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If you are not located in the United States, you'll have -to check the laws of the country where you are located before using this ebook. - - - -Title: Les Bourbons bibliophiles - Rois & Princes, Reines & Princesses - -Author: Eugène Asse - -Release Date: November 29, 2016 [EBook #53634] - -Language: French - -Character set encoding: UTF-8 - -*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LES BOURBONS BIBLIOPHILES *** - - - - -Produced by Clarity, Hélène de Mink, and the Online -Distributed Proofreading Team at http://www.pgdp.net (This -file was produced from images generously made available -by The Internet Archive/Canadian Libraries) - - - - - - - -Note sur la transcription: Les erreurs clairement introduites par le -typographe ont été corrigées. L'orthographe d'origine a été conservée et -n'a pas été harmonisée. Les mots et phrases imprimés en gras dans le -texte d'origine sont marqués =ainsi=. - - - - - LES - BOURBONS BIBLIOPHILES - - - - - Il a été tiré de cet ouvrage - - TROIS CENT SOIXANTE-QUINZE EXEMPLAIRES: - - - 10 exempl. sur pap. du Japon (A à J). - 5 exempl. sur pap. de Chine (K à O). - 10 exempl. sur pap. de Hollande (P à Y). - 350 exemplaires sur alfa vergé (1 à 350). - - - Droits réservés pour tous pays y compris la - Suède, la Norvège et le Danemark - - - - - COLLECTION DU BIBLIOPHILE PARISIEN - - LES BOURBONS - BIBLIOPHILES - - Rois & Princes - Reines & Princesses - - - PAR - - EUGÈNE ASSE - - Avant-propos - - PAR - - GEORGES VICAIRE - - [Illustration] - - _PARIS_ - - HENRI DARAGON, LIBRAIRE - - 10, rue Notre-Dame de Lorette, 10 - - 1901 - - - - -[Illustration: deco] - - -_Eugène Asse, bibliothécaire à l'Arsenal, décédé il y a quelques mois à -peine, était un passionné du livre. Il l'aimait de toutes les manières, -sous toutes ses formes, pour ce qu'il contenait et pour sa décoration -extérieure. Sa bibliothèque, généreusement léguée par lui à la ville de -Versailles, formait, au point de vue de l'histoire comme à celui des -lettres, un ensemble des plus importants et des mieux choisis. Mais s'il -ne possédait point sur ses rayons des maroquins armoriés, de -provenance célèbre, des reliures des Eve, des Ruette, des Le Gascon, des -Derome et des Padeloup, des manuscrits précieux ou des estampes -rares._--Non licet omnibus adire Corinthum--_du moins professait-il pour -tous ces trésors un culte respectueux qui confinait à la dévotion. Il -fallait voir Asse caresser amoureusement les plats d'une ancienne -reliure, tourner les feuillets d'un volume, en examiner les armes ou -l'ex-libris, son visage s'illuminait aussitôt. Et si, par hasard, quelque -profane s'était permis, en sa présence, de manquer à un livre, vieil ou -jeune, des égards qui lui sont dus, Asse devenait terrible, inexorable et -le mécréant n'avait plus qu'à s'esquiver._ - -_A cet amour du livre, mon regretté confrère joignait une érudition des -plus solides et un goût fort délicat. Rien de notre littérature ou de -notre histoire ne lui était étranger; le dix-huitième siècle surtout -l'avait attiré; il le possédait à fond._ - -_Nul plus qu'Eugène Asse, n'était donc qualifié pour écrire l'étude -bibliophilique que M. H. Daragon vient de faire entrer dans sa -«Collection du bibliophile parisien» et qui y trouve sa place naturelle._ - -_Les_ Bourbons bibliophiles _parurent jadis dans une revue. Depuis, -l'auteur des_ Petits Romantiques, _qui avait projeté de réunir ces -intéressantes pages en volume, revisa, dans cette intention, son premier -travail, le corrigea, le compléta de telle sorte que le livre -d'aujourd'hui apparait, non seulement comme une première édition en -librairie mais presque comme une édition originale. La mort n'a pas -laissé le temps à Eugène Asse de réaliser lui-même son projet et c'est à -moi qu'il appartient d'accomplir le vÅ“u de celui qui fut mon -collaborateur dévoué et mon ami fidèle._ - -_La mission m'est d'autant plus douce à remplir que, tout en honorant la -mémoire du consciencieux écrivain, je livre à ses confrères en -bibliophilie une étude qui, j'en suis persuadé, ne manquera pas de les -intéresser et de recueillir leurs suffrages._ - - GEORGES VICAIRE. - -[Illustration: deco] - - -ROIS ET PRINCES - - -[Illustration: deco] - - -On a compté les grands capitaines, les soldats valeureux que la maison de -Bourbon a donnés à la France, depuis Pierre Ier, arrière-petit-fils de -saint Louis, qui tomba à Poitiers, jusqu'à Jean II qui vengea son aïeul -en battant les Anglais à Formigny; depuis ces deux ducs d'Enghien dont le -jeune front fut illuminé l'un par la gloire de Rocroy, l'autre par celle -de Cérisoles, jusqu'à l'aide de camp de Dumouriez à Valmy et au vainqueur -d'Abd-el-Kader. Nous entreprenons une tâche bien différente, celle -d'énumérer les bibliophiles que la maison de Bourbon posséda parmi ses -princes. Ils sont presque aussi nombreux que les guerriers, et l'on peut -dire que chez eux l'amour des livres le disputa à l'amour des armes, -quand ces deux passions ne se partageaient pas également leur cÅ“ur. - - -I - -Il faut remonter jusqu'au XIVe siècle, jusqu'aux anciens ducs de Bourbon, -descendants immédiats de Robert de Clermont, pour trouver la première -trace de l'amour que ces princes eurent de tout temps pour les livres. -Dans la ville de Moulins, capitale de leur duché, ils avaient réuni de -bonne heure une riche collection de livres, qui rivalisait avec celle que -les rois de France de la maison de Valois commençaient, vers la même -époque, à réunir eux-mêmes dans la grosse tour du Louvre. Nous voyons la -femme de Louis Ier, Marie de Hainaut, morte en 1354, posséder déjà de -beaux livres, et son nom se lit sur un manuscrit du roman de _Lancelot_ -que possède la Bibliothèque nationale. Mais le véritable fondateur de la -bibliothèque des ducs de Bourbon à Moulins fut le petit-fils de cette -princesse, Louis II, dit le Bon, qui mourut en 1410, et dont la sÅ“ur, -Jeanne de Bourbon, épousa Charles V. - -Si Raoul de Presles, un contemporain, nous représente le roi de France -«estudiant continuelement en divers livres et sciences», le chroniqueur -Jean Cabaret nous montre son beau-frère, le duc de Bourbon, se faisant -«lire à son disner continuelement les gestes des tres renommez princes -jadis roys de France et d'autres dignes d'honneur». Laurent de -Premier-fait, qui traduisit pour lui, et sur son désir, les deux traités -de Cicéron sur la Vieillesse et sur l'Amitié, l'a loué «d'aimer et -hanter les livres» autant que «les hommes raisonnables». D'autres -auraient peut-être demandé au roi de France des fiefs et des seigneuries; -lui, il lui demandait des livres; c'est ainsi, comme le constate M. -Léopold Delisle dans son histoire du _Cabinet des manuscrits de la -Bibliothèque nationale_, qu'il se fit donner par son neveu, Charles VI, -dont il fut l'un des tuteurs, deux beaux volumes de la librairie du -Louvre, un Tite-Live en 1392, et une Bible en 1397. Sous lui, la -«librairie» de Moulins devint «l'une des plus belles et considérables» de -l'époque. Elle était riche en «nombreux velins couverts de velours rouge -et tanné, garnys de fermaux de leton, de boulhons et de carrees.» - -Le petit-fils de Louis II, Charles Ier, qui, bien qu'époux d'Agnès de -Bourgogne, fille de Jean sans Peur, embrassa le parti du roi de France -contre le parti bourguignon, contribua beaucoup à la paix d'Arras et -mourut en 1456, a laissé un magnifique témoignage de son amour pour les -livres. C'est le précieux armorial où sont figurés les blasons et les -châteaux du Bourbonnais, de l'Auvergne et du Forez, et qu'il fit exécuter -par son héraut Guillaume Revel. - -Jean II, son fils (1426-1488) et successeur, ne fut pas seulement célèbre -par ses victoires de Formigny sur les Anglais, et de Gy sur le comte de -Roucy, capitaine de Charles le Téméraire, qui vinrent puissamment en aide -à la politique de Louis XI, dont il avait épousé la sÅ“ur, Jeanne de -France; il aima aussi et protégea les savants. - - _Diligit et doctos doctior ipse viros_, - -dit un vers de Paulus Senilis. C'est pour lui que fut copié, vers 1480, -le bel exemplaire de _la Danse des aveugles_ et de _l'Abusé en court_, où -figurent vingt-trois écussons de la famille de Bourbon. N'étant encore -que comte de Clermont, c'est-à -dire très jeune, il possédait déjà un -beau manuscrit italien de _la Divine Comédie_. - -Deux frères du duc Jean II, Charles, cardinal de Bourbon, mort en 1488, -et Louis, bâtard de Bourbon, amiral de France, mort en 1486, ont droit -également au titre de bibliophiles: le premier par _la Complainte de la -ville de Lyon_ et _l'Evangile grec_ qui porte sa devise: N'ESPOIR NE -PEUR; le second, par une traduction des _Stratagèmes de Frontin_, et -surtout par une _Vie de Jésus-Christ_, par Ludolfe, copiée par Gilles -Richard, où se trouve un portrait de ce prince. (Bibl. nat., mss. franç. -ancien fonds 177-179). - -Au duc Jean II, mort sans postérité légitime, succéda son frère Pierre -II, sire de Beaujeu (1439-1503). L'époux un peu effacé de cette Anne de -France, fille de Louis XI, si célèbre dans l'histoire sous le nom de dame -de Beaujeu, fut un très délicat et très passionné bibliophile, s'il ne -fut pas le plus grand politique de sa maison. Il enrichit sa «librairie» -de Moulins de la collection remarquable des ducs de Nemours, qu'il avait -achetée de Jean d'Armagnac, fils du décapité, avec les comtés de Murat et -de Carlat, et, en 1467, à la mort de Philippe le Bon, duc de Bourgogne, -son oncle maternel, il sut obtenir quelques manuscrits de la fameuse -bibliothèque que ce prince avait formée à Bruges. «Les manuscrits qu'il -faisait exécuter, dit M. Le Roux de Lincy, étaient aussi remarquables par -la beauté des miniatures qui les décorent que par l'habileté des -calligraphes qu'il employait.» Parmi ceux qui sont parvenus jusqu'à nous, -il faut citer _l'Histoire universelle_, écrite en 1364 par Mathias du -Rivau, et _les Antiquités_, de Joseph, illustrées de douze belles -miniatures de Jehan Fouquet. Ce fut lui aussi qui plaça dans la -«librairie» de Moulins une cinquantaine de volumes imprimés sur vélin «en -molle», comme dit l'inventaire du temps, chefs-d'Å“uvre de la -typographie naissante. Sur ses livres on voit son écusson aux armes de -Bourbon, brisées d'un lionceau de sable sur la partie supérieure de la -bande. Plusieurs aussi portent la devise: ESPÉRANCE, écrite de la main de -son secrétaire François Robertet. C'est en sa personne que finit la -lignée masculine de ces premiers ducs de Bourbon, dont le titre et les -biens passèrent à la branche des Bourbons-Montpensier par le mariage de -l'héritière de la branche aînée avec Charles III, comte de Montpensier. - -Le fameux connétable de Bourbon ne fut pas lui-même sans donner ses soins -à l'accroissement de la bibliothèque de ses prédécesseurs, malgré les -soucis et les mécomptes d'une politique qui devait lui être fatale. -L'éducation très lettrée que lui fit donner la veuve de Pierre II, Anne -de France, devenue plus tard sa belle-mère, par son mariage, en 1505, -avec la fille de cette princesse, Suzanne de Bourbon, avait contribué -sans doute à développer en lui ce goût délicat. Il fit exécuter pour son -usage et pour celui de sa femme plusieurs manuscrits. C'est à lui que -l'on doit probablement l'idée de ce _Recueil d'emblèmes, de proverbes, -d'adages, d'allégories et de portraits, dessins à la gouache et en -couleur, accompagnés de devises en prose et en vers_, que fit faire pour -lui ce même François Robertet, secrétaire du défunt sire de Beaujeu, -frère du fameux Florimond Robertet, ministre des rois Louis XII et -François Ier, et qui fut lui-même, sous Charles VIII, secrétaire et -bibliothécaire des rois de France. - -Au folio 139 recto de ce volume (Bibl. nat., F. La Vallière 44), on voit -le portrait de Charles de Bourbon à cheval, armé de toutes pièces, -galopant l'épée haute, tel qu'il était à la bataille d'Agnadel. - -Avant d'acquérir par son mariage la bibliothèque des ducs de Bourbon à -Moulins, Charles de Bourbon possédait en propre celle que les comtes de -Montpensier avaient réunie à leur château d'Aigueperse, et qui s'était -elle-même enrichie de plusieurs volumes des comtes de Clermont et de -Sancerre ornés de leurs armes: _au 1 et 4 d'or au dauphin d'azur; au 2 et -3 d'azur à la bande d'argent côtoyée de deux cotices potencées et -contre-potencées d'or, avec un lambel de gueules à trois pendant sur le -tout_. - -L'on sait comment la révolte du connétable de Bourbon amena en 1523 la -confiscation de ses biens. La «librairie» de Moulins fut comprise dans -cette confiscation. Après avoir été soigneusement inventoriée par Pierre -Antoine, commissaire du roi, en présence de Mathieu Espinette, chanoine -de Moulins, garde des livres du duc de Bourbon, elle fut réunie à celle -du roi, déposée alors au château de Fontainebleau. C'est de là que nous -sont parvenus les soixante-seize manuscrits splendides que M. Léopold -Delisle signale parmi ceux de la Bibliothèque nationale comme ayant -appartenu aux anciens ducs de Bourbon. - -Aux Bourbons-Montpensier, descendants de Jean Ier, duc de Bourbon, et de -Marie de Berry, éteints en la personne du connétable de Bourbon, -succédèrent, comme chefs de la maison de Bourbon, les Bourbons-Vendôme, -issus eux-mêmes de la branche des comtes de la Marche dont l'origine -remontait à Louis Ier, premier duc de Bourbon, fils de Robert de -Clermont. C'est de Charles de Bourbon, comte, puis duc de Vendôme en -1515, mort en 1537, et de François d'Alençon, que descendent, par son -fils Antoine de Bourbon, roi de Navarre, toutes les branches de Bourbon -qui subsistent aujourd'hui, et par son autre fils, Louis de Bourbon, -prince de Condé, les branches éteintes de Condé, de Soissons et de Conti. - - -Les Bourbons-Vendôme, eux aussi, aimèrent les livres et en formèrent de -belles collections. Telle fut celle du château de Vendôme, dont le -domaine était entré dans leur maison, dès 1364, par Catherine, comtesse -de Vendôme, femme de Jean Ier de Bourbon, comte de la Marche. Antoine de -Bourbon, devenu roi de Navarre par son mariage avec Jeanne d'Albret, -l'enrichit sans doute d'une partie des livres des anciens souverains de -Béarn. Le Père Jacob, dans son _Traité des plus belles bibliothèques_, -affirme en effet, après La Croix du Maine, que la bibliothèque des rois -de Navarre «était autrefois conservée à Vendôme». Ce qui est certain, -c'est que son frère, le célèbre cardinal de Bourbon que les ligueurs -firent roi sous le nom de Charles X, et qui mourut en 1590, fut un des -plus passionnés collectionneurs de livres du XVIe siècle. «Il a laissé, -dit le même Père Jacob, cette mémoire à la postérité d'avoir été le plus -grand amateur des gens de lettres et de livres qui fut en son temps.» - -Ses livres, qui étaient «excellemment reliés en maroquin», furent légués -par lui, vers 1580, à la maison professe des Jésuites de la rue -Saint-Antoine, qu'il avait lui-même établie sur l'emplacement de l'ancien -hôtel d'Anville. Ils furent dispersés lors de la première expulsion des -Jésuites en 1595. Son neveu, Charles III de Bourbon, deuxième cardinal de -Bourbon, fils du premier prince de Condé, qui lui succéda sur le siège -archiépiscopal de Rouen, et mourut en 1594, à trente-deux ans, n'aima pas -moins passionnément les livres. Il fut le restaurateur de la belle -bibliothèque formée au château de Gaillon par le cardinal d'Amboise. Ses -livres étaient uniformément reliés en maroquin bleu ou rouge, la tranche -dorée, sur le dos ses armes: _de France, au bâton péri en bande de -gueules_, et un médaillon représentant un lis au naturel avec la devise: -CANDORE SUPERAT ET ODORE. - - -II - -L'avènement de Henri IV, chef de la maison de Bourbon, au trône de -France, donne un caractère nouveau à l'amour des Bourbons pour les -livres: c'est au profit de la France même que cette passion s'exerce. A -la fin du règne de Charles IX, la bibliothèque formée à Fontainebleau par -François Ier avait été rapportée à Paris, où elle courut de très grands -dangers pendant les troubles de la Ligue. Dès le début de son règne, -Henri IV porta sur elle sa sollicitude et la fit déposer dans le collège -de Clermont, de la rue Saint-Jacques, abandonné par les Jésuites, puis -installer en 1604, lors du rappel de ceux-ci, dans le cloître des -Cordeliers. En 1609, il avait conçu le projet de lui consacrer une -magnifique salle dans le nouveau collège de France qu'il voulait faire -construire. Henri IV accrut beaucoup aussi la bibliothèque du collège des -Jésuites de Lyon, si nous en croyons le Père Jacob. «La plus célèbre -bibliothèque de la ville de Lyon, dit-il, est celle du collège des Pères -Jésuites, qui pour la quantité de ses livres ne cède à beaucoup de -France; car elle se peut vanter d'avoir plusieurs livres qui viennent de -la libéralité du grand roy Henry IV.» Dans sa «librairie» particulière, -Henri IV avait des livres nombreux et choisis, qu'il faisait luxueusement -relier. Ils portaient tous, sur les plats, l'écu de France accolé de -celui de Navarre, et au-dessous, soutenue de deux rinceaux, la lettre H -couronnée; le tout entouré des colliers des ordres de Saint-Michel et du -Saint-Esprit, et souvent surmonté d'une couronne royale. - -Si nous en croyions M. Édouard Fournier, Louis XIII aurait relié des -livres de ses mains royales. Ce qui est certain, c'est qu'il aima les -livres. Ceux qu'il posséda furent presque tous reliés en maroquin vert -fleurdelisé par Clovis Eve, puis par Antoine Ruette. Dans l'écusson royal -dont il sont marqués, l'H de Henri IV est remplacée par un L. Louis XIII, -lorsqu'il rétablit la religion catholique en Béarn, fonda à Pau un -couvent de capucins, auquel il donna «la très magnifique bibliothèque des -roys de Navarre, ses prédécesseurs, qui sert, dit le Père Jacob, d'un -rare ornement à ce couvent». - -Son frère, Gaston, duc d'Orléans, qui mourut à Blois, en 1660, à l'âge de -cinquante-deux ans, après avoir cabalé toute sa vie, soit contre -Richelieu, soit contre la régente, fut un excellent bibliophile tout en -étant un très mauvais politique. Peut-être est-ce par repentir et amende -honorable pour ses conspirations qu'il légua à son neveu, Louis XIV, «son -cabinet plein de raretés de tout genre». Pour un bibliophile, un tel -legs partait du cÅ“ur. En conséquence de sa libéralité, cinquante-trois -de ces précieux manuscrits furent portés en 1667 à la Bibliothèque du -roi. - -C'est au palais du Luxembourg, sa demeure, que Gaston avait réuni ce -cabinet qui ne comprenait pas seulement des livres et des manuscrits, -mais encore des médailles, des miniatures, des estampes, etc. Le Père -Jacob en est émerveillé. Ce prince, dit-il, «donne de l'étonnement et de -l'admiration à toute l'Europe, pour la connaissance qu'il a des médailles -anciennes; et je puis dire de ce prince, sans flatterie, que ni Alexandre -Sévère, empereur des Romains, ni Atticus, grand ami de Cicéron, ni le -très docte Varron n'ont eu une connaissance desdites médailles comme lui; -et sa curiosité ne se termine pas en icelles, mais encore dans la -recherche des bons livres, desquels il orne sa très riche et splendide -bibliothèque, qu'il a dressé depuis peu dans son hostel de Luxembourg, au -bout de cette admirable gallerie où toute la vie de la feue reine Marie -de Médicis a été dépeinte par l'excellent ouvrier Rubens. Or cette -bibliothèque n'est pas seulement remarquable pour l'ornement de ses -tablettes, qui sont toutes couvertes de velours verd, avec les bandes de -même étoffe, garnies de passemens d'or, et les crespines de même: pour -toute la menuiserie qui se void, elle est embellie d'or et de riches -peintures. Mais outre cela, les livres sont de toutes les meilleures -éditions qui se peuvent treuver; et quant à leur relieure, elle est toute -d'une même façon, avec les chiffres de Son Altesse Réale[1]. Ce prince -fait tous les jours une grande recherche des meilleurs livres qui se -peuvent treuver dans l'Europe; donnant des mémoires pour ce sujet, par la -sollicitation de M. Brunier, son médecin et bibliothécaire, qui travaille -continuellement à la perfection de ce trésor des livres et des -médailles.» - - [1] On trouve dans l'excellent _Guide du Libraire - antiquaire et du Bibliophile_, Ed. Rouveyre, 1885, in-8, de - remarquables imitations, par Capé, de reliures aux armes royales - de Louis XIII. Il faut aussi signaler, du même éditeur, les - autres publications relatives à l'histoire de la reliure: _la - Reliure ancienne_, avec introduction par G. Brunet, _la Reliure - moderne_, d'Octave Uzanne, rédacteur en chef du _Livre_, _la - Reliure de luxe_, par L. Derôme, et _les Reliures d'art de la - Bibliothèque nationale_, par Henri Bouchot. - -Gaston se plaisait aussi à faire exécuter en miniatures des objets -d'histoire naturelle. Ce sont ces miniatures qui ont formé le fonds de la -collection connue sous le nom de _Vélins du Muséum_, et transférée, en -1793, de la Bibliothèque du Roi au Jardin des Plantes. La plupart de ses -livres étaient reliés en veau, marqués de G couronnés. - -Le goût de Louis XIV pour les livres nous est surtout attesté par -l'impulsion qu'il donna aux acquisitions qui furent faites sous -son règne pour augmenter la Bibliothèque du roi, par les missions -qui furent confiées à Vaillant, Monceaux, Laisné, Dipy, Wansleb, -Lacroix, Cassini, Verjus, à Nointel, notre ambassadeur à -Constantinople, très bien secondé par A. Galland, pour recueillir -des livres et des manuscrits en Orient, en Grèce, en Italie, en -Portugal. Mais pour lui comme pour Louis XV, comme pour Louis XVI, -il est difficile de faire le départ entre le souverain et le -particulier, et d'apprécier le bibliophile autrement que par les -magnifiques reliures à ses armes qui figurent aujourd'hui dans nos -bibliothèques publiques. Avec Louis XIV la reliure prit un -caractère de simplicité majestueuse. Sur les livres marqués aux -armes du roi, c'est-à -dire de France, il faut remarquer la large -dentelle avec un simple filet sur les bords des plats. Son -relieur le plus accrédité fut A. Ruette. Nous possédons cependant -un témoignage de l'intérêt particulier que Louis XV prenait à -orner et à accroître sa bibliothèque particulière. Vers 1766, nous -le voyons acheter du duc de La Vallière plusieurs manuscrits qui -devaient être portés à Trianon. Parmi ces manuscrits figurait le -_Livre des tournois du roi René_ que le duc de La Vallière tenait -du prince de Conti. - -Le grand Dauphin, fils de Louis XIV, posséda aussi, à Meudon, sa -résidence, et à Versailles, une belle bibliothèque, dont Saint-Simon nous -a raconté la vente à l'encan