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-The Project Gutenberg EBook of Le petit-neveu de Grécourt ou Étrennes
-gaillardes, by Anonymous
-
-This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with
-almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or
-re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included
-with this eBook or online at www.gutenberg.org/license
-
-
-Title: Le petit-neveu de Grécourt ou Étrennes gaillardes
- Recueil de Contes en vers, réimprimés sur l'édition de 1782
-
-Author: Anonymous
-
-Editor: Isidore Liseux
-
-Release Date: December 10, 2019 [EBook #60896]
-
-Language: French
-
-Character set encoding: ISO-8859-1
-
-*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LE PETIT-NEVEU DE GRÉCOURT ***
-
-
-
-
-Produced by René Galluvot (from images generously made
-available by The Internet Archive/Canadian Libraries)
-
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-
- LE
- PETIT-NEVEU
- DE GRÉCOURT
-
- OU
- Étrennes Gaillardes
-
- Recueil de Contes en vers, réimprimé sur l'édition de 1782.
-
- [Marque d'imprimeur: SCIENTIA DUCE I L]
-
- PARIS
- Isidore LISEUX, Éditeur
- Quai Malaquais, nº 5
-
- 1883
-
-
-
-
-_Tiré à cent cinquante exemplaires numérotés_
-
-_Nº 10_
-
-
-
-
-AVIS DE L'ÉDITEUR
-
-
-On ne s'attend pas à de longues recherches bibliographiques sur ce léger
-recueil de gaietés: ce serait faire trop d'honneur à un petit vagabond,
-sans feu ni lieu, et sans histoire. Tout ce que nous en savons, c'est
-que d'abord mis au monde, en 1781 ou 1782, sous le titre de _PETIT-NEVEU
-DE GRÉCOURT... à Gibraltar, chez les Moines_, il a été vite adopté par
-Cazin, qui en a donné deux éditions, avec un titre nouveau: _ÉTRENNES
-GAILLARDES, dédiées à ma commère... à Lampsaque, de l'imprimerie du Dieu
-des Jardins_, 1782 et 1784. Voilà donc, à bien compter, trois éditions,
-lesquelles doivent se valoir, vu le mérite à peu près égal des
-imprimeurs: le Dieu des Jardins, au XVIIIe siècle, n'avait sûrement pas
-de plus dignes émules que les Moines, de Gibraltar ou d'ailleurs.
-
-Maintenant, qui a composé ce volume? Un homme de goût, évidemment. On a
-pensé que ce pouvait bien être Félix Nogaret, à cause des initiales Y X,
-dont signe l'éditeur; mais ce n'est là, qu'une supposition fort
-aventurée. Nogaret avait le bonheur de posséder un X dans son prénom:
-d'accord; mais tous les anonymes n'ont-ils pas le même droit à l'X? Et
-quant au goût de Félix Nogaret, qui passe avec plus de raison pour avoir
-fait les insipides huitains de l'_Arétin Français_, n'est-il pas trop
-douteux pour justifier l'attribution?
-
-La chose, en somme, est de minime importance. Quel que soit l'Amateur
-qui a recueilli ces bluettes, acceptons-les pour elles-mêmes et ne leur
-demandons pas plus qu'elles ne peuvent tenir. Elles ont été glanées un
-peu partout: cependant, la majeure partie n'en est guère connue; elles
-sont lestes, court-vêtues, provocantes, et si elles donnent au Lecteur
-une heure ou deux d'amusement, nous aurions grand tort de regretter les
-quelques feuilles de joli papier que nous avons sacrifiées pour cette
-modeste édition.
-
-I. L.
-
-Paris, le 20 Juillet 1883.
-
-
-
-
-A MA COMMÈRE
-
-
-Ce n'est pas une Épître dédicatoire que je vous adresse, c'est une
-simple Lettre que je vous écris; n'y cherchez donc ni tournures
-délicates, ni périphrases ingénieuses, ni tout ce qui sent l'Auteur. Je
-ne le suis pas, Dieu merci: je ne suis qu'un Éditeur gai et gaillard;
-j'ai consacré quinze ou vingt jours, plus ou moins, à rassembler des
-Contes joyeux, pour vous rendre une fois le plaisir que vous m'avez
-donné mille. De toutes les Francomtoises qui embellissent et récréent la
-Capitale, vous êtes sans contredit la plus aimable: votre taille est
-svelte, vos yeux sont noirs et vifs, vos genoux charnus et ronds, vos
-mains potelées, vos joues parées des plus belles couleurs; enfin vous
-êtes à trente ans ce qu'une autre femme est à vingt. Vous croyez
-peut-être, ma chère Commère, que ma franchise ordinaire a fait place au
-ton complimenteur, détrompez-vous: tel je suis en parlant, tel en
-écrivant, et je vais vous répéter ce que je vous ai dit vingt fois sans
-que votre amour-propre en ait paru blessé, tant vous êtes modeste! Votre
-sein n'est ni plus ferme, ni plus rond qu'un autre, votre petit pied
-fait mentir le proverbe; mais ces légères imperfections servent d'ombres
-au tableau: vous n'en êtes pas moins chère à tous ceux qui vous
-connoissent, on ne parle de vous qu'avec feu, et je sais bien pourquoi:
-c'est que dans un siècle où chacun vante beaucoup l'humanité, vous êtes
-humaine autant qu'on peut l'être. Avec quel désintéressement ne
-venez-vous pas au secours d'une foule d'Amateurs! votre main s'ouvre
-pour les uns, et votre coeur pour les autres. Vous savez que la
-faiblesse humaine et vos charmes changent une offrande libre en un impôt
-forcé, et malgré cela, vous ne rançonnez personne. Le pauvre Abbé
-Piquet, le petit Vicaire de notre Paroisse, et le Père Briffard, que
-j'ai rencontrés ce matin, me le disaient encore; tel Géomètre le
-démontre, et tel Musicien le chante à qui veut l'entendre. Si tous ces
-Messieurs publient votre générosité sur les toits, puis-je faire moins
-que de l'élever jusqu'aux nues, moi que vous avez distingué dans la
-foule, moi à qui vous avez accordé tant de faveurs piquantes pour le
-seul plaisir de m'en accorder, moi enfin à qui vous avez avoué en
-rougissant que j'avais fait votre conquête? Je serais le plus ingrat des
-hommes, ma Commère, si je ne continuais pas à vous voir sur le même
-pied, surtout lorsque mes facultés et votre manière d'agir à mon égard
-s'accordent si bien ensemble. Cependant il ne sera pas dit que je ne
-cherche pas à m'acquitter envers vous; je sais que vous aimez la belle
-littérature, je vous ai surprise plus d'une fois le _Moyen de parvenir_
-à la main, et je me suis même aperçu que, douée d'une imagination très
-vive, vous vous trouvez, à la suite de vos lectures, dans des
-dispositions qui tournent à bien pour vous, et à mal pour moi; mais
-dussé-je risquer de nouvelles fatigues, je vous offre ce petit Recueil,
-en vous priant de le lire, de le recommander à vos amis, et surtout de
-l'envoyer à Besançon. Sur ce, ma Commère, je vous baise les mains. Ne
-soyez pas étonnée que je ne vous fasse aujourd'hui ma cour que par
-écrit: notre dernière entrevue m'a mis pour quelque temps hors d'état de
-vous la faire autrement; ce qui n'empêche pas que mon amour ne réponde
-au vôtre.
-
-Votre Compère,
-
-Y. X. ***.
-
-
-
-
-LE
-
-Petit-Neveu de Grécourt
-
-OU
-
-Étrennes Gaillardes
-
-
-LA FEMME SANS CHOSE
-
- Le trait suivant, Lecteur, est d'assez bon aloi:
- Je le tiens de Monsieur Géronte,
- Lequel me l'a donné pour une histoire, et moi
- Je vous le donne pour un Conte:
- Car il faut, tant qu'on peut, être de bonne foi.
- C'est tout près de Paris que se passe la scène.
-
- Un Grenadier (La Rose étoit son nom)
- Jeune, bien fait, bon compagnon,
- Étant en semestre à Surène,
- De Thérèse un beau jour lorgna le pied mignon.
- «Corbleu!» dit-il, «la bonne aubaine!
- »Qui pourroit l'attirer à soi
- »Auroit un vrai morceau de Roi,
- »Ou tout au moins de Capitaine.»
- Il aborde à l'instant Thérèse sans façon,
- D'un air joyeux lui conte sa fleurette
- Et lui porte la main au-dessous du menton.
- Son geste, son habit, son ton
- Plurent beaucoup à la fillette:
- Bref, quelques jours après la retrouvant seulette,
- Dans le fond d'une grange à sa dévotion,
- Il ne put résister à la tentation,
- Et l'affaire fut bientôt faite.
- N'en parlons plus; ajoutons seulement
- Que depuis cet heureux moment,
- Thérèse et son ami, tous les jours en cachette,
- Alloient au même lieu se rendre exactement.
- Thérèse y vint un soir, elle étoit inquiète
- Et paraissoit rêver profondément.
- En regardant La Rose, elle reste muette.
- «Qu'as-tu,» lui dit-il, «mon enfant,
- »Et qui peut te causer une peine secrète?
- »Ne cache rien à ton Amant,
- »Parle.» Thérèse enfin parla naïvement:
- --«On me dit que je suis gentille;
- »Mais la serai-je encor longtemps?
- »Vienne Saint-Nicolas, j'aurai mes vingt-deux ans,
- »Et je ne veux pas mourir fille.
- »Je sais que le Meunier du village voisin
- »A mon père en secret a demandé ma main;
- »Et mon père a dit oui: suffit que j'y consente,
- »J'épouserai Colas pas plus tard que demain
- »Conseille-moi!--Colas, parbleu! c'est mon cousin,»
- Reprit le Grenadier, «car sa mère est ma tante;
- »Ce garçon là n'est pas malin,
- »Mais il a malgré ça quelque chose qui tente;
- »C'est deux cents bons écus de rente:
- »Si je les avois, je... Mais puisque je n'ai rien,
- ȃpouse-le, tu feras bien.
- »J'exige seulement...--Quoi?--Tu sais bien, ma chère,
- »Que je dois te quitter dans vingt jours au plus tard;
- »Avant le temps fixé pour mon départ
- »La noce, dis-tu, peut se faire.
- »En ce cas je prétends à ton benêt d'époux
- »De ses droits conjugaux interdire l'usage:
- »Si donc il t'invitait à des ébats trop doux,
- »Dès la première nuit brusque le personnage,
- »Dusses-tu le mettre en courroux.
- »Quand je serai parti, je lui donne carrière;
- »Mais jusque-là, Madame la Meunière,
- »De Monsieur le Meunier je serois trop jaloux.
- »--Comment? tu veux que, sans défense,
- »Dès la première nuit, seulette entre deux draps,
- »Avec un homme...? Allons, tu te moques, je pense.
- »Qui pourroit se tirer d'un pareil embarras?
- »J'aurois beau faire la mutine,
- »Beau me fâcher, beau le gronder,
- »Colas croiroit que je badine;
- »Il seroit le plus fort, il faudroit bien céder.
- »--D'accord, mais si je peux par un bon stratagème
- »Lui fermer ce qu'il croit ouvert?...
- »--Pour te prouver combien je t'aime,
- »Je consens volontiers à le prendre sans vert.
- »--Eh bien! avertis-moi la veille de la noce,
- »Et nous agirons de concert,
- »Afin que, comme un sot, il donne dans la bosse.»
- A point nommé La Rose est averti:
- Imaginez un peu ce qu'il fit à Thérèse.
- (Vous avez vu qu'à tout la belle a consenti
- Pour empêcher que Colas ne la baise).
- Il colle artistement sur un certain endroit,
- Que point ne veux nommer, que pourtant on devine,
- Une peau de mouton douce, fraîche et très fine.
- Le pli le plus léger, il l'efface du doigt,
- Et partout, ainsi qu'on le croit.
- Appliquant une main experte et libertine,
- Il fait si bien qu'on n'aperçoit
- Ni le creux du vallon, ni le duvet qui croît
- Sur le penchant de la colline.
- Ceci peut sembler fort, mais un amant adroit
- Exécute aisément tout ce qu'il imagine,
- Mieux encor qu'on ne le conçoit.
- Et puis, ami Lecteur, un peu de complaisance;
- Prêtez-vous à l'illusion,
- Et vous croirez qu'après cette opération
- Thérèse n'en eut plus... du moins en apparence.
- Au fait. Le lendemain elle épouse Colas:
- En sortant de l'église on vint faire bombance,
- On but du petit vin, on servit de grands plats;
- Mais parlons du souper, lequel suivit la danse:
- Le souper d'une noce est le meilleur repas.
- Le marié, droit comme un échalas,
- D'aller se mettre au lit brûloit d'impatience.
- La Rose, riant aux éclats,
- Par des couplets gaillards égayoit l'assistance,
- S'approchoit de Colas, et lui disoit tout bas:
- «Cousin, tu m'as bien l'air d'un croqueur de pucelles;
- »Gageons que cette nuit tu ne dormiras pas:
- »La mariée est des plus belles;
- »Demain, les yeux battus et les membres bien las,
- »Tu nous en diras des nouvelles.»
- Tout en parlant de bagatelles,
- On entendit sonner minuit:
- Lors au lit nuptial chaque époux fut conduit,
- Et l'on éteignit les chandelles:
- On sait déjà tout ce qui se passa.
- Colas, dont on se peint aisément la surprise,
- Pour fêter sa commère en vain se trémoussa,
- Tentant dix fois l'assaut, et dix fois lâchant prise.
- D'un jeu si déplaisant enfin il se lassa,
- Et fut toute la nuit dans une horrible crise.
- Au point du jour, mon Jocrisse à grands pas
- Va chez le Grenadier en poussant des hélas!
- --«Si vous saviez, cousin La Rose,
- »Ma femme, elle n'a pas de...--Quoi?
- »--De... la... de...--Quoi donc?--Aidez-moi!
- »Eh bien! elle n'a pas... elle n'a pas de chose!
- »--Ah! parbleu, n'est-ce que cela?
- »On peut remédier à cet accident-là;
- »Et je ne sais pourquoi tu t'inquiètes:
- »Beaucoup de femmes n'en ont pas;
- »Mais je leur en fais, moi.--Comment, vous leur en faites!
- »--J'en fis un l'an dernier à celle de Lucas;
- »Tu pourrois même aller la trouver de ce pas,
- »Et par des questions secrètes...
- »En observant surtout de lui parler bien bas,
- »Peut-être avoueroit-elle...--Ah! que je serois aise
- »Si vous pouviez ce soir en faire un à Thérèse!
- »--Ce soir, le terme est un peu court;
- »Mais apporte au logis avant la fin du jour
- »Douze livres de crin, douze francs pour ma peine;
- »Pars demain, va passer huit jours chez ta marraine,
- »Imagine quelque détour
- »Afin de lui cacher le sujet qui t'amène:
- »Dis-lui que par malheur tu deviens un peu sourd,
- »Et qu'on t'a conseillé de voyager en plaine.
- »Sur le chose de ta Chrétienne
- »Sois plus muet que la bouche d'un four,
- »Entends-tu bien, Colas?--Oh! qu'à cela ne tienne!
- »--C'est aujourd'hui lundi, je fixe ton retour
- »Au Mardi de l'autre semaine:
- »Ce jour-là tu pourras sans gêne
- »Faire un petit Colas.--Ah! Thérèse, ah! mamour,
- »Mardi j'en aurai donc l'étrenne!
- »--Adieu, cousin.--Bonsoir.» Une heure après
- Le crin est envoyé, les douze francs sont prêts;
- Et comme une franche pécore,
- Colas le lendemain partit avant l'aurore.
- Vous jugez bien que notre amant
- Sut mettre à profit son absence.
- A Thérèse il fit un enfant,
- Puis il vendit le crin pour en avoir l'argent,
- Et riant du cousin docile à la défense,
- Il regagna son Régiment.
- Colas, au bout de la huitaine,
- Croyant avec raison l'ouverture certaine,
- Revient trouver sa femme en faisant les yeux doux,
- --«Couchons-nous,» lui dit-il, «ma reine.»
- Thérèse au lit suit son époux;
- Là, sans compliment il l'engaîne.
- Le jeu fini, Colas visita son domaine;
- Et lorsqu'en tous les coins il eut passé la main:
- --«Ouais!» s'écria-t-il, «cousin,
- »Par ma foi, je vous garde une bonne semonce:
- »Vous m'avez demandé douze livres de crin,
- »Et je n'en trouve pas une once!»
-
-
-LA CROYANCE FONDÉE
-
- Un jour que Madame dormoit,
- Monsieur fêtoit sa Chambrière;
- Celle-ci qui la danse aimoit,
- Remuoit fort bien la charnière:
- Or la Coquine, toute fière,
- Lui dit: «Monsieur, sur votre foi,
- »Qui le fait mieux, Madame ou moi?
- »--C'est toi, Barbe, sans contredit.
- »--Saint Jean!» dit-elle, «je le croi;
- »Car tout le monde me le dit.»
-
-
-LA DÉCLARATION MILITAIRE
-
-A MADAME ***
-
- Puisque vous m'avez dit souvent
- Que vous n'aimez pas la morale.
- On m'a fait un conte plaisant.
- Il faut que je vous en régale:
-
- Un Mousquetaire soupiroit
- Pour Fatime, beauté sévère;
- Quel est celui qui me diroit
- Comment soupire un Mousquetaire?
- Depuis si longtemps un bruit court
- Que, dans le délai le plus court,
- Ces Messieurs font toujours l'affaire!
- Le pourquoi n'est plus un mystère;
- Mars qui s'entend avec l'Amour
- Est exempt du préliminaire.
- Mon Héros, qu'on nommoit Valcour,
- Et qui certe auroit eu vergogne
- D'en être à son troisième jour
- Sans finir la douce besogne,
- Pour la finir n'épargna rien;
- Si, qu'à son deuxième entretien,
- Bien résolu de passer outre,
- Il s'écria: «Je voudrois bien,
- «Madame, vous...--Quoi donc?--Vous foutre.»
- Foutre est un mot très indécent;
- Fatime se mit en colère,
- Et dit:--«Monsieur le Militaire,
- »Vous êtes un impertinent.
- »--Un impertinent soit, ma chère;
- »J'en agis toujours rondement,
- »Et ne réponds au compliment
- »Que par trois mots: laissez-moi faire.»
- Entre ses bras il vous la prend.
- On devine que la Commère
- Se débat, ou bien fait semblant:
- Plus elle feint, plus il la serre.
- Bref, il la pousse vivement.
- Elle, tout en se débattant,
- De tomber dans une bergère;
- Lui d'avoir, en moins d'un instant
- Fait quatre ou cinq tours à Cythère.
- Mademoiselle, en se pâmant,
- De lui demander doucement
- S'il peut encore en faire autant?
- Et Monsieur, toujours plus galant,
- De ne pas rester en arrière.
- Mon Lecteur, qui sait que souvent
- Le plus vigoureux assaillant
- Après trois exploits tombe à terre,
- Ne doit pas trouver surprenant
- Qu'ayant fait six fois la carrière,
- Sans prendre haleine seulement,
- Mon coquin, d'un air triomphant,
- Enflé de sa valeur guerrière,
- Dit à Fatime en la quittant:
- --«Pour foutre, vive un Mousquetaire!»
- Ni que Fatime souriant
- Prenne le parti de se taire;
- Car un Auteur qui n'est pas sot,
- Sur _foutre_ a donné cette glose:
- Les Dames pardonnent le mot
- A celui qui fait bien la chose.
-
-
-LA RÉPONSE SENSÉE
-
-CONTE
-
- Ces jours passés, une Catin
- Dit à Pattu le Médecin:
- «Je vous paierai, coûte que coûte;
- »Tirez-moi d'un grand embarras;
- »Monsieur, vous avez vu des _cas_:
- »Les cas sont-ils barbus?--Sans doute.
- »--Pourquoi le mien ne l'est-il pas?
- »--En voici la raison, écoute,»
- Lui répond gravement Pattu;
- «Ne sais-tu pas un vieux Proverbe,
- »Qui dit qu'en un sentier battu
- »On ne vit jamais pousser d'herbe?»
-
-
-LA PLAINTE INJUSTE
-
- A la campagne, un jour qu'il faisoit beau,
- Gilet fut voir Madame du Martelle.
- Bien fut reçu dans l'antique Château:
- Pour le traiter, on mit tout par écuelle;
- Mais il se plaint que la ronde femelle
- L'ait fait coucher auprès d'un grand Valet.
- Or de la Dame à tort se plaint Gilet:
- Mieux n'eût choisi, si c'eût été pour elle.
-
-
-BADINAGE IN-PROMPTU
-
-_En voyant la Statue de la Pucelle d'Orléans dans la place publique de
-cette Ville._
-
- Passants, respectez celle
- Que vous voyez céans:
- C'est la seule pucelle
- Qui soit dans Orléans.
-
-
-LA BELLE ACCOMMODANTE
-
- Léon, poussé d'humeur folâtre,
- Regardoit à son aise un jour
- Les jambes plus blanches qu'albâtre
- De Lise, objet de son amour.
- Tantôt il s'attache à la gauche,
- Tantôt la droite le débauche;
- «Je ne sais plus,» dit-il, «laquelle regarder;
- »Une égale beauté fait un combat entre elles.
- »--Ah!» dit Lise, «ami, sans tarder,
- »Mettez-vous entre deux, pour finir leurs querelles!»
-
-
-IN-PROMPTU
-
- Vous me priez toujours de vous faire des vers,
- Je vous l'ai dit vingt fois, Madame, en bonne prose:
- Je les ferois tout de travers;
- J'aime mieux vous faire autre chose.
-
-
-COUPLET
-
-Air: _La faridondaine, la faridondon._
-
- Pendant six mois, notre voisin
- Crut sa femme hydropique;
- Mais en criant un beau matin:
- «Aye! aye! J'ai la colique,»
- Elle accoucha d'un gros garçon,
- La faridondaine, la faridondon,
- Qui ressemble au pauvre mari,
- Biribi,
- A la façon de Barbari,
- Mon ami.
-
-
-BOUQUET A Mlle ***
-
- En ce jour que je dois fêter,
- Je vous présente ma personne;
- C'est le bouquet que je vous donne,
- Mais voudrez-vous bien le porter?
-
-
-LA RAGE D'AMOUR
-
-CONTE
-
- A Cupidon la jeune et belle Amynthe
- Malgré l'hymen sacrifioit toujours;
- Son pauvre époux toujours étoit en crainte
- Qu'elle ne fît de nouvelles amours.
- Il ne pouvoit en siller la paupière;
- Veilles, soucis l'eurent tôt emporté.
- Lui mort, Amynthe, en pleine liberté,
- A son humeur donna belle carrière;
- On en jasa; son Curé crut devoir
- L'en avertir: «Vous vous perdez, Madame,
- »Changez de vie, ou c'est fait de votre âme!
- »--Hélas! Monsieur, je voudrois le pouvoir,»
- Lui répondit la trop fringante veuve;
- «Mais plaignez-moi, tel est mon ascendant,
- »Que je ne puis avoir l'esprit content,
- »Si chaque mois je n'ai pratique neuve.
- »Cela me vient d'un accident fatal:
- »A quatorze ans d'un chien je fus mordue,
- »Chien enragé. Pour prévenir le mal,
- »L'avis commun fut qu'il me falloit nue
- »Plonger en mer. Nue on me dépouilla.
- »Honteuse alors de me voir sans chemise,
- »Incontinent je portai la main là...
- »Où vous savez, sans jamais lâcher prise.
- »On me plongea; mais qu'est-il arrivé?
- «C'est que mon corps, ô pudeur trop funeste!
- »Partout ailleurs du mal fut préservé,
- »Hors cet endroit où la rage me reste.»
-
-
-LE PRÉTENDU MALIN
-
- Jean recherchoit pour l'hyménée
- Pâquette l'émerillonnée;
- Chacun disoit à Jean: «Pâquette a mauvais bruit,
- »Son honneur est un grand peut-être.
- »--Oh!» dit Jean, «la première nuit
- »Je saurai bien le reconnoître.»
-
-
-LA GAGEURE
-
- Deux Penaillons, voulant prendre un ébat
- Pour égayer l'ennui du Monastère,
- Gageoient un jour deux flacons de muscat
- A qui plutôt auroit dit son Bréviaire:
- Ce n'est du tout agir Chrétiennement.
- Avant d'entrer en si plaisante lice,
- Nos deux Frocards se prêtèrent serment
- De ne sauter un mot du saint Office.
- Le serment fait, les voilà donc en train
- De marmoter; quand l'un, gagnant la fin.
- Dit: «Je n'ai plus qu'un bout de patenôtre.
- »--Ah! malheureux, tu m'as fourbé vraiment,
- »Car je ne suis qu'au milieu,» répond l'autre,
- «Et j'ai passé tout le commencement!«
-
-
-LE PAIEMENT D'AVANCE
-
- Dans Paris plus d'un Bourgeois,
- N'ayant maîtresse ni femme,
- Pour un écu tous les mois
- S'en va rafraîchir sa flamme.
- Témoin Monsieur Rogaton,
- Qui sait où le bât le blesse,
- Et de temps en temps, dit-on,
- Cède à l'humaine faiblesse.
- L'autre jour une drôlesse
- L'aperçut de son balcon,
- Et la voilà qui l'invite
- Par un _st, st_ redoublé.
- Mon homme de monter vite
- Sitôt qu'il est appelé;
- Il entre; elle de lui dire:
- «Mon fils, sois le bienvenu;
- »C'est moi qu'on nomme Zelmire:
- »Ce nom, je crois, est connu.
- »Ici l'on trouve à sa guise,
- »Blancheur, fraîcheur, fermeté;
- »Ces trois mots sont ma devise.
- »Je suis en bonne santé;
- »Dans mes bras tout Paris tombe;
- »J'ai la gorge de Duté
- »Et les fesses de Colombe.
- »Viens t'asseoir à mon côté
- »Et mets-moi vite à l'épreuve;
- »Mais auparavant fais preuve
- »De ta générosité.
- »--Dis-moi combien tu demandes?
- »--Combien? Six livres, mon cher,
- »Et douze si tu marchandes;
- »C'est un prix fait en hiver.
- Mons Rogaton sur la bouche
- Un gros baiser lui colla;
- Zelmire, d'un air farouche:
- --«Il faut mettre six francs là,
- »Et sois sûr que sans cela
- »Je ne veux pas qu'on me touche.
- »Dépêchons, il se fait tard;
- »Six francs, ou bats en retraite.»
- Rogaton les lui départ.
- La Commère, satisfaite,
- Ses charmes lors dévoila,
- En lui disant: «Me voilà
- »Comme le bon Dieu m'a faite.
- »--Ah! Ciel! je suis infecté!
- »Ici que n'ai-je apporté
- »De l'ambre ou de la civette?
- »Cache, cache tes attraits,»
- Dit l'autre, «je gagerois
- »Que tu n'as pas fait toilette.
- »Fi!--Si tu n'es pas content,
- »Tu peux regagner la porte.
- »--Eh bien! rends-moi vitement
- »Mes six francs, et que je sorte.
- »--Tes six francs? oh! doucement:
- »Je ne fais point de corvée;
- »On ne rend jamais l'argent
- »Lorsque la toile est levée.»
-
-
-IN-PROMPTU
-
-_Chanté dans la maison de M. le Marquis de L***, à V***, le jour qu'on y
-pendit la Crémaillère._
-
-Sur l'air: _La bonne aventure, ô gué._
-
- Comme de vrais _sans souci_,
- Donnons-nous carrière;
- Près des Dames que voici,
- Liberté plénière!
- Surtout point d'Amant transi,
- Car rien ne doit pendre ici,
- Que la Crémaillère, ô gué,
- Que la Crémaillère!
-
-
-LA CALOMNIE FOUDROYÉE
-
- «Oui, vous feriez en vain le délicat,
- »Monsieur l'Abbé, je ne serois pas dupe;
- »Avouez, croyez-moi, que vous aimez la jupe.
- »Et sur ce point n'ayons plus d'altercat.
- »--Mais, Madame, jetez les yeux sur mon rabat...
- »--Toutes vos raisons sont frivoles...
- »--Vous êtes incrédule et voulez un éclat?
- »Eh bien! retenez ces paroles:
- »Du cotillon je fais si peu d'état,
- »Que je donnerois cent pistoles
- »Pour que personne n'en portât!»
-
-
-LA FENTE
-
-CONTE
-
- Orante avoit fait emplette
- D'un quarteau de vieux Rota;
- Sa chambrière Pâquette,
- Un beau matin le goûta
- Et le trouva bon sans doute.
- Elle y revint: Jean l'aida.
- Verre à verre, goutte à goutte
- La feuillette se vida.
- Au bout d'une quarantaine
- Il advint que le Patron,
- Qui croit la feuillette pleine,
- Va pour en prendre l'étrenne.
- L'eut-il? Vous savez que non.
- Abusé dans son attente,
- D'abord il est stupéfait,
- Puis songeant que le vin tente
- Et se doutant du méfait,
- Il appelle sa servante
- Et lui dit ce qu'elle sait.
- Pourtant elle s'émerveille:
- Jamais, jamais on n'a vu
- Une aventure pareille!
- --«Certe, qui l'auroit prévu?»
- Répondit-elle à son maître,
- «D'où peut provenir cela?
- »Quelque fente aura peut-être
- »Causé cet accident-là;
- »Nous pourrons le reconnoître.»
- Elle va prendre un flambeau.
- L'allume, vient, fait sa ronde:
- Rien ne manquoit au tonneau.
- --«Morgué! le tour est nouveau;
- »Voyons par-dessous», dit-elle.
- Au même instant la donzelle,
- En se baissant, met au jour
- Ce qui plaît dans une belle,
- Morceau digne de l'amour.
- Et pour parler sans détour,
- Le parois de sa Chapelle
- Que couvroit un jupon court.
- --«C'est assez», lui dit Orante,
- En lorgnant le défilé,
- «Viens que je bouche la fente
- »Par où mon vin a coulé.»
-
-
-LE REPENTIR SINCÈRE
-
- Avec la brune et la blonde
- Un Prieur Bénédictin
- Prit tant d'ébats, qu'un matin
- Il gagna le mal immonde.
- Voyant son chose maigri,
- L'horreur du crime le frappe;
- «Fin,» dit-il, «qui m'y rattrape...
- »Avant que je sois guéri!»
-
-
-L'ARMURE DE VÉNUS
-
- Vénus manioit près de Mars
- Son casque, son glaive, ses dards,
- Armes de défense et d'attaque.
- Mais le Dieu lui cria soudain:
- «Belle, j'en ai sous ma casaque
- »De plus propres pour votre main.»
-
-
-A MA MAITRESSE
-
-_Qui, la veille en dinant chez moi, avait paru désirer un serin que
-j'avais._
-
- Reçois la cage et le serin charmant
- Dont tu louois hier l'agréable ramage:
- Il en reste encore un à ton fidèle amant;
- Mais c'est à toi de lui donner la cage.
-
-
-_Les Désolations et les Consolations._
-
-VAUDEVILLE
-
- Cloris avec un gros Seigneur,
- L'hiver dernier, perdit sa fleur;
- C'est ce qui la désole.
- Mais alors elle n'avoit rien,
- Et maintenant elle a du bien;
- C'est ce qui la console.
- Lise avoit Lindor pour amant,
- Sa mère la met au Couvent;
- C'est ce qui la désole.
- Un Directeur qui vaut de l'or,
- Près d'elle remplace Lindor;
- C'est ce qui la console.
- Lisimon est bien convaincu
- Que son voisin le fait cocu;
- C'est ce qui le désole.
- En secret le drille malin
- Rend la pareille à son voisin;
- C'est ce qui le console.
-
-
-ÉLÉGIE
-
- Au diable soit la donzelle
- Qui, me prenant par la main,
- Me fit rebrousser chemin,
- Et me conduisit chez elle!
- Sot que je fus ce jour-là!
- En arrivant dans sa chambre,
- Sur un lit parfumé d'ambre
- Ses charmes elle étala.
- Las! j'en perdis la parole.
- Que faire? j'étois vaincu:
- Jean Chouart joua son rôle;
- Barbe gagna son écu,
- Moi, je gagnai la vérole.
-
-
-ÉPIGRAMME
-
- L'épousé, la première nuit,
- Rassuroit sa femme farouche.
- «Mordez-moi,» dit-il, «s'il vous cuit,
- »Voilà mon doigt en votre bouche.»
- Elle y consent, il s'escarmouche;
- Et quand il l'eut bien déhousée;
- «Or ça,» dit-il, «tendre Rouzée,
- »Vous ai-je fait du mal ainsi?
- »--Ah donc!» répondit l'épousée.
- «Je ne vous ai pas mors aussi!»
-
-
-LE TRIOMPHE DE LA MAROTTE
-
-OU
-
-L'ESPRIT DE MES CONFRÈRES
-
-CHANSON
-
-Sur l'air: _O reguingué, ô lon lan la._
-
- Entre les différents états
- Qui font vivre l'homme ici-bas,
- On ne démêle qu'altercas,
- Peines d'esprit, vains embarras:
- Chez le Héros, chez le Pagnote,
- Tout n'est que sottise et marotte.
-
- La débauche plaît au Rentier,
- Le faux point d'honneur au Guerrier,
- L'opulence entiche un Caissier,
- L'amour-propre le monde entier;
- Petits-Maîtres, Gens de maltote,
- Chacun a son bien de marotte.
-
- Mais laissant au joug de leurs fers
- Tant de personnages divers,
- L'Église fournit à mes vers
- De quoi blasonner ses travers;
- Le plus mince porte-calotte
- Donne prise à quelque marotte.
-
- Le Pape avec les Cardinaux,
- Vénérables Grippeminauds,
- Pasteurs quelque peu larronneaux,
- Font voir en tondant leurs troupeaux,
- Malgré les statuts de la rote,
- L'appât du lucre pour marotte.
-
- Un Évêque dûment renté,
- Plein d'embonpoint et de santé;
- Au séjour de la volupté,
- Dans une sainte oisiveté,
- Sur le duvet qui le dorlotte
- Laisse appercevoir sa marotte.
-
- J'aime un Chanoine fortuné
- Qui, dans son fauteuil cantonné,
- Prémédite après déjeuner
- L'assortiment de son dîner,
- Et qui baptise d'Ostrogote
- La loi contraire à sa marotte.
-
- Abbés charmants, petits collets,
- Pour qui la mitre a tant d'attraits,
- Aussi souples que des valets,
- En rôdant autour des Palais,
- J'opine ce qui vous balotte;
- Les grandeurs sont votre marotte.
-
- La gouvernante d'un Curé,
- Sous un parentage ignoré,
- Prend en vain le ton maniéré;
- Je dis au bon Prêtre leurré:
- L'amour entre vous et Javotte
- N'a-t-il point mis quelque marotte?
-
- Les Moines, par plus d'un endroit,
- Méritent qu'on leur fasse droit;
- D'abord viennent ceux de Benoît,
- Gens absolus, vrais pisse-froid;
- Craignez cette race dévote,
- L'intolérance est leur marotte.
-
- Un Bernardin au lansquenet
- Fouette la carte en prestolet,
- Hausse le temps, et d'un buffet
- Range les cristaux au parfait,
- Fredonne quelque air de gavotte:
- Telle est au juste sa marotte.
-
- Le Célestin entre deux draps
- Couloit des jours sans embarras;
- Du Latin qu'il n'entendoit pas,
- Laissant l'usage aux Savantas,
- Il trouvoit dans une marmotte
- Le symbole de sa marotte.
-
- Un gros Carme à triple menton,
- Prélude fort bien sur le ton
- Propre à l'amoureuse chanson;
- Mais au lutrin c'est un oison:
- Il prouve en écorchant la note,
- Qu'un autre accord fait sa marotte.
-
- Voulez-vous au fond d'un cellier
- Goûter de ce jus singulier
- Qui repose sur le chantier?
- Prenez pour guide un Cordelier;
- Bientôt en sifflant la linotte,
- Il démasquera sa marotte.
-
- Le Capucin peu délicat,
- Né pour choquer notre odorat,
- Tantôt zélé, tantôt pied-plat,
- Emprunte la griffe du chat,
- Et des bribes qu'il escamotte,
- Dresse un trophée à sa marotte.
-
- Prêcheurs, Soccolants, Augustins,
- Petits et grands Observantins,
- Famille d'Archi-patelins,
- Vrais escrocs, adroits carabins,
- Orgueilleux au sein de la crotte,
- L'impudence est votre marotte.
-
- Hermaphrodites incertains,
- Moitié Moines, moitié mondains,
- Trinitaires, Génovéfains,
- Antonistes, plats aigrefins,
- L'eau de senteur, la papillotte
- Manifestent votre marotte.
-
- Chartreux saintement désoeuvrés,
- Et vous rebondis Prémontrés,
- Cafards, on le sait, attitrés,
- Au demeurant baudets jurés,
- Ma Muse ombrageuse et capotte
- Ne voit goutte à votre marotte.
-
- Disciples du grand Loyola,
- Après vous il faut dire, holà!
- Quiconque franchit ce point-là,
- Ne craint Charybde ni Scylla.
- Pascal, Auteur de haute note,
- A su frapper votre marotte.
-
- Fine fleur d'un sexe rusé,
- Tour à tour chéri, méprisé,
- Tendres Nonnains, si j'ai glosé
- Sur le raz et sur le frisé,
- Vous méritez bien qu'on vous cote
- Dans les fastes de la marotte.
-
- Héritières du vain caquet
- De cet éloquent perroquet,
- Naguère chanté par Gresset,
- Je vais prononcer votre arrêt:
- Le babil et l'humeur bigote
- Sont votre éternelle marotte.
-
- Indigne de former des noeuds,
- La coquette attise nos feux,
- La prude évite leurs aveux,
- La volage reste entre deux;
- Tandis que la froide vieillotte
- Regrette en secret leur marotte.
