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You may copy it, give it away or +re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included +with this eBook or online at www.gutenberg.org/license + + +Title: Méthode d'équitation basée sur de nouveaux principes + +Author: François Baucher + +Release Date: April 9, 2012 [EBook #39410] + +Language: French + +Character set encoding: ISO-8859-1 + +*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK MÉTHODE D'ÉQUITATION *** + + + + +Produced by Hélène de Mink and the Online Distributed +Proofreading Team at http://www.pgdp.net (This file was +produced from images generously made available by The +Internet Archive) + + + + + + + +Notes de transcription: Les erreurs clairement introduites par le +typographe ont été corrigées. L'orthographe d'origine a été conservée +et n'a pas été harmonisée. + +Le texte imprimé en lettres gothiques dans le livre d'origine est +marqué =ainsi=. + + + + + MÉTHODE + D'ÉQUITATION + BASÉE SUR DE NOUVEAUX PRINCIPES + + PAR + + F. BAUCHER + + QUATORZIÈME ÉDITION + REVUE ET AUGMENTÉE + + Avec portrait de l'Auteur et 16 planches. + + PARIS + LIBRAIRIE MILITAIRE DE J. DUMAINE + LIBRAIRE-ÉDITEUR + RUE ET PASSAGE DAUPHINE, 30 + + 1874 + + + + + MÉTHODE + D'ÉQUITATION + + + + + PARIS.--Imprimerie J. DUMAINE, rue Christine, 2. + + +[Illustration: Portrait de l'auteur] + + + + + MÉTHODE + D'ÉQUITATION + BASÉE SUR DE NOUVEAUX PRINCIPES + + PAR + + F. BAUCHER + + QUATORZIÈME ÉDITION + REVUE ET AUGMENTÉE + + Avec portrait de l'Auteur et 16 planches. + + PARIS + LIBRAIRIE MILITAIRE DE J. DUMAINE + LIBRAIRE-ÉDITEUR + RUE ET PASSAGE DAUPHINE, 30 + + 1874 + + + + +PRÉFACE + + +L'homme a reçu du Créateur une intelligence supérieure à celle des +animaux, non pour les asservir à ses caprices et leur infliger des +mauvais traitements, mais pour en recevoir tous les services qu'il +est en droit de leur demander. Le cheval, ce noble animal, est +peut-être celui dont l'homme a le plus abusé, et les moyens dont on +s'est servi pour le soumettre trahissent l'ignorance autant que la +brutalité. Dès ma jeunesse j'aimai le cheval, et, frappé de +l'incertitude des principes énoncés par tous les auteurs qui ont +écrit sur l'équitation, je cherchai à ouvrir une voie nouvelle et +sûre à tous ceux qui s'occupent de l'éducation du cheval. En 1830 +je fis paraître le _Dictionnaire raisonné d'équitation_. La faveur +du public me récompensa de mes laborieuses recherches, et +m'encouragea à persévérer dans mes efforts. Quelques années plus +tard parut ma nouvelle Méthode, qui souleva dans le monde équestre, +d'une part un grand enthousiasme, de la part de quelques-uns une +critique passionnée trop passionnée pour être impartiale. Treize +éditions se succédèrent en vingt-cinq ans, mes ouvrages furent +traduits dans plusieurs langues, et partout les amateurs et les +officiers intelligents adoptèrent mes principes. J'ai déjà dit les +causes qui avaient empêché ma méthode d'être introduite dans la +cavalerie française, malgré l'avis presque unanime de MM. les +officiers consultés. + +Que ma plume se taise sur ce triste passé! + +Ma Méthode permettait de donner à tous les chevaux l'équilibre du +deuxième genre, et les vingt-six chevaux que j'ai montés en public +en ont été la preuve incontestable. Avec mes dernières innovations, +je donne non-seulement une plus grande facilité pour obtenir sur +tous les chevaux cet équilibre du deuxième genre, je donne encore +les moyens infaillibles _d'obtenir chez tous les chevaux une +légèreté constante_, signe d'un équilibre parfait. C'est cet +équilibre que j'appelle équilibre du premier genre. + +Le premier équilibre suffit à tous les besoins de la cavalerie et +de l'équitation ordinaire. + +L'équilibre parfait, ou équilibre du premier genre, ne pourra être +donné au cheval que par l'élite des cavaliers. Ce sera l'équitation +transcendantale. En poésie, dans les arts, dans les sciences, il +n'est pas permis à tout le monde d'aller à Corinthe! + + + + +DERNIÈRES INNOVATIONS + + +Depuis quarante ans que je m'occupe de l'art de dresser les +chevaux, j'ai toujours compris que l'unique problème à résoudre par +l'écuyer était de parfaire l'équilibre naturel du cheval, et les +recherches de toute ma vie n'ont eu d'autre but que de rendre plus +facile la solution du problème. Chacune des treize éditions de la +méthode renferme un nouveau progrès qui simplifie le travail de +l'écuyer. A tous les instruments de torture employés précédemment, +je substituai d'abord le mors qui porte mon nom; plus tard, je le +remplaçai par un mors plus doux encore, aux branches plus courtes +et sans gourmette; enfin, aujourd'hui je ne me sers plus que d'un +simple bridon. Qu'on n'aille pas croire que ce bridon, nouveau par +sa disposition, possède une vertu magique qui dispense de l'étude +de la science; ce serait une grave erreur! Ce nouveau bridon +démontre le perfectionnement de ma méthode, l'efficacité des moyens +qu'elle prescrit, puisque avec ce simple frein je puis dompter le +cheval le plus fougueux et le soumettre à ma volonté. Quelque +simples que soient les nouveaux moyens que j'indique, ils ne +peuvent être bien compris dans leurs détails et dans leur ensemble +que par un écuyer habile. + +Je dirai donc aux jeunes cavaliers: adressez-vous à un professeur +imbu de tous mes principes et familiarisé avec la pratique de ma +méthode, lui seul pourra vous rendre facile et sûre la route à +parcourir, en vous indiquant ces nuances diverses, ces effets +multiples de mains et de jambes, ce je ne sais quoi que le +sentiment perçoit, que l'oeil du professeur saisit, mais que +l'auteur ne peut écrire. Acquérez ainsi la science, apprenez à vous +servir de ce nouveau bridon, et vous obtiendrez des résultats +inespérés; une fois le cheval dressé, vous pourrez, si tel est +votre bon plaisir, employer à la promenade le mors que vous +préférez. + + +Du cheval en liberté. + +Il n'est personne qui n'ait vu un cheval courant en liberté dans la +prairie. Quelle souplesse, quelle légèreté dans tous ses +mouvements! Prenez ce cheval, mettez-lui une selle, une bride et +cherchez à l'astreindre à votre volonté, quelle métamorphose! Ce +cheval qui, en état de liberté, planait au-dessus du sol, se traîne +péniblement, et s'arrête entre vos jambes. Pourquoi? Le cheval +libre, maître absolu de ses forces, dispose son poids comme il +l'entend, pour exécuter ces mouvements si gracieux que nous +admirons. Dès qu'il est monté par l'homme, il se sent gêné, +paralysé dans sa liberté; il est forcé d'abdiquer sa volonté, et il +n'est pas encore capable de comprendre celle du cavalier. Il existe +alors entre ces deux volontés un état transitoire d'incertitude qui +explique de la part du cheval ces résistances qui dégénèrent en +défense sous son cavalier inexpérimenté. Comment détruire ces +résistances avant-coureurs de la défense, si le cavalier ignore que +la cause de toutes les résistances réside dans le mauvais équilibre +du cheval, par suite du désaccord qui existe entre l'avant et +l'arrière-main? Les translations de poids ne sont faciles qu'autant +que le cheval demeure _droit_, c'est-à-dire que les jambes de +derrière soient sur la même ligne que celle de devant. Avec le +cheval ainsi disposé, la force motrice peut agir avec égalité et +simultanéité de contraction et de détente. L'effet sera transmis de +l'arrière-main à l'avant-main sans décomposition de force, et le +cheval prendra facilement la position utile au mouvement demandé. +Supposez, au contraire, le cheval ayant la croupe en dehors de la +ligne des épaules, aussitôt cesse la juste répartition du poids, +parce que telle partie est trop surchargée, telle autre trop +allégée; les contractions musculaires ne sont plus justes, +l'instrument n'est plus d'accord, et, au moindre changement de +direction, la croupe vient faire arc-boutant aux épaules, et le +cheval résiste. Si le cavalier ne se hâte de détruire la cause de +ces résistances en mettant son cheval _droit_, il n'arrivera jamais +à la légèreté parfaite et constante. + + +Du sentiment. + +La routine traditionnelle veut que tout cavalier qui monte dans le +manége suive la piste près du mur. Je préfère le voir se tracer une +piste à un mètre de distance du mur, afin de m'assurer s'il sait +maintenir son cheval _droit_, sans le secours d'un guide-âne. De +cette manière, le cavalier acquerra, outre le sentiment des lignes, +ce juste accord qui lui permettra de discerner plus facilement la +nature des contractions,--bonnes, si la légèreté en est la +conséquence,--mauvaises, lorsque les résistances du cheval +augmentent au lieu de diminuer. Celui qui n'a pas le sentiment des +contractions est incapable de juger la position du cheval, je veux +dire de sentir si la distribution de son poids est convenable, si +la force est harmonisée par rapport au mouvement à exécuter. Il ne +peut donc ni préparer la position[1] ni la corriger, ni, par +conséquent, atteindre le but qu'il s'est proposé, _améliorer +l'équilibre naturel du cheval en le rendant léger dans tous ses +mouvements_. Le sentiment se développe par l'exercice; l'essentiel +est de suivre la progression que j'indique et de se pénétrer de la +vérité du principe dont un seul mot exprime les conséquences: +«_Équilibre ou légèreté._» + + [1] On entend par _position_ la disposition du poids et de la + force du cheval par rapport à chaque mouvement qu'il doit + exécuter. + + +De la bouche du cheval. + +Le langage a été donné à l'homme pour dissimuler sa pensée, a dit +le prince de Talleyrand. Plus loyal que l'homme, le cheval ne peut +pas dissimuler ses impressions. Est-il content de son cavalier, il +lui témoigne sa satisfaction par la mobilité moelleuse de sa +mâchoire. Surprend-il une faute, un oubli (le meilleur cavalier +peut se tromper), l'ami fidèle semble s'attrister; il perd sa +légèreté, son enjouement; si le cavalier comprend cet avis donné à +voix basse, s'il répare sa faute, le cheval se hâte de reprendre +son air de gaieté, et, par la mobilité de sa mâchoire, remercie son +maître d'avoir écouté l'humble remontrance de son serviteur. Mais +la faute s'aggrave-t-elle, l'ignorance et la vanité dédaignent-elles +d'écouter les reproches discrets qui lui sont adressés, alors le +cheval retire sa confiance à ce maître dont il n'est pas compris; +il cesse tout échange de pensées et proteste par le mutisme contre +l'ignorance de son cavalier. On peut contraindre un esclave à +marcher, on ne peut l'obliger à vous témoigner sa satisfaction. + +J'ai dit que toutes les résistances du cheval proviennent de son +mauvais équilibre. A qui la faute? Au cavalier! toujours au +cavalier! + + +Le professeur. + +Plus les formules de la science se simplifient, plus important +devient le rôle du professeur instruit, chargé de transmettre +fidèlement la pensée de l'auteur, de la faire appliquer et de +démontrer la vérité de ses principes. J'écris qu'il faut avoir le +cheval _droit_, et j'en dis la raison; mais qui indiquera à l'élève +que son cheval est ou n'est pas droit? Je parle des effets de main, +de jambes et d'éperons employés tantôt _séparément_, tantôt +simultanément. Qui dira au cavalier qui se sera trompé dans +l'emploi de ces aides la cause de son erreur? Qui l'aidera à la +réparer et à prévenir ainsi les conséquences graves qui en +résulteraient? Je dis qu'il faut détruire toutes les causes de +résistances du cheval; mais qui indiquera à l'élève les moyens +justes, opportuns, qu'il devra employer, le degré de force dont il +devra se servir? Qui développera le sentiment de l'élève par des +conseils donnés à propos? Le professeur. Mais je parle du +professeur élevé à mon école, imbu de mes perfectionnements, car +lui seul pourra les transmettre fidèlement et donner les moyens de +les appliquer toujours d'une manière juste, exacte. Je donne les +principes, ils sont vrais; j'indique les moyens, ils sont exacts; +je fais connaître la progression des exercices, ils sont +essentiellement abréviateurs. Mais, vouloir écrire l'application, +ce serait tomber dans la faute de mes devanciers, en confondant +deux choses bien distinctes, la science et l'art. Si l'auteur est +la pensée qui conçoit, la science qui formule, l'habile professeur +sera la parole qui transmet, l'oeil qui observe, la main qui fait +agir. + + + + +RÉSUMÉ + +DES RAPPORTS OFFICIELS + +EN FAVEUR DE LA MÉTHODE. + + +Dans les dix premières éditions de ma Méthode, j'ai publié, en +entier, les divers rapports officiels de MM. les généraux et +officiers de cavalerie qui se sont occupés de mon système au point +de vue militaire. J'ai jugé nécessaire de ne donner, dans cette +édition, qu'un résumé succinct de toutes ces pièces, afin de +pouvoir publier mes idées nouvelles sans rien changer au format du +livre. + +Mes lecteurs me sauront gré, sans doute, de remplacer ainsi ces +rapports élogieux qui m'étaient précieux lors de l'apparition de +mon ouvrage, tant par la spécialité et le talent de leurs +rédacteurs que par l'impartialité qui les a dictés. + +Je saisis cette occasion d'exprimer à MM. les officiers de l'armée +ma profonde reconnaissance pour leur juste appréciation de ma +Méthode et le zèle qu'ils ont déployé à son étude. Je me tiendrai +toujours très-honoré de leur haute approbation. + +L'intérêt seul du public a pu me déterminer à retrancher de mon +livre leurs remarquables écrits. + +Je prie ceux de mes lecteurs qui voudraient lire ces rapports en +entier de se reporter aux éditions précédentes. + + +Je passerai sous silence quelques lettres qui ont précédé la +mission qui m'a été confiée de faire étudier mon système dans les +corps de troupes à cheval. + + +_Rapport de M. de Novital, chef d'escadrons, commandant l'école de +Saumur._ + +Analyse des exercices journaliers.--Progrès constatés, jour par +jour, jusqu'à parfaite éducation obtenue en treize jours pour +quarante chevaux. + +M. de Novital continue: + +«Les adversaires de M. Baucher veulent lui donner le cachet d'une +imitation des Pignatel, Pluvinel, Newcastle, etc.; mais ces +célèbres écuyers, tout en prêchant l'assouplissement, l'équilibre, +ont-ils enseigné une théorie aussi lucide, aussi juste, aussi bien +raisonnée que celle de M. Baucher? Non. + +«La méthode de M. Baucher doit faire école, parce qu'elle s'appuie +sur des principes vrais, fixes, rationnels, motivés. Tout en elle +est mathématique et peut se rendre par des chiffres. + +«A lui donc appartient la nouvelle époque qui commence; à lui la +gloire d'avoir mis le cheval dans la dépendance complète du +cavalier en paralysant toute résistance, toute volonté, et en +remplaçant les forces instinctives par des forces transmises. + +«L'opinion de MM. les capitaines instructeurs des 5e cuirassiers et +3e lanciers se trouve comprise dans ce que je viens d'émettre.» + + Paris, 4 avril 1842. + + +_Rapport au général Oudinot, par M. Carrelet, colonel de la garde +municipale de Paris._ + +«..... Je vous dirai qu'officiers et sous-officiers sont unanimes +pour approuver les procédés de M. Baucher, appliqués au dressage +des jeunes chevaux. En quinze jours M. Baucher obtient des +résultats meilleurs que ceux obtenus en six mois par les anciens +procédés. Je suis tellement convaincu de l'efficacité des moyens +professés par M. Baucher, que je vais soumettre à ces procédés tous +les chevaux de mes cinq escadrons.» + + Paris, 6 avril 1842. + + +_Rapport du général marquis Oudinot au Ministre de la guerre._ + +Constatation des heureux résultats obtenus par la méthode.--Les +principes de M. Baucher sont un grand et incontestable progrès.--Conclut +à ce que les corps de troupes envoient des instructeurs s'initier +à la méthode. + + 6 avril 1842. + + + _Rapport du chef d'escadron Grenier, chargé du commandement des + officiers envoyés à Paris pour étudier la Méthode._ + +Vingt-deux officiers ont reçu les leçons de M. Baucher +lui-même.--Approbation entière des principes et de leurs +démonstrations pratique et orale.--C'est surtout à l'école de +cavalerie que la méthode doit être connue. + + Versailles, 24 juillet 1842. + + + _Rapport demandé par le colonel président de la commission + chargée d'étudier le dressage des jeunes chevaux d'après la + méthode Baucher, et rédigé par M. Desondes, lieutenant au 9e + cuirassiers._ + +Ce rapport suit jour par jour l'éducation d'un cheval désigné. + +Constatation des progrès simultanés du cavalier et du cheval. + +La Méthode, par l'excellence de ces principes, remédie à la +mauvaise conformation du cheval.--Elle est appelée à diminuer les +proportions effrayantes des pertes de chevaux. + +Enfin, dit M. Desondes, la plus heureuse des innovations doit +amener une révolution dans la cavalerie. + + +_Rapport du commandant de l'Ecole royale de cavalerie de Saumur._ + +«..... Je me résume en disant que la nouvelle méthode doit être un +grand bien, une amélioration incontestable pour la cavalerie. + +«Je fais donc des voeux pour son adoption et sa prompte +introduction dans l'armée.» + + Saumur, 6 août 1842. + + +_Rapport sur l'essai de la nouvelle méthode fait au camp de +Lunéville, par M. Baucher fils._ + +«..... La sollicitude éclairée de M. le Ministre de la guerre pour +l'armée est un sûr garant que cette méthode trouvera en lui un +puissant protecteur, et que toutes les troupes à cheval pourront +bientôt mettre à profit les importants avantages que procure son +application.» + + _Les Membres de la Commission_: + + Capitaines de JUNIAC, de CHOISEUL, GROSJEAN; + lieutenant-colonel HERMET; général GUSLER. + +Outre tous ces rapports, j'ai reçu l'adhésion de la plus grande +partie des officiers de cavalerie. Quatre-vingt-trois colonels ou +capitaines, sur cent deux, approuvent mon système. + + + + +I + +NOUVEAUX MOYENS D'OBTENIR UNE BONNE POSITION DU CAVALIER[2]. + + +On trouvera sans doute étonnant que, dans les premières éditions, +promptement épuisées, de cet ouvrage ayant pour objet l'éducation +du cheval, je n'aie pas commencé par parler de la position du +cavalier. En effet, cette partie si importante de l'équitation a +toujours été la base des écrits classiques. + + [2] Ces préceptes s'adressent plus spécialement aux cavaliers + militaires; mais, avec quelques légères modifications, faciles à + saisir, ils peuvent également s'appliquer à l'équitation civile. + +Ce n'est pas sans motifs, cependant, que j'ai différé jusqu'à +présent de traiter cette question. Si je n'avais eu rien de nouveau +à dire, j'aurais pu, ainsi que cela se pratique, consulter les +vieux auteurs, et, à l'aide de quelques transpositions de phrases, +de quelques changements de mots, lancer dans le monde équestre une +inutilité de plus. Mais j'avais d'autres idées; je voulais une +_refonte complète_. Mon système pour arriver à donner une bonne +position au cavalier étant aussi une innovation, j'ai craint que +tant de choses nouvelles à la fois n'effrayassent les amateurs, +même les mieux intentionnés, et qu'elles ne donnassent prise à mes +adversaires. On n'aurait pas manqué de proclamer que mes moyens +d'action sur le cheval étaient impraticables, ou qu'ils ne +pouvaient être appliqués qu'avec le secours d'une position plus +impraticable encore. Or, j'ai prouvé le contraire: d'après mon +système, des chevaux ont été dressés par la troupe, quelle que fût +la position des hommes à cheval. Pour donner plus de force à cette +méthode, pour la rendre plus facile à comprendre, j'ai dû l'isoler +d'abord de tous autres accessoires, et garder le silence sur les +nouveaux principes qui ont rapport à la position du cavalier. Je me +réservais de ne mettre ces derniers au jour qu'après la réussite +incontestable des essais officiels. Au moyen de ces principes, +ajoutés à ceux que j'ai publiés sur l'art de dresser les chevaux, +j'abrége également le travail du cavalier, j'établis un système +précis et complet sur ces deux parties importantes, mais jusqu'à ce +jour confuses, de l'équitation. + +En suivant mes nouvelles indications, relativement à la position de +l'homme à cheval, on arrivera promptement à un résultat certain; +elles sont aussi faciles à comprendre qu'à démontrer: deux phrases +suffisent pour tout expliquer au cavalier. Il est de la plus grande +importance, pour l'intelligence et les progrès de l'élève, que +l'instructeur soit court, clair et persuasif; celui-ci doit donc +éviter d'étourdir ses recrues par des développements théoriques +trop prolongés. Quelques mots, expliqués avec à-propos, +favoriseront et dirigeront beaucoup plus vite la compréhension. +L'observation silencieuse est souvent un des caractères distinctifs +du bon professeur. Après qu'on s'est assuré que le principe posé a +été bien compris, il faut laisser l'élève studieux exercer lui-même +son mécanisme: c'est ainsi seulement qu'il parviendra à trouver les +effets de tact, qui ne s'obtiennent que par la pratique. Tout ce +qui tient au sentiment s'acquiert, mais ne se démontre pas. + + +Position du cavalier. + +Le cavalier donnera toute l'extension possible au buste, de manière +que chaque partie repose sur celle qui lui est inférieurement +adhérente, afin d'augmenter l'appui des fesses sur la selle; les +bras tomberont sans force sur les côtés; les cuisses et les genoux +devront trouver, par leur face interne, autant de points de contact +que possible avec la selle, les pieds suivront naturellement le +mouvement des jambes. + +On comprend dans ces quelques lignes combien est simple la position +du cavalier. + +Les moyens que j'indique pour obtenir, en peu de temps, une bonne +position lèvent toutes les difficultés que présentait la route +tracée par nos devanciers. L'élève ne comprenait presque rien au +long catéchisme récité à haute voix par l'instructeur, depuis la +première phrase jusqu'à la dernière; en conséquence, il ne pouvait +pas l'exécuter. Ici, c'est par quelques mots que nous rendons +toutes ces phrases, et ces mots sont compréhensibles pour le +cavalier qui suit mon travail d'assouplissement. Ce travail le +rendra adroit et, par suite, intelligent; un mois ne sera pas +écoulé sans que le conscrit le plus lourd et le plus maladroit ne +soit en état d'être bien placé. + + +Leçon préparatoire. + + (La leçon sera d'une heure; il y aura deux leçons par jour + pendant un mois.) + +Le cheval est amené sur le terrain, sellé et bridé; l'instructeur +ne prendra pas moins de deux élèves; l'un tiendra le cheval par la +bride, tout en observant le travail de l'autre, afin de l'exécuter +à son tour. L'élève s'approchera de l'épaule du cheval et se +disposera à monter; à cet effet, il prendra et séparera avec la +main droite une poignée de crins, qu'il passera dans la main +gauche, le plus près possible de leurs racines, sans qu'ils soient +tortillés dans la main; il saisira le pommeau de la selle avec la +main droite, les quatre doigts en dedans, le pouce en dehors; puis, +après avoir ployé légèrement les jarrets, il s'enlèvera sur les +poignets. Une fois la ceinture à la hauteur du garrot, il passera +la jambe droite par-dessus la croupe sans la toucher et se mettra +légèrement en selle. Ce mouvement de voltige étant d'une très +grande utilité pour l'agilité du cavalier, on le lui fera +recommencer huit ou dix fois, avant de le laisser s'asseoir sur la +selle. Bientôt la répétition de ce travail lui donnera la mesure de +ce qu'il peut faire au moyen de la force bien entendue de ses bras +et de ses reins. + + +Travail en selle. + + Ce travail doit se faire en place; on choisira de préférence un + cheval vieux et froid. (Les rênes nouées tomberont sur le col). + +Une fois l'élève à cheval, l'instructeur examinera sa position +naturelle, afin d'exercer plus fréquemment les parties qui ont de +la tendance à l'affaissement ou à la roideur. C'est par le buste +que l'instructeur commencera la leçon. Il fera servir à redresser +le haut du corps les flexions des reins qui portent la ceinture en +avant; on tiendra pendant quelque temps dans cette position le +cavalier dont les reins sont mous, sans avoir égard à la roideur +qu'elle entraînera les premières fois. C'est par la force que +l'élève arrivera à être liant, et non par l'abandon tant et si +inutilement recommandé. Un mouvement obtenu d'abord par de grands +efforts n'en nécessitera plus au bout de quelque temps, parce qu'il +y aura adresse, et que, dans ce cas, l'adresse n'est que le +résultat des forces combinées et employées à propos. Ce que l'on +fait primitivement avec dix kilogrammes de forces se réduit ensuite +à sept, à cinq et à deux. L'adresse sera la force réduite à deux +kilogrammes. Si l'on commençait par une force moindre, on +n'arriverait pas à ce résultat. On renouvellera donc souvent les +flexions de reins en laissant parfois l'élève se relâcher +complétement, afin de lui faire bien saisir l'emploi de force qui +donnera promptement une bonne position au buste. Le corps étant +bien placé, l'instructeur passera 1º à la leçon du bras, laquelle +consiste à le mouvoir dans tous les sens, d'abord ployé et ensuite +tendu; 2º à la leçon de la tête; celle-ci devra tourner à droite et +à gauche sans que ses mouvements réagissent sur les épaules. + +Dès que la leçon du buste, des bras et de la tête donnera un +résultat satisfaisant, ce qui doit arriver au bout de quatre jours +(huit leçons), on passera à celle des jambes. + +L'élève éloignera, autant que possible, des quartiers de la selle +l'une des deux cuisses; il la rapprochera ensuite avec un mouvement +de rotation de dehors en dedans, afin de la rendre adhérente à la +selle par le plus de points de contact possible. L'instructeur +veillera à ce que la cuisse ne retombe pas lourdement; elle doit +reprendre sa position par un mouvement lentement progressif et sans +secousses. Il devra, en outre, pendant la première leçon, prendre +la jambe de l'élève et la diriger pour bien lui faire comprendre la +manière d'opérer ce déplacement. Il évitera ainsi la fatigue et +obtiendra de plus prompts résultats. + +Ce genre d'exercice nécessite de fréquents repos; il y aurait +inconvénient à prolonger la durée du travail au delà des forces de +l'élève. Les mouvements d'adduction (qui rendent la cuisse +adhérente à la selle) et ceux d'abduction (qui éloignent) devenant +plus faciles, les cuisses auront acquis un liant qui permettra de +les fixer à la selle dans une bonne position. On passera alors à la +flexion des jambes. + + +Flexion des jambes. + +L'instructeur veillera à ce que les genoux conservent toujours leur +adhérence parfaite avec la selle. Les jambes se mobiliseront comme +le pendule d'une horloge, c'est-à-dire que l'élève les remontera +jusqu'à toucher le troussequin de la selle avec les talons. Ces +flexions répétées rendront les jambes promptement souples, liantes, +et leur mouvement indépendant de celui des cuisses. On continuera +les flexions de jambes et de cuisses pendant quatre jours (huit +leçons). Pour rendre chacun de ces mouvements plus correct et plus +facile, on y consacrera huit jours (ou quatorze leçons). Les +quatorze jours (trente leçons) qui resteront pour compléter le mois +continueront à être employés au travail d'assouplissement en place; +seulement, pour que l'élève apprenne à combiner la force de ses +bras et celle de ses reins, on lui fera tenir progressivement des +poids de 2 à 5 kilogrammes à bras tendu. On commencera cet exercice +par la position la moins fatigante, le bras ployé, la main près de +l'épaule, et on poussera cette flexion à la plus grande extension +du bras. Le buste ne devra pas se ressentir de ce travail et +restera maintenu dans la même position. + + +Des genoux. + +La force de pression des genoux se jugera, et même s'obtiendra à +l'aide du moyen que je vais indiquer. Ce moyen, qui de prime abord +semblera peut-être futile, amènera cependant de très-grands +résultats. L'instructeur prendra un morceau de cuir de l'épaisseur +de cinq millimètres et long de cinquante centimètres; il placera +l'une des extrémités de ce cuir entre les genoux et le quartier de +la selle. L'élève fera usage de la force de ses genoux pour ne pas +le laisser glisser, tandis que l'instructeur le tirera lentement et +progressivement de son côté. Ce procédé servira de dynamomètre pour +juger des progrès de la force. Quelques paroles encourageantes +placées à propos stimuleront l'amour-propre de chaque élève. + +On veillera avec le plus grand soin à ce que chaque force qui agit +séparément n'en mette pas d'autres en jeu, c'est-à-dire que le +mouvement des bras n'influe jamais sur leurs épaules; il devra en +être de même pour les cuisses, par rapport au tronc; pour les +jambes par rapport aux cuisses, etc., etc. Le déplacement et +l'assouplissement de chaque partie isolée une fois obtenus, on +déplacera momentanément le haut du corps, afin d'apprendre au +cavalier à se remettre en selle lui-même. Voici comment on s'y +prendra: l'instructeur, placé sur le côté, poussera l'élève par la +hanche, de manière que son assiette se trouve portée en dehors du +siége de la selle. Avant d'opérer un nouveau déplacement, +l'instructeur laissera l'élève se remettre en selle, en ayant soin +de veiller à ce que, pour reprendre son assiette, il ne fasse usage +que des hanches et des genoux, afin de ne se servir que des +parties les plus rapprochées de l'assiette. En effet, le secours +des épaules influerait bientôt sur la main, et celle-ci sur le +cheval; le secours des jambes pourrait avoir de plus graves +inconvénients encore. En un mot, dans tous les déplacements, on +enseignera à l'élève à ne pas avoir recours, pour diriger, aux +forces qui maintiennent à cheval; à ne pas employer, pour s'y +maintenir, celles qui dirigent. + +A l'aide de cette gymnastique équestre justement combinée, on +arrive, au bout d'un mois, à faire exécuter facilement à tous les +conscrits les exercices qui semblaient les plus contraires à leur +organisation physique. + +L'élève ayant franchi les épreuves préliminaires, attendra avec +impatience les premiers mouvements du cheval pour s'y livrer avec +l'aisance d'un cavalier déjà expérimenté. + +Quinze jours (trente leçons) seront consacrés au pas, au trot et +même au galop. Ici l'élève doit uniquement chercher à suivre les +mouvements du cheval; en conséquence, l'instructeur l'obligera à ne +s'occuper que de sa position et non des moyens de direction à +donner au cheval. On exigera seulement que le cavalier marche +d'abord droit devant lui, puis en tous sens, une rêne de bridon +dans chaque main. Au bout de quatre jours (huit leçons), on pourra +lui faire prendre la bride dans la main gauche. On s'attachera à +ce que la main droite, qui se trouve libre, reste à côté de la +gauche, afin que le cavalier prenne de bonne heure l'habitude +d'être placé carrément (les épaules sur la même ligne); le cheval +trottera également à droite et à gauche. Lorsque l'assiette sera +bien consolidée à toutes les allures, l'instructeur expliquera +d'une manière simple les rapports qui existent entre les poignets +et les jambes, ainsi que leurs effets séparés[3]. + + [3] Voir les principes pour l'éducation du cheval. + +Éducation du cheval. + +Ici le cavalier commencera l'éducation du cheval, en suivant la +progression que j'ai indiquée et que l'on trouvera ci-après. On +fera comprendre à l'élève tout ce qu'elle a de rationnel, et par +quelle liaison intime se suivent, dans leurs rapports, l'éducation +de l'homme et celle du cheval. Au bout de quatre mois à peine, le +cavalier pourra passer à l'école de peloton; les commandements ne +seront plus qu'une affaire de mémoire; il lui suffira d'entendre +pour exécuter, car il sera maître de son cheval. + +J'espère que la cavalerie comprendra (comme elle a déjà compris mon +mode d'éducation du cheval) tout l'avantage des moyens que +j'indique pour tirer le plus large parti possible du peu de temps +que chaque soldat reste sous les drapeaux. + +J'ai également la conviction que l'emploi de ces moyens rendra +prompte et parfaite l'éducation des hommes et des chevaux. + + RÉSUMÉ ET PROGRESSION. + + Jours. Leçons. + + 1º Flexion des reins pour servir à l'extension du + buste 4 8 + + 2º Rotation, extension des cuisses et flexion des + jambes 4 8 + + 3º Exercice général et successif de toutes les + parties 8 14 + + 4º Déplacement du tronc, exercice des genoux et + des bras avec des poids dans les mains 14 28 + + 5º Position du cavalier sur le cheval au pas, au + trot et au galop, pour façonner et fixer + l'assiette à ces différentes allures 15 30 + + 6º Éducation du cheval par le cavalier 50 100 + ----------- + TOTAL 95 188 + + + + +II + +DE L'ÉQUILIBRE DU CHEVAL. + + L'harmonie du poids et des forces du cheval donne l'équilibre + de la masse. + L'équilibre de la masse produit l'harmonie des mouvements. + + BAUCHER. + + +Tout être organisé, pour conserver la liberté et la sûreté de ses +mouvements, est astreint à observer la loi de l'équilibre. Le +cheval monté, plus que tout autre animal, est soumis à cette loi, +car non-seulement il doit calculer ses mouvements par rapport à sa +propre masse, mais le poids additionnel de son cavalier tend à +déranger constamment son équilibre naturel. + +L'importance majeure d'équilibrer le cheval a été vivement sentie +par le monde équestre: aussi tout écuyer se pique d'honneur et veut +trouver le secret de ce noeud gordien. + +Dans notre XIXe siècle, où toutes choses doivent être traitées +scientifiquement, il est tout naturel qu'on ait demandé à la +science le secret de l'équilibre. La science a répondu par un +problème:--Pour équilibrer votre cheval, cherchez son centre de +gravité. + +Cette réponse n'a pas manqué d'exciter une noble ardeur. +Tout le monde s'est mis à l'oeuvre. On cherche le centre de +gravité partout, toujours....., mais on ne le trouve pas. Des +contradictions sans nombre surgissent chaque jour, les discussions +s'enveniment, les traités d'équitation tournent au pamphlet, les +découvertes restent nulles et le centre de gravité continue à se +promener dans le domaine dont on l'a fait seigneur et maître. Un si +grand personnage devrait cependant n'être pas introuvable, eu égard +aux limites restreintes qui le renferment. + +Combien d'écuyers ont usé leur persévérance à cette vaine +recherche! Mais aussi, qui n'aurait voulu connaître la solution +d'un problème qui, d'un seul coup, tranchait les difficultés de +l'équitation en donnant l'équilibre du cheval? + +La science avait parlé; comme tout le monde, je crus à son oracle. + +Me voilà donc livré, pendant des années entières, à des recherches +journalières. + +Résultats nuls! Ceux de la veille étaient contredits par ceux du +lendemain. + +Fallait-il donc, cependant, parce qu'il plaisait au centre de +gravité de voyager incognito, laisser le cheval et son cavalier +exposés aux dangers qu'entraîne le défaut d'équilibre! + +Pour m'aider dans mes recherches, je m'adressais aux +écuyers-auteurs. Ils mettaient une grande érudition à m'expliquer +le déplacement du centre de gravité, quand, par exemple, une jambe +se porte en avant, suivie de la jambe diagonalement opposée; ou +bien quand le rassembler s'opère, ou quand le cheval se cabre, rue, +etc. + +Il est là, disait l'un; non, je le _vois_ de ce côté, disait +l'autre; et ces vaines discussions se continuent encore parce que +l'on ne veut pas remonter aux causes premières, et que les effets +absorbent l'attention générale. + +On étudie la manière d'être du centre de gravité. Pourquoi? Je +l'ignore. En saine pratique, n'avons-nous pas le poids du cheval à +répartir et sa force à coordonner? N'avons-nous pas à combiner les +forces opposées du cavalier (main et jambes)? Si nous nous rendons +compte des effets de ces divers agents, et si nous en tirons le +parti convenable, nous arriverons à notre équilibre, sans avoir à +nous préoccuper du centre de gravité. + +Messieurs les théoriciens, préparez vos anathèmes! je vais porter +une main profane sur le dieu de vos rêves et briser votre idole, +après avoir, il est vrai, dans mon ignorance, brûlé sur son autel +un inutile encens. + +Votre centre de gravité ne donne, n'entraîne, ni ne produit rien. + +Il existe incontestablement, mais à l'état de passivité. + +Vous voulez l'ériger en cause, il n'est qu'effet. + +Quelle que soit votre opinion à son égard, il fonctionnera toujours +dans le même ordre: bien, si votre mouvement est juste; mal, si +votre mouvement est irrégulier. + +Pourquoi donc, à propos d'équitation, avoir sans cesse à la bouche +des mots scientifiques, sonores il est vrai, mais vides de sens et +propres, tout au plus, à retarder les progrès de l'art, par +l'obscurité qu'ils répandent sur les théories? + +Tenez, messieurs, abandonnez simplement le centre de gravité aux +influences qui le gouvernent, et cessez les discussions qu'il +excite depuis trop longtemps. Au lieu d'enfourcher un nuage pour +chevaucher à la recherche d'une idée aussi introuvable qu'inutile, +montez un vrai cheval, et probablement vous approuverez les +principes que je vais appliquer à l'obtention et au maintien de +l'équilibre du cheval. + + + + +III + +DE L'EMPLOI RAISONNÉ DES FORCES DU CHEVAL. + + +Le cheval, comme tous les êtres organisés, est doué d'un poids et +d'une force qui lui sont propres. Le poids, inhérent à la matière +constitutive de l'animal, rend sa masse inerte et tend à la fixer +au sol. La force, au contraire, par la faculté qu'elle lui donne de +mobiliser ce poids, de le transférer de l'une à l'autre de ses +parties, communique le mouvement, en détermine la vitesse, la +direction et constitue l'équilibre. + +Pour rendre cette vérité palpable, supposons un cheval au repos. +Son corps sera dans un parfait équilibre, si chacun de ses membres +supporte exactement la part du poids qui lui est dévolue dans cette +position. S'il veut se porter en avant au pas, il devra +préalablement transférer, sur les jambes qui resteront fixées au +sol, le poids que supporte celle qu'il en détachera la première. Il +en sera de même pour les autres allures, la translation s'opérant +au trot, d'une diagonale à l'autre; au galop, de l'avant à +l'arrière-main, et réciproquement. Il ne faut donc jamais confondre +les manières d'être du poids et de la force. Le poids n'est que +passif, la force déterminante est active. C'est en reportant le +poids sur telles ou telles extrémités que la force les mobilise ou +les fixe. La lenteur ou la vitesse des translations détermine les +différentes allures, qui sont elles-mêmes justes ou fausses, égales +ou inégales, suivant que ces translations s'exécutent avec justesse +ou irrégularité. + + +On comprend que cette puissance motrice se subdivise à l'infini, +puisqu'elle est répartie sur tous les muscles de l'animal. +Quand ce dernier en détermine lui-même l'emploi, je les appelle +_instinctives_; je les nomme _transmises_[4] lorsque le cavalier en +coordonne l'emploi. Dans le premier cas, l'homme, dominé par son +cheval, reste le jouet de ses caprices; dans le second, au +contraire, il en fait un instrument docile, soumis à toutes les +impulsions de sa volonté. Le cheval, dès qu'il est monté, ne doit +donc plus agir que par des forces transmises ou harmonisées. +L'application constante de ce principe constitue le vrai talent de +l'écuyer. + + [4] Plusieurs pamphlétaires très-_érudits_ et _profonds + anatomistes_ ont beaucoup discuté sur cette expression: _forces + transmises_, n'ayant, disaient-ils agréablement, rien trouvé de + semblable dans les chevaux qu'ils avaient écorchés à l'école + d'Alfort. On reconnaîtra sans doute avec moi que cette + bouffonnerie est fort concluante. + + Pour parler sérieusement, je déclare qu'en employant l'expression + _transmises_, je ne prétends pas créer des forces en principe, + mais seulement en fait. Je parviens à diriger et à utiliser des + forces qui, par suite de contractions et de résistances, + demeuraient complétement inertes, et qui seraient conséquemment + comme si elles n'étaient pas. N'est-ce point là une espèce de + transmission? + +Mais un tel résultat ne peut s'obtenir instantanément. Le jeune +cheval, habitué à régler lui-même, dans sa liberté, l'emploi de ses +ressorts, se soumettra d'abord avec peine à l'influence étrangère +qui viendra en disposer sans intelligence. Une lutte s'engagera +nécessairement entre le cheval et le cavalier; celui-ci sera +vaincu s'il ne possède l'énergie, la persévérance et surtout +les connaissances nécessaires pour arriver à ses fins. Les forces +de l'animal étant l'élément sur lequel l'écuyer doit agir +principalement, pour les dominer d'abord et les diriger ensuite, +c'est sur elles avant tout qu'il lui importe de fixer son +attention. Il recherchera quelles sont les parties où elles se +contractent le plus pour la résistance, les causes physiques qui +peuvent occasionner ces contractions. Dès qu'il saura à quoi s'en +tenir sur ce point, il n'emploiera envers son élève que des +procédés en rapport avec la nature de ce dernier, et les progrès +seront alors rapides. + +Malheureusement, on chercherait en vain dans les auteurs anciens et +modernes qui ont écrit sur l'équitation, je ne dirai pas des +principes rationnels, mais même des données quelconques sur ce qui +se rattache à l'emploi raisonné des forces du cheval. Tous ont bien +parlé de _résistances_, d'_oppositions_, d'_équilibre_, mais aucun +n'a su nous dire ce qui cause ces résistances, comment on peut les +combattre, les détruire, et obtenir cette légèreté, cet équilibre, +qu'il nous recommande si instamment. C'est cette grave lacune qui a +jeté sur les principes de l'équitation tant de doutes et +d'obscurité; c'est elle qui a rendu cet art stationnaire pendant si +longtemps; c'est cette grave lacune, enfin, que je crois être +parvenu à combler. + +Et d'abord, je pose en principe que toutes les résistances des +jeunes chevaux proviennent, en premier lieu, d'une cause physique, +et que cette cause ne devient morale que par la maladresse, +l'ignorance ou la brutalité du cavalier. En effet, outre la roideur +naturelle, commune à tous ces animaux, chacun d'eux a une +conformation particulière dont le plus ou le moins de perfection +constitue le degré d'harmonie existant entre le poids et les +forces. Le défaut de cette harmonie occasionne l'imperfection des +allures, la difficulté des mouvements, en un mot, tous les +obstacles qui s'opposent à une bonne éducation. A l'état libre, +quelle que soit la mauvaise structure du cheval, l'instinct seul +lui suffira pour disposer ses forces de manière à maintenir son +équilibre; mais il est des mouvements qui lui sont impossibles, +jusqu'à ce qu'un travail préparatoire l'ait mis à même de suppléer +aux défectuosités de son organisation par un emploi mieux combiné +de sa puissance motrice[5]. Le cheval n'exécute un mouvement avec +légèreté qu'à la suite d'une position donnée; s'il est des forces +qui s'opposent à cette position, il faut donc les annuler d'abord +pour les remplacer par celles qui pourront, seules, la déterminer. + + [5] J'engage beaucoup les amateurs désireux de suivre mes + préceptes dans tout ce qu'ils ont de naturel et de méthodique, à + bien prendre garde d'y mêler des moyens pratiques qui y sont + étrangers et contraires. Dans le nombre de ces grotesques + inventions se trouve placé le jockey anglais ou l'homme de bois, + auquel de graves auteurs ont attribué des propriétés que la saine + équitation réprouve; en effet, la force permanente du bridon dans + la bouche du cheval est une gêne et non pas un avis; elle lui + apprend à revenir sur lui-même en s'acculant, pour en éviter la + sujétion. A l'aide de cette force brutale, il connaîtra de bonne + heure comment il peut se soustraire aux effets de main du + cavalier. + + C'est à cheval, et par de justes et progressives oppositions de + main et de jambes, que l'on obtiendra des résultats prompts et + infaillibles, résultats qui seront tous en faveur du mécanisme et + de l'intelligence du cavalier. Si le cheval présentait quelques + difficultés dangereuses, un second cavalier, à l'aide du caveçon, + produirait une action suffisante sur le moral du cheval, pour + donner le temps à celui qui le monte d'agir physiquement, afin de + disposer la masse dans le sens du mouvement qu'on veut exiger. + Mais, on le voit, il faut une intelligence pour parler + intelligiblement au cheval, et non pas une machine fonctionnant + brutalement. + +Or, je le demande, si, avant d'avoir surmonté ces premiers +obstacles, le cavalier vient y ajouter le poids de son propre corps +et ses exigences maladroites, l'animal n'éprouvera-t-il pas une +difficulté plus grande encore pour exécuter certains mouvements? +Les efforts qu'on fera pour l'y astreindre, étant contraires à sa +nature, ne devront-ils pas se briser contre cet obstacle +insurmontable? Il résistera naturellement, et avec d'autant plus +d'avantage, que la mauvaise répartition de son poids et de ses +forces suffira pour annuler l'action du cavalier. La résistance +émane donc ici d'une cause physique; cette cause devient morale dès +l'instant où, la lutte se continuant avec les mêmes procédés, le +cheval commence à combiner lui-même les moyens de se soustraire au +supplice qu'on lui impose, lorsqu'on veut ainsi forcer des ressorts +qu'on n'a pas assouplis d'avance. + +Quand les choses en sont là, elles ne peuvent qu'empirer. Le +cavalier, dégoûté bientôt de l'impuissance de ses efforts, +rejettera sur le cheval la responsabilité de sa propre ignorance; +il flétrira du nom de rosse un animal qui possédait peut-être de +brillantes ressources, et dont, avec plus de discernement et de +science, il aurait pu faire une monture dont le caractère serait +aussi docile et soumis que les allures seraient gracieuses et +agréables. J'ai remarqué souvent que les chevaux réputés +indomptables sont ceux qui développent le plus d'énergie et de +vigueur, dès qu'on a su remédier aux inconvénients physiques qui +paralysaient leur essor. Quant à ceux que, malgré leur mauvaise +conformation, on finit par soumettre à un semblant d'obéissance, il +faut en rendre grâce à la mollesse seule de leur nature; s'ils +veulent bien s'astreindre à quelques exercices des plus simples, +c'est à condition qu'on n'exigera pas davantage, car ils +retrouveraient bien vite leur énergie pour résister à des +prétentions plus élevées. Le cavalier pourra donc les faire marcher +aux différentes allures; mais quel décousu, quelle roideur, quel +disgracieux dans leurs mouvements, et quel ridicule de semblables +coursiers ne jettent-ils pas sur le malheureux qu'ils ballottent et +entraînent ainsi à leur gré, bien plus qu'ils ne se laissent +diriger par lui! Cet état de choses est tout naturel, puisqu'on n'a +pas détruit les causes premières qui le produisent: _la mauvaise +répartition du poids et des forces et la roideur qu'elle entraîne à +sa suite_. + +Mais, va-t-on m'objecter, puisque vous reconnaissez que ces +difficultés tiennent à la conformation du cheval, comment est-il +possible d'y remédier? Vous n'avez probablement pas la prétention +de changer la structure de l'animal et corriger la nature? Non sans +doute; mais tout en convenant qu'il est impossible de donner plus +d'ampleur à une poitrine étroite, d'allonger une encolure trop +courte, d'abaisser une croupe élevée, de raccourcir et d'étoffer +des reins longs, faibles et étroits, je n'en soutiens pas moins que +si je détruis les contractions diverses occasionnées par ces vices +physiques, si j'assouplis les muscles, si je me rends maître des +forces au point d'en disposer à volonté, il me sera facile de +prévenir ces résistances, de donner plus de ressort aux parties +faibles, de modérer celles qui sont trop vigoureuses, et de +suppléer ainsi aux mauvais effets d'une nature imparfaite, en +établissant, dans l'équilibre du cheval, une juste répartition du +poids et des forces. + +De pareils résultats, je ne crains pas de le dire, furent et +demeurent interdits à jamais aux anciennes écoles. Mais si la +science de ceux qui professent d'après les vieux errements vient +toujours se briser contre le grand nombre des chevaux défectueux, +on rencontre des chevaux qui, par la perfection de leur +organisation et la facilité d'éducation qui en résulte, contribuent +puissamment à perpétuer les routines impuissantes, si funestes aux +progrès de l'équitation. Un cheval bien constitué est celui dont +toutes les parties, régulièrement harmonisées, amènent l'équilibre +parfait de l'ensemble. Il serait aussi difficile à pareil sujet de +sortir de cet équilibre naturel, pour prendre une mauvaise position +et se défendre, qu'il est pénible d'abord, au cheval mal conformé, +d'acquérir cette juste répartition du poids et des forces sans +laquelle on ne peut espérer aucune régularité de mouvements. + +C'est dans l'éducation de ces derniers animaux seulement que +consistent les véritables difficultés de l'équitation. Chez les +premiers, le dressage doit être, pour ainsi dire, instantané, +puisque, tous les ressorts étant à leur place, il ne reste plus +qu'à les faire mouvoir; ce résultat s'obtient toujours avec ma +méthode. Les anciens principes, cependant, exigent deux et trois +ans pour y parvenir; et lorsqu'à force de tâtonnements et +d'incertitudes, l'écuyer doué de quelque intelligence et de quelque +pratique finit par habituer le cheval à obéir aux impressions qui +lui sont communiquées, il croit avoir surmonté de grandes +difficultés, et attribue à son savoir-faire un résultat que +l'application de bons principes aurait procuré en quelques jours. +Puis, comme l'animal continue à déployer dans tous ses mouvements +la grâce et la légèreté naturelles à sa belle conformation, le +cavalier ne se fait nul scrupule de s'en approprier le mérite, se +montrant alors aussi présomptueux qu'il est injuste, lorsqu'il veut +rendre le cheval mal constitué responsable de l'inefficacité de ses +efforts. + +Si nous admettons une fois ces vérités: + +Que l'éducation du cheval consiste dans la domination complète de +ses forces et dans la juste répartition de son poids; + +Qu'on ne peut disposer des forces qu'en annulant toutes les +résistances, + +Et que les résistances ont leur source dans les contractions +occasionnées par les vices physiques, + +Il ne s'agira plus que de rechercher les parties où s'opèrent ces +contractions, afin d'essayer de les combattre et de les faire +disparaître en provoquant un équilibre convenable du poids et des +forces. + +De longues et consciencieuses observations m'ont démontré que, quel +que soit le vice de conformation qui s'oppose dans le cheval à la +juste répartition des forces, c'est toujours sur la mâchoire que +s'en fait ressentir l'effet le plus immédiat. Pas de faux +mouvements, pas de résistance qui ne soient précédés par la +contraction de cette partie de l'animal; et comme l'encolure est +intimement liée à la mâchoire, la roideur de l'une se communique +instantanément à l'autre. Ces deux points sont l'arc-boutant sur +lequel s'appuie le cheval pour annuler tous les efforts du +cavalier. On conçoit facilement l'obstacle immense qu'ils doivent +présenter, puisque la tête et l'encolure étant les deux leviers +principaux par lesquels on place et dirige l'animal, il est +impossible de rien obtenir de lui tant qu'on ne sera pas +entièrement maître de ces premiers et indispensables moyens +d'action. A l'arrière-main, les parties où les forces se +contractent le plus pour les résistances sont les reins et la +croupe (les hanches). + +Les contractions de ces deux extrémités opposées sont mutuellement +les unes pour les autres cause et effet, c'est-à-dire que la +roideur de la mâchoire et de l'encolure amène celle des hanches, et +réciproquement. On peut donc les combattre l'une par l'autre; et +dès qu'on aura réussi à les annuler, dès qu'on aura ainsi rétabli +l'équilibre et l'harmonie entre l'avant et l'arrière-main, +l'éducation du cheval sera à moitié faite. Je vais indiquer par +quels moyens on y parviendra infailliblement. + + + + +IV + +TRAVAIL A PIED. + +MOBILISATION DU CHEVAL, AU MOYEN DES FORCES INSTINCTIVES, POUR +OBTENIR L'ÉQUILIBRE DU POIDS. + +EMPLOI DE LA CRAVACHE POUR APPRENDRE AU CHEVAL A VENIR A L'HOMME, +LE RENDRE SAGE AU MONTOIR, ETC. + + +Dès le début de l'éducation du cheval, il est essentiel de lui +donner une première leçon d'assujettissement et de lui faire +connaître toute la puissance de l'homme. Ce premier acte de +soumission, qui pourrait paraître sans importance, servira +promptement à le rendre calme, confiant, à réprimer tous les +mouvements qui détourneraient son attention et retarderaient son +éducation. + +Quelques leçons d'une demi-heure suffiront pour obtenir ce résultat +chez tous les chevaux; le plaisir que l'on éprouvera à jouer ainsi +avec le cheval portera naturellement le cavalier à continuer cet +exercice autant qu'il sera nécessaire, et à le rendre aussi +instructif pour le cheval qu'utile pour lui-même. Voici comment on +s'y prendra: le cavalier s'approchera du cheval, sa cravache sous +le bras, sans brusquerie ni timidité; il lui parlera sans trop +élever la voix, et le flattera de la main sur le chanfrein ou sur +l'encolure, puis, avec la main gauche, il saisira les rênes de la +bride, à 16 centimètres des branches du mors, en soutenant le +poignet avec assez d'énergie pour présenter autant de force que +possible dans les instants de résistance du cheval. La cravache +sera tenue de la main droite, la pointe vers la terre, puis on +l'élèvera lentement jusqu'à la hauteur du poitrail pour en frapper +délicatement cette partie à une seconde d'intervalle. Le premier +mouvement naturel du cheval sera de reculer pour éviter les +attouchements de la cravache. Le cavalier suivra ce mouvement +rétrograde sans discontinuer toutefois la tension des rênes de la +bride, ni les petits coups de cravache sur le poitrail. Le cavalier +devra rester maître de ses impressions, afin qu'il n'y ait dans ses +mouvements et dans son regard aucun indice de colère ni de +faiblesse. Fatigué de ces effets de contrainte, le cheval cherchera +bientôt par un autre mouvement à éviter la sujétion, et c'est en se +portant en avant qu'il y parviendra; le cavalier saisira ce second +mouvement instinctif pour l'arrêter et flatter l'animal du geste et +de la voix. La répétition de cet exercice donnera des résultats +surprenants, même à la première leçon. Le cheval, ayant bien +compris le moyen à l'aide duquel il peut éviter la cravache, n'en +attendra pas le contact, il le préviendra en s'avançant de suite au +moindre geste. Ce travail, d'ailleurs très-récréatif, servira de +plus à rendre le cheval sage au montoir, abrégera de beaucoup son +éducation, et accélérera le développement de son intelligence. Dans +le cas où, par suite de sa nature inquiète ou sauvage, le cheval se +livrerait à des mouvements désordonnés, on devrait avoir recours au +caveçon, comme moyen de répression, et l'employer par petites +saccades. Quand le cheval se portera franchement en avant à +l'action de la cravache, le moment sera venu de faire une légère +opposition avec la main de la bride, afin d'obtenir un effet de +ramener, sans discontinuer l'allure du pas. + +On commencera aussi quelques temps de reculer, qu'on alternera avec +les mouvements en avant, jusqu'à disparition complète des +résistances. + +Cet exercice est très-important pour déplacer, par les forces +purement instinctives, d'abord, mais que nous régulariserons +ensuite, le poids qui se fixerait trop sur l'arrière ou sur +l'avant-main. + +Faisons une remarque sur laquelle nous reviendrons plus tard. + +Le poids du cheval surcharge naturellement la partie antérieure du +corps; c'est pour cela qu'en vertu du principe qui oppose les +forces au poids dans l'ordre naturel, la nature a donné une si +grande puissance aux muscles postérieurs du cheval qui doivent, aux +différentes allures et surtout au galop, non-seulement recevoir le +poids de l'avant-main, mais encore projeter toute la masse en +avant. Dans le reculer, cette distribution du poids induit souvent +en erreur le cavalier inexpérimenté. Il s'imagine que le mouvement +rétrograde est produit par le déplacement total du poids par les +forces, tandis qu'il n'est dû qu'au reflux des forces impulsives, +qui, refoulées par une opposition de main, n'ont entraîné avec +elles qu'une partie du poids. Aussi, bien que le cheval recule, +l'avant-main se trouve souvent surchargé d'un poids comparativement +énorme. D'où il suit que le mouvement est irrégulier, jusqu'à ce +que l'écuyer, revenu de son erreur, ait su alléger l'avant-main de +manière à équilibrer le poids et les forces. Les moyens d'atteindre +à ce but seront donnés ultérieurement. Alors nous appellerons +l'attention du lecteur sur l'emploi des aides, que la pratique +seule peut rendre judicieux. + +Les exercices précédents à l'aide de la cravache, tels que: porter +le cheval en avant, les commencements de ramener et de reculer, +seront suivis, toujours à l'aide de la cravache, soit des pas de +côté, soit des pirouettes ordinaires ou renversées. + +Pour les pas de côté, la main, en se soutenant, facilite le +mouvement des épaules dans le sens indiqué par la cravache. Dans le +cas de résistance provenant de la croupe, le cavalier en +triompherait par une opposition de la main qui ne reprendrait sa +position que lorsque le mouvement serait commencé. + +Dans les pirouettes renversées, la main se maintiendra pour forcer +la croupe à obéir à la cravache, et la faire tourner autour des +jambes du cheval, dont l'une doit lui servir de pivot. + +Dans les pirouettes ordinaires, la cravache agira sur la croupe, +pour la fixer et fournir aux jambes antérieures, mobilisées par la +main, le pivot nécessaire à leur mouvement de rotation. + +Ces divers exercices disposeront le cheval aux mouvements qu'il +devra exécuter avec son cavalier en selle. + +Bien entendu que dans le cours de l'éducation du cheval, il faudra +revenir souvent à ces exercices préliminaires, afin qu'il ne perde +pas le fruit de ses leçons précédentes. + + + + +V + +DE L'ASSOUPLISSEMENT. + + +Les nouveaux principes de ma méthode ne peuvent être pratiqués que +par les hommes versés dans l'art de l'équitation, et qui joignent à +une assiette assurée une assez grande habitude du cheval pour +comprendre tout ce qui se rattache à son mécanisme. Je ne +reviendrai donc pas sur les procédés élémentaires; c'est à +l'instructeur à juger si son élève possède un degré convenable de +solidité, s'il est suffisamment en rapport d'enveloppe avec son +cheval; car, en même temps qu'une bonne position produit cette +identification, elle favorise le jeu facile et régulier des +extrémités du cavalier. + +Mon but ici est de traiter principalement de l'éducation du cheval; +mais cette éducation est trop intimement liée à celle du cavalier, +pour qu'il soit possible de faire progresser l'une sans l'autre. En +expliquant les procédés qui devront amener la perfection chez +l'animal, j'apprendrai nécessairement à l'écuyer à les appliquer +lui-même; il ne tiendra qu'à lui de professer demain ce que je lui +démontre aujourd'hui. + +Nous connaissons maintenant quelles sont les parties du cheval qui +se contractent le plus pour les résistances, et nous sentons la +nécessité de les assouplir. Chercherons-nous dès lors à les +attaquer, à les exercer toutes ensemble, pour les soumettre du même +coup? Non, sans doute, ce serait retomber dans les anciens +errements, et nous sommes convaincu de leur inefficacité. L'animal +est doué d'une puissance musculaire infiniment supérieure à la +nôtre; ses forces instinctives pouvant en outre se soutenir les +unes par les autres, nous serons inévitablement vaincus si nous les +surexcitons toutes à la fois. Puisque les contractions ont leur +siége dans des parties séparées, sachons profiter de cette division +pour les combattre successivement, à l'exemple de ces généraux +habiles qui détruisent en détail des forces auxquelles ils +n'auraient pu résister en masse. + +Du reste, quels que puissent être l'âge, les dispositions et la +structure du cheval, mes procédés, en débutant, seront toujours les +mêmes. Les résultats seulement seront plus ou moins prompts et +faciles, suivant le degré de perfection de sa nature et l'influence +de la main à laquelle il aura pu être soumis antérieurement. +L'assouplissement, qui, chez un cheval bien constitué, n'aura +d'autre but que de préparer ses forces à céder à nos moyens +d'action, devra de plus rétablir le calme et la confiance, s'il +s'agit d'un cheval mal mené, et faire disparaître, dans une +conformation défectueuse, les contractions, causes des résistances +et de l'opposition à un équilibre parfait. Les difficultés à +surmonter seront en raison de cette complication d'obstacles, qui +tous disparaîtront bien vite, moyennant un peu de persévérance de +notre part. Dans la progression que nous allons suivre pour +soumettre à l'assouplissement les diverses parties de l'animal, +nous commencerons naturellement par les plus importantes, +c'est-à-dire par la mâchoire et l'encolure. + +La tête et l'encolure du cheval sont à la fois le gouvernail de +l'animal et la boussole du cavalier. Par elles il dirige l'animal; +par elles aussi il peut juger de la régularité, de la justesse de +son mouvement; pas d'équilibre, pas de légèreté, si la tête et +l'encolure ne sont aisées, liantes et gracieuses. Nulle élégance, +nulle facilité dans l'ensemble, dès que ces deux parties se +roidissent. Précédant le corps dans toutes ses impulsions, elles +doivent préparer d'avance, indiquer par leur attitude les positions +à prendre, les mouvements à exécuter. Nulle domination n'est +permise au cavalier tant qu'elles restent contractées et rebelles; +une fois qu'elles sont flexibles et maniables, il dispose de +l'animal à son gré. Si la tête et l'encolure n'entament pas les +premières les changements de direction, si, dans les marches +circulaires, elles ne se maintiennent pas inclinées sur la ligne +courbe, afin de surcharger plus ou moins les extrémités en raison +du mouvement, si pour le reculer elles ne se replient pas sur +elles-mêmes, et si leur légèreté n'est pas toujours en rapport avec +les différentes allures qu'on voudra prendre, le cheval sera libre +d'exécuter ou non ces mouvements, puisqu'il restera maître de +l'emploi de ses forces. + + + + +VI + +DE LA BOUCHE DU CHEVAL ET DU MORS. + + +J'ai déjà traité ce sujet assez longuement dans mon _Dictionnaire +raisonné d'Equitation_; mais comme je développe ici un exposé +complet de ma méthode, je crois nécessaire d'y revenir en quelques +mots. + +Je suis encore à me demander comment on a pu attribuer si longtemps +à la seule différence de conformation des barres ces dispositions +contraires des chevaux qui les rendent si légers ou si lourds à la +main. Comment a-t-on pu croire que, suivant qu'un cheval a une ou +deux lignes de chair de plus ou de moins entre le mors et l'os de +la mâchoire inférieure, il cède à la plus légère impulsion de la +main, ou s'emporte, malgré les efforts des deux bras les plus +vigoureux? C'est cependant en s'appuyant sur cette inconcevable +erreur qu'on s'est mis à forger des mors de formes bizarres et si +variées, vrais instruments de supplice, dont l'effet ne pouvait +qu'augmenter les inconvénients auxquels on cherchait à remédier. + + +Si on avait voulu remonter un peu à la source des résistances, on +aurait reconnu bientôt que la roideur de la mâchoire ne provient +pas de la différence de conformation des barres, mais bien du +mauvais équilibre du cheval. C'est donc en vain que nous nous +suspendrons aux rênes et que nous placerons dans la bouche du +cheval un instrument plus ou moins meurtrier; il restera insensible +à nos efforts tant que nous ne lui aurons pas donné cette légèreté +qui peut seule le mettre à même de céder. + +Je pose donc en principe qu'il n'existe point de différence de +sensibilité dans la bouche des chevaux; que tous présentent la même +légèreté dans la position du ramener, et les mêmes résistances à +mesure qu'ils s'éloignent de cette position importante. Il est des +chevaux lourds à la main; mais cette résistance provient de la +longueur ou de la faiblesse des reins, de la croupe étroite, des +hanches courtes, des cuisses grêles, des jarrets droits, ou enfin +(point important) d'une croupe trop haute ou trop basse par rapport +au garrot; telles sont les véritables causes des résistances; le +serrement de la mâchoire, la contraction de l'encolure, ne sont que +les effets. + + +Je n'admets, par conséquent, qu'une seule espèce de mors, et voici +la forme et les dimensions que je lui donne pour le rendre aussi +simple que doux: + +Branche droite de la longueur de 16 centimètres, à partir de l'oeil +du mors jusqu'à l'extrémité des branches; circonférence du canon, 6 +centimètres; la liberté de la langue, 4 centimètres à peu près de +largeur dans sa partie inférieure, et 2 centimètres dans la partie +inférieure. Il est bien entendu que la largeur seule devra varier +suivant la bouche du cheval. + +J'affirme qu'un pareil mors suffira pour soumettre à l'obéissance +la plus passive tous les chevaux qu'on y aura préparés par +l'assouplissement; et je n'ai pas besoin d'ajouter que, puisque je +nie l'utilité des mors durs, je repousse, par la même raison, tous +les moyens en dehors des ressources du cavalier, tels que +martingales, piliers, etc.