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authorRoger Frank <rfrank@pglaf.org>2025-10-14 20:03:06 -0700
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+ The Project Gutenberg eBook of L'amérique sous le nom de pays de Fou-SAng, by M. DE Paravey.
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+<pre>
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+The Project Gutenberg EBook of L'Amérique sous le nom de Fou-Sang, by
+Charles Hippolyte de Paravey
+
+This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with
+almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or
+re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included
+with this eBook or online at www.gutenberg.org
+
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+Title: L'Amérique sous le nom de Fou-Sang
+
+Author: Charles Hippolyte de Paravey
+
+Release Date: January 31, 2011 [EBook #35134]
+
+Language: French
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+Character set encoding: ISO-8859-1
+
+*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK L'AMÉRIQUE SOUS LE NOM DE FOU-SANG ***
+
+
+
+
+Produced by Guillaume Doré, Eleni Christofaki and the
+Online Distributed Proofreading Team at http://www.pgdp.net
+(This book was produced from scanned images of public
+domain material from the Google Print project.)
+
+
+
+
+
+
+</pre>
+
+<div class='tnote'><h3>Notes du Transcripteur</h3>
+<p>La pagination originale est retenue. La ponctuation a été normalisée. Les notes en bas de page sont
+renumerotées et placées à la fin de chaque section. L'orthographe de
+l'imprimeur a été conservée dans l'ensemble. Les corrections mineures sont marquées <ins title="comme cela">comme cela</ins>.
+</p>
+</div>
+<h1><big>L'AMÉRIQUE</big><br />
+SOUS LE NOM DE PAYS DE FOU-SANG,<br />
+<small>A-T-ELLE ÉTÉ</small><br />
+CONNUE EN ASIE DÈS LE 5<sup>e</sup> SIÈCLE DE NOTRE ÈRE.</h1>
+<hr style="width: 65%;" />
+
+<p style="text-align: right"><small>IMP. DE HAUQUELIN ET BAUTRUCHE, RUE DE LA HARPE, 90.</small></p>
+
+<hr style="width: 65%;" />
+
+<h1><a name="LAMERIQUE" id="LAMERIQUE"></a>L'AMÉRIQUE</h1>
+
+<p class="title">SOUS LE NOM DE PAYS DE FOU-SANG,</p>
+
+<p class="center">EST-ELLE CITÉE, DÈS LE 5<sup>e</sup> SIÈCLE DE NOTRE ÈRE,<br />
+DANS LES GRANDES ANNALES DE LA CHINE, ET, DÈS LORS, LES SAMANÉENS<br />
+DE L'ASIE-CENTRALE ET DU CABOUL,<br />
+Y ONT-ILS PORTÉ LE BOUDDHISME, CE QU'A CRU VOIR LE CÉLÈBRE<br />
+M. DE GUIGNES, ET CE QU'ONT NIÉ GAUBIL, KLAPROTH<br />
+ET M. DE HUMBOLDT?</p>
+
+<p class="center">DISCUSSION OU DISSERTATION ABRÉGÉE,<br />
+OU L'AFFIRMATIVE EST PROUVÉE,</p>
+<h2><span class="smcap">Par M. DE PARAVEY,</span></h2>
+
+<p class="center">DU CORPS ROYAL DU GÉNIE.</p>
+
+<p style="text-align: right">
+<span lang="el" title="Greek: O Solon, Solon, Ellenes aei paides este">&#927; &#931;&#8001;&#955;&#969;&#957;, &#931;&#8001;&#955;&#969;&#957;, &#7965;&#955;&#955;&#951;&#957;&#949;&#962; &#7936;&#949;&#7985; &#960;&#945;&#8150;&#948;&#7953;&#962; &#7952;&#963;&#964;&#949;</span>.<br />
+<br />
+O Solon, Solon, vous autres Grecs, vous n'êtes que des enfans.<br />
+<br />
+<span class="smcap">Platon</span>, Timée.<br /></p>
+
+<hr style="width: 45%" />
+<p class="center">(Extrait du N<sup>o</sup> de février 1844 des <i>Annales de philosophie chrétienne</i>.)</p>
+ <hr style="width: 45%" />
+<p class="center">PARIS,<br />
+<b>CHEZ TREUTTEL ET WURTZ</b>,<br />
+Rue de Bourbon, n<sup>o</sup> 17.<br />
+ET AU BUREAU DES ANNALES DE PHILOSOPHIE CHRÉTIENNE,<br />
+Rue Saint-Guillaume (Fbg-S.-G.), n<sup>o</sup> 24.<br />
+1844</p>
+
+<hr style="width: 65%;" />
+<h2>L'AMÉRIQUE<br />
+<small>SOUS LE NOM DE PAYS DE FOU-SANG,</small></h2>
+
+<p class="title"><span class="smcap">A-T-ELLE ÉTÉ</span><br />
+CONNUE EN ASIE DÈS LE 5<sup>e</sup> SIÈCLE DE NOTRE ÈRE<a name="FNanchor_1_1" id="FNanchor_1_1"></a><a href="#Footnote_1_1" class="fnanchor">[1]</a>.</p>
+
+<p>Les savans de l'Islande et du Danemarck viennent de démontrer
+que les Scandinaves, longtems avant Colomb, visitaient les parties
+nord-est de l'Amérique, y trouvaient des vignes sauvages et du
+raisin, et même avaient pénétré plus au sud, jusque dans le Brésil
+actuel.</p>
+
+<p>Avant ces recherches toutes modernes, l'illustre Buffon, dans son
+<i>Discours sur les variétés de l'espèce humaine</i>, avait reconnu,
+comme M. de Humboldt l'a vu aussi postérieurement, que les peuplades
+du nord-ouest de l'Amérique, et même du Mexique, avaient
+dû y venir de la Tartarie et de l'Asie centrale; et, s'appuyant sur
+<span class="pagenum"><a name="Page_6" id="Page_6">[6]</a></span>les nouvelles découvertes des Russes, il traçait la route suivie par ces
+Asiatiques, les faisant arriver au nord-ouest de la Californie, à travers
+le Kamtchatka et la chaîne des îles Aléoutes.</p>
+
+<p>De son côté, M. de Guignes, compulsant les annales de la Chine,
+et par elles éclaircissant toutes nos origines européennes, y trouvait un
+fort curieux mémoire sur le pays de FOU &#25206; SANG &#26705;, ou pays
+de l'<i>Orient extrême</i>. Il s'aidait des lumières jetées par les Russes et
+les géographes les plus modernes sur les contrées extrêmes du nord-est
+de l'Asie; et, dans un savant travail inséré au <small>T. XXVIII</small> des
+<i>Mémoires de l'Académie des Inscriptions et des Belles-Lettres</i>, il
+prouvait, autant qu'on le pouvait faire alors, que ce pays de <i>Fou-sang</i>,
+connu dès l'an 458 de J.-C., riche en or, en argent et en cuivre,
+mais où <i>manquait le fer</i>, ne pouvait être autre que l'<i>Amérique</i>.</p>
+
+<p>Toutes les Cartes grossières et altérées à dessein, quant à la grandeur
+des contrées étrangères, que nous avons pu recueillir dans les livres
+ou les recueils rapportés de Chine, et antérieures aux cartes exactes
+du Céleste Empire, dressées ensuite par les missionnaires de Pékin,
+offrent, en effet, à l'est et au nord-est de la Chine, outre le Japon,
+marqué sous un de ses noms <i>Gi</i> &#26085; <i>Pen</i> &#26412; (Source du soleil),
+un amas confus de pays, dessinés comme de petites îles, sans doute
+parce qu'on pouvait y aborder par mer; et, parmi ces pays, <i>dont
+l'étendue est diminuée à dessein</i>, est marqué le célèbre pays de <i>Fou-sang</i>,
+pays sur lequel on a débité, en Chine, bien des fables; mais
+qui, dans la Relation traduite par M. de Guignes, se présente sous
+un jour tout à fait naturel, et ne peut s'appliquer qu'à une des
+contrées de l'Amérique, si ce n'est même, comme nous le verrons, à
+l'Amérique entière.</p>
+
+<p>Nous n'avons connu ces anciennes cartes Chinoises, dressées de
+manière à présenter l'Europe elle-même, et toute l'Asie autre que la
+Chine, comme de très petits pays, que dans le voyage fait par nous
+à Oxford, dès 1830: nous les avons calquées à la <i>Bibliothèque
+Bodléienne</i>, et plus tard, notre savant ami, sir <i>Georges Staunton</i>,
+nous a donné une de ces cartes imparfaites.</p>
+
+<p>De retour à Londres, nous y avons cherché et trouvé le texte
+chinois de la Relation traduite par M. de Guignes; car les ouvrages
+où elle se trouve étaient accaparés, à Paris, par certains sinologues.<span class="pagenum"><a name="Page_7" id="Page_7">[7]</a></span>
+Nous avons copié ce texte; nous l'avons montré à M. <i>Huttman</i>, alors
+secrétaire de la Société asiatique anglaise. Il y reconnut, comme
+nous, une description de l'Amérique ou d'une de ses parties; et,
+dans la surprise qu'il en éprouva, il fit part probablement de nos
+recherches à M. Klaproth; car nous étions encore à Londres, quand
+ce savant prussien fit paraître, dans <i>les Nouvelles Annales des
+Voyages</i>, année 1831, une prétendue réfutation du <i>Mémoire</i> de
+M. de Guignes, réfutation qu'il nous adressa, en même tems qu'une
+lettre assez longue, que nous publierons peut-être un jour<a name="FNanchor_2_2" id="FNanchor_2_2"></a><a href="#Footnote_2_2" class="fnanchor">[2]</a>.</p>
+
+<p>Ni cette lettre, ni cette réfutation imprimée ne changèrent nos
+convictions sur la justesse des aperçus du docte M. de Guignes. Nous
+le déclarâmes à M. Klaproth; et, comme il sentait sans doute lui-même
+la faiblesse des raisonnemens par lesquels il avait essayé de
+montrer que cette Relation du <i>Fou-sang</i> devait s'entendre du
+<i>Japon</i>, ce fut lui, nous le supposons, qui, postérieurement, voulant
+amener M. de Humboldt à ses fausses idées, fit insérer dans le
+<small>T. X</small> du <i>Nouveau Journal asiatique de Paris</i>, des Lettres du feu
+P. Gaubil, où ce savant missionnaire, sans nier cette Relation, discute
+les idées de M. de Guignes, et ne connaissant pas alors les Cartes dont
+nous parlons, semble ne pas admettre que l'Amérique, sous le nom
+de <i>Fou-sang</i> ou sous d'autres noms, ait été réellement connue des
+Bouddhistes ou Samanéens de la Haute-Asie, dès l'an 458 de Jésus-Christ.</p>
+
+<p>Dès lors, cependant, nous eussions pu démontrer, par le calcul
+exact des distances en <i>lys</i>, données dans cette Relation traduite des
+Grandes Annales de la Chine, sur ce pays du <i>Fou-sang</i>, et en discutant
+la route suivie pour s'y rendre, que ce pays, même d'après les
+aveux de M. Klaproth et du P. Gaubil, sur les noms chinois donnés
+à la contrée si reculée du <i>Kamtchatka</i>, ne pouvait exister qu'en
+Amérique.</p>
+
+<p>Suivant le samanéen ou le moine bouddhiste, qui fit connaître le
+<i>Fou-sang</i> aux Chinois, en 499 de notre ère, ce pays était à la fois
+à l'est de la Chine, et également à l'est d'une contrée demi-sauvage
+<span class="pagenum"><a name="Page_8" id="Page_8">[8]</a></span>connue, dans les livres chinois, sous le nom de pays de <i>Ta</i> &#22823;
+<i>han</i> &#28450; ou des grands <i>Hans</i>, nom appliqué déjà auparavant à la
+dynastie chinoise des <i>Hans</i>, établie en 206 avant notre ère après celle
+des <i>Tsin</i>.</p>
+
+<p>Mais, d'après les relations chinoises, sur ce pays de <i>Ta-han</i>,
+où l'on pouvait aller, soit par mer, en partant du Japon et se dirigeant
+au <i>nord-est</i>; soit par terre, en partant du coude très prononcé
+vers le nord, que fait le grand fleuve <i>Hoang-ho</i>, dans le pays des
+Mongols, et passant au sud du lac <i>Baïkal</i>, et se dirigeant ensuite
+également au nord-est, ce pays, très éloigné de la Chine, ne peut
+être que le <i>Kamtchatka</i>, aussi nommé pays de <i>Lieou-kouey</i>, ou
+Lieu d'exil (<i>lieou</i> &#27969;) des hommes pervers (<i>kouey</i> &#39740;), dans
+d'autres Géographies chinoises.</p>
+
+<p>Le père Gaubil, dans ces lettres mêmes publiées par M. Klaproth,
+l'admet pour le pays <i>Lieou-kouey</i>; car on dit ce pays entouré de trois
+côtés par la mer, comme l'est le Kamtchatka; et la distance où on
+le met, dans la géographie de la dynastie des <i>Tangs</i>, publiée aussi
+par ce savant missionnaire, ne peut convenir qu'à cette pointe extrême
+de l'Asie nord-est.</p>
+
+<p>D'une autre part, discutant la position du pays de <i>Ta-han</i>, M.
