span class="pagenum" id="Page_73">73</span> l’eau qui
- y estoit, dans l’autre c’estoient des os de mouton aussi en quantité
- plus que suffisante pour congeler l’eau où ils trempoient; Je poussay
- le feu jusques à faire exhaler la goutte d’eau en 3. secondes, &amp;
- la pression interieure estoit 10. fois plus forte que la pression
- ordinaire de l’air; je continüay le feu de cette sorte prés d’un quart
- d’heure, &amp; ensuite je n’éteignis qu’une partie du charbon, en laissant
- le reste pour entretenir la chaleur plus long-temps; <ins class="correction" title="me">mes</ins> vaisseaux
- estant refroidis, je trouvay de fort bon boüillon sans goût de brûlé
- dans mes deux marmites, mais pourtant il ne se gela point, ce que ie
- ne puis attribuer qu’au trop de cuisson, puisque dans les Experiences
- precedentes, avec moins <span class="pagenum" id="Page_74">74</span> d’os &amp; moins de chaleur j’avois fait de la
- gelée.</p>
-
- <p>Cette Experience fait voir qu’il faudra bien prendre garde au degré
- de chaleur que l’on donnera pour faire une grande quantité de gelée,
- &amp; que ce n’est pas assez qu’il n’y ait point de goût de brûlé, car il
- pourroit nonobstant cela y avoir eu beaucoup trop de chaleur, &amp; pour
- trouver ce meilleur degré de chaleur, il faut plusieurs Experiences.</p>
-
- <p class="experience"><i>EXPERIENCE V.</i></p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> 29. Juin je mis des os de bœuf dans une de mes petites marmittes
- de verre avec égal poids d’eau; Dans l’autre je mis de l’yvoire le
- plus pressé qu’il me fut possible avec de l’eau pour remplir <span class="pagenum" id="Page_75">75</span> les
- interstices; Je poussay le feu jusqu’à faire exhaler la goutte d’eau
- en 6. secondes, &amp; la pression interieure 12. fois plus grande que la
- pression ordinaire de l’air. J’ôtay alors le feu le plus vite qu’il
- me fut possible, &amp; les vaisseaux étant refroidis, je trouvay que le
- vaisseau où étoit l’yvoire, s’étoit cassé, parce que l’yvoire qui y
- étoit pressée venant à s’enfler par la chaleur &amp; par l’humidité, avoit
- eu plus de force que le verre; L’yvoire étoit devenuë friable: &amp; dans
- l’autre marmite les os n’étoient pas encore ramolis qu’en quelques
- endroits des apophyses; la liqueur n’étoit pas non plus gelée excepté
- au fonds, mais le lendemain qu’il faisoit un peu plus froid je la
- trouvay gelée jusques au haut, &amp; je la <span class="pagenum" id="Page_76">76</span> mis sur diverses plaques
- de verre afin de la faire seicher; Le lendemain premier de Juillet,
- quoy qu’elle eût été 24. heures à l’air pour évaporer l’humidité, je
- la trouvay encore liquide, à cause, comme je croy, qu’il faisoit un
- peu plus chaud; je m’en servis à coller un verre cassé qui depuis cela
- tient fort bien, &amp; se peut rincer presques comme s’il n’avoit point
- esté cassé; mais à la longue l’humidité dissout cette colle.</p>
-
- <p>Cette Experience me fit iuger, 1<sup>o</sup>. que la chaleur que i’y avois
- employé, avoit peché dans le deffaut aussi bien que la precedente
- avoit peché dans l’excés, &amp; qu’ainsi pour bien faire la gelée d’os,
- il faudroit pousser la chaleur environ comme dans la premiere ou dans
- la troisiéme <span class="pagenum" id="Page_77">77</span> experience. 2<sup>o</sup>. <i>Ie me confirmai dans la pensée
- que j’avois que c’est la colle des os qui se dissout dans l’eau pour
- faire la gelée.</i> 3<sup>o</sup>. <i>Ie trouvay qu’il faut extremement peu de parties
- congelantes pour coaguler l’eau; car quoyque celle-cy eust pu se
- congeler dans un grenier en esté; cependant quand elle fut seiche, il
- me resta si peu de colle que j’en fus surpris.</i> 4<sup>o</sup>. <i>Ie jugeay qu’il
- falloit bien peu de chaleur pour empescher ces sortes de congelations,
- &amp; qu’ainsi selon l’apparence la qualité de gelée, à proportion de la
- matiere, se trouvera bien plus grande en hyver, qu’en esté.</i> 5<sup>o</sup>. <i>Que
- la congelation qui se fait de cette maniere est toute differente de
- celle qui se fait purement par le froid, puisque la glace flotte <span class="pagenum" id="Page_78">78</span>
- sur l’eau, mais la gelée va <ins class="correction" title="au au">au</ins> fonds.</i></p>
-
- <p>Pour se bien servir de la colle dont ie viens de parler, il faut la
- conserver bien nette, &amp; quand on la veut employer, en detremper un peu
- avec trois ou quatre gouttes d’eau nette, en frotter les bords du verre
- à recoller, &amp; les rappliquer l’un contre l’autre, le plus exactement
- qu’on pourra; on en pourra faire de mesme à l’yvoire, à la porcelaine,
- &amp; autres corps qui se cassent net.</p>
-
- <div class="figcenter3" style="width: 122px;">
- <img src="images/bandeau-4.jpg" alt="" title="" width="122" height="68" />
- </div>
-
- <p><span class="pagenum" id="Page_79">79</span></p>
-
- <p class="experience"><i>EXPERIENCE VI.</i></p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> premier Iuillet ie remplis deux petites marmites de verre, dans
- l’une il y avoit une once de corne de cerf rapée, avec deux onces
- d’eau; Dans l’autre il y avoit une once d’os de merlan &amp; deux onces
- d’eau, ayant poussé le feu iusqu’à faire exhaler la goutte d’eau
- en 7. secondes, &amp; la pression interieure 12. fois plus grande que
- l’exterieure; i’otay promptement tout le feu, &amp; les vaisseaux étant
- refroidis, ie trouvay une gelée extremement forte &amp; belle dans la
- marmitte où étoit la corne de cerf, ie fis goûter cette gelée à une
- personne qui en fait fort souvent, &amp; elle me dit qu’il faloit qu’il y
- eût dans celle-là quelque <span class="pagenum" id="Page_80">80</span> chose plus que dans la sienne, parce
- qu’elle y trouvoit beaucoup de goût &amp; d’odeur, au lieu que la sienne
- estoit sans odeur &amp; goût, ie n’attribuë cette difference qu’aux esprits
- &amp; sels volatils, qui sont tous conservez par le moyen du Bain Marie
- fermé à vis, au lieu que par les voyes ordinaires ils se perdent; &amp;
- cela donne lieu de croire que cette nouvelle sorte de gelée aura bien
- plus de vertu.</p>
-
- <p>La corne de cerf aussi n’avoit rien conservé de dur, au lieu que pour
- l’ordinaire elle se reduit en poussiere qu’on sent rude entre les
- doigts.</p>
-
- <p><i>Dans l’autre marmite les os de poisson étoient tout à fait mols, mais
- la liqueur n’étoit point gelée; cependant étant mise à exhaler, il
- restoit de la colle, mais <span class="pagenum" id="Page_81">81</span> en petite quantité, &amp; beaucoup moins
- forte que celle des os de bœuf.</i></p>
-
- <p class="experience"><i>EXPERIENCE VII.</i></p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> 2. Iuillet ie remplis deux petites marmites de verre, dans l’une ie
- mis <sup>1</sup>/<sub>2</sub> once de corne de cerf avec 2&nbsp;<sup>1</sup>/<sub>2</sub> onces d’eau; dans l’autre ie
- mis des os rapez aussi-bien que la corne de cerf avec mesme quantité
- d’eau à proportion; ayant poussé le feu iusques à faire exhaler
- la goutte d’eau en 5. secondes, &amp; 10. pressions: J’ôtay tout fort
- promptement; le lendemain matin mes vaisseaux étant refroidis, ie
- trouvay que dans la marmite où étoient les os, la liqueur étoit peu
- épaissie; dans l’autre il y avoit une bonne gelée, mais beaucoup <span class="pagenum" id="Page_82">82</span>
- moins forte, que celle de l’Experience precedente: Ie la fis chauffer,
- &amp; si-tost qu’elle fust fonduë, ie la passay &amp; la pressay le mieux
- que ie pus, &amp; ie mis le marc seicher; <i>ce marc au bout de huit jours
- étant tout à fait sec, s’est trouvé peser encore 2&nbsp;<sup>3</sup>/<sub>4</sub> drachmes: De
- sorte qu’il n’étoit sorti de parties congelantes de la corne de cerf
- que 1&nbsp;<sup>1</sup>/<sub>4</sub> drachmes, &amp; cela avoit suffi pour congeler 2&nbsp;<sup>1</sup>/<sub>2</sub> onces de
- liqueur, qui sont 16. fois plus.</i></p>
-
- <p>La liqueur qui avoit passé se gela en fort peu de temps, &amp; parut bien
- plus forte, que n’est la gelée ordinaire; si bien que je croy qu’on
- peut assurer qu’une quantité de corne de cerf suffit pour faire du
- moins 5. fois aussi pesant de gelée, &amp; peut-estre qu’en pratiquant on
- trouvera <span class="pagenum" id="Page_83">83</span> quelque degré de feu propre pour en faire bien davantage;
- mais quand on ne feroit que je viens de dire, toûjours cela seroit-il
- fort considerable, puisque par les voyes ordinaires on auroit prés de
- la moitié moins de gelée &amp; moins bonne, &amp; il faudroit beaucoup plus
- de feu, de temps &amp; d’eau douce qui est de consequence sur la mer; car
- quoy qu’il faille de l’eau pour faire de la gelée à ma maniere, cette
- eau n’est pas perduë, &amp; elle demeure toute dans la gelée; au lieu qu’à
- la maniere ordinaire il s’en évapore bien plus des trois quarts, &amp;
- l’épargne du temps &amp; du feu sera encore plus considerable.</p>
-
- <p><span class="pagenum" id="Page_84">84</span></p>
-
- <p class="experience"><i>EXPERIENCE VIII.</i></p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">A</span><span class="smcap">Y</span>ant trouvé par l’Experience precedente que la corne de cerf faisoit
- une si grande quantité de gelée en comparaison des os, ie voulus voir
- si cela ne venoit point de ce que le degré de feu avoit esté propre
- pour la corne de cerf, &amp; pas assez fort pour les os; Je reïteray donc
- cette Experience avec les mesmes circonstances, sinon que cette fois
- ie poussay la chaleur iusques à faire évaporer la goutte d’eau en 4.