[6] + + [6] Voir, dans le _Dictionnaire raisonné d'Équitation_, les mots + _Mors_, _Barres_ et _Martingales_. + + + + +VII + +ASSOUPLISSEMENT DE LA MACHOIRE ET DE L'ENCOLURE. + + +Les flexions de la mâchoire, ainsi que les deux flexions de +l'encolure qui vont suivre, s'exécutent en place, le cavalier +restant à pied. Le cheval sera amené sur le terrain, sellé et +bridé, les rênes passées sur l'encolure. Le cavalier vérifiera +d'abord si le mors est bien placé et si la gourmette est attachée +de manière qu'il puisse introduire facilement son doigt entre les +mailles et la barbe. Puis, regardant l'animal avec bienveillance, +il viendra se placer en avant de son encolure, près de la tête, le +corps droit et ferme, les pieds un peu écartés pour assurer sa base +et être prêt à lutter avec avantage contre toutes les résistances. + + +Première flexion de la mâchoire. + +Pour exécuter cette flexion, le cavalier, placé du côté montoir, +prendra avec la main droite la rêne gauche de la bride à dix-sept +centimètres de la bouche, et avec la main gauche la rêne gauche du +filet. Ces deux forces doivent agir en sens opposés. Si elles sont +bien proportionnées à la résistance du cheval, elles amèneront +bientôt la mobilité de la mâchoire. La flexion à droite s'exécutera +d'après les mêmes principes et par les moyens inverses, le cavalier +ayant soin de passer alternativement de l'une à l'autre. Si la +résistance du cheval provient de la contraction trop grande des +muscles releveurs, il faut opposer une force de haut en bas, +jusqu'à parfaite cession de la part du cheval, et _vice versâ_. Il +doit en être ainsi pour toutes les flexions; il faut combattre les +résistances par la force qui leur est directement opposée. + +Quelquefois, le cheval recule par impatience ou par la maladresse +du cavalier; on n'en continue pas moins l'opposition des mains, +lesquelles, dans ce cas, se portent en avant afin d'attirer le +cheval et de faire opposition à la force qui produit l'acculement. +Si l'on a pratiqué complétement le travail précédent, il sera +facile, à l'aide de la cravache, d'arrêter le mouvement rétrograde +qui est un puissant obstacle à toute espèce de flexions (_Planche +1_). + +[Illustration: Planche 1.] + + +Deuxième flexion. + +La deuxième flexion s'exécute en prenant les deux rênes de la +bride avec la main droite et les deux rênes du filet avec la +gauche. En procédant comme pour la première flexion, et si celle-ci +a été bien faite, on obtient presque instantanément la mobilité de +la mâchoire. Sur quelques chevaux, la mâchoire inférieure se +détache momentanément pour se refermer aussitôt avec bruit. Cette +espèce de tic nerveux, de grincement de dents, doit être combattu +avec soin, car il finirait par augmenter la résistance et +s'opposerait à la légèreté (_Planches 2 et 3_). + +[Illustration: Planche 2.] + +[Illustration: Planche 3.] + + +Troisième flexion. + +Le cavalier saisit, par exemple, la rêne droite du filet avec la +main gauche et la rêne gauche avec la main droite à dix-sept +centimètres, puis il croise les deux rênes sous le menton de +manière à exercer une pression assez forte sur la barbe. Si la +résistance se prolongeait, le cavalier la ferait bien vite cesser +par un frémissement rapide des poignets (_Planche 4_)[7]. + + [7] Les vibrations de mains peuvent être employées dans toutes + les flexions. + +On comprendra facilement l'importance de ces flexions de mâchoire. +Elles ont pour résultat de préparer le cheval à céder aux plus +légères pressions du filet ou du mors, d'assouplir directement les +muscles qui joignent la tête à l'encolure. La tête devant précéder +et déterminer les diverses attitudes de l'encolure, il est +indispensable que cette dernière partie soit toujours assujettie à +la première. Cela n'aurait lieu qu'imparfaitement avec la +flexibilité seule de l'encolure, puisque ce serait alors celle-ci +qui déterminerait l'obéissance de la tête en l'entraînant dans son +mouvement. L'opposition des mains s'engagera sans à-coup, pour ne +cesser qu'à parfaite obéissance du cheval, à moins cependant qu'il +ne s'accule; elle diminuera ou augmentera son effet en proportion +de la résistance, de manière à la dominer toujours sans trop la +forcer. Le cheval, qui d'abord résistera, finira par considérer la +main de l'homme comme un régulateur irrésistible, et il s'habituera +si bien à obéir, qu'on obtiendra bientôt, par une simple pression +de rêne, ce qui, dans le principe, exigeait une grande force. + +[Illustration: Planche 4.] + + +ASSOUPLISSEMENT DE L'ENCOLURE. + +Première flexion latérale. + +Le cavalier se place comme pour les flexions de mâchoire; il +saisira la rêne droite de la bride avec la main droite à seize +centimètres de la branche du mors et la rêne gauche avec la main +gauche, à dix centimètres seulement de la branche gauche. Il +rapprochera ensuite la main droite de son corps en éloignant la +gauche de manière à contourner le mors dans la bouche du cheval. +Comme pour les flexions de mâchoire, la force qu'il emploiera devra +être graduée et proportionnée à la résistance seule de la mâchoire +et de l'encolure, afin de ne pas influer sur l'aplomb qui donne +l'immobilité au corps du cheval (_Planche 5_). + +[Illustration: Planche 5 et 6.] + +La flexion doit s'obtenir, non par un mouvement brusque de la tête, +mais par petites cessions successives. La main gauche suit tout +naturellement le mouvement de la tête, et, lorsque celle-ci se +trouve près de l'épaule droite, les deux rênes également tendues +maintiennent la tête oblique et verticale jusqu'à ce qu'elle se +soutienne d'elle-même dans cette position (_Planche 6_). Le cheval, +en mâchant son mors, constatera la mise en main ainsi que sa +parfaite soumission. Le cavalier, pour le récompenser, fera cesser +immédiatement la tension des rênes et lui permettra, après quelques +secondes, de reprendre sa position naturelle. Mêmes principes et +moyens inverses pour la flexion à gauche. + + +Deuxième flexion. + +1º Le cavalier saisira la rêne droite du filet, qu'il tendra en +l'appuyant sur l'encolure, pour établir un point intermédiaire +entre la force qu'il emploie et la résistance que présentera le +cheval; il soutiendra la rêne gauche avec la main gauche à +trente-trois centimètres du mors. Dès que le cheval cherchera à +éviter la tension constante de la rêne droite en inclinant sa tête +à droite, le cavalier laissera glisser la rêne gauche, afin de ne +présenter aucune opposition à la flexion de l'encolure. Cette rêne +gauche devra se soutenir par une succession de petites tensions +spontanées, chaque fois que le cheval cherchera à se soustraire, +par la croupe, à l'effet de la rêne droite (_Planche 7_). + +[Illustration: Planche 7 et 8.] + +2º Lorsque la tête et l'encolure auront complétement cédé à droite, +le cavalier donnera une égale tension aux deux rênes pour placer la +tête verticalement. Le liant et la légèreté suivront bientôt cette +position, et aussitôt que le cheval constatera l'absence de toute +roideur par l'action de _mâcher son frein_, le cavalier fera cesser +la tension des rênes, en prenant garde que la tête ne profite +de ce moment d'abandon pour se déplacer brusquement. Dans ce cas, +il suffirait pour la contenir d'un léger soutien de la rêne droite. +Après avoir maintenu le cheval quelques secondes dans cette +attitude, on le remettra en place en soutenant un peu la rêne +gauche. L'important est que l'animal, dans tous ses mouvements, ne +prenne de lui-même aucune initiative (_Planche 8_). + +La flexion de l'encolure à gauche s'exécutera d'après les mêmes +principes et par les moyens inverses. Le cavalier pourra répéter +avec les rênes de la bride ce qu'il aura fait d'abord avec celle du +filet; cependant le filet devra toujours être employé en premier +lieu, son effet étant moins puissant et plus direct. Si les +flexions à pied ont été bien faites, si elles ne laissent rien à +désirer, celles à cheval s'obtiendront facilement. Ces premiers +exercices sont d'une grande importance, et le temps que l'on y +consacre abrége considérablement la durée des leçons qui doivent +suivre. + +Le cavalier doit scrupuleusement s'attacher à faire fléchir la +mâchoire avant l'encolure, de manière que cette dernière soutienne +la tête et la suive, sans la devancer jamais. + +En principe, il n'y a pas d'encolure résistante avec une mâchoire +moelleusement mobile. + +C'est presque toujours l'opposé quand la flexion de l'encolure +précède celle de la mâchoire. Les dents restent serrées ou ne se +détachent qu'imparfaitement. + +La résistance est toujours en raison directe du _mutisme_ du +cheval[8]. + + [8] Ce mot, qui, sous le point de vue technique, ne manque pas de + cachet, appartient à un écuyer qui a parfaitement profité de + quelques leçons que je lui ai données. M. Cinizelli, après avoir + reçu les félicitations du roi de Sardaigne, fut, un jour, invité + à visiter le manége royal. Il formula ainsi son opinion sur les + travaux exécutés devant lui: «C'est très-bien, mais vos chevaux + sont _muets_.» Ce mot, dans la bouche de l'écuyer, faisait tout + simplement allusion à l'immobilité de la mâchoire des chevaux. + +Dans les flexions directes ou latérales, le cheval présente encore +une résistance qu'il est difficile de détruire, si l'on n'en +connaît la cause. C'est en faisant des _forces_ que l'animal +renouvelle ces luttes, que le cavalier n'annule qu'imparfaitement +et après de longs efforts. J'entends par faire des _forces_, +l'action du cheval qui contracte sa mâchoire inférieure d'un côté +ou de l'autre. Exemple: si l'on porte la tête du cheval à droite, +la mâchoire inférieure se portera plus à droite que la mâchoire +supérieure. Il faudra donc la ramener à gauche pour obtenir sa +vraie mobilité et une légèreté complète. + +Ces exercices et les suivants sont faciles à exécuter si le +cavalier met scrupuleusement en pratique les moyens que j'indique +et s'il suit en tout point la gradation qui en assure le succès. + + +Flexion directe ou ramener. + +On alternera les flexions latérales avec la flexion directe ou mise +en main. Outre les moyens indiqués pour les flexions de mâchoire, +la flexion directe s'obtiendra encore avec la rêne droite du bridon +appuyée sur l'encolure et tenue dans la main droite. Avec la main +gauche, on prendra la rêne du même côté à trois centimètres de la +bouche. Les deux rênes seront tendues graduellement, et leur action +amènera le cheval à céder complétement de la mâchoire et de +l'encolure. (Voy. _Planche 9._) + +[Illustration: Planche 9.] + +Si l'encolure fléchissait avant la mâchoire, il faudrait opposer +une force spontanée de la main, pour empêcher cette flexion +défectueuse et prématurée. + +Quelques jours de cet exercice assureront la légèreté de la +mâchoire et de l'encolure. + +Il est indispensable que le cavalier se rende compte de la +disposition du poids et des forces de sa monture; car leur mauvaise +répartition retarderait le progrès de l'éducation. + +Supposons donc que, le cheval étant en place, le poids soit trop +porté sur l'avant-main. Dans ce cas, les résistances seraient +énormes et presque insurmontables, si, au préalable, on ne forçait +le poids à se reporter sur l'arrière-main par une pression soutenue +du mors, ce qui se ferait sans chercher à obtenir aucune flexion. +Par ce mouvement, le poids se combine tellement avec les forces, +que l'on obtient aussitôt toute la légèreté désirable. Si, au +contraire, les forces étaient toutes dirigées sur l'arrière-main, +ce qui provoquerait un mouvement de recul, il faudrait attirer le +cheval en avant, après s'être assuré, toutefois, en forçant le +reculer, si, malgré le mouvement rétrograde, le poids n'est pas +trop porté sur le devant. + + +OBSERVATION. Les flexions à pied, incomplétement faites, +non-seulement sont sans effet satisfaisant, mais encore elles +portent le cheval plutôt aux résistances qu'aux concessions qui +sont les premiers éléments de son éducation. La prolongation des +flexions qui s'obtiennent facilement aurait son danger. L'encolure +s'amollirait au lieu d'être liante; elle s'isolerait du corps, avec +lequel, au contraire, elle doit s'identifier, pour établir entre +eux une espèce de solidarité qui fait réagir, sur toute la masse, +un léger déplacement de la tête et provoque promptement tous les +changements de position désirables. + +Lorsque le cheval se soumettra à tous ces exercices, sans +résistance, ce sera une preuve que l'assouplissement a fait un +grand pas et que l'éducation première est en voie de progrès. + + + + +VIII + +EFFETS DE MAINS (RÊNES). + + +Nous avons avancé comme règle invariable que, lorsqu'on soumet +le cheval, pour les premières fois, à l'action du frein, il +faut l'emboucher avec un mors de bride accompagné d'un filet. +Ajoutons qu'on devra recourir aux effets de ce dernier dans les +commencements de l'éducation du cheval, parce que sa puissance, +moins grande que celle de la bride, a une action plus directe pour +faire céder l'encolure à droite et à gauche. En effet, pour le +ramener, le filet ne représente qu'un levier de 3e genre, tandis +que le mors avec branches et gourmette est un levier de 2e genre. +Pour le ramener et les mouvements rétrogrades du corps, la +puissance du mors est supérieure à celle du filet; mais pour les +premiers déplacements de la tête du cheval et la répression de +résistance venant du côté droit ou du côté gauche, l'usage du filet +amènera des résultats plus prompts, parce que, composé de deux +pièces, il a un effet local qui agit sur un des côtés de la bouche +du cheval. Les mêmes effets, avec les rênes de bride séparées, ne +peuvent agir ni aussi directement ni aussi isolément sur l'une des +deux barres; car la seule pièce qui compose le mors agit +nécessairement sur toute la mâchoire et rend, par cela même, +l'intention du cavalier moins claire à l'intelligence du cheval. De +là hésitation et lenteur d'un côté, impatience et colère de +l'autre, et souvent luttes regrettables qui ne se terminent pas +toujours à l'avantage du cavalier. + +Je sais qu'à la rigueur un écuyer peut se passer du filet, comme il +peut aussi ne se servir que du filet pour dresser un cheval, mais +ce n'est qu'une exception qui justifie la règle. + +On se servira donc, en commençant, des rênes du filet, une dans +chaque main; les rênes de bride, réunies dans la main gauche à leur +position normale, seront légèrement flottantes. La rêne gauche du +filet sera contenue entre le pouce et l'index de la main gauche; la +rêne droite, contenue entre le pouce et les trois premiers doigts, +passera sur le petit doigt de la main droite. Ces dispositions +faciliteront l'emploi du filet pour les inclinaisons d'encolure. + +Si, dans les flexions, le cheval portait au vent, on passerait les +rênes du filet dans la main droite, pour que la main gauche, par +une tension égale des deux rênes de bride, exerçât une pression du +mors qui détruise la résistance et ramène la tête dans la position +verticale. Cette attitude rendra le cheval plus soumis aux effets +des rênes du filet. + +Cette première flexion s'exercera, d'abord en place, puis au pas. + +Ce travail, fait convenablement à pied, deviendra facile à cheval. + +Tout exercice obtenu primitivement avec les rênes de filet, sera +pratiqué ensuite avec les rênes de bride, pour amener la tête du +cheval à droite, à gauche, ou dans la position verticale, et +obtenir la mise en main. L'exécution des flexions latérales avec +les rênes de bride prouvera un progrès, puisqu'elle s'obtiendra à +l'aide de moyens moins directs. + +Il est inutile de faire observer qu'avant de passer d'une flexion +latérale à une autre, il faut saisir l'instant où la tête se trouve +dans le prolongement de la ligne des épaules et de la croupe, afin +de mettre le cheval en main, par une tension égale des deux rênes +de la bride. Cette observation s'applique également à toutes les +flexions exécutées aux différentes allures. + +Le travail d'arrière-main, ou commencement des pirouettes +renversées, se pratiquera par la tension plus grande de la rêne +opposée au côté où marchera la croupe. Si elle se porte à gauche, +la rêne droite se soutiendra avec plus d'énergie (_et vice versâ_), +afin de maîtriser les résistances que doivent faire naître des +mouvements nouveaux pour l'animal. Aussitôt que le cheval obéira à +la jambe, on cessera l'action isolée d'une des rênes de filet ou de +bride; car ce moyen n'étant que le correctif des résistances doit +être abandonné dès qu'il est sans but. Les rênes deviennent alors +inutiles comme force d'opposition et ne servent plus qu'à maintenir +l'attitude la plus convenable pour que le cheval demeure bien placé +et gracieux dans ses mouvements. + +Pour les pirouettes ordinaires, à droite, par exemple, on écartera +la rêne droite du filet, en modérant son action avec la gauche. La +rêne droite ébranlera l'avant-main, l'autre fixera la croupe afin +qu'elle serve de pivot. La main de la bride doit terminer tous les +mouvements, pour habituer le cheval à obéir à sa seule action. + +Observons en passant que l'emploi du filet n'est que préparatoire à +l'usage exclusif de la bride. Quand le cheval obéira à cet agent, +la main de la bride seule agira pour commencer ou pour finir les +mouvements. + +Au pas, sur la piste, on répétera les mêmes flexions latérales +d'encolure, en écartant faiblement les rênes du filet d'abord et +les rênes de la bride ensuite. + +Même exercice pour les changements de direction. + +Le cheval répondant aux moindres tensions des rênes de filet ou de +bride, on les remplacera par un nouvel effet de rênes, qui +disposera ses forces pour répartir le poids de la manière la plus +favorable au mouvement. + +Il servira encore, par une juste opposition de la main, à corriger +les écarts de la croupe, et à placer, point important, le cheval +parfaitement droit; c'est-à-dire, la croupe sur la ligne des +épaules. + +Ce nouvel effet de rênes transportera le poids d'une partie sur +l'autre sans détruire l'harmonie des forces. Résultat jusqu'alors +inconnu. + +Précédemment, en rétablissant l'équilibre du poids, on détruisait +souvent l'ensemble des forces; puis, en rétablissant l'équilibre +des forces, on ramenait le poids à sa mauvaise disposition +première. N'est-ce pas là un travail sans fin? + +Expliquons le moyen qui, malgré sa simplicité, va remédier à ces +tâtonnements infructueux. + +Les premiers assouplissements ont mis l'animal à même de répondre à +ce nouveau procédé. + +Le cheval étant au pas, on séparera les rênes de la bride, une dans +chaque main. Si l'on débute par la rêne droite, la main droite se +portera à gauche et appuiera la rêne contre l'encolure. Celle-ci se +contournera, la tête s'inclinera, et les épaules du cheval se +porteront légèrement à gauche. La pression opportune des jambes +déterminera au besoin la croupe dans le sens du mouvement (les +mêmes résultats s'obtiendront avec la rêne gauche). La position +propre à ce changement de direction s'obtient, en partie, par des +effets de rênes savamment pratiqués. Les mêmes résultats +s'obtiendront également à toutes les allures, y compris le travail +sur les hanches. + +Puis il arrivera un moment où l'éducation du cheval, plus complète, +permettra de se dispenser même du secours des jambes. (Descente de +jambes.) Il est bien entendu que ces effets de rênes de bride +séparées, obtenus soit par écartement, tension ou pression sur +l'encolure, ont pour but d'amener le cheval à obéir à l'action +seule de la main de la bride. + +Après ces exercices, la main gauche seule suffira à faire exécuter +les changements de direction. A cet effet, avant de se porter du +côté déterminant, la main, en se contractant, fera sentir toute sa +force d'opposition, sans se rapprocher du corps. Cet effet +concentré de la puissance de la main demande qu'au préalable +l'égale tension des rênes permette de sentir facilement la bouche +du cheval; il devra compléter la légèreté du cheval avant que +celui-ci se conforme à la nouvelle inclinaison. Ce temps bien +compris, l'animal tournera à la simple indication de la main, si, +comme je l'ai déjà recommandé, on saisit le moment où la tête +passe par la ligne prolongée de la croupe et des épaules, pour +opérer la mise en main avant de changer l'inclinaison d'un côté ou +d'un autre. + + + + +IX + +EFFETS DE JAMBES. + + +Si je demandais au premier cavalier venu les moyens pour changer de +direction, il me répondrait assurément: «Si vous voulez tourner à +droite, portez la main à droite et faites sentir la jambe du même +côté.» + +C'est, en effet, le principe que tous les traités d'équitation, +jusqu'au mien, ont donné comme le seul efficace pour ce mouvement. +Mais tant d'erreurs se sont érigées en principes, que j'ai voulu +m'assurer de l'exactitude de ce dernier. + +J'ai donc, pour tourner à droite, par exemple, porté la main à +droite et fait sentir la jambe du même côté. + +Quelque légèreté qu'eût mon cheval sur la ligne droite et bien que +j'eusse fait sentir la jambe indiquée, j'éprouvais souvent une +résistance dont, longtemps, j'ai cherché la cause et les moyens de +la détruire. + +L'expérience m'a démontré que souvent, par suite de l'action de la +jambe droite, la croupe se portant à gauche, empêche, par sa +mobilité, le poids de se fixer sur le point d'appui nécessaire au +pivot de conversion et jette ainsi de l'irrégularité et de +l'incertitude dans le mouvement. + +La répression de cette résistance exige naturellement, me suis-je +dit, l'emploi de la jambe gauche. J'adoptai donc ce moyen comme +correctif. Il me donna d'abord des résultats surprenants, mais la +persistance de son emploi devint la source d'une autre résistance. + +La croupe, portée trop à droite par la pression de la jambe gauche, +s'arc-boutait, pour ainsi dire, contre l'épaule droite, et +paralysait ses mouvements. + +Après de minutieuses observations, je conclus donc que l'emploi +exclusif de l'une ou de l'autre jambe ne peut être prescrit comme +principe absolu dans les changements de direction, puisque, destiné +à prévenir, il provoque, au contraire, des résistances. + +En effet, quand je veux placer le cheval pour le changement de +direction, j'ignore de quel côté viendra la résistance, puisque la +croupe peut se dérober à droite ou à gauche; j'ignore même s'il y +aura résistance. Il n'est donc pas rationnel de déterminer, _à +priori_, l'emploi exclusif de l'une ou de l'autre jambe, et le +principe, reconnu faux, doit être abandonné. + +Revenons donc aux vrais principes de l'équitation: + +La main seule donne la position, les jambes donnent l'impulsion. + +Si, d'après les prescriptions formelles de ma méthode, vous avez +dirigé l'éducation de votre cheval de manière à lui donner une +juste répartition du poids et des forces, le changement de +direction lui deviendra aussi facile que la marche sur la ligne +droite. Le cheval étant bien placé obéira à la première invitation +de la main, la tête et l'encolure prendront la position propre au +mouvement, et le liant parfait de toute la machine amènera les +épaules et la croupe à prendre sans résistance la part qui leur +convient pour la régularité et la facilité du changement de +direction. D'où je conclus que l'emploi de l'une ou de l'autre +jambe prescrit comme principe est un non-sens, pour ce mouvement, +puisque sa régularité et sa facilité ne dépendent que de l'harmonie +apportée dans l'équilibre de l'animal. + +Je dis plus. L'aide des deux jambes deviendra tout à fait inutile, +quand le cheval sera arrivé au point d'éducation où doit le +conduire inévitablement ma méthode. + + +POINT IMPORTANT. Dès que le cheval commencera à prendre la +position indiquée par la main, celle-ci devra cesser son action et +laisser à l'animal sa liberté de mouvement, en ayant soin toutefois +de le suivre dans son déplacement. Si, au contraire, après un +commencement d'exécution, la main persistait dans son action, la +position de l'encolure deviendrait forcée et amènerait un +dérangement de croupe, d'où naîtrait une résistance qu'on ne +pourrait vaincre qu'à l'aide des jambes. + + + + +X + +EFFETS DE MAIN ET DE JAMBES. + + +Nous avons consacré un chapitre spécial aux fonctions particulières +de la main et des jambes; nous allons, maintenant, combiner +l'action de ces puissances de telle sorte qu'elles procurent au +cavalier les ressources qu'il doit retirer de leur judicieux +emploi. + +En principe, les jambes du cavalier donnent au cheval l'impulsion +nécessaire aux mouvements. Mais elle n'est primitivement qu'un +moyen de déplacement qui, pour obtenir un bon résultat, a besoin +d'un modérateur et d'un régulateur. + +Ce double rôle appartient à la main. + +Aussitôt qu'obéissant à la pression des jambes le cheval se +mobilise, la main, savante interprète de la volonté du cavalier, +dispose l'animal dans le sens propre au mouvement qui doit être +exécuté, et son action, méthodiquement réglée, fait comprendre au +serviteur les intentions du maître. + +Le cheval, bien placé par la main, exécutera facilement le +mouvement indiqué. Je dis plus: il l'exécutera nécessairement, car +la disposition des diverses parties de son corps ne lui en +permettrait pas d'autre. + +L'écuyer doit donc avoir pour but de dominer les forces du cheval; +il faut qu'il en dispose absolument. La combinaison intelligente de +l'action de la main et des jambes produira ce résultat. + + +PRINCIPE ESSENTIEL. En général l'action des jambes doit précéder +celle de la main pour déterminer toutes les allures, ainsi que pour +obtenir les effets d'ensemble, le rassembler, les temps d'arrêt et +le reculer, etc., etc. + +En effet, si l'on porte le cheval en avant, il faut d'abord que les +jambes déterminent son action et que, sur l'impulsion donnée, la +main prenne autant de forces qu'il lui en faut pour diriger la +masse dans le sens propre au mouvement. Si, au contraire, l'action +de la main précédait celle des jambes, le cheval, manquant de +l'impulsion nécessaire, ne pourrait être placé convenablement, et +le mouvement deviendrait incertain, d'une exécution difficile et +souvent impossible. + +Pour les effets d'ensemble, les jambes agiront les premières, afin +d'éviter les effets rétrogrades du cheval, qui, par ce moyen, se +soustrairait à la bonne position de sa tête et à l'immobilité de +ses quatre jambes, s'il est en place. + +C'est encore en débutant par l'action des jambes qu'on fera jouer +tous les ressorts du mécanisme de l'animal, et leur puissance, +sagement dirigée par la main, s'harmonisera de telle sorte que le +cheval sera toujours placé droit. L'action des jambes du cavalier +produira le rassembler en rapprochant les membres postérieurs du +cheval. + +Pour le vrai reculer, les jambes de derrière du cheval doivent +d'abord quitter le sol. C'est encore une pression préalable des +jambes du cavalier qui déterminera ce mouvement. Le cheval est +porté en avant par les jambes; mais aussitôt l'impulsion donnée, la +main se rapproche du corps, et son effet, justement combiné, force +la jambe, déjà levée, à se porter en arrière. Après quelques +répétitions de cet exercice, le cheval reculera franchement et +régulièrement. + +L'impulsion imprimée par les jambes est encore nécessaire dans +le reculer, en ce sens qu'elle s'oppose à la trop brusque +concentration des forces sur l'arrière-main, ce qui donnerait un +reculer précipité et irrégulier. + +Pour l'exécution des pirouettes renversées ou ordinaires, les +jambes devront donner l'impulsion qui, comme toujours, permettra à +la main de placer le cheval. C'est alors que les rênes de la bride +par tension, écartement, ou pression sur l'encolure, deviendront +efficaces pour combattre les résistances indiquées par les refus du +cheval, qui arrivera graduellement à obéir à la seule pression de +la jambe. + +Au moyen de ces exercices et de la combinaison sage des effets de +jambes et de main, le cheval aura bientôt acquis une juste +répartition du poids et des forces. + +J'indique le but; plus heureux que mes devanciers dans l'étude de +l'équitation, je donne les moyens infaillibles de l'atteindre. + +Est-ce à dire, cependant, que je veuille promettre à tous les +adeptes de ma méthode les résultats que beaucoup de mes élèves ont +obtenus? Non; voici pourquoi. Quelle que soit la clarté d'une +théorie et l'exactitude de ses principes, le professeur ne peut +donner à tous cette étincelle de feu sacré qui dénote l'aptitude, +la vocation et mène au succès. + +Si les idées théoriques expliquées et motivées ne rencontrent pas +comme un écho dans l'esprit de l'élève, si son intelligence n'est +pas frappée comme d'un choc électrique, par la vérité du principe, +c'est que l'inspiration manque. Les efforts du professeur lutteront +péniblement contre l'inaptitude. + +En comparant les forces de l'homme et celles du cheval, on est +étonné que notre faiblesse proportionnelle ait entrepris de +dominer une puissance aussi supérieure; et, cependant, avec la +seule pression de nos jambes et de nos mains, nous lui imposons +notre volonté. + +Soumis à nos lois, notre superbe antagoniste se précipite comme une +avalanche; ses forces, multipliées par l'impulsion, impriment à son +corps une rapidité vertigineuse; son élan semble indomptable. Un +geste du cavalier, et la masse impétueuse devient statue, le cheval +est immobile. + +J'ai donné les moyens d'obtenir ces immenses résultats. Ma méthode +met tellement le cheval dans la dépendance du cavalier, que, par la +combinaison des effets de jambes et de main, nos moindres +mouvements suffisent pour diriger, à notre gré, les ressorts de ce +puissant animal; mais je ne puis dire précisément et clairement à +l'élève le degré de force impulsive ou répressive qu'il doit +employer. C'est l'appréciation exacte de l'emploi des forces +combinées qui s'appelle l'intelligence équestre. Cette qualité est +innée chez le véritable écuyer, elle lui est indispensable. + +Une longue pratique, en donnant l'expérience, peut, il est vrai, +combattre heureusement l'inaptitude. Mais si, dans ce cas, les +progrès sont lents, devra-t-on s'en prendre à l'impuissance des +principes? + + +[Illustration: Planche 10 et 11.] + + + + +XI + +ASSOUPLISSEMENT A CHEVAL, AVANT MAIN ET ARRIÈRE-MAIN. + + +FLEXION DIRECTE DE LA TÊTE ET DE L'ENCOLURE, OU RAMENER. + +1º Le cavalier se servira d'abord des rênes du filet, qu'il réunira +dans la main gauche et tiendra comme celles de la bride. Il +appuiera la main droite _de champ_ sur les rênes en avant de la +main gauche, afin de donner à la première une plus grande +puissance, en augmentant la pression du mors de filet. Dès que le +cheval cédera, il suffira de soulever la main droite pour diminuer +la tension des rênes et récompenser l'animal. Lorsque le cheval +obéira à l'action du filet, il cédera bien plus promptement à celle +de la bride, dont l'effet est plus puissant; c'est dire assez que +la bride devra par conséquent être employée avec plus de ménagement +que le filet. (_Planche 10_.) + +2º Le cheval aura complétement cédé à l'action de la main, lorsque +sa mâchoire sera mobile. Le cavalier doit avoir soin de ne pas se +laisser tromper par les feintes du cheval, feintes qui consistent +dans un quart ou un tiers de cession, suivie de bégaiements. On +doit tout d'abord habituer le cheval à supporter les jambes pour +arrêter tous les mouvements rétrogrades de son corps, mouvements +qui le mettraient à même d'éviter les effets de la main, ou +feraient naître des points d'appui ou des arcs-boutants propres à +augmenter les moyens de résistance. (_Planche 11._) + +Cette flexion est fort importante. Dès qu'elle s'exécute avec +aisance et promptitude, il suffit d'un léger appui de la main pour +ramener et maintenir la tête dans la bonne position. La direction +de cette partie de l'animal deviendra dès lors aussi facile que +naturelle, puisque nous l'aurons mise à même de comprendre toutes +les indications de la main, et d'y obéir sur-le-champ sans efforts. +Quant aux fonctions des jambes, elles consistent à empêcher un +mouvement rétrograde du corps. + + +FLEXIONS LATÉRALES DE L'ENCOLURE. + +1º Pour exécuter la flexion à droite, le cavalier prendra une rêne +de filet dans chaque main, la gauche sentant à peine l'appui du +mors; la droite, au contraire, communiquant une impression modérée +d'abord, mais qui augmentera en proportion de la résistance du +cheval, et de manière à la dominer toujours. + +L'animal, déjà préparé par le travail précédent, comprend la +volonté du cavalier, et incline la tête du côté où se fait sentir +la pression du filet. (_Planche 12._) + +[Illustration: Planche 12 et 13.] + +2º Dès que la tête du cheval aura été ramenée à droite, la rêne +gauche formera opposition, pour empêcher le nez de dépasser la +verticale. On doit attacher une grande importance à ce que la tête +reste toujours dans cette position: la flexion sans cela serait +imparfaite et la souplesse incomplète. Le mouvement régulièrement +accompli, on fera reprendre au cheval sa position naturelle par une +légère tension de la rêne gauche. (_Planche 13._) + +La flexion à gauche s'exécutera de même, le cavalier employant les +rênes du filet et celles de la bride. + + +J'ai dit qu'il faut s'attacher à assouplir l'extrémité supérieure +de l'encolure. Une fois à cheval, et lorsque les flexions latérales +s'obtiendront sans résistance, le cavalier se contentera souvent de +les exécuter à demi, la tête et la première partie de l'encolure +pivotant alors sur la partie inférieure, qui servira de base. Cet +exercice se renouvellera fréquemment, même lorsque l'éducation du +cheval sera terminée, pour entretenir le liant et faciliter la mise +en main. + +Les flexions latérales trop prolongées amèneraient de l'abandon +dans la tête et l'encolure et les isoleraient du corps. Il faut +donc en user sagement dès que le cheval les exécute avec facilité. + +Il nous reste maintenant, pour compléter l'assouplissement de la +tête et de l'encolure, à combattre les contractions qui +occasionnent les résistances directes et s'opposent au ramener. + + + + +XII + +MOBILISATION DE LA CROUPE. + + +Le cavalier, pour diriger le cheval, agit directement sur deux de +ses parties: l'avant-main et l'arrière-main. Il emploie à cet effet +deux agents: les jambes, qui donnent l'impulsion par la croupe; +les mains, qui dirigent et modifient cette impulsion par la tête +et l'encolure. Un parfait rapport de forces doit donc toujours +exister entre ces deux puissances; mais la même harmonie n'est pas +moins nécessaire entre les parties de l'animal qu'elles sont +particulièrement destinées à impressionner. En vain se sera-t-on +efforcé de rendre la tête et l'encolure flexibles, légères, +obéissantes au contact du mors, les résultats seront incomplets, +l'ensemble et l'équilibre imparfaits, tant que la croupe restera +lourde, contractée, rebelle à l'agent direct qui doit la gouverner. + +Je viens d'expliquer par quelle sorte de procédés simples +et faciles on donnera à l'avant-main les qualités indispensables +pour obtenir une bonne position; il me reste à dire comment on +assouplira de même l'arrière-main pour compléter l'assouplissement +du cheval, et ramener l'ensemble et l'harmonie dans le développement +de tous ses ressorts. Les résistances de l'encolure et celles de la +croupe se soutenant mutuellement, notre travail deviendra plus facile, +puisque nous avons déjà annulé les premières. + +1º Le cavalier tiendra les rênes de la bride dans la main gauche, +et celles du filet croisées l'une sur l'autre dans la main-droite, +les ongles en dessous; il ramènera d'abord la tête du cheval dans +sa bonne position par un léger appui du mors; puis, s'il veut +exécuter le mouvement à droite, il portera la jambe gauche en +arrière des sangles et la fixera près du flanc de l'animal jusqu'à +ce que la croupe cède à sa pression. Le cavalier fera sentir la +rêne du filet du même côté que la jambe, en proportionnant son +effet à la résistance qui lui sera opposée. De ces deux forces +imprimées ainsi par la rêne gauche et la jambe du même côté, la +première est destinée à combattre les résistances, et la seconde à +déterminer le mouvement. On se contentera dans le principe de faire +exécuter à la croupe un ou deux pas de côté seulement. (_Planche +14._) + +[Illustration: Planche 14 et 15.] + +2º La croupe ayant acquis plus de facilité de mobilisation, on +pourra continuer le mouvement de manière à compléter à droite et +à gauche des pirouettes renversées. Aussitôt que les hanches +céderont à la pression de la jambe, le cavalier fera sentir +immédiatement la rêne opposée à cette jambe. Son effet, léger +d'abord, sera augmenté progressivement jusqu'à ce que la tête soit +inclinée du côté vers lequel marche la croupe, et comme pour la +voir venir. (_Planche 15._) + +Pour faire bien comprendre ce procédé, j'ajouterai quelques +explications d'autant plus importantes qu'elles sont applicables à +tous les exercices de l'équitation. + +Le cheval, dans tous ses mouvements, ne peut conserver sa légèreté +sans une combinaison des forces opposées, habilement ménagée par le +cavalier. Dans la pirouette renversée par exemple, si, lorsque le +cheval a cédé à la pression de la jambe, on continue à opposer la +rêne du même côté que cette jambe, il est évident qu'on dépassera +le but, puisqu'on fera usage d'une force devenue inutile. Il faut +donc établir deux moteurs dont l'effet se balance sans se +contrarier; c'est ce que produira dans la pirouette la tension de +la rêne opposée à la jambe. Ainsi on débutera par la rêne et la +jambe du même côté, jusqu'à ce que le cheval réponde à la seule +pression de la jambe, puis avec la bride tenue dans la main gauche; +enfin, avec la rêne du filet ou de la bride opposée à la jambe. Les +forces se trouvant alors maintenues dans une position diagonale, +l'équilibre sera naturel et l'exécution du mouvement facile. La +tête du cheval, inclinée vers le côté où se dirige la croupe, +ajoute beaucoup au gracieux du travail, et donne au cavalier plus +de facilité pour régler l'activité des hanches et maintenir les +épaules en place. L'expérience seule pourra, du reste, lui indiquer +l'usage qu'il doit faire de la jambe et de la rêne, de manière que +leurs effets se soutiennent sans jamais se contrarier. + +Je n'ai pas besoin de rappeler que pendant toute la durée du +travail, comme toujours, du reste, la mâchoire doit être mobile. +Si, en combattant la contraction de la croupe, nous permettions au +cheval d'en rejeter la roideur sur l'avant-main, nos efforts +seraient vains et le fruit de nos premiers travaux perdu. Nous +faciliterons, au contraire, l'assouplissement de l'arrière-main en +conservant les avantages que nous avons acquis sur l'avant-main, et +en forçant les contractions que nous avons encore à combattre à +rester isolées. + +La jambe du cavalier opposée à celle qui détermine la rotation de +la croupe ne doit pas demeurer éloignée durant le mouvement, mais +rester près du cheval et le contenir en place, en donnant d'arrière +en avant une impulsion, que l'autre jambe communique de droite +à gauche ou de gauche à droite. Il y aura ainsi une force qui +maintiendra le cheval en position, et une autre qui déterminera +la rotation. Pour que les deux jambes ne contrarient pas +réciproquement les effets de leur pression simultanée, et pour +arriver de suite à s'en servir avec ensemble, on placera la jambe +chargée de déplacer la croupe plus en arrière des sangles que +l'autre, qui restera soutenue avec une force égale à celle de la +jambe déterminante. Alors l'action des jambes sera distincte; l'une +portera de droite à gauche et l'autre d'arrière en avant. C'est à +l'aide de cette dernière que la main place et fixe les jambes de +devant. + +Afin d'accélérer les résultats, on pourra, dans le commencement, +s'adjoindre un second cavalier qui se placera à la hauteur de la +tête du cheval, tenant les rênes de la bride dans la main droite et +du côté opposé à celui où se portera la croupe. Celui-ci saisira +les rênes à seize centimètres des branches du mors, afin d'être à +même de combattre les résistances instinctives de l'animal. Le +cavalier qui est en selle se contentera alors de soutenir +légèrement les rênes du filet, en agissant avec les jambes comme je +viens de l'indiquer. Le second cavalier n'est utile que lorsqu'on a +affaire à un cheval d'un naturel irritant, ou pour seconder +l'inexpérience du cavalier; mais il faut autant que possible se +passer d'aide, afin que le praticien juge par lui-même des progrès +de son cheval, tout en cherchant les moyens de régulariser l'emploi +de ses aides. + +Bien que ce travail soit élémentaire, il conduira néanmoins le +cheval à exécuter promptement au pas tous les airs de manége de +deux pistes. Après huit jours d'un exercice modéré, on accomplira +ainsi, sans efforts, un travail que l'ancienne école n'osait +essayer qu'après plus d'une année d'étude et de tâtonnements. + +Lorsque le cavalier aura habitué la croupe du cheval à céder +promptement à la pression des jambes, il sera maître de la +mobiliser ou de l'immobiliser à volonté, et pourra, par conséquent, +exécuter les pirouettes ordinaires. Il prendra à cet effet une rêne +du filet dans chaque main; l'une servira à déterminer l'encolure et +les épaules du côté où l'on voudra opérer la conversion, l'autre à +seconder la jambe opposée, si elle était insuffisante pour contenir +la croupe en place. Dans le principe, cette jambe devra être placée +le plus en arrière possible, et n'exercer son contact qu'autant que +les hanches se porteraient sur elle. Dès que la croupe est +immobile, la jambe opposée devient inutile. Une progression bien +ménagée amènera de prompts résultats; on se contentera donc, en +débutant, de quelques pas bien exécutés pour l'arrêter par un effet +d'ensemble, puis rendre immédiatement au cheval sa liberté +d'action, ce qui suppose cinq ou six temps d'arrêt durant la +rotation complète des épaules autour de la croupe. Si ce travail +est exécuté avec lenteur et ménagements, si la légèreté accompagne +tous les mouvements, je garantis des résultats surprenants. Mes +élèves livrés à eux-mêmes, ou les personnes qui pratiquent à l'aide +du livre seulement, éprouvent souvent des échecs ou des retards +dans l'éducation de leurs chevaux: cela provient de ce que l'on +passe souvent trop vite d'un exercice à un autre. Aller lentement +pour arriver vite, voilà le grand précepte, et, s'il est mis en +pratique avec intelligence, il donnera des résultats infaillibles. + +Je vais expliquer comment on établira le parfait accord du +mécanisme au moyen des effets d'ensemble. + + + + +XIII + +EFFETS D'ENSEMBLE. + + +En sollicitant dans de justes limites les forces de l'arrière-main +et de l'avant-main, on établit leur opposition exacte ou l'harmonie +des forces. On reconnaîtra la justesse de cette opposition des +aides toutes les fois que la légèreté sera obtenue sans +déplacement, si l'on travaille de pied ferme, sans augmentation et +surtout sans diminution d'allure, si l'on est en marche. + +Il est essentiel, dans ce travail, d'accorder l'action des jambes +et de la main, pour conserver le cheval léger. L'effet d'ensemble +doit toujours préparer chaque exercice. En effet, il doit d'abord +précéder tout mouvement, puisque, servant à disposer toutes les +parties du cheval dans l'ordre le plus exact, il s'ensuit que la +force d'impulsion propre au mouvement sera, alors, d'autant plus +facilement et sûrement transmise. + +Non-seulement les effets d'ensemble sont indispensables pour que +ces divers mouvements soient toujours faciles et réguliers, mais +encore ils servent à réprimer toute mobilité des extrémités +provenant ou non de la volonté du cheval et dans quelques +mouvements que ce soit, puisqu'ils facilitent la juste répartition +du poids et des forces. + +La mise en pratique des effets d'ensemble apprend au cavalier +l'accord des aides, et le conduit à parler promptement à +l'intelligence du cheval, en faisant apprécier à ce dernier, par +des positions exactes, ce que nous voulons exiger de lui. Les +caresses de la main et de la voix viendront ensuite comme effet +moral. Ayons soin, toutefois, de n'y avoir recours qu'après que les +justes exigences des aides auront obtenu les résultats cherchés. + +D'après ce que je viens de dire, on comprend que tant que +l'assouplissement général du cheval n'est point parfait, les effets +d'ensemble ne peuvent être qu'ébauchés. Mais toujours est-il que, +dès le début, le cavalier doit commencer à les mettre en pratique, +puisque son premier soin doit être de chercher à établir l'accord +entre la force qui pousse en avant et celle qui porte en arrière, +soit que le travail se fasse de pied ferme ou en marche. + +Souvenons-nous que l'abus des meilleurs moyens d'exécution est à +craindre. + +Ne multiplions donc pas outre mesure les effets d'ensemble, sous +peine d'amener l'incertitude dans les mouvements du cheval; et, du +reste, établissons en principe que toutes les dépenses de forces, +toutes les translations de poids inutiles sont nuisibles aussi bien +à l'éducation qu'à l'organisation de l'animal. + + + + +XIV + +DE L'EMPLOI DE L'ÉPERON. + + +L'éperon est une aide supérieure à celle des jambes, je l'ai +démontré depuis longtemps. + +Tous les chevaux doivent arriver à supporter l'éperon. + +Le cheval naturellement bien équilibré supporte le contact des +jambes et de l'éperon bien plus facilement que celui dont la +conformation est défectueuse. + +La raison en est simple. Chez le premier, le poids est bien +réparti, les forces harmonisées se prêtent un mutuel concours, et +le contact des jambes et de l'éperon n'a pour effet que de donner +une plus grande intensité à l'action du cheval. Chez le second, au +contraire, le poids est mal distribué, les forces divergentes se +heurtent, et l'effet des jambes ou de l'éperon est d'augmenter les +résistances naturelles du cheval. + +Le talent du cavalier consistera à ramener ce cheval à la +condition du premier, en détruisant ses résistances par une +meilleure répartition du poids et des forces. Alors le cheval +supportera, sans la moindre hésitation, le contact des jambes et de +l'éperon. + +Voici la gradation que je recommande: quand le cheval supportera la +pression graduée des jambes du cavalier, celui-ci lui fera sentir +l'appui gradué de ses talons dépourvus d'éperons, en place par des +effets d'ensemble, et au pas, pour obtenir et entretenir la +régularité de l'allure. Lorsque le cheval supportera tranquillement +l'appui des talons nus, alors, mais alors seulement, on adaptera +l'éperon à la botte, en ayant soin de recouvrir les molettes d'une +enveloppe de peau. Le cavalier agira avec ces molettes matelassées +comme il a agi avec les talons nus, par appui gradué, et ce n'est +que lorsque le cheval supportera avec le plus grand calme l'appui +énergique des molettes recouvertes, que le cavalier commencera à se +servir des molettes rondes découvertes, par les mêmes pressions +progressives. + +Cette sage progression préparera tous les chevaux, sans exception, +à supporter l'appui de l'éperon, qui, bientôt, deviendra inutile, +car le cheval répondra aux moindres pressions des jambes du +cavalier. + +L'abus de l'éperon aurait les plus grands inconvénients, et comme +on l'a déjà dit, «l'éperon est un rasoir dans les mains d'un +singe.» + +Plus que jamais l'action de la main doit être intelligente et +d'accord avec l'emploi de l'éperon. + +Les amateurs s'apercevront que, dans cette nouvelle édition, je me +suis efforcé de rendre plus facile l'application de mes principes +en les réduisant à leur plus simple expression. + + + + +XV + +EMPLOI PAR LE CAVALIER DES FORCES DU CHEVAL POUR LES DIFFÉRENTES +ALLURES. + + +Lorsque le travail qui précède aura disposé les forces du cheval au +point de nous les soumettre, l'animal sera entre nos mains un +instrument docile attendant, pour fonctionner, l'impulsion qu'il +nous plaira de lui communiquer. Ce sera donc à nous, dispensateurs +souverains de tous ses ressorts, à combiner leur emploi dans les +justes proportions des mouvements que nous voudrons exécuter. + +Le jeune cheval, roide d'abord et maladroit dans l'usage de ses +membres, aura besoin, pour les développer, de certains ménagements. +Ici, comme toujours, nous suivrons cette progression rationnelle +qui veut que l'on commence par le simple avant de passer au +composé. Nous avons, par le travail qui précède, assuré nos moyens +d'action sur le cheval; il faut nous occuper maintenant de +faciliter ses moyens d'exécution, en exerçant l'ensemble de ses +ressorts. Si l'animal répond aux aides du cavalier par la mâchoire, +l'encolure et les hanches; s'il cède par la disposition générale de +son corps aux impulsions qui lui sont communiquées; si le jeu de +ses extrémités est facile et régulier, le mécanisme de tout +l'ensemble aura une harmonie parfaite aux différentes allures. Ce +sont ces qualités indispensables qui constituent une bonne +éducation. + + + + +XVI + +DU PAS. + + +L'allure du pas est la mère de toutes les allures; c'est par elle +qu'on obtiendra la cadence, la régularité, l'extension des autres; +mais le cavalier, pour arriver à ces brillants résultats, devra +déployer autant de savoir que de tact. Les exercices précédents ont +conduit le cheval à supporter des effets d'ensemble qui eussent été +impossibles avant d'avoir détruit ses résistances instinctives; +nous n'avons plus à agir aujourd'hui que sur les résistances +inertes qui tiennent au poids de l'animal et sur les forces qui ne +se meuvent qu'à l'aide d'une impulsion communiquée. + +Avant de porter le cheval en avant, on devra s'assurer d'abord s'il +est léger, c'est-à-dire droit d'épaules et de hanches. On +approchera ensuite graduellement les jambes pour donner au cheval +l'impulsion nécessaire au mouvement. Le cavalier se souviendra +toujours que la main doit être pour le cheval une barrière +infranchissable chaque fois que celui-ci voudra sortir de la +position de ramener. L'animal ne l'essayera jamais sans ressentir +une impression désagréable[9]. L'application bien entendue de ma +méthode amène ainsi le cavalier à conduire constamment son cheval +avec les rênes demi-tendues, excepté lorsqu'il veut rectifier un +faux mouvement ou en déterminer un nouveau. + + [9] J'ai habité Berlin pendant quelques mois; j'ai vu mettre en + pratique l'équitation allemande dans toute son étendue. Je n'ai + pas la prétention de m'ériger en critique; je dirai seulement que + les principes professés en Prusse sont diamétralement opposés aux + miens: ainsi, plusieurs officiers, qui jouissent dans leur pays + d'une certaine réputation de cavaliers, me disaient: Nous voulons + que nos chevaux soient en avant de la main; et moi, leur + répondais-je, je veux qu'ils soient derrière la main et en avant + des jambes; c'est à cette condition seulement que l'animal sera + sous l'entière domination du cavalier; ses mouvements deviendront + gracieux et réguliers; il passera facilement d'une allure + accélérée à une allure lente, tout en conservant son équilibre; + car, leur disais-je, tout cheval qui est en avant de la main est + derrière les jambes, alors il vous échappe par tous les bouts, ce + qui entraîne l'absence complète de grâce et de régularité dans + les mouvements; de plus, si sa conformation est vicieuse, comment + y remédierez-vous? En procédant à votre manière vous n'obtiendrez + jamais l'équilibre ou la légèreté. Toutes les théories mises en + pratique jusqu'à moi consistent à donner, avec plus ou moins de + peines, une direction aux forces instinctives du cheval, mais non + à les harmoniser avec le poids. Ces résultats ne peuvent être + obtenus sans l'application de mes principes; c'est fâcheux pour + les opposants, mais toute l'équitation est là. + +Le pas, ai-je dit, doit précéder les autres allures, parce que son +action est moins considérable que pour le trot ou le galop, et +plus facile par conséquent à régler. + +Pour que la cadence et la vitesse du pas se maintiennent égales et +régulières, il est indispensable que les puissances impulsives et +modératrices du cavalier soient elles-mêmes parfaitement +harmonisées. Je suppose, par exemple, que le cavalier, pour porter +son cheval en avant au pas et le maintenir léger à cette allure, +doive employer une force égale à quatre kilogrammes, dont trois +pour l'impulsion et un pour le ramener. Si les jambes dépassent +leur effet sans que les mains augmentent le leur dans les mêmes +proportions, il est évident que le surcroît de force communiquée +pourra se rejeter sur l'encolure, la contracter, et dès lors plus +de légèreté. Si, au contraire, c'est la main qui agit avec trop de +puissance, elle prendra sur l'impulsion nécessaire à la marche; +celle-ci, par cela même, se trouvera contrariée, ralentie en même +temps que la position du cheval perdra de son gracieux et de son +énergie. En effet, que doit comprendre le cheval dans ces deux cas, +sinon que dans le premier il doit accélérer, et dans le second +ralentir son allure? Le cavalier voit donc que c'est toujours lui +qui est responsable quand son cheval comprend mal. + +Cette courte explication suffit à démontrer combien il est +important de conserver toujours un accord parfait entre les jambes +et les mains. Il est bien entendu que leur effet devra varier +suivant que la construction du cheval obligera de le soutenir plus +ou moins à l'avant ou à l'arrière-main; mais la règle restera la +même avec des proportions différentes. + +Tant que le cheval ne se maintiendra pas souple et léger dans sa +marche, on continuera à l'exercer sur la ligne droite, et on +terminera chaque leçon par quelques pas de reculer. + + + + +XVII + +DU RECULER. + + +La mobilité rétrograde, autrement dit le reculer, est un exercice +dont on n'a pas assez apprécié l'importance, et qui cependant doit +avoir une très-grande influence sur l'éducation du cheval. Le +reculer diffère essentiellement de cette mauvaise impulsion +rétrograde qui porte le cheval en arrière avec la croupe +contractée, l'encolure tendue et la mâchoire serrée: ceci est de +l'acculement. Le vrai reculer assouplit le cheval, et contribue +puissamment à la prompte et juste répartition du poids et des +forces. + +Le cavalier, avant de commencer le reculer, devra d'abord s'assurer +si les hanches sont sur la ligne des épaules, et si le cheval est +léger à la main; puis il rapprochera lentement les jambes, pour que +l'action qu'elles communiquent à l'arrière-main fasse quitter le +sol à une des jambes postérieures, et que le corps ne cède qu'après +la tête et l'encolure. C'est alors que la pression immédiate du +mors, forçant le cheval à reprendre son équilibre en arrière, +produira le premier temps du reculer. Dès que le cheval obéira, le +cavalier rendra immédiatement la main pour récompenser l'animal et +ne pas forcer le jeu de sa partie postérieure. Si la croupe déviait +de la ligne droite, il la ramènerait à l'aide du filet du même +côté, employant au besoin la jambe. + +Il suffira d'exercer pendant huit jours (à cinq minutes par leçon) +le cheval au reculer, pour l'amener à l'exécuter avec facilité. On +se contentera, les premières fois, d'un pas en arrière, puis de +deux, puis de trois, progressivement, suivis d'un effet d'ensemble, +jusqu'à ce qu'il n'éprouve pas plus de difficultés pour cette +marche rétrograde que pour la marche en avant. + +Le cavalier est souvent dans l'erreur sur les causes d'acculement +de sa monture. Quand il croit le cheval acculé par les forces et +par le poids, il ne l'est souvent que par les forces seulement, et, +dans ce cas, l'avant-main est surchargé plus qu'il ne devrait +l'être; s'il continuait à porter le cheval sur la main, il est +constant que la vraie légèreté serait impossible, puisque le poids +est la cause de la résistance. Il sera donc urgent de porter le +cheval en arrière plutôt qu'en avant. + +On pourra se convaincre de la vérité de ce fait, en forçant le +cheval à reculer, bien qu'en apparence il se prête à ce mouvement. +Quelques pas rétrogrades amèneront une résistance qui prouvera que +le poids est sur l'avant-main. Si, au contraire, le poids et les +forces étaient refoulés sur l'arrière-main, le cheval vous +entraînerait en arrière, et la cabrade en serait le résultat. Dans +ce cas, il faudrait porter le cheval en avant. + +Il est un fait incontestable, c'est que pour le maintien de +l'équilibre du cheval, le poids et les forces doivent être en +harmonie. La légèreté ne saurait donc être obtenue, tant qu'il y +aura lutte ou manque d'accord entre ces deux puissances. + + + + +XVIII + +TRAVAIL SUR LES HANCHES. + + +Peu de personnes comprennent les difficultés que présente ce +travail; elles l'estiment d'autant moins qu'elles ne connaissent ni +les services ni les résultats qu'on en peut obtenir. Comme on se +figure que ce n'est qu'un exercice de parade, chacun l'essaye à sa +manière sans chercher à l'utiliser, soit pour l'éducation du +cheval, soit pour l'agrément du cavalier: c'est cependant là le but +qu'il faudrait se proposer. + +Tout cheval marche, trotte et galope naturellement, mais l'art +perfectionne les allures et leur donne le liant et la légèreté +qu'elles sont susceptibles d'acquérir. + +Le travail de deux pistes n'étant pas naturel au cheval, présente, +par cela seul, des difficultés bien plus grandes; il serait même +impossible de l'obtenir régulièrement sans le secours de +l'éducation première, qui tend à placer le cheval et à l'amener à +supporter des commencements de rassembler. Mais aussi, quand on +l'exécute, il a pour résultat de faire ressortir ses formes, et de +lui donner cette légèreté, cette justesse de mouvements, qui le +font répondre aux plus imperceptibles actions du cavalier. + +Je pourrais, à la rigueur, me dispenser de dire ce qu'on appelle +airs de manége, si les auteurs qui ont écrit sur ce sujet avaient +fait connaître autre chose que la nomenclature des figures; mais +comme ils n'ont indiqué ni comment le cheval doit être placé, ni +comment il faut s'y prendre pour que l'exécution en soit régulière, +je m'efforcerai de réparer leur oubli: je dirai donc que l'écuyer +qui fera exécuter avec précision des lignes droites de deux pistes +obtiendra, sans de grands efforts, des lignes circulaires, si, +toutefois, il a exercé préalablement son cheval aux pirouettes +renversées ou ordinaires. + +Aussitôt que la mobilité de la mâchoire et la souplesse des reins +auront préparé le cheval à prendre facilement tous les changements +de direction, on pourra commencer le travail sur les hanches. + +Il ne faut faire exécuter au cheval qu'un pas de deux pistes, puis +deux, ensuite trois, etc. + +D'abord le cavalier se servira de la rêne de filet et de la jambe +du même côté, c'est-à-dire opposées à la direction dans laquelle +marche le cheval. Bien que la position qui en résulte soit +contraire à la belle attitude que l'animal doit conserver pendant +un travail régulier, on continuera néanmoins cet effet de la main +jusqu'à ce que le cheval ne résiste plus à la jambe. Bientôt après, +la rêne du filet ou de la bride du côté déterminant servira à +placer le cheval et à régulariser le mouvement. Puis, à +l'écartement de la rêne succédera sa pression sur l'encolure. Le +travail sera parfait dès que le cavalier saura combiner l'action +des jambes avec ce nouvel effet de rênes. Il devra, pour commencer +le mouvement, s'attacher à soutenir préalablement la jambe du côté +où le cheval doit marcher, afin d'éviter que la croupe ne précède +les épaules. Par exemple: pour marcher à droite? jambe droite +d'abord, main portée à droite, et jambe gauche. Il est inutile que +je recommande la plus grande rapidité dans cet emploi successif des +aides. + +Les pas de côté ne laissant plus rien à désirer, on les pratiquera +au trot, puis au galop, après avoir exercé le cheval à ces allures, +pour lesquelles on graduera ce travail comme pour le pas. + +Les descentes de main, les descentes de main et de jambes, en +complétant les pas de côté, les amèneront à leur parfaite +exécution. Il faut bien s'attacher à la régularité des premiers pas +de côté. Le cheval doit travailler avec la même facilité aux deux +mains. L'écuyer sentira le côté qui résiste davantage, et il saura +promptement vaincre cette résistance en l'exerçant plus +fréquemment. + +On conçoit que si le cheval se porte d'une jambe sur l'autre, avec +une vitesse égale à celle du contact qu'il reçoit, il pourra +exécuter tous les airs de manége. + +Pour que les pas de côté soient réguliers, il faut: 1º que le +cheval soit toujours dans la main; 2º que ses épaules et sa croupe +soient toujours sur la même ligne; 3º que le passage des jambes se +fasse de telle sorte que celles qui marchent les dernières passent +par-dessus celles qui entament le mouvement. C'est-à-dire que la +jambe de devant du côté où l'on détermine, quitte le sol la +première et soit suivie par la jambe opposée de derrière; il faut +aussi que la tête du cheval soit légèrement portée du côté où il +marche, afin qu'il puisse voir le terrain sur lequel il chemine. + +Cette dernière position, qui le rend plus gracieux, servira aussi +au cavalier pour modérer la marche des épaules de l'animal, ou leur +donner plus d'activité. + +C'est aussi avec cette attitude qu'il pourra régler et surtout +cadencer ses mouvements. + +Pour que le cheval demeure dans le juste équilibre qu'exige cet +exercice, le cavalier doit se servir de ses deux jambes pour +conserver l'harmonie et la régularité d'action dans l'avant et +l'arrière-main. Si c'est la jambe gauche qui pousse la masse à +droite, c'est la jambe droite qui sert à l'enlever et à la porter +en avant; elle modère l'action de la jambe gauche, maintient le +cheval dans la main, l'empêche de reculer, le porte en avant, +diminue ou augmente le passage d'une jambe sur l'autre et assure +ainsi la cadence gracieuse et régulière du mouvement. + + + + +XIX + +DU TROT. + + +Le cavalier engagera d'abord cette allure très-modérément, en +suivant exactement les mêmes principes que pour le pas. Il +maintiendra son cheval parfaitement léger, sans oublier que plus +l'allure est vive, plus l'animal a de dispositions à retomber dans +ses contractions naturelles. La main devra donc redoubler +d'habileté, afin de conserver toujours la même légèreté, sans nuire +cependant à l'impulsion nécessaire au mouvement. Les jambes +seconderont la main, et le cheval, renfermé entre ces deux +barrières qui ne feront obstacle qu'à ses mauvaises dispositions, +développera bientôt toutes ses belles facultés, et acquerra, avec +la cadence du mouvement, la grâce et la vitesse. + +Il est évident que le cheval bien équilibré doit trotter plus vite +que celui qui n'a pas cet avantage. + +La condition indispensable à un bon trotteur est l'équilibre exact +du corps, équilibre qui entretient le mouvement régulier des deux +bipèdes diagonaux, donne une élévation et une extension égales, +avec une légèreté telle, que l'animal peut exécuter facilement tous +les changements de direction, se ralentir, s'arrêter, ou accélérer +sans efforts sa vitesse. Le devant alors n'a pas l'air de traîner à +la remorque le derrière; tout devient aisé, gracieux pour le +cheval, parce que ses forces, étant bien harmonisées, permettent au +cavalier de les disposer de manière qu'elles se prêtent un secours +mutuel et constant. + +Il me serait impossible de citer le nombre de chevaux dont les +allures avaient été tellement faussées, qu'il leur était impossible +d'exécuter un seul temps de trot. Quelques leçons ont toujours +suffi pour remettre ces animaux à des allures régulières. + +Il suffira, pour habituer le cheval à bien trotter, de l'exercer à +cette allure cinq minutes seulement pendant chaque leçon. Lorsqu'il +aura acquis l'aisance et la légèreté nécessaires, on pourra lui +faire conserver cette allure en pratiquant des descentes de main. +J'ai dit que cinq minutes de trot suffiraient d'abord, parce que +c'est moins la continuité d'un exercice que la rectitude des +procédés qui produit la bonne exécution. Le cheval se prêtera mieux +à un travail modéré et de courte durée; son intelligence elle-même, +en se familiarisant avec cette sage progression, hâtera le succès. +Il se soumettra sans répugnance et avec calme à un travail qui +n'aura rien de pénible pour lui, et l'on pourra pousser ainsi son +éducation jusqu'aux dernières limites, non-seulement en conservant +intacte son organisation physique, mais en rétablissant dans leur +état normal les parties qu'aurait pu détériorer un travail forcé. +Ce développement régulier et général du mécanisme du cheval lui +donnera, avec la grâce, la force et la santé, et prolongera ainsi +ses services, en centuplant les jouissances du véritable écuyer. + + + + +XX + +DESCENTE DE MAIN, DESCENTE DE JAMBES, DESCENTE DE MAIN ET DE +JAMBES. + + +Ce que j'ai dit d'une main savante ou ignorante s'applique +également aux jambes. + +La gradation des pressions qu'elles devront exercer sera, suivant +le cas, appréciée par l'intelligence équestre du cavalier, et cette +appréciation, plus ou moins juste, constituera leur science ou leur +ignorance. + +Cependant, cherchons, autant que possible, les moyens de combiner +l'action des mains et des jambes, afin que leur entente parfaite +atteigne un but précis et évite ce travail sans fin que produisent +leurs fautes réciproques. Pour bien déterminer le rôle de la main +et des jambes, nous allons les faire agir isolément. Puis, pour +constater leur judicieux emploi, nous verrons si le cheval a été +parfaitement équilibré, en lui faisant continuer des mouvements +réguliers, sans l'aide de la main et des jambes. + +Ces descentes de main et de jambes ont une importance majeure; on +devra donc les pratiquer fréquemment. + +La descente de main contribue à faire conserver au cheval son +équilibre sans le secours des rênes. + +On pratiquera la descente de main comme suit: + +Après avoir glissé la main droite jusqu'à la jonction des rênes, et +s'être assuré de leur égalité, on les lâchera de la main gauche, et +la droite se baissera lentement jusque sur le devant de la selle. +Pour que cet exercice soit régulier, il faudra qu'il n'altère en +rien ni l'allure ni la position. Peut-être, dans le principe, le +cheval, livré ainsi à lui-même, ne conservera-t-il que pendant +quelques pas la régularité de l'allure et de la position. Dans ce +cas, le cavalier fera sentir soit les jambes soit la main, pour +ramener le cheval dans ses conditions premières. + +Pour la descente de jambes: celles-ci se relâcheront, la main +soutiendra les rênes afin de leur donner une tension égale. Il est +évident que, pour la régularité de ce mouvement, le cheval devra, +en se passant de l'aide de jambes, conserver sans altération allure +et position. + +Puis on arrivera à la descente simultanée de la main et des jambes. +Le cheval, libre de toute espèce d'aides, devra néanmoins, comme +dans les cas ci-dessus, conserver la même allure et la même +position au pas, au trot et au galop. + +Le cavalier trouvant dans sa monture une disposition évidente à +l'obéissance, emploie la plus grande délicatesse dans ses moyens de +direction, et son intention à peine indiquée est néanmoins +comprise. De ces rapports entre l'homme et l'animal, il résulte +pour ce dernier une apparence de liberté qui lui inspire une noble +confiance. Il s'assujettit, mais à son insu, et notre esclave +soumis peut croire à sa complète indépendance. + + + + +XXI + +TRAVAIL A LA CHAMBRIÈRE. + + +La chambrière a été employée jusqu'ici comme moyen de correction; +j'en ai fait un moyen assuré de calmer les chevaux les plus +ardents; elle est aussi très-utile pour obtenir les premiers temps +du rassembler. + +Voici comment je l'emploie: + +Placez-vous du côté montoir, à la tête du cheval; tenez les rênes +du filet, le corps droit, le visage calme et l'oeil bienveillant. +La chambrière, tenue dans la main droite, sera levée lentement; la +lanière sera placée doucement sur le dos de l'animal. Si, lors du +contact, le cheval cherche à s'y soustraire par un acte quelconque, +la main, par un mouvement assez vif de gauche à droite et de droite +à gauche, arrêtera bientôt cet acte de désobéissance. Le cheval, +devenu calme et immobile, supportera le contact de la lanière +flottant sur son dos, et amenée graduellement jusque sur la queue. + + +On continuera cet exercice jusqu'à ce que le cheval ne manifeste +plus aucune crainte et reste entièrement calme. + +Tel est l'effet des procédés employés avec intelligence; le cheval +les comprend, s'en souvient et s'y soumet sans peine: aussi +l'emploi de la chambrière, de correctif qu'il était, deviendra le +modérateur le plus efficace. C'est alors que sera venu le moment +d'obtenir de légers effets de rassembler. On y parviendra au moyen +de quelques appels de langue et d'un mouvement de la chambrière +agitée à côté de la croupe du cheval. On se contentera d'une légère +mobilité, puis on arrêtera le cheval par l'exclamation modérée de +holà! et en lui glissant la chambrière sur le dos; de manière que +ce dernier moyen soit plus tard le seul employé et qu'il suffise +d'un léger contact de la chambrière pour immobiliser l'animal. + +Le rassembler, devenant plus facile, amènera tout naturellement des +apparences de piaffer dont le cavalier devra se contenter. Si, ce +qui doit être notre but constant, la légèreté s'obtient en même +temps, nous aurons pour conséquence l'équilibre du poids et des +forces. + +L'influence de ce _travail_ est très-grande sur le moral des +chevaux; quelques-uns qui ruaient, étant attelés, ont été corrigés +de ce défaut en cinq ou six leçons. Dans le commencement, le +cheval, étonné, se livre parfois à des mouvements assez brusques; +le cavalier ne doit pas se laisser intimider, et bientôt le cheval +le plus fougueux deviendra calme, soumis et obéissant. + + + + +XXII + +DU RASSEMBLER. + + +Comment définit-on le rassembler dans les écoles d'équitation? _On +rassemble son cheval en élevant la main et en tenant les jambes +près._ Je le demande, à quoi pourra servir ce mouvement du cavalier +sur un animal mal conformé, contracté, et qui reste livré à toutes +les mauvaises propensions de sa nature? Cet appui machinal des +mains et des jambes, loin de préparer le cheval à l'obéissance, +n'aura d'autre effet que de doubler les moyens de résistance, +puisqu'en l'avertissant qu'on va exiger de lui un mouvement, on +reste dans l'impuissance de disposer ses forces de manière à l'y +astreindre. + +Le véritable rassembler consiste à réunir au centre les forces du +cheval, pour faciliter plus ou moins le rapprochement des jambes de +derrière, du milieu du corps. Il y a plusieurs degrés de +rassembler, indispensables à la facilité et à la justesse des +différentes allures et des différents airs de manége. Pour bien +nous faire comprendre, nous établirons l'échelle suivante: + + Avant-main. Cen|tre. Arrière-main. + ------------------+------+--+--+--+--+--+--+---- + | | | | | | | | + | | | | | | | | + | 6 5 4 3 2 1 0 + | + +Je dirai encore une fois qu'avant de commencer ces effets de +rassembler, il faut nécessairement que le cheval soit parfaitement +léger à la main; alors il sera facile de diminuer, sans contrainte +pénible, la marche des jambes de devant et d'augmenter celle des +jambes de derrière. Les premiers effets de rassembler qui amèneront +les jambes de derrière aux degrés 1, 2, 3, seront utiles aux +allures du trot cadencé ou allongé, du galop modéré. Ce rassembler +peut s'obtenir en travaillant au pas avec le concours des jambes et +même de l'éperon, si l'action des jambes était insuffisante; la +main devra détruire toutes les contractions nuisibles qui +pourraient se produire, et faciliter ainsi le juste équilibre utile +au rassembler. C'est par l'emploi de ces moyens qu'on arrivera à +obtenir que les jambes de derrière gagnent en vitesse sur celles de +devant. Quant au rassembler plus complet, dans lequel les jambes de +derrière atteignent les degrés 4, 5, 6, il faut, pour l'obtenir, +arrêter le cheval et multiplier les oppositions de main et de +jambes ou d'éperons, jusqu'à ce qu'il se mobilise, autant que +possible, sans avancer, ou n'avancer qu'imperceptiblement, puis +l'arrêter par un effet d'ensemble. La répétition fréquente de cette +mobilité plus ou moins régulière des jambes conduira insensiblement +au rassembler le plus complet, et ce rassembler donnera pour +résultat naturel le piaffer avec rhythme, mesure et cadence. Si le +cheval est bien conformé, le rassembler s'obtiendra facilement et +bientôt après les grandes difficultés de l'équitation qui en +dépendent. Reste à savoir s'il est possible de les aborder +lorsqu'on a pour sujet un cheval de construction médiocre, +c'est-à-dire possédant une partie des défauts ci-après: les hanches +courtes, les reins longs et faibles, la croupe basse, ou trop haute +par rapport au garrot, les cuisses effilées, les jarrets plus ou +moins coudés, trop rapprochés ou trop éloignés l'un de l'autre, +trop ou trop peu d'action; je suis forcé d'avouer que ces sortes de +chevaux présentent de grandes difficultés; mais, en les surmontant, +l'on prouve que l'on est non-seulement écuyer, mais encore homme +d'intelligence, de sens et de conception équestre. + +J'ai déjà expliqué et démontré que le cheval n'a pas la bouche +dure; j'ai dit que la faiblesse des reins, la mauvaise disposition +de l'arrière-main sont en général les seules causes des résistances +que présente le cheval. En effet, si la longueur des reins, par +exemple, éloigne les jambes de derrière de la place qu'elles +devraient occuper pour que le mouvement soit régulier, la flexion +et l'extension des jarrets qui reçoivent le poids et le rejettent +en avant ne peuvent se faire que péniblement; c'est pour remédier à +ces inconvénients qui rendraient toute belle éducation impossible, +qu'il faut avoir recours aux premiers effets du rassembler, une +fois la mise en main obtenue; dans ce cas, les jambes de derrière +se rapprocheront du centre et se trouveront à la place qu'elles +occupent naturellement chez les chevaux bien conformés. Pourquoi +certains chevaux résistent-ils par la mâchoire et l'encolure? Parce +que les reins, les hanches et les jarrets, fonctionnant mal, +s'opposent à la translation régulière du poids. Ce qui confirme ce +principe, c'est que plus un cheval a de légèreté et de mobilité +naturelle dans la mâchoire, plus sa conformation se rapproche de la +perfection; dans ce cas, ses dispositions physiques sont dans de +bonnes proportions pour obtenir immédiatement un juste équilibre: +aussi le rassembler complet, facile pour les bonnes constructions, +devient-il d'une difficulté très-grande pour les constructions +médiocres. Il faut employer des moyens bien méthodiques et être +doué d'un grand tact pour amener ces sortes de chevaux à exécuter +un travail compliqué et précis. Je dirai même qu'une semblable +tâche serait sans succès, si elle était entreprise par un cavalier +qui ne pratiquerait pas la méthode dans tous ses détails et dans +son ensemble. Le cheval mal conformé n'acquiert jamais la grâce du +cheval bien équilibré naturellement; mais combien il est beau pour +les spectateurs habiles et érudits! Voilà le merveilleux résultat +de l'équitation: _L'art a fait plus que la nature._ + +Le rassembler complet, c'est-à-dire celui qui amène les jambes de +derrière aux degrés de 4 et 6, sert au piaffer, au passage en avant +et en arrière, au galop raccourci, espèce de terre-à-terre, aux +pirouettes ordinaires, au galop en arrière, etc., etc. Il est +indispensable à tous les mouvements ascensionnels, puisque dans +cette position les jarrets exécutent plus facilement la flexion de +bas en haut que celle d'arrière en avant, ce qui prouve qu'une fois +le rassembler complet obtenu, le cheval peut exécuter les +mouvements les plus difficiles, sans que cela lui soit pénible, et +sans porter atteinte à sa construction; ses poses sont toujours +justes, ses points d'appui exacts, et ses mouvements toujours +gracieux. + +L'animal se trouve alors transformé en une sorte de balance, dont +l'avant-main et l'arrière-main représentent les deux plateaux, et +il suffira du moindre appui sur l'un des deux pour les déterminer +immédiatement dans la direction qu'on voudra leur imprimer. Le +cavalier reconnaîtra que le rassembler est complet lorsqu'il +sentira le cheval prêt, pour ainsi dire, à s'enlever des quatre +jambes. C'est avec ce travail qu'on donne à l'animal le brillant, +la grâce et la majesté; ce n'est plus le même cheval, la +transformation est complète. Si nous avons dû employer l'éperon +pour pousser d'abord jusque sur ses dernières limites cette +concentration de forces, les jambes suffiront par la suite pour +obtenir le rassembler nécessaire à la cadence et à l'élévation de +tous les mouvements compliqués. + +Ai-je besoin de recommander la discrétion dans ce travail? Si le +cavalier, arrivé à ce point de l'éducation de son cheval, ne sait +pas comprendre et saisir de lui-même la finesse de tact, la +délicatesse de procédés indispensables à la bonne application de +ces principes, ce sera une preuve qu'il est dénué de tout sentiment +équestre, et tous mes conseils ne sauraient remédier à cette +imperfection de sa nature. + + + + +XXIII + +DU GALOP. + + +J'ai parlé longuement du galop dans le dictionnaire; je me bornerai +ici à donner quelques conseils qui pourront accélérer l'éducation +du cheval. Je suppose que le cavalier a suivi la progression que +j'ai indiquée, et que son cheval est léger à la main, droit +d'épaules et de hanches, familiarisé avec les jambes, l'éperon, et +supportant les deux premiers degrés du rassembler, etc. Évidemment +ce cheval est préparé pour le galop, et pourvu que le cavalier ne +commette pas de fautes graves, il suffira de quelques leçons pour +que le cheval prenne la position pour partir sur le pied droit et +sur le gauche. Examinons les fautes que peut commettre le cavalier. +Il veut faire partir son cheval sur le pied droit, je suppose, et +par _négligence_ ou _manque de tact_ il le dispose à partir sur le +pied gauche, nécessairement le départ aura lieu sur le pied gauche: +première faute commise. Si le cavalier s'en aperçoit, et qu'il +arrête de suite son cheval, pour lui donner la position juste qui +déterminera le départ sur le pied droit, cette première faute sera +réparée. Mais si le cavalier ne s'aperçoit de sa faute qu'après +quelques foulées de galop, et qu'il arrête son cheval, celui-ci ne +pourra pas distinguer si l'arrêt a lieu parce que tel est le bon +plaisir de son maître, ou s'il est la répression un peu tardive de +la faute commise. On comprend quel retard dans l'éducation du +cheval apportera ce manque de tact ou de science du cavalier. + +Non-seulement le cavalier évitera de commettre les fautes que je +viens de signaler, mais il s'attachera avant tout à prévenir les +faux départs, puisque chaque mouvement est le résultat d'une +position qui elle-même est la conséquence d'une juste répartition +du poids et de la force de l'animal. Il devra d'abord donner au +cheval la position indispensable pour le départ sur le pied droit. +En suivant ce principe, qui est la base de la science de +l'équitation, il oblige le cheval à bien faire, et il obtient en +quelques leçons les départs faciles, réguliers sur tel ou tel pied. + +Les premières fois, comme l'allure du galop prédispose le cheval à +une certaine résistance, il devra employer, avec des nuances +différentes, les deux forces directes, jambe gauche et rêne gauche, +afin de combattre ces résistances qu'entraîne toujours un +équilibre qui n'est pas exact, et donner au cheval la position qui +lui permettra de partir sur le pied droit. Mais, dès que les +départs deviendront faciles, le cavalier remplacera les forces +directes par les forces opposées, jambe droite et main portée à +gauche. Puisqu'il n'y a plus de résistance, l'emploi des forces +directes aurait pour effet de détruire l'équilibre devenu meilleur. +Bon dans le premier cas, cet emploi des forces directes deviendrait +nuisible dans le second: aussi le cavalier n'aura plus recours qu'à +la jambe droite pour le départ sur le pied droit, et à la jambe +gauche pour le départ sur le pied gauche.