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DIDON + + +Influence morale +des Sports athlétiques. + + +DISCOURS PRONONCÉ +_AU CONGRÈS OLYMPIQUE DU HAVRE_ +LE 29 JUILLET 1897. + + +[Illustration: image1.png (entête décorative)] + +Ce discours, recueilli par la sténographie, a été prononcé dans la +réunion plénière du Congrès olympique international, dans l'hôtel de +ville du Havre. + +Siègent au bureau, à côté de M. de Coubertin, président, M. le docteur +Tissié, représentant M. le Ministre de l'Instruction publique, et M. +Cathala, sous-préfet du Havre, etc., etc. + + +_M. le Président_.--Mesdames, Messieurs, le sujet qui doit être traité +dans cette séance est celui-ci: + +De l'action morale des exercices physiques sur l'enfant, sur +l'adolescent et de l'influence de l'effort sur la formation du caractère +et le développement de la personnalité. + +C'est le R.P. Didon qui veut bien traiter ce sujet. Je lui donne la +parole. (_Vifs applaudissements.--Mouvement d'attention._) + + + +MESDAMES, +MESSIEURS, + +C'est un grand honneur pour moi d'avoir été convié à ce Congrès +olympique international et de prendre la parole dans une assemblée +aussi distinguée, en présence des autorités de ce pays, du représentant +officiel de M. le Ministre de l'Instruction publique, des hommes +éminents qui s'occupent de l'éducation physique de la jeunesse, et des +savants étrangers venus de divers pays, je puis dire de tous les pays, +pour apporter à la cause des sports athlétiques le témoignage de +leur expérience, de leur science parfaite et la consécration de leur +autorité. + +Il ne m'appartient pas de vous remercier, Messieurs, c'est là oeuvre +présidentielle,--et je ne suis ici qu'un humble membre de cette réunion. +Mais il m'appartient de me réjouir de me trouver pour la première fois, +je le crois, à côté de l'autorité officielle du pays et à côté des +représentants français et étrangers de la science de l'éducation +physique dont les progrès sont inhérents à la civilisation même; car +la plus haute tâche de la civilisation ne consiste-t-elle pas à +former l'homme tout entier, intellectuel et physique et moral? +(_Applaudissements._) + +Je dois dire que c'est l'amitié de M. de Coubertin qui est l'explication +de ma présence ici. Il a pensé qu'ayant été, depuis plusieurs années, +administrateur délégué de la Société anonyme Albert-le-Grand et, en +cette qualité, appelé à gouverner plusieurs écoles, à leur inspirer +le mouvement, je pourrais donner, moi aussi, par mon témoignage, un +concours utile à l'oeuvre à laquelle il s'est appliqué si vaillamment, +si intelligemment, et avec une persévérance digne de tout éloge. Et vous +ne me démentirez pas, Mesdames et Messieurs, quand je dirai qu'il faut +reconnaître en M. de Coubertin le rénovateur, le promoteur vigoureux, +infatigable, des exercices de plein air et des sports athlétiques, en +France. (_Vifs applaudissements_.) + +En répondant à votre appel, mon cher Président et ami, j'ai cru +accomplir un devoir de haute reconnaissance. N'est-ce pas vous qui, il +y a sept ans, êtes venu me trouver dans mon petit cabinet de l'École +Lacordaire, et qui m'avez glissé, par votre parole insinuante et +persuasive, la pensée d'introduire dans mes écoles des exercices de +sport? + +C'est ce que j'ai fait, et j'ai obtenu des succès qui ne rivalisent +certainement pas avec les merveilles de la Ligue de Bordeaux dont nous +entretenait hier M. le docteur Tissié, mais qui attestent du moins +l'excellence de l'oeuvre des sports athlétiques, chère à M. de +Coubertin. + +J'acquitte donc ma dette de reconnaissance, en rendant témoignage à +cette oeuvre et venant parler ici de la puissance éducatrice et de +l'action morale des exercices physiques de plein air sur la jeunesse, +sur la formation du caractère et le développement de la personnalité. + +Ce sujet intéresse tout le monde; il intéresse les mères, il intéresse +les pères, il intéresse les fils, il intéresse les pouvoirs publics, +il intéresse le Ministre de l'Instruction publique dont nous avons ici +l'honorable représentant, il intéresse enfin tous ceux qui ont souci de +l'avenir de ce pays, et j'estime, Mesdames et Messieurs, que j'aurais +rendu quelque service, s'il m'était donné de prouver avec une évidence +irrésistible pour les plus réfractaires, que cette puissance éducatrice, +que cette force morale contenue dans les exercices physiques de plein +air est une puissance certaine et douée d'une pénétrante action sur la +jeunesse. J'espère y arriver, car je vois que vous êtes très ouverts +à la vérité, et par conséquent très disposés à m'aider dans cette +démonstration qui est tout à fait digne de l'attention la plus sérieuse. +(_Applaudissements_.) + + +Les résultats obtenus par la pratique constante et habituelle des +exercices de plein air et des sports athlétiques sont nombreux: je vous +signalerai les principaux. + +Le premier, c'est le développement, la multiplication de l'activité +physique. Mais, direz-vous, ce n'est pas là une vertu morale! Comment, +Messieurs, l'activité physique n'est pas une vertu morale? Convenez du +moins qu'elle est la condition de grandes vertus morales? N'a-t-on pas +dit spirituellement et en toute vérité que la propreté et l'hygiène +étaient des vertus? Pourquoi, alors, n'en pourrait-on pas dire autant de +l'activité physique? Quand vous verrez des enfants inertes, paresseux +physiquement, soyez certains qu'ils le sont moralement, et quand vous +voyez des enfants actifs jusqu'à la turbulence, soyez sûrs qu'il y a +en eux des vertus en germe. Eh bien! cette mise en activité des vertus +physiques par les exercices de plein air, voilà le premier résultat +obtenu par les sports athlétiques. + +Le second, c'est l'esprit de combativité et de lutte. + +De même que dans la plupart des enfants, Mesdames, vous observez une +paresse native qu'il faut vaincre à tout prix, parce que cette paresse +native se répand dans toutes les facultés et les endort, de même vous +surprenez en eux une lâcheté originelle. L'enfant commence par avoir +peur: l'humanité est d'abord craintive et timide. Il faut qu'elle fasse +preuve de vaillance, et pour cela il est nécessaire de développer +l'esprit de combativité. (_Vifs applaudissements_.) + +Ne vous effrayez pas de cet esprit. Peut-être, direz-vous, nous ne +pourrons plus tenir nos enfants, ils seront toujours ivres de luttes, +toujours rêvant plaies et bosses. N'oubliez donc jamais que les +combatifs sont les forts, que les forts sont les bons, mais que les +paresseux sont les rusés et les faibles, et que les faibles sont +dangereux, parce qu'ils sont traîtres. (_Applaudissements._) + + +Développons donc l'esprit de combativité, c'est-à -dire l'amour de la +lutte: tel est le but. Il y a un obstacle, renversons-le! Mais si nous +le tournions, ne pouvant le renverser? Soit! Mais si, en le tournant, +nous sommes poursuivis, ne craignons pas d'attaquer. Voilà l'esprit +combatif, voilà une des plus belles vertus physico-morales de l'homme, +car si l'homme contient en germe une lâcheté native, il possède +également en germe une bravoure native. Et il s'agit de savoir qui +l'emportera, de la lâcheté ou de la bravoure. Les sports font prédominer +l'esprit de combativité, c'est-à -dire l'esprit de vaillance et de +bravoure originelles qui dorment chez l'enfant. Les sports font de +l'enfant un adolescent vaillant, qui ne sait pas se détourner devant +l'obstacle et qui n'a de tranquillité qu'après l'avoir brisé, dompté, +vaincu. + +Le troisième résultat consiste à donner la force ou l'endurance. + +L'être fort, c'est celui qui sait endurer, ce n'est pas toujours celui +qui attaque,--l'être fort se révèle bien plus par l'endurance et la +patience,--c'est celui qui ne recule jamais. Voilà l'adolescent qu'il +faut fabriquer, et, certes, il n'est pas difficile d'en fabriquer de +semblables dans le pays des Gaulois. Ce ne sont pas les Gaulois qui sont +des paresseux, ils sont trop gais, trop expansifs. Ce sont toujours ceux +qui ne craignaient rien qu'une chose: «que le ciel ne tombât sur leurs +têtes.» Ils poussaient la force jusqu'à la présomption. Eh bien, je +le déclare hautement, je préfère les présomptueux aux timides. +(_Applaudissements._) + +Je vais dire quelque chose qui va plaire aux mères françaises, que je +crois bien connaître. Elles ont toujours peur, les mères françaises, +elles ont le génie de la préservation. Permettez-moi donc de vous +donner, Mesdames, un moyen de préserver vos fils, c'est-à -dire d'en +faire des tempérants qui n'aiment ni le vin ni l'alcool, qui ne +commencent pas à fumer à douze ans, qui savent mettre le plaisir à sa +place. + +J'ai observé et j'observe tous les jours que, dans le milieu où il +nous a été donné à M. de Coubertin et moi d'organiser ces associations +athlétiques, ces jeunes gens ne fument presque pas, ne vont pas sur les +champs de courses pour parier; qu'ils sont très modérés et qu'en fait de +plaisirs, ils pourraient arriver à donner des leçons, non seulement à +Épicure qui était un raffiné de modération, mais à l'autre, le chef des +stoïques, qui était un austère, et j'ai observé aussi qu'ils savaient se +priver, se condamner même à une dure hygiène dans un but supérieur. + +Pour compléter ces résultats d'ordre moral et psychique, je vous en +signalerai un autre d'ordre civique. + +Les sports, en groupant la jeunesse pour un but qui répond à sa nature, +à son besoin de mouvement, font les natures unies et préparent le +bon groupement de l'école. S'il m'est permis de parler de l'École +Albert-le-Grand, j'avais remarqué qu'il s'y formait des petites coteries +provoquées par des sympathies naturelles, par des rapports de famille, +par diverses convenances qu'il est difficile d'analyser, et je voyais +les élèves se grouper six par six, quatre par quatre, deux par deux. +Oh! je n'aime pas cela, parce que l'esprit de coterie est une cause de +division et de faiblesse, et comme je n'ai pas l'habitude de couper le +mal autrement que dans la racine j'ai laissé les choses aller, mais je +me suis dit: Voici une plaie que j'extirperai; or, Messieurs, je l'ai +extirpée sans rien dire, en organisant les sports, en mêlant tous les +groupes. + +J'ai vu que cette grande jeunesse est arrivée à faire de la fraternité. +Elle s'est rapprochée dans la lutte autour du drapeau blanc et noir, +celui d'Albert-le-Grand, le nôtre, avec ses quatre lettres A-A-A-G, de +sorte que tous ces combattants ne connaissaient plus que le capitaine +qui tenait le drapeau, les officiers qui le secondaient et les braves +soldats qui enfonçaient l'ennemi. (_Applaudissements._) + +Si j'osais, je pourrais m'adresser à M. le sous-préfet et lui dire: +Vous qui menez des hommes, qui avez à les gouverner, vous savez quelle +puissance on a quand on peut faire l'unité dans un milieu, quand on peut +couper les sectes et ramasser les combattants autour d'une idée +forte. Là est le génie politique et, tandis que le génie de +l'impolitique--passez-moi le mot barbare--est de diviser, celui de la +politique est de réunir. (_Applaudissements prolongés_.) + + +J'ai énuméré quelques-uns des résultats obtenus expérimentalement par +les associations sportives et athlétiques, par les exercices en plein +air. En présence de ces résultats physiques, psychiques, moraux et +civiques, les pères et les mères, les éducateurs comprennent-ils +maintenant qu'ils ont le devoir de pousser leurs fils et leurs disciples +dans cette voie? + +Mais ici, une question pratique se pose d'elle-même: comment ces +associations sportives doivent-elles être organisées pour donner tous +leurs fruits? + +Je vais y répondre. + + +J'ai eu l'honneur hier de prendre part à la discussion intime de la +Commission pédagogique relative à cette question. J'avoue que j'y ai +appris beaucoup de choses des professeurs de gymnastique scientifique, +de M. le docteur Tissié surtout, qui est un maître, non seulement dans +la science médicale, mais dans la science pédagogique, et qui à sa +science spéculative ajoute une expérience consommée. + +Pour mon compte--et j'ai été très heureux de rencontrer la collaboration +de M. le sous-préfet du Havre, M. Cathala--j'ai exprimé mes idées +libérales relatives à l'organisation des sports dans les lycées, +collèges et établissements libres. Quelles sont ces idées? Je vous en +dois l'exposé public et très détaillé. + +Je réponds que le caractère de l'organisation de ces associations (je +mets de côté les leçons de gymnase qui font partie du programme de +l'enseignement classique) dans toutes les maisons où l'on élève la +jeunesse française doit être la liberté: liberté dans la fondation même +des associations, parce qu'il faut que les jeunes gens organisent leurs +petites sociétés eux-mêmes. Ils doivent nommer leurs présidents, leurs +secrétaires, leurs trésoriers, constituer leurs bureaux. Étant ainsi +constitués par eux, ils les acceptent comme une autorité librement +reconnue. + +Et vous apercevez tout de suite que cette liberté dans l'organisation +des sociétés présente un phénomène très nouveau dans nos établissements +scolaires français. J'ai été frappé de ce fait que partout il y avait +une centralisation absolue dans les lycées, dans les collèges, dans les +écoles libres, congréganistes, j'ai observé ce fait particulier que les +élèves étaient toujours groupés au gré de l'autorité qui les domine. La +centralisation est partout et c'est ce que je ne puis accepter. Aussi me +suis-je promis que, quand j'aurais un ensemble à manier, je ferais un +trou, par lequel je ferais entrer la liberté dans les associations +et dans les établissements d'éducation. Or, Messieurs, la liberté, +intronisée là et pratiquée là , finira, soyez-en sûrs, par s'établir dans +le pays en maîtresse souveraine. + +Ce que je m'étais promis de faire je l'ai fait. Et les associations +se sont constituées, et j'admirais l'importance que se donnaient ces +présidents, ces secrétaires, tous ces membres du bureau, à cause de la +dignité dont ils se voyaient tout d'un coup revêtus. J'ai même remarqué +que les dignitaires scolaires, institués par l'autorité, avaient moins +d'influence que ceux choisis par les camarades. Pourquoi? Parce que ces +derniers sont revêtus seuls de l'autorité que l'opinion peut donner, +car, dans les écoles comme dans le pays, dans la nation comme dans les +petits groupes, il y a une autorité souveraine,--l'opinion. Le chef qui +ne la représente pas ne peut rien, celui qui la représente peut tout, +surtout quand il poursuit un but élevé. (_Applaudissements prolongés._) + +De même que ces associations scolaires naissent librement, de même elles +doivent s'administrer librement, même en ce qui regarde leur budget, et +c'est là où je différerai peut-être d'avis avec M. le docteur Tissié. +Elles doivent apprendre à se gouverner pour connaître la responsabilité, +et je laisserai au besoin la faute s'accomplir parce qu'elle permet de +donner une leçon. Je n'aime pas les élèves impeccables, je préfère ceux +qu'on peut corriger et instruire à l'occasion d'une faute, de même qu'on +corrige le bon cheval à l'occasion d'un faux pas. + +Il faut donc laisser à ces associations le soin de leur bourse pour leur +apprendre à s'en servir, à bien choisir quand elles achètent, et à payer +le moins cher possible les objets dont elles ont besoin. Elles doivent +s'administrer librement, sans entrave de la part de l'autorité. + +Il y a toujours, dans les établissements d'enseignement, des censeurs +austères, sévères, qui rappellent que telle chose ne doit être faite +qu'à 2 heures et demie.--Mais la bataille est à 2 heures!--La bataille, +je ne connais pas cela. Je ne connais que l'heure fixée: 2 heures et +demie. _(Rires.)_ + +Il faut faire disparaître ces entraves et dire aux jeunes gens: Allez +au combat, battez bien l'adversaire et, quand vous reviendrez, ayant +remporté la victoire, avec un rayon de gloire sur le front, vous +travaillerez mieux. _(Applaudissements.)_ + +Voici donc comment je comprends le rôle, l'attitude des directeurs +d'établissements vis-à -vis de ces associations sportives et athlétiques +d'après la réserve que j'ai faite hier. Ce rôle se résume en un +patronage bienveillant, encourageant, fortifiant, prévoyant. C'est tout +ce qu'on peut se permettre vis-à -vis d'êtres libres. L'être libre, à +moins d'un ordre qui lui est donné, est un être affranchi, à qui l'on +doit laisser la liberté. On ne doit lui parler que comme à un être +souverain, voilà la formule. _(Nouveaux applaudissements.)_ + +Je vais encore faire une réserve; il faut que ces associations soient +absolument respectueuses des heures d'études. + +Il est évident que, si une association athlétique passe toute la journée +à faire des sports, le latin, le grec, l'histoire, les mathématiques ne +tomberont pas par une infusion supérieure dans ces jeunes têtes. Il faut +donc faire une part équitable du travail et des jeux, et je serais bien +de l'avis de M. Godart, dont l'expression nette et sage a été si bien +résumée dans le _Vélo_ par son envoyé spécial, M. Frantz Reichel, ici +présent. C'est-à -dire je voudrais voir donner le temps qui lui est dû à +l'activité physique et même l'augmenter, mais je n'irais pas jusqu'à la +superstition des trois-huit. _(On rit.)_ Il est certain que huit heures +d'études intensives donneraient un meilleur résultat qu'un plus grand +nombre d'heures d'étude consacrées à un travail relâché. Il est bien +sûr, toutefois, qu'en développant les muscles, en les faisant solides, +on obtiendrait une circulation cérébrale plus active. On arriverait, +comme l'a si bien démontré M. Tissié, à des produits littéraires et +scientifiques supérieurs. Et j'estime que les vainqueurs du football +ont bien des chances d'être les lauréats de demain dans les concours +intellectuels. + +Et pour que les associations sportives produisent tous leurs effets, +je voudrais qu'elles fussent absolument intransigeantes sur le point +d'honneur et sur la dignité de l'athlète. Pas de compromis.--Monsieur, +vous avez violé la loi, vous êtes disqualifié.--Monsieur, vous avez +menti, vous êtes disqualifié.--Monsieur, vous avez maltraité votre +adversaire, vous êtes disqualifié. Un point, c'est tout. Avec des +moeurs pareilles, nous irons peut-être avec succès à l'encontre de ces +consciences de caoutchouc que la politique a malheureusement tendu à +développer, parce que la politique étant faite d'intérêts pousse au +compromis, et que le compromis est toujours une entorse faite à la +conscience. _(Vive approbation.)_ Que les associations sportives +arborent donc le drapeau de l'intransigeance sur les questions d'honneur +et lorsqu'elles entreront sur un terrain où les compromis sont +pratiqués, qu'on les voie gagner la bataille avec une conscience +irréductible contre les consciences souples, car les premières gagnent +aussi les batailles politiques beaucoup mieux que les consciences +habiles. _(Vifs applaudissements.)_ + + +Il est un point d'ordre civique sur lequel je dois m'expliquer. Quel que +soit l'habit que je porte, l'habit n'est rien, et si l'habit ne fait +pas le moine, il n'empêche pas de faire L'homme. _(Nouveaux +applaudissements.)_ Nous ne pouvons pas oublier que nous vivons dans une +vaste démocratie, non pas seulement française, mais universelle. Qu'on +vive sous un monarque ou un président de République, on n'en est pas +moins un citoyen libre. Mais l'avantage d'une démocratie comme la nôtre, +c'est que l'individu participe à la direction générale. Il faut +donc, dans une démocratie, former des hommes éclairés et capables +d'initiative. Si vous formez des êtres passifs, n'agissant que par la +seule impulsion du pouvoir, comment constituerez-vous une démocratie +sérieuse? Vous n'aurez que des gens en tutelle, qui seront battus à tous +les coups, comme sera battu par l'athlète celui qui n'aura reçu aucune +éducation athlétique. Dans une démocratie, les citoyens devraient donner +à tous l'exemple du respect de l'autorité de celui qu'ils ont élu, de +celui qu'ils ont consacré par leur vote. + +Je n'ai jamais vu des sportifs battre en brèche l'autorité du président +librement choisi par eux. Au contraire, ils font prévaloir cette +autorité et ils savent la défendre quand on l'attaque. Ces moeurs, +transportées dans une démocratie, en assureront la fortune et la +prospérité. _(Vifs applaudissements.)