- secondes, &amp; mes vaisseaux estant refroidis, ie trouvay que la gelée
- de corne de cerf estoit encore fort belle, mais la liqueur sur les os
- estoit peu épaissie; Ie trouuay pourtant de la gelée aprés avoir versé
- <span class="pagenum" id="Page_85">85</span> par inclination la liqueur qui surnageoit, mais cette liqueur
- pesoit plus d’une once; ainsi je iugeay que les os ne contiennent pas
- en effet à beaucoup prés autant de parties congelées, comme la corne de
- cerf en contient.</p>
-
- <p>Aprés avoir passé &amp; exprimé les matieres de mes deux marmites, i’en
- garday les marcs séparément, chacun dans un verre bien fermé, crainte
- que l’humidité ne s’évaporast; &amp; environ quinze iours aprés ie trouvay
- qu’ils s’estoient fermentez &amp; avoient acquis une odeur &amp; un goût de
- fromage de Parmezan, &amp; fort propre à faire trouver le vin bon, en le
- mangant avec un peu de pain; Messieurs de la Societé Royale, le voyant
- ont iugé qu’il y a apparence <span class="pagenum" id="Page_86">86</span> que la corne de cerf en cet estat
- donneroit dans la distilation plus d’esprits, &amp; plus facilement qu’elle
- ne fait d’ordinaire; Les os estoient fort semblables en tout à la corne
- de cerf, &amp; mesme dans la suite il s’y forma des vers, ce qui n’arriva
- pas à la corne de cerf; de sorte que, comme on a remarqué d’ordinaire
- que c’est dans le meilleur fromage que les vers se forment le plûtost,
- il sembleroit que les os en cecy auroient quelque avantage sur la corne
- de cerf, en recompense de ce que la corne de cerf donne le plus de
- gelée.</p>
-
- <p><i>Ayant trouvé de la difference dans la qualité de la gelée qu’on tire
- de differents corps, &amp; dans la facilité de la tirer; &amp; dans la force
- de cette sorte de colle, sçachant <span class="pagenum" id="Page_87">87</span> que d’ailleurs nos corps
- ne sont autre chose que des liqueurs congelées; je croy que si l’on
- entreprenoit de pousser la chose, &amp; que l’on tirast des gelées de
- diverses parties d’un mesme animal, &amp; qu’on en tirast aussi de divers
- animaux de mesme espece, mais d’âges differents, &amp; qu’on en tirast
- aussi d’animaux de differentes especes, &amp; de bien plus longue vie les
- uns que les autres, comme sont les cerfs &amp; les lapins, &amp; qu’ensuite
- on comparast les differentes proprietez de toutes ces colles les unes
- avec les autres: je croy, dis-je, que cela pourroit beaucoup aider à
- faire une meilleure Theorie que l’on n’en a jusques icy des causes de
- la durée de la vie, &amp; cette Theorie pourroit avoir des suites bien plus
- importantes que la pluspart du monde ne croit.</i></p>
-
- <p><span class="pagenum" id="Page_88">88</span></p>
-
- <p>Toutes ces Experiences me font croire que si on veut conserver des os,
- des cartilages, des tendons, des pieds, &amp; autres parties d’animaux qui
- sont assez solides pour se conserver sans sel, &amp; dont on perd tous
- les ans dans Londres plus qu’il n’en faudroit pour fournir tous les
- vaisseaux que l’Angleterre a en mer; On pourroit avoir toûjours sur
- les vaisseaux des alimens plus sains, &amp; bien meilleurs &amp; à meilleur
- marché, que l’on n’en a d’ordinaire; Ie dis mesme que ces sortes
- d’alimens seroient moins embarrassans, parce qu’ils contiennent bien
- plus de nourriture à proportion de leur poids, comme nous avons veû
- manifestement dans la corne de cerf, qui aprés avoir fait cinq fois son
- poids de gelée (qui passe <span class="pagenum" id="Page_89">89</span> pour une chose fort nourrissante) se
- change encore presques tout en substance, fort semblable à du fromage
- dont on ne sçauroit manger qu’en petite quantité.</p>
-
- <p class="experience"><i>EXPERIENCE IX.</i></p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> 20. Juin je fis cuire deux maquereaux de la maniere que j’ay dite
- chap. 2. exper. 13. en sorte qu’ils avoient les os tendres, &amp; j’en
- laissay un à l’air ouvert, &amp; huit jours de temps chaud que je le
- garday, je vis qu’il ne se gatoit point, au lieu qu’un morceau de
- l’autre que je garday dans sa sauce, se gâta en trois jours.</p>
-
- <p>Je voulus ensuite voir si une cuisson ordinaire pourroit faire le mesme
- effet, &amp; pour ce dessein <span class="pagenum" id="Page_90">90</span> le 26. Iuin je fis cuire un maquereau
- à la maniere ordinaire, &amp; ayant voulu le faire seicher comme le
- precedent, je trouvay qu’il se gasta en moins de 4. jours; cela me fit
- croire que le Bain Marie fermé à vis pourroit estre utile pour seicher
- les alimens sans qu’il fust besoin de sel, &amp; sans perdre le suc qui
- s’en évaporast; la viande ainsi conservée pourroit estre plus saine que
- la viande salée dont on se sert sur mer.</p>
-
- <p class="experience"><i>EXPERIENCE X.</i></p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">C</span><span class="smcap">ETTE</span> Machine estant si utile pour empescher l’évaporation de l’eau
- douce qui se fait en cuisson à la maniere ordinaire; Je voulus voir si
- elle ne pourra pas aussi en quelque occasion faire servir <span class="pagenum" id="Page_91">91</span> l’eau
- salée au lieu de douce, pour ce desseïn, je fis dissoudre une drachme
- de sel dans 40. drachmes d’eau (qui est à peu prés la mesme proportion
- de sel qui se trouve dans l’eau, à ce que m’a dit Mr. Boyle, &amp; ayant
- mis deux onces de cette eau sur une once de pois secs dans une marmitte
- de verre, je les enfermay dans la Machine; Je poussay le feu jusqu’à
- faire évaporer la goutte d’eau en quatre secondes, avec dix pressions;
- les vaisseaux étant refroidis, je trouvay que les pois avoient imbibé
- toute l’eau, &amp; estoient fort bien ramolis, &amp; Mr. le Docteur King en
- ayant goûté les trouva de fort bon goust, &amp; pas trop salez: Il y a bien
- de l’apparence que les féves &amp; autres legumes seroient de mesme).</p>
-
- <p><span class="pagenum" id="Page_92">92</span></p>
-
- <p>Je croy donc qu’en fournissant de vivres les vaisseaux, on peut compter
- que les legumes changeront le double de leur pois d’eau de mer en eau
- douce, ou du moins la feront servir pour la nourriture, aussi-bien que
- si elle avoit esté douce, &amp; cecy peut beaucoup diminuër la quantité
- d’eau douce dont il faut embarasser les vaisseaux; si on vouloit se
- servir aussi d’eau de mer pour cuire les pois à la maniere ordinaire,
- il arriveroit que l’évaporation ne dissipant que les parties aqueuses,
- les pois demeureroient extremement salez, outre que l’on ne pourroit
- jamais les bien ramolir.</p>
-
- <p>J’ay aussi essayé si l’eau de mer ne pourroit pas servir à faire de la
- gelée; je mis pour ce dessein de cette mesme eau salée dans une <span class="pagenum" id="Page_93">93</span>
- marmitte de verre avec poids égal d’os de mouton, &amp; ayant poussé le feu
- comme à l’ordinaire pour faire la gelée d’os, je trouvay qu’à la verité
- j’avois de la gelée trop forte, mais beaucoup trop salée; la quantité
- de parties congelantes estant trop petite pour temperer la salleure de
- l’eau: Je croy donc qu’il faudroit mesler l’eau de mer avec le double
- d’eau douce pour faire de la gelée.</p>
-
- <div class="figcenter3" style="width: 122px;">
- <img src="images/bandeau-4.jpg" alt="" title="" width="122" height="68" />
- </div>
-
- <p><span class="pagenum" id="Page_94">94</span></p>
-
- <div class="figcenter" style="width: 600px;">
- <img src="images/bandeau-3.jpg" alt="" title="" width="600" height="73" />
- </div>
-
- <h2 id="ch_4"><span class="smcap">Chapitre IV.</span></h2>
-
- <p class="schapitre">EXPERIENCES POUR LES CONFISSEURS.</p>
-
- <p class="experience"><i>EXPERIENCE I.</i></p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> 27. Juin j’ay mis des cerises dans deux marmittes; aux unes j’ay mis
- de l’eau autant qu’il estoit necessaire pour les couvrir, aux autres
- je ne mis rien du tout, ayant poussé le feu jusques à faire exhaler la
- goutte d’eau en 40. secondes, &amp; la pression interieure triple de la
- pression ordinaire de l’air, je trouvay mes cerises fort bien cuites,
- &amp; beaucoup de jus à celles <span class="pagenum" id="Page_95">95</span> mesme à qui je n’avois rien ajoûté;
- celles à qui i’avois mis de l’eau avoient beaucoup plus de liqueur,
- mais elles avoient le goût bien plus fade que les autres.</p>
-
- <p>Le lendemain ie mis quelques-unes des cerises dont ie viens de parler,
- à seicher à l’air, &amp; i’en remis quelques-unes avec des grosseilles
- vertes dans une marmitte de verre, afin de voir si une nouvelle cuisson
- les gâteroit; ie poussay le feu iusqu’à faire exhaler la goutte d’eau
- en 10 secondes, &amp; la pression 8. fois plus forte que la pression
- <ins class="correction" title="ordinainaire">ordinaire</ins> de l’air, &amp; aprés tout cela ie ne trouvay pas que mes cerises
- fussent presque changées, &amp; elles estoient encore aussi grosses &amp; aussi
- entieres que devant que d’estre cuites. Je mis aussi quelques-unes de
- celle-cy à seicher; le lendemain <span class="pagenum" id="Page_96">96</span> je trouvay que toutes les cerises
- se seichoient sans se gâter, mais celles qui n’avoient été cuites
- qu’une fois &amp; sans eau, se conservoient plus grosses que les autres,
- car celles qui avoient esté cuites deux fois, estant fort ridées &amp;
- déja beaucoup plus petites que les autres avoient esté une fois plus
- long-temps à seicher.</p>
-
- <p>Cette Experience fait voir que quelques fruits peuvent sans danger
- demeurer fort long-temps sur le feu dans cette Machine aprés estre
- cuits, &amp; pourtant cela leur oste la disposition qu’ils avoient
- auparavant à se pourrir, cela me fait croire que si les gens qui
- l’entendent faisoient à part du syrop dans lequel on put conserver en
- suite ces cerises, sans qu’elles se seichassent; <span class="pagenum" id="Page_97">97</span> on auroit une
- confiture, qui n’ayant point esté boüillie dans le sucre, conserveroit
- plus de goust du fruit, mais je croy qu’il faudroit que le sirop fust
- un peu plus épais qu’à l’ordinaire, à cause que l’humidité des cerises
- s’y mesleroit bien tost, &amp; la rendroit plus liquide.</p>
-
- <p>On pourra trouver par experience quel degré de cuisson sera le plus
- propre pour mettre le fruit en estat de se conserver, sans luy changer
- beaucoup le goust.</p>
-
- <p class="experience"><i>EXPERIENCE II.</i></p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> 6. Juillet j’enfermay dans une marmitte de verre 5. onces de
- grozeilles vertes, &amp; ayant poussé le feu jusques à faire exhaler la
- goutte d’eau en 15. <span class="pagenum" id="Page_98">98</span> secondes, je l’éteignis promptement. &amp; les
- vaisseaux estant refroidis, je trouvay que mes grozeilles avoient
- rendu 1&nbsp;<sup>1</sup>/<sub>2</sub> once de liqueur assez épaisse, je mis quelques-unes de ces
- grozeilles à l’air, &amp; elles se seicherent fort bien sans se gaster.</p>
-</div>
-
-<p class="sidenote"><i>Clearkake est une espece de gateau transparent fait avec de
-la cresme.</i></p>
-
-<div class="texte600">
- <p>Cette experience me confirma dans la pensée qu’on pourroit faire des
- confitures qui conserveroient beaucoup du goust de fruit; &amp; je croy
- qu’en mesme temps ce seroit une grande avance pour faire ce qu’on
- appelle des Clearcakes, parce que le suc qui est propre pour cela,
- conserve tout icy, &amp; se retire beaucoup plus promptement, que par les
- moyens ordinaires.</p>
-
- <p><span class="pagenum" id="Page_99">99</span></p>
-
- <p class="experience"><i>EXPERIENCE III.</i></p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> 22. Juillet il y a bien trois semaines que j’avois enfermé des
- grozeilles vertes déja molles dans un grand verre, &amp; j’y avois mis
- de l’eau soule de sucre pour remplir les intervalles, aujourd’huy
- voyant que ces grozeilles se fermentoient considerablement, parce
- qu’elles formoient quantité de bulles, j’en ay mis une partie avec
- de la liqueur dans une marmitte de verre, &amp; l’ayant enfermée dans le
- Bain, j’ay poussé le feu jusques à faire exhaler la goutte d’eau en 6.