--Je crois inutile +d'insister sur les avantages que les cavaliers intelligents et +doués de tact retireront de cette sage progression, où rien n'est +laissé au hasard. + + + + +XXIV + +SAUT DE FOSSÉ ET DE BARRIÈRE. + + +Tous les chevaux peuvent sauter, et l'élan est proportionné à leur +énergie et à leurs dispositions naturelles. Toutes les combinaisons +de la science ne peuvent remplacer ces conditions premières; mais +je dis que par l'éducation bien dirigée tous les chevaux peuvent +apprendre à mieux sauter. + +Le point capital est d'amener le cheval à essayer de bonne volonté +ce travail. Si l'on suit ponctuellement tous les procédés que j'ai +indiqués pour maîtriser les forces instinctives de l'animal et le +mettre sous l'influence des nôtres, on reconnaîtra l'utilité de +cette progression par la facilité qu'on aura à faire franchir au +cheval les obstacles qui se rencontreront sur sa route. Du reste, +il ne faut jamais, en cas de lutte, recourir aux moyens violents, +tels que la chambrière, ni chercher à exciter l'animal par des +cris; cela ne pourrait produire qu'un effet moral propre à +l'effrayer. Néanmoins l'exclamation: _Hop!_ émise avec tact au +moment où le cheval doit s'enlever, lui donnera un encouragement +utile. Mais on devra s'abstenir de tous cris, si l'on est pas +certain de les émettre en temps opportun, car ils seraient un +obstacle à la régularité de l'élan de l'animal. Or, c'est au moyen +des aides que nous devons avant tout l'amener à l'obéissance, +puisqu'elles peuvent seules le mettre à même de comprendre et +d'exécuter. On doit donc lutter avec calme, et chercher à surmonter +les forces qui le portent au refus, en agissant directement sur +elles. On attendra, pour faire sauter un cheval, qu'il réponde +franchement aux jambes et à l'éperon, afin d'avoir toujours un +moyen assuré de domination. + +La barrière restera par terre jusqu'à ce que le cheval la passe +sans hésitation; on l'élèvera ensuite de quelques centimètres, en +augmentant progressivement la hauteur jusqu'au point que l'animal +pourra franchir sans de trop violents efforts. Dépasser cette juste +limite, serait s'exposer à faire naître chez le cheval un dégoût +que l'on doit éviter avec un grand soin. La barrière ainsi élevée +avec ménagement devra être fixée pour que le cheval, disposé à +l'apathie, ne se fasse pas un jeu d'un obstacle qui ne serait plus +sérieux dès l'instant où le contact de ses extrémités suffirait +pour le renverser. La barrière ne devra être recouverte d'aucune +enveloppe propre à diminuer sa dureté; l'on doit être sévère +lorsqu'on exige des choses possibles, et éviter les abus +qu'entraîne toujours une complaisance irréfléchie. + +Avant de se préparer à sauter, le cavalier se soutiendra avec assez +d'énergie pour que son corps ne précède pas le mouvement du cheval. +Ses reins seront souples, ses fesses bien fixées sur la selle, ses +cuisses et ses jambes enveloppant exactement le corps du cheval, +afin qu'il n'éprouve ni choc ni réaction violente. La main, dans sa +position naturelle, tiendra les rênes de manière à sentir la bouche +du cheval pour juger des effets d'impulsion. C'est dans cette +position que le cavalier conduira l'animal sur l'obstacle; si +celui-ci y arrive avec la même franchise d'allure, une légère +opposition des mains et des jambes facilitera l'élévation de +l'avant-main et l'élan de l'extrémité postérieure. Dès que le +cheval est enlevé, la main cesse son effet, pour se soutenir de +nouveau lorsque les jambes de devant arrivent sur le sol, afin de +les empêcher de fléchir sous le poids du corps. + +On se contentera d'exécuter quelques sauts en harmonie avec les +ressources du cheval, et on évitera surtout de pousser la bravade +jusqu'à vouloir contraindre l'animal à franchir des obstacles +au-dessus de ses forces. J'ai connu de très-bons sauteurs qu'on est +parvenu à rebuter ainsi pour toujours, et que nuls efforts ne +pouvaient plus décider à franchir des hauteurs ou des distances de +moitié inférieures à celles qu'ils sautaient aisément dans le +principe. + +Je viens recommander un procédé plus efficace, plus méthodique pour +apprendre à tous les chevaux à mieux sauter. Je fais tenir par deux +hommes, loin du mur, une barre _nue_, à 6 pouces du sol. Le +cavalier marche au pas vers cette barre, et au moment où le cheval, +aidé par son cavalier, franchit, les deux hommes _élèvent la barre +de 6 pouces_. Je fais recommencer jusqu'à ce que le cheval +franchisse la barre sans la toucher, malgré l'exhaussement répété à +chaque saut. Alors je fais tenir la barre à un pied au-dessus du +sol, et, comme précédemment, elle sera élevée de 6 pouces au moment +du saut. Dès que le cheval sera habitué à franchir cette nouvelle +hauteur, je fais graduellement tenir la barre 6 pouces plus haut, +en la faisant exhausser de 6 pouces à chaque saut, et j'arrive, +après quelques leçons données avec la gradation précitée, à faire +sauter à tous les chevaux, _en hauteur_, des obstacles qu'ils +n'auraient jamais pu franchir. Ce procédé simple et bien appliqué +sera utile même aux chevaux exceptionnels, tels que les chevaux de +steeple-chase, en leur apprenant à mieux revenir sur eux pour +prendre le temps, et il rendra les chutes moins fréquentes et moins +dangereuses. + + + + +XXV + +DU PIAFFER. + + +Tous les chevaux peuvent piaffer régulièrement; mais ils ne +peuvent, tous, avoir la même élévation, la même élégance. Je +distingue trois genres de piaffer: le piaffer lent, le piaffer +précipité, le piaffer dépité. Le piaffer est régulier, lorsque +chaque bipède diagonale se lève et retombe sur le sol à des +intervalles égaux. L'animal ne doit pas se porter plus sur la main +que sur les jambes du cavalier, afin de conserver la justesse de la +balance hippique. + +Lorsque le cheval est préparé par le rassembler, il suffit, pour +amener un commencement de piaffer, de communiquer au cheval, avec +les jambes, une vibration légère d'abord, mais souvent réitérée. +J'entends par vibration une surexcitation de forces, que le +cavalier doit toujours régler. + +Une fois la mobilité des jambes obtenue, on pourra commencer à en +régler, à en distancer la cadence. Ici encore, je chercherais +vainement à indiquer avec la plume le degré de délicatesse +nécessaire dans les procédés du cavalier, puisque ses effets +doivent se reproduire avec une grande justesse et un à-propos sans +égal. C'est par l'appui alterné des deux jambes qu'il arrivera à +prolonger les balancements du corps du cheval, de manière à le +maintenir plus longtemps sur l'un ou l'autre bipède. Il saisira le +moment où le cheval se préparera à prendre son appui sur le sol, +pour faire sentir la pression de sa jambe du même côté et augmenter +l'inclinaison de l'animal dans le même sens. Si ce temps est bien +saisi, le cheval se balancera lentement, et la cadence acquerra +cette élévation si propre à faire ressortir toute sa noblesse et +toute sa majesté. Ces temps de jambes sont difficiles et demandent +une grande pratique; mais leurs résultats sont trop brillants pour +que le cavalier ne s'efforce pas d'en saisir les nuances. + +Le mouvement précipité des jambes du cavalier accélère aussi le +piaffer. C'est donc lui qui règle à volonté le plus ou moins de +vitesse de la cadence. Le travail du piaffer n'est brillant et +complet que lorsque le cheval l'exécute sans répugnance, ce qui a +toujours lieu quand l'harmonie du poids et des forces, utile à la +cadence, se conserve. + + + + +XXVI + +DIVISION DU TRAVAIL. + + +Je viens de développer tous les moyens à employer pour compléter +l'éducation du cheval; il me reste à dire comment l'écuyer devra +diviser son temps pour lier entre eux les divers exercices et pour +passer du simple au composé. 50 jours de travail à 2 leçons par +jour d'une demi-heure, trois quarts d'heure au plus suffiront pour +amener le cheval le plus neuf à exécuter régulièrement tous les +exercices qui précèdent. Je tiens à deux courtes leçons, l'une le +matin, l'autre dans l'après-midi; elles sont nécessaires pour +obtenir d'excellents résultats. On dégoûte un jeune cheval en le +tenant trop longtemps sur des exercices qui le fatiguent d'autant +plus que son intelligence est moins préparée à comprendre ce qu'on +exige de lui. + +Je conseille de donner deux courtes leçons par jour, parce que, +selon moi, un intervalle de vingt-quatre heures entre chaque leçon +est trop long pour que l'animal puisse bien se rappeler le +lendemain ce qu'il a appris la veille. + +En établissant l'ordre du travail tel qu'il se trouve dans le +tableau annexé ci-après, il est bien entendu que je me base sur les +dispositions des chevaux en général; un écuyer, doué de quelque +tact, comprendra bien vite les modifications qu'il devra apporter +dans la pratique, suivant la nature particulière de son élève. Tel +cheval, par exemple, exigera plus ou moins de persistance dans les +flexions; tel autre dans le reculer; avec le cheval froid et +apathique, il faudra employer l'éperon avant le temps que j'ai +indiqué. Tout ceci est affaire d'intelligence; ce serait offenser +mes lecteurs que de les supposer incapables de suppléer aux détails +qu'il est d'ailleurs impossible de préciser. On comprend facilement +qu'il existe des chevaux irritables et mal conformés dont les +dispositions défectueuses ont été accrues par l'influence d'une +mauvaise éducation première. Avec de tels sujets, on devra +nécessairement mettre plus de persistance dans le travail des +assouplissements et du pas. Dans tous les cas, quelles que puissent +être les modifications légères que nécessitent les différences dans +les dispositions des sujets, je persiste à dire qu'il n'est pas de +chevaux dont l'éducation ne puisse être faite, en un mois et demi, +deux mois. Ce temps suffira toujours pour donner aux forces du +cheval l'aptitude nécessaire à l'exécution de tous les mouvements; +le fini de l'éducation dépendra ensuite de la justesse de tact du +cavalier. + + + + +ÉDUCATION DU CHEVAL + +GRADATION DU TRAVAIL. + + +Première Leçon à pied. + +TRAVAIL DE LA CRAVACHE. + +Flexion de la mâchoire: 1º avec les rênes de la bride et du bridon +d'un seul côté, le bridon en avant; 2º avec les deux rênes de la +bride et du bridon; 3º avec les rênes du filet croisées sous le +menton. + +Flexion d'encolure: 1º avec le mors; 2º avec le bridon; 3º avec la +bride; 4º flexion directe avec le bridon et avec la bride. + +Mobilisation de la croupe à l'aide de la cravache. + +Reculer. + +Monter à cheval et en descendre; répéter cet exercice jusqu'à ce +que le cheval soit sage au montoir. + + 2 jours, 2 leçons par jour, de 3/4 d'heure. + + +Deuxième Leçon. + +Répétition du travail précédent. Pas de côté avec la cravache. + +LEÇON DU MONTOIR. + +Flexion directe de la tête, ou ramener avec le filet d'abord, puis +avec la bride, sans jambes, puis avec les jambes. Flexion de +l'encolure avec le filet et avec la bride. Flexions latérales de la +croupe. Reculer un pas d'abord. Marcher au pas sur des lignes +droites, à main droite et à main gauche avec le filet. + + 3 jours, 2 leçons par jour, de 3/4 d'heure. + + +Troisième Leçon. + +Répétition du travail précédent en restant moins de temps sur +chaque exercice. Epaule en dedans, à pied avec la cravache. + +En place: ramener avec l'aide des jambes. Au pas, mise en main. +Changements de main. Doublers et demi-voltes ordinaires. Terminer +les doublers et les changements de main par deux pas de côté. + +Demi-pirouette renversée, en deux temps. + +Au trot: ramener. Doubler et changer de main. Reculer plusieurs +pas. + + 6 jours, 2 leçons par jour, de 3/4 d'heure. + + +Quatrième Leçon. + +Répétition des exercices précédents. + +Ramener en place avec l'appui de l'éperon rond ou effets +d'ensemble. + +Voltes et demi-voltes au pas et au trot. Serpentine. +Contre-changements de main. + +Terminer les changements de direction par 4, 5 et 6 pas de côté. + +Commencement de pirouette ordinaire. + +Descente de main et de jambes. + +Travail individuel. + +1/4 de flexion d'encolure en marchant. + + 6 jours, 2 leçons par jour, de 3/4 d'heure. + + +Cinquième Leçon. + +Répétition du travail précédent. + +Ramener complet sur les attaques[10]. + +Changement de main sur deux pistes. + +Demi-voltes sur deux pistes. + +Contre-changement de main sur deux pistes. + +Changement de main renversé. + +Pirouettes renversées et ordinaires entières. + +Tête au mur, épaule en dedans, 5 ou 6 pas. + +Commencement de piaffer ou rassembler, avec la cravache, ou la +chambrière, à pied, puis à cheval. + +Départs au galop à main droite et à main gauche, les deux derniers +jours. + + 6 jours, 2 leçons par jour, de 3/4 d'heure. + + [10] L'appui de l'éperon et les attaques comme moyen de + concentration ne doivent se pratiquer qu'avec des molettes rondes + ou peu piquantes; il serait dangereux de les employer dans le + dressage du cheval de troupe. Le soldat ne doit se servir de + l'éperon que pour porter son cheval en avant, lorsqu'il résiste à + la pression des jambes. + + +Sixième Leçon. + +Répétition des leçons précédentes en exigeant plus de précision et +de régularité. + +Pas de côté au trot, trois pas d'abord. + +Reculer dans toute la longueur du manége. + +Changement de direction au galop. + +Galop à droite et à gauche à la même main, les deux derniers jours. + + 5 jours, 2 leçons par jour, de 3/4 d'heure. + + +Septième Leçon. + +Répétition des précédents exercices. + +Passer du trot au galop _et vice versâ_ + +Marcher au trot et arrêter. + +Temps d'arrêt au galop. + +Changement de pied. + + 8 jours, 2 leçons par jour, de 3/4 d'heure. + + +Huitième Leçon. + +Pas de côté au trot et au galop. + +Changement de pied à la même main. + +Passer du galop ordinaire au galop allongé _et vice versâ_. + +Galop allongé et arrêter. Pirouette ordinaire après l'arrêt et +repartir au galop. + +Saut du fossé et de la barrière. + + 6 jours, 2 leçons par jour, de 3/4 d'heure. + + +Pour la cavalerie. + +Travail en reprise sur des indications. + +Habituer les chevaux au sabre et aux bruits de guerre. + +Travail avec le sabre. + +Répéter les exercices, les chevaux chargés et paquetés. + + 7 jours, 2 leçons par jour, de 3/4 d'heure. + + + + +XXVII + +MA MÉTHODE HORS DU MANÉGE. + + +Quelques amateurs qui n'ont pratiqué ma méthode que +superficiellement, bien que satisfaits des résultats obtenus au +manége, sont surpris de ne plus trouver la première fois au dehors +la même légèreté et le même calme. Aussitôt ils s'écrient: «La +méthode bonne pour le manége est inefficace quand le cheval est en +plein air. Des résistances inattendues surgissent, l'animal a peur, +il s'éloigne des objets qu'il rencontre, son action est plus +considérable et sa gaieté devient inquiétante pour le cavalier.» De +conséquence en conséquence, ils trouvent dans la méthode une lacune +à l'abri de laquelle ils masquent leur peu d'habileté ou de +sang-froid équestre. + +Il est évident qu'au milieu de bruits et d'objets nouveaux, avec de +l'espace devant eux, tous les chevaux, quel que soit d'ailleurs le +fini de leur éducation de manége, seront surpris les premières fois +qu'on les montera en plein air. Leurs sens, leur instinct, +surexcités par des sensations inconnues, seront en outre soumis à +l'action enivrante de l'air libre. Les résistances instinctives, +manifestées au commencement de l'éducation, surgiront en partie de +nouveau, effrayeront le cavalier pusillanime qui, dans le cheval +qu'il croyait soumis, ne trouve plus qu'un animal fantasque et sans +légèreté. «Méthode impuissante!» s'écrie-t-il. + +Voyons donc si le reproche est fondé; le raisonnement l'aura +bientôt réduit à sa juste valeur. + +Disons d'abord que nous avons vu des chevaux, très-francs d'allure +dans les rues et sur les routes, devenir très-inquiets en entrant +dans un manége et perdre subitement la grâce et la facilité de +leurs mouvements. A plus forte raison, un cheval, dressé entre les +quatre murs d'un manége, doit-il être plus ou moins impressionné +quand on le conduit, sans transition, au milieu de mille objets +inconnus. Mais, qu'est-ce à dire? + +Croyez-vous qu'il soit plus facile de porter un cheval sur un objet +quelconque, de modérer sa frayeur ou sa fougue, quand il dispose +librement de ses forces instinctives, que lorsque par une éducation +bien dirigée le cavalier s'en est rendu maître? + +Dominerez-vous plus facilement le cheval qui n'a jamais été dompté +que celui que l'exercice a déjà rendu souple et obéissant au +manége? Cette hypothèse est inadmissible. + +L'influence de l'éducation peut bien faiblir dans ce premier +moment, mais elle reprendra bien vite son empire et fera +disparaître ces résistances d'un jour pour les remplacer désormais +par la légèreté constante. + +Car, excepté quelques rares chevaux qui nécessitent une attention +continuelle de la part du cavalier pour réprimer leur impressionnabilité +excessive, tous reviennent à leur degré d'éducation méthodique. Si +quelques chevaux sortent de la règle générale, il faut reconnaître +que, sans les effets de l'éducation, ils seraient demeurés tout à +fait impossibles à monter. + +On le voit donc, le cheval dressé ne demande qu'une attention +soutenue du cavalier pour retrouver dehors son calme et sa +soumission, tandis que, dans le cas contraire, il deviendrait +non-seulement inutile, mais encore dangereux pour son maître. +Rassurons donc les cavaliers timides, en leur certifiant qu'une +éducation supplémentaire, mais très-courte, et fondée toujours sur +les principes de la méthode, rendra au cheval monté soit dans les +rues, soit dans les promenades, les qualités brillantes que l'on +admirait au manége. A l'appui de mon assertion, je citerai pour +exemple les chevaux d'artillerie qui, bien qu'impassibles au bruit +du canon, s'effrayent de la crépitation du feu de l'infanterie et +du bruit des tambours la première fois qu'ils les entendent, et +reprennent leur calme au bout de quelques instants. Je crois avoir +détruit les objections que l'on m'avait opposées: me sera-t-il +permis de donner quelques conseils à tous les amateurs de chevaux? + +Je signalerai à MM. les sportsmen, dont je respecte infiniment les +goûts, le danger d'une tendance malheureusement générale. On ne +demande au cheval que d'avoir du _sang_. Toutes les qualités +chevalines se résument dans ce mot: Vitesse. Sous prétexte +d'obtenir cet idéal du beau, le physique du cheval est tout à fait +sacrifié. On veut l'amener à la rapidité de la vapeur. Mais on ne +remarque pas que la vapeur réclame une machine solide, et que la +machine elle-même veut des freins. A votre cheval vapeur, donnez +donc une machine solide en le douant d'un corps robuste, donnez des +freins à votre machine en instruisant votre monture. + +Que les personnes qui se trouvent si souvent exposées aux dangers +de l'emportement des chevaux attelés évitent ces malheurs +journaliers, en dressant ou faisant dresser à la selle leurs +chevaux avant de les soumettre inconsidérément au harnais de la +voiture. Par cette éducation préalable, non-seulement les chevaux +deviendraient plus faciles à conduire, mais ils auraient sous le +harnais la position et les allures brillantes qui conviennent à des +chevaux de luxe. + + + + +XXVIII + +APPLICATION DE LA MÉTHODE AU TRAVAIL DES CHEVAUX. + +PARTISAN, CAPITAINE, NEPTUNE, BURIDAN. + + +J'ai monté en public 26 chevaux, et si, dans le principe, quelques +personnes, étonnées de ce travail nouveau pour elles, en +attribuèrent le mérite, les unes à la musique, les autres à des +procédés puérils et en dehors du domaine de l'équitation, elles +revinrent bientôt de leur erreur, et reconnurent que l'artiste +n'avait fait qu'appliquer les principes de la méthode. + +Voici la nomenclature de ces mouvements nouveaux, avec quelques +mots sur les moyens qui permettront aux cavaliers habiles de les +exécuter. + +1º _Flexion instantanée et maintien en l'air de l'une ou l'autre +extrémité antérieure, tandis que les trois autres restent fixées +sur le sol._ + +Le moyen de faire lever au cheval une des jambes de devant est bien +simple, dès que l'animal est équilibré: il suffit, pour faire +lever, par exemple, la jambe droite, d'incliner légèrement la tête +à droite, tout en faisant refluer le poids du corps sur la partie +gauche. Les deux jambes du cavalier seront soutenues avec énergie +(la gauche un peu plus que la droite), afin que l'effet de la main +qui amène la tête à droite ne réagisse pas sur le poids, et que la +force qui sert à fixer la partie surchargée donne à la jambe droite +du cheval assez d'action pour la faire soulever de terre. En +répétant quelquefois cet exercice, on arrivera à maintenir cette +jambe en l'air aussi longtemps qu'on le voudra. + +2º _Mobilité des hanches, le cheval s'appuyant sur les jambes de +devant, pendant que celles de derrière se balancent alternativement +l'une sur l'autre, la jambe postérieure qui est en l'air exécutant +son mouvement de gauche à droite sans toucher la terre pour devenir +point d'appui à son tour, afin que l'autre se soulève et exécute +ensuite le même mouvement._ + +La mobilité simple des hanches est un des exercices que j'ai +indiqués pour l'éducation élémentaire du cheval. On complétera ce +travail en multipliant le contact alternatif des jambes, jusqu'à ce +qu'on arrive à porter facilement la croupe du cheval d'une jambe +sur l'autre, de manière que le mouvement de droite à gauche et de +gauche à droite ne puisse excéder un pas. Ce travail est propre à +donner au cavalier une grande finesse de tact, et prépare le cheval +à répondre aux plus légères pressions de jambes. Il est bien +entendu que tous ces airs de manége ne seront réguliers qu'autant +qu'ils seront accompagnés de la légèreté. + +3º _Passage instantané du piaffer lent au piaffer précipité, et +vice versâ._ + +Après avoir amené un cheval à déployer une grande mobilité des +quatre jambes, on doit en régler le mouvement. C'est par la +pression lente et alternée de ses jambes que le cavalier obtiendra +le piaffer lent; il l'accélérera en multipliant les pressions de +jambes. On peut obtenir ces deux piaffers sur tous les chevaux. + +4º _Reculer avec une élévation égale des jambes transversales qui +s'éloignent et se posent en même temps sur le sol, le cheval +exécutant le mouvement avec autant de franchise et de facilité que +s'il avançait et sans concours apparent du cavalier._ + +Le reculer n'est pas nouveau, mais il l'est certainement dans les +conditions que je viens de poser. Ce n'est qu'à l'aide d'un +équilibre exact que la répartition du poids est parfaitement +régulière. Ce mouvement devient alors aussi facile et aussi +gracieux qu'il est pénible et dépourvu d'élégance lorsqu'on le +transforme en _acculement_. + +5º _Mobilité simultanée et en place des deux jambes par la +diagonale; le cheval, après avoir levé les deux jambes opposées, +les porte en arrière pour les ramener ensuite à la place qu'elles +occupaient, et recommencer le même mouvement avec l'autre +diagonale._ + +Lorsque le cheval ne présente plus aucune résistance, il apprécie +les plus légères actions du cavalier, destinées dans ce cas à ne +déplacer que le moins possible de poids et de forces pour arriver à +mobiliser les deux extrémités opposées. En réitérant cet exercice, +on le rendra en peu de temps familier au cheval. L'habileté du +mécanisme favorisera le développement de l'intelligence. + +6º _Trot à extension soutenue; le cheval, après avoir levé les +jambes, les porte en avant en les soutenant un instant en l'air +avant de les poser sur le sol._ + +Les procédés qui font la base de ma méthode se reproduisent dans +chaque mouvement simple, et à plus forte raison dans les mouvements +les plus compliqués. Si l'équilibre ne s'obtient que par la +légèreté, en revanche il n'est pas de légèreté sans équilibre; +c'est par la réunion de ces deux conditions que le cheval acquerra +la facilité d'étendre son trot jusqu'aux dernières limites +possibles, et changera complétement son allure primitive. + +7º _Trot serpentin, le cheval tournant à droite et à gauche pour +revenir à peu près sur son point de départ, après avoir fait cinq +ou six pas dans chaque direction._ + +Ce mouvement ne présentera aucune difficulté, si l'on conserve le +cheval dans la main en exécutant au pas et au trot des flexions +d'encolure. On conçoit qu'un semblable travail est impossible sans +cette condition. + +8º _Arrêt sur place à l'aide des éperons, le cheval étant an +galop._ + +Lorsque le cheval, parfaitement assoupli, supportera convenablement +les attaques et le rassembler, il sera disposé pour exécuter le +temps d'arrêt dans les conditions ci-dessus. On débutera dans +l'application par le petit galop, pour arriver successivement à la +plus grande vitesse. Les jambes, précédant la main, ramèneront les +extrémités postérieures du cheval sous le milieu du corps, puis un +prompt effet de main, en les fixant dans cette position, arrêtera +immédiatement l'élan. Par ce moyen, l'on ménage l'organisation du +cheval, que l'on peut conserver ainsi toujours exempt de tares. + +9º _Mobilité continue en place de l'une des extrémités antérieures, +le cheval exécutant par la volonté du cavalier le mouvement par +lequel il manifeste souvent de lui-même son impatience._ + +On obtiendra ce mouvement par le même procédé qui sert à maintenir +en l'air la jambe du cheval. A cet effet, les jambes du cavalier +doivent exercer un appui continu pour que la force qui tient la +jambe du cheval levée conserve bien son effet, tandis que, pour le +mouvement dont il s'agit, il faut renouveler l'action par une +multitude de petites pressions, afin de déterminer la mobilité de +la jambe qui est tenue en l'air. Cette extrémité du cheval +exécutera bientôt un mouvement subordonné à celui des jambes du +cavalier, et si les temps sont bien saisis, il semblera, pour ainsi +dire, qu'on fait mouvoir l'animal à l'aide d'un moyen mécanique. + +10º _Reculer au passage en arrière, le cheval conservant la même +cadence et les mêmes battues que dans le passage en avant._ + +La condition première pour obtenir le passage en arrière est de +maintenir le cheval dans une cadence parfaite et aussi rassemblé +que possible; la seconde est toute dans l'habileté du cavalier. +Celui-ci doit chercher insensiblement par des effets d'ensemble à +faire primer les forces du devant sur celles de derrière, sans +nuire à l'harmonie du mouvement. On le voit donc: par le +rassembler, on obtiendra successivement le piaffer, le passage en +arrière, même sans le secours des rênes. + +11º _Reculer au galop, le temps étant le même que pour le galop +ordinaire; mais les jambes antérieures, une fois élevées, au +lieu de gagner du terrain, se portant en arrière, pour que +l'arrière-main exécute le même mouvement rétrograde aussitôt que +les extrémités antérieures se posent sur le sol._ + +Le principe est le même que pour le travail précédent; avec un +rassembler complet, les jambes de derrière se trouveront tellement +rapprochées du centre, qu'en élevant l'avant-main, la détente des +jarrets ne fonctionnera plus, pour ainsi dire, que de bas en haut. +Ce travail, qu'on pourra faire exécuter à un cheval énergique, ne +devra pas être exigé de celui qui ne posséderait point cette +qualité. + +12º _Changements de pied au temps, chaque temps de galop s'opérant +sur une nouvelle jambe._ + +On comprend que, pour pratiquer ce travail difficile, le cheval +doit être habitué à exécuter parfaitement, et le plus fréquemment +possible, les changements de pied du tact au tact. Avant d'essayer +ces changements de pied à chaque temps, on doit l'avoir amené à +exécuter ce mouvement aux deux temps. Tout dépend de son aptitude, +et surtout de l'intelligence équestre du cavalier: avec cette +dernière qualité, il n'est pas d'obstacle qu'on ne puisse +surmonter. Pour exécuter ce travail avec toute la précision +désirable, le cheval doit rester léger, droit d'épaules et de +hanches, conserver son même degré d'action; de son côté, le +cavalier évitera par-dessus tout les brusques renversements de +l'avant-main. + +13º _Pirouettes renversées sur trois jambes, celle de devant, du +côté vers lequel on tourne, restant en l'air ou tendue pendant +toute la durée du mouvement._ + +Les pirouettes renversées doivent être familières à un cheval +dressé d'après ma méthode, et j'ai indiqué plus haut le moyen de +l'obliger à tenir élevée l'une de ses extrémités antérieures. Si +l'on exécute bien séparément ces deux mouvements, il sera facile de +les joindre en un seul travail. Après avoir disposé le cheval pour +la pirouette, on équilibrera la masse de manière à enlever une +jambe antérieure; celle-ci une fois en l'air, on surchargera la +partie opposée au côté vers lequel on veut tourner, en appuyant sur +cette partie avec la main et la jambe. La jambe du cavalier placée +du côté qui converse ne fonctionnera pendant ce temps que pour +porter les forces en avant, afin d'empêcher la main de produire un +effet rétrograde. + +14º _Reculer avec temps d'arrêt à chaque foulée, la jambe droite du +cheval restant en avant immobile et tendue de toute la distance +qu'a parcourue la jambe gauche_, et vice versâ. + +Ce mouvement dépend de l'habileté du cavalier, puisqu'il résulte +d'un effet de forces qu'il est impossible de préciser. Bien que ce +travail soit peu gracieux, le cavalier expérimenté peut l'essayer, +pour apprendre à modifier les effets de forces et acquérir toutes +les nuances de son art. + +15º _Piaffer régulier avec un temps d'arrêt immédiat sur trois +jambes, la quatrième restant en l'air._ + +Ici encore, comme pour les pirouettes renversées sur trois jambes, +c'est en exerçant le piaffer et la flexion isolée d'une jambe qu'on +arrivera à réunir les deux mouvements. On interrompra le piaffer en +arrêtant la contraction des trois jambes pour la reporter +exclusivement sur la quatrième. Il suffit donc, pour habituer le +cheval à ce travail, de l'arrêter lorsqu'il piaffe, en le forçant à +contracter une seule de ses jambes. + +16º _Changement de pied au temps, à des intervalles égaux, le +cheval restant en place ou n'avançant qu'insensiblement._ + +Ce mouvement s'obtient par les mêmes procédés que ceux qui sont +employés pour les changements de pieds au temps en avançant; +seulement il est beaucoup plus compliqué, puisque l'on doit donner +une impulsion justement assez forte pour déterminer le mouvement +des jambes sans que le corps se porte en avant. Ce mouvement exige, +par conséquent, beaucoup de tact de la part du cavalier, et ne +saurait être pratiqué que sur un cheval parfaitement dressé, mais +dressé comme je le comprends. + +Des cavaliers ont obtenu l'apparente exécution de quelques-uns de +ces airs de manége. Fiers de ces résultats, ils s'écriaient: Voilà +du système Baucher! + +Erreur! non-seulement l'exécution n'était pas complète, mais elle +était due au hasard, ou tout au moins à des moyens étrangers à ma +méthode. Ainsi, le cheval mal placé, était contracté; ses +mouvements étaient heurtés, sans harmonie, sans grâce. Rien dans +tout cela ne ressemble à mon système. Je ne demande jamais au +cheval l'exécution d'un mouvement pour lequel je ne l'ai point +placé, et je n'attends d'exécution facile qu'autant que l'équilibre +est exact. + + + + +XXIX + +EXPOSITION SUCCINCTE DE LA MÉTHODE PAR DEMANDES ET RÉPONSES. + + +DEMANDE. Qu'entendez-vous par force? + +RÉPONSE. La puissance motrice qui résulte de la contraction +musculaire. + +D. Qu'entendez-vous par forces _instinctives_? + +R. Celles qui viennent du cheval, et dont il détermine lui-même +l'emploi. + +D. Qu'entendez-vous par forces _transmises_? + +R. Celles dont le cavalier coordonne l'emploi et qui sont +appréciées immédiatement par le cheval. + +D. Qu'entendez-vous par résistance? + +R. La force que le cheval oppose et avec laquelle il cherche à +établir une lutte à son avantage. + +D. Doit-on s'attacher d'abord à annuler les forces que le cheval +présente pour résister, avant d'exiger le mouvement? + +R. Sans nul doute, puisque dans ce cas la force du cavalier qui +doit déplacer le poids de la masse se trouvant annulée par une +résistance équivalente, tout mouvement régulier devient impossible. + +D. Par quels moyens peut-on combattre les résistances? + +R. Par l'assouplissement partiel et méthodique de la mâchoire, de +l'encolure, des reins et des hanches, et la juste répartition du +poids. + +D. Quelle est l'utilité des flexions de mâchoire? + +R. Comme c'est sur la mâchoire inférieure que se reproduisent +d'abord les effets de la main du cavalier, ceux-ci seront nuls ou +incomplets si la mâchoire est serrée ou contractée. De plus, comme +dans ce cas les déplacements du corps du cheval ne s'obtiennent +qu'avec difficulté, les mouvements qui en résultent seront toujours +pénibles. + +D. Suffit-il que le cheval _mâche son frein_ pour que la flexion de +la mâchoire ne laisse plus rien à désirer? + +R. Non, il faut encore que le cheval _lâche son frein_, +c'est-à-dire qu'il écarte (à volonté) et moelleusement la mâchoire +inférieure. + +D. Tous les chevaux peuvent-ils avoir cette mobilité de mâchoire? + +R. Tous sans exception, si l'on suit la gradation indiquée, et si +le cavalier ne se laisse pas tromper par la flexion de l'encolure +précédant celle de la mâchoire. Bien que cette flexion soit +nécessaire, elle nuirait au jeu prompt et régulier de la mâchoire, +si elle le précédait. + +D. Dans la flexion directe de la _mâchoire_, doit-on tendre en même +temps les rênes de la bride et celles du bridon? + +R. Non, il faut se servir d'abord du filet jusqu'à ce que la +mâchoire cède facilement; on emploiera ensuite le mors et on +passera alternativement de l'un à l'autre. + +D. Doit-on répéter souvent cet exercice? + +R. Il faut le continuer jusqu'à ce que la mâchoire se mobilise au +moyen d'une légère pression du mors ou du filet. + +D. Pourquoi la contraction de la mâchoire est-elle un puissant +obstacle à l'éducation du cheval? + +R. Parce qu'elle absorbe à son profit la force que le cavalier +cherche à transmettre pour en répartir les effets sur toute la +masse. + +D. Les hanches peuvent-elles s'assouplir isolément? + +R. Oui, certainement, et cet exercice se trouve compris dans ce que +l'on appelle mobilisation de la croupe. + +D. Quelle est son utilité? + +R. De prévenir les mauvais effets résultant des forces instinctives +du cheval, et de lui faire apprécier, sans qu'il s'y oppose, +l'action transmise par le cavalier. + +D. Le cheval peut-il exécuter un mouvement régulier sans avoir un +équilibre exact? + +R. C'est impossible; il faut s'attacher à faire prendre au cheval +une position qui opère dans son équilibre une variation telle que +le mouvement en soit une conséquence naturelle. + +D. Qu'entendez-vous par position? + +R. La juste répartition du poids et des forces dans le sens des +mouvements que l'on veut faire exécuter au cheval. + +D. En quoi consiste le _ramener_? + +R. Dans la position verticale de la tête, avec mobilité de la +mâchoire. + +D. Comment parle-t-on à l'intelligence du cheval? + +R. Par la position, en ce sens que c'est elle qui fait connaître au +cheval les intentions du cavalier. + +D. Pourquoi faut-il, que dans les mouvements rétrogrades du cheval, +les jambes du cavalier précèdent la main? + +R. Parce qu'il faut déplacer les points d'appui avant de poser +dessus la masse qu'ils doivent supporter. + +D. Est-ce le cavalier qui détermine son cheval? + +R. Non, le cavalier donne l'action et la position qui sont la +demande, le cheval y répond par le changement d'allure ou de +direction qu'avait projeté le cavalier. + +D. Est-ce au cavalier ou au cheval que l'on doit imputer la faute +d'une mauvaise exécution? + +R. Au cavalier, et toujours au cavalier. Comme il dépend de lui +d'équilibrer et de placer le cheval dans le sens du mouvement, et +qu'avec ces deux conditions fidèlement remplies, tout devient +régulier, c'est donc au cavalier que doit appartenir le mérite ou +le blâme. + +D. Quelle espèce de mors convient au cheval? + +R. Le mors doux. + +D. Pourquoi faut-il un mors doux pour tous les chevaux, quelle que +soit leur résistance? + +R. Parce que le mors dur a toujours pour effet de contraindre et de +surprendre le cheval, tandis qu'il faut l'empêcher de faire mal et +le mettre à même de bien faire. Or, on ne peut obtenir ces +résultats qu'à l'aide d'un mors doux et surtout d'une main savante; +car le mors, c'est la main, et une belle main, c'est tout le +cavalier. + +D. Résulte-t-il d'autres inconvénients de l'emploi des instruments +de supplice appelés mors durs? + +R. Certainement, car le cheval apprend bientôt à en éviter la +pénible sujétion en forçant les jambes du cavalier: leur puissance +ne peut jamais être égale à celle de ce frein barbare. Le cheval +lutte victorieusement en cédant du corps et en résistant de +l'encolure et de la mâchoire; ce qui est tout à fait contraire au +but qu'on s'était proposé. + +D. Comment se fait-il que presque tous les écuyers en renom aient +inventé des mors auxquels ils attribuent des effets merveilleux? + +R. Parce que, manquant de science personnelle, ils cherchent à +remplacer leur insuffisance par l'emploi de moyens mécaniques. + +D. Le cheval équilibré peut-il se défendre? + +R. Non, car la juste répartition de poids que donne cette position +produit une grande régularité dans les mouvements, et il faudrait +intervertir cet ordre pour qu'il y eût acte de rébellion de la part +du cheval. + +D. Quelle est l'utilité du filet? + +R. Le filet sert à combattre les résistances latérales de +l'encolure, à faire précéder la tête dans tous les changements de +direction quand le cheval n'est pas encore familiarisé avec les +effets du mors; il prépare aussi l'élévation et le soutien de +l'encolure. + +D. Doit-on laisser le cheval longtemps aux mêmes allures pour +développer ses moyens? + +R. C'est inutile, puisque la régularité des mouvements résulte de +la régularité des positions; le cheval qui fait cinquante temps de +trot régulièrement est beaucoup plus avancé dans son éducation que +s'il en faisait mille avec une position vicieuse. C'est donc à sa +position qu'il faut s'attacher, c'est-à-dire à sa légèreté. + +D. Dans quelles proportions doit-on user des forces du cheval? + +R. Cela ne peut se définir, puisque les forces varient en raison +des sujets; mais il faut en être avare et ne les dépenser qu'avec +circonspection, surtout pendant le cours de l'éducation; il faut, +pour ainsi dire, leur créer un réservoir pour que le cheval ne les +absorbe pas inutilement; c'est alors que le cavalier en fera un +usage utile et d'une longue durée. + +D. A quelle distance l'éperon doit-il être rapproché des flancs du +cheval avant l'attaque? + +R. La molette ne doit jamais être éloignée de plus de 4 à 5 +centimètres des flancs du cheval. + +D. Comment doivent se pratiquer les attaques? + +R. Elles doivent arriver aux flancs du cheval par un mouvement +prompt, et s'en éloigner aussitôt. Mais, au préalable, on doit les +pratiquer par appui progressif. + +D. Est-il des circonstances où l'attaque doive se pratiquer sans +l'intervention de la main? + +R. Oui, lorsqu'elle doit avoir pour but de donner l'impulsion qui +permet ensuite à la main de placer le cheval. + +D. Sont-ce les attaques elles-mêmes qui châtient le cheval? + +R. Non; le châtiment est dans la position que les attaques et la +main font prendre au cheval, en mettant ses forces à la disposition +du cavalier. + +D. Quelle différence existe entre les attaques pratiquées d'après +les anciens principes et celles que prescrit la nouvelle méthode? + +R. Les anciens écuyers ne se servaient de l'éperon que comme +châtiment; dans ce cas, les attaques, loin d'équilibrer le cheval, +le faisaient toujours sortir de la main; la nouvelle méthode en +fait usage pour l'équilibrer, c'est-à-dire pour lui donner cette +position première qui est la mère de toutes les autres. + +D. Quelles sont les fonctions des jambes pendant les attaques? + +R. Les jambes doivent rester adhérentes aux flancs du cheval, et ne +partager en rien les mouvements des talons. + +D. Dans quel moment doit-on commencer les attaques? + +R. Quand le cheval supporte paisiblement les appuis d'éperon sans +sortir de la main. + +D. Pourquoi un cheval équilibré supporte-t-il l'éperon sans +s'émouvoir et même sans mouvements brusques? + +R. Parce que la main savante du cavalier, ayant prévenu tous les +déplacements de la tête, ne laisse jamais échapper les forces au +dehors; elle les concentre en les fixant. La lutte égale des +forces, ou, si l'on aime mieux, leur ensemble, explique +suffisamment l'apparente froideur du cheval. + +D. N'est-il pas à craindre que, par suite de ces attaques, le +cheval ne devienne insensible aux jambes et ne perde l'activité qui +lui convient pour les mouvements accélérés? + +R. Quoique cette opinion soit celle des gens qui parlent de la +méthode sans la connaître, il n'en est rien. Puisque tous ces +moyens servent seulement à maintenir le cheval dans un juste +équilibre, la promptitude des mouvements doit nécessairement en +être le résultat, et, par suite, le cheval sera disposé à répondre +au contact progressif des jambes, quand la main ne s'y opposera +pas. + +D. Comment reconnaître qu'une attaque est régulière? + +R. Lorsque, bien loin de faire sortir le cheval de la main, elle +l'y fait rentrer sans prendre sur la force propre au mouvement. + +D. Comment la main doit-elle agir dans les moments de résistance du +cheval? + +R. Les effets de la main doivent être proportionnés à la résistance +du cheval et surtout ne jamais la dépasser. + +D. Dans quel cas doit-on se servir du caveçon, et quelle est son +utilité? + +R. On doit s'en servir dans le cas où la mauvaise construction du +cheval le porterait à se défendre, bien qu'il ne lui soit demandé +que des mouvements simples. Il est également utile d'employer le +caveçon, avec les chevaux rétifs, attendu que son but est d'agir +sur le moral, pendant que le cavalier agit sur le physique. + +D. Comment doit-on se servir du caveçon? + +R. Dans le principe, on doit tenir la longe du caveçon à 33 ou 40 +centimètres de la tête du cheval, tendue et soutenue par un poignet +énergique. Il faudra saisir tous les à-propos pour diminuer ou +augmenter l'appui du caveçon sur le nez du cheval, afin de s'en +servir comme d'un moyen d'aide. Tous les actes de méchanceté seront +réprimés par de petites saccades qui ne doivent avoir lieu que dans +le moment même de la défense. Dès que les mouvements du cavalier +commenceront à être appréciés par le cheval, le caveçon deviendra +inutile; au bout de quelques jours l'animal n'aura plus besoin que +du mors, auquel il répondra sans hésitation. + +D. Dans quel cas le cavalier est-il moins intelligent que son +cheval? + +R. Quand ce dernier l'assujettit à ses caprices et lui fait faire +sa volonté. + +D. Les défenses du cheval sont-elles physiques ou morales? + +R. Les défenses sont d'abord physiques, elles deviennent morales +par la suite; le cavalier doit donc se rendre compte des causes qui +les font naître, et chercher, par un travail bien gradué, à obtenir +la juste répartition du poids et des forces. + +D. Le cheval bien équilibré naturellement peut-il se défendre? + +R. Il serait aussi difficile à un sujet, réunissant tout ce qui +constitue le bon cheval, de se livrer à ces mouvements désordonnés, +qu'il est impossible à celui qui n'a pas reçu de semblables dons de +la nature, d'avoir des mouvements réguliers, si l'art bien entendu +ne lui a prêté son secours. + +D. Qu'entendez-vous par _rassembler_? + +R. Le rapprochement des jambes de derrière du centre, sans altérer +la légèreté du cheval. + +D. Peut-on bien rassembler le cheval qui ne se renferme pas sur les +attaques? + +R. Dans beaucoup de cas, les jambes seraient insuffisantes pour +contre-balancer les effets de la main. + +D. A quel moment doit-on commencer à rassembler le cheval? + +R. Quand le cheval est léger. + +D. A quoi sert le rassembler? + +R. A obtenir sans difficulté tout ce qu'il y a de compliqué en +équitation. + +D. En quoi consiste le piaffer? + +R. Dans la pose gracieuse du corps et la cadence harmonieuse des +bipèdes diagonaux. + +D. Existe-t-il plusieurs genres de piaffer? + +R. Trois: le lent, le précipité et le dépité. + +D. De ces trois, quel est le préférable? + +R. Le piaffer lent, car c'est celui qui rehausse le plus le mérite +du cavalier et la noblesse du cheval. + +D. Doit-on faire piaffer le cheval qui ne supporterait pas le +rassembler? + +R. Non, car ce serait un _enjambement_ sur la gradation logique qui +seule donne des résultats certains. Aussi, le cheval qui n'a pas +été conduit par cette filière de principes n'exécute qu'avec peine +et sans grâce ce qu'il devrait accomplir avec enjouement et +majesté. + +D. Tous les cavaliers sont-ils appelés à vaincre toutes les +difficultés et à saisir toutes les nuances du sentiment équestre? + +R. Comme les résultats en équitation ont pour point de départ +l'intelligence, tout est subordonné à cette disposition innée; mais +tous les cavaliers seront aptes à dresser leurs chevaux, s'ils +renferment l'éducation du cheval dans la mesure de leurs propres +moyens. + + + + +NOUVEAUX MOYENS ÉQUESTRES + + +Équilibre parfait ou équilibre du premier genre[11]. + + Mains sans jambes. + Jambes sans mains. + + [11] On peut distinguer trois sortes d'équilibres: + + Équilibre du troisième genre: + + Résistance constante dans toutes les positions, dans tous les + mouvements. + + + Équilibre du deuxième genre: + + Légèreté accidentelle sous l'influence de la position et du + mouvement. + + + Équilibre du premier genre: + + Légèreté invariable dans toutes les positions et dans tous les + mouvements. + + +TROIS NOUVEAUX EFFETS DE MAINS: + + 1º Pour obtenir la juste répartition du poids. + + 2º Pour rétablir l'harmonie des forces. + + 3º Pour donner les positions utiles aux changements de direction + par la rêne opposée. + + 4º Départ au galop et changements de pieds (mains sans jambes, + jambes sans mains). + + De la force et du mouvement décomposés. + + Progression du dressage. + + + + +NOUVEAUX MOYENS ÉQUESTRES + +ÉQUILIBRE DU PREMIER GENRE. + + +L'ancienne équitation travaillait le mouvement par le mouvement, en +donnant aux forces instinctives du cheval une direction plus ou +moins juste; mais jamais elle ne parvenait à rendre léger un cheval +d'une mauvaise conformation, parce qu'elle ne connaissait pas les +moyens de changer son équilibre naturel. + +J'avais compris que l'éducation du cheval était dans son équilibre, +et toutes mes études ont eu pour but de trouver les moyens +d'améliorer le mauvais équilibre naturel du cheval, convaincu que +le cheval équilibré était presque dressé; cependant je n'étais +arrivé qu'à obtenir l'équilibre du deuxième genre. + +Par équilibre du premier genre, j'entends la légèreté parfaite et +constante du cheval, dans toutes les positions, dans tous les +mouvements, à toutes les allures; c'est cet équilibre dont je vais +m'occuper. + +Qu'il me soit permis de répondre d'abord à une objection que plus +d'un lecteur pourra me faire. + +Mais les vingt-six chevaux que vous avez montés en public, et dont +le travail a été salué par les applaudissements de la foule, +Capitaine, Partisan, Neptune et les autres, n'étaient donc pas +dressés? Qu'entendez-vous alors par un cheval dressé? Je réponds: +Oui, ils étaient dressés, puisque leur travail avait dépassé tout +ce qui s'était fait jusqu'alors, et cependant leur équilibre +n'était que du deuxième genre. + +Avec cet équilibre, je modifiais les mauvaises conditions de leur +construction plus ou moins défectueuse; j'obtenais, par moments, +une légèreté très-grande, mais qui diminuait par suite d'un nouveau +mouvement, d'un changement de direction. + +Je détruisais promptement, il est vrai, cette résistance +momentanée, et j'acquérais de suite une grande légèreté, en +redonnant au cheval la position juste; mais il n'y avait pas moins +eu perte de la légèreté, ce qui pouvait rendre par moments le +mouvement moins gracieux et le travail moins exact; de plus, malgré +les progrès continus de mes chevaux, je reconnaissais chaque jour +un nouveau _desideratum_, tandis qu'aujourd'hui, une fois leur +éducation terminée, je n'ai plus rien à désirer. Ce que j'obtiens +maintenant sur les chevaux que je monte, en leur donnant cet +équilibre parfait, me permet de dire que si je pouvais montrer de +nouveau au public mes anciens chevaux, tous les amateurs +reconnaîtraient la vérité de ce que j'avance. + +Il faut donc arriver à ce degré de perfection de l'équilibre chez +tous les chevaux, malgré leurs défauts de conformation, pour qu'ils +conservent une légèreté parfaite, constante, dans tous les +mouvements, changements de direction, et à toutes les allures. Tel +est le résultat que j'ai obtenu et que je me hâte de faire +connaître aux cavaliers intelligents de tous les pays. Les progrès +rapides qu'ils verront faire à leurs élèves en suivant la +progression, et en employant les nouveaux moyens que je vais +indiquer, les jouissances ineffables qu'ils éprouveront à monter +des chevaux constamment légers, voilà la récompense que +j'ambitionne pour prix de mes recherches incessantes, consacrées au +bonheur du cavalier et au bien-être du cheval! + +J'ignore si c'est de l'orgueil: mais lorsque je sens mon cheval se +plier à toutes mes volontés, et répondant _sans résistance aucune_ +à ma pensée, exécuter avec grâce et _une légèreté parfaite_ tous +les mouvements que je lui demande, je suis si heureux, que loin de +me sentir atteint par les clameurs des envieux et l'ingratitude des +plagiaires, je n'ai qu'un désir, celui de leur faire partager mon +bonheur. + + +MAIN SANS JAMBES.--JAMBES SANS MAIN. + +Je vais démontrer que l'emploi simultané des jambes et de la main +ne permettra jamais de donner au cheval l'équilibre du premier +genre, ou la légèreté constante. Puisque les résistances de la +mâchoire proviennent toujours d'une mauvaise répartition du poids, +comment le cavalier qui emploiera en même temps la force impulsive +et modératrice, jambes et main, pourra-t-il sentir que ses jambes +ne se sont pas opposées à la juste translation du poids opérée par +la main, et réciproquement que celle-ci n'a pas détruit la justesse +de l'impulsion communiquée par les jambes? En effet, ou la main a +été juste, ou elle a produit trop ou trop peu d'effet. Dans le +premier et le troisième cas, le concours des jambes a été plus ou +moins nuisible. Dans le second cas seulement, les jambes auront +corrigé la faute de la main, et leur aide aura été opportune. + +Il en est de même pour les jambes dans le premier et le troisième +cas mentionnés ci-dessus: l'opposition de la main sera nuisible, et +ce n'est que dans le second cas seulement qu'elle sera utile en +corrigeant la faute des jambes. + +Que de malentendus entre le cheval et son cavalier; quel retard +dans l'éducation de l'animal doit amener cette contradiction +perpétuelle des jambes et de la main du cavalier qui est toujours +disposé à attribuer au cheval les fautes que lui fait commettre +l'emploi simultané de ses jambes et de sa main! En s'en servant +séparément, il peut discerner de suite si la faute provient de son +cheval ou de lui, et il sera forcé de reconnaître que neuf fois sur +dix, c'est lui seul qui l'a commise. + +Il est vrai qu'à la longue, après maintes erreurs corrigées par son +tact, le cavalier pourra donner à son cheval l'équilibre du second +genre, mais jamais celui du premier genre, cet équilibre parfait +qui permet au cheval de conserver la mobilité moelleuse de la +mâchoire dans tous les mouvements, à toutes les allures. + +En n'employant qu'une force à la fois, soit celle des jambes pour +impulsionner, soit celle de la main pour opérer les translations de +poids utiles à tel ou tel mouvement, à telle ou telle allure, le +cavalier peut apprécier à l'instant le degré de justesse avec +lequel il a agi. + +S'il commet une erreur, il peut la corriger de suite; il en connaît +la cause, et le pauvre cheval n'étant plus ballotté par ces deux +volontés opposées des jambes et de la main, s'identifie tellement +avec la pensée de son maître, que bientôt ces deux intelligences +n'en forment plus qu'une, le cheval conservant son équilibre +parfait sans le secours des jambes et de la main du cavalier. + +L'équilibre du second genre est suffisant pour les chevaux de +l'armée, cependant MM. les capitaines instructeurs pourront +employer plus ou moins ces nouveaux moyens pour accélérer +l'instruction des hommes et l'éducation des chevaux. + + +TROIS NOUVEAUX EFFETS DE MAIN. + + 1º Pour combattre les résistances provenant du poids; + + 2º Pour combattre les résistances produites par la force; + + 3º Pour donner la position utile au changement de direction par + la rêne opposée. + +J'ai dit que l'emploi simultané des jambes et de la main ne pouvait +donner que l'équilibre du deuxième genre, et jamais celui du +premier genre, c'est-à-dire cette harmonie constante du poids et de +la force qui se font opposition sans se contredire ni se heurter, +cette légèreté parfaite chez le cheval; j'ajoute que l'application +seule de ces nouveaux effets nous permettra d'atteindre ce but. + +Si les jambes du cavalier impulsionnent le cheval, les fonctions de +la main sont multiples. C'est elle qui place, dirige, en +régularisant les translations du poids, c'est la main qui sonde les +causes des résistances, pour discerner si elles proviennent du +poids ou de la force. + +Je vais indiquer trois nouveaux effets raisonnés de la main. Les +deux premiers concourent à détruire les résistances qui constatent +la perte de l'équilibre, et en signalent la cause; le troisième +sert à faciliter les changements de direction, etc. Ces résistances +peuvent provenir de la mauvaise répartition du poids ou du défaut +d'harmonie de la force. L'effet de la main sera différent selon +qu'elle devra combattre la résistance du poids ou de la force. Pour +reconnaître la cause de cette résistance, le cavalier rapprochera +graduellement et lentement la main. La résistance est-elle inerte, +elle procède du poids mal réparti; dans ce cas, la main agira par +un demi-arrêt[12], prompt et proportionné à l'intensité de la +résistance. Si ce demi-arrêt ne suffit pas, il sera suivi d'un +deuxième, d'un troisième, jusqu'à ce que cette résistance inerte +ait disparu. Ces demi-arrêts, pratiqués avec une force de bas en +haut, détruisent les résistances du poids sans acculer le cheval; +si la résistance provient de la force, la main agira par +_vibrations_ réitérées, jusqu'à ce que la légèreté ait reparu. Ces +vibrations annuleront les résistances locales sans détruire +l'ensemble des forces; et si, à la suite de ces vibrations, la +résistance persistait, ce qui indiquerait que le poids n'est pas +encore justement réparti, il faudrait revenir aux demi-arrêts. Ces +mêmes effets de main se répéteront avec plus d'importance encore +dans les changements de direction. + + [12] Le mot demi-arrêt, dont je me sers pour exprimer l'action + vive et énergique de la main qui a pour but de reporter en + arrière le poids dont le devant est trop chargé, ne rend + qu'imparfaitement l'idée qu'il doit représenter. Ce terme indique + un ralentissement. Je l'ai conservé pour ne pas changer une + expression consacrée par l'usage. Je l'emploie pour désigner + uniquement un déplacement de poids, avec la condition expresse de + ne prendre en rien sur l'action propre au mouvement. Si le + demi-arrêt se donne de pied ferme, il ne doit, dans aucun cas, + amener le reculer. + +Le cavalier se servira d'abord des rênes du filet séparées, et, +plus tard, des rênes de bride également séparées. Mais dès que le +cheval tournera facilement à droite et à gauche par l'effet de la +rêne _directe_, le cavalier emploiera le nouvel effet (troisième +effet de main). Je suppose d'abord que le cheval est parfaitement +droit d'épaules et de hanches, _condition_ indispensable: le +cavalier veut tourner à droite, par exemple; il rapprochera +lentement la main pour reconnaître si son cheval est léger, ou s'il +résiste. S'il est léger, le cavalier portera à droite la main +tenant les rênes du filet, qui seront remplacées plus tard par les +rênes de bride, pour agir seulement par la _rêne gauche_, _rêne +opposée_. Pour tourner à gauche, il portera la main à gauche, pour +agir seulement par la _rêne droite_, _rêne opposée_. C'est la +légèreté seule du cheval, harmonie du poids et de la force, qui lui +permet d'apprécier l'effet de la rêne opposée, d'y céder et de +tourner en inclinant légèrement la tête de ce côté. Si le cavalier +sent une résistance, celle du poids, par exemple, il la détruira +par un, deux ou trois demi-arrêts successifs. Cette résistance +est-elle due au défaut d'harmonie des forces, il agira par +vibrations. Ces demi-arrêts et ces vibrations seront pratiqués avec +la _rêne directe_, _rêne droite_, s'il veut tourner à droite, et +_rêne gauche_, s'il veut tourner à gauche; et dès qu'il sentira son +cheval léger, il tournera à droite par l'effet de la _rêne +opposée_, _rêne gauche_, et _vice versâ_. Comme on le voit, je me +sers de la _rêne directe_, non pour tourner, mais seulement pour +combattre les résistances, et c'est avec la _rêne opposée_ que +j'apprends au cheval à tourner. Le cavalier demandera seulement un +huitième de conversion, s'arrêtera, combattra avec ces nouveaux +effets de main (_rêne directe_) les résistances qui se seraient +manifestées, et continuera avec la _rêne opposée_. Bientôt le +cheval pourra tourner, sans sortir de son équilibre, c'est-à-dire, +la tête portée du côté où il marche, la partie opposée de +l'encolure demeurant convexe, et la mobilité moelleuse de la +mâchoire lui permettant de céder avec la plus grande facilité à +l'effet de la rêne opposée. On comprend le plaisir que le cavalier +éprouve à suivre cette gradation, qui lui donne comme récompense +l'équilibre parfait, en ne lui laissant plus rien à désirer. Il +jouera avec les rênes flottantes qu'il fera onduler de gauche à +droite ou de droite à gauche, et son cheval tournera dans toutes +les directions, en conservant cette harmonie constante du poids et +de la force, ce qui constitue l'équilibre du premier genre. Le +cavalier doit comprendre maintenant l'importance de ces nouveaux +moyens équestres, puisqu'il peut immédiatement apprécier la cause +des résistances du cheval, et y remédier de suite. Il ne peut plus +s'illusionner et imputer à l'animal les fautes qui lui sont +personnelles. Nulle erreur n'est possible. + + +Que l'on compare un pareil cheval, gracieux, léger, prompt dans ses +mouvements, avec ces pauvres chevaux que l'on fait tourner avec la +rêne opposée, il est vrai, mais l'encolure roide, la tête mal +placée, la mâchoire serré, etc., résultat infaillible de leur +mauvais équilibre. Si cet inconvénient était le seul, on pourrait +me dire: «Qu'importe la position des chevaux de la cavalerie, +pourvu qu'ils tournent au commandement»? Je réponds: Prenez garde! +ne voyez-vous pas que si ces chevaux étaient moins braqués, que si +leur équilibre était moins mauvais, ils tourneraient plus +facilement, c'est-à-dire _plus promptement_? Ce que je dis des +changements de direction s'applique mieux encore au travail +individuel, aux voltes, demi-tours, en un mot, à tout ce qui +concerne l'équitation militaire. + + +Ces inconvénients sont si bien appréciés que beaucoup de cavaliers +emploient la rêne directe pour tourner. Mais ils n'ont pas détruit +les résistances qui proviennent du poids ou de la force; ils ont +seulement donné une indication, et la résistance se continue. + +Avec l'équilibre du premier genre, tous les chevaux tourneront +facilement par l'effet de la rêne opposée, en conservant une bonne +position de tête et une légèreté constante. + +Avant de terminer cet article, je vais parler d'un certain +maniement de rênes qui produit d'heureux et prompts résultats, +inspire de la confiance au cheval, et confirme l'équilibre, la +légèreté, l'harmonie, la régularité du mouvement. + +Le cavalier retirera la gourmette, et fera produire à la bride, par +une force de bas en haut, le même effet que le filet, sur la +commissure des lèvres, avec un contact moindre sur les barres. (La +gourmette sera replacée lorsque le cheval répondra facilement à +l'effet de la bride.) + +Puis, au pas, au trot, au galop, sans se presser, il déposera les +rênes qu'il tenait, et saisira de la main les autres rênes. Les +premières fois, le cheval accélérera peut-être l'allure, et le +cavalier devra reprendre vivement les premières rênes, pour +rappeler à l'ordre le cheval disposé à s'émanciper; mais bientôt le +cheval s'habituera à cet abandon momentané, y puisera de la +confiance, du bien-être, et conservera la régularité de l'allure +et la légèreté, pendant que le cavalier, en jouant ainsi avec les +rênes du filet et les rênes de la bride, acquiert du tact, de la +délicatesse, et arrive à conduire son cheval avec un fil! + + +DE LA FORCE ET DU MOUVEMENT DÉCOMPOSÉS. + +L'équilibre ou la légèreté étant le résultat de la juste +répartition du poids et de la force, si celle-ci n'est pas +maintenue dans la limite de l'effort à produire, l'équilibre ne +sera que momentané, et dès les premiers pas que fait le cheval, la +légèreté disparaît et la résistance se produit. Si le cavalier +continue à marcher, il lui faut combattre les résistances qui +résultent de cette mauvaise position et qui sont accrues par le +mouvement. Chaque pas de plus que fait le cheval dans cette fausse +position vient augmenter le désaccord qui s'oppose aux justes +translation du poids, et le mouvement demeure irrégulier. Le +cavalier voit fuir devant lui cette légèreté qu'il poursuit, et +s'il finit par l'obtenir ce sera après un long et difficile +travail; le plus souvent, il ne l'aura qu'en partie, et il +s'habituera à cette résistance qui sera le grand obstacle à la +perfection de l'éducation du cheval, telle que je la comprends. +Pour moi le cheval dressé, _c'est le cheval équilibré_, celui qui +présente cette harmonie du poids et de la force qui permet au +cavalier de disposer de la force utile à tel ou tel mouvement, tout +en conservant la légèreté parfaite du cheval. C'est cette harmonie +que donne en peu de temps _le mouvement décomposé_. + +Après avoir fait quelques pas à l'allure à laquelle il se trouve, +si le cavalier rencontre une résistance, il s'arrête, donne aux +fibres musculaires le temps de se relâcher et rétablit l'équilibre. +Il restera en place plusieurs minutes, s'il le faut, jusqu'à ce que +le cheval soit DÉCONTRACTÉ, c'est-à-dire, que le mouvement +précédent NE RÉSONNE PLUS. Les fibres reçoivent de nouveaux +courants électriques, et la nouvelle contraction pourra être plus +harmonieuse, plus convenable. Ce nouveau principe, _le mouvement +décomposé_, doit être appliqué à chaque partie de l'éducation du +cheval, jusqu'à ce qu'il conserve sa légèreté constante et la +régularité du mouvement, résultat infaillible de son parfait +équilibre. + +Que le mouvement soit lent ou accéléré, peu importe. Je demande +seulement qu'il soit _régulier_, c'est-à-dire que le cheval ne +diminue pas ou n'augmente pas son allure par des fluctuations +incessantes, et qu'il parcoure des espaces égaux dans des temps +égaux, en conservant cette régularité de l'allure qui est un signe +certain de la justesse de l'équilibre. + +Quoique certaines personnes, peu versées dans l'étude de mes +principes, blâment la position élevée que je fais prendre à +l'encolure et à la tête du cheval, je dis qu'il est indispensable +de leur donner toute l'élévation dont elles sont susceptibles, en +agissant avec les poignets de bas en haut. Il ne faut pas +s'effrayer de la position horizontale que prend forcément la tête. +C'est alors qu'il faut _décontracter_ la mâchoire, dont la +moelleuse mobilité permet au cheval de se ramener de lui-même. Ce +moyen, indirect en apparence, est le seul qui donne la grâce et une +légèreté constante à tous les mouvements du cheval. + + +QUELQUES MOTS SUR LE PRINCIPE: + +«MAIN SANS JAMBES, JAMBES SANS MAIN» + +POUR LE + +DÉPART AU GALOP ET LES CHANGEMENTS DE PIED. + +Ce nouvel axiome était tellement en opposition avec ce que j'avais +professé et pratiqué moi-même toute ma vie, que malgré les +résultats merveilleux que j'en obtenais, je voulus avoir une preuve +éclatante de sa justesse. + +Avant donc de livrer cette édition à la publicité, je réunis cinq +cavaliers habiles, sur la loyauté et la discrétion desquels je +pouvais compter, et je leur fis expérimenter mes nouveaux moyens. + +Le succès couronna mon attente. Je pus me convaincre que ma grande +habitude de me servir de mes aides ne me faisait point croire cette +dernière découverte plus féconde qu'elle ne l'était réellement. +Chacun de ces messieurs me remit alors un mémoire sur l'application +qu'ils en faisaient sous mes yeux, et je demandai à M. le baron +Faverot de Kerbrec la permission de reproduire son travail, qui +peut servir de complément et de développement à mes innovations. + +Le voici: + +«Il ne faut pas confondre dans l'oeuvre équestre de M. Baucher les +PRINCIPES, qui sont à jamais invariables, avec les MOYENS, qui sont +perfectibles et par conséquent pouvaient varier. + +«Au nombre des PRINCIPES qui forment la base immuable de la +«méthode», on doit citer en première ligne l'obligation constante +de rechercher ou de conserver chez le cheval monté l'ÉQUILIBRE, +c'est-à-dire cet état physique provenant du dressage et dans lequel +l'animal peut obéir instantanément à la volonté du cavalier, quelle +qu'elle soit. + +«L'_équilibre_ que M. Baucher a appelé _du premier genre_ existe +quand les translations du poids sont également faciles dans tous +les sens. On peut comparer cet état de l'animal à l'équilibre +_indifférent_ dans les corps inanimés. De même qu'une sphère posée +sur un plan horizontal obéit à la plus petite impulsion, de même, +dans le cheval monté qui possède l'équilibre du premier genre, le +poids cède à la plus légère pression, de quelque côté qu'elle lui +soit communiquée, et l'obéissance absolue aux aides en est la +conséquence. + +«Quant aux MOYENS enseignés par le maître, ils peuvent être divisés +en deux groupes constituant chacun une «manière» distincte. Dans +la première, M. Baucher agit sur les forces du cheval, c'est-à-dire +sur les ressorts animés qui portent et font mouvoir la masse, le +poids de la machine. Il arrive à faciliter le déplacement de ce +poids, à _équilibrer_, en diminuant l'étendue de la base de +sustentation, en rapprochant plus ou moins, selon le besoin, les +extrémités inférieures du cheval. + +On comprend qu'il faut alors souvent avoir recours à des moyens +puissants pour forcer l'animal, surtout dans les commencements du +dressage, à conserver cette disposition artificielle de ses +membres. De là la nécessité de l'emploi fréquent de l'éperon. + +Dans cette première manière, M. Baucher ayant constamment en vue +d'agir sur les forces de l'animal, de s'en rendre le maître absolu, +cherche dès le début à fixer à ces forces des barrières qui les +enferment de tous les côtés et qu'elles ne puissent jamais +franchir. + +Une fois cette domination obtenue, le dressage est presque terminé. +Il ne s'agit plus que de donner à ces mêmes forces la direction +qu'il plaît au cavalier de leur imprimer à l'intérieur de cette +sorte de _lacet de fer_ formé par le mors et les éperons. Enfin, il +suffit de resserrer ce lacet pour réduire l'animal à l'immobilité, +puisqu'on ne permet alors la détente d'aucun des ressorts de la +machine. + +Plus tard, s'inspirant du cheval en liberté, qui, pour se mouvoir, +commence par élever la tête et l'encolure afin d'alléger son +avant-main, M. Baucher en est venu à sa seconde «manière». + +Dans cette deuxième manière, pour arriver à la légèreté +absolue,--qui indique l'équilibre du premier genre,--il s'attaque +directement au poids du cheval et en reporte une partie de devant +en arrière. C'est la main qui est chargée de ce soin. A elle donc +de rendre le cheval «léger», équilibré. Aux jambes de donner +l'impulsion nécessaire. Dès lors l'animal n'est plus exposé à +hésiter entre deux actions contraires. L'effet qui pousse et celui +qui retient sont toujours distincts, et il n'y a plus de confusion +possible entre les aides. + +La légèreté complète est obtenue quand l'action du mors ne +rencontre jamais ni la résistance du poids, ni celle des forces. + +Dans l'application de «ses nouveaux moyens», comme dans le dressage +par les anciens, M. Baucher habitue par une progression savante le +cheval à supporter sans désordre le contact de l'éperon. C'est +seulement lorsque l'animal ne s'effraie plus de l'appui de cette +aide et que cet effet provoque à volonté une détente en avant +calme, mais _certaine_, le cheval restant léger à la main, que le +cavalier commence à être maître de sa monture et que les +«barrières» dont nous avons parlé peuvent devenir une réalité. + +Dès les commencements du dressage, le cheval doit être habitué +progressivement à se passer du secours des aides, une fois le +mouvement demandé obtenu. Mais il faut que cet abandon n'altère en +rien l'équilibre, c'est-à-dire que l'animal doit se soutenir de +lui-même, continuer exactement son mouvement avec la même vitesse +et la même cadence, et conserver toujours sa légèreté, ce dont le +cavalier s'assure de temps en temps. + +Essayons maintenant de faire comprendre le parti que peut tirer un +cavalier habile des nouveaux moyens «main sans jambes, jambes sans +main» pour le départ au galop et le changement de pied, par +exemple. + +Pour l'exécution de tout mouvement, il faut l'action et la +position: l'action est le résultat de la force qui pousse; la +position est la répartition normale du poids en raison du mouvement +demandé. Si l'action et la position sont justes, le mouvement l'est +également. + +Ce qui précède étant admis, examinons le départ du pas au galop par +la main et supposons que le cheval ait l'action