_ + +Je le dis très haut, voilà les élèves que j'essaie de former. Monsieur +le représentant du Ministre de l'Instruction publique, voulez-vous me +permettre de dire que je ne comprends pas que, lorsque vous voyez un +établissement qui travaille dans cet ordre d'idées, il ne soit pas +considéré comme un établissement luttant pour le bien de la France et +l'avenir de la démocratie. Nous pouvons être des concurrents, nous +devons être des concurrents, parce qu'il est excellent que, dans un pays +de liberté, la centralisation soit entamée par des hommes libres et +chevaleresques. Mais c'est tout. + +Nous livrons le combat comme nous croyons devoir le livrer, mais +nous luttons pour la même cause. Nous présentons notre épée en signe +d'amitié, comme le fait un chevalier. Jamais il ne faut attaquer un +chevalier, un ami du droit et de l'indépendance: on entre en pourparlers +avec lui, mais on ne s'expose pas à lui faire la guerre, car l'attaquer, +c'est entrer en lutte contre la justice et la liberté. _(Très bien! très +bien!)_ + + +Je ne puis pas, Mesdames et Messieurs, méconnaître que l'oeuvre des +sports a des adversaires. M. de Coubertin traiterait cette question +beaucoup mieux que moi, parce qu'il a été de toutes les batailles que +les associations sportives ont soutenues, et il le ferait avec d'autant +plus d'éloquence qu'ayant été de toutes les batailles, il les a toutes +gagnées. + +En ce qui me concerne, j'aime beaucoup la bataille, surtout si je la +gagne. _(Rires et applaudissements.)_ Mais je ne livre le combat que +quand je crois être sûr du succès, sinon j'attends--mais je n'attends +jamais longtemps. _(On rit.)_ Dès que mes troupes sont bien prêtes, que +les armes sont au complet, alors je donne le signal du combat. Je puis +être battu, mais j'ai toujours assuré ma ligne de retraite. + +Quels sont donc, Messieurs, les adversaires des sports? Je les classe +en trois catégories: les passifs, les affectifs et les intellectuels. +J'emprunte ces termes au docteur Tissié et je suis heureux de me +servir de cette jolie étiquette. Mais je les définirai autrement: les +affectifs, c'est vous, Mesdames. Le plus grand ennemi des sports, c'est +la mère. Combien ai-je entendu de mères me dire: «Et surtout que mon +fils ne joue pas au football! + +--Madame, votre fils vous appartient et il n'y jouera pas, si vous le +défendez. Mais pourquoi le défendez-vous? Vous êtes calme en ce moment, +causons.--Vous voulez donc que mon fils se casse une jambe, un bras, +qu'il meure?--Non, Madame, je veux qu'il vive; et si on lui casse une +jambe, nous la lui raccommoderons. _(On rit.)_--Ah! vous voilà bien!--Ne +savez-vous pas qu'une jambe raccommodée est beaucoup plus solide qu'une +neuve?» _(Hilarité. Vifs applaudissements.)_ + +Vous voyez quelle est la résistance du sentiment. Et, à ce propos, je me +rappelle un mot de Claude Bernard, dont j'ai suivi les cours autrefois. +Il s'agissait alors de la vivisection et les affectifs étaient en +mouvement. Toujours les sentimentaux! + +Les Anglaises avaient fondé une Ligue contre la vivisection, et Claude +Bernard faisait remarquer qu'on ne pouvait pas discuter avec les +sentimentaux, parce qu'une raison, même la meilleure, ne peut pas +mordre sur un sentimental. Le sentiment ne se laisse jamais persuader. +«Comment! vous allez disséquer vivants mon chat, mon chien, mon petit +lapin», disaient les membres de la Ligue contre la vivisection! + +Et Claude-Bernard faisait cette réflexion dans sa raison supérieure: +J'admire comment ces êtres de sentiment, si pleins de compassion pour +les bêtes, en ont si peu pour la pauvre humanité! «Comment apprendre +à la guérir, si ce n'est en taillant les bêtes, en les examinant à +l'intérieur pour y chercher l'énigme de la maladie et surprendre le +secret de la guérison.» _(Applaudissements répétés.)_ + +Malgré l'opposition tenace des sentimentaux, la vivisection a continué à +être pratiquée et vous savez de quelles heureuses découvertes elle a été +le point de départ. + +Avec toute votre sentimentalité, Mères, vous n'empêcherez pas votre +enfant de jouer. C'est l'enfant lui-même qui vous persuadera. Quand il +voudra se donner du mouvement, l'attacherez-vous, le ligoterez-vous pour +qu'il n'exerce pas sa force avec ses camarades? Il veut être plus fort +qu'eux et vous ne l'en défendrez pas; si bien que, malgré l'objection +des affectifs, les associations sportives continueront à se développer. + +Une autre objection est celle des éternels réactionnaires: les passifs, +les partisans de ce qui fut; les ennemis nés et acharnés de ce qui doit +être. Une nouveauté! Pourquoi faire? Cela n'existait pas autrefois. Vous +connaissez le thème. Le mouvement nouveau les effraye et, malgré tous +nos efforts, vous voyez encore dans les établissements d'instruction +s'entasser élèves sur élèves. Vous voyez des centaines d'enfants dans +des dortoirs, dans des cours, où ils ne respirent pas, où ils peuvent +à peine courir, à peine marcher. Et c'est cela qu'ils appellent, les +passifs, conserver les belles et bonnes traditions. Non, non et non! +Pour gagner des victoires dans la vie, il faut des forces vraies, des +forces pratiques, et on ne les acquiert que par les exercices de plein +air, les sports athlétiques qui trempent le corps, qui trempent l'âme. +Nous voulons des hommes d'action; les associations sportives nous +aideront à les créer parce qu'elles développent les qualités pratiques +sans lesquelles on ne peut rien faire d'utile en ce monde. + +Mais, mon fils ira au concours général, dit une mère. Il sera officier, +il aura un plumet.--Est-ce le plumet qui fait gagner les batailles? Il +est souvent gênant. Les hommes qui veulent remporter des victoires ont +besoin de forces pratiques. + +Ce que je préfère, c'est le jeune homme capable de conduire une de ces +grandes affaires commerciales comme il y en a dans cette puissante ville +du Havre. Je le préfère celui-là au Monsieur qui fera de la littérature, +qui publiera des articles à 300, 400 ou 500 francs dans un journal +en vogue, et qui, ayant le gousset bien garni, pourra mener une vie +luxueuse. + +Celui qui conduira une usine de 1.000 ouvriers gagnera des batailles, +les batailles de l'industrie et du commerce, il fera vivre des familles +et il enrichira son pays, la France. _(Nombreux applaudissements.)_ + +Il y a une troisième objection: celle des intellectuels. J'appelle +intellectuel le Monsieur qui croit n'avoir plus d'estomac, qui ne peut +pas souffrir un courant d'air. Il y a un courant d'air ici, fermez les +fenêtres. _(On rit.)_ Il est tellement affiné, qu'il n'appartient plus à +la race humaine. Nous sommes profondément méprisés par lui, parce qu'il +a fait des livres délicats, quintessenciés, ayant la dernière forme et +dans lesquels on trouve des choses qu'on n'a vues nulle part. Eh bien! +que m'apprenez-vous, vous, les intellectuels? Je le déclare, je suis +peut-être un barbare, mais tous ces romans je ne les lis pas. Je me suis +toujours demandé comment les femmes intelligentes pouvaient se nourrir +ou plutôt s'intoxiquer de ces livres, car il faut bien le reconnaître, +quand ils tirent à 100.000, il y en a 60.000 qui sont achetés par les +femmes. _(Applaudissements répétés.)_ + +Que les intellectuels me pardonnent: au fond je suis un brave homme! +_(Nouveaux applaudissements et rires.)_ + +En parlant comme je le fais, j'exprime des idées qui me sont chères, en +bon chevalier, mais je puis faire bon ménage avec un intellectuel et +passer de bonnes heures avec lui; je ne sais pas si elles sont, pour +lui, aussi agréables! + +L'intellectuel dit: Développez donc les cerveaux et non les muscles. +Et moi je dis--et M. le docteur Tissié m'approuvera, je crois--: Pour +développer le cerveau, il faut fortifier le muscle. Quand nous aurons +battu les intellectuels--l'heure approche, car le muscle triomphe--nous +verrons disparaître des boulevards ces romans dont on s'empoisonne. +Quelle belle victoire! _(Assentiment général.)_ + +Oui, ne serait-ce pas une grande victoire que de pouvoir réduire ainsi +les intellectuels qui croient tenir le sommet de la pyramide humaine! +Nous y arriverons, je l'espère bien. + +Je fais des voeux pour que ces idées pénètrent et soient appliquées dans +les lycées, collèges, dans les établissements libres, dans les maisons +de congréganistes, comme les appellent volontiers nos adversaires. +Congréganistes, je n'aime pas ce mot-là , je préfère le mot libre. Je +suis ce que je suis: j'ai mes idées, j'ai le courage de les dire et je +cherche à les faire triompher. _(Vifs applaudissements.)_ + +Et pour terminer par un mot de concorde, je voudrais, Monsieur le +Sous-Préfet,--et, pour ma part, mes efforts sont tournés vers ce +but,--que les sports fussent un terrain où toute la jeunesse française +pût se réunir, qu'on y travaillât à ruiner dans ce pays l'esprit qui +nous divise, pour former une France comme nous la rêvons tous, nous les +libéraux, non pas une France dans laquelle nous penserons tous de la +même manière, c'est impossible, mais une France où tous nous aurons la +pratique austère, loyale et chevaleresque du respect des autres et de la +tolérance. _(Applaudissements frénétiques et prolongés.)_ + + + + + + + + + + +End of the Project Gutenberg EBook of Influence morale des sports athlétiques +by Henri Didon + +*** END OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK 13284 *** diff --git a/13284-h/13284-h.htm b/13284-h/13284-h.htm new file mode 100644 index 0000000..17fb1fe --- /dev/null +++ b/13284-h/13284-h.htm @@ -0,0 +1,648 @@ +<!DOCTYPE html PUBLIC "-//W3C//DTD HTML 4.01 Transitional//EN"> +<html> +<head> + <meta http-equiv="content-type" content="text/html; charset=UTF-8"> + <title>The book</title> + <meta name="author" content=" "> + +<style type=text/css> + +body {margin-left: 10%; margin-right: 10%} + +h1,h2,h3,h4,h5,h6 {text-align: center;} +p {text-align: justify} + + +.poem {margin-bottom: 1em; margin-left: 10%; margin-right: 10%; + text-align: left} +.poem .stanza {margin: 1em 0em} +.poem .stanza.i {margin: 1em 0em; font-style: italic;} +.poem p {padding-left: 3em; margin: 0px; text-indent: -3em} +.poem p.i2 {margin-left: 1em} +.poem p.i4 {margin-left: 2em} +.poem p.i6 {margin-left: 3em} +.poem p.i8 {margin-left: 4em} +.poem p.i10 {margin-left: 5em} + + + +</style> + +</head> +<body> +<div>*** START OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK 13284 ***</div> + +<h3>LE P. DIDON</h3> + + +<h1>Influence morale<br> +des<br> +Sports athlétiques.</h1> + + +<h2>DISCOURS PRONONCÉ<br> +<i>AU CONGRÈS OLYMPIQUE DU HAVRE</i><br> +LE 29 JUILLET 1897.</h2> + +<br><br> + +<p style="text-align: center"><img src="images/Image1.png" alt=""></p> +<br><br><br> + +<p>Ce discours, recueilli par la sténographie, a été prononcé +dans la réunion plénière du Congrès olympique international, +dans l'hôtel de ville du Havre.</p> + +<p>Siègent au bureau, à côté de M. de Coubertin, président, +M. le docteur Tissié, représentant M. le Ministre de l'Instruction +publique, et M. Cathala, sous-préfet du Havre, etc., etc.</p> + + +<p><i>M. le Président</i>.—Mesdames, Messieurs, le sujet +qui doit être traité dans cette séance est celui-ci:</p> + +<p>De l'action morale des exercices physiques sur l'enfant, +sur l'adolescent et de l'influence de l'effort sur la formation +du caractère et le développement de la personnalité.</p> + +<p>C'est le R.P. Didon qui veut bien traiter ce sujet. +Je lui donne la parole. (<i>Vifs applaudissements.—Mouvement +d'attention.</i>)</p> + +<br><br><br> + +<div class="poem"> <div class="stanza"> +<p>MESDAMES,</p> +<p>MESSIEURS,</p> + </div> </div> + +<p>C'est un grand honneur pour moi d'avoir été convié +à ce Congrès olympique international et de prendre la +parole dans une assemblée aussi distinguée, en présence +des autorités de ce pays, du représentant officiel de +M. le Ministre de l'Instruction publique, des hommes +éminents qui s'occupent de l'éducation physique de la +jeunesse, et des savants étrangers venus de divers pays, +je puis dire de tous les pays, pour apporter à la cause des +sports athlétiques le témoignage de leur expérience, de +leur science parfaite et la consécration de leur autorité.</p> + +<p>Il ne m'appartient pas de vous remercier, Messieurs, +c'est là oeuvre présidentielle,—et je ne suis ici qu'un +humble membre de cette réunion. Mais il m'appartient +de me réjouir de me trouver pour la première fois, je le +crois, à côté de l'autorité officielle du pays et à côté des +représentants français et étrangers de la science de l'éducation +physique dont les progrès sont inhérents à la +civilisation même; car la plus haute tâche de la civilisation +ne consiste-t-elle pas à former l'homme tout entier, intellectuel +et physique et moral? (<i>Applaudissements.</i>)</p> + +<p>Je dois dire que c'est l'amitié de M. de Coubertin +qui est l'explication de ma présence ici. Il a pensé qu'ayant +été, depuis plusieurs années, administrateur délégué de +la Société anonyme Albert-le-Grand et, en cette qualité, +appelé à gouverner plusieurs écoles, à leur inspirer le +mouvement, je pourrais donner, moi aussi, par mon témoignage, +un concours utile à l'oeuvre à laquelle il s'est +appliqué si vaillamment, si intelligemment, et avec une +persévérance digne de tout éloge. Et vous ne me démentirez +pas, Mesdames et Messieurs, quand je dirai qu'il +faut reconnaître en M. de Coubertin le rénovateur, le promoteur +vigoureux, infatigable, des exercices de plein air +et des sports athlétiques, en France. (<i>Vifs applaudissements</i>.)</p> + +<p>En répondant à votre appel, mon cher Président et +ami, j'ai cru accomplir un devoir de haute reconnaissance. +N'est-ce pas vous qui, il y a sept ans, êtes venu me trouver +dans mon petit cabinet de l'École Lacordaire, et qui m'avez +glissé, par votre parole insinuante et persuasive, la pensée +d'introduire dans mes écoles des exercices de sport?</p> + +<p>C'est ce que j'ai fait, et j'ai obtenu des succès qui +ne rivalisent certainement pas avec les merveilles de la +Ligue de Bordeaux dont nous entretenait hier M. le docteur +Tissié, mais qui attestent du moins l'excellence de +l'oeuvre des sports athlétiques, chère à M. de Coubertin.</p> + +<p>J'acquitte donc ma dette de reconnaissance, en rendant +témoignage à cette oeuvre et venant parler ici de la puissance +éducatrice et de l'action morale des exercices physiques +de plein air sur la jeunesse, sur la formation du +caractère et le développement de la personnalité.</p> + +<p>Ce sujet intéresse tout le monde; il intéresse les +mères, il intéresse les pères, il intéresse les fils, il intéresse +les pouvoirs publics, il intéresse le Ministre de l'Instruction +publique dont nous avons ici l'honorable représentant, il +intéresse enfin tous ceux qui ont souci de l'avenir de ce +pays, et j'estime, Mesdames et Messieurs, que j'aurais +rendu quelque service, s'il m'était donné de prouver avec +une évidence irrésistible pour les plus réfractaires, que +cette puissance éducatrice, que cette force morale contenue +dans les exercices physiques de plein air est une puissance +certaine et douée d'une pénétrante action sur la jeunesse. +J'espère y arriver, car je vois que vous êtes très ouverts +à la vérité, et par conséquent très disposés à m'aider dans +cette démonstration qui est tout à fait digne de l'attention +la plus sérieuse. (<i>Applaudissements</i>.)</p> + + +<p>Les résultats obtenus par la pratique constante et +habituelle des exercices de plein air et des sports athlétiques +sont nombreux: je vous signalerai les principaux.</p> + +<p>Le premier, c'est le développement, la multiplication +de l'activité physique. Mais, direz-vous, ce n'est pas là une +vertu morale! Comment, Messieurs, l'activité physique +n'est pas une vertu morale? Convenez du moins qu'elle +est la condition de grandes vertus morales? N'a-t-on pas +dit spirituellement et en toute vérité que la propreté et +l'hygiène étaient des vertus? Pourquoi, alors, n'en pourrait-on +pas dire autant de l'activité physique? Quand vous +verrez des enfants inertes, paresseux physiquement, soyez +certains qu'ils le sont moralement, et quand vous voyez +des enfants actifs jusqu'à la turbulence, soyez sûrs qu'il +y a en eux des vertus en germe. Eh bien! cette mise en +activité des vertus physiques par les exercices de plein +air, voilà le premier résultat obtenu par les sports athlétiques.</p> + +<p>Le second, c'est l'esprit de combativité et de lutte.</p> + +<p>De même que dans la plupart des enfants, Mesdames, +vous observez une paresse native qu'il faut vaincre à tout +prix, parce que cette paresse native se répand dans toutes +les facultés et les endort, de même vous surprenez en eux +une lâcheté originelle. L'enfant commence par avoir peur: +l'humanité est d'abord craintive et timide. Il faut qu'elle +fasse preuve de vaillance, et pour cela il est nécessaire de +développer l'esprit de combativité. (<i>Vifs applaudissements</i>.)</p> + +<p>Ne vous effrayez pas de cet esprit. Peut-être, direz-vous, +nous ne pourrons plus tenir nos enfants, ils seront +toujours ivres de luttes, toujours rêvant plaies et bosses. +N'oubliez donc jamais que les combatifs sont les forts, que +les forts sont les bons, mais que les paresseux sont les +rusés et les faibles, et que les faibles sont dangereux, +parce qu'ils sont traîtres. (<i>Applaudissements.</i>)</p> + + +<p>Développons donc l'esprit de combativité, c'est-à -dire +l'amour de la lutte: tel est le but. Il y a un obstacle, renversons-le! +Mais si nous le tournions, ne pouvant le +renverser? Soit! Mais si, en le tournant, nous sommes +poursuivis, ne craignons pas d'attaquer. Voilà l'esprit +combatif, voilà une des plus belles vertus physico-morales +de l'homme, car si l'homme contient en germe une lâcheté +native, il possède également en germe une bravoure +native. Et il s'agit de savoir qui l'emportera, de la lâcheté +ou de la bravoure. Les sports font prédominer l'esprit de +combativité, c'est-à -dire l'esprit de vaillance et de bravoure +originelles qui dorment chez l'enfant. Les sports font de +l'enfant un adolescent vaillant, qui ne sait pas se détourner +devant l'obstacle et qui n'a de tranquillité qu'après l'avoir +brisé, dompté, vaincu.</p> + +<p>Le troisième résultat consiste à donner la force ou +l'endurance.</p> + +<p>L'être fort, c'est celui qui sait endurer, ce n'est pas +toujours celui qui attaque,—l'être fort se révèle bien plus +par l'endurance et la patience,—c'est celui qui ne recule +jamais. Voilà l'adolescent qu'il faut fabriquer, et, certes, il +n'est pas difficile d'en fabriquer de semblables dans le pays +des Gaulois. Ce ne sont pas les Gaulois qui sont des paresseux, +ils sont trop gais, trop expansifs. Ce sont toujours +ceux qui ne craignaient rien qu'une chose: «que le ciel ne +tombât sur leurs têtes.» Ils poussaient la force jusqu'à la +présomption. Eh bien, je le déclare hautement, je préfère +les présomptueux aux timides. (<i>Applaudissements.</i>)</p> + +<p>Je vais dire quelque chose qui va plaire aux mères françaises, +que je crois bien connaître. Elles ont toujours peur, +les mères françaises, elles ont le génie de la préservation. +Permettez-moi donc de vous donner, Mesdames, un moyen +de préserver vos fils, c'est-à -dire d'en faire des tempérants +qui n'aiment ni le vin ni l'alcool, qui ne commencent pas à +fumer à douze ans, qui savent mettre le plaisir à sa place.</p> + +<p>J'ai observé et j'observe tous les jours que, dans le milieu +où il nous a été donné à M. de Coubertin et moi d'organiser +ces associations athlétiques, ces jeunes gens ne +fument presque pas, ne vont pas sur les champs de courses +pour parier; qu'ils sont très modérés et qu'en fait de plaisirs, +ils pourraient arriver à donner des leçons, non seulement +à Épicure qui était un raffiné de modération, mais à +l'autre, le chef des stoïques, qui était un austère, et j'ai +observé aussi qu'ils savaient se priver, se condamner même +à une dure hygiène dans un but supérieur.</p> + +<p>Pour compléter ces résultats d'ordre moral et psychique, +je vous en signalerai un autre d'ordre civique.</p> + +<p>Les sports, en groupant la jeunesse pour un but qui +répond à sa nature, à son besoin de mouvement, font les +natures unies et préparent le bon groupement de l'école. +S'il m'est permis de parler de l'École Albert-le-Grand, +j'avais remarqué qu'il s'y formait des petites coteries provoquées +par des sympathies naturelles, par des rapports de +famille, par diverses convenances qu'il est difficile d'analyser, +et je voyais les élèves se grouper six par six, quatre +par quatre, deux par deux. Oh! je n'aime pas cela, parce +que l'esprit de coterie est une cause de division et de faiblesse, +et comme je n'ai pas l'habitude de couper le mal +autrement que dans la racine j'ai laissé les choses aller, +mais je me suis dit: Voici une plaie que j'extirperai; or, +Messieurs, je l'ai extirpée sans rien dire, en organisant les +sports, en mêlant tous les groupes.