+Klaproth lui-même, dans le mémoire que nous réfutons, p. 12<sup>me</sup>,
+déclare que ce pays de <i>Ta-han</i> a aussi été nommé pays de <i>Lieou-kouey</i>;
+et puisque ce lieu est le <i>Kamtchatka</i>, d'après le P. Gaubil,
+le pays de <i>Ta-han</i> répond donc aussi au <i>Kamtchatka</i> du sud, et non
+pas à la grande île <i>Saghalien</i> ou <i>Taraïkaï</i>, qui existe à l'est de la
+Tartarie et à l'embouchure du fleuve Amour, île où le veut mettre
+M. Klaproth, dans ses Recherches sur le <i>Fou-sang</i>.</p>
+
+<p>C'était aussi dans le <i>Kamtchatka</i> que le célèbre M. de Guignes
+plaçait le pays de <i>Ta-han</i>, où les livres de la Chine, tels que le
+<i>Pian-y-tien</i>, vaste <i>Géographie des peuples étrangers</i>, précieux
+ouvrage que possède la bibliothèque du roi à Paris, figurent des
+hommes sauvages fort grands et à cheveux très longs et en désordre.</p>
+
+<p>Et, quand le samanéen <i>Hoeï-chin</i>, venu du pays de Fou-sang, en
+Chine, et débarqué à <i>King-tcheou</i>, dans le <i>Hou-pe</i>, sur la rive
+<span class="pagenum"><a name="Page_9" id="Page_9">[9]</a></span>gauche du grand fleuve <i>Kiang</i>, dit: <i>que le Fou-sang est à la fois
+à l'orient de la Chine et à l'est du pays de Ta-han</i>, ou du Kamtchatka,
+il est évident qu'il donne, <i>du sud au nord</i>, une très vaste
+étendue à ce pays de <i>Fou-sang</i>, puisque le Kamtchatka, même
+dans sa partie la plus australe, est très loin, au nord-est, de la Chine,
+en ne la prenant même que dans le nord, et encore plus loin du
+fleuve <i>Kiang</i>: il parle donc ici, non pas d'une île, même aussi grande
+que le Japon, mais d'un continent très étendu, tel que l'Amérique
+du Nord.</p>
+
+<p>Aussi, quand nous avons communiqué le Mémoire de M. de Guignes
+et la prétendue Réfutation de M. Klaproth, au célèbre navigateur
+M. Dumont-d'Urville, dont la science déplore encore la perte
+fatale, ce savant qui, avant son dernier voyage, avait commencé par
+nos conseils l'étude des livres de géographie conservés en Chine,
+n'a-t-il pu s'empêcher de sourire de pitié en voyant que, par un
+véritable tour de force, de ce vaste continent M. Klaproth avait
+essayé de faire une simple contrée du Japon, pays qui, sous son
+nom véritable, est lui-même indiqué dans un autre passage des
+<i>Grandes Annales</i> cité par M. de Guignes, et où l'on décrit la
+route qui, de la Corée, menait par mer au pays de <i>Ta-han</i>. On
+touchait pour y aller au pays de <i>Ouo</i> ou du Japon qui, dès lors,
+était déjà connu des Chinois dans toutes ses parties; on abordait au
+nord le pays de <i>Wen-tchin</i> (île Saghalien); puis, cinglant à l'est, on
+arrivait au <i>Ta-han</i> ou au <i>Kamtchatka</i>, ailleurs nommé <i>Lieou-kouei</i>.</p>
+
+<p>Un pays assez vaste pour être <i>à la fois</i> à l'orient de la Chine centrale
+et du Kamtchatka, ne peut évidemment être que l'Amérique
+du Nord; ce que n'avait pas dit M. de Guignes, mais ce qu'il devait
+sentir, et la distance même à laquelle on place le <i>Fou-sang</i> du pays
+de <i>Ta-han</i> ou du Kamtchatka, dans la Relation du samanéen, achève
+de le démontrer.</p>
+
+<p>Il évalue, en effet, à 20 mille <i>lys</i> cette distance <i>vers l'est</i> du <i>Ta-han</i>
+au <i>Fou-sang</i>; et, comme les <i>lys</i> ont souvent varié en Chine,
+M. Klaproth essaie, en les supposant fort petits, de n'arriver ainsi
+qu'au Japon!! Mais comme la direction à l'est le gêne encore et le
+ferait tomber dans l'Océan, en admettant, comme il le fait, que le
+<i>Ta-han</i> n'est autre que l'île de Saghalien, il change, sans plus de
+façon, cette direction, et la porte vers le sud; de sorte que, de supposition<span class="pagenum"><a name="Page_10" id="Page_10">[10]</a></span>
+en supposition, il arrive à conclure que la partie sud-est du
+Japon était cette contrée du <i>Fou-sang</i>, alors nouvelle encore,
+suppose-t-il, pour les Chinois.</p>
+
+<p>Mais le P. Gaubil, qu'il invoquait ailleurs, pouvait même le détromper
+à cet égard et lui donner la valeur réelle de ces <i>lys</i>.</p>
+
+<p>Dans son <i>Histoire de la dynastie des Tang</i>, qui a régné peu de
+tems après l'époque où les <i>Grandes Annales</i> ont transcrit ces Relations
+du <i>Ta-han</i> et du <i>Fou-sang</i>, il dit: «que l'on compte 15,000 lys entre la
+Perse et la ville de <i>Sy-ngan-fou</i><a name="FNanchor_3_3" id="FNanchor_3_3"></a><a href="#Footnote_3_3" class="fnanchor">[3]</a>,» alors capitale de la Chine; la
+Perse étant en ces livres désignée sous le nom de royaume de <i>Po-sse</i>,
+et sa capitale devant être vers <i>Passa-garde</i> et Schiras ou Persépolis.</p>
+
+<p>Or, vers le nord-est, les géographes de la dynastie Tang, comptent
+aussi 15,000 <i>lys</i>, pour la distance de Sy-ngan-fou, au pays de <i>Lieou-kouey</i><a name="FNanchor_4_4" id="FNanchor_4_4"></a><a href="#Footnote_4_4" class="fnanchor">[4]</a>
+(le même que le pays de <i>Ta-han</i> selon M. Klaproth), pays
+entouré par la mer de trois côtés, et qui est reconnu par le P. Gaubil,
+avons-nous dit, pour correspondre au <i>Kamtchatka</i>.</p>
+
+<p>Si donc, sur un globe terrestre, on prend une ouverture de compas,
+entre la capitale Sy-ngan-fou, celle de la Chine alors, et Schiras
+ou Persépolis, capitale du <i>Po-sse</i> ou de la Perse, et qu'on reporte,
+à partir de Sy-ngan-fou, cette distance vers le nord-est, on doit atteindre
+la partie sud du pays de Kamtchatka, et c'est ce qui a lieu, en
+effet, avec une grande exactitude.</p>
+
+<p>La valeur des <i>lys</i> est donc fixée, en grand, pour cette époque; de
+sorte que le tiers de cette ouverture représentera 5,000 lys, et qu'en
+les joignant aux 15,000 lys qui forment l'ouverture entière, on obtiendra
+d'une manière exacte, la distance de 20,000 lys, que la relation
+du Samanéen affirme exister à l'est, entre le pays de <i>Ta-han</i> et
+celui de <i>Fou-sang</i>, d'où il venait d'arriver.</p>
+
+<p>A partir de la pointe sud du Kamtchatka, qui répond à ce pays de <i>Lieou-kouey</i>
+ou de <i>Ta-han</i>, portant alors <i>vers l'est</i>, sur le globe en
+question, l'ouverture de compas de 20,000 <i>lys</i>, on devra donc, si le
+<i>Fou-sang</i> est l'Amérique, atteindre au moins la côte ouest de ce
+nouveau continent, côte qui dès longtems abordée par les Asiatiques,
+<span class="pagenum"><a name="Page_11" id="Page_11">[11]</a></span>a été, par une sorte de fatalité, la dernière explorée par les Européens.
+Or, c'est ce qui arrivera, en effet, et ce qui confirme, à la fois, les conjectures
+de Buffon, et les assertions, appuyées de cartes encore peu
+exactes, qu'avait émises M. de Guignes; car on parviendra ainsi au
+nord des Bouches de la Colombia, et non loin de la <i>Californie</i>.</p>
+
+<p>Ce savant ne pouvait alors, parvenir à la même précision que nous;
+puisque, nous le répétons, les positions exactes des côtes nord-ouest
+de l'Amérique vers les îles Aléoutes, et même celles du pays du
+Kamtchatka, n'étaient pas encore bien rigoureusement établies; mais
+il n'en a eu que plus de mérite à reconnaître le premier, la valeur des
+<i>lys</i> pour cette époque, et à retrouver ainsi, dans les Géographies trop
+peu consultées de la Chine, des pays aussi nouveaux pour nous, que
+l'étaient alors le Kamtchatka et ce vaste continent d'Amérique,
+connu de tout tems par les peuples explorateurs de l'Asie Centrale,
+mais qui ne nous a été révélé que bien tard par le génie admirable
+et persévérant d'un illustre génois.</p>
+
+<p>A l'aide de ces mêmes livres conservés en Chine, et qu'il est honteux
+pour les Européens, de ne pas avoir traduits encore, depuis plus
+d'un siècle qu'ils les possèdent, nous pourrions montrer que la <i>Méropide
+d'Elien</i><a name="FNanchor_5_5" id="FNanchor_5_5"></a><a href="#Footnote_5_5" class="fnanchor">[5]</a> n'était elle-même aussi, que l'<i>Amérique du Nord</i>;
+car l'invasion chez les <i>Hyperboréens</i>, dont parle cet auteur, ne peut
+avoir eu lieu, que du nord de l'Amérique, au Kamtchatka et aux rives
+du grand fleuve Amour, contrées où les anciens livres de la Chine
+font vivre une foule de peuples, dont les noms, en Europe, sont à
+peine connus en ce jour, bien que très curieux et tous significatifs.</p>
+
+<p>Dès les tems les plus reculés, ayant reçu sans doute, des colonies de
+la Grèce et de la Syrie, ces heureux Hyperboréens, envoyaient au
+temple d'Apollon, à Délos, des gerbes du blé récolté par eux.</p>
+
+<p>Hérodote et Pausanias nous nomment les peuples qui, de main en
+main, faisaient parvenir ces offrandes en Grèce; et, quand on combine
+ce qu'ils en disent, avec les notions sur ces mêmes peuples, qu'offrent
+les livres chinois, on acquiert facilement la conviction que le véritable
+pays des <i>Hyperboréens</i>, c'est-à-dire, des peuples du nord-est, ne
+<span class="pagenum"><a name="Page_12" id="Page_12">[12]</a></span>pouvait être situé ailleurs que sur le fleuve Amour et vers la Corée,
+contrées à alphabet, très anciennement civilisées ou colonisées.</p>
+
+<p>Par ces Hyperboréens, en rapport avec les nations féroces de l'Amérique
+du nord, nations que décrit Elien sous le nom de <i>Machimos</i>
+ou de guerriers, les Grecs des tems anciens, qui avaient porté la culture
+des céréales sur les rives de l'Amour, devaient donc avoir des
+notions sur ce <i>Fou-sang</i> ou monde oriental, vaste continent, qui, du
+côté de l'ouest, exploré par les Phéniciens de l'Égypte, et ensuite,
+par les Carthaginois, avait reçu le nom d'<i>Atlantide</i>.</p>
+
+<p>L'imagination fleurie des Asiatiques avait pu broder bien des fables
+sur ces relations d'un monde si éloigné, et où l'on n'abordait pas sans
+courir de très grands dangers; mais les monumens si curieux de
+<i>Palenqué</i> dans le Guatimala, et ceux non moins importants qu'a dessinés
+M. de Waldeck, dans le Yucatan, démontrent positivement ces
+rapports antiques de l'Asie Centrale, des Indes et de l'Égypte à l'Amérique
+ou à la <i>Méropide</i>, véritable pays de <i>Fou-sang</i>.</p>
+
+<p>Le <i>Chan-hai-king</i>, antique géographie mythologique de la Chine,
+le <i>Li-sao</i> et d'autres livres chinois débitent aussi des fables sur la
+vallée de <i>Tang-kou</i> ou des <i>Eaux chaudes</i>, d'où le soleil paraît sortir,
+se levant ensuite dans le pays de <i>Fou-sang</i>, où croissent des mûriers
+d'une hauteur prodigieuse; ils disent que les peuples du <i>Fou-sang</i>
+mangent les fruits de ces mûriers pour devenir immortels et pouvoir
+voler dans les airs, et que les vers à soie de ces arbres, énormes aussi,
+se renferment dans des cocons monstrueux de grosseur.</p>
+
+<p>Toutes ces fables sont fondées sur le nom <i>Sang</i> &#26705; du mûrier
+qui entre dans le nom chinois de l'Amérique ou du <i>Fou-sang</i>; et
+on se les explique quand on examine les monumens Mythriaques,
+sculptures de l'Asie occidentale, où l'on remarque toujours, sur la
+droite, le soleil se levant derrière un arbre, tel qu'un mûrier; ce
+qui n'est que la peinture même du caractère hiéroglyphique conservé
+en chinois, pour exprimer l'<i>Orient</i>, caractère qui se prononce <i>Tong</i>
+&#26481; et qui se forme en dessinant le symbole du soleil &#26085; <i>gi</i>, derrière
+celui de l'<i>arbre</i> &#26408; <i>mo</i>, le soleil à son lever, montrant en effet
+son disque derrière les arbres.</p>
+
+<p>Tacite, dans sa <i>Germanie</i>, débite aussi des fables sur les pays où<span class="pagenum"><a name="Page_13" id="Page_13">[13]</a></span>
+le soleil se couche, en faisant entendre, dit-il, des pétillemens lorsque
+ses feux pénètrent dans l'Océan, et cet admirable ouvrage n'en
+est pas moins lu et consulté tous les jours; et ces récits merveilleux
+n'ont point fait nier l'existence des pays dont il parle.</p>
+
+<p>Mais la Relation du Samanéen <i>Hoeï-chin</i>, sur le <i>Fou-sang</i>, n'offre
+aucune de ces fables, et si elle place un arbre de ce nom en Amérique,
+elle le décrit comme un végétal à fruit rouge en forme de poire,
+arbuste dont les jeunes rejetons se mangent et dont l'écorce se prépare
+comme du chanvre, et donne des toiles, des habits et même du papier;
+car les habitans de ce pays avaient déjà une écriture, dit cette
+Relation, et l'on a retrouvé, en effet en Amérique, des livres et une
+écriture au Mexique, et ailleurs.</p>
+
+<p>Dans les livres chinois de botanique, ce nom de <i>Fou-sang</i>, qu'on
+peut traduire par celui de <i>mûrier secourable</i>, <i>utile</i>, sens de <i>Fou</i>
+&#25206;, est donné maintenant à la <i>Ketmie</i>, ou <i>Hibiscus rosa sinensis</i>,
+plante venue de Perse en Chine, nous apprend le P. Cibot, et <i>qui y
+a été greffée sur le mûrier</i>.</p>
+
+<p>Mais M. Klaproth serait porté à y voir, par quelque méprise, le
+<i>mûrier à papier</i>, dont on fait aussi, en effet, des étoffes et des habits,
+tandis que d'autres pourraient y trouver le <i>Metl</i> ou <i>Maguey</i> du
+Mexique, mais mal décrit; car cette plante donnait également des
+étoffes et un papier; elle procurait une sorte de vin et des alimens, et
+était éminemment utile.</p>
+
+<p>Au vrai, ce nom <i>Fou-sang</i> exprime seulement le nom de l'<i>Orient
+extrême</i>; car dans l'antique géographie hiéroglyphique, le Royaume
+central se nommait, ainsi qu'on le fait encore en Chine, <i>Tchong-hoa</i>,
+ou <i>Fleur du centre</i>, <i>du milieu</i>; et les quatre contrées cardinales