convenable; s'il +possède l'équilibre du premier genre, la main n'aura qu'à donner la +position, et le mouvement suivra. + +Si l'équilibre n'est pas parfait, des résistances de poids ou de +forces se manifesteront. La main les rencontrera après avoir senti, +comme toujours, la bouche de l'animal, et elle les fera cesser par +des demi-arrêts ou des vibrations, selon le cas. + +Dès que le cavalier sentira l'action diminuée, ou si au début elle +n'est pas suffisante, ce sera, bien entendu, à ses jambes, +employées sans opposition de main, à la rétablir. Alors viendra +encore le tour de cette dernière aide pour donner seule la +position. + +Aussitôt le mouvement obtenu, il faudra dans tous les cas relâcher +entièrement les rênes; c'est la seule manière de se rendre un +compte exact de l'équilibre du cheval. + +Quand le départ au galop ainsi demandé sera facile, on apprendra au +cheval à s'enlever à cette allure par les aides inférieures seules. + +Ici le rôle des jambes est assez difficile. Elles doivent donner la +position sans augmenter l'action d'une façon appréciable. Dans le +départ à droite, par exemple, la jambe gauche se glissera un peu en +arrière par une pression lente et finement graduée; l'autre agira +plus en avant par de petits coups de mollet délicatement répétés à +de courts intervalles. + +Si, à l'approche des mollets, le cheval part au trot, les jambes se +relâcheront, et la main rétablira l'équilibre en luttant contre le +poids ou les forces. Puis on recommencera à donner la position par +les jambes seules, et on continuera ces exercices jusqu'à ce que +les enlevers au galop s'obtiennent facilement. On les alternera +alors avec les départs par la main. + +On fera ensuite passer plusieurs fois le cheval du pas au trot. La +main s'abaissera et les jambes agiront sans opposition par une +pression simultanée, habilement graduée, et bien équivalente à +droite et à gauche. Si le départ au trot est mauvais, il faudra +arrêter, décontracter, et recommencer. + +Passons maintenant au changement de pied par la main, et supposons +que le cheval ait l'action nécessaire. Les jambes n'auront rien à +faire. Elles pourraient en agissant provoquer des contractions, +augmenter inutilement l'action déjà suffisante et amener du poids +sur le devant. La main serait alors forcée de corriger les fautes +des jambes, ce qu'il faut éviter le plus possible. + +Si le cheval possède l'équilibre du premier genre, la main +inversera la répartition du poids, et le changement de pied sera +obtenu. + +Si l'équilibre n'est pas parfait, la main rencontrera des +résistances de poids ou de forces qu'elle vaincra par les moyens +connus, mais en s'efforçant de ne pas prendre sur l'action pour ne +pas obliger les jambes à la rétablir. + +Enfin, si le cheval au changement de position se précipite en +avant, on _décomposera_ le mouvement, c'est-à-dire qu'on arrêtera +et qu'on décontractera complétement avant de repartir. + +Le calme et l'action rétablis, la main cherchera de nouveau à +donner la position. + +De même que pour le départ au galop sans jambes, la main +abandonnera complétement les rênes aussitôt le mouvement obtenu. On +verra ainsi exactement où en est l'équilibre. Il est inutile +d'ajouter que, dès que ce dernier sera altéré, la main devra le +rétablir. + +On apprendra ensuite au cheval à changer de pied sans le secours de +la main. + +Le mors n'aura plus aucune action sur la bouche, et pour passer du +pied gauche au pied droit, par exemple, la jambe gauche se glissera +un peu plus en arrière que la droite pendant que celle-ci agira par +de petits coups de mollet. + +Il est impossible du reste de déterminer d'une manière absolue +l'usage exact de l'une ou de l'autre. C'est au tact à suppléer à la +théorie pour indiquer instantanément au cavalier comment il devra +employer ses jambes suivant les mille cas particuliers qui pourront +se présenter. + +La difficulté consiste à inverser le poids sans augmenter l'action +d'une manière sensible. + +Si les premières fois l'allure augmente, les jambes cesseront +d'agir, et la main rétablira l'équilibre avant qu'elles +recommencent à demander seules le changement de position. + +Puis quand le mouvement s'obtiendra facilement de cette façon, on +le demandera alternativement par la main et par les jambes.......... + + * * * * * + +Disons, avant de terminer, que les recommandations suivantes nous +semblent devoir être faites dans l'emploi des «nouveaux moyens:» + +1º Recherche et conservation constantes de la _légèreté_ complète, +le cheval toujours maintenu absolument _droit_ tant que le +mouvement ne s'y oppose pas. + +2º _Dès le début_ du dressage, «mettre le cheval à l'éperon» et ne +quitter cette leçon que lorsque l'animal l'a parfaitement comprise. + +3º _Dès_ que l'encolure et la tête _se soutiennent_ bien, chercher +le _ramener complet_ à toutes les allures. + +4º Arriver à produire _facilement_ par l'emploi _alterné_ des aides +inférieures et des aides supérieures, tous les degrés de +_rassembler_, de concentration, dont on peut avoir besoin par le +genre de service auquel est destiné le cheval en dressage. + + BARON FAVEROT DE KERBRECH. + + * * * * * + +Les quatre autres mémoires traitaient le même sujet. Ne pouvant les +rapporter tous et afin d'éviter les redites, je me borne à citer +ici textuellement la partie didactique de celui de M. d'Estienne, +qui, tout en exposant les nouveaux moyens, les a présentés sous des +formes quelquefois un peu différentes qui contribuent encore à en +faire comprendre la justesse. + + + + +TRAVAIL AU GALOP SUR LA LIGNE DROITE D'APRÈS LES NOUVEAUX MOYENS. + + +«Les premières résistances du cheval vaincues, on l'embarque sur le +pied droit, par exemple, avec la rêne ou la jambe droites: on +emploie ce moyen le plus promptement possible. + +Dès que les départs s'obtiennent de la sorte avec facilité, on se +sert alternativement de la bride et du filet. Ces changements de +rênes se font d'abord rapidement, ayant soin toutefois de reprendre +les rênes sans à-coup, sans surprise pour le cheval. S'il vient à +se contracter; s'il allonge son allure, il faut l'arrêter, le +décontracter, et repartir. Quand on fait passer le cheval au pas, +on cherche sa légèreté, soit par la flexion directe, soit par des +demi-flexions à droite et à gauche. + +On arrive ainsi à changer de rênes lentement, sans que le cheval +ralentisse son allure, sans qu'il l'allonge. + +On l'exerce également peu à peu à s'enlever, en diminuant l'effet +des jambes, et en multipliant les changements de rênes. + +Quand le cheval part facilement à la même main, sur les deux pieds, +ce qui revient à dire qu'il déplace facilement le poids de droite à +gauche, et de gauche à droite, on arrive tout naturellement aux +changements de pied. Cependant il faut les commencer avec la rêne +ou la jambe opposées. Ainsi, un cheval galopant sur le pied droit, +pour changer de pied, il faut se servir de la rêne ou de la jambe +droites, ayant bien soin d'arriver le plus vite possible au +changement de pied avec la rêne ou la jambe gauches. + + En résumé: + +1º Départ avec rêne ou jambe opposées; + +2º Départ avec rêne ou jambe directes; + +3º Changement de pied avec rêne ou jambe opposées; + +4º Changement de pied avec rêne ou jambe directes. + +Ici s'arrête la première partie du dressage qui donne déjà +l'équilibre du deuxième genre. + +Quand le cheval est arrivé à ce degré d'instruction, on l'exerce à +s'enlever au galop avec les mains, sans aucun emploi de jambes. A +cet effet on lui marque autant de demi-arrêts qu'il est nécessaire. +S'il se ralentit, ce qui indique que la main a pris sur le +mouvement, il faut cesser l'effet des mains, porter le cheval en +avant avec les jambes, et le remettre dans son aplomb au pas, +avant de chercher à l'enlever de nouveau. On arrive ainsi +très-rapidement à galoper sur le pied droit avec la rêne droite, +sur le pied gauche avec la rêne gauche. Alterner les rênes +très-fréquemment. + +On passe ensuite aux changements de pied avec la main seulement. +Avant de marquer le demi-arrêt au moyen duquel on l'obtient, il +faut sentir la bouche. Si ce demi-arrêt ne suffit pas, il faut en +marquer deux, trois, dix, coup sur coup, jusqu'à ce que le +changement de pied ait eu lieu et rendre dès qu'il est exécuté. On +comprend combien cette manière de faire est admirable pour arriver +à une exécution parfaite. En effet, une fois l'impulsion donnée, +quel peut être le rôle des jambes? Elles ne servent qu'à traverser +le cheval, à porter davantage le poids en avant, surcroît de poids +que la main doit détruire. Au contraire, en se servant de la main +seule, on change la position, et le changement de pied se fait tout +naturellement. S'il y a ralentissement dans le mouvement, se servir +des jambes ou de l'éperon pour l'accélérer; puis revenir au +demi-arrêt sans jambes pour le changement de pied. Il faut dans ce +mouvement, comme dans le précédent, alterner l'emploi des rênes. + +On exerce ensuite le cheval à partir au galop avec les jambes +seulement: la main tient les rênes par leur extrémité. Le cheval +bourre-t-il sur la main, prend-il le trot? le poids est en avant; +il faut alors marquer un demi-arrêt, et recommencer le départ, +après avoir décontracté le cheval. + +Arrivé à ce degré d'instruction, on alterne les départs au galop +avec les mains et avec les jambes. On multiplie les descentes de +mains. + +On fait de même après chaque changement de pied, ayant soin de +reprendre les rênes immédiatement pour faire un nouveau changement +de pied, et ainsi de suite. + +Enfin, on passe aux changements de pied avec les jambes seules: on +tient les rênes demi-flottantes. + +Dans tous ces mouvements, les rênes sont d'autant plus flottantes +que l'éducation du cheval est plus avancée; et l'on arrive ainsi à +les exécuter, les rênes sur l'encolure, sans que le cheval augmente +en rien son allure. + + Donc, en résumé: + +1º Départ au galop avec la main seule; + +2º Changement de pied avec la main seule; + +3º Départ au galop avec les jambes seules; + +4º Départ au galop avec la main et les jambes alternativement: +descentes de main; + +5º Changement de pied, suivi d'une descente de main; + +6º Changement de pied, avec les jambes seules. + +C'est seulement alors, quand tous ces mouvements s'exécutent +facilement, sans augmentation ni ralentissement d'allure, que l'on +a un cheval dans un équilibre de premier genre. + +Comment assez admirer ici toute la beauté de ces nouveaux +principes, qui, joignant à leur simplicité la puissance de leur +action, rendent le cheval souple, élégant, et assurent sa durée.» + + D'ESTIENNE. + + Paris, le 20 mars 1864. + + + + +PROGRESSION DU DRESSAGE. + + +_Travail avec la cravache._ + + A PIED. + +Faire venir le cheval à l'homme. + +Faire reculer le cheval, l'encolure élevée, le cavalier tenant dans +chaque main une rêne du filet, les bras élevés de toute leur +extension. (Voir la planche nº 16.) Le cavalier commencera à +combattre les résistances du poids et de la force, par les +demi-temps d'arrêt successifs et les vibrations répétées. Cette +position élevée de l'encolure, obtenue par une force de bas en +haut, prévient l'acculement en reportant en arrière le poids dans +la limite du mouvement rétrograde. + +[Illustration: Planche 16.] + +On ne fera reculer le cheval qu'un pas, en le conservant aussi +droit que possible d'épaules et de hanches. On comprend que la +moindre déviation de la croupe serait un obstacle à cette juste +translation du poids: aussi doit-on avoir le plus grand soin de ne +recommencer un deuxième pas en arrière qu'après avoir replacé le +cheval parfaitement droit, afin d'éviter les résistances qui +l'empêchent de comprendre les intentions du cavalier. Ce travail du +reculer fait pas à pas, chaque pas suivi d'un moment d'arrêt qui +permet la cessation de toute contraction musculaire autre que celle +qui sert à la station, sera alterné avec celui de deux pistes à +droite et à gauche, avec les pirouettes renversées et ordinaires, +en ayant soin de ne demander qu'un pas au cheval et de l'arrêter +dès qu'il a achevé ce pas. L'essentiel, c'est que les parties qui +doivent être _momentanément immobilisées, ne se mobilisent pas_ +(pirouettes), et que la translation du poids ait lieu selon les +lois de l'équilibre et l'harmonie du mouvement. (Reculer et travail +sur les hanches.) + +On passera ensuite aux flexions, avec le filet d'abord et la bride +ensuite, en insistant sur la flexion directe et demi-latérale de la +mâchoire. Le cavalier se place, en face du cheval et lui élève la +tête avec les deux rênes du filet séparées et tenues à douze +centimètres des anneaux, pour faire céder (point essentiel) la +mâchoire avant la tête. Cette même flexion se fera ensuite avec le +mors, le cavalier tenant dans chaque main une branche du mors pour +lever la tête du cheval et obtenir le même effet. + +Le cheval qui a cédé à l'action plus directe du filet, pourra, les +premières fois, résister à l'action du mors à cause de l'obstacle +apporté par la gourmette; on reviendra au filet, pour reprendre de +nouveau le mors, et dès que le cheval y répondra comme au filet, ce +sera la preuve évidente qu'il a bien compris les intentions de son +maître. + +_Remarque._ La flexion directe et semi-latérale de la mâchoire, +avec le soutien de l'encolure et l'élévation de la tête, a détruit +les résistances que la mâchoire pourrait présenter dans n'importe +quelle position. La flexion latérale de l'encolure détruit les +résistances provenant de la contraction des muscles de l'encolure. +Ce travail préparatoire durera quatre jours, pour rendre le cheval +familier à l'homme, sage au montoir, et lui faire apprécier la +domination de l'homme. + +Les chevaux de troupe peuvent être exercés à ce travail à pied, +pendant huit ou dix jours, au commencement de chaque leçon. Ce +travail rend l'obéissance du cheval plus facile et établit des +rapports d'intimité entre lui et son cavalier. L'instructeur, +enchanté des progrès de sa monture, devient plus indulgent et +traite son cheval avec plus de douceur. + + +A CHEVAL. + + EN PLACE. + +Avec les rênes du filet séparées, élever l'encolure et ne rendre +qu'après cession de la mâchoire. Éviter l'acculement; s'il y a +résistance, agir par demi-temps d'arrêts successifs et vibrations +répétées. _Règles générales._ Dès les premières leçons, le cavalier +se servira de ces nouveaux effets de main pour détruire toutes les +résistances du poids ou de la force, toutes les fois qu'elles se +présenteront. + +Répéter les flexions latérales et semi-latérales de l'encolure, +comme à pied. Dès que le cavalier a obtenu un commencement de +soutien de l'encolure et de mobilité de la mâchoire, il mettra son +cheval au pas et le travaillera à main droite et à main gauche +(s'il est dans un manége) sur les lignes droites et circulaires, en +recherchant la légèreté et en employant les nouveaux effets de main +pour détruire toute résistance du poids ou de la force: éviter +l'emploi simultané des jambes et de la main. + +Il procédera à cheval comme il a agi à pied, c'est-à-dire, qu'il +marchera un pas ou deux, et qu'il arrêtera en ne rendant de la main +qu'après avoir obtenu la mobilité de la mâchoire: _descente de +main, et repos pour le cheval_. Il reprendra les rênes, demandera +de nouveau la légèreté et portera le cheval un pas ou deux en +avant, pour l'arrêter et suivre la même gradation. Il alternera ce +travail au pas, ainsi gradué, avec le reculer, les pirouettes, le +travail sur les hanches. L'importance de décomposer chaque +mouvement est tellement grande et produit des résultats tellement +extraordinaires, que je ne crains pas de me répéter, et d'engager +tous les cavaliers intelligents à suivre exactement cette +gradation: 1º rechercher si le cheval est léger ou présente une +résistance à la main; 2º la détruire de suite par les demi-temps +d'arrêt et les vibrations, selon la nature des résistances, obtenir +la mobilité de la mâchoire, et porter le cheval un pas ou deux en +avant, en combattant de suite toute résistance par les nouveaux +moyens; arrêter le cheval et ne lui rendre de la main que lorsqu'il +est léger, le garder calme, immobile en place, pendant une +demi-minute, et le reporter de nouveau au pas, après s'être assuré +de la mobilité de la mâchoire. + +De même pour le reculer, les pirouettes renversées et ordinaires, +et le travail de deux pistes, ne demander qu'un pas, arrêter, +redonner la position ou la légèreté, et laisser le cheval calme en +repos quelques instants, pour continuer en suivant toujours la même +gradation. Ces moments de repos, répétés avec cette scrupuleuse +attention, produisent des résultats qui surprendront le cavalier. +La contraction musculaire cesse d'être en jeu, le cheval éprouve +du bien-être, réfléchit, et reprend son travail sans fatigue. De +plus, par le calme de ce travail ainsi gradué, le cavalier grave +dans l'intelligence du cheval l'idée de la supériorité morale de +l'homme et assure ainsi sa domination sur sa monture, tout en lui +rendant l'obéissance plus facile. Pour arrêter son cheval le +cavalier se servira d'abord des effets d'ensemble (opposition +graduée de jambes et de main); mais bientôt la main suffira pour +arrêter le cheval droit d'épaules et de hanches. + +Puisque l'action combinée des jambes et de la main _immobilise_ le +cheval, on comprend par cela même que lorsqu'il s'agit de +_mouvement_, on ne doit pas employer les mêmes moyens. + +Le cavalier mettra ensuite son cheval au trot, et l'arrêtera après +quelques foulées, en suivant la même gradation qu'au pas; +c'est-à-dire qu'il lui donnera la _position_ ou la légèreté +(mobilité de la mâchoire) avant de partir au trot; pendant ces +quelques foulées, il combattra les moindres résistances en se +servant des nouveaux effets de main, et en arrêtant son cheval, il +lui demandera de nouveau la mobilité de la mâchoire, en le +maintenant quelques instants calme et immobile. Il continuera +pendant quelques minutes le travail au trot, sur les lignes droites +et circulaires, en suivant la même gradation qu'au pas, +c'est-à-dire, en faisant toujours succéder le repos au travail, +dans une mesure plus ou moins égale. + +Le cavalier essayera ensuite en place quelques apparences de +mobilité des extrémités, pour préparer les premiers temps du +rassembler, et il terminera la leçon par quelques départs au galop, +sur les deux pieds, en _suivant toujours la même gradation_ qu'au +pas et au trot. + +Le cavalier aura soin d'employer le maniement des rênes, tel que je +l'ai indiqué au chapitre des nouveaux effets de main, c'est-à-dire, +d'alterner le jeu des rênes du filet et des rênes de bride, pour +habituer le cheval à conserver DE LUI-MÊME son équilibre et sa +bonne position. + +Ici se place une observation très-importante. + +En se servant, au galop, de la rêne _directe_, rêne droite, si le +cheval galope sur le pied droit, et rêne gauche, si le cheval +galope sur le pied gauche, pour détruire les résistances, par +demi-arrêts ou vibrations, le cavalier obtient de suite une grande +légèreté, conserve son cheval droit, et rend les départs et par +conséquent les changements de pied d'une très-grande facilité. + +Tout ce travail doit se faire sans aucune fatigue pour le cheval, +et dès le début les efforts du cavalier doivent tendre à obtenir +l'équilibre parfait ou la légèreté constante: aussi devra-t-il +demander au cheval la mobilité moelleuse de la mâchoire avant de +le mettre en mouvement: il est sûr alors que la machine est prête à +fonctionner. On comprend les progrès extrêmement rapides que cette +gradation amènera dans l'éducation du cheval. + +Le professeur initie dès les premiers pas son élève à toutes les +difficultés de la route qu'il doit parcourir, en lui donnant les +moyens de les vaincre, et en corrigeant immédiatement les moindres +fautes que le cheval peut commettre par ignorance. Aussi, deux mois +de cette éducation raisonnée ne se seront pas écoulés que le +cavalier intelligent jouira d'un résultat qu'il n'aurait jamais pu +obtenir, s'il n'avait pas donné à son cheval l'équilibre du premier +genre ou cette légèreté parfaite et constante qui permet à l'animal +d'exécuter avec la plus grande facilité tous les mouvements +demandés, sans l'ombre d'une résistance, parce qu'il apprécie +immédiatement les moindres effets de la main ou des jambes du +cavalier. Le maître commande, et le serviteur obéit. + +Quand un cheval, par l'application de tous les principes enseignés +dans cette dernière édition, a été amené à l'équilibre du premier +genre, toutes les résistances ayant disparu, les moyens doux +doivent seuls être employés. La main agira par une force lente, +délicate et finement graduée. + +J'ai dit ce que je crois être la vérité équestre. Je pense être +utile aux cavaliers intelligents et sérieux, en leur recommandant +de suivre la progression que je viens d'indiquer. Je me permets de +leur donner un conseil d'ami, et j'ose dire, d'un vieil ami, en +leur disant: rejetez mes principes, s'ils ne vous conviennent pas; +mais si vous y reconnaissez la vérité en équitation, acceptez-les +en entier, ne les mutilez pas, et rappelez-vous que l'auteur qui a +étudié pendant quarante ans, connaît assez l'oeuvre de toute sa vie +pour apprécier l'importance de toutes ses parties. + + * * * * * + +L'armée, comme je l'ai dit souvent, a toujours eu et aura toujours +mes sympathies. Le rêve de toute ma vie a été de rendre ses +cavaliers d'abord, ses écuyers ensuite, les meilleurs de l'Europe. +Je ne crois pas que Dieu me permette d'en voir la réalisation; mais +j'ai confiance. Je sais que la vérité fait son chemin lentement et +qu'elle finit toujours par percer. + +Pourquoi ne le dirais-je pas? C'est la consolation de mes vieux +jours de voir bien des hauts personnages, des généraux éclairés +rendre justice à mes principes. Chaque fois que le nom d'une +célébrité équestre de l'armée arrive à mes oreilles, je consulte +mes souvenirs, et c'est bien souvent, j'allais dire presque +toujours, celui d'un de mes élèves ou du moins d'un partisan de ma +méthode. Ce sont eux que je vois diriger l'enseignement de +l'équitation dans les écoles du Gouvernement. Au moment où j'écris, +j'apprends avec plaisir que le commandement du manége de Saumur +vient d'être donné à M. le chef d'escadrons L'hotte[13], qui m'a +fait, pendant douze ans, l'honneur de me demander mes conseils et +dont la réputation comme écuyer ne peut craindre, avec raison, le +rapprochement d'aucune autre. + + [13] Aujourd'hui colonel du 18e dragons. + + + + +CONCLUSION + + +Le goût de l'équitation se perd, tout le monde le reconnaît, et +chacun donne son opinion. Les uns attribuent la décadence de l'art +à l'engouement de la jeunesse pour les courses; ils voient dans le +turf une succursale de la Bourse, et regrettent que le Gouvernement +favorise cet entraînement, au lieu de laisser à l'industrie privée +le soin de payer ses passe-temps. Ils disent que les parieurs sur +les chevaux de courses n'ont pas le droit de réclamer des primes +gouvernementales, plus que les parieurs sur le trois-six, le colza +ou la betterave. Les autres pensent que l'enseignement routinier +des manéges a fait son temps, et qu'à notre époque de vapeur, +d'électricité, où tout se perfectionne, l'équitation doit suivre +aussi la loi du progrès. Je partage cette manière de voir, et +j'apporte comme témoignage les travaux de toute ma vie. + +Qu'il me soit permis de rappeler les innovations que j'ai +introduites dans la science et l'art de l'équitation: + +Les exercices de kinésie pour donner en quelques semaines une tenue +ferme, gracieuse, solide, à quiconque n'aurait jamais enfourché un +cheval. + +Les moyens d'assouplir la mâchoire, l'encolure, les reins, la +croupe de tous les chevaux; + +De les rendre tous légers à la main, aux trois allures. + +De leur donner à tous un pas régulier; + +Un trot uni, étendu ou cadencé; + +Un reculer aussi facile que la marche en avant; + +Un galop facile. + +Changement de pied du tact au tact, aux deux temps, à chaque temps. + +Le rassembler dans tous ses degrés. + +Les trois genres de piaffer. + +Le temps d'arrêt au galop, par l'éperon. + +Faire venir le cheval à l'homme et le rendre sage au montoir. + +La translation du poids par les forces instinctives. + +1º Distinction entre les forces instinctives du cheval et les +forces communiquées; + +2º Explication de l'influence d'une mauvaise construction sur les +résistances des chevaux; + +3º Effet des mauvaises constructions sur la mâchoire, l'encolure +et la croupe, principaux foyers de résistance; + +4º Moyens de remédier à ces inconvénients, par les assouplissements +des deux extrémités et de tout le corps du cheval; + +5º Annulation des forces instinctives du cheval pour leur +substituer les forces transmises par le cavalier, et donner de +l'aisance et du brillant à l'animal le plus disgracieux; + +6º Égalité de sensibilité de bouche chez tous les chevaux; adoption +d'un genre de mors uniforme; + +7º Moyens d'habituer tous les chevaux à supporter également +l'éperon; + +8º Tous les chevaux peuvent se ramener et acquérir la même +légèreté; + +9º Moyen d'établir chez un cheval mal constitué un équilibre aussi +facile que celui des plus belles organisations; + +10º Le cavalier donne la position, et le cheval exécute le +mouvement; + +11º Des causes qui font que des chevaux non tarés ont souvent des +allures défectueuses: moyens d'y remédier en quelques leçons; + +12º Changement de direction par de nouveaux effets de main et de +jambes; + +13º Distinction entre le reculer et l'acculement; de l'effet utile +du premier dans l'éducation du cheval; des inconvénients du second. + +14º Des attaques employées comme moyen d'éducation; + +15º Tous les chevaux peuvent piaffer; moyens de rendre ce mouvement +lent ou précipité; + +16º Définition du vrai rassembler; moyens de l'obtenir; de son +utilité pour la grâce et la régularité des mouvements compliqués; + +17º Moyen d'amener tous les chevaux à projeter franchement au trot +leurs jambes en avant; + +18º Moyens raisonnés pour mettre le cheval au galop; + +19º Temps d'arrêt au galop, les jambes ou l'éperon précédant la +main; + +20º Force graduée, basée sur les résistances du cheval, le cavalier +ne devant céder qu'après les avoir _annulées_; + +21º Éducation partielle du cheval, ou moyen d'exercer ses forces +séparément; + +22º Éducation complète des chevaux d'une conformation +très-ordinaire en moins de trois mois; + +23º Seize nouvelles figures de manége propres à donner le fini à +l'éducation du cheval et à perfectionner le sentiment du +cavalier[14]; + +24º Nouvel effet de chambrière; + +25º Nouvel effet de main; + +26º Nouvel effet de jambes; + +27º Nouveaux effets de main et de jambes combinés; + +28º Descentes de main; + +29º Descentes de jambes; + +30º Descentes de main et de jambes simultanées. + + [14] J'ai eu aussi le premier l'idée de faire exécuter, même par + des dames, les grandes difficultés de l'équitation; le public en + a été témoin. Tout le monde a pu admirer Mmes Caroline Loyau, + Pauline Cuzent, Mathilde et Maria d'Embrun. + + * * * * * + +Il est bien entendu que tous les détails d'application qui se +rattachent à ces innovations sont nouveaux comme elles et +m'appartiennent également. + +Mais on se tromperait grossièrement si l'on voulait chercher +le but de ma méthode dans ces fioritures équestres, destinées +principalement à récréer le public. + +Ces fioritures servaient à reposer le cheval, en faisant succéder à +des exercices de haute école, des mouvements légers, gracieux, +très-faciles pour le cheval équilibré. + +Ma méthode s'adresse aux vrais amateurs, aux officiers de +cavalerie, aux écuyers, à tous ceux qui veulent tirer le meilleur +parti des chevaux, quelle que soit leur conformation. + +L'équilibre, c'est le but que l'on doit se proposer, et la légèreté +est la récompense du travail. + + + + +NOUVEAU + +TRAVAIL RAISONNÉ + +AVEC LE CAVEÇON. + + +Encore un progrès nouveau que je dois à la pratique et que je me +hâte de porter à la connaissance du public. D'un instrument employé +jusqu'ici comme moyen de coercition, comme une espèce de collier de +force, je suis parvenu à faire un instrument puissant d'éducation. +Je veux parler du caveçon. Je m'en sers pour développer le +sentiment équestre de l'élève. + +A cet effet, je fais mettre le caveçon au cheval monté, et je fais +suivre à l'élève toute la progression, en commençant par le travail +en place, au pas, au trot, au galop et de deux pistes. Mon but est +de faire SENTIR à l'élève les fautes qu'il a commises ou qu'il +commet. Je m'explique. Je tiens la longe horizontalement, à 1 mètre +de distance, et je dis à l'élève d'élever les poignets pour +décontracter les muscles de l'encolure; je fais, en même temps, une +opposition attractive. Deux causes peuvent faire revenir le cheval +sur lui: les mauvaises contractions de l'encolure, ou un faux effet +de main du cavalier. J'ai soin, par une traction horizontale, +d'empêcher l'acculement du cheval, et je fais observer à l'élève +qu'il aurait dû, dans le premier cas, agir par pression des jambes +sans main; dans le deuxième, qu'il a eu trop de main.--J'ai prévenu +l'effet de l'acculement, par la traction horizontale de la longe, +j'ai donc empêché le cheval de percevoir la faute commise par le +cavalier, auquel, cependant, j'ai pu la faire remarquer, sans +inconvénient pour l'éducation du cheval.--De temps en temps, je +laisse la faute produire ses conséquences inévitables, la perte de +la légèreté, la modification de l'équilibre, en un mot, +l'acculement. Je dis à l'élève de n'agir ni par les jambes ni par +la main, et de se contenter de sentir ce qui va se passer _sous +lui_. Je rétablis l'équilibre par une traction horizontale du +caveçon, et je répare la faute commise par l'élève. + +Les professeurs, les officiers de cavalerie, comprendront par ce +qui précède de quelle importance peut être ce nouveau travail avec +le caveçon, pour aider au progrès du cavalier et accélérer +l'éducation du cheval.--Je dis ce qu'il faut faire, mais ce n'est +que sous la direction d'un habile professeur élevé à mon école que +l'élève pourra apprendre à se servir avec justesse du caveçon, +comme je le comprends.--Je fais répéter le même travail en cercle +(le professeur tiendra la longe à 2 ou 3 mètres de distance), au +pas, au trot, au galop, en recommandant à l'élève de ne chercher +qu'une seule chose, la légèreté.--Or, nos lecteurs doivent savoir +aujourd'hui que la légèreté suppose l'équilibre du poids préparé +par l'harmonie des forces.--Et pour tout résumer en quelques mots, +disons: «HARMONIE DES FORCES produite, à l'aide du caveçon, par +la détente des muscles de l'encolure, ÉQUILIBRE DU POIDS, +CONCENTRATION DE LA FORCE HARMONISÉE.» Là est toute l'équitation, +et tout ce que l'on pourrait dire en plus ressemblerait à ces bois +flottants dont parlait le fabuliste. + + + + +EXAMEN RÉTROSPECTIF + + +La vérité n'est pas sortie tout armée de mon cerveau, et il m'a +fallu quarante ans de travail, de recherches et de méditations pour +perfectionner la méthode telle qu'elle est aujourd'hui. J'avais, je +l'ai déjà dit, étudié tous les auteurs qui ont écrit sur +l'équitation, et j'avais retiré de mes lectures la conviction que +la science équestre n'existait pas, qu'elle était à créer. Comme +tout le monde, j'étais imbu des préjugés que l'ignorance +traditionnelle avait fait accepter comme des vérités. Je croyais +aux barres dures, à l'influence de leur épaisseur sur la +sensibilité de la bouche du cheval, et je me livrai à une foule +d'expériences pour découvrir un mors assez puissant pour combattre +cette prétendue insensibilité des barres. + +J'étais au Havre, et je revenais, un jour de la foire aux chevaux, +avec un cheval que j'avais payé 300 francs. Mon examen rapide avait +embrassé l'ensemble de l'animal; de retour au manége, j'examinai +attentivement la bouche de mon cheval, et je reconnus avec +tristesse que l'épaisseur des barres expliquait l'énorme résistance +qu'il opposait à l'action du mors. Je lui appliquai tour à tour les +freins les plus puissants, et la bouche demeurait insensible. +Pouvait-il en être autrement eu égard à sa conformation? + +Un jour, je me le rappelle, je montais Bienfaisant, que la douceur +de son caractère m'avait fait nommer ainsi, et je venais de +m'arrêter dans le manége. Je réfléchissais, et pendant que mon +esprit travaillait, ma main était demeurée fixe. Tout à coup je +sens Bienfaisant léger; Bienfaisant a rendu, Bienfaisant ne résiste +plus! Que s'est-il donc passé? Comme il n'y a pas d'effet sans +cause, je reconnus que la fixité de ma main avait déterminé la +cession du cheval, et j'acquis ainsi la preuve que la bouche +n'était pour rien dans les résistances, et qu'elles provenaient des +contractions de l'encolure, car je n'avais pas modifié les +conditions anatomiques des barres, je n'avais pas diminué leur +épaisseur. Tel fut le début de la méthode. Bienfaisant m'avait +appris qu'il n'y a pas de bouches dures, de barres insensibles. + +J'expérimentai sur cent chevaux, et la pratique vint confirmer +chaque fois la vérité de cette découverte. «Il n'y a pas de bouches +dures, il y a des chevaux lourds à la main dans le principe, que +l'on rend facilement légers.» + +Qu'il me soit permis de relater une anecdote qui trouve ici sa +place. + +Vingt ans plus tard, après que la méthode eut été adoptée par S. A. +R. le duc d'Orléans en présence de son frère le duc de Nemours, des +membres du Comité de cavalerie, et d'un grand nombre de généraux, +un de ces derniers, le général X..., me demanda d'examiner la +bouche de son cheval, se plaignant de l'insensibilité des barres. +Je regardai de suite les reins, la croupe, les jarrets de l'animal. +«Pardon, me dit le général, c'est de la bouche du cheval que je +parle.--Je comprends parfaitement, général.--Mais je ne vous +comprends pas,» me répliqua-t-il. J'expliquai alors au général que +la bouche était à tort accusée d'un défaut qui venait de la +mauvaise conformation du cheval. C'était un homme intelligent, et +il comprit. + +Bienfaisant m'avait appris que la mauvaise position de la tête et +de l'encolure était la cause des résistances de la mâchoire. Mais +comment obtenir cette bonne position? Parmi tous ces mors quel +était le meilleur? Dirai-je toutes les tentatives que je fis avec +ces instruments de torture? Enfin, après nombre d'essais, après +mille combinaisons, je me convainquis de cette nouvelle vérité que +l'on pouvait, avec un mors doux, amener tous les chevaux à prendre +une bonne position de tête, et j'adoptai le mors qui porte mon nom. +Ce fut avec ce mors que je cherchai à donner à mes chevaux cette +légèreté que je pressentais, et que le temps seul devait me +permettre de rendre parfaite et constante. + +Ces deux premières découvertes me mirent sur la trace d'une +troisième non moins importante. Je me demandai s'il n'en était pas +de la sensibilité des flancs du cheval comme de ses barres, et +j'arrivai à la même conclusion. Je me servais alors d'éperons +pointus à cinq pointes, et je calmais les chevaux les plus +irritables, au moyen des attaques appliquées à propos. Je pus alors +formuler cette troisième vérité: «La sensibilité des flancs du +cheval n'est pas inhérente à cette partie, elle dépend de +l'irritabilité générale, du système nerveux, de la mauvaise +conformation du cheval.» J'ai dit que les mauvaises contractions +des muscles de l'encolure faisaient sentir leur effet sur la +bouche, mais il fallait arriver à les détruire, afin de +discipliner, en les harmonisant, ces cordes si impressionnables. +C'est ce qui me donna l'idée des flexions de l'encolure, que je fis +à pied, à cheval, au pas et au trot. J'obtins des effets de +légèreté, des mouvements plus faciles; mais que j'étais loin de cet +équilibre, de cette légèreté que j'obtiens aujourd'hui, en quelques +heures, sur n'importe quel cheval! Si j'obtenais avec l'éperon +pointu, le ramener, le rassembler, le piaffer et tous ces airs +nouveaux que je fis produire à tous mes chevaux, dont je montai une +vingtaine, en public, je ne pouvais me dissimuler que le résultat +n'était pas le même chez tous mes élèves dont beaucoup faisaient +défendre leurs chevaux. Il fallait éviter cet inconvénient, et je +recherchai si en traitant les flancs avec la même douceur que +j'apportais dans mes rapports avec la bouche, je n'arriverais pas +au même résultat. J'essayai les éperons à molettes rondes, que +j'adoptai définitivement après en avoir constaté les excellents +résultats. C'était un progrès nouveau. Je le complétai en +introduisant le travail à pied. En apprenant au cheval à venir à +l'homme au contact de la cravache, je donnais au cavalier le +premier sentiment de sa domination, et j'établissais des rapports +plus directs entre le maître et le serviteur. Plus tard, je +complétai le travail à pied par les flexions de croupes, d'épaules, +par le reculer. + +Le progrès appelle le progrès. J'arrivai à substituer à mon mors un +mors plus doux encore, à branches plus courtes, et dépourvu de +gourmette, et comme ce nouveau mors permettait de nouveaux effets +de main, je prescrivis l'action isolée des jambes et de la main. +J'ai dit les raisons qui m'avaient fait introduire cette nouvelle +formule. J'avais été témoin de tant de mécomptes essuyés par les +cavaliers chez qui le mécanisme laissait à désirer, que je crus +leur rendre un grand service en leur recommandant ma nouvelle +formule: «Main sans jambes, jambes sans main.» En effet, à +l'exception de mes élèves d'élite, presque tous se servaient de +leurs jambes pour réparer les fautes de la main, et _vice versâ_. +On comprend que l'action isolée de la main et des jambes devait +prévenir cette contradiction dans les aides et accélérer +l'éducation du cheval. Mais je voulais obtenir plus encore, et +donner à la masse des cavaliers les moyens certains d'équilibrer +facilement leurs chevaux. C'est à quoi je suis heureusement arrivé +par l'emploi du bridon pour mors unique. Avec ce simple bridon +j'obtiens, en quelques heures, des résultats plus satisfaisants, +plus complets que je n'en ai jamais obtenu avec le mors de bride. +Deux effets de main suffisent à détruire toutes les résistances de +l'encolure, et à donner au cheval la belle position de la tête, qui +rendra plus faciles les translations de poids utiles à tous les +mouvements que le cavalier peut lui demander. Le premier effet a +lieu par l'élévation des poignets, agissant par une force de bas en +haut sur la commissure des lèvres, en donnant à l'encolure toute +l'extension possible. Dès que le cheval cédera à l'action des rênes +du bridon, dans cette position élevée, le cavalier abaissera les +poignets, serrera énergiquement les doigts et attendra que la tête +du cheval soit revenue dans la position verticale, en même temps +que la mâchoire cédera moelleusement. Avec ces deux effets de main, +employés seuls, ou simultanément avec le concours des jambes ou +l'appui de l'éperon, le cavalier obtiendra de son cheval tout ce +qu'un cavalier intelligent est en droit de lui demander, puisqu'il +peut agir en haut, en bas, ou de côté, selon la force à combattre +ou la position à donner à la tête du cheval. + +La cavalerie reconnaîtra les nombreux avantages que le bridon lui +offre pour le dressage de ses chevaux, et peut-être arrivera-t-elle +plus tard à employer, comme je le fais aujourd'hui, le bridon pour +l'unique frein, pour le plus convenable à tous les besoins du +service. Après avoir recommandé tour à tour l'emploi de la jambe +opposée ou de la jambe directe, je suis arrivé à reconnaître que +dès que le LE CHEVAL EST DROIT, la jambe directe doit être toujours +employée pour DISPOSER la croupe. De cette manière j'évite l'espèce +d'arc-boutant que les hanches opposaient aux épaules, dans les +changements de direction, pirouettes, travail de deux pistes, et +par la disposition de la croupe, je détermine nécessairement la +direction des épaules. Avec le cheval droit et la disposition de la +croupe, j'enlève au cheval le moindre prétexte à la résistance, je +rends tous les mouvements faciles, gracieux, avec la mobilité +moelleuse de la mâchoire! + +Je ne puis terminer cette revue rétrospective des progrès qu'a +faits la méthode, sans me rappeler, avec un juste sentiment de +satisfaction, que les meilleurs cavaliers de l'armée, que tous les +officiers de cavalerie qui ont écrit sur l'équitation, tels que: le +capitaine Raabe, le colonel Guérin, le capitaine Gerhardt, le +lieutenant Wachter, sont mes élèves, et qu'en toutes circonstances +ils ont eu le courage de leur opinion. + + + + +CAVALERIE + + +La méthode appartient surtout maintenant à la cavalerie; c'est à +elle à la conserver, à la développer en l'appropriant à tous ses +besoins. Dans le civil, à l'exception de quelques brillantes +individualités, de quel résultat peut être la science équestre? +Dans la cavalerie, au contraire, le cheval est votre outil, votre +compagnon de gloire. Recherchez donc les moyens d'accroître votre +domination sur le cheval, afin de parler plus facilement à son +intelligence. N'oubliez pas que les cavaleries étrangères ont déjà +profité de la méthode, et n'attendez pas que ces idées nouvelles +vous arrivent plus tard du dehors, car votre patriotisme +souffrirait de recevoir de l'étranger ce qu'un de vos compatriotes +confie avec tant de bonheur à la cavalerie française! + +Puissent mes dernières innovations rendre la tâche plus facile et +contribuer aux progrès de notre belle cavalerie! C'est le voeu d'un +citoyen, ami de son pays, dont toutes les études n'ont eu qu'un +but, le progrès de l'équitation. + + + + +TABLE DES MATIÈRES + + + Pages. + + Préface 1 + + Dernières innovations 5 + + Du cheval en liberté 6 + + Du sentiment 8 + + De la bouche du cheval 9 + + Le professeur 10 + + Résumé succinct des rapports officiels sur l'application + de ma Méthode dans l'armée 12 + + Nouveaux moyens de donner une bonne position au cavalier 18 + + De l'équilibre du cheval 30 + + De l'emploi raisonné des forces du cheval 34 + + Mobilisation du cheval par les forces instinctives 45 + + De l'assouplissement 50 + + De la bouche, du mors 54 + + Flexions de la mâchoire et de l'encolure 57 + + Effets de mains 67 + + Effets de jambes 74 + + Effets de main et de jambes 78 + + Assouplissement à cheval 83 + + Mobilisation de la croupe 87 + + Pirouettes 89 + + Effets d'ensemble 94 + + Eperon 97 + + Emploi par le cavalier des forces du cheval aux + différentes allures 100 + + Pas 102 + + Reculer 106 + + Travail sur les hanches 109 + + Trot 114 + + Descente de main, de jambes, de main et de jambes 117 + + Travail à la chambrière 120 + + Rassembler 123 + + Galop 129 + + Saut de fossé et de barrière 132 + + Piaffer 136 + + Éducation du cheval; gradation du travail 141 + + Ma Méthode hors du manége 146 + + Application de la Méthode au travail des chevaux + Partisan, Capitaine, Neptune, Buridan 150 + + Exposition succincte de la Méthode par demandes et par + réponses 160 + + Nouveaux moyens équestres 173 + + Équilibre du premier genre 175 + + Main sans jambes 178 + + Jambes sans main 178 + + Trois nouveaux effets de main 181 + + 1º Pour rétablir l'équilibre 181 + + 2º Pour rétablir l'harmonie des forces 181 + + 3º Pour donner les positions utiles aux changements de + direction par la rêne opposée 181 + + De la force et du mouvement décomposés 188 + + Travail au galop sur la ligne droite d'après les nouveaux + moyens 191 + + Progression du dressage 206 + + Conclusion 217 + + Nouveau travail raisonné avec le caveçon 223 + + Examen rétrospectif 227 + + Cavalerie 235 + + +PARIS.--Imprimerie de J. DUMAINE, rue Christine, 2. + + + + +A LA MÊME LIBRAIRIE: + + + =AURE= (le comte d').--=Traité d'équitation illustré=, précédé + d'un aperçu de diverses modifications et changements apportés + dans l'équitation depuis le XVIe siècle jusqu'à nos jours; suivi + d'un appendice sur le jeune cheval, du trot à l'anglaise, et + d'une lettre sur l'équitation des dames. 4º édit. Paris, 1870. + Joli vol. gr. in-8 avec portrait, planches et figures dans le + texte. 10 fr. + + =CURNIEU= (le baron de).--=Leçons de science hippique générale=, + ou Traité complet de l'art de connaître, de gouverner et + d'élever le cheval. Paris, 1855-1860. 3 beaux vol. gr. in-8, + illustrés de plus de 200 figures gravées sur textes. 36 fr. + + =DEBOST= (Émile), ancien instructeur de l'École de cavalerie, + etc. CINÉSIE ÉQUESTRE.--=Nouvelle étude du cheval= et principes + inédits d'équitation rationnelle et de haute école, etc. Paris, + 1873. In-8º. 6 fr. + + =GERHARDT= (A.), capitaine-instructeur des lanciers de la + garde.--=Manuel d'équitation=, ou essai d'une progression pour + servir au dressage prompt et complet des chevaux de selle, et + particulièrement des chevaux d'armes, précédé d'une analyse + raisonnée du Bauchérisme. Paris, 1859. In-8 avec planches par V. + Adam. 6 fr. + + =LENOBLE DU TEIL= (Jules).--=Étude sur la locomotion du cheval= + et des quadrupèdes en général considérée dans ses rapports, avec + l'équitation et la représentation des quadrupèdes à toutes les + allures et à toutes les variétés de ces allures; ouvrage + complété par un atlas de 23 planches, indiquant les phases + successives d'appui et de soutien de chaque membre à toutes les + allures. 1 vol. in-4º et atlas. 12 fr. + + =MÉGNIN= (J.-P.), vétérinaire en 2e.--=Dermatologie hippique=, + ou Traité de l'organisation et des maladies de la peau du + cheval. Paris, 1868, 1 vol. in-8 avec 12 planches gravées dont 8 + en couleur. 5 fr. + + =MÉGNIN=, vétérinaire en 2e.--=Essai sur les proportions du + cheval= et son anatomie externe comparée à celle de l'homme, à + l'usage des écuyers militaires ou civils et des artistes. Paris, + 1860. Album in-folio jésus oblong, composé de 15 planches + coloriées avec texte. 20 fr. + + =MERCHE=, officier de la Légion d'honneur, vétérinaire + principal, membre de plusieurs sociétés savantes, etc.--=Nouveau + traité des formes extérieures du cheval.= Paris, 1868. 1 fort + vol. in-8 avec figures dans le texte. 12 fr. + + =MONTIGNY= (le comte de), chevalier de la Légion d'honneur, + ancien écuyer de 1re classe et ancien inspecteur général des + haras.--=Manuel des piqueurs, cochers, grooms et palefreniers=, + à l'usage des écoles de dressage et d'équitation de France. 3e + édit., revue et corrigée. Paris, 1873. 1 fort vol. in-12 avec 22 + planches. 5 fr. + + =MUSSOT= (P.), lieutenant-colonel de cavalerie, ancien + capitaine-instructeur à l'Ecole de Saumur.--=Manuel + d'hippiatrique=, d'équitation et d'hygiène à l'usage de tous, ou + Etude de la connaissance intérieure du cheval, de son + instruction et de son emploi, de sa conservation en l'état de + santé, de sa reproduction, de son élevage et de son + remplacement. Paris, 1856. 2 vol. in-8 avec planches. 12 fr. + + =NOLAN= (L.-E.).--=Dressage des chevaux de remonte.=--Traduit de + l'anglais par Savin de Larclause, colonel du 14e dragons. Paris, + 1872. Gr. in-8º avec 13 planches. 3 fr. + + =VALLON= (A.), vétérinaire principal, professeur d'hippologie et + directeur de haras de l'Ecole de cavalerie, etc, etc.--=Cours + d'hippologie=, à l'usage de MM. les officiers de l'armée, de MM. + les officiers de haras, les vétérinaires, etc.; adopté pour + l'enseignement hippologique dans l'armée, par décision + ministérielle du 1er juin 1863. 2e édition. Paris, 1873. 2 forts + vol. in-8 avec planches et figures dans le texte. 14 fr. + + =VALLON= (A.), vétérinaire principal, professeur d'hippologie, + etc., etc.--=Abrégé d'hippologie= à l'usage des sous-officiers + de l'armée. Adopté pour l'enseignement de l'hippologie dans + l'armée par décision ministérielle du 11 juin 1863. 4e édition. + Paris, 1873. 1 vol. in-12 avec planches. 3 fr. 50 + + +Paris.--Imprimerie J. DUMAINE, rue Christine, 2. + + + + + +End of the Project Gutenberg EBook of Méthode d'équitation basée sur de +nouveaux principes, by François Baucher + +*** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK MÉTHODE D'ÉQUITATION *** + +***** This file should be named 39410-8.txt or 39410-8.zip ***** +This and all associated files of various formats will be found in: + http://www.gutenberg.org/3/9/4/1/39410/ + +Produced by Hélène de Mink and the Online Distributed +Proofreading Team at http://www.pgdp.net (This file was +produced from images generously made available by The +Internet Archive) + + +Updated editions will replace the previous one--the old editions +will be renamed. + +Creating the works from public domain print editions means that no +one owns a United States copyright in these works, so the Foundation +(and you!) can copy and distribute it in the United States without +permission and without paying copyright royalties. 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It exists +because of the efforts of hundreds of volunteers and donations from +people in all walks of life. + +Volunteers and financial support to provide volunteers with the +assistance they need, are critical to reaching Project Gutenberg-tm's +goals and ensuring that the Project Gutenberg-tm collection will +remain freely available for generations to come. In 2001, the Project +Gutenberg Literary Archive Foundation was created to provide a secure +and permanent future for Project Gutenberg-tm and future generations. +To learn more about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation +and how your efforts and donations can help, see Sections 3 and 4 +and the Foundation web page at http://www.pglaf.org. + + +Section 3. Information about the Project Gutenberg Literary Archive +Foundation + +The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non profit +501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the +state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal +Revenue Service. The Foundation's EIN or federal tax identification +number is 64-6221541. Its 501(c)(3) letter is posted at +http://pglaf.org/fundraising. Contributions to the Project Gutenberg +Literary Archive Foundation are tax deductible to the full extent +permitted by U.S. federal laws and your state's laws. + +The Foundation's principal office is located at 4557 Melan Dr. S. +Fairbanks, AK, 99712., but its volunteers and employees are scattered +throughout numerous locations. Its business office is located at +809 North 1500 West, Salt Lake City, UT 84116, (801) 596-1887, email +business@pglaf.org. 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Baucher</title> + <link rel="coverpage" href="images/cover.jpg" /> + <style type="text/css"> + + p { margin-top: .75em; + text-align: justify; + margin-bottom: .75em; + } + + h1,h2 {text-align: center; + clear: both;} + + h3 {text-align: center; + font-size: 90%;} + + h4 {text-align: center; + font-size: 80%;} + + hr.c5 {width: 5%; margin-top: 2em; margin-bottom: 2em;} + hr.c15 {width: 15%; margin-top: 2em; margin-bottom: 2em;} + + table {margin-left: auto; margin-right: auto;} + .tdl {text-align: left; vertical-align: bottom;} + .tdr {text-align: right; vertical-align: bottom;} + .tdc {text-align: center;} + .bor_top {border-top: 2px solid;} + + .pagenum { /* uncomment the next line for invisible page numbers */ + /* visibility: hidden; */ + position: absolute; + right: 5%; + font-size: 0.6em; + font-variant: normal; + font-style: normal; + text-align: right; + background-color: #FFFACD; + border: 1px solid; + padding: 0.3em; + } /* page numbers */ + + .footnotes {border: dashed 1px; background-color: #F0FFFF} + .footnote {margin-left: 15%; margin-right: 15%; font-size: 0.9em;} + .fnanchor {vertical-align: super; font-size: .6em; text-decoration: none; + font-style: normal;} + + .blockquote {font-size: 95%; margin-left: 5%; margin-right: 10%;} + + .box {margin: auto; + text-align: center; + border: 1px solid; + padding: 1em; + background-color: #F0FFFF; + width: 25em;} + + sup {font-size: 0.7em; font-variant: normal;} + + .hanging {margin-left: 3em; text-indent: -2em;} + .sper {font-weight: normal; letter-spacing: .2em; padding-left: .2em;} + .center {text-align: center;} + .smcap {font-variant: small-caps; font-size: 90%;} + + .figcenter {margin: auto; text-align: center;} + .caption {text-align: center; font-size: 90%;} + + .p2 {margin-top: 2em;} + .p4 {margin-top: 4em;} + + .i2 {margin-left: 2em;} + .i4 {margin-left: 4em;} + + .xs {font-size: x-small;} + .small {font-size: small;} + .medium {font-size: medium;} + .large {font-size: large;} + + .font95 {font-size: 95%;} + .font90 {font-size: 90%;} + .left2 {margin-left: 2%;} + .left5 {margin-left: 5%;} + .left15 {margin-left: 15%;} + .right { text-align: right; clear: both; margin-left: 25%; width: 75%; } + +@media screen +{ + body + { + width: 80%; + max-width: 40em; + margin: auto; + } + p + { + margin-top: .75em; + margin: 0.75em auto; + text-align: justify; + } +} + +@media print, handheld +{ + p + { + margin-top: .75em; + text-align: justify; + margin-bottom: .75em; + } + + .smcap + { + text-transform: uppercase; + font-size: 80%; + } + + hr.c5 + { + width: 5%; + margin-left: 47.5%; + margin-top: 2em; + margin-bottom: 2em; + } + + hr.c15 + { + width: 15%; + margin-left: 37.5%; + margin-top: 2em; + margin-bottom: 2em; + } +} + +@media handheld +{ + body + { + margin: 0; + padding: 0; + width: 95%; + } +} + + </style> + </head> +<body> + + +<pre> + +The Project Gutenberg EBook of Méthode d'équitation basée sur de nouveaux +principes, by François Baucher + +This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with +almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or +re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included +with this eBook or online at www.gutenberg.org/license + + +Title: Méthode d'équitation basée sur de nouveaux principes + +Author: François Baucher + +Release Date: April 9, 2012 [EBook #39410] + +Language: French + +Character set encoding: ISO-8859-1 + +*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK MÉTHODE D'ÉQUITATION *** + + + + +Produced by Hélène de Mink and the Online Distributed +Proofreading Team at http://www.pgdp.net (This file was +produced from images generously made available by The +Internet Archive) + + + + + + +</pre> + + + +<div class="p2 box"> +<p>Note sur la transcription: Les erreurs clairement introduites par le typographe ont été corrigées. +L'orthographe d'origine a été conservée et n'a pas été harmonisée. +Les numéros des pages blanches n'ont pas été repris.</p></div> + +<p><a id="Page_I"></a> +<a id="Page_II"></a> +<a id="Page_III"></a> +<a id="Page_IV"></a> +<a id="Page_V"></a></p> + +<h1 class="p2"><span class="large">MÉTHODE</span><br /> +D'ÉQUITATION</h1> + +<p><a id="Page_VI"></a></p> + +<p class="p4 center small"><span class="smcap">Paris.</span>—Imprimerie <span class="smcap">J. Dumaine</span>, rue Christine, 2.</p> + +<p><a id="Page_VII"></a></p> + +<p><a id="Page_VIII"></a></p> +<div class="p4 figcenter"> +<img src="images/008.jpg" width="300" height="441" alt="portrait" /> +</div> + +<p><a id="Page_IX"></a></p> + +<h2><span class="large">MÉTHODE</span><br /> +D'ÉQUITATION<br /> +<span class="medium">BASÉE SUR DE NOUVEAUX PRINCIPES</span></h2> + +<p class="center small">PAR</p> + +<p class="center">F. BAUCHER</p> + +<p class="p2 center"><span class="sper">QUATORZIÈME ÉDITION</span><br /> +<span class="small">REVUE ET AUGMENTÉE</span></p> + +<p class="center xs">Avec portrait de l'Auteur et 16 planches.</p> + +<p class="p4 center">PARIS<br /> +<span class="small">LIBRAIRIE MILITAIRE DE J. DUMAINE</span><br /> +<span class="xs">LIBRAIRE-ÉDITEUR</span><br /> +<span class="xs">RUE ET PASSAGE DAUPHINE, 30</span></p> + +<hr class="c5" /> +<p class="center">1874</p> + +<p><a id="Page_X"></a></p> +<p><span class="pagenum"><a id="Page_1"> 1</a></span></p> + +<h2 class="p4">PRÉFACE</h2> + +<p class="p2">L'homme a reçu du Créateur une intelligence supérieure +à celle des animaux, non pour les asservir à +ses caprices et leur infliger des mauvais traitements, +mais pour en recevoir tous les services qu'il est en +droit de leur demander. Le cheval, ce noble animal, +est peut-être celui dont l'homme a le plus +abusé, et les moyens dont on s'est servi pour le +soumettre trahissent l'ignorance autant que la brutalité. +Dès ma jeunesse j'aimai le cheval, et, frappé +de l'incertitude des principes énoncés par tous les +auteurs qui ont écrit sur l'équitation, je cherchai à +ouvrir une voie nouvelle et sûre à tous ceux qui +s'occupent de l'éducation du cheval. En 1830 je +fis paraître le <em>Dictionnaire raisonné d'équitation</em>. La +faveur du public me récompensa de mes laborieuses +<span class="pagenum"><a id="Page_2"> 2</a></span> +recherches, et m'encouragea à persévérer dans mes +efforts. Quelques années plus tard parut ma nouvelle +Méthode, qui souleva dans le monde équestre, +d'une part un grand enthousiasme, de la part de +quelques-uns une critique passionnée trop passionnée +pour être impartiale. Treize éditions se succédèrent +en vingt-cinq ans, mes ouvrages furent traduits +dans plusieurs langues, et partout les amateurs +et les officiers intelligents adoptèrent mes principes. +J'ai déjà dit les causes qui avaient empêché ma méthode +d'être introduite dans la cavalerie française, +malgré l'avis presque unanime de MM. les officiers +consultés.</p> + +<p>Que ma plume se taise sur ce triste passé!</p> + +<p>Ma Méthode permettait de donner à tous les +chevaux l'équilibre du deuxième genre, et les vingt-six +chevaux que j'ai montés en public en ont été +la preuve incontestable. Avec mes dernières innovations, +je donne non-seulement une plus grande +facilité pour obtenir sur tous les chevaux cet équilibre +du deuxième genre, je donne encore les +moyens infaillibles <em>d'obtenir chez tous les chevaux +une légèreté constante</em>, signe d'un équilibre parfait. +C'est cet équilibre que j'appelle équilibre du premier +genre.</p> + +<p>Le premier équilibre suffit à tous les besoins de +la cavalerie et de l'équitation ordinaire.</p> + +<p>L'équilibre parfait, ou équilibre du premier +<span class="pagenum"><a id="Page_3"> 3</a></span> +genre, ne pourra être donné au cheval que par +l'élite des cavaliers. Ce sera l'équitation transcendantale. +En poésie, dans les arts, dans les sciences, +il n'est pas permis à tout le monde d'aller à +Corinthe!</p> + +<p><a id="Page_4"></a></p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_5"> 5</a></span></p> + +<h2 class="p4">DERNIÈRES INNOVATIONS</h2> + +<p class="p2">Depuis quarante ans que je m'occupe de l'art de +dresser les chevaux, j'ai toujours compris que +l'unique problème à résoudre par l'écuyer était de +parfaire l'équilibre naturel du cheval, et les recherches +de toute ma vie n'ont eu d'autre but que +de rendre plus facile la solution du problème. Chacune +des treize éditions de la méthode renferme un +nouveau progrès qui simplifie le travail de l'écuyer. +A tous les instruments de torture employés précédemment, +je substituai d'abord le mors qui porte +mon nom; plus tard, je le remplaçai par un mors +plus doux encore, aux branches plus courtes et sans +gourmette; enfin, aujourd'hui je ne me sers plus +que d'un simple bridon. Qu'on n'aille pas croire +que ce bridon, nouveau par sa disposition, possède +une vertu magique qui dispense de l'étude de la +science; ce serait une grave erreur! Ce nouveau +bridon démontre le perfectionnement de ma méthode, +l'efficacité des moyens qu'elle prescrit, puisque +avec ce simple frein je puis dompter le cheval +<span class="pagenum"><a id="Page_6"> 6</a></span> +le plus fougueux et le soumettre à ma volonté. +Quelque simples que soient les nouveaux moyens +que j'indique, ils ne peuvent être bien compris dans +leurs détails et dans leur ensemble que par un +écuyer habile.</p> + +<p>Je dirai donc aux jeunes cavaliers: adressez-vous +à un professeur imbu de tous mes principes et +familiarisé avec la pratique de ma méthode, lui +seul pourra vous rendre facile et sûre la route à +parcourir, en vous indiquant ces nuances diverses, +ces effets multiples de mains et de jambes, ce je ne +sais quoi que le sentiment perçoit, que l'œil du +professeur saisit, mais que l'auteur ne peut écrire. +Acquérez ainsi la science, apprenez à vous servir +de ce nouveau bridon, et vous obtiendrez des résultats +inespérés; une fois le cheval dressé, vous pourrez, +si tel est votre bon plaisir, employer à la promenade +le mors que vous préférez.</p> + +<h3 class="p2">Du cheval en liberté.</h3> + +<p>Il n'est personne qui n'ait vu un cheval courant +en liberté dans la prairie. Quelle souplesse, quelle +légèreté dans tous ses mouvements! Prenez ce cheval, +mettez-lui une selle, une bride et cherchez à +l'astreindre à votre volonté, quelle métamorphose! +<span class="pagenum"><a id="Page_7"> 7</a></span> +Ce cheval qui, en état de liberté, planait au-dessus +du sol, se traîne péniblement, et s'arrête entre vos +jambes. Pourquoi? Le cheval libre, maître absolu +de ses forces, dispose son poids comme il l'entend, +pour exécuter ces mouvements si gracieux que nous +admirons. Dès qu'il est monté par l'homme, il se +sent gêné, paralysé dans sa liberté; il est forcé d'abdiquer +sa volonté, et il n'est pas encore capable de +comprendre celle du cavalier. Il existe alors entre +ces deux volontés un état transitoire d'incertitude +qui explique de la part du cheval ces résistances +qui dégénèrent en défense sous son cavalier inexpérimenté. +Comment détruire ces résistances avant-coureurs +de la défense, si le cavalier ignore que la +cause de toutes les résistances réside dans le mauvais +équilibre du cheval, par suite du désaccord qui +existe entre l'avant et l'arrière-main? Les translations +de poids ne sont faciles qu'autant que le +cheval demeure <em>droit</em>, c'est-à-dire que les jambes +de derrière soient sur la même ligne que celle de +devant. Avec le cheval ainsi disposé, la force motrice +peut agir avec égalité et simultanéité de +contraction et de détente. L'effet sera transmis +de l'arrière-main à l'avant-main sans décomposition +de force, et le cheval prendra facilement la +position utile au mouvement demandé. Supposez, +au contraire, le cheval ayant la croupe en dehors de +la ligne des épaules, aussitôt cesse la juste répartition +<span class="pagenum"><a id="Page_8"> 8</a></span> +du poids, parce que telle partie est trop surchargée, +telle autre trop allégée; les contractions +musculaires ne sont plus justes, l'instrument n'est +plus d'accord, et, au moindre changement de direction, +la croupe vient faire arc-boutant aux épaules, +et le cheval résiste. Si le cavalier ne se hâte +de détruire la cause de ces résistances en mettant +son cheval <em>droit</em>, il n'arrivera jamais à la légèreté +parfaite et constante.</p> + +<h3 class="p2">Du sentiment.</h3> + +<p>La routine traditionnelle veut que tout cavalier +qui monte dans le manége suive la piste près du +mur. Je préfère le voir se tracer une piste à un +mètre de distance du mur, afin de m'assurer s'il sait +maintenir son cheval <em>droit</em>, sans le secours d'un +guide-âne. De cette manière, le cavalier acquerra, +outre le sentiment des lignes, ce juste accord qui +lui permettra de discerner plus facilement la nature +des contractions,—bonnes, si la légèreté en est la +conséquence,—mauvaises, lorsque les résistances +du cheval augmentent au lieu de diminuer. Celui +qui n'a pas le sentiment des contractions est incapable +de juger la position du cheval, je veux dire +de sentir si la distribution de son poids est convenable, +<span class="pagenum"><a id="Page_9"> 9</a></span> +si la force est harmonisée par rapport au +mouvement à exécuter. Il ne peut donc ni préparer +la position<a name="FNanchor_1" id="FNanchor_1" href="#Footnote_1" class="fnanchor">[1]</a> ni la corriger, ni, par conséquent, +atteindre le but qu'il s'est proposé, <em>améliorer l'équilibre +naturel du cheval en le rendant léger dans tous ses +mouvements</em>. Le sentiment se développe par l'exercice; +l'essentiel est de suivre la progression que +j'indique et de se pénétrer de la vérité du principe +dont un seul mot exprime les conséquences: «<em>Équilibre +ou légèreté.</em>»</p> + +<h3 class="p2">De la bouche du cheval.</h3> + +<p>Le langage a été donné à l'homme pour dissimuler +sa pensée, a dit le prince de Talleyrand. Plus +loyal que l'homme, le cheval ne peut pas dissimuler +ses impressions. Est-il content de son cavalier, il +lui témoigne sa satisfaction par la mobilité moelleuse +de sa mâchoire. Surprend-il une faute, un +oubli (le meilleur cavalier peut se tromper), l'ami +fidèle semble s'attrister; il perd sa légèreté, son +enjouement; si le cavalier comprend cet avis donné +<span class="pagenum"><a id="Page_10"> 10</a></span> +à voix basse, s'il répare sa faute, le cheval se hâte de +reprendre son air de gaieté, et, par la mobilité de +sa mâchoire, remercie son maître d'avoir écouté +l'humble remontrance de son serviteur. Mais la +faute s'aggrave-t-elle, l'ignorance et la vanité dédaignent-elles +d'écouter les reproches discrets qui +lui sont adressés, alors le cheval retire sa confiance +à ce maître dont il n'est pas compris; il cesse tout +échange de pensées et proteste par le mutisme contre +l'ignorance de son cavalier. On peut contraindre +un esclave à marcher, on ne peut l'obliger à vous +témoigner sa satisfaction.</p> + +<p>J'ai dit que toutes les résistances du cheval proviennent +de son mauvais équilibre. A qui la faute? +Au cavalier! toujours au cavalier!</p> + +<h3 class="p2">Le professeur.</h3> + +<p>Plus les formules de la science se simplifient, +plus important devient le rôle du professeur instruit, +chargé de transmettre fidèlement la pensée +de l'auteur, de la faire appliquer et de démontrer +la vérité de ses principes. J'écris qu'il faut avoir le +cheval <em>droit</em>, et j'en dis la raison; mais qui indiquera +à l'élève que son cheval est ou n'est pas droit? Je +parle des effets de main, de jambes et d'éperons +<span class="pagenum"><a id="Page_11"> 11</a></span> +employés tantôt <em>séparément</em>, tantôt simultanément. +Qui dira au cavalier qui se sera trompé dans l'emploi +de ces aides la cause de son erreur? Qui l'aidera +à la réparer et à prévenir ainsi les conséquences +graves qui en résulteraient? Je dis qu'il faut détruire +toutes les causes de résistances du cheval; mais qui +indiquera à l'élève les moyens justes, opportuns, +qu'il devra employer, le degré de force dont il devra +se servir? Qui développera le sentiment de l'élève +par des conseils donnés à propos? Le professeur. +Mais je parle du professeur élevé à mon école, +imbu de mes perfectionnements, car lui seul pourra +les transmettre fidèlement et donner les moyens de +les appliquer toujours d'une manière juste, exacte. +Je donne les principes, ils sont vrais; j'indique les +moyens, ils sont exacts; je fais connaître la progression +des exercices, ils sont essentiellement +abréviateurs. Mais, vouloir écrire l'application, ce +serait tomber dans la faute de mes devanciers, en +confondant deux choses bien distinctes, la science +et l'art. Si l'auteur est la pensée qui conçoit, la +science qui formule, l'habile professeur sera la +parole qui transmet, l'œil qui observe, la main qui +fait agir.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_12"> 12</a></span></p> + +<h2 class="p4"><span class="medium">RÉSUMÉ</span><br /> +DES RAPPORTS OFFICIELS<br /> +<span class="medium">EN FAVEUR DE LA MÉTHODE.</span></h2> + +<p class="p2">Dans les dix premières éditions de ma Méthode, +j'ai publié, en entier, les divers rapports officiels +de MM. les généraux et officiers de cavalerie qui se +sont occupés de mon système au point de vue militaire. +J'ai jugé nécessaire de ne donner, dans cette +édition, qu'un résumé succinct de toutes ces pièces, +afin de pouvoir publier mes idées nouvelles sans +rien changer au format du livre.</p> + +<p>Mes lecteurs me sauront gré, sans doute, de remplacer +ainsi ces rapports élogieux qui m'étaient +précieux lors de l'apparition de mon ouvrage, tant +par la spécialité et le talent de leurs rédacteurs que +par l'impartialité qui les a dictés.</p> + +<p>Je saisis cette occasion d'exprimer à MM. les +officiers de l'armée ma profonde reconnaissance +pour leur juste appréciation de ma Méthode et le +<span class="pagenum"><a id="Page_13"> 13</a></span> +zèle qu'ils ont déployé à son étude. Je me tiendrai +toujours très-honoré de leur haute approbation.</p> + +<p>L'intérêt seul du public a pu me déterminer à retrancher +de mon livre leurs remarquables écrits.</p> + +<p>Je prie ceux de mes lecteurs qui voudraient lire +ces rapports en entier de se reporter aux éditions +précédentes.</p> + +<p class="p2">Je passerai sous silence quelques lettres qui ont +précédé la mission qui m'a été confiée de faire étudier +mon système dans les corps de troupes à +cheval.</p> + +<p class="p2 center"><i>Rapport de M. de Novital, chef d'escadrons, commandant +l'école de Saumur.</i></p> + +<p>Analyse des exercices journaliers.—Progrès +constatés, jour par jour, jusqu'à parfaite éducation +obtenue en treize jours pour quarante chevaux.</p> + +<p>M. de Novital continue:</p> + +<p>«Les adversaires de M. Baucher veulent lui +donner le cachet d'une imitation des Pignatel, +Pluvinel, Newcastle, etc.; mais ces célèbres +écuyers, tout en prêchant l'assouplissement, l'équilibre, +ont-ils enseigné une théorie aussi lucide, +aussi juste, aussi bien raisonnée que celle de +M. Baucher? Non.</p> + +<p>«La méthode de M. Baucher doit faire école, +<span class="pagenum"><a id="Page_14"> 14</a></span> +parce qu'elle s'appuie sur des principes vrais, +fixes, rationnels, motivés. Tout en elle est mathématique +et peut se rendre par des chiffres.</p> + +<p>«A lui donc appartient la nouvelle époque qui +commence; à lui la gloire d'avoir mis le cheval +dans la dépendance complète du cavalier en paralysant +toute résistance, toute volonté, et en remplaçant +les forces instinctives par des forces transmises.</p> + +<p>«L'opinion de MM. les capitaines instructeurs +des 5<sup>e</sup> cuirassiers et 3<sup>e</sup> lanciers se trouve comprise +dans ce que je viens d'émettre.»</p> + +<p class="left15">Paris, 4 avril 1842.</p> + +<p class="p2 center"><i>Rapport au général Oudinot, par M. Carrelet, colonel +de la garde municipale de Paris.</i></p> + +<p>«..... Je vous dirai qu'officiers et sous-officiers +sont unanimes pour approuver les procédés de +M. Baucher, appliqués au dressage des jeunes +chevaux. En quinze jours M. Baucher obtient des +résultats meilleurs que ceux obtenus en six mois +par les anciens procédés. Je suis tellement convaincu +de l'efficacité des moyens professés par +M. Baucher, que je vais soumettre à ces procédés +tous les chevaux de mes cinq escadrons.»</p> + +<p class="left15">Paris, 6 avril 1842.</p> + +<p class="p2 center"><span class="pagenum"><a id="Page_15"> 15</a></span> +<i>Rapport du général marquis Oudinot au Ministre de +la guerre.</i></p> + +<p>Constatation des heureux résultats obtenus par la +méthode.—Les principes de M. Baucher sont un +grand et incontestable progrès.—Conclut à ce que +les corps de troupes envoient des instructeurs s'initier +à la méthode.</p> + +<p class="left15">6 avril 1842.</p> + +<p class="p2 center"><i>Rapport du chef d'escadron Grenier, chargé du commandement +des officiers envoyés à Paris pour étudier +la Méthode.</i></p> + +<p>Vingt-deux officiers ont reçu les leçons de M. Baucher +lui-même.—Approbation entière des principes +et de leurs démonstrations pratique et orale.—C'est +surtout à l'école de cavalerie que la méthode +doit être connue.</p> + +<p class="left15">Versailles, 24 juillet 1842.</p> + +<p class="p2 center"><i>Rapport demandé par le colonel président de la commission +chargée d'étudier le dressage des jeunes chevaux +d'après la méthode Baucher, et rédigé par M. Desondes, +lieutenant au 9<sup>e</sup> cuirassiers.