</p> + +<p>J'ai vu que cette grande jeunesse est arrivée à faire de +la fraternité. Elle s'est rapprochée dans la lutte autour du +drapeau blanc et noir, celui d'Albert-le-Grand, le nôtre, +avec ses quatre lettres A-A-A-G, de sorte que tous ces +combattants ne connaissaient plus que le capitaine qui +tenait le drapeau, les officiers qui le secondaient et les +braves soldats qui enfonçaient l'ennemi. (<i>Applaudissements.</i>)</p> + +<p>Si j'osais, je pourrais m'adresser à M. le sous-préfet et +lui dire: Vous qui menez des hommes, qui avez à les +gouverner, vous savez quelle puissance on a quand on peut +faire l'unité dans un milieu, quand on peut couper les +sectes et ramasser les combattants autour d'une idée forte. +Là est le génie politique et, tandis que le génie de l'impolitique—passez-moi +le mot barbare—est de diviser, celui +de la politique est de réunir. (<i>Applaudissements prolongés</i>.)</p> + + +<p>J'ai énuméré quelques-uns des résultats obtenus expérimentalement +par les associations sportives et athlétiques, +par les exercices en plein air. En présence de ces résultats +physiques, psychiques, moraux et civiques, les pères et +les mères, les éducateurs comprennent-ils maintenant qu'ils +ont le devoir de pousser leurs fils et leurs disciples dans +cette voie?</p> + +<p>Mais ici, une question pratique se pose d'elle-même: +comment ces associations sportives doivent-elles être organisées +pour donner tous leurs fruits?</p> + +<p>Je vais y répondre.</p> + + +<p>J'ai eu l'honneur hier de prendre part à la discussion +intime de la Commission pédagogique relative à cette +question. J'avoue que j'y ai appris beaucoup de choses des +professeurs de gymnastique scientifique, de M. le docteur +Tissié surtout, qui est un maître, non seulement dans la +science médicale, mais dans la science pédagogique, et qui +à sa science spéculative ajoute une expérience consommée.</p> + +<p>Pour mon compte—et j'ai été très heureux de rencontrer +la collaboration de M. le sous-préfet du Havre, +M. Cathala—j'ai exprimé mes idées libérales relatives à +l'organisation des sports dans les lycées, collèges et établissements +libres. Quelles sont ces idées? Je vous en dois +l'exposé public et très détaillé.</p> + +<p>Je réponds que le caractère de l'organisation de ces +associations (je mets de côté les leçons de gymnase qui +font partie du programme de l'enseignement classique) +dans toutes les maisons où l'on élève la jeunesse française +doit être la liberté: liberté dans la fondation même des +associations, parce qu'il faut que les jeunes gens organisent +leurs petites sociétés eux-mêmes. Ils doivent nommer leurs +présidents, leurs secrétaires, leurs trésoriers, constituer +leurs bureaux. Étant ainsi constitués par eux, ils les acceptent +comme une autorité librement reconnue.</p> + +<p>Et vous apercevez tout de suite que cette liberté dans +l'organisation des sociétés présente un phénomène très nouveau +dans nos établissements scolaires français. J'ai été frappé +de ce fait que partout il y avait une centralisation absolue +dans les lycées, dans les collèges, dans les écoles libres, +congréganistes, j'ai observé ce fait particulier que les +élèves étaient toujours groupés au gré de l'autorité qui les +domine. La centralisation est partout et c'est ce que je ne +puis accepter. Aussi me suis-je promis que, quand j'aurais +un ensemble à manier, je ferais un trou, par lequel je ferais +entrer la liberté dans les associations et dans les établissements +d'éducation. Or, Messieurs, la liberté, intronisée là +et pratiquée là , finira, soyez-en sûrs, par s'établir dans le +pays en maîtresse souveraine.</p> + +<p>Ce que je m'étais promis de faire je l'ai fait. Et les +associations se sont constituées, et j'admirais l'importance +que se donnaient ces présidents, ces secrétaires, tous ces +membres du bureau, à cause de la dignité dont ils se voyaient +tout d'un coup revêtus. J'ai même remarqué que les dignitaires +scolaires, institués par l'autorité, avaient moins d'influence +que ceux choisis par les camarades. Pourquoi? +Parce que ces derniers sont revêtus seuls de l'autorité que +l'opinion peut donner, car, dans les écoles comme dans le +pays, dans la nation comme dans les petits groupes, il y a +une autorité souveraine,—l'opinion. Le chef qui ne la +représente pas ne peut rien, celui qui la représente peut +tout, surtout quand il poursuit un but élevé. (<i>Applaudissements +prolongés.</i>)</p> + +<p>De même que ces associations scolaires naissent librement, +de même elles doivent s'administrer librement, même +en ce qui regarde leur budget, et c'est là où je différerai +peut-être d'avis avec M. le docteur Tissié. Elles doivent +apprendre à se gouverner pour connaître la responsabilité, +et je laisserai au besoin la faute s'accomplir parce qu'elle +permet de donner une leçon. Je n'aime pas les élèves impeccables, +je préfère ceux qu'on peut corriger et instruire +à l'occasion d'une faute, de même qu'on corrige le bon +cheval à l'occasion d'un faux pas.</p> + +<p>Il faut donc laisser à ces associations le soin de leur +bourse pour leur apprendre à s'en servir, à bien choisir +quand elles achètent, et à payer le moins cher possible les +objets dont elles ont besoin. Elles doivent s'administrer +librement, sans entrave de la part de l'autorité.</p> + +<p>Il y a toujours, dans les établissements d'enseignement, +des censeurs austères, sévères, qui rappellent que telle +chose ne doit être faite qu'à 2 heures et demie.—Mais la +bataille est à 2 heures!—La bataille, je ne connais pas +cela. Je ne connais que l'heure fixée: 2 heures et demie. +<i>(Rires.)</i></p> + +<p>Il faut faire disparaître ces entraves et dire aux jeunes +gens: Allez au combat, battez bien l'adversaire et, quand +vous reviendrez, ayant remporté la victoire, avec un +rayon de gloire sur le front, vous travaillerez mieux. <i>(Applaudissements.)</i></p> + +<p>Voici donc comment je comprends le rôle, l'attitude des +directeurs d'établissements vis-à -vis de ces associations +sportives et athlétiques d'après la réserve que j'ai faite +hier. Ce rôle se résume en un patronage bienveillant, +encourageant, fortifiant, prévoyant. C'est tout ce qu'on +peut se permettre vis-à -vis d'êtres libres. L'être libre, à +moins d'un ordre qui lui est donné, est un être affranchi, à +qui l'on doit laisser la liberté. On ne doit lui parler que +comme à un être souverain, voilà la formule. <i>(Nouveaux +applaudissements.)</i></p> + +<p>Je vais encore faire une réserve; il faut que ces associations +soient absolument respectueuses des heures d'études.</p> + +<p>Il est évident que, si une association athlétique passe +toute la journée à faire des sports, le latin, le grec, l'histoire, +les mathématiques ne tomberont pas par une infusion +supérieure dans ces jeunes têtes. Il faut donc faire une part +équitable du travail et des jeux, et je serais bien de l'avis +de M. Godart, dont l'expression nette et sage a été si bien +résumée dans le <i>Vélo</i> par son envoyé spécial, M. Frantz +Reichel, ici présent. C'est-à -dire je voudrais voir donner le +temps qui lui est dû à l'activité physique et même l'augmenter, +mais je n'irais pas jusqu'à la superstition des trois-huit. +<i>(On rit.)</i> Il est certain que huit heures d'études intensives +donneraient un meilleur résultat qu'un plus grand nombre +d'heures d'étude consacrées à un travail relâché. Il est bien +sûr, toutefois, qu'en développant les muscles, en les faisant +solides, on obtiendrait une circulation cérébrale plus active. +On arriverait, comme l'a si bien démontré M. Tissié, +à des produits littéraires et scientifiques supérieurs. Et +j'estime que les vainqueurs du football ont bien des chances +d'être les lauréats de demain dans les concours intellectuels.</p> + +<p>Et pour que les associations sportives produisent tous +leurs effets, je voudrais qu'elles fussent absolument intransigeantes +sur le point d'honneur et sur la dignité de +l'athlète. Pas de compromis.—Monsieur, vous avez violé +la loi, vous êtes disqualifié.—Monsieur, vous avez menti, +vous êtes disqualifié.—Monsieur, vous avez maltraité +votre adversaire, vous êtes disqualifié. Un point, c'est tout. +Avec des moeurs pareilles, nous irons peut-être avec succès +à l'encontre de ces consciences de caoutchouc que la politique +a malheureusement tendu à développer, parce que +la politique étant faite d'intérêts pousse au compromis, et +que le compromis est toujours une entorse faite à la conscience. +<i>(Vive approbation.)</i> Que les associations sportives +arborent donc le drapeau de l'intransigeance sur les questions +d'honneur et lorsqu'elles entreront sur un terrain où +les compromis sont pratiqués, qu'on les voie gagner la +bataille avec une conscience irréductible contre les consciences +souples, car les premières gagnent aussi les batailles +politiques beaucoup mieux que les consciences habiles. +<i>(Vifs applaudissements.)</i></p> + + +<p>Il est un point d'ordre civique sur lequel je dois m'expliquer. +Quel que soit l'habit que je porte, l'habit n'est rien, +et si l'habit ne fait pas le moine, il n'empêche pas de faire +L'homme. <i>(Nouveaux applaudissements.)</i> Nous ne pouvons +pas oublier que nous vivons dans une vaste démocratie, +non pas seulement française, mais universelle. Qu'on vive +sous un monarque ou un président de République, on n'en +est pas moins un citoyen libre. Mais l'avantage d'une démocratie +comme la nôtre, c'est que l'individu participe à +la direction générale. Il faut donc, dans une démocratie, +former des hommes éclairés et capables d'initiative. Si +vous formez des êtres passifs, n'agissant que par la seule +impulsion du pouvoir, comment constituerez-vous une démocratie +sérieuse? Vous n'aurez que des gens en tutelle, +qui seront battus à tous les coups, comme sera battu par +l'athlète celui qui n'aura reçu aucune éducation athlétique. +Dans une démocratie, les citoyens devraient donner à tous +l'exemple du respect de l'autorité de celui qu'ils ont élu, de +celui qu'ils ont consacré par leur vote.</p> + +<p>Je n'ai jamais vu des sportifs battre en brèche l'autorité +du président librement choisi par eux. Au contraire, ils +font prévaloir cette autorité et ils savent la défendre quand +on l'attaque. Ces moeurs, transportées dans une démocratie, +en assureront la fortune et la prospérité. <i>(Vifs applaudissements.)</i></p> + +<p>Je le dis très haut, voilà les élèves que j'essaie de former. +Monsieur le représentant du Ministre de l'Instruction +publique, voulez-vous me permettre de dire que je ne comprends +pas que, lorsque vous voyez un établissement qui +travaille dans cet ordre d'idées, il ne soit pas considéré +comme un établissement luttant pour le bien de la France +et l'avenir de la démocratie. Nous pouvons être des concurrents, +nous devons être des concurrents, parce qu'il est +excellent que, dans un pays de liberté, la centralisation soit +entamée par des hommes libres et chevaleresques. Mais +c'est tout.</p> + +<p>Nous livrons le combat comme nous croyons devoir le +livrer, mais nous luttons pour la même cause. Nous présentons +notre épée en signe d'amitié, comme le fait un chevalier. +Jamais il ne faut attaquer un chevalier, un ami du +droit et de l'indépendance: on entre en pourparlers avec +lui, mais on ne s'expose pas à lui faire la guerre, car l'attaquer, +c'est entrer en lutte contre la justice et la liberté. +<i>(Très bien! très bien!)</i></p> + + +<p>Je ne puis pas, Mesdames et Messieurs, méconnaître +que l'oeuvre des sports a des adversaires. M. de Coubertin +traiterait cette question beaucoup mieux que moi, parce +qu'il a été de toutes les batailles que les associations sportives +ont soutenues, et il le ferait avec d'autant plus d'éloquence +qu'ayant été de toutes les batailles, il les a toutes +gagnées.</p> + +<p>En ce qui me concerne, j'aime beaucoup la bataille, +surtout si je la gagne. <i>(Rires et applaudissements.)</i> Mais je +ne livre le combat que quand je crois être sûr du succès, +sinon j'attends—mais je n'attends jamais longtemps. <i>(On +rit.)</i> Dès que mes troupes sont bien prêtes, que les armes +sont au complet, alors je donne le signal du combat. Je +puis être battu, mais j'ai toujours assuré ma ligne de retraite.</p> + +<p>Quels sont donc, Messieurs, les adversaires des sports? +Je les classe en trois catégories: les passifs, les affectifs et +les intellectuels. J'emprunte ces termes au docteur Tissié +et je suis heureux de me servir de cette jolie étiquette. +Mais je les définirai autrement: les affectifs, c'est vous, +Mesdames. Le plus grand ennemi des sports, c'est la mère. +Combien ai-je entendu de mères me dire: «Et surtout +que mon fils ne joue pas au football!</p> + +<p>—Madame, votre fils vous appartient et il n'y jouera +pas, si vous le défendez. Mais pourquoi le défendez-vous? +Vous êtes calme en ce moment, causons.—Vous voulez +donc que mon fils se casse une jambe, un bras, qu'il meure?—Non, +Madame, je veux qu'il vive; et si on lui casse une +jambe, nous la lui raccommoderons. <i>(On rit.)</i>—Ah! vous +voilà bien!—Ne savez-vous pas qu'une jambe raccommodée +est beaucoup plus solide qu'une neuve?» <i>(Hilarité. +Vifs applaudissements.)</i></p> + +<p>Vous voyez quelle est la résistance du sentiment. Et, à +ce propos, je me rappelle un mot de Claude Bernard, dont +j'ai suivi les cours autrefois. Il s'agissait alors de la vivisection +et les affectifs étaient en mouvement. Toujours les +sentimentaux!</p> + +<p>Les Anglaises avaient fondé une Ligue contre la vivisection, +et Claude Bernard faisait remarquer qu'on ne +pouvait pas discuter avec les sentimentaux, parce qu'une +raison, même la meilleure, ne peut pas mordre sur un sentimental. +Le sentiment ne se laisse jamais persuader. +«Comment! vous allez disséquer vivants mon chat, mon +chien, mon petit lapin», disaient les membres de la Ligue +contre la vivisection!</p> + +<p>Et Claude-Bernard faisait cette réflexion dans sa raison +supérieure: J'admire comment ces êtres de sentiment, si +pleins de compassion pour les bêtes, en ont si peu pour la +pauvre humanité! «Comment apprendre à la guérir, si ce +n'est en taillant les bêtes, en les examinant à l'intérieur +pour y chercher l'énigme de la maladie et surprendre le +secret de la guérison.» <i>(Applaudissements répétés.)</i></p> + +<p>Malgré l'opposition tenace des sentimentaux, la vivisection +a continué à être pratiquée et vous savez de quelles +heureuses découvertes elle a été le point de départ.</p> + +<p>Avec toute votre sentimentalité, Mères, vous n'empêcherez +pas votre enfant de jouer. C'est l'enfant lui-même +qui vous persuadera. Quand il voudra se donner du mouvement, +l'attacherez-vous, le ligoterez-vous pour qu'il +n'exerce pas sa force avec ses camarades? Il veut être plus +fort qu'eux et vous ne l'en défendrez pas; si bien que, +malgré l'objection des affectifs, les associations sportives +continueront à se développer.</p> + +<p>Une autre objection est celle des éternels réactionnaires: +les passifs, les partisans de ce qui fut; les ennemis +nés et acharnés de ce qui doit être. Une nouveauté! +Pourquoi faire? Cela n'existait pas autrefois. Vous connaissez +le thème. Le mouvement nouveau les effraye et, +malgré tous nos efforts, vous voyez encore dans les établissements +d'instruction s'entasser élèves sur élèves. Vous +voyez des centaines d'enfants dans des dortoirs, dans des +cours, où ils ne respirent pas, où ils peuvent à peine courir, +à peine marcher. Et c'est cela qu'ils appellent, les passifs, +conserver les belles et bonnes traditions. Non, non et non! +Pour gagner des victoires dans la vie, il faut des forces +vraies, des forces pratiques, et on ne les acquiert que par +les exercices de plein air, les sports athlétiques qui trempent +le corps, qui trempent l'âme. Nous voulons des hommes +d'action; les associations sportives nous aideront à les +créer parce qu'elles développent les qualités pratiques sans +lesquelles on ne peut rien faire d'utile en ce monde.</p> + +<p>Mais, mon fils ira au concours général, dit une mère. Il +sera officier, il aura un plumet.—Est-ce le plumet qui +fait gagner les batailles? Il est souvent gênant. Les hommes +qui veulent remporter des victoires ont besoin de +forces pratiques.</p> + +<p>Ce que je préfère, c'est le jeune homme capable de conduire +une de ces grandes affaires commerciales comme il y +en a dans cette puissante ville du Havre. Je le préfère celui-là +au Monsieur qui fera de la littérature, qui publiera des +articles à 300, 400 ou 500 francs dans un journal en vogue, +et qui, ayant le gousset bien garni, pourra mener une vie +luxueuse.</p> + +<p>Celui qui conduira une usine de 1.000 ouvriers gagnera +des batailles, les batailles de l'industrie et du commerce, il +fera vivre des familles et il enrichira son pays, la France. +<i>(Nombreux applaudissements.)</i></p> + +<p>Il y a une troisième objection: celle des intellectuels. +J'appelle intellectuel le Monsieur qui croit n'avoir plus +d'estomac, qui ne peut pas souffrir un courant d'air. Il y a +un courant d'air ici, fermez les fenêtres. <i>(On rit.)</i> Il est +tellement affiné, qu'il n'appartient plus à la race humaine. +Nous sommes profondément méprisés par lui, parce qu'il a +fait des livres délicats, quintessenciés, ayant la dernière +forme et dans lesquels on trouve des choses qu'on n'a vues +nulle part. Eh bien! que m'apprenez-vous, vous, les intellectuels? +Je le déclare, je suis peut-être un barbare, mais tous +ces romans je ne les lis pas. Je me suis toujours demandé +comment les femmes intelligentes pouvaient se nourrir ou +plutôt s'intoxiquer de ces livres, car il faut bien le reconnaître, +quand ils tirent à 100.000, il y en a 60.000 qui sont +achetés par les femmes. <i>(Applaudissements répétés.)</i></p> + +<p>Que les intellectuels me pardonnent: au fond je suis +un brave homme! <i>(Nouveaux applaudissements et rires.)</i></p> + +<p>En parlant comme je le fais, j'exprime des idées qui me +sont chères, en bon chevalier, mais je puis faire bon ménage +avec un intellectuel et passer de bonnes heures avec +lui; je ne sais pas si elles sont, pour lui, aussi agréables!</p> + +<p>L'intellectuel dit: Développez donc les cerveaux et non +les muscles. Et moi je dis—et M. le docteur Tissié m'approuvera, +je crois—: Pour développer le cerveau, il faut +fortifier le muscle. Quand nous aurons battu les intellectuels—l'heure +approche, car le muscle triomphe—nous +verrons disparaître des boulevards ces romans dont on +s'empoisonne. Quelle belle victoire! <i>(Assentiment général.)</i></p> + +<p>Oui, ne serait-ce pas une grande victoire que de pouvoir +réduire ainsi les intellectuels qui croient tenir le sommet de +la pyramide humaine! Nous y arriverons, je l'espère bien.</p> + +<p>Je fais des voeux pour que ces idées pénètrent et soient +appliquées dans les lycées, collèges, dans les établissements +libres, dans les maisons de congréganistes, comme +les appellent volontiers nos adversaires. Congréganistes, +je n'aime pas ce mot-là , je préfère le mot libre. Je suis ce +que je suis: j'ai mes idées, j'ai le courage de les dire et je +cherche à les faire triompher. <i>(Vifs applaudissements.)</i></p> + +<p>Et pour terminer par un mot de concorde, je voudrais, +Monsieur le Sous-Préfet,—et, pour ma part, mes efforts +sont tournés vers ce but,—que les sports fussent un terrain +où toute la jeunesse française pût se réunir, qu'on y +travaillât à ruiner dans ce pays l'esprit qui nous divise, +pour former une France comme nous la rêvons tous, nous +les libéraux, non pas une France dans laquelle nous penserons +tous de la même manière, c'est impossible, mais une +France où tous nous aurons la pratique austère, loyale et +chevaleresque du respect des autres et de la tolérance. +<i>(Applaudissements frénétiques et prolongés.)