+avaient le nom de <i>Sse-fou</i>, ou des <i>quatre pays auxiliaires</i>,
+comparés aux quatre pétales principales du Nelumbo, fleur mystique,
+fleur du milieu, Lotus sacré, type de l'antique Égypte<a name="FNanchor_6_6" id="FNanchor_6_6"></a><a href="#Footnote_6_6" class="fnanchor">[6]</a> et de la terre
+par excellence.</p>
+
+<p>L'Inde nous offre encore cette géographie symbolique; et les anciennes
+cartes chinoises nomment <i>Fou-yu</i> les contrées du nord;
+<span class="pagenum"><a name="Page_14" id="Page_14">[14]</a></span><i>Fou-nan</i>, celles du sud; <i>Fou-lin</i>, celles de l'ouest, c'est-à-dire, le
+<i>Ta-tsin</i>, empire romain; et enfin, <i>Fou-sang</i>, celles de l'est; or, à
+l'est de la Chine, n'existe que l'Amérique, comme pays étendu, et
+si le Japon a eu aussi ce nom de <i>Fou-sang</i>, c'est qu'il est à l'est de
+la Chine; mais il n'est pas le vrai pays de <i>Fou-sang</i>, dit l'Encyclopédie
+japonaise, qu'aurait dû consulter M. Klaproth, s'appuyant à
+tort sur ce nom reconnu faux pour ce pays.</p>
+
+<p>Le Bananier, arbre <i>Pis-sang</i> des Malais, aurait pu aussi être encore
+un de ces arbres <i>Fou-sang</i>, types de l'orient, aussi bien que la fleur
+du <i>Nelumbo</i>, ou lotus rose d'Égypte, d'où l'on voit sortir le jeune
+Horus, c'est-à-dire, où naît le soleil; tout cela, nous le répétons,
+n'est qu'une suite naturelle des symboles employés, dans la géographie
+antique et hiéroglyphique, encore trop peu étudiée.</p>
+
+<p>La Relation traduite par M. de Guignes, met aussi beaucoup de
+<i>Pou-tao</i>, c'est-à-dire de <i>raisins</i> dans le pays de <i>Fou-sang</i>; M. de
+Guignes avait traduit ces deux caractères séparément, et y avait vu
+des glayeuls <i>Pou</i> et des pêches <i>Tao</i>. M. Klaproth le rectifie avec
+raison; mais, par une singulière distraction, il oublie que les forêts
+de l'Amérique du Nord abondaient en Vignes sauvages de plusieurs
+espèces, et que les Scandinaves y avaient placé, dans le nord-est,
+le pays de <i>Vin-land</i>, ou du vin. Il va donc jusqu'à nier l'existence
+de la Vigne en Amérique; et, s'appuyant surtout sur ce passage,
+il veut que le <i>Fou-sang</i> soit le Japon, où la vigne, dit-il, existait
+depuis longtems, bien qu'en Chine elle n'ait été apportée de l'Asie
+occidentale qu'en l'an 126 avant notre ère. On voit donc, encore
+ainsi, combien sa réfutation de M. de Guignes, même lorsque ce
+dernier se trompe, était faible, et tout son Mémoire n'offre que
+des argumens de la même force.</p>
+
+<p>Quand le Samanéen dit que le fer manque au <i>Fou-sang</i>, mais
+qu'on y trouve du cuivre, et que l'or et l'argent n'y sont pas estimés,
+vu leur abondance sans doute, il ne fait que nous apprendre
+ce que Platon avait dit déjà de l'Atlantique, et ce que répètent toutes
+les relations de l'Amérique; une rivière célèbre du nord de ce continent,
+porte encore le nom de Rivière mine de cuivre, et le cuivre est
+aussi très abondant dans le Pérou.</p>
+
+<p><span class="pagenum"><a name="Page_15" id="Page_15">[15]</a></span>Il nous apprend, en outre, que les habitans du <i>Fou-sang nourrissent
+des troupeaux de cerfs et font du fromage du lait des biches</i>;
+et, dans les Encyclopédies chinoises et japonaises, comme aussi dans
+le <i>Pian-y-tien</i>, si l'on donne la figure d'un habitant du <i>Fou-sang</i>,
+on le dessine, en effet, occupé à traire une biche, à petites taches
+rondes; c'est même là, dans les deux encyclopédies, ce qui forme
+la caractéristique de cette contrée du <i>Fou-sang</i>. Déjà Philostrate,
+dans la <i>Vie d'Apollonius</i>, avait cité, dans l'Inde, des peuples
+nourrissant des biches pour leur lait, et la chose n'est pas assez commune
+pour ne pas être remarquée; mais ces troupeaux de biches
+ont aussi été retrouvés en Amérique de nos jours; car Valmont de
+Bomare, article <i>Cerf</i>, dit: «Les Américains ont des troupeaux de
+cerfs et de biches, errans le jour dans les bois et le soir rentrant
+dans leurs étables. Plusieurs peuples d'Amérique, n'ayant point
+d'autre lait, ajoute-t-il, que celui qu'ils tirent de leurs biches, et
+dont ils font aussi du fromage.»</p>
+
+<p>Il semble donc, qu'il traduit par ces mots, ce que disait en 499 de
+notre ère, <i>Hoeï-chin</i>, sur les peuples du <i>Fou-sang</i>. Et si nous avons
+signalé aussi cet usage dans l'Inde antique, nous ne l'avons pas fait
+sans dessein, car ce même Samanéen affirme que la religion de
+Bouddha, religion indienne, avait, dès l'an 458 de notre ère, été
+portée dans le pays de <i>Fou-sang</i>, par cinq religieux du <i>Ky-pin</i>, ou
+de la Cophéne, contrée indienne; il dit que les peuples convertis dès
+lors par eux, n'avaient ni armes ni troupes, et (à l'instar des Argippéens,
+dont parle Hérodote) qu'ils ne faisaient point la guerre; il
+ajoute enfin qu'ils avaient une écriture, et le culte des images, c'est-à-dire
+qu'ils étaient de vrais Bouddhistes.</p>
+
+<p>Ce qu'il dit des b&#339;ufs à longues cornes, portant de lourds fardeaux
+sur la tête, de chars attelés de b&#339;ufs, de chevaux et de cerfs,
+offre seulement, ce semble, quelque difficulté; mais les b&#339;ufs à crinières
+et à têtes énormes, de l'Amérique du nord, ont pu donner
+lieu à ce rapport inexact, et l'on a pu, bien qu'à tort, mais pour
+éviter de les décrire, donner le nom chinois <i>Ma</i> &#39340;, qui s'applique
+aux chevaux, aux ânes, aux chameaux, et qui forme la clef des quadrupèdes
+utiles de cette nature, aux <i>Llama</i> et <i>Alpacas</i> déjà domptés
+peut-être dans l'Amérique du Sud, comprise aussi dans le <i>Fou-sang</i>.</p>
+
+<p>Il serait possible, d'ailleurs, que des chevaux, à cette époque, eussent<span class="pagenum"><a name="Page_16" id="Page_16">[16]</a></span>
+été introduits déjà dans l'Amérique du nord-ouest, à peine
+connue de nos jours, et où l'on cite des peuplades qui s'en servent;
+et l'on a pu aussi y voir des attelages de rennes du Kamtchatka.</p>
+
+<p>Il est vrai qu'on suppose que ces chevaux sont issus de ceux amenés
+au Mexique par les Espagnols; mais la chose n'est pas démontrée;
+et en supposant ceux-ci d'origine européenne, une épidémie, une
+guerre destructive auraient pu, depuis le 5<sup>e</sup> siècle, détruire les chevaux
+domestiques, amenés au <i>Fou-sang</i>, par les Tartares et les bouddhistes
+de l'Asie.</p>
+
+<p>Ce peuple du <i>Fou-sang</i> n'avait encore alors, que des cabanes en
+planches, et des villages, comme on en a trouvé vers la Colombia,
+et au nord-ouest de la Californie; et pour obtenir une épouse, les
+jeunes gens du pays devaient servir leur fiancée, pendant une année
+entière. Or (dans la <i>Collection de Thévenot</i>) c'est précisément
+ce que dit <i>Palafox</i> de son <i>indien</i> de l'Amérique, indien dont il
+décrit les m&#339;urs; et c'est ce qui existe aussi dans les contrées extrêmes
+du nord-est de l'Asie, contrées d'où on passait en Amérique,
+avons-nous dit.</p>
+
+<p>D'autres détails de m&#339;urs semblent empruntés à la civilisation
+chinoise, et spécialement le Cycle de 10 années, ou peut-être même
+de 60 ans<a name="FNanchor_7_7" id="FNanchor_7_7"></a><a href="#Footnote_7_7" class="fnanchor">[7]</a>, cycle portant les noms chinois des 10 <i>kans</i>, et servant à
+marquer les couleurs successives des habits du roi, couleur qu'on devait
+changer tous les 2 ans, ainsi que le prescrit pour l'empereur, en
+Chine, le chap. <i>yue-ling</i> du <i>Ly-ky</i>, ou livre sacré des Rites.</p>
+
+<p>Mais ces cycles prétendus chinois, et qui ont donné les alphabets
+des peuples les plus anciens en Syrie, en Phénicie et dans l'Inde,
+comme dans la Grèce, ainsi que nous l'avons démontré ailleurs<a name="FNanchor_8_8" id="FNanchor_8_8"></a><a href="#Footnote_8_8" class="fnanchor">[8]</a>, ont
+<span class="pagenum"><a name="Page_17" id="Page_17">[17]</a></span>pu être apportés au <i>Fou-sang</i>, aussi bien de l'Asie centrale ou de
+l'Inde que de la Chine, et ils n'ont jamais été inconnus aux bouddhistes
+ou samanéens.</p>
+
+<p>Nous pourrions aussi discuter le son des noms donnés au roi et
+aux grands du pays de <i>Fou-sang</i><a name="FNanchor_9_9" id="FNanchor_9_9"></a><a href="#Footnote_9_9" class="fnanchor">[9]</a>; mais ces discussions nous entraîneraient
+trop loin. Nous nous bornons donc à discuter la fin de cette
+relation du <i>Fou-sang</i>.</p>
+
+<p>«Autrefois, dit <i>Hoeï-chin</i>, la religion de Bouddha n'existait pas
+dans ce pays; mais sous les <i>Song</i> (en 458 de J.-C., date précisée
+ici), cinq <i>Pi-kieou</i>, ou religieux du pays de <i>Ky-pin</i> (pays où le
+P. Gaubil voit Samarcande, où M. de Rémusat voit l'antique Cophène
+vers l'Indus), allèrent au <i>Fou-sang</i>, apportèrent avec eux
+les livres et les images saintes, le rituel, et instituèrent les habitudes
+monastiques; ce qui fit changer les m&#339;urs de ses habitans.»</p>
+
+<p>Aussi, venant en Chine en 499, c'est-à-dire 48 ans après cette
+conversion du <i>Fou-sang</i>, <i>Hoeï-chin</i>, samanéen lui-même, déclare-t-il,
+qu'alors les peuples de cette contrée vénéraient les images des
+esprits, le matin et le soir, et ne faisaient pas la guerre.</p>
+
+<p>On sait que le prosélytisme est un des devoirs qu'ont à remplir les
+religieux Bouddhistes; il n'est donc pas étonnant de les voir partir
+de l'Asie centrale, franchir les mers et les pays les plus dangereux,
+pour aller convertir les peuples encore sauvages de l'Amérique, pays
+déjà bien connu d'eux, et des Arabes et Perses de Samarcande.</p>
+
+<p>C'est ce qu'on ne peut plus révoquer en doute, depuis que M. de
+Waldeck a dessiné, dans le <i>Yucatan</i>, un temple ou monastère antique,
+vaste enceinte carrée, accompagnée de pyramides analogues à
+celles des Bouddhistes du Pégu, d'Ava, de Siam et de l'archipel
+indien, et qu'on peut étudier dans tous leurs détails.</p>
+
+<p>Une multitude de niches, où figure le Dieu célèbre, <i>Bouddha</i>,
+assis les jambes croisées, existe à Java, tout autour de l'ancien
+<span class="pagenum"><a name="Page_18" id="Page_18">[18]</a></span>temple de <i>Bourou Bouddha</i>, et si l'on examine le temple du Yucatan,
+dont M. de Waldeck a publié les beaux dessins, on y reconnaît
+ces mêmes niches où est assis le même Dieu <i>Bouddha</i>, ainsi que
+d'autres figures d'<i>origine indienne</i>, telles que la tête affreuse de
+<i>Siva</i>, tête aplatie et déformée, qui surmonte chacune de ces
+niches.</p>
+
+<p>Nous ne pourrions affirmer cependant que ces temples du Yucatan
+fussent aussi anciens que cette relation du <i>Fou-sang</i>, pays où
+l'on ne nous montre encore que des cabanes en bois; mais, persécutés
+par les Brahmes dans l'Inde et le Sind, les Bouddhistes ont dû,
+à plusieurs reprises, chercher un asile dans le <i>Fou-sang</i> ou l'Amérique,
+et peut-être même fuir à Bogota et jusqu'au Pérou, où les
+m&#339;urs ont été trouvées si douces et si analogues à leurs m&#339;urs.</p>
+
+<p>De la même manière, ils adoucissaient les peuples encore sauvages
+des îles de l'archipel indien, et des pays compris entre l'Inde et
+la Chine, et ils y élevaient ces temples, ces pyramides qu'on y retrouve
+en débris, comme à Java, ou encore debout et vénérées,
+comme dans le Pégu et Siam.</p>
+
+<p>La Chine avait reçu leur culte peu de tems après notre ère, sous
+<i>Ming-ty</i>, des <i>Hans</i>; la Corée, dès l'an 372 de Jésus-Christ; le
+<i>Fou-sang</i>, avons-nous dit, en l'an 458; et le Japon, enfin, seulement
+en 552, le recevant aussi de la Corée et du royaume de <i>Pe-tsy</i>,
+pays situé dans cette même contrée de l'Amour et de la Corée, ancien
+centre de civilisation.</p>
+
+<p>C'était de la Corée, disent les livres chinois, qu'on allait par <i>mer</i>
+au pays de <i>Ta-han</i>, pour de là cingler à l'est, et arriver en Amérique,
+c'est-à-dire au <i>Fou-sang</i>. Dans ce voyage on relâchait au Japon,
+et sans doute on le contournait pour atteindre, au nord, l'île <i>Saghalien</i>,
+puis se diriger, à l'est, vers le Kamtchatka ou le <i>Ta-Han</i>.</p>
+
+<p>Mais dans la curieuse <i>Histoire des Chichimèques</i>, publiée dans
+la collection de M. Ternaux, l'auteur, américain d'origine, <i>Ixtlilxochitl</i>,
+fait venir les Toltèques, par mer, du Japon en Amérique,
+abordant par les côtes nord-ouest, et dans des pays à terre Rouge,
+tels que le <i>Rio del gila</i>, où l'on cite encore un ancien monument,
+appellé la maison de Motecuzuma.</p>
+
+<p>Il avait vu, à Mexico, des Japonais envoyés à Rome par les missionnaires;<span class="pagenum"><a name="Page_19" id="Page_19">[19]</a></span>
+et dans ces Japonais modernes, il reconnaissait les traits
+et le costume des Toltèques dont il parlait; or, il fixait leur migration
+au 5<sup>e</sup> siècle de notre ère. Il se trouve donc parfaitement d'accord
+avec les Relations chinoises sur les divers voyages en Amérique; car
+on passait par le Japon, nous venons de le dire, quand de Corée on
+allait par mer au pays de <i>Ta-han</i>, pointe sud du Kamtchatka, latitude
+élevée où se rencontrent, on le sait, les vents d'ouest et du
+nord-ouest, vents qui poussent tout naturellement vers le <i>Fou-sang</i>,
+ou l'Amérique du nord, contrée située à l'est.</p>
+
+<p>Monumens bouddhiques au Yucatan; histoires conservées par les
+Toltèques du Japon venus en Amérique; relations chinoises du pays
+de <i>Ta-han</i> et du <i>vaste pays de Fou-sang</i>, et qui nous sont données