-
- Prédicateur hors de saison,
- Quel fruit produira mon sermon?
- Du vent, rien plus. Jamais chanson
- Ne fit un Saint d'un Pantalon.
- Dans la liste que je fagotte,
- Moi-même j'ai double marotte.
-
-
-LES CINQ POINTS
-
-A MADEMOISELLE DE ***
-
- Fleur de quinze ans, si Dieu vous sauve et gard,
- J'ai en amours trouvé cinq points exprès:
- Premièrement, s'offre à vous le regard,
- Puis le parler, puis le baiser après;
- L'attouchement le baiser suit de près,
- Et tous ceux-là tendent au dernier point,
- Lequel est...--Quoi?--Je ne le dirai point;
- Mais s'il vous plaît en ma chambre vous rendre,
- Je me mettrai volontiers en pourpoint,
- Voire tout nud, pour vous le faire apprendre.
-
-
-L'UN POUR L'AUTRE
-
-CONTE
-
- Près de s'unir à sa discrète amie,
- Le bon Damis, chez elle, un beau matin,
- Sur un sopha la trouvant endormie,
- Osa risquer un geste libertin;
- Mais par malheur s'éveille la Donzelle,
- Et ses beaux yeux encore appesantis:
- «Mon cher Louis, ah! tu vaux trop,» dit-elle,
- (Louis étoit un valet du logis),
- «Toute la nuit, tu m'as prouvé ton zèle;
- »Le jour au moins, repose-toi, Louis.»
-
-
-LA PRÉSENCE D'ESPRIT
-
- Martin menoit son cochon au marché,
- Avec Suzon, qui dans la plaine grande,
- Pria Martin de faire le péché
- De l'un sur l'autre, et Martin lui demande:
- «Mais, qui tiendroit notre cochon, friande?
- »--Qui?» dit Suzon, «bon remède il y a.»
- Lors le cochon à sa jambe lia,
- Puis Martin grimpe, et lourdement engaîne.
- Le porc eut peur, et Suzon s'écria:
- «Serre, Martin! notre cochon m'entraîne.»
-
-
-LA DÉFENSE BIEN OBSERVÉE
-
- «Quoi! maman me laisse seulette?
- »Pour moi j'en suis presque en courroux;
- »Il semble qu'exprès avec vous
- »Je voulois rester tête à tête;
- »Mais non, Monsieur, n'en croyez rien;
- »Vraiment je vous le défends bien.
-
- »Pour favoriser le mystère,
- »Ma porte est fermée aux verroux;
- »Ici, sans crainte des jaloux,
- »On pourroit jouir et se taire;
- »Mais non, Monsieur, n'en faites rien;
- »Vraiment je vous le défends bien.
-
- »Prêt à rire de ma colère,
- »Peut-être que mon négligé,
- »Mon mouchoir un peu dérangé,
- »Vont vous rendre trop téméraire;
- »Mais non, Monsieur, qu'il n'en soit rien;
- »Vraiment je vous le défends bien.
-
- »Dans vos yeux je lis votre audace,
- »Vos regards dévorent mon sein;
- »Vous allez y porter la main,
- »Votre bouche en prendra la place;
- »Mais non, Monsieur, n'en faites rien;
- »Vraiment je vous le défends bien.
-
- »Mais que vois-je? ma jarretière
- »Se défait et tombe à mes pieds;
- »Souffrir que vous la rattachiez!
- »Oh! pour cela je suis trop fière!
- »Non, non, Monsieur, n'en faites rien;
- »Vraiment je vous le défends bien.»
-
- Comprenant enfin la défense,
- Par degré Damon s'enhardit,
- A la belle il désobéit,
- Pour prouver son obéissance.
- Jusques au bout il fit si bien,
- Qu'on ne lui défendit plus rien.
-
-
-LE DÉGEL
-
- Un jour d'hiver Robin, tout éperdu,
- Vint à Catin présenter sa requête,
- Pour dégeler son chose morfondu,
- Qui ne pouvoit quasi lever la tête.
- Incontinent Catin fut toute prête;
- Robin aussi prend courage et s'accroche;
- On se remue, on se joue, on se hoche.
- Puis quand ce vint au naturel devoir,
- «Ah!» dit Catin, «le grand dégel approche!
- »--Oui,» répond-il, «je sens qu'il va pleuvoir.»
-
-
-HISTOIRE VÉRITABLE ET REMARQUABLE D'UN ABBÉ
-
-Qui avoit donné un rendez-vous à une femme mariée; le mari, instruit de
-ce rendez-vous, mit à sa chaste épouse une ceinture fort usitée en
-Italie.
-
-Air: _Tarare, pon, pon._
-
- C'est approchant comm' ça,
- Vers Novembre
- Ou Décembre,
- Que Flore me donna
- Un rendez-vous pour ça.
- En entrant dans sa chambre,
- Flore dit: «Ah! pour ça,
- »Ah! l'abbé, sent-on l'ambre
- »Comm' ça?»
-
- --«La Dulac[1] est comm' ça,»
- Réplique
- L'Abbé R'lique;
- «Mais son ambre a cela
- »De me rendre comm' ça.
- »--Abbé,» dit-elle, «unique,
- »L'on ne voit sonica,
- »Qu'un Ecclésiastique
- »Comm' ça.
-
- »Je ne suis pas comm' ça,
- »Si preste:
- »Malepeste!
- »Mon mari jaloux m'a
- »Mise en cage comm' ça;
- »La ceinture funeste
- »Que vous me voyez là,
- »Vous interdit un geste
- »Comm' ça.»
-
- --«Je n'ai rien vu comm' ça;
- »Le traître!»
- Dit le Prêtre,
- «Ce chien de mari-là!
- »Gêner un coeur comm' ça!
- »Sans que j'en sois le maître.
- »Cette vue a déjà
- »Fait que je cesse d'être
- »Comm' ça.»
-
- --«Une histoire comm' ça,»
- Dit la Belle,
- «Est nouvelle;
- »Quel tour plaisant c'est là!
- »L'Abbé, j'en ris comm' ça.»
- L'abbé, riant comme elle,
- Fait ses adieux, s'en va,
- Laissant la Demoiselle
- Comm' ça.
-
- [1] Marchande renommée pour les odeurs et les parfums.
-
-
-L'EXPÉDIENT FACILE
-
- Martin étoit dedans un bois taillis
- Avec Alix, qui, de tendre manière,
- Lui dit: «Martin, le long de ces palis,
- »Ta mie Alix d'amour te fait prière.
- »--Mais,» dit Martin, «si quelqu'un par derrière
- »Nous surprenoit, ce seroit grand vergogne?
- »--Bon, bon! du cul vous ferez signe arrière,
- »Passez chemin, laissez faire besogne.»
-
-
-ON FAIT CE QU'ON PEUT
-
- Blaise, dont jadis le crédit
- Voloit de Paris jusqu'au Gange,
- Est plus déchu que l'on ne dit.
- Il s'endette du pain qu'il mange;
- Et Catin, pour gagner de quoi
- Mettre une chemise sur soi,
- Lui met des cornes sur la tête:
- Voyez quelle diversité!
- Pour chasser la nécessité,
- Blaise emprunte, et sa femme prête.
-
-
-LE QUIPROQUO OU COLIN-MAILLARD
-
- Un jour deux Capucins, l'un père et l'autre Frère,
- En regagnant Paris, passoient par Bagnolet;
- Les filles, ce jour-là, pour fêter Sainte Claire,
- S'égayoient et dansoient au son du flageolet.
- «--Mes compagnes,» s'écria Rose,
- «D'un excellent projet je veux vous faire part:
- »Voilà Frère François, avec Père Bernard;
- »Qu'on les fasse approcher, et puis qu'on leur propose
- »De jouer à Colin-Maillard;
- »Je gage mon sabot qu'ils acceptent la chose.»
- Rose savoit de bonne part
- Que jamais Capucins ne craignirent la glose.
- On les appela donc, et le couple gaillard
- Eut bientôt mis besace et bâton à l'écart.
- Ils tirèrent au sort, à ce que dit l'histoire;
- L'un étoit jeune, l'autre vieux,
- Et grâce à la bonté notoire
- De l'être prévoyant qui fait tout pour le mieux,
- Le sort échut au jeune, on lui banda les yeux.
- Vous le voyez d'ici tourner à l'aveuglette,
- Aller à droite, à gauche, à grands, à petits pas,
- Les deux jarrets tendus aussi bien que les bras,
- Et le corps en avant comme un Chasseur qui guette.
- Il avoit tant tourné qu'enfin il étoit las,
- Quand par bonheur une fillette
- Vint le tirer par sa jaquette;
- C'étoit Rose, il la jette à bas;
- Et portant une main légère
- A certain endroit défendu:
- «C'est vous!» dit-il, «Révérend Père,
- »Votre barbe vous a vendu.»
-
-
-L'INOCULATION
-
-CONTE
-
- «La petite vérole est un mal, belle Agnès,
- »Dont, passé dix-huit ans, on ne guérit jamais,»
- Dit un jeune Esculape, «ou du moins, c'est bien rare;
- »Vous en avez quatorze; à mes soins fiez-vous,
- »Que d'un poison traître et barbare
- »Je sauve avec vos jours des charmes aussi doux;
- »Souffrez enfin... que je vous inocule.
- »--Oh! vous me ferez mal.--Très peu.
- »Vous verrez que ce n'est qu'un jeu;
- »Votre frayeur est ridicule.
- »--A demain.--Aujourd'hui.--Non, non--Soit, à demain.»
- Le lendemain, Agnès toujours tremble et résiste;
- Notre inoculateur, comme on le croit, persiste;
- Il fait l'insertion autre part que Tronchin.
- Agnès crie, ensuite se prête
- A ses efforts. L'opération faite,
- --«Que n'allez-vous,» dit-elle, «votre train?
- »Vous n'auriez qu'à m'avoir manquée!»
- Il double, il triple, il cesse.--«Encore un autre grain,
- »Quand j'en devrois être marquée!»
-
-
-LA MUETTE
-
-CHANSON
-
-Air: _Je vous prêterai mon manchon._
-
- Dans un bosquet, près de Lisette,
- Colin parloit de ses amours;
- La belle faisoit la muette,
- Par signe approuvant son discours.
- «Que dois-je,» dit-il, «penser de ce geste;
- »Si ton coeur ne me dit le reste?
- »Mais, Mamzelle Louison, répondez donc,
- »Dites oui ou non,
- »Comment trouvez-vous ça?
- »Suis-je bien là?
- »Comment trouvez-vous ça?»
-
- Dans son silence elle s'obstine;
- Colin, pour la faire jaser,
- Sur la bouche de la mutine
- Prend et reprend un doux baiser.
- «Je sens,» dit-il, «qu'il augmente ma flamme;
- »Mon feu passe-t-il dans ton âme?
- »Mais, Mamzelle Louison, etc.»
-
- «Ma foi je n'y puis rien comprendre,»
- Dit-il, en découvrant son sein;
- «Quoi! faut-il, pour te faire entendre,
- »Promener là-dessus ma main?
- »Je vois, je sens que mon âme est joyeuse;
- »Ah! tu n'es donc pas chatouilleuse?
- »Mais, Mamzelle Louison, etc.»
-
- Pas un mot, pas une parole.
- «Ma foi,» dit-il, «tu parleras;
- »Je suis pressé, le temps s'envole.»
- Soudain il la prend dans ses bras.
- Puis avec elle il tombe sur l'herbette:
- «Eh bien! à qui tient-il, Lisette?...
- »Mais, Mamzelle Louison, etc.»
-
- Lise, d'un oeil mourant et tendre.
- De Colin imite l'ardeur;
- Et sans songer à se défendre
- Souffrit qu'il fût trois fois vainqueur.
- «Eh bien!» dit-il, «sens-tu comme je t'aime,
- »A présent m'aimes-tu de même?
- »Mais, Mamzelle Louison, etc.»
-
- --«Ah! fort bien!» lui répond Lisette,
- Laissant échapper un soupir;
- »Le désir me rendoit muette,
- »Mais je parle, grâce au plaisir.
- »Ami, tu peux à présent sans obstacle
- »M'interroger.--Ah, quel miracle!
- »Quoi! Mamzelle Louison, vous parlez donc?
- »Le tour est bon;
- »Vous parlerez demain
- »Avec Colin,
- »Vous parlerez demain.»
-
-
-L'OBSTACLE
-
-CONTE
-
- A quoi bon prodiguer les mots?
- Tous nos Conteurs, pour l'ordinaire,
- S'épuisent en avant-propos;
- N'en faisons point, allons droit à l'affaire.
- Un Jouvenceau taillé pour plaire,
- Après avoir bien soupiré,
- Menti, promis et conjuré
- (C'est des amants le langage vulgaire),
- Parvint près de sa belle au moment désiré:
- Il touchoit à son but, quand, par triste aventure,
- Sans pouvoir avancer d'un pas,
- Il se démène, il souffle, il sue, il jure;
- On peut, je crois jurer en pareil cas.
- Disons le fait: Dame Nature
- Avoit fermé d'amour la gentille serrure,
- Si bien que la clef n'entroit pas.
- Certain barreau... mais on m'entend de reste;
- Qu'Amour, jeunes beautés, veuille vous préserver
- D'un accident aussi funeste!
- Ainsi soit-il. Venons à notre Amant:
- Le désir de ses sens par l'obstacle s'enflamme.
- Il redouble d'efforts, mais inutilement;
- D'amour et de colère il enrage en son âme:
- On peut se fourvoyer, quand on marche à tâton.
- Son chalumeau, déjà baissant d'un ton,
- Dans le sentier voisin... Arrêtons, et pour cause:
- Car ce sentier... ma foi, je n'ose
- Vous le nommer; mais je peux, sans qu'on glose,
- Dire que sa Vénus ne fut plus qu'un Giton.
- A ce nouvel assaut n'étant point préparée,
- En vain la belle _imperforée_
- Lui crie: «Arrêtez donc, quel est votre dessein?
- »--Rien de plus simple que la chose,»
- Répond le gars; «chez vous je trouve porte close:
- »J'écris mon nom chez le voisin.»
-
-
-LE TRIBUT CONJUGAL
-
- La Marquise de Montuza
- Étant presque sexagénaire,
- Aimoit un jeune Mousquetaire
- Qui, pour ses écus, l'épousa.
- La première nuit le compère
- Lui dit, en lui serrant la main:
- «Madame, en vertu de l'hymen
- »Ne puis-je pas, sans vous déplaire...?
- »Vous m'entendez...--Oui mon poulet,
- »Fais tout ce que tu voudras faire...»
- Le Mousquetaire fit un pet.
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-LE CONSEIL INUTILE
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- «Madame, il se répand un bruit qui vous outrage:
- »Monsieur le Président, dit-on,
- »Sans respecter les noeuds du mariage,
- »Tous les jours en secret fait un petit Giton
- »Du Chevalier qui de votre maison
- »Occupe le troisième étage.
- »Chassez donc, croyez-moi, ce vilain personnage,
- »Pour fermer la bouche aux railleurs,
- »Et surtout pour votre avantage:
- »Votre époux ne doit pas aller répandre ailleurs
- »Un bien qui n'est qu'à votre usage.
- »--C'est bien dit: cependant si vous le trouvez bon,
- »Madame, vos conseils n'auront pas mon suffrage;
- »Vous ne connaissez pas le Chevalier Cléon:
- »Ce bon ami, cet honnête garçon
- »Ne veut rien avoir à personne;
- »Il n'est pas tel qu'il vous paroît,
- »Il me rend avec intérêt
- »Ce que le Président lui donne.»
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-LA CONFIDENCE
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- «Babet, vous avez du chagrin?
- »--Oui vraiment, je suis désolée.
- »--Et de quoi?--De ce que Martin
- »Cet hiver-ci m'a violée.
- »--Ciel...! contez-moi vite cela.
- »--Ah! Monsieur, c'étoit un Dimanche:
- J'avois mis, ce Dimanche-là,
- Une jupe de Perse blanche;
- Martin me vit et m'appela.
- Le traître étoit dans une grange,
- J'y fus sans trop savoir pourquoi.
- «Babet,» me dit-il, «sur ma foi,
- »Vous êtes belle comme un Ange!»
- Lors il me mena dans un coin,
- Et là près d'un grand tas de foin,
- De beaux compliments il me berce.
- Je riois: il me saute au cou,
- Me fait tomber à la renverse,
- Et puis prenant je ne sais où
- Un... chose roide comme un clou:
- «Lève,» me dit-il, «ou je perce!»
- Je levai ma jupe de Perse,
- De crainte qu'il n'y fît un trou.
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-
-LE CHAPELAIN
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-CHANSON
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-Sur l'Air: _Ne vlà-t-il pas que j'aime._
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- Il me falloit faire une fin
- Comme tout bon Apôtre;
- Je suis devenu Chapelain,
- Ce poste en vaut un autre.
-
- Iris m'offroit à desservir
- Sa gentille Chapelle:
- Je n'ai jamais su qu'obéir
- Aux ordres d'une belle.
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- Elle est au fond d'un bois couvert,
- Gardé par le mystère;
- Son sanctuaire n'est ouvert
- Qu'à mon seul ministère.
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- Un double autel de marbre blanc
- Est de sa dépendance;
- Mais ce bénéfice important
- Oblige à résidence.
-
- Sans Vicaire, de jour, de nuit,
- Suivant les anciens rites,
- Je fais l'office à petit bruit
- Avec deux Acolytes.
-
- Quoi qu'en puissent dire les gens,
- Même aux Fêtes de Vierge,
- Dans ma Chapelle, en tous les temps,
- Je n'allume qu'un cierge.
-
- Gros Prieurs et brillants Prélats
- Tout engraissés d'offrande,
- Non, non, je ne troquerois pas
- Avec vous de Prébende.
-
-
-LE MARCHAND DE LOTO
-
-ÉTRENNES AUX DAMES
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- A mon loto, soir et matin,
- Sous vos doigts un brillant destin
- Portera des boules heureuses;
- Ce que j'assure, je le sais:
- Si vous en êtes curieuses,
- Mesdames, faites-en l'essai
- A mon loto.
-
- Un peu de secours fait grand bien;
- Tant soit peu d'art ne nuit à rien,
- Il faut quelquefois s'en permettre;
- C'est mon avis; on ne sauroit
- Le dédaigner et se promettre
- Tout l'avantage qu'on auroit
- A mon loto.
-
- Jamais une joueuse habile
- Ne tint son sachet immobile:
- Il faut l'agiter prestement.
- Il faut que mollement pressée
- Entre ses doigts légèrement
- La boule ait été caressée,
- A mon loto.
-
- Selon son goût ou son talent,
- On a le tirer prompt ou lent:
- Il n'y faut aucune science,
- Ou s'il en faut, il en faut peu;
- Un quart d'heure d'expérience
- Suffit pour bien jouer le jeu,
- A mon loto.
-
- De celles qu'un ambe contente.
- Il se plaît à tromper l'attente,
- Fi de l'ambe! il est trop commun.
- D'un terne la chance est mesquine;
- D'un terne? Oui, de deux jours l'un,
- Je puis vous répondre d'un quine,
- A mon loto.
-
- Au quaterne, par accident,
- S'il se réduit en attendant,
- La perte est bientôt réparée.
- Le jour qui suit ce jour fatal,
- On peut compter sur la rentrée
- De l'intérêt du capital,
- A mon loto.
-
- Mais de la superbe machine
- Le pouvoir merveilleux décline
- De jour en jour; c'est son défaut.
- Je vous en préviens, blonde, ou brune;
- Vous n'avez que le temps qu'il faut,
- Si vous voulez faire fortune
- A mon loto.
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- Ma demeure est à Vaugirard,
- Tout vis-à-vis maître Abélard,
- Qui montre aux enfants la musique:
- L'on se pourvoit, ou l'on souscrit.
- Sous mon enseigne magnifique,
- En lettres d'or, il est écrit:
- AU GRAND LOTO.
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-LE LENDEMAIN DES NOCES
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-FOLIE DIALOGUÉE
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- «Hier soir, ma chère maman,
- »Tout bas vous me fîtes entendre
- »Que la nuit je devois m'attendre
- »A passer un mauvais moment.
- »Tout en tremblant, pauvre innocente,
- »J'attendois cet instant fatal...
- »Hélas! le bon Monsieur Chrysante
- »Ne m'a pas fait le moindre mal.
- »--Est-il vrai, ma fille?--Au contraire,
- »Il ne m'a fait que du plaisir.
- »Quand nous fûmes au lit: Ma chère,
- »Je puis t'embrasser à loisir,
- »Dit-il; aussitôt il me baise
- »Sur chaque joue... et même...--Eh bien,
- »Comment tu rougis, ma Thérèse?...
- »Qu'a-t-il fait? ne me cache rien.
- »--Vous m'aviez, qu'il vous en souvienne,
- »Défendu de rien refuser...
- »--Sans doute. Auroit-il?...--Sur la mienne
- »Sa bouche prit un doux baiser.
- »--Et puis?...--Il me dit à l'oreille:
- »Bonsoir, et s'endormit soudain.
- »--Ma pauvre enfant!... Et ce matin?
- »--Ah! plus tendre encor que la veille.
- »II me dit d'un air caressant:
- »Ma chère femme, je t'adore,
- »Et me le prouve en m'embrassant.
- »--Et puis?...--Puis il m'embrasse encore.
- »--Ensuite?--Du lit il descend,
- »Afin, dit-il, que je repose:
- »Peut-on être plus complaisant?
- »--Il ne t'a pas fait autre chose?
- »--Eh! non; c'est l'homme le plus doux:
- »Maman, vous lui faites injure...
- »Quoi! vous pleurez?... Mais je vous jure
- »Que je n'ai pas de mon époux
- »Reçu la moindre égratignure!»
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-
-LE CONFESSEUR EXEMPLAIRE
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- Au temps de Pâque, aux pieds de Père Jule,
- Se confessoit un jeune Garnement,
- Et des péchés dont fait dénombrement,
- Cil de Sodome honoroit la cédule.
- --«Qu'ai-je entendu! Ciel! quel égarement
- »Que de pécheurs aux infernales flammes,
- »Livrés pour ce dont vous vous accusez!
- »Défaites-vous de ces amours infâmes,
- »De notre sexe, ô mon cher fils, n'usez,
- »Et, comme moi, ne voyez que des femmes.»
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-L'ESPRIT FORT
-
-CONTE
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- Aux pieds d'un Directeur, Climène, un beau matin,
- Avec un repentir sincère,
- Déclara nettement que le petit Colin
- N'étoit pas le fils de son père.
- --«Halte là!» dit le Confesseur,
- «Pour un _Confiteor_ vous n'en serez pas quitte;
- »Il en faut deux au moins, ce crime fait horreur.
- »Faut-il qu'injustement votre enfant déshérite
- »Un légitime successeur?
- »Il faut, Madame, vous résoudre
- »A confesser le fait à votre époux,
- »Sans quoi je ne puis vous absoudre.»
- L'avouer ne se pouvoit pas.
- La voilà dans un embarras
- Qu'on ne peut exprimer, car enfin l'aventure
- Étoit à digérer trop dure.
- Il fallut succomber, et, d'un mortel chagrin,
- Tomber dans une maladie
- Qui pensa lui coûter la vie.
- Sur le rapport du Médecin,
- Son époux connoissant que la mélancolie
- Alloit couper la trame de ses jours,
- La pria d'en dire la cause.
- Elle veut l'en instruire, et jamais elle n'ose.
- --«Ose tout,» dit-il, «mes amours:
- «Rien ne me déplaira, pourvu qu'on te guérisse;
- »Quoi! faut-il qu'un secret te donne la jaunisse,
- »Et qu'une femme meure, à faute de parler?
- »Cela seroit nouveau.--Je vais tout révéler,
- »Puisqu'aussi bien,» dit-elle, «un repos favorable
- »Doit terminer bientôt mon état déplorable.
- »J'étois à la maison des champs,
- »Où je faisois la ménagère,
- »Quand la voisine Alix, par des discours touchants,
- »Auxquels on ne résiste guère,
- »Me prouva qu'avoir des enfants
- »Étoit à vous chose impossible;
- »Me prôna les malheurs de la stérilité,
- »Qui chez les Juifs passoit pour un défaut terrible;
- »Puis dans un jour charmant me fit voir la beauté
- »D'une heureuse fécondité.
- »Je me rendis, hélas! à cette douce amorce,
- »Et Lucas, le Valet de notre Métayer,
- »Avec moi se trouvant un jour dans le grenier,
- »Je me souvins d'Alix, et je manquai de force.
- »Il est, cela soit dit sans vous mettre en courroux,
- »A faire des enfants plus habile que vous.
- »Je lui parlai d'amour, il comprit mon langage,
- »Et sur un sac de blé, sac funeste et maudit!
- »Faut-il en dire davantage?
- »De ce malheureux sac, notre Colin sortit.
- »A Lucas je donnai, je pense,
- »Quelques boisseaux de blé pour toute récompense.
- »Si je vous ai trahi, je meurs, pardonnez-moi;
- »A cela près, toujours je vous gardai ma foi.
- »--N'est-ce pas de mon blé que tu payas l'ouvrage?»
- Lui répondit Damis, nullement effrayé.
- «Cet enfant est à moi, puisque je l'ai payé;
- »Ne m'en parle pas davantage.»
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-
-COUPLET
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-Sur l'air de _Nina_.
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- Après avoir fourni trois fois
- L'amoureuse carrière,
- Le pauvre Colin aux abois
- Ne pouvoit plus rien faire.
- Sa Maîtresse, ainsi le voyant,
- S'écria tout en pleurant:
- «Ah! quel tourment,
- »Quand l'instrument
- »Duquel le plaisir dépend,
- »Pend!»
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-ÉPIGRAMME
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- Un jour Fanchon la Couturière
- Acheta d'un Fripier un lit pour vingt écus;
- Elle a gagné, dit-on, deux cents louis dessus:
- Ah! c'est une grande usurière!
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-
-LE CAS DÉCIDÉ
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- Un jeune Peintre au Prieur des Grands-Carmes
- Vint s'accuser d'un cas assez nouveau:
- «Père, j'ai peint Vénus sortant de l'eau,
- »Ses bras, son cul, sa gorge et tous ses charmes.
- »D'abord j'en fus amoureux comme un fou;
- »Et, pour jouir un peu mieux qu'en peinture,
- »Je m'avisai...--De quoi?--De faire un trou
- »Dans ma Déesse, et par cette ouverture,
- »Un beau garçon que je mis en posture,
- »M'introduisit, vous devinez bien où.
- »Or, estimez la chose en conscience.
- »En tout ceci, mon principal dessein
- »Fut de jouir d'un objet féminin:
- »Le péché n'est de Rome ou de Florence.
- »--Mon cher enfant, je comprends votre cas,»
- Dit le Pater; «la plaisante folie!
- »Je vous absous, mais n'y retournez pas,
- »Car, dans le fond, c'est pure bougrerie.»
-
-
-LE FAUX JUPITER
-
- J'ai toujours craint les gens portant soutane;
- D'un saint habit couvrant un coeur profane,
- Que de bons tours ces Messieurs-là nous font!
- Séduire Agnès, planter cornes au front,
- Ce sont pour eux misères, peccadilles.
- O gens de bien ayant femmes ou filles!
- N'oubliez pas ce salutaire avis:
- Si par malheur entre en votre logis
- Homme d'Église, ou Capucin, ou Prêtre,
- Je vous le dis: chassez vite le traître;
- Il vient chercher aventure pour lui,
- Ou bien peut-être intriguer pour autrui.
- D'un vilain nom ce dernier cas s'appelle;
- Mais à l'honneur la cafarde séquelle
- A de tout temps préféré les écus:
- Quoi qu'on propose à ces crânes tondus,
- En les payant on est sûr de leur zèle.
- Pour appuyer mon avis là-dessus,
- Je veux vous dire une histoire assez belle
- Touchant Pauline et son ami Mundus.
-
- Pauline étoit une jeune Romaine,
- Veuve à vingt ans, et belle comme Hélène,
- Mais prude outrée, avare de faveurs,
- Et de l'amour dédaignant les douceurs.
- De mille amants à toute heure entourée,
- Elle aimoit bien à s'en voir adorée,
- Mais rien de plus: «Non,» disoit-elle, «non,
- »Ne vantez point l'attrait imaginaire
- »D'un vain plaisir qui n'en a que le nom;
- »Faut-il des sens pour aimer et pour plaire?
- »Eh! laissons-les au stupide vulgaire.
- »Pour moi, j'exige un amour de raison,
- »Pur, dégagé des noeuds de la matière,
- »Tel en un mot que le prescrit Platon.
- »Je n'aimerai jamais d'autre manière.»
- Tous ses amants jeunes, pleins de désirs,
- Peu satisfaits d'un amour sans plaisirs,
- De ses sermons bientôt se rebutèrent:
- L'un après l'autre enfin ils la quittèrent.
- Un seul resta, ce fut le beau Mundus,
- Bien fait, galant, et digne de sa flamme.
- Par des cadeaux, par des soins assidus,
- Il n'avoit pu toucher encor la Dame.
- Las de se plaindre, enfin le pauvre amant,
- Pour réussir, eut recours à la ruse:
- Tout galant homme en auroit fait autant,
- Et quant à moi, de bon coeur je l'excuse.
- Pauline étoit dévote à Jupiter:
- D'une Dévote un Directeur est maître;
- L'adroit Mundus en sut bien profiter.
- De Jupiter il gagne le Grand-Prêtre,
- Et lui fait part de son tendre projet.
- Le Directeur, mis dans la confidence,
- Très bien instruit, très bien payé d'avance,
- Court chez Pauline, et lui parle en secret.
- «A quel bonheur vous êtes réservée!
- »Ma chère fille, ah! réjouissez-vous:
- »Au rang des Dieux vous serez élevée,
- »Et vous verrez la terre à vos genoux.
- »Oui, cette nuit, ce n'est pas un mensonge,
- »Le Roi des Dieux a daigné dans un songe
- »Me révéler ses décrets absolus,
- »Et de sa part, je viens ici moi-même
- »Vous annoncer, quel honneur! qu'il vous aime.
- »--Moi!» dit d'un ton modestement confus
- La belle prude.--«Oui, vous,» répond le Prêtre,
- «Et dès ce soir il exige de vous
- »Dans son saint Temple un entretien bien doux.
- »Lorsque la nuit sera prête à paroître,
- »Courez, volez à la gloire, au plaisir.
- »Hâtez-vous donc, et quoi qu'on vous demande,
- »Quand le Ciel parle, on ne doit qu'obéir.»
- Après ces mots prononcés en Prophète,
- Il laisse là sa dévote inquiète,
- Rêvant tout bas à ce propos flatteur,
- Et ne croyant qu'à peine un tel bonheur.
- Tout en rêvant, elle fait sa toilette:
- Quoique dévote, on est un peu coquette.
- Dans le miroir ses appas répétés
- Frappent d'abord ses regards enchantés;
- En se voyant, elle commence à croire
- Que Jupiter, tout Jupiter qu'il est,
- Peut bien l'aimer sans manquer à sa gloire:
- Elle est si belle! elle-même se plaît,
- Et par degrés s'attendrit et soupire.
- Bientôt ses yeux pleins d'un tendre délire
- Avidement parcourent son beau corps:
- Dieux! que d'attraits à la fois elle admire!
- Gorge d'albâtre et mille autres trésors,
- Trône charmant de l'amoureux empire,
- Tout redoublant sa vive émotion,
- Redouble aussi sa bonne opinion:
- Sa vanité s'en nourrit et l'augmente.
- Certain désir qui tout bas la tourmente,
- S'y joint encor: bref, pour conclusion,
- Dès que la nuit lui parut assez sombre,
- Notre dévote, à la faveur de l'ombre,
- D'un pas léger que le désir conduit,
- Arrive au Temple: un Prêtre l'introduit.
- Là son amant prodiguant la dépense,
- Avoit orné galamment le réduit
- Qui devoit voir triompher sa constance,
- Et se livrant au plus heureux espoir,
- D'une Chapelle avoit fait un boudoir:
- L'art s'y joignoit à la magnificence.
- Pauline arrive à ce charmant séjour,
- Ivre à la fois et d'orgueil et d'amour;
- Elle va voir le Roi des Dieux lui-même!
- Elle entre... O Ciel! Quelle surprise extrême!
- Elle s'écrie: «Ah! Mundus, quoi! c'est vous!
- »--Oui,» lui dit-il, tombant à ses genoux,
- «Oui, c'est Mundus dont l'amoureuse adresse,
- »En vous trompant, vous prépare en ces lieux
- »Tous les plaisirs qui suivent la tendresse.
- »Pour un moment, nous sommes seuls tous deux;
- »Si vous vouliez, quel moment plein de charmes!»
- Il prend sa main, il la baigne de larmes,
- Il fait valoir ses transports et ses feux.
- Pauline reste immobile, interdite;
- Son amour-propre, un reste de pudeur
- Parlent encor dans le fond de son coeur:
- Mais le désir par ces délais s'irrite;
- Son teint s'anime et sa gorge palpite;
- Ses yeux, chargés d'une douce langueur,
- A son amant laissent voir sa faiblesse.
- Il en profite, il ose, il prie, il presse;
- Pauline enfin ne peut lui résister,
- Et dans les bras de sa belle Maîtresse,
- L'heureux Mundus, pour prix de son adresse,
- Jusques au bout remplaça Jupiter.
-
-
-LE SOMMEIL DE VÉNUS
-
-CHANSON
-
-Sur l'air: _ô Filii et Filiæ_
-
- Mars trouva Vénus à Paphos;
- La belle dormoit sur le dos:
- «Voyons,» dit-il, «tout ce qu'elle a,
- »Alleluia!»
-
- Il alla déranger soudain
- L'écharpe qui couvroit son sein;
- Plus blanc que neige il le trouva.
- Alleluia!
-
- Sa main eut la témérité
- D'en tâter la rotondité;
- Le sentant ferme, il s'écria:
- «Alleluia!»
-
- Enivré de si doux plaisirs,
- Il forma de nouveau désirs,
- Et de baisers se régala.
- Alleluia!
-
- De cent façons pour l'admirer,
- Il se mit à la revirer:
- Ce qui s'augmente s'augmenta.
- Alleluia!
-
- Vénus, fermant toujours les yeux,
- Se plaça pourtant de son mieux,
- Et le Guerrier en profita.
- Alleluia!
-
- «Bon, bon,» disoit Mars qui sentoit
- Qu'en dormant on le secondoit,
- «Dormez toujours comme cela.
- Alleluia!»
-
- A peine un jeu se finissoit
- Qu'un autre se recommençoit:
- Trois jours entiers cela dura.
- Alleluia!
-
- Mais enfin Vénus s'éveillant,
- Dit au Dieu, presque en rougissant:
- --«Eh! quoi, Monsieur, vous étiez là!
- »Alleluia!»
-
-
-QUATRAIN
-
-A MADAME ***, DONT LE MARI EST BOITEUX ET JALOUX
-
- Comme Vénus vous êtes belle,
- Vulcain est aussi votre Époux,
- Et je voudrois faire pour vous
- Tout ce que Mars faisoit pour elle.
-
-
-L'ENTHOUSIASME GASCON
-
- Ces jours passés, dans un cercle gaillard,
- On demandoit ce qui plaisoit aux Dames?
- --«Les petits soins,» dit un jeune Mignard.
- --«Par la sambleu!» s'écrie un vieux paillard,
- «Mon bel ami, tu connois bien les femmes!
- »Si tu ne veux passer pour un nigaud,
- »Tranche et dis-nous: C'est un vit qu'il leur faut,
- »Car les fourreaux sont tous faits pour les lames.
- »--Sandis! mon cher,» cria certain Gascon,
- «Embrasse-moi, tu parles comme un con.»
-
-
-LE CRI DU COEUR
-
- Père Brichard exploitait Soeur Colette,
- Sans débrider pour la sixième fois,
- Et deux encor: tant qu'enfin la Nonnette,
- Qui, se lassant, les comptoit par ses doigts,
- Lui dit: «Pater, c'est assez nous ébattre:
- »Oui, je le jure, et de par Saint Julien,
- »Qu'au jeu d'amour vous seul en valez quatre.
- »--Par la corbleu! suis-je Carme pour rien?»
-
-
-LA BÉNÉDICTION TROP CHÈRE
-
-OU
-
-LE CONSEIL D'ALIX
-
- Le grand Colas et la jeune Denise,
- Amoureux, pauvres et contents,
- Suivis de leurs parents, s'en alloient à l'église
- Dire un oui, faire une sottise
- Dont maint époux s'est repenti longtemps.
- Tout étoit disposé pour cette grande fête;
- On commence, et déjà messire Jean s'apprête
- A prononcer le conjungo fatal,
- Quand tout à coup un scrupule l'arrête:
- «Avant que d'achever, il ne seroit pas mal,»
- Leur dit-il, «de faire une pause.
- »Or, dites-moi, s'il vous plaît, et pour cause,
- »Ce que vous me donnez pour le droit pastoral?
- »--Nous avons mis soixante sols ensemble,
- »Que vous prendrez, si bon vous semble,»
- Répond Colas, surpris de cette question.
- --«Soixante sols! je serois un pauvre homme
- »De donner pour si peu ma bénédiction.
- »Maître Colas, amplifiez la somme,
- »Mettez encor vingt sols avec l'écu.
- »--Quatre francs pour être cocu!»
- S'écria tout haut un bon drôle;
- «Messire Jean, quel monopole!
- »J'en donnerois volontiers neuf,
- »Et plus encor, pour être veuf.
- »--Oui, je veux quatre francs sans rabattre une obole;
- »Laissons les discours superflus:
- »Quatre francs, ou n'en parlons plus;
- »Robin, ôte-moi mon étole.»
- Denise alors prit la parole.