</i></p> + +<div>*** END OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK 13284 ***</div> +</body> +</html> diff --git a/13284-h/images/Image1.png b/13284-h/images/Image1.png Binary files differnew file mode 100644 index 0000000..ebd7845 --- /dev/null +++ b/13284-h/images/Image1.png diff --git a/LICENSE.txt b/LICENSE.txt new file mode 100644 index 0000000..6312041 --- /dev/null +++ b/LICENSE.txt @@ -0,0 +1,11 @@ +This eBook, including all associated images, markup, improvements, +metadata, and any other content or labor, has been confirmed to be +in the PUBLIC DOMAIN IN THE UNITED STATES. + +Procedures for determining public domain status are described in +the "Copyright How-To" at https://www.gutenberg.org. + +No investigation has been made concerning possible copyrights in +jurisdictions other than the United States. Anyone seeking to utilize +this eBook outside of the United States should confirm copyright +status under the laws that apply to them. diff --git a/README.md b/README.md new file mode 100644 index 0000000..c7fd065 --- /dev/null +++ b/README.md @@ -0,0 +1,2 @@ +Project Gutenberg (https://www.gutenberg.org) public repository for +eBook #13284 (https://www.gutenberg.org/ebooks/13284) diff --git a/old/13284-8.txt b/old/13284-8.txt new file mode 100644 index 0000000..c53c0c3 --- /dev/null +++ b/old/13284-8.txt @@ -0,0 +1,944 @@ +Project Gutenberg's Influence morale des sports athlétiques, by Henri Didon + +This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with +almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or +re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included +with this eBook or online at www.gutenberg.org + + +Title: Influence morale des sports athlétiques + +Author: Henri Didon + +Release Date: August 25, 2004 [EBook #13284] + +Language: French + +Character set encoding: ISO-8859-1 + +*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK INFLUENCE MORALE DES SPORTS *** + + + + +Produced by Miranda van de Heijning, Renald Levesque and the Online +Distributed Proofreading Team. This file was produced from images +generously made available by the Bibliothèque nationale de France +(BnF/Gallica) + + + + + + + +LE P. DIDON + + +Influence morale +des Sports athlétiques. + + +DISCOURS PRONONCÉ +_AU CONGRÈS OLYMPIQUE DU HAVRE_ +LE 29 JUILLET 1897. + + +[Illustration: image1.png (entête décorative)] + +Ce discours, recueilli par la sténographie, a été prononcé dans la +réunion plénière du Congrès olympique international, dans l'hôtel de +ville du Havre. + +Siègent au bureau, à côté de M. de Coubertin, président, M. le docteur +Tissié, représentant M. le Ministre de l'Instruction publique, et M. +Cathala, sous-préfet du Havre, etc., etc. + + +_M. le Président_.--Mesdames, Messieurs, le sujet qui doit être traité +dans cette séance est celui-ci: + +De l'action morale des exercices physiques sur l'enfant, sur +l'adolescent et de l'influence de l'effort sur la formation du caractère +et le développement de la personnalité. + +C'est le R.P. Didon qui veut bien traiter ce sujet. Je lui donne la +parole. (_Vifs applaudissements.--Mouvement d'attention._) + + + +MESDAMES, +MESSIEURS, + +C'est un grand honneur pour moi d'avoir été convié à ce Congrès +olympique international et de prendre la parole dans une assemblée +aussi distinguée, en présence des autorités de ce pays, du représentant +officiel de M. le Ministre de l'Instruction publique, des hommes +éminents qui s'occupent de l'éducation physique de la jeunesse, et des +savants étrangers venus de divers pays, je puis dire de tous les pays, +pour apporter à la cause des sports athlétiques le témoignage de +leur expérience, de leur science parfaite et la consécration de leur +autorité. + +Il ne m'appartient pas de vous remercier, Messieurs, c'est là oeuvre +présidentielle,--et je ne suis ici qu'un humble membre de cette réunion. +Mais il m'appartient de me réjouir de me trouver pour la première fois, +je le crois, à côté de l'autorité officielle du pays et à côté des +représentants français et étrangers de la science de l'éducation +physique dont les progrès sont inhérents à la civilisation même; car +la plus haute tâche de la civilisation ne consiste-t-elle pas à +former l'homme tout entier, intellectuel et physique et moral? +(_Applaudissements._) + +Je dois dire que c'est l'amitié de M. de Coubertin qui est l'explication +de ma présence ici. Il a pensé qu'ayant été, depuis plusieurs années, +administrateur délégué de la Société anonyme Albert-le-Grand et, en +cette qualité, appelé à gouverner plusieurs écoles, à leur inspirer +le mouvement, je pourrais donner, moi aussi, par mon témoignage, un +concours utile à l'oeuvre à laquelle il s'est appliqué si vaillamment, +si intelligemment, et avec une persévérance digne de tout éloge. Et vous +ne me démentirez pas, Mesdames et Messieurs, quand je dirai qu'il faut +reconnaître en M. de Coubertin le rénovateur, le promoteur vigoureux, +infatigable, des exercices de plein air et des sports athlétiques, en +France. (_Vifs applaudissements_.) + +En répondant à votre appel, mon cher Président et ami, j'ai cru +accomplir un devoir de haute reconnaissance. N'est-ce pas vous qui, il +y a sept ans, êtes venu me trouver dans mon petit cabinet de l'École +Lacordaire, et qui m'avez glissé, par votre parole insinuante et +persuasive, la pensée d'introduire dans mes écoles des exercices de +sport? + +C'est ce que j'ai fait, et j'ai obtenu des succès qui ne rivalisent +certainement pas avec les merveilles de la Ligue de Bordeaux dont nous +entretenait hier M. le docteur Tissié, mais qui attestent du moins +l'excellence de l'oeuvre des sports athlétiques, chère à M. de +Coubertin. + +J'acquitte donc ma dette de reconnaissance, en rendant témoignage à +cette oeuvre et venant parler ici de la puissance éducatrice et de +l'action morale des exercices physiques de plein air sur la jeunesse, +sur la formation du caractère et le développement de la personnalité. + +Ce sujet intéresse tout le monde; il intéresse les mères, il intéresse +les pères, il intéresse les fils, il intéresse les pouvoirs publics, +il intéresse le Ministre de l'Instruction publique dont nous avons ici +l'honorable représentant, il intéresse enfin tous ceux qui ont souci de +l'avenir de ce pays, et j'estime, Mesdames et Messieurs, que j'aurais +rendu quelque service, s'il m'était donné de prouver avec une évidence +irrésistible pour les plus réfractaires, que cette puissance éducatrice, +que cette force morale contenue dans les exercices physiques de plein +air est une puissance certaine et douée d'une pénétrante action sur la +jeunesse. J'espère y arriver, car je vois que vous êtes très ouverts +à la vérité, et par conséquent très disposés à m'aider dans cette +démonstration qui est tout à fait digne de l'attention la plus sérieuse. +(_Applaudissements_.) + + +Les résultats obtenus par la pratique constante et habituelle des +exercices de plein air et des sports athlétiques sont nombreux: je vous +signalerai les principaux. + +Le premier, c'est le développement, la multiplication de l'activité +physique. Mais, direz-vous, ce n'est pas là une vertu morale! Comment, +Messieurs, l'activité physique n'est pas une vertu morale? Convenez du +moins qu'elle est la condition de grandes vertus morales? N'a-t-on pas +dit spirituellement et en toute vérité que la propreté et l'hygiène +étaient des vertus? Pourquoi, alors, n'en pourrait-on pas dire autant de +l'activité physique? Quand vous verrez des enfants inertes, paresseux +physiquement, soyez certains qu'ils le sont moralement, et quand vous +voyez des enfants actifs jusqu'à la turbulence, soyez sûrs qu'il y a +en eux des vertus en germe. Eh bien! cette mise en activité des vertus +physiques par les exercices de plein air, voilà le premier résultat +obtenu par les sports athlétiques. + +Le second, c'est l'esprit de combativité et de lutte. + +De même que dans la plupart des enfants, Mesdames, vous observez une +paresse native qu'il faut vaincre à tout prix, parce que cette paresse +native se répand dans toutes les facultés et les endort, de même vous +surprenez en eux une lâcheté originelle. L'enfant commence par avoir +peur: l'humanité est d'abord craintive et timide. Il faut qu'elle fasse +preuve de vaillance, et pour cela il est nécessaire de développer +l'esprit de combativité. (_Vifs applaudissements_.) + +Ne vous effrayez pas de cet esprit. Peut-être, direz-vous, nous ne +pourrons plus tenir nos enfants, ils seront toujours ivres de luttes, +toujours rêvant plaies et bosses. N'oubliez donc jamais que les +combatifs sont les forts, que les forts sont les bons, mais que les +paresseux sont les rusés et les faibles, et que les faibles sont +dangereux, parce qu'ils sont traîtres. (_Applaudissements._) + + +Développons donc l'esprit de combativité, c'est-à-dire l'amour de la +lutte: tel est le but. Il y a un obstacle, renversons-le! Mais si nous +le tournions, ne pouvant le renverser? Soit! Mais si, en le tournant, +nous sommes poursuivis, ne craignons pas d'attaquer. Voilà l'esprit +combatif, voilà une des plus belles vertus physico-morales de l'homme, +car si l'homme contient en germe une lâcheté native, il possède +également en germe une bravoure native. Et il s'agit de savoir qui +l'emportera, de la lâcheté ou de la bravoure. Les sports font prédominer +l'esprit de combativité, c'est-à-dire l'esprit de vaillance et de +bravoure originelles qui dorment chez l'enfant. Les sports font de +l'enfant un adolescent vaillant, qui ne sait pas se détourner devant +l'obstacle et qui n'a de tranquillité qu'après l'avoir brisé, dompté, +vaincu. + +Le troisième résultat consiste à donner la force ou l'endurance. + +L'être fort, c'est celui qui sait endurer, ce n'est pas toujours celui +qui attaque,--l'être fort se révèle bien plus par l'endurance et la +patience,--c'est celui qui ne recule jamais. Voilà l'adolescent qu'il +faut fabriquer, et, certes, il n'est pas difficile d'en fabriquer de +semblables dans le pays des Gaulois. Ce ne sont pas les Gaulois qui sont +des paresseux, ils sont trop gais, trop expansifs. Ce sont toujours ceux +qui ne craignaient rien qu'une chose: «que le ciel ne tombât sur leurs +têtes.» Ils poussaient la force jusqu'à la présomption. Eh bien, je +le déclare hautement, je préfère les présomptueux aux timides. +(_Applaudissements._) + +Je vais dire quelque chose qui va plaire aux mères françaises, que je +crois bien connaître. Elles ont toujours peur, les mères françaises, +elles ont le génie de la préservation. Permettez-moi donc de vous +donner, Mesdames, un moyen de préserver vos fils, c'est-à-dire d'en +faire des tempérants qui n'aiment ni le vin ni l'alcool, qui ne +commencent pas à fumer à douze ans, qui savent mettre le plaisir à sa +place. + +J'ai observé et j'observe tous les jours que, dans le milieu où il +nous a été donné à M. de Coubertin et moi d'organiser ces associations +athlétiques, ces jeunes gens ne fument presque pas, ne vont pas sur les +champs de courses pour parier; qu'ils sont très modérés et qu'en fait de +plaisirs, ils pourraient arriver à donner des leçons, non seulement à +Épicure qui était un raffiné de modération, mais à l'autre, le chef des +stoïques, qui était un austère, et j'ai observé aussi qu'ils savaient se +priver, se condamner même à une dure hygiène dans un but supérieur. + +Pour compléter ces résultats d'ordre moral et psychique, je vous en +signalerai un autre d'ordre civique. + +Les sports, en groupant la jeunesse pour un but qui répond à sa nature, +à son besoin de mouvement, font les natures unies et préparent le +bon groupement de l'école. S'il m'est permis de parler de l'École +Albert-le-Grand, j'avais remarqué qu'il s'y formait des petites coteries +provoquées par des sympathies naturelles, par des rapports de famille, +par diverses convenances qu'il est difficile d'analyser, et je voyais +les élèves se grouper six par six, quatre par quatre, deux par deux. +Oh! je n'aime pas cela, parce que l'esprit de coterie est une cause de +division et de faiblesse, et comme je n'ai pas l'habitude de couper le +mal autrement que dans la racine j'ai laissé les choses aller, mais je +me suis dit: Voici une plaie que j'extirperai; or, Messieurs, je l'ai +extirpée sans rien dire, en organisant les sports, en mêlant tous les +groupes. + +J'ai vu que cette grande jeunesse est arrivée à faire de la fraternité. +Elle s'est rapprochée dans la lutte autour du drapeau blanc et noir, +celui d'Albert-le-Grand, le nôtre, avec ses quatre lettres A-A-A-G, de +sorte que tous ces combattants ne connaissaient plus que le capitaine +qui tenait le drapeau, les officiers qui le secondaient et les braves +soldats qui enfonçaient l'ennemi. (_Applaudissements._) + +Si j'osais, je pourrais m'adresser à M. le sous-préfet et lui dire: +Vous qui menez des hommes, qui avez à les gouverner, vous savez quelle +puissance on a quand on peut faire l'unité dans un milieu, quand on peut +couper les sectes et ramasser les combattants autour d'une idée +forte. Là est le génie politique et, tandis que le génie de +l'impolitique--passez-moi le mot barbare--est de diviser, celui de la +politique est de réunir. (_Applaudissements prolongés_.) + + +J'ai énuméré quelques-uns des résultats obtenus expérimentalement par +les associations sportives et athlétiques, par les exercices en plein +air. En présence de ces résultats physiques, psychiques, moraux et +civiques, les pères et les mères, les éducateurs comprennent-ils +maintenant qu'ils ont le devoir de pousser leurs fils et leurs disciples +dans cette voie? + +Mais ici, une question pratique se pose d'elle-même: comment ces +associations sportives doivent-elles être organisées pour donner tous +leurs fruits? + +Je vais y répondre. + + +J'ai eu l'honneur hier de prendre part à la discussion intime de la +Commission pédagogique relative à cette question. J'avoue que j'y ai +appris beaucoup de choses des professeurs de gymnastique scientifique, +de M. le docteur Tissié surtout, qui est un maître, non seulement dans +la science médicale, mais dans la science pédagogique, et qui à sa +science spéculative ajoute une expérience consommée. + +Pour mon compte--et j'ai été très heureux de rencontrer la collaboration +de M. le sous-préfet du Havre, M. Cathala--j'ai exprimé mes idées +libérales relatives à l'organisation des sports dans les lycées, +collèges et établissements libres. Quelles sont ces idées? Je vous en +dois l'exposé public et très détaillé. + +Je réponds que le caractère de l'organisation de ces associations (je +mets de côté les leçons de gymnase qui font partie du programme de +l'enseignement classique) dans toutes les maisons où l'on élève la +jeunesse française doit être la liberté: liberté dans la fondation même +des associations, parce qu'il faut que les jeunes gens organisent leurs +petites sociétés eux-mêmes. Ils doivent nommer leurs présidents, leurs +secrétaires, leurs trésoriers, constituer leurs bureaux. Étant ainsi +constitués par eux, ils les acceptent comme une autorité librement +reconnue. + +Et vous apercevez tout de suite que cette liberté dans l'organisation +des sociétés présente un phénomène très nouveau dans nos établissements +scolaires français. J'ai été frappé de ce fait que partout il y avait +une centralisation absolue dans les lycées, dans les collèges, dans les +écoles libres, congréganistes, j'ai observé ce fait particulier que les +élèves étaient toujours groupés au gré de l'autorité qui les domine. La +centralisation est partout et c'est ce que je ne puis accepter. Aussi me +suis-je promis que, quand j'aurais un ensemble à manier, je ferais un +trou, par lequel je ferais entrer la liberté dans les associations +et dans les établissements d'éducation. Or, Messieurs, la liberté, +intronisée là et pratiquée là, finira, soyez-en sûrs, par s'établir dans +le pays en maîtresse souveraine. + +Ce que je m'étais promis de faire je l'ai fait. Et les associations +se sont constituées, et j'admirais l'importance que se donnaient ces +présidents, ces secrétaires, tous ces membres du bureau, à cause de la +dignité dont ils se voyaient tout d'un coup revêtus. J'ai même remarqué +que les dignitaires scolaires, institués par l'autorité, avaient moins +d'influence que ceux choisis par les camarades. Pourquoi? Parce que ces +derniers sont revêtus seuls de l'autorité que l'opinion peut donner, +car, dans les écoles comme dans le pays, dans la nation comme dans les +petits groupes, il y a une autorité souveraine,--l'opinion. Le chef qui +ne la représente pas ne peut rien, celui qui la représente peut tout, +surtout quand il poursuit un but élevé. (_Applaudissements prolongés._) + +De même que ces associations scolaires naissent librement, de même elles +doivent s'administrer librement, même en ce qui regarde leur budget, et +c'est là où je différerai peut-être d'avis avec M. le docteur Tissié. +Elles doivent apprendre à se gouverner pour connaître la responsabilité, +et je laisserai au besoin la faute s'accomplir parce qu'elle permet de +donner une leçon. Je n'aime pas les élèves impeccables, je préfère ceux +qu'on peut corriger et instruire à l'occasion d'une faute, de même qu'on +corrige le bon cheval à l'occasion d'un faux pas. + +Il faut donc laisser à ces associations le soin de leur bourse pour leur +apprendre à s'en servir, à bien choisir quand elles achètent, et à payer +le moins cher possible les objets dont elles ont besoin. Elles doivent +s'administrer librement, sans entrave de la part de l'autorité. + +Il y a toujours, dans les établissements d'enseignement, des censeurs +austères, sévères, qui rappellent que telle chose ne doit être faite +qu'à 2 heures et demie.--Mais la bataille est à 2 heures!--La bataille, +je ne connais pas cela. Je ne connais que l'heure fixée: 2 heures et +demie. _(Rires.)_ + +Il faut faire disparaître ces entraves et dire aux jeunes gens: Allez +au combat, battez bien l'adversaire et, quand vous reviendrez, ayant +remporté la victoire, avec un rayon de gloire sur le front, vous +travaillerez mieux. _(Applaudissements.)_ + +Voici donc comment je comprends le rôle, l'attitude des directeurs +d'établissements vis-à-vis de ces associations sportives et athlétiques +d'après la réserve que j'ai faite hier. Ce rôle se résume en un +patronage bienveillant, encourageant, fortifiant, prévoyant. C'est tout +ce qu'on peut se permettre vis-à-vis d'êtres libres. L'être libre, à +moins d'un ordre qui lui est donné, est un être affranchi, à qui l'on +doit laisser la liberté. On ne doit lui parler que comme à un être +souverain, voilà la formule. _(Nouveaux applaudissements.)_ + +Je vais encore faire une réserve; il faut que ces associations soient +absolument respectueuses des heures d'études. + +Il est évident que, si une association athlétique passe toute la journée +à faire des sports, le latin, le grec, l'histoire, les mathématiques ne +tomberont pas par une infusion supérieure dans ces jeunes têtes. Il faut +donc faire une part équitable du travail et des jeux, et je serais bien +de l'avis de M. Godart, dont l'expression nette et sage a été si bien +résumée dans le _Vélo_ par son envoyé spécial, M. Frantz Reichel, ici +présent. C'est-à-dire je voudrais voir donner le temps qui lui est dû à +l'activité physique et même l'augmenter, mais je n'irais pas jusqu'à la +superstition des trois-huit. _(On rit.)_ Il est certain que huit heures +d'études intensives donneraient un meilleur résultat qu'un plus grand +nombre d'heures d'étude consacrées à un travail relâché. Il est bien +sûr, toutefois, qu'en développant les muscles, en les faisant solides, +on obtiendrait une circulation cérébrale plus active. On arriverait, +comme l'a si bien démontré M. Tissié, à des produits littéraires et +scientifiques supérieurs. Et j'estime que les vainqueurs du football +ont bien des chances d'être les lauréats de demain dans les concours +intellectuels. + +Et pour que les associations sportives produisent tous leurs effets, +je voudrais qu'elles fussent absolument intransigeantes sur le point +d'honneur et sur la dignité de l'athlète. Pas de compromis.--Monsieur, +vous avez violé la loi, vous êtes disqualifié.--Monsieur, vous avez +menti, vous êtes disqualifié.--Monsieur, vous avez maltraité votre +adversaire, vous êtes disqualifié. Un point, c'est tout. Avec des +moeurs pareilles, nous irons peut-être avec succès à l'encontre de ces +consciences de caoutchouc que la politique a malheureusement tendu à +développer, parce que la politique étant faite d'intérêts pousse au +compromis, et que le compromis est toujours une entorse faite à la +conscience. _(Vive approbation.)_ Que les associations sportives +arborent donc le drapeau de l'intransigeance sur les questions d'honneur +et lorsqu'elles entreront sur un terrain où les compromis sont +pratiqués, qu'on les voie gagner la bataille avec une conscience +irréductible contre les consciences souples, car les premières gagnent +aussi les batailles politiques beaucoup mieux que les consciences +habiles. _(Vifs applaudissements.)