après sa mort, en 1711. Les reliures -portaient les armes du Dauphin sur les plats, avec des L entrelacées et -couronnées aux coins. - -Le père de Louis XV, ce jeune et charmant duc de Bourgogne, l'élève de -Fénelon et l'espoir de la France, avait montré bien jeune encore un vrai -penchant de bibliophile. Il s'intéressait beaucoup aux livres, aux -manuscrits, aux sceaux et aux médailles. Gaignières se plaisait à lui -communiquer ses découvertes, telles que celle d'un sceau de Louis le -Gros, et son cabinet reçut, le 6 avril 1702, la visite de ce jeune -prince. «Je vous félicite, écrivait à ce sujet l'intendant Foucault à -Gaignières, de la visite que vous a rendue M. le duc de Bourgogne, et -suis bien persuadé que le temps lui aura paru court dans votre grand -appartement. Comme c'est un prince qui a du goût pour l'histoire et la -littérature, vous aurés eu plaisir à satisfaire sa curiosité.» - - -III - -C'est surtout dans les branches collatérales de la maison de Bourbon, et -aussi parmi les princes légitimés, que nous allons trouver maintenant des -collections de de livres nombreux, bien choisis, richement reliés. - -A la tête de ces princes bibliophiles se distinguent les membres de la -maison de Condé. Le premier qui a droit à ce titre fut Henri II, prince -de Condé, époux de cette belle et vertueuse Charlotte de Montmorency qui -inspira une si vive passion à Henri IV, et père du vainqueur de Rocroy -(1588-1646). - -Ce prince, qui était gouverneur de la province de Berry, avait fondé, à -Bourges, une très belle bibliothèque, dont le Père Jacob nous parle -ainsi: «Cette opulente bibliothèque a été faite avec de grands soins et -somptueuse dépense par ce prince. La parfaite connaissance qu'il a de -toutes les sciences et des livres rares et curieux le fait estimer pour -un oracle des Muses. Chose admirable en cette Altesse, que nonobstant les -grandes affaires qu'il a pour l'Estat, il ne perd aucun jour sans -s'adonner à l'estude, où il treuve des divertissemens dignes d'un grand -prince; ce qui luy acquiert une gloire immortelle par toute l'Europe, -tant pour surpasser en sciences tous les autres princes, que pour le -grand zèle qu'il a à les faire fleurir.» - -Son fils, le grand Condé, hérita de son goût pour les livres; sous lui -(1621-1686), la bibliothèque de Chantilly devint l'une des plus belles de -France. Un contemporain, Le Gallois, disait de cette bibliothèque, en -1680, dans son _Traité des plus belles bibliothèques_: «Il faut aussi -parler de celle de Monseigneur le prince de Condé, ce Mars de nostre -siècle; mais qui, beaucoup plus illustre que Mars, a si bien joint la -gloire des sciences avec celle des armes, puisque, sans le flatter, on -peut dire que jamais prince n'a esté ny plus belliqueux ny plus sçavant -que luy. Cette bibliothèque est nombreuse et contient grande quantité de -manuscrits rares grecs et latins. Elle fut dressée par feu Monseigneur -le Prince son père, qui était un des plus sçavans hommes de son temps; et -parce que Monseigneur le Prince a hérité d'une si noble qualité, il -continue avec la même passion et les mêmes soins l'agrandissement de -cette bibliothèque.» - -Après le grand Condé, la bibliothèque de Chantilly fut augmentée par son -fils, Henri-Jules, duc de Bourbon, mort en 1709. Elle était devenue une -des plus nombreuses de son temps et contenait une grande quantité de -manuscrits grecs et latins. Tous ces livres des Condé étaient marqués à -leurs armes: _de France, au bâton péri en bande de gueules_. Vers le -milieu du XVIIIe siècle, il en fut dressé par Dupuy un catalogue, dont le -manuscrit existe aujourd'hui à la Bibliothèque nationale sous ce titre: -_Table alphabétique par nom d'auteurs des ouvrages se trouvant dans la -Bibliothèque du prince de Condé_. - -A la Révolution, 1,200 volumes de manuscrits, provenant de la maison de -Condé, furent envoyés à la Bibliothèque nationale. Rendue en 1815 au -prince de Condé, cette collection appartient aujourd'hui à la -Bibliothèque de Chantilly. - -Le petit-fils de cet Henri-Jules, prince de Condé, Louis de Bourbon, -comte de Clermont, né en 1709, mort en 1771, fut l'une des figures les -plus intéressantes du XVIIIe siècle. Frère du duc de Bourbon, qui fut -premier ministre de Louis XV, et de cette belle Mademoiselle de -Vermandois, qui serait devenue reine de France sans Mme de Prie, il fut -tout ensemble abbé commendataire de Saint-Germain-des-Prés, général -d'armée, membre de l'Académie française, et directeur d'une excellente -troupe de comédiens qu'il entretenait pour les plaisirs de ses amis. - -Il avait réuni une très nombreuse et belle bibliothèque, qui fut vendue, -à sa mort, au palais abbatial de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, et -dont le catalogue parut sous ce titre: _Catalogue des livres de la -bibliothèque de feu S. A. S. Mgr le comte de Clermont, prince du sang_, -Paris, Prault fils, 1771, in-8º de 111 pages. Ses livres étaient timbrés -de ses armes: _de France, au bâton péri en bande de gueules, chargé à la -pointe supérieure d'un croissant d'argent_. Ce catalogue comprend 2,021 -numéros, dont 229 pour la théologie, 138 pour la jurisprudence, 941 pour -les belles-lettres, et 663 pour l'histoire. - -Le comte de Clermont aimait fort les lettres et les arts, et, à son -château de Berny, il se donnait souvent des comédies ou des concerts. -Nous trouvons la trace de ce goût dans le catalogue de 1771, sur lequel -figurent: «trente-six cartons remplis de musique, pour les concerts et -comédies, tels que simphonies, trios, divertissemens, etc., manuscrits»; -un «paquet de musique instrumentale pour le violon, le clavecin, -violoncelle, etc., gravée et manuscrite»; ainsi que «différents -opéras-comiques, avec leur partition gravée». Sa collection théâtrale -était très complète, et dans son inventaire on remarque encore -«différents paquets de comédies séparées et brochées», plus «plusieurs -cartons remplis de rôles pour jouer des comédies et très proprement -écrits». - -Si le comte de Clermont ne fut pas un grand général, il avait de la -valeur et aimait les choses militaires. On s'en aperçoit également à sa -bibliothèque où la division de «l'art militaire» comprend 90 numéros, -parmi lesquels il faut signaler plusieurs manuscrits: _Guerres des -troupes légères_, in-8º, m. v.; _Remarques sur la cavalerie et -l'infanterie_, in-4º; _Traité des sièges, de l'attaque et défense des -places_, par le maréchal de Vauban, in-folio, «avec des plans très bien -_dessinés et lavés_, m. r., avec fermoir d'argent», vendu 59 livres; -_Traité des fortifications_, in-folio; _Différentes pièces d'artillerie -dessinées et colorées_, in-8º obl., mar. r., dent.; _Etat de la -composition des troupes d'infanterie et de cavalerie française et -étrangère_, in-4º, mar. r., fermoirs d'argent; _Etat des officiers -généraux_, etc., _employés à l'armée commandée par S. A. S. Mgr le comte -de Clermont, en 1758_, 2 vol. in-16, mar. r.; _Etat des troupes de France -sur pied, en 1755_, in-8º; _Etat de la maison du Roi, en 1751_; in-8º, -mar. r.; _Etat des gouvernements généraux, 1751_, in-8º, mar. r. - -L'ami des choses légères, des poètes, des chansonniers, se manifeste, au -contraire, dans les articles suivants: trois _Recueils de chansons_, -mss., l'un en 9 vol. in-8º, l'autre en 8 vol. in-4º, le dernier en 9 vol. -in-folio et 3 vol. de tables; et un _Recueil de poésies_, ms., 8 vol. -in-8º. - -Des deux fils que Louis XIV eut de Mme de Montespan et qui lui -survécurent, le duc du Maine et le comte de Toulouse, celui-ci paraît -avoir eu particulièrement le goût des beaux livres. Il en avait rassemblé -un grand nombre, soit à Paris, dans le magnifique hôtel de Toulouse, près -la place des Victoires, soit au château de Rambouillet, qu'il acheta, en -1705, de l'intendant des finances, Fleuriau d'Armenonville, et où il -mourut en 1736. - -Louis-Alexandre de Bourbon, comte de Toulouse, était né le 6 juin 1678. -Lui et sa sÅ“ur, la future duchesse d'Orléans, femme du régent, furent -les suites de cette fameuse réconciliation des deux amants que Mme de -Caylus a si joliment racontée. - -Par respect pour le jubilé et sur les exhortations de Bossuet, Louis et -sa maîtresse ne se voyaient plus que sur la cérémonie et en présence des -dames les plus respectables de la cour.--«Le roi, dit Mme de Caylus, vint -donc chez Mme de Montespan, comme il avait été décidé; mais, -insensiblement, il la tira dans une fenêtre; ils se parlèrent bas assez -longtemps, pleurèrent, et se dirent ce qu'on a accoutumé de dire en -pareil cas; ils firent ensuite une profonde révérence à ces vénérables -matrones, passèrent dans une autre chambre; et il en avint Madame la -duchesse d'Orléans et ensuite M. le comte de Toulouse.» Enfant, il avait -été beau comme le jour; quand il parut pour la première fois à -Versailles, sa beauté «surprit et éblouit tous ceux qui le virent». De ce -côté, il avait la supériorité sur son frère, le duc du Maine, son aîné de -huit ans, qui se rattrapait, il est vrai, du côté de l'esprit, ou du -moins d'un certain esprit. Par la droiture, par la délicatesse et la -tendresse de cÅ“ur, le comte de Toulouse l'emportait aussi beaucoup sur -son frère. Saint-Simon lui accorde toutes ses préférences. «C'était, -dit-il, l'honneur, la vertu, la droiture, la vérité, l'équité même, avec -un accueil aussi gracieux qu'un froid naturel, mais glacial, le pouvait -permettre; de la valeur et de l'envie de faire, mais par les bonnes -voies, et en qui le sens droit et juste, pour le très-ordinaire, -suppléait à l'esprit; fort appliqué d'ailleurs à servir sa marine de -guerre et de commerce, et l'entendant très bien.» Ailleurs Saint-Simon le -qualifie encore de «sage, silencieux, mesuré». - -Pourvu, dès l'année 1683, de la charge de grand amiral de France, il se -montra plus tard digne de cette faveur, alors prématurée, à la fois par -son courage et sa connaissance des choses navales. Après avoir fait sa -première campagne, à l'âge de treize ans, en Flandre, où il monta à -l'assaut de Mons et fut blessé au siège de Namur, il montra toutes les -qualités d'un homme de mer à la bataille de Malaga, où, le 24 août 1704, -il battit la flotte anglaise et démâta le navire de son chef, l'amiral -Rooke. «On ne saurait, dit Saint-Simon, une valeur plus tranquille, qu'il -fit paraître pendant toute l'action, ni plus de vivacité à tout voir et -de jugement à commander à propos.» Obligé de renoncer à la mer par une -cruelle maladie de la pierre, qui le tourmenta toute sa vie, restant -éloigné de toutes les menées ambitieuses ourdies par son frère, le duc du -Maine, il se contenta de vivre en sage. Il mourut le 1er décembre 1737, à -l'âge de cinquante-neuf ans, laissant une mémoire aimée, que continua -dignement son fils, l'aimable et bienfaisant duc de Penthièvre. - -Le comte de Toulouse avait formé une nombreuse bibliothèque, dont les -livres, très heureusement choisis, portent ses armes: _de France, au -bâton péri en barre de gueules_, et quelquefois une ancre, emblème de -grand amiral. Nous connaissons la composition de cette bibliothèque soit -par les deux volumes du _Catalogue des livres du roi Louis-Philippe_, -vendus en 1852, soit par des catalogues qui en furent publiés du vivant -même de ce prince pour son propre usage. - -Un premier catalogue fut dressé, en 1708, sous ce titre: _Catalogue de la -bibliothèque du château de Rambouillet, appartenant à Son Altesse -Sérénissime Monseigneur le comte de Toulouse_, M DCC VIII, s. l., in-8º -de 216 pages, plus 13 pages de table des auteurs. Il comprend 1,589 -numéros, répartis en cinq divisions: théologie, droit, philosophie, -belles-lettres et histoire. Parmi les manuscrits, l'on remarque: -_Exercice et détail de toutes les manÅ“uvres qui se font à la mer_, par -le chevalier de Tourville, en 1681, sur vélin, in-4º; _Etat de la marine -de l'Empire ottoman_, par M. de La Croix, in-4º; _les Noms, armes et -qualitez des amiraux de France, avec les blasons enluminez_, in-fol. - -Un nouveau catalogue en fut fait dix-huit ans après: _Catalogue de la -bibliothèque du chasteau de Rambouillet, appartenant à Son Altesse -Sérénissime Monseigneur le comte de Toulouse_, à Paris, imprimé par les -soins de Gabriel Martin, libraire de S. A. S., 1726, in-8º de 620 pages, -plus 29 pages de table des auteurs. Les numéros ne se suivent pas, en -sorte qu'il est difficile de se rendre compte de l'importance relative -des divisions autrement que par la pagination. La théologie comprend 31 -pages; la jurisprudence, 11; la philosophie, les mathématiques et les -arts, 33; les belles-lettres, 198; l'histoire, 322. Parmi les manuscrits, -l'on remarque: _Mémoires de J.-B. Colbert sur les ordonnances générales_, -8 vol. in-4º; _Mémoire présenté à M. le duc d'Orléans au commencement de -sa régence_, par M. de Boulainvilliers, in-4º; _Réflexions sur l'histoire -de France_, du même, 2 vol. in-4.; _Origine des parlements_, du même, 2 -vol. in-4º; _Traité de la noblesse_, du même, in-4º; _Journal de la -campagne de Hongrie_, de 1717, in-fol.; _Recueil de pièces et mémoires -concernant l'affaire des princes_ (légitimés), _avec des notes et une -table_, in-fol.; _les Trophées et les disgrâces des princes de la maison -de Vendôme_, par Bonair Stuart, in-8º; _Cérémonial du couronnement des -ducs de Bretagne_, etc. - -Dans l'épître dédicatoire au comte de Toulouse, placée en tête de ce -second catalogue, on lit: - -«Il est heureux pour moy que ma profession me mette en état de servir V. -A. S. dans le genre qui luy est le plus agréable, et j'ose dire le plus -glorieux. Je veux parler des lettres et des beaux-arts que Vous alliez si -parfaitement, Monseigneur, avec la science de la cour et les devoirs de -la société, qu'on remarque à travers l'éclat de votre auguste Naissance, -les qualitez de l'honneste homme, et l'esprit orné de l'homme de lettres. -C'est ce goust qui Vous a porté à former un cabinet de livres choisis -dans votre château de Rambouillet, de tous temps le réduit des Muses.» - - -Huit années plus tard parut un _Supplément du catalogue de la -bibliothèque du château de Rambouillet_, s. l., 1734, in-8 de 140 pages, -plus 8 pages de table des auteurs. La théologie y occupe 7 pages; la -jurisprudence, 3; les sciences, 10; les belles-lettres, 45; l'histoire, -68. - -Le comte de Toulouse avait une très belle bibliothèque musicale, -peut-être la plus riche de son temps, dont il avait confié la garde à un -musicien distingué, Philidor l'aîné. Nous trouvons la preuve de ce goût -du comte de Toulouse dans le _Catalogue des livres du roi -Louis-Philippe_, où figurent les recueils suivants: - -_Collection de partitions et tragédies lyriques ou opéras_, 206 vol. -in-4º obl., v. f. et v. m. Cette collection était en partie manuscrite et -en partie imprimée. Chaque volume manuscrit avait un titre imprimé, au -bas duquel on lisait: _Copiez par ordre exprès de S. A. Mgr le comte de -Toulouse, par Philidor l'aîné, garde de toute sa bibliothèque de -musique_, l'an 1703. Autres collections de _Symphonies des opéras et -vieux ballets de Lully_, manuscrites et imprimées, 11 vol. in-4º; de -_Motets de Lully_, manuscrits, 5 vol. in-fol.; de _Motets à deux chÅ“urs, -pour la chapelle du roy, mis en musique par M. de Lully_, 15 vol. in-4º -obl.; de _Motets de Colasse et de Minoret_, 9 vol. in-4º; de _Motets de -M. de Lalande_, 21 vol. in-4º; de _Motets de Campra_, 13 vol. in-4º; de -_Desmarets_, 17 vol. in-4º obl.; de _Bernier_, 12 vol. in-4º; de -_Legrenzi_, 4 vol.; de _Couperin_, 6 vol.; de _Carissimi_, 3 vol. in-4º; -des _Airs de violon de Matho_, 1733, 3 vol. in-4º. - -Le fils unique que le comte de Toulouse eut de son mariage avec Sophie de -Noailles, veuve du marquis de Gondrin, marcha sur les traces de son père. - -Né à Rambouillet, le 16 novembre 1725, le duc de Penthièvre eut pour -précepteur l'abbé Quénel. Comme son père, il eut la charge de grand -amiral. Il se montra plein de courage à la bataille de Dettinghen--il -avait dix-huit ans--où il se trouva dans le feu le plus vif, et à celle -de Fontenoy, où il chargea, à la tête de Fitz-James cavalerie, la -terrible colonne anglaise. Dans ses études, il avait manifesté du goût -pour les mathématiques, la géométrie, la physique, et suivi les cours -publics du célèbre abbé Nollet, qui, un jour, se félicita publiquement de -l'assiduité de son élève. Le prince, qui fut l'ami de Florian et -sollicita pour lui le titre d'académicien, devait aimer les livres. Il -les aima, en effet, comme le prouve l'achat qu'il fit, à la vente du duc -de La Vallière, d'un fort bel exemplaire du roman de _Perceforest_, -Paris, 1528, 6 vol. in-fol. sur vélin, avec cinq grandes miniatures, et -qui provenait de la collection du château d'Anet vendue en 1724, et des -_Chroniques_ de Guillaume Cretin. - -Le duc de Penthièvre avait aussi une fort belle bibliothèque à -Châteauneuf-sur-Loire, ancienne propriété des Phélyppeaux de la -Vrillière, qu'il avait achetée, après la vente de Rambouillet au roi -Louis XVI. De son vivant, ce prince avait fait dresser les catalogues de -ses diverses bibliothèques: de Louveciennes--où était mort son fils, le -prince de Lamballe, en 1768,--de Châteauneuf (1786), de Sceaux (1787) -qu'il avait hérité de son cousin, le comte d'Eu, en 1775. Ces trois -catalogues manuscrits figuraient à la vente du roi Louis-Philippe, en -1852 (IIe partie, nos 2480-82). - -Le duc du Maine, élève de Mme de Maintenon, et qui, enfant, passa pour un -petit prodige, témoin ces _Å’uvres diverses d'un enfant de sept ans_, qui -furent publiées en 1678, ne nous apparaît cependant comme bibliophile que -par les livres à ses armes qui figurent dans les catalogues de la vente -Louis-Philippe. Il en est de même de ses deux fils: le prince de Dombes, -mort en 1755, et le comte d'Eu, mort vingt ans plus tard; le premier à -l'âge de cinquante-cinq ans, le second à l'âge de soixante et onze ans. -Dans ces catalogues, l'on trouve marqués aux armes du duc du Maine les -ouvrages suivants: _Réflexions sur les vérités de la religion_, par -d'Alès, in-4º, ms.; _Code militaire_, Paris, 1707; _Politique tirée de -l'Ecriture sainte_, par Bossuet, Paris, 1709, in-4º (édition originale); -_Polyaeni stratagematum_, 1691; _Onosandri strategeticus_, 1599; -_Observations sur l'art de la guerre_, par Vaultier, 1714; _Pratique de -la guerre_, par Malthus, 1646; les _Å’uvres de Molière_, Amsterdam, 1684, -fig. - -Aux armes du comte d'Eu: _Traité de la concupiscence_, de Bossuet, Paris, -1731, in-12; _Paraphrase du Miserere_, par le P. Calabre, 1748, in-24; -_Vegetii de re militari_, 1592; de Traverse, _Extrait du traité de la -guerre par Puysegur_, 1755; _l'Iliade_, par La Motte, 1714; _Antiqua -numisma S. Ducis Cenomanensium_, in-fol., mar. vert, «beau manuscrit -parfaitement exécuté». - - -Nous clorons cette liste des Bourbons bibliophiles de la branche aînée -par le comte d'Artois, qui fut un véritable bibliophile, auquel nous -devons la Bibliothèque de l'Arsenal, qu'il acheta du marquis de Paulmy. - -Malgré la réputation de frivolité qui lui resta longtemps, le comte -d'Artois aimait les lettres et les gens de lettres. Chamfort, le -spirituel et mordant auteur des _Maximes et pensées morales_..., qui le -sont souvent si peu, fut son lecteur. Et ce n'était pas là , quoi qu'on en -ait pu dire, «une sinécure comme celle d'aumônier du régent». La preuve -en est dans la très belle bibliothèque personnelle que ce prince s'était -formée, et dont on possède l'inventaire. Ce _Catalogue des livres du -cabinet de Monseigneur le comte d'Artois_, à Paris, de l'imprimerie de -Didot l'aîné, M DCC LXXXIII, est un fort beau volume in-4º, papier vergé -de Hollande à grandes marges, remarquable spécimen de l'art de -l'imprimerie à cette époque. - -Le comte d'Artois avait alors vingt-six ans, et ce n'était pas le premier -témoignage qu'il donnait de son goût pour les livres. De 1780 à 1783 -avait paru, chez Fr. Ambroise Didot, une «collection de romans et de -poésies» imprimée par les ordres et aux frais de ce prince, qui s'en -était réservé les exemplaires, tirés d'ailleurs à un très petit nombre, -«pour en faire des présents». Cette collection est restée célèbre parmi -les bibliophiles. - -On comprend qu'un prince qui éditait à ses frais toute une collection de -livres possédât lui-même une assez belle bibliothèque et mît quelque -coquetterie à en dresser l'inventaire. Le catalogue que nous venons de -citer comprend 1,313 numéros, formant 136 pages. La partie des -belles-lettres a 542 numéros, tandis que l'histoire n'en a que 385; les -arts, 131; la philosophie et la politique, 101; les sciences, 86; la -théologie, 39; et la jurisprudence, 14. D'ailleurs, aucun étalage de -fausse érudition: ce n'est pas une bibliothèque de parade, mais celle -d'un homme du monde qui n'a de livres que ceux qu'il peut et qu'il veut -lire. Ce catalogue donne l'idée d'une bibliothèque surtout contemporaine, -tenue au courant de ce qui se publie en matière de belles-lettres, et où -les écrivains anciens figurent plutôt dans d'élégantes éditions modernes -que dans les éditions princeps du XVIe siècle. - -La disposition même de ce catalogue a cela d'insolite que la théologie en -forme l'avant-dernière division. Ce classement particulier ne saurait -étonner dans la bibliothèque d'un prince qui était alors presque aussi -voltairien que son frère, le comte de Provence. N'oublions pas que c'est -le moment où les contemporains nous représentent le comte d'Artois comme -un type accompli de cette société élégante, spirituelle et -libre-penseuse. «Le comte d'Artois, dit la baronne d'Oberkirch, est le -prince le plus aimable du monde. Il a infiniment d'esprit, non pas dans -le genre de M. le comte de Provence, c'est-à -dire sérieux et savant, mais -le véritable esprit français, l'esprit de saillie et d'à -propos.»