</i></p> + +<p>Ce rapport suit jour par jour l'éducation d'un +cheval désigné.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_16"> 16</a></span> +Constatation des progrès simultanés du cavalier +et du cheval.</p> + +<p>La Méthode, par l'excellence de ces principes, +remédie à la mauvaise conformation du cheval.—Elle +est appelée à diminuer les proportions effrayantes +des pertes de chevaux.</p> + +<p>Enfin, dit M. Desondes, la plus heureuse des innovations +doit amener une révolution dans la cavalerie.</p> + +<p class="left15">15 juillet 1842.</p> + +<p class="p2 center"><i>Rapport du commandant de l'Ecole royale de cavalerie +de Saumur.</i></p> + +<p>«..... Je me résume en disant que la nouvelle +méthode doit être un grand bien, une amélioration +incontestable pour la cavalerie.</p> + +<p>«Je fais donc des vœux pour son adoption et sa +prompte introduction dans l'armée.»</p> + +<p class="left15">Saumur, 6 août 1842.</p> + +<p class="p2 center"><i>Rapport sur l'essai de la nouvelle méthode fait au camp +de Lunéville, par M. Baucher fils.</i></p> + +<p>«..... La sollicitude éclairée de M. le Ministre de +la guerre pour l'armée est un sûr garant que cette +méthode trouvera en lui un puissant protecteur, +et que toutes les troupes à cheval pourront bientôt +<span class="pagenum"><a id="Page_17"> 17</a></span> +mettre à profit les importants avantages que procure +son application.»</p> + +<p class="center"><i>Les Membres de la Commission</i>:<br /> +Capitaines de JUNIAC, de CHOISEUL, GROSJEAN;<br /> +lieutenant-colonel HERMET; général GUSLER.</p> + +<p>Outre tous ces rapports, j'ai reçu l'adhésion de la +plus grande partie des officiers de cavalerie. Quatre-vingt-trois +colonels ou capitaines, sur cent deux, +approuvent mon système.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_18"> 18</a></span></p> + +<h2 class="p4">I<br /> +<span class="large">NOUVEAUX MOYENS D'OBTENIR UNE BONNE</span><br /> +<span class="large">POSITION DU CAVALIER<a name="FNanchor_2" id="FNanchor_2" href="#Footnote_2" class="fnanchor">[2]</a>.</span></h2> + +<p class="p2">On trouvera sans doute étonnant que, dans les +premières éditions, promptement épuisées, de cet +ouvrage ayant pour objet l'éducation du cheval, je +n'aie pas commencé par parler de la position du cavalier. +En effet, cette partie si importante de l'équitation +a toujours été la base des écrits classiques.</p> + +<p>Ce n'est pas sans motifs, cependant, que j'ai différé +jusqu'à présent de traiter cette question. Si je +n'avais eu rien de nouveau à dire, j'aurais pu, ainsi +que cela se pratique, consulter les vieux auteurs, et, +à l'aide de quelques transpositions de phrases, de +quelques changements de mots, lancer dans le monde +<span class="pagenum"><a id="Page_19"> 19</a></span> +équestre une inutilité de plus. Mais j'avais d'autres +idées; je voulais une <em>refonte complète</em>. Mon système +pour arriver à donner une bonne position au cavalier +étant aussi une innovation, j'ai craint que +tant de choses nouvelles à la fois n'effrayassent les +amateurs, même les mieux intentionnés, et qu'elles +ne donnassent prise à mes adversaires. On n'aurait +pas manqué de proclamer que mes moyens d'action +sur le cheval étaient impraticables, ou qu'ils ne +pouvaient être appliqués qu'avec le secours d'une +position plus impraticable encore. Or, j'ai prouvé le +contraire: d'après mon système, des chevaux ont été +dressés par la troupe, quelle que fût la position des +hommes à cheval. Pour donner plus de force à cette +méthode, pour la rendre plus facile à comprendre, +j'ai dû l'isoler d'abord de tous autres accessoires, +et garder le silence sur les nouveaux principes qui +ont rapport à la position du cavalier. Je me réservais +de ne mettre ces derniers au jour qu'après la +réussite incontestable des essais officiels. Au moyen +de ces principes, ajoutés à ceux que j'ai publiés sur +l'art de dresser les chevaux, j'abrége également le +travail du cavalier, j'établis un système précis et +complet sur ces deux parties importantes, mais jusqu'à +ce jour confuses, de l'équitation.</p> + +<p>En suivant mes nouvelles indications, relativement +à la position de l'homme à cheval, on arrivera +promptement à un résultat certain; elles sont aussi +<span class="pagenum"><a id="Page_20"> 20</a></span> +faciles à comprendre qu'à démontrer: deux phrases +suffisent pour tout expliquer au cavalier. Il est de la +plus grande importance, pour l'intelligence et les progrès +de l'élève, que l'instructeur soit court, clair et +persuasif; celui-ci doit donc éviter d'étourdir ses +recrues par des développements théoriques trop prolongés. +Quelques mots, expliqués avec à-propos, +favoriseront et dirigeront beaucoup plus vite la compréhension. +L'observation silencieuse est souvent un +des caractères distinctifs du bon professeur. Après +qu'on s'est assuré que le principe posé a été bien +compris, il faut laisser l'élève studieux exercer lui-même +son mécanisme: c'est ainsi seulement qu'il +parviendra à trouver les effets de tact, qui ne s'obtiennent +que par la pratique. Tout ce qui tient au +sentiment s'acquiert, mais ne se démontre pas.</p> + +<h3 class="p2">Position du cavalier.</h3> + +<p>Le cavalier donnera toute l'extension possible au +buste, de manière que chaque partie repose sur celle +qui lui est inférieurement adhérente, afin d'augmenter +l'appui des fesses sur la selle; les bras +tomberont sans force sur les côtés; les cuisses et les +genoux devront trouver, par leur face interne, autant +de points de contact que possible avec la selle, +les pieds suivront naturellement le mouvement des +jambes.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_21"> 21</a></span> +On comprend dans ces quelques lignes combien +est simple la position du cavalier.</p> + +<p>Les moyens que j'indique pour obtenir, en peu +de temps, une bonne position lèvent toutes les difficultés +que présentait la route tracée par nos devanciers. +L'élève ne comprenait presque rien au long +catéchisme récité à haute voix par l'instructeur, depuis +la première phrase jusqu'à la dernière; en conséquence, +il ne pouvait pas l'exécuter. Ici, c'est par +quelques mots que nous rendons toutes ces phrases, +et ces mots sont compréhensibles pour le cavalier +qui suit mon travail d'assouplissement. Ce travail le +rendra adroit et, par suite, intelligent; un mois ne +sera pas écoulé sans que le conscrit le plus lourd et +le plus maladroit ne soit en état d'être bien placé.</p> + +<h3 class="p2">Leçon préparatoire.</h3> + +<p class="center">(La leçon sera d'une heure; il y aura deux leçons par jour +pendant un mois.)</p> + +<p>Le cheval est amené sur le terrain, sellé et bridé; +l'instructeur ne prendra pas moins de deux élèves; +l'un tiendra le cheval par la bride, tout en observant +le travail de l'autre, afin de l'exécuter à son +tour. L'élève s'approchera de l'épaule du cheval +et se disposera à monter; à cet effet, il prendra et +séparera avec la main droite une poignée de crins, +<span class="pagenum"><a id="Page_22"> 22</a></span> +qu'il passera dans la main gauche, le plus près possible +de leurs racines, sans qu'ils soient tortillés +dans la main; il saisira le pommeau de la selle avec +la main droite, les quatre doigts en dedans, le pouce +en dehors; puis, après avoir ployé légèrement les +jarrets, il s'enlèvera sur les poignets. Une fois la +ceinture à la hauteur du garrot, il passera la jambe +droite par-dessus la croupe sans la toucher et se +mettra légèrement en selle. Ce mouvement de voltige +étant d'une très grande utilité pour l'agilité du +cavalier, on le lui fera recommencer huit ou dix +fois, avant de le laisser s'asseoir sur la selle. Bientôt +la répétition de ce travail lui donnera la mesure de +ce qu'il peut faire au moyen de la force bien entendue +de ses bras et de ses reins.</p> + +<h3 class="p2">Travail en selle.</h3> + +<p class="center">Ce travail doit se faire en place; on choisira de préférence un cheval +vieux et froid. (Les rênes nouées tomberont sur le col).</p> + +<p>Une fois l'élève à cheval, l'instructeur examinera +sa position naturelle, afin d'exercer plus fréquemment +les parties qui ont de la tendance à l'affaissement +ou à la roideur. C'est par le buste que l'instructeur +commencera la leçon. Il fera servir à +redresser le haut du corps les flexions des reins qui +portent la ceinture en avant; on tiendra pendant +<span class="pagenum"><a id="Page_23"> 23</a></span> +quelque temps dans cette position le cavalier dont les +reins sont mous, sans avoir égard à la roideur qu'elle +entraînera les premières fois. C'est par la force que +l'élève arrivera à être liant, et non par l'abandon +tant et si inutilement recommandé. Un mouvement +obtenu d'abord par de grands efforts n'en nécessitera +plus au bout de quelque temps, parce qu'il y +aura adresse, et que, dans ce cas, l'adresse n'est +que le résultat des forces combinées et employées à +propos. Ce que l'on fait primitivement avec dix +kilogrammes de forces se réduit ensuite à sept, à +cinq et à deux. L'adresse sera la force réduite à +deux kilogrammes. Si l'on commençait par une +force moindre, on n'arriverait pas à ce résultat. On +renouvellera donc souvent les flexions de reins en +laissant parfois l'élève se relâcher complétement, +afin de lui faire bien saisir l'emploi de force qui +donnera promptement une bonne position au buste. +Le corps étant bien placé, l'instructeur passera 1<sup>o</sup> à +la leçon du bras, laquelle consiste à le mouvoir +dans tous les sens, d'abord ployé et ensuite tendu; +2<sup>o</sup> à la leçon de la tête; celle-ci devra tourner à +droite et à gauche sans que ses mouvements réagissent +sur les épaules.</p> + +<p>Dès que la leçon du buste, des bras et de la tête +donnera un résultat satisfaisant, ce qui doit arriver +au bout de quatre jours (huit leçons), on passera à +celle des jambes.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_24"> 24</a></span> +L'élève éloignera, autant que possible, des quartiers +de la selle l'une des deux cuisses; il la rapprochera +ensuite avec un mouvement de rotation +de dehors en dedans, afin de la rendre adhérente +à la selle par le plus de points de contact possible. +L'instructeur veillera à ce que la cuisse ne retombe +pas lourdement; elle doit reprendre sa position par +un mouvement lentement progressif et sans secousses. +Il devra, en outre, pendant la première +leçon, prendre la jambe de l'élève et la diriger pour +bien lui faire comprendre la manière d'opérer ce +déplacement. Il évitera ainsi la fatigue et obtiendra +de plus prompts résultats.</p> + +<p>Ce genre d'exercice nécessite de fréquents repos; +il y aurait inconvénient à prolonger la durée du +travail au delà des forces de l'élève. Les mouvements +d'adduction (qui rendent la cuisse adhérente +à la selle) et ceux d'abduction (qui éloignent) devenant +plus faciles, les cuisses auront acquis un liant +qui permettra de les fixer à la selle dans une bonne +position. On passera alors à la flexion des jambes.</p> + +<h3 class="p2">Flexion des jambes.</h3> + +<p>L'instructeur veillera à ce que les genoux conservent +toujours leur adhérence parfaite avec la selle. +Les jambes se mobiliseront comme le pendule d'une +<span class="pagenum"><a id="Page_25"> 25</a></span> +horloge, c'est-à-dire que l'élève les remontera jusqu'à +toucher le troussequin de la selle avec les +talons. Ces flexions répétées rendront les jambes +promptement souples, liantes, et leur mouvement +indépendant de celui des cuisses. On continuera les +flexions de jambes et de cuisses pendant quatre +jours (huit leçons). Pour rendre chacun de ces mouvements +plus correct et plus facile, on y consacrera +huit jours (ou quatorze leçons). Les quatorze jours +(trente leçons) qui resteront pour compléter le mois +continueront à être employés au travail d'assouplissement +en place; seulement, pour que l'élève apprenne +à combiner la force de ses bras et celle +de ses reins, on lui fera tenir progressivement des +poids de 2 à 5 kilogrammes à bras tendu. On commencera +cet exercice par la position la moins fatigante, +le bras ployé, la main près de l'épaule, et +on poussera cette flexion à la plus grande extension +du bras. Le buste ne devra pas se ressentir de ce +travail et restera maintenu dans la même position.</p> + +<h3 class="p2">Des genoux.</h3> + +<p>La force de pression des genoux se jugera, et +même s'obtiendra à l'aide du moyen que je vais +indiquer. Ce moyen, qui de prime abord semblera +peut-être futile, amènera cependant de très-grands +<span class="pagenum"><a id="Page_26"> 26</a></span> +résultats. L'instructeur prendra un morceau de cuir +de l'épaisseur de cinq millimètres et long de cinquante +centimètres; il placera l'une des extrémités +de ce cuir entre les genoux et le quartier de la selle. +L'élève fera usage de la force de ses genoux pour +ne pas le laisser glisser, tandis que l'instructeur le +tirera lentement et progressivement de son côté. Ce +procédé servira de dynamomètre pour juger des progrès +de la force. Quelques paroles encourageantes +placées à propos stimuleront l'amour-propre de +chaque élève.</p> + +<p>On veillera avec le plus grand soin à ce que chaque +force qui agit séparément n'en mette pas d'autres +en jeu, c'est-à-dire que le mouvement des bras +n'influe jamais sur leurs épaules; il devra en être +de même pour les cuisses, par rapport au tronc; +pour les jambes par rapport aux cuisses, etc., etc. Le +déplacement et l'assouplissement de chaque partie +isolée une fois obtenus, on déplacera momentanément +le haut du corps, afin d'apprendre au cavalier +à se remettre en selle lui-même. Voici comment on +s'y prendra: l'instructeur, placé sur le côté, poussera +l'élève par la hanche, de manière que son +assiette se trouve portée en dehors du siége de la +selle. Avant d'opérer un nouveau déplacement, +l'instructeur laissera l'élève se remettre en selle, +en ayant soin de veiller à ce que, pour reprendre +son assiette, il ne fasse usage que des hanches et +<span class="pagenum"><a id="Page_27"> 27</a></span> +des genoux, afin de ne se servir que des parties les +plus rapprochées de l'assiette. En effet, le secours +des épaules influerait bientôt sur la main, et celle-ci +sur le cheval; le secours des jambes pourrait +avoir de plus graves inconvénients encore. En un +mot, dans tous les déplacements, on enseignera à +l'élève à ne pas avoir recours, pour diriger, aux +forces qui maintiennent à cheval; à ne pas employer, +pour s'y maintenir, celles qui dirigent.</p> + +<p>A l'aide de cette gymnastique équestre justement +combinée, on arrive, au bout d'un mois, à faire +exécuter facilement à tous les conscrits les exercices +qui semblaient les plus contraires à leur organisation +physique.</p> + +<p>L'élève ayant franchi les épreuves préliminaires, +attendra avec impatience les premiers mouvements +du cheval pour s'y livrer avec l'aisance d'un cavalier +déjà expérimenté.</p> + +<p>Quinze jours (trente leçons) seront consacrés au +pas, au trot et même au galop. Ici l'élève doit uniquement +chercher à suivre les mouvements du +cheval; en conséquence, l'instructeur l'obligera à +ne s'occuper que de sa position et non des moyens +de direction à donner au cheval. On exigera seulement +que le cavalier marche d'abord droit devant +lui, puis en tous sens, une rêne de bridon dans +chaque main. Au bout de quatre jours (huit leçons), +on pourra lui faire prendre la bride dans la main +<span class="pagenum"><a id="Page_28"> 28</a></span> +gauche. On s'attachera à ce que la main droite, qui +se trouve libre, reste à côté de la gauche, afin que +le cavalier prenne de bonne heure l'habitude d'être +placé carrément (les épaules sur la même ligne); le +cheval trottera également à droite et à gauche. +Lorsque l'assiette sera bien consolidée à toutes les +allures, l'instructeur expliquera d'une manière +simple les rapports qui existent entre les poignets et +les jambes, ainsi que leurs effets séparés<a name="FNanchor_3" id="FNanchor_3" href="#Footnote_3" class="fnanchor">[3]</a>.</p> + +<h3 class="p2">Éducation du cheval.</h3> + +<p>Ici le cavalier commencera l'éducation du cheval, +en suivant la progression que j'ai indiquée et que +l'on trouvera ci-après. On fera comprendre à l'élève +tout ce qu'elle a de rationnel, et par quelle liaison +intime se suivent, dans leurs rapports, l'éducation +de l'homme et celle du cheval. Au bout de quatre +mois à peine, le cavalier pourra passer à l'école de +peloton; les commandements ne seront plus qu'une +affaire de mémoire; il lui suffira d'entendre pour +exécuter, car il sera maître de son cheval.</p> + +<p>J'espère que la cavalerie comprendra (comme +elle a déjà compris mon mode d'éducation du +<span class="pagenum"><a id="Page_29"> 29</a></span> +cheval) tout l'avantage des moyens que j'indique pour +tirer le plus large parti possible du peu de temps +que chaque soldat reste sous les drapeaux.</p> + +<p>J'ai également la conviction que l'emploi de ces +moyens rendra prompte et parfaite l'éducation des +hommes et des chevaux.</p> + +<h3 class="p2">RÉSUMÉ ET PROGRESSION.</h3> +<div class="font90"> +<table border="0" cellpadding="5" cellspacing="5" summary="durée leçons"> +<tr> + <td> </td> + <td>Jours.</td> + <td>Leçons.</td> +</tr> +<tr> + <td>1<sup>o</sup> Flexion des reins pour servir à l'extension du buste</td> + <td class="tdr">4</td> + <td class="tdr">8</td> +</tr> +<tr> + <td>2<sup>o</sup> Rotation, extension des cuisses et flexion des jambes</td> + <td class="tdr">4</td> + <td class="tdr">8</td> +</tr> +<tr> + <td>3<sup>o</sup> Exercice général et successif de toutes les parties</td> + <td class="tdr">8</td> + <td class="tdr">14</td> +</tr> +<tr> + <td>4<sup>o</sup> Déplacement du tronc, exercice des genoux et<br /> +<span class="i2">des bras avec des poids dans les mains</span></td> + <td class="tdr">14</td> + <td class="tdr">28</td> +</tr> +<tr> + <td>5<sup>o</sup> Position du cavalier sur le cheval au pas, au<br /> +<span class="i2">trot et au galop, pour façonner et fixer</span><br /> +<span class="i2">l'assiette à ces différentes allures</span></td> + <td class="tdr">15</td> + <td class="tdr">30</td> +</tr> +<tr> + <td>6<sup>o</sup> Éducation du cheval par le cavalier</td> + <td class="tdr">50</td> + <td class="tdr">100</td> +</tr> +<tr> + <td> </td> + <td class="tdr">——</td> + <td class="tdr">——</td> +</tr> +<tr> + <td><span class="i4 smcap">Total</span></td> + <td class="tdr">95</td> + <td class="tdr">188</td> +</tr> +</table> +</div> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_30"> 30</a></span></p> +<h2 class="p4">II<br /> +<span class="large">DE L'ÉQUILIBRE DU CHEVAL.</span></h2> + +<p class="center">L'harmonie du poids et des forces du cheval donne l'équilibre de la masse.<br /> +L'équilibre de la masse produit l'harmonie des mouvements.</p> + +<p class="right">BAUCHER.</p> + +<p class="p2">Tout être organisé, pour conserver la liberté et +la sûreté de ses mouvements, est astreint à observer +la loi de l'équilibre. Le cheval monté, plus que tout +autre animal, est soumis à cette loi, car non-seulement +il doit calculer ses mouvements par rapport +à sa propre masse, mais le poids additionnel de son +cavalier tend à déranger constamment son équilibre +naturel.</p> + +<p>L'importance majeure d'équilibrer le cheval a été +vivement sentie par le monde équestre: aussi tout +écuyer se pique d'honneur et veut trouver le secret +de ce nœud gordien.</p> + +<p>Dans notre <span class="smcap">XIX</span><sup>e</sup> siècle, où toutes choses doivent +être traitées scientifiquement, il est tout naturel +qu'on ait demandé à la science le secret de l'équilibre. +<span class="pagenum"><a id="Page_31"> 31</a></span> +La science a répondu par un problème:—Pour +équilibrer votre cheval, cherchez son centre +de gravité.</p> + +<p>Cette réponse n'a pas manqué d'exciter une noble +ardeur. Tout le monde s'est mis à l'œuvre. On +cherche le centre de gravité partout, toujours....., +mais on ne le trouve pas. Des contradictions sans +nombre surgissent chaque jour, les discussions s'enveniment, +les traités d'équitation tournent au pamphlet, +les découvertes restent nulles et le centre de +gravité continue à se promener dans le domaine +dont on l'a fait seigneur et maître. Un si grand +personnage devrait cependant n'être pas introuvable, +eu égard aux limites restreintes qui le renferment.</p> + +<p>Combien d'écuyers ont usé leur persévérance à +cette vaine recherche! Mais aussi, qui n'aurait voulu +connaître la solution d'un problème qui, d'un seul +coup, tranchait les difficultés de l'équitation en +donnant l'équilibre du cheval?</p> + +<p>La science avait parlé; comme tout le monde, +je crus à son oracle.</p> + +<p>Me voilà donc livré, pendant des années entières, +à des recherches journalières.</p> + +<p>Résultats nuls! Ceux de la veille étaient contredits +par ceux du lendemain.</p> + +<p>Fallait-il donc, cependant, parce qu'il plaisait au +centre de gravité de voyager incognito, laisser le +<span class="pagenum"><a id="Page_32"> 32</a></span> +cheval et son cavalier exposés aux dangers qu'entraîne +le défaut d'équilibre!</p> + +<p>Pour m'aider dans mes recherches, je m'adressais +aux écuyers-auteurs. Ils mettaient une grande +érudition à m'expliquer le déplacement du centre +de gravité, quand, par exemple, une jambe se porte +en avant, suivie de la jambe diagonalement opposée; +ou bien quand le rassembler s'opère, ou quand le +cheval se cabre, rue, etc.</p> + +<p>Il est là, disait l'un; non, je le <em>vois</em> de ce côté, +disait l'autre; et ces vaines discussions se continuent +encore parce que l'on ne veut pas remonter aux +causes premières, et que les effets absorbent l'attention +générale.</p> + +<p>On étudie la manière d'être du centre de gravité. +Pourquoi? Je l'ignore. En saine pratique, n'avons-nous +pas le poids du cheval à répartir et sa force +à coordonner? N'avons-nous pas à combiner les +forces opposées du cavalier (main et jambes)? Si +nous nous rendons compte des effets de ces divers +agents, et si nous en tirons le parti convenable, +nous arriverons à notre équilibre, sans avoir à nous +préoccuper du centre de gravité.</p> + +<p>Messieurs les théoriciens, préparez vos anathèmes! +je vais porter une main profane sur le dieu de vos +rêves et briser votre idole, après avoir, il est vrai, +dans mon ignorance, brûlé sur son autel un inutile +encens.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_33"> 33</a></span> +Votre centre de gravité ne donne, n'entraîne, ni +ne produit rien.</p> + +<p>Il existe incontestablement, mais à l'état de passivité.</p> + +<p>Vous voulez l'ériger en cause, il n'est qu'effet.</p> + +<p>Quelle que soit votre opinion à son égard, il fonctionnera +toujours dans le même ordre: bien, si +votre mouvement est juste; mal, si votre mouvement +est irrégulier.</p> + +<p>Pourquoi donc, à propos d'équitation, avoir sans +cesse à la bouche des mots scientifiques, sonores il +est vrai, mais vides de sens et propres, tout au plus, +à retarder les progrès de l'art, par l'obscurité qu'ils +répandent sur les théories?</p> + +<p>Tenez, messieurs, abandonnez simplement le +centre de gravité aux influences qui le gouvernent, +et cessez les discussions qu'il excite depuis trop +longtemps. Au lieu d'enfourcher un nuage pour chevaucher +à la recherche d'une idée aussi introuvable +qu'inutile, montez un vrai cheval, et probablement +vous approuverez les principes que je vais appliquer +à l'obtention et au maintien de l'équilibre du +cheval.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_34"> 34</a></span></p> + +<h2 class="p4">III<br /> +<span class="large">DE L'EMPLOI RAISONNÉ DES FORCES DU CHEVAL.</span></h2> + +<p class="p2">Le cheval, comme tous les êtres organisés, est +doué d'un poids et d'une force qui lui sont propres. +Le poids, inhérent à la matière constitutive de l'animal, +rend sa masse inerte et tend à la fixer au sol. +La force, au contraire, par la faculté qu'elle lui +donne de mobiliser ce poids, de le transférer de +l'une à l'autre de ses parties, communique le mouvement, +en détermine la vitesse, la direction et +constitue l'équilibre.</p> + +<p>Pour rendre cette vérité palpable, supposons un +cheval au repos. Son corps sera dans un parfait +équilibre, si chacun de ses membres supporte exactement +la part du poids qui lui est dévolue dans +cette position. S'il veut se porter en avant au pas, +il devra préalablement transférer, sur les jambes +qui resteront fixées au sol, le poids que supporte +celle qu'il en détachera la première. Il en sera de +<span class="pagenum"><a id="Page_35"> 35</a></span> +même pour les autres allures, la translation s'opérant +au trot, d'une diagonale à l'autre; au galop, +de l'avant à l'arrière-main, et réciproquement. Il ne +faut donc jamais confondre les manières d'être du +poids et de la force. Le poids n'est que passif, la +force déterminante est active. C'est en reportant le +poids sur telles ou telles extrémités que la force les +mobilise ou les fixe. La lenteur ou la vitesse des +translations détermine les différentes allures, qui +sont elles-mêmes justes ou fausses, égales ou inégales, +suivant que ces translations s'exécutent avec +justesse ou irrégularité.</p> + +<p class="p2">On comprend que cette puissance motrice se subdivise +à l'infini, puisqu'elle est répartie sur tous les +muscles de l'animal. Quand ce dernier en détermine +lui-même l'emploi, je les appelle <em>instinctives</em>; je les +nomme <em>transmises</em><a name="FNanchor_4" id="FNanchor_4" href="#Footnote_4" class="fnanchor">[4]</a> lorsque le cavalier en coordonne +<span class="pagenum"><a id="Page_36"> 36</a></span> +l'emploi. Dans le premier cas, l'homme, dominé +par son cheval, reste le jouet de ses caprices; +dans le second, au contraire, il en fait un instrument +docile, soumis à toutes les impulsions de sa +volonté. Le cheval, dès qu'il est monté, ne doit donc +plus agir que par des forces transmises ou harmonisées. +L'application constante de ce principe constitue +le vrai talent de l'écuyer.</p> + +<p>Mais un tel résultat ne peut s'obtenir instantanément. +Le jeune cheval, habitué à régler lui-même, +dans sa liberté, l'emploi de ses ressorts, se soumettra +d'abord avec peine à l'influence étrangère qui +viendra en disposer sans intelligence. Une lutte +s'engagera nécessairement entre le cheval et le cavalier; +celui-ci sera vaincu s'il ne possède l'énergie, +la persévérance et surtout les connaissances nécessaires +pour arriver à ses fins. Les forces de +l'animal étant l'élément sur lequel l'écuyer doit +agir principalement, pour les dominer d'abord et +les diriger ensuite, c'est sur elles avant tout qu'il +lui importe de fixer son attention. Il recherchera +quelles sont les parties où elles se contractent le +plus pour la résistance, les causes physiques qui +peuvent occasionner ces contractions. Dès qu'il +saura à quoi s'en tenir sur ce point, il n'emploiera +envers son élève que des procédés en rapport avec +la nature de ce dernier, et les progrès seront alors +rapides.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_37"> 37</a></span> +Malheureusement, on chercherait en vain dans +les auteurs anciens et modernes qui ont écrit sur +l'équitation, je ne dirai pas des principes rationnels, +mais même des données quelconques sur ce qui se +rattache à l'emploi raisonné des forces du cheval. +Tous ont bien parlé de <em>résistances</em>, d'<em>oppositions</em>, +d'<em>équilibre</em>, mais aucun n'a su nous dire ce qui +cause ces résistances, comment on peut les combattre, +les détruire, et obtenir cette légèreté, cet +équilibre, qu'il nous recommande si instamment. +C'est cette grave lacune qui a jeté sur les principes +de l'équitation tant de doutes et d'obscurité; c'est +elle qui a rendu cet art stationnaire pendant si +longtemps; c'est cette grave lacune, enfin, que je +crois être parvenu à combler.</p> + +<p>Et d'abord, je pose en principe que toutes les +résistances des jeunes chevaux proviennent, en +premier lieu, d'une cause physique, et que cette +cause ne devient morale que par la maladresse, +l'ignorance ou la brutalité du cavalier. En effet, +outre la roideur naturelle, commune à tous ces +animaux, chacun d'eux a une conformation particulière +dont le plus ou le moins de perfection +constitue le degré d'harmonie existant entre le poids +et les forces. Le défaut de cette harmonie occasionne +l'imperfection des allures, la difficulté des +mouvements, en un mot, tous les obstacles qui s'opposent +à une bonne éducation. A l'état libre, quelle +<span class="pagenum"><a id="Page_38"> 38</a></span> +que soit la mauvaise structure du cheval, l'instinct +seul lui suffira pour disposer ses forces de manière +à maintenir son équilibre; mais il est des mouvements +qui lui sont impossibles, jusqu'à ce qu'un +travail préparatoire l'ait mis à même de suppléer +aux défectuosités de son organisation par un emploi +mieux combiné de sa puissance motrice<a name="FNanchor_5" id="FNanchor_5" href="#Footnote_5" class="fnanchor">[5]</a>. Le +cheval n'exécute un mouvement avec légèreté qu'à +la suite d'une position donnée; s'il est des forces +qui s'opposent à cette position, il faut donc les annuler +d'abord pour les remplacer par celles qui +pourront, seules, la déterminer.</p> + + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_39"> 39</a></span> +Or, je le demande, si, avant d'avoir surmonté ces +premiers obstacles, le cavalier vient y ajouter le +poids de son propre corps et ses exigences maladroites, +l'animal n'éprouvera-t-il pas une difficulté +plus grande encore pour exécuter certains mouvements? +Les efforts qu'on fera pour l'y astreindre, +étant contraires à sa nature, ne devront-ils pas se +briser contre cet obstacle insurmontable? Il résistera +naturellement, et avec d'autant plus d'avantage, que +la mauvaise répartition de son poids et de ses forces +suffira pour annuler l'action du cavalier. La résistance +émane donc ici d'une cause physique; cette +cause devient morale dès l'instant où, la lutte se +continuant avec les mêmes procédés, le cheval commence +à combiner lui-même les moyens de se soustraire +au supplice qu'on lui impose, lorsqu'on veut +ainsi forcer des ressorts qu'on n'a pas assouplis d'avance.</p> + +<p>Quand les choses en sont là, elles ne peuvent +qu'empirer. Le cavalier, dégoûté bientôt de l'impuissance +de ses efforts, rejettera sur le cheval la +responsabilité de sa propre ignorance; il flétrira du +nom de rosse un animal qui possédait peut-être de +brillantes ressources, et dont, avec plus de discernement +et de science, il aurait pu faire une monture +dont le caractère serait aussi docile et soumis +que les allures seraient gracieuses et agréables. J'ai +remarqué souvent que les chevaux réputés indomptables +<span class="pagenum"><a id="Page_40"> 40</a></span> +sont ceux qui développent le plus d'énergie +et de vigueur, dès qu'on a su remédier aux inconvénients +physiques qui paralysaient leur essor. +Quant à ceux que, malgré leur mauvaise conformation, +on finit par soumettre à un semblant d'obéissance, +il faut en rendre grâce à la mollesse seule de +leur nature; s'ils veulent bien s'astreindre à quelques +exercices des plus simples, c'est à condition +qu'on n'exigera pas davantage, car ils retrouveraient +bien vite leur énergie pour résister à des prétentions +plus élevées. Le cavalier pourra donc les faire +marcher aux différentes allures; mais quel décousu, +quelle roideur, quel disgracieux dans leurs mouvements, +et quel ridicule de semblables coursiers ne +jettent-ils pas sur le malheureux qu'ils ballottent et +entraînent ainsi à leur gré, bien plus qu'ils ne se +laissent diriger par lui! Cet état de choses est tout +naturel, puisqu'on n'a pas détruit les causes premières +qui le produisent: <em>la mauvaise répartition du +poids et des forces et la roideur qu'elle entraîne à sa +suite</em>.</p> + +<p>Mais, va-t-on m'objecter, puisque vous reconnaissez +que ces difficultés tiennent à la conformation +du cheval, comment est-il possible d'y remédier? +Vous n'avez probablement pas la prétention de +changer la structure de l'animal et corriger la nature? +Non sans doute; mais tout en convenant qu'il +est impossible de donner plus d'ampleur à une poitrine +<span class="pagenum"><a id="Page_41"> 41</a></span> +étroite, d'allonger une encolure trop courte, +d'abaisser une croupe élevée, de raccourcir et +d'étoffer des reins longs, faibles et étroits, je n'en +soutiens pas moins que si je détruis les contractions +diverses occasionnées par ces vices physiques, si +j'assouplis les muscles, si je me rends maître des +forces au point d'en disposer à volonté, il me sera +facile de prévenir ces résistances, de donner plus de +ressort aux parties faibles, de modérer celles qui sont +trop vigoureuses, et de suppléer ainsi aux mauvais +effets d'une nature imparfaite, en établissant, dans +l'équilibre du cheval, une juste répartition du poids +et des forces.</p> + +<p>De pareils résultats, je ne crains pas de le dire, +furent et demeurent interdits à jamais aux anciennes +écoles. Mais si la science de ceux qui professent +d'après les vieux errements vient toujours se briser +contre le grand nombre des chevaux défectueux, on +rencontre des chevaux qui, par la perfection de leur +organisation et la facilité d'éducation qui en résulte, +contribuent puissamment à perpétuer les routines +impuissantes, si funestes aux progrès de l'équitation. +Un cheval bien constitué est celui dont toutes +les parties, régulièrement harmonisées, amènent +l'équilibre parfait de l'ensemble. Il serait aussi difficile +à pareil sujet de sortir de cet équilibre naturel, +pour prendre une mauvaise position et se défendre, +qu'il est pénible d'abord, au cheval mal conformé, +<span class="pagenum"><a id="Page_42"> 42</a></span> +d'acquérir cette juste répartition du poids et des +forces sans laquelle on ne peut espérer aucune régularité +de mouvements.</p> + +<p>C'est dans l'éducation de ces derniers animaux +seulement que consistent les véritables difficultés +de l'équitation. Chez les premiers, le dressage +doit être, pour ainsi dire, instantané, puisque, tous +les ressorts étant à leur place, il ne reste plus +qu'à les faire mouvoir; ce résultat s'obtient toujours +avec ma méthode. Les anciens principes, cependant, +exigent deux et trois ans pour y parvenir; et lorsqu'à +force de tâtonnements et d'incertitudes, l'écuyer +doué de quelque intelligence et de quelque pratique +finit par habituer le cheval à obéir aux impressions +qui lui sont communiquées, il croit avoir surmonté +de grandes difficultés, et attribue à son savoir-faire +un résultat que l'application de bons principes aurait +procuré en quelques jours. Puis, comme l'animal +continue à déployer dans tous ses mouvements +la grâce et la légèreté naturelles à sa belle conformation, +le cavalier ne se fait nul scrupule de s'en +approprier le mérite, se montrant alors aussi présomptueux +qu'il est injuste, lorsqu'il veut rendre le +cheval mal constitué responsable de l'inefficacité de +ses efforts.</p> + +<p>Si nous admettons une fois ces vérités:</p> + +<p>Que l'éducation du cheval consiste dans la domination +<span class="pagenum"><a id="Page_43"> 43</a></span> +complète de ses forces et dans la juste répartition +de son poids;</p> + +<p>Qu'on ne peut disposer des forces qu'en annulant +toutes les résistances,</p> + +<p>Et que les résistances ont leur source dans les +contractions occasionnées par les vices physiques,</p> + +<p>Il ne s'agira plus que de rechercher les parties où +s'opèrent ces contractions, afin d'essayer de les +combattre et de les faire disparaître en provoquant +un équilibre convenable du poids et des forces.</p> + +<p>De longues et consciencieuses observations m'ont +démontré que, quel que soit le vice de conformation +qui s'oppose dans le cheval à la juste répartition +des forces, c'est toujours sur la mâchoire que +s'en fait ressentir l'effet le plus immédiat. Pas de +faux mouvements, pas de résistance qui ne soient +précédés par la contraction de cette partie de l'animal; +et comme l'encolure est intimement liée à la +mâchoire, la roideur de l'une se communique instantanément +à l'autre. Ces deux points sont l'arc-boutant +sur lequel s'appuie le cheval pour annuler +tous les efforts du cavalier. On conçoit facilement +l'obstacle immense qu'ils doivent présenter, puisque +la tête et l'encolure étant les deux leviers principaux +par lesquels on place et dirige l'animal, il est +impossible de rien obtenir de lui tant qu'on ne sera +pas entièrement maître de ces premiers et indispensables +moyens d'action. A l'arrière-main, les parties +<span class="pagenum"><a id="Page_44"> 44</a></span> +où les forces se contractent le plus pour les résistances +sont les reins et la croupe (les hanches).</p> + +<p>Les contractions de ces deux extrémités opposées +sont mutuellement les unes pour les autres cause et +effet, c'est-à-dire que la roideur de la mâchoire et de +l'encolure amène celle des hanches, et réciproquement. +On peut donc les combattre l'une par l'autre; +et dès qu'on aura réussi à les annuler, dès qu'on aura +ainsi rétabli l'équilibre et l'harmonie entre l'avant +et l'arrière-main, l'éducation du cheval sera à moitié +faite. Je vais indiquer par quels moyens on y +parviendra infailliblement.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_45"> 45</a></span></p> +<h2 class="p4">IV<br /> +<span class="large">TRAVAIL A PIED.</span></h2> + +<h3>MOBILISATION DU CHEVAL, AU MOYEN DES FORCES INSTINCTIVES, +POUR OBTENIR L'ÉQUILIBRE DU POIDS.</h3> + +<h4>EMPLOI DE LA CRAVACHE POUR APPRENDRE AU CHEVAL A VENIR A L'HOMME, +LE RENDRE SAGE AU MONTOIR, ETC.</h4> + +<p class="p2">Dès le début de l'éducation du cheval, il est essentiel +de lui donner une première leçon d'assujettissement +et de lui faire connaître toute la puissance de +l'homme. Ce premier acte de soumission, qui pourrait +paraître sans importance, servira promptement +à le rendre calme, confiant, à réprimer tous les mouvements +qui détourneraient son attention et retarderaient +son éducation.</p> + +<p>Quelques leçons d'une demi-heure suffiront pour +obtenir ce résultat chez tous les chevaux; le plaisir +que l'on éprouvera à jouer ainsi avec le cheval portera +naturellement le cavalier à continuer cet exercice +<span class="pagenum"><a id="Page_46"> 46</a></span> +autant qu'il sera nécessaire, et à le rendre +aussi instructif pour le cheval qu'utile pour lui-même. +Voici comment on s'y prendra: le cavalier s'approchera +du cheval, sa cravache sous le bras, sans brusquerie +ni timidité; il lui parlera sans trop élever la +voix, et le flattera de la main sur le chanfrein +ou sur l'encolure, puis, avec la main gauche, il +saisira les rênes de la bride, à 16 centimètres des +branches du mors, en soutenant le poignet avec assez +d'énergie pour présenter autant de force que possible +dans les instants de résistance du cheval. La cravache +sera tenue de la main droite, la pointe vers la terre, +puis on l'élèvera lentement jusqu'à la hauteur du poitrail +pour en frapper délicatement cette partie à une +seconde d'intervalle. Le premier mouvement naturel +du cheval sera de reculer pour éviter les attouchements +de la cravache. Le cavalier suivra ce mouvement +rétrograde sans discontinuer toutefois la tension +des rênes de la bride, ni les petits coups de cravache +sur le poitrail. Le cavalier devra rester maître +de ses impressions, afin qu'il n'y ait dans ses mouvements +et dans son regard aucun indice de colère ni de +faiblesse. Fatigué de ces effets de contrainte, le +cheval cherchera bientôt par un autre mouvement à +éviter la sujétion, et c'est en se portant en avant qu'il +y parviendra; le cavalier saisira ce second mouvement +instinctif pour l'arrêter et flatter l'animal du +geste et de la voix. La répétition de cet exercice +<span class="pagenum"><a id="Page_47"> 47</a></span> +donnera des résultats surprenants, même à la première +leçon. Le cheval, ayant bien compris le moyen +à l'aide duquel il peut éviter la cravache, n'en attendra +pas le contact, il le préviendra en s'avançant de +suite au moindre geste. Ce travail, d'ailleurs très-récréatif, +servira de plus à rendre le cheval sage au +montoir, abrégera de beaucoup son éducation, et +accélérera le développement de son intelligence. +Dans le cas où, par suite de sa nature inquiète ou +sauvage, le cheval se livrerait à des mouvements +désordonnés, on devrait avoir recours au caveçon, +comme moyen de répression, et l'employer par petites +saccades. Quand le cheval se portera franchement +en avant à l'action de la cravache, le moment +sera venu de faire une légère opposition avec la +main de la bride, afin d'obtenir un effet de ramener, +sans discontinuer l'allure du pas.</p> + +<p>On commencera aussi quelques temps de reculer, +qu'on alternera avec les mouvements en avant, jusqu'à +disparition complète des résistances.</p> + +<p>Cet exercice est très-important pour déplacer, +par les forces purement instinctives, d'abord, mais +que nous régulariserons ensuite, le poids qui se +fixerait trop sur l'arrière ou sur l'avant-main.</p> + +<p>Faisons une remarque sur laquelle nous reviendrons +plus tard.</p> + +<p>Le poids du cheval surcharge naturellement la +partie antérieure du corps; c'est pour cela qu'en +<span class="pagenum"><a id="Page_48"> 48</a></span> +vertu du principe qui oppose les forces au poids +dans l'ordre naturel, la nature a donné une si grande +puissance aux muscles postérieurs du cheval qui +doivent, aux différentes allures et surtout au galop, +non-seulement recevoir le poids de l'avant-main, +mais encore projeter toute la masse en avant. Dans +le reculer, cette distribution du poids induit souvent +en erreur le cavalier inexpérimenté. Il s'imagine +que le mouvement rétrograde est produit par le déplacement +total du poids par les forces, tandis qu'il +n'est dû qu'au reflux des forces impulsives, qui, +refoulées par une opposition de main, n'ont entraîné +avec elles qu'une partie du poids. Aussi, bien que le +cheval recule, l'avant-main se trouve souvent surchargé +d'un poids comparativement énorme. D'où +il suit que le mouvement est irrégulier, jusqu'à ce +que l'écuyer, revenu de son erreur, ait su alléger +l'avant-main de manière à équilibrer le poids et les +forces. Les moyens d'atteindre à ce but seront donnés +ultérieurement. Alors nous appellerons l'attention +du lecteur sur l'emploi des aides, que la pratique +seule peut rendre judicieux.</p> + +<p>Les exercices précédents à l'aide de la cravache, +tels que: porter le cheval en avant, les commencements +de ramener et de reculer, seront suivis, +toujours à l'aide de la cravache, soit des pas de +côté, soit des pirouettes ordinaires ou renversées.</p> + +<p>Pour les pas de côté, la main, en se soutenant, +<span class="pagenum"><a id="Page_49"> 49</a></span> +facilite le mouvement des épaules dans le sens indiqué +par la cravache. Dans le cas de résistance +provenant de la croupe, le cavalier en triompherait +par une opposition de la main qui ne reprendrait sa +position que lorsque le mouvement serait commencé.</p> + +<p>Dans les pirouettes renversées, la main se maintiendra +pour forcer la croupe à obéir à la cravache, +et la faire tourner autour des jambes du cheval, +dont l'une doit lui servir de pivot.</p> + +<p>Dans les pirouettes ordinaires, la cravache agira +sur la croupe, pour la fixer et fournir aux jambes +antérieures, mobilisées par la main, le pivot nécessaire +à leur mouvement de rotation.</p> + +<p>Ces divers exercices disposeront le cheval aux +mouvements qu'il devra exécuter avec son cavalier +en selle.</p> + +<p>Bien entendu que dans le cours de l'éducation du +cheval, il faudra revenir souvent à ces exercices +préliminaires, afin qu'il ne perde pas le fruit de ses +leçons précédentes.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_50"> 50</a></span></p> + +<h2 class="p4">V<br /> +<span class="large">DE L'ASSOUPLISSEMENT.</span></h2> + +<p class="p2">Les nouveaux principes de ma méthode ne peuvent +être pratiqués que par les hommes versés dans +l'art de l'équitation, et qui joignent à une assiette +assurée une assez grande habitude du cheval pour +comprendre tout ce qui se rattache à son mécanisme. +Je ne reviendrai donc pas sur les procédés élémentaires; +c'est à l'instructeur à juger si son élève possède +un degré convenable de solidité, s'il est suffisamment +en rapport d'enveloppe avec son cheval; +car, en même temps qu'une bonne position produit +cette identification, elle favorise le jeu facile et régulier +des extrémités du cavalier.</p> + +<p>Mon but ici est de traiter principalement de l'éducation +du cheval; mais cette éducation est trop intimement +liée à celle du cavalier, pour qu'il soit +possible de faire progresser l'une sans l'autre. En +expliquant les procédés qui devront amener la perfection +chez l'animal, j'apprendrai nécessairement +<span class="pagenum"><a id="Page_51"> 51</a></span> +à l'écuyer à les appliquer lui-même; il ne tiendra +qu'à lui de professer demain ce que je lui démontre +aujourd'hui.</p> + +<p>Nous connaissons maintenant quelles sont les +parties du cheval qui se contractent le plus pour les +résistances, et nous sentons la nécessité de les assouplir. +Chercherons-nous dès lors à les attaquer, à les +exercer toutes ensemble, pour les soumettre du +même coup? Non, sans doute, ce serait retomber +dans les anciens errements, et nous sommes convaincu +de leur inefficacité. L'animal est doué d'une +puissance musculaire infiniment supérieure à la +nôtre; ses forces instinctives pouvant en outre se +soutenir les unes par les autres, nous serons inévitablement +vaincus si nous les surexcitons toutes à +la fois. Puisque les contractions ont leur siége dans +des parties séparées, sachons profiter de cette division +pour les combattre successivement, à l'exemple +de ces généraux habiles qui détruisent en détail des +forces auxquelles ils n'auraient pu résister en +masse.</p> + +<p>Du reste, quels que puissent être l'âge, les dispositions +et la structure du cheval, mes procédés, en +débutant, seront toujours les mêmes. Les résultats +seulement seront plus ou moins prompts et faciles, +suivant le degré de perfection de sa nature et l'influence +de la main à laquelle il aura pu être soumis +antérieurement. L'assouplissement, qui, chez un +<span class="pagenum"><a id="Page_52"> 52</a></span> +cheval bien constitué, n'aura d'autre but que de +préparer ses forces à céder à nos moyens d'action, +devra de plus rétablir le calme et la confiance, s'il +s'agit d'un cheval mal mené, et faire disparaître, +dans une conformation défectueuse, les contractions, +causes des résistances et de l'opposition à un équilibre +parfait. Les difficultés à surmonter seront en +raison de cette complication d'obstacles, qui tous +disparaîtront bien vite, moyennant un peu de persévérance +de notre part. Dans la progression que +nous allons suivre pour soumettre à l'assouplissement +les diverses parties de l'animal, nous commencerons +naturellement par les plus importantes, c'est-à-dire +par la mâchoire et l'encolure.</p> + +<p>La tête et l'encolure du cheval sont à la fois le +gouvernail de l'animal et la boussole du cavalier. +Par elles il dirige l'animal; par elles aussi il peut +juger de la régularité, de la justesse de son mouvement; +pas d'équilibre, pas de légèreté, si la tête et +l'encolure ne sont aisées, liantes et gracieuses. Nulle +élégance, nulle facilité dans l'ensemble, dès que ces +deux parties se roidissent. Précédant le corps dans +toutes ses impulsions, elles doivent préparer d'avance, +indiquer par leur attitude les positions à prendre, +les mouvements à exécuter. Nulle domination n'est +permise au cavalier tant qu'elles restent contractées +et rebelles; une fois qu'elles sont flexibles et maniables, +il dispose de l'animal à son gré. Si la tête +<span class="pagenum"><a id="Page_53"> 53</a></span> +et l'encolure n'entament pas les premières les changements +de direction, si, dans les marches circulaires, +elles ne se maintiennent pas inclinées sur la +ligne courbe, afin de surcharger plus ou moins les +extrémités en raison du mouvement, si pour le reculer +elles ne se replient pas sur elles-mêmes, et si +leur légèreté n'est pas toujours en rapport avec les +différentes allures qu'on voudra prendre, le cheval +sera libre d'exécuter ou non ces mouvements, +puisqu'il restera maître de l'emploi de ses forces.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_54"> 54</a></span></p> + +<h2 class="p4">VI<br /> +<span class="large">DE LA BOUCHE DU CHEVAL ET DU MORS.</span></h2> + +<p class="p2">J'ai déjà traité ce sujet assez longuement dans +mon <em>Dictionnaire raisonné d'Equitation</em>; mais comme +je développe ici un exposé complet de ma méthode, +je crois nécessaire d'y revenir en quelques mots.</p> + +<p>Je suis encore à me demander comment on a pu +attribuer si longtemps à la seule différence de conformation +des barres ces dispositions contraires des +chevaux qui les rendent si légers ou si lourds à la +main. Comment a-t-on pu croire que, suivant qu'un +cheval a une ou deux lignes de chair de plus ou de +moins entre le mors et l'os de la mâchoire inférieure, +il cède à la plus légère impulsion de la main, ou +s'emporte, malgré les efforts des deux bras les plus +vigoureux? C'est cependant en s'appuyant sur cette +inconcevable erreur qu'on s'est mis à forger des +mors de formes bizarres et si variées, vrais instruments +de supplice, dont l'effet ne pouvait qu'augmenter +<span class="pagenum"><a id="Page_55"> 55</a></span> +les inconvénients auxquels on cherchait à +remédier.</p> + +<p class="p2">Si on avait voulu remonter un peu à la source des +résistances, on aurait reconnu bientôt que la roideur +de la mâchoire ne provient pas de la différence +de conformation des barres, mais bien du +mauvais équilibre du cheval. C'est donc en vain que +nous nous suspendrons aux rênes et que nous placerons +dans la bouche du cheval un instrument plus +ou moins meurtrier; il restera insensible à nos +efforts tant que nous ne lui aurons pas donné cette +légèreté qui peut seule le mettre à même de céder.</p> + +<p>Je pose donc en principe qu'il n'existe point de +différence de sensibilité dans la bouche des chevaux; +que tous présentent la même légèreté dans la +position du ramener, et les mêmes résistances à +mesure qu'ils s'éloignent de cette position importante. +Il est des chevaux lourds à la main; mais +cette résistance provient de la longueur ou de la faiblesse +des reins, de la croupe étroite, des hanches +courtes, des cuisses grêles, des jarrets droits, ou +enfin (point important) d'une croupe trop haute ou +trop basse par rapport au garrot; telles sont les véritables +causes des résistances; le serrement de la +mâchoire, la contraction de l'encolure, ne sont que +les effets.</p> + +<p class="p2">Je n'admets, par conséquent, qu'une seule espèce +<span class="pagenum"><a id="Page_56"> 56</a></span> +de mors, et voici la forme et les dimensions que je +lui donne pour le rendre aussi simple que doux:</p> + +<p>Branche droite de la longueur de 16 centimètres, +à partir de l'œil du mors jusqu'à l'extrémité des +branches; circonférence du canon, 6 centimètres; +la liberté de la langue, 4 centimètres à peu près de +largeur dans sa partie inférieure, et 2 centimètres +dans la partie inférieure. Il est bien entendu que la +largeur seule devra varier suivant la bouche du +cheval.</p> + +<p>J'affirme qu'un pareil mors suffira pour soumettre +à l'obéissance la plus passive tous les chevaux qu'on +y aura préparés par l'assouplissement; et je n'ai pas +besoin d'ajouter que, puisque je nie l'utilité des mors +durs, je repousse, par la même raison, tous les +moyens en dehors des ressources du cavalier, tels +que martingales, piliers, etc.<a name="FNanchor_6" id="FNanchor_6" href="#Footnote_6" class="fnanchor">[6]</a></p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_57"> 57</a></span></p> + +<h2 class="p4">VII<br /> +<span class="large">ASSOUPLISSEMENT DE LA MACHOIRE</span><br /> +<span class="large">ET DE L'ENCOLURE.</span></h2> + +<p class="p2">Les flexions de la mâchoire, ainsi que les deux +flexions de l'encolure qui vont suivre, s'exécutent +en place, le cavalier restant à pied. Le cheval sera +amené sur le terrain, sellé et bridé, les rênes passées +sur l'encolure. Le cavalier vérifiera d'abord si le +mors est bien placé et si la gourmette est attachée +de manière qu'il puisse introduire facilement son +doigt entre les mailles et la barbe. Puis, regardant +l'animal avec bienveillance, il viendra se placer en +avant de son encolure, près de la tête, le corps droit +et ferme, les pieds un peu écartés pour assurer sa +base et être prêt à lutter avec avantage contre toutes +les résistances.</p> + +<h3 class="p2">Première flexion de la mâchoire.</h3> + +<p>Pour exécuter cette flexion, le cavalier, placé du +côté montoir, prendra avec la main droite la rêne +<span class="pagenum"><a id="Page_58"> 58</a></span> +gauche de la bride à dix-sept centimètres de la +bouche, et avec la main gauche la rêne gauche du +filet. Ces deux forces doivent agir en sens opposés. +Si elles sont bien proportionnées à la résistance du +cheval, elles amèneront bientôt la mobilité de la +mâchoire. La flexion à droite s'exécutera d'après +les mêmes principes et par les moyens inverses, le +cavalier ayant soin de passer alternativement de l'une +à l'autre. Si la résistance du cheval provient de la +contraction trop grande des muscles releveurs, il +faut opposer une force de haut en bas, jusqu'à parfaite +cession de la part du cheval, et <em>vice versâ</em>. Il +doit en être ainsi pour toutes les flexions; il faut +combattre les résistances par la force qui leur est +directement opposée.</p> + +<p>Quelquefois, le cheval recule par impatience ou +par la maladresse du cavalier; on n'en continue pas +moins l'opposition des mains, lesquelles, dans ce +cas, se portent en avant afin d'attirer le cheval et +de faire opposition à la force qui produit l'acculement. +Si l'on a pratiqué complétement le travail +précédent, il sera facile, à l'aide de la cravache, +d'arrêter le mouvement rétrograde qui est un puissant +obstacle à toute espèce de flexions (<i>Planche 1</i>).</p> + +<div class="p2 figcenter"> +<img src="images/069.jpg" width="400" height="268" alt="planche 1" /> +</div> +<p class="caption">PLANCHE 1</p> + +<h3 class="p2">Deuxième flexion.</h3> + +<p>La deuxième flexion s'exécute en prenant les deux +rênes de la bride avec la main droite et les deux +<span class="pagenum"><a id="Page_59"> 59</a></span> +rênes du filet avec la gauche. En procédant comme +pour la première flexion, et si celle-ci a été bien +faite, on obtient presque instantanément la mobilité +de la mâchoire. Sur quelques chevaux, la mâchoire +inférieure se détache momentanément pour se refermer +aussitôt avec bruit. Cette espèce de tic nerveux, +de grincement de dents, doit être combattu avec +soin, car il finirait par augmenter la résistance et +s'opposerait à la légèreté (<i>Planches 2 et 3</i>).</p> + +<div class="p2 figcenter"> +<img src="images/072.jpg" width="400" height="591" alt="planches 2 et 3" /> +</div> +<p class="caption">PLANCHES 2 ET 3</p> + +<h3 class="p2">Troisième flexion.</h3> + +<p>Le cavalier saisit, par exemple, la rêne droite du +filet avec la main gauche et la rêne gauche avec la +main droite à dix-sept centimètres, puis il croise les +deux rênes sous le menton de manière à exercer une +pression assez forte sur la barbe. Si la résistance se +prolongeait, le cavalier la ferait bien vite cesser par +un frémissement rapide des poignets (<i>Planche 4</i>)<a name="FNanchor_7" id="FNanchor_7" href="#Footnote_7" class="fnanchor">[7]</a>.</p> + +<div class="p2 figcenter"> +<img src="images/075.jpg" width="400" height="263" alt="planche4" /> +</div> +<p class="caption">PLANCHE 4</p> + +<p>On comprendra facilement l'importance de ces +flexions de mâchoire. Elles ont pour résultat de préparer +le cheval à céder aux plus légères pressions +du filet ou du mors, d'assouplir directement les +muscles qui joignent la tête à l'encolure. La tête devant +précéder et déterminer les diverses attitudes +<span class="pagenum"><a id="Page_60"> 60</a></span> +de l'encolure, il est indispensable que cette dernière +partie soit toujours assujettie à la première. Cela +n'aurait lieu qu'imparfaitement avec la flexibilité +seule de l'encolure, puisque ce serait alors celle-ci +qui déterminerait l'obéissance de la tête en l'entraînant +dans son mouvement. L'opposition des mains +s'engagera sans à-coup, pour ne cesser qu'à parfaite +obéissance du cheval, à moins cependant qu'il ne +s'accule; elle diminuera ou augmentera son effet en +proportion de la résistance, de manière à la dominer +toujours sans trop la forcer. Le cheval, qui d'abord +résistera, finira par considérer la main de l'homme +comme un régulateur irrésistible, et il s'habituera +si bien à obéir, qu'on obtiendra bientôt, par une +simple pression de rêne, ce qui, dans le principe, +exigeait une grande force.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_61"> 61</a></span></p> + +<h2 class="p4">ASSOUPLISSEMENT DE L'ENCOLURE.</h2> + +<h3 class="p2">Première flexion latérale.</h3> + +<p>Le cavalier se place comme pour les flexions de +mâchoire; il saisira la rêne droite de la bride avec +la main droite à seize centimètres de la branche du +mors et la rêne gauche avec la main gauche, à dix +centimètres seulement de la branche gauche. Il rapprochera +ensuite la main droite de son corps en +éloignant la gauche de manière à contourner le +mors dans la bouche du cheval. Comme pour les +flexions de mâchoire, la force qu'il emploiera devra +être graduée et proportionnée à la résistance seule +de la mâchoire et de l'encolure, afin de ne pas influer +sur l'aplomb qui donne l'immobilité au corps +du cheval (<i>Planche 5</i>).</p> + +<div class="p2 figcenter"> +<img src="images/078.jpg" width="400" height="600" alt="planche 5 et 6" /> +</div> +<p class="caption">PLANCHES 5 et 6</p> + +<p>La flexion doit s'obtenir, non par un mouvement +brusque de la tête, mais par petites cessions successives. +La main gauche suit tout naturellement le +mouvement de la tête, et, lorsque celle-ci se trouve +près de l'épaule droite, les deux rênes également +tendues maintiennent la tête oblique et verticale +jusqu'à ce qu'elle se soutienne d'elle-même dans +cette position (<i>Planche 6</i>). Le cheval, en mâchant +son mors, constatera la mise en main ainsi que sa +parfaite soumission. Le cavalier, pour le récompenser, +<span class="pagenum"><a id="Page_62"> 62</a></span> +fera cesser immédiatement la tension des +rênes et lui permettra, après quelques secondes, +de reprendre sa position naturelle. Mêmes principes +et moyens inverses pour la flexion à gauche.</p> + +<h3 class="p2">Deuxième flexion.</h3> + +<p>1<sup>o</sup> Le cavalier saisira la rêne droite du filet, qu'il +tendra en l'appuyant sur l'encolure, pour établir un +point intermédiaire entre la force qu'il emploie et +la résistance que présentera le cheval; il soutiendra +la rêne gauche avec la main gauche à trente-trois +centimètres du mors. Dès que le cheval cherchera à +éviter la tension constante de la rêne droite en inclinant +sa tête à droite, le cavalier laissera glisser la +rêne gauche, afin de ne présenter aucune opposition +à la flexion de l'encolure. Cette rêne gauche devra +se soutenir par une succession de petites tensions +spontanées, chaque fois que le cheval cherchera à se +soustraire, par la croupe, à l'effet de la rêne droite +(<i>Planche 7</i>.</p> + +<p>2<sup>o</sup> Lorsque la tête et l'encolure auront complétement +cédé à droite, le cavalier donnera une égale +tension aux deux rênes pour placer la tête verticalement. +Le liant et la légèreté suivront bientôt cette +position, et aussitôt que le cheval constatera l'absence +de toute roideur par l'action de <em>mâcher son +frein</em>, le cavalier fera cesser la tension des rênes, +<span class="pagenum"><a id="Page_63"> 63</a></span> +en prenant garde que la tête ne profite de ce moment +d'abandon pour se déplacer brusquement. +Dans ce cas, il suffirait pour la contenir d'un léger +soutien de la rêne droite. Après avoir maintenu le +cheval quelques secondes dans cette attitude, on le +remettra en place en soutenant un peu la rêne +gauche. L'important est que l'animal, dans tous ses +mouvements, ne prenne de lui-même aucune initiative +(<i>Planche 8</i>).</p> + +<div class="p2 figcenter"> +<img src="images/081.jpg" width="400" height="613" alt="planche 7 et 8" /> +</div> +<p class="caption">PLANCHES 7 ET 8</p> + +<p>La flexion de l'encolure à gauche s'exécutera +d'après les mêmes principes et par les moyens inverses. +Le cavalier pourra répéter avec les rênes de la +bride ce qu'il aura fait d'abord avec celle du filet; +cependant le filet devra toujours être employé en +premier lieu, son effet étant moins puissant et plus +direct. Si les flexions à pied ont été bien faites, si +elles ne laissent rien à désirer, celles à cheval s'obtiendront +facilement. Ces premiers exercices sont +d'une grande importance, et le temps que l'on y +consacre abrége considérablement la durée des leçons +qui doivent suivre.</p> + +<p>Le cavalier doit scrupuleusement s'attacher à faire +fléchir la mâchoire avant l'encolure, de manière que +cette dernière soutienne la tête et la suive, sans la +devancer jamais.</p> + +<p>En principe, il n'y a pas d'encolure résistante +avec une mâchoire moelleusement mobile.</p> + +<p>C'est presque toujours l'opposé quand la flexion +<span class="pagenum"><a id="Page_64"> 64</a></span> +de l'encolure précède celle de la mâchoire. Les dents +restent serrées ou ne se détachent qu'imparfaitement.</p> + +<p>La résistance est toujours en raison directe du +<em>mutisme</em> du cheval<a name="FNanchor_8" id="FNanchor_8" href="#Footnote_8" class="fnanchor">[8]</a>.</p> + +<p>Dans les flexions directes ou latérales, le cheval +présente encore une résistance qu'il est difficile de +détruire, si l'on n'en connaît la cause. C'est en faisant +des <em>forces</em> que l'animal renouvelle ces luttes, +que le cavalier n'annule qu'imparfaitement et après +de longs efforts. J'entends par faire des <em>forces</em>, l'action +du cheval qui contracte sa mâchoire inférieure +d'un côté ou de l'autre. Exemple: si l'on porte la +tête du cheval à droite, la mâchoire inférieure se +portera plus à droite que la mâchoire supérieure. Il +faudra donc la ramener à gauche pour obtenir sa +vraie mobilité et une légèreté complète.</p> + +<p>Ces exercices et les suivants sont faciles à exécuter +si le cavalier met scrupuleusement en pratique +les moyens que j'indique et s'il suit en tout point +la gradation qui en assure le succès.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_65"> 65</a></span></p> +<h3 class="p2">Flexion directe ou ramener.</h3> + +<p>On alternera les flexions latérales avec la flexion +directe ou mise en main. Outre les moyens indiqués +pour les flexions de mâchoire, la flexion directe +s'obtiendra encore avec la rêne droite du bridon +appuyée sur l'encolure et tenue dans la main droite. +Avec la main gauche, on prendra la rêne du même +côté à trois centimètres de la bouche. Les deux +rênes seront tendues graduellement, et leur action +amènera le cheval à céder complétement de la +mâchoire et de l'encolure. (Voy. <i>Planche 9.</i></p> + +<div class="p2 figcenter"> +<img src="images/084.jpg" width="270" height="362" alt="planche 9" /> +</div> +<p class="caption">PLANCHE 9</p> + +<p>Si l'encolure fléchissait avant la mâchoire, il faudrait +opposer une force spontanée de la main, pour +empêcher cette flexion défectueuse et prématurée.</p> + +<p>Quelques jours de cet exercice assureront la +légèreté de la mâchoire et de l'encolure.</p> + +<p>Il est indispensable que le cavalier se rende +compte de la disposition du poids et des forces de sa +monture; car leur mauvaise répartition retarderait +le progrès de l'éducation.</p> + +<p>Supposons donc que, le cheval étant en place, le +poids soit trop porté sur l'avant-main. Dans ce cas, +les résistances seraient énormes et presque insurmontables, +si, au préalable, on ne forçait le poids à +se reporter sur l'arrière-main par une pression soutenue +du mors, ce qui se ferait sans chercher à +<span class="pagenum"><a id="Page_66"> 66</a></span> +obtenir aucune flexion. Par ce mouvement, le poids +se combine tellement avec les forces, que l'on obtient +aussitôt toute la légèreté désirable. Si, au contraire, +les forces étaient toutes dirigées sur l'arrière-main, +ce qui provoquerait un mouvement de recul, il faudrait +attirer le cheval en avant, après s'être assuré, +toutefois, en forçant le reculer, si, malgré le mouvement +rétrograde, le poids n'est pas trop porté sur +le devant.</p> + +<p class="p2"><span class="smcap">Observation.</span> Les flexions à pied, incomplétement +faites, non-seulement sont sans effet satisfaisant, +mais encore elles portent le cheval plutôt aux résistances +qu'aux concessions qui sont les premiers éléments +de son éducation. La prolongation des flexions +qui s'obtiennent facilement aurait son danger. L'encolure +s'amollirait au lieu d'être liante; elle s'isolerait +du corps, avec lequel, au contraire, elle doit +s'identifier, pour établir entre eux une espèce de +solidarité qui fait réagir, sur toute la masse, un léger +déplacement de la tête et provoque promptement +tous les changements de position désirables.</p> + +<p>Lorsque le cheval se soumettra à tous ces exercices, +sans résistance, ce sera une preuve que l'assouplissement +a fait un grand pas et que l'éducation +première est en voie de progrès.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_67"> 67</a></span></p> + +<h2 class="p4">VIII<br /> +<span class="large">EFFETS DE MAINS (RÊNES).</span></h2> + +<p class="p2">Nous avons avancé comme règle invariable que, +lorsqu'on soumet le cheval, pour les premières fois, +à l'action du frein, il faut l'emboucher avec un +mors de bride accompagné d'un filet. Ajoutons +qu'on devra recourir aux effets de ce dernier dans +les commencements de l'éducation du cheval, parce +que sa puissance, moins grande que celle de la +bride, a une action plus directe pour faire céder +l'encolure à droite et à gauche. En effet, pour le +ramener, le filet ne représente qu'un levier de 3<sup>e</sup> +genre, tandis que le mors avec branches et gourmette +est un levier de 2<sup>e</sup> genre. Pour le ramener et +les mouvements rétrogrades du corps, la puissance +du mors est supérieure à celle du filet; mais pour +les premiers déplacements de la tête du cheval et +la répression de résistance venant du côté droit ou +du côté gauche, l'usage du filet amènera des résultats +<span class="pagenum"><a id="Page_68"> 68</a></span> +plus prompts, parce que, composé de deux +pièces, il a un effet local qui agit sur un des côtés +de la bouche du cheval. Les mêmes effets, avec les +rênes de bride séparées, ne peuvent agir ni aussi +directement ni aussi isolément sur l'une des deux +barres; car la seule pièce qui compose le mors agit +nécessairement sur toute la mâchoire et rend, par +cela même, l'intention du cavalier moins claire à +l'intelligence du cheval. De là hésitation et lenteur +d'un côté, impatience et colère de l'autre, et souvent +luttes regrettables qui ne se terminent pas +toujours à l'avantage du cavalier.</p> + +<p>Je sais qu'à la rigueur un écuyer peut se passer +du filet, comme il peut aussi ne se servir que du filet +pour dresser un cheval, mais ce n'est qu'une exception +qui justifie la règle.</p> + +<p>On se servira donc, en commençant, des rênes +du filet, une dans chaque main; les rênes de bride, +réunies dans la main gauche à leur position normale, +seront légèrement flottantes. La rêne gauche +du filet sera contenue entre le pouce et l'index de +la main gauche; la rêne droite, contenue entre le +pouce et les trois premiers doigts, passera sur le +petit doigt de la main droite. Ces dispositions faciliteront +l'emploi du filet pour les inclinaisons d'encolure.</p> + +<p>Si, dans les flexions, le cheval portait au vent, +on passerait les rênes du filet dans la main droite, +<span class="pagenum"><a id="Page_69"> 69</a></span> +pour que la main gauche, par une tension égale des +deux rênes de bride, exerçât une pression du mors +qui détruise la résistance et ramène la tête dans la +position verticale. Cette attitude rendra le cheval +plus soumis aux effets des rênes du filet.</p> + +<p>Cette première flexion s'exercera, d'abord en +place, puis au pas.</p> + +<p>Ce travail, fait convenablement à pied, deviendra +facile à cheval.</p> + +<p>Tout exercice obtenu primitivement avec les +rênes de filet, sera pratiqué ensuite avec les rênes +de bride, pour amener la tête du cheval à droite, à +gauche, ou dans la position verticale, et obtenir la +mise en main. L'exécution des flexions latérales +avec les rênes de bride prouvera un progrès, puisqu'elle +s'obtiendra à l'aide de moyens moins directs.</p> + +<p>Il est inutile de faire observer qu'avant de passer +d'une flexion latérale à une autre, il faut saisir l'instant +où la tête se trouve dans le prolongement de la +ligne des épaules et de la croupe, afin de mettre le +cheval en main, par une tension égale des deux +rênes de la bride. Cette observation s'applique également +à toutes les flexions exécutées aux différentes +allures.</p> + +<p>Le travail d'arrière-main, ou commencement des +pirouettes renversées, se pratiquera par la tension +plus grande de la rêne opposée au côté où marchera +<span class="pagenum"><a id="Page_70"> 70</a></span> +la croupe. Si elle se porte à gauche, la rêne droite +se soutiendra avec plus d'énergie (<em>et vice versâ</em>), afin +de maîtriser les résistances que doivent faire naître +des mouvements nouveaux pour l'animal. Aussitôt +que le cheval obéira à la jambe, on cessera l'action +isolée d'une des rênes de filet ou de bride; car ce +moyen n'étant que le correctif des résistances doit +être abandonné dès qu'il est sans but. Les rênes +deviennent alors inutiles comme force d'opposition +et ne servent plus qu'à maintenir l'attitude la plus +convenable pour que le cheval demeure bien placé +et gracieux dans ses mouvements.</p> + +<p>Pour les pirouettes ordinaires, à droite, par +exemple, on écartera la rêne droite du filet, en +modérant son action avec la gauche. La rêne droite +ébranlera l'avant-main, l'autre fixera la croupe afin +qu'elle serve de pivot. La main de la bride doit +terminer tous les mouvements, pour habituer le +cheval à obéir à sa seule action.</p> + +<p>Observons en passant que l'emploi du filet n'est +que préparatoire à l'usage exclusif de la bride. +Quand le cheval obéira à cet agent, la main de la +bride seule agira pour commencer ou pour finir +les mouvements.</p> + +<p>Au pas, sur la piste, on répétera les mêmes +flexions latérales d'encolure, en écartant faiblement +les rênes du filet d'abord et les rênes de la bride +ensuite.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_71"> 71</a></span> +Même exercice pour les changements de direction.</p> + +<p>Le cheval répondant aux moindres tensions des +rênes de filet ou de bride, on les remplacera par un +nouvel effet de rênes, qui disposera ses forces pour +répartir le poids de la manière la plus favorable au +mouvement.</p> + +<p>Il servira encore, par une juste opposition de la +main, à corriger les écarts de la croupe, et à placer, +point important, le cheval parfaitement droit; c'est-à-dire, +la croupe sur la ligne des épaules.</p> + +<p>Ce nouvel effet de rênes transportera le poids +d'une partie sur l'autre sans détruire l'harmonie +des forces. Résultat jusqu'alors inconnu.