- --«Colas et moi,» dit-elle, «avions deux petits lits;
- »Nous venons de les vendre à la commère Alix
- »Pour avoir une grande couche.
- »Que je suis malheureuse, hélas!
- »Messire Jean, que la pitié vous touche!
- »Où donc ira coucher Colas,
- »Si vous ne nous mariez pas?
- »--Vraiment voilà bien du mystère!»
- Dit la commère Alix; «jour de Dieu! laissez faire;
- »Messire Jean y perdra son Latin.
- »Quand je fus promise à Lubin,
- »Défunt notre Curé voulut agir de même,
- »Mais il ne fut pas le plus fin;
- »Lucas et moi d'accord, nous allâmes bon train;
- »Si qu'au bout de neuf mois, approchant le Carême,
- »Mon ladre de Curé se vit réduit enfin
- »A faire au même jour mariage et baptême,
- »Le tout pour un écu. Faites comme je fis,
- »C'est un profit tout clair.--Je suis de votre avis,»
- Répart Denise; «eh bien! Colas, prenons l'avance;
- »Le Ciel sait nos intentions,
- »Il sait aussi notre indigence;
- »Il voit notre Curé manquer de complaisance:
- »Celui-ci répondra de ce que nous ferons;
- »Et puisque sans argent il ne veut pas qu'on danse,
- »Allons, et mettons-lui le plus que nous pourrons
- »De péchés sur la conscience.»
-
-
-ÉPITRE CONSOLANTE A UN COCU
-
- Consolez-vous, Monsieur Fumet;
- Gens de Robe, Gens à Plumet
- Ont un destin pareil au vôtre:
- C'est le bon Dieu qui le permet.
- Le grand Prophète Mahomet
- N'en fut pas plus exempt qu'un autre.
- Il prit pour femme Cadigha.
- Celle-ci, d'humeur un peu chaude,
- Dans son cher époux distingua
- Des façons qui sentoient le Claude;
- Lors Dieu sait comme elle intrigua!
- Un ribaud plut à la ribaude:
- Ce ribaud qui la subjugua
- Étoit un gros Prieur de Carmes.
- Mahomet le sut, le nargua,
- Et prit un croissant pour ses armes.
- Bel avis aux gens délicats!
- Quand il auroit fait des éclats,
- Quand il auroit battu sa femme,
- Au jour marqué pour son trépas,
- En auroit-il moins rendu l'âme?
- Ce fut, suivant un érudit,
- A Médine qu'il la rendit:
- En mangeant un gigot maudit,
- Il lui prit une sueur froide
- Qui le força d'aller au lit.
- Au fait: quand on l'ensevelit
- On lui trouva le _caiche_ roide
- (_Caiche_ est synonyme de vit).
- Soudain le bruit s'en répandit.
- Sa veuve accourt, elle s'écrie:
- «Ah! certes, j'aurois eu grand tort
- »D'avoir passé plus d'une envie
- »Avec un Moine, vrai butor,
- »Si mon époux qui disoit d'or
- »L'avoit porté pendant sa vie
- »Comme il le porte après sa mort!»
-
-
-L'AVOCAT POUSSÉ A BOUT
-
- Un Avocat fut consulté
- Par un Tendron d'aimable mine,
- Qu'un Gars avoit trop insulté.
- L'homme de Loi, qui l'examine,
- Trouve, sous sa simple étamine,
- Deux grands yeux pleins de volupté;
- Certain air de naïveté
- Peint sur sa figure enfantine;
- Un sein par l'Amour agité,
- Qui se soulève, se mutine,
- Et semble en sa captivité
- Appeler une main lutine,
- Qui lui rende la liberté.
- Notre Avocat est transporté:
- Il lorgne une taille divine,
- Des pieds mignons et délicats;
- Et ce qu'il voit de tant d'appas
- Ne vaut pas ce qu'il en devine.
- Avec ces titres de faveur,
- On peut compter sur la ferveur
- Du Légiste le plus austère.
- Le nôtre, expert dans tous les droits,
- Avoit, dit-on, plus d'une fois
- Pris ses licences à Cythère.
- Enfin, près de la belle assis,
- Il veut, sans détour, sans mystère,
- De son cas savoir le précis.
- --«Las!» dit la belle désolée,
- »Je vais rappeler mon esprit,
- »Et vous conter comment s'y prit
- »Le fripon qui m'a violée.
- »Il avoit un air tendre et doux,
- »La taille la mieux découplée,
- »Et le regard... tout comme vous.»
- Notre grave Jurisconsulte,
- Flatté d'avoir les mêmes traits,
- En ressent une joie occulte;
- Et, rajeuni par tant d'attraits,
- S'approche encore un peu plus près
- De la beauté qui le consulte.
- --«Poursuivez ce récit,» dit-il,
- «Car votre affaire m'intéresse.
- »--Ah! Monsieur, qu'il étoit subtil!
- »Que l'Amour inspire d'adresse!
- »Ses yeux sur mes foibles attraits
- »Se promenoient avec ivresse.»
- L'Avocat, qu'un même feu presse,
- N'a pas des regards plus discrets.
- «Ce n'est pas tout: sa main hardie
- »Saisit la mienne au même instant.»
- Vous sentez, sans que je le die,
- Que l'Avocat en fait autant.
- «Ce n'est pas tout: sa perfidie
- »Méditoit un autre dessein;
- »Et toujours plus audacieuse,
- »Bientôt sa main licencieuse
- »Fourrage les lis de mon sein.»
- Notre Avocat, sur ce modèle,
- Glissant une furtive main
- A travers la gaze infidèle,
- Enfile le même chemin.
- «Ce n'est pas tout: d'un air farouche,
- »A ses feux je veux m'opposer;
- »Déterminée à tout oser,
- »Sa bouche se colle à ma bouche.»
- L'Avocat, que l'exemple touche,
- Ravit un semblable baiser...
- Ravit! je faux, on le lui donne;
- On feint de n'y pas consentir:
- Mais c'est pour mieux faire sentir
- Le prix de ce qu'on abandonne.
- Femmes, osez me démentir!
- Celle qui jamais ne pardonne,
- Est trop sujette au repentir.
- «Ce n'est pas tout: son feu redouble,
- »Il me transporte malgré moi;
- »Les genoux tremblants, et l'oeil trouble...
- »Je ne sais plus ce que je voi.»
- L'Avocat, non moins troublé qu'elle.
- Répète une leçon si belle;
- Tous deux bientôt perdent la voix;
- Tous deux se plongent à la fois
- Dans une extase mutuelle.
-
- Notre Avocat crut jusqu'au bout
- Avoir imité son modèle.
- --«Ce n'est pas tout,» dit la Donzelle.
- «--Comment, diable! ce n'est pas tout!
- »Qu'avoit-il de plus à vous faire?
- »Vous m'étonnez! dites, ma chère,
- »Comment la chose se passa?
- »--Eh! mais voici tout le mystère,
- »Monsieur, c'est qu'il recommença.»
-
-
-LE DÉLUGE
-
- «Cap dé bious!» disoit un Gascon
- A sa moitié, qui faisoit la niaise,
- «Pour la première fois, Fanchon,
- »Il me semble qu'ici je suis bien à mon aise.
- »--Las!» dit-elle, «mon cher, je suis neuve à tel jeu;
- »Appelez un Frater, et je le ferai juge
- »Que mes eaux seulement ont passé par ce lieu.
- »--Vos eaux! sandis!» repart le Gascon qui prend feu;
- «Dites donc les eaux du déluge.»
-
-
-_Ægri salivantis solatium_
-
- Des beautés de Paris, ô toi la moins farouche,
- Ce fut peu d'un écu que tu reçus de moi,
- En retour du plaisir que je pris sur ta couche:
- Car depuis plus d'un an que j'eus affaire à toi,
- L'eau m'en vient encore à la bouche.
-
-
-DIALOGUE ENTRE DEUX SERVANTES
-
- «Eh bien! notre nouveau Curé?
- »--Ah! palsangué! c'est un brave homme.
- »Le premier étoit bon, mais je veux qu'on m'assomme,
- »Si le second n'est meilleur à mon gré.
- «--Comment cela?--Comment? Tiens, juges-en, commère:
- »Il me donne par ans quarante bons écus,
- »Voire quelque chose de plus;
- »J'ai la clef de la cave et je n'ai rien à faire.
- »--Et la nuit...?--Oh! la nuit nous faisons lit à part;
- »Messire Arlot est un saint prêtre,
- »Qui ne ressemble en rien à messire Chouart.
- »--Dieu me garde d'un pareil maître!
- »Il me feroit mourir d'ennui:
- »Oh! que j'aime bien mieux servir chez son vicaire!
- »Je n'ai que dix écus et je fais maigre chère,
- »Mais du moins on couche avec lui.»
-
-
-LE SALAMALEC LYONNOIS
-
-CONTE
-
- Jamais ne fut nation plus civile
- Que la Françoise, il le faut avouer;
- L'envoyé Turc pourroit bien s'en louer,
- Après l'honneur qu'à Lyon, la grand ville,
- Des magistrats en passant il reçut.
- Ces magistrats crurent frapper au but,
- S'ils régaloient l'Excellence Ottomane
- D'un compliment en langage Ottoman:
- «Car,» disoient-ils, «parler par Truchement,
- »C'est une mort: en langue Musulmane
- »Un Musulman il nous faut saluer.»
- L'invention leur sembloit mémorable;
- Le point étoit comment l'effectuer?
- Où rencontrer un harangueur capable?
- Un homme expert dans le salamalec?
- Notez qu'alors tenoit auberge illec
- Certain quidam, déserteur de mosquée,
- De mauvais Turc devenu bon Chrétien.
- «C'est notre fait,» dirent ces gens de bien.
- La chose au Sire étant communiquée,
- Il l'approuva:--«Laissez faire,» dit-il,
- «François Sélim, c'est ainsi qu'on me nomme.
- »Nul mieux que moi, Dieu merci! ne sait comme
- »La tête on doit courber jusqu'au nombril,
- »Rabattre en arc les mains sur sa poitrine,
- »Se reculer, s'avancer à propos,
- »_Et cætera_; suffit: de ma doctrine
- »Tenez-vous sûrs et soyez en repos.
- »Vous me verrez à la mode Turquesque
- »Faire cent tours qui surprendront vos yeux;
- »Telle action vous paroîtra burlesque
- »Qui cache au fond sens très mystérieux.
- »Or en ceci la grande politique
- »Est de me suivre en tout d'un pas égal:
- »Souvenez-vous de cet avis unique,
- »Vous ne sauriez, me suivant, faire mal.»
- De point en point on promit de le suivre;
- On le suivit jusqu'au moindre _iota_.
- L'ambassadeur bien fort s'en contenta;
- Mais ce qui, plus que tout, le transporta,
- Fut qu'un Chrétien parlât Turc comme un livre.
- --«Il n'est,» dit-il, «assesseur du Divan,
- »Qui mieux que vous entende notre langue.
- »--Pas ne vous doit surprendre ma harangue,»
- Répond Sélim, «je suis né Musulman.
- »--Né Musulman? Vous l'êtes donc encore?
- »--Moi? point du tout. Je me suis converti,
- »Et c'est le Dieu des Chrétiens que j'adore.
- »--Ah! par Mahom! vous en avez menti,
- »Et Musulman jamais vous ne naquîtes,
- »Ou vous n'avez pas changé de parti.
- »Je ne puis croire au moins ce que vous dites,
- »Si je n'en vois un signe fort précis.
- »--A moi ne tienne!»--Êtes-vous circoncis?
- »--Vous allez voir.» Lors sa misère nue
- Le compagnon étale à découvert.
- Les Magistrats, à cette étrange vue,
- Quoique étonnés, pour n'être pris sans vert,
- Suivant leur guide, imitant sa posture,
- Firent leur cour en forme et sans tarder,
- Chacun selon le talent que nature,
- Petit ou grand, lui voulut accorder.
- L'ordre fut rare, et l'histoire rapporte
- Que l'Ottoman salué de la sorte,
- Crainte de pis, s'enfuit sans dire adieu.
- Tout au rebours les Donzelles du lieu
- Prirent grand goût à la cérémonie:
- Et telle fut leur jubilation,
- Que maintenant nulle ne se soucie
- De voir, après cette réception,
- Ambassadeur, s'il ne vient de Turquie.
-
-
-LA COLÈRE NAÏVE
-
- Dans un verger, la friande Colette
- Au point du jour attendoit Augustin;
- Lucas la vit, et lui dit: «Ouais! poulette,
- »Que cherchez-vous en ce lieu si matin?
- »--Un nid, Lucas.--C'est bien fait, péronnelle,»
- Lui répondit le villageois rusé;
- «Mais pour le prendre où donc est votre échelle?
- »Tenez, tout franc, le détour est usé;
- »Vous cherchez... là... n'est-il pas vrai, ma belle?...»
- Poursuit Lucas, qui la voit se fâcher.
- --«Eh! oui, méchant, puisses-tu,» lui dit-elle,
- «Avoir perdu ce que je viens chercher!»
-
-
-PARTANT QUITTE
-
-CONTE
-
- Alain disoit: «Ma femme, écoute-moi:
- »Je t'avouerai qu'avant que d'être à toi,
- »Bien jeune encor, je fis une folie:
- »J'eus une fille; elle est, ma foi, jolie;
- »Prends-la chez toi, faute de nourrisson;
- »Je veux de toi qu'elle prenne leçon:
- »Tu l'aimeras, car elle te ressemble.
- »--Et moi, j'ai fait,» dit-elle, «un beau garçon;
- »Il nous faudra les marier ensemble.»
-
-
-LE FIN MENTEUR
-
- En tremblant, un jour Éloi
- Fut chez un pharmacopole:
- «Sauf respect, je... voudrois...--Quoi?
- »--De l'onguent pour la _vérole_.
- »--Combien?--Deux onces, je croi.»
- Le voyant saisi d'effroi,
- Purgon lui dit:--«Ah! compère,
- »C'est pour toi, la chose est claire,
- »Car tu me parais bien sec.
- »--Oh! non: c'est pour mon cher père
- »Qui veut me frotter avec.»
-
-
-LE PARDON
-
-CONTE
-
- A son voisin la gentille Isabelle
- Fut se plaindre de son époux,
- Qui toujours lui cherchoit querelle.
- --«Croyez-moi,» dit-il, «vengez-vous.»
- Le conseil plut fort à la belle;
- Le galant fut choisi pour servir son courroux.
- A chaque heure du jour, c'étoit nouvelle plainte;
- Notre couple à l'envi signaloit son ardeur;
- Mais la colère du vengeur
- En moins de huit jours fut éteinte:
- De tout on se lasse à la fin.
- La belle, que toujours la vengeance aiguillonne,
- Six fois fut se plaindre un matin:
- --«Oh! pour le coup,» dit le voisin,
- «Je suis Chrétien, je lui pardonne.»
-
-
-LE MENSONGE ÉVIDENT
-
- En bavolet, en simple jupon court.
- Sur son balcon dame Alix appuyée
- Lorgnoit les passants un beau jour.
- Depuis longtemps, aux mystères d'amour
- La belle étoit initiée.
- Un sien neveu, nommé Valcour,
- Garçon alerte et d'assez bonne mise,
- Entre en sa chambre; il la voit, et soudain
- Le fripon sent naître en son sein
- Un mouvement de paillardise;
- Si bien que derrière elle il se glisse sans bruit,
- Soulève le jupon d'une main libertine,
- Et puis, ainsi qu'on l'imagine,
- S'ajuste, pousse et s'introduit.
- --«Eh! mais, voyez l'extravagance!»
- Dit Alix à notre éventé;
- «Valcour... vous me foutez, je pense?...
- »--Moi? non, ma tante, en vérité...
- »--Comment, non, coquin que vous êtes?
- »Ne sens-je pas ce que vous faites?
- »Et vous l'osez nier! c'est par trop fort aussi...
- »--Vous êtes donc bien mécontente?»
- Dit Lindor d'un ton radouci;
- «Eh bien! je vais m'ôter, ma tante,
- »Si vous voulez.--Non, restez-y:
- »Mais je n'aime pas que l'on mente.»
-
-
-LA MÉTAMORPHOSE
-
-CONTE ÉPIGRAMMATIQUE
-
- Gertrude à vingt ans fut jolie;
- Elle avoit deux petits tetons
- Qu'Ariste aimoit à la folie,
- Et nommoit ses petits fripons.
- Ariste fit un long voyage,
- Et revint après vingt-cinq ans,
- Je laisse à penser quel ravage
- Chez Gertrude avoit fait le temps!
- Sur les fripons, par habitude,
- Ariste jeta ses regards:
- «Ah! mes petits fripons, Gertrude,
- »Sont devenus de grands pendards!»
-
-
-LE MALADROIT
-
- Certain benêt voulant fêter sa femme,
- Point ne pouvoit attraper le milieu.
- «Trop haut! trop bas!» lui répétoit la Dame.
- «--Y suis-je?--Non!--Pour le mettre en son lieu,
- »Ma chère Alix, ton aide je réclame.
- »--Quoi! ne pouvez,» lui dit-elle en courroux,
- «Trouver ce que cherchez depuis une heure?
- »C'est pourtant là l'office d'un époux!
- »J'enrage: point ne connois, ou je meure!
- »D'homme qui soit plus maladroit que vous!»
-
-
-LE PLAISIR SANS REMORDS
-
-CONTE
-
- Le vieux Cassandre est un compère,
- Qui malgré son âge, la nuit,
- Quelquefois encor fait du bruit;
- Et sa Pernelle une commère,
- Qui, sans mentir, entre deux draps,
- A son mari ne cède guère.
- La nuit surtout du Mardi-gras,
- Ils s'amusèrent... voici comme:
- A son lit Cassandre montant,
- Vint à faire un... cela s'entend...
- Pernelle, alors au premier somme,
- Que ce bruit éveille à l'instant,
- Se met à rire, à rire tant,
- Qu'elle en fait elle-même autant.
- Vous jugez bien que le bonhomme
- Riposta bientôt d'un second:
- Pernelle aussitôt lui répond.
- Cassandre veut, quoi qu'il en coûte,
- Par un nouveau lui répartir;
- Mais... le sommeil le prend en route.
- Après tant de plaisir, sans doute,
- Il est bien permis de dormir.
-
-
-LES DEUX CLYSTÈRES
-
- Cloris, tandis qu'à votre père,
- Diafoirus donne un clystère,
- Vous en recevez un d'un jeune Praticien:
- Mais que ces anodins diffèrent l'un de l'autre!
- Votre père à l'instant est délivré du sien,
- Et vous ne la serez que dans neuf mois du vôtre.
-
-
-LE DOUBLE AVEU
-
-CONTE
-
- Un grand Seigneur, frappé de mort subite,
- Droit aux enfers fut conduit au plus vite.
- Du Styx à peine il eut touché le bord,
- Que son cocher s'offre à ses yeux d'abord.
- --«Vous, Monseigneur, dans ce lieu de souffrance?
- »Puis-je savoir quel crime, quelle offense?...
- »--Mon cher Vincent, j'ai tout sacrifié
- »Pour enrichir le fils que ma moitié,
- »Cette adorable et vertueuse femme,
- »M'avoit donné, seul gage de sa flamme.
- »Mais toi, Vincent, quel est donc le sujet
- »De ton malheur? Toi, sage domestique?...
- »--Ah! Monseigneur, ce maudit fils unique,
- »Hélas! je suis ici pour l'avoir fait.»
-
-
-LES SOULIERS
-
-CONTE
-
- De tous ses amoureux, Babet, dans son printemps,
- Exigeoit, pour le prix de ses faveurs secrètes,
- Deux paires de souliers: aujourd'hui les grisettes
- Rougiroient d'accepter de si minces présents.
- Babet s'en contentoit, souliers alloient pleuvants.
- L'or, quand on est jolie, est fugace, il va vite:
- On le gagne aisément, on le ménage peu;
- Babet l'avoit senti; souliers restoient au gîte,
- Ils devenoient ressource. On conçoit qu'à ce jeu
- Fallut bientôt à la commère,
- Pour loger les souliers, une maison entière.
- Le cuir haussa de prix: le Prince le taxa,
- Mainte bourse s'emplit, maint fermier s'engraissa;
- Tel est chez nous le train des choses,
- Toujours les grands effets ont de petites causes.
- Babet vieillit, le cuir baissa;
- Adieu vous dit joli visage,
- Taille fine, élégant corsage,
- Enfin adieu tous ses appas!
- L'âge a beau nous rider, il ne nous change pas.
- On se travaille en vain, le goût reste le même.
- Celui de Babet pour l'amour,
- Bien loin de s'affoiblir, avoit crû chaque jour.
- Que faire en ce besoin extrême?
- Le temps de but à but étoit plus que passé,
- Il fallut des souliers implorer l'assistance:
- Grâce à sa sage prévoyance,
- L'Amant venu nus pieds, s'en retournait chaussé;
- Elle habilla par bas les deux tiers de Florence.
- Sur quoi certain voisin, d'elle un jour s'enquérant
- De ce tas de souliers qu'elle alloit répandant,
- Babet que le métier n'avait point rendu fausse,
- Lui dit:--«Mon cher ami, l'hiver vit de l'été.
- »Je rends à mes Amants ce qu'ils m'avoient prêté:
- »Je les déchaussois, je les chausse.»
-
-
-QUI PERD GAGNE
-
-CONTE
-
- «Jeanne, va fermer la targette,»
- Disoit, en s'endormant, Lucas à sa moitié.
- --«Vas-y, toi,» répondit Jeannette;
- «L'homme est fait pour être sur pié,
- »La femme pour dormir.--Que je sois estropié
- »Si j'y vais!» dit Lucas.--«Que le Diable m'emporte
- »Si j'y vais!» dit Jeannette.--«On ouvrira la porte.
- »--Je m'en gausse.--Et moi je m'en ris.
- »J'encague les voleurs, je n'ai pas une obole.
- »--Et si l'on te prend tes habits?
- »--Je resterai couché, c'est ce qui me console.
- »--Oh çà! tiens, mon mari, convenons entre nous:
- »Celui qui lâchera la première parole
- »Ira verrouiller l'huis.--Tope,» reprit l'époux,
- «Je suis muet, bonsoir!--Moi, j'ai la langue morte!»
- Pendant que nos époux disputoient de la sorte,
- Auprès de leur logis certain Carme passoit;
- Le vent éteignit sa bougie.
- Comme au travers de l'huis leur lampe paraissoit,
- Mon gaillard, disciple d'Élie,
- Frappe; on ne répond point. Il baisse le loquet:
- --«Pardon! de votre somme, amis, je vous dérange;
- »Mais mon abord céans ne doit vous alarmer:
- »Ma bougie est éteinte, et je viens l'allumer.»
- Mot. «Holà!» dit le Moine, à cet accueil étrange;
- «M'entendez-vous, mes bonnes gens?
- »Je n'ai, je le répète, aucuns desseins méchants.»
- Mot encore. Il s'avance; il voit deux grosses faces,
- Qui, les yeux bien ouverts, rioient entre leurs dents.
- Jeanne comptoit au plus vingt ans:
- Le Frocard lui trouva des grâces.
- Son visage, ses traits, lui semblèrent piquants:
- On est à peu de frais aimable aux yeux d'un Moine;
- Il n'est belle ou laidron, qui ne lui soit idoine.
- Le Carme, encor qu'il fût perplex,
- Jugeant que ce silence étoit une gageure,
- Résolut in petto de pousser l'aventure.
- Un teton paroissoit, il y porte l'index:
- Le mari reste coi, la femme se résigne.
- Réduit à pérorer par signe,
- Le grivois parla puissamment.
- Or, voilà, je ne sais comment,
- Que d'abord près du lit, le Jean-chouart du Frère
- Tôt après fut dedans: oh! jugez de la chère!
- Lucas voyoit et souffroit tout.
- Plus discrète qu'on ne peut dire,
- Jeanne, bien qu'on poussât sa patience à bout,
- N'eût pas parlé pour un Empire.
- Le moine se montra digne enfant du Carmel,
- Fort affamé, peu sensuel.
- Le temps vient de partir, mon gaillard fit retraite.
- Il n'étoit pas sorti, que la dame Jeannette
- Chanta goguette à son époux:
- «Voyez ce gueux,» dit-elle, en feignant du courroux,
- «De me laisser manquer de semblable manière!
- »Et par un Moine encor! je suis d'une colère!...
- »Va, je me vengerai, je te le garantis.
- »--Femme,» répond Lucas, «allez verrouiller l'huis:
- »Vous avez parlé la première!»
-
-
-IN-PROMPTU
-
-PARODIE D'UN COUPLET DES AMOURS D'ÉTÉ
-
-Sur l'air: _En plein, plan._
-
- Qu'une vérole est amère,
- Et q'c'est méchante affaire!
- Je l'ai bien pour mes six francs,
- En plein, plan,
- Rlan, tan, plan, tirelire,
- Lan, plan.
- Il y a des bien honnêt's gens,
- Qu'en ont une plus chère.
-
-
-L'EXCUSE INGÉNIEUSE
-
- Dans un endroit obscur, trouvant une Duchesse,
- Un jeune Mousquetaire osa porter la main
- Sous le jupon de son Altesse.
- Elle jette un cri, c'est en vain:
- Mon étourdi, qu'un vif aiguillon presse,
- Jusques au bout allant son train,
- Claquoit et reclaquoit sans cesse.
- «Finirez-vous donc, libertin?
- »A moi quelqu'un! la Fleur, Champagne, la Jeunesse!»
- Ces Messieurs, qui buvoient au Cabaret voisin,
- N'entendoient pas la voix de leur Maîtresse.
- Mon polisson lâche prise à la fin.
- --«Ah! malheureux, tu payeras demain
- »Ce trait d'audace et de scélératesse:
- »Crois que ton trépas est certain!
- »--Pardonnez un moment d'ivresse,»
- Reprit le Mousquetaire avec un air serein;
- «J'ai fait sans doute une sottise,
- »Et vous m'en voyez confondu:
- »Que voulez-vous que je vous dise?
- »Las! je suis un homme foutu,
- »Si vous avez le coeur aussi dur que le cu!»
-
-
-L'OBSERVATEUR EN SECOND
-
-OU L'ART D'AIMER
-
- J'ai vu dans les Écrits d'un grand Observateur,
- Émule d'Hamilton et Poëte des Grâces,
- Le véritable sens que l'on donne au mot _coeur_.
- En admirant B... j'ai marché sur ses traces.
- Or, écoutez, ami Lecteur,
- Et vous saurez de moi ce qu'il vous faut entendre
- Alors que la beauté qui vous a su charmer
- Vous avoûra d'une voix douce et tendre,
- Qu'elle vous permet de l'aimer.
- _Aimer_ n'est pas un mot de sens tout à fait vide:
- Anacréon, Properce et le galant Ovide
- Employèrent souvent ce mot-là comme il faut.
- Devinez donc ce que pense une Dame
- Dont les attraits sont par l'âge effacés,
- Quand elle vient se plaindre, en nous vantant sa flamme,
- Que Monsieur son époux ne l'aime point assez?
- Qu'une fille me plaît, qu'elle est intéressante,
- Quand le besoin d'aimer en secret la tourmente!
- Comme elle je ressens ce besoin, ces ardeurs;
- Pourquoi ne pas unir nos besoins et nos coeurs?
- Elle diroit bientôt, d'une voix expirante:
- Ah! quand on aime bien, qu'on goûte de douceurs!
- Mais n'aime pas qui veut, c'est là ce qui me fâche!
- Tantôt bien, tantôt mal, on remplit cette tâche:
- J'en vois même plusieurs, que je saurois nommer,
- Qui, malgré leurs efforts, ne peuvent plus aimer.
-
- Mélidore adoroit (on verra par la suite
- Qu'ici tout autre mot ne peut être adopté),
- Adoroit donc une beauté
- Dans l'art d'aimer assez instruite;
- Notre amant jeune et sans détour,
- Dans cet art charmant vrai novice,
- Depuis plus de six mois qu'il étoit au supplice,
- N'avoit encore osé déclarer son amour.
- Aux pieds de Lise enfin il se jette un beau jour,
- Et pour lui peindre son martyre,
- Pousse de grands Hélas! verse des pleurs, soupire,
- Veut lui parler et reste court.
- L'amante, en le voyant, pensa crever de rire,
- Et sans prendre pitié du trouble qu'elle inspire,
- De l'amant à ses pieds, ni de son embarras,
- Lui répond froidement:--«Non, vous ne m'aimez pas.
- »--Je ne vous aime pas?... L'amour le plus sincère
- »N'est-il donc à vos yeux qu'une vaine chimère?
- »Quand je brûle d'un feu qui ne peut s'exprimer,
- »Quand tout mon sang pour vous...--Ce n'est pas là m'aimer,
- »Et moi, je prétends que l'on m'aime.
- »--Je vous l'ai déjà dit, ma tendresse est extrême;
- »Votre volonté seule est ma suprême loi;
- »De grâce, commandez.--Eh bien donc, aimez-moi!»
- Désespéré, confus, notre amant se retire;
- D'abord il veut se pendre, et puis il réfléchit
- Que ce seroit tomber d'un malheur dans un pire.
- Ensuite il cherche en son esprit
- Le sens de chaque mot, et ce qu'Églé veut dire?
- L'Amour enfin daigne l'instruire:
- Avec un si grand Maître une leçon suffit.
- Quelques jours écoulés, il vole chez sa Dame,
- Plein d'espoir et surtout bien résolu dans l'âme,
- De mettre, s'il se peut, la leçon à profit.
- Il entre... Il la voit seule... Il prend un peu d'audace...
- Et fit... ce que j'aurois voulu faire à sa place.
- Pendant les amoureux ébats,
- L'Amant disoit à sa Maîtresse:
- «Peux-tu te plaindre encor que je ne t'aime pas?
- »Peux-tu douter de ma tendresse?»
- La belle lui repart:--«Non, le fait est certain,
- »Tu m'aimes maintenant, j'en ai la preuve en main.»
-
-
-ÉPIGRAMME CONTRE UN SOT POLITIQUE
-
- Des Gazettes de la Tamise,
- Quand tu saurois le résultat,
- Faudroit-il te vanter d'être, comme un Moïse,
- Savant dans le métier que fait un Potentat?
- Ta femme me l'a dit: ta sottise est sans bornes,
- Et si tu ressemblois à cet homme d'État,
- Ce ne seroit que par les cornes.
-
-
-LE CURÉ COMPLAISANT
-
- «Lisez tout bas ce guide-âne,
- »Monsieur, vous m'épouvantez;
- »Ah! quels grands mots! Libertés...
- »De l'Église Gallicane!
- »Comment! je crois, Dieu me damne!
- »Que je les ai répétés.
- »--Venez sur cette Ottomane,
- »Prendre place à mes côtés.
- »Or, maintenant, écoutez:
- »Levez ce jupon de panne,
- »Et sur le dos vous mettez;
- »Les deux cuisses écartez:
- »Moi, j'entr'ouvre ma soutane...
- »--Je crois que vous me foutez?
- »--Non, c'est pour vous montrer, Jeanne,
- »Ce qu'on nomme Libertés
- »De l'Église Gallicane.»
-
-
-ÉPIGRAMME
-
- Un auteur, dont le nom passera d'âge en âge,
- Montrant un jour son fils, disoit:
- «Voilà mon plus mauvais ouvrage.
- »--Monsieur,» reprit Damon, caustique personnage,
- «Est-il sûr que vous l'ayez fait?»
-
-
-LA QUESTION RÉSOLUE
-
- Trois rivaux voyant leur maîtresse
- Que l'on vient de blesser au sein,
- Aussitôt l'un tombe en faiblesse;
- L'autre court après l'assassin;
- Le troisième bande la plaie.
- Par ce moyen chacun essaie
- De montrer qui l'aime le mieux.
- Si mon avis on me demande,
- Je répondrois qu'il saute aux yeux:
- Car je suis pour celui qui bande.
-
-
-LE FAGOT
-
-CONTE
-
- Deux nouveaux mariés font le sujet du conte.
- Tous deux, jeunes, s'aimoient tous deux;
- Mais un débat s'émut entre eux.
- Il étoit vif, elle étoit prompte.
- Un semblable débat fut autrefois, dit-on,
- Entre Jupiter et Junon:
- Mais Junon de dépit saisie
- Ne tarda guère à se venger
- Du jugement de Tirésie.
- Une femme, pour bien juger,
- Veut qu'on juge à sa fantaisie.
- Nos deux jeunes époux étoient donc courroucés,
- De quoi? D'être trop peu la nuit en paix laissés,
- De dormir trop peu l'un et l'autre:
- «Est-ce ma faute?--C'est la vôtre.
- »--N'est-ce pas vous qui me pincez?
- »--N'est-ce pas vous qui m'agacez?»
- Telle étoit chaque jour leur plainte mutuelle;
- Mais ils n'avoient qu'un lit, ce n'étoit pas assez
- Pour mettre fin à leur querelle.
- --«Eh bien! pour vous montrer,» dit-elle,
- »Que je ne veux vous dire mot,
- »Mettons entre nous un fagot.»
- Là-dessus la nuit vient, sème le ciel d'étoiles,
- Et couvre l'univers de ses plus sombres voiles;
- Tout invite au sommeil, et le fagot se met
- Pour garant du repos que chacun se promet.
- Le couple conjugal dormit comme une souche.
- Mais quand de tous ses sens l'usage suspendu
- Après un long sommeil lui fut enfin rendu,
- L'épouse, vers l'époux nonchalamment tournée,
- Lui dit: «Au moins vous ne vous plaindrez pas
- »Que de votre repos je ne fais point de cas.
- »--Et moi,» répond l'époux, «vous ai-je importunée?»
- A la seconde nuit, c'est à recommencer.
- Le fagot revient se placer.
- «Bonsoir, mon coeur.--Bonsoir, m'amie.»
- Au milieu de la nuit pourtant
- L'épouse assez mal endormie,
- Se tourne et se retourne tant,
- Que le fagot la pique, et qu'elle se récrie:
- «Peste soit du fagot, et de qui l'a planté!»
- L'époux, que le fagot n'avoit pas bien traité,
- --«Qu'avez-vous,» dit-il, «je vous prie,
- »A tant pousser de mon côté?
- »Le fagot, grâce à vous, m'a fort mal ajusté.
- »--Mon Dieu!» cria l'épouse, alors toute attendrie,
- «Que je voie...» et pour voir le fagot fut ôté.
- Mais elle ne vit rien qu'une certaine épine...
- Lors prenant et serrant son époux dans ses bras:
- --«Mon ami,» lui dit la coquine,
- «Pour te venger, au lieu de me faire la mine,
- »Pique-moi tant que tu pourras!»
-
-
-LA DEMANDE SINGULIÈRE
-
- Au temps prescrit par notre mère Église,
- Chez son évêque un jeune rustre alla;
- Puis il lui dit: «Monseigneur, me voilà;
- »J'ai nom Jacquot, baillez-moi la prêtrise.»
- Le Prélat rit et lui répond:--«Nigaud,
- »Crois-tu mener si vite cette affaire?
- »Va, mon enfant, pour être prêtre, il faut
- »Qu'un homme ait fait trois ans de Séminaire.»
- Jacquot repart:--«Je le sais, mais aussi
- »Informez-vous de tout notre village:
- »Mon père étoit vicaire, et, Dieu merci!
- »Tout fils de maître est franc d'apprentissage.»
-
-
-L'AVOCAT RAISONNABLE
-
-Un Avocat, revenant dans son logis après deux ans d'absence, y retrouva
-un gros garçon qu'il ne croyoit pas avoir laissé; au lieu de s'emporter
-contre sa femme, il fit l'in-promptu suivant:
-
-IN-PROMPTU
-
-Air: _Du Vaudeville de la Rosière._
-
- Sur cet article délicat,
- Un autre courroit au grimoire;
- Mais moi, comme un franc Avocat,
- C'est la loi que je veux en croire;
- Or si je consulte la Loi,
- L'enfant de ma femme est à moi.
-
- Je sais bien qu'avant mon départ,
- Madame écoutoit les fleurettes,
- Et qu'elle avoit sa bonne part
- Du foible qu'on donne aux coquettes;
- Mais si je consulte la Loi,
- L'enfant de ma femme est à moi.
-
- Plus je regarde le poupon,
- Moins je trouve qu'il me ressemble:
- Il a la bouche de Cliton,
- Ses yeux, son nez: aye! aye! je tremble;
- Mais si je consulte la Loi,
- L'enfant de ma femme est à moi.
-
- Sur un doute pareil au mien,
- Rondon plaida sa ménagère,
- A cela que gagna-t-il? Rien.
- Le juge dit au pauvre hère:
- «Va-t'en donc consulter la Loi,
- »L'enfant de ta femme est à toi.»
-
- Tous les jours, j'en suis convaincu,
- Le plus galant homme peut être
- Ce que l'on appelle cocu;
- Mais, sans chercher à le paroître,
- Il dit: «N'écoutons que la Loi,
- »L'enfant de ma femme est à moi.»
-
-
-COUPLET A MADEMOISELLE ***
-
-Air: _Du Vaudeville d'Epicure._
-
- C'est peu d'être jeune et jolie:
- Sans l'amour, que sert la beauté?
- Pour être une fille accomplie,
- Il faut un peu de volupté.
- Victoire, soyez moins sévère,
- Le plaisir n'est que dans vos yeux:
- Si vous voulez me laisser faire,
- Je le logerai beaucoup mieux.
-
-
-L'ÉPOUSE NAÏVE
-
- Blaise aimoit certaine donzelle.
- Il l'épousa. Dès la première nuit,
- En la caressant, il lui dit:
- «J'ai peur que nos plaisirs dans quelque temps, ma belle,
- »Ne te causent bien du tourment...
- »--Ne crains rien,» lui répond la naïve femelle;
- «Blaise, j'accouche heureusement.»