+par les Bouddhistes, partis de ce pays d'Amérique, et qui <i>par le Japon</i>,
+venaient en Chine: tout est donc parfaitement d'accord; ce passage,
+<i>par le Japon</i>, expliquant d'ailleurs comment nous avons pu montrer,
+dès 1835, que les noms de Nombre et beaucoup de Mots de la
+langue des Muyscas sur le plateau de Bogota se retrouvent encore
+dans la langue actuelle des Japonnais<a name="FNanchor_10_10" id="FNanchor_10_10"></a><a href="#Footnote_10_10" class="fnanchor">[10]</a>.</p>
+
+<p>De même que les Scandinaves avaient pu, à une époque plus récente,
+descendre de la côte nord-est du Nouveau-Monde, et du <i>Vinland</i>
+fondé par eux, jusqu'au Brésil dans l'Amérique du sud, où se
+sont retrouvés de leurs monumens; de même, mille ans avant les
+Espagnols, mais débarqués sur la côte nord-ouest, les Bouddhistes de
+l'Inde, alors persécutés par les Brahmes, les peuplades du Japon, et
+celles des rives de l'Amour, pays des anciens <ins title="Hyperboreens">Hyperboréens</ins>, ont pu
+pénétrer au Mexique, au Yucatan, au pays de Guatimala et de Palanqué,
+au royaume de <i>Cundinamarca</i>, et enfin jusqu'au riche et pacifique
+royaume du Pérou. Le célèbre M. de Humboldt a très-bien
+indiqué les rapports de race et de civilisation, de cycles, m&#339;urs,
+usages, qui unissaient les peuples de ces dernières contrées à ceux
+de la Tartarie et de l'Asie; mais en niant, d'après le P. Gaubil auquel
+<span class="pagenum"><a name="Page_20" id="Page_20">[20]</a></span>l'Amérique était peu connue, et d'après M. Klaproth, l'identité
+de l'Amérique et du <i>Fou-sang</i>, il se privait de ses meilleurs argumens,
+et ne pouvait fixer aucune date précise pour ces migrations.</p>
+
+<p>Nous espérons, s'il lit ce court Mémoire, qu'il rendra plus de
+justice à la vérité des aperçus du célèbre M. de Guignes, sinologue
+profond, dans les travaux duquel M. Klaproth avait puisé une grande
+partie de sa science, et que, <i>pour cela même</i>, celui ci n'aurait pas
+dû tant décrier!!</p>
+
+<p>Nous avons voulu, dans ce succinct extrait de nos vastes travaux
+sur l'Amérique, rendre justice à ce docte et modeste auteur de
+l'<i>Histoire des Huns</i>. Comme lui aussi, de méprisables coteries
+nous oppriment; mais nous espérons qu'un jour, peut-être, on rendra
+plus de justice à des recherches qui ont consumé nos plus belles
+années.</p>
+
+<p class="center">
+Le ch<sup>er</sup> de PARAVEY.<br />
+</p>
+
+<p>
+Août 1843.<br />
+</p>
+
+<div class="footnotes"><h3>NOTES EN BAS DE PAGE:</h3>
+
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_1_1" id="Footnote_1_1"></a><a href="#FNanchor_1_1"><span class="label">[1]</span></a> En lisant cette curieuse dissertation de M. le ch<sup>er</sup> de Paravey, nos lecteurs
+ne doivent pas oublier que sa principale importance, pour nous, est
+qu'elle fournit les moyens d'expliquer comment quelque connaissance du
+Christianisme a pu arriver dans le Nouveau-Monde, beaucoup avant le
+voyage des Espagnols; et comment, par conséquent, on a pu trouver des
+souvenirs de la Bible au Mexique, des <i>croix</i> et autres symboles chrétiens sur
+les monumens découverts à <i>Palenqué</i> et ailleurs. C'est donc une bonne fortune
+pour nous que le nouveau travail de M. de Paravey, et nous l'insérons avec
+plaisir. (<i>Note du Directeur des Annales de philosophie chrétienne</i>).</p></div>
+
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_2_2" id="Footnote_2_2"></a><a href="#FNanchor_2_2"><span class="label">[2]</span></a> Voir à la fin de la présente dissertation cette relation du <i>Fou-sang</i>,
+extraite de cette réfutation de M. Klaproth.</p></div>
+
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_3_3" id="Footnote_3_3"></a><a href="#FNanchor_3_3"><span class="label">[3]</span></a> <i>Mémoires concernant les Chinois</i>, t. <span class="smcap">XV</span>, p. 450.</p></div>
+
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_4_4" id="Footnote_4_4"></a><a href="#FNanchor_4_4"><span class="label">[4]</span></a> <i>Ib.</i>, t. <span class="smcap">XV</span>, p. 453.</p></div>
+
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_5_5" id="Footnote_5_5"></a><a href="#FNanchor_5_5"><span class="label">[5]</span></a> <i>Hist.</i>, l. <span class="smcap">III</span>, 18.</p></div>
+
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_6_6" id="Footnote_6_6"></a><a href="#FNanchor_6_6"><span class="label">[6]</span></a> Voir sur le Lotus <i>sacré</i> type de l'Egypte, Gramm. <i>égypt</i>. de Champol,
+et les <i>Annales de philosophie chrétienne</i>, t. <span class="smcap">VII</span>, p. 343, 3<sup>e</sup> série.</p></div>
+
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_7_7" id="Footnote_7_7"></a><a href="#FNanchor_7_7"><span class="label">[7]</span></a> M. de Humboldt, en effet, a signalé chez les Muyscas du Plateau de Bogota
+en Amérique, l'usage du cycle de 60 ans et des institutions analogues à
+celles du Bouddhisme du Japon.</p></div>
+
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_8_8" id="Footnote_8_8"></a><a href="#FNanchor_8_8"><span class="label">[8]</span></a> Voir notre essai sur l'origine unique et hiéroglyphique des chiffres et des
+lettres. Paris, 1826, chez Treuttel et Wurtz, et dans les <i>Annales</i>, t. x, p. 8,
+l'article <i>Origine japonaise des Muyscas</i>, où se trouvent les figures de ces cycles,
+p. 109.</p></div>
+
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_9_9" id="Footnote_9_9"></a><a href="#FNanchor_9_9"><span class="label">[9]</span></a> Le titre du roi était <i>I-ky</i>, son qui rappelle le nom des <i>Hic-sos</i>, venus
+d'Asie, rois pasteurs d'<ins title="Egypte">Égypte</ins>; et la finale <i>Ric</i>, des noms des rois goths, aussi
+venus du nord de l'Asie; et peut-être encore celui de <i>Cacique</i>, des chefs des
+îles d'Amérique, comme celui des <i>Arikis</i>, ou rois des îles de l'Océanie.</p></div>
+
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_10_10" id="Footnote_10_10"></a><a href="#FNanchor_10_10"><span class="label">[10]</span></a> C'est la <i>Dissertation sur les Muyscas</i>, insérée dans les <i>Annales</i>, et citée
+plus haut. Elle a été aussi publiée à part sous le titre de <i>Mémoire sur l'origine
+japonaise des peuples du plateau de Bogota</i>. Chez Treuttel, à Paris.</p></div>
+</div>
+
+<hr style="width: 65%;" />
+<h2><a name="APPENDICE" id="APPENDICE"></a>APPENDICE.</h2>
+
+<p class="center">RELATION DU PAYS DE FOU-SANG,<span class="pagenum"><a name="Page_21" id="Page_21">[21]</a></span></p>
+
+<p class="center">Faite par un prêtre Bouddhique nommé <i>Hoeï-chin</i> au 5<sup>e</sup> siècle de notre ère,
+et extraite des grandes Annales de la Chine.</p>
+
+<p class="center">(Avertissement de M. Klaproth).</p>
+
+<p>Le célèbre de Guignes, ayant trouvé dans les livres chinois la description
+d'un pays situé à une grande distance à l'orient de la Chine,
+à ce qu'il lui sembla, crut que cette contrée, nommée <i>Fou-sang</i>,
+pouvait bien être une partie de l'Amérique. Il a exposé cette opinion
+dans un mémoire lu à l'académie des inscriptions et belles-lettres, et
+intitulé <i>Recherches sur les navigations des Chinois du côté de l'Amérique,
+et sur plusieurs peuples situés à l'extrémité orientale de
+l'Asie</i><a name="FNanchor_11_11" id="FNanchor_11_11"></a><a href="#Footnote_11_11" class="fnanchor">[11]</a>.</p>
+
+<p>Il faut d'abord observer que ce titre est inexact. Il ne s'agit nullement
+dans l'original chinois que de Guignes a eu devant les yeux d'une
+navigation entreprise par les Chinois au <i>Fou-sang</i>; mais, comme on
+verra plus bas, il est simplement question d'une notice de ce pays
+donnée par un religieux qui en était originaire et qui était venu en
+Chine. Cette notice se trouve dans la partie des grandes Annales de
+la Chine<a name="FNanchor_12_12" id="FNanchor_12_12"></a><a href="#Footnote_12_12" class="fnanchor">[12]</a> intitulée <i>Nan-szu</i>, ou <i>Histoire du midi</i>. Après la destruction
+de la dynastie de <i>Tsin</i>, en 420 de J.-C., la Chine fut pleine de
+troubles, dont il résulta l'établissement de deux empires, l'un dans
+<span class="pagenum"><a name="Page_22" id="Page_22">[22]</a></span>les provinces septentrionales, l'autre dans celles du midi. Ce dernier
+a été successivement gouverné, de 420 jusqu'en 589, par les quatre
+dynasties des <i>Soung</i>, des <i>Thsi</i>, des <i>Liang</i> et des <i>Tchhin</i>. L'histoire
+de ces deux empires a été rédigée par <i>Li-yan-tcheou</i>, qui vivait vers
+le commencement du 7<sup>e</sup> siècle. Voici ce qu'il dit du <i>Fou-sang</i><a name="FNanchor_13_13" id="FNanchor_13_13"></a><a href="#Footnote_13_13" class="fnanchor">[13]</a>.</p>
+
+<p>«Dans la première des années <i>young-yuan</i>, du règne de <i>Fi-ti</i>
+de la dynastie de <i>Thsi</i>, un <i>cha-men</i> (ou prêtre bouddhique),
+nommé <i>Hoeï-chin</i>, arriva du pays de <i>Fou-sang</i> à <i>King-tcheou</i><a name="FNanchor_14_14" id="FNanchor_14_14"></a><a href="#Footnote_14_14" class="fnanchor">[14]</a>;
+il raconte ce qui suit:</p>
+
+<p>&#187;Le <i>Fou-sang</i> est à 20,000 li à l'est du pays de <i>Ta-han</i>, et également
+à l'orient de la Chine. Dans cette contrée, il croît beaucoup
+d'arbres appelés <i>Fou-sang</i><a name="FNanchor_15_15" id="FNanchor_15_15"></a><a href="#Footnote_15_15" class="fnanchor">[15]</a>, dont les feuilles ressemblent à celles
+du <i>Thoung</i> (<i>Bignonia tomentosa</i>), et les premiers rejetons à ceux
+du bambou. Les gens du pays les mangent. Le fruit est rouge et a
+la forme d'une poire. On prépare l'écorce de cet arbre comme du
+chanvre, et on en fait des toiles et des habits. On en fabrique
+aussi des étoffes à fleurs. Les planches du bois servent à la construction
+<span class="pagenum"><a name="Page_23" id="Page_23">[23]</a></span>des maisons, car dans ce pays il n'y a ni villes, ni habitations
+murées. Les habitans ont une écriture et fabriquent du
+papier avec l'écorce du <i>Fou-sang</i>. Ils n'ont ni armes ni troupes,
+et ne font pas la guerre. D'après les lois du royaume, il y a une
+prison méridionale et une septentrionale. Ceux qui ont commis des
+fautes peu graves sont envoyés dans la méridionale, mais les
+grands criminels sont relégués dans la septentrionale. Ceux qui
+peuvent recevoir leur grâce sont envoyés à la première, ceux au
+contraire auxquels on ne veut pas l'accorder sont détenus dans la
+prison du nord<a name="FNanchor_16_16" id="FNanchor_16_16"></a><a href="#Footnote_16_16" class="fnanchor">[16]</a>. Les hommes et les femmes qui se trouvent dans
+celle-ci peuvent se marier ensemble. Les enfans mâles qui naissent
+de ces réunions sont vendus comme esclaves à l'âge de 8 ans, les
+filles à l'âge de 9 ans. Jamais les criminels qui y sont enfermés
+n'en sortent vivans. Quand un homme d'un rang supérieur commet
+un crime, le peuple se rassemble en grand nombre, s'assied
+vis-à-vis du criminel placé dans une fosse, se régale d'un banquet,
+et prend congé de lui comme d'un mourant<a name="FNanchor_17_17" id="FNanchor_17_17"></a><a href="#Footnote_17_17" class="fnanchor">[17]</a>. Puis on l'entoure
+de cendres. Pour un délit peu grave, le criminel est puni seul;
+mais, pour un grand crime, le coupable, ses fils et les petits-fils
+sont punis; enfin, pour les plus grands méfaits, ses descendans,
+jusqu'à la 7<sup>e</sup> génération, sont enveloppés dans son châtiment<a name="FNanchor_18_18" id="FNanchor_18_18"></a><a href="#Footnote_18_18" class="fnanchor">[18]</a>.</p>
+
+<p>&#187;Le nom du roi du pays est <i>Y-khi</i> (ou <i>Yit-khi</i>)<a name="FNanchor_19_19" id="FNanchor_19_19"></a><a href="#Footnote_19_19" class="fnanchor">[19]</a>; les grands de
+la première classe sont appelés <i>Toui-lou</i>, ceux de la seconde les
+<i>petits Toui-lou</i>, et ceux de la troisième <i>Na-tu-cha</i>. Quand le roi
+sort, il est accompagné de tambours et de cors. Il change la couleur
+de ses habits à différentes époques; dans les années du cycle <i>kia</i>
+<span class="pagenum"><a name="Page_24" id="Page_24">[24]</a></span>et <i>y</i><a name="FNanchor_20_20" id="FNanchor_20_20"></a><a href="#Footnote_20_20" class="fnanchor">[20]</a>, ils sont bleus; dans les années <i>ping</i> et <i>ting</i><a name="FNanchor_21_21" id="FNanchor_21_21"></a><a href="#Footnote_21_21" class="fnanchor">[21]</a>, rouges; dans
+les années <i>ou</i> et <i>ki</i><a name="FNanchor_22_22" id="FNanchor_22_22"></a><a href="#Footnote_22_22" class="fnanchor">[22]</a>, jaunes; dans les années <i>keng</i> et <i>sin</i><a name="FNanchor_23_23" id="FNanchor_23_23"></a><a href="#Footnote_23_23" class="fnanchor">[23]</a>, blancs;
+enfin dans celles qui ont les caractères <i>jin</i> et <i>kouei</i><a name="FNanchor_24_24" id="FNanchor_24_24"></a><a href="#Footnote_24_24" class="fnanchor">[24]</a>, ils sont noirs<a name="FNanchor_25_25" id="FNanchor_25_25"></a><a href="#Footnote_25_25" class="fnanchor">[25]</a>.</p>
+
+<p>&#187;Les b&#339;ufs ont de longues cornes, sur lesquelles on charge des
+fardeaux qui pèsent jusqu'à 20 <i>ho</i> (à 120 livres chinoises). On se
+sert dans ce pays de chars attelés de b&#339;ufs, de chevaux et de cerfs<a name="FNanchor_26_26" id="FNanchor_26_26"></a><a href="#Footnote_26_26" class="fnanchor">[26]</a>.