</p> + +<p>Précédemment, en rétablissant l'équilibre du +poids, on détruisait souvent l'ensemble des forces; +puis, en rétablissant l'équilibre des forces, on ramenait +le poids à sa mauvaise disposition première. +N'est-ce pas là un travail sans fin?</p> + +<p>Expliquons le moyen qui, malgré sa simplicité, va +remédier à ces tâtonnements infructueux.</p> + +<p>Les premiers assouplissements ont mis l'animal +à même de répondre à ce nouveau procédé.</p> + +<p>Le cheval étant au pas, on séparera les rênes de +la bride, une dans chaque main. Si l'on débute par +la rêne droite, la main droite se portera à gauche et +appuiera la rêne contre l'encolure. Celle-ci se contournera, +la tête s'inclinera, et les épaules du cheval +<span class="pagenum"><a id="Page_72"> 72</a></span> +se porteront légèrement à gauche. La pression opportune +des jambes déterminera au besoin la croupe +dans le sens du mouvement (les mêmes résultats +s'obtiendront avec la rêne gauche). La position +propre à ce changement de direction s'obtient, en +partie, par des effets de rênes savamment pratiqués. +Les mêmes résultats s'obtiendront également à toutes +les allures, y compris le travail sur les hanches.</p> + +<p>Puis il arrivera un moment où l'éducation du +cheval, plus complète, permettra de se dispenser +même du secours des jambes. (Descente de jambes.) +Il est bien entendu que ces effets de rênes de +bride séparées, obtenus soit par écartement, tension +ou pression sur l'encolure, ont pour but d'amener +le cheval à obéir à l'action seule de la main de la +bride.</p> + +<p>Après ces exercices, la main gauche seule suffira +à faire exécuter les changements de direction. A cet +effet, avant de se porter du côté déterminant, la +main, en se contractant, fera sentir toute sa force +d'opposition, sans se rapprocher du corps. Cet effet +concentré de la puissance de la main demande qu'au +préalable l'égale tension des rênes permette de sentir +facilement la bouche du cheval; il devra compléter +la légèreté du cheval avant que celui-ci se +conforme à la nouvelle inclinaison. Ce temps bien +compris, l'animal tournera à la simple indication +de la main, si, comme je l'ai déjà recommandé, on +<span class="pagenum"><a id="Page_73"> 73</a></span> +saisit le moment où la tête passe par la ligne prolongée +de la croupe et des épaules, pour opérer la +mise en main avant de changer l'inclinaison d'un +côté ou d'un autre.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_74"> 74</a></span></p> + +<h2 class="p4">IX<br /> +<span class="large">EFFETS DE JAMBES.</span></h2> + +<p class="p2">Si je demandais au premier cavalier venu les +moyens pour changer de direction, il me répondrait +assurément: «Si vous voulez tourner à droite, +portez la main à droite et faites sentir la jambe du +même côté.»</p> + +<p>C'est, en effet, le principe que tous les traités +d'équitation, jusqu'au mien, ont donné comme le +seul efficace pour ce mouvement. Mais tant d'erreurs +se sont érigées en principes, que j'ai voulu +m'assurer de l'exactitude de ce dernier.</p> + +<p>J'ai donc, pour tourner à droite, par exemple, +porté la main à droite et fait sentir la jambe du +même côté.</p> + +<p>Quelque légèreté qu'eût mon cheval sur la ligne +droite et bien que j'eusse fait sentir la jambe indiquée, +j'éprouvais souvent une résistance dont, longtemps, +j'ai cherché la cause et les moyens de la +détruire.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_75"> 75</a></span> +L'expérience m'a démontré que souvent, par +suite de l'action de la jambe droite, la croupe se +portant à gauche, empêche, par sa mobilité, le +poids de se fixer sur le point d'appui nécessaire au +pivot de conversion et jette ainsi de l'irrégularité et +de l'incertitude dans le mouvement.</p> + +<p>La répression de cette résistance exige naturellement, +me suis-je dit, l'emploi de la jambe gauche. +J'adoptai donc ce moyen comme correctif. Il me +donna d'abord des résultats surprenants, mais la +persistance de son emploi devint la source d'une +autre résistance.</p> + +<p>La croupe, portée trop à droite par la pression +de la jambe gauche, s'arc-boutait, pour ainsi dire, +contre l'épaule droite, et paralysait ses mouvements.</p> + +<p>Après de minutieuses observations, je conclus +donc que l'emploi exclusif de l'une ou de l'autre +jambe ne peut être prescrit comme principe absolu +dans les changements de direction, puisque, destiné +à prévenir, il provoque, au contraire, des résistances.</p> + +<p>En effet, quand je veux placer le cheval pour le +changement de direction, j'ignore de quel côté viendra +la résistance, puisque la croupe peut se dérober +à droite ou à gauche; j'ignore même s'il y aura +résistance. Il n'est donc pas rationnel de déterminer, +<em>à priori</em>, l'emploi exclusif de l'une ou de l'autre +<span class="pagenum"><a id="Page_76"> 76</a></span> +jambe, et le principe, reconnu faux, doit être abandonné.</p> + +<p>Revenons donc aux vrais principes de l'équitation:</p> + +<p>La main seule donne la position, les jambes donnent +l'impulsion.</p> + +<p>Si, d'après les prescriptions formelles de ma méthode, +vous avez dirigé l'éducation de votre cheval +de manière à lui donner une juste répartition du +poids et des forces, le changement de direction lui +deviendra aussi facile que la marche sur la ligne +droite. Le cheval étant bien placé obéira à la première +invitation de la main, la tête et l'encolure +prendront la position propre au mouvement, et le +liant parfait de toute la machine amènera les épaules +et la croupe à prendre sans résistance la part qui +leur convient pour la régularité et la facilité du changement +de direction. D'où je conclus que l'emploi +de l'une ou de l'autre jambe prescrit comme principe +est un non-sens, pour ce mouvement, puisque +sa régularité et sa facilité ne dépendent que de l'harmonie +apportée dans l'équilibre de l'animal.</p> + +<p>Je dis plus. L'aide des deux jambes deviendra +tout à fait inutile, quand le cheval sera arrivé au +point d'éducation où doit le conduire inévitablement +ma méthode.</p> + +<p class="p2"><span class="smcap">Point important.</span> Dès que le cheval commencera +<span class="pagenum"><a id="Page_77"> 77</a></span> +à prendre la position indiquée par la main, celle-ci +devra cesser son action et laisser à l'animal sa liberté +de mouvement, en ayant soin toutefois de le suivre +dans son déplacement. Si, au contraire, après un +commencement d'exécution, la main persistait dans +son action, la position de l'encolure deviendrait forcée +et amènerait un dérangement de croupe, d'où +naîtrait une résistance qu'on ne pourrait vaincre +qu'à l'aide des jambes.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_78"> 78</a></span></p> + +<h2 class="p4">X<br /> +<span class="large">EFFETS DE MAIN ET DE JAMBES.</span></h2> + +<p class="p4">Nous avons consacré un chapitre spécial aux fonctions +particulières de la main et des jambes; nous +allons, maintenant, combiner l'action de ces puissances +de telle sorte qu'elles procurent au cavalier +les ressources qu'il doit retirer de leur judicieux +emploi.</p> + +<p>En principe, les jambes du cavalier donnent au +cheval l'impulsion nécessaire aux mouvements. Mais +elle n'est primitivement qu'un moyen de déplacement +qui, pour obtenir un bon résultat, a besoin d'un +modérateur et d'un régulateur.</p> + +<p>Ce double rôle appartient à la main.</p> + +<p>Aussitôt qu'obéissant à la pression des jambes le +cheval se mobilise, la main, savante interprète de +la volonté du cavalier, dispose l'animal dans le sens +propre au mouvement qui doit être exécuté, et son +action, méthodiquement réglée, fait comprendre au +serviteur les intentions du maître.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_79"> 79</a></span> +Le cheval, bien placé par la main, exécutera facilement +le mouvement indiqué. Je dis plus: il +l'exécutera nécessairement, car la disposition des +diverses parties de son corps ne lui en permettrait +pas d'autre.</p> + +<p>L'écuyer doit donc avoir pour but de dominer +les forces du cheval; il faut qu'il en dispose absolument. +La combinaison intelligente de l'action de +la main et des jambes produira ce résultat.</p> + +<p class="p2"><span class="smcap">Principe essentiel.</span> En général l'action des jambes +doit précéder celle de la main pour déterminer +toutes les allures, ainsi que pour obtenir les effets +d'ensemble, le rassembler, les temps d'arrêt et le +reculer, etc., etc.</p> + +<p>En effet, si l'on porte le cheval en avant, il faut +d'abord que les jambes déterminent son action et +que, sur l'impulsion donnée, la main prenne autant +de forces qu'il lui en faut pour diriger la masse dans +le sens propre au mouvement. Si, au contraire, +l'action de la main précédait celle des jambes, le +cheval, manquant de l'impulsion nécessaire, ne +pourrait être placé convenablement, et le mouvement +deviendrait incertain, d'une exécution difficile +et souvent impossible.</p> + +<p>Pour les effets d'ensemble, les jambes agiront +les premières, afin d'éviter les effets rétrogrades du +<span class="pagenum"><a id="Page_80"> 80</a></span> +cheval, qui, par ce moyen, se soustrairait à la bonne +position de sa tête et à l'immobilité de ses quatre +jambes, s'il est en place.</p> + +<p>C'est encore en débutant par l'action des jambes +qu'on fera jouer tous les ressorts du mécanisme de +l'animal, et leur puissance, sagement dirigée par la +main, s'harmonisera de telle sorte que le cheval sera +toujours placé droit. L'action des jambes du cavalier +produira le rassembler en rapprochant les membres +postérieurs du cheval.</p> + +<p>Pour le vrai reculer, les jambes de derrière du +cheval doivent d'abord quitter le sol. C'est encore +une pression préalable des jambes du cavalier qui +déterminera ce mouvement. Le cheval est porté en +avant par les jambes; mais aussitôt l'impulsion +donnée, la main se rapproche du corps, et son effet, +justement combiné, force la jambe, déjà levée, à se +porter en arrière. Après quelques répétitions de cet +exercice, le cheval reculera franchement et régulièrement.</p> + +<p>L'impulsion imprimée par les jambes est encore +nécessaire dans le reculer, en ce sens qu'elle +s'oppose à la trop brusque concentration des forces +sur l'arrière-main, ce qui donnerait un reculer précipité +et irrégulier.</p> + +<p>Pour l'exécution des pirouettes renversées ou +ordinaires, les jambes devront donner l'impulsion +qui, comme toujours, permettra à la main de placer +<span class="pagenum"><a id="Page_81"> 81</a></span> +le cheval. C'est alors que les rênes de la bride par +tension, écartement, ou pression sur l'encolure, +deviendront efficaces pour combattre les résistances +indiquées par les refus du cheval, qui arrivera +graduellement à obéir à la seule pression de la +jambe.</p> + +<p>Au moyen de ces exercices et de la combinaison +sage des effets de jambes et de main, le cheval aura +bientôt acquis une juste répartition du poids et des +forces.</p> + +<p>J'indique le but; plus heureux que mes devanciers +dans l'étude de l'équitation, je donne les +moyens infaillibles de l'atteindre.</p> + +<p>Est-ce à dire, cependant, que je veuille promettre +à tous les adeptes de ma méthode les résultats que +beaucoup de mes élèves ont obtenus? Non; voici +pourquoi. Quelle que soit la clarté d'une théorie et +l'exactitude de ses principes, le professeur ne peut +donner à tous cette étincelle de feu sacré qui dénote +l'aptitude, la vocation et mène au succès.</p> + +<p>Si les idées théoriques expliquées et motivées ne +rencontrent pas comme un écho dans l'esprit de +l'élève, si son intelligence n'est pas frappée comme +d'un choc électrique, par la vérité du principe, c'est +que l'inspiration manque. Les efforts du professeur +lutteront péniblement contre l'inaptitude.</p> + +<p>En comparant les forces de l'homme et celles du +cheval, on est étonné que notre faiblesse proportionnelle +<span class="pagenum"><a id="Page_82"> 82</a></span> +ait entrepris de dominer une puissance +aussi supérieure; et, cependant, avec la seule pression +de nos jambes et de nos mains, nous lui imposons +notre volonté.</p> + +<p>Soumis à nos lois, notre superbe antagoniste se +précipite comme une avalanche; ses forces, multipliées +par l'impulsion, impriment à son corps une +rapidité vertigineuse; son élan semble indomptable. +Un geste du cavalier, et la masse impétueuse devient +statue, le cheval est immobile.</p> + +<p>J'ai donné les moyens d'obtenir ces immenses +résultats. Ma méthode met tellement le cheval dans +la dépendance du cavalier, que, par la combinaison +des effets de jambes et de main, nos moindres +mouvements suffisent pour diriger, à notre gré, les +ressorts de ce puissant animal; mais je ne puis dire +précisément et clairement à l'élève le degré de force +impulsive ou répressive qu'il doit employer. C'est +l'appréciation exacte de l'emploi des forces combinées +qui s'appelle l'intelligence équestre. Cette +qualité est innée chez le véritable écuyer, elle lui +est indispensable.</p> + +<p>Une longue pratique, en donnant l'expérience, +peut, il est vrai, combattre heureusement l'inaptitude. +Mais si, dans ce cas, les progrès sont lents, +devra-t-on s'en prendre à l'impuissance des principes?</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_83"> 83</a></span></p> + +<h2 class="p4">XI<br /> +<span class="large">ASSOUPLISSEMENT A CHEVAL, AVANT MAIN</span><br /> +<span class="large">ET ARRIÈRE-MAIN.</span></h2> + +<h3 class="p2">FLEXION DIRECTE DE LA TÊTE ET DE L'ENCOLURE, OU RAMENER.</h3> + +<p>1<sup>o</sup> Le cavalier se servira d'abord des rênes du +filet, qu'il réunira dans la main gauche et tiendra +comme celles de la bride. Il appuiera la main droite +<em>de champ</em> sur les rênes en avant de la main gauche, +afin de donner à la première une plus grande puissance, +en augmentant la pression du mors de filet. +Dès que le cheval cédera, il suffira de soulever la +main droite pour diminuer la tension des rênes et +récompenser l'animal. Lorsque le cheval obéira à +l'action du filet, il cédera bien plus promptement à +celle de la bride, dont l'effet est plus puissant; c'est +dire assez que la bride devra par conséquent être +employée avec plus de ménagement que le filet. +(<i>Planche 10</i>.)</p> + +<p>2<sup>o</sup> Le cheval aura complétement cédé à l'action +<span class="pagenum"><a id="Page_84"> 84</a></span> +de la main, lorsque sa mâchoire sera mobile. Le +cavalier doit avoir soin de ne pas se laisser tromper +par les feintes du cheval, feintes qui consistent dans +un quart ou un tiers de cession, suivie de bégaiements. +On doit tout d'abord habituer le cheval à +supporter les jambes pour arrêter tous les mouvements +rétrogrades de son corps, mouvements qui le +mettraient à même d'éviter les effets de la main, ou +feraient naître des points d'appui ou des arcs-boutants +propres à augmenter les moyens de résistance. +(<i>Planche 11.</i>)</p> + +<div class="p2 figcenter"> +<img src="images/106.jpg" width="400" height="264" alt="planche 10 et 11" /> +</div> +<p class="caption">PLANCHES 10 ET 11</p> + +<p>Cette flexion est fort importante. Dès qu'elle +s'exécute avec aisance et promptitude, il suffit d'un +léger appui de la main pour ramener et maintenir la +tête dans la bonne position. La direction de cette +partie de l'animal deviendra dès lors aussi facile que +naturelle, puisque nous l'aurons mise à même de +comprendre toutes les indications de la main, et d'y +obéir sur-le-champ sans efforts. Quant aux fonctions +des jambes, elles consistent à empêcher un mouvement +rétrograde du corps.</p> + +<h3 class="p2">FLEXIONS LATÉRALES DE L'ENCOLURE.</h3> + +<p>1<sup>o</sup> Pour exécuter la flexion à droite, le cavalier +prendra une rêne de filet dans chaque main, la +<span class="pagenum"><a id="Page_85"> 85</a></span> +gauche sentant à peine l'appui du mors; la droite, +au contraire, communiquant une impression modérée +d'abord, mais qui augmentera en proportion de la +résistance du cheval, et de manière à la dominer +toujours.</p> + +<p>L'animal, déjà préparé par le travail précédent, +comprend la volonté du cavalier, et incline la tête +du côté où se fait sentir la pression du filet. +(<i>Planche 12.</i>)</p> + + +<p>2<sup>o</sup> Dès que la tête du cheval aura été ramenée à +droite, la rêne gauche formera opposition, pour +empêcher le nez de dépasser la verticale. On doit +attacher une grande importance à ce que la tête reste +toujours dans cette position: la flexion sans cela +serait imparfaite et la souplesse incomplète. Le mouvement +régulièrement accompli, on fera reprendre +au cheval sa position naturelle par une légère +tension de la rêne gauche. (<i>Planche 13.</i>)</p> + +<div class="p2 figcenter"> +<img src="images/110.jpg" width="400" height="261" alt="planche 12 et 13" /> +</div> +<p class="caption">PLANCHES 12 ET 13</p> + +<p>La flexion à gauche s'exécutera de même, le cavalier +employant les rênes du filet et celles de la bride.</p> + +<p class="p2">J'ai dit qu'il faut s'attacher à assouplir l'extrémité +supérieure de l'encolure. Une fois à cheval, et +lorsque les flexions latérales s'obtiendront sans résistance, +le cavalier se contentera souvent de les exécuter +à demi, la tête et la première partie de l'encolure +pivotant alors sur la partie inférieure, qui servira de +base. Cet exercice se renouvellera fréquemment, +<span class="pagenum"><a id="Page_86"> 86</a></span> +même lorsque l'éducation du cheval sera terminée, +pour entretenir le liant et faciliter la mise en main.</p> + +<p>Les flexions latérales trop prolongées amèneraient +de l'abandon dans la tête et l'encolure et les isoleraient +du corps. Il faut donc en user sagement dès +que le cheval les exécute avec facilité.</p> + +<p>Il nous reste maintenant, pour compléter l'assouplissement +de la tête et de l'encolure, à combattre +les contractions qui occasionnent les résistances +directes et s'opposent au ramener.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_87"> 87</a></span></p> + +<h2 class="p4">XII<br /> +<span class="large">MOBILISATION DE LA CROUPE.</span></h2> + +<p class="p2">Le cavalier, pour diriger le cheval, agit directement +sur deux de ses parties: l'avant-main et +l'arrière-main. Il emploie à cet effet deux agents: +les jambes, qui donnent l'impulsion par la croupe; +les mains, qui dirigent et modifient cette impulsion +par la tête et l'encolure. Un parfait rapport de +forces doit donc toujours exister entre ces deux +puissances; mais la même harmonie n'est pas moins +nécessaire entre les parties de l'animal qu'elles sont +particulièrement destinées à impressionner. En vain +se sera-t-on efforcé de rendre la tête et l'encolure +flexibles, légères, obéissantes au contact du mors, +les résultats seront incomplets, l'ensemble et l'équilibre +imparfaits, tant que la croupe restera lourde, +contractée, rebelle à l'agent direct qui doit la +gouverner.</p> + +<p>Je viens d'expliquer par quelle sorte de procédés +simples et faciles on donnera à l'avant-main les +<span class="pagenum"><a id="Page_88"> 88</a></span> +qualités indispensables pour obtenir une bonne +position; il me reste à dire comment on assouplira +de même l'arrière-main pour compléter l'assouplissement +du cheval, et ramener l'ensemble et l'harmonie +dans le développement de tous ses ressorts. +Les résistances de l'encolure et celles de la croupe +se soutenant mutuellement, notre travail deviendra +plus facile, puisque nous avons déjà annulé les +premières.</p> + +<p>1<sup>o</sup> Le cavalier tiendra les rênes de la bride dans +la main gauche, et celles du filet croisées l'une sur +l'autre dans la main-droite, les ongles en dessous; +il ramènera d'abord la tête du cheval dans sa bonne +position par un léger appui du mors; puis, s'il +veut exécuter le mouvement à droite, il portera la +jambe gauche en arrière des sangles et la fixera près +du flanc de l'animal jusqu'à ce que la croupe cède à +sa pression. Le cavalier fera sentir la rêne du filet +du même côté que la jambe, en proportionnant son +effet à la résistance qui lui sera opposée. De ces +deux forces imprimées ainsi par la rêne gauche et +la jambe du même côté, la première est destinée à +combattre les résistances, et la seconde à déterminer +le mouvement. On se contentera dans le principe de +faire exécuter à la croupe un ou deux pas de côté +seulement. (<i>Planche 14.</i>)</p> + +<p>2<sup>o</sup> La croupe ayant acquis plus de facilité de +mobilisation, on pourra continuer le mouvement de +<span class="pagenum"><a id="Page_89"> 89</a></span> +manière à compléter à droite et à gauche des +pirouettes renversées. Aussitôt que les hanches +céderont à la pression de la jambe, le cavalier fera +sentir immédiatement la rêne opposée à cette jambe. +Son effet, léger d'abord, sera augmenté progressivement +jusqu'à ce que la tête soit inclinée du côté +vers lequel marche la croupe, et comme pour la voir +venir. (<i>Planche 15.</i>)</p> + +<div class="p2 figcenter"> +<img src="images/115.jpg" width="400" height="270" alt="Planche 14 et 15" /> +</div> +<p class="caption">PLANCHES 14 ET 15</p> + +<p>Pour faire bien comprendre ce procédé, j'ajouterai +quelques explications d'autant plus importantes +qu'elles sont applicables à tous les exercices de +l'équitation.</p> + +<p>Le cheval, dans tous ses mouvements, ne peut +conserver sa légèreté sans une combinaison des +forces opposées, habilement ménagée par le cavalier. +Dans la pirouette renversée par exemple, si, +lorsque le cheval a cédé à la pression de la jambe, on +continue à opposer la rêne du même côté que cette +jambe, il est évident qu'on dépassera le but, puisqu'on +fera usage d'une force devenue inutile. Il +faut donc établir deux moteurs dont l'effet se +balance sans se contrarier; c'est ce que produira +dans la pirouette la tension de la rêne opposée à la +jambe. Ainsi on débutera par la rêne et la jambe du +même côté, jusqu'à ce que le cheval réponde à la +seule pression de la jambe, puis avec la bride tenue +dans la main gauche; enfin, avec la rêne du filet ou +de la bride opposée à la jambe. Les forces se trouvant +<span class="pagenum"><a id="Page_90"> 90</a></span> +alors maintenues dans une position diagonale, +l'équilibre sera naturel et l'exécution du mouvement +facile. La tête du cheval, inclinée vers le +côté où se dirige la croupe, ajoute beaucoup au +gracieux du travail, et donne au cavalier plus de +facilité pour régler l'activité des hanches et maintenir +les épaules en place. L'expérience seule +pourra, du reste, lui indiquer l'usage qu'il doit faire +de la jambe et de la rêne, de manière que leurs +effets se soutiennent sans jamais se contrarier.</p> + +<p>Je n'ai pas besoin de rappeler que pendant toute +la durée du travail, comme toujours, du reste, la +mâchoire doit être mobile. Si, en combattant la +contraction de la croupe, nous permettions au cheval +d'en rejeter la roideur sur l'avant-main, nos efforts +seraient vains et le fruit de nos premiers travaux +perdu. Nous faciliterons, au contraire, l'assouplissement +de l'arrière-main en conservant les +avantages que nous avons acquis sur l'avant-main, +et en forçant les contractions que nous avons encore +à combattre à rester isolées.</p> + +<p>La jambe du cavalier opposée à celle qui détermine +la rotation de la croupe ne doit pas demeurer +éloignée durant le mouvement, mais rester près du +cheval et le contenir en place, en donnant d'arrière +en avant une impulsion, que l'autre jambe communique +de droite à gauche ou de gauche à droite. Il +y aura ainsi une force qui maintiendra le cheval +<span class="pagenum"><a id="Page_91"> 91</a></span> +en position, et une autre qui déterminera la rotation. +Pour que les deux jambes ne contrarient pas réciproquement +les effets de leur pression simultanée, +et pour arriver de suite à s'en servir avec ensemble, +on placera la jambe chargée de déplacer la croupe +plus en arrière des sangles que l'autre, qui restera +soutenue avec une force égale à celle de la jambe +déterminante. Alors l'action des jambes sera distincte; +l'une portera de droite à gauche et l'autre +d'arrière en avant. C'est à l'aide de cette dernière +que la main place et fixe les jambes de devant.</p> + +<p>Afin d'accélérer les résultats, on pourra, dans le +commencement, s'adjoindre un second cavalier qui +se placera à la hauteur de la tête du cheval, tenant +les rênes de la bride dans la main droite et du côté +opposé à celui où se portera la croupe. Celui-ci +saisira les rênes à seize centimètres des branches du +mors, afin d'être à même de combattre les résistances +instinctives de l'animal. Le cavalier qui est +en selle se contentera alors de soutenir légèrement +les rênes du filet, en agissant avec les jambes comme +je viens de l'indiquer. Le second cavalier n'est utile +que lorsqu'on a affaire à un cheval d'un naturel irritant, +ou pour seconder l'inexpérience du cavalier; +mais il faut autant que possible se passer d'aide, afin +que le praticien juge par lui-même des progrès de +son cheval, tout en cherchant les moyens de régulariser +l'emploi de ses aides.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_92"> 92</a></span> +Bien que ce travail soit élémentaire, il conduira +néanmoins le cheval à exécuter promptement au pas +tous les airs de manége de deux pistes. Après huit +jours d'un exercice modéré, on accomplira ainsi, +sans efforts, un travail que l'ancienne école n'osait +essayer qu'après plus d'une année d'étude et de +tâtonnements.</p> + +<p>Lorsque le cavalier aura habitué la croupe du +cheval à céder promptement à la pression des +jambes, il sera maître de la mobiliser ou de l'immobiliser +à volonté, et pourra, par conséquent, exécuter +les pirouettes ordinaires. Il prendra à cet effet une +rêne du filet dans chaque main; l'une servira à +déterminer l'encolure et les épaules du côté où l'on +voudra opérer la conversion, l'autre à seconder la +jambe opposée, si elle était insuffisante pour contenir +la croupe en place. Dans le principe, cette +jambe devra être placée le plus en arrière possible, +et n'exercer son contact qu'autant que les hanches +se porteraient sur elle. Dès que la croupe est +immobile, la jambe opposée devient inutile. Une +progression bien ménagée amènera de prompts +résultats; on se contentera donc, en débutant, de +quelques pas bien exécutés pour l'arrêter par un +effet d'ensemble, puis rendre immédiatement au +cheval sa liberté d'action, ce qui suppose cinq ou +six temps d'arrêt durant la rotation complète des +épaules autour de la croupe. Si ce travail est exécuté +<span class="pagenum"><a id="Page_93"> 93</a></span> +avec lenteur et ménagements, si la légèreté accompagne +tous les mouvements, je garantis des résultats +surprenants. Mes élèves livrés à eux-mêmes, ou +les personnes qui pratiquent à l'aide du livre seulement, +éprouvent souvent des échecs ou des retards +dans l'éducation de leurs chevaux: cela provient de +ce que l'on passe souvent trop vite d'un exercice à +un autre. Aller lentement pour arriver vite, voilà le +grand précepte, et, s'il est mis en pratique avec +intelligence, il donnera des résultats infaillibles.</p> + +<p>Je vais expliquer comment on établira le parfait +accord du mécanisme au moyen des effets d'ensemble.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_94"> 94</a></span></p> + +<h2 class="p4">XIII<br /> +<span class="large">EFFETS D'ENSEMBLE.</span></h2> + +<p class="p2">En sollicitant dans de justes limites les forces de +l'arrière-main et de l'avant-main, on établit leur +opposition exacte ou l'harmonie des forces. On +reconnaîtra la justesse de cette opposition des aides +toutes les fois que la légèreté sera obtenue sans +déplacement, si l'on travaille de pied ferme, sans +augmentation et surtout sans diminution d'allure, +si l'on est en marche.</p> + +<p>Il est essentiel, dans ce travail, d'accorder l'action +des jambes et de la main, pour conserver le cheval +léger. L'effet d'ensemble doit toujours préparer +chaque exercice. En effet, il doit d'abord précéder +tout mouvement, puisque, servant à disposer toutes +les parties du cheval dans l'ordre le plus exact, il +s'ensuit que la force d'impulsion propre au mouvement +sera, alors, d'autant plus facilement et sûrement +transmise.</p> + +<p>Non-seulement les effets d'ensemble sont indispensables +<span class="pagenum"><a id="Page_95"> 95</a></span> +pour que ces divers mouvements soient +toujours faciles et réguliers, mais encore ils servent +à réprimer toute mobilité des extrémités provenant +ou non de la volonté du cheval et dans quelques +mouvements que ce soit, puisqu'ils facilitent la juste +répartition du poids et des forces.</p> + +<p>La mise en pratique des effets d'ensemble apprend +au cavalier l'accord des aides, et le conduit à parler +promptement à l'intelligence du cheval, en faisant +apprécier à ce dernier, par des positions exactes, ce +que nous voulons exiger de lui. Les caresses de la +main et de la voix viendront ensuite comme effet +moral. Ayons soin, toutefois, de n'y avoir recours +qu'après que les justes exigences des aides auront +obtenu les résultats cherchés.</p> + +<p>D'après ce que je viens de dire, on comprend +que tant que l'assouplissement général du cheval +n'est point parfait, les effets d'ensemble ne peuvent +être qu'ébauchés. Mais toujours est-il que, dès le +début, le cavalier doit commencer à les mettre en +pratique, puisque son premier soin doit être de +chercher à établir l'accord entre la force qui pousse +en avant et celle qui porte en arrière, soit que le +travail se fasse de pied ferme ou en marche.</p> + +<p>Souvenons-nous que l'abus des meilleurs moyens +d'exécution est à craindre.</p> + +<p>Ne multiplions donc pas outre mesure les effets +<span class="pagenum"><a id="Page_96"> 96</a></span> +d'ensemble, sous peine d'amener l'incertitude dans +les mouvements du cheval; et, du reste, établissons +en principe que toutes les dépenses de forces, toutes +les translations de poids inutiles sont nuisibles aussi +bien à l'éducation qu'à l'organisation de l'animal.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_97"> 97</a></span></p> + +<h2 class="p4">XIV<br /> +<span class="large">DE L'EMPLOI DE L'ÉPERON.</span></h2> + +<p class="p2">L'éperon est une aide supérieure à celle des +jambes, je l'ai démontré depuis longtemps.</p> + +<p>Tous les chevaux doivent arriver à supporter +l'éperon.</p> + +<p>Le cheval naturellement bien équilibré supporte +le contact des jambes et de l'éperon bien plus facilement +que celui dont la conformation est défectueuse.</p> + +<p>La raison en est simple. Chez le premier, le poids +est bien réparti, les forces harmonisées se prêtent +un mutuel concours, et le contact des jambes et de +l'éperon n'a pour effet que de donner une plus +grande intensité à l'action du cheval. Chez le second, +au contraire, le poids est mal distribué, les forces +divergentes se heurtent, et l'effet des jambes ou de +l'éperon est d'augmenter les résistances naturelles +du cheval.</p> + +<p>Le talent du cavalier consistera à ramener ce +<span class="pagenum"><a id="Page_98"> 98</a></span> +cheval à la condition du premier, en détruisant ses +résistances par une meilleure répartition du poids +et des forces. Alors le cheval supportera, sans la +moindre hésitation, le contact des jambes et de +l'éperon.</p> + +<p>Voici la gradation que je recommande: quand +le cheval supportera la pression graduée des jambes +du cavalier, celui-ci lui fera sentir l'appui gradué +de ses talons dépourvus d'éperons, en place par +des effets d'ensemble, et au pas, pour obtenir +et entretenir la régularité de l'allure. Lorsque le +cheval supportera tranquillement l'appui des talons +nus, alors, mais alors seulement, on adaptera +l'éperon à la botte, en ayant soin de recouvrir les +molettes d'une enveloppe de peau. Le cavalier agira +avec ces molettes matelassées comme il a agi avec +les talons nus, par appui gradué, et ce n'est que +lorsque le cheval supportera avec le plus grand +calme l'appui énergique des molettes recouvertes, +que le cavalier commencera à se servir des molettes +rondes découvertes, par les mêmes pressions progressives.</p> + +<p>Cette sage progression préparera tous les chevaux, +sans exception, à supporter l'appui de +l'éperon, qui, bientôt, deviendra inutile, car le cheval +répondra aux moindres pressions des jambes du +cavalier.</p> + +<p>L'abus de l'éperon aurait les plus grands inconvénients, +<span class="pagenum"><a id="Page_99"> 99</a></span> +et comme on l'a déjà dit, «l'éperon est un +rasoir dans les mains d'un singe.»</p> + +<p>Plus que jamais l'action de la main doit être +intelligente et d'accord avec l'emploi de l'éperon.</p> + +<p>Les amateurs s'apercevront que, dans cette nouvelle +édition, je me suis efforcé de rendre plus facile +l'application de mes principes en les réduisant à +leur plus simple expression.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_100"> 100</a></span></p> + +<h2 class="p4">XV<br /> +<span class="large">EMPLOI PAR LE CAVALIER DES FORCES DU CHEVAL</span><br /> +<span class="large">POUR LES DIFFÉRENTES ALLURES.</span></h2> + +<p class="p2">Lorsque le travail qui précède aura disposé les +forces du cheval au point de nous les soumettre, +l'animal sera entre nos mains un instrument docile +attendant, pour fonctionner, l'impulsion qu'il nous +plaira de lui communiquer. Ce sera donc à nous, +dispensateurs souverains de tous ses ressorts, à +combiner leur emploi dans les justes proportions +des mouvements que nous voudrons exécuter.</p> + +<p>Le jeune cheval, roide d'abord et maladroit dans +l'usage de ses membres, aura besoin, pour les +développer, de certains ménagements. Ici, comme +toujours, nous suivrons cette progression rationnelle +qui veut que l'on commence par le simple avant de +passer au composé. Nous avons, par le travail qui +précède, assuré nos moyens d'action sur le cheval; +il faut nous occuper maintenant de faciliter ses +<span class="pagenum"><a id="Page_101"> 101</a></span> +moyens d'exécution, en exerçant l'ensemble de ses +ressorts. Si l'animal répond aux aides du cavalier +par la mâchoire, l'encolure et les hanches; s'il cède +par la disposition générale de son corps aux impulsions +qui lui sont communiquées; si le jeu de ses +extrémités est facile et régulier, le mécanisme de +tout l'ensemble aura une harmonie parfaite aux +différentes allures. Ce sont ces qualités indispensables +qui constituent une bonne éducation.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_102"> 102</a></span></p> + +<h2 class="p4">XVI<br /> +<span class="large">DU PAS.</span></h2> + +<p class="p2">L'allure du pas est la mère de toutes les allures; +c'est par elle qu'on obtiendra la cadence, la régularité, +l'extension des autres; mais le cavalier, pour +arriver à ces brillants résultats, devra déployer +autant de savoir que de tact. Les exercices précédents +ont conduit le cheval à supporter des effets +d'ensemble qui eussent été impossibles avant d'avoir +détruit ses résistances instinctives; nous n'avons +plus à agir aujourd'hui que sur les résistances +inertes qui tiennent au poids de l'animal et sur les +forces qui ne se meuvent qu'à l'aide d'une impulsion +communiquée.</p> + +<p>Avant de porter le cheval en avant, on devra +s'assurer d'abord s'il est léger, c'est-à-dire droit +d'épaules et de hanches. On approchera ensuite +graduellement les jambes pour donner au cheval +l'impulsion nécessaire au mouvement. Le cavalier +se souviendra toujours que la main doit être pour +<span class="pagenum"><a id="Page_103"> 103</a></span> +le cheval une barrière infranchissable chaque fois +que celui-ci voudra sortir de la position de ramener. +L'animal ne l'essayera jamais sans ressentir une +impression désagréable<a name="FNanchor_9" id="FNanchor_9" href="#Footnote_9" class="fnanchor">[9]</a>. L'application bien +entendue de ma méthode amène ainsi le cavalier à +conduire constamment son cheval avec les rênes +demi-tendues, excepté lorsqu'il veut rectifier un +faux mouvement ou en déterminer un nouveau.</p> + +<p>Le pas, ai-je dit, doit précéder les autres allures, +parce que son action est moins considérable que +<span class="pagenum"><a id="Page_104"> 104</a></span> +pour le trot ou le galop, et plus facile par conséquent +à régler.</p> + +<p>Pour que la cadence et la vitesse du pas se maintiennent +égales et régulières, il est indispensable +que les puissances impulsives et modératrices du +cavalier soient elles-mêmes parfaitement harmonisées. +Je suppose, par exemple, que le cavalier, +pour porter son cheval en avant au pas et le maintenir +léger à cette allure, doive employer une force +égale à quatre kilogrammes, dont trois pour l'impulsion +et un pour le ramener. Si les jambes dépassent +leur effet sans que les mains augmentent le leur +dans les mêmes proportions, il est évident que le +surcroît de force communiquée pourra se rejeter +sur l'encolure, la contracter, et dès lors plus de +légèreté. Si, au contraire, c'est la main qui agit +avec trop de puissance, elle prendra sur l'impulsion +nécessaire à la marche; celle-ci, par cela +même, se trouvera contrariée, ralentie en même +temps que la position du cheval perdra de son +gracieux et de son énergie. En effet, que doit +comprendre le cheval dans ces deux cas, sinon que +dans le premier il doit accélérer, et dans le second +ralentir son allure? Le cavalier voit donc que c'est +toujours lui qui est responsable quand son cheval +comprend mal.</p> + +<p>Cette courte explication suffit à démontrer combien +il est important de conserver toujours un accord +<span class="pagenum"><a id="Page_105"> 105</a></span> +parfait entre les jambes et les mains. Il est bien +entendu que leur effet devra varier suivant que la +construction du cheval obligera de le soutenir plus +ou moins à l'avant ou à l'arrière-main; mais la règle +restera la même avec des proportions différentes.</p> + +<p>Tant que le cheval ne se maintiendra pas souple +et léger dans sa marche, on continuera à l'exercer +sur la ligne droite, et on terminera chaque leçon +par quelques pas de reculer.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_106"> 106</a></span></p> + +<h2 class="p4">XVII<br /> +<span class="large">DU RECULER.</span></h2> + +<p class="p2">La mobilité rétrograde, autrement dit le reculer, +est un exercice dont on n'a pas assez apprécié +l'importance, et qui cependant doit avoir une très-grande +influence sur l'éducation du cheval. Le +reculer diffère essentiellement de cette mauvaise +impulsion rétrograde qui porte le cheval en arrière +avec la croupe contractée, l'encolure tendue et +la mâchoire serrée: ceci est de l'acculement. Le +vrai reculer assouplit le cheval, et contribue puissamment +à la prompte et juste répartition du poids +et des forces.</p> + +<p>Le cavalier, avant de commencer le reculer, +devra d'abord s'assurer si les hanches sont sur la +ligne des épaules, et si le cheval est léger à la main; +puis il rapprochera lentement les jambes, pour que +l'action qu'elles communiquent à l'arrière-main +fasse quitter le sol à une des jambes postérieures, et +que le corps ne cède qu'après la tête et l'encolure. +<span class="pagenum"><a id="Page_107"> 107</a></span> +C'est alors que la pression immédiate du mors, +forçant le cheval à reprendre son équilibre en +arrière, produira le premier temps du reculer. Dès +que le cheval obéira, le cavalier rendra immédiatement +la main pour récompenser l'animal et ne +pas forcer le jeu de sa partie postérieure. Si la +croupe déviait de la ligne droite, il la ramènerait +à l'aide du filet du même côté, employant au besoin +la jambe.</p> + +<p>Il suffira d'exercer pendant huit jours (à cinq +minutes par leçon) le cheval au reculer, pour +l'amener à l'exécuter avec facilité. On se contentera, +les premières fois, d'un pas en arrière, puis de +deux, puis de trois, progressivement, suivis d'un +effet d'ensemble, jusqu'à ce qu'il n'éprouve pas plus +de difficultés pour cette marche rétrograde que +pour la marche en avant.</p> + +<p>Le cavalier est souvent dans l'erreur sur les +causes d'acculement de sa monture. Quand il croit +le cheval acculé par les forces et par le poids, il ne +l'est souvent que par les forces seulement, et, dans +ce cas, l'avant-main est surchargé plus qu'il ne +devrait l'être; s'il continuait à porter le cheval sur +la main, il est constant que la vraie légèreté serait +impossible, puisque le poids est la cause de la +résistance. Il sera donc urgent de porter le cheval +en arrière plutôt qu'en avant.</p> + +<p>On pourra se convaincre de la vérité de ce fait, en +<span class="pagenum"><a id="Page_108"> 108</a></span> +forçant le cheval à reculer, bien qu'en apparence il +se prête à ce mouvement. Quelques pas rétrogrades +amèneront une résistance qui prouvera que le poids +est sur l'avant-main. Si, au contraire, le poids et +les forces étaient refoulés sur l'arrière-main, le +cheval vous entraînerait en arrière, et la cabrade en +serait le résultat. Dans ce cas, il faudrait porter le +cheval en avant.</p> + +<p>Il est un fait incontestable, c'est que pour le +maintien de l'équilibre du cheval, le poids et les +forces doivent être en harmonie. La légèreté ne +saurait donc être obtenue, tant qu'il y aura lutte ou +manque d'accord entre ces deux puissances.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_109"> 109</a></span></p> + +<h2 class="p4">XVIII<br /> +<span class="large">TRAVAIL SUR LES HANCHES.</span></h2> + +<p class="p2">Peu de personnes comprennent les difficultés que +présente ce travail; elles l'estiment d'autant moins +qu'elles ne connaissent ni les services ni les résultats +qu'on en peut obtenir. Comme on se figure que +ce n'est qu'un exercice de parade, chacun l'essaye +à sa manière sans chercher à l'utiliser, soit pour +l'éducation du cheval, soit pour l'agrément du +cavalier: c'est cependant là le but qu'il faudrait se +proposer.</p> + +<p>Tout cheval marche, trotte et galope naturellement, +mais l'art perfectionne les allures et leur +donne le liant et la légèreté qu'elles sont susceptibles +d'acquérir.</p> + +<p>Le travail de deux pistes n'étant pas naturel au +cheval, présente, par cela seul, des difficultés bien +plus grandes; il serait même impossible de l'obtenir +régulièrement sans le secours de l'éducation première, +qui tend à placer le cheval et à l'amener à +<span class="pagenum"><a id="Page_110"> 110</a></span> +supporter des commencements de rassembler. Mais +aussi, quand on l'exécute, il a pour résultat de +faire ressortir ses formes, et de lui donner cette +légèreté, cette justesse de mouvements, qui le font +répondre aux plus imperceptibles actions du cavalier.</p> + +<p>Je pourrais, à la rigueur, me dispenser de dire ce +qu'on appelle airs de manége, si les auteurs qui +ont écrit sur ce sujet avaient fait connaître autre +chose que la nomenclature des figures; mais comme +ils n'ont indiqué ni comment le cheval doit être +placé, ni comment il faut s'y prendre pour que +l'exécution en soit régulière, je m'efforcerai de +réparer leur oubli: je dirai donc que l'écuyer qui +fera exécuter avec précision des lignes droites de +deux pistes obtiendra, sans de grands efforts, des +lignes circulaires, si, toutefois, il a exercé préalablement +son cheval aux pirouettes renversées ou +ordinaires.</p> + +<p>Aussitôt que la mobilité de la mâchoire et la +souplesse des reins auront préparé le cheval à +prendre facilement tous les changements de direction, +on pourra commencer le travail sur les +hanches.</p> + +<p>Il ne faut faire exécuter au cheval qu'un pas de +deux pistes, puis deux, ensuite trois, etc.</p> + +<p>D'abord le cavalier se servira de la rêne de filet et +de la jambe du même côté, c'est-à-dire opposées à +<span class="pagenum"><a id="Page_111"> 111</a></span> +la direction dans laquelle marche le cheval. Bien +que la position qui en résulte soit contraire à la +belle attitude que l'animal doit conserver pendant +un travail régulier, on continuera néanmoins cet +effet de la main jusqu'à ce que le cheval ne résiste +plus à la jambe. Bientôt après, la rêne du filet ou de +la bride du côté déterminant servira à placer le +cheval et à régulariser le mouvement. Puis, à l'écartement +de la rêne succédera sa pression sur l'encolure. +Le travail sera parfait dès que le cavalier +saura combiner l'action des jambes avec ce nouvel +effet de rênes. Il devra, pour commencer le mouvement, +s'attacher à soutenir préalablement la jambe +du côté où le cheval doit marcher, afin d'éviter que +la croupe ne précède les épaules. Par exemple: +pour marcher à droite? jambe droite d'abord, main +portée à droite, et jambe gauche. Il est inutile que +je recommande la plus grande rapidité dans cet +emploi successif des aides.</p> + +<p>Les pas de côté ne laissant plus rien à désirer, on +les pratiquera au trot, puis au galop, après avoir +exercé le cheval à ces allures, pour lesquelles on +graduera ce travail comme pour le pas.</p> + +<p>Les descentes de main, les descentes de main et +de jambes, en complétant les pas de côté, les amèneront +à leur parfaite exécution. Il faut bien s'attacher +à la régularité des premiers pas de côté. Le cheval +doit travailler avec la même facilité aux deux mains. +<span class="pagenum"><a id="Page_112"> 112</a></span> +L'écuyer sentira le côté qui résiste davantage, et il +saura promptement vaincre cette résistance en +l'exerçant plus fréquemment.</p> + +<p>On conçoit que si le cheval se porte d'une jambe +sur l'autre, avec une vitesse égale à celle du contact +qu'il reçoit, il pourra exécuter tous les airs de +manége.</p> + +<p>Pour que les pas de côté soient réguliers, il faut: +1<sup>o</sup> que le cheval soit toujours dans la main; 2<sup>o</sup> que +ses épaules et sa croupe soient toujours sur la même +ligne; 3<sup>o</sup> que le passage des jambes se fasse de +telle sorte que celles qui marchent les dernières +passent par-dessus celles qui entament le mouvement. +C'est-à-dire que la jambe de devant du côté +où l'on détermine, quitte le sol la première et soit +suivie par la jambe opposée de derrière; il faut +aussi que la tête du cheval soit légèrement portée +du côté où il marche, afin qu'il puisse voir le terrain +sur lequel il chemine.</p> + +<p>Cette dernière position, qui le rend plus gracieux, +servira aussi au cavalier pour modérer la marche +des épaules de l'animal, ou leur donner plus d'activité.</p> + +<p>C'est aussi avec cette attitude qu'il pourra régler +et surtout cadencer ses mouvements.</p> + +<p>Pour que le cheval demeure dans le juste équilibre +qu'exige cet exercice, le cavalier doit se servir +de ses deux jambes pour conserver l'harmonie et +<span class="pagenum"><a id="Page_113"> 113</a></span> +la régularité d'action dans l'avant et l'arrière-main. +Si c'est la jambe gauche qui pousse la masse à +droite, c'est la jambe droite qui sert à l'enlever et +à la porter en avant; elle modère l'action de la +jambe gauche, maintient le cheval dans la main, +l'empêche de reculer, le porte en avant, diminue +ou augmente le passage d'une jambe sur l'autre et +assure ainsi la cadence gracieuse et régulière du +mouvement.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_114"> 114</a></span></p> + +<h2 class="p4">XIX<br /> +<span class="large">DU TROT.</span></h2> + +<p>Le cavalier engagera d'abord cette allure très-modérément, +en suivant exactement les mêmes +principes que pour le pas. Il maintiendra son +cheval parfaitement léger, sans oublier que plus +l'allure est vive, plus l'animal a de dispositions à +retomber dans ses contractions naturelles. La main +devra donc redoubler d'habileté, afin de conserver +toujours la même légèreté, sans nuire cependant à +l'impulsion nécessaire au mouvement. Les jambes +seconderont la main, et le cheval, renfermé entre +ces deux barrières qui ne feront obstacle qu'à ses +mauvaises dispositions, développera bientôt toutes +ses belles facultés, et acquerra, avec la cadence du +mouvement, la grâce et la vitesse.</p> + +<p>Il est évident que le cheval bien équilibré doit +trotter plus vite que celui qui n'a pas cet avantage.</p> + +<p>La condition indispensable à un bon trotteur est +l'équilibre exact du corps, équilibre qui entretient +<span class="pagenum"><a id="Page_115"> 115</a></span> +le mouvement régulier des deux bipèdes diagonaux, +donne une élévation et une extension égales, avec +une légèreté telle, que l'animal peut exécuter facilement +tous les changements de direction, se +ralentir, s'arrêter, ou accélérer sans efforts sa +vitesse. Le devant alors n'a pas l'air de traîner +à la remorque le derrière; tout devient aisé, gracieux +pour le cheval, parce que ses forces, étant bien +harmonisées, permettent au cavalier de les disposer +de manière qu'elles se prêtent un secours mutuel et +constant.</p> + +<p>Il me serait impossible de citer le nombre de +chevaux dont les allures avaient été tellement faussées, +qu'il leur était impossible d'exécuter un seul +temps de trot. Quelques leçons ont toujours suffi +pour remettre ces animaux à des allures régulières.</p> + +<p>Il suffira, pour habituer le cheval à bien trotter, +de l'exercer à cette allure cinq minutes seulement +pendant chaque leçon. Lorsqu'il aura acquis l'aisance +et la légèreté nécessaires, on pourra lui faire +conserver cette allure en pratiquant des descentes +de main. J'ai dit que cinq minutes de trot suffiraient +d'abord, parce que c'est moins la continuité d'un +exercice que la rectitude des procédés qui produit +la bonne exécution. Le cheval se prêtera mieux à +un travail modéré et de courte durée; son intelligence +elle-même, en se familiarisant avec cette sage +progression, hâtera le succès. Il se soumettra sans +<span class="pagenum"><a id="Page_116"> 116</a></span> +répugnance et avec calme à un travail qui n'aura +rien de pénible pour lui, et l'on pourra pousser +ainsi son éducation jusqu'aux dernières limites, +non-seulement en conservant intacte son organisation +physique, mais en rétablissant dans leur état +normal les parties qu'aurait pu détériorer un +travail forcé. Ce développement régulier et général +du mécanisme du cheval lui donnera, avec la grâce, +la force et la santé, et prolongera ainsi ses services, +en centuplant les jouissances du véritable écuyer.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_117"> 117</a></span></p> + +<h2 class="p4">XX<br /> +<span class="large">DESCENTE DE MAIN, DESCENTE DE JAMBES,</span><br /> +<span class="large">DESCENTE DE MAIN ET DE JAMBES.</span></h2> + +<p class="p2">Ce que j'ai dit d'une main savante ou ignorante +s'applique également aux jambes.</p> + +<p>La gradation des pressions qu'elles devront exercer +sera, suivant le cas, appréciée par l'intelligence +équestre du cavalier, et cette appréciation, plus ou +moins juste, constituera leur science ou leur ignorance.</p> + +<p>Cependant, cherchons, autant que possible, les +moyens de combiner l'action des mains et des +jambes, afin que leur entente parfaite atteigne un +but précis et évite ce travail sans fin que produisent +leurs fautes réciproques. Pour bien déterminer le +rôle de la main et des jambes, nous allons les faire +agir isolément. Puis, pour constater leur judicieux +emploi, nous verrons si le cheval a été parfaitement +équilibré, en lui faisant continuer des mouvements +réguliers, sans l'aide de la main et des jambes.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_118"> 118</a></span> +Ces descentes de main et de jambes ont une +importance majeure; on devra donc les pratiquer +fréquemment.</p> + +<p>La descente de main contribue à faire conserver +au cheval son équilibre sans le secours des rênes.</p> + +<p>On pratiquera la descente de main comme suit:</p> + +<p>Après avoir glissé la main droite jusqu'à la jonction +des rênes, et s'être assuré de leur égalité, on les +lâchera de la main gauche, et la droite se baissera +lentement jusque sur le devant de la selle. Pour que +cet exercice soit régulier, il faudra qu'il n'altère en +rien ni l'allure ni la position. Peut-être, dans le +principe, le cheval, livré ainsi à lui-même, ne +conservera-t-il que pendant quelques pas la régularité +de l'allure et de la position. Dans ce cas, le +cavalier fera sentir soit les jambes soit la main, pour +ramener le cheval dans ses conditions premières.</p> + +<p>Pour la descente de jambes: celles-ci se relâcheront, +la main soutiendra les rênes afin de leur +donner une tension égale. Il est évident que, pour la +régularité de ce mouvement, le cheval devra, en se +passant de l'aide de jambes, conserver sans altération +allure et position.</p> + +<p>Puis on arrivera à la descente simultanée de la +main et des jambes. Le cheval, libre de toute espèce +d'aides, devra néanmoins, comme dans les cas ci-dessus, +conserver la même allure et la même position +au pas, au trot et au galop.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_119"> 119</a></span> +Le cavalier trouvant dans sa monture une disposition +évidente à l'obéissance, emploie la plus grande +délicatesse dans ses moyens de direction, et son +intention à peine indiquée est néanmoins comprise. +De ces rapports entre l'homme et l'animal, il résulte +pour ce dernier une apparence de liberté qui lui +inspire une noble confiance. Il s'assujettit, mais à +son insu, et notre esclave soumis peut croire à sa +complète indépendance.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_120"> 120</a></span></p> + +<h2 class="p4">XXI<br /> +<span class="large">TRAVAIL A LA CHAMBRIÈRE.</span></h2> + +<p class="p2">La chambrière a été employée jusqu'ici comme +moyen de correction; j'en ai fait un moyen assuré +de calmer les chevaux les plus ardents; elle est +aussi très-utile pour obtenir les premiers temps du +rassembler.</p> + +<p>Voici comment je l'emploie:</p> + +<p>Placez-vous du côté montoir, à la tête du cheval; +tenez les rênes du filet, le corps droit, le visage +calme et l'œil bienveillant. La chambrière, tenue +dans la main droite, sera levée lentement; la lanière +sera placée doucement sur le dos de l'animal. Si, +lors du contact, le cheval cherche à s'y soustraire +par un acte quelconque, la main, par un mouvement +assez vif de gauche à droite et de droite à gauche, +arrêtera bientôt cet acte de désobéissance. Le +cheval, devenu calme et immobile, supportera le +contact de la lanière flottant sur son dos, et amenée +graduellement jusque sur la queue.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_121"> 121</a></span> +On continuera cet exercice jusqu'à ce que le +cheval ne manifeste plus aucune crainte et reste +entièrement calme.</p> + +<p>Tel est l'effet des procédés employés avec intelligence; +le cheval les comprend, s'en souvient et s'y +soumet sans peine: aussi l'emploi de la chambrière, +de correctif qu'il était, deviendra le modérateur le +plus efficace. C'est alors que sera venu le moment +d'obtenir de légers effets de rassembler. On y parviendra +au moyen de quelques appels de langue et +d'un mouvement de la chambrière agitée à côté de +la croupe du cheval. On se contentera d'une légère +mobilité, puis on arrêtera le cheval par l'exclamation +modérée de holà! et en lui glissant la chambrière +sur le dos; de manière que ce dernier moyen +soit plus tard le seul employé et qu'il suffise d'un +léger contact de la chambrière pour immobiliser +l'animal.</p> + +<p>Le rassembler, devenant plus facile, amènera +tout naturellement des apparences de piaffer dont le +cavalier devra se contenter. Si, ce qui doit être +notre but constant, la légèreté s'obtient en même +temps, nous aurons pour conséquence l'équilibre +du poids et des forces.</p> + +<p>L'influence de ce <em>travail</em> est très-grande sur le +moral des chevaux; quelques-uns qui ruaient, étant +attelés, ont été corrigés de ce défaut en cinq ou six +<span class="pagenum"><a id="Page_122"> 122</a></span> +leçons. Dans le commencement, le cheval, étonné, +se livre parfois à des mouvements assez brusques; +le cavalier ne doit pas se laisser intimider, et bientôt +le cheval le plus fougueux deviendra calme, soumis +et obéissant.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_123"> 123</a></span></p> + +<h2 class="p4">XXII<br /> +<span class="large">DU RASSEMBLER.</span></h2> + +<p class="p2">Comment définit-on le rassembler dans les écoles +d'équitation? <em>On rassemble son cheval en élevant la +main et en tenant les jambes près.</em> Je le demande, à quoi +pourra servir ce mouvement du cavalier sur un +animal mal conformé, contracté, et qui reste livré à +toutes les mauvaises propensions de sa nature? Cet +appui machinal des mains et des jambes, loin de +préparer le cheval à l'obéissance, n'aura d'autre effet +que de doubler les moyens de résistance, puisqu'en +l'avertissant qu'on va exiger de lui un mouvement, +on reste dans l'impuissance de disposer ses forces +de manière à l'y astreindre.</p> + +<p>Le véritable rassembler consiste à réunir au +centre les forces du cheval, pour faciliter plus ou +moins le rapprochement des jambes de derrière, du +milieu du corps. Il y a plusieurs degrés de rassembler, +indispensables à la facilité et à la justesse des +différentes allures et des différents airs de manége. +<span class="pagenum"><a id="Page_124"> 124</a></span></p> + +<p>Pour bien nous faire comprendre, nous établirons +l'échelle suivante:</p> + +<table border="0" cellpadding="5" cellspacing="5" summary="échelle"> +<tr> + <th>Avant-main.</th> + <th>Centre.</th> + <th>Arrière-main.</th> +</tr> +<tr> + <td colspan="11" class="tdl bor_top"></td> +</tr> +<tr> + <td> </td> + <td> </td> + <td class="tdc">|</td> + <td class="tdl">| | | | | | |</td> +</tr> +<tr> + <td> </td> + <td> </td> + <td class="tdc">|</td> + <td class="tdl">| | | | | | |</td> + +</tr> +<tr> + <td> </td> + <td> </td> + <td class="tdc">|</td> + <td class="tdl">6 5 4 3 2 1 0 </td> +</tr> +<tr> + <td> </td> + <td> </td> + <td class="tdc">|</td> + <td> </td> +</tr> +</table> + +<p class="p2">Je dirai encore une fois qu'avant de commencer +ces effets de rassembler, il faut nécessairement que +le cheval soit parfaitement léger à la main; alors il +sera facile de diminuer, sans contrainte pénible, la +marche des jambes de devant et d'augmenter celle +des jambes de derrière. Les premiers effets de +rassembler qui amèneront les jambes de derrière +aux degrés 1, 2, 3, seront utiles aux allures du trot +cadencé ou allongé, du galop modéré. Ce rassembler +peut s'obtenir en travaillant au pas avec le +concours des jambes et même de l'éperon, si l'action +des jambes était insuffisante; la main devra +détruire toutes les contractions nuisibles qui pourraient +se produire, et faciliter ainsi le juste équilibre +utile au rassembler. C'est par l'emploi de ces moyens +qu'on arrivera à obtenir que les jambes de derrière +gagnent en vitesse sur celles de devant. Quant au +rassembler plus complet, dans lequel les jambes de +derrière atteignent les degrés 4, 5, 6, il faut, pour +l'obtenir, arrêter le cheval et multiplier les oppositions +<span class="pagenum"><a id="Page_125"> 125</a></span> +de main et de jambes ou d'éperons, jusqu'à ce +qu'il se mobilise, autant que possible, sans avancer, +ou n'avancer qu'imperceptiblement, puis l'arrêter +par un effet d'ensemble. La répétition fréquente de +cette mobilité plus ou moins régulière des jambes +conduira insensiblement au rassembler le plus +complet, et ce rassembler donnera pour résultat +naturel le piaffer avec rhythme, mesure et cadence. +Si le cheval est bien conformé, le rassembler +s'obtiendra facilement et bientôt après les grandes +difficultés de l'équitation qui en dépendent. Reste +à savoir s'il est possible de les aborder lorsqu'on +a pour sujet un cheval de construction +médiocre, c'est-à-dire possédant une partie des +défauts ci-après: les hanches courtes, les reins longs +et faibles, la croupe basse, ou trop haute par rapport +au garrot, les cuisses effilées, les jarrets plus ou +moins coudés, trop rapprochés ou trop éloignés l'un +de l'autre, trop ou trop peu d'action; je suis forcé +d'avouer que ces sortes de chevaux présentent de +grandes difficultés; mais, en les surmontant, l'on +prouve que l'on est non-seulement écuyer, mais +encore homme d'intelligence, de sens et de conception +équestre.</p> + +<p>J'ai déjà expliqué et démontré que le cheval n'a +pas la bouche dure; j'ai dit que la faiblesse des +reins, la mauvaise disposition de l'arrière-main sont +en général les seules causes des résistances que +<span class="pagenum"><a id="Page_126"> 126</a></span> +présente le cheval. En effet, si la longueur des reins, +par exemple, éloigne les jambes de derrière de la +place qu'elles devraient occuper pour que le mouvement +soit régulier, la flexion et l'extension des +jarrets qui reçoivent le poids et le rejettent en +avant ne peuvent se faire que péniblement; c'est +pour remédier à ces inconvénients qui rendraient +toute belle éducation impossible, qu'il faut avoir +recours aux premiers effets du rassembler, une fois +la mise en main obtenue; dans ce cas, les jambes +de derrière se rapprocheront du centre et se trouveront +à la place qu'elles occupent naturellement chez +les chevaux bien conformés. Pourquoi certains +chevaux résistent-ils par la mâchoire et l'encolure? +Parce que les reins, les hanches et les jarrets, fonctionnant +mal, s'opposent à la translation régulière +du poids. Ce qui confirme ce principe, c'est que +plus un cheval a de légèreté et de mobilité naturelle +dans la mâchoire, plus sa conformation se rapproche +de la perfection; dans ce cas, ses dispositions +physiques sont dans de bonnes proportions pour +obtenir immédiatement un juste équilibre: aussi le +rassembler complet, facile pour les bonnes constructions, +devient-il d'une difficulté très-grande pour +les constructions médiocres. Il faut employer des +moyens bien méthodiques et être doué d'un grand +tact pour amener ces sortes de chevaux à exécuter +un travail compliqué et précis. Je dirai même +<span class="pagenum"><a id="Page_127"> 127</a></span> +qu'une semblable tâche serait sans succès, si elle +était entreprise par un cavalier qui ne pratiquerait +pas la méthode dans tous ses détails et dans son +ensemble. Le cheval mal conformé n'acquiert jamais +la grâce du cheval bien équilibré naturellement; +mais combien il est beau pour les spectateurs habiles +et érudits! Voilà le merveilleux résultat de l'équitation: +<em>L'art a fait plus que la nature.</em></p> + +<p>Le rassembler complet, c'est-à-dire celui qui +amène les jambes de derrière aux degrés de 4 et 6, +sert au piaffer, au passage en avant et en arrière, +au galop raccourci, espèce de terre-à-terre, aux +pirouettes ordinaires, au galop en arrière, etc., etc. +Il est indispensable à tous les mouvements ascensionnels, +puisque dans cette position les jarrets +exécutent plus facilement la flexion de bas en haut +que celle d'arrière en avant, ce qui prouve qu'une +fois le rassembler complet obtenu, le cheval peut +exécuter les mouvements les plus difficiles, sans +que cela lui soit pénible, et sans porter atteinte à sa +construction; ses poses sont toujours justes, ses +points d'appui exacts, et ses mouvements toujours +gracieux.</p> + +<p>L'animal se trouve alors transformé en une sorte +de balance, dont l'avant-main et l'arrière-main +représentent les deux plateaux, et il suffira du +moindre appui sur l'un des deux pour les déterminer +immédiatement dans la direction qu'on voudra leur +<span class="pagenum"><a id="Page_128"> 128</a></span> +imprimer. Le cavalier reconnaîtra que le rassembler +est complet lorsqu'il sentira le cheval prêt, pour ainsi +dire, à s'enlever des quatre jambes. C'est avec ce +travail qu'on donne à l'animal le brillant, la grâce +et la majesté; ce n'est plus le même cheval, la +transformation est complète. Si nous avons dû +employer l'éperon pour pousser d'abord jusque sur +ses dernières limites cette concentration de forces, +les jambes suffiront par la suite pour obtenir le +rassembler nécessaire à la cadence et à l'élévation +de tous les mouvements compliqués.</p> + +<p>Ai-je besoin de recommander la discrétion dans +ce travail? Si le cavalier, arrivé à ce point de l'éducation +de son cheval, ne sait pas comprendre et +saisir de lui-même la finesse de tact, la délicatesse +de procédés indispensables à la bonne application +de ces principes, ce sera une preuve qu'il est dénué +de tout sentiment équestre, et tous mes conseils +ne sauraient remédier à cette imperfection de sa +nature.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_129"> 129</a></span></p> + +<h2 class="p4">XXIII<br /> +<span class="large">DU GALOP.</span></h2> + +<p class="p2">J'ai parlé longuement du galop dans le dictionnaire; +je me bornerai ici à donner quelques conseils +qui pourront accélérer l'éducation du cheval. Je +suppose que le cavalier a suivi la progression que +j'ai indiquée, et que son cheval est léger à la main, +droit d'épaules et de hanches, familiarisé avec les +jambes, l'éperon, et supportant les deux premiers +degrés du rassembler, etc. Évidemment ce cheval +est préparé pour le galop, et pourvu que le cavalier +ne commette pas de fautes graves, il suffira de +quelques leçons pour que le cheval prenne la position +pour partir sur le pied droit et sur le gauche. +Examinons les fautes que peut commettre le cavalier. +Il veut faire partir son cheval sur le pied droit, +je suppose, et par <em>négligence</em> ou <em>manque de tact</em> il +le dispose à partir sur le pied gauche, nécessairement +le départ aura lieu sur le pied gauche: +première faute commise. Si le cavalier s'en aperçoit, +<span class="pagenum"><a id="Page_130"> 130</a></span> +et qu'il arrête de suite son cheval, pour lui donner +la position juste qui déterminera le départ sur le +pied droit, cette première faute sera réparée. Mais +si le cavalier ne s'aperçoit de sa faute qu'après +quelques foulées de galop, et qu'il arrête son cheval, +celui-ci ne pourra pas distinguer si l'arrêt a lieu +parce que tel est le bon plaisir de son maître, ou +s'il est la répression un peu tardive de la faute commise. +On comprend quel retard dans l'éducation +du cheval apportera ce manque de tact ou de science +du cavalier.</p> + +<p>Non-seulement le cavalier évitera de commettre +les fautes que je viens de signaler, mais il s'attachera +avant tout à prévenir les faux départs, puisque +chaque mouvement est le résultat d'une position +qui elle-même est la conséquence d'une juste répartition +du poids et de la force de l'animal. Il devra +d'abord donner au cheval la position indispensable +pour le départ sur le pied droit. En suivant ce principe, +qui est la base de la science de l'équitation, il +oblige le cheval à bien faire, et il obtient en quelques +leçons les départs faciles, réguliers sur tel ou +tel pied.</p> + +<p>Les premières fois, comme l'allure du galop prédispose +le cheval à une certaine résistance, il devra +employer, avec des nuances différentes, les deux +forces directes, jambe gauche et rêne gauche, afin +de combattre ces résistances qu'entraîne toujours un +<span class="pagenum"><a id="Page_131"> 131</a></span> +équilibre qui n'est pas exact, et donner au cheval la +position qui lui permettra de partir sur le pied droit. +Mais, dès que les départs deviendront faciles, le +cavalier remplacera les forces directes par les forces +opposées, jambe droite et main portée à gauche. +Puisqu'il n'y a plus de résistance, l'emploi des +forces directes aurait pour effet de détruire l'équilibre +devenu meilleur. Bon dans le premier cas, cet +emploi des forces directes deviendrait nuisible dans +le second: aussi le cavalier n'aura plus recours qu'à +la jambe droite pour le départ sur le pied droit, et +à la jambe gauche pour le départ sur le pied gauche.—Je +crois inutile d'insister sur les avantages que +les cavaliers intelligents et doués de tact retireront +de cette sage progression, où rien n'est laissé au +hasard.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_132"> 132</a></span></p> + +<h2 class="p4">XXIV<br /> +<span class="large">SAUT DE FOSSÉ ET DE BARRIÈRE.</span></h2> + +<p class="p2">Tous les chevaux peuvent sauter, et l'élan est +proportionné à leur énergie et à leurs dispositions +naturelles. Toutes les combinaisons de la science +ne peuvent remplacer ces conditions premières; +mais je dis que par l'éducation bien dirigée tous +les chevaux peuvent apprendre à mieux sauter.</p> + +<p>Le point capital est d'amener le cheval à essayer +de bonne volonté ce travail. Si l'on suit ponctuellement +tous les procédés que j'ai indiqués pour +maîtriser les forces instinctives de l'animal et le +mettre sous l'influence des nôtres, on reconnaîtra +l'utilité de cette progression par la facilité qu'on +aura à faire franchir au cheval les obstacles qui se +rencontreront sur sa route. Du reste, il ne faut +jamais, en cas de lutte, recourir aux moyens violents, +tels que la chambrière, ni chercher à exciter l'animal +par des cris; cela ne pourrait produire qu'un effet +moral propre à l'effrayer. Néanmoins l'exclamation: +<span class="pagenum"><a id="Page_133"> 133</a></span> +<em>Hop!</em> émise avec tact au moment où le cheval doit +s'enlever, lui donnera un encouragement utile. +Mais on devra s'abstenir de tous cris, si l'on est pas +certain de les émettre en temps opportun, car ils +seraient un obstacle à la régularité de l'élan de +l'animal. Or, c'est au moyen des aides que nous +devons avant tout l'amener à l'obéissance, puisqu'elles +peuvent seules le mettre à même de comprendre +et d'exécuter. On doit donc lutter avec +calme, et chercher à surmonter les forces qui le +portent au refus, en agissant directement sur elles. +On attendra, pour faire sauter un cheval, qu'il +réponde franchement aux jambes et à l'éperon, +afin d'avoir toujours un moyen assuré de domination.</p> + +<p>La barrière restera par terre jusqu'à ce que le +cheval la passe sans hésitation; on l'élèvera ensuite +de quelques centimètres, en augmentant progressivement +la hauteur jusqu'au point que l'animal pourra +franchir sans de trop violents efforts. Dépasser cette +juste limite, serait s'exposer à faire naître chez le +cheval un dégoût que l'on doit éviter avec un grand +soin. La barrière ainsi élevée avec ménagement +devra être fixée pour que le cheval, disposé à +l'apathie, ne se fasse pas un jeu d'un obstacle qui +ne serait plus sérieux dès l'instant où le contact de +ses extrémités suffirait pour le renverser. La barrière +ne devra être recouverte d'aucune enveloppe propre +<span class="pagenum"><a id="Page_134"> 134</a></span> +à diminuer sa dureté; l'on doit être sévère lorsqu'on +exige des choses possibles, et éviter les abus qu'entraîne +toujours une complaisance irréfléchie.</p> + +<p>Avant de se préparer à sauter, le cavalier se soutiendra +avec assez d'énergie pour que son corps ne +précède pas le mouvement du cheval. Ses reins +seront souples, ses fesses bien fixées sur la selle, ses +cuisses et ses jambes enveloppant exactement le +corps du cheval, afin qu'il n'éprouve ni choc ni +réaction violente. La main, dans sa position naturelle, +tiendra les rênes de manière à sentir la bouche +du cheval pour juger des effets d'impulsion. C'est +dans cette position que le cavalier conduira l'animal +sur l'obstacle; si celui-ci y arrive avec la même +franchise d'allure, une légère opposition des mains +et des jambes facilitera l'élévation de l'avant-main +et l'élan de l'extrémité postérieure. Dès que le +cheval est enlevé, la main cesse son effet, pour se +soutenir de nouveau lorsque les jambes de devant +arrivent sur le sol, afin de les empêcher de fléchir +sous le poids du corps.</p> + +<p>On se contentera d'exécuter quelques sauts en +harmonie avec les ressources du cheval, et on évitera +surtout de pousser la bravade jusqu'à vouloir contraindre +l'animal à franchir des obstacles au-dessus +de ses forces. J'ai connu de très-bons sauteurs +qu'on est parvenu à rebuter ainsi pour toujours, et +que nuls efforts ne pouvaient plus décider à franchir +<span class="pagenum"><a id="Page_135"> 135</a></span> +des hauteurs ou des distances de moitié inférieures +à celles qu'ils sautaient aisément dans le principe.