- secondes, &amp; la pression 5. fois plus forte que la pression ordinaire
- de l’air: J’ostay le feu, &amp; les vaisseaux estant refroidis, je trouvay
- mes grozeilles <span class="pagenum" id="Page_100">100</span> fort bien cuites, molles &amp; bonnes, au lieu que la
- fermentation les avoit renduës dures &amp; desagreables à manger.</p>
-
- <p>J’avois mis en mesme temps une autre marmitte pleine de grozeilles
- fraischement cüeillies, &amp; j’y avois ajoûté 3. parties de sucre sur 5.
- de fruit, je trouvay que celles-cy aussi estoient fort bien cuites, &amp;
- avoient fort bon goût, mais beaucoup plus doux que celles qui avoient
- esté fermentées.</p>
-
- <p>Aprés avoir laissé dix jours mes deux verres bien couverts, mais vuides
- de plus d’un tiers, i’ay veu qu’il ne se faisoit point de fermentation,
- mais que le fruit se moisissoit un peu dans le verre, dont les
- grozeilles n’avoient point esté fermentées; cela m’obligea à les mettre
- dans un verre <span class="pagenum" id="Page_101">101</span> plus petit, lequel en estant remply &amp; bien fermé
- à vis, commença en moins de 5. ou 6. jours à se fermenter &amp; à perdre
- un peu de suc par dessus les bords nonobstant la vis qui pressoit le
- couvercle.</p>
-
- <p>Le 30. Aoust i’ay ouvert ce verre que i’avois fermé à vis, &amp; ayant
- mis une partie du fruit &amp; du suc dans une petite marmitte de <ins class="correction" title="uerre">terre</ins>,
- &amp; l’ayant enfermée dans le Bain Marie, i’ay poussé le feu iusques à
- faire exhaler la goutte d’eau en 6. secondes, &amp; la pression interieure
- 12. fois plus forte que la pression ordinaire de l’air, i’ay osté le
- feu incontinent, &amp; les vaisseaux estant refroidis i’ay trouvé que ces
- grozeilles ainsi recuites avoient perdu beaucoup de leur douceur, mais
- qu’elles avoient pourtant un <span class="pagenum" id="Page_102">102</span> goust fort agreable, &amp; qui plairoit
- peut-estre mieux que le doux, à bien des gens; ayant mis un peu de leur
- suc qui n’avoit point esté recuit dans une autre verre; ie les mis tous
- deux ensemble dans le vuide &amp; ie vis que le suc recuit ne se fermentoit
- plus, parce qu’il ne ietta pas de bulles, au lieu que l’autre en ietta
- grande quantité.</p>
-
- <p>De tout ce que ie viens de dire, ie croy pouvoir conclure, 1<sup>o</sup>. que en
- conservant des fruits, comme i’ay dit au commencement, c’est à dire les
- faisant fermenter lentement dans des vaisseaux bien fermez, on sera
- toûiours prest d’en faire une bonne confiture à fort bon marché par le
- moyen du Bain Marie qui ramolira le fruit &amp; empeschera l’évaporation
- des esprits dégagez <span class="pagenum" id="Page_103">103</span> par la fermentation. 2<sup>o</sup>. Il y aura moins
- de danger de moisi, quand les fruits seront ainsi cuits pendant leur
- fermentation. 3<sup>o</sup>. S’il se fait du moisi, on pourra le garantir en
- remplissant les verres &amp; les fermant à vis. 4<sup>o</sup>. Si la fermentation
- recommence, on pourra encore l’arrester par une nouvelle cuisson.</p>
-
- <p>Il faudra pourtant continuër les experiences pendant un plus long temps
- que ie n’ay fait, afin de sçavoir iusqu’où cela ira.</p>
-
- <p>Je ne donne point icy la maniere de fermer les verres à vis, puisque
- c’est la mesme qui a esté décrite au premier Chap. pour la marmite, GG,
- &amp; des gens qui en voudroient faire grand trafic, pourroient au lieu
- de verre se <ins class="correction" title="servit">servir</ins> de grands pots de terre bien hauts.</p>
-
- <p><span class="pagenum" id="Page_104">104</span></p>
-
- <p class="experience"><i>EXPERIENCE IV.</i></p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> 17. &amp; le 18. Aoust ie reïteray l’experience precedente, mais au lieu
- de grozeilles ie me servis de prunes, dont ie fis cuire par 3. diverses
- fois, &amp; ie n’y remarquay rien qui vaille la peine d’être rapporté,
- sinon que les prunes cuites en se fermentant avec <sup>1</sup>/<sub>4</sub> ou <sup>1</sup>/<sub>3</sub> de sucre,
- acquierent un goust vineux, beaucoup plus fort &amp; plus agreable que
- ne font les grozeilles, &amp; ie ne doute point que bien des gens ne les
- preferassent à quelque confiture que ce puisse estre.</p>
-
- <p>Je remarquay aussi qu’en les distillant de la maniere que ie diray du
- rosmarin Chap.6. Exper.3. on en tire plus de suc &amp; bien plus épais que
- quand on les fait cuire de la mesme maniere que les grozeilles dont ie
- viens de parler.</p>
-
- <p><span class="pagenum" id="Page_105">105</span></p>
-
- <div class="figcenter" style="width: 600px;">
- <img src="images/bandeau-3.jpg" alt="" title="" width="600" height="73" />
- </div>
-
- <h2 id="ch_5"><span class="smcap">Chapitre V.</span></h2>
-
- <p class="schapitre">EXPERIENCES POUR FAIRE DES BOISSONS.</p>
-
- <p class="experience"><i>EXPERIENCE PREMIERE.</i></p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> vingt-deuxiéme Juillet il y avoit bien trois semaines que j’avois
- enfermé des grozeilles vertes déja molles dans un grand verre, &amp;
- j’y avois mis de l’eau soule de sucre pour remplir les intervalles,
- aujourd’huy voyant que ces fruits se fermentoyent bien fort, j’en ay
- ôté une partie &amp; de la liqueur aussi, &amp; en ay rempli <sup>4</sup>/<sub>5</sub> d’une de mes
- petites marmittes de verre; ensuite j’ay pris de <span class="pagenum" id="Page_106">106</span> la liqueur pour
- remplir de même mon autre petite marmitte de verre, dans laquelle
- j’avois mis quelque peu de grozeilles fraiches; ayant ainsi enfermé ces
- deux marmites dans un même chassiz, &amp; dans le même bain marie, j’ay
- poussé le feu jusques à faire exhaller la goutte d’eau en 2. secondes,
- &amp; je l’ay continüé quelque temps de cette force la pression êtoit dix
- fois plus forte que la pression ordinaire de l’air; mes vaisseaux êtans
- refroidis, j’ay trouvé que les grozeilles qui se fermentoient avoient
- vüidé leur marmitte jusqu’à la moitié, &amp; qu’elles êtoient fort brûlées,
- au lieu que les grozeilles fraîches, quoy qu’elles nageassent dans une
- grande quantité de liqueur qui se fermentoit, n’avoient presque <span class="pagenum" id="Page_107">107</span>
- pas vuidé leur marmitte, &amp; ne sentoient pas le brûlé.</p>
-
- <p>Cette experience me fit juger, qu’en faisant du vin de cette maniere
- par infusion dans de l’eau sucrée, la force consiste bien plus dans les
- fruits, que dans la liqueur; &amp; que la fermentation leur donne presques
- autant de force, que l’esprit de vin en a pour se dilatter, (voy. chap.
- 6. exper. <span class="smcap">II</span>.) Je pensai donc, que si on faisoit le vin avec
- les fruits seuls sans eau, on auroit une liqueur extremement forte;
- mais comme le suc des grozeilles de cette sorte, &amp; de plusieurs autres
- fruits est trop épais pour se changer en vin à moins d’être cuit; je
- crus que le Bain Marie fermé à vis êtoit absolument necessaire pour
- attenüer ces sucs sans eau, &amp; sans qu’ils <span class="pagenum" id="Page_108">108</span> s’évaporent, cela
- m’engagea à faire l’Experience suivante.</p>
-
- <p class="experience"><i>EXPERIENCE II.</i></p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> vingt-cinquiéme Juillet je mis des grozeilles vertes déja molles
- dans une marmite d’étain, &amp; l’ayant enfermée dans le Bain Marie je
- poussay la chaleur jusques à faire evaporer la goutte d’eau en 3.
- secondes, &amp; la pression 10. fois plus forte que la pression ordinaire
- de l’air; j’ôtay incontinent le feu, &amp; mes vaisseaux êtans refroidis,
- je trouvay, que les grozeilles avoient rendu un suc fort rouge &amp;
- que dans les endroits où elles s’étoient crevées contre la marmitte
- d’étain, elles avoient acquis une fort belle couleur de pourpre
- violet; <i>ce qui donna lieu <span class="pagenum" id="Page_109">109</span> à la premiere Experience pour les
- Teinturiers</i>.</p>
-
- <p>J’avois mis ce matin de ces même grozeilles cruës dans un verre bien
- fermé avec de l’eau saoule de sucre, &amp; à present je mets une partie des
- grozeilles que je viens de cuire, dans un autre verre avec leur suc, &amp;
- environ <sup>1</sup>/<sub>4</sub> de sucre afin de voir lesquelles se fermenteront le plûtôt.</p>
-
- <p>Le deuxiéme Aoust j’ay veu depuis 2. ou 3. jours les grozeilles
- se fermenter dans un autre verre aussi bien que dans l’autre, &amp;
- aujourd’huy ayant mis du suc de mes deux verres chacun dans une
- bouteille; je les ay mises toutes deux ensemble dans le vuide; &amp; j’ay
- veu, comme je l’attendois, que le suc des grozeilles cuites approchoit
- bien <span class="pagenum" id="Page_110">110</span> plus de la nature du vin, que celuy des grozeilles cruës;
- car il a esté bien plus de bulles, &amp; il avoit aussi le goût bien plus
- picquant &amp; spiritueux.</p>
-
- <p>Le troisiéme Aoust, j’ôtay les grozeilles de leur suc, &amp; les pressay
- le mieux que je pus pour leur en faire rendre davantage: je mis tout
- ce suc dans une bouteille que j’ay toûjours gardée dépuis, les 2. ou
- 3. premiers jours elle boüilloit extremement fort, chassoit le bouchon
- de liege, &amp; s’en alloit par dessus, quoy qu’elle ne fust pas pleine
- jusqu’aux <sup>2</sup>/<sub>3</sub>: mais depuis cela elle s’est beaucoup moderée, &amp; elle
- a presentement le goût fort bon &amp; picquant; mais pourtant elle se
- fermente toûjours, la liqueur n’est pas encore bien éclaircie, &amp; on
- void toûjours des bulles <span class="pagenum" id="Page_111">111</span> s’y former, quoy que ie la garde depuis
- six semaines; cela me fait croire que du vin de cette sorte, sera de
- tres bonne garde, &amp; qu’on doit plustost apprehender qu’il ne soit trop
- long-temps à venir à sa perfection, que de le voir aigrir trop-tôt.</p>
-
- <p>Ie mis dans un autre verre le marc de ces grozeilles avec de l’eau &amp;
- un peu de succre par dessus, en moins de 24. heures il commença à se
- fermenter bien fort, &amp; en 15. iours de temps la liqueur estoit preste
- à boire &amp; bien claire, mais elle n’avoit pas tant de force à beaucoup
- prés, que celle qui estoit sans eau, &amp; ie croy aussi qu’elle se seroit
- bien-tôt aigrie; ie fis cette experience à veuë d’œil, &amp; sans peser;
- mais ie iugeay que le marc estoit environ <span class="pagenum" id="Page_112">112</span> <sup>1</sup>/<sub>2</sub> du poids de l’eau &amp;
- le sucre <sup>1</sup>/<sub>8</sub>.</p>
-
- <p>Cette experience fait voir que par le moyen du Bain Marie, le même
- fruit peut servir à faire deux sortes de vin; l’un de bonne garde, &amp;
- l’autre prompt à boire.</p>
-
- <p class="experience"><i>EXPERIENCE III.</i></p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> cinquiéme Aoust j’ay pris un peu du suc des grozeilles de
- l’experience precedente dans le temps qu’il se fermentoit le plus fort;
- &amp; l’ayant mis dans une petite marmite de verre dans le Bain Marie,
- i’ay poussé la chaleur iusques à faire exhaler la goutte d’eau en 10.