--«Il -est vif, bouillant, décidé; dès l'âge le plus tendre, il a fait parler de -lui», dit l'_Espion anglais_. - -On remarque cependant, dans ce catalogue, l'absence des _Provinciales_ de -Pascal. Le nom du grand adversaire des Jésuites n'y est inscrit que pour -les _Pensées_, édit. de la Haye, 1743, in-12, et pour le _Traité de -l'équilibre des liqueurs_, Paris, 1698, in-12. Par contre, on y trouve un -livre auquel on ne s'attendrait guère dans une bibliothèque composée -comme nous l'avons dit. C'est celui de Marat: _Découvertes sur le feu, -l'électricité et la lumière_, Paris, 1779, in-8º, qui vient immédiatement -avant celui de Pascal. O hasard des catalogues! Il est vrai que Marat -était médecin des gardes du corps du comte d'Artois. Il avait -probablement offert respectueusement son livre à ce prince, qui, pour -faire honneur à l'un de ses serviteurs, l'avait fait mettre dans sa -bibliothèque. Ce fut là un honneur, sinon un bienfait, mal placé. - -Le comte d'Artois, que les mémoires du temps nous montrent comme donnant -dans l'anglomanie, n'appréciait pas les Anglais seulement pour la coupe -de leurs habits et pour leurs jockeys. Parmi ses livres figure un -Shakespeare, de la belle édition annotée de Johnson, _Londres_, 1765, 8 -vol. in-8º; le poème de _Hudibras_, les _Å’uvres_ d'Addison, les -_Aventures de Robinson Crusoé_, et l'_Histoire d'Angleterre_, de Hume, -dans le texte original. La langue anglaise lui était familière, comme à -son frère, Louis XVI, qui traduisit l'_Essai d'Horace Walpole sur Richard -III_. La révolution allait bientôt le forcer à s'en servir plus qu'il -n'aurait voulu. - -Les encyclopédistes ne l'effrayaient pas plus que les économistes. Comme -presque tous ses contemporains, il eut même un penchant pour eux: leurs -Å“uvres étaient si peu pour lui des Å“uvres de réprouvés, qu'il -possédait, fort richement reliés, les trente-trois volumes in-folio de -l'_Encyclopédie_, les _Pensées_ de Diderot, les _Å’uvres_ de La Mettrie, -le livre de _l'Esprit_, d'Helvetius, Paris, 1758, in-12, les _Å’uvres -complètes_ de Voltaire, Genève, 1769, 24 vol. in-4º, avec figures, les -_Å’uvres_ de J.-J. Rousseau, Paris, 16 vol. in-8º, l'_Histoire -philosophique des deux Indes_, de Raynal. - -Dans sa bibliothèque, les livres galants y sont peu nombreux. Le genre -est représenté par _Félicia ou mes fredaines_, le célèbre roman de -Nerciat; le _Sopha_, de Crébillon fils; _les Bijoux indiscrets_, de -Diderot; _Honny soit qui mal y pense ou Mémoires des filles célèbres du -XVIIIe siècle_, par Desboulmiers, Paris, 1775; _Journées de l'Amour ou -Heures de Cythère_, Gnide, 1776; _les Leçons de la volupté ou la Jeunesse -du chevalier de Moronville_, Paris, 1776. - - -IV - -Les Bourbons-Orléans n'aimèrent pas moins les livres que leurs aînés. -C'est surtout à partir du Régent que nous voyons apparaître chez eux les -goûts du bibliophile. Les livres du régent portent les armes de sa -maison: _de France au lambel à trois pendants d'argent_. C'est pour le -régent que les artistes du temps inventèrent ces ornements pleins -d'originalité et de richesse, mosaïques fleuries, grenades -entr'ouvertes, feuilles, fruits. Ce prince ne se contentait pas d'avoir -de beaux livres, il en faisait, ou du moins il en illustrait, et son -édition du roman de _Daphnis et Chloë_, traduit par Amyot, pour lequel il -composa des dessins que grava Audran, est restée célèbre. A la vente du -roi Louis-Philippe, peu de livres cependant provenaient de lui; nous -citerons un _Homère_, traduction de Dacier, 1719, in-12. Sa fille, la -spirituelle mais bien étrange duchesse de Berry, morte à vingt-quatre -ans, en 1719, eut le temps, dans sa courte existence, de se former une -nombreuse bibliothèque, dont les livres portaient pour armes sur les -plats: _de France, à la bordure engrêlée de gueules qui est de Berry -accolé d'Orléans_, et, sur le dos, M L entrelacées. On rencontre aussi -quelquefois de beaux livres timbrés des armes d'Espagne accolées à celles -d'Orléans. Ils ont appartenu à Marie-Louise d'Orléans, sÅ“ur consanguine -du régent, qui avait épousé le roi d'Espagne, le triste et malingre -Charles II, et qui mourut en 1689, à vingt-sept ans, non sans soupçon de -poison. - -Deux fils naturels du régent, qu'il eut, l'un de la Florence, danseuse de -l'Opéra, en 1698, l'autre, en 1702, de Mlle de Sery, comtesse d'Argenton, -peuvent être aussi comptés parmi les bibliophiles. Charles, appelé -d'abord l'abbé de Saint-Albin, et qui fut évêque de Cambrai de 1723 à -1764, avait formé une belle bibliothèque, comme le prouve le _Catalogue_ -qui en fut publié, _Cambray_, 1766, in-8º. Ses armes étaient: _de France, -au bâton péri en barre de gueules, au lambel d'argent à trois pendants_. -Son frère, qui fut grand-prieur de France de l'ordre de Malte et mourut -en 1748, posséda aussi de beaux livres, qui étaient décorés des mêmes -armes, avec cette seule modification: _au chef chargé de la croix de -Malte_. - -Le troisième duc d'Orléans, Louis, que la mort de sa femme, une princesse -de Bade, enlevée en couches à vingt-deux ans, jeta dans la plus grande -dévotion, avait réuni une précieuse bibliothèque religieuse, qu'il légua -à l'abbaye de Sainte-Geneviève, où il s'était retiré depuis 1730 et où il -mourut en 1752. Elle forme une partie de la Bibliothèque Sainte-Geneviève -actuelle. - -Son fils, Louis-Philippe, quatrième duc d'Orléans (1725-1785), fut un -prince débonnaire, qui, soit au Palais-Royal, soit au château de -Sainte-Assise, partageait son temps entre le commerce des lettres et un -petit cercle d'amis. L'aimable Collé fut son lecteur. Comme le comte de -Clermont, il aimait à donner chez lui le spectacle de la comédie; il y -jouait même, fort bien, dit-on, les rôles à manteau. Après la mort de la -duchesse d'Orléans, Louise-Henriette de Bourbon-Conti, en 1759, l'on sait -quelle place tint près de lui Mme de Montesson: ce fut sa marquise de -Maintenon. Il aima certainement les livres et en réunit une riche -collection qui fut vendue après lui. Ce prince, qui mourut le 18 novembre -1785, à soixante ans, laissait deux enfants: le nouveau duc d'Orléans, -Louis-Philippe-Joseph, qui mourut en 1793 sur l'échafaud révolutionnaire, -et alors âgé de quarante ans; et la duchesse de Bourbon, mère de -l'infortuné duc d'Enghien. C'est sans doute au partage qui dut se faire -entre ces deux héritiers qu'il faut attribuer la vente des livres de ce -prince, qui eut lieu à l'hôtel Bullion, seize mois après sa mort, le 3 -mai 1787 et jours suivants. Le catalogue en parut sous ce titre: -_Catalogue des livres de la bibliothèque de Son Altesse Sérénissime -Monseigneur le duc d'Orléans, premier prince du sang_, à Paris, chez -Leclerc et Baudouin, et la veuve Vallat La Chapelle, 1787, in-8º de 333 -pages. Ce catalogue, qui contient une table alphabétique par auteurs, -comprend 1,247 numéros. Il est malheureux qu'il n'indique l'origine -d'aucun des ouvrages décrits. En mettant à part l'histoire, qui forme 633 -numéros, la division la plus considérable est celle des sciences et arts -qui a 189 numéros, tandis que les belles-lettres en ont 172 seulement. La -partie de la musique doit être remarquée comme indice des goûts de ce -prince pour les fêtes. Nous y voyons 100 volumes, in-fol. et in-4º, de -_Symphonies, concertos, trios_ de Vivaldi, Corelli et autres; 27 volumes, -in-fol. et in-4º, de _Recueils d'airs à chanter et autres_; _les Cantates -de Clerambault_, 2 vol. in-fol.; 80 volumes in-4º obl., _Anciens opéras, -tant gravés qu'imprimés, de différents auteurs, dont_ ALCIONE, _par -Marais_; 54 volumes in-fol., _Anciens opéras de Lulli, Campra et autres -auteurs, dont_ $1, _par Rebel et FrancÅ“ur_. - -Le petit-fils de ce prince, le roi Louis-Philippe, avait, dans sa -jeunesse, connu l'exil; c'est dans le travail et le commerce des lettres -qu'il en avait adouci l'amertume. Soit en Suisse, au milieu des montagnes -sauvages des Grisons, dans le village de Reichenau, où, en 1793, sous le -nom de Chabot, il donna pendant huit mois des leçons de français, de -mathématiques et d'histoire, dans l'institution de M. Jost; soit à -Hambourg, où il fit imprimer sous ses yeux et imprima peut-être lui-même, -un volume en réponse à certaines allégations hasardées de la comtesse de -Genlis, ce prince montra des goûts de savant et de lettré qui devaient le -conduire fatalement à devenir bibliophile. Aussi le fut-il soit au -Palais-Royal, quand il n'était encore que duc d'Orléans, soit aux -Tuileries, quand il fut devenu roi. Non seulement des sommes -considérables de sa liste civile et de sa fortune particulière furent -consacrées à des acquisitions de livres, à des souscriptions aux grandes -publications de l'époque, mais encore des ouvrages très importants furent -publiés par ses ordres, à ses frais et sous sa direction. Telles furent -les _Vues des châteaux royaux_ par l'architecte Fontaine, l'_Histoire des -résidences royales_ par Vatout, et peut-être les _Galeries de Versailles_ -par Gavard, pour lesquelles M. Montalivet avait pris un arrêté par lequel -l'ouvrage ne serait accordé en don que sur un ordre signé du roi. Ces -trésors bibliographiques qu'il avait rassemblés dans ses résidences -privées devaient bientôt être dispersés. - -Quatre ans après la révolution de février, eut lieu, le 8 mars 1852 et -les vingt-six jours suivants, la vente des livres provenant des diverses -bibliothèques du roi Louis-Philippe, mort le 20 août 1850. Un avis placé -en tête du _Catalogue_, Paris, Potier, 1852, 2 vol. in-8º de 349 et 264 -pages, signale «les dégradations et mutilations qu'ont subies un certain -nombre de livres dans des circonstances que, dit l'expert, nous ne -voulons pas rappeler, et qui ont malheureusement atteint quelques-uns des -plus importants et des plus précieux». Le premier volume contient 3,039 -numéros; le second, 2,523. Ces deux volumes sont consacrés aux -«Bibliothèques du Palais-Royal et de Neuilly»; un troisième, qu'on -rencontre plus rarement et dont nous devons la communication au vénérable -et savant M. Louis Barbier, ancien administrateur de la Bibliothèque du -Louvre, est relatif à la bibliothèque du château d'Eu: _Catalogue des -livres provenant de la bibliothèque du château d'Eu_, Paris, Potier, -1853, in-8 de 29 pages. Il comprend 337 numéros seulement. La vente eut -lieu les 5, 6 et 7 avril 1853, à la salle Silvestre, rue des -Bons-Enfants, comme la précédente. - -Ces catalogues ont un grand intérêt historique par l'origine qu'ils -indiquent d'un très grand nombre de volumes ayant appartenu à divers -membres de la famille de Bourbon: le régent; le duc et la duchesse du -Maine, et leur fils, le comte d'Eu; le comte de Toulouse et le duc de -Penthièvre; la duchesse d'Orléans, mère du roi. Nous avons fait le relevé -de ces livres, la crainte seule de trop allonger ce travail nous empêche -d'en donner la liste complète. Nous signalerons seulement les manuscrits -et quelques livres d'une rareté particulière. Voici les manuscrits: - -_Li Romans du castelain de Couci_ (en vers), avec _Li Regret du comte de -Haynnau_, in-4º de 33 et 58 ff., m. r., aux armes du comte de Toulouse; -la _Cronique françoyse_, de Guill. Cretin, 5 vol. in-fol. sur vélin, ms. -provenant du duc de La Vallière; le _Roman d'Yvain_, ms. de la fin du -XIIIe siècle, in-fol. de 55 ff. (armes de Nicolas Foucault et du comte de -Toulouse); les _Lettres spirituelles de la sÅ“ur Marceline Pauper, -décédée à Tulle_, en 1706, in-4º; un recueil de _Lettres_ écrites de -1687 à 1692, faussement attribuées à Mme de Sablé, laquelle mourut en -1678 (aux armes de la comtesse de Toulouse); _Instructions de la vie -civile et chrétienne_, (par un père à ses enfants), datées de Tlodosso, -1722, in-4º (armes du duc du Maine); _Recueil d'ouvrages mss._, en partie -autographes du Mis de Mirabeau 6 vol. in-fol.; _Mémoire et instruction -sur les munitions des places, l'artillerie_, par Vauban, in-fol., mar. r. -(aux armes du duc du Maine); _Recueil de chansons, par Blot et autres_, -sous la Fronde, in-4º; _Recueil de poésies_, de Mlle de Caumont de La -Force, in-4º, mar. r., avec cette note: - -«Manuscrit autographe. Ces poésies sont adressées au duc de Vendôme, au -duc d'Estrées, à l'abbé de Chaulieu, à la duchesse du Maine, à -Campistron, à Hamilton, avec des réponses de ce dernier.» - -_Chansons et autres poésies_, de la même, in-4º, mar. r., ms. autographe -de 148 pp.; les pièces sont adressées à Mademoiselle, à la princesse de -Conti, au prince de Turenne, à Mme de Maintenon, etc.; _Adélaïs de -Bourgogne_, par la même, 2 vol. in-4º; _les Jeux ou la Promenade de la -princesse de Conty à Eu_, par la même, 1701, in-4º ms. inédit; _Portrait -de Mlle de La Force, fait par elle-même_, in-4º, mar. r., suivi de -quelques autres écrits, de la même, etc. - - -Parmi les imprimés, l'on remarque: - - _Gyron le Courtoys_, Paris, 1519, in-fol. goth.; _les Quatre filz - Aymon_, Paris, 1508, pet. in-fol., fig. sur bois; _Sensuyt Ogier - le Dannois_, Paris, Trepperel, s. d., in-4º goth.; _le Nouble roy - Ponthus_, et _la Cronique et hystoire de Appollin, roy de Thyr_, - Genesve, in-4º goth., fig. col.; l'_Histoire de Huon de - Bordeaux_, Rouen, s. d., in-8º; _les Neuf preux_, Abbeville, - 1487, in-fol. goth.; _Amadis de Gaule, mis en françois_ par Nic. - de Herberay, Lyon et Paris, 1575-1615, 23 vol. in-16 et 3 vol. - in-8º; l'_Histoire de Palmerin d'Olive_, trad. par Maugin, 1553, - in-fol.; _Histoire de Perceforest_, Paris, 1528, 6 vol. in-fol., - imprimés sur vélin, avec cinq grandes miniatures (cet ex. - provenait de la vente d'Anet en 1724, où il avait été acheté par - le comte d'Hoym, puis racheté à la vente La Vallière par le duc - de Penthièvre, au prix de 1,601 livres.); l'_Historien Josèphe_, - 1534, in-fol. goth. sur vélin, provenant d'Honoré d'Urfé; - l'_Histoire de Guy de Warvich_, Paris, s. d., in-4º goth.; - _l'Amant resuscité_, par Th. Valentinian, Lyon, 1558, in-4º; _Du - vray et parfaict amour, ou les Amours de Théagènes et de Charide_ - (_sic_), par Martin Fumée, Paris, 1599, in-12, vél.; _les Amours - de Théagènes et Chariclée_, trad. d'Amyot, Paris, 1549, in-8, v. - rac. (2e édition de ce livre); _Hypnerotomachie ou discours du - songe de Poliphile_, Paris, 1561, in-fol., fig. sur bois; les - _Cent excellentes nouvelles_, de Giraldy Cynthien, trad. par - Chappuys, Paris, 1584, in-8º; le _Faust_ de GÅ“the, trad. de - Stapfer, avec les 17 dessins de Delacroix, Paris, Motte, 1828, - in-fol. dem.-rel. - -Le roi Louis-Philippe avait formé aussi une magnifique collection de -portraits historiques, qui était rassemblée au Palais-Royal. Ils -s'élevaient au nombre de 4,600 et figurent au catalogue de 1852 (IIe -partie), sous le no 777. Indépendamment de cette collection, dont un -_Catalogue_ fut publié, Paris, 1829, 4 vol. in-8º et in-fol., le roi -possédait encore de nombreux portraits de différentes époques et de -différents pays, qui furent vendus sous les nos 780-832: Å“uvres de -Morin, de M. Lasne, de Van Schuppen, de Nanteuil, de Simon, d'Edelinck, -de Drevet, de Masson, de Carmontelle. - -Le roi Louis-Philippe ne fut pas le dernier Bourbon bibliophile; mais -nous devons nous arrêter au seuil de l'histoire contemporaine, que nous -nous sommes donnés pour limite. - -[Illustration: deco] - - -REINES ET PRINCESSES - - -[Illustration: deco] - - -Si les princes de la maison de Bourbon aimèrent les livres et furent -souvent de véritables bibliophiles, c'est une passion que les femmes de -leur race partagèrent avec eux. Aussi serait-il injuste de ne pas parler -d'elles, et de ne pas inscrire leurs noms sur le livre d'or de la -Bibliophilie. Elles n'eurent pas seulement de précieuses collections de -livres, livres choisis, habillés avec le goût le plus délicat, rangés -dans de beaux corps de bibliothèques; elles firent aussi des livres, -imitant d'ailleurs en cela leurs parents du sexe fort. Henri IV est un -admirable épistolaire, mais Madame Elisabeth n'est pas à dédaigner, et -ses lettres ont une originalité pleine de saveur. C'est à une princesse -de Conti que l'on attribue les _Amours du grand Alcandre_, lisez de Henri -IV. Mademoiselle de Montpensier a écrit des mémoires qui comptent parmi -les meilleurs. Mademoiselle de Nantes, fille de Louis XIV et de Madame de -Montespan, plus tard Madame la duchesse, faisait des vers--souvent par -trop salés--qui réjouissaient fort la cour, tout en la scandalisant un -peu; la duchesse du Maine--une Condé--tenait une véritable cour -littéraire en son château de Sceaux, et n'était pas la dernière à payer -son écot en vers et en prose, en madrigaux et en comédies. Une autre -princesse de Condé, Louise-Adélaïde de Bourbon, tante du duc d'Enghien, -qui mourut en 1824, prieure des Dames Bénédictines établies au Temple de -Paris, a laissé un volume de lettres pleines d'élévation et de -sentiments. Quand on a tant de dispositions pour les choses de l'esprit, -comment ne serait-on pas bibliophile? Aussi beaucoup de ces princesses le -furent-elles. - - -I - -Il est à remarquer que la femme du roi de France qui fut le véritable -fondateur de cette collection incomparable de livres qui s'appelle -aujourd'hui la Bibliothèque nationale, fut une princesse de Bourbon. -Jeanne de Bourbon, arrière-petite-fille de Robert, comte de Clermont, -tige de cette maison, et qui épousa en 1350 le dauphin Charles, qui fut -plus tard Charles V, lui apporta en dot, entre autres trésors, une -vingtaine de manuscrits précieux, richement reliés, qui contribuèrent à -former le premier fonds de la Bibliothèque que ce prince rassembla plus -tard dans la grosse tour du Louvre. Le goût pour les livres, qu'elle -avait puisé dans sa famille, ne fut certainement pas sans influence sur -son royal époux, «dont la belle librairie» devint célèbre dans toute la -chrétienté, et qui aimait à tracer son nom sur ses livres favoris. Quand -elle mourut, en 1377, trois ans avant Charles V, elle laissa la -réputation d'une reine amie des lettres et de ceux qui les cultivent. - -Ce que Jeanne de Bourbon avait été pour le roi Charles V, une nièce de ce -prince le fut pour le duc Jean Ier. Par une heureuse rencontre, les ducs -de Bourbon furent presque toujours heureusement secondés de leurs femmes -dans l'accroissement de leur bibliothèque de Moulins. Ainsi en fut-il de -la duchesse Marie, fille unique et héritière du duc de Berry, frère de -Charles V, mort en 1416, qui apporta à son époux, le duc Jean Ier, -quarante et un des plus beaux manuscrits que son père avait réunis dans -son château de Mehun-sur-Yèvre. Ces livres lui furent comptés pour une -somme de 2,500 livres tournois dans la succession de celui-ci. Les autres -furent malheureusement dispersés par les créanciers de ce prince[2]. L'on -voit encore sur un manuscrit exécuté pour elle par le P. de la Croix, -cette note: «Et apertient ce dit livre à très haulte et poissant dame -Marie, fille de très redoubté prince Jehan, duc de Berry,... et le fist -escripre par grant diligence frère Symon de Coucy, cordelier, confesseur -de laditte Dame.» Cet amour des livres, la duchesse Marie le transmit à -son fils et à son petit-fils, les ducs Charles Ier et Jean II, qui tous -deux, comme nous l'avons vu, furent de grands bibliophiles. - - [2] Voir sur cette librairie de Jean, duc de Berry: Le Laboureur, - _Histoire de Charles V_, p. 75; Barrois, _Bibliothèque - protypographique_, 1830; comte de Bastard, _Librairie de Jean de - France, duc de Berry_; P. Paris, _Bulletin du bibliophile_, 1837; - Douët d'Arcq, _Revue archéologique_, t. VII; Hiver de Beauvoir, - _Trésor de la Sainte Chapelle de Bourges_, 1855, et _la Librairie - de Jean, duc de Berry, au château de Mehun-sur-Yèvre_, 1860; - surtout M. Léopold Delisle, _Bibliothèque de l'Ecole des - Chartes_, 4e série, t. II, et le _Cabinet des manuscrits_, t. I, - p. 56.--Beaucoup des manuscrits du duc de Berry étaient ornés de - ses armes: _de France à la bordure engrêlée de gueules_; de sa - devise: _Le Temps venra_, et de son chiffre, formé d'un V et d'un - E enlacés. - -C'est dans la branche des Bourbons-Vendôme, détachée elle-même de celle -des comtes de la Marche éteinte au XVe siècle, et qui succéda, dans le -titre de duc de Bourbon, à la branche aînée et à celle des -Bourbons-Montpensier, que nous rencontrons maintenant la plus illustre -héritière de cet amour pour les livres qui distingua les princes de la -maison de Bourbon. Nous voulons parler d'Antoinette de Bourbon, l'un des -six enfants de François de Bourbon, comte de Vendôme, et de cette Marie -de Luxembourg, fille et héritière du fameux comte de Saint-Pol, le -décapité, qui enrichit si grandement cette branche des Vendôme. Née en -1494, morte à près de quatre-vingt-dix ans, en 1583, sÅ“ur de Charles de -Bourbon, créé duc de Vendôme par François Ier en 1515, tante d'Antoine de -Bourbon, roi de Navarre, du comte d'Enghien, le vainqueur de Cérisoles, -du cardinal de Bourbon, qui fut le roi des Ligueurs sous le nom de -Charles X, et du prince de Condé, tige de la maison de Condé, elle occupe -une grande place dans l'histoire de son temps, sous le nom de -douairière de Guise. Elle avait, en effet, épousé, en 1513, Claude -de Lorraine,--fils de René II, le vainqueur de Charles le -Téméraire,--premier duc de Guise, et, fut la mère de toute cette lignée -des Guises qui donnèrent tant de tracas aux derniers Valois. Ses -petits-fils faillirent enlever la couronne à Henri IV, l'héritier -légitime, dont elle était la grand'tante. Elle posséda une bibliothèque -nombreuse, dont les volumes, pour la plupart, avaient été reliés par -Nicolas Ève. Quelques-uns portaient sur les plats son chiffre formé d'un -V et d'un A enlacés (_Antoinette de Vendôme_), accompagné d'un autre -chiffre composé de deux LL (_Lorraine_). L'amour des livres fut -peut-être la seule chose qu'Antoinette de Bourbon, duchesse de Guise, -hérita de sa maison. A tous autres égards elle devint toute Lorraine, et -ne fut pas la moins dangereuse adversaire d'Antoine de Navarre et de son -fils Henri IV. - - -II - -La conquête d'un trône, les soins d'un gouvernement qui s'était donné -pour mission de fermer les blessures de la France, ne laissèrent pas -beaucoup de temps à Henri IV pour être bibliophile. Sa sÅ“ur, Catherine -de Bourbon, duchesse de Bar, eut pour cela plus de loisirs, et elle en -usa largement. Elle a laissé des livres nombreux, tous magnifiquement -reliés, marqués très souvent sur les plats de cet S fermé, qui était un -signe de fidélité conjugale ou amoureuse. L'histoire intime de la sÅ“ur -du roi Henri donnerait raison à cette interprétation. Née à Paris en -1559, de six ans plus jeune que son frère, elle reçut les leçons de -Florent Chrestien et de Palma Cayet, pour le grec, le latin et l'hébreu; -de Charles Macrin, père de Salmon Macrin le poète, pour l'histoire et la -poésie; Théodore de Bèze corrigea, dit-on, ses premiers vers. Deux -ministres, Merlin de Vaulx et Espina, l'instruisirent dans les principes -de la religion réformée. Les mémoires contemporains vantent aussi son -habileté à chanter, à toucher du luth, à danser même les pavanes -d'Espagne, les pazzamenos d'Italie, les voltes et les courantes -françaises, et même les danses béarnaises, bien qu'elle fût née un peu -boîteuse, et de santé très délicate. Elle avait treize ans seulement -quand elle perdit sa mère, Jeanne d'Albret, qui, en mourant, l'avait -placée spécialement sous la protection de son frère: «J'engage et je -supplie mon fils, lit-on dans son testament, à