</p> + +<p>Je viens recommander un procédé plus efficace, +plus méthodique pour apprendre à tous les chevaux +à mieux sauter. Je fais tenir par deux hommes, loin +du mur, une barre <em>nue</em>, à 6 pouces du sol. Le +cavalier marche au pas vers cette barre, et au +moment où le cheval, aidé par son cavalier, franchit, +les deux hommes <em>élèvent la barre de 6 pouces</em>. +Je fais recommencer jusqu'à ce que le cheval franchisse +la barre sans la toucher, malgré l'exhaussement +répété à chaque saut. Alors je fais tenir la barre à +un pied au-dessus du sol, et, comme précédemment, +elle sera élevée de 6 pouces au moment du saut. Dès +que le cheval sera habitué à franchir cette nouvelle +hauteur, je fais graduellement tenir la barre 6 +pouces plus haut, en la faisant exhausser de 6 pouces +à chaque saut, et j'arrive, après quelques leçons +données avec la gradation précitée, à faire sauter à +tous les chevaux, <em>en hauteur</em>, des obstacles qu'ils +n'auraient jamais pu franchir. Ce procédé simple et +bien appliqué sera utile même aux chevaux exceptionnels, +tels que les chevaux de steeple-chase, en +leur apprenant à mieux revenir sur eux pour +prendre le temps, et il rendra les chutes moins fréquentes +et moins dangereuses.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_136"> 136</a></span></p> + +<h2 class="p4">XXV<br /> +<span class="large">DU PIAFFER.</span></h2> + +<p class="p2">Tous les chevaux peuvent piaffer régulièrement; +mais ils ne peuvent, tous, avoir la même élévation, +la même élégance. Je distingue trois genres de +piaffer: le piaffer lent, le piaffer précipité, le piaffer +dépité. Le piaffer est régulier, lorsque chaque +bipède diagonale se lève et retombe sur le sol à des +intervalles égaux. L'animal ne doit pas se porter plus +sur la main que sur les jambes du cavalier, afin de +conserver la justesse de la balance hippique.</p> + +<p>Lorsque le cheval est préparé par le rassembler, +il suffit, pour amener un commencement de piaffer, +de communiquer au cheval, avec les jambes, une +vibration légère d'abord, mais souvent réitérée. +J'entends par vibration une surexcitation de forces, +que le cavalier doit toujours régler.</p> + +<p>Une fois la mobilité des jambes obtenue, on +pourra commencer à en régler, à en distancer la +cadence. Ici encore, je chercherais vainement à indiquer +<span class="pagenum"><a id="Page_137"> 137</a></span> +avec la plume le degré de délicatesse nécessaire +dans les procédés du cavalier, puisque ses +effets doivent se reproduire avec une grande justesse +et un à-propos sans égal. C'est par l'appui alterné +des deux jambes qu'il arrivera à prolonger les balancements +du corps du cheval, de manière à le maintenir +plus longtemps sur l'un ou l'autre bipède. Il +saisira le moment où le cheval se préparera à +prendre son appui sur le sol, pour faire sentir la +pression de sa jambe du même côté et augmenter +l'inclinaison de l'animal dans le même sens. Si ce +temps est bien saisi, le cheval se balancera lentement, +et la cadence acquerra cette élévation si +propre à faire ressortir toute sa noblesse et toute sa +majesté. Ces temps de jambes sont difficiles et +demandent une grande pratique; mais leurs résultats +sont trop brillants pour que le cavalier ne +s'efforce pas d'en saisir les nuances.</p> + +<p>Le mouvement précipité des jambes du cavalier +accélère aussi le piaffer. C'est donc lui qui règle à +volonté le plus ou moins de vitesse de la cadence. Le +travail du piaffer n'est brillant et complet que +lorsque le cheval l'exécute sans répugnance, ce qui +a toujours lieu quand l'harmonie du poids et des +forces, utile à la cadence, se conserve.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_138"> 138</a></span></p> + +<h2 class="p4">XXVI<br /> +<span class="large">DIVISION DU TRAVAIL.</span></h2> + +<p class="p2">Je viens de développer tous les moyens à +employer pour compléter l'éducation du cheval; il +me reste à dire comment l'écuyer devra diviser son +temps pour lier entre eux les divers exercices et +pour passer du simple au composé. 50 jours de +travail à 2 leçons par jour d'une demi-heure, trois +quarts d'heure au plus suffiront pour amener le +cheval le plus neuf à exécuter régulièrement tous +les exercices qui précèdent. Je tiens à deux courtes +leçons, l'une le matin, l'autre dans l'après-midi; +elles sont nécessaires pour obtenir d'excellents +résultats. On dégoûte un jeune cheval en le tenant +trop longtemps sur des exercices qui le fatiguent +d'autant plus que son intelligence est moins préparée +à comprendre ce qu'on exige de lui.</p> + +<p>Je conseille de donner deux courtes leçons par +<span class="pagenum"><a id="Page_139"> 139</a></span> +jour, parce que, selon moi, un intervalle de vingt-quatre +heures entre chaque leçon est trop long +pour que l'animal puisse bien se rappeler le lendemain +ce qu'il a appris la veille.</p> + +<p>En établissant l'ordre du travail tel qu'il se +trouve dans le tableau annexé ci-après, il est bien +entendu que je me base sur les dispositions des +chevaux en général; un écuyer, doué de quelque +tact, comprendra bien vite les modifications qu'il +devra apporter dans la pratique, suivant la nature +particulière de son élève. Tel cheval, par exemple, +exigera plus ou moins de persistance dans les +flexions; tel autre dans le reculer; avec le cheval +froid et apathique, il faudra employer l'éperon +avant le temps que j'ai indiqué. Tout ceci est affaire +d'intelligence; ce serait offenser mes lecteurs que +de les supposer incapables de suppléer aux détails +qu'il est d'ailleurs impossible de préciser. On comprend +facilement qu'il existe des chevaux irritables +et mal conformés dont les dispositions défectueuses +ont été accrues par l'influence d'une mauvaise éducation +première. Avec de tels sujets, on devra +nécessairement mettre plus de persistance dans le +travail des assouplissements et du pas. Dans tous les +cas, quelles que puissent être les modifications légères +que nécessitent les différences dans les dispositions +des sujets, je persiste à dire qu'il n'est pas de +chevaux dont l'éducation ne puisse être faite, en un +<span class="pagenum"><a id="Page_140"> 140</a></span> +mois et demi, deux mois. Ce temps suffira toujours +pour donner aux forces du cheval l'aptitude nécessaire +à l'exécution de tous les mouvements; le fini +de l'éducation dépendra ensuite de la justesse de +tact du cavalier.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_141"> 141</a></span></p> + +<h2 class="p4">ÉDUCATION DU CHEVAL<br /> +<span class="large">GRADATION DU TRAVAIL.</span></h2> + +<h3>Première Leçon à pied.</h3> +<p class="center">TRAVAIL DE LA CRAVACHE.</p> +<p><span class="pagenum"><a id="Page_142"> 142</a></span></p> + +<p>Flexion de la mâchoire: 1<sup>o</sup> avec les rênes de la +bride et du bridon d'un seul côté, le bridon en +avant; 2<sup>o</sup> avec les deux rênes de la bride et du +bridon; 3<sup>o</sup> avec les rênes du filet croisées sous le +menton.</p> + +<p>Flexion d'encolure: 1<sup>o</sup> avec le mors; 2<sup>o</sup> avec le +bridon; 3<sup>o</sup> avec la bride; 4<sup>o</sup> flexion directe avec le +bridon et avec la bride.</p> + +<p>Mobilisation de la croupe à l'aide de la cravache.</p> + +<p>Reculer.</p> + +<p>Monter à cheval et en descendre; répéter cet exercice +jusqu'à ce que le cheval soit sage au montoir.</p> + +<p class="center"><b>2 jours, 2 leçons par jour, de 3/4 d'heure.</b></p> + +<hr class="c5" /> + +<h3>Deuxième Leçon.</h3> + +<p>Répétition du travail précédent. Pas de côté avec +la cravache.</p> + +<p class="center">LEÇON DU MONTOIR.</p> + +<p>Flexion directe de la tête, ou ramener avec le +filet d'abord, puis avec la bride, sans jambes, puis +avec les jambes. Flexion de l'encolure avec le filet +et avec la bride. Flexions latérales de la croupe. +Reculer un pas d'abord. Marcher au pas sur des +lignes droites, à main droite et à main gauche avec +le filet.</p> + +<p class="center"><b>3 jours, 2 leçons par jour, de 3/4 d'heure.</b></p> + +<hr class="c5" /> +<p><span class="pagenum"><a id="Page_143"> 143</a></span></p> + +<h3>Troisième Leçon.</h3> + +<p>Répétition du travail précédent en restant moins +de temps sur chaque exercice. Epaule en dedans, à +pied avec la cravache.</p> + +<p>En place: ramener avec l'aide des jambes. Au +pas, mise en main. Changements de main. Doublers +et demi-voltes ordinaires. Terminer les doublers et +les changements de main par deux pas de côté.</p> + +<p>Demi-pirouette renversée, en deux temps.</p> + +<p>Au trot: ramener. Doubler et changer de main. +Reculer plusieurs pas.</p> + +<hr class="c5" /> +<p class="center"><b>6 jours, 2 leçons par jour, de 3/4 d'heure.</b></p> + +<h3>Quatrième Leçon.</h3> + +<p>Répétition des exercices précédents.</p> + +<p>Ramener en place avec l'appui de l'éperon rond +ou effets d'ensemble.</p> + +<p>Voltes et demi-voltes au pas et au trot. Serpentine. +Contre-changements de main.</p> + +<p>Terminer les changements de direction par 4, 5 +et 6 pas de côté.</p> + +<p>Commencement de pirouette ordinaire.</p> + +<p>Descente de main et de jambes.</p> + +<p>Travail individuel.</p> + +<p>1/4 de flexion d'encolure en marchant.</p> + +<p class="center"><b>6 jours, 2 leçons par jour, de 3/4 d'heure.</b></p> +<hr class="c5" /> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_144"> 144</a></span></p> + +<h3>Cinquième Leçon.</h3> + +<p>Répétition du travail précédent.</p> + +<p>Ramener complet sur les attaques<a name="FNanchor_10" id="FNanchor_10" href="#Footnote_10" class="fnanchor">[10]</a>.</p> + +<p>Changement de main sur deux pistes.</p> + +<p>Demi-voltes sur deux pistes.</p> + +<p>Contre-changement de main sur deux pistes.</p> + +<p>Changement de main renversé.</p> + +<p>Pirouettes renversées et ordinaires entières.</p> + +<p>Tête au mur, épaule en dedans, 5 ou 6 pas.</p> + +<p>Commencement de piaffer ou rassembler, avec la +cravache, ou la chambrière, à pied, puis à cheval.</p> + +<p>Départs au galop à main droite et à main gauche, +les deux derniers jours.</p> + +<hr class="c5" /> + +<p class="center"><b>6 jours, 2 leçons par jour, de 3/4 d'heure.</b></p> + +<h3>Sixième Leçon.</h3> + +<p>Répétition des leçons précédentes en exigeant +plus de précision et de régularité.</p> + +<p>Pas de côté au trot, trois pas d'abord.</p> + +<p>Reculer dans toute la longueur du manége.</p> + +<p>Changement de direction au galop.</p> + +<p>Galop à droite et à gauche à la même main, les +deux derniers jours.</p> + +<p class="center"><b>5 jours, 2 leçons par jour, de 3/4 d'heure.</b></p> + +<hr class="c5" /> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_145"> 145</a></span></p> + +<h3>Septième Leçon.</h3> + +<p>Répétition des précédents exercices.</p> + +<p>Passer du trot au galop <em>et vice versâ</em></p> + +<p>Marcher au trot et arrêter.</p> + +<p>Temps d'arrêt au galop.</p> + +<p>Changement de pied.</p> + +<hr class="c5" /> + +<p class="center"><b>8 jours, 2 leçons par jour, de 3/4 d'heure.</b></p> + +<h3>Huitième Leçon.</h3> + +<p>Pas de côté au trot et au galop.</p> + +<p>Changement de pied à la même main.</p> + +<p>Passer du galop ordinaire au galop allongé <em>et +vice versâ</em>.</p> + +<p>Galop allongé et arrêter. Pirouette ordinaire après +l'arrêt et repartir au galop.</p> + +<p>Saut du fossé et de la barrière.</p> + +<p class="center"><b>6 jours, 2 leçons par jour, de 3/4 d'heure.</b></p> + +<hr class="c5" /> + +<h3>Pour la cavalerie.</h3> + +<p>Travail en reprise sur des indications.</p> + +<p>Habituer les chevaux au sabre et aux bruits de +guerre.</p> + +<p>Travail avec le sabre.</p> + +<p>Répéter les exercices, les chevaux chargés et +paquetés.</p> + +<p class="center"><b>7 jours, 2 leçons par jour, de 3/4 d'heure.</b></p> + +<hr class="c5" /> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_146"> 146</a></span></p> + +<h2 class="p4">XXVII<br /> +<span class="large">MA MÉTHODE HORS DU MANÉGE.</span></h2> + +<p class="p2">Quelques amateurs qui n'ont pratiqué ma méthode +que superficiellement, bien que satisfaits des résultats +obtenus au manége, sont surpris de ne plus +trouver la première fois au dehors la même légèreté +et le même calme. Aussitôt ils s'écrient: «La méthode +bonne pour le manége est inefficace quand le cheval +est en plein air. Des résistances inattendues surgissent, +l'animal a peur, il s'éloigne des objets +qu'il rencontre, son action est plus considérable +et sa gaieté devient inquiétante pour le cavalier.» +De conséquence en conséquence, ils trouvent dans +la méthode une lacune à l'abri de laquelle ils masquent +leur peu d'habileté ou de sang-froid équestre.</p> + +<p>Il est évident qu'au milieu de bruits et d'objets +nouveaux, avec de l'espace devant eux, tous les +chevaux, quel que soit d'ailleurs le fini de leur +éducation de manége, seront surpris les premières +fois qu'on les montera en plein air. Leurs sens, leur +instinct, surexcités par des sensations inconnues, +<span class="pagenum"><a id="Page_147"> 147</a></span> +seront en outre soumis à l'action enivrante de l'air +libre. Les résistances instinctives, manifestées au +commencement de l'éducation, surgiront en partie +de nouveau, effrayeront le cavalier pusillanime qui, +dans le cheval qu'il croyait soumis, ne trouve plus +qu'un animal fantasque et sans légèreté. «Méthode +impuissante!» s'écrie-t-il.</p> + +<p>Voyons donc si le reproche est fondé; le raisonnement +l'aura bientôt réduit à sa juste valeur.</p> + +<p>Disons d'abord que nous avons vu des chevaux, +très-francs d'allure dans les rues et sur les routes, +devenir très-inquiets en entrant dans un manége et +perdre subitement la grâce et la facilité de leurs +mouvements. A plus forte raison, un cheval, dressé +entre les quatre murs d'un manége, doit-il être plus +ou moins impressionné quand on le conduit, sans +transition, au milieu de mille objets inconnus. Mais, +qu'est-ce à dire?</p> + +<p>Croyez-vous qu'il soit plus facile de porter un +cheval sur un objet quelconque, de modérer sa +frayeur ou sa fougue, quand il dispose librement +de ses forces instinctives, que lorsque par une +éducation bien dirigée le cavalier s'en est rendu +maître?</p> + +<p>Dominerez-vous plus facilement le cheval qui n'a +jamais été dompté que celui que l'exercice a déjà +rendu souple et obéissant au manége? Cette hypothèse +est inadmissible.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_148"> 148</a></span> +L'influence de l'éducation peut bien faiblir dans +ce premier moment, mais elle reprendra bien vite +son empire et fera disparaître ces résistances d'un +jour pour les remplacer désormais par la légèreté +constante.</p> + +<p>Car, excepté quelques rares chevaux qui nécessitent +une attention continuelle de la part du +cavalier pour réprimer leur impressionnabilité +excessive, tous reviennent à leur degré d'éducation +méthodique. Si quelques chevaux sortent de la règle +générale, il faut reconnaître que, sans les effets de +l'éducation, ils seraient demeurés tout à fait impossibles +à monter.</p> + +<p>On le voit donc, le cheval dressé ne demande +qu'une attention soutenue du cavalier pour retrouver +dehors son calme et sa soumission, tandis que, dans +le cas contraire, il deviendrait non-seulement inutile, +mais encore dangereux pour son maître. Rassurons +donc les cavaliers timides, en leur certifiant +qu'une éducation supplémentaire, mais très-courte, +et fondée toujours sur les principes de la méthode, +rendra au cheval monté soit dans les rues, soit +dans les promenades, les qualités brillantes que +l'on admirait au manége. A l'appui de mon assertion, +je citerai pour exemple les chevaux d'artillerie +qui, bien qu'impassibles au bruit du canon, +s'effrayent de la crépitation du feu de l'infanterie +et du bruit des tambours la première fois qu'ils les +<span class="pagenum"><a id="Page_149"> 149</a></span> +entendent, et reprennent leur calme au bout de +quelques instants. Je crois avoir détruit les objections +que l'on m'avait opposées: me sera-t-il permis +de donner quelques conseils à tous les amateurs de +chevaux?</p> + +<p>Je signalerai à MM. les sportsmen, dont je respecte +infiniment les goûts, le danger d'une tendance +malheureusement générale. On ne demande au +cheval que d'avoir du <em>sang</em>. Toutes les qualités +chevalines se résument dans ce mot: Vitesse. Sous +prétexte d'obtenir cet idéal du beau, le physique du +cheval est tout à fait sacrifié. On veut l'amener à la +rapidité de la vapeur. Mais on ne remarque pas que +la vapeur réclame une machine solide, et que la +machine elle-même veut des freins. A votre cheval +vapeur, donnez donc une machine solide en le +douant d'un corps robuste, donnez des freins à votre +machine en instruisant votre monture.</p> + +<p>Que les personnes qui se trouvent si souvent +exposées aux dangers de l'emportement des chevaux +attelés évitent ces malheurs journaliers, en dressant +ou faisant dresser à la selle leurs chevaux avant de +les soumettre inconsidérément au harnais de la +voiture. Par cette éducation préalable, non-seulement +les chevaux deviendraient plus faciles à conduire, +mais ils auraient sous le harnais la position +et les allures brillantes qui conviennent à des +chevaux de luxe.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_150"> 150</a></span></p> + +<h2 class="p4">XXVIII<br /> +<span class="large">APPLICATION DE LA MÉTHODE AU TRAVAIL</span><br /> +<span class="large">DES CHEVAUX.</span></h2> + +<p class="center">PARTISAN, CAPITAINE, NEPTUNE, BURIDAN.</p> + +<p class="p2">J'ai monté en public 26 chevaux, et si, dans le +principe, quelques personnes, étonnées de ce travail +nouveau pour elles, en attribuèrent le mérite, les +unes à la musique, les autres à des procédés puérils +et en dehors du domaine de l'équitation, elles +revinrent bientôt de leur erreur, et reconnurent +que l'artiste n'avait fait qu'appliquer les principes +de la méthode.</p> + +<p>Voici la nomenclature de ces mouvements nouveaux, +avec quelques mots sur les moyens qui permettront +aux cavaliers habiles de les exécuter.</p> + +<p>1<sup>o</sup> <i>Flexion instantanée et maintien en l'air de l'une +ou l'autre extrémité antérieure, tandis que les trois +autres restent fixées sur le sol.</i></p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_151"> 151</a></span> +Le moyen de faire lever au cheval une des jambes +de devant est bien simple, dès que l'animal est +équilibré: il suffit, pour faire lever, par exemple, +la jambe droite, d'incliner légèrement la tête à +droite, tout en faisant refluer le poids du corps +sur la partie gauche. Les deux jambes du cavalier +seront soutenues avec énergie (la gauche un peu +plus que la droite), afin que l'effet de la main qui +amène la tête à droite ne réagisse pas sur le poids, +et que la force qui sert à fixer la partie surchargée +donne à la jambe droite du cheval assez d'action +pour la faire soulever de terre. En répétant quelquefois +cet exercice, on arrivera à maintenir cette +jambe en l'air aussi longtemps qu'on le voudra.</p> + +<p>2<sup>o</sup> <i>Mobilité des hanches, le cheval s'appuyant sur les +jambes de devant, pendant que celles de derrière se +balancent alternativement l'une sur l'autre, la jambe +postérieure qui est en l'air exécutant son mouvement de +gauche à droite sans toucher la terre pour devenir point +d'appui à son tour, afin que l'autre se soulève et exécute +ensuite le même mouvement.</i></p> + +<p>La mobilité simple des hanches est un des exercices +que j'ai indiqués pour l'éducation élémentaire +du cheval. On complétera ce travail en multipliant +le contact alternatif des jambes, jusqu'à ce qu'on +arrive à porter facilement la croupe du cheval d'une +jambe sur l'autre, de manière que le mouvement de +droite à gauche et de gauche à droite ne puisse +<span class="pagenum"><a id="Page_152"> 152</a></span> +excéder un pas. Ce travail est propre à donner au +cavalier une grande finesse de tact, et prépare le +cheval à répondre aux plus légères pressions de +jambes. Il est bien entendu que tous ces airs de +manége ne seront réguliers qu'autant qu'ils seront +accompagnés de la légèreté.</p> + +<p>3<sup>o</sup> <i>Passage instantané du piaffer lent au piaffer +précipité, et vice versâ.</i></p> + +<p>Après avoir amené un cheval à déployer une +grande mobilité des quatre jambes, on doit en +régler le mouvement. C'est par la pression lente et +alternée de ses jambes que le cavalier obtiendra le +piaffer lent; il l'accélérera en multipliant les pressions +de jambes. On peut obtenir ces deux piaffers +sur tous les chevaux.</p> + +<p>4<sup>o</sup> <i>Reculer avec une élévation égale des jambes transversales +qui s'éloignent et se posent en même temps sur le +sol, le cheval exécutant le mouvement avec autant de +franchise et de facilité que s'il avançait et sans concours +apparent du cavalier.</i></p> + +<p>Le reculer n'est pas nouveau, mais il l'est certainement +dans les conditions que je viens de poser. Ce +n'est qu'à l'aide d'un équilibre exact que la répartition +du poids est parfaitement régulière. Ce mouvement +devient alors aussi facile et aussi gracieux +qu'il est pénible et dépourvu d'élégance lorsqu'on +le transforme en <em>acculement</em>.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_153"> 153</a></span> +5<sup>o</sup> <i>Mobilité simultanée et en place des deux jambes par +la diagonale; le cheval, après avoir levé les deux jambes +opposées, les porte en arrière pour les ramener ensuite à +la place qu'elles occupaient, et recommencer le même +mouvement avec l'autre diagonale.</i></p> + +<p>Lorsque le cheval ne présente plus aucune résistance, +il apprécie les plus légères actions du cavalier, +destinées dans ce cas à ne déplacer que le moins +possible de poids et de forces pour arriver à mobiliser +les deux extrémités opposées. En réitérant cet +exercice, on le rendra en peu de temps familier au +cheval. L'habileté du mécanisme favorisera le +développement de l'intelligence.</p> + +<p>6<sup>o</sup> <i>Trot à extension soutenue; le cheval, après avoir +levé les jambes, les porte en avant en les soutenant un +instant en l'air avant de les poser sur le sol.</i></p> + +<p>Les procédés qui font la base de ma méthode se +reproduisent dans chaque mouvement simple, et à +plus forte raison dans les mouvements les plus compliqués. +Si l'équilibre ne s'obtient que par la +légèreté, en revanche il n'est pas de légèreté sans +équilibre; c'est par la réunion de ces deux conditions +que le cheval acquerra la facilité d'étendre +son trot jusqu'aux dernières limites possibles, et +changera complétement son allure primitive.</p> + +<p>7<sup>o</sup> <i>Trot serpentin, le cheval tournant à droite et à +gauche pour revenir à peu près sur son point de départ, +<span class="pagenum"><a id="Page_154"> 154</a></span> +après avoir fait cinq ou six pas dans chaque direction.</i></p> + +<p>Ce mouvement ne présentera aucune difficulté, si +l'on conserve le cheval dans la main en exécutant au +pas et au trot des flexions d'encolure. On conçoit +qu'un semblable travail est impossible sans cette +condition.</p> + +<p>8<sup>o</sup> <i>Arrêt sur place à l'aide des éperons, le cheval +étant an galop.</i></p> + +<p>Lorsque le cheval, parfaitement assoupli, supportera +convenablement les attaques et le rassembler, il +sera disposé pour exécuter le temps d'arrêt dans les +conditions ci-dessus. On débutera dans l'application +par le petit galop, pour arriver successivement +à la plus grande vitesse. Les jambes, précédant la +main, ramèneront les extrémités postérieures du +cheval sous le milieu du corps, puis un prompt effet +de main, en les fixant dans cette position, arrêtera +immédiatement l'élan. Par ce moyen, l'on ménage +l'organisation du cheval, que l'on peut conserver +ainsi toujours exempt de tares.</p> + +<p>9<sup>o</sup> <i>Mobilité continue en place de l'une des extrémités +antérieures, le cheval exécutant par la volonté du +cavalier le mouvement par lequel il manifeste souvent de +lui-même son impatience.</i></p> + +<p>On obtiendra ce mouvement par le même procédé +qui sert à maintenir en l'air la jambe du cheval. A +cet effet, les jambes du cavalier doivent exercer un +<span class="pagenum"><a id="Page_155"> 155</a></span> +appui continu pour que la force qui tient la jambe +du cheval levée conserve bien son effet, tandis que, +pour le mouvement dont il s'agit, il faut renouveler +l'action par une multitude de petites pressions, afin +de déterminer la mobilité de la jambe qui est tenue +en l'air. Cette extrémité du cheval exécutera bientôt +un mouvement subordonné à celui des jambes du +cavalier, et si les temps sont bien saisis, il semblera, +pour ainsi dire, qu'on fait mouvoir l'animal à l'aide +d'un moyen mécanique.</p> + +<p>10<sup>o</sup> <i>Reculer au passage en arrière, le cheval conservant +la même cadence et les mêmes battues que dans le +passage en avant.</i></p> + +<p>La condition première pour obtenir le passage en +arrière est de maintenir le cheval dans une cadence +parfaite et aussi rassemblé que possible; la seconde +est toute dans l'habileté du cavalier. Celui-ci doit +chercher insensiblement par des effets d'ensemble +à faire primer les forces du devant sur celles de +derrière, sans nuire à l'harmonie du mouvement. +On le voit donc: par le rassembler, on obtiendra +successivement le piaffer, le passage en arrière, +même sans le secours des rênes.</p> + +<p>11<sup>o</sup> <i>Reculer au galop, le temps étant le même que pour +le galop ordinaire; mais les jambes antérieures, une fois +élevées, au lieu de gagner du terrain, se portant en +arrière, pour que l'arrière-main exécute le même mouvement +<span class="pagenum"><a id="Page_156"> 156</a></span> +rétrograde aussitôt que les extrémités antérieures +se posent sur le sol.</i></p> + +<p>Le principe est le même que pour le travail précédent; +avec un rassembler complet, les jambes de +derrière se trouveront tellement rapprochées du +centre, qu'en élevant l'avant-main, la détente des +jarrets ne fonctionnera plus, pour ainsi dire, que +de bas en haut. Ce travail, qu'on pourra faire +exécuter à un cheval énergique, ne devra pas +être exigé de celui qui ne posséderait point cette +qualité.</p> + +<p>12<sup>o</sup> <i>Changements de pied au temps, chaque temps de +galop s'opérant sur une nouvelle jambe.</i></p> + +<p>On comprend que, pour pratiquer ce travail difficile, +le cheval doit être habitué à exécuter parfaitement, +et le plus fréquemment possible, les changements +de pied du tact au tact. Avant d'essayer ces +changements de pied à chaque temps, on doit +l'avoir amené à exécuter ce mouvement aux deux +temps. Tout dépend de son aptitude, et surtout de +l'intelligence équestre du cavalier: avec cette dernière +qualité, il n'est pas d'obstacle qu'on ne puisse +surmonter. Pour exécuter ce travail avec toute la +précision désirable, le cheval doit rester léger, droit +d'épaules et de hanches, conserver son même degré +d'action; de son côté, le cavalier évitera par-dessus +tout les brusques renversements de l'avant-main.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_157"> 157</a></span> +13<sup>o</sup> <i>Pirouettes renversées sur trois jambes, celle de +devant, du côté vers lequel on tourne, restant en l'air +ou tendue pendant toute la durée du mouvement.</i></p> + +<p>Les pirouettes renversées doivent être familières à +un cheval dressé d'après ma méthode, et j'ai +indiqué plus haut le moyen de l'obliger à tenir +élevée l'une de ses extrémités antérieures. Si l'on +exécute bien séparément ces deux mouvements, il +sera facile de les joindre en un seul travail. Après +avoir disposé le cheval pour la pirouette, on équilibrera +la masse de manière à enlever une jambe +antérieure; celle-ci une fois en l'air, on surchargera +la partie opposée au côté vers lequel on veut +tourner, en appuyant sur cette partie avec la main +et la jambe. La jambe du cavalier placée du côté qui +converse ne fonctionnera pendant ce temps que pour +porter les forces en avant, afin d'empêcher la main +de produire un effet rétrograde.</p> + +<p>14<sup>o</sup> <i>Reculer avec temps d'arrêt à chaque foulée, la +jambe droite du cheval restant en avant immobile et +tendue de toute la distance qu'a parcourue la jambe +gauche</i>, et vice versâ.</p> + +<p>Ce mouvement dépend de l'habileté du cavalier, +puisqu'il résulte d'un effet de forces qu'il est impossible +de préciser. Bien que ce travail soit peu +gracieux, le cavalier expérimenté peut l'essayer, +pour apprendre à modifier les effets de forces et +acquérir toutes les nuances de son art.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_158"> 158</a></span> +15<sup>o</sup> <i>Piaffer régulier avec un temps d'arrêt immédiat +sur trois jambes, la quatrième restant en l'air.</i></p> + +<p>Ici encore, comme pour les pirouettes renversées +sur trois jambes, c'est en exerçant le piaffer et la +flexion isolée d'une jambe qu'on arrivera à réunir +les deux mouvements. On interrompra le piaffer en +arrêtant la contraction des trois jambes pour la +reporter exclusivement sur la quatrième. Il suffit +donc, pour habituer le cheval à ce travail, de +l'arrêter lorsqu'il piaffe, en le forçant à contracter +une seule de ses jambes.</p> + +<p>16<sup>o</sup> <i>Changement de pied au temps, à des intervalles +égaux, le cheval restant en place ou n'avançant qu'insensiblement.</i></p> + +<p>Ce mouvement s'obtient par les mêmes procédés +que ceux qui sont employés pour les changements +de pieds au temps en avançant; seulement il est +beaucoup plus compliqué, puisque l'on doit donner +une impulsion justement assez forte pour déterminer +le mouvement des jambes sans que le corps +se porte en avant. Ce mouvement exige, par conséquent, +beaucoup de tact de la part du cavalier, et +ne saurait être pratiqué que sur un cheval parfaitement +dressé, mais dressé comme je le comprends.</p> + +<p>Des cavaliers ont obtenu l'apparente exécution +de quelques-uns de ces airs de manége. Fiers de +ces résultats, ils s'écriaient: Voilà du système Baucher!</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_159"> 159</a></span> +Erreur! non-seulement l'exécution n'était pas +complète, mais elle était due au hasard, ou tout au +moins à des moyens étrangers à ma méthode. Ainsi, +le cheval mal placé, était contracté; ses mouvements +étaient heurtés, sans harmonie, sans grâce. Rien +dans tout cela ne ressemble à mon système. Je ne +demande jamais au cheval l'exécution d'un mouvement +pour lequel je ne l'ai point placé, et je +n'attends d'exécution facile qu'autant que l'équilibre +est exact.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_160"> 160</a></span></p> + +<h2 class="p4">XXIX<br /> +<span class="large">EXPOSITION SUCCINCTE DE LA MÉTHODE</span><br /> +<span class="large">PAR DEMANDES ET RÉPONSES.</span></h2> + +<p><span class="smcap">Demande.</span> Qu'entendez-vous par force?</p> + +<p><span class="smcap">Réponse.</span> La puissance motrice qui résulte de la +contraction musculaire.</p> + +<p>D. Qu'entendez-vous par forces <em>instinctives</em>?</p> + +<p>R. Celles qui viennent du cheval, et dont il +détermine lui-même l'emploi.</p> + +<p>D. Qu'entendez-vous par forces <em>transmises</em>?</p> + +<p>R. Celles dont le cavalier coordonne l'emploi et +qui sont appréciées immédiatement par le cheval.</p> + +<p>D. Qu'entendez-vous par résistance?</p> + +<p>R. La force que le cheval oppose et avec laquelle +il cherche à établir une lutte à son avantage.</p> + +<p>D. Doit-on s'attacher d'abord à annuler les forces +que le cheval présente pour résister, avant d'exiger +le mouvement?</p> + +<p>R. Sans nul doute, puisque dans ce cas la force +du cavalier qui doit déplacer le poids de la masse se +<span class="pagenum"><a id="Page_161"> 161</a></span> +trouvant annulée par une résistance équivalente, +tout mouvement régulier devient impossible.</p> + +<p>D. Par quels moyens peut-on combattre les résistances?</p> + +<p>R. Par l'assouplissement partiel et méthodique +de la mâchoire, de l'encolure, des reins et des +hanches, et la juste répartition du poids.</p> + +<p>D. Quelle est l'utilité des flexions de mâchoire?</p> + +<p>R. Comme c'est sur la mâchoire inférieure que se +reproduisent d'abord les effets de la main du +cavalier, ceux-ci seront nuls ou incomplets si la +mâchoire est serrée ou contractée. De plus, comme +dans ce cas les déplacements du corps du cheval +ne s'obtiennent qu'avec difficulté, les mouvements +qui en résultent seront toujours pénibles.</p> + +<p>D. Suffit-il que le cheval <em>mâche son frein</em> pour +que la flexion de la mâchoire ne laisse plus rien à +désirer?</p> + +<p>R. Non, il faut encore que le cheval <em>lâche son +frein</em>, c'est-à-dire qu'il écarte (à volonté) et moelleusement +la mâchoire inférieure.</p> + +<p>D. Tous les chevaux peuvent-ils avoir cette mobilité +de mâchoire?</p> + +<p>R. Tous sans exception, si l'on suit la gradation +indiquée, et si le cavalier ne se laisse pas tromper +par la flexion de l'encolure précédant celle de la +mâchoire. Bien que cette flexion soit nécessaire, elle +<span class="pagenum"><a id="Page_162"> 162</a></span> +nuirait au jeu prompt et régulier de la mâchoire, si +elle le précédait.</p> + +<p>D. Dans la flexion directe de la <em>mâchoire</em>, doit-on +tendre en même temps les rênes de la bride et celles +du bridon?</p> + +<p>R. Non, il faut se servir d'abord du filet jusqu'à +ce que la mâchoire cède facilement; on emploiera +ensuite le mors et on passera alternativement de +l'un à l'autre.</p> + +<p>D. Doit-on répéter souvent cet exercice?</p> + +<p>R. Il faut le continuer jusqu'à ce que la mâchoire +se mobilise au moyen d'une légère pression du +mors ou du filet.</p> + +<p>D. Pourquoi la contraction de la mâchoire est-elle +un puissant obstacle à l'éducation du cheval?</p> + +<p>R. Parce qu'elle absorbe à son profit la force +que le cavalier cherche à transmettre pour en répartir +les effets sur toute la masse.</p> + +<p>D. Les hanches peuvent-elles s'assouplir isolément?</p> + +<p>R. Oui, certainement, et cet exercice se trouve +compris dans ce que l'on appelle mobilisation de la +croupe.</p> + +<p>D. Quelle est son utilité?</p> + +<p>R. De prévenir les mauvais effets résultant des +forces instinctives du cheval, et de lui faire apprécier, +sans qu'il s'y oppose, l'action transmise par +le cavalier.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_163"> 163</a></span> +D. Le cheval peut-il exécuter un mouvement +régulier sans avoir un équilibre exact?</p> + +<p>R. C'est impossible; il faut s'attacher à faire +prendre au cheval une position qui opère dans son +équilibre une variation telle que le mouvement en +soit une conséquence naturelle.</p> + +<p>D. Qu'entendez-vous par position?</p> + +<p>R. La juste répartition du poids et des forces +dans le sens des mouvements que l'on veut faire +exécuter au cheval.</p> + +<p>D. En quoi consiste le <em>ramener</em>?</p> + +<p>R. Dans la position verticale de la tête, avec +mobilité de la mâchoire.</p> + +<p>D. Comment parle-t-on à l'intelligence du cheval?</p> + +<p>R. Par la position, en ce sens que c'est elle qui +fait connaître au cheval les intentions du cavalier.</p> + +<p>D. Pourquoi faut-il, que dans les mouvements +rétrogrades du cheval, les jambes du cavalier précèdent +la main?</p> + +<p>R. Parce qu'il faut déplacer les points d'appui +avant de poser dessus la masse qu'ils doivent supporter.</p> + +<p>D. Est-ce le cavalier qui détermine son cheval?</p> + +<p>R. Non, le cavalier donne l'action et la position +qui sont la demande, le cheval y répond par le +changement d'allure ou de direction qu'avait projeté +le cavalier.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_164"> 164</a></span> +D. Est-ce au cavalier ou au cheval que l'on doit +imputer la faute d'une mauvaise exécution?</p> + +<p>R. Au cavalier, et toujours au cavalier. Comme +il dépend de lui d'équilibrer et de placer le cheval +dans le sens du mouvement, et qu'avec ces deux +conditions fidèlement remplies, tout devient régulier, +c'est donc au cavalier que doit appartenir le +mérite ou le blâme.</p> + +<p>D. Quelle espèce de mors convient au cheval?</p> + +<p>R. Le mors doux.</p> + +<p>D. Pourquoi faut-il un mors doux pour tous les +chevaux, quelle que soit leur résistance?</p> + +<p>R. Parce que le mors dur a toujours pour effet +de contraindre et de surprendre le cheval, tandis +qu'il faut l'empêcher de faire mal et le mettre à +même de bien faire. Or, on ne peut obtenir ces +résultats qu'à l'aide d'un mors doux et surtout d'une +main savante; car le mors, c'est la main, et une +belle main, c'est tout le cavalier.</p> + +<p>D. Résulte-t-il d'autres inconvénients de l'emploi +des instruments de supplice appelés mors durs?</p> + +<p>R. Certainement, car le cheval apprend bientôt +à en éviter la pénible sujétion en forçant les jambes +du cavalier: leur puissance ne peut jamais être +égale à celle de ce frein barbare. Le cheval lutte +victorieusement en cédant du corps et en résistant +de l'encolure et de la mâchoire; ce qui est tout +à fait contraire au but qu'on s'était proposé.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_165"> 165</a></span> +D. Comment se fait-il que presque tous les +écuyers en renom aient inventé des mors auxquels +ils attribuent des effets merveilleux?</p> + +<p>R. Parce que, manquant de science personnelle, +ils cherchent à remplacer leur insuffisance par l'emploi +de moyens mécaniques.</p> + +<p>D. Le cheval équilibré peut-il se défendre?</p> + +<p>R. Non, car la juste répartition de poids que +donne cette position produit une grande régularité +dans les mouvements, et il faudrait intervertir cet +ordre pour qu'il y eût acte de rébellion de la part +du cheval.</p> + +<p>D. Quelle est l'utilité du filet?</p> + +<p>R. Le filet sert à combattre les résistances latérales +de l'encolure, à faire précéder la tête dans +tous les changements de direction quand le cheval +n'est pas encore familiarisé avec les effets du mors; +il prépare aussi l'élévation et le soutien de l'encolure.</p> + +<p>D. Doit-on laisser le cheval longtemps aux mêmes +allures pour développer ses moyens?</p> + +<p>R. C'est inutile, puisque la régularité des mouvements +résulte de la régularité des positions; le +cheval qui fait cinquante temps de trot régulièrement +est beaucoup plus avancé dans son éducation +que s'il en faisait mille avec une position vicieuse. +C'est donc à sa position qu'il faut s'attacher, c'est-à-dire +à sa légèreté.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_166"> 166</a></span> +D. Dans quelles proportions doit-on user des +forces du cheval?</p> + +<p>R. Cela ne peut se définir, puisque les forces +varient en raison des sujets; mais il faut en être +avare et ne les dépenser qu'avec circonspection, +surtout pendant le cours de l'éducation; il faut, pour +ainsi dire, leur créer un réservoir pour que le cheval +ne les absorbe pas inutilement; c'est alors que le +cavalier en fera un usage utile et d'une longue durée.</p> + +<p>D. A quelle distance l'éperon doit-il être rapproché +des flancs du cheval avant l'attaque?</p> + +<p>R. La molette ne doit jamais être éloignée de +plus de 4 à 5 centimètres des flancs du cheval.</p> + +<p>D. Comment doivent se pratiquer les attaques?</p> + +<p>R. Elles doivent arriver aux flancs du cheval par +un mouvement prompt, et s'en éloigner aussitôt. +Mais, au préalable, on doit les pratiquer par appui +progressif.</p> + +<p>D. Est-il des circonstances où l'attaque doive se +pratiquer sans l'intervention de la main?</p> + +<p>R. Oui, lorsqu'elle doit avoir pour but de donner +l'impulsion qui permet ensuite à la main de placer +le cheval.</p> + +<p>D. Sont-ce les attaques elles-mêmes qui châtient +le cheval?</p> + +<p>R. Non; le châtiment est dans la position que les +attaques et la main font prendre au cheval, en +mettant ses forces à la disposition du cavalier.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_167"> 167</a></span> +D. Quelle différence existe entre les attaques +pratiquées d'après les anciens principes et celles que +prescrit la nouvelle méthode?</p> + +<p>R. Les anciens écuyers ne se servaient de l'éperon +que comme châtiment; dans ce cas, les attaques, +loin d'équilibrer le cheval, le faisaient toujours +sortir de la main; la nouvelle méthode en fait usage +pour l'équilibrer, c'est-à-dire pour lui donner cette +position première qui est la mère de toutes les autres.</p> + +<p>D. Quelles sont les fonctions des jambes pendant +les attaques?</p> + +<p>R. Les jambes doivent rester adhérentes aux +flancs du cheval, et ne partager en rien les mouvements +des talons.</p> + +<p>D. Dans quel moment doit-on commencer les +attaques?</p> + +<p>R. Quand le cheval supporte paisiblement les +appuis d'éperon sans sortir de la main.</p> + +<p>D. Pourquoi un cheval équilibré supporte-t-il +l'éperon sans s'émouvoir et même sans mouvements +brusques?</p> + +<p>R. Parce que la main savante du cavalier, ayant +prévenu tous les déplacements de la tête, ne laisse +jamais échapper les forces au dehors; elle les concentre +en les fixant. La lutte égale des forces, ou, +si l'on aime mieux, leur ensemble, explique suffisamment +l'apparente froideur du cheval.</p> + +<p>D. N'est-il pas à craindre que, par suite de ces +<span class="pagenum"><a id="Page_168"> 168</a></span> +attaques, le cheval ne devienne insensible aux jambes +et ne perde l'activité qui lui convient pour les +mouvements accélérés?</p> + +<p>R. Quoique cette opinion soit celle des gens qui +parlent de la méthode sans la connaître, il n'en est +rien. Puisque tous ces moyens servent seulement à +maintenir le cheval dans un juste équilibre, la +promptitude des mouvements doit nécessairement +en être le résultat, et, par suite, le cheval sera disposé +à répondre au contact progressif des jambes, +quand la main ne s'y opposera pas.</p> + +<p>D. Comment reconnaître qu'une attaque est régulière?</p> + +<p>R. Lorsque, bien loin de faire sortir le cheval de +la main, elle l'y fait rentrer sans prendre sur la +force propre au mouvement.</p> + +<p>D. Comment la main doit-elle agir dans les +moments de résistance du cheval?</p> + +<p>R. Les effets de la main doivent être proportionnés +à la résistance du cheval et surtout ne jamais +la dépasser.</p> + +<p>D. Dans quel cas doit-on se servir du caveçon, et +quelle est son utilité?</p> + +<p>R. On doit s'en servir dans le cas où la mauvaise +construction du cheval le porterait à se défendre, +bien qu'il ne lui soit demandé que des mouvements +simples. Il est également utile d'employer le caveçon, +avec les chevaux rétifs, attendu que son but est +<span class="pagenum"><a id="Page_169"> 169</a></span> +d'agir sur le moral, pendant que le cavalier agit sur +le physique.</p> + +<p>D. Comment doit-on se servir du caveçon?</p> + +<p>R. Dans le principe, on doit tenir la longe du +caveçon à 33 ou 40 centimètres de la tête du cheval, +tendue et soutenue par un poignet énergique. Il +faudra saisir tous les à-propos pour diminuer ou +augmenter l'appui du caveçon sur le nez du cheval, +afin de s'en servir comme d'un moyen d'aide. Tous +les actes de méchanceté seront réprimés par de +petites saccades qui ne doivent avoir lieu que dans +le moment même de la défense. Dès que les mouvements +du cavalier commenceront à être appréciés +par le cheval, le caveçon deviendra inutile; au bout +de quelques jours l'animal n'aura plus besoin que +du mors, auquel il répondra sans hésitation.</p> + +<p>D. Dans quel cas le cavalier est-il moins intelligent +que son cheval?</p> + +<p>R. Quand ce dernier l'assujettit à ses caprices et +lui fait faire sa volonté.</p> + +<p>D. Les défenses du cheval sont-elles physiques ou +morales?</p> + +<p>R. Les défenses sont d'abord physiques, elles +deviennent morales par la suite; le cavalier doit +donc se rendre compte des causes qui les font +naître, et chercher, par un travail bien gradué, à +obtenir la juste répartition du poids et des forces.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_170"> 170</a></span> +D. Le cheval bien équilibré naturellement peut-il +se défendre?</p> + +<p>R. Il serait aussi difficile à un sujet, réunissant +tout ce qui constitue le bon cheval, de se livrer à ces +mouvements désordonnés, qu'il est impossible à celui +qui n'a pas reçu de semblables dons de la nature, +d'avoir des mouvements réguliers, si l'art bien +entendu ne lui a prêté son secours.</p> + +<p>D. Qu'entendez-vous par <em>rassembler</em>?</p> + +<p>R. Le rapprochement des jambes de derrière du +centre, sans altérer la légèreté du cheval.</p> + +<p>D. Peut-on bien rassembler le cheval qui ne se +renferme pas sur les attaques?</p> + +<p>R. Dans beaucoup de cas, les jambes seraient +insuffisantes pour contre-balancer les effets de la +main.</p> + +<p>D. A quel moment doit-on commencer à rassembler +le cheval?</p> + +<p>R. Quand le cheval est léger.</p> + +<p>D. A quoi sert le rassembler?</p> + +<p>R. A obtenir sans difficulté tout ce qu'il y a de +compliqué en équitation.</p> + +<p>D. En quoi consiste le piaffer?</p> + +<p>R. Dans la pose gracieuse du corps et la cadence +harmonieuse des bipèdes diagonaux.</p> + +<p>D. Existe-t-il plusieurs genres de piaffer?</p> + +<p>R. Trois: le lent, le précipité et le dépité.</p> + +<p>D. De ces trois, quel est le préférable?</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_171"> 171</a></span> +R. Le piaffer lent, car c'est celui qui rehausse +le plus le mérite du cavalier et la noblesse du cheval.</p> + +<p>D. Doit-on faire piaffer le cheval qui ne supporterait +pas le rassembler?</p> + +<p>R. Non, car ce serait un <em>enjambement</em> sur la gradation +logique qui seule donne des résultats certains. +Aussi, le cheval qui n'a pas été conduit par +cette filière de principes n'exécute qu'avec peine et +sans grâce ce qu'il devrait accomplir avec enjouement +et majesté.</p> + +<p>D. Tous les cavaliers sont-ils appelés à vaincre +toutes les difficultés et à saisir toutes les nuances du +sentiment équestre?</p> + +<p>R. Comme les résultats en équitation ont pour +point de départ l'intelligence, tout est subordonné +à cette disposition innée; mais tous les cavaliers +seront aptes à dresser leurs chevaux, s'ils renferment +l'éducation du cheval dans la mesure de leurs +propres moyens.</p> + +<hr class="c5" /> + +<p><a id="Page_172"></a></p> +<p><span class="pagenum"><a id="Page_173"> 173</a></span></p> + +<h2 class="p4">NOUVEAUX MOYENS ÉQUESTRES</h2> + +<p>Équilibre parfait ou équilibre du premier genre<a name="FNanchor_11" id="FNanchor_11" href="#Footnote_11" class="fnanchor">[11]</a>.</p> + +<p class="left5">Mains sans jambes.<br /> +Jambes sans mains.</p> + +<p class="center">TROIS NOUVEAUX EFFETS DE MAINS:</p> + +<p>1<sup>o</sup> Pour obtenir la juste répartition du poids.</p> + +<p>2<sup>o</sup> Pour rétablir l'harmonie des forces.</p> + +<p>3<sup>o</sup> Pour donner les positions utiles aux changements +de direction par la rêne opposée.</p> + +<p>4<sup>o</sup> Départ au galop et changements de pieds (mains +sans jambes, jambes sans mains).</p> + +<p>De la force et du mouvement décomposés.</p> + +<p>Progression du dressage.</p> + +<p><a id="Page_174"></a></p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_175"> 175</a></span></p> + +<h2 class="p4">NOUVEAUX MOYENS ÉQUESTRES<br /> +<span class="large">ÉQUILIBRE DU PREMIER GENRE.</span></h2> + +<p>L'ancienne équitation travaillait le mouvement par +le mouvement, en donnant aux forces instinctives +du cheval une direction plus ou moins juste; mais +jamais elle ne parvenait à rendre léger un cheval +d'une mauvaise conformation, parce qu'elle ne +connaissait pas les moyens de changer son équilibre +naturel.</p> + +<p>J'avais compris que l'éducation du cheval était +dans son équilibre, et toutes mes études ont eu +pour but de trouver les moyens d'améliorer le +mauvais équilibre naturel du cheval, convaincu que +le cheval équilibré était presque dressé; cependant +je n'étais arrivé qu'à obtenir l'équilibre du deuxième +genre.</p> + +<p>Par équilibre du premier genre, j'entends la +légèreté parfaite et constante du cheval, dans toutes +les positions, dans tous les mouvements, à toutes les +allures; c'est cet équilibre dont je vais m'occuper.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_176"> 176</a></span> +Qu'il me soit permis de répondre d'abord à une +objection que plus d'un lecteur pourra me faire.</p> + +<p>Mais les vingt-six chevaux que vous avez montés +en public, et dont le travail a été salué par les +applaudissements de la foule, Capitaine, Partisan, +Neptune et les autres, n'étaient donc pas dressés? +Qu'entendez-vous alors par un cheval dressé? Je +réponds: Oui, ils étaient dressés, puisque leur +travail avait dépassé tout ce qui s'était fait jusqu'alors, +et cependant leur équilibre n'était que du +deuxième genre.</p> + +<p>Avec cet équilibre, je modifiais les mauvaises +conditions de leur construction plus ou moins +défectueuse; j'obtenais, par moments, une légèreté +très-grande, mais qui diminuait par suite d'un +nouveau mouvement, d'un changement de direction.</p> + +<p>Je détruisais promptement, il est vrai, cette résistance +momentanée, et j'acquérais de suite une grande +légèreté, en redonnant au cheval la position juste; +mais il n'y avait pas moins eu perte de la légèreté, +ce qui pouvait rendre par moments le mouvement +moins gracieux et le travail moins exact; de plus, +malgré les progrès continus de mes chevaux, je +reconnaissais chaque jour un nouveau <em>desideratum</em>, +tandis qu'aujourd'hui, une fois leur éducation terminée, +je n'ai plus rien à désirer. Ce que j'obtiens +maintenant sur les chevaux que je monte, en leur +<span class="pagenum"><a id="Page_177"> 177</a></span> +donnant cet équilibre parfait, me permet de dire +que si je pouvais montrer de nouveau au public mes +anciens chevaux, tous les amateurs reconnaîtraient +la vérité de ce que j'avance.</p> + +<p>Il faut donc arriver à ce degré de perfection de +l'équilibre chez tous les chevaux, malgré leurs +défauts de conformation, pour qu'ils conservent +une légèreté parfaite, constante, dans tous les mouvements, +changements de direction, et à toutes +les allures. Tel est le résultat que j'ai obtenu et que +je me hâte de faire connaître aux cavaliers intelligents +de tous les pays. Les progrès rapides qu'ils +verront faire à leurs élèves en suivant la progression, +et en employant les nouveaux moyens que je +vais indiquer, les jouissances ineffables qu'ils éprouveront +à monter des chevaux constamment légers, +voilà la récompense que j'ambitionne pour prix +de mes recherches incessantes, consacrées au +bonheur du cavalier et au bien-être du cheval!</p> + +<p>J'ignore si c'est de l'orgueil: mais lorsque je sens +mon cheval se plier à toutes mes volontés, et répondant +<em>sans résistance aucune</em> à ma pensée, exécuter +avec grâce et <em>une légèreté parfaite</em> tous les mouvements +que je lui demande, je suis si heureux, que +loin de me sentir atteint par les clameurs des envieux +et l'ingratitude des plagiaires, je n'ai qu'un +désir, celui de leur faire partager mon bonheur.</p> + +<hr class="c5" /> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_178"> 178</a></span></p> +<h3 class="p2">MAIN SANS JAMBES.—JAMBES SANS MAIN.</h3> + +<p>Je vais démontrer que l'emploi simultané des +jambes et de la main ne permettra jamais de donner +au cheval l'équilibre du premier genre, ou la +légèreté constante. Puisque les résistances de la +mâchoire proviennent toujours d'une mauvaise +répartition du poids, comment le cavalier qui +emploiera en même temps la force impulsive et +modératrice, jambes et main, pourra-t-il sentir que +ses jambes ne se sont pas opposées à la juste translation +du poids opérée par la main, et réciproquement +que celle-ci n'a pas détruit la justesse de +l'impulsion communiquée par les jambes? En effet, +ou la main a été juste, ou elle a produit trop ou +trop peu d'effet. Dans le premier et le troisième +cas, le concours des jambes a été plus ou moins +nuisible. Dans le second cas seulement, les jambes +auront corrigé la faute de la main, et leur aide aura +été opportune.</p> + +<p>Il en est de même pour les jambes dans le premier +et le troisième cas mentionnés ci-dessus: l'opposition +de la main sera nuisible, et ce n'est que +dans le second cas seulement qu'elle sera utile en +corrigeant la faute des jambes.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_179"> 179</a></span> +Que de malentendus entre le cheval et son cavalier; +quel retard dans l'éducation de l'animal doit +amener cette contradiction perpétuelle des jambes +et de la main du cavalier qui est toujours disposé +à attribuer au cheval les fautes que lui fait commettre +l'emploi simultané de ses jambes et de sa +main! En s'en servant séparément, il peut discerner +de suite si la faute provient de son cheval ou +de lui, et il sera forcé de reconnaître que neuf fois +sur dix, c'est lui seul qui l'a commise.</p> + +<p>Il est vrai qu'à la longue, après maintes erreurs +corrigées par son tact, le cavalier pourra donner à +son cheval l'équilibre du second genre, mais jamais +celui du premier genre, cet équilibre parfait qui +permet au cheval de conserver la mobilité moelleuse +de la mâchoire dans tous les mouvements, à toutes +les allures.</p> + +<p>En n'employant qu'une force à la fois, soit celle +des jambes pour impulsionner, soit celle de la main +pour opérer les translations de poids utiles à tel ou +tel mouvement, à telle ou telle allure, le cavalier +peut apprécier à l'instant le degré de justesse avec +lequel il a agi.</p> + +<p>S'il commet une erreur, il peut la corriger de +suite; il en connaît la cause, et le pauvre cheval +n'étant plus ballotté par ces deux volontés opposées +des jambes et de la main, s'identifie tellement avec +la pensée de son maître, que bientôt ces deux intelligences +<span class="pagenum"><a id="Page_180"> 180</a></span> +n'en forment plus qu'une, le cheval conservant +son équilibre parfait sans le secours des jambes +et de la main du cavalier.</p> + +<p>L'équilibre du second genre est suffisant pour les +chevaux de l'armée, cependant MM. les capitaines +instructeurs pourront employer plus ou moins ces +nouveaux moyens pour accélérer l'instruction des +hommes et l'éducation des chevaux.</p> + +<hr class="c5" /> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_181"> 181</a></span></p> + +<h3 class="p2">TROIS NOUVEAUX EFFETS DE MAIN.</h3> + +<div class="font95"> +<p>1<sup>o</sup> Pour combattre les résistances provenant du poids;</p> + +<p>2<sup>o</sup> Pour combattre les résistances produites par la force;</p> + +<p>3<sup>o</sup> Pour donner la position utile au changement de direction par +la rêne opposée.</p> +</div> + +<p>J'ai dit que l'emploi simultané des jambes et de +la main ne pouvait donner que l'équilibre du +deuxième genre, et jamais celui du premier genre, +c'est-à-dire cette harmonie constante du poids et de +la force qui se font opposition sans se contredire +ni se heurter, cette légèreté parfaite chez le cheval; +j'ajoute que l'application seule de ces nouveaux +effets nous permettra d'atteindre ce but.</p> + +<p>Si les jambes du cavalier impulsionnent le cheval, +les fonctions de la main sont multiples. C'est elle +qui place, dirige, en régularisant les translations +du poids, c'est la main qui sonde les causes des +résistances, pour discerner si elles proviennent du +poids ou de la force.</p> + +<p>Je vais indiquer trois nouveaux effets raisonnés +de la main. Les deux premiers concourent à détruire +<span class="pagenum"><a id="Page_182"> 182</a></span> +les résistances qui constatent la perte de l'équilibre, +et en signalent la cause; le troisième sert à faciliter +les changements de direction, etc. Ces résistances +peuvent provenir de la mauvaise répartition du +poids ou du défaut d'harmonie de la force. L'effet +de la main sera différent selon qu'elle devra combattre +la résistance du poids ou de la force. Pour +reconnaître la cause de cette résistance, le cavalier +rapprochera graduellement et lentement la main. +La résistance est-elle inerte, elle procède du poids +mal réparti; dans ce cas, la main agira par un demi-arrêt<a name="FNanchor_12" id="FNanchor_12" href="#Footnote_12" class="fnanchor">[12]</a>, +prompt et proportionné à l'intensité de la +résistance. Si ce demi-arrêt ne suffit pas, il sera +suivi d'un deuxième, d'un troisième, jusqu'à ce que +cette résistance inerte ait disparu. Ces demi-arrêts, +pratiqués avec une force de bas en haut, détruisent +les résistances du poids sans acculer le cheval; si la +résistance provient de la force, la main agira par +<em>vibrations</em> réitérées, jusqu'à ce que la légèreté ait +reparu. Ces vibrations annuleront les résistances +<span class="pagenum"><a id="Page_183"> 183</a></span> +locales sans détruire l'ensemble des forces; et si, à +la suite de ces vibrations, la résistance persistait, ce +qui indiquerait que le poids n'est pas encore justement +réparti, il faudrait revenir aux demi-arrêts. +Ces mêmes effets de main se répéteront avec plus +d'importance encore dans les changements de direction.</p> + +<p>Le cavalier se servira d'abord des rênes du filet +séparées, et, plus tard, des rênes de bride également +séparées. Mais dès que le cheval tournera facilement +à droite et à gauche par l'effet de la rêne <em>directe</em>, le +cavalier emploiera le nouvel effet (troisième effet de +main). Je suppose d'abord que le cheval est parfaitement +droit d'épaules et de hanches, <em>condition</em> indispensable: +le cavalier veut tourner à droite, par +exemple; il rapprochera lentement la main pour +reconnaître si son cheval est léger, ou s'il résiste. +S'il est léger, le cavalier portera à droite la main +tenant les rênes du filet, qui seront remplacées plus +tard par les rênes de bride, pour agir seulement par +la <em>rêne gauche</em>, <em>rêne opposée</em>. Pour tourner à gauche, +il portera la main à gauche, pour agir seulement +par la <em>rêne droite</em>, <em>rêne opposée</em>. C'est la légèreté seule +du cheval, harmonie du poids et de la force, qui +lui permet d'apprécier l'effet de la rêne opposée, +d'y céder et de tourner en inclinant légèrement la +tête de ce côté. Si le cavalier sent une résistance, +celle du poids, par exemple, il la détruira par +<span class="pagenum"><a id="Page_184"> 184</a></span> +un, deux ou trois demi-arrêts successifs. Cette +résistance est-elle due au défaut d'harmonie des +forces, il agira par vibrations. Ces demi-arrêts et +ces vibrations seront pratiqués avec la <em>rêne directe</em>, +<em>rêne droite</em>, s'il veut tourner à droite, et <em>rêne gauche</em>, +s'il veut tourner à gauche; et dès qu'il sentira son +cheval léger, il tournera à droite par l'effet de la +<em>rêne opposée</em>, <em>rêne gauche</em>, et <em>vice versâ</em>. Comme on le +voit, je me sers de la <em>rêne directe</em>, non pour tourner, +mais seulement pour combattre les résistances, et +c'est avec la <em>rêne opposée</em> que j'apprends au cheval à +tourner. Le cavalier demandera seulement un huitième +de conversion, s'arrêtera, combattra avec ces +nouveaux effets de main (<em>rêne directe</em>) les résistances +qui se seraient manifestées, et continuera avec la +<em>rêne opposée</em>. Bientôt le cheval pourra tourner, sans +sortir de son équilibre, c'est-à-dire, la tête portée du +côté où il marche, la partie opposée de l'encolure +demeurant convexe, et la mobilité moelleuse de +la mâchoire lui permettant de céder avec la plus +grande facilité à l'effet de la rêne opposée. On +comprend le plaisir que le cavalier éprouve à suivre +cette gradation, qui lui donne comme récompense +l'équilibre parfait, en ne lui laissant plus rien à +désirer. Il jouera avec les rênes flottantes qu'il fera +onduler de gauche à droite ou de droite à gauche, +et son cheval tournera dans toutes les directions, +en conservant cette harmonie constante du poids +<span class="pagenum"><a id="Page_185"> 185</a></span> +et de la force, ce qui constitue l'équilibre du premier +genre. Le cavalier doit comprendre maintenant +l'importance de ces nouveaux moyens équestres, +puisqu'il peut immédiatement apprécier la +cause des résistances du cheval, et y remédier de +suite. Il ne peut plus s'illusionner et imputer à +l'animal les fautes qui lui sont personnelles. Nulle +erreur n'est possible.</p> + +<p class="p2">Que l'on compare un pareil cheval, gracieux, +léger, prompt dans ses mouvements, avec ces +pauvres chevaux que l'on fait tourner avec la rêne +opposée, il est vrai, mais l'encolure roide, la tête +mal placée, la mâchoire serré, etc., résultat infaillible +de leur mauvais équilibre. Si cet inconvénient +était le seul, on pourrait me dire: «Qu'importe la +position des chevaux de la cavalerie, pourvu qu'ils +tournent au commandement»? Je réponds: Prenez +garde! ne voyez-vous pas que si ces chevaux +étaient moins braqués, que si leur équilibre était +moins mauvais, ils tourneraient plus facilement, +c'est-à-dire <em>plus promptement</em>? Ce que je dis des +changements de direction s'applique mieux encore +au travail individuel, aux voltes, demi-tours, en +un mot, à tout ce qui concerne l'équitation militaire.</p> + +<p class="p2">Ces inconvénients sont si bien appréciés que +beaucoup de cavaliers emploient la rêne directe +<span class="pagenum"><a id="Page_186"> 186</a></span> +pour tourner. Mais ils n'ont pas détruit les résistances +qui proviennent du poids ou de la force; ils +ont seulement donné une indication, et la résistance +se continue.</p> + +<p>Avec l'équilibre du premier genre, tous les chevaux +tourneront facilement par l'effet de la rêne +opposée, en conservant une bonne position de tête +et une légèreté constante.</p> + +<p>Avant de terminer cet article, je vais parler d'un +certain maniement de rênes qui produit d'heureux +et prompts résultats, inspire de la confiance au +cheval, et confirme l'équilibre, la légèreté, l'harmonie, +la régularité du mouvement.</p> + +<p>Le cavalier retirera la gourmette, et fera produire +à la bride, par une force de bas en haut, le même +effet que le filet, sur la commissure des lèvres, avec +un contact moindre sur les barres. (La gourmette +sera replacée lorsque le cheval répondra facilement +à l'effet de la bride.)</p> + +<p>Puis, au pas, au trot, au galop, sans se presser, il +déposera les rênes qu'il tenait, et saisira de la main +les autres rênes. Les premières fois, le cheval accélérera +peut-être l'allure, et le cavalier devra reprendre +vivement les premières rênes, pour rappeler +à l'ordre le cheval disposé à s'émanciper; mais +bientôt le cheval s'habituera à cet abandon momentané, +y puisera de la confiance, du bien-être, et +<span class="pagenum"><a id="Page_187"> 187</a></span> +conservera la régularité de l'allure et la légèreté, +pendant que le cavalier, en jouant ainsi avec les +rênes du filet et les rênes de la bride, acquiert du +tact, de la délicatesse, et arrive à conduire son cheval +avec un fil!</p> + +<hr class="c5" /> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_188"> 188</a></span></p> + +<h3 class="p2">DE LA FORCE ET DU MOUVEMENT DÉCOMPOSÉS.</h3> + +<p>L'équilibre ou la légèreté étant le résultat de la +juste répartition du poids et de la force, si celle-ci +n'est pas maintenue dans la limite de l'effort à produire, +l'équilibre ne sera que momentané, et dès +les premiers pas que fait le cheval, la légèreté disparaît +et la résistance se produit. Si le cavalier continue +à marcher, il lui faut combattre les résistances +qui résultent de cette mauvaise position et qui sont +accrues par le mouvement. Chaque pas de plus que +fait le cheval dans cette fausse position vient augmenter +le désaccord qui s'oppose aux justes translation +du poids, et le mouvement demeure irrégulier. +Le cavalier voit fuir devant lui cette légèreté qu'il +poursuit, et s'il finit par l'obtenir ce sera après un +long et difficile travail; le plus souvent, il ne l'aura +qu'en partie, et il s'habituera à cette résistance qui +sera le grand obstacle à la perfection de l'éducation +du cheval, telle que je la comprends. Pour moi le +cheval dressé, <em>c'est le cheval équilibré</em>, celui qui présente +cette harmonie du poids et de la force qui +<span class="pagenum"><a id="Page_189"> 189</a></span> +permet au cavalier de disposer de la force utile à +tel ou tel mouvement, tout en conservant la légèreté +parfaite du cheval. C'est cette harmonie que +donne en peu de temps <em>le mouvement décomposé</em>.</p> + +<p>Après avoir fait quelques pas à l'allure à laquelle +il se trouve, si le cavalier rencontre une résistance, +il s'arrête, donne aux fibres musculaires le temps de +se relâcher et rétablit l'équilibre. Il restera en place +plusieurs minutes, s'il le faut, jusqu'à ce que le +cheval soit <span class="smcap">DÉCONTRACTÉ</span>, c'est-à-dire, que le mouvement +précédent <span class="smcap">NE RÉSONNE PLUS</span>. Les fibres reçoivent +de nouveaux courants électriques, et la nouvelle +contraction pourra être plus harmonieuse, +plus convenable. Ce nouveau principe, <em>le mouvement +décomposé</em>, doit être appliqué à chaque partie +de l'éducation du cheval, jusqu'à ce qu'il conserve +sa légèreté constante et la régularité du mouvement, +résultat infaillible de son parfait équilibre.</p> + +<p>Que le mouvement soit lent ou accéléré, peu importe. +Je demande seulement qu'il soit <em>régulier</em>, c'est-à-dire +que le cheval ne diminue pas ou n'augmente +pas son allure par des fluctuations incessantes, et +qu'il parcoure des espaces égaux dans des temps +égaux, en conservant cette régularité de l'allure +qui est un signe certain de la justesse de l'équilibre.</p> + +<p>Quoique certaines personnes, peu versées dans +l'étude de mes principes, blâment la position élevée +que je fais prendre à l'encolure et à la tête du cheval, +<span class="pagenum"><a id="Page_190"> 190</a></span> +je dis qu'il est indispensable de leur donner toute +l'élévation dont elles sont susceptibles, en agissant +avec les poignets de bas en haut. Il ne faut pas s'effrayer +de la position horizontale que prend forcément +la tête. C'est alors qu'il faut <em>décontracter</em> la mâchoire, +dont la moelleuse mobilité permet au cheval de se +ramener de lui-même. Ce moyen, indirect en apparence, +est le seul qui donne la grâce et une légèreté +constante à tous les mouvements du cheval.</p> + +<hr class="c5" /> +<p><span class="pagenum"><a id="Page_191"> 191</a></span></p> + +<h3 class="p2"><span class="small">QUELQUES MOTS SUR LE PRINCIPE:</span><br /> +«MAIN SANS JAMBES, JAMBES SANS MAIN»<br /> +<span class="small">POUR LE</span><br /> +DÉPART AU GALOP ET LES CHANGEMENTS DE PIED.</h3> + +<p>Ce nouvel axiome était tellement en opposition +avec ce que j'avais professé et pratiqué moi-même +toute ma vie, que malgré les résultats merveilleux +que j'en obtenais, je voulus avoir une preuve éclatante +de sa justesse.</p> + +<p>Avant donc de livrer cette édition à la publicité, +je réunis cinq cavaliers habiles, sur la loyauté et la +discrétion desquels je pouvais compter, et je leur +fis expérimenter mes nouveaux moyens.</p> + +<p>Le succès couronna mon attente. Je pus me convaincre +que ma grande habitude de me servir de +mes aides ne me faisait point croire cette dernière +découverte plus féconde qu'elle ne l'était réellement. +Chacun de ces messieurs me remit alors un +mémoire sur l'application qu'ils en faisaient sous +mes yeux, et je demandai à M. le baron Faverot de +<span class="pagenum"><a id="Page_192"> 192</a></span> +Kerbrec la permission de reproduire son travail, qui +peut servir de complément et de développement à +mes innovations.</p> + +<p>Le voici:</p> + +<p>«Il ne faut pas confondre dans l'œuvre équestre +de M. Baucher les <span class="smcap">PRINCIPES</span>, qui sont à jamais invariables, +avec les <span class="smcap">MOYENS</span>, qui sont perfectibles et par +conséquent pouvaient varier.</p> + +<p>«Au nombre des <span class="smcap">PRINCIPES</span> qui forment la base +immuable de la «méthode», on doit citer en première +ligne l'obligation constante de rechercher +ou de conserver chez le cheval monté l'<span class="smcap">ÉQUILIBRE</span>, +c'est-à-dire cet état physique provenant du dressage +et dans lequel l'animal peut obéir instantanément +à la volonté du cavalier, quelle qu'elle soit.</p> + +<p>«L'<em>équilibre</em> que M. Baucher a appelé <em>du premier +genre</em> existe quand les translations du poids sont +également faciles dans tous les sens. On peut comparer +cet état de l'animal à l'équilibre <em>indifférent</em> +dans les corps inanimés. De même qu'une sphère +posée sur un plan horizontal obéit à la plus petite +impulsion, de même, dans le cheval monté qui +possède l'équilibre du premier genre, le poids cède +à la plus légère pression, de quelque côté qu'elle +lui soit communiquée, et l'obéissance absolue aux +aides en est la conséquence.</p> + +<p>«Quant aux <span class="smcap">MOYENS</span> enseignés par le maître, ils +peuvent être divisés en deux groupes constituant +<span class="pagenum"><a id="Page_193"> 193</a></span> +chacun une «manière» distincte. Dans la première, +M. Baucher agit sur les forces du cheval, c'est-à-dire +sur les ressorts animés qui portent et font mouvoir +la masse, le poids de la machine. Il arrive à faciliter +le déplacement de ce poids, à <em>équilibrer</em>, en diminuant +l'étendue de la base de sustentation, en rapprochant +plus ou moins, selon le besoin, les extrémités +inférieures du cheval.</p> + +<p>On comprend qu'il faut alors souvent avoir recours +à des moyens puissants pour forcer l'animal, surtout +dans les commencements du dressage, à conserver +cette disposition artificielle de ses membres. De là +la nécessité de l'emploi fréquent de l'éperon.</p> + +<p>Dans cette première manière, M. Baucher ayant +constamment en vue d'agir sur les forces de l'animal, +de s'en rendre le maître absolu, cherche dès le +début à fixer à ces forces des barrières qui les +enferment de tous les côtés et qu'elles ne puissent +jamais franchir.</p> + +<p>Une fois cette domination obtenue, le dressage +est presque terminé. Il ne s'agit plus que de donner +à ces mêmes forces la direction qu'il plaît au cavalier +de leur imprimer à l'intérieur de cette sorte de +<em>lacet de fer</em> formé par le mors et les éperons. Enfin, +il suffit de resserrer ce lacet pour réduire l'animal +à l'immobilité, puisqu'on ne permet alors la détente +d'aucun des ressorts de la machine.</p> + +<p>Plus tard, s'inspirant du cheval en liberté, qui, +<span class="pagenum"><a id="Page_194"> 194</a></span> +pour se mouvoir, commence par élever la tête et +l'encolure afin d'alléger son avant-main, M. Baucher +en est venu à sa seconde «manière».</p> + +<p>Dans cette deuxième manière, pour arriver à la +légèreté absolue,—qui indique l'équilibre du premier +genre,—il s'attaque directement au poids du +cheval et en reporte une partie de devant en arrière. +C'est la main qui est chargée de ce soin. A elle donc +de rendre le cheval «léger», équilibré. Aux jambes +de donner l'impulsion nécessaire. Dès lors l'animal +n'est plus exposé à hésiter entre deux actions +contraires. L'effet qui pousse et celui qui retient +sont toujours distincts, et il n'y a plus de confusion +possible entre les aides.</p> + +<p>La légèreté complète est obtenue quand l'action +du mors ne rencontre jamais ni la résistance du +poids, ni celle des forces.</p> + +<p>Dans l'application de «ses nouveaux moyens», +comme dans le dressage par les anciens, M. Baucher +habitue par une progression savante le cheval à +supporter sans désordre le contact de l'éperon. C'est +seulement lorsque l'animal ne s'effraie plus de l'appui +de cette aide et que cet effet provoque à volonté une +détente en avant calme, mais <em>certaine</em>, le cheval +restant léger à la main, que le cavalier commence à +être maître de sa monture et que les «barrières» +dont nous avons parlé peuvent devenir une réalité.