_ + + +Il est un point d'ordre civique sur lequel je dois m'expliquer. Quel que +soit l'habit que je porte, l'habit n'est rien, et si l'habit ne fait +pas le moine, il n'empêche pas de faire L'homme. _(Nouveaux +applaudissements.)_ Nous ne pouvons pas oublier que nous vivons dans une +vaste démocratie, non pas seulement française, mais universelle. Qu'on +vive sous un monarque ou un président de République, on n'en est pas +moins un citoyen libre. Mais l'avantage d'une démocratie comme la nôtre, +c'est que l'individu participe à la direction générale. Il faut +donc, dans une démocratie, former des hommes éclairés et capables +d'initiative. Si vous formez des êtres passifs, n'agissant que par la +seule impulsion du pouvoir, comment constituerez-vous une démocratie +sérieuse? Vous n'aurez que des gens en tutelle, qui seront battus à tous +les coups, comme sera battu par l'athlète celui qui n'aura reçu aucune +éducation athlétique. Dans une démocratie, les citoyens devraient donner +à tous l'exemple du respect de l'autorité de celui qu'ils ont élu, de +celui qu'ils ont consacré par leur vote. + +Je n'ai jamais vu des sportifs battre en brèche l'autorité du président +librement choisi par eux. Au contraire, ils font prévaloir cette +autorité et ils savent la défendre quand on l'attaque. Ces moeurs, +transportées dans une démocratie, en assureront la fortune et la +prospérité. _(Vifs applaudissements.)_ + +Je le dis très haut, voilà les élèves que j'essaie de former. Monsieur +le représentant du Ministre de l'Instruction publique, voulez-vous me +permettre de dire que je ne comprends pas que, lorsque vous voyez un +établissement qui travaille dans cet ordre d'idées, il ne soit pas +considéré comme un établissement luttant pour le bien de la France et +l'avenir de la démocratie. Nous pouvons être des concurrents, nous +devons être des concurrents, parce qu'il est excellent que, dans un pays +de liberté, la centralisation soit entamée par des hommes libres et +chevaleresques. Mais c'est tout. + +Nous livrons le combat comme nous croyons devoir le livrer, mais +nous luttons pour la même cause. Nous présentons notre épée en signe +d'amitié, comme le fait un chevalier. Jamais il ne faut attaquer un +chevalier, un ami du droit et de l'indépendance: on entre en pourparlers +avec lui, mais on ne s'expose pas à lui faire la guerre, car l'attaquer, +c'est entrer en lutte contre la justice et la liberté. _(Très bien! très +bien!)_ + + +Je ne puis pas, Mesdames et Messieurs, méconnaître que l'oeuvre des +sports a des adversaires. M. de Coubertin traiterait cette question +beaucoup mieux que moi, parce qu'il a été de toutes les batailles que +les associations sportives ont soutenues, et il le ferait avec d'autant +plus d'éloquence qu'ayant été de toutes les batailles, il les a toutes +gagnées. + +En ce qui me concerne, j'aime beaucoup la bataille, surtout si je la +gagne. _(Rires et applaudissements.)_ Mais je ne livre le combat que +quand je crois être sûr du succès, sinon j'attends--mais je n'attends +jamais longtemps. _(On rit.)_ Dès que mes troupes sont bien prêtes, que +les armes sont au complet, alors je donne le signal du combat. Je puis +être battu, mais j'ai toujours assuré ma ligne de retraite. + +Quels sont donc, Messieurs, les adversaires des sports? Je les classe +en trois catégories: les passifs, les affectifs et les intellectuels. +J'emprunte ces termes au docteur Tissié et je suis heureux de me +servir de cette jolie étiquette. Mais je les définirai autrement: les +affectifs, c'est vous, Mesdames. Le plus grand ennemi des sports, c'est +la mère. Combien ai-je entendu de mères me dire: «Et surtout que mon +fils ne joue pas au football! + +--Madame, votre fils vous appartient et il n'y jouera pas, si vous le +défendez. Mais pourquoi le défendez-vous? Vous êtes calme en ce moment, +causons.--Vous voulez donc que mon fils se casse une jambe, un bras, +qu'il meure?--Non, Madame, je veux qu'il vive; et si on lui casse une +jambe, nous la lui raccommoderons. _(On rit.)_--Ah! vous voilà bien!--Ne +savez-vous pas qu'une jambe raccommodée est beaucoup plus solide qu'une +neuve?» _(Hilarité. Vifs applaudissements.)_ + +Vous voyez quelle est la résistance du sentiment. Et, à ce propos, je me +rappelle un mot de Claude Bernard, dont j'ai suivi les cours autrefois. +Il s'agissait alors de la vivisection et les affectifs étaient en +mouvement. Toujours les sentimentaux! + +Les Anglaises avaient fondé une Ligue contre la vivisection, et Claude +Bernard faisait remarquer qu'on ne pouvait pas discuter avec les +sentimentaux, parce qu'une raison, même la meilleure, ne peut pas +mordre sur un sentimental. Le sentiment ne se laisse jamais persuader. +«Comment! vous allez disséquer vivants mon chat, mon chien, mon petit +lapin», disaient les membres de la Ligue contre la vivisection! + +Et Claude-Bernard faisait cette réflexion dans sa raison supérieure: +J'admire comment ces êtres de sentiment, si pleins de compassion pour +les bêtes, en ont si peu pour la pauvre humanité! «Comment apprendre +à la guérir, si ce n'est en taillant les bêtes, en les examinant à +l'intérieur pour y chercher l'énigme de la maladie et surprendre le +secret de la guérison.» _(Applaudissements répétés.)_ + +Malgré l'opposition tenace des sentimentaux, la vivisection a continué à +être pratiquée et vous savez de quelles heureuses découvertes elle a été +le point de départ. + +Avec toute votre sentimentalité, Mères, vous n'empêcherez pas votre +enfant de jouer. C'est l'enfant lui-même qui vous persuadera. Quand il +voudra se donner du mouvement, l'attacherez-vous, le ligoterez-vous pour +qu'il n'exerce pas sa force avec ses camarades? Il veut être plus fort +qu'eux et vous ne l'en défendrez pas; si bien que, malgré l'objection +des affectifs, les associations sportives continueront à se développer. + +Une autre objection est celle des éternels réactionnaires: les passifs, +les partisans de ce qui fut; les ennemis nés et acharnés de ce qui doit +être. Une nouveauté! Pourquoi faire? Cela n'existait pas autrefois. Vous +connaissez le thème. Le mouvement nouveau les effraye et, malgré tous +nos efforts, vous voyez encore dans les établissements d'instruction +s'entasser élèves sur élèves. Vous voyez des centaines d'enfants dans +des dortoirs, dans des cours, où ils ne respirent pas, où ils peuvent +à peine courir, à peine marcher. Et c'est cela qu'ils appellent, les +passifs, conserver les belles et bonnes traditions. Non, non et non! +Pour gagner des victoires dans la vie, il faut des forces vraies, des +forces pratiques, et on ne les acquiert que par les exercices de plein +air, les sports athlétiques qui trempent le corps, qui trempent l'âme. +Nous voulons des hommes d'action; les associations sportives nous +aideront à les créer parce qu'elles développent les qualités pratiques +sans lesquelles on ne peut rien faire d'utile en ce monde. + +Mais, mon fils ira au concours général, dit une mère. Il sera officier, +il aura un plumet.--Est-ce le plumet qui fait gagner les batailles? Il +est souvent gênant. Les hommes qui veulent remporter des victoires ont +besoin de forces pratiques. + +Ce que je préfère, c'est le jeune homme capable de conduire une de ces +grandes affaires commerciales comme il y en a dans cette puissante ville +du Havre. Je le préfère celui-là au Monsieur qui fera de la littérature, +qui publiera des articles à 300, 400 ou 500 francs dans un journal +en vogue, et qui, ayant le gousset bien garni, pourra mener une vie +luxueuse. + +Celui qui conduira une usine de 1.000 ouvriers gagnera des batailles, +les batailles de l'industrie et du commerce, il fera vivre des familles +et il enrichira son pays, la France. _(Nombreux applaudissements.)_ + +Il y a une troisième objection: celle des intellectuels. J'appelle +intellectuel le Monsieur qui croit n'avoir plus d'estomac, qui ne peut +pas souffrir un courant d'air. Il y a un courant d'air ici, fermez les +fenêtres. _(On rit.)_ Il est tellement affiné, qu'il n'appartient plus à +la race humaine. Nous sommes profondément méprisés par lui, parce qu'il +a fait des livres délicats, quintessenciés, ayant la dernière forme et +dans lesquels on trouve des choses qu'on n'a vues nulle part. Eh bien! +que m'apprenez-vous, vous, les intellectuels? Je le déclare, je suis +peut-être un barbare, mais tous ces romans je ne les lis pas. Je me suis +toujours demandé comment les femmes intelligentes pouvaient se nourrir +ou plutôt s'intoxiquer de ces livres, car il faut bien le reconnaître, +quand ils tirent à 100.000, il y en a 60.000 qui sont achetés par les +femmes. _(Applaudissements répétés.)_ + +Que les intellectuels me pardonnent: au fond je suis un brave homme! +_(Nouveaux applaudissements et rires.)_ + +En parlant comme je le fais, j'exprime des idées qui me sont chères, en +bon chevalier, mais je puis faire bon ménage avec un intellectuel et +passer de bonnes heures avec lui; je ne sais pas si elles sont, pour +lui, aussi agréables! + +L'intellectuel dit: Développez donc les cerveaux et non les muscles. +Et moi je dis--et M. le docteur Tissié m'approuvera, je crois--: Pour +développer le cerveau, il faut fortifier le muscle. Quand nous aurons +battu les intellectuels--l'heure approche, car le muscle triomphe--nous +verrons disparaître des boulevards ces romans dont on s'empoisonne. +Quelle belle victoire! _(Assentiment général.)_ + +Oui, ne serait-ce pas une grande victoire que de pouvoir réduire ainsi +les intellectuels qui croient tenir le sommet de la pyramide humaine! +Nous y arriverons, je l'espère bien. + +Je fais des voeux pour que ces idées pénètrent et soient appliquées dans +les lycées, collèges, dans les établissements libres, dans les maisons +de congréganistes, comme les appellent volontiers nos adversaires. +Congréganistes, je n'aime pas ce mot-là, je préfère le mot libre. Je +suis ce que je suis: j'ai mes idées, j'ai le courage de les dire et je +cherche à les faire triompher. _(Vifs applaudissements.)_ + +Et pour terminer par un mot de concorde, je voudrais, Monsieur le +Sous-Préfet,--et, pour ma part, mes efforts sont tournés vers ce +but,--que les sports fussent un terrain où toute la jeunesse française +pût se réunir, qu'on y travaillât à ruiner dans ce pays l'esprit qui +nous divise, pour former une France comme nous la rêvons tous, nous les +libéraux, non pas une France dans laquelle nous penserons tous de la +même manière, c'est impossible, mais une France où tous nous aurons la +pratique austère, loyale et chevaleresque du respect des autres et de la +tolérance. _(Applaudissements frénétiques et prolongés.)_ + + + + + + + + + + +End of the Project Gutenberg EBook of Influence morale des sports athlétiques +by Henri Didon + +*** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK INFLUENCE MORALE DES SPORTS *** + +***** This file should be named 13284-8.txt or 13284-8.zip ***** +This and all associated files of various formats will be found in: + https://www.gutenberg.org/1/3/2/8/13284/ + +Produced by Miranda van de Heijning, Renald Levesque and the Online +Distributed Proofreading Team. This file was produced from images +generously made available by the Bibliothèque nationale de France +(BnF/Gallica) + + +Updated editions will replace the previous one--the old editions +will be renamed. + +Creating the works from public domain print editions means that no +one owns a United States copyright in these works, so the Foundation +(and you!) can copy and distribute it in the United States without +permission and without paying copyright royalties. Special rules, +set forth in the General Terms of Use part of this license, apply to +copying and distributing Project Gutenberg-tm electronic works to +protect the PROJECT GUTENBERG-tm concept and trademark. Project +Gutenberg is a registered trademark, and may not be used if you +charge for the eBooks, unless you receive specific permission. If you +do not charge anything for copies of this eBook, complying with the +rules is very easy. 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Thus, we do not necessarily +keep eBooks in compliance with any particular paper edition. + + +Most people start at our Web site which has the main PG search facility: + + https://www.gutenberg.org + +This Web site includes information about Project Gutenberg-tm, +including how to make donations to the Project Gutenberg Literary +Archive Foundation, how to help produce our new eBooks, and how to +subscribe to our email newsletter to hear about new eBooks. diff --git a/old/13284-8.zip b/old/13284-8.zip Binary files differnew file mode 100644 index 0000000..65c5d2f --- /dev/null +++ b/old/13284-8.zip diff --git a/old/13284-h.zip b/old/13284-h.zip Binary files differnew file mode 100644 index 0000000..a77bb56 --- /dev/null +++ b/old/13284-h.zip diff --git a/old/13284-h/13284-h.htm b/old/13284-h/13284-h.htm new file mode 100644 index 0000000..5079310 --- /dev/null +++ b/old/13284-h/13284-h.htm @@ -0,0 +1,1073 @@ +<!DOCTYPE html PUBLIC "-//W3C//DTD HTML 4.01 Transitional//EN"> +<html> +<head> + <meta http-equiv="content-type" content="text/html; charset=ISO-8859-1"> + <title>The book</title> + <meta name="author" content=" "> + +<style type=text/css> + +body {margin-left: 10%; margin-right: 10%} + +h1,h2,h3,h4,h5,h6 {text-align: center;} +p {text-align: justify} + + +.poem {margin-bottom: 1em; margin-left: 10%; margin-right: 10%; + text-align: left} +.poem .stanza {margin: 1em 0em} +.poem .stanza.i {margin: 1em 0em; font-style: italic;} +.poem p {padding-left: 3em; margin: 0px; text-indent: -3em} +.poem p.i2 {margin-left: 1em} +.poem p.i4 {margin-left: 2em} +.poem p.i6 {margin-left: 3em} +.poem p.i8 {margin-left: 4em} +.poem p.i10 {margin-left: 5em} + + + +</style> + +</head> +<body> + + +<pre> + +Project Gutenberg's Influence morale des sports athlétiques, by Henri Didon + +This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with +almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or +re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included +with this eBook or online at www.gutenberg.org + + +Title: Influence morale des sports athlétiques + +Author: Henri Didon + +Release Date: August 25, 2004 [EBook #13284] + +Language: French + +Character set encoding: ISO-8859-1 + +*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK INFLUENCE MORALE DES SPORTS *** + + + + +Produced by Miranda van de Heijning, Renald Levesque and the Online +Distributed Proofreading Team. This file was produced from images +generously made available by the Bibliothèque nationale de France +(BnF/Gallica) + + + + + + +</pre> + + + + +<h3>LE P. DIDON</h3> + + +<h1>Influence morale<br> +des<br> +Sports athlétiques.</h1> + + +<h2>DISCOURS PRONONCÉ<br> +<i>AU CONGRÈS OLYMPIQUE DU HAVRE</i><br> +LE 29 JUILLET 1897.</h2> + +<br><br> + +<p style="text-align: center"><img src="images/Image1.png" alt=""></p> +<br><br><br> + +<p>Ce discours, recueilli par la sténographie, a été prononcé +dans la réunion plénière du Congrès olympique international, +dans l'hôtel de ville du Havre.</p> + +<p>Siègent au bureau, à côté de M. de Coubertin, président, +M. le docteur Tissié, représentant M. le Ministre de l'Instruction +publique, et M. Cathala, sous-préfet du Havre, etc., etc.</p> + + +<p><i>M. le Président</i>.—Mesdames, Messieurs, le sujet +qui doit être traité dans cette séance est celui-ci:</p> + +<p>De l'action morale des exercices physiques sur l'enfant, +sur l'adolescent et de l'influence de l'effort sur la formation +du caractère et le développement de la personnalité.</p> + +<p>C'est le R.P. Didon qui veut bien traiter ce sujet. +Je lui donne la parole. (<i>Vifs applaudissements.—Mouvement +d'attention.</i>)</p> + +<br><br><br> + +<div class="poem"> <div class="stanza"> +<p>MESDAMES,</p> +<p>MESSIEURS,</p> + </div> </div> + +<p>C'est un grand honneur pour moi d'avoir été convié +à ce Congrès olympique international et de prendre la +parole dans une assemblée aussi distinguée, en présence +des autorités de ce pays, du représentant officiel de +M. le Ministre de l'Instruction publique, des hommes +éminents qui s'occupent de l'éducation physique de la +jeunesse, et des savants étrangers venus de divers pays, +je puis dire de tous les pays, pour apporter à la cause des +sports athlétiques le témoignage de leur expérience, de +leur science parfaite et la consécration de leur autorité.</p> + +<p>Il ne m'appartient pas de vous remercier, Messieurs, +c'est là oeuvre présidentielle,—et je ne suis ici qu'un +humble membre de cette réunion. Mais il m'appartient +de me réjouir de me trouver pour la première fois, je le +crois, à côté de l'autorité officielle du pays et à côté des +représentants français et étrangers de la science de l'éducation +physique dont les progrès sont inhérents à la +civilisation même; car la plus haute tâche de la civilisation +ne consiste-t-elle pas à former l'homme tout entier, intellectuel +et physique et moral? (<i>Applaudissements.</i>)</p> + +<p>Je dois dire que c'est l'amitié de M. de Coubertin +qui est l'explication de ma présence ici. Il a pensé qu'ayant +été, depuis plusieurs années, administrateur délégué de +la Société anonyme Albert-le-Grand et, en cette qualité, +appelé à gouverner plusieurs écoles, à leur inspirer le +mouvement, je pourrais donner, moi aussi, par mon témoignage, +un concours utile à l'oeuvre à laquelle il s'est +appliqué si vaillamment, si intelligemment, et avec une +persévérance digne de tout éloge. Et vous ne me démentirez +pas, Mesdames et Messieurs, quand je dirai qu'il +faut reconnaître en M. de Coubertin le rénovateur, le promoteur +vigoureux, infatigable, des exercices de plein air +et des sports athlétiques, en France. (<i>Vifs applaudissements</i>.)</p> + +<p>En répondant à votre appel, mon cher Président et +ami, j'ai cru accomplir un devoir de haute reconnaissance. +N'est-ce pas vous qui, il y a sept ans, êtes venu me trouver +dans mon petit cabinet de l'École Lacordaire, et qui m'avez +glissé, par votre parole insinuante et persuasive, la pensée +d'introduire dans mes écoles des exercices de sport?</p> + +<p>C'est ce que j'ai fait, et j'ai obtenu des succès qui +ne rivalisent certainement pas avec les merveilles de la +Ligue de Bordeaux dont nous entretenait hier M. le docteur +Tissié, mais qui attestent du moins l'excellence de +l'oeuvre des sports athlétiques, chère à M. de Coubertin.</p> + +<p>J'acquitte donc ma dette de reconnaissance, en rendant +témoignage à cette oeuvre et venant parler ici de la puissance +éducatrice et de l'action morale des exercices physiques +de plein air sur la jeunesse, sur la formation du +caractère et le développement de la personnalité.</p> + +<p>Ce sujet intéresse tout le monde; il intéresse les +mères, il intéresse les pères, il intéresse les fils, il intéresse +les pouvoirs publics, il intéresse le Ministre de l'Instruction +publique dont nous avons ici l'honorable représentant, il +intéresse enfin tous ceux qui ont souci de l'avenir de ce +pays, et j'estime, Mesdames et Messieurs, que j'aurais +rendu quelque service, s'il m'était donné de prouver avec +une évidence irrésistible pour les plus réfractaires, que +cette puissance éducatrice, que cette force morale contenue +dans les exercices physiques de plein air est une puissance +certaine et douée d'une pénétrante action sur la jeunesse. +J'espère y arriver, car je vois que vous êtes très ouverts +à la vérité, et par conséquent très disposés à m'aider dans +cette démonstration qui est tout à fait digne de l'attention +la plus sérieuse. (<i>Applaudissements</i>.)</p> + + +<p>Les résultats obtenus par la pratique constante et +habituelle des exercices de plein air et des sports athlétiques +sont nombreux: je vous signalerai les principaux.</p> + +<p>Le premier, c'est le développement, la multiplication +de l'activité physique. Mais, direz-vous, ce n'est pas là une +vertu morale! Comment, Messieurs, l'activité physique +n'est pas une vertu morale? Convenez du moins qu'elle +est la condition de grandes vertus morales? N'a-t-on pas +dit spirituellement et en toute vérité que la propreté et +l'hygiène étaient des vertus? Pourquoi, alors, n'en pourrait-on +pas dire autant de l'activité physique? Quand vous +verrez des enfants inertes, paresseux physiquement, soyez +certains qu'ils le sont moralement, et quand vous voyez +des enfants actifs jusqu'à la turbulence, soyez sûrs qu'il +y a en eux des vertus en germe. Eh bien! cette mise en +activité des vertus physiques par les exercices de plein +air, voilà le premier résultat obtenu par les sports athlétiques.