prendre sa sÅ“ur Catherine -sous sa protection, à être son tuteur et son défenseur.» Henri IV ne -suivit peut-être pas très fidèlement cette dernière recommandation de sa -mère, et dans les divers projets de mariage qu'il forma pour Catherine de -Bourbon, il obéit plutôt aux conseils de la politique qu'il n'écouta les -sentiments d'un frère. Il fut tour à tour question de la marier à Henri -III, au frère de celui-ci, le duc d'Alençon, à Philippe II, au duc de -Savoie Charles-Emmanuel Ier, à son cousin le prince de Condé, veuf de -Marie de Clèves, au duc Charles III de Lorraine, au roi d'Ecosse, fils de -Marie-Stuart. Au milieu de ces projets de la politique, Catherine avait -écouté son cÅ“ur, et une promesse de mariage avait été échangée entre -elle et son cousin, le comte de Soissons, frère du prince de Condé. Pour -lui elle refusa positivement l'alliance du roi d'Ecosse, et résista -énergiquement plus tard à son frère qui voulait donner sa main au duc de -Montpensier. Elle resta cependant vaincue dans cette lutte, et finit par -épouser, en 1599, le duc de Bar, fils de ce duc de Lorraine qu'elle avait -autrefois refusé. Cette union tardive devait être bientôt dénouée par la -mort. Catherine mourut le 13 février 1604, laissant le souvenir d'une âme -généreuse et d'un esprit élevé. Ses plus belles années s'étaient écoulées -au château de Pau, dans les fonctions de régente qu'elle avait remplies -en Navarre. La bibliothèque, dont le catalogue existe encore en partie, -avait été notablement augmentée par elle. Poète, elle y occupait ses -loisirs à des traductions de psaumes en langue française, et à des -poésies religieuses, qui eurent alors de la popularité en Béarn. - -L'on remarquait surtout dans sa bibliothèque une belle collection de -classiques grecs et latins, de rares manuscrits, et une grande quantité -de lettres autographes des principaux personnages de son temps. «La -plupart de ses livres, dit M. Guigard, étaient reliés à la manière de -Clovis Eve qui, bien certainement, a dû travailler pour elle. Beaucoup -d'entre eux portaient sur les plats six doubles C entrelacés formant -croix, avec une flamme au centre, le tout dans un ovale feuillé.» - - -III - -L'époque des Précieuses devait avoir plus que toute autre des -bibliophiles parmi ces femmes que passionnaient les choses de l'esprit. A -leur tête il faut placer la fille de Gaston d'Orléans, frère de Louis -XIII, et de Marie de Bourbon, duchesse de Montpensier, dernière -représentante de la seconde branche des Bourbons-Montpensier, princes de -La Roche-sur-Yon, détachée à la fin du XVe siècle de celle des comtes de -Bourbon-Vendôme. Elle a droit, comme son frère, au titre de bibliophile. -Née en 1627, morte en 1693, après cette fâcheuse aventure d'un mariage -avec Lauzun, qui fit scandale sans faire son bonheur, Mademoiselle de -Montpensier est l'auteur de ces _Mémoires_ qu'on lit toujours avec un si -vif plaisir, d'une _Histoire de la princesse de Paphlagonie_ (1659), -roman qui peut encore piquer aujourd'hui la curiosité, par les allusions -qui s'y trouvent aux personnages du temps, et de _Portraits_, nés de -cette mode qui occupa vers 1660 toute la société polie en France. Au -milieu des Précieuses, elle fut comme une vierge Pallas, à laquelle -poètes et courtisans s'empressaient d'apporter le tribut de leurs vers ou -de leurs hommages. Retirée, un peu forcément, après la Fronde, soit dans -ses châteaux, à Eu par exemple, soit au palais du Luxembourg, c'est -surtout alors qu'elle prit goût aux lettres et au bel esprit. Le poète -Segrais était l'un des gentilshommes de sa maison. C'est par lui qu'elle -connut Huet, qui, jeune alors, lui servait parfois de lecteur pendant sa -toilette. Ses livres timbrés au armes d'Orléans sont excessivement rares. - -A côté de la grande Mademoiselle, comme on appelait de son temps cette -princesse, nous placerons Anne-Geneviève de Bourbon-Condé, duchesse de -Longueville, la sÅ“ur du grand Condé, la galante héroïne de la Fronde. -Ses livres portaient ordinairement sur les plats un semis de fleurs de -lis, et, entouré de deux palmes, l'écusson _de France, au bâton péri en -bande de gueules, au lambel d'argent à trois pendants_ (armes des -Longueville). Ce n'est pas que la duchesse de Longueville ait été une -savante. Loin de là ; son éducation avait été assez négligée: mais elle -avait l'esprit de sa race, et un goût inné. Retz insiste -particulièrement sur ce que cet esprit devait tout à la nature, et -presque rien à l'étude. «Mme de Longueville, dit-il, a naturellement bien -du fonds d'esprit, mais elle en a encore plus le fin et le tour.» Plus -tard elle tiendra, dans ce bel hôtel de Longueville qu'elle fit bâtir rue -Saint-Thomas du Louvre, près de celui de Rambouillet, une cour d'esprit, -donnera le ton à ses contemporains, et rendra, avec son frère le grand -Condé, des jugements sur la littérature qui seront sans appel. - - -IV - -Des deux filles que Louis XIV eut de la marquise de Montespan, la plus -remarquable par son esprit--cet esprit des Mortemart, célèbre au -XVIe siècle, esprit caustique, plein de saillies, souvent à -l'emporte-pièce--fut Mademoiselle de Nantes. Née en 1673, mariée en -1685, à Louis III, duc de Bourbon, petit-fils du grand Condé, sÅ“ur de la -duchesse d'Orléans, femme du régent, elle ne mourut qu'en 1743. Survivant -de trente-trois ans à son mari, elle passa son long veuvage dans les -douceurs de l'amitié, peut-être d'un sentiment plus tendre, que lui -inspira le marquis de Lassay, et dans la société des hommes d'esprit et -des gens de lettres. «Dans une taille contrefaite, dit Saint-Simon, mais -qui s'apercevait peu, sa figure était formée par les plus tendres amours, -et son esprit était fait pour se jouer d'eux à son gré sans en être -dominée... Rien en elle qui n'allât naturellement à plaire, avec une -grâce non pareille jusque dans ses moindres actions, avec un esprit tout -aussi naturel qui avait mille charmes... Avec ces qualités, beaucoup -d'esprit, de sens pour la cabale et les affaires... féconde en chansons -les plus cruelles dont elle affublait gaîment les personnes qu'elle -semblait aimer et qui passaient leur vie avec elle. C'était la sirène -des poètes, qui en avait tous les charmes et les périls.» Ailleurs, -Saint-Simon, revenant sur ce talent pour la chanson et l'épigramme, dit: -«Mme la duchesse qui avait bien de la grâce et de l'esprit à l'art des -chansons salées, en fit d'étranges.» Cette verve satirique de la jeune -princesse s'attaquait même à Louis XIV, et aux mÅ“urs sévères que Mme de -Maintenon avait introduites à la cour, comme le prouvent ces vers d'elle -qui coururent en 1691, après le voyage du roi en Flandre: - - Enfin, après un mois je vous vois de retour, - Courtisans surannés, vrais remèdes d'amour, - Je vous revois, vieux fous si chéris de nos mères, - Lorsque restés sur nos frontières, - Nos amans loin de nous sont dans le champ de Mars - Pour livrer leurs beaux jours aux plus cruels hasards. - Ah! qu'une vieille cour à nos yeux est hideuse!! - On n'y parle jamais ni d'amour ni d'amans; - Qu'une princesse est malheureuse - D'y passer ses plus jeunes ans! - Que c'est une chose ennuyeuse - De ne voir que de vieux pédans! - -La bibliothèque qu'elle avait rassemblée dans ce magnifique palais -Bourbon qu'elle avait fait construire, et dont la plus grande partie a -disparu pour être remplacée par le Palais Législatif, était riche et bien -choisie. Ses livres se distinguaient par la magnificence des reliures, la -plupart exécutées par Derôme et Padeloup. Ils étaient timbrés à ses -armes: deux écus accolés, le premier, _de France, au bâton péri en bande -de gueules_; le second, aussi _de France, au bâton péri en barre de -gueules, qui est de Condé_. - - -V - -C'est à une princesse de Bourbon-Condé, sinon par sa naissance, du moins -par son mariage, à Anne de Bavière, femme de Henri-Jules, prince de -Condé, fils du vainqueur de Rocroy, que se rattache le souvenir d'une des -plus belles ventes de livres qui ait eu lieu sous l'ancienne monarchie. -Nous voulons parler de la vente de la bibliothèque du château d'Anet, en -1724, peu après la mort de cette princesse, veuve depuis le 1er avril -1709. Il n'est pas sans intérêt, pour l'histoire de cette admirable -collection de livres, de voir comment la célèbre demeure de Diane de -Poitiers était passée avec toutes ses richesses mobilières aux mains de -la belle-fille du grand Condé. - -Donnée d'abord par Philippe le Long, en 1318, à Louis, comte d'Evreux, -son oncle, la seigneurie d'Anet avait été confisquée par Charles V, sur -Charles le Mauvais, roi de Navarre, puis inféodée, par Charles VIII en -1444, à Pierre de Brezé, en récompense des services de ce seigneur contre -les Anglais qu'il avait chassés de Normandie. C'est par son mari, Louis -de Brezé, dont elle devint veuve en 1531, que Diane de Poitiers se trouva -en possession de la seigneurie d'Anet, dont l'ancien château, reconstruit -sur les plans de Philibert Delorme, orné par Jean Cousin et Jean Goujon, -fut une des merveilles de l'art français au XVIe siècle (1552). A la mort -de Diane, en 1566, Anet devint la propriété de Claude de Lorraine, duc -d'Aumale, qui avait épousé, en 1547, sa seconde fille, Louise de Brezé à -laquelle ce domaine était échu dans un partage fait du vivant même de -Diane, en 1561, entre elle et sa sÅ“ur Françoise, duchesse de Bouillon. -Son fils Charles de Lorraine, qui épousa en 1576 sa cousine germaine, -Marie de Lorraine, fille du duc d'Elbeuf, hérita d'Anet, mais il dut le -laisser vendre par ses créanciers, dont le principal était Marie de -Luxembourg, duchesse douairière de MercÅ“ur qui, en 1615, acheta Anet -moyennant 400,000 livres. C'est par cette nouvelle propriétaire d'Anet -que ce domaine passa aux Vendôme: César de Vendôme, fils de Henri IV et -de Gabrielle d'Estrées, ayant épousé en 1609 Françoise de Lorraine, fille -de la duchesse, et héritière de Philippe-Emmanuel de Lorraine, dernier -duc de MercÅ“ur. - -Le dernier rejeton des Vendôme, le célèbre général dont les victoires -affermirent la couronne d'Espagne sur la tête du petit-fils de Louis XIV, -le légua à sa femme, Marie-Anne de Bourbon-Condé, petite-fille du grand -Condé (1712). Cette dernière duchesse de Vendôme, que son mari n'avait -épousée que pour faire sa cour à Louis XIV, et être relevé d'une disgrâce -que ses mÅ“urs trop relâchées lui avaient fait encourir, étant morte sans -enfant, le 11 avril 1718, laissa Anet et son magnifique héritage à sa -mère, Anne de Bavière, princesse douairière de Condé, Madame la -princesse, comme on disait alors, qui mourut elle-même peu après, le 23 -février 1723. L'avocat Barbier, dans son journal, dit à propos de cette -mort: «Mardi 23, Madame la princesse de Condé, palatine en son nom et -cousine de Madame, est morte dans son hôtel au petit Luxembourg, âgée de -soixante-seize ans. Madame la princesse de Conti, sa fille aînée, à qui -on avait refusé la porte la veille, a fait apposer le scellé le même jour -par deux commissaires du Parlement.» Cette mort avait suivi de quelques -semaines seulement celle de la duchesse d'Orléans, mère du régent, -arrivée le 8 décembre 1722. Ces deux princesses, appartenaient toutes -deux à la maison de Bavière, Madame à la branche électorale, la princesse -à la branche palatine du Rhin. - -Le goût que les propriétaires d'Anet, ducs de Vendôme, ou ducs d'Aumale, -avaient pour les livres et pour les lettres, nous est attesté par un -document infiniment précieux. C'est le _Catalogue des manuscrits trouvez -après le décès de Madame la Princesse, dans son Château Royal d'Anet_, -Paris, Gandouin, 1724. Il est impossible d'imaginer une plus rare -collection de livres, et la note suivante, placée en tête de ce -catalogue, reste fort au-dessous de la vérité: - - Ces manuscrits sont sur vélin ornez de très-curieuses miniatures - & autres ornemens, le tout très-bien conservé; et se vendront en - gros ou en détail au commencement du mois de novembre prochain - 1724, chez le sieur Pierre Gandouin, libraire, quay des - Augustins, à la Belle Image. - -Il y avait dix-huit mois qu'Anne de Bavière, princesse douairière de -Condé, était morte, lorsque fut mis en vente ce trésor incomparable du -château d'Anet, par suite du partage des biens des ducs de Vendôme, entre -ses deux petites-filles, la duchesse du Maine et la princesse de Conti, -toutes deux sÅ“urs de la duchesse de Vendôme. Comme la bibliothèque -d'Anet n'avait pu être formée par la princesse de Condé, pas plus que par -sa fille la duchesse de Vendôme, entre les mains desquelles Anet n'avait -existé à titre de propriété que pendant onze ans, de 1712 à 1723, c'est -certainement aux Bourbons-Vendôme, et avant eux aux princes lorrains et à -Diane de Poitiers, que revient l'honneur d'avoir réuni ces richesses -littéraires, pour lesquelles le monument de Philibert Delorme était un si -digne écrin. - -Le catalogue de ces manuscrits forme une petite plaquette in-12 de 37 -pages. L'exemplaire que nous avons eu sous les yeux appartient à la -Bibliothèque Mazarine--no 42884--où il a été désigné à tort, comme le -«Catalogue de la princesse de Conti.» L'on sait que le titre de Madame la -princesse, tout court, ne fut jamais porté sous l'ancienne monarchie que -par la branche aînée de la maison de Condé, dont les Conti étaient la -branche cadette. Il ne saurait y avoir de doute à cet égard, Anet n'ayant -d'ailleurs jamais appartenu aux Conti. Ce catalogue, dont les articles ne -sont pas numérotés, forme trois divisions: des manuscrits sur vélin, au -nombre de cent soixante et onze; des manuscrits sur papier in-folio, au -nombre de quatre-vingt-un; et des livres, la plupart in-folio (149 -articles). - -Des manuscrits sur vélin, il faudrait tout citer; nous nous contenterons -cependant de noter ceux-ci: - - _La Bible Ystoriaux_, translatée du latin en François par - Pierre... doyen du Chapitre de Saint-Pierre d'Aire, remplie de - belles miniatures bien conservées; _la même_, avec des miniatures - très curieuses; _la même_, dont les miniatures surpassent celles - des autres; une _Partie de la Bible en Provençal_, avec - miniatures; _Chronique depuis la création du monde, jusqu'à J. - César_, avec des miniatures très singulières; _les Histoires de - la Terre sainte_, ornées de miniatures; _la Légende dorée_, avec - un grand nombre de miniatures; _Recueil des Miracles de - Notre-Dame_, en vers, deux gros vol. in-fol. remplis de beaucoup - de miniatures; _la Guerre des Juifs de Joseph_, ornée de - miniatures des plus curieuses, d'une grandeur énorme, bien - conservée; _le Bestiaire_, par Richard de Furneval, avec de - belles miniatures; _le Jardin de Paradis_; _l'Horloge de - Sapience_: tous deux avec miniatures; _l'Arbre de Sapience_, avec - quatre-vingt miniatures d'une excellente beauté, in-fol. en 1469; - _Chroniques de France_, par J. Froissart, deux vol. sur vélin, - reliez en velours vert avec des fermoirs dorez d'or moulu; ce ms. - est orné de miniatures très belles qui représentent les modes et - les usages de ce temps; _les Décades de Tite Live_, 3 vol. - in-fol. avec miniatures, couverts de velours rouge; - _Quinte-Curce_, avec de très belles miniatures; _Histoire de - Jules César_, avec de très belles miniatures; _les Métamorphoses - d'Ovide, en vers François_, rempli de beaucoup de miniatures; - _Histoire de la destruction de Troyes_, par Benoist de - Saint-More, en vers françois, avec une grande quantité de - miniatures; _Compilation de l'Histoire Grecque et Romaine_, par - Jehan de Courcy, trois exemplaires, tous avec très belles et - grandes miniatures; _les Histoires d'Orose_, avec des miniatures - singulières; _les Chroniques de Saint-Denis_, deux très gros vol. - in-fol., ornés de miniatures; _les Triomphes de Pétrarque_, - trad. par G. de la Forge, in-fol. dans lequel se trouve une - miniature de la grandeur du volume, qui est d'une très grande - beauté; Petrarcha, _de Remediis_, trad. par N. Oresme, avec de - très belles miniatures; Jean Boccace, _Des faits des nobles - hommes_, ms. de 1409, rempli de plus de 400 miniatures, le volume - est d'une grandeur énorme; _Idem_, avec de très belles - miniatures; _Poésies de G. de Loris_, in-fol. avec des - miniatures; _le Jouvencel_, avec des miniatures d'une beauté - parfaite; _Le Roman de la Rose_, deux exemplaires, chacun avec - d'excellentes miniatures; _le Roman d'Alexandre_; _le Songe du - vieil pélerin_, rempli de grandes et belles miniatures; _Histoire - de Saint-Graal_, trad. par Luces du Chastel, ms. très ancien et - rempli de beaucoup de miniatures; _les Nobles faits du chevalier - Tristan, Ugalaad, Lancelot_, trad. par le même, in-fol. sur vélin - d'une grandeur énorme, orné d'un nombre infini de belles - miniatures très bien conservées; _le Roman de Tristan Le Bret_, - trad. par Robert Boron, orné d'un nombre infini de petites - miniatures très finies pour le temps, in-fol.; _Le Séjour du - deuil pour le trépas de Messire Philippe de Comines, seigneur - d'Argenton_, en vers, avec 17 miniatures en or d'une beauté - achevée; _le Pèlerinage de vie humaine_, en vers, avec - miniatures; _Fables d'Esope_, avec miniatures; _Explication des - Actes des Apôtres, par un Frère prescheur, dédié à Jean de Laval, - sieur de Châteaubriant_, orné de grandes et belles miniatures, - etc. - -Le château d'Anet échut en partage à la duchesse du Maine, et après la -mort du comte d'Eu, son fils, passa à son cousin, le duc de Penthièvre, -mais sa précieuse bibliothèque, formée par Diane de Poitiers, conservée -avec soin et même accrue par la maison de Vendôme, eut une triste -destinée. On ne trouva pas d'acquéreur pour cette admirable collection; -elle fut dispersée. Beaucoup de volumes, dit M. Léopold Delisle, furent -achetés par Denis Guyon de Sardière, dont la bibliothèque fut acquise, -vers 1759, par le duc de La Vallière; plusieurs manuscrits furent -adjugés à Cangé, à Lancelot et à d'autres amateurs, dont les cabinets -contribuèrent dans la suite à l'accroissement de la bibliothèque du roi; -un certain nombre passèrent à l'étranger. - -La duchesse du Maine, qui hérita seulement du château d'Anet, aurait -cependant été digne d'en posséder aussi la précieuse bibliothèque. Elle -aimait, en effet, beaucoup les livres et tint à Sceaux une véritable cour -littéraire. Fontenelle, Malézieux, La Fare, Sainte-Aulaire, Chaulieu et, -plus tard, Voltaire y firent avec elle assaut d'esprit. - - La divinité qui s'amuse - A me demander mon secret, - Si j'étais Apollon ne serait point ma muse - Elle serait Thétis, et le jour finirait, - -répondait un jour Sainte-Aulaire à la duchesse, qui l'appelait Apollon. - -«La contrainte qu'il fallait avoir à la cour l'ennuya, raconte Mme de -Caylus; elle alla à Sceaux jouer la comédie et faire tout ce qu'on a -entendu dire des nuits blanches, et tout le reste. M. le duc, son frère, -pendant un temps prit un très grand goût pour elle: les vers et les -pièces d'éloquence volèrent entre eux; les chansons contre eux volèrent -aussi. L'abbé de Chaulieu et M. de La Fare, Malézieux et l'abbé Genest -secondaient le goût que M. le duc avait pour la poésie.» Ces goûts -littéraires ne l'empêchèrent pas de s'occuper de politique, comme le -prouve cette conspiration de Cellamare dont elle fut l'inspiratrice. -Souvent la littérature fut pour elle le masque de la politique; et -l'emblème dont elle timbrait ses livres était aussi le signe de -ralliement de ses alliés, les chevaliers de la Mouche à miel. Sur ses -livres, en effet, étaient frappées des abeilles d'or, avec cette devise -autour de leur ruche: _Piccola Si Ma Fa Pur Gravi La Ferite_. (Je suis -petite, mais je fais cependant de graves blessures). Allusion à la petite -taille de la princesse et à l'ordre galant de la Mouche à miel, qu'elle -avait fondé en 1703. - -De cette princesse bibliophile, nous rapprocherons deux filles du régent: -cette galante duchesse de Berry d'abord, morte si prématurément en 1719, -à vingt-quatre ans, veuve d'un petit-fils de Louis XIV, (Ses livres -étaient nombreux et portaient pour armes sur les plats: _de France, à la -bordure engrêlée de gueules, qui est de Berry, accolé d'Orléans_, et, sur -le dos, le chiffre ML entrelacées): et Mademoiselle de Beaujolais -(Philippe-Élisabeth d'Orléans), née en 1714, morte en 1734, sans avoir vu -s'accomplir son union avec l'infant don Carlos, auquel elle avait été -promise. Ses livres étaient timbrés d'un écu en losange, aux armes _de -France, au lambel d'argent à trois pendants_, surmonté de la couronne -ducale. - - -VI - -Une autre princesse de la maison de Bourbon, petite-fille de cette -princesse de Condé dont nous avons parlé à propos de la vente d'Anet, -mérite de prendre place parmi les Bourbons bibliophiles. C'est -Louise-Elisabeth de Bourbon, princesse de Conti, née à Versailles le 22 -novembre 1693. Elle était petite-fille du grand Condé, et le troisième -des neuf enfants de Louis III, duc de Bourbon, dit Monsieur le duc, mort -en 1710, et de Mademoiselle de Nantes, la caustique chansonnière. Elle -avait pour frères le duc de Bourbon, premier ministre sous Louis XV, le -comte de Charolais, d'étrange mémoire, et le comte de Clermont, qui fut à -la fois abbé de Saint-Germain des Prés et général d'armée; pour sÅ“urs -cadettes, Mademoiselle de Charolais, Mademoiselle de Clermont, la -touchante héroïne du roman de Mme de Genlis, Mademoiselle de Vermandois, -qui faillit épouser Louis XV, et Mademoiselle de Sens, toutes mortes -avant elle, ainsi que ses trois frères. A l'âge de vingt ans, elle avait -épousé, le 9 juillet 1713, son cousin germain, Louis-Armand de Bourbon, -prince de Conti, fils de ce prince de Conti si bien doué pour la guerre, -élu roi de Pologne en 1697, et de Marie-Thérèse de Bourbon-Condé, sÅ“ur -de la duchesse du Maine et de cette dernière duchesse de Vendôme dont -nous avons vu hériter sa grand'mère, la princesse douairière de Condé. - -Restée veuve, en 1727, d'un mari spirituel comme toute sa race, mais -contrefait et peu fidèle, elle avait montré une âme forte, un esprit -élevé et libre, dont avait hérité son fils, ce prince de Conti si cher -aux parlementaires. Lors de sa mort, arrivée le 27 mai 1775, un an avant -celle de son fils, un contemporain la dépeignait ainsi: «J'ai vu avec -vénération la douairière de la maison, la princesse de Conti, plus -qu'octogénaire et le seul reste de la vieille cour. Un air de majesté -imprimé sur sa figure n'a pas besoin d'être relevé par le luxe des -vêtements, par la pompe du cortège. Elle est remarquable dans toutes les -fêtes par sa simplicité; elle a toujours été au-dessus de cet accessoire -frivole: elle a l'âme forte, dégagée