+On y nourrit les cerfs comme on élève les b&#339;ufs en Chine; on fait
+du fromage avec le lait des femelles<a name="FNanchor_27_27" id="FNanchor_27_27"></a><a href="#Footnote_27_27" class="fnanchor">[27]</a>. On y trouve une espèce de
+poire rouge qui se conserve pendant toute l'année. Il y a aussi beaucoup
+de vignes<a name="FNanchor_28_28" id="FNanchor_28_28"></a><a href="#Footnote_28_28" class="fnanchor">[28]</a>; le fer manque, mais on y rencontre du cuivre;
+<span class="pagenum"><a name="Page_25" id="Page_25">[25]</a></span>l'or et l'argent ne sont pas estimés. Le commerce est libre et l'on
+ne marchande pas.</p>
+
+<p>»Voici ce qui se pratique aux mariages. Celui qui désire épouser
+une fille établit sa cabane devant la porte de celle-ci; il y arrose et
+nettoie la terre tous les matins et tous les soirs. Quand il a pratiqué
+cette formalité pendant un an, si la fille ne donne pas son consentement,
+il la quitte; mais si elle est d'accord avec lui, il l'épouse.
+Les cérémonies de mariage sont presque les mêmes qu'en Chine.
+A la mort du père ou de la mère, on s'abstient de manger pendant
+sept jours. A celle du grand-père ou de la grand'mère, on se
+prive de nourriture pendant cinq jours, et seulement pendant
+trois à la mort des frères, s&#339;urs, oncles, tantes et autres parens.
+Les images des esprits sont placées sur une espèce de piédestal,
+et on leur adresse des prières le matin et le soir<a name="FNanchor_29_29" id="FNanchor_29_29"></a><a href="#Footnote_29_29" class="fnanchor">[29]</a>. On ne porte pas
+d'habits de deuil.</p>
+
+<p>»Le roi ne s'occupe pas des affaires du gouvernement pendant les
+trois années qui suivent son avénement au trône<a name="FNanchor_30_30" id="FNanchor_30_30"></a><a href="#Footnote_30_30" class="fnanchor">[30]</a>.</p>
+
+<p>»Autrefois, la religion de Bouddha n'existait pas dans cette contrée.
+<span class="pagenum"><a name="Page_26" id="Page_26">[26]</a></span>Ce fut dans la 4<sup>e</sup> des années <i>Ta-ming</i>, du règne de <i>Hiao-wou-ti</i>
+des Soung (458 de J.-C.) que cinq <i>Pi-khieou</i> ou religieux du
+pays de <i>Ki-pin</i> (Cophène) allèrent au <i>Fou-sang</i> et y répandirent
+la loi de Bouddha; ils apportèrent avec eux les livres et les images
+saintes, le rituel et instituèrent les habitudes monastiques<a name="FNanchor_31_31" id="FNanchor_31_31"></a><a href="#Footnote_31_31" class="fnanchor">[31]</a>, ce
+qui fit changer les m&#339;urs des habitans<a name="FNanchor_32_32" id="FNanchor_32_32"></a><a href="#Footnote_32_32" class="fnanchor">[32]</a>.»</p>
+
+<p style="text-align: right">KLAPROTH.</p>
+
+<p>A l'appui de ses idées, M. De Guignes a aussi traduit un autre passage du
+<i>Nan-szu</i>, qui donne la route, par mer, de la <i>Corée</i> au pays de <i>Ta-han</i>. M. Klaproth
+traduit également ce passage, et il dit, en le rectifiant sur quelques
+points: «On partait alors de <i>Ping-yang</i>, ancienne capitale des Coréens, sur
+la côte ouest de ce royaume; on cotoyait cette presqu'île, et après une navigation
+de 12,000 lys, on arrivait au Japon. De là, une route de 7,000 lys vers
+le nord amenait au pays de <i>Wen-chin</i>, ou des hommes peints, tatoués; et
+enfin, après une navigation de 5,000 lys vers l'Orient, on atteignait le pays
+de <i>Ta-han</i>,» pays où M. Klaproth, à tort avons-nous dit, voit seulement la
+grande île <i>Saghalien</i>.</p>
+
+<p>Mais en appliquant à ce routier par mer la même échelle de lys que lui a
+donnée la distance de Persépolis à Sy-ngan-fou, M. de Paravey trouve en effet
+5,000 lys au nord-est, entre les <i>Bouches de l'Amour</i>, ou la fin de l'île <i>Saghalien</i>,
+pays de <i>Wen-chin</i> de ce routier, et la pointe sud du Kamtchatka, ou du
+<i>Ta-han</i>; et il trouve également 7,000 lys au nord entre <i>Iedo</i>, capitale du Japon,
+et ces mêmes <i>Bouches de l'Amour</i>.</p>
+
+<p>Le routier est donc exact entre ces deux parties; et s'il compte d'abord <ins title="12,00">12,000</ins>
+lys par mer entre le Japon et la capitale de la côte ouest de la Corée (ce qui est
+évidemment une trop grande distance), c'est qu'en allant au Japon on allait
+d'abord toucher aux îles <i>Lieou-kieou</i>, qui sont en effet situées à 5,000 lys du
+Japon, et 7,000 de la Corée; on faisait ce détour ou bien on comptait ici de
+<span class="pagenum"><a name="Page_27" id="Page_27">[27]</a></span>très petits lys; mais le <i>Ta-han</i>, n'en est pas moins le Kamtchatka. Et, dans
+toutes les hypothèses, le <i>Japon</i>, ici indiqué par son nom, pays parfaitement
+connu, n'a pu renfermer le <i>Fou-sang</i> comme le veut M. Klaproth<a name="FNanchor_33_33" id="FNanchor_33_33"></a><a href="#Footnote_33_33" class="fnanchor">[33]</a>.</p>
+
+<p>7 mars 1844.</p>
+<p class="center">Ch<sup>er</sup> de PARAVEY.</p>
+
+<div class="footnotes"><h3>NOTES EN BAS DE PAGE:</h3>
+
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_11_11" id="Footnote_11_11"></a><a href="#FNanchor_11_11"><span class="label">[11]</span></a> Voyez <i>Mémoires de l'Académie royale des inscriptions et belles-lettres</i>,
+vol. <small>XXVIII</small>, p. 505 à 525.</p></div>
+
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_12_12" id="Footnote_12_12"></a><a href="#FNanchor_12_12"><span class="label">[12]</span></a> Ce sont les <i>Nian-eul-szu</i>, ou les 22 historiens, dont les ouvrages forment une
+collection de plus de 600 volumes chinois, et qu'il ne faut pas confondre avec
+les Annales intitulées <i>Thoung-kian-kang-mou</i>, qu'on connaît en Europe par
+le maigre extrait que le P. Mailla en a donné en 12 volumes in-4<sup>o</sup>.</p></div>
+
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_13_13" id="Footnote_13_13"></a><a href="#FNanchor_13_13"><span class="label">[13]</span></a> Le célèbre <i>Ma-touan-lin</i>, si estimé par M. Rémusat, a aussi donné cette
+relation dans son <i>Wen-hien-tong-kao</i> avec de légères variantes, et c'est là que
+M. De Guignes l'a traduite; elle se trouve également répétée, dans la célèbre
+encyclopédie chinoise, intitulée <i>Youen-kien-touy-han</i>, où nous l'avons trouvée
+à Londres en 1830; et dans le <i>Pian-y-tien</i>, ou géographie des peuples
+étrangers; et tous ces ouvrages, fort estimés, existent à Paris.
+<br />
+(<i>Note de M. de Paravey</i>).
+</p></div>
+
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_14_14" id="Footnote_14_14"></a><a href="#FNanchor_14_14"><span class="label">[14]</span></a> <i>King-tcheou</i> est une ville du premier ordre, située sur la gauche du grand
+<i>Kiang</i> dans la province actuelle de <i>Hou-pe</i>. Cette date répond d'ailleurs à l'an
+499 de J.-C.</p></div>
+
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_15_15" id="Footnote_15_15"></a><a href="#FNanchor_15_15"><span class="label">[15]</span></a> <i>Fou-sang</i>, en chinois et selon la prononciation japonaise, <i>Fouts-sôk</i>, est
+l'arbrisseau que nous nommons <i><ins title="Hisbiscus">Hibiscus</ins> rosa chinensis</i>.&mdash;Voir ces Caractères
+dans la Dissert de M. de Paravey, ci-dessus, p. 102.
+</p><p>
+M. de Paravey, à leur égard, fait observer encore, que le P. <i>Gonçalvès</i>, dans
+son <i>Dict. portugais-chinois</i>, fort estimé, traduit ce nom <i>Fou-sang</i> par <i>Papoula
+cornuda</i>, ou aussi <i>Argémone</i> du <i>Mexique</i>. Ce savant missionnaire y
+voyait donc une plante ou un arbuste d'Amérique; et cette seule observation
+pourrait prouver que le <i>Fou-sang</i> propre répondait à quelque partie du
+<i>Mexique</i>.</p></div>
+
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_16_16" id="Footnote_16_16"></a><a href="#FNanchor_16_16"><span class="label">[16]</span></a> De Guignes a assez mal rendu ce passage de cette manière: «Les plus
+coupables sont mis dans la prison du nord, et transférés ensuite dans celle du
+midi, s'ils obtiennent leur grâce; autrement ils sont condamnés à rester pendant
+toute leur vie dans la première.»</p></div>
+
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_17_17" id="Footnote_17_17"></a><a href="#FNanchor_17_17"><span class="label">[17]</span></a> De Guignes traduit ces derniers mots par «on le juge ensuite.»</p></div>
+
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_18_18" id="Footnote_18_18"></a><a href="#FNanchor_18_18"><span class="label">[18]</span></a> Ces lois pénales sont celles que l'on a suivies de tout tems en Chine et dans
+les pays de l'Asie qui ont dépendu de la Chine. (<i>De Par.</i>)</p></div>
+
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_19_19" id="Footnote_19_19"></a><a href="#FNanchor_19_19"><span class="label">[19]</span></a> De Guignes a mal lu <i>Y-chi</i>.</p></div>
+
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_20_20" id="Footnote_20_20"></a><a href="#FNanchor_20_20"><span class="label">[20]</span></a> Les années 1, 11, 21, 31, 41 et 51 du cycle de 60 ans portent le caractère
+<i>kia</i>; les années 2, 12, 22, 32, 42 et 52 ont le caractère <i>y</i>.</p></div>
+
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_21_21" id="Footnote_21_21"></a><a href="#FNanchor_21_21"><span class="label">[21]</span></a> <i>Ping</i>, 3, 13, 23, 33, 43 et 53; <i>ting</i>, 4, 14, 24, 34, 44 et 54.</p></div>
+
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_22_22" id="Footnote_22_22"></a><a href="#FNanchor_22_22"><span class="label">[22]</span></a> <i>Ou</i>, 5, 15, 25, 35, 45 et 55; <i>ki</i>, 6, 16, 26, 36, 46 et 56.</p></div>
+
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_23_23" id="Footnote_23_23"></a><a href="#FNanchor_23_23"><span class="label">[23]</span></a> <i>Keng</i>, 7, 17, 27, 37, 47 et 57; <i>sin</i>, 8, 18, 28, 38, 48 et 58.</p></div>
+
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_24_24" id="Footnote_24_24"></a><a href="#FNanchor_24_24"><span class="label">[24]</span></a> <i>Jin</i>, 9, 19, 29, 39, 49 et 59; <i>kouei</i>, 10, 20, 30, 40, 50 et 60.</p></div>
+
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_25_25" id="Footnote_25_25"></a><a href="#FNanchor_25_25"><span class="label">[25]</span></a> M. Klaproth reconnaît donc ici l'existence au <i>Fou-sang</i>, du cycle de 60
+ans des Chinois; mais le recueil du P. <i>Souciet</i> montre qu'il existe aussi aux
+Indes; et dans le <i>Journal asiatique</i> de Paris, M. de Paravey a montré qu'il
+commençait dans l'Inde et en Chine précisément en la même année. Les
+Bouddhistes de l'Inde ou du nord de l'Asie-Centrale avaient donc pu le porter
+dès lors au pays de <i>Fou-sang</i>, en Amérique et au Mexique. (<i>De Par.</i>)</p></div>
+
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_26_26" id="Footnote_26_26"></a><a href="#FNanchor_26_26"><span class="label">[26]</span></a> Dans l'Inde, on le sait, ce sont surtout les <i>b&#339;ufs</i> qu'on attelle aux chars,
+et, au <ins title="Kamchatka">Kamtchatka</ins>, ce sont les rennes, espèce de cerfs, qui tirent les <i>traineaux</i>.
+ (<i>De Par.</i>)</p></div>
+
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_27_27" id="Footnote_27_27"></a><a href="#FNanchor_27_27"><span class="label">[27]</span></a> De Guignes traduit: «Les habitans élèvent des biches comme en Chine,
+et ils en tirent du beurre.»</p></div>
+
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_28_28" id="Footnote_28_28"></a><a href="#FNanchor_28_28"><span class="label">[28]</span></a> Il y a dans l'original <i>To-Phou-thao</i>. De Guignes ayant décomposé le mot
+<i>Phou-thao</i>, traduit: «On y trouve une grande quantité de glayeuls et de
+pêches.» Cependant le mot <i>Phou</i> seul ne signifie jamais <i>glayeul</i>, c'est le nom
+des joncs et autres espèces de roseaux de marais, dont on se sert pour faire
+des nattes. <i>Thao</i> est en effet le nom de la pêche, mais le mot composé <i>Phou-tao</i>
+signifie en chinois la vigne. A présent il s'écrit avec d'autres caractères,
+mais ceux employés ici sont l'ancienne orthographe du tems des <i>Han</i>, qui a
+prévalu jusqu'au 10<sup>e</sup> siècle de notre ère. La vigne n'est pas une plante
+originaire de la Chine, les grains en ont été importés par le célèbre général <i>Tchang-kian</i>, envoyé en 126 avant notre ère dans les pays occidentaux.