- secondes, &amp; la pression triple de la pression ordinaire de l’air; J’ay
- trouvé que ma liqueur avoit acquis un <span class="pagenum" id="Page_113">113</span> goust un peu approchant
- de ce que nous appellons en France du resiné, mais elle estoit fort
- agreable à boire, &amp; propre à étancher la soif; pour sçavoir ensuite si
- cette liqueur avoit beaucoup changé, i’en mis dans un petit verre, &amp;
- ie pris aussi de la liqueur de la bouteille d’où celle-cy avoir esté
- tirée, &amp; la mis dans un autre verre &amp; les ayant mises toutes deux en
- même temps dans le vuide, ie trouvay que la liqueur qui avoit esté mise
- au feu pendant sa fermentation, ietta moins de bulles que ne feroit de
- l’eau commune; au lieu que l’autre liqueur de la premiere suction se
- couvrit toute de bulles, &amp; en suite s’éleva assez haut en escume.</p>
-
- <p>Cette Experience me fit croire <span class="pagenum" id="Page_114">114</span> 1. que la <ins class="correction" title="cuison">cuisson</ins> d’une liqueur
- qui se fermente, peut estre propre à luy oster promptement la mauvaise
- qualité d’engendrer des vents, &amp; de donner la colique, 2. que cette
- liqueur ainsi cuite ne monteroit pas pourtant à la teste, comme fait
- le vin, parce que les esprits n’y sont pas si developpez que dans le
- vin; puisque le vin bout un peu à gros boüillons dans le vuide, &amp; cette
- liqueur n’y bout point du tout, &amp; n’y fait même que tres peu de bulles;
- 3. que cette liqueur ne seroit pas suiette à s’éventer, puisque les
- esprits en sortent si difficilement; enfin i’ay du penchant à croire
- qu’elle fortifieroit &amp; nourriroit beaucoup, puisque le pain qui est
- ainsi cuit pendant sa fermentation, <span class="pagenum" id="Page_115">115</span> passe pour le soûtien de la
- vie: Cependant il faut attendre l’experience avant que d’en pouvoir
- parler avec certitude; toûiours on peut dire que cette boisson ne sera
- pas long-temps à preparer.</p>
-
- <p class="experience"><i>EXPERIENCE IV.</i></p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> dix-septiéme Aoust ie pris du suc de prunes distillé de la maniere
- que ie diray chap. 6. exper. 3. comme il estoit plus épais que celuy
- qui se tire sans distillation, parce que celuy qui demeure toûiours à
- la chaleur avec le fruit, s’y attenuë continuellement; ie crus qu’il
- faloit plus de chaleur, pour le subtilizer; l’ayant donc enfermé à la
- maniere ordinaire dans une marmitte, &amp; dans le Bain Marie; <span class="pagenum" id="Page_116">116</span> je
- poussay le feu jusques à faire exhaler la goutte d’eau en moins de 2.
- secondes, &amp; la pression 12. fois plus forte que la pression de l’air;
- mes Vaisseaux estans refroidis, je trouvay contre mon attente que le
- suc estoit devenu presque tout solide dépuis le haut jusqu’au bas de la
- marmitte, &amp; qu’il estoit changé en une substance noire &amp; bruslée qui
- se pouvoit facilement écrazer entre les doigts; cependant il y avoit
- quantité de cavitez remplies d’une liqueur fort coulante, &amp; qui avoit
- tant d’acrimonie que la langue la pouvoit à peine souffrir, de sorte
- que la chaleur avoit fait dans ce suc une separation approchante de
- celle que la presure fait dans le laict.</p>
-
- <p>Cette experience fait voir que <span class="pagenum" id="Page_117">117</span> l’excez de chaleur est à craindre,
- &amp;, aussi que la cuisson des fruits tel que je l’ay décrite sera
- meilleure pour les boissons, que la distillation, quoy que celle-cy
- puisse estre plus propre pour les confisseurs, pour les gellées
- Clearcackes, &amp;c.</p>
-
- <p>Peut-estre pourtant qu’avec le temps ces sucs si épais feroient du vin
- plus fort que des sucs plus liquides; mais je crains qu’il ne falust
- plusieurs années pour en venir là.</p>
-
- <p class="experience"><i>EXPERIENCE V.</i></p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> dix-septiéme, &amp; dix-huitiéme Aoust je garday des sucs tirez de
- prunes, pour faire les mêmes experiences que j’avois faites avec les
- sucs de grozeilles vertes, dont je viens de <span class="pagenum" id="Page_118">118</span> parler; mais je crois
- qu’il est inutile de les rapporter, puisque je n’y ay rien appris de
- nouveau, sinon que les prunes font un vin bien meilleur, &amp; plus fort
- à mon gré que les grozeilles, &amp; qu’aussi ayant mis dans une bouteille
- de suc nouveau fait, un peu de suc fait dépuis 10. iours, &amp; qui se
- fermentoit bien fort, cela servit comme de levain pour faire fermenter
- cette bouteille beaucoup plus proprement qu’elle n’auroit fait sans
- cela.</p>
-
- <div class="figcenter3" style="width: 122px;">
- <img src="images/bandeau-4.jpg" alt="" title="" width="122" height="68" />
- </div>
-
- <p><span class="pagenum" id="Page_119">119</span></p>
-
- <div class="figcenter" style="width: 600px;">
- <img src="images/bandeau-3.jpg" alt="" title="" width="600" height="73" />
- </div>
-
- <h2 id="ch_6"><span class="smcap">Chapitre VI.</span></h2>
-
- <p class="schapitre">EXPERIENCES POUR LES CHYMISTES.</p>
-
- <p class="experience"><i>EXPERIENCE I.</i></p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> 13. Juillet Mr. le Docteur Slare membre de la Societé Royale eut la
- curiosité d’essayer si le Bain Marie fermé à vis ne pourroit pas servir
- à haster beaucoup l’extraction des teintures difficiles en Chymie;
- Pour ce dessein nous mismes dans une des petites marmittes de verre
- du sel de tartre avec de l’esprit de vin rectifié; dans l’autre nous
- mismes de l’ambre avec du mesme esprit de vin; nous poussâmes <span class="pagenum" id="Page_120">120</span> la
- chaleur jusqu’à faire exhaler la goutte d’eau en 3. secondes, avec
- 12. pressions, &amp; je l’éteignis bien-tost aprés: les vaisseaux estant
- refroidis, il se trouva que dans le verre où estoit le sel de tartre,
- la teinture estoit aussi forte qu’on l’eust pû faire en un mois de
- temps par la maniere ordinaire, &amp; elle avoit le goût lexivieux; dans
- l’autre marmite la teinture d’ambre étoit beaucoup plus forte qu’on n’a
- coûtume de la faire.</p>
-
- <p class="experience"><i>EXPERIENCE II.</i></p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> 15. Juillet Mr. le Docteur Slare eut encore envie d’essayer l’effet
- du bain Marie pour la teinture d’antimoine, nous allumasmes le feu
- environ à 10.&nbsp;<sup>1</sup>/<sub>2</sub> heures du matin; <span class="pagenum" id="Page_121">121</span> je poussay le feu jusques à
- faire exhaler la goutte d’eau en 2. secondes, &amp; la pression interieure
- estoit 12. fois plus forte que la pression ordinaire de l’air; J’ôtay
- une partie du feu, &amp; la chaleur estant diminuée en sorte que la goutte
- d’eau ne s’exhaloit plus qu’en 3. secondes, le Bain Marie ne perdoit
- rien du tout, j’entretins le feu à peu prés de cette force jusqu’à
- <sup>1</sup>/<sub>2</sub> heures; ensuite ie n’y regarday qu’un peu aprés 3. heures, &amp; je
- trouvay mes vaisseaux fort refroidis, &amp; le feu presque tout esteint:
- je le rallumay, &amp; je poussay encore la chaleur jusques à faire exhaler
- la goutte d’eau en moins de 1&nbsp;<sup>1</sup>/<sub>2</sub> secondes, &amp; il recommença à sortir
- quelque chose du Bain Marie par la petite soupape, &amp; j’ôtay du feu en
- sorte que la goutte <span class="pagenum" id="Page_122">122</span> d’eau ne s’exhaloit plus qu’en 2. secondes,
- &amp; le bain Marie cessa de s’en aller, je laissay éteindre le feu peu à
- peu, &amp; ensuite ie trouvay que le vinaigre avoit tiré peu de la teinture
- d’antimoine, quoy que la chaleur eust esté plus forte &amp; beaucoup plus
- longue, que pour la teinture du sel de tartre.</p>
-
- <p>Quelque temps aprés en vuidant la marmitte, je trouvay que le verre
- d’antimoine estoit venu tout en une masse, comme s’il eust esté fondu,
- &amp; que le dessus estoit rouge, mais le fonds estoit noirastre, ce qui
- nous fit croire que la teinture avoit esté toute tirée, mais qu’elle
- s’estoit ensuite precipitée.</p>
-
- <p>Nous remarquasmes aussi une grande difference entre l’esprit de vin
- &amp; le vinaigre distillé, c’est <span class="pagenum" id="Page_123">123</span> que la chaleur dans l’experience
- premiere avoit donné une si grande force à l’esprit de vin pour se
- dilater qu’il en estoit sorty une grande partie par dessus les bords
- de la marmitte, qui par ce moyen se trouva plus de demy vuide, &amp; au
- contraire l’esprit de vinaigre s’estoit trouvé si peu capable de
- dilatation, que la pression dans le Bain Marie se trouvant autant ou
- plus forte que dans la marmite, elle ne se trouva point du tout vuidée,
- quoyque la chaleur eust esté plus grande que sur l’esprit de vin, &amp; que
- la pression dans le Bain Marie eust esté égale dans l’une &amp; l’autre
- experience.</p>
-
- <p><span class="pagenum" id="Page_124">124</span></p>
-
- <p class="experience"><i>EXPERIENCE III.</i></p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> 2. Aoust je mis du rosmarin dans une grande marmitte de verre
- longue, &amp; il estoit soûtenu par un petit treillis de fer, en sorte
- qu’il s’en falloit un tiers qu’il ne touchât au fonds de la marmite;
- J’allumay ensuite le feu vers le haut de la machine, afin que le bas
- demeurant le plus froid les vapeurs du rosmarin peussent se condenser
- au fonds de la marmitte, je poussay la chaleur jusqu’à faire exhaler
- la goutte d’eau en 6. secondes sur le couvercle, mais le bas estoit
- presque tout froid; ie trouvay ensuite que le rosmarin avoit rendu un
- peu d’eau rouge, &amp; de bonne odeur, environ le poids d’une drachme, &amp; 2.