-
-
-FIN
-
-
-
-
-TABLE
-
-
- Avis de l'Éditeur V
-
- A ma Commère 1
-
- La Femme sans chose 5
- La Croyance fondée 12
- La Déclaration militaire 13
- La Réponse sensée 15
- La Plainte injuste 16
- Badinage in-promptu 17
- La Belle accommodante 17
- In-promptu 18
- Couplet 18
- Bouquet à Mademoiselle *** 19
- La Rage d'amour 19
- Le Prétendu malin 20
- La Gageure 21
- Le Paiement d'avance 21
- Impromptu 24
- La Calomnie foudroyée 24
- La Fente 25
- Le Repentir sincère 27
- L'Armure de Vénus 27
- A ma Maîtresse 28
- Les Désolations et les Consolations, vaudeville 28
- Élégie 29
- Épigramme 30
- Le Triomphe de la Marotte 31
- Les Cinq points 37
- L'Un pour l'autre 37
- La Présence d'esprit 38
- La Défense bien observée, chanson 39
- Le Dégel 40
- Histoire véritable, etc., d'un Abbé qui 41
- L'Expédient facile 43
- On fait ce qu'on peut 44
- Le Qui pro Quo, ou Colin-Maillard 44
- L'Inoculation, conte 46
- La Muette, chanson 47
- L'Obstacle, conte 49
- Le Tribut conjugal 51
- Le Conseil inutile 52
- La Confidence 53
- Le Chapelain, chanson 54
- Le Marchand de loto 55
- Le Lendemain des noces 58
- Le Confesseur exemplaire 59
- L'Esprit fort 60
- Couplet 62
- Épigramme 63
- Le Cas décidé 63
- Le Faux Jupiter 64
- Le Sommeil de Vénus 69
- Quatrain à Madame *** 71
- L'Enthousiasme Gascon 72
- Le Cri du coeur 72
- La Bénédiction trop chère, où le conseil d'Alix 73
- Épître consolante à un cocu 75
- L'Avocat poussé à bout 77
- Le Déluge 80
- _Ægri salivantis solatium_ 81
- Dialogue entre deux servantes 81
- Le Salamalec Lyonnois 82
- La Colère naïve 85
- Partant quitte 86
- Le fin Menteur 87
- Le Pardon 87
- Le Mensonge évident 88
- La Métamorphose 89
- Le Maladroit 90
- Le Plaisir sans remords 91
- Les deux Clystères 92
- Le double Aveu 92
- Les Souliers 95
- Qui perd gagne 95
- In-promptu--Parodie d'un couplet des Amours d'été 97
- L'Excuse ingénieuse 98
- L'Observateur en second, ou l'Art d'aimer 99
- Épigramme contre un sot politique 102
- Le Curé complaisant 102
- Épigramme 103
- La Question résolue 104
- Le Fagot 104
- La Demande singulière 106
- L'Avocat raisonnable 107
- Couplet à Mademoiselle *** 109
- L'Épouse naïve 109
-
-
-
-
- IMPRIMÉ
- PAR
- CHARLES UNSINGER
- 83, Rue du Bac
- PARIS
-
-
-
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-ISIDORE LISEUX, LIBRAIRE-ÉDITEUR
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-Quai Malaquais, nº 5.
-
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-Sous cette désignation générale, nous avons l'intention de faire
-paraître une série de volumes curieux de divers formats, imprimés à un
-très petit nombre d'exemplaires et non destinés au commerce de la
-Nouveauté. Le _Petit-Neveu de Grécourt_ est le premier de cette série.
-
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-sera communiqué par avis individuel. Les Amateurs qui souscriront par
-l'entremise des Libraires, s'entendront avec eux pour la commission à
-leur payer en sus du prix net.
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-ancienne, et le prix originaire de souscription ne pourra plus être
-donné qu'à titre de simple renseignement.
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-Volunteers and financial support to provide volunteers with the
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-Gutenberg Literary Archive Foundation was created to provide a secure
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-To learn more about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation
-and how your efforts and donations can help, see Sections 3 and 4
-and the Foundation web page at http://www.pglaf.org.
-
-
-Section 3. Information about the Project Gutenberg Literary Archive
-Foundation
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-501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the
-state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal
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-<title>
- The Project Gutenberg eBook of Le petit-neveu de Grécourt, by Anonymous.
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-<body>
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-<pre>
-
-The Project Gutenberg EBook of Le petit-neveu de Grécourt ou Étrennes
-gaillardes, by Anonymous
-
-This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with
-almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or
-re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included
-with this eBook or online at www.gutenberg.org/license
-
-
-Title: Le petit-neveu de Grécourt ou Étrennes gaillardes
- Recueil de Contes en vers, réimprimés sur l'édition de 1782
-
-Author: Anonymous
-
-Editor: Isidore Liseux
-
-Release Date: December 10, 2019 [EBook #60896]
-
-Language: French
-
-Character set encoding: ISO-8859-1
-
-*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LE PETIT-NEVEU DE GRÉCOURT ***
-
-
-
-
-Produced by René Galluvot (from images generously made
-available by The Internet Archive/Canadian Libraries)
-
-
-
-
-
-
-</pre>
-
-<h1><span class="small">LE</span><br />
-<b class="large red">PETIT-NEVEU</b><br />
-DE GRÉCOURT</h1>
-
-<p class="c"><span class="small">OU</span><br />
-<i class="large red">Étrennes Gaillardes</i></p>
-
-<p class="c narrow">Recueil de Contes en vers, réimprimé sur l'édition de 1782.</p>
-
-<div class="c"><img src="images/liseux.png" alt="[SCIENTIA DUCE I L]" /></div>
-<p class="c"><span class="large">PARIS</span><br />
-<span class="sc red">Isidore LISEUX, Éditeur</span><br />
-Quai Malaquais, n<sup>o</sup> 5</p>
-
-<p class="c large">1883</p>
-
-
-
-
-<p class="c break"><i>Tiré<br />à cent cinquante exemplaires numérotés</i></p>
-
-<p class="c"><i>N<sup>o</sup> 10</i></p>
-
-
-
-
-<h2 id="avis">AVIS DE L'ÉDITEUR</h2>
-
-
-<p class="italic">On ne s'attend pas à de longues recherches bibliographiques
-sur ce léger recueil de gaietés:
-ce serait faire trop d'honneur à un petit vagabond,
-sans feu ni lieu, et sans histoire. Tout ce que nous
-en savons, c'est que d'abord mis au monde, en
-1781 ou 1782, sous le titre de <i><span class="sc">Petit-Neveu de
-Grécourt&hellip;</span> à Gibraltar, chez les Moines</i>, il
-a été vite adopté par Cazin, qui en a donné deux
-éditions, avec un titre nouveau: <i><span class="sc">Étrennes gaillardes</span>,
-dédiées à ma commère&hellip; à Lampsaque,
-de l'imprimerie du Dieu des Jardins</i>,
-1782 et 1784. Voilà donc, à bien compter, trois
-éditions, lesquelles doivent se valoir, vu le mérite
-à peu près égal des imprimeurs: le Dieu des
-Jardins, au <span class="roman"><small>XVIII</small><sup>e</sup></span> siècle,
-n'avait sûrement pas de
-plus dignes émules que les Moines, de Gibraltar
-ou d'ailleurs.</p>
-
-<p class="gap italic">Maintenant, qui a composé ce volume? Un
-homme de goût, évidemment. On a pensé que ce
-pouvait bien être Félix Nogaret, à cause des initiales
-Y X, dont signe l'éditeur; mais ce n'est là,
-qu'une supposition fort aventurée. Nogaret avait le
-bonheur de posséder un X dans son prénom:
-d'accord; mais tous les anonymes n'ont-ils pas le
-même droit à l'X? Et quant au goût de Félix
-Nogaret, qui passe avec plus de raison pour
-avoir fait les insipides huitains de l'<i>Arétin
-Français</i>, n'est-il pas trop douteux pour justifier
-l'attribution?</p>
-
-<p class="gap italic">La chose, en somme, est de minime importance.
-Quel que soit l'Amateur qui a recueilli ces
-bluettes, acceptons-les pour elles-mêmes et ne leur
-demandons pas plus qu'elles ne peuvent tenir. Elles
-ont été glanées un peu partout: cependant, la
-majeure partie n'en est guère connue; elles sont
-lestes, court-vêtues, provocantes, et si elles donnent
-au Lecteur une heure ou deux d'amusement, nous
-aurions grand tort de regretter les quelques feuilles
-de joli papier que nous avons sacrifiées pour cette
-modeste édition.</p>
-
-<p class="sign italic">I. L.</p>
-
-<p class="ind small">Paris, le 20 Juillet 1883.</p>
-
-
-<div class="chapter" />
-<h2 class="nobreak" id="ch1">A MA COMMÈRE</h2>
-
-
-<p>Ce n'est pas une Épître dédicatoire que je
-vous adresse, c'est une simple Lettre que
-je vous écris; n'y cherchez donc ni tournures
-délicates, ni périphrases ingénieuses, ni tout ce
-qui sent l'Auteur. Je ne le suis pas, Dieu merci:
-je ne suis qu'un Éditeur gai et gaillard; j'ai
-consacré quinze ou vingt jours, plus ou moins,
-à rassembler des Contes joyeux, pour vous rendre
-une fois le plaisir que vous m'avez donné
-mille. De toutes les Francomtoises qui embellissent
-et récréent la Capitale, vous êtes sans
-contredit la plus aimable: votre taille est svelte,
-vos yeux sont noirs et vifs, vos genoux charnus
-et ronds, vos mains potelées, vos joues
-parées des plus belles couleurs; enfin vous êtes
-à trente ans ce qu'une autre femme est à vingt.
-Vous croyez peut-être, ma chère Commère,
-que ma franchise ordinaire a fait place au ton
-complimenteur, détrompez-vous: tel je suis en
-parlant, tel en écrivant, et je vais vous répéter
-ce que je vous ai dit vingt fois sans que votre
-amour-propre en ait paru blessé, tant vous êtes
-modeste! Votre sein n'est ni plus ferme, ni
-plus rond qu'un autre, votre petit pied fait
-mentir le proverbe; mais ces légères imperfections
-servent d'ombres au tableau: vous n'en
-êtes pas moins chère à tous ceux qui vous
-connoissent, on ne parle de vous qu'avec feu,
-et je sais bien pourquoi: c'est que dans un
-siècle où chacun vante beaucoup l'humanité,
-vous êtes humaine autant qu'on peut l'être.
-Avec quel désintéressement ne venez-vous pas
-au secours d'une foule d'Amateurs! votre main
-s'ouvre pour les uns, et votre c&oelig;ur pour les
-autres. Vous savez que la faiblesse humaine et
-vos charmes changent une offrande libre en un
-impôt forcé, et malgré cela, vous ne rançonnez
-personne. Le pauvre Abbé Piquet, le petit Vicaire
-de notre Paroisse, et le Père Briffard, que
-j'ai rencontrés ce matin, me le disaient encore;
-tel Géomètre le démontre, et tel Musicien le
-chante à qui veut l'entendre. Si tous ces Messieurs
-publient votre générosité sur les toits,
-puis-je faire moins que de l'élever jusqu'aux
-nues, moi que vous avez distingué dans la
-foule, moi à qui vous avez accordé tant de
-faveurs piquantes pour le seul plaisir de m'en
-accorder, moi enfin à qui vous avez avoué en
-rougissant que j'avais fait votre conquête? Je
-serais le plus ingrat des hommes, ma Commère,
-si je ne continuais pas à vous voir sur le même
-pied, surtout lorsque mes facultés et votre manière
-d'agir à mon égard s'accordent si bien
-ensemble. Cependant il ne sera pas dit que je
-ne cherche pas à m'acquitter envers vous; je
-sais que vous aimez la belle littérature, je vous
-ai surprise plus d'une fois le <i>Moyen de parvenir</i>
-à la main, et je me suis même aperçu que,
-douée d'une imagination très vive, vous vous
-trouvez, à la suite de vos lectures, dans des
-dispositions qui tournent à bien pour vous, et
-à mal pour moi; mais dussé-je risquer de nouvelles
-fatigues, je vous offre ce petit Recueil,
-en vous priant de le lire, de le recommander à
-vos amis, et surtout de l'envoyer à Besançon.
-Sur ce, ma Commère, je vous baise les mains.
-Ne soyez pas étonnée que je ne vous fasse
-aujourd'hui ma cour que par écrit: notre dernière
-entrevue m'a mis pour quelque temps
-hors d'état de vous la faire autrement; ce qui
-n'empêche pas que mon amour ne réponde au
-vôtre.</p>
-
-<div class="sign">Votre Compère,<br />
-Y. X. ***.</div>
-
-
-
-<h2><span class="small">LE</span><br />
-<b class="large">Petit-Neveu de Grécourt</b><br />
-<span class="xsmall">OU</span><br />
-<span class="large">Étrennes Gaillardes</span></h2>
-
-
-<h3 id="ch2">LA FEMME SANS CHOSE</h3>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse">Le trait suivant, Lecteur, est d'assez bon aloi:</div>
-<div class="verse i2">Je le tiens de Monsieur Géronte,</div>
-<div class="verse">Lequel me l'a donné pour une histoire, et moi</div>
-<div class="verse i2">Je vous le donne pour un Conte:</div>
-<div class="verse">Car il faut, tant qu'on peut, être de bonne foi.</div>
-<div class="verse">C'est tout près de Paris que se passe la scène.</div>
-
-<div class="verse i1 stanza">Un Grenadier (La Rose étoit son nom)</div>
-<div class="verse i2">Jeune, bien fait, bon compagnon,</div>
-<div class="verse i2">Étant en semestre à Surène,</div>
-<div class="verse">De Thérèse un beau jour lorgna le pied mignon.</div>
-<div class="verse i2">«Corbleu!» dit-il, «la bonne aubaine!</div>
-<div class="verse i2">»Qui pourroit l'attirer à soi</div>
-<div class="verse i2">»Auroit un vrai morceau de Roi,</div>
-<div class="verse i2">»Ou tout au moins de Capitaine.»</div>
-<div class="verse">Il aborde à l'instant Thérèse sans façon,</div>
-<div class="verse i1">D'un air joyeux lui conte sa fleurette</div>
-<div class="verse">Et lui porte la main au-dessous du menton.</div>
-<div class="verse i2">Son geste, son habit, son ton</div>
-<div class="verse i2">Plurent beaucoup à la fillette:</div>
-<div class="verse">Bref, quelques jours après la retrouvant seulette,</div>
-<div class="verse">Dans le fond d'une grange à sa dévotion,</div>
-<div class="verse">Il ne put résister à la tentation,</div>
-<div class="verse i2">Et l'affaire fut bientôt faite.</div>
-<div class="verse i1">N'en parlons plus; ajoutons seulement</div>
-<div class="verse i2">Que depuis cet heureux moment,</div>
-<div class="verse">Thérèse et son ami, tous les jours en cachette,</div>
-<div class="verse">Alloient au même lieu se rendre exactement.</div>
-<div class="verse">Thérèse y vint un soir, elle étoit inquiète</div>
-<div class="verse i1">Et paraissoit rêver profondément.</div>
-<div class="verse">En regardant La Rose, elle reste muette.</div>
-<div class="verse i2">«Qu'as-tu,» lui dit-il, «mon enfant,</div>
-<div class="verse">»Et qui peut te causer une peine secrète?</div>
-<div class="verse i2">»Ne cache rien à ton Amant,</div>
-<div class="verse">»Parle.» Thérèse enfin parla naïvement:</div>
-<div class="verse i2">&mdash;«On me dit que je suis gentille;</div>
-<div class="verse i2">»Mais la serai-je encor longtemps?</div>
-<div class="verse">»Vienne Saint-Nicolas, j'aurai mes vingt-deux ans,</div>
-<div class="verse i2">»Et je ne veux pas mourir fille.</div>
-<div class="verse">»Je sais que le Meunier du village voisin</div>
-<div class="verse">»A mon père en secret a demandé ma main;</div>
-<div class="verse">»Et mon père a dit oui: suffit que j'y consente,</div>
-<div class="verse">»J'épouserai Colas pas plus tard que demain</div>
-<div class="verse">»Conseille-moi!&mdash;Colas, parbleu! c'est mon cousin,»</div>
-<div class="verse">Reprit le Grenadier, «car sa mère est ma tante;</div>
-<div class="verse i2">»Ce garçon là n'est pas malin,</div>
-<div class="verse">»Mais il a malgré ça quelque chose qui tente;</div>
-<div class="verse i2">»C'est deux cents bons écus de rente:</div>
-<div class="verse">»Si je les avois, je&hellip; Mais puisque je n'ai rien,</div>
-<div class="verse i2">ȃpouse-le, tu feras bien.</div>
-<div class="verse">»J'exige seulement&hellip;&mdash;Quoi?&mdash;Tu sais bien, ma chère,</div>
-<div class="verse">»Que je dois te quitter dans vingt jours au plus tard;</div>
-<div class="verse i1">»Avant le temps fixé pour mon départ</div>
-<div class="verse i2">»La noce, dis-tu, peut se faire.</div>
-<div class="verse">»En ce cas je prétends à ton benêt d'époux</div>
-<div class="verse">»De ses droits conjugaux interdire l'usage:</div>
-<div class="verse">»Si donc il t'invitait à des ébats trop doux,</div>
-<div class="verse">»Dès la première nuit brusque le personnage,</div>
-<div class="verse i2">»Dusses-tu le mettre en courroux.</div>
-<div class="verse">»Quand je serai parti, je lui donne carrière;</div>
-<div class="verse i1">»Mais jusque-là, Madame la Meunière,</div>
-<div class="verse">»De Monsieur le Meunier je serois trop jaloux.</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;Comment? tu veux que, sans défense,</div>
-<div class="verse">»Dès la première nuit, seulette entre deux draps,</div>
-<div class="verse">»Avec un homme&hellip;? Allons, tu te moques, je pense.</div>
-<div class="verse">»Qui pourroit se tirer d'un pareil embarras?</div>
-<div class="verse i2">»J'aurois beau faire la mutine,</div>
-<div class="verse i2">»Beau me fâcher, beau le gronder,</div>
-<div class="verse i2">»Colas croiroit que je badine;</div>
-<div class="verse">»Il seroit le plus fort, il faudroit bien céder.</div>
-<div class="verse">»&mdash;D'accord, mais si je peux par un bon stratagème</div>
-<div class="verse i2">»Lui fermer ce qu'il croit ouvert?&hellip;</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;Pour te prouver combien je t'aime,</div>
-<div class="verse">»Je consens volontiers à le prendre sans vert.</div>
-<div class="verse">»&mdash;Eh bien! avertis-moi la veille de la noce,</div>
-<div class="verse i2">»Et nous agirons de concert,</div>
-<div class="verse">»Afin que, comme un sot, il donne dans la bosse.»</div>
-<div class="verse i1">A point nommé La Rose est averti:</div>
-<div class="verse">Imaginez un peu ce qu'il fit à Thérèse.</div>
-<div class="verse">(Vous avez vu qu'à tout la belle a consenti</div>
-<div class="verse i1">Pour empêcher que Colas ne la baise).</div>
-<div class="verse">Il colle artistement sur un certain endroit,</div>
-<div class="verse">Que point ne veux nommer, que pourtant on devine,</div>
-<div class="verse">Une peau de mouton douce, fraîche et très fine.</div>
-<div class="verse">Le pli le plus léger, il l'efface du doigt,</div>
-<div class="verse i2">Et partout, ainsi qu'on le croit.</div>
-<div class="verse">Appliquant une main experte et libertine,</div>
-<div class="verse i2">Il fait si bien qu'on n'aperçoit</div>
-<div class="verse">Ni le creux du vallon, ni le duvet qui croît</div>
-<div class="verse i2">Sur le penchant de la colline.</div>
-<div class="verse">Ceci peut sembler fort, mais un amant adroit</div>
-<div class="verse">Exécute aisément tout ce qu'il imagine,</div>
-<div class="verse i2">Mieux encor qu'on ne le conçoit.</div>
-<div class="verse">Et puis, ami Lecteur, un peu de complaisance;</div>
-<div class="verse i2">Prêtez-vous à l'illusion,</div>
-<div class="verse">Et vous croirez qu'après cette opération</div>
-<div class="verse">Thérèse n'en eut plus&hellip; du moins en apparence.</div>
-<div class="verse">Au fait. Le lendemain elle épouse Colas:</div>
-<div class="verse">En sortant de l'église on vint faire bombance,</div>
-<div class="verse">On but du petit vin, on servit de grands plats;</div>
-<div class="verse">Mais parlons du souper, lequel suivit la danse:</div>
-<div class="verse">Le souper d'une noce est le meilleur repas.</div>
-<div class="verse i1">Le marié, droit comme un échalas,</div>
-<div class="verse">D'aller se mettre au lit brûloit d'impatience.</div>
-<div class="verse i2">La Rose, riant aux éclats,</div>
-<div class="verse">Par des couplets gaillards égayoit l'assistance,</div>
-<div class="verse">S'approchoit de Colas, et lui disoit tout bas:</div>
-<div class="verse">«Cousin, tu m'as bien l'air d'un croqueur de pucelles;</div>
-<div class="verse">»Gageons que cette nuit tu ne dormiras pas:</div>
-<div class="verse i2">»La mariée est des plus belles;</div>
-<div class="verse">»Demain, les yeux battus et les membres bien las,</div>
-<div class="verse i2">»Tu nous en diras des nouvelles.»</div>
-<div class="verse i2">Tout en parlant de bagatelles,</div>
-<div class="verse i2">On entendit sonner minuit:</div>
-<div class="verse">Lors au lit nuptial chaque époux fut conduit,</div>
-<div class="verse i2">Et l'on éteignit les chandelles:</div>
-<div class="verse i1">On sait déjà tout ce qui se passa.</div>
-<div class="verse">Colas, dont on se peint aisément la surprise,</div>
-<div class="verse">Pour fêter sa commère en vain se trémoussa,</div>
-<div class="verse">Tentant dix fois l'assaut, et dix fois lâchant prise.</div>
-<div class="verse">D'un jeu si déplaisant enfin il se lassa,</div>
-<div class="verse">Et fut toute la nuit dans une horrible crise.</div>
-<div class="verse i1">Au point du jour, mon Jocrisse à grands pas</div>
-<div class="verse">Va chez le Grenadier en poussant des hélas!</div>
-<div class="verse i2">&mdash;«Si vous saviez, cousin La Rose,</div>
-<div class="verse i2">»Ma femme, elle n'a pas de&hellip;&mdash;Quoi?</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;De&hellip; la&hellip; de&hellip;&mdash;Quoi donc?&mdash;Aidez-moi!</div>
-<div class="verse">»Eh bien! elle n'a pas&hellip; elle n'a pas de chose!</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;Ah! parbleu, n'est-ce que cela?</div>
-<div class="verse">»On peut remédier à cet accident-là;</div>
-<div class="verse i1">»Et je ne sais pourquoi tu t'inquiètes:</div>
-<div class="verse i2">»Beaucoup de femmes n'en ont pas;</div>
-<div class="verse">»Mais je leur en fais, moi.&mdash;Comment, vous leur en faites!</div>
-<div class="verse">»&mdash;J'en fis un l'an dernier à celle de Lucas;</div>
-<div class="verse">»Tu pourrois même aller la trouver de ce pas,</div>
-<div class="verse i2">»Et par des questions secrètes&hellip;</div>
-<div class="verse">»En observant surtout de lui parler bien bas,</div>
-<div class="verse">»Peut-être avoueroit-elle&hellip;&mdash;Ah! que je serois aise</div>
-<div class="verse">»Si vous pouviez ce soir en faire un à Thérèse!</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;Ce soir, le terme est un peu court;</div>
-<div class="verse">»Mais apporte au logis avant la fin du jour</div>
-<div class="verse">»Douze livres de crin, douze francs pour ma peine;</div>
-<div class="verse">»Pars demain, va passer huit jours chez ta marraine,</div>
-<div class="verse i2">»Imagine quelque détour</div>
-<div class="verse">»Afin de lui cacher le sujet qui t'amène:</div>
-<div class="verse">»Dis-lui que par malheur tu deviens un peu sourd,</div>
-<div class="verse">»Et qu'on t'a conseillé de voyager en plaine.</div>
-<div class="verse i2">»Sur le chose de ta Chrétienne</div>
-<div class="verse i1">»Sois plus muet que la bouche d'un four,</div>
-<div class="verse">»Entends-tu bien, Colas?&mdash;Oh! qu'à cela ne tienne!</div>
-<div class="verse">»&mdash;C'est aujourd'hui lundi, je fixe ton retour</div>
-<div class="verse i2">»Au Mardi de l'autre semaine:</div>
-<div class="verse i2">»Ce jour-là tu pourras sans gêne</div>
-<div class="verse">»Faire un petit Colas.&mdash;Ah! Thérèse, ah! mamour,</div>
-<div class="verse i2">»Mardi j'en aurai donc l'étrenne!</div>
-<div class="verse i1">»&mdash;Adieu, cousin.&mdash;Bonsoir.» Une heure après</div>
-<div class="verse">Le crin est envoyé, les douze francs sont prêts;</div>
-<div class="verse i2">Et comme une franche pécore,</div>
-<div class="verse">Colas le lendemain partit avant l'aurore.</div>
-<div class="verse i2">Vous jugez bien que notre amant</div>
-<div class="verse i2">Sut mettre à profit son absence.</div>
-<div class="verse i2">A Thérèse il fit un enfant,</div>
-<div class="verse">Puis il vendit le crin pour en avoir l'argent,</div>
-<div class="verse">Et riant du cousin docile à la défense,</div>
-<div class="verse i2">Il regagna son Régiment.</div>
-<div class="verse i2">Colas, au bout de la huitaine,</div>
-<div class="verse">Croyant avec raison l'ouverture certaine,</div>
-<div class="verse">Revient trouver sa femme en faisant les yeux doux,</div>
-<div class="verse i2">&mdash;«Couchons-nous,» lui dit-il, «ma reine.»</div>
-<div class="verse i2">Thérèse au lit suit son époux;</div>
-<div class="verse i2">Là, sans compliment il l'engaîne.</div>
-<div class="verse">Le jeu fini, Colas visita son domaine;</div>
-<div class="verse">Et lorsqu'en tous les coins il eut passé la main:</div>
-<div class="verse i2">&mdash;«Ouais!» s'écria-t-il, «cousin,</div>
-<div class="verse">»Par ma foi, je vous garde une bonne semonce:</div>
-<div class="verse">»Vous m'avez demandé douze livres de crin,</div>
-<div class="verse i2">»Et je n'en trouve pas une once!»</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch3">LA CROYANCE FONDÉE</h3>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i2">Un jour que Madame dormoit,</div>
-<div class="verse i2">Monsieur fêtoit sa Chambrière;</div>
-<div class="verse i2">Celle-ci qui la danse aimoit,</div>
-<div class="verse i2">Remuoit fort bien la charnière:</div>
-<div class="verse i2">Or la Coquine, toute fière,</div>
-<div class="verse i2">Lui dit: «Monsieur, sur votre foi,</div>
-<div class="verse i2">»Qui le fait mieux, Madame ou moi?</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;C'est toi, Barbe, sans contredit.</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;Saint Jean!» dit-elle, «je le croi;</div>
-<div class="verse i2">»Car tout le monde me le dit.»</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch4">LA DÉCLARATION MILITAIRE</h3>
-
-<p class="c">A MADAME ***</p>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i2">Puisque vous m'avez dit souvent</div>
-<div class="verse i2">Que vous n'aimez pas la morale.</div>
-<div class="verse i2">On m'a fait un conte plaisant.</div>
-<div class="verse i2">Il faut que je vous en régale:</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">Un Mousquetaire soupiroit</div>
-<div class="verse i2">Pour Fatime, beauté sévère;</div>
-<div class="verse i2">Quel est celui qui me diroit</div>
-<div class="verse i2">Comment soupire un Mousquetaire?</div>
-<div class="verse i2">Depuis si longtemps un bruit court</div>
-<div class="verse i2">Que, dans le délai le plus court,</div>
-<div class="verse i2">Ces Messieurs font toujours l'affaire!</div>
-<div class="verse i2">Le pourquoi n'est plus un mystère;</div>
-<div class="verse i2">Mars qui s'entend avec l'Amour</div>
-<div class="verse i2">Est exempt du préliminaire.</div>
-<div class="verse i2">Mon Héros, qu'on nommoit Valcour,</div>
-<div class="verse i2">Et qui certe auroit eu vergogne</div>
-<div class="verse i2">D'en être à son troisième jour</div>
-<div class="verse i2">Sans finir la douce besogne,</div>
-<div class="verse i2">Pour la finir n'épargna rien;</div>
-<div class="verse i2">Si, qu'à son deuxième entretien,</div>
-<div class="verse i2">Bien résolu de passer outre,</div>
-<div class="verse i2">Il s'écria: «Je voudrois bien,</div>
-<div class="verse i2">«Madame, vous&hellip;&mdash;Quoi donc?&mdash;Vous foutre.»</div>
-<div class="verse i2">Foutre est un mot très indécent;</div>
-<div class="verse i2">Fatime se mit en colère,</div>
-<div class="verse i2">Et dit:&mdash;«Monsieur le Militaire,</div>
-<div class="verse i2">»Vous êtes un impertinent.</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;Un impertinent soit, ma chère;</div>
-<div class="verse i2">»J'en agis toujours rondement,</div>
-<div class="verse i2">»Et ne réponds au compliment</div>
-<div class="verse i2">»Que par trois mots: laissez-moi faire.»</div>
-<div class="verse i2">Entre ses bras il vous la prend.</div>
-<div class="verse i2">On devine que la Commère</div>
-<div class="verse i2">Se débat, ou bien fait semblant:</div>
-<div class="verse i2">Plus elle feint, plus il la serre.</div>
-<div class="verse i2">Bref, il la pousse vivement.</div>
-<div class="verse i2">Elle, tout en se débattant,</div>
-<div class="verse i2">De tomber dans une bergère;</div>
-<div class="verse i2">Lui d'avoir, en moins d'un instant</div>
-<div class="verse i2">Fait quatre ou cinq tours à Cythère.</div>
-<div class="verse i2">Mademoiselle, en se pâmant,</div>
-<div class="verse i2">De lui demander doucement</div>
-<div class="verse i2">S'il peut encore en faire autant?</div>
-<div class="verse i2">Et Monsieur, toujours plus galant,</div>
-<div class="verse i2">De ne pas rester en arrière.</div>
-<div class="verse i2">Mon Lecteur, qui sait que souvent</div>
-<div class="verse i2">Le plus vigoureux assaillant</div>
-<div class="verse i2">Après trois exploits tombe à terre,</div>
-<div class="verse i2">Ne doit pas trouver surprenant</div>
-<div class="verse i2">Qu'ayant fait six fois la carrière,</div>
-<div class="verse i2">Sans prendre haleine seulement,</div>
-<div class="verse i2">Mon coquin, d'un air triomphant,</div>
-<div class="verse i2">Enflé de sa valeur guerrière,</div>
-<div class="verse i2">Dit à Fatime en la quittant:</div>
-<div class="verse i2">&mdash;«Pour foutre, vive un Mousquetaire!»</div>
-<div class="verse i2">Ni que Fatime souriant</div>
-<div class="verse i2">Prenne le parti de se taire;</div>
-<div class="verse i2">Car un Auteur qui n'est pas sot,</div>
-<div class="verse i2">Sur <i>foutre</i> a donné cette glose:</div>
-<div class="verse i2">Les Dames pardonnent le mot</div>
-<div class="verse i2">A celui qui fait bien la chose.</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch5">LA RÉPONSE SENSÉE</h3>
-
-<p class="c">CONTE</p>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i2">Ces jours passés, une Catin</div>
-<div class="verse i2">Dit à Pattu le Médecin:</div>
-<div class="verse i2">«Je vous paierai, coûte que coûte;</div>
-<div class="verse i2">»Tirez-moi d'un grand embarras;</div>
-<div class="verse i2">»Monsieur, vous avez vu des <i>cas</i>:</div>
-<div class="verse i2">»Les cas sont-ils barbus?&mdash;Sans doute.</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;Pourquoi le mien ne l'est-il pas?</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;En voici la raison, écoute,»</div>
-<div class="verse i2">Lui répond gravement Pattu;</div>
-<div class="verse i2">«Ne sais-tu pas un vieux Proverbe,</div>
-<div class="verse i2">»Qui dit qu'en un sentier battu</div>
-<div class="verse i2">»On ne vit jamais pousser d'herbe?»</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch6">LA PLAINTE INJUSTE</h3>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i1">A la campagne, un jour qu'il faisoit beau,</div>
-<div class="verse i1">Gilet fut voir Madame du Martelle.</div>
-<div class="verse i1">Bien fut reçu dans l'antique Château:</div>
-<div class="verse i1">Pour le traiter, on mit tout par écuelle;</div>
-<div class="verse i1">Mais il se plaint que la ronde femelle</div>
-<div class="verse i1">L'ait fait coucher auprès d'un grand Valet.</div>
-<div class="verse i1">Or de la Dame à tort se plaint Gilet:</div>
-<div class="verse i1">Mieux n'eût choisi, si c'eût été pour elle.</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch7">BADINAGE IN-PROMPTU</h3>
-
-<p class="c"><i>En voyant la Statue de la Pucelle d'Orléans dans la place
-publique de cette Ville.</i></p>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i3">Passants, respectez celle</div>
-<div class="verse i3">Que vous voyez céans:</div>
-<div class="verse i3">C'est la seule pucelle</div>
-<div class="verse i3">Qui soit dans Orléans.</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch8">LA BELLE ACCOMMODANTE</h3>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i2">Léon, poussé d'humeur folâtre,</div>
-<div class="verse i2">Regardoit à son aise un jour</div>
-<div class="verse i2">Les jambes plus blanches qu'albâtre</div>
-<div class="verse i2">De Lise, objet de son amour.</div>
-<div class="verse i2">Tantôt il s'attache à la gauche,</div>
-<div class="verse i2">Tantôt la droite le débauche;</div>
-<div class="verse">«Je ne sais plus,» dit-il, «laquelle regarder;</div>
-<div class="verse">»Une égale beauté fait un combat entre elles.</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;Ah!» dit Lise, «ami, sans tarder,</div>
-<div class="verse">»Mettez-vous entre deux, pour finir leurs querelles!»</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch9">IN-PROMPTU</h3>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse">Vous me priez toujours de vous faire des vers,</div>
-<div class="verse">Je vous l'ai dit vingt fois, Madame, en bonne prose:</div>
-<div class="verse i2">Je les ferois tout de travers;</div>
-<div class="verse i2">J'aime mieux vous faire autre chose.</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch10">COUPLET</h3>
-
-<p class="c">Air: <i>La faridondaine, la faridondon.</i></p>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i2">Pendant six mois, notre voisin</div>
-<div class="verse i3">Crut sa femme hydropique;</div>
-<div class="verse i2">Mais en criant un beau matin:</div>
-<div class="verse i3">«Aye! aye! J'ai la colique,»</div>
-<div class="verse i2">Elle accoucha d'un gros garçon,</div>
-<div class="verse i1">La faridondaine, la faridondon,</div>
-<div class="verse i2">Qui ressemble au pauvre mari,</div>
-<div class="verse i4">Biribi,</div>
-<div class="verse i2">A la façon de Barbari,</div>
-<div class="verse i4">Mon ami.</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch11">BOUQUET A M<sup>lle</sup> ***</h3>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i2">En ce jour que je dois fêter,</div>
-<div class="verse i2">Je vous présente ma personne;</div>
-<div class="verse i2">C'est le bouquet que je vous donne,</div>
-<div class="verse i2">Mais voudrez-vous bien le porter?</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch12">LA RAGE D'AMOUR</h3>
-
-<p class="c">CONTE</p>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i1">A Cupidon la jeune et belle Amynthe</div>
-<div class="verse i1">Malgré l'hymen sacrifioit toujours;</div>
-<div class="verse i1">Son pauvre époux toujours étoit en crainte</div>
-<div class="verse i1">Qu'elle ne fît de nouvelles amours.</div>
-<div class="verse i1">Il ne pouvoit en siller la paupière;</div>
-<div class="verse i1">Veilles, soucis l'eurent tôt emporté.</div>
-<div class="verse i1">Lui mort, Amynthe, en pleine liberté,</div>
-<div class="verse i1">A son humeur donna belle carrière;</div>
-<div class="verse i1">On en jasa; son Curé crut devoir</div>
-<div class="verse i1">L'en avertir: «Vous vous perdez, Madame,</div>
-<div class="verse i1">»Changez de vie, ou c'est fait de votre âme!</div>
-<div class="verse i1">»&mdash;Hélas! Monsieur, je voudrois le pouvoir,»</div>
-<div class="verse i1">Lui répondit la trop fringante veuve;</div>
-<div class="verse i1">«Mais plaignez-moi, tel est mon ascendant,</div>
-<div class="verse i1">»Que je ne puis avoir l'esprit content,</div>
-<div class="verse i1">»Si chaque mois je n'ai pratique neuve.</div>
-<div class="verse i1">»Cela me vient d'un accident fatal:</div>
-<div class="verse i1">»A quatorze ans d'un chien je fus mordue,</div>
-<div class="verse i1">»Chien enragé. Pour prévenir le mal,</div>
-<div class="verse i1">»L'avis commun fut qu'il me falloit nue</div>
-<div class="verse i1">»Plonger en mer. Nue on me dépouilla.</div>
-<div class="verse i1">»Honteuse alors de me voir sans chemise,</div>
-<div class="verse i1">»Incontinent je portai la main là&hellip;</div>
-<div class="verse i1">»Où vous savez, sans jamais lâcher prise.</div>
-<div class="verse i1">»On me plongea; mais qu'est-il arrivé?</div>
-<div class="verse i1">«C'est que mon corps, ô pudeur trop funeste!</div>
-<div class="verse i1">»Partout ailleurs du mal fut préservé,</div>
-<div class="verse i1">»Hors cet endroit où la rage me reste.»</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch13">LE PRÉTENDU MALIN</h3>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i2">Jean recherchoit pour l'hyménée</div>
-<div class="verse i2">Pâquette l'émerillonnée;</div>
-<div class="verse">Chacun disoit à Jean: «Pâquette a mauvais bruit,</div>
-<div class="verse i2">»Son honneur est un grand peut-être.</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;Oh!» dit Jean, «la première nuit</div>
-<div class="verse i2">»Je saurai bien le reconnoître.»</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch14">LA GAGEURE</h3>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i1">Deux Penaillons, voulant prendre un ébat</div>
-<div class="verse i1">Pour égayer l'ennui du Monastère,</div>
-<div class="verse i1">Gageoient un jour deux flacons de muscat</div>
-<div class="verse i1">A qui plutôt auroit dit son Bréviaire:</div>
-<div class="verse i1">Ce n'est du tout agir Chrétiennement.</div>