+Il parcourut l'Afghanistan de nos jours et la partie nord-ouest
+de l'Inde, et revint en Chine après 13 ans d'absence. Le terme
+<i>Phou-thao</i> n'est pas originaire de la Chine, de même que l'objet qu'il
+désigne, il n'est vraisemblablement que la transcription imparfaite du mot
+grec <span lang="el" title="Greek: botrys">&#946;&#8001;&#964;&#961;&#965;&#962;</span>. Les Japonais le prononcent <i>Bou-dô</i>; ils donnent ordinairement
+à la vigne le nom de <i>Yebi-kadzoura</i>, composé de <i>yebi</i>, écrevisse de mer, et de
+<i>kadzoura</i>, nom général des plantes grimpantes qui s'attachent aux arbres voisins.
+</p><p>
+Dans le texte, M. Klaproth, malgré tout ce qu'il dit dans cette note,
+devait traduire, comme nous l'avons fait dans notre mémoire, les mots <i>Pou-tao</i>,
+qu'il prononce <i>Phou-thao</i>, par <i>raisins</i>, et non pas par le mot <i>vignes</i>, qui
+chez nous, entraîne l'idée de <i>culture</i>. Les bois de l'Amérique du nord et du
+nord-ouest abondent en raisins sauvages, comme le dit le Samanéen; mais on
+n'a pas trouvé en Amérique des vignes cultivées, et ce texte, en effet, n'en
+parle pas. (<i>De Par.</i>)</p></div>
+
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_29_29" id="Footnote_29_29"></a><a href="#FNanchor_29_29"><span class="label">[29]</span></a> De Guignes traduit: «Pendant leurs prières ils exposent l'image du défunt.»
+Le texte parle du <i>chin</i> ou génies, et non pas des âmes des défunts.</p></div>
+
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_30_30" id="Footnote_30_30"></a><a href="#FNanchor_30_30"><span class="label">[30]</span></a> C'était aussi l'antique usage en Chine et dans l'Indo-Chine. (<i>De Par.</i>)</p></div>
+
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_31_31" id="Footnote_31_31"></a><a href="#FNanchor_31_31"><span class="label">[31]</span></a> Dans l'original <i>tchu-kia</i>, c'est-à-dire «quitter sa maison ou sa famille» ou
+«embrasser la vie monastique.»&mdash;De Guignes n'a traduit que le commencement
+de ce paragraphe.</p></div>
+
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_32_32" id="Footnote_32_32"></a><a href="#FNanchor_32_32"><span class="label">[32]</span></a> Extrait du n<sup>o</sup> de juillet-août 1831 des <i>Nouvelles annales des voyages</i>,
+2<sup>e</sup> série, tome <span class="smcap">XXI</span>, p. 53.</p></div>
+
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_33_33" id="Footnote_33_33"></a><a href="#FNanchor_33_33"><span class="label">[33]</span></a> Un mot seul, quand il est bien choisi, vaut parfois une démonstration.
+Dans le dictionnaire de la langue du Mexique, par le P. <i>Molina</i>, dictionnaire
+conservé au <i>British museum</i> à Londres, nous avons trouvé que le mot <i>Lama</i>,
+ou <i>Llama</i>, exprimait le nom des médecins chez les Mexicains; et personne n'ignore
+qu'au Thibet et en Tartarie les <i>Lamas</i>, ou prêtres bouddhistes, sont en
+même tems les <i>médecins</i> de ces contrées si peu connues, par où l'on devait, des
+Indes, se rendre au <i>Fou-sang</i>. (<i>De Par.</i>)</p></div>
+</div>
+
+<hr style="width: 65%;" />
+<p class="center"><span class="caption">Planche 50</span></p>
+
+<div class="figcenter" style="width: 500px;">
+<img src="images/planche50.jpg" width="500" height="700" alt="" title="" />
+</div>
+<p class="center">
+<small>Annal. de Phi. chrét. III<sup>e</sup> Série. Nº. 90. t. XV. p. 449</small>.
+ <small>Lith. Desportes à l'Ins. des S. M.</small></p>
+
+<hr style="width: 65%;" />
+<h2><small>NOUVELLES PREUVES</small><br /><br />
+QUE LE PAYS DU FOU-SANG<br /><br />
+<small>MENTIONNÉ DANS LES LIVRES CHINOIS</small></h2>
+
+<p class="title">EST L'AMÉRIQUE.</p>
+
+<hr style="width: 45%;" />
+
+<p class="center"><i>A monsieur le directeur propriétaire des Annales de philosophie
+chrétienne.</i></p>
+
+<p>Monsieur,<br /></p>
+
+<p>En attendant qu'il se trouve en France un ministère qui sente la
+haute importance de la Perse, de l'Inde et de la Chine, et qui veuille
+organiser convenablement cette <i>Société asiatique</i>, dont j'ai été, avec
+MM. de Sacy et de Chézy, un des fondateurs; en attendant qu'on
+alloue des fonds convenables à cette Société, qu'on lui donne un local
+spécial et un bibliothécaire; qu'on la dote pour président d'un homme,
+qui, comme lord Aukland, directeur de la Société asiatique de Londres,
+puisse, par sa richesse et son influence, grouper et utiliser tous
+les orientalistes instruits, <i>mais divisés entre eux</i>, qui existent à Paris
+et en France, je me plais à donner à votre <i>Journal</i>, parce qu'il n'est
+soumis à aucune commission, à aucune coterie, qu'il a fait déjà
+beaucoup de bien, depuis 17 ans qu'il existe, et qu'il en fera encore,
+<i>mes Essais divers</i>, fort imparfaits, je le sens, mais dont la réunion
+formera un jour une masse de faits aussi nouveaux que positifs.</p>
+
+<p>Avec votre esprit judicieux, vous avez senti la force de mes <i>Tableaux
+de l'origine des lettres</i>, dont jamais le <i>Journal asiatique</i>
+de Paris n'a voulu dire un seul mot; qu'avait approuvés cependant
+le célèbre docteur Young, et dont s'est servi M. Princeps.</p>
+
+<p>En 1844 vous avez donné ma <i>Dissertation sur l'Amérique</i>, ou<span class="pagenum"><a name="Page_2" id="Page_2">[2]</a></span>
+<i>le Fou-sang</i><a name="FNanchor_34_34" id="FNanchor_34_34"></a><a href="#Footnote_34_34" class="fnanchor">[34]</a>. Vous publiez avec raison, les analyses d'ailleurs utiles et
+bien faites des travaux sur l'<i>Orient</i> que donne tous les ans M. <i>Mohl</i>,
+dans le <i>Journal asiatique</i>, et je vous remercie d'avoir rappelé en
+note, sur celle de 1845, que moi aussi, j'avais traité la question délicate
+et importante de ce lieu célèbre du <i>Fou-sang</i><a name="FNanchor_35_35" id="FNanchor_35_35"></a><a href="#Footnote_35_35" class="fnanchor">[35]</a>.</p>
+
+<p>M. <i>Walcknaër</i> m'a dit que M. <i>Rémusat</i> avait traduit pour lui,
+les textes chinois sur le <i>Fou-sang</i>; j'ignore si M. <i>Walcknaër</i>, ce
+géographe érudit, a exprimé une opinion à cet égard; j'ignore aussi ce
+que pense à ce sujet le savant vicomte de <i>Santarem</i>, mais ce que je
+sais, ce que je vous prie de publier, c'est que M. <i>Newman</i>, cité par
+M. Mohl, n'a publié, en 1845, sa <i>Dissertation à Munich</i>, qu'après
+m'avoir vu, <i>à Londres</i> en 1830-1831, à son retour de la Chine,
+et après avoir su par M. <i>Huttman</i>, alors secrétaire de la Société
+asiatique de Londres, que je m'occupais d'un travail étendu sur cette
+relation du <i>Fou-sang</i>, dont j'avais retrouvé en Angleterre le texte
+chinois, accaparé à Paris par M. Klaproth.</p>
+
+<p>Il en est de même de M. d'<i>Eichthal</i>, cité par M. Mohl. A la <i>Société
+asiatique</i>, (septembre 1840) et à la <i>Société de géographie</i> aussi,
+M. d'Eichthal a pu, en 1840, entendre une <i>note</i> que j'ai lue sur ce
+pays, et voici les calques que j'y ai présentés des figures de <i>Bouddha</i>
+et de <i>Siva</i>, reconnues par moi, le premier, au <i>Yucatan</i>, dans le
+bel ouvrage de M. de Waldeck, sur les ruines d'Uxmal<a name="FNanchor_36_36" id="FNanchor_36_36"></a><a href="#Footnote_36_36" class="fnanchor">[36]</a>. Vous avez
+vous-même alors, vu ces divers calques et ces dessins, et M. Burnouf
+fils y a reconnu comme moi, et d'après moi, les figures de
+<i>Bouddha</i> et de <i>Siva</i>.</p>
+
+<p>Comment se fait-il que M. Mohl ait ignoré ces faits très publics à
+cette époque? comment se fait-il qu'il les ait attribués à M. d'<i>Eichthal</i>,
+sans me nommer? J'ignore tout-à-fait pourquoi<a name="FNanchor_37_37" id="FNanchor_37_37"></a><a href="#Footnote_37_37" class="fnanchor">[37]</a>.</p>
+
+<p>Je ne connais encore ni le <i>Mémoire de M. d'Eichthal</i>, ni la <i>Dissertation
+de M. Newman</i>, qui date seulement de 1845, la mienne
+étant de 1843 et 1844 dans votre journal, et je suis le premier à vous
+<span class="pagenum"><a name="Page_3" id="Page_3">[3]</a></span>prier, monsieur, de les faire traduire ou analyser; car le sujet est
+fort important, je le répète.</p>
+
+<p>Déjà Bernardin de Saint-Pierre, dans ses <i>Harmonies de la nature</i>,
+avait indiqué ces migrations <i>vers l'est</i>, des peuples de l'Inde et de
+l'Océanie, arrivant ainsi vers l'Amérique du nord et le Pérou, et
+M. l'amiral de Rossel, navigateur célèbre, savant aimable et loyal,
+avait cité les <i>îles Sandwich</i>, comme point de relâche antique, entre
+les Indes, la Chine et l'Amérique, ainsi que cela se renouvelle en ce
+jour.</p>
+
+<p>M. de Saint-Pierre<a name="FNanchor_38_38" id="FNanchor_38_38"></a><a href="#Footnote_38_38" class="fnanchor">[38]</a>, avait parlé aussi de nombreux rapports trouvés
+par un auteur déjà ancien, entre le <i>Malais</i> et le <i>Péruvien</i>. Et mes
+nombreux extraits du <i>Dictionnaire de la langue Qquichua</i> du
+Pérou, dictionnaire conservé à la Bibliothèque du roi à Paris,
+ont confirmé ces rapports avec le Malais parlé à <i>Java</i>. M. d'<i>Eichthal</i>
+est donc entré dans une bonne voie; mais j'avais la priorité, et
+M. d'<i>Avezac</i>, à qui j'ai souvent parlé de ces matières, a pu l'en
+entretenir aussi et lui signaler mes lectures.</p>
+
+<p>Vous parlant ici de ma <i>Dissertation sur le Fou-Sang</i> qui, avant
+d'être imprimée, avait motivé en 1831, celle de M. <i>Klaproth</i><a name="FNanchor_39_39" id="FNanchor_39_39"></a><a href="#Footnote_39_39" class="fnanchor">[39]</a>,
+comme je l'ai exposé dans mon mémoire; permettez-moi, monsieur,
+de la corriger par quelques notes nouvelles et fort importantes. J'avais
+dit que les navires du <i>Kamtchatka</i>, construits en ce lieu par les
+Bouddhistes venus là du <i>Caboul</i>, devaient les porter en Amérique, vers
+les bouches de la <i>Colombia</i>: mais, écrivant loin de mes livres, et
+sans globe terrestre, j'avais remonté, en 1844, le point de leur arrivée
+un peu trop haut vers le nord.</p>
+
+<p>Le bel ouvrage de M. Duflot de Mofras, sur l'<i>Orégon</i><a name="FNanchor_40_40" id="FNanchor_40_40"></a><a href="#Footnote_40_40" class="fnanchor">[40]</a>, ouvrage
+que je viens de lire et d'analyser, m'a conduit au port excellent de
+<i>San-Francesco</i>, au sud de la Colombie, pour ce point d'arrivée des
+Indiens bouddhistes, <i>du Caboul</i>.</p>
+
+<p>D'après l'échelle de 1,500 lys, comptés par les Chinois entre la
+<span class="pagenum"><a name="Page_4" id="Page_4">[4]</a></span>Perse et la ville de <i>Sy-ngan-fou</i>, comme aussi évalués entre cette
+ville, et la pointe sud du <i>Kamtchatka</i>, ou du <i>Ta-han</i>, la distance
+de 20,000 lys entre le <i>Kamtchatka</i> et le <i>Fou-sang</i>, mesurée sur un
+globe terrestre, arrive précisément en ce point, et M. de Mofras<a name="FNanchor_41_41" id="FNanchor_41_41"></a><a href="#Footnote_41_41" class="fnanchor">[41]</a> dit
+que les vents du <i>nord-ouest</i> régnent une grande partie de l'année
+à <i>San-francesco</i> et y amènent facilement quand on vient de la côte
+nord-est d'<i>Asie</i>.</p>
+
+<p>Là, les navires entraient sans périls, au lieu que la barre de la
+bouche de la <i>Colombia</i>, est très difficile à franchir, du moins pour
+de grands navires; mais cependant aussi, cette entrée naturelle du
+beau pays de l'<i>Orégon</i> a dû être connue des anciens.</p>
+
+<p>En effet, dans la figure, des Américains à demi-vétus, à demi-policés
+du <i>Fou-sang</i>, que donne le <i>Pian-y tien</i>, et aussi l'<i>Encyclopédie
+chinoise</i>, et que nous reproduisons ici avec une explication
+(voir ci-après notre <i>planche</i> 50 et l'<i>appendice</i> C), on voit cet
+indigène, <i>traire une jeune biche à mouchetures blanches</i>, et son
+faon est également moucheté. J'avais en vain cherché cette nature
+de <i>biches mouchetées</i> en Amérique, mais en relisant M. de Humboldt,
+j'ai vu que le <i>Cervus mexicanus</i> de Linnée était aussi <i>moucheté</i>,
+comme nos chevreuils d'Europe, et surtout était ainsi dans sa
+<i>jeunesse</i>: et cette espèce de cerfs se trouve en Amérique et au
+Mexique, en troupeaux immenses, dit M. de <i>Humboldt</i><a name="FNanchor_42_42" id="FNanchor_42_42"></a><a href="#Footnote_42_42" class="fnanchor">[42]</a>, aussi bien
+qu'un grand cerf, pareil aux nôtres, et souvent entièrement blanc,
+cerf qui se voit dans les <i>Andes</i>, où il vit en troupes également.</p>
+
+<p>Ce dernier rappelle donc les biches blanches et privées, dont les
+Indiens de l'<i>Himalaya</i> tiraient leur lait, nous dit <i>Philostrate</i>, dans
+sa <i>Vie d'Apollonius de Tyane</i>; car, ces individus étant bouddhistes,
+ils devaient se priver de <i>viandes</i> et vivre de fruits et de laitages.</p>
+
+<p>La relation du <i>Fou-Sang</i>, parle aussi de b&#339;ufs aux cornes fort
+longues, et domptés par les naturels de cette contrée; or, M. de