- ou 3. <span class="pagenum" id="Page_125">125</span> gouttes d’huile essentielle qui avoit fort bonne odeur, &amp;
- qui approchoit de la nature du beurre; estant plus épaisse que l’huile
- ordinaire; cette maniere de distiller a de l’avantage par-dessus la
- maniere ordinaire; 1. En ce qu’on n’est point en danger <ins class="correction" title="de de">de</ins> rien
- perdre, 2. En ce que les vapeurs sont plus faciles à pousser en bas
- qu’en haut, &amp; qu’ainsi n’estant mise en agitation que par la chaleur
- innocente du Bain Marie, &amp; tombans incontinent par leur poids, elles
- conserveront bien mieux leur nature, que quand elles sont exposées à un
- feu moins benin qu’il faut qu’elles en reçoivent une agitation capable
- de les élever à une hauteur considerable; ce qui ne se peut faire sans
- danger d’alterer leur nature, 3. Dans les distillations ordinaires
- <span class="pagenum" id="Page_126">126</span> il demeure toûjours beaucoup d’huyle attachée au chapiteau, &amp; quj
- ne tombe point dans le recipient, au lieu qu’icy il n’y a point de
- chapiteau, le recipient faisant les deux offices, reçoit d’abord toutes
- les vapeurs qui sortent du mixte.</p>
-
- <p>Le Diaphragme dont je me suis servy pour ces distillations, est
- representé fig. 3.</p>
-
- <p>BB est le diaphragme fait de fils de fer.</p>
-
- <p>AA sont trois petits pieds pour soûtenir le diaphragme à quelque
- distance du fonds.</p>
-
- <p>CC est un autre fil de fer attaché au centre du diaphragme, &amp; montant
- jusques vers le haut de la marmitte, afin que quand l’operation est
- finie, on puisse tirer par là le diaphragme &amp; les matieres qui sont
- au dessus; &amp; <span class="pagenum" id="Page_127">127</span> qu’ainsi la liqueur distillée demeure seule dans la
- marmitte.</p>
-
- <p>On pourroit aussi donner aux vaisseaux une figure circulaire; comme
- dans la quatriéme figure; car mettant une des extremitez dans le feu
- &amp; l’autre dans l’eau, les vapeurs se viendroient condenser de ce
- costé-là, &amp; les sels atils se pourroient attacher au milieu, comme ils
- font dans les distillations ordinaires.</p>
-
- <p>On pourroit aussi faire des vaisseaux tels que la cinquiéme figure
- represente, la marmitte bb, son ouverture II tout à fait hors du Bain
- Marie.</p>
-
- <p>On la pourroit emplir entierement de la matiere qu’on voudroit
- distiller; car appliquant à l’ouverture II un couvercle BB de
- profondeur raisonnable, toutes les vapeurs viendroient s’y <span class="pagenum" id="Page_128">128</span>
- condenser, &amp; les matieres seroient soûtenuës par un diaphragme.</p>
-
- <p>Il faudroit que la marmitte fust fortement soudée au Bain Marie à
- l’ouverture SS, afin de retenir l’eau contenuë dans l’espace TTTT entre
- le Bain Marie &amp; la marmitte.</p>
-
- <p>Il faudroit que le petit tuyau HH fust fermé à vis, &amp; non par des poids
- comme vous voyez dans la figure.</p>
-
- <p>Il faudroit qu’il y eust quelque boëte de fer attachée au Bain Marie
- par des poids, comme vous voyez dans la figure, pour tenir le feu qui
- l’échaufferoit.</p>
-
- <p>Enfin il faudroit que le tout fust soûtenu presques en équilibre par
- les tourillons CC sur les deux piliers RRRR, afin de pouvoir <span class="pagenum" id="Page_129">129</span>
- aisément tourner la machine sans dessus dessous.</p>
-
- <p>Par ce moyen on s’épargneroit la peine d’ouvrir le Bain Marie, &amp;
- ainsi il ne seroit point necessaire de le laisser refroidir, parce
- qu’on pourroit toûjours ouvrir la marmitte &amp; la remplir de nouveau
- sans donner aucun lieu à l’eau de s’échapper de l’espace TTTT, &amp; de
- plus le couvercle BB pourroit estre de verre, &amp; ainsi on auroit moyen
- d’observer le progrez de la distillation.</p>
-
- <p>On pourroit aussi (pour les operations qui se doivent faire en grande
- quantité) enfermer 5. ou 6. machines de cette sorte dans un grand
- cercle de fer, &amp; mettre le feu dans l’espace du milieu, &amp; ainsi le
- mesme feu les échaufferoit toutes à la fois, &amp; peut estre que par ce
- moyen avec du charbon <span class="pagenum" id="Page_130">130</span> de terre, on pourroit cuire le Pain fort bon
- &amp; à bon marché; &amp; quelque grande que fust la machine, on la pourroit
- toûiours tourner le haut en bas, à cause qu’elle seroit soûtenuë en
- équilibre, &amp; ainsi on la pourroit vuider, &amp; remplir assez facilement
- mais i’avouë que ie ne l’ay pas encore experimenté iusques là.</p>
-
- <p class="experience"><i>EXPERIENCE IV.</i></p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> 10. Aoust ie pris 3. onces de canelle, &amp; les ayant disposées de
- mesme que le rosmarin dont ie viens de parler, ie poussay le feu
- iusqu’à faire évaporer la goute d’eau en 2. secondes, mais le bas de
- la machine trempoit dans de l’eau froide que ie renouvellois de temps
- en temps, si bien que il devint à peine tiede, i’eus <span class="pagenum" id="Page_131">131</span> à ce coup
- environ 5. drachmes d’une liqueur blancheâtre avec quelques petites
- gouttes d’huile au dessus, il y avoit aussi un peu d’huile atachée aux
- côtez du verre &amp; qu’on pouvoit détacher avec une lame de couteau, &amp;
- on la voyoit ensuite nager sur la liqueur; Il y apparence que l’huile
- tirée de cette maniere n’est pas si pesante, que celle qu’on apporte
- des Indes, &amp; se meslant avec le phlegme elle le rend ainsi blancheâtre;
- cependant le phlegme ainsi meslé d’huile a fort bonne odeur, &amp; peut
- fort bien aromatiser, estant mis en plus grande dose que l’huile pure.</p>
-
- <p class="experience"><i>EXPERIENCE V.</i></p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> 12 Aoust ie mis de l’anis dans une de mes petites marmittes de
- verre, &amp; des feüilles <span class="pagenum" id="Page_132">132</span> de rosmarin dans l’autre avec de l’eau
- qui les surnageoit un peu, mon dessein estoit de voir si l’huile
- essentielle ne se pourroit point extraire de mesme que la gelée des os,
- ie croyois que les parties de l’eau s’insinuans entre les parties des
- plantes, pourroient faire échapper l’huile qui ensuite se trouveroit au
- dessus de l’eau; ie poussay le feu iusques à faire évaporer la goutte
- d’eau en 10. secondes, puis ie l’éteignis incontinent, ie trouvay que
- mes matieres avoient bien meilleur odeur qu’auparavant, sur tout le
- rosmarin, mais ie ne trouvay point d’huyle.</p>
-
- <p>Le 13. Aoust ie reïteray la mesme experience avec du rosmarin dans
- une marmitte, &amp; de la canelle dans l’autre. Je poussay le feu iusques
- à faire exhaler la <ins class="correction" title="gou">goutte</ins> <span class="pagenum" id="Page_133">133</span> d’eau en trois secondes, &amp; l’ôtay
- incontinent aprés; les vaisseaux êtans refroidis je trouvay que le
- rosmarin avoit plûtôt mauvaise, que bonne odeur; ce qui me fit juger
- que la chaleur excessive l’avoit gâté, au lieu que dans l’autre
- Experience une chaleur moins grande l’avoit rendu plus odoriferant, si
- bien que je ne sçay pas si par plusieurs experiences on ne pourroit
- point trouver un degré de chaleur propre à le rendre meilleur, &amp; luy
- faire donner dans la distillation plus d’huile, &amp; plus facilement qu’il
- ne fait d’ordinaire.</p>
-
- <p>La Canelle êtant un corps plus dur n’étoit point gâtée, mais il n’y
- avoit pas de profit à le preparer de cette maniere, à moins de sçavoir
- quelque degré de chaleur qui luy fut plus propre.</p>
-
- <p><span class="pagenum" id="Page_134">134</span></p>
-
- <p>Voilà tout ce que j’ay fait jusques icy sur la Chymie avec cette
- Machine; à quoy je croy pouvoir ajoûter qu’il y a tout lieu de croire
- qu’elle sera fort utile pour toutes les operations qui demandent un feu
- doux, &amp; égal de tous côtez, parce que mettant le feu au bas &amp; l’eau la
- plus chaude montant toûjours au dessus, la chaleur se communiquera par
- tout égallement; elle sera propre aussi pour conserver le même degré
- de chaleur pendant un fort long temps, parce que la grande quantité
- d’eau qu’il y aura à échauffer, empeschera que les inegalitez du feu ne
- soient si sensibles sur les matieres qui y sont enfermées; Par exemple;
- Si le feu vient à être plus fort à un temps qu’à l’autre, il arrivera
- que cette <span class="pagenum" id="Page_135">135</span> force du feu sera diminuée avant qu’elle ait pû faire
- d’effet considerable sur la Machine &amp; toute l’eau qu’elle contient;
- de même quand le feu vient à étre moins grand qu’il ne devroit la
- chaleur ne laisse pas de se conserver long-temps dans la Machine; en
- sorte qu’on peut avoir le loisir de refaire du feu; Cette consideration
- m’avoit donné envie d’éclorre des poulets par ce moyen, &amp; je ne doute
- pas que la chose ne pût fort bien reüssir; J’aurois voulu mettre la
- boule d’un Thermometre scellé hermatiquement sous une poule parmy les
- œufs, &amp; le tuyau du Thermometre sortant assez loin hors du nid,
- auroit montré le degré de chaleur necessaire pour cette operation;
- En suite j’aurois enfermé le mesme Thermometre <span class="pagenum" id="Page_136">136</span> dans une Machine
- ajustée avec des fenêtres vitrées pour laisser voir ce qui se passoit
- au dedans, &amp; ainsi on auroit pû voir quand le Thermometre seroit
- parvenu au même degré que quand elle êtoit sous la poule; &amp; les œufs
- êtans ainsi enfermez dans des marmites de verre auroient esté faciles
- à voir, quand il en seroit sorty des poulets, comme cette operation ne
- demande ny beaucoup de pression, ny beaucoup de chaleur, on pourroit la
- faire dans des machines de plomb, qui pourroient être grandes &amp; à bon
- marché.</p>
-
- <p>J’aurois voulu aussi essayer si la pression pourroit avancer la
- formation du poulet, aussi bien qu’elle avance la cuisson de la viande;
- mais j’ay abandonné ces desseins crainte de manquer de loisir pour en
- venir à bout.</p>
-
- <p><span class="pagenum" id="Page_137">137</span></p>
-
- <div class="figcenter" style="width: 600px;">
- <img src="images/bandeau-3.jpg" alt="" width="600" height="73" />
- </div>
-
- <h2 id="ch_7"><span class="smcap">Chapitre VII.</span></h2>
-
- <p class="schapitre">POUR LES TINTURIERS.</p>
-
- <p class="experience"><i>EXPERIENCE PREMIERE.</i></p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">P</span><span class="smcap">ARCE</span> que dans la seconde Experience du Chap. V. j’avois crû que les
- grozeilles vertes avoient tiré de l’étain une belle couleur de pourpre
- violet, je voulus voir si des grozeilles rouges ne feroient pas une
- couleur encore plus belle; ainsi le 3. Aoust, je mis plusieurs lames
- d’étain dans une petite marmite de verre avec des grozeilles rouges
- pilées; je poussay le feu jusques à faire évaporer la goutte d’eau en
- 3. secondes, avec la <span class="pagenum" id="Page_138">138</span> pression interieure 12. fois plus grande que
- la pression ordinaire de l’air; je trouvay en suite que les groseilles
- rouges au lieu d’avoir fait une couleur plus belle, avoient une couleur
- pâle, &amp; le fruit avoit beaucoup de goût de brûlé; J’avois mis en mesme
- temps dans l’autre marmite de verre des cerises noires, &amp; je trouvay
- que le suc avoit aussi perdu beaucoup de sa couleur; cela me fit croire
- que le feu altere les couleurs des choses, sur lesquelles il agit, en
- donnant aux corps qui n’en ont pas, &amp; l’ôtant à ceux qui en ont, &amp; je
- croy que dans la 2. Experience du Chap. V. les grozeilles vertes qui
- s’êtoient crevées contre l’étain n’avoient pas plus de couleur que les
- autres, parce qu’elles avoient souffert plus de chaleur, <span class="pagenum" id="Page_139">139</span> Il y a
- donc apparence que par le moyen de cette machine qui fait si bien agir
- la chaleur sans dissiper les parties des corps; On pourra faire servir
- à diverses teintures des substances qui n’y êtoient pas propres par les
- voyes ordinaires.</p>
-
- <p class="experience"><i>EXPERIENCE II.</i></p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> quatriéme Aoust je pris du suc de limon &amp; l’enfermay avec des
- lamines d’étain dans une petite marmite de verre &amp; ayant poussé le feu
- jusques à faire évaporer la goute d’eau en 10. secondes, &amp; la pression
- interieure seulement triple de la pression ordinaire de l’air, je
- trouvay que le suc de limon n’avoit point tiré de teinture de l’étain,
- quoy qu’il soit bien plus <span class="pagenum" id="Page_140">140</span> acide que les grozeilles vertes quand
- elles sont meures.</p>
-
- <p>Le 7. Aoust je reïteray la même experience avec le mesme suc de limon,
- &amp; je poussay le feu jusques à faire évaporer la goute d’eau en trois
- secondes, &amp; la pression 12. fois plus forte que la pression ordinaire
- de l’air; Je laissay un peu de charbon afin de conserver la chaleur
- plus long temps, &amp; je trouvay que le suc de limon n’avoit point de goût
- de brûle, &amp; qu’il n’avoit point tiré de teinture de l’étain, seulement
- il paroissoit un peu jaunâtre, ce qui me confirma que la couleur des
- grozeilles vertes, Chap. V. Experience II. n’avoit pas esté tirée de
- l’étain.</p>
-
- <p>J’avois mis en même temps dans une autre marmite des grozeilles
- écrasées, &amp; je trouvay <span class="pagenum" id="Page_141">141</span> qu’elles avoient contracté un goût
- d’empyreume, si fort qu’on ne les pouvoit avaller, leur liqueur êtoit
- rougeâtre, &amp; beaucoup moins belle que celle du Chap. V. Experience II.