-<div class="verse i1">Avant d'entrer en si plaisante lice,</div>
-<div class="verse i1">Nos deux Frocards se prêtèrent serment</div>
-<div class="verse i1">De ne sauter un mot du saint Office.</div>
-<div class="verse i1">Le serment fait, les voilà donc en train</div>
-<div class="verse i1">De marmoter; quand l'un, gagnant la fin.</div>
-<div class="verse i1">Dit: «Je n'ai plus qu'un bout de patenôtre.</div>
-<div class="verse i1">»&mdash;Ah! malheureux, tu m'as fourbé vraiment,</div>
-<div class="verse i1">»Car je ne suis qu'au milieu,» répond l'autre,</div>
-<div class="verse i1">«Et j'ai passé tout le commencement!«</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch15">LE PAIEMENT D'AVANCE</h3>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i2">Dans Paris plus d'un Bourgeois,</div>
-<div class="verse i2">N'ayant maîtresse ni femme,</div>
-<div class="verse i2">Pour un écu tous les mois</div>
-<div class="verse i2">S'en va rafraîchir sa flamme.</div>
-<div class="verse i2">Témoin Monsieur Rogaton,</div>
-<div class="verse i2">Qui sait où le bât le blesse,</div>
-<div class="verse i2">Et de temps en temps, dit-on,</div>
-<div class="verse i2">Cède à l'humaine faiblesse.</div>
-<div class="verse i2">L'autre jour une drôlesse</div>
-<div class="verse i2">L'aperçut de son balcon,</div>
-<div class="verse i2">Et la voilà qui l'invite</div>
-<div class="verse i2">Par un <i>st, st</i> redoublé.</div>
-<div class="verse i2">Mon homme de monter vite</div>
-<div class="verse i2">Sitôt qu'il est appelé;</div>
-<div class="verse i2">Il entre; elle de lui dire:</div>
-<div class="verse i2">«Mon fils, sois le bienvenu;</div>
-<div class="verse i2">»C'est moi qu'on nomme Zelmire:</div>
-<div class="verse i2">»Ce nom, je crois, est connu.</div>
-<div class="verse i2">»Ici l'on trouve à sa guise,</div>
-<div class="verse i2">»Blancheur, fraîcheur, fermeté;</div>
-<div class="verse i2">»Ces trois mots sont ma devise.</div>
-<div class="verse i2">»Je suis en bonne santé;</div>
-<div class="verse i2">»Dans mes bras tout Paris tombe;</div>
-<div class="verse i2">»J'ai la gorge de Duté</div>
-<div class="verse i2">»Et les fesses de Colombe.</div>
-<div class="verse i2">»Viens t'asseoir à mon côté</div>
-<div class="verse i2">»Et mets-moi vite à l'épreuve;</div>
-<div class="verse i2">»Mais auparavant fais preuve</div>
-<div class="verse i2">»De ta générosité.</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;Dis-moi combien tu demandes?</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;Combien? Six livres, mon cher,</div>
-<div class="verse i2">»Et douze si tu marchandes;</div>
-<div class="verse i2">»C'est un prix fait en hiver.</div>
-<div class="verse i2">Mons Rogaton sur la bouche</div>
-<div class="verse i2">Un gros baiser lui colla;</div>
-<div class="verse i2">Zelmire, d'un air farouche:</div>
-<div class="verse i2">&mdash;«Il faut mettre six francs là,</div>
-<div class="verse i2">»Et sois sûr que sans cela</div>
-<div class="verse i2">»Je ne veux pas qu'on me touche.</div>
-<div class="verse i2">»Dépêchons, il se fait tard;</div>
-<div class="verse i2">»Six francs, ou bats en retraite.»</div>
-<div class="verse i2">Rogaton les lui départ.</div>
-<div class="verse i2">La Commère, satisfaite,</div>
-<div class="verse i2">Ses charmes lors dévoila,</div>
-<div class="verse i2">En lui disant: «Me voilà</div>
-<div class="verse i2">»Comme le bon Dieu m'a faite.</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;Ah! Ciel! je suis infecté!</div>
-<div class="verse i2">»Ici que n'ai-je apporté</div>
-<div class="verse i2">»De l'ambre ou de la civette?</div>
-<div class="verse i2">»Cache, cache tes attraits,»</div>
-<div class="verse i2">Dit l'autre, «je gagerois</div>
-<div class="verse i2">»Que tu n'as pas fait toilette.</div>
-<div class="verse i2">»Fi!&mdash;Si tu n'es pas content,</div>
-<div class="verse i2">»Tu peux regagner la porte.</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;Eh bien! rends-moi vitement</div>
-<div class="verse i2">»Mes six francs, et que je sorte.</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;Tes six francs? oh! doucement:</div>
-<div class="verse i2">»Je ne fais point de corvée;</div>
-<div class="verse i2">»On ne rend jamais l'argent</div>
-<div class="verse i2">»Lorsque la toile est levée.»</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch16">IN-PROMPTU</h3>
-
-<p class="c"><i>Chanté dans la maison de M. le Marquis de L***, à V***,
-le jour qu'on y pendit la Crémaillère.</i></p>
-
-<p class="c">Sur l'air: <i>La bonne aventure, ô gué.</i></p>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i2">Comme de vrais <i>sans souci</i>,</div>
-<div class="verse i3">Donnons-nous carrière;</div>
-<div class="verse i2">Près des Dames que voici,</div>
-<div class="verse i3">Liberté plénière!</div>
-<div class="verse i2">Surtout point d'Amant transi,</div>
-<div class="verse i2">Car rien ne doit pendre ici,</div>
-<div class="verse i2">Que la Crémaillère, ô gué,</div>
-<div class="verse i3">Que la Crémaillère!</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch17">LA CALOMNIE FOUDROYÉE</h3>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i1">«Oui, vous feriez en vain le délicat,</div>
-<div class="verse i1">»Monsieur l'Abbé, je ne serois pas dupe;</div>
-<div class="verse">»Avouez, croyez-moi, que vous aimez la jupe.</div>
-<div class="verse i1">»Et sur ce point n'ayons plus d'altercat.</div>
-<div class="verse">»&mdash;Mais, Madame, jetez les yeux sur mon rabat&hellip;</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;Toutes vos raisons sont frivoles&hellip;</div>
-<div class="verse">»&mdash;Vous êtes incrédule et voulez un éclat?</div>
-<div class="verse i2">»Eh bien! retenez ces paroles:</div>
-<div class="verse i1">»Du cotillon je fais si peu d'état,</div>
-<div class="verse i2">»Que je donnerois cent pistoles</div>
-<div class="verse i2">»Pour que personne n'en portât!»</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch18">LA FENTE</h3>
-
-<p class="c">CONTE</p>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i2">Orante avoit fait emplette</div>
-<div class="verse i2">D'un quarteau de vieux Rota;</div>
-<div class="verse i2">Sa chambrière Pâquette,</div>
-<div class="verse i2">Un beau matin le goûta</div>
-<div class="verse i2">Et le trouva bon sans doute.</div>
-<div class="verse i2">Elle y revint: Jean l'aida.</div>
-<div class="verse i2">Verre à verre, goutte à goutte</div>
-<div class="verse i2">La feuillette se vida.</div>
-<div class="verse i2">Au bout d'une quarantaine</div>
-<div class="verse i2">Il advint que le Patron,</div>
-<div class="verse i2">Qui croit la feuillette pleine,</div>
-<div class="verse i2">Va pour en prendre l'étrenne.</div>
-<div class="verse i2">L'eut-il? Vous savez que non.</div>
-<div class="verse i2">Abusé dans son attente,</div>
-<div class="verse i2">D'abord il est stupéfait,</div>
-<div class="verse i2">Puis songeant que le vin tente</div>
-<div class="verse i2">Et se doutant du méfait,</div>
-<div class="verse i2">Il appelle sa servante</div>
-<div class="verse i2">Et lui dit ce qu'elle sait.</div>
-<div class="verse i2">Pourtant elle s'émerveille:</div>
-<div class="verse i2">Jamais, jamais on n'a vu</div>
-<div class="verse i2">Une aventure pareille!</div>
-<div class="verse i2">&mdash;«Certe, qui l'auroit prévu?»</div>
-<div class="verse i2">Répondit-elle à son maître,</div>
-<div class="verse i2">«D'où peut provenir cela?</div>
-<div class="verse i2">»Quelque fente aura peut-être</div>
-<div class="verse i2">»Causé cet accident-là;</div>
-<div class="verse i2">»Nous pourrons le reconnoître.»</div>
-<div class="verse i2">Elle va prendre un flambeau.</div>
-<div class="verse i2">L'allume, vient, fait sa ronde:</div>
-<div class="verse i2">Rien ne manquoit au tonneau.</div>
-<div class="verse i2">&mdash;«Morgué! le tour est nouveau;</div>
-<div class="verse i2">»Voyons par-dessous», dit-elle.</div>
-<div class="verse i2">Au même instant la donzelle,</div>
-<div class="verse i2">En se baissant, met au jour</div>
-<div class="verse i2">Ce qui plaît dans une belle,</div>
-<div class="verse i2">Morceau digne de l'amour.</div>
-<div class="verse i2">Et pour parler sans détour,</div>
-<div class="verse i2">Le parois de sa Chapelle</div>
-<div class="verse i2">Que couvroit un jupon court.</div>
-<div class="verse i2">&mdash;«C'est assez», lui dit Orante,</div>
-<div class="verse i2">En lorgnant le défilé,</div>
-<div class="verse i2">«Viens que je bouche la fente</div>
-<div class="verse i2">»Par où mon vin a coulé.»</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch19">LE REPENTIR SINCÈRE</h3>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i2">Avec la brune et la blonde</div>
-<div class="verse i2">Un Prieur Bénédictin</div>
-<div class="verse i2">Prit tant d'ébats, qu'un matin</div>
-<div class="verse i2">Il gagna le mal immonde.</div>
-<div class="verse i2">Voyant son chose maigri,</div>
-<div class="verse i2">L'horreur du crime le frappe;</div>
-<div class="verse i2">«Fin,» dit-il, «qui m'y rattrape&hellip;</div>
-<div class="verse i2">»Avant que je sois guéri!»</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch20">L'ARMURE DE VÉNUS</h3>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i2">Vénus manioit près de Mars</div>
-<div class="verse i2">Son casque, son glaive, ses dards,</div>
-<div class="verse i2">Armes de défense et d'attaque.</div>
-<div class="verse i2">Mais le Dieu lui cria soudain:</div>
-<div class="verse i2">«Belle, j'en ai sous ma casaque</div>
-<div class="verse i2">»De plus propres pour votre main.»</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch21">A MA MAITRESSE</h3>
-
-<p class="c"><i>Qui, la veille en dinant chez moi, avait paru désirer un serin
-que j'avais.</i></p>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i1">Reçois la cage et le serin charmant</div>
-<div class="verse">Dont tu louois hier l'agréable ramage:</div>
-<div class="verse">Il en reste encore un à ton fidèle amant;</div>
-<div class="verse i1">Mais c'est à toi de lui donner la cage.</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch22"><i>Les Désolations et les Consolations.</i></h3>
-
-<p class="c">VAUDEVILLE</p>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i2">Cloris avec un gros Seigneur,</div>
-<div class="verse i2">L'hiver dernier, perdit sa fleur;</div>
-<div class="verse i3">C'est ce qui la désole.</div>
-<div class="verse i2">Mais alors elle n'avoit rien,</div>
-<div class="verse i2">Et maintenant elle a du bien;</div>
-<div class="verse i3">C'est ce qui la console.</div>
-<div class="verse i2">Lise avoit Lindor pour amant,</div>
-<div class="verse i2">Sa mère la met au Couvent;</div>
-<div class="verse i3">C'est ce qui la désole.</div>
-<div class="verse i2">Un Directeur qui vaut de l'or,</div>
-<div class="verse i2">Près d'elle remplace Lindor;</div>
-<div class="verse i3">C'est ce qui la console.</div>
-<div class="verse i2">Lisimon est bien convaincu</div>
-<div class="verse i2">Que son voisin le fait cocu;</div>
-<div class="verse i3">C'est ce qui le désole.</div>
-<div class="verse i2">En secret le drille malin</div>
-<div class="verse i2">Rend la pareille à son voisin;</div>
-<div class="verse i3">C'est ce qui le console.</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch23">ÉLÉGIE</h3>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i2">Au diable soit la donzelle</div>
-<div class="verse i2">Qui, me prenant par la main,</div>
-<div class="verse i2">Me fit rebrousser chemin,</div>
-<div class="verse i2">Et me conduisit chez elle!</div>
-<div class="verse i2">Sot que je fus ce jour-là!</div>
-<div class="verse i2">En arrivant dans sa chambre,</div>
-<div class="verse i2">Sur un lit parfumé d'ambre</div>
-<div class="verse i2">Ses charmes elle étala.</div>
-<div class="verse i2">Las! j'en perdis la parole.</div>
-<div class="verse i2">Que faire? j'étois vaincu:</div>
-<div class="verse i2">Jean Chouart joua son rôle;</div>
-<div class="verse i2">Barbe gagna son écu,</div>
-<div class="verse i2">Moi, je gagnai la vérole.</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch24">ÉPIGRAMME</h3>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i2">L'épousé, la première nuit,</div>
-<div class="verse i2">Rassuroit sa femme farouche.</div>
-<div class="verse i2">«Mordez-moi,» dit-il, «s'il vous cuit,</div>
-<div class="verse i2">»Voilà mon doigt en votre bouche.»</div>
-<div class="verse i2">Elle y consent, il s'escarmouche;</div>
-<div class="verse i2">Et quand il l'eut bien déhousée;</div>
-<div class="verse i2">«Or ça,» dit-il, «tendre Rouzée,</div>
-<div class="verse i2">»Vous ai-je fait du mal ainsi?</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;Ah donc!» répondit l'épousée.</div>
-<div class="verse i2">«Je ne vous ai pas mors aussi!»</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch25">LE TRIOMPHE DE LA MAROTTE<br />
-<span class="small">OU</span><br />
-L'ESPRIT DE MES CONFRÈRES</h3>
-
-<p class="c">CHANSON</p>
-
-<p class="c">Sur l'air: <i>O reguingué, ô lon lan la.</i></p>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i2">Entre les différents états</div>
-<div class="verse i2">Qui font vivre l'homme ici-bas,</div>
-<div class="verse i2">On ne démêle qu'altercas,</div>
-<div class="verse i2">Peines d'esprit, vains embarras:</div>
-<div class="verse i2">Chez le Héros, chez le Pagnote,</div>
-<div class="verse i2">Tout n'est que sottise et marotte.</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">La débauche plaît au Rentier,</div>
-<div class="verse i2">Le faux point d'honneur au Guerrier,</div>
-<div class="verse i2">L'opulence entiche un Caissier,</div>
-<div class="verse i2">L'amour-propre le monde entier;</div>
-<div class="verse i2">Petits-Maîtres, Gens de maltote,</div>
-<div class="verse i2">Chacun a son bien de marotte.</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">Mais laissant au joug de leurs fers</div>
-<div class="verse i2">Tant de personnages divers,</div>
-<div class="verse i2">L'Église fournit à mes vers</div>
-<div class="verse i2">De quoi blasonner ses travers;</div>
-<div class="verse i2">Le plus mince porte-calotte</div>
-<div class="verse i2">Donne prise à quelque marotte.</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">Le Pape avec les Cardinaux,</div>
-<div class="verse i2">Vénérables Grippeminauds,</div>
-<div class="verse i2">Pasteurs quelque peu larronneaux,</div>
-<div class="verse i2">Font voir en tondant leurs troupeaux,</div>
-<div class="verse i2">Malgré les statuts de la rote,</div>
-<div class="verse i2">L'appât du lucre pour marotte.</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">Un Évêque dûment renté,</div>
-<div class="verse i2">Plein d'embonpoint et de santé;</div>
-<div class="verse i2">Au séjour de la volupté,</div>
-<div class="verse i2">Dans une sainte oisiveté,</div>
-<div class="verse i2">Sur le duvet qui le dorlotte</div>
-<div class="verse i2">Laisse appercevoir sa marotte.</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">J'aime un Chanoine fortuné</div>
-<div class="verse i2">Qui, dans son fauteuil cantonné,</div>
-<div class="verse i2">Prémédite après déjeuner</div>
-<div class="verse i2">L'assortiment de son dîner,</div>
-<div class="verse i2">Et qui baptise d'Ostrogote</div>
-<div class="verse i2">La loi contraire à sa marotte.</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">Abbés charmants, petits collets,</div>
-<div class="verse i2">Pour qui la mitre a tant d'attraits,</div>
-<div class="verse i2">Aussi souples que des valets,</div>
-<div class="verse i2">En rôdant autour des Palais,</div>
-<div class="verse i2">J'opine ce qui vous balotte;</div>
-<div class="verse i2">Les grandeurs sont votre marotte.</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">La gouvernante d'un Curé,</div>
-<div class="verse i2">Sous un parentage ignoré,</div>
-<div class="verse i2">Prend en vain le ton maniéré;</div>
-<div class="verse i2">Je dis au bon Prêtre leurré:</div>
-<div class="verse i2">L'amour entre vous et Javotte</div>
-<div class="verse i2">N'a-t-il point mis quelque marotte?</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">Les Moines, par plus d'un endroit,</div>
-<div class="verse i2">Méritent qu'on leur fasse droit;</div>
-<div class="verse i2">D'abord viennent ceux de Benoît,</div>
-<div class="verse i2">Gens absolus, vrais pisse-froid;</div>
-<div class="verse i2">Craignez cette race dévote,</div>
-<div class="verse i2">L'intolérance est leur marotte.</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">Un Bernardin au lansquenet</div>
-<div class="verse i2">Fouette la carte en prestolet,</div>
-<div class="verse i2">Hausse le temps, et d'un buffet</div>
-<div class="verse i2">Range les cristaux au parfait,</div>
-<div class="verse i2">Fredonne quelque air de gavotte:</div>
-<div class="verse i2">Telle est au juste sa marotte.</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">Le Célestin entre deux draps</div>
-<div class="verse i2">Couloit des jours sans embarras;</div>
-<div class="verse i2">Du Latin qu'il n'entendoit pas,</div>
-<div class="verse i2">Laissant l'usage aux Savantas,</div>
-<div class="verse i2">Il trouvoit dans une marmotte</div>
-<div class="verse i2">Le symbole de sa marotte.</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">Un gros Carme à triple menton,</div>
-<div class="verse i2">Prélude fort bien sur le ton</div>
-<div class="verse i2">Propre à l'amoureuse chanson;</div>
-<div class="verse i2">Mais au lutrin c'est un oison:</div>
-<div class="verse i2">Il prouve en écorchant la note,</div>
-<div class="verse i2">Qu'un autre accord fait sa marotte.</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">Voulez-vous au fond d'un cellier</div>
-<div class="verse i2">Goûter de ce jus singulier</div>
-<div class="verse i2">Qui repose sur le chantier?</div>
-<div class="verse i2">Prenez pour guide un Cordelier;</div>
-<div class="verse i2">Bientôt en sifflant la linotte,</div>
-<div class="verse i2">Il démasquera sa marotte.</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">Le Capucin peu délicat,</div>
-<div class="verse i2">Né pour choquer notre odorat,</div>
-<div class="verse i2">Tantôt zélé, tantôt pied-plat,</div>
-<div class="verse i2">Emprunte la griffe du chat,</div>
-<div class="verse i2">Et des bribes qu'il escamotte,</div>
-<div class="verse i2">Dresse un trophée à sa marotte.</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">Prêcheurs, Soccolants, Augustins,</div>
-<div class="verse i2">Petits et grands Observantins,</div>
-<div class="verse i2">Famille d'Archi-patelins,</div>
-<div class="verse i2">Vrais escrocs, adroits carabins,</div>
-<div class="verse i2">Orgueilleux au sein de la crotte,</div>
-<div class="verse i2">L'impudence est votre marotte.</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">Hermaphrodites incertains,</div>
-<div class="verse i2">Moitié Moines, moitié mondains,</div>
-<div class="verse i2">Trinitaires, Génovéfains,</div>
-<div class="verse i2">Antonistes, plats aigrefins,</div>
-<div class="verse i2">L'eau de senteur, la papillotte</div>
-<div class="verse i2">Manifestent votre marotte.</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">Chartreux saintement dés&oelig;uvrés,</div>
-<div class="verse i2">Et vous rebondis Prémontrés,</div>
-<div class="verse i2">Cafards, on le sait, attitrés,</div>
-<div class="verse i2">Au demeurant baudets jurés,</div>
-<div class="verse i2">Ma Muse ombrageuse et capotte</div>
-<div class="verse i2">Ne voit goutte à votre marotte.</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">Disciples du grand Loyola,</div>
-<div class="verse i2">Après vous il faut dire, holà!</div>
-<div class="verse i2">Quiconque franchit ce point-là,</div>
-<div class="verse i2">Ne craint Charybde ni Scylla.</div>
-<div class="verse i2">Pascal, Auteur de haute note,</div>
-<div class="verse i2">A su frapper votre marotte.</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">Fine fleur d'un sexe rusé,</div>
-<div class="verse i2">Tour à tour chéri, méprisé,</div>
-<div class="verse i2">Tendres Nonnains, si j'ai glosé</div>
-<div class="verse i2">Sur le raz et sur le frisé,</div>
-<div class="verse i2">Vous méritez bien qu'on vous cote</div>
-<div class="verse i2">Dans les fastes de la marotte.</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">Héritières du vain caquet</div>
-<div class="verse i2">De cet éloquent perroquet,</div>
-<div class="verse i2">Naguère chanté par Gresset,</div>
-<div class="verse i2">Je vais prononcer votre arrêt:</div>
-<div class="verse i2">Le babil et l'humeur bigote</div>
-<div class="verse i2">Sont votre éternelle marotte.</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">Indigne de former des n&oelig;uds,</div>
-<div class="verse i2">La coquette attise nos feux,</div>
-<div class="verse i2">La prude évite leurs aveux,</div>
-<div class="verse i2">La volage reste entre deux;</div>
-<div class="verse i2">Tandis que la froide vieillotte</div>
-<div class="verse i2">Regrette en secret leur marotte.</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">Prédicateur hors de saison,</div>
-<div class="verse i2">Quel fruit produira mon sermon?</div>
-<div class="verse i2">Du vent, rien plus. Jamais chanson</div>
-<div class="verse i2">Ne fit un Saint d'un Pantalon.</div>
-<div class="verse i2">Dans la liste que je fagotte,</div>
-<div class="verse i2">Moi-même j'ai double marotte.</div>
-</div>
-
-<div class="section"></div>
-<h3 id="ch26">LES CINQ POINTS</h3>
-
-<p class="c">A MADEMOISELLE DE ***</p>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i1">Fleur de quinze ans, si Dieu vous sauve et gard,</div>
-<div class="verse i1">J'ai en amours trouvé cinq points exprès:</div>
-<div class="verse i1">Premièrement, s'offre à vous le regard,</div>
-<div class="verse i1">Puis le parler, puis le baiser après;</div>
-<div class="verse i1">L'attouchement le baiser suit de près,</div>
-<div class="verse i1">Et tous ceux-là tendent au dernier point,</div>
-<div class="verse i1">Lequel est&hellip;&mdash;Quoi?&mdash;Je ne le dirai point;</div>
-<div class="verse i1">Mais s'il vous plaît en ma chambre vous rendre,</div>
-<div class="verse i1">Je me mettrai volontiers en pourpoint,</div>
-<div class="verse i1">Voire tout nud, pour vous le faire apprendre.</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch27">L'UN POUR L'AUTRE</h3>
-
-<p class="c">CONTE</p>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i1">Près de s'unir à sa discrète amie,</div>
-<div class="verse i1">Le bon Damis, chez elle, un beau matin,</div>
-<div class="verse i1">Sur un sopha la trouvant endormie,</div>
-<div class="verse i1">Osa risquer un geste libertin;</div>
-<div class="verse i1">Mais par malheur s'éveille la Donzelle,</div>
-<div class="verse i1">Et ses beaux yeux encore appesantis:</div>
-<div class="verse i1">«Mon cher Louis, ah! tu vaux trop,» dit-elle,</div>
-<div class="verse i1">(Louis étoit un valet du logis),</div>
-<div class="verse i1">«Toute la nuit, tu m'as prouvé ton zèle;</div>
-<div class="verse i1">»Le jour au moins, repose-toi, Louis.»</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch28">LA PRÉSENCE D'ESPRIT</h3>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i1">Martin menoit son cochon au marché,</div>
-<div class="verse i1">Avec Suzon, qui dans la plaine grande,</div>
-<div class="verse i1">Pria Martin de faire le péché</div>
-<div class="verse i1">De l'un sur l'autre, et Martin lui demande:</div>
-<div class="verse i1">«Mais, qui tiendroit notre cochon, friande?</div>
-<div class="verse i1">»&mdash;Qui?» dit Suzon, «bon remède il y a.»</div>
-<div class="verse i1">Lors le cochon à sa jambe lia,</div>
-<div class="verse i1">Puis Martin grimpe, et lourdement engaîne.</div>
-<div class="verse i1">Le porc eut peur, et Suzon s'écria:</div>
-<div class="verse i1">«Serre, Martin! notre cochon m'entraîne.»</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch29">LA DÉFENSE BIEN OBSERVÉE</h3>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i2">«Quoi! maman me laisse seulette?</div>
-<div class="verse i2">»Pour moi j'en suis presque en courroux;</div>
-<div class="verse i2">»Il semble qu'exprès avec vous</div>
-<div class="verse i2">»Je voulois rester tête à tête;</div>
-<div class="verse i2">»Mais non, Monsieur, n'en croyez rien;</div>
-<div class="verse i2">»Vraiment je vous le défends bien.</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">»Pour favoriser le mystère,</div>
-<div class="verse i2">»Ma porte est fermée aux verroux;</div>
-<div class="verse i2">»Ici, sans crainte des jaloux,</div>
-<div class="verse i2">»On pourroit jouir et se taire;</div>
-<div class="verse i2">»Mais non, Monsieur, n'en faites rien;</div>
-<div class="verse i2">»Vraiment je vous le défends bien.</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">»Prêt à rire de ma colère,</div>
-<div class="verse i2">»Peut-être que mon négligé,</div>
-<div class="verse i2">»Mon mouchoir un peu dérangé,</div>
-<div class="verse i2">»Vont vous rendre trop téméraire;</div>
-<div class="verse i2">»Mais non, Monsieur, qu'il n'en soit rien;</div>
-<div class="verse i2">»Vraiment je vous le défends bien.</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">»Dans vos yeux je lis votre audace,</div>
-<div class="verse i2">»Vos regards dévorent mon sein;</div>
-<div class="verse i2">»Vous allez y porter la main,</div>
-<div class="verse i2">»Votre bouche en prendra la place;</div>
-<div class="verse i2">»Mais non, Monsieur, n'en faites rien;</div>
-<div class="verse i2">»Vraiment je vous le défends bien.</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">»Mais que vois-je? ma jarretière</div>
-<div class="verse i2">»Se défait et tombe à mes pieds;</div>
-<div class="verse i2">»Souffrir que vous la rattachiez!</div>
-<div class="verse i2">»Oh! pour cela je suis trop fière!</div>
-<div class="verse i2">»Non, non, Monsieur, n'en faites rien;</div>
-<div class="verse i2">»Vraiment je vous le défends bien.»</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">Comprenant enfin la défense,</div>
-<div class="verse i2">Par degré Damon s'enhardit,</div>
-<div class="verse i2">A la belle il désobéit,</div>
-<div class="verse i2">Pour prouver son obéissance.</div>
-<div class="verse i2">Jusques au bout il fit si bien,</div>
-<div class="verse i2">Qu'on ne lui défendit plus rien.</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch30">LE DÉGEL</h3>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i1">Un jour d'hiver Robin, tout éperdu,</div>
-<div class="verse i1">Vint à Catin présenter sa requête,</div>
-<div class="verse i1">Pour dégeler son chose morfondu,</div>
-<div class="verse i1">Qui ne pouvoit quasi lever la tête.</div>
-<div class="verse i1">Incontinent Catin fut toute prête;</div>
-<div class="verse i1">Robin aussi prend courage et s'accroche;</div>
-<div class="verse i1">On se remue, on se joue, on se hoche.</div>
-<div class="verse i1">Puis quand ce vint au naturel devoir,</div>
-<div class="verse i1">«Ah!» dit Catin, «le grand dégel approche!</div>
-<div class="verse i1">»&mdash;Oui,» répond-il, «je sens qu'il va pleuvoir.»</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch31">HISTOIRE VÉRITABLE ET REMARQUABLE D'UN ABBÉ</h3>
-
-<p class="drap italic">Qui avoit donné un rendez-vous à une femme mariée; le mari,
-instruit de ce rendez-vous, mit à sa chaste épouse une ceinture
-fort usitée en Italie.</p>
-
-<p class="c">Air: <i>Tarare, pon, pon.</i></p>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i3">C'est approchant comm' ça,</div>
-<div class="verse i5">Vers Novembre</div>
-<div class="verse i5">Ou Décembre,</div>
-<div class="verse i3">Que Flore me donna</div>
-<div class="verse i3">Un rendez-vous pour ça.</div>
-<div class="verse i3">En entrant dans sa chambre,</div>
-<div class="verse i3">Flore dit: «Ah! pour ça,</div>
-<div class="verse i3">»Ah! l'abbé, sent-on l'ambre</div>
-<div class="verse i5">»Comm' ça?»</div>
-
-<div class="verse i3 stanza">&mdash;«La Dulac<a id="FNanchor_1" href="#Footnote_1" class="fnanchor">[1]</a> est comm' ça,»</div>
-<div class="verse i5">Réplique</div>
-<div class="verse i5">L'Abbé R'lique;</div>
-<div class="verse i3">«Mais son ambre a cela</div>
-<div class="verse i3">»De me rendre comm' ça.</div>
-<div class="verse i3">»&mdash;Abbé,» dit-elle, «unique,</div>
-<div class="verse i3">»L'on ne voit sonica,</div>
-<div class="verse i3">»Qu'un Ecclésiastique</div>
-<div class="verse i5">»Comm' ça.</div>
-
-<div class="verse i3 stanza">»Je ne suis pas comm' ça,</div>
-<div class="verse i5">»Si preste:</div>
-<div class="verse i5">»Malepeste!</div>
-<div class="verse i3">»Mon mari jaloux m'a</div>
-<div class="verse i3">»Mise en cage comm' ça;</div>
-<div class="verse i3">»La ceinture funeste</div>
-<div class="verse i3">»Que vous me voyez là,</div>
-<div class="verse i3">»Vous interdit un geste</div>
-<div class="verse i5">»Comm' ça.»</div>
-
-<div class="verse i3 stanza">&mdash;«Je n'ai rien vu comm' ça;</div>
-<div class="verse i5">»Le traître!»</div>
-<div class="verse i5">Dit le Prêtre,</div>
-<div class="verse i3">«Ce chien de mari-là!</div>
-<div class="verse i3">»Gêner un c&oelig;ur comm' ça!</div>
-<div class="verse i3">»Sans que j'en sois le maître.</div>
-<div class="verse i3">»Cette vue a déjà</div>
-<div class="verse i3">»Fait que je cesse d'être</div>
-<div class="verse i5">»Comm' ça.»</div>
-
-<div class="verse i3 stanza">&mdash;«Une histoire comm' ça,»</div>
-<div class="verse i5">Dit la Belle,</div>
-<div class="verse i5">«Est nouvelle;</div>
-<div class="verse i3">»Quel tour plaisant c'est là!</div>
-<div class="verse i3">»L'Abbé, j'en ris comm' ça.»</div>
-<div class="verse i3">L'abbé, riant comme elle,</div>
-<div class="verse i3">Fait ses adieux, s'en va,</div>
-<div class="verse i3">Laissant la Demoiselle</div>
-<div class="verse i5">Comm' ça.</div>
-</div>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_1" href="#FNanchor_1"><span class="label">[1]</span></a> Marchande renommée pour les odeurs et les parfums.</p>
-</div>
-
-<h3 id="ch32">L'EXPÉDIENT FACILE</h3>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i1">Martin étoit dedans un bois taillis</div>
-<div class="verse i1">Avec Alix, qui, de tendre manière,</div>
-<div class="verse i1">Lui dit: «Martin, le long de ces palis,</div>
-<div class="verse i1">»Ta mie Alix d'amour te fait prière.</div>
-<div class="verse i1">»&mdash;Mais,» dit Martin, «si quelqu'un par derrière</div>
-<div class="verse i1">»Nous surprenoit, ce seroit grand vergogne?</div>
-<div class="verse i1">»&mdash;Bon, bon! du cul vous ferez signe arrière,</div>
-<div class="verse i1">»Passez chemin, laissez faire besogne.»</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch33">ON FAIT CE QU'ON PEUT</h3>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i2">Blaise, dont jadis le crédit</div>
-<div class="verse i2">Voloit de Paris jusqu'au Gange,</div>
-<div class="verse i2">Est plus déchu que l'on ne dit.</div>
-<div class="verse i2">Il s'endette du pain qu'il mange;</div>
-<div class="verse i2">Et Catin, pour gagner de quoi</div>
-<div class="verse i2">Mettre une chemise sur soi,</div>
-<div class="verse i2">Lui met des cornes sur la tête:</div>
-<div class="verse i2">Voyez quelle diversité!</div>
-<div class="verse i2">Pour chasser la nécessité,</div>
-<div class="verse i2">Blaise emprunte, et sa femme prête.</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch34">LE QUIPROQUO OU COLIN-MAILLARD</h3>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse">Un jour deux Capucins, l'un père et l'autre Frère,</div>
-<div class="verse">En regagnant Paris, passoient par Bagnolet;</div>
-<div class="verse">Les filles, ce jour-là, pour fêter Sainte Claire,</div>
-<div class="verse">S'égayoient et dansoient au son du flageolet.</div>
-<div class="verse i2">«&mdash;Mes compagnes,» s'écria Rose,</div>
-<div class="verse">«D'un excellent projet je veux vous faire part:</div>
-<div class="verse">»Voilà Frère François, avec Père Bernard;</div>
-<div class="verse">»Qu'on les fasse approcher, et puis qu'on leur propose</div>
-<div class="verse i2">»De jouer à Colin-Maillard;</div>
-<div class="verse">»Je gage mon sabot qu'ils acceptent la chose.»</div>
-<div class="verse i2">Rose savoit de bonne part</div>
-<div class="verse">Que jamais Capucins ne craignirent la glose.</div>
-<div class="verse">On les appela donc, et le couple gaillard</div>
-<div class="verse">Eut bientôt mis besace et bâton à l'écart.</div>
-<div class="verse">Ils tirèrent au sort, à ce que dit l'histoire;</div>
-<div class="verse i2">L'un étoit jeune, l'autre vieux,</div>
-<div class="verse i2">Et grâce à la bonté notoire</div>
-<div class="verse">De l'être prévoyant qui fait tout pour le mieux,</div>
-<div class="verse">Le sort échut au jeune, on lui banda les yeux.</div>
-<div class="verse">Vous le voyez d'ici tourner à l'aveuglette,</div>
-<div class="verse">Aller à droite, à gauche, à grands, à petits pas,</div>
-<div class="verse">Les deux jarrets tendus aussi bien que les bras,</div>
-<div class="verse">Et le corps en avant comme un Chasseur qui guette.</div>
-<div class="verse">Il avoit tant tourné qu'enfin il étoit las,</div>
-<div class="verse i2">Quand par bonheur une fillette</div>
-<div class="verse i2">Vint le tirer par sa jaquette;</div>
-<div class="verse i2">C'étoit Rose, il la jette à bas;</div>
-<div class="verse i2">Et portant une main légère</div>
-<div class="verse i2">A certain endroit défendu:</div>
-<div class="verse i2">«C'est vous!» dit-il, «Révérend Père,</div>
-<div class="verse i2">»Votre barbe vous a vendu.»</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch35">L'INOCULATION</h3>
-
-<p class="c">CONTE</p>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse">«La petite vérole est un mal, belle Agnès,</div>
-<div class="verse">»Dont, passé dix-huit ans, on ne guérit jamais,»</div>
-<div class="verse">Dit un jeune Esculape, «ou du moins, c'est bien rare;</div>
-<div class="verse">»Vous en avez quatorze; à mes soins fiez-vous,</div>
-<div class="verse i2">»Que d'un poison traître et barbare</div>
-<div class="verse">»Je sauve avec vos jours des charmes aussi doux;</div>
-<div class="verse i1">»Souffrez enfin&hellip; que je vous inocule.</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;Oh! vous me ferez mal.&mdash;Très peu.</div>
-<div class="verse i2">»Vous verrez que ce n'est qu'un jeu;</div>
-<div class="verse i2">»Votre frayeur est ridicule.</div>
-<div class="verse">»&mdash;A demain.&mdash;Aujourd'hui.&mdash;Non, non&mdash;Soit, à demain.»</div>
-<div class="verse">Le lendemain, Agnès toujours tremble et résiste;</div>
-<div class="verse">Notre inoculateur, comme on le croit, persiste;</div>
-<div class="verse">Il fait l'insertion autre part que Tronchin.</div>
-<div class="verse i2">Agnès crie, ensuite se prête</div>
-<div class="verse i1">A ses efforts. L'opération faite,</div>
-<div class="verse i1">&mdash;«Que n'allez-vous,» dit-elle, «votre train?</div>
-<div class="verse i2">»Vous n'auriez qu'à m'avoir manquée!»</div>
-<div class="verse">Il double, il triple, il cesse.&mdash;«Encore un autre grain,</div>
-<div class="verse i2">»Quand j'en devrois être marquée!»</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch36">LA MUETTE</h3>
-
-<p class="c">CHANSON</p>
-
-<p class="c">Air: <i>Je vous prêterai mon manchon.</i></p>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i2">Dans un bosquet, près de Lisette,</div>
-<div class="verse i2">Colin parloit de ses amours;</div>
-<div class="verse i2">La belle faisoit la muette,</div>
-<div class="verse i2">Par signe approuvant son discours.</div>
-<div class="verse i1">«Que dois-je,» dit-il, «penser de ce geste;</div>