de préjugés.» - -D'un autre côté, Mme du Deffand disait, en annonçant sa mort dans une -lettre du 28 mai 1775, à Horace Walpole: «Mme la princesse de Conti -mourut hier, à huit heures du matin; on en prend le deuil demain pour -onze jours... Elle laisse tout son bien à partager selon les coutumes; on -dit que M. le prince de Conti aura cent mille livres de rente; M. le duc -de Chartres aura cinq cent mille francs, et Mme la duchesse de Bourbon, -sa sÅ“ur, en aura autant. La maison de Paris était assurée de son vivant -à M. le comte de La Marche, son petits-fils; elle ne fait aucun présent à -personne.» - -Cette princesse possédait une belle bibliothèque. Elle fut vendue, en -1775, à l'hôtel et au petit hôtel de Conti qui s'étendaient entre les -rues Saint-Dominique, de Bourgogne et de l'Université: les mêmes -qu'occupe aujourd'hui le ministère de la guerre. Le catalogue, qui en fut -publié chez Prault fils, «libraire, quai des Augustins, près la rue -Pavée, à l'Immortalité», contenait 1711 numéros, dont 138 pour la -théologie, 27 pour la jurisprudence, 55 pour la philosophie, 35 pour la -politique, 81 pour les sciences, 12 pour l'architecture, la peinture et -les arts du dessin; 740 pour les belles-lettres, parmi lesquels la poésie -française figure pour 54, le théâtre français pour 62; et 622 pour -l'histoire, l'histoire de France en comprenant 223 à elle seule. - -On retrouve la trace du quiétisme dont les doctrines avaient été un -moment fort répandues à la cour et parmi les membres de la famille de -Conti, dans deux ouvrages célèbres: _la Sainte Bible, traduite en -françois, avec des explications et des réflexions qui regardent la vie -intérieure_, Cologne, 1713 et 1714, 20 vol. in-8, et dont Mme Guyon est -l'auteur, et dans le fameux livre du P. Quesnel, _Nouveau Testament en -françois, avec des réflexions morales sur chaque verset, et le texte -latin en marge_, Paris, 1696, 4 tomes en 5 vol. in-12. Dans cette section -de la théologie, il faut encore mentionner: _les Cent cinquante Psalmes -du prophète royal David, traduits en rythme françoise_, par Clément -Marot, Paris, 1555; et les _Heures nouvelles dédiées à Madame la -Princesse_, Paris, 1765, in-12. - -Le premier prince de Conti, frère du grand Condé, après une jeunesse plus -que mondaine, pendant laquelle il avait été très épris de théâtre comme -le prouve la protection qu'il accorda à la troupe de Molière qui porta un -instant son nom, s'était jeté dans la dévotion la plus rigoureuse, avait -embrassé les doctrines de Port-Royal, et écrit, sous l'inspiration de -ces Messieurs, des _Lettres sur la Grâce_, et un _Traité sur la comédie_, -dans lequel il condamnait ce divertissement. Sa femme, Anne Martinozzi, -une nièce de Mazarin, d'une remarquable beauté, avait aussi partagé ce -zèle pour le jansénisme. De là un assez grand nombre de livres -jansénistes dans cette bibliothèque. Ce sont: - - _Le Parallèle de la doctrine des Payens avec celles des Jésuites, - les Principes des Jésuites sur la probabilité, réfutés par les - Payens_, 1726 et 1727, in-8, mar. r.; _de la fréquente - Communion_, par Antoine Arnauld, Paris, 1656; _les Provinciales_, - de Pascal, Francfort, 1716, pet. in-12; les _Pensées_, de Pascal, - Paris, 1683, mar. doub. de mar. r., et enfin un ouvrage du - premier prince de Conti: _Les Devoirs des grands_, par - Monseigneur Armand de Bourbon, prince de Conti, avec son - testament, Paris 1666, in-8, mar. rouge. - -La princesse douairière de Conti ne semble pas d'ailleurs avoir hérité -de ces sentiments jansénistes. Sa dévotion était fort mince, et elle -passait plutôt pour un esprit fort, nous dirions aujourd'hui une -libre-penseuse, auprès de ses contemporains. La façon dont les mémoires -de Bachaumont annoncent sa mort laisse peu de doute sur ce point. «Mme la -princesse de Conti, y lisons-nous, a fini hier. Elle voyait depuis -longtemps approcher la mort avec une fermeté digne de son âme fière, -courageuse et au-dessus des préjugés. Elle chantait peu d'heures -auparavant la chanson faite sur le maréchal de Biron [à l'occasion de -l'émeute sur les grains.]» Sa fille, la jeune duchesse d'Orléans, morte -en 1759, et qui fut mère de Philippe-Egalité, avait fini dans les mêmes -sentiments, qu'elle tenait, disait-on, de sa mère. «C'est sans doute à -son école, dit _l'Observateur anglais_, que sa fille, la feue duchesse -d'Orléans, avait puisé cette philosophie libre et ferme qui la fait -descendre si gaiement au tombeau.» - -Nous ne serons donc pas étonnés de rencontrer sur les rayons de la -bibliothèque de la princesse de Conti: _la Morale d'Epicure_, Paris, -1685, par le baron des Coutures, dont elle a aussi la traduction de -_Lucrèce_, Paris, 1708; l'_Ebauche de la religion naturelle_, traduction -de _Wolaston_, dont Voltaire fit un si grand éloge dans ses _Lettres sur -les Anglais_, en 1734; l'_Essai de philosophie morale_, Paris, 1749, par -Maupertuis; l'_Essai sur les erreurs populaires ou Examen de plusieurs -opinions reçues comme vraies qui sont fausses ou douteuses, traduit de -l'anglois de Th. Brown_, Paris, 1713; _la Philosophie du bon sens_, La -Haye, 1747, par le marquis d'Argens; _Histoire des diables de Loudun_, -Amsterdam, 1694. - -Ce serait pousser trop loin les conjectures que de voir dans chaque livre -d'une bibliothèque une preuve des sentiments ou des opinions personnels -de son possesseur. Cependant, d'après ce que nous connaissons de la -tournure d'esprit, du caractère de la princesse de Conti, il est permis -de croire que ce n'était pas seulement à titre de nouveautés et pour -tenir au courant sa collection de livres qu'elle y avait placé, de -Montesquieu: les _Lettres persanes_, Amsterdam, 1721, 2 vol. in-12; les -_Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur -décadence_, Amsterdam, 1734, in-12; _De l'esprit des lois_, Genève, 2 -vol. in-4; et les _Lettres familières_, Paris, 1762, in-12, dans leurs -éditions originales; Voltaire n'y est représenté que par: _la Ligue ou -Henry le Grand_, par Fr. Arouet de Voltaire, Genève, 1723, in-8; -l'_Histoire de Charles XII_, Basle, 1731, 2 vol. in-12; _le Siècle de -Louis XIV_, par de Francheville, Berlin, 1752, 2 vol. in-12; -_Micromegas_, in-12, v. m., tr. dor.; _Zadig, ou la destinée, histoire -orientale_, 1748, in-12; _les Scythes_, Paris, 1767, in-8; _Tancrède_, -_Charlot_, _l'Orphelin de la Chine_ qui font partie de deux volumes de -recueil factice; _Å’dipe_, _Marianne_, _Brutus_, _l'Indiscret_, _Zaïre_, -_Alzire_ et la _Mort de César_, dans le second volume des _Å’uvres_, -Amsterdam, 1739, 2 vol. in-8. De Diderot, nous ne trouvons que son drame: -_le Fils naturel_, 1757, in-8; de J.-J. Rousseau: le _Discours sur -l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes_, Amsterdam, -1755, in-8; _J.-J. Rousseau à M. d'Alembert sur l'article_ GENÈVE _dans -l'Encyclopédie_, Amst., 1758, in-8, autrement dit: _la Lettre sur les -spectacles_; _Julie, ou la Nouvelle Héloïse_, Amsterdam, 1761, 6 vol. -in-12; les _Pensées de J.-J. Rousseau_, Paris, 1766, 2 vol. in-12. - -Pour terminer avec les écrivains plus ou moins célèbres du XVIIIe siècle, -il faut citer encore, de Buffon: l'_Histoire naturelle_, Paris, -Imprimerie royale, 1749 et suiv., 17 vol. in-4, v. marb., filets; les -_Å’uvres diverses_ de Fontenelle avec figures, Londres, 1710, 2 vol. -in-12; les _Å’uvres mêlées_ de Moncrif, Paris, 1751, 3 vol. in-12, mar. -r.; les _Contes moraux_ de Marmontel, La Haye, 1761, 2 vol. in-12; les -_Å’uvres diverses_ de Chaulieu et de La Fare, Amsterdam, 1733, 2 vol. -in-8; les _Fables nouvelles_ de La Motte, avec les figures de Gillot, -Paris, 1719, in-4, gr. pap.; les _Å’uvres_ de Gresset, Genève, 1743, -in-12, et 1751, 2 vol. in-12. - -Mais c'est surtout en romans, et en histoires et mémoires qu'était riche -la bibliothèque de la princesse de Conti. - -La partie du catalogue relative aux romans comprend 336 numéros. Voici le -dénombrement des plus remarquables par l'édition, par la reliure, ou par -le mérite littéraire: - - _Les Amours de Théagènes et de Chariclée ou l'Histoire - d'Héliodore_, trad. en français par J. de Montlyard, avec les - figures de Michel Lasne, Paris, 1623, in-8, couv. en parch.; _les - Amours pastorales de Daphnis et Chloé_, trad. du grec de Longus - en français par J. Amyot, avec des fig. gravées par Audran sur - les dessins du régent, Amsterdam, mar. citr. doublé de tabis; _la - Métamorphose ou l'âne d'or_, trad. d'Apulée par J. de Montlyard, - Paris, 1623, in-8, fig.; _les Travaux de Persile et de - Sigismonde_, trad. de Michel de Cervantès, par d'Audiguier, - Paris, 1618, in-12; _la Constante Amarillis_, trad. de l'espagnol - de Figueroa par N. Lancelot, Lyon, 1614, in-8, mar. bleu; _la - Célestine_, trad. de Rojas, Rouen, 1634, in-8; _le Colloandre - fidèle_, trad. de Marini, par G. de Scudéry, Paris, 1668, 3 vol. - in-8, mar. bleu; _l'Aventurier Buscon_, trad. de Quevedo, Paris, - 1639; _la Vie de Gusman d'Alfarache_, avec fig., Paris, 1696, 3 - vol. in-12, mar. citr.; _Histoire facétieuse du fameux Lazarille - de Tormes_, Lyon, 1697, in-12; _la Dianée_, trad. de l'italien de - Loredano, Paris, 1642, 2 vol. in-12, parch.; _l'Almorinde_, de L. - Assurino, Paris, 1646, in-8, mar. bleu. - -Beaucoup de ces romans de la première moitié du XVIIe siècle sont reliés -en maroquin bleu ou rouge, et pourraient bien avoir formé la -bibliothèque de la première princesse de Conti, nièce de Mazarin. Ce -sont: - - _La Haine et l'amour d'Arnoult et de Clairemonde_, Paris, 1709, - in-12; _l'Astrée_, d'H. d'Urfé, Paris, 1618, 6 vol. in-8, v. f.; - _les Amans jaloux_, de du Verdier, Paris, 1631, in-8; _Les - Triomphes de la guerre et de l'amour_, par Humbert, Paris, 1631, - in-8; _le Roman véritable_, Paris, 1648, in-8; _Clorinde_, Paris, - 1667, 2 vol. in-8; _L'Amour dans son trône_, trad. de Loredano - par du Breton, Paris, 1646, in-8; _Cassandre_, par La Calprenède, - Paris, 1651, 10 vol. in-8, v. n., fil.; _Mithridate_, Paris, - 1649, 4 vol.; _le Toledan_, Rouen, 1653; _Sapor_, par du Perret, - Paris, 1668, 5 vol. in-12; _le Comte de Dunois_, Paris, 1671, v. - éc., fil.; _La Princesse de Montpensier_, par Mme de la Fayette, - Paris, in-8, mar. cit. doub. de mar. bleu; _La Relation de l'île - imaginaire ou l'Histoire de la princesse de Paphlagonie_, par - Mlle de Montpensier, 1659, in-8, mar. r. doubl. de mar.; _le - Prince de Condé_, par Boursault, Paris, 1675, in-12; _Oracié_, - (par Mlle de Senectaire), Paris, 1646; _les Amours historiques - des princes_, par Grenaille, Paris, 1642; _La Promenade de - Versailles ou l'Histoire de Celamire_, (par Mlle de Scudéry), - Paris, 1669, in-8; _Don Pelage_ (par de Juvenel), Paris, 1646, 2 - vol. in-8; _le prince de Sicile_, (par Mlle Bernard), Paris, - 1690, 3 vol.; _Elise_, par l'Evêque de Belley, Paris, 1621; - _l'Iphigénie_, Lyon, 1625; _Palombe_, Paris, 1625, et les - _Occurrences remarquables_, Paris, 1626, par le même, ainsi que - tous ses autres romans; _la Maison des jeux_, par Ch. Sorel, - Paris 1657, 2 vol. in-8. - -La princesse de Conti lut-elle beaucoup ces Å“uvres, qui faisaient les -délices de la société des Précieuses? On en peut douter. Elle se plut, en -tout cas, certainement davantage aux romans du XVIIIe siècle, que nous -trouvons presque tous dans sa bibliothèque, ceux de Le Sage: _le Diable -boiteux_, _Gil Blas_, _le Bachelier de Salamanque_, _Estevanille_; de -l'abbé Prévost: les _Mémoires d'un homme de qualité, avec l'Histoire de -Manon Lescaut_, Paris, 1729; _Cleveland_, _Clarisse_, _Grandisson_; de -Marivaux: _Marianne_, Amsterdam, 1745, _le Paysan parvenu_, Paris, 1734; -comme les _Confessions du comte de ***_, Paris, 1741, et _Acajou et -Zirphile_, 1744, avec les figures de Boucher, par Duclos; _Tanzai et -Néadarné_, Pékin, 1734, par Crébillon fils; comme ceux de La Place, du -chevalier de Mouhy, de Mlle Lambert, de Mme Riccoboni. - -Les manuscrits, sans être nombreux dans la bibliothèque de la princesse -de Conti, n'y faisaient pas cependant défaut et quelques-uns sont -intéressants à signaler. - - C'est d'abord _le Roman de la Rose_, in-fol. ms. du XIIIe siècle, - avec miniatures; puis les _Mémoires de Mlle de Montpensier_, 6 - vol. in-fol. mar. r., dont manque le tome Ier; les _Mémoires de - H.-A. de Lomenie, comte de Brienne_, in-fol.; _le Procès criminel - fait à Louis de Bourbon, prince de Condé_, en 1654, in-fol.; _les - Alliances de la maison de Bourbon_, in-fol.; une relation de - l'ambassadeur vénitien Nic. Tiepolo: _Relatione del Signor - Nic. Tiepolo Ristornato, Ambasciadere di Carolo V et Ferdinande - Re de Romani per la Republica di Venetia l'anno 1532_, in-4. La - partie des sciences occultes contenait aussi trois manuscrits - assez curieux: un _Recueil de nativités, thèmes célestes, ou de - figures d'astrologie qui contiennent l'horoscope de plusieurs - personnes illustres de différentes nations et de différents - tems_, in-4, couv. en parch.; un second _Recueil de quelques - nativités violentes, avec des règles ou aphorismes pour juger de - la mort violente_, in-4, couv. en parch.; et les _Prédictions du - grand et sublime Docteur Théophraste Paracelse, trad. en François - avec des remarques par M. Christallin, commis de la Bibliothèque - de M. le Duc en 1712_, in-4. - -Ce «Monsieur le duc», dont le nom figure sur ce dernier manuscrit, était -Louis-Henri de Bourbon-Condé, arrière-petit-fils du grand Condé, né en -1692, mort en 1740, et qui fut premier ministre après la mort du régent. -Il était le frère aîné de la princesse de Conti dont nous nous occupons. - - -Il ne nous reste plus à signaler que trois traductions manuscrites -d'auteurs anciens: _les Nuées d'Aristophane_, in-4; _les Comédies de -Térence_, 3 vol. in-fol., et _les Géorgiques de Virgile_, trad. en -français par de Martignac, in-4. L'auteur de cette dernière traduction -était Etienne Algay de Martignac, né en 1620, mort en 1698, qui fut -attaché à la personne de Gaston d'Orléans, sur lequel il a écrit des -_Mémoires_. Comme il publia, en 1681, une traduction complète des Å“uvres -de Virgile en trois volumes, il est probable que nous en avons là une -partie manuscrite. Peut-être aussi faut-il lui attribuer cette traduction -de Térence qui précède, car il en publia plusieurs pièces sous ce titre: -_l'Eunuque_, _l'Hecyre_ et _le Fâcheux à soi-même, de Térence, rendus -très honnêtes en y changeant fort peu de chose_, Paris, 1670, 1700, -in-12. - -Un assez grand nombre d'incunables, quelques belles éditions du XVIe -siècle, et surtout une belle collection de pièces de théâtre dans leurs -éditions originales, doivent être encore mentionnés pour achever la -description de la bibliothèque de la princesse de Conti. Cette dernière -collection, qui serait aujourd'hui si précieuse, formait cinquante -volumes in-4, reliés en maroquin bleu, comme les romans du XVIIe siècle -dont nous avons parlé plus haut. Chacun de ces volumes était composé de -six pièces, sauf quelques-uns qui n'en contenaient que quatre ou cinq. Là -se trouvaient réunies presque toutes les pièces de théâtre de Levert, -Provais, Chapoton, du Cros, Gillet, Meret, Sallebray, des Cinq Auteurs, -de Desmarets, Mareschal, Cadet, Chevreau, Claveret, Cyrano de Bergerac, -Boyer, Puget de la Serre, Gilbert, Baro, Beys, Jodelle (avec les _Å’uvres -et mélanges_ poétiques), Rosières de Beaulieu, La Fontaine, La -Calprenède, Magnon, Jobert, Guérin de Bouscal, Grenaille, La Caze, -Benserade, Metel d'Ouville, Le Vayer de Boutigny, Desfontaines, La -Mesnardière, d'Ancour, P. Corneille (18 pièces), Scudéry, Rotrou (29 -pièces), du Ryer (12 pièces), Bois Robert (10 pièces), Tristan, Scarron, -de Prade, Regnault, Dalibray, de l'Etoile, Mlle Cosnard, Colletet, -Monléon, Saint-Germain, Nouvelon, Le Clerc, Marcassus, Raissiguier, -Bigrède, Brosse, Vozelle, Montfleury père, Quinault, Fremiele, J. Michel -(_la Résurrection de Notre-Seigneur par personnages_, goth.). - -Parmi les éditions du XVIe siècle l'on remarque les suivantes: _l'Horloge -des princes_, trad. de Guevara par B. de la Grise et Herberay des Essars, -Lyon, 1592, in-18, mar. bleu; les _Eléments et principes d'astronomie_, -par R. Roussat, Paris, 1552, in-8; _le Roland furieux_, trad. par -Chappuys, Lyon, 1582-1583, 2 vol., fig.; _le Décameron_ de J. Boccace, -trad. par Le Maçon, Paris, 1545, in-fol.; _Histoires tragiques extraites -de l'italien de Bandello_, par Boistuau et Belle-Forest, Lyon, 1582, 8 -vol. in-16; _le Trésor des histoires tragiques_, de F. de Belle-Forest, -Paris, 1581, in-16; _Histoires prodigieuses_, par Boistuau et -Belle-Forest, Paris, 1598, 2 vol. in-16, fig.; _l'Heptaméron_ de -Marguerite de Valois, remis en son vrai ordre par C. Gruget, Paris, 1560, -in-4, mar. r., doub. de mar.; _Histoire du noble Tristan, prince de -Léonois_, trad. par Langevin, Paris, 1586, in-4; _Amadis de Gaule_, trad. -de l'espagnol par Herberay des Essars, avec fig., Paris, 1548, 4 vol. -in-fol., mar. r.; _le Premier livre de la chronique de Dom Floris de -Grèce_, trad. par le même, Paris, 1552, in-fol., fig.; _Histoire de -Palmerin d'Olive_, trad. du Castellan par Maugin, Paris, 1549, in-fol., -fig.; _Histoire palladienne_, mise en françois par C. Colet, Paris, 1555; -_le Premier livre de l'histoire de Gérard d'Euphrate_, Paris, 1549, fig.; -_les grandes Annales de France_, par Belle-Forest, Paris, 1579, 2 vol. -in-fol.; les _Mémoires_ d'Olivier de la Marche, Gand, 1566, in-4. - -Un certain nombre de livres étaient particulièrement remarquables par -leur reliure ou par leur tirage, tels que: _les Statuts de l'ordre du -Saint-Esprit_, Paris, Imprimerie royale, 1703, in-4 grand papier, mar. -bleu doubl. de tabis; _les Triomphes de Louis XIII_, représentés en -figures par J. Valdor, avec les vers de Ch. Beys et de P. Corneille, -Paris, 1649, in-fol., gr. pap., v. br., tr. dor.; _Recueil de lettres -galantes_, Amsterdam, 1706, in-12, mar. bleu, doublé de mar. rouge; -_Fables de La Fontaine_, ornées des figures d'Oudry, Dupuis et Cochin -fils, Paris, 1755 et suiv., 4 vol. in-fol., gr. pap., mar. rouge, dent., -avec cette note de l'expert: «On croit devoir assurer que cet exemplaire -est des premiers de ce livre donné par souscription, en ce que les -volumes ont été reliés au fur et à mesure de leur livraison»; la -magnifique édition des _Å’uvres de Boileau_, avec les figures de B. -Picart, Amsterdam, 1718, 2 vol. in-fol., mar. rouge, dent. - -Signalons, en terminant, un _Ronsard_, Paris, 1623, 2 vol. in-fol., v. -f., filets; un _Du Bartas_, Paris, 1611, in-fol.; _la Satyre Ménippée_, -1595, parch.; les _Essais de Montaigne_, Paris, 1640, in-fol.; les -_Å’uvres de Molière_, avec figures, Paris, 1697, 8 vol. in-12. - - -VII - -La reine Marie Leczinska ne fut peut-être pas une bibliophile, bien que -cette honnête passion eût pu adoucir les amertumes que lui causèrent les -amours de Louis XV et la faveur de Mesdemoiselles de Nesle et de Mme de -Pompadour; mais elle aimait la lecture, et les lettres n'étaient pas -chose étrangère dans le cercle intime d'amis qu'elle s'était formé, et -où l'on distinguait la duchesse de Luynes, née Marie Brulart, l'aimable -président Hénault, Fontenelle, Moncrif. «Le respect qu'elle inspire, a -dit d'elle Mme du Deffand, tient plus à ses vertus qu'à sa dignité; elle -n'interdit ni ne refroidit point l'âme et les sens. On a toute la liberté -de son esprit avec elle: on le doit à la pénétration et à la délicatesse -du sien; elle entend si promptement et si finement, qu'il est facile de -lui communiquer toutes les idées qu'on veut sans s'écarter de la -circonspection que son rang exige.» La bibliothèque de cette princesse -était peu nombreuse, mais d'un choix sévère. Les livres avaient été -reliés par Padeloup; la plupart sont conservés à la Bibliothèque -nationale. - -Avec Mesdames de France, filles de Louis XV et de Marie Leczinska, nous -sommes au contraire en pleine bibliophilie. Mesdames, et sous ce nom nous -désignons seulement Madame Adélaïde, née le 23 mars 1732, Madame -Victoire, née le 11 mai 1733, Madame Sophie, née le 27 juillet 1734, -laissant de côté Madame Elisabeth, l'aînée, qui devint duchesse de Parme, -Madame Henriette, sa sÅ“ur jumelle, morte de bonne heure, en 1752, et -Madame Louise, la dernière des filles de Louis XV, entrée en religion du -vivant même de son père. Mesdames, disons-nous, étaient toutes, comme -leurs autres sÅ“urs, instruites, intelligentes, pieuses, et portées à -aimer le bien. Elles avaient eu pour gouvernante la vieille duchesse de -Ventadour, qui avait rempli les mêmes fonctions près de Louis XV, ou -plutôt la duchesse de Talard, qui eut cette charge en survivance, et Mmes -de La Lande, de Villefort et du Muy pour sous-gouvernantes. L'éducation -de Mesdames Elisabeth, Henriette et Adélaïde seules se fit à la cour; les -autres filles de Louis XV furent élevées à l'abbaye de Fontevrault, où, -en 1738, elles furent envoyées et placées sous la direction de l'abbesse, -Louise de Rochechouart-Mortemart, femme de haute vertu et de grand -mérite. - -Madame Victoire n'en revint qu'en 1748, Mesdames Sophie et Louise en -1750. L'on peut dire que ce fut alors seulement que se fit leur véritable -éducation. Le roi leur donna un excellent précepteur, M. Hardion, de -l'Académie française. «Cet aimable et savant homme passait une heure avec -chacune des trois sÅ“urs, dit M. Ed. de Barthélemy, leur faisant des -cours d'histoire et même de philosophie, d'après lesquels elles -rédigeaient des extraits.» Il leur apprit également plusieurs langues, -même le grec, et les avança assez dans l'étude des belles-lettres. -Grandes liseuses, «elles faisaient, dit le duc de Luynes, des entreprises -de grandes lectures dont elles venaient à bout.» Sur l'invitation de -Madame Adélaïde, M. Hardion composa même pour cette princesse une -_Histoire universelle sacrée et profane_, en 20 vol. in-12. L'on sait que -c'est par elles que Beaumarchais, qui leur fut comme un maître de -musique, se poussa d'abord dans le monde. - -Mme Campan, qui avait été leur lectrice, nous a laissé d'elles, dans ses -_Mémoires_, un portrait qui doit-être vrai, car on n'y remarque aucune -flatterie: «Quand Mesdames encore fort jeunes, dit-elle, furent revenues -à la cour....., elles se livrèrent avec ardeur à l'étude, et y -consacrèrent presque tout leur temps; elles parvinrent à écrire -correctement le français et à savoir très bien l'histoire. Madame -Adélaïde, surtout, eut un désir immodéré d'apprendre; elle apprit à jouer -de tous les instrumens de musique, depuis le cor, (me croira-t-on?), -jusqu'à la guimbarde. L'italien, l'anglais, les hautes mathématiques, le -tour, l'horlogerie, occupèrent successivement les loisirs de