+Humboldt dit<a name="FNanchor_43_43" id="FNanchor_43_43"></a><a href="#Footnote_43_43" class="fnanchor">[43]</a> que les bisons du <i>Canada</i> peuvent se soumettre au
+joug, et produisent avec nos <i>b&#339;ufs d'Europe</i>.</p>
+
+<p><span class="pagenum"><a name="Page_5" id="Page_5">[5]</a></span></p><p>Ces bisons pèsent jusqu'à 2,000 livres et plus, mais leurs cornes
+sont petites; tandis qu'on a trouvé, dit-il, vers <i>Cuernavaca</i>, au
+<i>sud-ouest</i> de Mexico, dans des monumens en ruine, <i>des cornes de
+b&#339;uf monstrueuses</i>.</p>
+
+<p>Il rapporte ces cornes à celles du <i>b&#339;uf musqué</i>, du nord extrême
+de l'Amérique; mais M. de Castelnau, vers l'Amazône et le Paraguay,
+dans sa courageuse exploration, vient de retrouver ces b&#339;ufs <i>aux
+cornes fort longues</i>, outre une autre espèce aux <i>petites cornes</i>, qui
+erre avec elle et dans les mêmes steppes.</p>
+
+<p>La <i>relation du Fou-sang</i> est donc justifiée encore en ce point,
+et il y a eu certainement quelque faute dans le texte, quand on y dit,
+que <i>sur ces longues cornes</i>, <i>ces b&#339;ufs</i> portent des <i>poids de</i> 20 <span class="smcap">HO</span>
+<i>poids</i> de 120 livres chaque, c'est-à dire un poids total de 2,400 <i>de
+nos livres</i>!!! On devait dire qu'ils pesaient <i>par tête</i>, au moins 2,400
+livres, et non pas que cette charge énorme était posée sur leurs cornes;
+ce qui serait impossible.</p>
+
+<p>Les chevaux que cite cette relation semblent seulement avoir manqué
+en Amérique; mais les <i>Patagons</i>, vrais Tartares, sont toujours à
+cheval, et rien ne prouve qu'ils n'aient sauvé chez eux quelques-uns
+des chevaux que virent les bonzes indiens au <i>Fou-sang</i>, et que les
+navires du Kamtchatka y avaient peut-être apportés de Tartarie.</p>
+
+<p>Je vous donnerai quelque jour, un mémoire sur les peuples du
+nord extrême de l'Asie, <i>à grands navires et à nuits presque nulles</i>
+en été.</p>
+
+<p>Plus savant cent fois que M. Klaproth, M. de Guignes le père a
+déjà indiqué par quelques mots, dans son <i>mémoire</i> sur le <i>Fou-sang</i>,
+ce peuple aux <i>grands navires</i>, et dont le nom <i>Ku-tou-moey</i>,
+c'est-à-dire <i>à nuits très-courtes en été</i>, indique la position vers le
+cercle arctique.</p>
+
+<p>Il en est question dans l'ouvrage intitulé: <i>Wen-hien-tong-kao</i>
+du docteur <i>Ma-tuon-lin</i>; j'en ai extrait ce qu'il en dit.</p>
+
+<p>J'ai montré ailleurs que le passage d'Europe vers l'Amérique, au
+nord de la Sibérie, avait dû être alors praticable, cette mer se comblant
+par les détritus des grands fleuves qui y tombent, et par cela
+même se glaçant de plus en plus chaque jour; car, on le sait, les
+mers profondes ne gèlent pas. Tout ceci offre des questions nouvelles<span class="pagenum"><a name="Page_6a" id="Page_6a">[6]</a></span>
+et importantes, et votre Journal, utile et grave, fera bien de les traiter
+successivement.</p>
+
+<p>Agréez, etc.</p>
+
+<p>Saint-Germain, ce 24 avril 1847,</p>
+<p class="center">Ch<sub>er</sub> de PARAVEY,<br />
+Du corps royal du génie et l'un des fondateurs<br />
+de la Société royale asiatique.</p>
+
+<div class="footnotes"><h3>NOTES EN BAS DE PAGE:</h3>
+
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_34_34" id="Footnote_34_34"></a><a href="#FNanchor_34_34"><span class="label">[34]</span></a> Voir t. <span class="smcap">IX</span>, p. 101 (3<sup>e</sup> série) des <i>Annales</i>.</p></div>
+
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_35_35" id="Footnote_35_35"></a><a href="#FNanchor_35_35"><span class="label">[35]</span></a> Voir notre n° 87, ci-dessus, p. 219.</p></div>
+
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_36_36" id="Footnote_36_36"></a><a href="#FNanchor_36_36"><span class="label">[36]</span></a> Voir une figure de ce <i>Bouddha</i> dans notre planche.</p></div>
+
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_37_37" id="Footnote_37_37"></a><a href="#FNanchor_37_37"><span class="label">[37]</span></a> Voyez à ce sujet notre lettre à l'Académie, ci-après appendice A, et l'appendice
+B.</p></div>
+
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_38_38" id="Footnote_38_38"></a><a href="#FNanchor_38_38"><span class="label">[38]</span></a> <i>Études de la nature</i>, étude XI et note 49, édition 1836, 1<sup>er</sup> volume.</p></div>
+
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_39_39" id="Footnote_39_39"></a><a href="#FNanchor_39_39"><span class="label">[39]</span></a> Cette dissertation de M. Klaproth a été aussi insérée dans les <i>Annales</i> à
+la suite de celle de M. de Paravey, t. <span class="smcap">IX</span>, p. 116, année 1844.</p></div>
+
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_40_40" id="Footnote_40_40"></a><a href="#FNanchor_40_40"><span class="label">[40]</span></a> Paris, 1844.</p></div>
+
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_41_41" id="Footnote_41_41"></a><a href="#FNanchor_41_41"><span class="label">[41]</span></a> Note 28, t. <span class="smcap">I</span>, p. 171, <i>Tableaux de la nature</i>, traduction d'<i>Éyriés</i>.</p></div>
+
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_42_42" id="Footnote_42_42"></a><a href="#FNanchor_42_42"><span class="label">[42]</span></a> Tome <span class="smcap">I</span>, note 28.</p></div>
+
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_43_43" id="Footnote_43_43"></a><a href="#FNanchor_43_43"><span class="label">[43]</span></a> Voir <i>Tableaux de la nature</i>, p. 90 et 157, note 5.</p></div>
+</div>
+
+<hr style="width: 65%;" />
+<h2>APPENDICE A.</h2>
+
+<p class="center"><span class="smcap">RELATIF AU MÉMOIRE DE M. D'Eichthal CITÉ PAR M. Molh.</span></p>
+
+<p>2.&mdash;Preuve donnée dès 1840 de l'introduction du culte de Bouddha en
+Amérique, par le moyen des Indiens du Caboul.</p>
+
+<p>A Monsieur le président de l'Académie des sciences,</p>
+
+<p>En l'an 458 de notre ère, des Bonzes indiens, partant du centre
+de l'Asie, ont-ils été en Amérique par le <i>Kamtchatka</i> et le nord-ouest
+du nouveau-monde, pour y convertir les peuples qui y existaient,
+et dont ils connaissaient dès lors l'existence?</p>
+
+<p>C'est ce qu'à affirmé le docte M. <i>de Guignes</i> le père<a name="FNanchor_44_44" id="FNanchor_44_44"></a><a href="#Footnote_44_44" class="fnanchor">[44]</a>, dans les <i>Mémoires
+de l'Académie des Inscriptions</i>, où il a donné la traduction
+du voyage de ces Bonzes indiens, tiré des grandes <i>Annales</i> de la Chine.</p>
+
+<p>C'est ce que M. Klaproth et M. de Humboldt ont nié postérieurement,
+s'appuyant sur quelques doutes du savant père Gaubil, qui
+n'avait pas assez étudié cette question. C'est ce que je viens affirmer;
+ce dont je n'ai jamais douté, m'étant entretenu à ce sujet avec le
+savant amiral M. de Rossel, et ayant étudié à fond le <i>mémoire</i> de
+M. <i>de Guignes</i>, sur ce voyage et les navigations des Chinois vers le
+célèbre pays oriental qu'ils nomment le pays du <i>Fou-sang</i> (et qu'ils
+mettent à 2,000 lieues à l'est des côtes de leur empire et de la Tartarie).
+Mais comme mes simples assertions ni celles des autres ne
+seraient pas plus admises que ne l'a été le beau travail de M. de Guignes
+<span class="pagenum"><a name="Page_7a" id="Page_7a">[7]</a></span>le père; comme à l'Académie des sciences on veut des faits et non
+des phrases; j'apporte ici des monumens d'une partie de l'Amérique
+centrale, encore à peu près inconnue, au moins sous le rapport des
+antiquités, monumens que j'ai montrés à la <i>Société asiatique</i> de
+Paris, à M. Burnouf fils et à M. le chevalier Jaubert, et qu'ils ont
+reconnus avec moi purement bouddhiques.</p>
+
+<p>Chez M. le baron Van der Cappellen, près Utrecht, en Hollande, j'ai
+vu, rapportés des Indes par lui, des dessins en grand du temple de
+<i>Bourou-Bouddhou</i>, à Java: temple antique, circulaire, orné de
+milliers de petites niches élégantes, où figure le célèbre dieu indien
+<i>Bouddha</i>, assis avec les jambes croisées et surmonté, dans le haut
+de chaque niche, de la tête monstrueuse et déformée de <i>Siva</i>.</p>
+
+<p>Je pourrais montrer les mêmes idoles dans l'antique Égypte et à
+Axum, en Abyssinie; mais, en parcourant le bel ouvrage du peintre
+habile, M. Waldeck, élève distingué de David, envoyé au <i>Yucatan</i>,
+par le généreux et malheureux lord <i>Kingsborough</i>, j'ai été frappé
+de voir, sur la façade du sud du vaste palais quarré des ruines
+d'<i>Uxmal</i>, ruines que M. Waldeck a dessinées près de <i>Mérida</i>, huit
+niches du <i>Bouddha indien</i>, figuré assis comme à <i>Java</i> dans les Indes,
+et avec le front décoré de grossiers rayons, et de voir en outre, une
+tête humaine monstrueuse et applatie, qui surmonte la niche quarrée
+et la cabane ou maison où est assis ce Bouddha indien. On peut voir
+cette figure dans le dessin que je donne ici. La ressemblance de ces
+<i>Bouddha</i> du <i>Yucatan</i> avec la figure des <i>Bouddha de Java</i>, publiée
+dans Crawfurd, <i>Archipel indien</i> (t. <small>II</small>, p. 206), est telle, que M. Burnouf
+a cru d'abord mes calques du palais antique d'<i>Uxmal</i>, au <i>Yucatan</i>,
+calques faits d'après la pl. <span class="smcap">XVII</span> de M. <i>Waldeck</i>, d'origine purement
+Indienne et Siamoise, et non Américaine.</p>
+
+<p>M. Burnouf sait que le culte du monstrueux <i>Siva</i> accompagne,
+même à <i>Siam</i>, et dans le <i>Népaul</i>, le culte plus doux de <i>Bouddha</i>;
+et que souvent leurs images sont accouplées, comme au temple de
+<i>Bourou-Bouddhou</i> de l'antique Java, archipel indien: et comme
+dans l'Égypte antique, on accouple partout <i>Typhon</i> et le <i>jeune
+Horus</i>.</p>
+
+<p>Retrouver, <i>au centre de l'Amérique</i>, ces deux figures accouplées
+aussi, copiées exactement, et ornant au nombre de huit la façade sud<span class="pagenum"><a name="Page_8a" id="Page_8a">[8]</a></span>
+d'un temple orienté, démontre ce me semble entièrement la vérité
+du voyage au <i>Fou-sang</i> (en 458 de Jésus-Christ), traduit du chinois
+par M. de Guignes, et attribué à cinq bouddhistes partis du <i>Ky-pin</i>
+ou de la <i>Cophène</i>, c'est-à-dire du pays de <i>Caboul</i> dans les Indes.</p>
+
+<p>Dans les <i>Annales de philosophie chrétienne</i>, t. <span class="smcap">XII</span>, p. 441, où
+l'on donne une analyse des <i>Antiquités du Mexique</i>, par Dupaix; on
+cite les recherches qu'il fit à <i>Zachilla</i>, capitale de l'ancien royaume
+des <i>Zapotèques</i>, et qui lui offrirent, sur un rocher, l'empreinte d'un
+<i>pied gigantesque</i>, empreinte où M. de Paravey voit une imitation
+de celle que l'on va vénérer sur le <i>pic d'Adam</i>, à Ceylan, et dont
+les peuples d'Ava et du Pégu, au culte bouddhique, ont aussi des
+imitations analogues; en outre, le colonel Dupaix trouva en ce lieu,
+une idole <i>assise</i>, les mains croisées sur la poitrine, et qui ne pouvait
+être qu'une des figures de <i>Sakia</i> ou <i>Bouddha</i>, comme celle que l'on
+donne ici.</p>
+
+<p>Là, suivant le <i>Voyage des Samanéens</i>, traduit depuis, par M. Rémusat,
+fut le centre du <i>bouddhisme</i>, et des monstrueuses idolatries
+de l'Inde, altérations déplorables du culte pur, fondé dans l'Indo-Perse,
+par <i>Sem</i>, où nous voyons le célèbre <i>Heou-tsy</i> des chinois<a name="FNanchor_45_45" id="FNanchor_45_45"></a><a href="#Footnote_45_45" class="fnanchor">[45]</a>.</p>
+
+<p>Là, on faisait deux planètes imaginaires de <i>Ragou</i> et <i>Cetou</i>, tête
+et queue du dragon, n&#339;uds de la lune, cause des éclipses et lieu des
+conjonctions; <i>et ces dragons sont figurés en grand, sur la façade
+ouest du palais d'Uxmal au Yucatan</i>, étant <i>entrelacés</i> et formant
+des n&#339;uds, et ayant des plumes au lieu d'écailles, c'est-à-dire étant
+<i>aériens</i>. Tout ceci tient à une ancienne astronomie hiéroglyphique,
+où les spirales du soleil, dans sa marche apparente d'un tropique à
+l'autre, étaient rendues par un dragon ou par un vaste boa, chose
+toute naturelle comme <i>image</i>.</p>
+
+<p>Ainsi, on écrivait en Chinois, ancien Babylonien, <i>Soleil mangé par
+le dragon</i> ou le serpent, <i>pour éclipse du soleil</i>; <i>Lune mangée par
+le dragon</i>, <span class="pagenum"><a name="Page_9a" id="Page_9a">[9]</a></span>pour <i>éclipse de lune</i>.<a name="FNanchor_46_46" id="FNanchor_46_46"></a><a href="#Footnote_46_46" class="fnanchor">[46]</a> Mais on savait calculer les éclipses,
+et le peuple grossier, croyait seul, <i>en faisant du bruit</i>, faire fuir ce
+dragon imaginaire, ce boa à plumes, c'est-à-dire aérien.</p>
+
+<p>Retrouver la peinture en grand de ces superstitions chinoises et
+indiennes à <i>Uxmal</i>, dans <i>l'Yucatan</i>; y voir retracé avec toute
+évidence le <i>Bouddha de Java</i>, île qui offre aussi, à <i>Suku</i>, un téocalli
+ou temple antique et pyramidal, pareil à celui d'<i>Uxmal</i> en Amérique,