- De sorte qu’il paroist que l’excez de chaleur peut beaucoup nuire;
- cette liqueur tachoit mes mains d’une couleur jaune que je ne pouvois
- faire passer en huit jours de temps, quoy que je n’épargnasse pas le
- savon.</p>
-
- <p class="experience"><i>EXPERIENCE III.</i></p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> seiziéme Aoust Monsieur Meres Teinturier à Londres m’apporta de la
- racine nommée <i>Rubea tinctorum</i> en poudre; Nous en mismes dans deux
- marmites de verre avec des petits morceaux d’étoffe &amp; de l’eau, <span class="pagenum" id="Page_142">142</span>
- &amp; dans l’une nous melâmes un peu d’eau de vie, nous poussames le feu
- jusques à faire douze pressions &amp; évaporer la goute d’eau en trois
- secondes, ce qui fut fait en <sup>1</sup>/<sub>2</sub> heure, &amp; ayant incontinent osté
- le feu, <ins class="correction" title="nou">nous</ins> trouvâmes que la couleur rouge étoit gâtée, &amp; qu’elle
- tiroit sur le jaune; les morceaux d’étoffe étoient tout à fait gâtez
- &amp; se déchiroient sans peine quoy que pour l’ordinaire on puisse faire
- boüillir cette étoffe trois heures sans se gâter. Cette experience nous
- fit croire que le <i>Rubea tinctorum</i>, ny les étoffes ne sont pas propres
- pour une si grande chaleur.</p>
-
- <p>Monsieur Meres eut en suite envie de voir si la cochenille pourroit
- donner toute sa couleur sans être morduë; Pour <span class="pagenum" id="Page_143">143</span> cét effet il mit
- trois grains de Cochenille, fort entiers dans trois onces &amp; demie
- d’eau, &amp; en même temps il mit dans l’autre marmitte de la Cochenille
- commune qui se vend huit fois meilleur marché que l’autre, à cause de
- cela il en mit environ huit fois plus à proportion de l’eau; ayant
- poussé le feu de même que dans l’experience precedente, nous trouvâmes
- que dans le premier verre il y avoit eu un des grains de Cochenille qui
- s’êtoit tout à fait dissout, &amp; que les deux autres n’avoient plus du
- tout de couleur, mais qu’ils étoient noirs. La liqueur êtoit d’un beau
- rouge: mais dans l’autre verre la teinture êtoit bien plus forte.</p>
-
- <p>Cette experience fit voir qu’on peut par le moyen du Bain Marie <span class="pagenum" id="Page_144">144</span>
- fermé à vis, épargner toute la peine &amp; le déchet qu’il y a à brayer la
- Cochenille, &amp; que peut-être la Cochenille commune donneroit beaucoup
- plus de teinture qu’elle ne fait d’ordinaire.</p>
-
- <p>Je fis avec ces liqueurs une experience pour sçavoir si la Machine du
- vuide pourroit servir à faire penetrer les teintures dans les étoffes;
- Je mis un morceau d’étoffe dans une des liqueurs, &amp; les ayant mis dans
- le vuide, je vis comme je l’attendois, qu’il sortit grande quantité
- d’air de l’étoffe, si bien que je croyois que la teinture entrant
- ensuite dans la place de cét air, se trouveroit avoir bien penetré par
- tout; cependant quand j’eus redonné l’air, &amp; que l’humidité de l’étoffe
- eut esté exprimée, <span class="pagenum" id="Page_145">145</span> il se trouva qu’il n’y resta pas de couleur, ce
- qui me fit voir que ce n’est pas assez que la teinture s’insinuë entre
- les poils mesmes; &amp; elle ne sçauroit s’y insinuer si les parties dont
- chaque poil est composé, ne sont rarefiées par la chaleur qui a bien
- plus de force pour cela, que le vuide.</p>
-
- <p class="experience"><i>EXPERIENCE IV.</i></p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">E</span> 18. Aoust ie mis deux morceaux d’étoffe de laine dans deux marmittes
- de verre, &amp; ie versay sur l’un de la teinture de cochenille à bon
- marché, &amp; sur l’autre du suc de prunes distillées de la maniere décrite
- chap. 6. exper. 3. ie ne poussay le feu que iusques à faire évaporer la
- goutte d’eau en quarante deux secondes &amp; six pressions; ensuite i’ôtay
- vite le feu, <span class="pagenum" id="Page_146">146</span> craignant que l’étoffe ne fust gâtée; les vaisseaux
- estant refroidis, ie trouvay mes deux morceaux d’étoffe encore bons &amp;
- bien teints, celuy qui estoit dans le ius de pruneaux aussi bien que
- l’autre, mais il estoit d’un rouge plus enfoncé &amp; tirant sur le brun;
- le iu des pruneaux aussi avoit beaucoup changé de couleur, estant
- devenu rougeastre de violet qu’il estoit auparavant, il estoit aussi
- devenu plus liquide.</p>
-
- <p>Cette experience fait voir que le Bain Marie conservant longtemps les
- choses à la chaleur sans qu’elles se gastent, &amp; retenant les plus
- subtiles parties qui s’exhalent d’ordinaire, sera propre à faire
- penetrer dans les étoffes des teintures, qui d’ordinaire sont estimées
- trop visqueuses, <span class="pagenum" id="Page_147">147</span> comme est le ius de pruneaux.</p>
-
- <p>Parce que pour les teintures on ne se soucie pas du goût, Mr. Meres
- croit qu’on n’auroit pas besoin de marmitte pour mettre dans le Bain
- Marie; ainsi ie croy qu’on pourroit laisser l’ouverture moindre que la
- cavité, comme vous voyez fig. 6. &amp; il faudroit aussi suspendre cette
- machine en equilibre sur les tourillons CC, afin de la vuider &amp; remplir
- facilement.</p>
-
- <p>Si on vouloit y teindre des étoffes, il faudroit que l’entrée HH fust
- du moins assez grande pour pouvoir introduire les pieces d’étoffe dans
- la cavité AA.</p>
-
- <p><span class="pagenum" id="Page_148">148</span></p>
-
- <div class="figcenter" style="width: 600px;">
- <img src="images/bandeau-3.jpg" alt="" title="" width="600" height="73" />
- </div>
-
- <h2 id="ch_8"><span class="smcap">Chapitre VIII.</span></h2>
-
- <p class="schapitre"><i>EXPERIENCES SUR LES CORPS PLUS DURS, COMME L’AMBRE, L’YVOIRE, &amp;c.</i></p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">J</span><span class="smcap">'A</span>y fait des experiences sur des corps plus durs, comme l’ambre,
- l’yvoire, la corne de bœuf, l’écaille de tortuë; mais comme ie n’y
- ay encore rien trouvé qui puisse estre utile dans la pratique, je ne
- veux pas ennuyer le lecteur en rapportant toutes les particularitez des
- experiences; Je me contenteray donc simplement de donner quelque peu
- d’observations qu’elles m’ont fourni.</p>
-
- <p>1<sup>o</sup>. Ie n’ay jamais pu fondre <span class="pagenum" id="Page_149">149</span> l’ambre, quelque degré de chaleur
- que j’aye employé, quoy que j’emplisse la Machine avec de la pois &amp; du
- sable au lieu d’eau, &amp; que je la fermasse avec 8. vis au lieu de 2.