ces -princesses. Madame Adélaïde avait eu un moment une figure charmante; -mais jamais beauté n'a disparu si promptement que la sienne. Madame -Victoire était belle et très gracieuse; son accueil, son regard, son -sourire étaient parfaitement d'accord avec la bonté de son âme. Madame -Sophie était d'une rare laideur... On assurait qu'elle montrait de -l'esprit, et même de l'amabilité dans la société de quelques dames -préférées; elle s'instruisait beaucoup, mais elle lisait seule; la -présence d'une lectrice l'eût infiniment gênée.» Madame Louise, celle qui -se fit religieuse à Saint-Denis, était plus passionnée encore que ses -autres sÅ“urs pour la lecture. Mme Campan la lui faisait cinq heures par -jour; et comme ce n'était pas sans fatigue, la princesse lui préparait -elle-même de l'eau sucrée, et s'excusait «de la faire lire si longtemps -sur la nécessité d'achever un cours de lecture qu'elle s'était prescrit.» - - -Chacune d'elles avait les livres de sa bibliothèque, aux mêmes armes, -c'est-à -dire _de France_, dans un écu en losange surmonté d'une couronne -ducale. Seulement leurs livres différaient ordinairement par la couleur -de la reliure: ceux de Mme Adélaïde étaient en maroquin rouge; ceux de -Mme Sophie, en maroquin citron; ceux de Mme Victoire, en maroquin vert. -Nous possédons les catalogues manuscrits de ces bibliothèques. En tête du -_Catalogue des livres qui forment la bibliothèque de Madame Victoire_, -1789, (Bibliothèque de l'Arsenal, manuscrit no 6274), on lit cet avis: - - Les livres de Madame Victoire occupent deux pièces dans le fond - de son appartement, savoir: une au rez-de-chaussée contient deux - corps d'armoires, dont six à droite, en regardant sur la - terrasse, et seulement cinq à gauche, la sixième étant coupée à - moitié par la porte d'entrée et formant une petite armoire - séparée. Entre les deux corps, au fond de la dite pièce, est une - armoire vitrée en glace au tain, laquelle renferme les livres - Italiens et Espagnols. Les livres sont distribués sur huit rangs - de tablettes, et, autant qu'on l'a pu, suivant l'ordre - alphabétique. Les grands formats, considérés comme base, occupent - les premières tablettes en bas, et les autres en montant de bas - en haut. L'entresolle contient aussi deux corps de tablettes de - huit chacun, et les livres y sont distribués suivant le même - ordre et les lettres correspondantes. - -Ce catalogue forme 274 feuillets in-folio. Un second, rédigé en 1777, -(Bibliothèque de l'Arsenal, manuscrit no 6275), comprend 121 pages. Le -«_Catalogue des livres de la bibliothèque de Madame Adélaïde, 1786_», -forme un volume in-folio, relié en maroquin rouge, dentelle, timbré de -ses armes, de 425 pages, dont 37 pour la philosophie et la jurisprudence, -30 pour les arts et sciences, 36 pour la poésie, et 63 pour l'histoire -(Bibliothèque de l'Arsenal, manuscrit no 6277). En tête se voit un -portrait à l'aquarelle de la princesse représentée en Minerve, assise -devant un bureau. Un quatrième catalogue porte ce titre: _Catalogue de la -bibliothèque de Mesdames à Bellevue_, 1789 (Bibl. de l'Arsenal, ms. no -6276). - - -VIII - -La reine Marie-Antoinette eut plusieurs bibliothèques: une à Trianon, -dont le catalogue a été publié, par Louis Lacour, sous le titre: _Livre -du boudoir de la reine Marie-Antoinette_, Paris, Gay, 1862, in-16. Un -inventaire de cette même bibliothèque, dressé par ordre de la Convention, -a été publié, d'après le manuscrit de la Bibliothèque de l'Arsenal, par -Paul Lacroix sous ce titre: _Bibliothèque de la reine Marie-Antoinette au -petit Trianon_. Les livres en furent déposés, en 1800, à la Bibliothèque -publique de Versailles, et les doubles vendus, en vertu d'une -délibération du Conseil Municipal de cette ville. Un autre catalogue -manuscrit en existe à la Bibliothèque nationale. - -L'autre bibliothèque de Marie-Antoinette était aux Tuileries. Les livres -en portaient, presque tous, soit au dos, soit sur les plats, au bas des -armes, les initiales couronnées C. T. Ils furent transportés, en 1793, à -la Bibliothèque nationale, où ils sont aujourd'hui. - -Le catalogue en avait été dressé. Il forme un volume manuscrit, conservé -à la Bibliothèque nationale, sous le no 13001, du fonds français. Il -comprend 146 pages in-4º, relié en veau brun marbré, fil. Les armes, aux -deux écussons accolés de France et d'Autriche surmontés de la couronne -royale, ont été grattées. Sur le titre intérieur: _Catalogue des livres -de la Reine_, les mots _la Reine_ ont été grattés. Dans une espèce -d'avertissement placé au commencement de ce catalogue, on lit: - - Le catalogue suivant n'a d'autre objet que de procurer [à la - Reine] la facilité de mettre le doigt sur chaque livre sans être - obligé de les chercher. J'en écarterai donc toutes les divisions - et subdivisions qui pourraient l'embarrasser. Il s'agit - simplement de guider ses yeux. - -On y trouve de précieux renseignements sur la manière dont la -bibliothèque de la reine était disposée. - - Son cabinet de livres, y lit-on, est composé de dix armoires - séparées chacune par une cloison, et chaque armoire contient huit - tablettes ou rayons. Chaque armoire est marquée par une lettre de - l'alphabet à commencer par celle que Sa Majesté a à sa main - gauche en passant la porte par laquelle elle va de sa chambre - dans sa bibliothèque. Cette armoire est désignée par la lettre A. - Celle qui se trouve à droite de la même porte est l'armoire B, et - ainsi de suite en faisant le tour jusqu'à la lettre K. - -Ce catalogue est divisé en deux parties, la première où les livres sont -inscrits par ordre de matière, la seconde par ordre alphabétique. Nous -voyons que les divisions de l'ordre par matière avaient été faites par -le roi lui-même. «Pour ces divisions, lisons-nous, on a suivi celles que -le roi a indiquées lui-même, en faisant le premier arrangement des livres -qui a épargné au bibliothécaire plus de la moitié de son travail.» - -Les divisions sont au nombre de quatre: Religion, Histoire, Arts, -Belles-Lettres. - -La division de la Religion comprenait d'abord 53 articles, qui, plus -tard, ont été portés à 69; l'Histoire, 140; les Sciences et Arts, 60; les -Belles-Lettres, 93. Dans cette dernière division nous remarquons: - - _Les Femmes illustres_, de Scudéry, ms. in-fol.; _les Principales - aventures de don Quichotte_, représentées en 31 figures par - Coypel, Picart, in-fol.; _la Princesse de Clèves, Zaïde_, par Mme - de La Fayette; _les Aventures de Télémaque_; _les Mémoires du - chevalier de Grammont_, par Hamilton; _Gil Blas_, de Le Sage; - _les Contes Moraux_, de Marmontel; de l'abbé Prévost, ses - _Mémoires pour servir à l'histoire de la vertu_; presque tous les - romans de Mme Riccoboni: _Fanny Butler_, _Miss Jenny_, _Juliette - Catesby_, _la comtesse de Sancerre_, _Histoire du marquis de - Cressy_; de Richardson, _Clarisse_, _Grandisson_; de Fielding, - _Tomes Jones_, _Amélie_; _Gulliver_, de Swift; _Robinson Crusoé_; - _les Contes de fées_ de Mme d'Aulnoy; tous nos écrivains de - théâtre, et la traduction de Shakespeare par Letourneur. - -Il faut rapprocher de Marie-Antoinette, sa belle sÅ“ur, Madame Elisabeth, -unie avec la reine de France dans la même tragique destinée. De dix ans -plus jeune que Louis XVI, dernière des cinq enfants du Dauphin et de la -princesse Josèphe de Saxe, Madame Elisabeth avait reçu une éducation -sévère, sous la surveillance de la comtesse de Marsan, gouvernante des -Enfants de France, et surtout de la baronne de Mackau, sous-gouvernante. -C'est à leurs soins patients que fut due la transformation qui eut lieu -dans le caractère de la jeune princesse, née emportée et violente: ce -fut une répétition de ce qu'autrefois Fénelon avait fait pour le duc de -Bourgogne. Et l'on ne peut s'empêcher de penser qu'en réformant ainsi la -nature, l'éducation n'ait contribué à affaiblir dans les derniers -Bourbons une énergie que les circonstances politiques allaient rendre si -nécessaire. Moins vertueux, Louis XVI eut sans doute été un meilleur roi. -Toutefois il est juste de dire, en ce qui concerne Madame Elisabeth, que -si l'éducation en fit la plus vertueuse des princesses, elle laissa -subsister en elle une énergie qu'on aurait souhaitée à son frère. Elle -reçut de Guillaume Le Blond des leçons d'histoire et de géographie, -suivit même assidûment les cours de physique de l'abbé Nollet. Le Dr Le -Monnier, médecin des Enfants de France, et le Dr Dassy lui apprirent la -botanique, dans les longues excursions qu'ils faisaient avec elle dans la -forêt de Fontainebleau pendant les séjours de la cour dans cette -résidence royale. La fille de la célèbre Mme Geoffrin, la marquise de la -Ferté-Imbault, lui avait donné un goût très vif pour Plutarque, en -composant pour elle une analyse des _Vies des hommes illustres_. - -Devenue, à quatorze ans (1778), maîtresse de ses actions, elle s'était -arrangé dans sa maison de Montreuil, près de Versailles, une vie toute -d'étude et de charité pratique. Elle a pour «secrétaire ordinaire et de -cabinet, Chamfort l'académicien; pour page, ce jeune Adalbert de Chamisso -de Boncourt, que l'émigration jettera en Allemagne, et qui écrira plus -tard le roman de _Pierre Schlemihl_ (1814). Madame Elisabeth aima les -livres; ceux de sa bibliothèque étaient élégamment reliés, timbrés d'un -écusson en losange aux armes de France, surmonté d'une couronne ducale. -La Bibliothèque de l'Arsenal en possède un, _l'Office de -Saint-Symphorien_, qui rappelle les habitudes pieuses de la jeune -princesse, et qui a dû l'accompagner bien souvent dans ses visites à sa -paroisse. Cette église de Saint-Symphorien était celle de Montreuil: -église très simple, assez laide, au style de temple grec, surmontée d'une -sorte de pigeonnier carré, où sonnait une unique cloche, dont Madame -Elisabeth avait été la marraine. Comme la maison de Montreuil n'avait pas -de chapelle, la princesse s'y rendait à pied par les ruelles, souvent -«par une crotte indigne», car l'accès en était difficile aux carrosses. -C'est à propos de cette église qu'elle écrivait à Mme de Raigecourt, le -lundi de Pâques: «J'ai l'air d'une vraie campagnarde: c'est que je suis à -Montreuil depuis midi. J'ai été à vêpres à la paroisse. Elles sont aussi -longues que l'année dernière, et ton cher vicaire chante _O Filii_ d'une -manière aussi agréable. Des Essarts a pensé éclater, et moi de même.» - -Les seules fêtes de la résidence de Montreuil, nous ne voulons pas dire -le château, étaient celles de l'étude et de l'amitié. Entre Mme de Mackau -et son vieux maître Le Monnier, qui tous deux avaient une habitation -voisine, la princesse passait des heures délicieuses. Le Monnier, raconte -Mme d'Armaillé, associait Madame Elisabeth à ses recherches de botanique -dans son jardin, à ses expériences de physique dans son cabinet. Le jeune -Chamisso y assistait souvent à la suite de la princesse, et il en acquit -des connaissances qui, plus tard, ne furent pas inutiles à sa carrière et -à sa réputation. Chez elle nous voyons souvent Madame Elisabeth occupée à -de vrais plaisirs de bibliophile. Plus d'une de ses matinées sont -occupées à ranger ses livres. «Ma bibliothèque est presque finie, -écrit-elle à Mme de Raigecourt, les tablettes se placent; tu n'imagines -pas quel joli effet font les livres.» - - -IX - -Caroline de Bourbon, fille du roi François Ier, roi de Naples, qui, en -1816, à dix-huit ans épousa le duc de Berry, clôt dignement cette liste -des princesses de Bourbon bibliophiles. D'un esprit très vif, très -naturel, aimant les lettres et les arts, la duchesse de Berry, même après -l'assassinat de son mari, en 1820, resta la protectrice des artistes et -des gens de lettres. Sa collection de tableaux, et la collection de -livres qu'elle s'était formée au château de Rosny, furent également -célèbres. Les événements de 1830 les dispersèrent l'une et l'autre. - -La bibliothèque du château de Rosny fut une des mieux choisies, des plus -élégantes, par ses exemplaires et par ses reliures, que l'on ait comptées -dans la première moitié de ce siècle. Les livres en étaient presque tous -timbrés sur le plat recto aux armes de la duchesse: _de France à la -bordure engrêlée de gueules qui est de Berry, accolé des Deux-Sicile_; -sur le plat verso, de son chiffre C couronné. La vente en eut lieu du 20 -février au 23 mars 1837, dans la salle de la galerie de Bossange père, -rue de Richelieu 60. Le _Catalogue_[3], où figurent, sur la feuille de -titre, les armes de la Duchesse, très finement gravées en taille douce, -entourées de la cordelière des veuves et de deux branches de lis, -comprend 2,578 numéros pour les livres, et 74 pour les estampes. La -théologie y forme 141 articles, la jurisprudence 36, les sciences et arts -445, les belles-lettres 565, l'histoire 1,163, les manuscrits 86, les -lettres autographes 54. - - [3] Catalogue de la riche bibliothèque de Rosny, dans laquelle se - trouvent les grands et beaux ouvrages à figures, tant anciens que - modernes, publiés en France, en Angleterre, et en Italie, dont - plusieurs sur peau de vélin, avec les dessins originaux - (exemplaires uniques), une collection de quatre-vingt-dix - manuscrits très précieux et de la plus haute antiquité, dont la - vente aura lieu... par le ministère de Me Bataillard. _Paris, - Bossange père, Techener et Bataillard_, in-8º de 264 pages. \# - -L'auteur de la préface considère comme «superflu» l'éloge de cette -bibliothèque, où «chaque article annonce presque toujours le plus bel -exemplaire, enrichi de gravures, de portraits, ou d'une riche et élégante -reliure. Les manuscrits doivent exciter la curiosité à un très haut -degré. Depuis plus de 30 ans, ajoute-il, il ne s'était pas présenté de -collection aussi précieuse, sous le rapport de l'antiquité historique; -une grande partie de ces richesses ont été recueillies par le célèbre -Pithou.» - - Parmi les livres, on remarquait un _Rituel de l'Abbaye royale de - Saint-Germain des Prés_, ms. sur vélin, pet. in-fol., offert à - Anne d'Autriche dont il porte les armes; les _Roses_ représentées - en 170 dessins originaux de Redouté, peintes sur peau vélin, - renfermées en six portefeuilles gr. in-fol., qui avaient coûté - trente mille francs; l'_Herbier de l'amateur_, par Mordant de - Launoy et Loiseleur Des Longchamps, avec 526 dessins originaux - de Bessa, sur beau vélin, en six étuis; la collection d'estampes, - connue sous le nom de _Cabinet du roi_, 24 vol. in-fol., épreuves - de choix et de la plus parfaite conservation; _Peintures Persanes - et Mongoles_, représentant des costumes, rel. orientale; les - _Poésies de Malherbe_, Didot, 1777, in-4º, exemplaire unique, sur - vélin; une curieuse collection de romans du commencement du XIXe - siècle, en éditions originales (330 numéros). - - Des manuscrits, nous mentionnerons seulement le _Code - Théodosien_, ms. du VIe siècle, qu'une note de F. Pithou dit - avoir servi à Cujas pour sa publication des Codes; le _Roman de - la Rose_, ms. sur vélin, du XIIIe siècle; le _Roman de Gaides_, - en vers, ms. de la fin du XIIIe siècle. - -Dans un tome des _Å’conomies Royales_ de Sully, édition originale -imprimée à Sully, se trouvait cette note de la main de la duchesse de -Berry: - - Le procédé de la Cour a certainement quelque chose de bien - singulier. Ce serait un mystère absolument incompréhensible si - l'on ne sçavait dans quelles variations est capable de se jetter - un prince livré à l'irrésolution, à la timidité et à la paresse. - En matière d'Etat rien n'est pire que cet esprit d'indécision. Il - ne faut, dans les conjonctures difficiles, tout abandonner ni - tout refuser au hasard, mais après avoir choisi un but par les - réflexions sages et froides, il faut que toutes les démarches - qu'on fait décident à y parvenir. - - Le défaut de tous les esprits qui n'ont jamais embrassé que de - petites et frivoles intrigues et, en général, de tous ceux qui - ont plus de vivacité que de jugement, est de se représenter ce - qui est proche de manière à s'en laisser éblouir, et de ne voir - ce qui est loin qu'au travers d'un nuage. - -Quelques livres, ayant appartenu à sa fille, Louise-Marie-Thérèse -d'Artois, née en 1819, appelée jusqu'en 1830 Mademoiselle, et mariée, en -1845, à Charles III, duc de Parme, étaient timbrés de l'écusson en -losange: _de France, à la bordure crénelée de gueules_. - -Quelques années avant la mort de la duchesse en 1870, eut lieu une -seconde vente de manuscrits lui ayant appartenu.[4] Cette collection -avait été distraite de la première, et ne comprenait que 35 articles. La -vente produisit 98,075. Un seul _Livre d'heures_ fut adjugé au prix de -60,000 francs pour le Musée des Souverains. - - [4] _Catalogue des manuscrits très précieux des XIIIe et XVIIe - siècles composant la collection de Mme la duchesse de B***_ (par - M. Paul Meyer), _dont la vente aura lieu le mardi 22 mars 1864_; - Paris, in-8, de 36 pp. - - -X - -Le temps et plus encore les révolutions, ont détruit ou dispersé ces -richesses. Ce qui en reste dans nos grands dépôts littéraires est, sauf -un petit nombre, comme noyé et perdu dans la foule des livres vulgaires. -Il est cependant un lieu privilégié, où l'on peut encore se faire une -idée de ces belles collections royales, dont les débris sont aussi -précieux par les souvenirs historiques qui s'y rattachent que pour -l'histoire de cet art de la reliure qui atteignit en France une si -admirable perfection. Nous voulons parler de Versailles. C'est à la -bibliothèque de la ville de Versailles, si heureusement installée dans -l'ancien Hôtel du Dépôt des papiers de la guerre, de la marine et des -affaires étrangères, bâti de 1761 à 1762 par le père du maréchal -Berthier, qu'il faut aller pour avoir une idée de ce que pouvaient être -les collections littéraires des princes de la maison de France. Cette -Bibliothèque, en effet, est en grande partie composée des bibliothèques -privées du Roi, des princes et princesses de la famille royale, qui se -trouvaient dans les appartements du château à l'époque de la Révolution. - - - [Illustration: deco] - - - [Illustration: deco] - - - AVANT-PROPOS I - ROIS ET PRINCES 1 - REINES ET PRINCESSES 63 - - [Illustration: deco] - - - [Illustration: deco] - - _Achevé d'imprimer_ - Le huit juillet mil neuf-cent-un - PAR - FRÉDÉRIC EMPAYTAZ - _A VENDOME_ - - [Illustration: deco] - - - Collection du Bibliophile Parisien - OUVRAGES PARUS: - Les Mystifications de Caillot-Duval - par =LOREDAN-LARCHEY= - _Choix de ses lettres les plus amusantes avec les réponses de ses - victimes_ - - 1 vol. in-18 tiré à 375 exemplaires numérotés et signés - - 10 ex. Japon imp. de Tokio (A à J) =10= fr. - 5 ex. Chine (K à O) =8= fr. - 10 ex. Hol. de Van Gelder Zonen (P à Y) =6= fr. - 350 ex. sur bel alfa vergé (1 à 350) =4= fr. - - - LA SEINE ET LES QUAIS - _Promenades d'un Bibliophile_ - Par =Gabriel HANOTAUX= de l'Académie Française - 1 vol. in-18 avec une eau-forte de =A. Robida= - Tiré à 375 exemplaires--_Tous les exemplaires de luxe sont - souscrits. - - Il ne reste que quelques exemplaires sur alfa vergé à =5= fr._ - - - Petit Essai de =Bibliothérapeutique= - _ou l'Art de soigner et restaurer les livres vieux ou malades_ - par =R. YVE-PLESSIS= - 1 vol. in-18, tiré à 250 exemplaires numérotés et signés - _L'édition est entièrement épuisée_ - - - Bibliographe raisonnée de l'Argot et de la langue Verte - en France du XVe au XXe siècle - par =R. YVE-PLESSIS= - Préface de =Gaston Esnault= - Illustré de 8 planches hors texte. - 1 vol. in-8º, tiré à 275 exemplaires numérotés et signés - - 10 ex. Jap. imp. de Tokio (A à J) =20= fr. - 5 ex. Chine (K à O) _épuisés_ - 10 ex. Hol. Van Gelder Zonen (P à Y) _épuisés_ - 250 ex. sur alfa vergé (1 à 250) _épuisés_ - - - EN PRÉPARATION dans la même COLLECTION: - Clavel d'Haurimonts - _Un ancêtre des poètes montmartrois_ - par =Virgile JOSZ= - 1 volume in-18, tiré à 375 exemplaires, numérotés et signés =4= fr. - - - Bibliographie de la Presse Parisienne - _A LA FIN DU SECOND EMPIRE_ - par =Maurice TOURNEUX= - _Illustré de 8 planches hors texte_ - 1 vol. in-8°, tiré à 375 exemplaires numérotés et signés - - 10 ex. Jap. imp. de Tokio (A à I) =20= 00 fr. - 5 ex. Chine (K à O) =15= 00 fr. - 10 ex. Hol. Van Gelder Zonen (P à Y) =12= 00 fr. - 350 ex. sur alfa vergé (1 à 350) =7= 50 fr. - - - MONTMARTRE et ses CHANSONS - Poètes et Chansonniers - Cabarets et Théâtricules - par =Léon de BERCY= - _illustré de 4 planches hors texte_ - 1 vol. in-18, tiré à 375 exemplaires numérotés et signés - - 10 ex. Japon impérial (A à S) =10= fr. - 5 ex. Chine (K à O) =8= fr. - 10 ex. Hol. Van Gelder Zonen (P à Y) =6= fr. - 350 ex. sur bel alfa vergé (1 à 350) =4= fr. - - - LE RESPECT DES LIVRES - _MEMENTO DU BIBLIOPHILE_ - par =R. YVE-PLESSIS= - _Avec un frontispice en couleur_ - 1 vol. in-18, tiré à exemplaires numérotés et signés =4= fr. - - - _Pour paraître incessamment, le 1er volume de la_ - Bibliothèque du Vieux Paris - _On peut souscrire à tous les volumes à paraître en ces - collections_ - - Imp. A. Gautherin Paris - - - - - -End of Project Gutenberg's Les Bourbons bibliophiles, by Eugène Asse - -*** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LES BOURBONS BIBLIOPHILES *** - -***** This file should be named 53634-0.txt or 53634-0.zip ***** -This and all associated files of various formats will be found in: - http://www.gutenberg.org/5/3/6/3/53634/ - -Produced by Clarity, Hélène de Mink, and the Online -Distributed Proofreading Team at http://www.pgdp.net (This -file was produced from images generously made available -by The Internet Archive/Canadian Libraries) - - -Updated editions will replace the previous one--the old editions will -be renamed. - -Creating the works from print editions not protected by U.S. copyright -law means that no one owns a United States copyright in these works, -so the Foundation (and you!) can copy and distribute it in the United -States without permission and without paying copyright -royalties. 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You may copy it, give it away or re-use it under the terms of -the Project Gutenberg License included with this eBook or online at -www.gutenberg.org. If you are not located in the United States, you'll have -to check the laws of the country where you are located before using this ebook. - - - -Title: Les Bourbons bibliophiles - Rois & Princes, Reines & Princesses - -Author: Eugène Asse - -Release Date: November 29, 2016 [EBook #53634] - -Language: French - -Character set encoding: ISO-8859-1 - -*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LES BOURBONS BIBLIOPHILES *** - - - - -Produced by Clarity, Hélène de Mink, and the Online -Distributed Proofreading Team at http://www.pgdp.net (This -file was produced from images generously made available -by The Internet Archive/Canadian Libraries) - - - - - - -</pre> - - -<div class="tnote"> -<p>Note sur la transcription: Les erreurs clairement introduites par le typographe ont été corrigées. -L'orthographe d'origine a été conservée et n'a pas été harmonisée. -Les numéros des pages blanches n'ont pas été repris.