+dessiné par M. Waldeck (<i>voyage au Yucatan</i>), m'ont paru des faits
+importants et décisifs, qui, signalés par l'Académie dans son <i>Compte-rendu</i>,
+avertiront les Américains instruits et leur montreront que
+leur pays et leurs ruines, sont dignes de recherches plus complètes,
+et veulent d'autres <i>explorations</i> que celles faites jusqu'à ce jour, et
+qui sont presque nulles.</p>
+
+<p>Justifier le docte auteur de l'<i>Histoire des Huns</i>, appuyé ici du
+savant géographe <i>Buache</i>, contre les objections mal fondées de
+M. <i>Klaproth</i>, m'a aussi paru fort important, et je ne crois pas que
+l'on puisse nier maintenant les navigations des <i>Indo-Tartares</i> vers
+l'Amérique, et cela, près de 1000 ans avant Colomb.</p>
+
+<p>Je joins ici un de mes calques, et je pourrais à <i>Uxmal</i>, à <i>Palenqué</i>
+et à <i>Tulha</i>, montrer encore d'autres rapports avec l'Inde, si
+j'avais plus d'espace pour les indiquer.</p>
+
+<p>Paris, 20 juillet 1840.</p>
+<p class="center">Ch<sup>er</sup> de PARAVEY.</p>
+
+<div class="footnotes"><h3>NOTES EN BAS DE PAGE:</h3>
+
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_44_44" id="Footnote_44_44"></a><a href="#FNanchor_44_44"><span class="label">[44]</span></a> T. <span class="smcap">XXVIII</span>, p. 513.</p></div>
+
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_45_45" id="Footnote_45_45"></a><a href="#FNanchor_45_45"><span class="label">[45]</span></a> Voyez nos <i>documens hiéroglyphiques, emportés d'Assyrie et conservés en
+Chine</i>, p. 25. Paris, 1838, chez Treuttel et Wurtz, et au bureau des <i>Annales</i>,
+(n<sup>o</sup> 6, rue Babylone) qui ont d'abord publié ce <i>Mémoire</i> dans le t. <span class="smcap">XVI</span>, 1838,
+p. 123 et p. 124, note.</p></div>
+
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_46_46" id="Footnote_46_46"></a><a href="#FNanchor_46_46"><span class="label">[46]</span></a> En chinois, voir ici Jy &#26085;, chy &#34645;, <i>Eclipse de Soleil</i>, et youe &#26376;
+&#34645; chy, <i>Eclipse de Lune</i>, ou astres <i>engloutis peu à peu</i>, sena de <i>chy</i> &#39135;
+(<i>dict. chin.</i> n° 9505), caractère mis sous la clef <i>tchong</i> &#26763;, celle du <i>serpent</i>,
+qui combinée avec <i>chy</i> signifie: manger peu à peu, comme avalent les boas.</p>
+</div></div>
+
+<hr style="width: 65%;" />
+<h2>APPENDICE B.</h2>
+
+<p class="center">A NOTRE LETTRE A L'ACADÉMIE.</p>
+
+<div class="blockquot"><p>Nouvelles preuves de l'introduction du culte du Bouddha en Amérique, ou
+dans le pays du <i>Fou-sang</i>.&mdash;Quel fut le premier pays converti à ce culte
+dans le nouveau monde?</p></div>
+
+<p>Une des contrées de l'Amérique qui fut convertie la première par
+<span class="pagenum"><a name="Page_10a" id="Page_10a">[10]</a></span>les Samanéens du <i>Caboul</i>, arrivant par la pointe sud du <i>Kamtchatka</i>,
+au port excellent du <i>San-Francisco</i>, en Californie, au nord de Monterey,
+a dû évidemment être le <i>pays du Rio-Colorado</i>, vaste fleuve
+qui, dans ces régions même, coule du nord au sud, et vient tomber
+dans la pointe nord de la mer <i>Vermeille</i>.</p>
+
+<p>Or, précisément dans les traductions utiles des auteurs espagnols de
+M. Ternaux Compans, on voit Castanéda placer vers le <i>Rio-Colorado</i>,
+dans une petite île, un sanctuaire du <i>lamaïsme</i> ou du <i>bouddhisme</i>.</p>
+
+<p>Il y mentionne, dans un lac sur cette île, un personnage divin
+nommé, dit-il, <i>Quatu-zaca</i>, et qui, habitant une petite maison, était
+censé ne <i>manger jamais</i>.</p>
+
+<p>On lui offrait du maïs, des mantes de cuir de cerf, des tissus de
+plumes en très-grande quantité; et dans ce lieu même se fabriquaient
+aussi (ce qui prouve une colonisation) beaucoup de sonnettes ou de
+grelots en cuivre.</p>
+
+<p>Le nom même de ce <i>Lama</i> déifié ou de cette idole <i>Quatu-zaca</i>,
+offre le nom tartare et indien <i>Xaca</i>, ou <i>Che-kia</i> en Chinois, <i>Sacya</i>
+en sanscrit, nom du célèbre dieu <i>Bouddha</i>; remarque que nous faisons
+le premier; et <i>Quatu</i> a pu indiquer son origine du <i>Catay</i>.</p>
+
+<p><i>Castanéda</i> ajoute que les peuples de ces contrées étaient fort doux,
+ne faisaient jamais la guerre, et (s'abstenant de chair) vivaient seulement
+de trois à quatre sortes de fruits très-bons.</p>
+
+<p>Il est donc impossible de ne pas voir ici une antique colonie de
+<i>Bouddhistes</i> ou de <i>Lamas</i>: colonie qui, ensuite, poussa des rameaux
+au Mexique, dans le Yucatan, à Bogota et même au Pérou, pays de
+m&#339;urs fort douces.</p>
+
+<p>Les Mexicains, affreusement cruels dans leurs idolatries récentes,
+sont, on le sait, une migration du <i>nord-est</i> de l'Asie et du nord-ouest
+de l'Amérique, mais beaucoup plus moderne; et, avant leur arrivée
+dans ces belles contrées, il est à croire, comme le dit la <i>relation du
+Fou-sang</i>, que le culte doux et fraternel des <i>Bouddhistes</i>, débris
+de la race de <i>Sem</i>, y régnait exclusivement.</p>
+
+<p>Le nom même des <i>Samanéens</i> qui y étaient venus en 458, étant
+tiré du samscrit <i>saman</i>, qui signifie <i>pacifique</i>, nous dit M. <i>Pauthier<a name="FNanchor_47_47" id="FNanchor_47_47"></a><a href="#Footnote_47_47" class="fnanchor">[47]</a></i>,<span class="pagenum"><a name="Page_11a" id="Page_11a">[11]</a></span>
+et ce nom se retrouvant plus tard au Mexique, où M. Ternaux<a name="FNanchor_48_48" id="FNanchor_48_48"></a><a href="#Footnote_48_48" class="fnanchor">[48]</a>,
+donne <i>Amanam</i> pour le nom des prêtres et des devins, mot
+qui évidemment a pu se prononcer d'abord <i>Chamanani</i>, <i>Samanani</i>,
+<i>Samanéens</i>.</p>
+
+<p>Saint-Germain, 26 avril 1847.</p>
+<p class="center"><span class="smcap">Ch. de Paravey.</span></p>
+
+<div class="footnotes"><h3>NOTES EN BAS DE PAGE:</h3>
+
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_47_47" id="Footnote_47_47"></a><a href="#FNanchor_47_47"><span class="label">[47]</span></a> <i>Description du Thian-chou</i>, ou <i>de l'Inde.</i></p></div>
+
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_48_48" id="Footnote_48_48"></a><a href="#FNanchor_48_48"><span class="label">[48]</span></a> <i>Vocabulaire mexicain</i>, dans sa traduction des anciens auteurs espagnols.</p></div>
+</div>
+
+<hr style="width: 65%;" />
+<h2><a name="APPENDICE_C" id="APPENDICE_C"></a>APPENDICE C.</h2>
+
+<p class="center">RELATIF A LA FIGURE PUBLIÉE ICI POUR LA PREMIÈRE FOIS
+D'UN NATUREL DU FOU-SANG.</p>
+
+<div class="blockquot"><p>À quel pays de l'<i>Amérique</i> a pu appartenir cet homme presque nu que les
+livres chinois offrent comme habitant du pays du <i>Fou-sang</i>?</p></div>
+
+<p>Comme on le voit dans la <i>gravure</i> que nous donnons ici, les Chinois
+supposent que les hommes qui habitaient le pays du <i>Fou-sang</i>
+étaient presque nus; or, dit-on, les habitans de l'Amérique du nord
+étaient revêtus d'habits. Cela est vrai pour la plupart de ces pays;
+mais dans le <i>Voyage à l'embouchure de la Colombia</i> de MM. Clarke
+et Léwis<a name="FNanchor_49_49" id="FNanchor_49_49"></a><a href="#Footnote_49_49" class="fnanchor">[49]</a>, à 46° 18' nord, ces voyageurs rencontrent les Indiens
+<i>Chin-ooks</i>, et, dans un village de l'<i>île des Daims</i>, ils trouvent des
+femmes qui, au lieu de courtes jupes, avaient une simple trousse
+autour des reins, ou aussi une bande de peau étroite, serrant leur
+corps en cette partie.</p>
+
+<p>Ils disent (p. 286) que les Indiens de la <i>Colombia</i>, vu la douceur
+du climat, ont toujours les jambes et les pieds nus, même en hiver;
+et ne portent que des petites robes lors du froid, ou des <i>tabliers</i> de
+peau et une sorte de pélerine sur les épaules (p. 310). Les <i>mocassins</i>,
+pour les pieds et les jambes, n'étant usités que dans le Canada et vers
+la baye d'Hudson, où le climat est beaucoup plus <i>froid</i>.</p>
+
+<p>Ainsi l'homme du <i>Fou-sang</i>, presque nu dans le dessin antique
+du <i>Pian-y-tien</i> et de l'<i>Encyclopédie chinoise</i> que nous reproduisons
+<span class="pagenum"><a name="Page_12a" id="Page_12a">[12]</a></span>ici, devait habiter vers la <i>Colombia</i> ou vers la <i>Californie</i>,
+riches et belles contrées d'un climat fort doux et tempéré, pays de
+cet <i>Orégon</i> que se disputent en ce jour les Espagnols, les Anglais et
+les États-Unis.</p>
+
+<p>En outre, si l'on ouvre<a name="FNanchor_50_50" id="FNanchor_50_50"></a><a href="#Footnote_50_50" class="fnanchor">[50]</a> l'<i>Exploration de l'Orégon et de la Californie</i>
+en 1844, par M. Duflot de Mofras, on voit en effet, ces Indiens
+y figurer avec les reins ou le milieu du corps seulement <i>couverts</i>, et
+cela exactement, comme dans la planche ci-contre du naturel du
+<i>Fou-sang</i>, planche reproduite dès l'an 499 de notre ère, dans toutes
+les géographies étrangères publiées en Chine et au Japon.</p>
+
+<p>Tout justifie donc mes conjectures. Quant à la <i>biche mouchetée
+et à son faon</i>, nous avons cité M. de Humboldt, sur le <i>cervus
+mexicanus</i> de Linnée; et nous indiquons également ici, pour montrer
+que les naturels savaient en former des troupeaux et les priver,
+le <i>Voyage en Amérique</i> de M. de Chateaubriand, in 8<sup>o</sup>, t. I<sup>er</sup>, p. 130,
+où il parle des biches du Canada, charmante sorte de rennes sans
+bois, et que l'on y apprivoise, nous dit-il.</p>
+
+<p class="center">Ch<sup>er</sup> de <span class="smcap">Paravey</span>.</p>
+
+<p class="center">(Extrait du n<sup>o</sup> 90 (juin 1847) des <i>Annales de Philosophie <ins title="chretienne">chrétienne</ins></i>).</p>
+<hr style="width: 45%" />
+<p class="center">Imp. de <span class="smcap">Edouard Bautrucke</span>, rue de la Harpe, 90.</p>
+
+<div class="footnotes"><h3>NOTES EN BAS DE PAGE:</h3>
+
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_49_49" id="Footnote_49_49"></a><a href="#FNanchor_49_49"><span class="label">[49]</span></a> P. 302 et aussi p. 507.</p></div>
+
+<div class="footnote"><p><a name="Footnote_50_50" id="Footnote_50_50"></a><a href="#FNanchor_50_50"><span class="label">[50]</span></a> P. 250 t. II.</p></div>
+</div>
+<hr style="width: 45%;" />
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+<pre>
+
+
+
+
+
+End of the Project Gutenberg EBook of L'Amérique sous le nom de Fou-Sang, by
+Charles Hippolyte de Paravey
+
+*** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK L'AMÉRIQUE SOUS LE NOM DE FOU-SANG ***
+
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+works. See paragraph 1.E below.
+
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+including obsolete, old, middle-aged and new computers. It exists
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+To learn more about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation
+and how your efforts and donations can help, see Sections 3 and 4
+and the Foundation web page at http://www.pglaf.org.
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+
+Section 3. Information about the Project Gutenberg Literary Archive
+Foundation
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+The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non profit
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+International donations are gratefully accepted, but we cannot make
+any statements concerning tax treatment of donations received from
+outside the United States. U.S. laws alone swamp our small staff.
+
+Please check the Project Gutenberg Web pages for current donation
+methods and addresses. Donations are accepted in a number of other
+ways including checks, online payments and credit card donations.
+To donate, please visit: http://pglaf.org/donate
+
+
+Section 5. General Information About Project Gutenberg-tm electronic
+works.
+
+Professor Michael S. Hart is the originator of the Project Gutenberg-tm
+concept of a library of electronic works that could be freely shared
+with anyone. For thirty years, he produced and distributed Project
+Gutenberg-tm eBooks with only a loose network of volunteer support.
+
+
+Project Gutenberg-tm eBooks are often created from several printed
+editions, all of which are confirmed as Public Domain in the U.S.
+unless a copyright notice is included. Thus, we do not necessarily
+keep eBooks in compliance with any particular paper edition.
+
+
+Most people start at our Web site which has the main PG search facility:
+
+ http://www.gutenberg.org
+
+This Web site includes information about Project Gutenberg-tm,
+including how to make donations to the Project Gutenberg Literary
+Archive Foundation, how to help produce our new eBooks, and how to
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+
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+++ b/35134-h/images/planche50.jpg
Binary files differ