-<div class="verse i2">»Si ton c&oelig;ur ne me dit le reste?</div>
-<div class="verse i1">»Mais, Mamzelle Louison, répondez donc,</div>
-<div class="verse i4">»Dites oui ou non,</div>
-<div class="verse i3">»Comment trouvez-vous ça?</div>
-<div class="verse i4">»Suis-je bien là?</div>
-<div class="verse i3">»Comment trouvez-vous ça?»</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">Dans son silence elle s'obstine;</div>
-<div class="verse i2">Colin, pour la faire jaser,</div>
-<div class="verse i2">Sur la bouche de la mutine</div>
-<div class="verse i2">Prend et reprend un doux baiser.</div>
-<div class="verse i1">«Je sens,» dit-il, «qu'il augmente ma flamme;</div>
-<div class="verse i2">»Mon feu passe-t-il dans ton âme?</div>
-<div class="verse i1">»Mais, Mamzelle Louison, etc.»</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">«Ma foi je n'y puis rien comprendre,»</div>
-<div class="verse i2">Dit-il, en découvrant son sein;</div>
-<div class="verse i2">«Quoi! faut-il, pour te faire entendre,</div>
-<div class="verse i2">»Promener là-dessus ma main?</div>
-<div class="verse i1">»Je vois, je sens que mon âme est joyeuse;</div>
-<div class="verse i2">»Ah! tu n'es donc pas chatouilleuse?</div>
-<div class="verse i1">»Mais, Mamzelle Louison, etc.»</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">Pas un mot, pas une parole.</div>
-<div class="verse i2">«Ma foi,» dit-il, «tu parleras;</div>
-<div class="verse i2">»Je suis pressé, le temps s'envole.»</div>
-<div class="verse i2">Soudain il la prend dans ses bras.</div>
-<div class="verse i1">Puis avec elle il tombe sur l'herbette:</div>
-<div class="verse i2">«Eh bien! à qui tient-il, Lisette?&hellip;</div>
-<div class="verse i1">»Mais, Mamzelle Louison, etc.»</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">Lise, d'un &oelig;il mourant et tendre.</div>
-<div class="verse i2">De Colin imite l'ardeur;</div>
-<div class="verse i2">Et sans songer à se défendre</div>
-<div class="verse i2">Souffrit qu'il fût trois fois vainqueur.</div>
-<div class="verse i1">«Eh bien!» dit-il, «sens-tu comme je t'aime,</div>
-<div class="verse i2">»A présent m'aimes-tu de même?</div>
-<div class="verse i1">»Mais, Mamzelle Louison, etc.»</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">&mdash;«Ah! fort bien!» lui répond Lisette,</div>
-<div class="verse i2">Laissant échapper un soupir;</div>
-<div class="verse i2">»Le désir me rendoit muette,</div>
-<div class="verse i2">»Mais je parle, grâce au plaisir.</div>
-<div class="verse i1">»Ami, tu peux à présent sans obstacle</div>
-<div class="verse i2">»M'interroger.&mdash;Ah, quel miracle!</div>
-<div class="verse i1">»Quoi! Mamzelle Louison, vous parlez donc?</div>
-<div class="verse i4">»Le tour est bon;</div>
-<div class="verse i3">»Vous parlerez demain</div>
-<div class="verse i4">»Avec Colin,</div>
-<div class="verse i3">»Vous parlerez demain.»</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch37">L'OBSTACLE</h3>
-
-<p class="c">CONTE</p>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i2">A quoi bon prodiguer les mots?</div>
-<div class="verse i2">Tous nos Conteurs, pour l'ordinaire,</div>
-<div class="verse i2">S'épuisent en avant-propos;</div>
-<div class="verse i1">N'en faisons point, allons droit à l'affaire.</div>
-<div class="verse i2">Un Jouvenceau taillé pour plaire,</div>
-<div class="verse i2">Après avoir bien soupiré,</div>
-<div class="verse i2">Menti, promis et conjuré</div>
-<div class="verse i1">(C'est des amants le langage vulgaire),</div>
-<div class="verse">Parvint près de sa belle au moment désiré:</div>
-<div class="verse">Il touchoit à son but, quand, par triste aventure,</div>
-<div class="verse i2">Sans pouvoir avancer d'un pas,</div>
-<div class="verse i1">Il se démène, il souffle, il sue, il jure;</div>
-<div class="verse i1">On peut, je crois jurer en pareil cas.</div>
-<div class="verse i2">Disons le fait: Dame Nature</div>
-<div class="verse">Avoit fermé d'amour la gentille serrure,</div>
-<div class="verse i2">Si bien que la clef n'entroit pas.</div>
-<div class="verse">Certain barreau&hellip; mais on m'entend de reste;</div>
-<div class="verse">Qu'Amour, jeunes beautés, veuille vous préserver</div>
-<div class="verse i2">D'un accident aussi funeste!</div>
-<div class="verse i1">Ainsi soit-il. Venons à notre Amant:</div>
-<div class="verse">Le désir de ses sens par l'obstacle s'enflamme.</div>
-<div class="verse">Il redouble d'efforts, mais inutilement;</div>
-<div class="verse">D'amour et de colère il enrage en son âme:</div>
-<div class="verse">On peut se fourvoyer, quand on marche à tâton.</div>
-<div class="verse i1">Son chalumeau, déjà baissant d'un ton,</div>
-<div class="verse">Dans le sentier voisin&hellip; Arrêtons, et pour cause:</div>
-<div class="verse i2">Car ce sentier&hellip; ma foi, je n'ose</div>
-<div class="verse i1">Vous le nommer; mais je peux, sans qu'on glose,</div>
-<div class="verse">Dire que sa Vénus ne fut plus qu'un Giton.</div>
-<div class="verse">A ce nouvel assaut n'étant point préparée,</div>
-<div class="verse i2">En vain la belle <i>imperforée</i></div>
-<div class="verse">Lui crie: «Arrêtez donc, quel est votre dessein?</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;Rien de plus simple que la chose,»</div>
-<div class="verse">Répond le gars; «chez vous je trouve porte close:</div>
-<div class="verse i2">»J'écris mon nom chez le voisin.»</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch38">LE TRIBUT CONJUGAL</h3>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i2">La Marquise de Montuza</div>
-<div class="verse i2">Étant presque sexagénaire,</div>
-<div class="verse i2">Aimoit un jeune Mousquetaire</div>
-<div class="verse i2">Qui, pour ses écus, l'épousa.</div>
-<div class="verse i2">La première nuit le compère</div>
-<div class="verse i2">Lui dit, en lui serrant la main:</div>
-<div class="verse i2">«Madame, en vertu de l'hymen</div>
-<div class="verse i2">»Ne puis-je pas, sans vous déplaire&hellip;?</div>
-<div class="verse i2">»Vous m'entendez&hellip;&mdash;Oui mon poulet,</div>
-<div class="verse i2">»Fais tout ce que tu voudras faire&hellip;»</div>
-<div class="verse i2">Le Mousquetaire fit un pet.</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch39">LE CONSEIL INUTILE</h3>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse">«Madame, il se répand un bruit qui vous outrage:</div>
-<div class="verse i2">»Monsieur le Président, dit-on,</div>
-<div class="verse i1">»Sans respecter les n&oelig;uds du mariage,</div>
-<div class="verse">»Tous les jours en secret fait un petit Giton</div>
-<div class="verse i1">»Du Chevalier qui de votre maison</div>
-<div class="verse i2">»Occupe le troisième étage.</div>
-<div class="verse">»Chassez donc, croyez-moi, ce vilain personnage,</div>
-<div class="verse i2">»Pour fermer la bouche aux railleurs,</div>
-<div class="verse i2">»Et surtout pour votre avantage:</div>
-<div class="verse">»Votre époux ne doit pas aller répandre ailleurs</div>
-<div class="verse i2">»Un bien qui n'est qu'à votre usage.</div>
-<div class="verse">»&mdash;C'est bien dit: cependant si vous le trouvez bon,</div>
-<div class="verse">»Madame, vos conseils n'auront pas mon suffrage;</div>
-<div class="verse">»Vous ne connaissez pas le Chevalier Cléon:</div>
-<div class="verse i1">»Ce bon ami, cet honnête garçon</div>
-<div class="verse i2">»Ne veut rien avoir à personne;</div>
-<div class="verse i2">»Il n'est pas tel qu'il vous paroît,</div>
-<div class="verse i2">»Il me rend avec intérêt</div>
-<div class="verse i2">»Ce que le Président lui donne.»</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch40">LA CONFIDENCE</h3>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i2">«Babet, vous avez du chagrin?</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;Oui vraiment, je suis désolée.</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;Et de quoi?&mdash;De ce que Martin</div>
-<div class="verse i2">»Cet hiver-ci m'a violée.</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;Ciel&hellip;! contez-moi vite cela.</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;Ah! Monsieur, c'étoit un Dimanche:</div>
-<div class="verse i2">J'avois mis, ce Dimanche-là,</div>
-<div class="verse i2">Une jupe de Perse blanche;</div>
-<div class="verse i2">Martin me vit et m'appela.</div>
-<div class="verse i2">Le traître étoit dans une grange,</div>
-<div class="verse i2">J'y fus sans trop savoir pourquoi.</div>
-<div class="verse i2">«Babet,» me dit-il, «sur ma foi,</div>
-<div class="verse i2">»Vous êtes belle comme un Ange!»</div>
-<div class="verse i2">Lors il me mena dans un coin,</div>
-<div class="verse i2">Et là près d'un grand tas de foin,</div>
-<div class="verse i2">De beaux compliments il me berce.</div>
-<div class="verse i2">Je riois: il me saute au cou,</div>
-<div class="verse i2">Me fait tomber à la renverse,</div>
-<div class="verse i2">Et puis prenant je ne sais où</div>
-<div class="verse i2">Un&hellip; chose roide comme un clou:</div>
-<div class="verse i2">«Lève,» me dit-il, «ou je perce!»</div>
-<div class="verse i2">Je levai ma jupe de Perse,</div>
-<div class="verse i2">De crainte qu'il n'y fît un trou.</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch41">LE CHAPELAIN</h3>
-
-<p class="c">CHANSON</p>
-
-<p class="c">Sur l'Air: <i>Ne vlà-t-il pas que j'aime.</i></p>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i2">Il me falloit faire une fin</div>
-<div class="verse i3">Comme tout bon Apôtre;</div>
-<div class="verse i2">Je suis devenu Chapelain,</div>
-<div class="verse i3">Ce poste en vaut un autre.</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">Iris m'offroit à desservir</div>
-<div class="verse i3">Sa gentille Chapelle:</div>
-<div class="verse i2">Je n'ai jamais su qu'obéir</div>
-<div class="verse i3">Aux ordres d'une belle.</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">Elle est au fond d'un bois couvert,</div>
-<div class="verse i3">Gardé par le mystère;</div>
-<div class="verse i2">Son sanctuaire n'est ouvert</div>
-<div class="verse i3">Qu'à mon seul ministère.</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">Un double autel de marbre blanc</div>
-<div class="verse i3">Est de sa dépendance;</div>
-<div class="verse i2">Mais ce bénéfice important</div>
-<div class="verse i3">Oblige à résidence.</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">Sans Vicaire, de jour, de nuit,</div>
-<div class="verse i3">Suivant les anciens rites,</div>
-<div class="verse i2">Je fais l'office à petit bruit</div>
-<div class="verse i3">Avec deux Acolytes.</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">Quoi qu'en puissent dire les gens,</div>
-<div class="verse i3">Même aux Fêtes de Vierge,</div>
-<div class="verse i2">Dans ma Chapelle, en tous les temps,</div>
-<div class="verse i3">Je n'allume qu'un cierge.</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">Gros Prieurs et brillants Prélats</div>
-<div class="verse i3">Tout engraissés d'offrande,</div>
-<div class="verse i2">Non, non, je ne troquerois pas</div>
-<div class="verse i3">Avec vous de Prébende.</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch42">LE MARCHAND DE LOTO</h3>
-
-<p class="c">ÉTRENNES AUX DAMES</p>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i2">A mon loto, soir et matin,</div>
-<div class="verse i2">Sous vos doigts un brillant destin</div>
-<div class="verse i2">Portera des boules heureuses;</div>
-<div class="verse i2">Ce que j'assure, je le sais:</div>
-<div class="verse i2">Si vous en êtes curieuses,</div>
-<div class="verse i2">Mesdames, faites-en l'essai</div>
-<div class="verse i4">A mon loto.</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">Un peu de secours fait grand bien;</div>
-<div class="verse i2">Tant soit peu d'art ne nuit à rien,</div>
-<div class="verse i2">Il faut quelquefois s'en permettre;</div>
-<div class="verse i2">C'est mon avis; on ne sauroit</div>
-<div class="verse i2">Le dédaigner et se promettre</div>
-<div class="verse i2">Tout l'avantage qu'on auroit</div>
-<div class="verse i4">A mon loto.</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">Jamais une joueuse habile</div>
-<div class="verse i2">Ne tint son sachet immobile:</div>
-<div class="verse i2">Il faut l'agiter prestement.</div>
-<div class="verse i2">Il faut que mollement pressée</div>
-<div class="verse i2">Entre ses doigts légèrement</div>
-<div class="verse i2">La boule ait été caressée,</div>
-<div class="verse i4">A mon loto.</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">Selon son goût ou son talent,</div>
-<div class="verse i2">On a le tirer prompt ou lent:</div>
-<div class="verse i2">Il n'y faut aucune science,</div>
-<div class="verse i2">Ou s'il en faut, il en faut peu;</div>
-<div class="verse i2">Un quart d'heure d'expérience</div>
-<div class="verse i2">Suffit pour bien jouer le jeu,</div>
-<div class="verse i4">A mon loto.</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">De celles qu'un ambe contente.</div>
-<div class="verse i2">Il se plaît à tromper l'attente,</div>
-<div class="verse i2">Fi de l'ambe! il est trop commun.</div>
-<div class="verse i2">D'un terne la chance est mesquine;</div>
-<div class="verse i2">D'un terne? Oui, de deux jours l'un,</div>
-<div class="verse i2">Je puis vous répondre d'un quine,</div>
-<div class="verse i4">A mon loto.</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">Au quaterne, par accident,</div>
-<div class="verse i2">S'il se réduit en attendant,</div>
-<div class="verse i2">La perte est bientôt réparée.</div>
-<div class="verse i2">Le jour qui suit ce jour fatal,</div>
-<div class="verse i2">On peut compter sur la rentrée</div>
-<div class="verse i2">De l'intérêt du capital,</div>
-<div class="verse i4">A mon loto.</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">Mais de la superbe machine</div>
-<div class="verse i2">Le pouvoir merveilleux décline</div>
-<div class="verse i2">De jour en jour; c'est son défaut.</div>
-<div class="verse i2">Je vous en préviens, blonde, ou brune;</div>
-<div class="verse i2">Vous n'avez que le temps qu'il faut,</div>
-<div class="verse i2">Si vous voulez faire fortune</div>
-<div class="verse i4">A mon loto.</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">Ma demeure est à Vaugirard,</div>
-<div class="verse i2">Tout vis-à-vis maître Abélard,</div>
-<div class="verse i2">Qui montre aux enfants la musique:</div>
-<div class="verse i2">L'on se pourvoit, ou l'on souscrit.</div>
-<div class="verse i2">Sous mon enseigne magnifique,</div>
-<div class="verse i2">En lettres d'or, il est écrit:</div>
-<div class="verse i4"><span class="small">AU GRAND LOTO</span>.</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch43">LE LENDEMAIN DES NOCES</h3>
-
-<p class="c">FOLIE DIALOGUÉE</p>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i2">«Hier soir, ma chère maman,</div>
-<div class="verse i2">»Tout bas vous me fîtes entendre</div>
-<div class="verse i2">»Que la nuit je devois m'attendre</div>
-<div class="verse i2">»A passer un mauvais moment.</div>
-<div class="verse i2">»Tout en tremblant, pauvre innocente,</div>
-<div class="verse i2">»J'attendois cet instant fatal&hellip;</div>
-<div class="verse i2">»Hélas! le bon Monsieur Chrysante</div>
-<div class="verse i2">»Ne m'a pas fait le moindre mal.</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;Est-il vrai, ma fille?&mdash;Au contraire,</div>
-<div class="verse i2">»Il ne m'a fait que du plaisir.</div>
-<div class="verse i2">»Quand nous fûmes au lit: Ma chère,</div>
-<div class="verse i2">»Je puis t'embrasser à loisir,</div>
-<div class="verse i2">»Dit-il; aussitôt il me baise</div>
-<div class="verse i2">»Sur chaque joue&hellip; et même&hellip;&mdash;Eh bien,</div>
-<div class="verse i2">»Comment tu rougis, ma Thérèse?&hellip;</div>
-<div class="verse i2">»Qu'a-t-il fait? ne me cache rien.</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;Vous m'aviez, qu'il vous en souvienne,</div>
-<div class="verse i2">»Défendu de rien refuser&hellip;</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;Sans doute. Auroit-il?&hellip;&mdash;Sur la mienne</div>
-<div class="verse i2">»Sa bouche prit un doux baiser.</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;Et puis?&hellip;&mdash;Il me dit à l'oreille:</div>
-<div class="verse i2">»Bonsoir, et s'endormit soudain.</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;Ma pauvre enfant!&hellip; Et ce matin?</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;Ah! plus tendre encor que la veille.</div>
-<div class="verse i2">»II me dit d'un air caressant:</div>
-<div class="verse i2">»Ma chère femme, je t'adore,</div>
-<div class="verse i2">»Et me le prouve en m'embrassant.</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;Et puis?&hellip;&mdash;Puis il m'embrasse encore.</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;Ensuite?&mdash;Du lit il descend,</div>
-<div class="verse i2">»Afin, dit-il, que je repose:</div>
-<div class="verse i2">»Peut-on être plus complaisant?</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;Il ne t'a pas fait autre chose?</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;Eh! non; c'est l'homme le plus doux:</div>
-<div class="verse i2">»Maman, vous lui faites injure&hellip;</div>
-<div class="verse i2">»Quoi! vous pleurez?&hellip; Mais je vous jure</div>
-<div class="verse i2">»Que je n'ai pas de mon époux</div>
-<div class="verse i2">»Reçu la moindre égratignure!»</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch44">LE CONFESSEUR EXEMPLAIRE</h3>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i1">Au temps de Pâque, aux pieds de Père Jule,</div>
-<div class="verse i1">Se confessoit un jeune Garnement,</div>
-<div class="verse i1">Et des péchés dont fait dénombrement,</div>
-<div class="verse i1">Cil de Sodome honoroit la cédule.</div>
-<div class="verse i1">&mdash;«Qu'ai-je entendu! Ciel! quel égarement</div>
-<div class="verse i1">»Que de pécheurs aux infernales flammes,</div>
-<div class="verse i1">»Livrés pour ce dont vous vous accusez!</div>
-<div class="verse i1">»Défaites-vous de ces amours infâmes,</div>
-<div class="verse i1">»De notre sexe, ô mon cher fils, n'usez,</div>
-<div class="verse i1">»Et, comme moi, ne voyez que des femmes.»</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch45">L'ESPRIT FORT</h3>
-
-<p class="c">CONTE</p>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse">Aux pieds d'un Directeur, Climène, un beau matin,</div>
-<div class="verse i2">Avec un repentir sincère,</div>
-<div class="verse">Déclara nettement que le petit Colin</div>
-<div class="verse i2">N'étoit pas le fils de son père.</div>
-<div class="verse i2">&mdash;«Halte là!» dit le Confesseur,</div>
-<div class="verse">«Pour un <i lang="la" xml:lang="la">Confiteor</i> vous n'en serez pas quitte;</div>
-<div class="verse">»Il en faut deux au moins, ce crime fait horreur.</div>
-<div class="verse">»Faut-il qu'injustement votre enfant déshérite</div>
-<div class="verse i2">»Un légitime successeur?</div>
-<div class="verse i2">»Il faut, Madame, vous résoudre</div>
-<div class="verse i1">»A confesser le fait à votre époux,</div>
-<div class="verse i2">»Sans quoi je ne puis vous absoudre.»</div>
-<div class="verse i2">L'avouer ne se pouvoit pas.</div>
-<div class="verse i2">La voilà dans un embarras</div>
-<div class="verse">Qu'on ne peut exprimer, car enfin l'aventure</div>
-<div class="verse i2">Étoit à digérer trop dure.</div>
-<div class="verse">Il fallut succomber, et, d'un mortel chagrin,</div>
-<div class="verse i2">Tomber dans une maladie</div>
-<div class="verse i2">Qui pensa lui coûter la vie.</div>
-<div class="verse i2">Sur le rapport du Médecin,</div>
-<div class="verse">Son époux connoissant que la mélancolie</div>
-<div class="verse i1">Alloit couper la trame de ses jours,</div>
-<div class="verse i2">La pria d'en dire la cause.</div>
-<div class="verse">Elle veut l'en instruire, et jamais elle n'ose.</div>
-<div class="verse i2">&mdash;«Ose tout,» dit-il, «mes amours:</div>
-<div class="verse">«Rien ne me déplaira, pourvu qu'on te guérisse;</div>
-<div class="verse">»Quoi! faut-il qu'un secret te donne la jaunisse,</div>
-<div class="verse">»Et qu'une femme meure, à faute de parler?</div>
-<div class="verse">»Cela seroit nouveau.&mdash;Je vais tout révéler,</div>
-<div class="verse">»Puisqu'aussi bien,» dit-elle, «un repos favorable</div>
-<div class="verse">»Doit terminer bientôt mon état déplorable.</div>
-<div class="verse i2">»J'étois à la maison des champs,</div>
-<div class="verse i2">»Où je faisois la ménagère,</div>
-<div class="verse">»Quand la voisine Alix, par des discours touchants,</div>
-<div class="verse i2">»Auxquels on ne résiste guère,</div>
-<div class="verse i2">»Me prouva qu'avoir des enfants</div>
-<div class="verse i2">»Étoit à vous chose impossible;</div>
-<div class="verse">»Me prôna les malheurs de la stérilité,</div>
-<div class="verse">»Qui chez les Juifs passoit pour un défaut terrible;</div>
-<div class="verse">»Puis dans un jour charmant me fit voir la beauté</div>
-<div class="verse i2">»D'une heureuse fécondité.</div>
-<div class="verse">»Je me rendis, hélas! à cette douce amorce,</div>
-<div class="verse">»Et Lucas, le Valet de notre Métayer,</div>
-<div class="verse">»Avec moi se trouvant un jour dans le grenier,</div>
-<div class="verse">»Je me souvins d'Alix, et je manquai de force.</div>
-<div class="verse">»Il est, cela soit dit sans vous mettre en courroux,</div>
-<div class="verse">»A faire des enfants plus habile que vous.</div>
-<div class="verse">»Je lui parlai d'amour, il comprit mon langage,</div>
-<div class="verse">»Et sur un sac de blé, sac funeste et maudit!</div>
-<div class="verse i2">»Faut-il en dire davantage?</div>
-<div class="verse">»De ce malheureux sac, notre Colin sortit.</div>
-<div class="verse i2">»A Lucas je donnai, je pense,</div>
-<div class="verse">»Quelques boisseaux de blé pour toute récompense.</div>
-<div class="verse">»Si je vous ai trahi, je meurs, pardonnez-moi;</div>
-<div class="verse">»A cela près, toujours je vous gardai ma foi.</div>
-<div class="verse">»&mdash;N'est-ce pas de mon blé que tu payas l'ouvrage?»</div>
-<div class="verse">Lui répondit Damis, nullement effrayé.</div>
-<div class="verse">«Cet enfant est à moi, puisque je l'ai payé;</div>
-<div class="verse i2">»Ne m'en parle pas davantage.»</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch46">COUPLET</h3>
-
-<p class="c">Sur l'air de <i>Nina</i>.</p>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i2">Après avoir fourni trois fois</div>
-<div class="verse i3">L'amoureuse carrière,</div>
-<div class="verse i2">Le pauvre Colin aux abois</div>
-<div class="verse i3">Ne pouvoit plus rien faire.</div>
-<div class="verse i2">Sa Maîtresse, ainsi le voyant,</div>
-<div class="verse i3">S'écria tout en pleurant:</div>
-<div class="verse i4">«Ah! quel tourment,</div>
-<div class="verse i4">»Quand l'instrument</div>
-<div class="verse i3">»Duquel le plaisir dépend,</div>
-<div class="verse i6">»Pend!»</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch47">ÉPIGRAMME</h3>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i2">Un jour Fanchon la Couturière</div>
-<div class="verse">Acheta d'un Fripier un lit pour vingt écus;</div>
-<div class="verse">Elle a gagné, dit-on, deux cents louis dessus:</div>
-<div class="verse i2">Ah! c'est une grande usurière!</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch48">LE CAS DÉCIDÉ</h3>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i1">Un jeune Peintre au Prieur des Grands-Carmes</div>
-<div class="verse i1">Vint s'accuser d'un cas assez nouveau:</div>
-<div class="verse i1">«Père, j'ai peint Vénus sortant de l'eau,</div>
-<div class="verse i1">»Ses bras, son cul, sa gorge et tous ses charmes.</div>
-<div class="verse i1">»D'abord j'en fus amoureux comme un fou;</div>
-<div class="verse i1">»Et, pour jouir un peu mieux qu'en peinture,</div>
-<div class="verse i1">»Je m'avisai&hellip;&mdash;De quoi?&mdash;De faire un trou</div>
-<div class="verse i1">»Dans ma Déesse, et par cette ouverture,</div>
-<div class="verse i1">»Un beau garçon que je mis en posture,</div>
-<div class="verse i1">»M'introduisit, vous devinez bien où.</div>
-<div class="verse i1">»Or, estimez la chose en conscience.</div>
-<div class="verse i1">»En tout ceci, mon principal dessein</div>
-<div class="verse i1">»Fut de jouir d'un objet féminin:</div>
-<div class="verse i1">»Le péché n'est de Rome ou de Florence.</div>
-<div class="verse i1">»&mdash;Mon cher enfant, je comprends votre cas,»</div>
-<div class="verse i1">Dit le Pater; «la plaisante folie!</div>
-<div class="verse i1">»Je vous absous, mais n'y retournez pas,</div>
-<div class="verse i1">»Car, dans le fond, c'est pure bougrerie.»</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch49">LE FAUX JUPITER</h3>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i1">J'ai toujours craint les gens portant soutane;</div>
-<div class="verse i1">D'un saint habit couvrant un c&oelig;ur profane,</div>
-<div class="verse i1">Que de bons tours ces Messieurs-là nous font!</div>
-<div class="verse i1">Séduire Agnès, planter cornes au front,</div>
-<div class="verse i1">Ce sont pour eux misères, peccadilles.</div>
-<div class="verse i1">O gens de bien ayant femmes ou filles!</div>
-<div class="verse i1">N'oubliez pas ce salutaire avis:</div>
-<div class="verse i1">Si par malheur entre en votre logis</div>
-<div class="verse i1">Homme d'Église, ou Capucin, ou Prêtre,</div>
-<div class="verse i1">Je vous le dis: chassez vite le traître;</div>
-<div class="verse i1">Il vient chercher aventure pour lui,</div>
-<div class="verse i1">Ou bien peut-être intriguer pour autrui.</div>
-<div class="verse i1">D'un vilain nom ce dernier cas s'appelle;</div>
-<div class="verse i1">Mais à l'honneur la cafarde séquelle</div>
-<div class="verse i1">A de tout temps préféré les écus:</div>
-<div class="verse i1">Quoi qu'on propose à ces crânes tondus,</div>
-<div class="verse i1">En les payant on est sûr de leur zèle.</div>
-<div class="verse i1">Pour appuyer mon avis là-dessus,</div>
-<div class="verse i1">Je veux vous dire une histoire assez belle</div>
-<div class="verse i1">Touchant Pauline et son ami Mundus.</div>
-
-<div class="verse i1 stanza">Pauline étoit une jeune Romaine,</div>
-<div class="verse i1">Veuve à vingt ans, et belle comme Hélène,</div>
-<div class="verse i1">Mais prude outrée, avare de faveurs,</div>
-<div class="verse i1">Et de l'amour dédaignant les douceurs.</div>
-<div class="verse i1">De mille amants à toute heure entourée,</div>
-<div class="verse i1">Elle aimoit bien à s'en voir adorée,</div>
-<div class="verse i1">Mais rien de plus: «Non,» disoit-elle, «non,</div>
-<div class="verse i1">»Ne vantez point l'attrait imaginaire</div>
-<div class="verse i1">»D'un vain plaisir qui n'en a que le nom;</div>
-<div class="verse i1">»Faut-il des sens pour aimer et pour plaire?</div>
-<div class="verse i1">»Eh! laissons-les au stupide vulgaire.</div>
-<div class="verse i1">»Pour moi, j'exige un amour de raison,</div>
-<div class="verse i1">»Pur, dégagé des n&oelig;uds de la matière,</div>
-<div class="verse i1">»Tel en un mot que le prescrit Platon.</div>
-<div class="verse i1">»Je n'aimerai jamais d'autre manière.»</div>
-<div class="verse i1">Tous ses amants jeunes, pleins de désirs,</div>
-<div class="verse i1">Peu satisfaits d'un amour sans plaisirs,</div>
-<div class="verse i1">De ses sermons bientôt se rebutèrent:</div>
-<div class="verse i1">L'un après l'autre enfin ils la quittèrent.</div>
-<div class="verse i1">Un seul resta, ce fut le beau Mundus,</div>
-<div class="verse i1">Bien fait, galant, et digne de sa flamme.</div>
-<div class="verse i1">Par des cadeaux, par des soins assidus,</div>
-<div class="verse i1">Il n'avoit pu toucher encor la Dame.</div>
-<div class="verse i1">Las de se plaindre, enfin le pauvre amant,</div>
-<div class="verse i1">Pour réussir, eut recours à la ruse:</div>
-<div class="verse i1">Tout galant homme en auroit fait autant,</div>
-<div class="verse i1">Et quant à moi, de bon c&oelig;ur je l'excuse.</div>
-<div class="verse i1">Pauline étoit dévote à Jupiter:</div>
-<div class="verse i1">D'une Dévote un Directeur est maître;</div>
-<div class="verse i1">L'adroit Mundus en sut bien profiter.</div>
-<div class="verse i1">De Jupiter il gagne le Grand-Prêtre,</div>
-<div class="verse i1">Et lui fait part de son tendre projet.</div>
-<div class="verse i1">Le Directeur, mis dans la confidence,</div>
-<div class="verse i1">Très bien instruit, très bien payé d'avance,</div>
-<div class="verse i1">Court chez Pauline, et lui parle en secret.</div>
-<div class="verse i1">«A quel bonheur vous êtes réservée!</div>
-<div class="verse i1">»Ma chère fille, ah! réjouissez-vous:</div>
-<div class="verse i1">»Au rang des Dieux vous serez élevée,</div>
-<div class="verse i1">»Et vous verrez la terre à vos genoux.</div>
-<div class="verse i1">»Oui, cette nuit, ce n'est pas un mensonge,</div>
-<div class="verse i1">»Le Roi des Dieux a daigné dans un songe</div>
-<div class="verse i1">»Me révéler ses décrets absolus,</div>
-<div class="verse i1">»Et de sa part, je viens ici moi-même</div>
-<div class="verse i1">»Vous annoncer, quel honneur! qu'il vous aime.</div>
-<div class="verse i1">»&mdash;Moi!» dit d'un ton modestement confus</div>
-<div class="verse i1">La belle prude.&mdash;«Oui, vous,» répond le Prêtre,</div>
-<div class="verse i1">«Et dès ce soir il exige de vous</div>
-<div class="verse i1">»Dans son saint Temple un entretien bien doux.</div>
-<div class="verse i1">»Lorsque la nuit sera prête à paroître,</div>
-<div class="verse i1">»Courez, volez à la gloire, au plaisir.</div>
-<div class="verse i1">»Hâtez-vous donc, et quoi qu'on vous demande,</div>
-<div class="verse i1">»Quand le Ciel parle, on ne doit qu'obéir.»</div>
-<div class="verse i1">Après ces mots prononcés en Prophète,</div>
-<div class="verse i1">Il laisse là sa dévote inquiète,</div>
-<div class="verse i1">Rêvant tout bas à ce propos flatteur,</div>
-<div class="verse i1">Et ne croyant qu'à peine un tel bonheur.</div>
-<div class="verse i1">Tout en rêvant, elle fait sa toilette:</div>
-<div class="verse i1">Quoique dévote, on est un peu coquette.</div>
-<div class="verse i1">Dans le miroir ses appas répétés</div>
-<div class="verse i1">Frappent d'abord ses regards enchantés;</div>
-<div class="verse i1">En se voyant, elle commence à croire</div>
-<div class="verse i1">Que Jupiter, tout Jupiter qu'il est,</div>
-<div class="verse i1">Peut bien l'aimer sans manquer à sa gloire:</div>
-<div class="verse i1">Elle est si belle! elle-même se plaît,</div>
-<div class="verse i1">Et par degrés s'attendrit et soupire.</div>
-<div class="verse i1">Bientôt ses yeux pleins d'un tendre délire</div>
-<div class="verse i1">Avidement parcourent son beau corps:</div>
-<div class="verse i1">Dieux! que d'attraits à la fois elle admire!</div>
-<div class="verse i1">Gorge d'albâtre et mille autres trésors,</div>
-<div class="verse i1">Trône charmant de l'amoureux empire,</div>
-<div class="verse i1">Tout redoublant sa vive émotion,</div>
-<div class="verse i1">Redouble aussi sa bonne opinion:</div>
-<div class="verse i1">Sa vanité s'en nourrit et l'augmente.</div>
-<div class="verse i1">Certain désir qui tout bas la tourmente,</div>
-<div class="verse i1">S'y joint encor: bref, pour conclusion,</div>
-<div class="verse i1">Dès que la nuit lui parut assez sombre,</div>
-<div class="verse i1">Notre dévote, à la faveur de l'ombre,</div>
-<div class="verse i1">D'un pas léger que le désir conduit,</div>
-<div class="verse i1">Arrive au Temple: un Prêtre l'introduit.</div>
-<div class="verse i1">Là son amant prodiguant la dépense,</div>
-<div class="verse i1">Avoit orné galamment le réduit</div>
-<div class="verse i1">Qui devoit voir triompher sa constance,</div>
-<div class="verse i1">Et se livrant au plus heureux espoir,</div>
-<div class="verse i1">D'une Chapelle avoit fait un boudoir:</div>
-<div class="verse i1">L'art s'y joignoit à la magnificence.</div>
-<div class="verse i1">Pauline arrive à ce charmant séjour,</div>
-<div class="verse i1">Ivre à la fois et d'orgueil et d'amour;</div>
-<div class="verse i1">Elle va voir le Roi des Dieux lui-même!</div>
-<div class="verse i1">Elle entre&hellip; O Ciel! Quelle surprise extrême!</div>
-<div class="verse i1">Elle s'écrie: «Ah! Mundus, quoi! c'est vous!</div>
-<div class="verse i1">»&mdash;Oui,» lui dit-il, tombant à ses genoux,</div>
-<div class="verse i1">«Oui, c'est Mundus dont l'amoureuse adresse,</div>
-<div class="verse i1">»En vous trompant, vous prépare en ces lieux</div>
-<div class="verse i1">»Tous les plaisirs qui suivent la tendresse.</div>
-<div class="verse i1">»Pour un moment, nous sommes seuls tous deux;</div>
-<div class="verse i1">»Si vous vouliez, quel moment plein de charmes!»</div>
-<div class="verse i1">Il prend sa main, il la baigne de larmes,</div>
-<div class="verse i1">Il fait valoir ses transports et ses feux.</div>
-<div class="verse i1">Pauline reste immobile, interdite;</div>
-<div class="verse i1">Son amour-propre, un reste de pudeur</div>
-<div class="verse i1">Parlent encor dans le fond de son c&oelig;ur:</div>
-<div class="verse i1">Mais le désir par ces délais s'irrite;</div>
-<div class="verse i1">Son teint s'anime et sa gorge palpite;</div>
-<div class="verse i1">Ses yeux, chargés d'une douce langueur,</div>
-<div class="verse i1">A son amant laissent voir sa faiblesse.</div>
-<div class="verse i1">Il en profite, il ose, il prie, il presse;</div>
-<div class="verse i1">Pauline enfin ne peut lui résister,</div>
-<div class="verse i1">Et dans les bras de sa belle Maîtresse,</div>
-<div class="verse i1">L'heureux Mundus, pour prix de son adresse,</div>
-<div class="verse i1">Jusques au bout remplaça Jupiter.</div>
-</div>
-
-<div class="section"></div>
-<h3 id="ch50">LE SOMMEIL DE VÉNUS</h3>
-
-<p class="c">CHANSON</p>
-
-<p class="c">Sur l'air: <i lang="la" xml:lang="la">ô Filii et Filiæ</i></p>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i2">Mars trouva Vénus à Paphos;</div>
-<div class="verse i2">La belle dormoit sur le dos:</div>
-<div class="verse i2">«Voyons,» dit-il, «tout ce qu'elle a,</div>
-<div class="verse i4">»Alleluia!»</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">Il alla déranger soudain</div>
-<div class="verse i2">L'écharpe qui couvroit son sein;</div>
-<div class="verse i2">Plus blanc que neige il le trouva.</div>
-<div class="verse i4">Alleluia!</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">Sa main eut la témérité</div>
-<div class="verse i2">D'en tâter la rotondité;</div>
-<div class="verse i2">Le sentant ferme, il s'écria:</div>
-<div class="verse i4">«Alleluia!»</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">Enivré de si doux plaisirs,</div>
-<div class="verse i2">Il forma de nouveau désirs,</div>
-<div class="verse i2">Et de baisers se régala.</div>
-<div class="verse i4">Alleluia!</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">De cent façons pour l'admirer,</div>
-<div class="verse i2">Il se mit à la revirer:</div>
-<div class="verse i2">Ce qui s'augmente s'augmenta.</div>
-<div class="verse i4">Alleluia!</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">Vénus, fermant toujours les yeux,</div>
-<div class="verse i2">Se plaça pourtant de son mieux,</div>
-<div class="verse i2">Et le Guerrier en profita.</div>
-<div class="verse i4">Alleluia!</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">«Bon, bon,» disoit Mars qui sentoit</div>
-<div class="verse i2">Qu'en dormant on le secondoit,</div>
-<div class="verse i2">«Dormez toujours comme cela.</div>