</p> -</div> - -<h1><span class="small">LES</span><br /> -<span class="large">BOURBONS BIBLIOPHILES</span></h1> - -<div class="frontmatter"> -<p>Il a été tiré de cet ouvrage<br /> -TROIS CENT SOIXANTE-QUINZE EXEMPLAIRES:</p> - -<ul> -<li>10 exempl. sur pap. du Japon (A à J).</li> -<li> 5 exempl. sur pap. de Chine (K à O).</li> -<li> 10 exempl. sur pap. de Hollande (P à Y).</li> -<li>350 exemplaires sur alfa vergé (1 à 350).</li> -</ul> - -<p>Droits réservés pour tous pays y compris la<br /> -Suède, la Norvège et le Danemark</p> -</div> - -<div class="topspace titlepage"> -<p><span class="small">COLLECTION DU BIBLIOPHILE PARISIEN</span></p> -</div> -<hr class="deco" /> -<div class="titlepage"> -<p><span class="xxlarge">LES BOURBONS</span><br /> -<span class="xlarge">BIBLIOPHILES</span><br /> -<span class="sper">Rois & Princes</span><br /> -<span class="sper">Reines & Princesses</span><br /> -<span class="xs">PAR</span><br /> -<span class="large">EUGÈNE ASSE</span></p> - -<p><span class="space small">Avant-propos</span><br /> -<span class="small">PAR</span><br /> -<span class="medium">GEORGES VICAIRE</span></p> -<div class="figcenter"> -<img src="images/lily.jpg" width="20" height="12" alt="logo" /> -</div> - -<p><span class="large"><i>Paris</i></span><br /> -<span class="cap">H</span><span class="smallc">ENRI</span> <span class="cap">D</span><span class="smallc">ARAGON,</span> libraire<br /> -<span class="small">10, rue Notre-Dame de Lorette, 10</span></p> -</div> -<hr class="deco" /> -<div class="titlepage"> -<p class="medium">1901</p> -</div> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_I"> I</a></span></p> -<div class="figcentert"> -<img src="images/005.jpg" width="295" height="60" alt="" /> -</div> - -<p><i>Eugène Asse, bibliothécaire à -l'Arsenal, décédé il y a quelques -mois à peine, était un passionné du -livre. Il l'aimait de toutes les -manières, sous toutes ses formes, -pour ce qu'il contenait et pour sa -décoration extérieure. Sa bibliothèque, -généreusement léguée par -lui à la ville de Versailles, formait, -au point de vue de l'histoire comme -à celui des lettres, un ensemble des -plus importants et des mieux choisis. -Mais s'il ne possédait point sur -ses rayons des maroquins armoriés,</i> -<span class="pagenum"><a id="Page_II"> II</a></span> -<i>de provenance célèbre, des reliures -des Eve, des Ruette, des Le Gascon, -des Derome et des Padeloup, des -manuscrits précieux ou des estampes -rares.</i>—Non licet omnibus adire -Corinthum—<i>du moins professait-il -pour tous ces trésors un culte -respectueux qui confinait à la -dévotion. Il fallait voir Asse caresser -amoureusement les plats d'une -ancienne reliure, tourner les feuillets -d'un volume, en examiner les -armes ou l'ex-libris, son visage -s'illuminait aussitôt. Et si, par -hasard, quelque profane s'était -permis, en sa présence, de manquer -à un livre, vieil ou jeune, des égards -qui lui sont dus, Asse devenait -terrible, inexorable et le mécréant -n'avait plus qu'à s'esquiver.</i></p> - -<p><i>A cet amour du livre, mon -regretté confrère joignait une érudition -des plus solides et un goût -fort délicat. Rien de notre littérature -ou de notre histoire ne lui était -étranger; le dix-huitième siècle -surtout l'avait attiré; il le possédait -à fond.</i></p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_III"> III</a></span> -<i>Nul plus qu'Eugène Asse, n'était -donc qualifié pour écrire l'étude -bibliophilique que M. H. Daragon -vient de faire entrer dans sa -«Collection du bibliophile parisien» -et qui y trouve sa place naturelle.</i></p> - -<p><i>Les</i> Bourbons bibliophiles <i>parurent -jadis dans une revue. Depuis, -l'auteur des</i> Petits Romantiques, -<i>qui avait projeté de réunir ces -intéressantes pages en volume, -revisa, dans cette intention, son -premier travail, le corrigea, le -compléta de telle sorte que le livre -d'aujourd'hui apparait, non seulement -comme une première édition -en librairie mais presque comme -une édition originale. La mort n'a -pas laissé le temps à Eugène Asse -de réaliser lui-même son projet et -c'est à moi qu'il appartient d'accomplir -le vœu de celui qui fut mon -collaborateur dévoué et mon ami -fidèle.</i></p> - -<p><i>La mission m'est d'autant plus -douce à remplir que, tout en -honorant la mémoire du consciencieux -écrivain, je livre à ses confrères</i> -<span class="pagenum"><a id="Page_IV"> IV</a></span> -<i>en bibliophilie une étude qui, j'en -suis persuadé, ne manquera pas de -les intéresser et de recueillir leurs -suffrages.</i></p> - -<p class="signature"><span class="cap">G</span><span class="smallc">EORGES</span> <span class="cap">V</span><span class="smallc">ICAIRE.</span></p> - -<div class="figcenterb"> -<img src="images/008.jpg" width="120" height="79" alt="" /> -</div> - -<p><span class="pagenumh"><a id="Page_V"> V</a></span></p> - -<p class="extra">ROIS ET PRINCES</p> - -<p><span class="pagenumh"><a id="Page_VI"> VI</a></span> -<span class="pagenumh"><a id="Page_VII"> I</a></span></p> - -<div class="figcentert"> -<img src="images/005.jpg" width="295" height="60" alt="" /> -</div> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_1"> 1</a></span></p> - -<p>On a compté les grands capitaines, -les soldats valeureux que -la maison de Bourbon a donnés à -la France, depuis Pierre I<sup>er</sup>, arrière-petit-fils -de saint Louis, qui tomba -à Poitiers, jusqu'à Jean II qui -vengea son aïeul en battant les -Anglais à Formigny; depuis ces -deux ducs d'Enghien dont le jeune -front fut illuminé l'un par la gloire -de Rocroy, l'autre par celle de -Cérisoles, jusqu'à l'aide de camp -de Dumouriez à Valmy et au -vainqueur d'Abd-el-Kader. Nous -<span class="pagenum"><a id="Page_2"> 2</a></span> -entreprenons une tâche bien différente, -celle d'énumérer les bibliophiles -que la maison de Bourbon -posséda parmi ses princes. Ils -sont presque aussi nombreux que -les guerriers, et l'on peut dire que -chez eux l'amour des livres le disputa -à l'amour des armes, quand -ces deux passions ne se partageaient -pas également leur cœur.</p> - -<p class="subh">I</p> - -<p>Il faut remonter jusqu'au XIV<sup>e</sup> -siècle, jusqu'aux anciens ducs de -Bourbon, descendants immédiats -de Robert de Clermont, pour -trouver la première trace de -l'amour que ces princes eurent de -tout temps pour les livres. Dans -la ville de Moulins, capitale de -leur duché, ils avaient réuni de -bonne heure une riche collection -de livres, qui rivalisait avec celle -que les rois de France de la maison -de Valois commençaient, vers la -même époque, à réunir eux-mêmes -dans la grosse tour du -<span class="pagenum"><a id="Page_3"> 3</a></span> -Louvre. Nous voyons la femme -de Louis I<sup>er</sup>, Marie de Hainaut, -morte en 1354, posséder déjà de -beaux livres, et son nom se lit sur -un manuscrit du roman de <i>Lancelot</i> -que possède la Bibliothèque -nationale. Mais le véritable fondateur -de la bibliothèque des ducs -de Bourbon à Moulins fut le petit-fils -de cette princesse, Louis II, -dit le Bon, qui mourut en 1410, et -dont la sœur, Jeanne de Bourbon, -épousa Charles V.</p> - -<p>Si Raoul de Presles, un contemporain, -nous représente le roi de -France «estudiant continuelement -en divers livres et sciences», -le chroniqueur Jean Cabaret nous -montre son beau-frère, le duc de -Bourbon, se faisant «lire à son -disner continuelement les gestes -des tres renommez princes jadis -roys de France et d'autres dignes -d'honneur». Laurent de Premier-fait, -qui traduisit pour lui, et sur -son désir, les deux traités de -Cicéron sur la Vieillesse et sur -l'Amitié, l'a loué «d'aimer et -<span class="pagenum"><a id="Page_4"> 4</a></span> -hanter les livres» autant que «les -hommes raisonnables». D'autres -auraient peut-être demandé au roi -de France des fiefs et des seigneuries; -lui, il lui demandait des -livres; c'est ainsi, comme le constate -M. Léopold Delisle dans son -histoire du <i>Cabinet des manuscrits -de la Bibliothèque nationale</i>, qu'il -se fit donner par son neveu, -Charles VI, dont il fut l'un des -tuteurs, deux beaux volumes de -la librairie du Louvre, un Tite-Live -en 1392, et une Bible en 1397. -Sous lui, la «librairie» de Moulins -devint «l'une des plus belles et -considérables» de l'époque. Elle -était riche en «nombreux velins -couverts de velours rouge et -tanné, garnys de fermaux de leton, -de boulhons et de carrees.»</p> - -<p>Le petit-fils de Louis II, -Charles I<sup>er</sup>, qui, bien qu'époux -d'Agnès de Bourgogne, fille de -Jean sans Peur, embrassa le parti -du roi de France contre le parti -bourguignon, contribua beaucoup -à la paix d'Arras et mourut en 1456, -<span class="pagenum"><a id="Page_5"> 5</a></span> -a laissé un magnifique témoignage -de son amour pour les livres. C'est -le précieux armorial où sont figurés -les blasons et les châteaux du -Bourbonnais, de l'Auvergne et du -Forez, et qu'il fit exécuter par son -héraut Guillaume Revel.</p> - -<p>Jean II, son fils (1426-1488) et -successeur, ne fut pas seulement -célèbre par ses victoires de Formigny -sur les Anglais, et de Gy -sur le comte de Roucy, capitaine -de Charles le Téméraire, qui vinrent -puissamment en aide à la -politique de Louis XI, dont il -avait épousé la sœur, Jeanne de -France; il aima aussi et protégea -les savants.</p> - -<p class="quote"><i>Diligit et doctos doctior ipse viros</i>,</p> - -<p>dit un vers de Paulus Senilis. -C'est pour lui que fut copié, vers -1480, le bel exemplaire de <i>la Danse -des aveugles</i> et de <i>l'Abusé en court</i>, -où figurent vingt-trois écussons -de la famille de Bourbon. N'étant -encore que comte de Clermont, -<span class="pagenum"><a id="Page_6"> 6</a></span> -c'est-à-dire très jeune, il possédait -déjà un beau manuscrit italien -de <i>la Divine Comédie</i>.</p> - -<p>Deux frères du duc Jean II, -Charles, cardinal de Bourbon, -mort en 1488, et Louis, bâtard de -Bourbon, amiral de France, mort -en 1486, ont droit également au -titre de bibliophiles: le premier -par <i>la Complainte de la ville de -Lyon</i> et <i>l'Evangile grec</i> qui porte -sa devise: <span class="cap">N'</span><span class="smallc">ESPOIR NE PEUR</span>; le -second, par une traduction des -<i>Stratagèmes de Frontin</i>, et surtout -par une <i>Vie de Jésus-Christ</i>, par -Ludolfe, copiée par Gilles Richard, -où se trouve un portrait -de ce prince. (Bibl. nat., mss. -franç. ancien fonds 177-179).</p> - -<p>Au duc Jean II, mort sans postérité -légitime, succéda son frère -Pierre II, sire de Beaujeu (1439-1503). -L'époux un peu effacé de -cette Anne de France, fille de -Louis XI, si célèbre dans l'histoire -sous le nom de dame de Beaujeu, -fut un très délicat et très passionné -bibliophile, s'il ne fut pas le plus -<span class="pagenum"><a id="Page_7"> 7</a></span> -grand politique de sa maison. Il -enrichit sa «librairie» de Moulins -de la collection remarquable des -ducs de Nemours, qu'il avait -achetée de Jean d'Armagnac, fils -du décapité, avec les comtés de -Murat et de Carlat, et, en 1467, à -la mort de Philippe le Bon, duc de -Bourgogne, son oncle maternel, -il sut obtenir quelques manuscrits -de la fameuse bibliothèque que ce -prince avait formée à Bruges. -«Les manuscrits qu'il faisait exécuter, -dit M. Le Roux de Lincy, -étaient aussi remarquables par la -beauté des miniatures qui les -décorent que par l'habileté des -calligraphes qu'il employait.» -Parmi ceux qui sont parvenus -jusqu'à nous, il faut citer <i>l'Histoire -universelle</i>, écrite en 1364 par -Mathias du Rivau, et <i>les Antiquités</i>, -de Joseph, illustrées de -douze belles miniatures de Jehan -Fouquet. Ce fut lui aussi qui plaça -dans la «librairie» de Moulins une -cinquantaine de volumes imprimés -sur vélin «en molle», comme -<span class="pagenum"><a id="Page_8"> 8</a></span> -dit l'inventaire du temps, chefs-d'œuvre -de la typographie naissante. -Sur ses livres on voit son -écusson aux armes de Bourbon, -brisées d'un lionceau de sable sur -la partie supérieure de la bande. -Plusieurs aussi portent la devise: -<span class="cap">E</span><span class="smallc">SPÉRANCE</span>, écrite de la main de -son secrétaire François Robertet. -C'est en sa personne que finit la -lignée masculine de ces premiers -ducs de Bourbon, dont le titre et -les biens passèrent à la branche -des Bourbons-Montpensier par le -mariage de l'héritière de la -branche aînée avec Charles III, -comte de Montpensier.</p> - -<p>Le fameux connétable de Bourbon -ne fut pas lui-même sans -donner ses soins à l'accroissement -de la bibliothèque de ses prédécesseurs, -malgré les soucis et les -mécomptes d'une politique qui -devait lui être fatale. L'éducation -très lettrée que lui fit donner la -veuve de Pierre II, Anne de France, -devenue plus tard sa belle-mère, -par son mariage, en 1505, avec la -<span class="pagenum"><a id="Page_9"> 9</a></span> -fille de cette princesse, Suzanne -de Bourbon, avait contribué sans -doute à développer en lui ce goût -délicat. Il fit exécuter pour son -usage et pour celui de sa femme -plusieurs manuscrits. C'est à lui -que l'on doit probablement l'idée -de ce <i>Recueil d'emblèmes, de proverbes, -d'adages, d'allégories et de -portraits, dessins à la gouache et -en couleur, accompagnés de devises -en prose et en vers</i>, que fit faire -pour lui ce même François Robertet, -secrétaire du défunt sire -de Beaujeu, frère du fameux Florimond -Robertet, ministre des rois -Louis XII et François I<sup>er</sup>, et qui -fut lui-même, sous Charles VIII, -secrétaire et bibliothécaire des -rois de France.</p> - -<p>Au folio 139 recto de ce volume -(Bibl. nat., F. La Vallière 44), on -voit le portrait de Charles de -Bourbon à cheval, armé de toutes -pièces, galopant l'épée haute, tel -qu'il était à la bataille d'Agnadel.</p> - -<p>Avant d'acquérir par son mariage -la bibliothèque des ducs de -<span class="pagenum"><a id="Page_10"> 10</a></span> -Bourbon à Moulins, Charles de -Bourbon possédait en propre celle -que les comtes de Montpensier -avaient réunie à leur château -d'Aigueperse, et qui s'était elle-même -enrichie de plusieurs volumes -des comtes de Clermont et -de Sancerre ornés de leurs armes: -<i>au 1 et 4 d'or au dauphin d'azur; -au 2 et 3 d'azur à la bande d'argent -côtoyée de deux cotices potencées et -contre-potencées d'or, avec un lambel -de gueules à trois pendant sur le tout</i>.</p> - -<p>L'on sait comment la révolte -du connétable de Bourbon amena -en 1523 la confiscation de ses biens. -La «librairie» de Moulins fut -comprise dans cette confiscation. -Après avoir été soigneusement -inventoriée par Pierre Antoine, -commissaire du roi, en présence -de Mathieu Espinette, chanoine -de Moulins, garde des livres du -duc de Bourbon, elle fut réunie à -celle du roi, déposée alors au -château de Fontainebleau. C'est -de là que nous sont parvenus les -soixante-seize manuscrits splendides -<span class="pagenum"><a id="Page_11"> 11</a></span> -que M. Léopold Delisle -signale parmi ceux de la Bibliothèque -nationale comme ayant -appartenu aux anciens ducs de -Bourbon.</p> - -<p>Aux Bourbons-Montpensier, -descendants de Jean I<sup>er</sup>, duc de -Bourbon, et de Marie de Berry, -éteints en la personne du connétable -de Bourbon, succédèrent, -comme chefs de la maison de -Bourbon, les Bourbons-Vendôme, -issus eux-mêmes de la branche -des comtes de la Marche dont -l'origine remontait à Louis I<sup>er</sup>, -premier duc de Bourbon, fils de -Robert de Clermont. C'est de -Charles de Bourbon, comte, puis -duc de Vendôme en 1515, mort en -1537, et de François d'Alençon, -que descendent, par son fils -Antoine de Bourbon, roi de -Navarre, toutes les branches de -Bourbon qui subsistent aujourd'hui, -et par son autre fils, Louis -de Bourbon, prince de Condé, les -branches éteintes de Condé, de -Soissons et de Conti.</p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_12"> 12</a></span> -Les Bourbons-Vendôme, eux -aussi, aimèrent les livres et en -formèrent de belles collections. -Telle fut celle du château de Vendôme, -dont le domaine était entré -dans leur maison, dès 1364, par -Catherine, comtesse de Vendôme, -femme de Jean I<sup>er</sup> de Bourbon, -comte de la Marche. Antoine de -Bourbon, devenu roi de Navarre -par son mariage avec Jeanne -d'Albret, l'enrichit sans doute -d'une partie des livres des anciens -souverains de Béarn. Le Père -Jacob, dans son <i>Traité des plus -belles bibliothèques</i>, affirme en -effet, après La Croix du Maine, -que la bibliothèque des rois de -Navarre «était autrefois conservée -à Vendôme». Ce qui est certain, -c'est que son frère, le célèbre cardinal -de Bourbon que les ligueurs -firent roi sous le nom de Charles X, -et qui mourut en 1590, fut un des -plus passionnés collectionneurs -de livres du XVI<sup>e</sup> siècle. «Il a -laissé, dit le même Père Jacob, cette -mémoire à la postérité d'avoir été -<span class="pagenum"><a id="Page_13"> 13</a></span> -le plus grand amateur des gens -de lettres et de livres qui fut en -son temps.»</p> - -<p>Ses livres, qui étaient «excellemment -reliés en maroquin», -furent légués par lui, vers 1580, à -la maison professe des Jésuites -de la rue Saint-Antoine, qu'il -avait lui-même établie sur l'emplacement -de l'ancien hôtel d'Anville. -Ils furent dispersés lors de -la première expulsion des Jésuites -en 1595. Son neveu, Charles III de -Bourbon, deuxième cardinal de -Bourbon, fils du premier prince -de Condé, qui lui succéda sur le -siège archiépiscopal de Rouen, et -mourut en 1594, à trente-deux ans, -n'aima pas moins passionnément -les livres. Il fut le restaurateur de -la belle bibliothèque formée au -château de Gaillon par le cardinal -d'Amboise. Ses livres étaient uniformément -reliés en maroquin -bleu ou rouge, la tranche dorée, -sur le dos ses armes: <i>de France, -au bâton péri en bande de -gueules</i>, et un médaillon représentant -<span class="pagenum"><a id="Page_14"> 14</a></span> -un lis au naturel avec la -devise: <span class="smallc">Candore superat et -odore</span>.</p> - -<div class="section"> -<p class="subh">II</p> -</div> - -<p>L'avènement de Henri IV, chef -de la maison de Bourbon, au -trône de France, donne un caractère -nouveau à l'amour des Bourbons -pour les livres: c'est au -profit de la France même que cette -passion s'exerce. A la fin du règne -de Charles IX, la bibliothèque -formée à Fontainebleau par -François I<sup>er</sup> avait été rapportée à -Paris, où elle courut de très -grands dangers pendant les troubles -de la Ligue. Dès le début de -son règne, Henri IV porta sur elle -sa sollicitude et la fit déposer -dans le collège de Clermont, de -la rue Saint-Jacques, abandonné -par les Jésuites, puis installer -en 1604, lors du rappel de ceux-ci, -dans le cloître des Cordeliers. -En 1609, il avait conçu le projet -de lui consacrer une magnifique -<span class="pagenum"><a id="Page_15"> 15</a></span> -salle dans le nouveau collège de -France qu'il voulait faire construire. -Henri IV accrut beaucoup -aussi la bibliothèque du collège -des Jésuites de Lyon, si nous -en croyons le Père Jacob. «La plus -célèbre bibliothèque de la ville de -Lyon, dit-il, est celle du collège -des Pères Jésuites, qui pour la -quantité de ses livres ne cède à -beaucoup de France; car elle se -peut vanter d'avoir plusieurs -livres qui viennent de la libéralité -du grand roy Henry IV.» Dans sa -«librairie» particulière, Henri IV -avait des livres nombreux et -choisis, qu'il faisait luxueusement -relier. Ils portaient tous, sur -les plats, l'écu de France accolé -de celui de Navarre, et au-dessous, -soutenue de deux rinceaux, la -lettre H couronnée; le tout entouré -des colliers des ordres de -Saint-Michel et du Saint-Esprit, -et souvent surmonté d'une couronne -royale.</p> - -<p>Si nous en croyions M. Édouard -Fournier, Louis XIII aurait relié -<span class="pagenum"><a id="Page_16"> 16</a></span> -des livres de ses mains royales. -Ce qui est certain, c'est qu'il aima -les livres. Ceux qu'il posséda -furent presque tous reliés en maroquin -vert fleurdelisé par Clovis -Eve, puis par Antoine Ruette. -Dans l'écusson royal dont il sont -marqués, l'H de Henri IV est -remplacée par un L. Louis XIII, -lorsqu'il rétablit la religion catholique -en Béarn, fonda à Pau un -couvent de capucins, auquel il -donna «la très magnifique bibliothèque -des roys de Navarre, ses -prédécesseurs, qui sert, dit le -Père Jacob, d'un rare ornement à -ce couvent».</p> - -<p>Son frère, Gaston, duc d'Orléans, -qui mourut à Blois, en -1660, à l'âge de cinquante-deux -ans, après avoir cabalé toute sa -vie, soit contre Richelieu, soit -contre la régente, fut un excellent -bibliophile tout en étant un très -mauvais politique. Peut-être est-ce -par repentir et amende honorable -pour ses conspirations qu'il légua -à son neveu, Louis XIV, «son -<span class="pagenum"><a id="Page_17"> 17</a></span> -cabinet plein de raretés de tout -genre». Pour un bibliophile, un -tel legs partait du cœur. En conséquence -de sa libéralité, cinquante-trois -de ces précieux manuscrits -furent portés en 1667 à la -Bibliothèque du roi.</p> - -<p>C'est au palais du Luxembourg, -sa demeure, que Gaston avait -réuni ce cabinet qui ne comprenait -pas seulement des livres et -des manuscrits, mais encore des -médailles, des miniatures, des -estampes, etc. Le Père Jacob en -est émerveillé. Ce prince, dit-il, -«donne de l'étonnement et de -l'admiration à toute l'Europe, pour -la connaissance qu'il a des médailles -anciennes; et je puis dire -de ce prince, sans flatterie, que ni -Alexandre Sévère, empereur des -Romains, ni Atticus, grand ami -de Cicéron, ni le très docte Varron -n'ont eu une connaissance desdites -médailles comme lui; et sa -curiosité ne se termine pas en -icelles, mais encore dans la recherche -des bons livres, desquels -<span class="pagenum"><a id="Page_18"> 18</a></span> -il orne sa très riche et splendide -bibliothèque, qu'il a dressé -depuis peu dans son hostel de -Luxembourg, au bout de cette -admirable gallerie où toute la vie -de la feue reine Marie de Médicis -a été dépeinte par l'excellent ouvrier -Rubens. Or cette bibliothèque -n'est pas seulement remarquable -pour l'ornement de ses -tablettes, qui sont toutes couvertes -de velours verd, avec les bandes -de même étoffe, garnies de passemens -d'or, et les crespines de -même: pour toute la menuiserie -qui se void, elle est embellie d'or -et de riches peintures. Mais outre -cela, les livres sont de toutes les -meilleures éditions qui se peuvent -treuver; et quant à leur relieure, -elle est toute d'une même façon, -avec les chiffres de Son Altesse -Réale<a id="FNanchor_1" href="#Footnote_1" class="fnanchor"> [1]</a>. Ce prince fait tous les -<span class="pagenum"><a id="Page_19"> 19</a></span> -jours une grande recherche des -meilleurs livres qui se peuvent -treuver dans l'Europe; donnant -des mémoires pour ce sujet, par -la sollicitation de M. Brunier, -son médecin et bibliothécaire, qui -travaille continuellement à la perfection -de ce trésor des livres -et des médailles.»