- J’ay bien pû faire la separation de diverses substances dont il est
- composé, sçavoir de baume, des fumées, &amp; des terrestreitez; mais tout
- cela ne se peut appeller de l’ambre fondu, puis qu’il n’a plus les
- proprietez de l’ambre, car si on dissout ces substances dans l’esprit
- de therebentine, elles ne sçauroient acquerir beaucoup de dureté, quoy
- qu’on fasse évaporer l’esprit; &amp; une chaleur mediocre peut les ramolir,
- comme si ce n’estoit que la therebentine endurcie.</p>
-
- <p>2<sup>o</sup>. Mr. Boyle m’ayant donné de la gomme copal pour essayer ce <span class="pagenum" id="Page_150">150</span>
- qu’elle feroit, je trouvay bien à la verité qu’elle se fondit sans se
- gaster beaucoup: mais quand je voulus m’en servir pour faciliter la
- fonte de l’ambre, je n’y pus reüssir, j’ay voulu employer pour ce même
- dessein du mastik, de la gomme adragant, de la poix resiné, mais tout
- cela a été inutilement, si bien que je croy qu’on peut asseurer, que
- pour la fonte de l’ambre il faut une chaleur plus forte &amp; plus prompte
- que cette Machine n’en peut donner.</p>
-
- <p>3<sup>o</sup>. Quoy qu’il semble que la corne de bœuf soit un corps plus
- gluant que les os, je n’ay jamais pu en tirer aucune gelée ny colle,
- quoyque j’aye remis la mesme corne trois ou quatre fois de suite dans
- la Machine sur le feu.</p>
-
- <p>4<sup>o</sup>. Je n’ay jamais pu prendre <span class="pagenum" id="Page_151">151</span> l’yvoire molle &amp; pliante, quoyque
- je l’aye fait cuire de diverses manieres, &amp; avec diverses liqueurs,
- comme sont la graisse, l’huyle, la bierre &amp; l’eau, j’en ay tiré de fort
- belle gelée bien transparente, mais l’yvoire demeure cassante.</p>
-
- <p>5<sup>o</sup>. L’écaille de tortuë ne se sçauroit ramollir en boüillant dans
- l’huyle, mais dans l’esprit de vin elle s’enfle, &amp; devient pleine de
- cavitez comme une éponge.</p>
-
- <p>6<sup>o</sup>. La corne de bœuf &amp; l’écaille de tortuë ayant esté cuittes
- dans l’eau, a une chaleur capable de faire exhaler la goutte d’eau en
- 3. secondes, avec une pression interieure 12. fois plus forte que la
- pression ordinaire de l’air; elles deviennent si molles, qu’elles ne se
- rendurcissent point en 3. ou 4. jours de temps, &amp; <span class="pagenum" id="Page_152">152</span> peut-estre que
- cecy pourroit être d'usage dans la pratique, &amp; donner plus de commodité
- de mettre ces matieres en œuvres, que quand elles ne sont échauffées
- qu’à la maniere ordinaire; il faut pourtant avoüer qu’elles demeurent
- aprés cela plus cassantes qu’auparavant; &amp; j’ay une fois veu deux
- pieces d’écaille de tortuë, qui en cuisant ensemble, s’estoient si bien
- collées l’une à l’autre, qu’elles se rompoient ailleurs, plûtost que de
- se des-unir.</p>
-
- <div class="figcenter3" style="width: 122px;">
- <img src="images/bandeau-4.jpg" alt="" title="" width="122" height="68" />
- </div>
-
- <p><span class="pagenum" id="Page_153">153</span></p>
-
- <div class="figcenter" style="width: 600px;">
- <img src="images/bandeau-2.jpg" alt="" title="" width="600" height="116" />
- </div>
-
- <h2 id="ch_9"><span class="smcap">Chapitre IX.</span></h2>
-
- <p class="schapitre"><i>CALCVL DV PRIX A QUOY DE BONNES &amp; GRANDES MACHINES POURROIENT
- REVENIR, &amp; DU PROFIT QU’ELLES POURROIENT APPORTER.</i></p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">P</span><span class="smcap">Arce</span> que l’on objecte d’ordinaire contre les nouvelles Inventions, que
- la dépense ira plus loing que le profit qu’elles pourront apporter,
- j’ajoûteray icy un calcul de la dépense qu’il y auroit à faire pour
- de telles machines que celles que j’ay décrites, &amp; du profit qu’on en
- tireroit.</p>
-
- <p>J’ay esté chez un Marchand de <span class="pagenum" id="Page_154">154</span> fer, &amp; j’y ay fait peser un tuyau
- de fer de fonte qui avoit 6. pouces de diametre &amp; 2. pieds de haut, il
- estoit sans doute assez fort pour resister à une pression interieure
- 20. fois plus forte que la pression ordinaire de l’air; cependant il ne
- pesoit que 57. liv. si bien qu’un autre tuyau de cette sorte qui auroit
- 12. pouces de diametre, &amp; autant de force à proportion de sa grosseur
- ne peseroit qu’environ 228. liv. mais quand mesme un vaisseau de cette
- grandeur avec ses fonds peseroit 250. liv. il ne reviendroit toûjours
- pas à 29. livres tournois, puisque les marchands peuvent gagner en
- donnant cette sorte de fer pour 2&nbsp;<sup>1</sup>/<sub>2</sub> sols la livre.</p>
-
- <p>On pourroit faire user &amp; ajuster le couvercle au vaisseau <span class="pagenum" id="Page_155">155</span> dans
- le lieu mesme où sont les forges, &amp; où les ouvriers travaillent à bon
- marché, &amp; ainsi cela se pourroit faire à moins de 20. sols pour chaque
- Machine.</p>
-
- <p>Les pieces de fer DD avec les quatre vis crainte que deux ne fussent
- pas suffisantes, &amp; la verge de fer LM se pourroient faire à moins d’un
- écu, sur tout si on les faisoit à la campagne, &amp; beaucoup à la fois.</p>
-
- <p>Ce ne seroit aussi que trop de donner un écu pour mettre le tuyau HH,
- &amp; y aioûter la soupape.</p>
-
- <p>On pourroit aussi avoir la marmitte GG de fonte, de fer, de verre ou
- de pots de grais pour moins de 4. écus, &amp; elle seroit assez forte &amp;
- assez grande pour contenir 8. livres d’eau, i’avouë <span class="pagenum" id="Page_156">156</span> pourtant qu’il
- seroit difficile de faire un verre si grand, mais au lieu d’un, on
- en pourroit faire trois ou quatre, pour mettre l’un sur l’autre dans
- le mesme chassis. On peut donc asseurer qu’un marchand pourroit avec
- bon profit vendre de telles marchandises à seize écus la piece toutes
- prestes &amp; en bon estat.</p>
-
- <p>Une Machine telle que ie viens de décrire feroit plus de 50. liv. de
- gelée à la fois, &amp; elle pourroit faire son effet du moins deux fois en
- 24. heures; car i’ay éprouvé que ma grande Machine qui a six pouces
- de diametre, peut en moins d’une heure acquerir toute la chaleur
- necessaire pour faire de la gelée d'os. On peut donc asseurer qu’on
- pourroit faire du moins 110. liv. de gelée par iour avec une machine de
- 12 pouces de diametre.</p>
-
- <p><span class="pagenum" id="Page_157">157</span></p>
-
- <p>Or dans Paris, où quelques Traitteurs tiennent toûjours de la gelée
- prête pour ceux qui en veulent achepter; On la vend communement vingt
- sols la livre: mais dans Londres où l’on n’en fait que quand on la
- demande, les Apoticaires la vendent deux Chelins; ce seroit donc rendre
- un bon service au public, si quelqu’un entreprenoit de fournir la gelée
- à 4. sols la livre; Cependant un homme pourroit à ce prix-là faire par
- jour pour environ vingt livres tournois de gelée avec telle machine.</p>
-
- <p>Le feu ne coûteroit pas six sols, &amp; on auroit aussi les os, &amp; un
- peu de corne de Cerf à bon marché, n’êtant pas necessaire de les
- raper, il ne faut pas non plus beaucoup de sucre pour la gelée, mais
- supposons que la dépense <span class="pagenum" id="Page_158">158</span> monte à huit livres tournois par jour, il
- restera toûjours quatre écus de profit pour le Maître de la Machine,
- &amp; ainsi en quatre jours de temps, il pourra être remboursé de la
- dépense de l’achapt, &amp; un homme seul pourroit faire travailler cinq
- ou six machines à la fois, &amp; les employer pour divers usages, dont
- quelques-uns seroient peut-être de plus grand profit que de faire de la
- gelée; Il ne faut donc point douter, que ceux qui auront les avances
- necessaires pour travailler à bon escient à ces sortes de choses, y
- pourront faire parfaitement bien leurs affaires, &amp; en même temps rendre
- un service au public.</p>
-
- <p><span class="pagenum" id="Page_159">159</span></p>
-
- <div class="figcenter" style="width: 600px;">
- <img src="images/bandeau-5.jpg" alt="" title="" width="600" height="41" />
- </div>
-
- <h2 id="ch_10">ADVIS</h2>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">M</span><span class="smcap">O</span>nsieur Edmond King Docteur en Medecine, &amp; l’un des membres de la
- Societé Royale de Londres, ayant fait faire une de ces machines, pour
- plus grande commodité &amp; seureté a fait ajuster la verge de fer LM avec
- une charniere à l’extremité L, afin qu’elle tombe toûjours juste sur
- le Tuyau HH, &amp; qu’il n’y ait pas de danger que la soupape P glisse à
- costé &amp; gaste l’operation: Il a aussi fait bâtir un fourneau de brique
- tout exprés: &amp; ainsi j’ay eu depuis la commodité d’essayer si par ce
- moyen la dépense du charbon seroit moindre que dans le coin <span class="pagenum" id="Page_160">160</span> de ma
- cheminée (<i>voy chap. 1.</i>) mais j’ay trouvé contre mon attente que la
- dépense de charbon est beaucoup plus grande dans son fourneau, dont
- je croy devoir attribuer la raison à ce que les charbons dans son
- fourneau ne touchent pas la machine, mais demeurent à quelque distance
- au dessous; de mesme que dans les fourneaux ordinaires à bain de sable
- les charbons ne touchent pas le pot, au lieu que dans ma cheminée le
- charbon touche la machine presque tout le long d’un costé, &amp; ainsi la
- peuvent bien mieux échauffer. Il y a donc apparence qu’il vaudroit
- mieux faire les fourneaux en sorte que les charbons touchassent la
- machine tout le long d’un costé: il vaudroit <span class="pagenum" id="Page_161">161</span> mieux aussi les faire
- de plaques de fer, parce que les fourneaux de brique demandent beaucoup
- de feu pour estre tout à fait échauffez, à moins qu’on les fasse
- travailler continuellement.</p>
-
- <p>Cependant Mr. King a fait diverses experiences avec sa machine, ayant
- la commodité que le feu s’y allume sans qu’il soit besoin de souffler.