-<div class="verse i4">Alleluia!»</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">A peine un jeu se finissoit</div>
-<div class="verse i2">Qu'un autre se recommençoit:</div>
-<div class="verse i2">Trois jours entiers cela dura.</div>
-<div class="verse i4">Alleluia!</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">Mais enfin Vénus s'éveillant,</div>
-<div class="verse i2">Dit au Dieu, presque en rougissant:</div>
-<div class="verse i2">&mdash;«Eh! quoi, Monsieur, vous étiez là!</div>
-<div class="verse i4">»Alleluia!»</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch51">QUATRAIN</h3>
-
-<p class="c small">A MADAME ***, DONT LE MARI EST BOITEUX ET JALOUX</p>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i2">Comme Vénus vous êtes belle,</div>
-<div class="verse i2">Vulcain est aussi votre Époux,</div>
-<div class="verse i2">Et je voudrois faire pour vous</div>
-<div class="verse i2">Tout ce que Mars faisoit pour elle.</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch52">L'ENTHOUSIASME GASCON</h3>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i1">Ces jours passés, dans un cercle gaillard,</div>
-<div class="verse i1">On demandoit ce qui plaisoit aux Dames?</div>
-<div class="verse i1">&mdash;«Les petits soins,» dit un jeune Mignard.</div>
-<div class="verse i1">&mdash;«Par la sambleu!» s'écrie un vieux paillard,</div>
-<div class="verse i1">«Mon bel ami, tu connois bien les femmes!</div>
-<div class="verse i1">»Si tu ne veux passer pour un nigaud,</div>
-<div class="verse i1">»Tranche et dis-nous: C'est un vit qu'il leur faut,</div>
-<div class="verse i1">»Car les fourreaux sont tous faits pour les lames.</div>
-<div class="verse i1">»&mdash;Sandis! mon cher,» cria certain Gascon,</div>
-<div class="verse i1">«Embrasse-moi, tu parles comme un con.»</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch53">LE CRI DU C&OElig;UR</h3>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i1">Père Brichard exploitait S&oelig;ur Colette,</div>
-<div class="verse i1">Sans débrider pour la sixième fois,</div>
-<div class="verse i1">Et deux encor: tant qu'enfin la Nonnette,</div>
-<div class="verse i1">Qui, se lassant, les comptoit par ses doigts,</div>
-<div class="verse i1">Lui dit: «Pater, c'est assez nous ébattre:</div>
-<div class="verse i1">»Oui, je le jure, et de par Saint Julien,</div>
-<div class="verse i1">»Qu'au jeu d'amour vous seul en valez quatre.</div>
-<div class="verse i1">»&mdash;Par la corbleu! suis-je Carme pour rien?»</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch54">LA BÉNÉDICTION TROP CHÈRE<br />
-<span class="xsmall">OU</span><br />
-LE CONSEIL D'ALIX</h3>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i1">Le grand Colas et la jeune Denise,</div>
-<div class="verse i2">Amoureux, pauvres et contents,</div>
-<div class="verse">Suivis de leurs parents, s'en alloient à l'église</div>
-<div class="verse i2">Dire un oui, faire une sottise</div>
-<div class="verse i1">Dont maint époux s'est repenti longtemps.</div>
-<div class="verse">Tout étoit disposé pour cette grande fête;</div>
-<div class="verse">On commence, et déjà messire Jean s'apprête</div>
-<div class="verse i1">A prononcer le conjungo fatal,</div>
-<div class="verse i1">Quand tout à coup un scrupule l'arrête:</div>
-<div class="verse">«Avant que d'achever, il ne seroit pas mal,»</div>
-<div class="verse i2">Leur dit-il, «de faire une pause.</div>
-<div class="verse i1">»Or, dites-moi, s'il vous plaît, et pour cause,</div>
-<div class="verse">»Ce que vous me donnez pour le droit pastoral?</div>
-<div class="verse i1">»&mdash;Nous avons mis soixante sols ensemble,</div>
-<div class="verse i2">»Que vous prendrez, si bon vous semble,»</div>
-<div class="verse">Répond Colas, surpris de cette question.</div>
-<div class="verse i1">&mdash;«Soixante sols! je serois un pauvre homme</div>
-<div class="verse">»De donner pour si peu ma bénédiction.</div>
-<div class="verse i1">»Maître Colas, amplifiez la somme,</div>
-<div class="verse i1">»Mettez encor vingt sols avec l'écu.</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;Quatre francs pour être cocu!»</div>
-<div class="verse i2">S'écria tout haut un bon drôle;</div>
-<div class="verse i2">«Messire Jean, quel monopole!</div>
-<div class="verse i2">»J'en donnerois volontiers neuf,</div>
-<div class="verse i2">»Et plus encor, pour être veuf.</div>
-<div class="verse">»&mdash;Oui, je veux quatre francs sans rabattre une obole;</div>
-<div class="verse i2">»Laissons les discours superflus:</div>
-<div class="verse i2">»Quatre francs, ou n'en parlons plus;</div>
-<div class="verse i2">»Robin, ôte-moi mon étole.»</div>
-<div class="verse i2">Denise alors prit la parole.</div>
-<div class="verse">&mdash;«Colas et moi,» dit-elle, «avions deux petits lits;</div>
-<div class="verse">»Nous venons de les vendre à la commère Alix</div>
-<div class="verse i2">»Pour avoir une grande couche.</div>
-<div class="verse i2">»Que je suis malheureuse, hélas!</div>
-<div class="verse i1">»Messire Jean, que la pitié vous touche!</div>
-<div class="verse i2">»Où donc ira coucher Colas,</div>
-<div class="verse i2">»Si vous ne nous mariez pas?</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;Vraiment voilà bien du mystère!»</div>
-<div class="verse">Dit la commère Alix; «jour de Dieu! laissez faire;</div>
-<div class="verse i1">»Messire Jean y perdra son Latin.</div>
-<div class="verse i2">»Quand je fus promise à Lubin,</div>
-<div class="verse">»Défunt notre Curé voulut agir de même,</div>
-<div class="verse i2">»Mais il ne fut pas le plus fin;</div>
-<div class="verse">»Lucas et moi d'accord, nous allâmes bon train;</div>
-<div class="verse">»Si qu'au bout de neuf mois, approchant le Carême,</div>
-<div class="verse">»Mon ladre de Curé se vit réduit enfin</div>
-<div class="verse">»A faire au même jour mariage et baptême,</div>
-<div class="verse">»Le tout pour un écu. Faites comme je fis,</div>
-<div class="verse">»C'est un profit tout clair.&mdash;Je suis de votre avis,»</div>
-<div class="verse">Répart Denise; «eh bien! Colas, prenons l'avance;</div>
-<div class="verse i2">»Le Ciel sait nos intentions,</div>
-<div class="verse i2">»Il sait aussi notre indigence;</div>
-<div class="verse">»Il voit notre Curé manquer de complaisance:</div>
-<div class="verse">»Celui-ci répondra de ce que nous ferons;</div>
-<div class="verse">»Et puisque sans argent il ne veut pas qu'on danse,</div>
-<div class="verse">»Allons, et mettons-lui le plus que nous pourrons</div>
-<div class="verse i2">»De péchés sur la conscience.»</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch55">ÉPITRE CONSOLANTE A UN COCU</h3>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i2">Consolez-vous, Monsieur Fumet;</div>
-<div class="verse i2">Gens de Robe, Gens à Plumet</div>
-<div class="verse i2">Ont un destin pareil au vôtre:</div>
-<div class="verse i2">C'est le bon Dieu qui le permet.</div>
-<div class="verse i2">Le grand Prophète Mahomet</div>
-<div class="verse i2">N'en fut pas plus exempt qu'un autre.</div>
-<div class="verse i2">Il prit pour femme Cadigha.</div>
-<div class="verse i2">Celle-ci, d'humeur un peu chaude,</div>
-<div class="verse i2">Dans son cher époux distingua</div>
-<div class="verse i2">Des façons qui sentoient le Claude;</div>
-<div class="verse i2">Lors Dieu sait comme elle intrigua!</div>
-<div class="verse i2">Un ribaud plut à la ribaude:</div>
-<div class="verse i2">Ce ribaud qui la subjugua</div>
-<div class="verse i2">Étoit un gros Prieur de Carmes.</div>
-<div class="verse i2">Mahomet le sut, le nargua,</div>
-<div class="verse i2">Et prit un croissant pour ses armes.</div>
-<div class="verse i2">Bel avis aux gens délicats!</div>
-<div class="verse i2">Quand il auroit fait des éclats,</div>
-<div class="verse i2">Quand il auroit battu sa femme,</div>
-<div class="verse i2">Au jour marqué pour son trépas,</div>
-<div class="verse i2">En auroit-il moins rendu l'âme?</div>
-<div class="verse i2">Ce fut, suivant un érudit,</div>
-<div class="verse i2">A Médine qu'il la rendit:</div>
-<div class="verse i2">En mangeant un gigot maudit,</div>
-<div class="verse i2">Il lui prit une sueur froide</div>
-<div class="verse i2">Qui le força d'aller au lit.</div>
-<div class="verse i2">Au fait: quand on l'ensevelit</div>
-<div class="verse i2">On lui trouva le <i>caiche</i> roide</div>
-<div class="verse i2">(<i>Caiche</i> est synonyme de vit).</div>
-<div class="verse i2">Soudain le bruit s'en répandit.</div>
-<div class="verse i2">Sa veuve accourt, elle s'écrie:</div>
-<div class="verse i2">«Ah! certes, j'aurois eu grand tort</div>
-<div class="verse i2">»D'avoir passé plus d'une envie</div>
-<div class="verse i2">»Avec un Moine, vrai butor,</div>
-<div class="verse i2">»Si mon époux qui disoit d'or</div>
-<div class="verse i2">»L'avoit porté pendant sa vie</div>
-<div class="verse i2">»Comme il le porte après sa mort!»</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch56">L'AVOCAT POUSSÉ A BOUT</h3>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i2">Un Avocat fut consulté</div>
-<div class="verse i2">Par un Tendron d'aimable mine,</div>
-<div class="verse i2">Qu'un Gars avoit trop insulté.</div>
-<div class="verse i2">L'homme de Loi, qui l'examine,</div>
-<div class="verse i2">Trouve, sous sa simple étamine,</div>
-<div class="verse i2">Deux grands yeux pleins de volupté;</div>
-<div class="verse i2">Certain air de naïveté</div>
-<div class="verse i2">Peint sur sa figure enfantine;</div>
-<div class="verse i2">Un sein par l'Amour agité,</div>
-<div class="verse i2">Qui se soulève, se mutine,</div>
-<div class="verse i2">Et semble en sa captivité</div>
-<div class="verse i2">Appeler une main lutine,</div>
-<div class="verse i2">Qui lui rende la liberté.</div>
-<div class="verse i2">Notre Avocat est transporté:</div>
-<div class="verse i2">Il lorgne une taille divine,</div>
-<div class="verse i2">Des pieds mignons et délicats;</div>
-<div class="verse i2">Et ce qu'il voit de tant d'appas</div>
-<div class="verse i2">Ne vaut pas ce qu'il en devine.</div>
-<div class="verse i2">Avec ces titres de faveur,</div>
-<div class="verse i2">On peut compter sur la ferveur</div>
-<div class="verse i2">Du Légiste le plus austère.</div>
-<div class="verse i2">Le nôtre, expert dans tous les droits,</div>
-<div class="verse i2">Avoit, dit-on, plus d'une fois</div>
-<div class="verse i2">Pris ses licences à Cythère.</div>
-<div class="verse i2">Enfin, près de la belle assis,</div>
-<div class="verse i2">Il veut, sans détour, sans mystère,</div>
-<div class="verse i2">De son cas savoir le précis.</div>
-<div class="verse i2">&mdash;«Las!» dit la belle désolée,</div>
-<div class="verse i2">»Je vais rappeler mon esprit,</div>
-<div class="verse i2">»Et vous conter comment s'y prit</div>
-<div class="verse i2">»Le fripon qui m'a violée.</div>
-<div class="verse i2">»Il avoit un air tendre et doux,</div>
-<div class="verse i2">»La taille la mieux découplée,</div>
-<div class="verse i2">»Et le regard&hellip; tout comme vous.»</div>
-<div class="verse i2">Notre grave Jurisconsulte,</div>
-<div class="verse i2">Flatté d'avoir les mêmes traits,</div>
-<div class="verse i2">En ressent une joie occulte;</div>
-<div class="verse i2">Et, rajeuni par tant d'attraits,</div>
-<div class="verse i2">S'approche encore un peu plus près</div>
-<div class="verse i2">De la beauté qui le consulte.</div>
-<div class="verse i2">&mdash;«Poursuivez ce récit,» dit-il,</div>
-<div class="verse i2">«Car votre affaire m'intéresse.</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;Ah! Monsieur, qu'il étoit subtil!</div>
-<div class="verse i2">»Que l'Amour inspire d'adresse!</div>
-<div class="verse i2">»Ses yeux sur mes foibles attraits</div>
-<div class="verse i2">»Se promenoient avec ivresse.»</div>
-<div class="verse i2">L'Avocat, qu'un même feu presse,</div>
-<div class="verse i2">N'a pas des regards plus discrets.</div>
-<div class="verse i2">«Ce n'est pas tout: sa main hardie</div>
-<div class="verse i2">»Saisit la mienne au même instant.»</div>
-<div class="verse i2">Vous sentez, sans que je le die,</div>
-<div class="verse i2">Que l'Avocat en fait autant.</div>
-<div class="verse i2">«Ce n'est pas tout: sa perfidie</div>
-<div class="verse i2">»Méditoit un autre dessein;</div>
-<div class="verse i2">»Et toujours plus audacieuse,</div>
-<div class="verse i2">»Bientôt sa main licencieuse</div>
-<div class="verse i2">»Fourrage les lis de mon sein.»</div>
-<div class="verse i2">Notre Avocat, sur ce modèle,</div>
-<div class="verse i2">Glissant une furtive main</div>
-<div class="verse i2">A travers la gaze infidèle,</div>
-<div class="verse i2">Enfile le même chemin.</div>
-<div class="verse i2">«Ce n'est pas tout: d'un air farouche,</div>
-<div class="verse i2">»A ses feux je veux m'opposer;</div>
-<div class="verse i2">»Déterminée à tout oser,</div>
-<div class="verse i2">»Sa bouche se colle à ma bouche.»</div>
-<div class="verse i2">L'Avocat, que l'exemple touche,</div>
-<div class="verse i2">Ravit un semblable baiser&hellip;</div>
-<div class="verse i2">Ravit! je faux, on le lui donne;</div>
-<div class="verse i2">On feint de n'y pas consentir:</div>
-<div class="verse i2">Mais c'est pour mieux faire sentir</div>
-<div class="verse i2">Le prix de ce qu'on abandonne.</div>
-<div class="verse i2">Femmes, osez me démentir!</div>
-<div class="verse i2">Celle qui jamais ne pardonne,</div>
-<div class="verse i2">Est trop sujette au repentir.</div>
-<div class="verse i2">«Ce n'est pas tout: son feu redouble,</div>
-<div class="verse i2">»Il me transporte malgré moi;</div>
-<div class="verse i2">»Les genoux tremblants, et l'&oelig;il trouble&hellip;</div>
-<div class="verse i2">»Je ne sais plus ce que je voi.»</div>
-<div class="verse i2">L'Avocat, non moins troublé qu'elle.</div>
-<div class="verse i2">Répète une leçon si belle;</div>
-<div class="verse i2">Tous deux bientôt perdent la voix;</div>
-<div class="verse i2">Tous deux se plongent à la fois</div>
-<div class="verse i2">Dans une extase mutuelle.</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">Notre Avocat crut jusqu'au bout</div>
-<div class="verse i2">Avoir imité son modèle.</div>
-<div class="verse i2">&mdash;«Ce n'est pas tout,» dit la Donzelle.</div>
-<div class="verse i2">«&mdash;Comment, diable! ce n'est pas tout!</div>
-<div class="verse i2">»Qu'avoit-il de plus à vous faire?</div>
-<div class="verse i2">»Vous m'étonnez! dites, ma chère,</div>
-<div class="verse i2">»Comment la chose se passa?</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;Eh! mais voici tout le mystère,</div>
-<div class="verse i2">»Monsieur, c'est qu'il recommença.»</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch57">LE DÉLUGE</h3>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i2">«Cap dé bious!» disoit un Gascon</div>
-<div class="verse i1">A sa moitié, qui faisoit la niaise,</div>
-<div class="verse i2">«Pour la première fois, Fanchon,</div>
-<div class="verse">»Il me semble qu'ici je suis bien à mon aise.</div>
-<div class="verse">»&mdash;Las!» dit-elle, «mon cher, je suis neuve à tel jeu;</div>
-<div class="verse">»Appelez un Frater, et je le ferai juge</div>
-<div class="verse">»Que mes eaux seulement ont passé par ce lieu.</div>
-<div class="verse">»&mdash;Vos eaux! sandis!» repart le Gascon qui prend feu;</div>
-<div class="verse i2">«Dites donc les eaux du déluge.»</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch58"><i lang="la" xml:lang="la">Ægri salivantis solatium</i></h3>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse">Des beautés de Paris, ô toi la moins farouche,</div>
-<div class="verse">Ce fut peu d'un écu que tu reçus de moi,</div>
-<div class="verse">En retour du plaisir que je pris sur ta couche:</div>
-<div class="verse">Car depuis plus d'un an que j'eus affaire à toi,</div>
-<div class="verse i2">L'eau m'en vient encore à la bouche.</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch59">DIALOGUE ENTRE DEUX SERVANTES</h3>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i2">«Eh bien! notre nouveau Curé?</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;Ah! palsangué! c'est un brave homme.</div>
-<div class="verse">»Le premier étoit bon, mais je veux qu'on m'assomme,</div>
-<div class="verse i1">»Si le second n'est meilleur à mon gré.</div>
-<div class="verse">«&mdash;Comment cela?&mdash;Comment? Tiens, juges-en, commère:</div>
-<div class="verse">»Il me donne par ans quarante bons écus,</div>
-<div class="verse i2">»Voire quelque chose de plus;</div>
-<div class="verse">»J'ai la clef de la cave et je n'ai rien à faire.</div>
-<div class="verse">»&mdash;Et la nuit&hellip;?&mdash;Oh! la nuit nous faisons lit à part;</div>
-<div class="verse i2">»Messire Arlot est un saint prêtre,</div>
-<div class="verse">»Qui ne ressemble en rien à messire Chouart.</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;Dieu me garde d'un pareil maître!</div>
-<div class="verse i2">»Il me feroit mourir d'ennui:</div>
-<div class="verse">»Oh! que j'aime bien mieux servir chez son vicaire!</div>
-<div class="verse">»Je n'ai que dix écus et je fais maigre chère,</div>
-<div class="verse i2">»Mais du moins on couche avec lui.»</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch60">LE SALAMALEC LYONNOIS</h3>
-
-<p class="c">CONTE</p>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i1">Jamais ne fut nation plus civile</div>
-<div class="verse i1">Que la Françoise, il le faut avouer;</div>
-<div class="verse i1">L'envoyé Turc pourroit bien s'en louer,</div>
-<div class="verse i1">Après l'honneur qu'à Lyon, la grand ville,</div>
-<div class="verse i1">Des magistrats en passant il reçut.</div>
-<div class="verse i1">Ces magistrats crurent frapper au but,</div>
-<div class="verse i1">S'ils régaloient l'Excellence Ottomane</div>
-<div class="verse i1">D'un compliment en langage Ottoman:</div>
-<div class="verse i1">«Car,» disoient-ils, «parler par Truchement,</div>
-<div class="verse i1">»C'est une mort: en langue Musulmane</div>
-<div class="verse i1">»Un Musulman il nous faut saluer.»</div>
-<div class="verse i1">L'invention leur sembloit mémorable;</div>
-<div class="verse i1">Le point étoit comment l'effectuer?</div>
-<div class="verse i1">Où rencontrer un harangueur capable?</div>
-<div class="verse i1">Un homme expert dans le salamalec?</div>
-<div class="verse i1">Notez qu'alors tenoit auberge illec</div>
-<div class="verse i1">Certain quidam, déserteur de mosquée,</div>
-<div class="verse i1">De mauvais Turc devenu bon Chrétien.</div>
-<div class="verse i1">«C'est notre fait,» dirent ces gens de bien.</div>
-<div class="verse i1">La chose au Sire étant communiquée,</div>
-<div class="verse i1">Il l'approuva:&mdash;«Laissez faire,» dit-il,</div>
-<div class="verse i1">«François Sélim, c'est ainsi qu'on me nomme.</div>
-<div class="verse i1">»Nul mieux que moi, Dieu merci! ne sait comme</div>
-<div class="verse i1">»La tête on doit courber jusqu'au nombril,</div>
-<div class="verse i1">»Rabattre en arc les mains sur sa poitrine,</div>
-<div class="verse i1">»Se reculer, s'avancer à propos,</div>
-<div class="verse i1">»<i>Et cætera</i>; suffit: de ma doctrine</div>
-<div class="verse i1">»Tenez-vous sûrs et soyez en repos.</div>
-<div class="verse i1">»Vous me verrez à la mode Turquesque</div>
-<div class="verse i1">»Faire cent tours qui surprendront vos yeux;</div>
-<div class="verse i1">»Telle action vous paroîtra burlesque</div>
-<div class="verse i1">»Qui cache au fond sens très mystérieux.</div>
-<div class="verse i1">»Or en ceci la grande politique</div>
-<div class="verse i1">»Est de me suivre en tout d'un pas égal:</div>
-<div class="verse i1">»Souvenez-vous de cet avis unique,</div>
-<div class="verse i1">»Vous ne sauriez, me suivant, faire mal.»</div>
-<div class="verse i1">De point en point on promit de le suivre;</div>
-<div class="verse i1">On le suivit jusqu'au moindre <i>iota</i>.</div>
-<div class="verse i1">L'ambassadeur bien fort s'en contenta;</div>
-<div class="verse i1">Mais ce qui, plus que tout, le transporta,</div>
-<div class="verse i1">Fut qu'un Chrétien parlât Turc comme un livre.</div>
-<div class="verse i1">&mdash;«Il n'est,» dit-il, «assesseur du Divan,</div>
-<div class="verse i1">»Qui mieux que vous entende notre langue.</div>
-<div class="verse i1">»&mdash;Pas ne vous doit surprendre ma harangue,»</div>
-<div class="verse i1">Répond Sélim, «je suis né Musulman.</div>
-<div class="verse i1">»&mdash;Né Musulman? Vous l'êtes donc encore?</div>
-<div class="verse i1">»&mdash;Moi? point du tout. Je me suis converti,</div>
-<div class="verse i1">»Et c'est le Dieu des Chrétiens que j'adore.</div>
-<div class="verse i1">»&mdash;Ah! par Mahom! vous en avez menti,</div>
-<div class="verse i1">»Et Musulman jamais vous ne naquîtes,</div>
-<div class="verse i1">»Ou vous n'avez pas changé de parti.</div>
-<div class="verse i1">»Je ne puis croire au moins ce que vous dites,</div>
-<div class="verse i1">»Si je n'en vois un signe fort précis.</div>
-<div class="verse i1">»&mdash;A moi ne tienne!»&mdash;Êtes-vous circoncis?</div>
-<div class="verse i1">»&mdash;Vous allez voir.» Lors sa misère nue</div>
-<div class="verse i1">Le compagnon étale à découvert.</div>
-<div class="verse i1">Les Magistrats, à cette étrange vue,</div>
-<div class="verse i1">Quoique étonnés, pour n'être pris sans vert,</div>
-<div class="verse i1">Suivant leur guide, imitant sa posture,</div>
-<div class="verse i1">Firent leur cour en forme et sans tarder,</div>
-<div class="verse i1">Chacun selon le talent que nature,</div>
-<div class="verse i1">Petit ou grand, lui voulut accorder.</div>
-<div class="verse i1">L'ordre fut rare, et l'histoire rapporte</div>
-<div class="verse i1">Que l'Ottoman salué de la sorte,</div>
-<div class="verse i1">Crainte de pis, s'enfuit sans dire adieu.</div>
-<div class="verse i1">Tout au rebours les Donzelles du lieu</div>
-<div class="verse i1">Prirent grand goût à la cérémonie:</div>
-<div class="verse i1">Et telle fut leur jubilation,</div>
-<div class="verse i1">Que maintenant nulle ne se soucie</div>
-<div class="verse i1">De voir, après cette réception,</div>
-<div class="verse i1">Ambassadeur, s'il ne vient de Turquie.</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch61">LA COLÈRE NAÏVE</h3>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i1">Dans un verger, la friande Colette</div>
-<div class="verse i1">Au point du jour attendoit Augustin;</div>
-<div class="verse i1">Lucas la vit, et lui dit: «Ouais! poulette,</div>
-<div class="verse i1">»Que cherchez-vous en ce lieu si matin?</div>
-<div class="verse i1">»&mdash;Un nid, Lucas.&mdash;C'est bien fait, péronnelle,»</div>
-<div class="verse i1">Lui répondit le villageois rusé;</div>
-<div class="verse i1">«Mais pour le prendre où donc est votre échelle?</div>
-<div class="verse i1">»Tenez, tout franc, le détour est usé;</div>
-<div class="verse i1">»Vous cherchez&hellip; là&hellip; n'est-il pas vrai, ma belle?&hellip;»</div>
-<div class="verse i1">Poursuit Lucas, qui la voit se fâcher.</div>
-<div class="verse i1">&mdash;«Eh! oui, méchant, puisses-tu,» lui dit-elle,</div>
-<div class="verse i1">«Avoir perdu ce que je viens chercher!»</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch62">PARTANT QUITTE</h3>
-
-<p class="c">CONTE</p>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i1">Alain disoit: «Ma femme, écoute-moi:</div>
-<div class="verse i1">»Je t'avouerai qu'avant que d'être à toi,</div>
-<div class="verse i1">»Bien jeune encor, je fis une folie:</div>
-<div class="verse i1">»J'eus une fille; elle est, ma foi, jolie;</div>
-<div class="verse i1">»Prends-la chez toi, faute de nourrisson;</div>
-<div class="verse i1">»Je veux de toi qu'elle prenne leçon:</div>
-<div class="verse i1">»Tu l'aimeras, car elle te ressemble.</div>
-<div class="verse i1">»&mdash;Et moi, j'ai fait,» dit-elle, «un beau garçon;</div>
-<div class="verse i1">»Il nous faudra les marier ensemble.»</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch63">LE FIN MENTEUR</h3>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i2">En tremblant, un jour Éloi</div>
-<div class="verse i2">Fut chez un pharmacopole:</div>
-<div class="verse i2">«Sauf respect, je&hellip; voudrois&hellip;&mdash;Quoi?</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;De l'onguent pour la <i>vérole</i>.</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;Combien?&mdash;Deux onces, je croi.»</div>
-<div class="verse i2">Le voyant saisi d'effroi,</div>
-<div class="verse i2">Purgon lui dit:&mdash;«Ah! compère,</div>
-<div class="verse i2">»C'est pour toi, la chose est claire,</div>
-<div class="verse i2">»Car tu me parais bien sec.</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;Oh! non: c'est pour mon cher père</div>
-<div class="verse i2">»Qui veut me frotter avec.»</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch64">LE PARDON</h3>
-
-<p class="c">CONTE</p>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i1">A son voisin la gentille Isabelle</div>
-<div class="verse i2">Fut se plaindre de son époux,</div>
-<div class="verse i2">Qui toujours lui cherchoit querelle.</div>
-<div class="verse i2">&mdash;«Croyez-moi,» dit-il, «vengez-vous.»</div>
-<div class="verse i2">Le conseil plut fort à la belle;</div>
-<div class="verse">Le galant fut choisi pour servir son courroux.</div>
-<div class="verse">A chaque heure du jour, c'étoit nouvelle plainte;</div>
-<div class="verse">Notre couple à l'envi signaloit son ardeur;</div>
-<div class="verse i2">Mais la colère du vengeur</div>
-<div class="verse i2">En moins de huit jours fut éteinte:</div>
-<div class="verse i2">De tout on se lasse à la fin.</div>
-<div class="verse">La belle, que toujours la vengeance aiguillonne,</div>
-<div class="verse i2">Six fois fut se plaindre un matin:</div>
-<div class="verse i2">&mdash;«Oh! pour le coup,» dit le voisin,</div>
-<div class="verse i2">«Je suis Chrétien, je lui pardonne.»</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch65">LE MENSONGE ÉVIDENT</h3>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i1">En bavolet, en simple jupon court.</div>
-<div class="verse i1">Sur son balcon dame Alix appuyée</div>
-<div class="verse i2">Lorgnoit les passants un beau jour.</div>
-<div class="verse i1">Depuis longtemps, aux mystères d'amour</div>
-<div class="verse i2">La belle étoit initiée.</div>
-<div class="verse i2">Un sien neveu, nommé Valcour,</div>
-<div class="verse i1">Garçon alerte et d'assez bonne mise,</div>
-<div class="verse i1">Entre en sa chambre; il la voit, et soudain</div>
-<div class="verse i2">Le fripon sent naître en son sein</div>
-<div class="verse i2">Un mouvement de paillardise;</div>
-<div class="verse">Si bien que derrière elle il se glisse sans bruit,</div>
-<div class="verse">Soulève le jupon d'une main libertine,</div>
-<div class="verse i2">Et puis, ainsi qu'on l'imagine,</div>
-<div class="verse i2">S'ajuste, pousse et s'introduit.</div>
-<div class="verse i2">&mdash;«Eh! mais, voyez l'extravagance!»</div>
-<div class="verse i2">Dit Alix à notre éventé;</div>
-<div class="verse i2">«Valcour&hellip; vous me foutez, je pense?&hellip;</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;Moi? non, ma tante, en vérité&hellip;</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;Comment, non, coquin que vous êtes?</div>
-<div class="verse i2">»Ne sens-je pas ce que vous faites?</div>
-<div class="verse">»Et vous l'osez nier! c'est par trop fort aussi&hellip;</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;Vous êtes donc bien mécontente?»</div>
-<div class="verse i2">Dit Lindor d'un ton radouci;</div>
-<div class="verse i2">«Eh bien! je vais m'ôter, ma tante,</div>
-<div class="verse i2">»Si vous voulez.&mdash;Non, restez-y:</div>
-<div class="verse i2">»Mais je n'aime pas que l'on mente.»</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch66">LA MÉTAMORPHOSE</h3>
-
-<p class="c">CONTE ÉPIGRAMMATIQUE</p>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i2">Gertrude à vingt ans fut jolie;</div>
-<div class="verse i2">Elle avoit deux petits tetons</div>
-<div class="verse i2">Qu'Ariste aimoit à la folie,</div>
-<div class="verse i2">Et nommoit ses petits fripons.</div>
-<div class="verse i2">Ariste fit un long voyage,</div>
-<div class="verse i2">Et revint après vingt-cinq ans,</div>
-<div class="verse i2">Je laisse à penser quel ravage</div>
-<div class="verse i2">Chez Gertrude avoit fait le temps!</div>
-<div class="verse i2">Sur les fripons, par habitude,</div>
-<div class="verse i2">Ariste jeta ses regards:</div>
-<div class="verse i2">«Ah! mes petits fripons, Gertrude,</div>
-<div class="verse i2">»Sont devenus de grands pendards!»</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch67">LE MALADROIT</h3>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i1">Certain benêt voulant fêter sa femme,</div>
-<div class="verse i1">Point ne pouvoit attraper le milieu.</div>
-<div class="verse i1">«Trop haut! trop bas!» lui répétoit la Dame.</div>
-<div class="verse i1">«&mdash;Y suis-je?&mdash;Non!&mdash;Pour le mettre en son lieu,</div>
-<div class="verse i1">»Ma chère Alix, ton aide je réclame.</div>
-<div class="verse i1">»&mdash;Quoi! ne pouvez,» lui dit-elle en courroux,</div>
-<div class="verse i1">«Trouver ce que cherchez depuis une heure?</div>
-<div class="verse i1">»C'est pourtant là l'office d'un époux!</div>
-<div class="verse i1">»J'enrage: point ne connois, ou je meure!</div>
-<div class="verse i1">»D'homme qui soit plus maladroit que vous!»</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch68">LE PLAISIR SANS REMORDS</h3>
-
-<p class="c">CONTE</p>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i2">Le vieux Cassandre est un compère,</div>
-<div class="verse i2">Qui malgré son âge, la nuit,</div>
-<div class="verse i2">Quelquefois encor fait du bruit;</div>
-<div class="verse i2">Et sa Pernelle une commère,</div>
-<div class="verse i2">Qui, sans mentir, entre deux draps,</div>
-<div class="verse i2">A son mari ne cède guère.</div>
-<div class="verse i2">La nuit surtout du Mardi-gras,</div>
-<div class="verse i2">Ils s'amusèrent&hellip; voici comme:</div>
-<div class="verse i2">A son lit Cassandre montant,</div>
-<div class="verse i2">Vint à faire un&hellip; cela s'entend&hellip;</div>
-<div class="verse i2">Pernelle, alors au premier somme,</div>
-<div class="verse i2">Que ce bruit éveille à l'instant,</div>
-<div class="verse i2">Se met à rire, à rire tant,</div>
-<div class="verse i2">Qu'elle en fait elle-même autant.</div>
-<div class="verse i2">Vous jugez bien que le bonhomme</div>
-<div class="verse i2">Riposta bientôt d'un second:</div>
-<div class="verse i2">Pernelle aussitôt lui répond.</div>
-<div class="verse i2">Cassandre veut, quoi qu'il en coûte,</div>
-<div class="verse i2">Par un nouveau lui répartir;</div>
-<div class="verse i2">Mais&hellip; le sommeil le prend en route.</div>
-<div class="verse i2">Après tant de plaisir, sans doute,</div>
-<div class="verse i2">Il est bien permis de dormir.</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch69">LES DEUX CLYSTÈRES</h3>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i2">Cloris, tandis qu'à votre père,</div>
-<div class="verse i2">Diafoirus donne un clystère,</div>
-<div class="verse">Vous en recevez un d'un jeune Praticien:</div>
-<div class="verse">Mais que ces anodins diffèrent l'un de l'autre!</div>
-<div class="verse">Votre père à l'instant est délivré du sien,</div>
-<div class="verse">Et vous ne la serez que dans neuf mois du vôtre.</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch70">LE DOUBLE AVEU</h3>
-
-<p class="c">CONTE</p>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i1">Un grand Seigneur, frappé de mort subite,</div>
-<div class="verse i1">Droit aux enfers fut conduit au plus vite.</div>
-<div class="verse i1">Du Styx à peine il eut touché le bord,</div>
-<div class="verse i1">Que son cocher s'offre à ses yeux d'abord.</div>
-<div class="verse i1">&mdash;«Vous, Monseigneur, dans ce lieu de souffrance?</div>
-<div class="verse i1">»Puis-je savoir quel crime, quelle offense?&hellip;</div>
-<div class="verse i1">»&mdash;Mon cher Vincent, j'ai tout sacrifié</div>
-<div class="verse i1">»Pour enrichir le fils que ma moitié,</div>
-<div class="verse i1">»Cette adorable et vertueuse femme,</div>
-<div class="verse i1">»M'avoit donné, seul gage de sa flamme.</div>
-<div class="verse i1">»Mais toi, Vincent, quel est donc le sujet</div>
-<div class="verse i1">»De ton malheur? Toi, sage domestique?&hellip;</div>
-<div class="verse i1">»&mdash;Ah! Monseigneur, ce maudit fils unique,</div>
-<div class="verse i1">»Hélas! je suis ici pour l'avoir fait.»</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch71">LES SOULIERS</h3>
-
-<p class="c">CONTE</p>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse">De tous ses amoureux, Babet, dans son printemps,</div>
-<div class="verse">Exigeoit, pour le prix de ses faveurs secrètes,</div>
-<div class="verse">Deux paires de souliers: aujourd'hui les grisettes</div>
-<div class="verse">Rougiroient d'accepter de si minces présents.</div>
-<div class="verse">Babet s'en contentoit, souliers alloient pleuvants.</div>
-<div class="verse">L'or, quand on est jolie, est fugace, il va vite:</div>
-<div class="verse">On le gagne aisément, on le ménage peu;</div>
-<div class="verse">Babet l'avoit senti; souliers restoient au gîte,</div>
-<div class="verse">Ils devenoient ressource. On conçoit qu'à ce jeu</div>
-<div class="verse i2">Fallut bientôt à la commère,</div>
-<div class="verse">Pour loger les souliers, une maison entière.</div>
-<div class="verse">Le cuir haussa de prix: le Prince le taxa,</div>
-<div class="verse">Mainte bourse s'emplit, maint fermier s'engraissa;</div>
-<div class="verse i2">Tel est chez nous le train des choses,</div>
-<div class="verse">Toujours les grands effets ont de petites causes.</div>
-<div class="verse i2">Babet vieillit, le cuir baissa;</div>
-<div class="verse i2">Adieu vous dit joli visage,</div>
-<div class="verse i2">Taille fine, élégant corsage,</div>
-<div class="verse i2">Enfin adieu tous ses appas!</div>
-<div class="verse">L'âge a beau nous rider, il ne nous change pas.</div>
-<div class="verse">On se travaille en vain, le goût reste le même.</div>
-<div class="verse i2">Celui de Babet pour l'amour,</div>
-<div class="verse">Bien loin de s'affoiblir, avoit crû chaque jour.</div>
-<div class="verse i2">Que faire en ce besoin extrême?</div>
-<div class="verse">Le temps de but à but étoit plus que passé,</div>
-<div class="verse">Il fallut des souliers implorer l'assistance:</div>
-<div class="verse i2">Grâce à sa sage prévoyance,</div>
-<div class="verse">L'Amant venu nus pieds, s'en retournait chaussé;</div>
-<div class="verse">Elle habilla par bas les deux tiers de Florence.</div>
-<div class="verse">Sur quoi certain voisin, d'elle un jour s'enquérant</div>
-<div class="verse">De ce tas de souliers qu'elle alloit répandant,</div>
-<div class="verse">Babet que le métier n'avait point rendu fausse,</div>
-<div class="verse">Lui dit:&mdash;«Mon cher ami, l'hiver vit de l'été.</div>
-<div class="verse">»Je rends à mes Amants ce qu'ils m'avoient prêté:</div>
-<div class="verse i2">»Je les déchaussois, je les chausse.»</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch72">QUI PERD GAGNE</h3>
-
-<p class="c">CONTE</p>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i2">«Jeanne, va fermer la targette,»</div>
-<div class="verse">Disoit, en s'endormant, Lucas à sa moitié.</div>
-<div class="verse i2">&mdash;«Vas-y, toi,» répondit Jeannette;</div>
-<div class="verse i2">«L'homme est fait pour être sur pié,</div>
-<div class="verse">»La femme pour dormir.&mdash;Que je sois estropié</div>