</p> + +<p>Dès les commencements du dressage, le cheval doit +<span class="pagenum"><a id="Page_195"> 195</a></span> +être habitué progressivement à se passer du secours +des aides, une fois le mouvement demandé obtenu. +Mais il faut que cet abandon n'altère en rien l'équilibre, +c'est-à-dire que l'animal doit se soutenir de +lui-même, continuer exactement son mouvement +avec la même vitesse et la même cadence, et conserver +toujours sa légèreté, ce dont le cavalier +s'assure de temps en temps.</p> + +<p>Essayons maintenant de faire comprendre le parti +que peut tirer un cavalier habile des nouveaux +moyens «main sans jambes, jambes sans main» +pour le départ au galop et le changement de pied, +par exemple.</p> + +<p>Pour l'exécution de tout mouvement, il faut +l'action et la position: l'action est le résultat de la +force qui pousse; la position est la répartition normale +du poids en raison du mouvement demandé. +Si l'action et la position sont justes, le mouvement +l'est également.</p> + +<p>Ce qui précède étant admis, examinons le départ +du pas au galop par la main et supposons que le +cheval ait l'action convenable; s'il possède l'équilibre +du premier genre, la main n'aura qu'à donner +la position, et le mouvement suivra.</p> + +<p>Si l'équilibre n'est pas parfait, des résistances de +poids ou de forces se manifesteront. La main les +rencontrera après avoir senti, comme toujours, la +<span class="pagenum"><a id="Page_196"> 196</a></span> +bouche de l'animal, et elle les fera cesser par des +demi-arrêts ou des vibrations, selon le cas.</p> + +<p>Dès que le cavalier sentira l'action diminuée, ou +si au début elle n'est pas suffisante, ce sera, bien +entendu, à ses jambes, employées sans opposition +de main, à la rétablir. Alors viendra encore le tour +de cette dernière aide pour donner seule la position.</p> + +<p>Aussitôt le mouvement obtenu, il faudra dans +tous les cas relâcher entièrement les rênes; c'est la +seule manière de se rendre un compte exact de +l'équilibre du cheval.</p> + +<p>Quand le départ au galop ainsi demandé sera +facile, on apprendra au cheval à s'enlever à cette +allure par les aides inférieures seules.</p> + +<p>Ici le rôle des jambes est assez difficile. Elles +doivent donner la position sans augmenter l'action +d'une façon appréciable. Dans le départ à droite, par +exemple, la jambe gauche se glissera un peu en +arrière par une pression lente et finement graduée; +l'autre agira plus en avant par de petits coups de +mollet délicatement répétés à de courts intervalles.</p> + +<p>Si, à l'approche des mollets, le cheval part au +trot, les jambes se relâcheront, et la main rétablira +l'équilibre en luttant contre le poids ou les forces. +Puis on recommencera à donner la position par les +jambes seules, et on continuera ces exercices jusqu'à +ce que les enlevers au galop s'obtiennent facilement. +<span class="pagenum"><a id="Page_197"> 197</a></span> +On les alternera alors avec les départs par la main.</p> + +<p>On fera ensuite passer plusieurs fois le cheval du +pas au trot. La main s'abaissera et les jambes agiront +sans opposition par une pression simultanée, +habilement graduée, et bien équivalente à droite et +à gauche. Si le départ au trot est mauvais, il faudra +arrêter, décontracter, et recommencer.</p> + +<p>Passons maintenant au changement de pied par +la main, et supposons que le cheval ait l'action +nécessaire. Les jambes n'auront rien à faire. Elles +pourraient en agissant provoquer des contractions, +augmenter inutilement l'action déjà suffisante et +amener du poids sur le devant. La main serait alors +forcée de corriger les fautes des jambes, ce qu'il +faut éviter le plus possible.</p> + +<p>Si le cheval possède l'équilibre du premier genre, +la main inversera la répartition du poids, et le changement +de pied sera obtenu.</p> + +<p>Si l'équilibre n'est pas parfait, la main rencontrera +des résistances de poids ou de forces qu'elle +vaincra par les moyens connus, mais en s'efforçant +de ne pas prendre sur l'action pour ne pas obliger +les jambes à la rétablir.</p> + +<p>Enfin, si le cheval au changement de position se +précipite en avant, on <em>décomposera</em> le mouvement, +c'est-à-dire qu'on arrêtera et qu'on décontractera +complétement avant de repartir.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_198"> 198</a></span> +Le calme et l'action rétablis, la main cherchera +de nouveau à donner la position.</p> + +<p>De même que pour le départ au galop sans +jambes, la main abandonnera complétement les +rênes aussitôt le mouvement obtenu. On verra ainsi +exactement où en est l'équilibre. Il est inutile +d'ajouter que, dès que ce dernier sera altéré, la +main devra le rétablir.</p> + +<p>On apprendra ensuite au cheval à changer de +pied sans le secours de la main.</p> + +<p>Le mors n'aura plus aucune action sur la bouche, +et pour passer du pied gauche au pied droit, par +exemple, la jambe gauche se glissera un peu plus +en arrière que la droite pendant que celle-ci agira +par de petits coups de mollet.</p> + +<p>Il est impossible du reste de déterminer d'une +manière absolue l'usage exact de l'une ou de l'autre. +C'est au tact à suppléer à la théorie pour indiquer +instantanément au cavalier comment il devra employer +ses jambes suivant les mille cas particuliers +qui pourront se présenter.</p> + +<p>La difficulté consiste à inverser le poids sans +augmenter l'action d'une manière sensible.</p> + +<p>Si les premières fois l'allure augmente, les jambes +cesseront d'agir, et la main rétablira l'équilibre +avant qu'elles recommencent à demander seules le +changement de position.</p> + +<p>Puis quand le mouvement s'obtiendra facilement +<span class="pagenum"><a id="Page_199"> 199</a></span> +de cette façon, on le demandera alternativement +par la main et par les jambes. . . . . . . . . . . +. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . +Disons, avant de terminer, que les recommandations +suivantes nous semblent devoir être faites dans +l'emploi des «nouveaux moyens:»</p> + +<p>1<sup>o</sup> Recherche et conservation constantes de la +<em>légèreté</em> complète, le cheval toujours maintenu absolument +<em>droit</em> tant que le mouvement ne s'y oppose +pas.</p> + +<p>2<sup>o</sup> <em>Dès le début</em> du dressage, «mettre le cheval à +l'éperon» et ne quitter cette leçon que lorsque +l'animal l'a parfaitement comprise.</p> + +<p>3<sup>o</sup> <em>Dès</em> que l'encolure et la tête <em>se soutiennent</em> bien, +chercher le <em>ramener complet</em> à toutes les allures.</p> + +<p>4<sup>o</sup> Arriver à produire <em>facilement</em> par l'emploi +<em>alterné</em> des aides inférieures et des aides supérieures, +tous les degrés de <em>rassembler</em>, de concentration, dont +on peut avoir besoin par le genre de service auquel +est destiné le cheval en dressage.</p> + +<p class="right smcap">Baron FAVEROT DE KERBRECH.</p> + +<hr class="c5" /> + +<p>Les quatre autres mémoires traitaient le même +sujet. Ne pouvant les rapporter tous et afin d'éviter +les redites, je me borne à citer ici textuellement la +<span class="pagenum"><a id="Page_200"> 200</a></span> +partie didactique de celui de M. d'Estienne, qui, +tout en exposant les nouveaux moyens, les a présentés +sous des formes quelquefois un peu différentes +qui contribuent encore à en faire comprendre +la justesse.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_201"> 201</a></span></p> + +<h2 class="p4">TRAVAIL AU GALOP SUR LA LIGNE DROITE<br /> +<span class="large">D'APRÈS LES NOUVEAUX MOYENS.</span></h2> + +<p class="p2">«Les premières résistances du cheval vaincues, +on l'embarque sur le pied droit, par exemple, avec +la rêne ou la jambe droites: on emploie ce moyen +le plus promptement possible.</p> + +<p>Dès que les départs s'obtiennent de la sorte avec +facilité, on se sert alternativement de la bride et du +filet. Ces changements de rênes se font d'abord rapidement, +ayant soin toutefois de reprendre les rênes +sans à-coup, sans surprise pour le cheval. S'il vient à +se contracter; s'il allonge son allure, il faut l'arrêter, +le décontracter, et repartir. Quand on fait passer le +cheval au pas, on cherche sa légèreté, soit par la +flexion directe, soit par des demi-flexions à droite et +à gauche.</p> + +<p>On arrive ainsi à changer de rênes lentement, +sans que le cheval ralentisse son allure, sans qu'il +l'allonge.</p> + +<p>On l'exerce également peu à peu à s'enlever, en +diminuant l'effet des jambes, et en multipliant les +changements de rênes.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_202"> 202</a></span> +Quand le cheval part facilement à la même main, +sur les deux pieds, ce qui revient à dire qu'il déplace +facilement le poids de droite à gauche, et de gauche +à droite, on arrive tout naturellement aux changements +de pied. Cependant il faut les commencer +avec la rêne ou la jambe opposées. Ainsi, un cheval +galopant sur le pied droit, pour changer de pied, il +faut se servir de la rêne ou de la jambe droites, +ayant bien soin d'arriver le plus vite possible au +changement de pied avec la rêne ou la jambe +gauches.</p> + +<p class="left5">En résumé:</p> + +<p>1<sup>o</sup> Départ avec rêne ou jambe opposées;</p> + +<p>2<sup>o</sup> Départ avec rêne ou jambe directes;</p> + +<p>3<sup>o</sup> Changement de pied avec rêne ou jambe opposées;</p> + +<p>4<sup>o</sup> Changement de pied avec rêne ou jambe +directes.</p> + +<p>Ici s'arrête la première partie du dressage qui +donne déjà l'équilibre du deuxième genre.</p> + +<p>Quand le cheval est arrivé à ce degré d'instruction, +on l'exerce à s'enlever au galop avec les mains, +sans aucun emploi de jambes. A cet effet on lui +marque autant de demi-arrêts qu'il est nécessaire. +S'il se ralentit, ce qui indique que la main a pris +sur le mouvement, il faut cesser l'effet des mains, +porter le cheval en avant avec les jambes, et le +<span class="pagenum"><a id="Page_203"> 203</a></span> +remettre dans son aplomb au pas, avant de chercher +à l'enlever de nouveau. On arrive ainsi très-rapidement +à galoper sur le pied droit avec la rêne droite, +sur le pied gauche avec la rêne gauche. Alterner les +rênes très-fréquemment.</p> + +<p>On passe ensuite aux changements de pied avec +la main seulement. Avant de marquer le demi-arrêt +au moyen duquel on l'obtient, il faut sentir la +bouche. Si ce demi-arrêt ne suffit pas, il faut en +marquer deux, trois, dix, coup sur coup, jusqu'à +ce que le changement de pied ait eu lieu et rendre +dès qu'il est exécuté. On comprend combien cette +manière de faire est admirable pour arriver à une +exécution parfaite. En effet, une fois l'impulsion +donnée, quel peut être le rôle des jambes? Elles ne +servent qu'à traverser le cheval, à porter davantage +le poids en avant, surcroît de poids que la main doit +détruire. Au contraire, en se servant de la main +seule, on change la position, et le changement de +pied se fait tout naturellement. S'il y a ralentissement +dans le mouvement, se servir des jambes ou +de l'éperon pour l'accélérer; puis revenir au demi-arrêt +sans jambes pour le changement de pied. Il faut +dans ce mouvement, comme dans le précédent, +alterner l'emploi des rênes.</p> + +<p>On exerce ensuite le cheval à partir au galop avec +les jambes seulement: la main tient les rênes par +leur extrémité. Le cheval bourre-t-il sur la main, +<span class="pagenum"><a id="Page_204"> 204</a></span> +prend-il le trot? le poids est en avant; il faut alors +marquer un demi-arrêt, et recommencer le départ, +après avoir décontracté le cheval.</p> + +<p>Arrivé à ce degré d'instruction, on alterne les +départs au galop avec les mains et avec les jambes. +On multiplie les descentes de mains.</p> + +<p>On fait de même après chaque changement de +pied, ayant soin de reprendre les rênes immédiatement +pour faire un nouveau changement de pied, et +ainsi de suite.</p> + +<p>Enfin, on passe aux changements de pied avec les +jambes seules: on tient les rênes demi-flottantes.</p> + +<p>Dans tous ces mouvements, les rênes sont d'autant +plus flottantes que l'éducation du cheval est +plus avancée; et l'on arrive ainsi à les exécuter, les +rênes sur l'encolure, sans que le cheval augmente +en rien son allure.</p> + +<p class="p2 left5">Donc, en résumé:</p> + +<p>1<sup>o</sup> Départ au galop avec la main seule;</p> + +<p>2<sup>o</sup> Changement de pied avec la main seule;</p> + +<p>3<sup>o</sup> Départ au galop avec les jambes seules;</p> + +<p>4<sup>o</sup> Départ au galop avec la main et les jambes +alternativement: descentes de main;</p> + +<p>5<sup>o</sup> Changement de pied, suivi d'une descente de +main;</p> + +<p>6<sup>o</sup> Changement de pied, avec les jambes seules.</p> + +<p>C'est seulement alors, quand tous ces mouvements +<span class="pagenum"><a id="Page_205"> 205</a></span> +s'exécutent facilement, sans augmentation ni +ralentissement d'allure, que l'on a un cheval dans +un équilibre de premier genre.</p> + +<p>Comment assez admirer ici toute la beauté de ces +nouveaux principes, qui, joignant à leur simplicité +la puissance de leur action, rendent le cheval souple, +élégant, et assurent sa durée.»</p> + +<p class="right smcap">D'ESTIENNE.</p> + +<p class="left15 font90">Paris, le 20 mars 1864.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_206"> 206</a></span></p> + +<h2 class="p4">PROGRESSION DU DRESSAGE.</h2> + +<p class="center"><i>Travail avec la cravache.</i></p> + +<p class="hanging">A PIED.</p> + +<p>Faire venir le cheval à l'homme.</p> + +<p>Faire reculer le cheval, l'encolure élevée, le +cavalier tenant dans chaque main une rêne du filet, +les bras élevés de toute leur extension. (Voir la +planche n<sup>o</sup> 16.) Le cavalier commencera à combattre +les résistances du poids et de la force, par +les demi-temps d'arrêt successifs et les vibrations +répétées. Cette position élevée de l'encolure, obtenue +par une force de bas en haut, prévient l'acculement +en reportant en arrière le poids dans la +limite du mouvement rétrograde.</p> + +<div class="p2 figcenter"> +<img src="images/235.jpg" width="400" height="539" alt="Planche 16" /> +</div> +<p class="caption">PLANCHE 16</p> + +<p>On ne fera reculer le cheval qu'un pas, en le +conservant aussi droit que possible d'épaules et de +hanches. On comprend que la moindre déviation de +la croupe serait un obstacle à cette juste translation +du poids: aussi doit-on avoir le plus grand soin de +ne recommencer un deuxième pas en arrière +qu'après avoir replacé le cheval parfaitement droit, +<span class="pagenum"><a id="Page_207"> 207</a></span> +afin d'éviter les résistances qui l'empêchent de comprendre +les intentions du cavalier. Ce travail du +reculer fait pas à pas, chaque pas suivi d'un moment +d'arrêt qui permet la cessation de toute contraction +musculaire autre que celle qui sert à la station, +sera alterné avec celui de deux pistes à droite et à +gauche, avec les pirouettes renversées et ordinaires, +en ayant soin de ne demander qu'un pas au cheval +et de l'arrêter dès qu'il a achevé ce pas. L'essentiel, +c'est que les parties qui doivent être <em>momentanément +immobilisées, ne se mobilisent pas</em> (pirouettes), et que +la translation du poids ait lieu selon les lois de +l'équilibre et l'harmonie du mouvement. (Reculer +et travail sur les hanches.)</p> + +<p>On passera ensuite aux flexions, avec le filet d'abord +et la bride ensuite, en insistant sur la flexion +directe et demi-latérale de la mâchoire. Le cavalier +se place, en face du cheval et lui élève la tête avec +les deux rênes du filet séparées et tenues à douze +centimètres des anneaux, pour faire céder (point +essentiel) la mâchoire avant la tête. Cette même +flexion se fera ensuite avec le mors, le cavalier +tenant dans chaque main une branche du mors +pour lever la tête du cheval et obtenir le même +effet.</p> + +<p>Le cheval qui a cédé à l'action plus directe du +filet, pourra, les premières fois, résister à l'action +du mors à cause de l'obstacle apporté par la gourmette; +<span class="pagenum"><a id="Page_208"> 208</a></span> +on reviendra au filet, pour reprendre de +nouveau le mors, et dès que le cheval y répondra +comme au filet, ce sera la preuve évidente qu'il a +bien compris les intentions de son maître.</p> + +<p><i>Remarque.</i> La flexion directe et semi-latérale de +la mâchoire, avec le soutien de l'encolure et l'élévation +de la tête, a détruit les résistances que la +mâchoire pourrait présenter dans n'importe quelle +position. La flexion latérale de l'encolure détruit +les résistances provenant de la contraction des muscles +de l'encolure. Ce travail préparatoire durera +quatre jours, pour rendre le cheval familier à +l'homme, sage au montoir, et lui faire apprécier la +domination de l'homme.</p> + +<p>Les chevaux de troupe peuvent être exercés à ce +travail à pied, pendant huit ou dix jours, au commencement +de chaque leçon. Ce travail rend l'obéissance +du cheval plus facile et établit des rapports d'intimité +entre lui et son cavalier. L'instructeur, enchanté +des progrès de sa monture, devient plus +indulgent et traite son cheval avec plus de douceur.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_209"> 209</a></span></p> + +<p class="p2 center">A CHEVAL.</p> + +<p class="hanging smcap">En place.</p> + +<p>Avec les rênes du filet séparées, élever l'encolure +et ne rendre qu'après cession de la mâchoire. +Éviter l'acculement; s'il y a résistance, agir par +demi-temps d'arrêts successifs et vibrations répétées. +<em>Règles générales.</em> Dès les premières leçons, le cavalier +se servira de ces nouveaux effets de main pour +détruire toutes les résistances du poids ou de la +force, toutes les fois qu'elles se présenteront.</p> + +<p>Répéter les flexions latérales et semi-latérales de +l'encolure, comme à pied. Dès que le cavalier a +obtenu un commencement de soutien de l'encolure +et de mobilité de la mâchoire, il mettra son cheval +au pas et le travaillera à main droite et à main +gauche (s'il est dans un manége) sur les lignes +droites et circulaires, en recherchant la légèreté et en +employant les nouveaux effets de main pour détruire +toute résistance du poids ou de la force: éviter +l'emploi simultané des jambes et de la main.</p> + +<p>Il procédera à cheval comme il a agi à pied, +c'est-à-dire, qu'il marchera un pas ou deux, et qu'il +arrêtera en ne rendant de la main qu'après avoir +obtenu la mobilité de la mâchoire: <em>descente de main, +et repos pour le cheval</em>. Il reprendra les rênes, demandera +<span class="pagenum"><a id="Page_210"> 210</a></span> +de nouveau la légèreté et portera le cheval un +pas ou deux en avant, pour l'arrêter et suivre la +même gradation. Il alternera ce travail au pas, ainsi +gradué, avec le reculer, les pirouettes, le travail sur +les hanches. L'importance de décomposer chaque +mouvement est tellement grande et produit des +résultats tellement extraordinaires, que je ne crains +pas de me répéter, et d'engager tous les cavaliers +intelligents à suivre exactement cette gradation: +1<sup>o</sup> rechercher si le cheval est léger ou présente une +résistance à la main; 2<sup>o</sup> la détruire de suite par les +demi-temps d'arrêt et les vibrations, selon la nature +des résistances, obtenir la mobilité de la mâchoire, +et porter le cheval un pas ou deux en avant, en combattant +de suite toute résistance par les nouveaux +moyens; arrêter le cheval et ne lui rendre de la main +que lorsqu'il est léger, le garder calme, immobile +en place, pendant une demi-minute, et le reporter +de nouveau au pas, après s'être assuré de la mobilité +de la mâchoire.</p> + +<p>De même pour le reculer, les pirouettes renversées +et ordinaires, et le travail de deux pistes, ne +demander qu'un pas, arrêter, redonner la position ou +la légèreté, et laisser le cheval calme en repos quelques +instants, pour continuer en suivant toujours la +même gradation. Ces moments de repos, répétés +avec cette scrupuleuse attention, produisent des résultats +qui surprendront le cavalier. La contraction +<span class="pagenum"><a id="Page_211"> 211</a></span> +musculaire cesse d'être en jeu, le cheval éprouve +du bien-être, réfléchit, et reprend son travail sans +fatigue. De plus, par le calme de ce travail ainsi +gradué, le cavalier grave dans l'intelligence du +cheval l'idée de la supériorité morale de l'homme +et assure ainsi sa domination sur sa monture, tout +en lui rendant l'obéissance plus facile. Pour arrêter +son cheval le cavalier se servira d'abord des effets +d'ensemble (opposition graduée de jambes et de +main); mais bientôt la main suffira pour arrêter +le cheval droit d'épaules et de hanches.</p> + +<p>Puisque l'action combinée des jambes et de la +main <em>immobilise</em> le cheval, on comprend par cela +même que lorsqu'il s'agit de <em>mouvement</em>, on ne doit +pas employer les mêmes moyens.</p> + +<p>Le cavalier mettra ensuite son cheval au trot, et +l'arrêtera après quelques foulées, en suivant la +même gradation qu'au pas; c'est-à-dire qu'il lui +donnera la <em>position</em> ou la légèreté (mobilité de la +mâchoire) avant de partir au trot; pendant ces +quelques foulées, il combattra les moindres résistances +en se servant des nouveaux effets de main, et +en arrêtant son cheval, il lui demandera de nouveau +la mobilité de la mâchoire, en le maintenant +quelques instants calme et immobile. Il continuera +pendant quelques minutes le travail au trot, sur les +lignes droites et circulaires, en suivant la même gradation +qu'au pas, c'est-à-dire, en faisant toujours +<span class="pagenum"><a id="Page_212"> 212</a></span> +succéder le repos au travail, dans une mesure plus ou +moins égale.</p> + +<p>Le cavalier essayera ensuite en place quelques +apparences de mobilité des extrémités, pour préparer +les premiers temps du rassembler, et il terminera +la leçon par quelques départs au galop, sur +les deux pieds, en <em>suivant toujours la même gradation</em> +qu'au pas et au trot.</p> + +<p>Le cavalier aura soin d'employer le maniement +des rênes, tel que je l'ai indiqué au chapitre des +nouveaux effets de main, c'est-à-dire, d'alterner le +jeu des rênes du filet et des rênes de bride, pour +habituer le cheval à conserver <span class="smcap">DE LUI-MÊME</span> son +équilibre et sa bonne position.</p> + +<p>Ici se place une observation très-importante.</p> + +<p>En se servant, au galop, de la rêne <em>directe</em>, rêne +droite, si le cheval galope sur le pied droit, et rêne +gauche, si le cheval galope sur le pied gauche, pour +détruire les résistances, par demi-arrêts ou vibrations, +le cavalier obtient de suite une grande +légèreté, conserve son cheval droit, et rend les +départs et par conséquent les changements de pied +d'une très-grande facilité.</p> + +<p>Tout ce travail doit se faire sans aucune fatigue +pour le cheval, et dès le début les efforts du cavalier +doivent tendre à obtenir l'équilibre parfait ou la +légèreté constante: aussi devra-t-il demander au +cheval la mobilité moelleuse de la mâchoire avant +<span class="pagenum"><a id="Page_213"> 213</a></span> +de le mettre en mouvement: il est sûr alors que la +machine est prête à fonctionner. On comprend les +progrès extrêmement rapides que cette gradation +amènera dans l'éducation du cheval.</p> + +<p>Le professeur initie dès les premiers pas son +élève à toutes les difficultés de la route qu'il doit +parcourir, en lui donnant les moyens de les vaincre, +et en corrigeant immédiatement les moindres fautes +que le cheval peut commettre par ignorance. Aussi, +deux mois de cette éducation raisonnée ne se seront +pas écoulés que le cavalier intelligent jouira d'un +résultat qu'il n'aurait jamais pu obtenir, s'il n'avait +pas donné à son cheval l'équilibre du premier genre +ou cette légèreté parfaite et constante qui permet à +l'animal d'exécuter avec la plus grande facilité tous +les mouvements demandés, sans l'ombre d'une résistance, +parce qu'il apprécie immédiatement les moindres +effets de la main ou des jambes du cavalier. +Le maître commande, et le serviteur obéit.</p> + +<p>Quand un cheval, par l'application de tous les +principes enseignés dans cette dernière édition, a +été amené à l'équilibre du premier genre, toutes les +résistances ayant disparu, les moyens doux doivent +seuls être employés. La main agira par une force +lente, délicate et finement graduée.</p> + +<p>J'ai dit ce que je crois être la vérité équestre. Je +pense être utile aux cavaliers intelligents et sérieux, +en leur recommandant de suivre la progression que +<span class="pagenum"><a id="Page_214"> 214</a></span> +je viens d'indiquer. Je me permets de leur donner +un conseil d'ami, et j'ose dire, d'un vieil ami, en +leur disant: rejetez mes principes, s'ils ne vous conviennent +pas; mais si vous y reconnaissez la vérité +en équitation, acceptez-les en entier, ne les mutilez +pas, et rappelez-vous que l'auteur qui a étudié +pendant quarante ans, connaît assez l'œuvre de +toute sa vie pour apprécier l'importance de toutes +ses parties.</p> + +<hr class="c5" /> + +<p>L'armée, comme je l'ai dit souvent, a toujours eu +et aura toujours mes sympathies. Le rêve de toute +ma vie a été de rendre ses cavaliers d'abord, ses +écuyers ensuite, les meilleurs de l'Europe. Je ne +crois pas que Dieu me permette d'en voir la réalisation; +mais j'ai confiance. Je sais que la vérité +fait son chemin lentement et qu'elle finit toujours +par percer.</p> + +<p>Pourquoi ne le dirais-je pas? C'est la consolation +de mes vieux jours de voir bien des hauts personnages, +des généraux éclairés rendre justice à mes +principes. Chaque fois que le nom d'une célébrité +équestre de l'armée arrive à mes oreilles, je consulte +mes souvenirs, et c'est bien souvent, j'allais dire +presque toujours, celui d'un de mes élèves ou du +moins d'un partisan de ma méthode. Ce sont eux +<span class="pagenum"><a id="Page_215"> 215</a></span> +que je vois diriger l'enseignement de l'équitation +dans les écoles du Gouvernement. Au moment où +j'écris, j'apprends avec plaisir que le commandement +du manége de Saumur vient d'être donné à +M. le chef d'escadrons L'hotte<a name="FNanchor_13" id="FNanchor_13" href="#Footnote_13" class="fnanchor">[13]</a>, qui m'a fait, +pendant douze ans, l'honneur de me demander +mes conseils et dont la réputation comme écuyer ne +peut craindre, avec raison, le rapprochement d'aucune +autre.</p> + +<p><a id="Page_216"></a></p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_217"> 217</a></span></p> + +<h2 class="p4">CONCLUSION</h2> + +<p class="p2">Le goût de l'équitation se perd, tout le monde le +reconnaît, et chacun donne son opinion. Les uns +attribuent la décadence de l'art à l'engouement de +la jeunesse pour les courses; ils voient dans le +turf une succursale de la Bourse, et regrettent +que le Gouvernement favorise cet entraînement, au +lieu de laisser à l'industrie privée le soin de payer +ses passe-temps. Ils disent que les parieurs sur les +chevaux de courses n'ont pas le droit de réclamer +des primes gouvernementales, plus que les parieurs +sur le trois-six, le colza ou la betterave. Les autres +pensent que l'enseignement routinier des manéges +a fait son temps, et qu'à notre époque de vapeur, +d'électricité, où tout se perfectionne, l'équitation +doit suivre aussi la loi du progrès. Je partage cette +manière de voir, et j'apporte comme témoignage les +travaux de toute ma vie.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_218"> 218</a></span> +Qu'il me soit permis de rappeler les innovations +que j'ai introduites dans la science et l'art de +l'équitation:</p> + +<p>Les exercices de kinésie pour donner en quelques +semaines une tenue ferme, gracieuse, solide, à +quiconque n'aurait jamais enfourché un cheval.</p> + +<p>Les moyens d'assouplir la mâchoire, l'encolure, +les reins, la croupe de tous les chevaux;</p> + +<p>De les rendre tous légers à la main, aux trois +allures.</p> + +<p>De leur donner à tous un pas régulier;</p> + +<p>Un trot uni, étendu ou cadencé;</p> + +<p>Un reculer aussi facile que la marche en avant;</p> + +<p>Un galop facile.</p> + +<p>Changement de pied du tact au tact, aux deux +temps, à chaque temps.</p> + +<p>Le rassembler dans tous ses degrés.</p> + +<p>Les trois genres de piaffer.</p> + +<p>Le temps d'arrêt au galop, par l'éperon.</p> + +<p>Faire venir le cheval à l'homme et le rendre sage +au montoir.</p> + +<p>La translation du poids par les forces instinctives.</p> + +<p>1<sup>o</sup> Distinction entre les forces instinctives du +cheval et les forces communiquées;</p> + +<p>2<sup>o</sup> Explication de l'influence d'une mauvaise +construction sur les résistances des chevaux;</p> + +<p>3<sup>o</sup> Effet des mauvaises constructions sur la +<span class="pagenum"><a id="Page_219"> 219</a></span> +mâchoire, l'encolure et la croupe, principaux foyers +de résistance;</p> + +<p>4<sup>o</sup> Moyens de remédier à ces inconvénients, par +les assouplissements des deux extrémités et de tout +le corps du cheval;</p> + +<p>5<sup>o</sup> Annulation des forces instinctives du cheval +pour leur substituer les forces transmises par le +cavalier, et donner de l'aisance et du brillant à +l'animal le plus disgracieux;</p> + +<p>6<sup>o</sup> Égalité de sensibilité de bouche chez tous les +chevaux; adoption d'un genre de mors uniforme;</p> + +<p>7<sup>o</sup> Moyens d'habituer tous les chevaux à supporter +également l'éperon;</p> + +<p>8<sup>o</sup> Tous les chevaux peuvent se ramener et acquérir +la même légèreté;</p> + +<p>9<sup>o</sup> Moyen d'établir chez un cheval mal constitué +un équilibre aussi facile que celui des plus belles +organisations;</p> + +<p>10<sup>o</sup> Le cavalier donne la position, et le cheval +exécute le mouvement;</p> + +<p>11<sup>o</sup> Des causes qui font que des chevaux non +tarés ont souvent des allures défectueuses: moyens +d'y remédier en quelques leçons;</p> + +<p>12<sup>o</sup> Changement de direction par de nouveaux +effets de main et de jambes;</p> + +<p>13<sup>o</sup> Distinction entre le reculer et l'acculement; +de l'effet utile du premier dans l'éducation du +cheval; des inconvénients du second.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_220"> 220</a></span> +14<sup>o</sup> Des attaques employées comme moyen d'éducation;</p> + +<p>15<sup>o</sup> Tous les chevaux peuvent piaffer; moyens +de rendre ce mouvement lent ou précipité;</p> + +<p>16<sup>o</sup> Définition du vrai rassembler; moyens de +l'obtenir; de son utilité pour la grâce et la régularité +des mouvements compliqués;</p> + +<p>17<sup>o</sup> Moyen d'amener tous les chevaux à projeter +franchement au trot leurs jambes en avant;</p> + +<p>18<sup>o</sup> Moyens raisonnés pour mettre le cheval au +galop;</p> + +<p>19<sup>o</sup> Temps d'arrêt au galop, les jambes ou l'éperon +précédant la main;</p> + +<p>20<sup>o</sup> Force graduée, basée sur les résistances du +cheval, le cavalier ne devant céder qu'après les avoir +<em>annulées</em>;</p> + +<p>21<sup>o</sup> Éducation partielle du cheval, ou moyen +d'exercer ses forces séparément;</p> + +<p>22<sup>o</sup> Éducation complète des chevaux d'une conformation +très-ordinaire en moins de trois mois;</p> + +<p>23<sup>o</sup> Seize nouvelles figures de manége propres à +donner le fini à l'éducation du cheval et à perfectionner +le sentiment du cavalier<a name="FNanchor_14" id="FNanchor_14" href="#Footnote_14" class="fnanchor">[14]</a>;</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_221"> 221</a></span> +24<sup>o</sup> Nouvel effet de chambrière;</p> + +<p>25<sup>o</sup> Nouvel effet de main;</p> + +<p>26<sup>o</sup> Nouvel effet de jambes;</p> + +<p>27<sup>o</sup> Nouveaux effets de main et de jambes combinés;</p> + +<p>28<sup>o</sup> Descentes de main;</p> + +<p>29<sup>o</sup> Descentes de jambes;</p> + +<p>30<sup>o</sup> Descentes de main et de jambes simultanées.</p> + +<p class="p2">Il est bien entendu que tous les détails d'application +qui se rattachent à ces innovations sont +nouveaux comme elles et m'appartiennent également.</p> + +<p>Mais on se tromperait grossièrement si l'on +voulait chercher le but de ma méthode dans ces fioritures +équestres, destinées principalement à récréer +le public.</p> + +<p>Ces fioritures servaient à reposer le cheval, en +faisant succéder à des exercices de haute école, des +mouvements légers, gracieux, très-faciles pour le +cheval équilibré.</p> + +<p>Ma méthode s'adresse aux vrais amateurs, aux +officiers de cavalerie, aux écuyers, à tous ceux qui +veulent tirer le meilleur parti des chevaux, quelle +que soit leur conformation.</p> + +<p>L'équilibre, c'est le but que l'on doit se proposer, +et la légèreté est la récompense du travail.</p> + +<hr class="c5" /> + +<p><a id="Page_222"></a></p> +<p><span class="pagenum"><a id="Page_223"> 223</a></span></p> + +<h2 class="p4"><span class="medium">NOUVEAU</span><br /> +TRAVAIL RAISONNÉ<br /> +<span class="medium">AVEC LE CAVEÇON.</span></h2> + +<p class="p2">Encore un progrès nouveau que je dois à la pratique +et que je me hâte de porter à la connaissance +du public. D'un instrument employé jusqu'ici +comme moyen de coercition, comme une espèce de +collier de force, je suis parvenu à faire un instrument +puissant d'éducation. Je veux parler du caveçon. +Je m'en sers pour développer le sentiment +équestre de l'élève.</p> + +<p>A cet effet, je fais mettre le caveçon au cheval +monté, et je fais suivre à l'élève toute la progression, +en commençant par le travail en place, au pas, +au trot, au galop et de deux pistes. Mon but est +de faire <span class="smcap">SENTIR</span> à l'élève les fautes qu'il a commises +ou qu'il commet. Je m'explique. Je tiens la +longe horizontalement, à 1 mètre de distance, et je +<span class="pagenum"><a id="Page_224"> 224</a></span> +dis à l'élève d'élever les poignets pour décontracter +les muscles de l'encolure; je fais, en même temps, +une opposition attractive. Deux causes peuvent faire +revenir le cheval sur lui: les mauvaises contractions +de l'encolure, ou un faux effet de main du cavalier. +J'ai soin, par une traction horizontale, d'empêcher +l'acculement du cheval, et je fais observer à l'élève +qu'il aurait dû, dans le premier cas, agir par pression +des jambes sans main; dans le deuxième, qu'il +a eu trop de main.—J'ai prévenu l'effet de l'acculement, +par la traction horizontale de la longe, j'ai +donc empêché le cheval de percevoir la faute commise +par le cavalier, auquel, cependant, j'ai pu la +faire remarquer, sans inconvénient pour l'éducation +du cheval.—De temps en temps, je laisse la faute +produire ses conséquences inévitables, la perte de +la légèreté, la modification de l'équilibre, en un +mot, l'acculement. Je dis à l'élève de n'agir ni par +les jambes ni par la main, et de se contenter de +sentir ce qui va se passer <em>sous lui</em>. Je rétablis l'équilibre +par une traction horizontale du caveçon, et +je répare la faute commise par l'élève.</p> + +<p>Les professeurs, les officiers de cavalerie, comprendront +par ce qui précède de quelle importance +peut être ce nouveau travail avec le caveçon, pour +aider au progrès du cavalier et accélérer l'éducation +du cheval.—Je dis ce qu'il faut faire, mais ce +n'est que sous la direction d'un habile professeur +<span class="pagenum"><a id="Page_225"> 225</a></span> +élevé à mon école que l'élève pourra apprendre à se +servir avec justesse du caveçon, comme je le comprends.—Je +fais répéter le même travail en cercle +(le professeur tiendra la longe à 2 ou 3 mètres de +distance), au pas, au trot, au galop, en recommandant +à l'élève de ne chercher qu'une seule chose, la +légèreté.—Or, nos lecteurs doivent savoir aujourd'hui +que la légèreté suppose l'équilibre du poids +préparé par l'harmonie des forces.—Et pour tout +résumer en quelques mots, disons: «<span class="smcap">HARMONIE +DES FORCES</span> produite, à l'aide du caveçon, par la +détente des muscles de l'encolure, <span class="smcap">ÉQUILIBRE DU +POIDS, CONCENTRATION DE LA FORCE HARMONISÉE</span>.» Là +est toute l'équitation, et tout ce que l'on pourrait +dire en plus ressemblerait à ces bois flottants dont +parlait le fabuliste.</p> + +<p><a id="Page_226"></a></p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_227"> 227</a></span></p> +<h2 class="p4">EXAMEN RÉTROSPECTIF</h2> + +<p class="p2">La vérité n'est pas sortie tout armée de mon cerveau, +et il m'a fallu quarante ans de travail, de +recherches et de méditations pour perfectionner la +méthode telle qu'elle est aujourd'hui. J'avais, je l'ai +déjà dit, étudié tous les auteurs qui ont écrit sur +l'équitation, et j'avais retiré de mes lectures la conviction +que la science équestre n'existait pas, qu'elle +était à créer. Comme tout le monde, j'étais imbu +des préjugés que l'ignorance traditionnelle avait +fait accepter comme des vérités. Je croyais aux +barres dures, à l'influence de leur épaisseur sur la +sensibilité de la bouche du cheval, et je me livrai à +une foule d'expériences pour découvrir un mors +assez puissant pour combattre cette prétendue insensibilité +des barres.</p> + +<p>J'étais au Havre, et je revenais, un jour de la foire +aux chevaux, avec un cheval que j'avais payé +300 francs. Mon examen rapide avait embrassé +l'ensemble de l'animal; de retour au manége, +j'examinai attentivement la bouche de mon cheval, +<span class="pagenum"><a id="Page_228"> 228</a></span> +et je reconnus avec tristesse que l'épaisseur des +barres expliquait l'énorme résistance qu'il opposait +à l'action du mors. Je lui appliquai tour à tour les +freins les plus puissants, et la bouche demeurait +insensible. Pouvait-il en être autrement eu égard à +sa conformation?</p> + +<p>Un jour, je me le rappelle, je montais Bienfaisant, +que la douceur de son caractère m'avait fait nommer +ainsi, et je venais de m'arrêter dans le manége. Je +réfléchissais, et pendant que mon esprit travaillait, +ma main était demeurée fixe. Tout à coup je sens +Bienfaisant léger; Bienfaisant a rendu, Bienfaisant +ne résiste plus! Que s'est-il donc passé? Comme il +n'y a pas d'effet sans cause, je reconnus que la +fixité de ma main avait déterminé la cession du +cheval, et j'acquis ainsi la preuve que la bouche +n'était pour rien dans les résistances, et qu'elles +provenaient des contractions de l'encolure, car je +n'avais pas modifié les conditions anatomiques des +barres, je n'avais pas diminué leur épaisseur. Tel +fut le début de la méthode. Bienfaisant m'avait +appris qu'il n'y a pas de bouches dures, de barres +insensibles.</p> + +<p>J'expérimentai sur cent chevaux, et la pratique +vint confirmer chaque fois la vérité de cette découverte. +«Il n'y a pas de bouches dures, il y a des +chevaux lourds à la main dans le principe, que +l'on rend facilement légers.»</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_229"> 229</a></span> +Qu'il me soit permis de relater une anecdote qui +trouve ici sa place.</p> + +<p>Vingt ans plus tard, après que la méthode eut été +adoptée par S. A. R. le duc d'Orléans en présence +de son frère le duc de Nemours, des membres du +Comité de cavalerie, et d'un grand nombre de généraux, +un de ces derniers, le général X..., me +demanda d'examiner la bouche de son cheval, se +plaignant de l'insensibilité des barres. Je regardai +de suite les reins, la croupe, les jarrets de l'animal. +«Pardon, me dit le général, c'est de la bouche du +cheval que je parle.—Je comprends parfaitement, +général.—Mais je ne vous comprends +pas,» me répliqua-t-il. J'expliquai alors au général +que la bouche était à tort accusée d'un défaut +qui venait de la mauvaise conformation du cheval. +C'était un homme intelligent, et il comprit.</p> + +<p>Bienfaisant m'avait appris que la mauvaise position +de la tête et de l'encolure était la cause des +résistances de la mâchoire. Mais comment obtenir +cette bonne position? Parmi tous ces mors quel +était le meilleur? Dirai-je toutes les tentatives que +je fis avec ces instruments de torture? Enfin, après +nombre d'essais, après mille combinaisons, je me +convainquis de cette nouvelle vérité que l'on pouvait, +avec un mors doux, amener tous les chevaux +à prendre une bonne position de tête, et j'adoptai +le mors qui porte mon nom. Ce fut avec ce mors +<span class="pagenum"><a id="Page_230"> 230</a></span> +que je cherchai à donner à mes chevaux cette +légèreté que je pressentais, et que le temps seul +devait me permettre de rendre parfaite et constante.</p> + +<p>Ces deux premières découvertes me mirent sur la +trace d'une troisième non moins importante. Je me +demandai s'il n'en était pas de la sensibilité des +flancs du cheval comme de ses barres, et j'arrivai à +la même conclusion. Je me servais alors d'éperons +pointus à cinq pointes, et je calmais les chevaux les +plus irritables, au moyen des attaques appliquées +à propos. Je pus alors formuler cette troisième +vérité: «La sensibilité des flancs du cheval n'est +pas inhérente à cette partie, elle dépend de l'irritabilité +générale, du système nerveux, de la +mauvaise conformation du cheval.» J'ai dit que +les mauvaises contractions des muscles de l'encolure +faisaient sentir leur effet sur la bouche, mais +il fallait arriver à les détruire, afin de discipliner, +en les harmonisant, ces cordes si impressionnables. +C'est ce qui me donna l'idée des flexions de l'encolure, +que je fis à pied, à cheval, au pas et au +trot. J'obtins des effets de légèreté, des mouvements +plus faciles; mais que j'étais loin de cet équilibre, +de cette légèreté que j'obtiens aujourd'hui, en +quelques heures, sur n'importe quel cheval! Si j'obtenais +avec l'éperon pointu, le ramener, le rassembler, +le piaffer et tous ces airs nouveaux que je fis +produire à tous mes chevaux, dont je montai une +<span class="pagenum"><a id="Page_231"> 231</a></span> +vingtaine, en public, je ne pouvais me dissimuler +que le résultat n'était pas le même chez tous mes +élèves dont beaucoup faisaient défendre leurs chevaux. +Il fallait éviter cet inconvénient, et je recherchai +si en traitant les flancs avec la même douceur que +j'apportais dans mes rapports avec la bouche, je +n'arriverais pas au même résultat. J'essayai les éperons +à molettes rondes, que j'adoptai définitivement +après en avoir constaté les excellents résultats. C'était +un progrès nouveau. Je le complétai en introduisant +le travail à pied. En apprenant au cheval à +venir à l'homme au contact de la cravache, je donnais +au cavalier le premier sentiment de sa domination, +et j'établissais des rapports plus directs entre +le maître et le serviteur. Plus tard, je complétai le +travail à pied par les flexions de croupes, d'épaules, +par le reculer.</p> + +<p>Le progrès appelle le progrès. J'arrivai à substituer +à mon mors un mors plus doux encore, à +branches plus courtes, et dépourvu de gourmette, +et comme ce nouveau mors permettait de nouveaux +effets de main, je prescrivis l'action isolée des +jambes et de la main. J'ai dit les raisons qui +m'avaient fait introduire cette nouvelle formule. +J'avais été témoin de tant de mécomptes essuyés +par les cavaliers chez qui le mécanisme laissait à +désirer, que je crus leur rendre un grand service +en leur recommandant ma nouvelle formule: «Main +<span class="pagenum"><a id="Page_232"> 232</a></span> +sans jambes, jambes sans main.» En effet, à l'exception +de mes élèves d'élite, presque tous se servaient +de leurs jambes pour réparer les fautes de la main, +et <em>vice versâ</em>. On comprend que l'action isolée de la +main et des jambes devait prévenir cette contradiction +dans les aides et accélérer l'éducation du +cheval. Mais je voulais obtenir plus encore, et donner +à la masse des cavaliers les moyens certains +d'équilibrer facilement leurs chevaux. C'est à quoi +je suis heureusement arrivé par l'emploi du bridon +pour mors unique. Avec ce simple bridon j'obtiens, +en quelques heures, des résultats plus satisfaisants, +plus complets que je n'en ai jamais obtenu avec le +mors de bride. Deux effets de main suffisent à +détruire toutes les résistances de l'encolure, et à +donner au cheval la belle position de la tête, qui +rendra plus faciles les translations de poids utiles à +tous les mouvements que le cavalier peut lui demander. +Le premier effet a lieu par l'élévation des +poignets, agissant par une force de bas en haut sur +la commissure des lèvres, en donnant à l'encolure +toute l'extension possible. Dès que le cheval cédera +à l'action des rênes du bridon, dans cette position +élevée, le cavalier abaissera les poignets, serrera +énergiquement les doigts et attendra que la tête du +cheval soit revenue dans la position verticale, en +même temps que la mâchoire cédera moelleusement. +Avec ces deux effets de main, employés seuls, ou +<span class="pagenum"><a id="Page_233"> 233</a></span> +simultanément avec le concours des jambes ou l'appui +de l'éperon, le cavalier obtiendra de son cheval +tout ce qu'un cavalier intelligent est en droit de +lui demander, puisqu'il peut agir en haut, en bas, +ou de côté, selon la force à combattre ou la position +à donner à la tête du cheval.</p> + +<p>La cavalerie reconnaîtra les nombreux avantages +que le bridon lui offre pour le dressage de ses chevaux, +et peut-être arrivera-t-elle plus tard à +employer, comme je le fais aujourd'hui, le bridon +pour l'unique frein, pour le plus convenable à tous +les besoins du service. Après avoir recommandé +tour à tour l'emploi de la jambe opposée ou de la +jambe directe, je suis arrivé à reconnaître que dès +que le <span class="smcap">LE CHEVAL EST DROIT</span>, la jambe directe doit +être toujours employée pour <span class="smcap">DISPOSER</span> la croupe. De +cette manière j'évite l'espèce d'arc-boutant que les +hanches opposaient aux épaules, dans les changements +de direction, pirouettes, travail de deux +pistes, et par la disposition de la croupe, je détermine +nécessairement la direction des épaules. Avec +le cheval droit et la disposition de la croupe, j'enlève +au cheval le moindre prétexte à la résistance, je +rends tous les mouvements faciles, gracieux, avec +la mobilité moelleuse de la mâchoire!</p> + +<p>Je ne puis terminer cette revue rétrospective des +progrès qu'a faits la méthode, sans me rappeler, +avec un juste sentiment de satisfaction, que les +<span class="pagenum"><a id="Page_234"> 234</a></span> +meilleurs cavaliers de l'armée, que tous les officiers +de cavalerie qui ont écrit sur l'équitation, tels que: +le capitaine Raabe, le colonel Guérin, le capitaine +Gerhardt, le lieutenant Wachter, sont mes élèves, +et qu'en toutes circonstances ils ont eu le courage +de leur opinion.</p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_235"> 235</a></span></p> + +<h2 class="p4">CAVALERIE</h2> + +<p class="p2">La méthode appartient surtout maintenant à la +cavalerie; c'est à elle à la conserver, à la développer +en l'appropriant à tous ses besoins. Dans le civil, +à l'exception de quelques brillantes individualités, +de quel résultat peut être la science équestre? Dans +la cavalerie, au contraire, le cheval est votre outil, +votre compagnon de gloire. Recherchez donc les +moyens d'accroître votre domination sur le cheval, +afin de parler plus facilement à son intelligence. +N'oubliez pas que les cavaleries étrangères ont +déjà profité de la méthode, et n'attendez pas que +ces idées nouvelles vous arrivent plus tard du +dehors, car votre patriotisme souffrirait de recevoir +de l'étranger ce qu'un de vos compatriotes confie +avec tant de bonheur à la cavalerie française!</p> + +<p>Puissent mes dernières innovations rendre la +tâche plus facile et contribuer aux progrès de notre +belle cavalerie! C'est le vœu d'un citoyen, ami de +son pays, dont toutes les études n'ont eu qu'un but, +le progrès de l'équitation.</p> + +<p><a id="Page_236"></a></p> + +<p><span class="pagenum"><a id="Page_237"> 237</a></span></p> + +<h2 class="p4">TABLE DES MATIÈRES</h2> + +<table border="0" cellpadding="5" cellspacing="5" summary="toc"> +<tr> +<td> </td> + <td>Pages.</td> +</tr> +<tr> + <td>Préface</td> + <td class="tdr"><a href="#Page_1">1</a></td> +</tr> +<tr> + <td>Dernières innovations</td> + <td class="tdr"><a href="#Page_5">5</a></td> +</tr> +<tr> + <td>Du cheval en liberté</td> + <td class="tdr"><a href="#Page_6">6</a></td> +</tr> +<tr> + <td>Du sentiment</td> + <td class="tdr"><a href="#Page_8">8</a></td> +</tr> +<tr> + <td>De la bouche du cheval</td> + <td class="tdr"><a href="#Page_9">9</a></td> +</tr> +<tr> + <td>Le professeur</td> + <td class="tdr"><a href="#Page_10">10</a></td> +</tr> +<tr> + <td>Résumé succinct des rapports officiels sur l'application de<br /> + ma Méthode dans l'armée</td> + <td class="tdr"><a href="#Page_12">12</a></td> +</tr> +<tr> + <td>Nouveaux moyens de donner une bonne position au cavalier</td> + <td class="tdr"><a href="#Page_18">18</a></td> +</tr> +<tr> + <td>De l'équilibre du cheval</td> + <td class="tdr"><a href="#Page_30">30</a></td> +</tr> +<tr> + <td>De l'emploi raisonné des forces du cheval</td> + <td class="tdr"><a href="#Page_34">34</a></td> +</tr> +<tr> + <td>Mobilisation du cheval par les forces instinctives</td> + <td class="tdr"><a href="#Page_45">45</a></td> +</tr> +<tr> + <td>De l'assouplissement</td> + <td class="tdr"><a href="#Page_50">50</a></td> +</tr> +<tr> + <td>De la bouche, du mors</td> + <td class="tdr"><a href="#Page_54">54</a></td> +</tr> +<tr> + <td>Flexions de la mâchoire et de l'encolure</td> + <td class="tdr"><a href="#Page_57">57</a></td> +</tr> +<tr> + <td>Effets de mains</td> + <td class="tdr"><a href="#Page_67">67</a></td> +</tr> +<tr> + <td>Effets de jambes</td> + <td class="tdr"><a href="#Page_74">74</a></td> +</tr> +<tr> + <td>Effets de main et de jambes</td> + <td class="tdr"><a href="#Page_78">78</a></td> +</tr> +<tr> + <td>Assouplissement à cheval</td> + <td class="tdr"><a href="#Page_83">83</a></td> +</tr> +<tr> + <td>Mobilisation de la croupe</td> + <td class="tdr"><a href="#Page_87">87</a></td> +</tr> +<tr> + <td>Pirouettes</td> + <td class="tdr"><a href="#Page_89">89</a></td> +</tr> +<tr> + <td>Effets d'ensemble</td> + <td class="tdr"><a href="#Page_94">94</a></td> +</tr> +<tr> + <td>Eperon</td> + <td class="tdr"><a href="#Page_97">97</a></td> +</tr> +<tr> + <td>Emploi par le cavalier des forces du cheval aux différentes<br /> + allures</td> + <td class="tdr"><a href="#Page_100">100</a> + <span class="pagenum"><a id="Page_238"> 238</a></span></td> +</tr> +<tr> + <td>Pas</td> + <td class="tdr"><a href="#Page_102">102</a></td> +</tr> +<tr> + <td>Reculer</td> + <td class="tdr"><a href="#Page_106">106</a></td> +</tr> +<tr> + <td>Travail sur les hanches</td> + <td class="tdr"><a href="#Page_109">109</a></td> +</tr> +<tr> + <td>Trot</td> + <td class="tdr"><a href="#Page_114">114</a></td> +</tr> +<tr> + <td>Descente de main, de jambes, de main et de jambes</td> + <td class="tdr"><a href="#Page_117">117</a></td> +</tr> +<tr> + <td>Travail à la chambrière</td> + <td class="tdr"><a href="#Page_120">120</a></td> +</tr> +<tr> + <td>Rassembler</td> + <td class="tdr"><a href="#Page_123">123</a></td> +</tr> +<tr> + <td>Galop</td> + <td class="tdr"><a href="#Page_129">129</a></td> +</tr> +<tr> + <td>Saut de fossé et de barrière</td> + <td class="tdr"><a href="#Page_132">132</a></td> +</tr> +<tr> + <td>Piaffer</td> + <td class="tdr"><a href="#Page_136">136</a></td> +</tr> +<tr> + <td>Éducation du cheval; gradation du travail</td> + <td class="tdr"><a href="#Page_141">141</a></td> +</tr> +<tr> + <td>Ma Méthode hors du manége</td> + <td class="tdr"><a href="#Page_146">146</a></td> +</tr> +<tr> + <td>Application de la Méthode au travail des chevaux Partisan,<br /> + Capitaine, Neptune, Buridan</td> + <td class="tdr"><a href="#Page_150">150</a></td> +</tr> +<tr> + <td>Exposition succincte de la Méthode par demandes et par +réponses</td> + <td class="tdr"><a href="#Page_160">160</a></td> +</tr> +<tr> + <td>Nouveaux moyens équestres</td> + <td class="tdr"><a href="#Page_173">173</a></td> +</tr> +<tr> + <td>Équilibre du premier genre</td> + <td class="tdr"><a href="#Page_175">175</a></td> +</tr> +<tr> + <td>Main sans jambes</td> + <td class="tdr"><a href="#Page_178">178</a></td> +</tr> +<tr> + <td>Jambes sans main</td> + <td class="tdr"><a href="#Page_178">178</a></td> +</tr> +<tr> + <td>Trois nouveaux effets de main</td> + <td class="tdr"><a href="#Page_181">181</a></td> +</tr> +<tr> + <td>1<sup>o</sup> Pour rétablir l'équilibre</td> + <td class="tdr"><a href="#Page_181">181</a></td> +</tr> +<tr> + <td>2<sup>o</sup> Pour rétablir l'harmonie des forces</td> + <td class="tdr"><a href="#Page_181">181</a></td> +</tr> +<tr> + <td>3<sup>o</sup> Pour donner les positions utiles aux changements de<br /> + direction par la rêne opposée</td> + <td class="tdr"><a href="#Page_181">181</a></td> +</tr> +<tr> + <td>De la force et du mouvement décomposés</td> + <td class="tdr"><a href="#Page_188">188</a></td> +</tr> +<tr> + <td>Travail au galop sur la ligne droite d'après les nouveaux +moyens</td> + <td class="tdr"><a href="#Page_191">191</a></td> +</tr> +<tr> + <td>Progression du dressage</td> + <td class="tdr"><a href="#Page_206">206</a></td> +</tr> +<tr> + <td>Conclusion</td> + <td class="tdr"><a href="#Page_217">217</a></td> +</tr> +<tr> + <td>Nouveau travail raisonné avec le caveçon</td> + <td class="tdr"><a href="#Page_223">223</a></td> +</tr> +<tr> + <td>Examen rétrospectif</td> + <td class="tdr"><a href="#Page_227">227</a></td> +</tr> +<tr> + <td>Cavalerie</td> + <td class="tdr"><a href="#Page_235">235</a></td> +</tr> +</table> + +<hr class="c15 p4" /> +<div class="footnotes"><h2>NOTES:</h2> +<div class="footnote"> + +<p><a name="Footnote_1" id="Footnote_1" href="#FNanchor_1"><span class="label">[1]</span></a> On entend par <em>position</em> la disposition du poids et de la +force du cheval par rapport à chaque mouvement qu'il doit +exécuter.</p> + +<p><a name="Footnote_2" id="Footnote_2" href="#FNanchor_2"><span class="label">[2]</span></a> Ces préceptes s'adressent plus spécialement aux cavaliers +militaires; mais, avec quelques légères modifications, faciles à +saisir, ils peuvent également s'appliquer à l'équitation civile.</p> + +<p><a name="Footnote_3" id="Footnote_3" href="#FNanchor_3"><span class="label">[3]</span></a> Voir les principes pour l'éducation du cheval.</p> + +<p><a name="Footnote_4" id="Footnote_4" href="#FNanchor_4"><span class="label">[4]</span></a> Plusieurs pamphlétaires très-<em>érudits</em> et <em>profonds anatomistes</em> +ont beaucoup discuté sur cette expression: <em>forces transmises</em>, +n'ayant, disaient-ils agréablement, rien trouvé de semblable dans +les chevaux qu'ils avaient écorchés à l'école d'Alfort. On reconnaîtra +sans doute avec moi que cette bouffonnerie est fort concluante.</p> + +<p>Pour parler sérieusement, je déclare qu'en employant l'expression +<em>transmises</em>, je ne prétends pas créer des forces en principe, +mais seulement en fait. Je parviens à diriger et à utiliser des +forces qui, par suite de contractions et de résistances, demeuraient +complétement inertes, et qui seraient conséquemment comme si +elles n'étaient pas. N'est-ce point là une espèce de transmission?</p> + +<p><a name="Footnote_5" id="Footnote_5" href="#FNanchor_5"><span class="label">[5]</span></a> J'engage beaucoup les amateurs désireux de suivre mes +préceptes dans tout ce qu'ils ont de naturel et de méthodique, +à bien prendre garde d'y mêler des moyens pratiques qui y sont +étrangers et contraires. Dans le nombre de ces grotesques inventions +se trouve placé le jockey anglais ou l'homme de bois, auquel +de graves auteurs ont attribué des propriétés que la saine équitation +réprouve; en effet, la force permanente du bridon dans la +bouche du cheval est une gêne et non pas un avis; elle lui +apprend à revenir sur lui-même en s'acculant, pour en éviter la +sujétion. A l'aide de cette force brutale, il connaîtra de bonne +heure comment il peut se soustraire aux effets de main du cavalier.</p> + +<p>C'est à cheval, et par de justes et progressives oppositions de +main et de jambes, que l'on obtiendra des résultats prompts et +infaillibles, résultats qui seront tous en faveur du mécanisme et de +l'intelligence du cavalier. Si le cheval présentait quelques difficultés +dangereuses, un second cavalier, à l'aide du caveçon, produirait +une action suffisante sur le moral du cheval, pour donner +le temps à celui qui le monte d'agir physiquement, afin de disposer +la masse dans le sens du mouvement qu'on veut exiger. Mais, +on le voit, il faut une intelligence pour parler intelligiblement au +cheval, et non pas une machine fonctionnant brutalement.</p> + +<p><a name="Footnote_6" id="Footnote_6" href="#FNanchor_6"><span class="label">[6]</span></a> Voir, dans le <em>Dictionnaire raisonné d'Équitation</em>, les mots +<em>Mors</em>, <em>Barres</em> et <em>Martingales</em>.</p> + +<p><a name="Footnote_7" id="Footnote_7" href="#FNanchor_7"><span class="label">[7]</span></a> Les vibrations de mains peuvent être employées dans toutes +les flexions.</p> + +<p><a name="Footnote_8" id="Footnote_8" href="#FNanchor_8"><span class="label">[8]</span></a> Ce mot, qui, sous le point de vue technique, ne manque +pas de cachet, appartient à un écuyer qui a parfaitement profité +de quelques leçons que je lui ai données. M. Cinizelli, après avoir +reçu les félicitations du roi de Sardaigne, fut, un jour, invité à +visiter le manége royal. Il formula ainsi son opinion sur les travaux +exécutés devant lui: «C'est très-bien, mais vos chevaux +sont <em>muets</em>.» Ce mot, dans la bouche de l'écuyer, faisait tout +simplement allusion à l'immobilité de la mâchoire des chevaux.</p> + +<p><a name="Footnote_9" id="Footnote_9" href="#FNanchor_9"><span class="label">[9]</span></a> J'ai habité Berlin pendant quelques mois; j'ai vu mettre en +pratique l'équitation allemande dans toute son étendue. Je n'ai +pas la prétention de m'ériger en critique; je dirai seulement que +les principes professés en Prusse sont diamétralement opposés +aux miens: ainsi, plusieurs officiers, qui jouissent dans leur pays +d'une certaine réputation de cavaliers, me disaient: Nous voulons +que nos chevaux soient en avant de la main; et moi, leur +répondais-je, je veux qu'ils soient derrière la main et en avant +des jambes; c'est à cette condition seulement que l'animal sera +sous l'entière domination du cavalier; ses mouvements deviendront +gracieux et réguliers; il passera facilement d'une allure +accélérée à une allure lente, tout en conservant son équilibre; +car, leur disais-je, tout cheval qui est en avant de la main est +derrière les jambes, alors il vous échappe par tous les bouts, ce +qui entraîne l'absence complète de grâce et de régularité dans les +mouvements; de plus, si sa conformation est vicieuse, comment +y remédierez-vous? En procédant à votre manière vous n'obtiendrez +jamais l'équilibre ou la légèreté. Toutes les théories mises +en pratique jusqu'à moi consistent à donner, avec plus ou moins +de peines, une direction aux forces instinctives du cheval, mais +non à les harmoniser avec le poids. Ces résultats ne peuvent être +obtenus sans l'application de mes principes; c'est fâcheux pour +les opposants, mais toute l'équitation est là.</p> + +<p><a name="Footnote_10" id="Footnote_10" href="#FNanchor_10"><span class="label">[10]</span></a> L'appui de l'éperon et les attaques comme moyen de concentration +ne doivent se pratiquer qu'avec des molettes rondes ou +peu piquantes; il serait dangereux de les employer dans le dressage +du cheval de troupe. Le soldat ne doit se servir de l'éperon +que pour porter son cheval en avant, lorsqu'il résiste à la pression +des jambes.</p> + +<p><a name="Footnote_11" id="Footnote_11" href="#FNanchor_11"><span class="label">[11]</span></a> On peut distinguer trois sortes d'équilibres:</p> + +<p>Équilibre du troisième genre:</p> + +<p>Résistance constante dans toutes les positions, dans tous les +mouvements.</p> + +<p>Équilibre du deuxième genre:</p> + +<p>Légèreté accidentelle sous l'influence de la position et du mouvement.</p> + +<p>Équilibre du premier genre:</p> + +<p>Légèreté invariable dans toutes les positions et dans tous les +mouvements.</p> + +<p><a name="Footnote_12" id="Footnote_12" href="#FNanchor_12"><span class="label">[12]</span></a> Le mot demi-arrêt, dont je me sers pour exprimer l'action +vive et énergique de la main qui a pour but de reporter en arrière +le poids dont le devant est trop chargé, ne rend qu'imparfaitement +l'idée qu'il doit représenter. Ce terme indique un ralentissement. +Je l'ai conservé pour ne pas changer une expression consacrée +par l'usage. Je l'emploie pour désigner uniquement un déplacement +de poids, avec la condition expresse de ne prendre en rien +sur l'action propre au mouvement. Si le demi-arrêt se donne de +pied ferme, il ne doit, dans aucun cas, amener le reculer.</p> + +<p><a name="Footnote_13" id="Footnote_13" href="#FNanchor_13"><span class="label">[13]</span></a> Aujourd'hui colonel du 18<sup>e</sup> dragons.</p> + +<p><a name="Footnote_14" id="Footnote_14" href="#FNanchor_14"><span class="label">[14]</span></a> J'ai eu aussi le premier l'idée de faire exécuter, même par +des dames, les grandes difficultés de l'équitation; le public en a +été témoin. Tout le monde a pu admirer M<sup>mes</sup> Caroline Loyau, +Pauline Cuzent, Mathilde et Maria d'Embrun.</p> + </div> +</div> + +<p class="p2 center small"><span class="smcap">Paris.</span>—Imprimerie de <span class="smcap">J. Dumaine</span>, rue Christine, 2.</p> +<p><a id="Page_239"></a> +<a id="Page_240"></a> +<a id="Page_241"></a> +<a id="Page_242"></a></p> + + +<p class="center"><b>A LA MÊME LIBRAIRIE:</b></p> + +<div class="font90"> + +<table border="0" cellpadding="5" cellspacing="5" summary="ad"> +<tr> +<td><b>AURE</b> (le comte d').—<b>Traité d'équitation illustré</b>, précédé d'un aperçu de +diverses modifications et changements apportés dans l'équitation depuis le XVI<sup>e</sup> +siècle jusqu'à nos jours; suivi d'un appendice sur le jeune cheval, du trot à l'anglaise, +et d'une lettre sur l'équitation des dames. 4<sup>o</sup> édit. Paris, 1870. Joli vol. gr. +in-8 avec portrait, planches et figures dans le texte.</td> +<td class="tdr">10 fr. 00</td> +</tr> +<tr> +<td><b>CURNIEU</b> (le baron de).—<b>Leçons de science hippique générale</b>, ou Traité +complet de l'art de connaître, de gouverner et d'élever le cheval. Paris, 1855-1860. +3 beaux vol. gr. in-8, illustrés de plus de 200 figures gravées sur textes.</td> +<td class="tdr">36 fr. 00</td> +</tr> +<tr> +<td><b>DEBOST</b> (Émile), ancien instructeur de l'École de cavalerie, etc. <span class="smcap">Cinésie équestre.</span>—<b>Nouvelle +étude du cheval</b> et principes inédits d'équitation rationnelle et +de haute école, etc. Paris, 1873. In-8<sup>o</sup>.</td> +<td class="tdr">6 fr. 00</td> +</tr> +<tr> +<td><b>GERHARDT</b> (A.), capitaine-instructeur des lanciers de la garde.—<b>Manuel d'équitation</b>, +ou essai d'une progression pour servir au dressage prompt et complet +des chevaux de selle, et particulièrement des chevaux d'armes, précédé d'une analyse +raisonnée du Bauchérisme. Paris, 1859. In-8 avec planches par V. Adam.</td> +<td class="tdr">6 fr. 00</td> +</tr> +<tr> +<td><b>LENOBLE DU TEIL</b> (Jules).—<b>Étude sur la locomotion du cheval</b> et des +quadrupèdes en général considérée dans ses rapports, avec l'équitation et la représentation +des quadrupèdes à toutes les allures et à toutes les variétés de ces allures; +ouvrage complété par un atlas de 23 planches, indiquant les phases successives +d'appui et de soutien de chaque membre à toutes les allures. 1 vol. in-4<sup>o</sup> et atlas.</td> +<td class="tdr">12 fr. 00</td> +</tr> +<tr> +<td><b>MÉGNIN</b> (J.-P.), vétérinaire en 2<sup>e</sup>.—<b>Dermatologie hippique</b>, ou Traité de +l'organisation et des maladies de la peau du cheval. Paris, 1868, 1 vol. in-8 avec +12 planches gravées dont 8 en couleur.</td> +<td class="tdr">5 fr. 00</td> +</tr> +<tr> +<td><b>MÉGNIN</b>, vétérinaire en 2<sup>e</sup>.—<b>Essai sur les proportions du cheval</b> et son +anatomie externe comparée à celle de l'homme, à l'usage des écuyers militaires +ou civils et des artistes. Paris, 1860. Album in-folio jésus oblong, composé de +15 planches coloriées avec texte.</td> +<td class="tdr">20 fr. 00</td> +</tr> +<tr> +<td><b>MERCHE</b>, officier de la Légion d'honneur, vétérinaire principal, membre de plusieurs +sociétés savantes, etc.—<b>Nouveau traité des formes extérieures du cheval.</b> +Paris, 1868. 1 fort vol. in-8 avec figures dans le texte.</td> +<td class="tdr">12 fr. 00</td> +</tr> +<tr> +<td><b>MONTIGNY</b> (le comte de), chevalier de la Légion d'honneur, ancien écuyer de +1<sup>re</sup> classe et ancien inspecteur général des haras.—<b>Manuel des piqueurs, +cochers, grooms et palefreniers</b>, à l'usage des écoles de dressage et d'équitation +de France. 3<sup>e</sup> édit., revue et corrigée. Paris, 1873. 1 fort vol. in-12 avec +22 planches.</td> +<td class="tdr">5 fr. 00</td> +</tr> +<tr> +<td><b>MUSSOT</b> (P.), lieutenant-colonel de cavalerie, ancien capitaine-instructeur à l'Ecole +de Saumur.—<b>Manuel d'hippiatrique</b>, d'équitation et d'hygiène à l'usage de +tous, ou Etude de la connaissance intérieure du cheval, de son instruction et de son +emploi, de sa conservation en l'état de santé, de sa reproduction, de son élevage +et de son remplacement. Paris, 1856. 2 vol. in-8 avec planches.</td> +<td class="tdr">12 fr. 00</td> +</tr> +<tr> +<td><b>NOLAN</b> (L.-E.).—<b>Dressage des chevaux de remonte.</b>—Traduit de l'anglais +par Savin de Larclause, colonel du 14<sup>e</sup> dragons. Paris, 1872. Gr. in-8<sup>o</sup> avec 13 +planches.</td> +<td class="tdr">3 fr. 00</td> +</tr> +<tr> +<td><b>VALLON</b> (A.), vétérinaire principal, professeur d'hippologie et directeur de haras de +l'Ecole de cavalerie, etc, etc.—<b>Cours d'hippologie</b>, à l'usage de MM. les officiers +de l'armée, de MM. les officiers de haras, les vétérinaires, etc.; adopté pour +l'enseignement hippologique dans l'armée, par décision ministérielle du 1<sup>er</sup> juin +1863. 2<sup>e</sup> édition. Paris, 1873. 2 forts vol. in-8 avec planches et figures dans le +texte.</td> +<td class="tdr">14 fr. 00</td> +</tr> +<tr> +<td><b>VALLON</b> (A.), vétérinaire principal, professeur d'hippologie, etc., etc.—<b>Abrégé +d'hippologie</b> à l'usage des sous-officiers de l'armée. Adopté pour l'enseignement +de l'hippologie dans l'armée par décision ministérielle du 11 juin 1863. 4<sup>e</sup> édition. +Paris, 1873. 1 vol. in-12 avec planches.</td> +<td class="tdr">3 fr. 50</td> +</tr> +</table> +</div> + + +<p class="p2 center small">Paris.—Imprimerie J. <span class="smcap">Dumaine</span>, rue Christine, 2.</p> + + + + + + + + +<pre> + + + + + +End of the Project Gutenberg EBook of Méthode d'équitation basée sur de +nouveaux principes, by François Baucher + +*** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK MÉTHODE D'ÉQUITATION *** + +***** This file should be named 39410-h.htm or 39410-h.zip ***** +This and all associated files of various formats will be found in: + http://www.gutenberg.org/3/9/4/1/39410/ + +Produced by Hélène de Mink and the Online Distributed +Proofreading Team at http://www.pgdp.net (This file was +produced from images generously made available by The +Internet Archive) + + +Updated editions will replace the previous one--the old editions +will be renamed. + +Creating the works from public domain print editions means that no +one owns a United States copyright in these works, so the Foundation +(and you!) can copy and distribute it in the United States without +permission and without paying copyright royalties. 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Information about the Project Gutenberg Literary Archive +Foundation + +The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non profit +501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the +state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal +Revenue Service. The Foundation's EIN or federal tax identification +number is 64-6221541. Its 501(c)(3) letter is posted at +http://pglaf.org/fundraising. Contributions to the Project Gutenberg +Literary Archive Foundation are tax deductible to the full extent +permitted by U.S. federal laws and your state's laws. + +The Foundation's principal office is located at 4557 Melan Dr. S. +Fairbanks, AK, 99712., but its volunteers and employees are scattered +throughout numerous locations. Its business office is located at +809 North 1500 West, Salt Lake City, UT 84116, (801) 596-1887, email +business@pglaf.org. 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Thus, we do not necessarily +keep eBooks in compliance with any particular paper edition. + + +Most people start at our Web site which has the main PG search facility: + + http://www.gutenberg.org + +This Web site includes information about Project Gutenberg-tm, +including how to make donations to the Project Gutenberg Literary +Archive Foundation, how to help produce our new eBooks, and how to +subscribe to our email newsletter to hear about new eBooks. + + +</pre> + +</body> +</html> diff --git a/39410-h/images/008.jpg b/39410-h/images/008.jpg Binary files differnew file mode 100644 index 0000000..2ee4eb7 --- /dev/null +++ b/39410-h/images/008.jpg diff --git a/39410-h/images/069.jpg b/39410-h/images/069.jpg Binary files differnew file mode 100644 index 0000000..9f10bc7 --- /dev/null +++ b/39410-h/images/069.jpg diff --git a/39410-h/images/072.jpg b/39410-h/images/072.jpg Binary files differnew file mode 100644 index 0000000..eac5fe3 --- /dev/null +++ b/39410-h/images/072.jpg diff --git a/39410-h/images/075.jpg b/39410-h/images/075.jpg Binary files differnew file mode 100644 index 0000000..77cf6c4 --- /dev/null +++ b/39410-h/images/075.jpg diff --git a/39410-h/images/078.jpg b/39410-h/images/078.jpg Binary files differnew file mode 100644 index 0000000..d34d1f9 --- /dev/null +++ b/39410-h/images/078.jpg diff --git a/39410-h/images/081.jpg b/39410-h/images/081.jpg Binary files differnew file mode 100644 index 0000000..012cad3 --- /dev/null +++ b/39410-h/images/081.jpg diff --git a/39410-h/images/084.jpg b/39410-h/images/084.jpg Binary files differnew file mode 100644 index 0000000..3d4f3ba --- /dev/null +++ b/39410-h/images/084.jpg diff --git a/39410-h/images/106.jpg b/39410-h/images/106.jpg Binary files differnew file mode 100644 index 0000000..9361842 --- /dev/null +++ b/39410-h/images/106.jpg diff --git a/39410-h/images/110.jpg b/39410-h/images/110.jpg Binary files differnew file mode 100644 index 0000000..67d5dae --- /dev/null +++ b/39410-h/images/110.jpg diff --git a/39410-h/images/115.jpg b/39410-h/images/115.jpg Binary files differnew file mode 100644 index 0000000..e0834fe --- /dev/null +++ b/39410-h/images/115.jpg diff --git a/39410-h/images/235.jpg b/39410-h/images/235.jpg Binary files differnew file mode 100644 index 0000000..c894286 --- /dev/null +++ b/39410-h/images/235.jpg diff --git a/39410-h/images/cover.jpg b/39410-h/images/cover.jpg Binary files differnew file mode 100644 index 0000000..23f8ebe --- /dev/null +++ b/39410-h/images/cover.jpg diff --git a/LICENSE.txt b/LICENSE.txt new file mode 100644 index 0000000..6312041 --- /dev/null +++ b/LICENSE.txt @@ -0,0 +1,11 @@ +This eBook, including all associated images, markup, improvements, +metadata, and any other content or labor, has been confirmed to be +in the PUBLIC DOMAIN IN THE UNITED STATES. + +Procedures for determining public domain status are described in +the "Copyright How-To" at https://www.gutenberg.org. + +No investigation has been made concerning possible copyrights in +jurisdictions other than the United States. 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