</p> + +<p>Le second, c'est l'esprit de combativité et de lutte.</p> + +<p>De même que dans la plupart des enfants, Mesdames, +vous observez une paresse native qu'il faut vaincre à tout +prix, parce que cette paresse native se répand dans toutes +les facultés et les endort, de même vous surprenez en eux +une lâcheté originelle. L'enfant commence par avoir peur: +l'humanité est d'abord craintive et timide. Il faut qu'elle +fasse preuve de vaillance, et pour cela il est nécessaire de +développer l'esprit de combativité. (<i>Vifs applaudissements</i>.)</p> + +<p>Ne vous effrayez pas de cet esprit. Peut-être, direz-vous, +nous ne pourrons plus tenir nos enfants, ils seront +toujours ivres de luttes, toujours rêvant plaies et bosses. +N'oubliez donc jamais que les combatifs sont les forts, que +les forts sont les bons, mais que les paresseux sont les +rusés et les faibles, et que les faibles sont dangereux, +parce qu'ils sont traîtres. (<i>Applaudissements.</i>)</p> + + +<p>Développons donc l'esprit de combativité, c'est-à-dire +l'amour de la lutte: tel est le but. Il y a un obstacle, renversons-le! +Mais si nous le tournions, ne pouvant le +renverser? Soit! Mais si, en le tournant, nous sommes +poursuivis, ne craignons pas d'attaquer. Voilà l'esprit +combatif, voilà une des plus belles vertus physico-morales +de l'homme, car si l'homme contient en germe une lâcheté +native, il possède également en germe une bravoure +native. Et il s'agit de savoir qui l'emportera, de la lâcheté +ou de la bravoure. Les sports font prédominer l'esprit de +combativité, c'est-à-dire l'esprit de vaillance et de bravoure +originelles qui dorment chez l'enfant. Les sports font de +l'enfant un adolescent vaillant, qui ne sait pas se détourner +devant l'obstacle et qui n'a de tranquillité qu'après l'avoir +brisé, dompté, vaincu.</p> + +<p>Le troisième résultat consiste à donner la force ou +l'endurance.</p> + +<p>L'être fort, c'est celui qui sait endurer, ce n'est pas +toujours celui qui attaque,—l'être fort se révèle bien plus +par l'endurance et la patience,—c'est celui qui ne recule +jamais. Voilà l'adolescent qu'il faut fabriquer, et, certes, il +n'est pas difficile d'en fabriquer de semblables dans le pays +des Gaulois. Ce ne sont pas les Gaulois qui sont des paresseux, +ils sont trop gais, trop expansifs. Ce sont toujours +ceux qui ne craignaient rien qu'une chose: «que le ciel ne +tombât sur leurs têtes.» Ils poussaient la force jusqu'à la +présomption. Eh bien, je le déclare hautement, je préfère +les présomptueux aux timides. (<i>Applaudissements.</i>)</p> + +<p>Je vais dire quelque chose qui va plaire aux mères françaises, +que je crois bien connaître. Elles ont toujours peur, +les mères françaises, elles ont le génie de la préservation. +Permettez-moi donc de vous donner, Mesdames, un moyen +de préserver vos fils, c'est-à-dire d'en faire des tempérants +qui n'aiment ni le vin ni l'alcool, qui ne commencent pas à +fumer à douze ans, qui savent mettre le plaisir à sa place.</p> + +<p>J'ai observé et j'observe tous les jours que, dans le milieu +où il nous a été donné à M. de Coubertin et moi d'organiser +ces associations athlétiques, ces jeunes gens ne +fument presque pas, ne vont pas sur les champs de courses +pour parier; qu'ils sont très modérés et qu'en fait de plaisirs, +ils pourraient arriver à donner des leçons, non seulement +à Épicure qui était un raffiné de modération, mais à +l'autre, le chef des stoïques, qui était un austère, et j'ai +observé aussi qu'ils savaient se priver, se condamner même +à une dure hygiène dans un but supérieur.</p> + +<p>Pour compléter ces résultats d'ordre moral et psychique, +je vous en signalerai un autre d'ordre civique.</p> + +<p>Les sports, en groupant la jeunesse pour un but qui +répond à sa nature, à son besoin de mouvement, font les +natures unies et préparent le bon groupement de l'école. +S'il m'est permis de parler de l'École Albert-le-Grand, +j'avais remarqué qu'il s'y formait des petites coteries provoquées +par des sympathies naturelles, par des rapports de +famille, par diverses convenances qu'il est difficile d'analyser, +et je voyais les élèves se grouper six par six, quatre +par quatre, deux par deux. Oh! je n'aime pas cela, parce +que l'esprit de coterie est une cause de division et de faiblesse, +et comme je n'ai pas l'habitude de couper le mal +autrement que dans la racine j'ai laissé les choses aller, +mais je me suis dit: Voici une plaie que j'extirperai; or, +Messieurs, je l'ai extirpée sans rien dire, en organisant les +sports, en mêlant tous les groupes.</p> + +<p>J'ai vu que cette grande jeunesse est arrivée à faire de +la fraternité. Elle s'est rapprochée dans la lutte autour du +drapeau blanc et noir, celui d'Albert-le-Grand, le nôtre, +avec ses quatre lettres A-A-A-G, de sorte que tous ces +combattants ne connaissaient plus que le capitaine qui +tenait le drapeau, les officiers qui le secondaient et les +braves soldats qui enfonçaient l'ennemi. (<i>Applaudissements.</i>)</p> + +<p>Si j'osais, je pourrais m'adresser à M. le sous-préfet et +lui dire: Vous qui menez des hommes, qui avez à les +gouverner, vous savez quelle puissance on a quand on peut +faire l'unité dans un milieu, quand on peut couper les +sectes et ramasser les combattants autour d'une idée forte. +Là est le génie politique et, tandis que le génie de l'impolitique—passez-moi +le mot barbare—est de diviser, celui +de la politique est de réunir. (<i>Applaudissements prolongés</i>.)</p> + + +<p>J'ai énuméré quelques-uns des résultats obtenus expérimentalement +par les associations sportives et athlétiques, +par les exercices en plein air. En présence de ces résultats +physiques, psychiques, moraux et civiques, les pères et +les mères, les éducateurs comprennent-ils maintenant qu'ils +ont le devoir de pousser leurs fils et leurs disciples dans +cette voie?</p> + +<p>Mais ici, une question pratique se pose d'elle-même: +comment ces associations sportives doivent-elles être organisées +pour donner tous leurs fruits?</p> + +<p>Je vais y répondre.</p> + + +<p>J'ai eu l'honneur hier de prendre part à la discussion +intime de la Commission pédagogique relative à cette +question. J'avoue que j'y ai appris beaucoup de choses des +professeurs de gymnastique scientifique, de M. le docteur +Tissié surtout, qui est un maître, non seulement dans la +science médicale, mais dans la science pédagogique, et qui +à sa science spéculative ajoute une expérience consommée.</p> + +<p>Pour mon compte—et j'ai été très heureux de rencontrer +la collaboration de M. le sous-préfet du Havre, +M. Cathala—j'ai exprimé mes idées libérales relatives à +l'organisation des sports dans les lycées, collèges et établissements +libres. Quelles sont ces idées? Je vous en dois +l'exposé public et très détaillé.</p> + +<p>Je réponds que le caractère de l'organisation de ces +associations (je mets de côté les leçons de gymnase qui +font partie du programme de l'enseignement classique) +dans toutes les maisons où l'on élève la jeunesse française +doit être la liberté: liberté dans la fondation même des +associations, parce qu'il faut que les jeunes gens organisent +leurs petites sociétés eux-mêmes. Ils doivent nommer leurs +présidents, leurs secrétaires, leurs trésoriers, constituer +leurs bureaux. Étant ainsi constitués par eux, ils les acceptent +comme une autorité librement reconnue.</p> + +<p>Et vous apercevez tout de suite que cette liberté dans +l'organisation des sociétés présente un phénomène très nouveau +dans nos établissements scolaires français. J'ai été frappé +de ce fait que partout il y avait une centralisation absolue +dans les lycées, dans les collèges, dans les écoles libres, +congréganistes, j'ai observé ce fait particulier que les +élèves étaient toujours groupés au gré de l'autorité qui les +domine. La centralisation est partout et c'est ce que je ne +puis accepter. Aussi me suis-je promis que, quand j'aurais +un ensemble à manier, je ferais un trou, par lequel je ferais +entrer la liberté dans les associations et dans les établissements +d'éducation. Or, Messieurs, la liberté, intronisée là +et pratiquée là, finira, soyez-en sûrs, par s'établir dans le +pays en maîtresse souveraine.</p> + +<p>Ce que je m'étais promis de faire je l'ai fait. Et les +associations se sont constituées, et j'admirais l'importance +que se donnaient ces présidents, ces secrétaires, tous ces +membres du bureau, à cause de la dignité dont ils se voyaient +tout d'un coup revêtus. J'ai même remarqué que les dignitaires +scolaires, institués par l'autorité, avaient moins d'influence +que ceux choisis par les camarades. Pourquoi? +Parce que ces derniers sont revêtus seuls de l'autorité que +l'opinion peut donner, car, dans les écoles comme dans le +pays, dans la nation comme dans les petits groupes, il y a +une autorité souveraine,—l'opinion. Le chef qui ne la +représente pas ne peut rien, celui qui la représente peut +tout, surtout quand il poursuit un but élevé. (<i>Applaudissements +prolongés.</i>)</p> + +<p>De même que ces associations scolaires naissent librement, +de même elles doivent s'administrer librement, même +en ce qui regarde leur budget, et c'est là où je différerai +peut-être d'avis avec M. le docteur Tissié. Elles doivent +apprendre à se gouverner pour connaître la responsabilité, +et je laisserai au besoin la faute s'accomplir parce qu'elle +permet de donner une leçon. Je n'aime pas les élèves impeccables, +je préfère ceux qu'on peut corriger et instruire +à l'occasion d'une faute, de même qu'on corrige le bon +cheval à l'occasion d'un faux pas.</p> + +<p>Il faut donc laisser à ces associations le soin de leur +bourse pour leur apprendre à s'en servir, à bien choisir +quand elles achètent, et à payer le moins cher possible les +objets dont elles ont besoin. Elles doivent s'administrer +librement, sans entrave de la part de l'autorité.</p> + +<p>Il y a toujours, dans les établissements d'enseignement, +des censeurs austères, sévères, qui rappellent que telle +chose ne doit être faite qu'à 2 heures et demie.—Mais la +bataille est à 2 heures!—La bataille, je ne connais pas +cela. Je ne connais que l'heure fixée: 2 heures et demie. +<i>(Rires.)</i></p> + +<p>Il faut faire disparaître ces entraves et dire aux jeunes +gens: Allez au combat, battez bien l'adversaire et, quand +vous reviendrez, ayant remporté la victoire, avec un +rayon de gloire sur le front, vous travaillerez mieux. <i>(Applaudissements.)</i></p> + +<p>Voici donc comment je comprends le rôle, l'attitude des +directeurs d'établissements vis-à-vis de ces associations +sportives et athlétiques d'après la réserve que j'ai faite +hier. Ce rôle se résume en un patronage bienveillant, +encourageant, fortifiant, prévoyant. C'est tout ce qu'on +peut se permettre vis-à-vis d'êtres libres. L'être libre, à +moins d'un ordre qui lui est donné, est un être affranchi, à +qui l'on doit laisser la liberté. On ne doit lui parler que +comme à un être souverain, voilà la formule. <i>(Nouveaux +applaudissements.)</i></p> + +<p>Je vais encore faire une réserve; il faut que ces associations +soient absolument respectueuses des heures d'études.</p> + +<p>Il est évident que, si une association athlétique passe +toute la journée à faire des sports, le latin, le grec, l'histoire, +les mathématiques ne tomberont pas par une infusion +supérieure dans ces jeunes têtes. Il faut donc faire une part +équitable du travail et des jeux, et je serais bien de l'avis +de M. Godart, dont l'expression nette et sage a été si bien +résumée dans le <i>Vélo</i> par son envoyé spécial, M. Frantz +Reichel, ici présent. C'est-à-dire je voudrais voir donner le +temps qui lui est dû à l'activité physique et même l'augmenter, +mais je n'irais pas jusqu'à la superstition des trois-huit. +<i>(On rit.)</i> Il est certain que huit heures d'études intensives +donneraient un meilleur résultat qu'un plus grand nombre +d'heures d'étude consacrées à un travail relâché. Il est bien +sûr, toutefois, qu'en développant les muscles, en les faisant +solides, on obtiendrait une circulation cérébrale plus active. +On arriverait, comme l'a si bien démontré M. Tissié, +à des produits littéraires et scientifiques supérieurs. Et +j'estime que les vainqueurs du football ont bien des chances +d'être les lauréats de demain dans les concours intellectuels.</p> + +<p>Et pour que les associations sportives produisent tous +leurs effets, je voudrais qu'elles fussent absolument intransigeantes +sur le point d'honneur et sur la dignité de +l'athlète. Pas de compromis.—Monsieur, vous avez violé +la loi, vous êtes disqualifié.—Monsieur, vous avez menti, +vous êtes disqualifié.—Monsieur, vous avez maltraité +votre adversaire, vous êtes disqualifié. Un point, c'est tout. +Avec des moeurs pareilles, nous irons peut-être avec succès +à l'encontre de ces consciences de caoutchouc que la politique +a malheureusement tendu à développer, parce que +la politique étant faite d'intérêts pousse au compromis, et +que le compromis est toujours une entorse faite à la conscience. +<i>(Vive approbation.)</i> Que les associations sportives +arborent donc le drapeau de l'intransigeance sur les questions +d'honneur et lorsqu'elles entreront sur un terrain où +les compromis sont pratiqués, qu'on les voie gagner la +bataille avec une conscience irréductible contre les consciences +souples, car les premières gagnent aussi les batailles +politiques beaucoup mieux que les consciences habiles. +<i>(Vifs applaudissements.)</i></p> + + +<p>Il est un point d'ordre civique sur lequel je dois m'expliquer. +Quel que soit l'habit que je porte, l'habit n'est rien, +et si l'habit ne fait pas le moine, il n'empêche pas de faire +L'homme. <i>(Nouveaux applaudissements.)</i> Nous ne pouvons +pas oublier que nous vivons dans une vaste démocratie, +non pas seulement française, mais universelle. Qu'on vive +sous un monarque ou un président de République, on n'en +est pas moins un citoyen libre. Mais l'avantage d'une démocratie +comme la nôtre, c'est que l'individu participe à +la direction générale. Il faut donc, dans une démocratie, +former des hommes éclairés et capables d'initiative. Si +vous formez des êtres passifs, n'agissant que par la seule +impulsion du pouvoir, comment constituerez-vous une démocratie +sérieuse? Vous n'aurez que des gens en tutelle, +qui seront battus à tous les coups, comme sera battu par +l'athlète celui qui n'aura reçu aucune éducation athlétique. +Dans une démocratie, les citoyens devraient donner à tous +l'exemple du respect de l'autorité de celui qu'ils ont élu, de +celui qu'ils ont consacré par leur vote.</p> + +<p>Je n'ai jamais vu des sportifs battre en brèche l'autorité +du président librement choisi par eux. Au contraire, ils +font prévaloir cette autorité et ils savent la défendre quand +on l'attaque. Ces moeurs, transportées dans une démocratie, +en assureront la fortune et la prospérité. <i>(Vifs applaudissements.)</i></p> + +<p>Je le dis très haut, voilà les élèves que j'essaie de former. +Monsieur le représentant du Ministre de l'Instruction +publique, voulez-vous me permettre de dire que je ne comprends +pas que, lorsque vous voyez un établissement qui +travaille dans cet ordre d'idées, il ne soit pas considéré +comme un établissement luttant pour le bien de la France +et l'avenir de la démocratie. Nous pouvons être des concurrents, +nous devons être des concurrents, parce qu'il est +excellent que, dans un pays de liberté, la centralisation soit +entamée par des hommes libres et chevaleresques. Mais +c'est tout.</p> + +<p>Nous livrons le combat comme nous croyons devoir le +livrer, mais nous luttons pour la même cause. Nous présentons +notre épée en signe d'amitié, comme le fait un chevalier. +Jamais il ne faut attaquer un chevalier, un ami du +droit et de l'indépendance: on entre en pourparlers avec +lui, mais on ne s'expose pas à lui faire la guerre, car l'attaquer, +c'est entrer en lutte contre la justice et la liberté. +<i>(Très bien! très bien!)</i></p> + + +<p>Je ne puis pas, Mesdames et Messieurs, méconnaître +que l'oeuvre des sports a des adversaires. M. de Coubertin +traiterait cette question beaucoup mieux que moi, parce +qu'il a été de toutes les batailles que les associations sportives +ont soutenues, et il le ferait avec d'autant plus d'éloquence +qu'ayant été de toutes les batailles, il les a toutes +gagnées.</p> + +<p>En ce qui me concerne, j'aime beaucoup la bataille, +surtout si je la gagne. <i>(Rires et applaudissements.)</i> Mais je +ne livre le combat que quand je crois être sûr du succès, +sinon j'attends—mais je n'attends jamais longtemps. <i>(On +rit.)</i> Dès que mes troupes sont bien prêtes, que les armes +sont au complet, alors je donne le signal du combat. Je +puis être battu, mais j'ai toujours assuré ma ligne de retraite.</p> + +<p>Quels sont donc, Messieurs, les adversaires des sports? +Je les classe en trois catégories: les passifs, les affectifs et +les intellectuels. J'emprunte ces termes au docteur Tissié +et je suis heureux de me servir de cette jolie étiquette. +Mais je les définirai autrement: les affectifs, c'est vous, +Mesdames. Le plus grand ennemi des sports, c'est la mère. +Combien ai-je entendu de mères me dire: «Et surtout +que mon fils ne joue pas au football!</p> + +<p>—Madame, votre fils vous appartient et il n'y jouera +pas, si vous le défendez. Mais pourquoi le défendez-vous? +Vous êtes calme en ce moment, causons.—Vous voulez +donc que mon fils se casse une jambe, un bras, qu'il meure?—Non, +Madame, je veux qu'il vive; et si on lui casse une +jambe, nous la lui raccommoderons. <i>(On rit.)</i>—Ah! vous +voilà bien!—Ne savez-vous pas qu'une jambe raccommodée +est beaucoup plus solide qu'une neuve?» <i>(Hilarité. +Vifs applaudissements.)</i></p> + +<p>Vous voyez quelle est la résistance du sentiment. Et, à +ce propos, je me rappelle un mot de Claude Bernard, dont +j'ai suivi les cours autrefois. Il s'agissait alors de la vivisection +et les affectifs étaient en mouvement. Toujours les +sentimentaux!</p> + +<p>Les Anglaises avaient fondé une Ligue contre la vivisection, +et Claude Bernard faisait remarquer qu'on ne +pouvait pas discuter avec les sentimentaux, parce qu'une +raison, même la meilleure, ne peut pas mordre sur un sentimental. +Le sentiment ne se laisse jamais persuader. +«Comment! vous allez disséquer vivants mon chat, mon +chien, mon petit lapin», disaient les membres de la Ligue +contre la vivisection!</p> + +<p>Et Claude-Bernard faisait cette réflexion dans sa raison +supérieure: J'admire comment ces êtres de sentiment, si +pleins de compassion pour les bêtes, en ont si peu pour la +pauvre humanité! «Comment apprendre à la guérir, si ce +n'est en taillant les bêtes, en les examinant à l'intérieur +pour y chercher l'énigme de la maladie et surprendre le +secret de la guérison.» <i>(Applaudissements répétés.)</i></p> + +<p>Malgré l'opposition tenace des sentimentaux, la vivisection +a continué à être pratiquée et vous savez de quelles +heureuses découvertes elle a été le point de départ.</p> + +<p>Avec toute votre sentimentalité, Mères, vous n'empêcherez +pas votre enfant de jouer. C'est l'enfant lui-même +qui vous persuadera. Quand il voudra se donner du mouvement, +l'attacherez-vous, le ligoterez-vous pour qu'il +n'exerce pas sa force avec ses camarades? Il veut être plus +fort qu'eux et vous ne l'en défendrez pas; si bien que, +malgré l'objection des affectifs, les associations sportives +continueront à se développer.</p> + +<p>Une autre objection est celle des éternels réactionnaires: +les passifs, les partisans de ce qui fut; les ennemis +nés et acharnés de ce qui doit être. Une nouveauté! +Pourquoi faire? Cela n'existait pas autrefois. Vous connaissez +le thème. Le mouvement nouveau les effraye et, +malgré tous nos efforts, vous voyez encore dans les établissements +d'instruction s'entasser élèves sur élèves. Vous +voyez des centaines d'enfants dans des dortoirs, dans des +cours, où ils ne respirent pas, où ils peuvent à peine courir, +à peine marcher. Et c'est cela qu'ils appellent, les passifs, +conserver les belles et bonnes traditions. Non, non et non! +Pour gagner des victoires dans la vie, il faut des forces +vraies, des forces pratiques, et on ne les acquiert que par +les exercices de plein air, les sports athlétiques qui trempent +le corps, qui trempent l'âme. Nous voulons des hommes +d'action; les associations sportives nous aideront à les +créer parce qu'elles développent les qualités pratiques sans +lesquelles on ne peut rien faire d'utile en ce monde.