- Outre plusieurs bons plats de viande &amp; de poisson, il a aussi preparé
- dîvers remedes, &amp; a trouvé que dans cette machine l’operation se peut
- faire en moins de la dixiéme partie du temps qui est necessaire dans
- les autres fourneaux; &amp; <ins class="correction" title="ponrtant">pourtant</ins> quelques unes de ces preparations sont
- beaucoup plus fortes que l’ordinaire.</p>
-
- <p><span class="pagenum" id="Page_162">162</span></p>
-
- <p>Nous avons veu qu’en hyver la corne de cerf estant boüillie avec douze
- fois aussi pesant d’eau, elle la change toute en gelée: les os font
- la mesme chose estant boüillis avec quatre fois aussi pesant d’eau,
- ce qui est du moins le double de ce que j’avois trouvé en esté. <i>A
- cette occasion je rapporteray deux autres effets qui ne se produisent
- pas également en hyver &amp; en esté: la premiere est la fermentation des
- os dont j’ay parlé chap. 3. exp. 8.</i> qui ne se fait pas de beaucoup
- si bien dans le froid que dans le chaud; le second est la cuisson des
- viandes: car j’ay éprouvé avec ma machine que le mouton se cuit fort
- bien en esté avec 5. onces de charbon; mais en hyver il ne se peut bien
- cuire à moins de 6&nbsp;<sup>1</sup>/<sub>2</sub> onces.</p>
-
- <p><span class="pagenum" id="Page_163">163</span></p>
-
- <p>Nous avons veu qu’il n’est pas necessaire de mettre dans la machine
- toute l’eau qu’on veut congeler; mais mettant poids égal d’os &amp; d’eau,
- aprês l’operation cette eau estant mêlée avec trois fois autant d’autre
- eau, la tourne toute en gelée; &amp; ainsi la quantité de gelée qu’on peut
- faire avec une machine, &amp; par consequent le profit qu’on en peut tirer,
- va bien plus loin que je n’ay dit dans le 9. Chapitre.</p>
-
- <p>J’ay trouvé qu’un vieux chappeau fort méchant &amp; mal travaillé, estant
- penetré de gelée d’os, est devenu bon &amp; ferme; en sorte qu’il y a
- apparence que si on se servoit d’une telle liqueur pour faire les
- chappeaux, ils seroient bien meilleurs que l’ordinaire.</p>
-
- <p><span class="pagenum" id="Page_164">164</span></p>
-
- <p>La machine de Mr King ayant déja donné lieu à ces experiences; Je ne
- doute pas que quand la chose sera devenuë commune, on en découvrira
- beaucoup d’autres usages en fort peu de temps.</p>
-
- <p><span class="pagenum" id="Page_165">165</span></p>
-
- <div class="figcenter" style="width: 600px;">
- <img src="images/bandeau-6.jpg" alt="" title="" width="600" height="76" />
- </div>
-
- <h2 id="ch_11">ADVIS</h2>
-
- <p class="schapitre2"><i>DE MONSIEVR COMIERS<br />Prévôt de Ternant, Professeur des Mathematiques
- à Paris.</i></p>
-
- <p class="noindent"><span class="dropcap">L</span><span class="smcap">A</span> Version du Livre Anglois de Mr Papin, est autant bonne qu’on la
- peut souhaitter: Mais comme ce docte Medecin François de naissance,
- &amp; experimenté Philosophe Cosmopolite, que l’Academie nouvellement
- établie à Venise, pour perfectionner les Arts &amp; les Sciences, a tiré
- d’Angleterre, ne fit que passer par Paris, &amp; y salüer ses anciens amis;
- il n’eut pas le temps d’y faire construire sa <i>Machine pour amolir
- les Os, &amp; faire cuire <span class="pagenum" id="Page_166">166</span> toutes sortes de Viandes en fort peu de
- temps, &amp; à peu de frais</i>: plusieurs personnes n’ont peu y réüssir. Cela
- m’a obligé de donner au public la même Machine, renduë beaucoup plus
- facile, plus commode &amp; plus asseurée, &amp; telle que Mr Hubin Emailleur du
- Roy, &amp; si connu parmy les Sçavans curieux, la fit construire au mois
- d’Avril dernier, avec laquelle il a le premier en France, montré par
- experience à la Cour, &amp; à Mrs. de l’Academie Royale des Sçiences, tout
- ce que Mr Papin son ancien amy, avoit promis dans son livre imprimé à
- Londres.</p>
-
- <p>On connoistra par la seule inspection de ces figures, en quoy cette
- machine est plus facile, plus commode &amp; plus seure, <span class="pagenum" id="Page_167">167</span> que celle de
- Mr Papin.</p>
-
- <p>La Figure premiere marquée par les lettres GG:FF, represente le
- Cylindre creux dans lequel on met cuire les Fruits, les Legumes, les
- Poissons, les Chairs, &amp; les Os pour en faire de la gelée.</p>
-
- <p>Ce Cylindre creux est de Metal. Sa hauteur est d’un pied de Roy. Son
- diametre est de quatre pouces. Son rebord, ou cordon GG, est de quatre
- lignes d’épaisseur, &amp; d’autant de sallie.</p>
-
- <p>La Figure II marquée H, represente un couvercle de fonte, de trois
- lignes d’épaisseur, un peu voutée, pour mettre sur le Cylindre creux GG,FF.</p>
-
- <p>La Figure III, marquée K,V,K:K,L,K, represente une espece
- d’Estrier de fer.</p>
-
- <p><span class="pagenum" id="Page_168">168</span></p>
-
- <p>La Figure IV, marquée N, est une Platine de fer, de quatre lignes
- d’épaisseur, pour mettre sur L, fonds de l’Estrier.</p>
-
- <p>La Figure V, marquée par les lettres KVK:GG.K:FF:K, represente
- le Cylindre creux GG:FF de la <i>Fig. I.</i> mis dans l’Estrier de <i>Fig.
- III</i>. On serre fortement le couvercle H, sur la bouche GG, du Cylindre
- creux par le moyen de la vis V, qu’on tourne avec le gros poinçon de
- fer Q qu’on voit dans la <i>Fig. IX</i>.</p>
-
- <p>La Fig. VI, marquée par les lettres BB:DD. est un Cylindre creux de
- fonte. Son rebord ou cordon BB a six lignes de hauteur &amp; autant de
- sallie. Son fonds DD est épais d’environ quatre lignes, afin que par
- l’effort de la pression interne <span class="pagenum" id="Page_169">169</span> il ne bouge, la machine figure X
- estant mise sur les charbons ardents. La concavité de ce Cylindre BD.
- Fig. VI. à un pied &amp; un pouce de profondeur, &amp; cinq pouces &amp; demi de
- diametre d’ouverture ou largeur pour recevoir toute la machine de la
- Figure V. laquelle est supportée au fonds DD sur un petit bourclet
- cercle ou couronne de paille.</p>
-
- <p>La Figure VII, marquée par les lettres <i>a</i>,T,<i>a</i>:AA. represente
- un Cylindre de fonte creux &amp; renversé, pour servir de couvercle au
- Cylindre creux B,B:D,D. de la <i>Fig. VI</i>, ainsi qu’on le voit dans
- la <i>Fig. X</i>. Son diametre est égal a celuy du Cylindre creux BB. Sa
- hauteur est de deux pouces &amp; demi. Son rebord ou cordon AA, est <span class="pagenum" id="Page_170">170</span>
- de six lignes de hauteur, &amp; d’autant de saillie. Le Tuyau T est de
- fonte, &amp; soudé au travers du fond <i>aa</i>, du couvercle <i>aa</i>:AA, son
- usage, est tel que Mr Papin l’a décrit.</p>
-
- <p>La Figure VIII, marquée Y, est une platine de fer de quatre lignes
- d’épaisseur, elle est un peu cambrée sur le milieu: Elle est aussi
- échancrée en Z, afin qu’en la mettant sur le fonds <i>aa</i>, du couvercle
- <i>aa</i>:BB, comme on le voit dans la <i>Fig. X.</i> elle reçoive le Tuyau T.
- Cette platine y sert à presser &amp; joindre tres-fermement par le moyen
- des vis O, I. le couvercle <i>aa</i>:AA. avec le Cylindre BB:DD. comme
- il paroist dans la <i>Fig. X</i>.</p>
-
- <p>La Figure VIII, marquée par les lettres RC:OMI:ES <span class="pagenum" id="Page_171">171</span> est forgée
- en double Equerre, donc les deux extremitez sont forgées quarrément
- en crochets chacun de demi pouce de sallie en dedans. Ces crochets
- embrassent le corps du Cylindre, AA.BB. de la fig. VI. par dessous
- le rebord sallie ou cordon BB, comme le tout paroît dans la <i>Fig. X</i>.
- Enfin par le moyen des deux vis O:I. qu’on tourne avec le gros poinçon
- de fer Q <i>Fig. IX.</i> dans des écrous de la bande de fer CE, on serre, &amp;
- on joint tres-étroitement le couvercle <i>aa</i>:AA de la <i>Fig. VII</i>, sur
- la bouche BB du Cylindre creux BB.DD de la <i>Fig. VI</i>, comme on voit
- le tout dans la <i>Fig. X</i>.</p>
-
- <p>Ce double Equerre RCES porte une petite boucle M, qui sert à
- acrocher, comme il paroist <span class="pagenum" id="Page_172">172</span> dans la <i>Fig. X</i>, le levier, verge, ou
- barre plate de fer MTX, laquelle par sa pesanteur, &amp; par celle du
- poids P sert à presser le papier qu’on met sur le trou du tuyau T, pour
- le bien boucher, afin que pendant que la machine est sur les charbons
- ardens il n’en puisse rien échapper ou exhaler.</p>
-
- <p>Ce double Equerre à crochets a par tout un pouce &amp; demi de largeur, &amp;
- demi pouce d’épaisseur. Ses crochets RS ont du moins demi pouce de
- sallie en dedans. La largeur ou distance d’entre les deux barres plates
- CR:ES, est égale au diametre des rebords, sallies ou cordons AA.BB.
- qu’elles embrassent; mais la distance RS de l’extremité ou
- pointe d’un crochet à l’autre, est precisément <span class="pagenum" id="Page_173">173</span> de la largeur du
- diametre du corps du Cylindre BB:DD, qu’ils doivent embrasser au
- dessous du cordon BB, qui a de chaque costé un demi pouce de sallie.
- La hauteur inferieure de ce double Equerre RC, est d’environ quatre
- pouces, afin de pouvoir embrasser le cordon BB, tout le couvercle aa:AA,
- &amp; la platine Y sur laquelle portent les pointes des vis OI, qui
- tournent dans des Ecrous de la partie horizontale CE du double équerre
- RC:OMI:ES.</p>
-
- <p>J’ay depuis remarqué qu’on peut encore rendre cette machine plus facile
- &amp; de moindre dépense: en voicy la maniere. Faites que le Cylindre
- creux de fonte de la <i>Fig. VI</i>, marquée par les lettres BB:DD, <span class="pagenum" id="Page_174">174</span>
- soit assez profond pour recevoir entierement toute la machine de
- la <i>Fig. V</i>, marquée par les lettres KVK:GG.KFFK. Cela estant
- vous n’aurez pas besoin du couvercle, en Cylindre creux de la <i>Fig.
- VII</i>, marqué par les lettres <i>a</i>,T,<i>a</i>:AA: il suffira d’avoir une
- platine de metal de 3, ou 4 lignes d’épaisseur, dont le diametre sera
- égal au diametre BB du Cylindre creux de fonte y compris son rebord,
- ou cordon. Cette platine servira donc de couvercle au Cylindre creux
- marqué AA:BB dans les figures VI &amp; X. On soudera au travers de cette
- platine le Tuyau de fonte T. Ainsi on remplira d’eau tout à coup la
- machine AA:BB, laquelle estant couverte de sa platine, &amp; sur icelle
- <span class="pagenum" id="Page_175">175</span> ayant mis l’autre platine échancrée yz de la <i>Fig. VIII</i>, on
- adjustera le doule Equerre marqué par les lettres C:OMIE:RS, &amp;c.</p>
-
- <p class="br"><i>Ceux qui souhaitteront avoir la Machine reduite dans toute sa
- facilité &amp; de moindre dépense, telle que nous l’avons donné cy-dessus,
- s’addresseront au Sr HOVDRY, Maistre Fondeur, ruë de la Ferronerie.</i></p>
-
- <div class="figcenter" style="width: 600px;">
- <img src="images/planche-1.jpg" alt="" title="" width="600" height="369" />
- <p class="center"><span class="link"><a href="images/x-planche-1.jpg">
- <img class="agrandissement" src="images/agrandissement.jpg" alt="" width="18" height="14" /></a></span></p>
- </div>
-
- <div class="figcenter" style="width: 600px;">
- <img src="images/planche-2.jpg" alt="" title="" width="600" height="552" />
- <p class="center"><span class="link"><a href="images/x-planche-2.jpg">
- <img class="agrandissement" src="images/agrandissement.jpg" alt="" width="18" height="14" /></a></span></p>
- </div>
-
- <hr class="small2" />
-
- <div class="tnote"><a name="tnote" id="tnote"></a>
- <h2>Au lecteur</h2>
-
- <p class="line">~~~~~</p>
-
- <p>Cette version numérisée reproduit dans son intégralité la version
- originale. Nous avons utilisé une typographie plus moderne que celle
- de la version papier en remplaçant les &#383; par des s.</p>
-
- <p>La ponctuation n’a pas été modifiée hormis quelques corrections
- mineures.</p>
-
- <p>La version électronique <b>html</b> restitue le mieux la présentation du livre papier.</p>
-
- <p>L’orthographe a été conservée. Seuls quelques mots ont été modifiés.
- Ils sont soulignés par des tirets. Passer la <ins class="correction" title="orthographe originale" >souris</ins> sur
- le mot pour voir le texte original.</p>
- </div>
-</div>
-
-<hr class="full" />
-
-
-
-
-
-
-
-
-<pre>
-
-
-
-
-
-End of the Project Gutenberg EBook of La maniere d'amolir les os, by Denis Papin
-
-*** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LA MANIERE D'AMOLIR LES OS ***
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