-<div class="verse">»Si j'y vais!» dit Lucas.&mdash;«Que le Diable m'emporte</div>
-<div class="verse">»Si j'y vais!» dit Jeannette.&mdash;«On ouvrira la porte.</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;Je m'en gausse.&mdash;Et moi je m'en ris.</div>
-<div class="verse">»J'encague les voleurs, je n'ai pas une obole.</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;Et si l'on te prend tes habits?</div>
-<div class="verse">»&mdash;Je resterai couché, c'est ce qui me console.</div>
-<div class="verse">»&mdash;Oh çà! tiens, mon mari, convenons entre nous:</div>
-<div class="verse">»Celui qui lâchera la première parole</div>
-<div class="verse">»Ira verrouiller l'huis.&mdash;Tope,» reprit l'époux,</div>
-<div class="verse">«Je suis muet, bonsoir!&mdash;Moi, j'ai la langue morte!»</div>
-<div class="verse">Pendant que nos époux disputoient de la sorte,</div>
-<div class="verse">Auprès de leur logis certain Carme passoit;</div>
-<div class="verse i2">Le vent éteignit sa bougie.</div>
-<div class="verse">Comme au travers de l'huis leur lampe paraissoit,</div>
-<div class="verse i2">Mon gaillard, disciple d'Élie,</div>
-<div class="verse">Frappe; on ne répond point. Il baisse le loquet:</div>
-<div class="verse">&mdash;«Pardon! de votre somme, amis, je vous dérange;</div>
-<div class="verse">»Mais mon abord céans ne doit vous alarmer:</div>
-<div class="verse">»Ma bougie est éteinte, et je viens l'allumer.»</div>
-<div class="verse">Mot. «Holà!» dit le Moine, à cet accueil étrange;</div>
-<div class="verse i2">«M'entendez-vous, mes bonnes gens?</div>
-<div class="verse">»Je n'ai, je le répète, aucuns desseins méchants.»</div>
-<div class="verse">Mot encore. Il s'avance; il voit deux grosses faces,</div>
-<div class="verse">Qui, les yeux bien ouverts, rioient entre leurs dents.</div>
-<div class="verse i2">Jeanne comptoit au plus vingt ans:</div>
-<div class="verse i2">Le Frocard lui trouva des grâces.</div>
-<div class="verse">Son visage, ses traits, lui semblèrent piquants:</div>
-<div class="verse">On est à peu de frais aimable aux yeux d'un Moine;</div>
-<div class="verse">Il n'est belle ou laidron, qui ne lui soit idoine.</div>
-<div class="verse i2">Le Carme, encor qu'il fût perplex,</div>
-<div class="verse">Jugeant que ce silence étoit une gageure,</div>
-<div class="verse">Résolut in petto de pousser l'aventure.</div>
-<div class="verse">Un teton paroissoit, il y porte l'index:</div>
-<div class="verse">Le mari reste coi, la femme se résigne.</div>
-<div class="verse i2">Réduit à pérorer par signe,</div>
-<div class="verse i2">Le grivois parla puissamment.</div>
-<div class="verse i2">Or, voilà, je ne sais comment,</div>
-<div class="verse">Que d'abord près du lit, le Jean-chouart du Frère</div>
-<div class="verse">Tôt après fut dedans: oh! jugez de la chère!</div>
-<div class="verse i2">Lucas voyoit et souffroit tout.</div>
-<div class="verse i2">Plus discrète qu'on ne peut dire,</div>
-<div class="verse">Jeanne, bien qu'on poussât sa patience à bout,</div>
-<div class="verse i2">N'eût pas parlé pour un Empire.</div>
-<div class="verse">Le moine se montra digne enfant du Carmel,</div>
-<div class="verse i2">Fort affamé, peu sensuel.</div>
-<div class="verse">Le temps vient de partir, mon gaillard fit retraite.</div>
-<div class="verse">Il n'étoit pas sorti, que la dame Jeannette</div>
-<div class="verse i2">Chanta goguette à son époux:</div>
-<div class="verse">«Voyez ce gueux,» dit-elle, en feignant du courroux,</div>
-<div class="verse">«De me laisser manquer de semblable manière!</div>
-<div class="verse">»Et par un Moine encor! je suis d'une colère!&hellip;</div>
-<div class="verse">»Va, je me vengerai, je te le garantis.</div>
-<div class="verse">»&mdash;Femme,» répond Lucas, «allez verrouiller l'huis:</div>
-<div class="verse i2">»Vous avez parlé la première!»</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch73">IN-PROMPTU</h3>
-
-<p class="c">PARODIE D'UN COUPLET DES AMOURS D'ÉTÉ</p>
-
-<p class="c">Sur l'air: <i>En plein, plan.</i></p>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i2">Qu'une vérole est amère,</div>
-<div class="verse i2">Et q'c'est méchante affaire!</div>
-<div class="verse i2">Je l'ai bien pour mes six francs,</div>
-<div class="verse i4">En plein, plan,</div>
-<div class="verse i2">Rlan, tan, plan, tirelire,</div>
-<div class="verse i5">Lan, plan.</div>
-<div class="verse i2">Il y a des bien honnêt's gens,</div>
-<div class="verse i2">Qu'en ont une plus chère.</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch74">L'EXCUSE INGÉNIEUSE</h3>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse">Dans un endroit obscur, trouvant une Duchesse,</div>
-<div class="verse">Un jeune Mousquetaire osa porter la main</div>
-<div class="verse i2">Sous le jupon de son Altesse.</div>
-<div class="verse i2">Elle jette un cri, c'est en vain:</div>
-<div class="verse i1">Mon étourdi, qu'un vif aiguillon presse,</div>
-<div class="verse i2">Jusques au bout allant son train,</div>
-<div class="verse i2">Claquoit et reclaquoit sans cesse.</div>
-<div class="verse i2">«Finirez-vous donc, libertin?</div>
-<div class="verse">»A moi quelqu'un! la Fleur, Champagne, la Jeunesse!»</div>
-<div class="verse">Ces Messieurs, qui buvoient au Cabaret voisin,</div>
-<div class="verse i1">N'entendoient pas la voix de leur Maîtresse.</div>
-<div class="verse i1">Mon polisson lâche prise à la fin.</div>
-<div class="verse i1">&mdash;«Ah! malheureux, tu payeras demain</div>
-<div class="verse i1">»Ce trait d'audace et de scélératesse:</div>
-<div class="verse i2">»Crois que ton trépas est certain!</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;Pardonnez un moment d'ivresse,»</div>
-<div class="verse">Reprit le Mousquetaire avec un air serein;</div>
-<div class="verse i2">«J'ai fait sans doute une sottise,</div>
-<div class="verse i2">»Et vous m'en voyez confondu:</div>
-<div class="verse i2">»Que voulez-vous que je vous dise?</div>
-<div class="verse i2">»Las! je suis un homme foutu,</div>
-<div class="verse">»Si vous avez le c&oelig;ur aussi dur que le cu!»</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch75">L'OBSERVATEUR EN SECOND</h3>
-
-<p class="c">OU L'ART D'AIMER</p>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse">J'ai vu dans les Écrits d'un grand Observateur,</div>
-<div class="verse">Émule d'Hamilton et Poëte des Grâces,</div>
-<div class="verse">Le véritable sens que l'on donne au mot <i>c&oelig;ur</i>.</div>
-<div class="verse">En admirant B&hellip; j'ai marché sur ses traces.</div>
-<div class="verse i2">Or, écoutez, ami Lecteur,</div>
-<div class="verse">Et vous saurez de moi ce qu'il vous faut entendre</div>
-<div class="verse">Alors que la beauté qui vous a su charmer</div>
-<div class="verse i1">Vous avoûra d'une voix douce et tendre,</div>
-<div class="verse i2">Qu'elle vous permet de l'aimer.</div>
-<div class="verse"><i>Aimer</i> n'est pas un mot de sens tout à fait vide:</div>
-<div class="verse">Anacréon, Properce et le galant Ovide</div>
-<div class="verse">Employèrent souvent ce mot-là comme il faut.</div>
-<div class="verse i1">Devinez donc ce que pense une Dame</div>
-<div class="verse i1">Dont les attraits sont par l'âge effacés,</div>
-<div class="verse">Quand elle vient se plaindre, en nous vantant sa flamme,</div>
-<div class="verse">Que Monsieur son époux ne l'aime point assez?</div>
-<div class="verse">Qu'une fille me plaît, qu'elle est intéressante,</div>
-<div class="verse">Quand le besoin d'aimer en secret la tourmente!</div>
-<div class="verse">Comme elle je ressens ce besoin, ces ardeurs;</div>
-<div class="verse">Pourquoi ne pas unir nos besoins et nos c&oelig;urs?</div>
-<div class="verse">Elle diroit bientôt, d'une voix expirante:</div>
-<div class="verse">Ah! quand on aime bien, qu'on goûte de douceurs!</div>
-<div class="verse">Mais n'aime pas qui veut, c'est là ce qui me fâche!</div>
-<div class="verse">Tantôt bien, tantôt mal, on remplit cette tâche:</div>
-<div class="verse">J'en vois même plusieurs, que je saurois nommer,</div>
-<div class="verse">Qui, malgré leurs efforts, ne peuvent plus aimer.</div>
-
-<div class="verse stanza">Mélidore adoroit (on verra par la suite</div>
-<div class="verse">Qu'ici tout autre mot ne peut être adopté),</div>
-<div class="verse i2">Adoroit donc une beauté</div>
-<div class="verse i2">Dans l'art d'aimer assez instruite;</div>
-<div class="verse i2">Notre amant jeune et sans détour,</div>
-<div class="verse i2">Dans cet art charmant vrai novice,</div>
-<div class="verse">Depuis plus de six mois qu'il étoit au supplice,</div>
-<div class="verse">N'avoit encore osé déclarer son amour.</div>
-<div class="verse">Aux pieds de Lise enfin il se jette un beau jour,</div>
-<div class="verse i2">Et pour lui peindre son martyre,</div>
-<div class="verse">Pousse de grands Hélas! verse des pleurs, soupire,</div>
-<div class="verse i2">Veut lui parler et reste court.</div>
-<div class="verse">L'amante, en le voyant, pensa crever de rire,</div>
-<div class="verse">Et sans prendre pitié du trouble qu'elle inspire,</div>
-<div class="verse">De l'amant à ses pieds, ni de son embarras,</div>
-<div class="verse">Lui répond froidement:&mdash;«Non, vous ne m'aimez pas.</div>
-<div class="verse">»&mdash;Je ne vous aime pas?&hellip; L'amour le plus sincère</div>
-<div class="verse">»N'est-il donc à vos yeux qu'une vaine chimère?</div>
-<div class="verse">»Quand je brûle d'un feu qui ne peut s'exprimer,</div>
-<div class="verse">»Quand tout mon sang pour vous&hellip;&mdash;Ce n'est pas là m'aimer,</div>
-<div class="verse i2">»Et moi, je prétends que l'on m'aime.</div>
-<div class="verse">»&mdash;Je vous l'ai déjà dit, ma tendresse est extrême;</div>
-<div class="verse">»Votre volonté seule est ma suprême loi;</div>
-<div class="verse">»De grâce, commandez.&mdash;Eh bien donc, aimez-moi!»</div>
-<div class="verse">Désespéré, confus, notre amant se retire;</div>
-<div class="verse">D'abord il veut se pendre, et puis il réfléchit</div>
-<div class="verse">Que ce seroit tomber d'un malheur dans un pire.</div>
-<div class="verse i2">Ensuite il cherche en son esprit</div>
-<div class="verse">Le sens de chaque mot, et ce qu'Églé veut dire?</div>
-<div class="verse i2">L'Amour enfin daigne l'instruire:</div>
-<div class="verse">Avec un si grand Maître une leçon suffit.</div>
-<div class="verse">Quelques jours écoulés, il vole chez sa Dame,</div>
-<div class="verse">Plein d'espoir et surtout bien résolu dans l'âme,</div>
-<div class="verse">De mettre, s'il se peut, la leçon à profit.</div>
-<div class="verse">Il entre&hellip; Il la voit seule&hellip; Il prend un peu d'audace&hellip;</div>
-<div class="verse">Et fit&hellip; ce que j'aurois voulu faire à sa place.</div>
-<div class="verse i2">Pendant les amoureux ébats,</div>
-<div class="verse i2">L'Amant disoit à sa Maîtresse:</div>
-<div class="verse">«Peux-tu te plaindre encor que je ne t'aime pas?</div>
-<div class="verse i2">»Peux-tu douter de ma tendresse?»</div>
-<div class="verse">La belle lui repart:&mdash;«Non, le fait est certain,</div>
-<div class="verse">»Tu m'aimes maintenant, j'en ai la preuve en main.»</div>
-</div>
-
-<div class="section"></div>
-<h3 id="ch76">ÉPIGRAMME CONTRE UN SOT POLITIQUE</h3>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i2">Des Gazettes de la Tamise,</div>
-<div class="verse i2">Quand tu saurois le résultat,</div>
-<div class="verse">Faudroit-il te vanter d'être, comme un Moïse,</div>
-<div class="verse">Savant dans le métier que fait un Potentat?</div>
-<div class="verse">Ta femme me l'a dit: ta sottise est sans bornes,</div>
-<div class="verse">Et si tu ressemblois à cet homme d'État,</div>
-<div class="verse i2">Ce ne seroit que par les cornes.</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch77">LE CURÉ COMPLAISANT</h3>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i2">«Lisez tout bas ce guide-âne,</div>
-<div class="verse i2">»Monsieur, vous m'épouvantez;</div>
-<div class="verse i2">»Ah! quels grands mots! Libertés&hellip;</div>
-<div class="verse i2">»De l'Église Gallicane!</div>
-<div class="verse i2">»Comment! je crois, Dieu me damne!</div>
-<div class="verse i2">»Que je les ai répétés.</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;Venez sur cette Ottomane,</div>
-<div class="verse i2">»Prendre place à mes côtés.</div>
-<div class="verse i2">»Or, maintenant, écoutez:</div>
-<div class="verse i2">»Levez ce jupon de panne,</div>
-<div class="verse i2">»Et sur le dos vous mettez;</div>
-<div class="verse i2">»Les deux cuisses écartez:</div>
-<div class="verse i2">»Moi, j'entr'ouvre ma soutane&hellip;</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;Je crois que vous me foutez?</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;Non, c'est pour vous montrer, Jeanne,</div>
-<div class="verse i2">»Ce qu'on nomme Libertés</div>
-<div class="verse i2">»De l'Église Gallicane.»</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch78">ÉPIGRAMME</h3>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse">Un auteur, dont le nom passera d'âge en âge,</div>
-<div class="verse i2">Montrant un jour son fils, disoit:</div>
-<div class="verse i2">«Voilà mon plus mauvais ouvrage.</div>
-<div class="verse">»&mdash;Monsieur,» reprit Damon, caustique personnage,</div>
-<div class="verse i2">«Est-il sûr que vous l'ayez fait?»</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch79">LA QUESTION RÉSOLUE</h3>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i2">Trois rivaux voyant leur maîtresse</div>
-<div class="verse i2">Que l'on vient de blesser au sein,</div>
-<div class="verse i2">Aussitôt l'un tombe en faiblesse;</div>
-<div class="verse i2">L'autre court après l'assassin;</div>
-<div class="verse i2">Le troisième bande la plaie.</div>
-<div class="verse i2">Par ce moyen chacun essaie</div>
-<div class="verse i2">De montrer qui l'aime le mieux.</div>
-<div class="verse i2">Si mon avis on me demande,</div>
-<div class="verse i2">Je répondrois qu'il saute aux yeux:</div>
-<div class="verse i2">Car je suis pour celui qui bande.</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch80">LE FAGOT</h3>
-
-<p class="c">CONTE</p>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse">Deux nouveaux mariés font le sujet du conte.</div>
-<div class="verse i2">Tous deux, jeunes, s'aimoient tous deux;</div>
-<div class="verse i2">Mais un débat s'émut entre eux.</div>
-<div class="verse i2">Il étoit vif, elle étoit prompte.</div>
-<div class="verse">Un semblable débat fut autrefois, dit-on,</div>
-<div class="verse i2">Entre Jupiter et Junon:</div>
-<div class="verse i2">Mais Junon de dépit saisie</div>
-<div class="verse i2">Ne tarda guère à se venger</div>
-<div class="verse i2">Du jugement de Tirésie.</div>
-<div class="verse i2">Une femme, pour bien juger,</div>
-<div class="verse i2">Veut qu'on juge à sa fantaisie.</div>
-<div class="verse">Nos deux jeunes époux étoient donc courroucés,</div>
-<div class="verse">De quoi? D'être trop peu la nuit en paix laissés,</div>
-<div class="verse i2">De dormir trop peu l'un et l'autre:</div>
-<div class="verse i2">«Est-ce ma faute?&mdash;C'est la vôtre.</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;N'est-ce pas vous qui me pincez?</div>
-<div class="verse i2">»&mdash;N'est-ce pas vous qui m'agacez?»</div>
-<div class="verse">Telle étoit chaque jour leur plainte mutuelle;</div>
-<div class="verse">Mais ils n'avoient qu'un lit, ce n'étoit pas assez</div>
-<div class="verse i2">Pour mettre fin à leur querelle.</div>
-<div class="verse i2">&mdash;«Eh bien! pour vous montrer,» dit-elle,</div>
-<div class="verse i2">»Que je ne veux vous dire mot,</div>
-<div class="verse i2">»Mettons entre nous un fagot.»</div>
-<div class="verse">Là-dessus la nuit vient, sème le ciel d'étoiles,</div>
-<div class="verse">Et couvre l'univers de ses plus sombres voiles;</div>
-<div class="verse">Tout invite au sommeil, et le fagot se met</div>
-<div class="verse">Pour garant du repos que chacun se promet.</div>
-<div class="verse">Le couple conjugal dormit comme une souche.</div>
-<div class="verse">Mais quand de tous ses sens l'usage suspendu</div>
-<div class="verse">Après un long sommeil lui fut enfin rendu,</div>
-<div class="verse">L'épouse, vers l'époux nonchalamment tournée,</div>
-<div class="verse i1">Lui dit: «Au moins vous ne vous plaindrez pas</div>
-<div class="verse">»Que de votre repos je ne fais point de cas.</div>
-<div class="verse">»&mdash;Et moi,» répond l'époux, «vous ai-je importunée?»</div>
-<div class="verse">A la seconde nuit, c'est à recommencer.</div>
-<div class="verse i2">Le fagot revient se placer.</div>
-<div class="verse i2">«Bonsoir, mon c&oelig;ur.&mdash;Bonsoir, m'amie.»</div>
-<div class="verse i2">Au milieu de la nuit pourtant</div>
-<div class="verse i2">L'épouse assez mal endormie,</div>
-<div class="verse i2">Se tourne et se retourne tant,</div>
-<div class="verse">Que le fagot la pique, et qu'elle se récrie:</div>
-<div class="verse">«Peste soit du fagot, et de qui l'a planté!»</div>
-<div class="verse">L'époux, que le fagot n'avoit pas bien traité,</div>
-<div class="verse i2">&mdash;«Qu'avez-vous,» dit-il, «je vous prie,</div>
-<div class="verse i2">»A tant pousser de mon côté?</div>
-<div class="verse">»Le fagot, grâce à vous, m'a fort mal ajusté.</div>
-<div class="verse">»&mdash;Mon Dieu!» cria l'épouse, alors toute attendrie,</div>
-<div class="verse">«Que je voie&hellip;» et pour voir le fagot fut ôté.</div>
-<div class="verse">Mais elle ne vit rien qu'une certaine épine&hellip;</div>
-<div class="verse">Lors prenant et serrant son époux dans ses bras:</div>
-<div class="verse i2">&mdash;«Mon ami,» lui dit la coquine,</div>
-<div class="verse">«Pour te venger, au lieu de me faire la mine,</div>
-<div class="verse i2">»Pique-moi tant que tu pourras!»</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch81">LA DEMANDE SINGULIÈRE</h3>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i1">Au temps prescrit par notre mère Église,</div>
-<div class="verse i1">Chez son évêque un jeune rustre alla;</div>
-<div class="verse i1">Puis il lui dit: «Monseigneur, me voilà;</div>
-<div class="verse i1">»J'ai nom Jacquot, baillez-moi la prêtrise.»</div>
-<div class="verse i1">Le Prélat rit et lui répond:&mdash;«Nigaud,</div>
-<div class="verse i1">»Crois-tu mener si vite cette affaire?</div>
-<div class="verse i1">»Va, mon enfant, pour être prêtre, il faut</div>
-<div class="verse i1">»Qu'un homme ait fait trois ans de Séminaire.»</div>
-<div class="verse i1">Jacquot repart:&mdash;«Je le sais, mais aussi</div>
-<div class="verse i1">»Informez-vous de tout notre village:</div>
-<div class="verse i1">»Mon père étoit vicaire, et, Dieu merci!</div>
-<div class="verse i1">»Tout fils de maître est franc d'apprentissage.»</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch82">L'AVOCAT RAISONNABLE</h3>
-
-<p class="drap italic">Un Avocat, revenant dans son logis après deux ans d'absence,
-y retrouva un gros garçon qu'il ne croyoit pas avoir laissé;
-au lieu de s'emporter contre sa femme, il fit l'in-promptu
-suivant:</p>
-
-<p class="c">IN-PROMPTU</p>
-
-<p class="c">Air: <i>Du Vaudeville de la Rosière.</i></p>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i2">Sur cet article délicat,</div>
-<div class="verse i2">Un autre courroit au grimoire;</div>
-<div class="verse i2">Mais moi, comme un franc Avocat,</div>
-<div class="verse i2">C'est la loi que je veux en croire;</div>
-<div class="verse i2">Or si je consulte la Loi,</div>
-<div class="verse i2">L'enfant de ma femme est à moi.</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">Je sais bien qu'avant mon départ,</div>
-<div class="verse i2">Madame écoutoit les fleurettes,</div>
-<div class="verse i2">Et qu'elle avoit sa bonne part</div>
-<div class="verse i2">Du foible qu'on donne aux coquettes;</div>
-<div class="verse i2">Mais si je consulte la Loi,</div>
-<div class="verse i2">L'enfant de ma femme est à moi.</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">Plus je regarde le poupon,</div>
-<div class="verse i2">Moins je trouve qu'il me ressemble:</div>
-<div class="verse i2">Il a la bouche de Cliton,</div>
-<div class="verse i2">Ses yeux, son nez: aye! aye! je tremble;</div>
-<div class="verse i2">Mais si je consulte la Loi,</div>
-<div class="verse i2">L'enfant de ma femme est à moi.</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">Sur un doute pareil au mien,</div>
-<div class="verse i2">Rondon plaida sa ménagère,</div>
-<div class="verse i2">A cela que gagna-t-il? Rien.</div>
-<div class="verse i2">Le juge dit au pauvre hère:</div>
-<div class="verse i2">«Va-t'en donc consulter la Loi,</div>
-<div class="verse i2">»L'enfant de ta femme est à toi.»</div>
-
-<div class="verse i2 stanza">Tous les jours, j'en suis convaincu,</div>
-<div class="verse i2">Le plus galant homme peut être</div>
-<div class="verse i2">Ce que l'on appelle cocu;</div>
-<div class="verse i2">Mais, sans chercher à le paroître,</div>
-<div class="verse i2">Il dit: «N'écoutons que la Loi,</div>
-<div class="verse i2">»L'enfant de ma femme est à moi.»</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch83">COUPLET A MADEMOISELLE ***</h3>
-
-<p class="c">Air: <i>Du Vaudeville d'Epicure.</i></p>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i2">C'est peu d'être jeune et jolie:</div>
-<div class="verse i2">Sans l'amour, que sert la beauté?</div>
-<div class="verse i2">Pour être une fille accomplie,</div>
-<div class="verse i2">Il faut un peu de volupté.</div>
-<div class="verse i2">Victoire, soyez moins sévère,</div>
-<div class="verse i2">Le plaisir n'est que dans vos yeux:</div>
-<div class="verse i2">Si vous voulez me laisser faire,</div>
-<div class="verse i2">Je le logerai beaucoup mieux.</div>
-</div>
-
-
-<h3 id="ch84">L'ÉPOUSE NAÏVE</h3>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse i2">Blaise aimoit certaine donzelle.</div>
-<div class="verse i1">Il l'épousa. Dès la première nuit,</div>
-<div class="verse i2">En la caressant, il lui dit:</div>
-<div class="verse">«J'ai peur que nos plaisirs dans quelque temps, ma belle,</div>
-<div class="verse i2">»Ne te causent bien du tourment&hellip;</div>
-<div class="verse">»&mdash;Ne crains rien,» lui répond la naïve femelle;</div>
-<div class="verse i2">«Blaise, j'accouche heureusement.»</div>
-</div>
-
-
-<p class="c gap">FIN</p>
-
-
-
-
-<h2>TABLE</h2>
-
-
-<table summary="">
-<tr>
-<td class="drap"><span class="sc">Avis de l'Éditeur</span></td>
-<td class="num"><a href="#avis"><small>V</small></a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap pad-top"><span class="sc">A ma Commère</span></td>
-<td class="num pad-top"><a href="#ch1">1</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap pad-top">La Femme sans chose</td>
-<td class="num pad-top"><a href="#ch2">5</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">La Croyance fondée</td>
-<td class="num"><a href="#ch3">12</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">La Déclaration militaire</td>
-<td class="num"><a href="#ch4">13</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">La Réponse sensée</td>
-<td class="num"><a href="#ch5">15</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">La Plainte injuste</td>
-<td class="num"><a href="#ch6">16</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">Badinage in-promptu</td>
-<td class="num"><a href="#ch7">17</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">La Belle accommodante</td>
-<td class="num"><a href="#ch8">17</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">In-promptu</td>
-<td class="num"><a href="#ch9">18</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">Couplet</td>
-<td class="num"><a href="#ch10">18</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">Bouquet à Mademoiselle ***</td>
-<td class="num"><a href="#ch11">19</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">La Rage d'amour</td>
-<td class="num"><a href="#ch12">19</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">Le Prétendu malin</td>
-<td class="num"><a href="#ch13">20</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">La Gageure</td>
-<td class="num"><a href="#ch14">21</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">Le Paiement d'avance</td>
-<td class="num"><a href="#ch15">21</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">Impromptu</td>
-<td class="num"><a href="#ch16">24</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">La Calomnie foudroyée</td>
-<td class="num"><a href="#ch17">24</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">La Fente</td>
-<td class="num"><a href="#ch18">25</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">Le Repentir sincère</td>
-<td class="num"><a href="#ch19">27</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">L'Armure de Vénus</td>
-<td class="num"><a href="#ch20">27</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">A ma Maîtresse</td>
-<td class="num"><a href="#ch21">28</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">Les Désolations et les Consolations, vaudeville</td>
-<td class="num"><a href="#ch22">28</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">Élégie</td>
-<td class="num"><a href="#ch23">29</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">Épigramme</td>
-<td class="num"><a href="#ch24">30</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">Le Triomphe de la Marotte</td>
-<td class="num"><a href="#ch25">31</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">Les Cinq points</td>
-<td class="num"><a href="#ch26">37</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">L'Un pour l'autre</td>
-<td class="num"><a href="#ch27">37</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">La Présence d'esprit</td>
-<td class="num"><a href="#ch28">38</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">La Défense bien observée, chanson</td>
-<td class="num"><a href="#ch29">39</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">Le Dégel</td>
-<td class="num"><a href="#ch30">40</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">Histoire véritable, etc., d'un Abbé qui</td>
-<td class="num"><a href="#ch31">41</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">L'Expédient facile</td>
-<td class="num"><a href="#ch32">43</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">On fait ce qu'on peut</td>
-<td class="num"><a href="#ch33">44</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">Le Qui pro Quo, ou Colin-Maillard</td>
-<td class="num"><a href="#ch34">44</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">L'Inoculation, conte</td>
-<td class="num"><a href="#ch35">46</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">La Muette, chanson</td>
-<td class="num"><a href="#ch36">47</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">L'Obstacle, conte</td>
-<td class="num"><a href="#ch37">49</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">Le Tribut conjugal</td>
-<td class="num"><a href="#ch38">51</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">Le Conseil inutile</td>
-<td class="num"><a href="#ch39">52</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">La Confidence</td>
-<td class="num"><a href="#ch40">53</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">Le Chapelain, chanson</td>
-<td class="num"><a href="#ch41">54</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">Le Marchand de loto</td>
-<td class="num"><a href="#ch42">55</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">Le Lendemain des noces</td>
-<td class="num"><a href="#ch43">58</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">Le Confesseur exemplaire</td>
-<td class="num"><a href="#ch44">59</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">L'Esprit fort</td>
-<td class="num"><a href="#ch45">60</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">Couplet</td>
-<td class="num"><a href="#ch46">62</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">Épigramme</td>
-<td class="num"><a href="#ch47">63</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">Le Cas décidé</td>
-<td class="num"><a href="#ch48">63</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">Le Faux Jupiter</td>
-<td class="num"><a href="#ch49">64</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">Le Sommeil de Vénus</td>
-<td class="num"><a href="#ch50">69</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">Quatrain à Madame ***</td>
-<td class="num"><a href="#ch51">71</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">L'Enthousiasme Gascon</td>
-<td class="num"><a href="#ch52">72</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">Le Cri du c&oelig;ur</td>
-<td class="num"><a href="#ch53">72</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">La Bénédiction trop chère, où le conseil d'Alix</td>
-<td class="num"><a href="#ch54">73</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">Épître consolante à un cocu</td>
-<td class="num"><a href="#ch55">75</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">L'Avocat poussé à bout</td>
-<td class="num"><a href="#ch56">77</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">Le Déluge</td>
-<td class="num"><a href="#ch57">80</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap"><i lang="la" xml:lang="la">Ægri salivantis solatium</i></td>
-<td class="num"><a href="#ch58">81</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">Dialogue entre deux servantes</td>
-<td class="num"><a href="#ch59">81</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">Le Salamalec Lyonnois</td>
-<td class="num"><a href="#ch60">82</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">La Colère naïve</td>
-<td class="num"><a href="#ch61">85</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">Partant quitte</td>
-<td class="num"><a href="#ch62">86</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">Le fin Menteur</td>
-<td class="num"><a href="#ch63">87</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">Le Pardon</td>
-<td class="num"><a href="#ch64">87</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">Le Mensonge évident</td>
-<td class="num"><a href="#ch65">88</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">La Métamorphose</td>
-<td class="num"><a href="#ch66">89</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">Le Maladroit</td>
-<td class="num"><a href="#ch67">90</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">Le Plaisir sans remords</td>
-<td class="num"><a href="#ch68">91</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">Les deux Clystères</td>
-<td class="num"><a href="#ch69">92</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">Le double Aveu</td>
-<td class="num"><a href="#ch70">92</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">Les Souliers</td>
-<td class="num"><a href="#ch71">95</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">Qui perd gagne</td>
-<td class="num"><a href="#ch72">95</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">In-promptu&mdash;Parodie d'un couplet des Amours d'été</td>
-<td class="num"><a href="#ch73">97</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">L'Excuse ingénieuse</td>
-<td class="num"><a href="#ch74">98</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">L'Observateur en second, ou l'Art d'aimer</td>
-<td class="num"><a href="#ch75">99</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">Épigramme contre un sot politique</td>
-<td class="num"><a href="#ch76">102</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">Le Curé complaisant</td>
-<td class="num"><a href="#ch77">102</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">Épigramme</td>
-<td class="num"><a href="#ch78">103</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">La Question résolue</td>
-<td class="num"><a href="#ch79">104</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">Le Fagot</td>
-<td class="num"><a href="#ch80">104</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">La Demande singulière</td>
-<td class="num"><a href="#ch81">106</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">L'Avocat raisonnable</td>
-<td class="num"><a href="#ch82">107</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">Couplet à Mademoiselle ***</td>
-<td class="num"><a href="#ch83">109</a></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="drap">L'Épouse naïve</td>
-<td class="num"><a href="#ch84">109</a></td>
-</tr>
-</table>
-
-<div class="break"></div>
-<p class="c"><span class="small">IMPRIMÉ</span><br />
-<span class="xsmall">PAR</span><br />
-<span class="large">CHARLES UNSINGER</span><br />
-83, Rue du Bac<br />
-<span class="small">PARIS</span></p>
-
-
-<div class="break"></div>
-<p class="c"><span class="sc">Isidore LISEUX, Libraire-Éditeur</span><br />
-<span class="small">Quai Malaquais, n<sup>o</sup> 5.</span></p>
-
-
-<p class="c large">ÉDITIONS RÉSERVÉES</p>
-
-<p>Sous cette désignation générale, nous avons
-l'intention de faire paraître une série de volumes
-curieux de divers formats, imprimés
-à un très petit nombre d'exemplaires et non
-destinés au commerce de la Nouveauté. Le
-<i>Petit-Neveu de Grécourt</i> est le premier de cette
-série.</p>
-
-<p>Les couvertures ne porteront aucune indication
-de prix.</p>
-
-<p>Le prix net de souscription pour Amateurs
-ou Libraires, indistinctement, sera communiqué
-par avis individuel. Les Amateurs qui
-souscriront par l'entremise des Libraires,
-s'entendront avec eux pour la commission à
-leur payer en sus du prix net.</p>
-
-<p>Aussitôt parus, les volumes entreront de
-plain-pied dans la Librairie ancienne, et le
-prix originaire de souscription ne pourra plus
-être donné qu'à titre de simple renseignement.</p>
-
-<p class="c"><i class="large">Envoi franco recommandé contre Mandat
-ou Chèque.</i></p>
-
-
-<p class="c gap xsmall">Paris.&mdash;Typ <span class="sc">Ch. Unsinger</span>, 83, rue du Bac.</p>
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-<pre>
-
-
-
-
-
-End of the Project Gutenberg EBook of Le petit-neveu de Grécourt ou Étrennes
-gaillardes, by Anonymous
-
-*** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LE PETIT-NEVEU DE GRÉCOURT ***
-
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-Section 2. Information about the Mission of Project Gutenberg-tm
-
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-
-Volunteers and financial support to provide volunteers with the
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-To learn more about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation
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-and the Foundation web page at http://www.pglaf.org.
-
-
-Section 3. Information about the Project Gutenberg Literary Archive
-Foundation
-
-The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non profit
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-Revenue Service. The Foundation's EIN or federal tax identification
-number is 64-6221541. Its 501(c)(3) letter is posted at
-http://pglaf.org/fundraising. Contributions to the Project Gutenberg
-Literary Archive Foundation are tax deductible to the full extent
-permitted by U.S. federal laws and your state's laws.
-
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-information can be found at the Foundation's web site and official
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-
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-Section 4. Information about Donations to the Project Gutenberg
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-Project Gutenberg-tm depends upon and cannot survive without wide
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-Professor Michael S. Hart is the originator of the Project Gutenberg-tm
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