</p> + +<p>Mais, mon fils ira au concours général, dit une mère. Il +sera officier, il aura un plumet.—Est-ce le plumet qui +fait gagner les batailles? Il est souvent gênant. Les hommes +qui veulent remporter des victoires ont besoin de +forces pratiques.</p> + +<p>Ce que je préfère, c'est le jeune homme capable de conduire +une de ces grandes affaires commerciales comme il y +en a dans cette puissante ville du Havre. Je le préfère celui-là +au Monsieur qui fera de la littérature, qui publiera des +articles à 300, 400 ou 500 francs dans un journal en vogue, +et qui, ayant le gousset bien garni, pourra mener une vie +luxueuse.</p> + +<p>Celui qui conduira une usine de 1.000 ouvriers gagnera +des batailles, les batailles de l'industrie et du commerce, il +fera vivre des familles et il enrichira son pays, la France. +<i>(Nombreux applaudissements.)</i></p> + +<p>Il y a une troisième objection: celle des intellectuels. +J'appelle intellectuel le Monsieur qui croit n'avoir plus +d'estomac, qui ne peut pas souffrir un courant d'air. Il y a +un courant d'air ici, fermez les fenêtres. <i>(On rit.)</i> Il est +tellement affiné, qu'il n'appartient plus à la race humaine. +Nous sommes profondément méprisés par lui, parce qu'il a +fait des livres délicats, quintessenciés, ayant la dernière +forme et dans lesquels on trouve des choses qu'on n'a vues +nulle part. Eh bien! que m'apprenez-vous, vous, les intellectuels? +Je le déclare, je suis peut-être un barbare, mais tous +ces romans je ne les lis pas. Je me suis toujours demandé +comment les femmes intelligentes pouvaient se nourrir ou +plutôt s'intoxiquer de ces livres, car il faut bien le reconnaître, +quand ils tirent à 100.000, il y en a 60.000 qui sont +achetés par les femmes. <i>(Applaudissements répétés.)</i></p> + +<p>Que les intellectuels me pardonnent: au fond je suis +un brave homme! <i>(Nouveaux applaudissements et rires.)</i></p> + +<p>En parlant comme je le fais, j'exprime des idées qui me +sont chères, en bon chevalier, mais je puis faire bon ménage +avec un intellectuel et passer de bonnes heures avec +lui; je ne sais pas si elles sont, pour lui, aussi agréables!</p> + +<p>L'intellectuel dit: Développez donc les cerveaux et non +les muscles. Et moi je dis—et M. le docteur Tissié m'approuvera, +je crois—: Pour développer le cerveau, il faut +fortifier le muscle. Quand nous aurons battu les intellectuels—l'heure +approche, car le muscle triomphe—nous +verrons disparaître des boulevards ces romans dont on +s'empoisonne. Quelle belle victoire! <i>(Assentiment général.)</i></p> + +<p>Oui, ne serait-ce pas une grande victoire que de pouvoir +réduire ainsi les intellectuels qui croient tenir le sommet de +la pyramide humaine! Nous y arriverons, je l'espère bien.</p> + +<p>Je fais des voeux pour que ces idées pénètrent et soient +appliquées dans les lycées, collèges, dans les établissements +libres, dans les maisons de congréganistes, comme +les appellent volontiers nos adversaires. Congréganistes, +je n'aime pas ce mot-là, je préfère le mot libre. Je suis ce +que je suis: j'ai mes idées, j'ai le courage de les dire et je +cherche à les faire triompher. <i>(Vifs applaudissements.)</i></p> + +<p>Et pour terminer par un mot de concorde, je voudrais, +Monsieur le Sous-Préfet,—et, pour ma part, mes efforts +sont tournés vers ce but,—que les sports fussent un terrain +où toute la jeunesse française pût se réunir, qu'on y +travaillât à ruiner dans ce pays l'esprit qui nous divise, +pour former une France comme nous la rêvons tous, nous +les libéraux, non pas une France dans laquelle nous penserons +tous de la même manière, c'est impossible, mais une +France où tous nous aurons la pratique austère, loyale et +chevaleresque du respect des autres et de la tolérance. +<i>(Applaudissements frénétiques et prolongés.)</i></p> + + + + + + + + + + + +<pre> + + + + + +End of the Project Gutenberg EBook of Influence morale des sports athlétiques +by Henri Didon + +*** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK INFLUENCE MORALE DES SPORTS *** + +***** This file should be named 13284-h.htm or 13284-h.zip ***** +This and all associated files of various formats will be found in: + https://www.gutenberg.org/1/3/2/8/13284/ + +Produced by Miranda van de Heijning, Renald Levesque and the Online +Distributed Proofreading Team. 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It exists +because of the efforts of hundreds of volunteers and donations from +people in all walks of life. + +Volunteers and financial support to provide volunteers with the +assistance they need, is critical to reaching Project Gutenberg-tm's +goals and ensuring that the Project Gutenberg-tm collection will +remain freely available for generations to come. In 2001, the Project +Gutenberg Literary Archive Foundation was created to provide a secure +and permanent future for Project Gutenberg-tm and future generations. +To learn more about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation +and how your efforts and donations can help, see Sections 3 and 4 +and the Foundation web page at https://www.pglaf.org. + + +Section 3. Information about the Project Gutenberg Literary Archive +Foundation + +The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non profit +501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the +state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal +Revenue Service. The Foundation's EIN or federal tax identification +number is 64-6221541. Its 501(c)(3) letter is posted at +https://pglaf.org/fundraising. Contributions to the Project Gutenberg +Literary Archive Foundation are tax deductible to the full extent +permitted by U.S. federal laws and your state's laws. + +The Foundation's principal office is located at 4557 Melan Dr. S. +Fairbanks, AK, 99712., but its volunteers and employees are scattered +throughout numerous locations. Its business office is located at +809 North 1500 West, Salt Lake City, UT 84116, (801) 596-1887, email +business@pglaf.org. Email contact links and up to date contact +information can be found at the Foundation's web site and official +page at https://pglaf.org + +For additional contact information: + Dr. Gregory B. Newby + Chief Executive and Director + gbnewby@pglaf.org + + +Section 4. Information about Donations to the Project Gutenberg +Literary Archive Foundation + +Project Gutenberg-tm depends upon and cannot survive without wide +spread public support and donations to carry out its mission of +increasing the number of public domain and licensed works that can be +freely distributed in machine readable form accessible by the widest +array of equipment including outdated equipment. Many small donations +($1 to $5,000) are particularly important to maintaining tax exempt +status with the IRS. + +The Foundation is committed to complying with the laws regulating +charities and charitable donations in all 50 states of the United +States. 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Thus, we do not necessarily +keep eBooks in compliance with any particular paper edition. + + +Most people start at our Web site which has the main PG search facility: + + https://www.gutenberg.org + +This Web site includes information about Project Gutenberg-tm, +including how to make donations to the Project Gutenberg Literary +Archive Foundation, how to help produce our new eBooks, and how to +subscribe to our email newsletter to hear about new eBooks. + + +</pre> + +</body> +</html> diff --git a/old/13284-h/images/Image1.png b/old/13284-h/images/Image1.png Binary files differnew file mode 100644 index 0000000..ebd7845 --- /dev/null +++ b/old/13284-h/images/Image1.png diff --git a/old/13284.txt b/old/13284.txt new file mode 100644 index 0000000..2a737d7 --- /dev/null +++ b/old/13284.txt @@ -0,0 +1,944 @@ +Project Gutenberg's Influence morale des sports athletiques, by Henri Didon + +This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with +almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or +re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included +with this eBook or online at www.gutenberg.org + + +Title: Influence morale des sports athletiques + +Author: Henri Didon + +Release Date: August 25, 2004 [EBook #13284] + +Language: French + +Character set encoding: ASCII + +*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK INFLUENCE MORALE DES SPORTS *** + + + + +Produced by Miranda van de Heijning, Renald Levesque and the Online +Distributed Proofreading Team. This file was produced from images +generously made available by the Bibliotheque nationale de France +(BnF/Gallica) + + + + + + + +LE P. DIDON + + +Influence morale +des Sports athletiques. + + +DISCOURS PRONONCE +_AU CONGRES OLYMPIQUE DU HAVRE_ +LE 29 JUILLET 1897. + + +[Illustration: image1.png (entete decorative)] + +Ce discours, recueilli par la stenographie, a ete prononce dans la +reunion pleniere du Congres olympique international, dans l'hotel de +ville du Havre. + +Siegent au bureau, a cote de M. de Coubertin, president, M. le docteur +Tissie, representant M. le Ministre de l'Instruction publique, et M. +Cathala, sous-prefet du Havre, etc., etc. + + +_M. le President_.--Mesdames, Messieurs, le sujet qui doit etre traite +dans cette seance est celui-ci: + +De l'action morale des exercices physiques sur l'enfant, sur +l'adolescent et de l'influence de l'effort sur la formation du caractere +et le developpement de la personnalite. + +C'est le R.P. Didon qui veut bien traiter ce sujet. Je lui donne la +parole. (_Vifs applaudissements.--Mouvement d'attention._) + + + +MESDAMES, +MESSIEURS, + +C'est un grand honneur pour moi d'avoir ete convie a ce Congres +olympique international et de prendre la parole dans une assemblee +aussi distinguee, en presence des autorites de ce pays, du representant +officiel de M. le Ministre de l'Instruction publique, des hommes +eminents qui s'occupent de l'education physique de la jeunesse, et des +savants etrangers venus de divers pays, je puis dire de tous les pays, +pour apporter a la cause des sports athletiques le temoignage de +leur experience, de leur science parfaite et la consecration de leur +autorite. + +Il ne m'appartient pas de vous remercier, Messieurs, c'est la oeuvre +presidentielle,--et je ne suis ici qu'un humble membre de cette reunion. +Mais il m'appartient de me rejouir de me trouver pour la premiere fois, +je le crois, a cote de l'autorite officielle du pays et a cote des +representants francais et etrangers de la science de l'education +physique dont les progres sont inherents a la civilisation meme; car +la plus haute tache de la civilisation ne consiste-t-elle pas a +former l'homme tout entier, intellectuel et physique et moral? +(_Applaudissements._) + +Je dois dire que c'est l'amitie de M. de Coubertin qui est l'explication +de ma presence ici. Il a pense qu'ayant ete, depuis plusieurs annees, +administrateur delegue de la Societe anonyme Albert-le-Grand et, en +cette qualite, appele a gouverner plusieurs ecoles, a leur inspirer +le mouvement, je pourrais donner, moi aussi, par mon temoignage, un +concours utile a l'oeuvre a laquelle il s'est applique si vaillamment, +si intelligemment, et avec une perseverance digne de tout eloge. Et vous +ne me dementirez pas, Mesdames et Messieurs, quand je dirai qu'il faut +reconnaitre en M. de Coubertin le renovateur, le promoteur vigoureux, +infatigable, des exercices de plein air et des sports athletiques, en +France. (_Vifs applaudissements_.) + +En repondant a votre appel, mon cher President et ami, j'ai cru +accomplir un devoir de haute reconnaissance. N'est-ce pas vous qui, il +y a sept ans, etes venu me trouver dans mon petit cabinet de l'Ecole +Lacordaire, et qui m'avez glisse, par votre parole insinuante et +persuasive, la pensee d'introduire dans mes ecoles des exercices de +sport? + +C'est ce que j'ai fait, et j'ai obtenu des succes qui ne rivalisent +certainement pas avec les merveilles de la Ligue de Bordeaux dont nous +entretenait hier M. le docteur Tissie, mais qui attestent du moins +l'excellence de l'oeuvre des sports athletiques, chere a M. de +Coubertin. + +J'acquitte donc ma dette de reconnaissance, en rendant temoignage a +cette oeuvre et venant parler ici de la puissance educatrice et de +l'action morale des exercices physiques de plein air sur la jeunesse, +sur la formation du caractere et le developpement de la personnalite. + +Ce sujet interesse tout le monde; il interesse les meres, il interesse +les peres, il interesse les fils, il interesse les pouvoirs publics, +il interesse le Ministre de l'Instruction publique dont nous avons ici +l'honorable representant, il interesse enfin tous ceux qui ont souci de +l'avenir de ce pays, et j'estime, Mesdames et Messieurs, que j'aurais +rendu quelque service, s'il m'etait donne de prouver avec une evidence +irresistible pour les plus refractaires, que cette puissance educatrice, +que cette force morale contenue dans les exercices physiques de plein +air est une puissance certaine et douee d'une penetrante action sur la +jeunesse. J'espere y arriver, car je vois que vous etes tres ouverts +a la verite, et par consequent tres disposes a m'aider dans cette +demonstration qui est tout a fait digne de l'attention la plus serieuse. +(_Applaudissements_.) + + +Les resultats obtenus par la pratique constante et habituelle des +exercices de plein air et des sports athletiques sont nombreux: je vous +signalerai les principaux. + +Le premier, c'est le developpement, la multiplication de l'activite +physique. Mais, direz-vous, ce n'est pas la une vertu morale! Comment, +Messieurs, l'activite physique n'est pas une vertu morale? Convenez du +moins qu'elle est la condition de grandes vertus morales? N'a-t-on pas +dit spirituellement et en toute verite que la proprete et l'hygiene +etaient des vertus? Pourquoi, alors, n'en pourrait-on pas dire autant de +l'activite physique? Quand vous verrez des enfants inertes, paresseux +physiquement, soyez certains qu'ils le sont moralement, et quand vous +voyez des enfants actifs jusqu'a la turbulence, soyez surs qu'il y a +en eux des vertus en germe. Eh bien! cette mise en activite des vertus +physiques par les exercices de plein air, voila le premier resultat +obtenu par les sports athletiques. + +Le second, c'est l'esprit de combativite et de lutte. + +De meme que dans la plupart des enfants, Mesdames, vous observez une +paresse native qu'il faut vaincre a tout prix, parce que cette paresse +native se repand dans toutes les facultes et les endort, de meme vous +surprenez en eux une lachete originelle. L'enfant commence par avoir +peur: l'humanite est d'abord craintive et timide. Il faut qu'elle fasse +preuve de vaillance, et pour cela il est necessaire de developper +l'esprit de combativite. (_Vifs applaudissements_.) + +Ne vous effrayez pas de cet esprit. Peut-etre, direz-vous, nous ne +pourrons plus tenir nos enfants, ils seront toujours ivres de luttes, +toujours revant plaies et bosses. N'oubliez donc jamais que les +combatifs sont les forts, que les forts sont les bons, mais que les +paresseux sont les ruses et les faibles, et que les faibles sont +dangereux, parce qu'ils sont traitres. (_Applaudissements._) + + +Developpons donc l'esprit de combativite, c'est-a-dire l'amour de la +lutte: tel est le but. Il y a un obstacle, renversons-le! Mais si nous +le tournions, ne pouvant le renverser? Soit! Mais si, en le tournant, +nous sommes poursuivis, ne craignons pas d'attaquer. Voila l'esprit +combatif, voila une des plus belles vertus physico-morales de l'homme, +car si l'homme contient en germe une lachete native, il possede +egalement en germe une bravoure native. Et il s'agit de savoir qui +l'emportera, de la lachete ou de la bravoure. Les sports font predominer +l'esprit de combativite, c'est-a-dire l'esprit de vaillance et de +bravoure originelles qui dorment chez l'enfant. Les sports font de +l'enfant un adolescent vaillant, qui ne sait pas se detourner devant +l'obstacle et qui n'a de tranquillite qu'apres l'avoir brise, dompte, +vaincu. + +Le troisieme resultat consiste a donner la force ou l'endurance. + +L'etre fort, c'est celui qui sait endurer, ce n'est pas toujours celui +qui attaque,--l'etre fort se revele bien plus par l'endurance et la +patience,--c'est celui qui ne recule jamais. Voila l'adolescent qu'il +faut fabriquer, et, certes, il n'est pas difficile d'en fabriquer de +semblables dans le pays des Gaulois. Ce ne sont pas les Gaulois qui sont +des paresseux, ils sont trop gais, trop expansifs. Ce sont toujours ceux +qui ne craignaient rien qu'une chose: "que le ciel ne tombat sur leurs +tetes." Ils poussaient la force jusqu'a la presomption. Eh bien, je +le declare hautement, je prefere les presomptueux aux timides. +(_Applaudissements._) + +Je vais dire quelque chose qui va plaire aux meres francaises, que je +crois bien connaitre. Elles ont toujours peur, les meres francaises, +elles ont le genie de la preservation. Permettez-moi donc de vous +donner, Mesdames, un moyen de preserver vos fils, c'est-a-dire d'en +faire des temperants qui n'aiment ni le vin ni l'alcool, qui ne +commencent pas a fumer a douze ans, qui savent mettre le plaisir a sa +place. + +J'ai observe et j'observe tous les jours que, dans le milieu ou il +nous a ete donne a M. de Coubertin et moi d'organiser ces associations +athletiques, ces jeunes gens ne fument presque pas, ne vont pas sur les +champs de courses pour parier; qu'ils sont tres moderes et qu'en fait de +plaisirs, ils pourraient arriver a donner des lecons, non seulement a +Epicure qui etait un raffine de moderation, mais a l'autre, le chef des +stoiques, qui etait un austere, et j'ai observe aussi qu'ils savaient se +priver, se condamner meme a une dure hygiene dans un but superieur. + +Pour completer ces resultats d'ordre moral et psychique, je vous en +signalerai un autre d'ordre civique. + +Les sports, en groupant la jeunesse pour un but qui repond a sa nature, +a son besoin de mouvement, font les natures unies et preparent le +bon groupement de l'ecole. S'il m'est permis de parler de l'Ecole +Albert-le-Grand, j'avais remarque qu'il s'y formait des petites coteries +provoquees par des sympathies naturelles, par des rapports de famille, +par diverses convenances qu'il est difficile d'analyser, et je voyais +les eleves se grouper six par six, quatre par quatre, deux par deux. +Oh! je n'aime pas cela, parce que l'esprit de coterie est une cause de +division et de faiblesse, et comme je n'ai pas l'habitude de couper le +mal autrement que dans la racine j'ai laisse les choses aller, mais je +me suis dit: Voici une plaie que j'extirperai; or, Messieurs, je l'ai +extirpee sans rien dire, en organisant les sports, en melant tous les +groupes. + +J'ai vu que cette grande jeunesse est arrivee a faire de la fraternite. +Elle s'est rapprochee dans la lutte autour du drapeau blanc et noir, +celui d'Albert-le-Grand, le notre, avec ses quatre lettres A-A-A-G, de +sorte que tous ces combattants ne connaissaient plus que le capitaine +qui tenait le drapeau, les officiers qui le secondaient et les braves +soldats qui enfoncaient l'ennemi. (_Applaudissements._) + +Si j'osais, je pourrais m'adresser a M. le sous-prefet et lui dire: +Vous qui menez des hommes, qui avez a les gouverner, vous savez quelle +puissance on a quand on peut faire l'unite dans un milieu, quand on peut +couper les sectes et ramasser les combattants autour d'une idee +forte. La est le genie politique et, tandis que le genie de +l'impolitique--passez-moi le mot barbare--est de diviser, celui de la +politique est de reunir. (_Applaudissements prolonges_.) + + +J'ai enumere quelques-uns des resultats obtenus experimentalement par +les associations sportives et athletiques, par les exercices en plein +air. En presence de ces resultats physiques, psychiques, moraux et +civiques, les peres et les meres, les educateurs comprennent-ils +maintenant qu'ils ont le devoir de pousser leurs fils et leurs disciples +dans cette voie? + +Mais ici, une question pratique se pose d'elle-meme: comment ces +associations sportives doivent-elles etre organisees pour donner tous +leurs fruits? + +Je vais y repondre. + + +J'ai eu l'honneur hier de prendre part a la discussion intime de la +Commission pedagogique relative a cette question. J'avoue que j'y ai +appris beaucoup de choses des professeurs de gymnastique scientifique, +de M. le docteur Tissie surtout, qui est un maitre, non seulement dans +la science medicale, mais dans la science pedagogique, et qui a sa +science speculative ajoute une experience consommee. + +Pour mon compte--et j'ai ete tres heureux de rencontrer la collaboration +de M. le sous-prefet du Havre, M. Cathala--j'ai exprime mes idees +liberales relatives a l'organisation des sports dans les lycees, +colleges et etablissements libres. Quelles sont ces idees? Je vous en +dois l'expose public et tres detaille. + +Je reponds que le caractere de l'organisation de ces associations (je +mets de cote les lecons de gymnase qui font partie du programme de +l'enseignement classique) dans toutes les maisons ou l'on eleve la +jeunesse francaise doit etre la liberte: liberte dans la fondation meme +des associations, parce qu'il faut que les jeunes gens organisent leurs +petites societes eux-memes. Ils doivent nommer leurs presidents, leurs +secretaires, leurs tresoriers, constituer leurs bureaux. Etant ainsi +constitues par eux, ils les acceptent comme une autorite librement +reconnue. + +Et vous apercevez tout de suite que cette liberte dans l'organisation +des societes presente un phenomene tres nouveau dans nos etablissements +scolaires francais. J'ai ete frappe de ce fait que partout il y avait +une centralisation absolue dans les lycees, dans les colleges, dans les +ecoles libres, congreganistes, j'ai observe ce fait particulier que les +eleves etaient toujours groupes au gre de l'autorite qui les domine. La +centralisation est partout et c'est ce que je ne puis accepter. Aussi me +suis-je promis que, quand j'aurais un ensemble a manier, je ferais un +trou, par lequel je ferais entrer la liberte dans les associations +et dans les etablissements d'education. Or, Messieurs, la liberte, +intronisee la et pratiquee la, finira, soyez-en surs, par s'etablir dans +le pays en maitresse souveraine. + +Ce que je m'etais promis de faire je l'ai fait. Et les associations +se sont constituees, et j'admirais l'importance que se donnaient ces +presidents, ces secretaires, tous ces membres du bureau, a cause de la +dignite dont ils se voyaient tout d'un coup revetus. J'ai meme remarque +que les dignitaires scolaires, institues par l'autorite, avaient moins +d'influence que ceux choisis par les camarades. Pourquoi? Parce que ces +derniers sont revetus seuls de l'autorite que l'opinion peut donner, +car, dans les ecoles comme dans le pays, dans la nation comme dans les +petits groupes, il y a une autorite souveraine,--l'opinion. Le chef qui +ne la represente pas ne peut rien, celui qui la represente peut tout, +surtout quand il poursuit un but eleve. (_Applaudissements prolonges._) + +De meme que ces associations scolaires naissent librement, de meme elles +doivent s'administrer librement, meme en ce qui regarde leur budget, et +c'est la ou je differerai peut-etre d'avis avec M. le docteur Tissie. +Elles doivent apprendre a se gouverner pour connaitre la responsabilite, +et je laisserai au besoin la faute s'accomplir parce qu'elle permet de +donner une lecon. Je n'aime pas les eleves impeccables, je prefere ceux +qu'on peut corriger et instruire a l'occasion d'une faute, de meme qu'on +corrige le bon cheval a l'occasion d'un faux pas. + +Il faut donc laisser a ces associations le soin de leur bourse pour leur +apprendre a s'en servir, a bien choisir quand elles achetent, et a payer +le moins cher possible les objets dont elles ont besoin. Elles doivent +s'administrer librement, sans entrave de la part de l'autorite. + +Il y a toujours, dans les etablissements d'enseignement, des censeurs +austeres, severes, qui rappellent que telle chose ne doit etre faite +qu'a 2 heures et demie.--Mais la bataille est a 2 heures!--La bataille, +je ne connais pas cela. Je ne connais que l'heure fixee: 2 heures et +demie. _(Rires.)_ + +Il faut faire disparaitre ces entraves et dire aux jeunes gens: Allez +au combat, battez bien l'adversaire et, quand vous reviendrez, ayant +remporte la victoire, avec un rayon de gloire sur le front, vous +travaillerez mieux. _(Applaudissements.)_ + +Voici donc comment je comprends le role, l'attitude des directeurs +d'etablissements vis-a-vis de ces associations sportives et athletiques +d'apres la reserve que j'ai faite hier. Ce role se resume en un +patronage bienveillant, encourageant, fortifiant, prevoyant. C'est tout +ce qu'on peut se permettre vis-a-vis d'etres libres. L'etre libre, a +moins d'un ordre qui lui est donne, est un etre affranchi, a qui l'on +doit laisser la liberte. On ne doit lui parler que comme a un etre +souverain, voila la formule. _(Nouveaux applaudissements.)_ + +Je vais encore faire une reserve; il faut que ces associations soient +absolument respectueuses des heures d'etudes. + +Il est evident que, si une association athletique passe toute la journee +a faire des sports, le latin, le grec, l'histoire, les mathematiques ne +tomberont pas par une infusion superieure dans ces jeunes tetes. Il faut +donc faire une part equitable du travail et des jeux, et je serais bien +de l'avis de M. Godart, dont l'expression nette et sage a ete si bien +resumee dans le _Velo_ par son envoye special, M. Frantz Reichel, ici +present. C'est-a-dire je voudrais voir donner le temps qui lui est du a +l'activite physique et meme l'augmenter, mais je n'irais pas jusqu'a la +superstition des trois-huit. _(On rit.)_ Il est certain que huit heures +d'etudes intensives donneraient un meilleur resultat qu'un plus grand +nombre d'heures d'etude consacrees a un travail relache. Il est bien +sur, toutefois, qu'en developpant les muscles, en les faisant solides, +on obtiendrait une circulation cerebrale plus active. On arriverait, +comme l'a si bien demontre M. Tissie, a des produits litteraires et +scientifiques superieurs. Et j'estime que les vainqueurs du football +ont bien des chances d'etre les laureats de demain dans les concours +intellectuels. + +Et pour que les associations sportives produisent tous leurs effets, +je voudrais qu'elles fussent absolument intransigeantes sur le point +d'honneur et sur la dignite de l'athlete. Pas de compromis.--Monsieur, +vous avez viole la loi, vous etes disqualifie.--Monsieur, vous avez +menti, vous etes disqualifie.--Monsieur, vous avez maltraite votre +adversaire, vous etes disqualifie. Un point, c'est tout. Avec des +moeurs pareilles, nous irons peut-etre avec succes a l'encontre de ces +consciences de caoutchouc que la politique a malheureusement tendu a +developper, parce que la politique etant faite d'interets pousse au +compromis, et que le compromis est toujours une entorse faite a la +conscience. _(Vive approbation.)_ Que les associations sportives +arborent donc le drapeau de l'intransigeance sur les questions d'honneur +et lorsqu'elles entreront sur un terrain ou les compromis sont +pratiques, qu'on les voie gagner la bataille avec une conscience +irreductible contre les consciences souples, car les premieres gagnent +aussi les batailles politiques beaucoup mieux que les consciences +habiles. _(Vifs applaudissements.)_ + + +Il est un point d'ordre civique sur lequel je dois m'expliquer. Quel que +soit l'habit que je porte, l'habit n'est rien, et si l'habit ne fait +pas le moine, il n'empeche pas de faire L'homme. _(Nouveaux +applaudissements.)_ Nous ne pouvons pas oublier que nous vivons dans une +vaste democratie, non pas seulement francaise, mais universelle. Qu'on +vive sous un monarque ou un president de Republique, on n'en est pas +moins un citoyen libre. Mais l'avantage d'une democratie comme la notre, +c'est que l'individu participe a la direction generale. Il faut +donc, dans une democratie, former des hommes eclaires et capables +d'initiative. Si vous formez des etres passifs, n'agissant que par la +seule impulsion du pouvoir, comment constituerez-vous une democratie +serieuse? Vous n'aurez que des gens en tutelle, qui seront battus a tous +les coups, comme sera battu par l'athlete celui qui n'aura recu aucune +education athletique. Dans une democratie, les citoyens devraient donner +a tous l'exemple du respect de l'autorite de celui qu'ils ont elu, de +celui qu'ils ont consacre par leur vote. + +Je n'ai jamais vu des sportifs battre en breche l'autorite du president +librement choisi par eux. Au contraire, ils font prevaloir cette +autorite et ils savent la defendre quand on l'attaque. Ces moeurs, +transportees dans une democratie, en assureront la fortune et la +prosperite. _(Vifs applaudissements.)_ + +Je le dis tres haut, voila les eleves que j'essaie de former. Monsieur +le representant du Ministre de l'Instruction publique, voulez-vous me +permettre de dire que je ne comprends pas que, lorsque vous voyez un +etablissement qui travaille dans cet ordre d'idees, il ne soit pas +considere comme un etablissement luttant pour le bien de la France et +l'avenir de la democratie. Nous pouvons etre des concurrents, nous +devons etre des concurrents, parce qu'il est excellent que, dans un pays +de liberte, la centralisation soit entamee par des hommes libres et +chevaleresques. Mais c'est tout. + +Nous livrons le combat comme nous croyons devoir le livrer, mais +nous luttons pour la meme cause. Nous presentons notre epee en signe +d'amitie, comme le fait un chevalier. Jamais il ne faut attaquer un +chevalier, un ami du droit et de l'independance: on entre en pourparlers +avec lui, mais on ne s'expose pas a lui faire la guerre, car l'attaquer, +c'est entrer en lutte contre la justice et la liberte. _(Tres bien! tres +bien!)_ + + +Je ne puis pas, Mesdames et Messieurs, meconnaitre que l'oeuvre des +sports a des adversaires. M. de Coubertin traiterait cette question +beaucoup mieux que moi, parce qu'il a ete de toutes les batailles que +les associations sportives ont soutenues, et il le ferait avec d'autant +plus d'eloquence qu'ayant ete de toutes les batailles, il les a toutes +gagnees. + +En ce qui me concerne, j'aime beaucoup la bataille, surtout si je la +gagne. _(Rires et applaudissements.)_ Mais je ne livre le combat que +quand je crois etre sur du succes, sinon j'attends--mais je n'attends +jamais longtemps. _(On rit.)_ Des que mes troupes sont bien pretes, que +les armes sont au complet, alors je donne le signal du combat. Je puis +etre battu, mais j'ai toujours assure ma ligne de retraite. + +Quels sont donc, Messieurs, les adversaires des sports? Je les classe +en trois categories: les passifs, les affectifs et les intellectuels. +J'emprunte ces termes au docteur Tissie et je suis heureux de me +servir de cette jolie etiquette. Mais je les definirai autrement: les +affectifs, c'est vous, Mesdames. Le plus grand ennemi des sports, c'est +la mere. Combien ai-je entendu de meres me dire: "Et surtout que mon +fils ne joue pas au football! + +--Madame, votre fils vous appartient et il n'y jouera pas, si vous le +defendez. Mais pourquoi le defendez-vous? Vous etes calme en ce moment, +causons.--Vous voulez donc que mon fils se casse une jambe, un bras, +qu'il meure?--Non, Madame, je veux qu'il vive; et si on lui casse une +jambe, nous la lui raccommoderons. _(On rit.)_--Ah! vous voila bien!--Ne +savez-vous pas qu'une jambe raccommodee est beaucoup plus solide qu'une +neuve?" _(Hilarite. Vifs applaudissements.)_ + +Vous voyez quelle est la resistance du sentiment. Et, a ce propos, je me +rappelle un mot de Claude Bernard, dont j'ai suivi les cours autrefois. +Il s'agissait alors de la vivisection et les affectifs etaient en +mouvement. Toujours les sentimentaux! + +Les Anglaises avaient fonde une Ligue contre la vivisection, et Claude +Bernard faisait remarquer qu'on ne pouvait pas discuter avec les +sentimentaux, parce qu'une raison, meme la meilleure, ne peut pas +mordre sur un sentimental. Le sentiment ne se laisse jamais persuader. +"Comment! vous allez dissequer vivants mon chat, mon chien, mon petit +lapin", disaient les membres de la Ligue contre la vivisection! + +Et Claude-Bernard faisait cette reflexion dans sa raison superieure: +J'admire comment ces etres de sentiment, si pleins de compassion pour +les betes, en ont si peu pour la pauvre humanite! "Comment apprendre +a la guerir, si ce n'est en taillant les betes, en les examinant a +l'interieur pour y chercher l'enigme de la maladie et surprendre le +secret de la guerison." _(Applaudissements repetes.)_ + +Malgre l'opposition tenace des sentimentaux, la vivisection a continue a +etre pratiquee et vous savez de quelles heureuses decouvertes elle a ete +le point de depart. + +Avec toute votre sentimentalite, Meres, vous n'empecherez pas votre +enfant de jouer. C'est l'enfant lui-meme qui vous persuadera. Quand il +voudra se donner du mouvement, l'attacherez-vous, le ligoterez-vous pour +qu'il n'exerce pas sa force avec ses camarades? Il veut etre plus fort +qu'eux et vous ne l'en defendrez pas; si bien que, malgre l'objection +des affectifs, les associations sportives continueront a se developper. + +Une autre objection est celle des eternels reactionnaires: les passifs, +les partisans de ce qui fut; les ennemis nes et acharnes de ce qui doit +etre. Une nouveaute! Pourquoi faire? Cela n'existait pas autrefois. Vous +connaissez le theme. Le mouvement nouveau les effraye et, malgre tous +nos efforts, vous voyez encore dans les etablissements d'instruction +s'entasser eleves sur eleves. Vous voyez des centaines d'enfants dans +des dortoirs, dans des cours, ou ils ne respirent pas, ou ils peuvent +a peine courir, a peine marcher. Et c'est cela qu'ils appellent, les +passifs, conserver les belles et bonnes traditions. Non, non et non! +Pour gagner des victoires dans la vie, il faut des forces vraies, des +forces pratiques, et on ne les acquiert que par les exercices de plein +air, les sports athletiques qui trempent le corps, qui trempent l'ame. +Nous voulons des hommes d'action; les associations sportives nous +aideront a les creer parce qu'elles developpent les qualites pratiques +sans lesquelles on ne peut rien faire d'utile en ce monde. + +Mais, mon fils ira au concours general, dit une mere. Il sera officier, +il aura un plumet.--Est-ce le plumet qui fait gagner les batailles? Il +est souvent genant. Les hommes qui veulent remporter des victoires ont +besoin de forces pratiques. + +Ce que je prefere, c'est le jeune homme capable de conduire une de ces +grandes affaires commerciales comme il y en a dans cette puissante ville +du Havre. Je le prefere celui-la au Monsieur qui fera de la litterature, +qui publiera des articles a 300, 400 ou 500 francs dans un journal +en vogue, et qui, ayant le gousset bien garni, pourra mener une vie +luxueuse. + +Celui qui conduira une usine de 1.000 ouvriers gagnera des batailles, +les batailles de l'industrie et du commerce, il fera vivre des familles +et il enrichira son pays, la France. _(Nombreux applaudissements.)_ + +Il y a une troisieme objection: celle des intellectuels. J'appelle +intellectuel le Monsieur qui croit n'avoir plus d'estomac, qui ne peut +pas souffrir un courant d'air. Il y a un courant d'air ici, fermez les +fenetres. _(On rit.)_ Il est tellement affine, qu'il n'appartient plus a +la race humaine. Nous sommes profondement meprises par lui, parce qu'il +a fait des livres delicats, quintessencies, ayant la derniere forme et +dans lesquels on trouve des choses qu'on n'a vues nulle part. Eh bien! +que m'apprenez-vous, vous, les intellectuels? Je le declare, je suis +peut-etre un barbare, mais tous ces romans je ne les lis pas. Je me suis +toujours demande comment les femmes intelligentes pouvaient se nourrir +ou plutot s'intoxiquer de ces livres, car il faut bien le reconnaitre, +quand ils tirent a 100.000, il y en a 60.000 qui sont achetes par les +femmes. _(Applaudissements repetes.)_ + +Que les intellectuels me pardonnent: au fond je suis un brave homme! +_(Nouveaux applaudissements et rires.)_ + +En parlant comme je le fais, j'exprime des idees qui me sont cheres, en +bon chevalier, mais je puis faire bon menage avec un intellectuel et +passer de bonnes heures avec lui; je ne sais pas si elles sont, pour +lui, aussi agreables! + +L'intellectuel dit: Developpez donc les cerveaux et non les muscles. +Et moi je dis--et M. le docteur Tissie m'approuvera, je crois--: Pour +developper le cerveau, il faut fortifier le muscle. Quand nous aurons +battu les intellectuels--l'heure approche, car le muscle triomphe--nous +verrons disparaitre des boulevards ces romans dont on s'empoisonne. +Quelle belle victoire! _(Assentiment general.)_ + +Oui, ne serait-ce pas une grande victoire que de pouvoir reduire ainsi +les intellectuels qui croient tenir le sommet de la pyramide humaine! +Nous y arriverons, je l'espere bien. + +Je fais des voeux pour que ces idees penetrent et soient appliquees dans +les lycees, colleges, dans les etablissements libres, dans les maisons +de congreganistes, comme les appellent volontiers nos adversaires. +Congreganistes, je n'aime pas ce mot-la, je prefere le mot libre. Je +suis ce que je suis: j'ai mes idees, j'ai le courage de les dire et je +cherche a les faire triompher. _(Vifs applaudissements.)_ + +Et pour terminer par un mot de concorde, je voudrais, Monsieur le +Sous-Prefet,--et, pour ma part, mes efforts sont tournes vers ce +but,--que les sports fussent un terrain ou toute la jeunesse francaise +put se reunir, qu'on y travaillat a ruiner dans ce pays l'esprit qui +nous divise, pour former une France comme nous la revons tous, nous les +liberaux, non pas une France dans laquelle nous penserons tous de la +meme maniere, c'est impossible, mais une France ou tous nous aurons la +pratique austere, loyale et chevaleresque du respect des autres et de la +tolerance. _(Applaudissements frenetiques et prolonges.)_ + + + + + + + + + + +End of the Project Gutenberg EBook of Influence morale des sports athletiques +by Henri Didon + +*** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK INFLUENCE MORALE DES SPORTS *** + +***** This file should be named 13284.txt or 13284.zip ***** +This and all associated files of various formats will be found in: + https://www.gutenberg.org/1/3/2/8/13284/ + +Produced by Miranda van de Heijning, Renald Levesque and the Online +Distributed Proofreading Team. 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It exists +because of the efforts of hundreds of volunteers and donations from +people in all walks of life. + +Volunteers and financial support to provide volunteers with the +assistance they need, is critical to reaching Project Gutenberg-tm's +goals and ensuring that the Project Gutenberg-tm collection will +remain freely available for generations to come. In 2001, the Project +Gutenberg Literary Archive Foundation was created to provide a secure +and permanent future for Project Gutenberg-tm and future generations. +To learn more about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation +and how your efforts and donations can help, see Sections 3 and 4 +and the Foundation web page at https://www.pglaf.org. + + +Section 3. Information about the Project Gutenberg Literary Archive +Foundation + +The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non profit +501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the +state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal +Revenue Service. The Foundation's EIN or federal tax identification +number is 64-6221541. Its 501(c)(3) letter is posted at +https://pglaf.org/fundraising. Contributions to the Project Gutenberg +Literary Archive Foundation are tax deductible to the full extent +permitted by U.S. federal laws and your state's laws. + +The Foundation's principal office is located at 4557 Melan Dr. S. +Fairbanks, AK, 99712., but its volunteers and employees are scattered +throughout numerous locations. Its business office is located at +809 North 1500 West, Salt Lake City, UT 84116, (801) 596-1887, email +business@pglaf.org. 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Thus, we do not necessarily +keep eBooks in compliance with any particular paper edition. + + +Most people start at our Web site which has the main PG search facility: + + https://www.gutenberg.org + +This Web site includes information about Project Gutenberg-tm, +including how to make donations to the Project Gutenberg Literary +Archive Foundation, how to help produce our new eBooks, and how to +subscribe to our email newsletter to hear about new eBooks. diff --git a/old/13284.zip b/old/13284.zip Binary files differnew file mode 100644 index 0000000..3b72dd2 --- /dev/null +++ b/old/13284.zip |