</p> - -<p>Gaston se plaisait aussi à faire -exécuter en miniatures des objets -d'histoire naturelle. Ce sont ces -miniatures qui ont formé le fonds -de la collection connue sous le -nom de <i>Vélins du Muséum</i>, et -transférée, en 1793, de la Bibliothèque -du Roi au Jardin des -Plantes. La plupart de ses livres -étaient reliés en veau, marqués -de G couronnés.</p> - -<p>Le goût de Louis XIV pour les -<span class="pagenum"><a id="Page_20"> 20</a></span> -livres nous est surtout attesté par -l'impulsion qu'il donna aux acquisitions -qui furent faites sous son -règne pour augmenter la Bibliothèque -du roi, par les missions -qui furent confiées à Vaillant, -Monceaux, Laisné, Dipy, Wansleb, -Lacroix, Cassini, Verjus, à -Nointel, notre ambassadeur à -Constantinople, très bien secondé -par A. Galland, pour recueillir -des livres et des manuscrits en -Orient, en Grèce, en Italie, en -Portugal. Mais pour lui comme -pour Louis XV, comme pour -Louis XVI, il est difficile de faire -le départ entre le souverain et le -particulier, et d'apprécier le bibliophile -autrement que par les magnifiques -reliures à ses armes qui -figurent aujourd'hui dans nos -bibliothèques publiques. Avec -Louis XIV la reliure prit un -caractère de simplicité majestueuse. -Sur les livres marqués -aux armes du roi, c'est-à-dire de -France, il faut remarquer la large -dentelle avec un simple filet sur -<span class="pagenum"><a id="Page_21"> 21</a></span> -les bords des plats. Son relieur le -plus accrédité fut A. Ruette. Nous -possédons cependant un témoignage -de l'intérêt particulier que -Louis XV prenait à orner et à -accroître sa bibliothèque particulière. -Vers 1766, nous le voyons -acheter du duc de La Vallière -plusieurs manuscrits qui devaient -être portés à Trianon. Parmi ces -manuscrits figurait le <i>Livre des -tournois du roi René</i> que le duc de -La Vallière tenait du prince de -Conti.</p> - -<p>Le grand Dauphin, fils de -Louis XIV, posséda aussi, à -Meudon, sa résidence, et à Versailles, -une belle bibliothèque, -dont Saint-Simon nous a raconté -la vente à l'encan après sa mort, -en 1711. Les reliures portaient les -armes du Dauphin sur les plats, -avec des L entrelacées et couronnées -aux coins.</p> - -<p>Le père de Louis XV, ce jeune -et charmant duc de Bourgogne, -l'élève de Fénelon et l'espoir de -la France, avait montré bien jeune -<span class="pagenum"><a id="Page_22"> 22</a></span> -encore un vrai penchant de bibliophile. -Il s'intéressait beaucoup -aux livres, aux manuscrits, aux -sceaux et aux médailles. Gaignières -se plaisait à lui communiquer -ses découvertes, telles que -celle d'un sceau de Louis le Gros, -et son cabinet reçut, le 6 avril -1702, la visite de ce jeune prince. -«Je vous félicite, écrivait à ce -sujet l'intendant Foucault à Gaignières, -de la visite que vous a -rendue M. le duc de Bourgogne, -et suis bien persuadé que le temps -lui aura paru court dans votre -grand appartement. Comme c'est -un prince qui a du goût pour -l'histoire et la littérature, vous -aurés eu plaisir à satisfaire sa -curiosité.»</p> - -<div class="section"> -<p class="subh">III</p> -</div> - -<p>C'est surtout dans les branches -collatérales de la maison de Bourbon, -et aussi parmi les princes -légitimés, que nous allons trouver -maintenant des collections de -<span class="pagenum"><a id="Page_23"> 23</a></span> -de livres nombreux, bien choisis, -richement reliés.</p> - -<p>A la tête de ces princes bibliophiles -se distinguent les membres -de la maison de Condé. Le premier -qui a droit à ce titre fut -Henri II, prince de Condé, époux -de cette belle et vertueuse Charlotte -de Montmorency qui inspira -une si vive passion à Henri IV, -et père du vainqueur de Rocroy -(1588-1646).</p> - -<p>Ce prince, qui était gouverneur -de la province de Berry, avait -fondé, à Bourges, une très belle -bibliothèque, dont le Père Jacob -nous parle ainsi: «Cette opulente -bibliothèque a été faite avec de -grands soins et somptueuse dépense -par ce prince. La parfaite -connaissance qu'il a de toutes les -sciences et des livres rares et -curieux le fait estimer pour un -oracle des Muses. Chose admirable -en cette Altesse, que nonobstant -les grandes affaires qu'il -a pour l'Estat, il ne perd aucun -jour sans s'adonner à l'estude, -<span class="pagenum"><a id="Page_24"> 24</a></span> -où il treuve des divertissemens -dignes d'un grand prince; ce qui -luy acquiert une gloire immortelle -par toute l'Europe, tant pour -surpasser en sciences tous les -autres princes, que pour le grand -zèle qu'il a à les faire fleurir.»</p> - -<p>Son fils, le grand Condé, hérita -de son goût pour les livres; sous -lui (1621-1686), la bibliothèque de -Chantilly devint l'une des plus -belles de France. Un contemporain, -Le Gallois, disait de cette -bibliothèque, en 1680, dans son -<i>Traité des plus belles bibliothèques</i>: -«Il faut aussi parler de celle de -Monseigneur le prince de Condé, -ce Mars de nostre siècle; mais qui, -beaucoup plus illustre que Mars, -a si bien joint la gloire des -sciences avec celle des armes, puisque, -sans le flatter, on peut dire -que jamais prince n'a esté ny plus -belliqueux ny plus sçavant que -luy. Cette bibliothèque est nombreuse -et contient grande quantité -de manuscrits rares grecs et -latins. Elle fut dressée par feu -<span class="pagenum"><a id="Page_25"> 25</a></span> -Monseigneur le Prince son père, -qui était un des plus sçavans -hommes de son temps; et parce -que Monseigneur le Prince a hérité -d'une si noble qualité, il -continue avec la même passion -et les mêmes soins l'agrandissement -de cette bibliothèque.»</p> - -<p>Après le grand Condé, la bibliothèque -de Chantilly fut augmentée -par son fils, Henri-Jules, duc de -Bourbon, mort en 1709. Elle était -devenue une des plus nombreuses -de son temps et contenait une -grande quantité de manuscrits -grecs et latins. Tous ces livres des -Condé étaient marqués à leurs -armes: <i>de France, au bâton péri -en bande de gueules</i>. Vers le milieu -du XVIII<sup>e</sup> siècle, il en fut dressé -par Dupuy un catalogue, dont le -manuscrit existe aujourd'hui à la -Bibliothèque nationale sous ce -titre: <i>Table alphabétique par nom -d'auteurs des ouvrages se trouvant -dans la Bibliothèque du prince de -Condé</i>.</p> - -<p>A la Révolution, 1,200 volumes -<span class="pagenum"><a id="Page_26"> 26</a></span> -de manuscrits, provenant de la -maison de Condé, furent envoyés à -la Bibliothèque nationale. Rendue -en 1815 au prince de Condé, cette -collection appartient aujourd'hui -à la Bibliothèque de Chantilly.</p> - -<p>Le petit-fils de cet Henri-Jules, -prince de Condé, Louis de Bourbon, -comte de Clermont, né en -1709, mort en 1771, fut l'une des -figures les plus intéressantes du -XVIII<sup>e</sup> siècle. Frère du duc de -Bourbon, qui fut premier ministre -de Louis XV, et de cette belle -Mademoiselle de Vermandois, qui -serait devenue reine de France -sans M<sup>me</sup> de Prie, il fut tout -ensemble abbé commendataire de -Saint-Germain-des-Prés, général -d'armée, membre de l'Académie -française, et directeur d'une excellente -troupe de comédiens qu'il -entretenait pour les plaisirs de -ses amis.</p> - -<p>Il avait réuni une très nombreuse -et belle bibliothèque, qui -fut vendue, à sa mort, au palais -abbatial de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, -<span class="pagenum"><a id="Page_27"> 27</a></span> -et dont le catalogue -parut sous ce titre: <i>Catalogue -des livres de la bibliothèque -de feu S. A. S. M<sup>gr</sup> le comte de Clermont, -prince du sang</i>, Paris, -Prault fils, 1771, in-8<sup>o</sup> de 111 pages. -Ses livres étaient timbrés de ses -armes: <i>de France, au bâton péri -en bande de gueules, chargé à la -pointe supérieure d'un croissant -d'argent</i>. Ce catalogue comprend -2,021 numéros, dont 229 pour la -théologie, 138 pour la jurisprudence, -941 pour les belles-lettres, -et 663 pour l'histoire.</p> - -<p>Le comte de Clermont aimait -fort les lettres et les arts, et, à son -château de Berny, il se donnait -souvent des comédies ou des -concerts. Nous trouvons la trace -de ce goût dans le catalogue de -1771, sur lequel figurent: «trente-six -cartons remplis de musique, -pour les concerts et comédies, -tels que simphonies, trios, divertissemens, -etc., manuscrits»; un -«paquet de musique instrumentale -pour le violon, le clavecin, -<span class="pagenum"><a id="Page_28"> 28</a></span> -violoncelle, etc., gravée et manuscrite»; -ainsi que «différents -opéras-comiques, avec leur partition -gravée». Sa collection théâtrale -était très complète, et dans -son inventaire on remarque encore -«différents paquets de comédies -séparées et brochées», -plus «plusieurs cartons remplis -de rôles pour jouer des comédies -et très proprement écrits».</p> - -<p>Si le comte de Clermont ne fut -pas un grand général, il avait de -la valeur et aimait les choses -militaires. On s'en aperçoit également -à sa bibliothèque où la -division de «l'art militaire» -comprend 90 numéros, parmi -lesquels il faut signaler plusieurs -manuscrits: <i>Guerres des troupes -légères</i>, in-8<sup>o</sup>, m. v.; <i>Remarques -sur la cavalerie et l'infanterie</i>, in-4<sup>o</sup>; -<i>Traité des sièges, de l'attaque et -défense des places</i>, par le maréchal -de Vauban, in-folio, «avec des -plans très bien <i>dessinés et lavés</i>, -m. r., avec fermoir d'argent», -vendu 59 livres; <i>Traité des fortifications</i>, -<span class="pagenum"><a id="Page_29"> 29</a></span> -in-folio; <i>Différentes pièces -d'artillerie dessinées et colorées</i>, -in-8<sup>o</sup> obl., mar. r., dent.; <i>Etat de la -composition des troupes d'infanterie -et de cavalerie française et -étrangère</i>, in-4<sup>o</sup>, mar. r., fermoirs -d'argent; <i>Etat des officiers généraux</i>, -etc., <i>employés à l'armée -commandée par S. A. S. M<sup>gr</sup> le -comte de Clermont, en 1758</i>, 2 vol. -in-16, mar. r.; <i>Etat des troupes de -France sur pied, en 1755</i>, in-8<sup>o</sup>; -<i>Etat de la maison du Roi, en 1751</i>; -in-8<sup>o</sup>, mar. r.; <i>Etat des gouvernements -généraux, 1751</i>, in-8<sup>o</sup>, mar. r.</p> - -<p>L'ami des choses légères, des -poètes, des chansonniers, se manifeste, -au contraire, dans les -articles suivants: trois <i>Recueils -de chansons</i>, mss., l'un en 9 vol. -in-8<sup>o</sup>, l'autre en 8 vol. in-4<sup>o</sup>, le -dernier en 9 vol. in-folio et 3 vol. -de tables; et un <i>Recueil de poésies</i>, -ms., 8 vol. in-8<sup>o</sup>.</p> - -<p>Des deux fils que Louis XIV -eut de M<sup>me</sup> de Montespan et qui -lui survécurent, le duc du Maine -et le comte de Toulouse, celui-ci -<span class="pagenum"><a id="Page_30"> 30</a></span> -paraît avoir eu particulièrement -le goût des beaux livres. Il en -avait rassemblé un grand nombre, -soit à Paris, dans le magnifique -hôtel de Toulouse, près la place -des Victoires, soit au château de -Rambouillet, qu'il acheta, en -1705, de l'intendant des finances, -Fleuriau d'Armenonville, et où il -mourut en 1736.</p> - -<p>Louis-Alexandre de Bourbon, -comte de Toulouse, était né le -6 juin 1678. Lui et sa sœur, la -future duchesse d'Orléans, femme -du régent, furent les suites de cette -fameuse réconciliation des deux -amants que M<sup>me</sup> de Caylus a si -joliment racontée.</p> - -<p>Par respect pour le jubilé et sur -les exhortations de Bossuet, Louis -et sa maîtresse ne se voyaient -plus que sur la cérémonie et en -présence des dames les plus respectables -de la cour.—«Le roi, -dit M<sup>me</sup> de Caylus, vint donc chez -M<sup>me</sup> de Montespan, comme il avait -été décidé; mais, insensiblement, -il la tira dans une fenêtre; ils se -<span class="pagenum"><a id="Page_31"> 31</a></span> -parlèrent bas assez longtemps, -pleurèrent, et se dirent ce qu'on a -accoutumé de dire en pareil cas; -ils firent ensuite une profonde -révérence à ces vénérables matrones, -passèrent dans une autre -chambre; et il en avint Madame -la duchesse d'Orléans et ensuite -M. le comte de Toulouse.» Enfant, -il avait été beau comme le jour; -quand il parut pour la première -fois à Versailles, sa beauté «surprit -et éblouit tous ceux qui le virent». -De ce côté, il avait la supériorité -sur son frère, le duc du Maine, -son aîné de huit ans, qui se rattrapait, -il est vrai, du côté de -l'esprit, ou du moins d'un certain -esprit. Par la droiture, par la délicatesse -et la tendresse de cœur, -le comte de Toulouse l'emportait -aussi beaucoup sur son frère. -Saint-Simon lui accorde toutes -ses préférences. «C'était, dit-il, -l'honneur, la vertu, la droiture, -la vérité, l'équité même, avec un -accueil aussi gracieux qu'un froid -naturel, mais glacial, le pouvait -<span class="pagenum"><a id="Page_32"> 32</a></span> -permettre; de la valeur et de l'envie -de faire, mais par les bonnes -voies, et en qui le sens droit et -juste, pour le très-ordinaire, -suppléait à l'esprit; fort appliqué -d'ailleurs à servir sa marine de -guerre et de commerce, et l'entendant -très bien.» Ailleurs Saint-Simon -le qualifie encore de -«sage, silencieux, mesuré».</p> - -<p>Pourvu, dès l'année 1683, de la -charge de grand amiral de France, -il se montra plus tard digne de -cette faveur, alors prématurée, à -la fois par son courage et sa -connaissance des choses navales. -Après avoir fait sa première campagne, -à l'âge de treize ans, en -Flandre, où il monta à l'assaut -de Mons et fut blessé au siège de -Namur, il montra toutes les qualités -d'un homme de mer à la -bataille de Malaga, où, le 24 août -1704, il battit la flotte anglaise et -démâta le navire de son chef, -l'amiral Rooke. «On ne saurait, -dit Saint-Simon, une valeur plus -tranquille, qu'il fit paraître pendant -<span class="pagenum"><a id="Page_33"> 33</a></span> -toute l'action, ni plus de vivacité -à tout voir et de jugement à -commander à propos.» Obligé de -renoncer à la mer par une cruelle -maladie de la pierre, qui le tourmenta -toute sa vie, restant éloigné -de toutes les menées ambitieuses -ourdies par son frère, le duc du -Maine, il se contenta de vivre en -sage. Il mourut le 1<sup>er</sup> décembre -1737, à l'âge de cinquante-neuf ans, -laissant une mémoire aimée, que -continua dignement son fils, -l'aimable et bienfaisant duc de -Penthièvre.</p> - -<p>Le comte de Toulouse avait -formé une nombreuse bibliothèque, -dont les livres, très heureusement -choisis, portent ses -armes: <i>de France, au bâton péri -en barre de gueules</i>, et quelquefois -une ancre, emblème de grand -amiral. Nous connaissons la -composition de cette bibliothèque -soit par les deux volumes du -<i>Catalogue des livres du roi Louis-Philippe</i>, -vendus en 1852, soit par -des catalogues qui en furent -<span class="pagenum"><a id="Page_34"> 34</a></span> -publiés du vivant même de ce -prince pour son propre usage.</p> - -<p>Un premier catalogue fut dressé, -en 1708, sous ce titre: <i>Catalogue -de la bibliothèque du château -de Rambouillet, appartenant à -Son Altesse Sérénissime Monseigneur -le comte de Toulouse</i>, -M DCC VIII, s. l., in-8<sup>o</sup> de 216 -pages, plus 13 pages de table des -auteurs. Il comprend 1,589 numéros, -répartis en cinq divisions: -théologie, droit, philosophie, -belles-lettres et histoire. Parmi -les manuscrits, l'on remarque: -<i>Exercice et détail de toutes les -manœuvres qui se font à la mer</i>, -par le chevalier de Tourville, -en 1681, sur vélin, in-4<sup>o</sup>; <i>Etat de -la marine de l'Empire ottoman</i>, -par M. de La Croix, in-4<sup>o</sup>; <i>les -Noms, armes et qualitez des amiraux -de France, avec les blasons -enluminez</i>, in-fol.</p> - -<p>Un nouveau catalogue en fut -fait dix-huit ans après: <i>Catalogue -de la bibliothèque du chasteau de -Rambouillet, appartenant à Son</i> -<span class="pagenum"><a id="Page_35"> 35</a></span> -<i>Altesse Sérénissime Monseigneur -le comte de Toulouse</i>, à Paris, -imprimé par les soins de Gabriel -Martin, libraire de S. A. S., 1726, -in-8<sup>o</sup> de 620 pages, plus 29 pages -de table des auteurs. Les numéros -ne se suivent pas, en sorte qu'il -est difficile de se rendre compte -de l'importance relative des divisions -autrement que par la pagination. -La théologie comprend -31 pages; la jurisprudence, 11; la -philosophie, les mathématiques et -les arts, 33; les belles-lettres, 198; -l'histoire, 322. Parmi les manuscrits, -l'on remarque: <i>Mémoires -de J.-B. Colbert sur les ordonnances -générales</i>, 8 vol. in-4<sup>o</sup>; <i>Mémoire -présenté à M. le duc d'Orléans -au commencement de sa régence</i>, -par M. de Boulainvilliers, in-4<sup>o</sup>; -<i>Réflexions sur l'histoire de France</i>, -du même, 2 vol. in-4.; <i>Origine -des parlements</i>, du même, 2 vol. -in-4<sup>o</sup>; <i>Traité de la noblesse</i>, du -même, in-4<sup>o</sup>; <i>Journal de la campagne -de Hongrie</i>, de 1717, in-fol.; -<i>Recueil de pièces et mémoires concernant -<span class="pagenum"><a id="Page_36"> 36</a></span> -l'affaire des princes</i> (légitimés), -<i>avec des notes et une table</i>, -in-fol.; <i>les Trophées et les disgrâces -des princes de la maison de Vendôme</i>, -par Bonair Stuart, in-8<sup>o</sup>; -<i>Cérémonial du couronnement des -ducs de Bretagne</i>, etc.</p> - -<p>Dans l'épître dédicatoire au -comte de Toulouse, placée en -tête de ce second catalogue, on lit:</p> - -<p>«Il est heureux pour moy que -ma profession me mette en état -de servir V. A. S. dans le genre -qui luy est le plus agréable, et -j'ose dire le plus glorieux. Je veux -parler des lettres et des beaux-arts -que Vous alliez si parfaitement, -Monseigneur, avec la -science de la cour et les devoirs -de la société, qu'on remarque à -travers l'éclat de votre auguste -Naissance, les qualitez de l'honneste -homme, et l'esprit orné de -l'homme de lettres. C'est ce goust -qui Vous a porté à former un -cabinet de livres choisis dans -votre château de Rambouillet, de -tous temps le réduit des Muses.»</p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_37"> 37</a></span> -Huit années plus tard parut un -<i>Supplément du catalogue de la -bibliothèque du château de Rambouillet</i>, -s. l., 1734, in-8 de 140 pages, -plus 8 pages de table des auteurs. -La théologie y occupe 7 pages; la -jurisprudence, 3; les sciences, 10; -les belles-lettres, 45; l'histoire, 68.</p> - -<p>Le comte de Toulouse avait une -très belle bibliothèque musicale, -peut-être la plus riche de son -temps, dont il avait confié la garde -à un musicien distingué, Philidor -l'aîné. Nous trouvons la preuve -de ce goût du comte de Toulouse -dans le <i>Catalogue des livres du roi -Louis-Philippe</i>, où figurent les -recueils suivants:</p> - -<p><i>Collection de partitions et tragédies -lyriques ou opéras</i>, 206 vol. -in-4<sup>o</sup> obl., v. f. et v. m. Cette collection -était en partie manuscrite -et en partie imprimée. Chaque -volume manuscrit avait un titre -imprimé, au bas duquel on lisait: -<i>Copiez par ordre exprès de S. A. M<sup>gr</sup> -le comte de Toulouse, par Philidor</i> -<span class="pagenum"><a id="Page_38"> 38</a></span> -<i>l'aîné, garde de toute sa bibliothèque -de musique</i>, l'an 1703. Autres -collections de <i>Symphonies des -opéras et vieux ballets de Lully</i>, -manuscrites et imprimées, 11 vol. -in-4<sup>o</sup>; de <i>Motets de Lully</i>, manuscrits, -5 vol. in-fol.; de <i>Motets à -deux chœurs, pour la chapelle du -roy, mis en musique par M. de -Lully</i>, 15 vol. in-4<sup>o</sup> obl.; de <i>Motets -de Colasse et de Minoret</i>, 9 vol. -in-4<sup>o</sup>; de <i>Motets de M. de Lalande</i>, -21 vol. in-4<sup>o</sup>; de <i>Motets de Campra</i>, -13 vol. in-4<sup>o</sup>; de <i>Desmarets</i>, 17 vol. -in-4<sup>o</sup> obl.; de <i>Bernier</i>, 12 vol. in-4<sup>o</sup>; -de <i>Legrenzi</i>, 4 vol.; de <i>Couperin</i>, -6 vol.; de <i>Carissimi</i>, 3 vol. in-4<sup>o</sup>; -des <i>Airs de violon de Matho</i>, 1733, -3 vol. in-4<sup>o</sup>.</p> - -<p>Le fils unique que le comte de -Toulouse eut de son mariage avec -Sophie de Noailles, veuve du -marquis de Gondrin, marcha sur -les traces de son père.</p> - -<p>Né à Rambouillet, le 16 novembre -1725, le duc de Penthièvre -eut pour précepteur l'abbé Quénel. -<span class="pagenum"><a id="Page_39"> 39</a></span> -Comme son père, il eut la charge -de grand amiral. Il se montra -plein de courage à la bataille de -Dettinghen—il avait dix-huit -ans—où il se trouva dans le feu -le plus vif, et à celle de Fontenoy, -où il chargea, à la tête de Fitz-James -cavalerie, la terrible colonne -anglaise. Dans ses études, -il avait manifesté du goût pour -les mathématiques, la géométrie, -la physique, et suivi les cours -publics du célèbre abbé Nollet, -qui, un jour, se félicita publiquement -de l'assiduité de son élève. -Le prince, qui fut l'ami de Florian -et sollicita pour lui le titre d'académicien, -devait aimer les livres. -Il les aima, en effet, comme le -prouve l'achat qu'il fit, à la vente -du duc de La Vallière, d'un fort -bel exemplaire du roman de <i>Perceforest</i>, -Paris, 1528, 6 vol. in-fol. -sur vélin, avec cinq grandes miniatures, -et qui provenait de la -collection du château d'Anet -vendue en 1724, et des <i>Chroniques</i> -de Guillaume Cretin.</p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_40"> 40</a></span> -Le duc de Penthièvre avait -aussi une fort belle bibliothèque -à Châteauneuf-sur-Loire, ancienne -propriété des Phélyppeaux de la -Vrillière, qu'il avait achetée, après -la vente de Rambouillet au roi -Louis XVI. De son vivant, ce -prince avait fait dresser les catalogues -de ses diverses bibliothèques: -de Louveciennes—où -était mort son fils, le prince de -Lamballe, en 1768,—de Châteauneuf -(1786), de Sceaux (1787) qu'il -avait hérité de son cousin, le -comte d'Eu, en 1775. Ces trois -catalogues manuscrits figuraient -à la vente du roi Louis-Philippe, -en 1852 (II<sup>e</sup> partie, n<sup>os</sup> 2480-82).</p> - -<p>Le duc du Maine, élève de -M<sup>me</sup> de Maintenon, et qui, enfant, -passa pour un petit prodige, -témoin ces <i>Œuvres diverses d'un -enfant de sept ans</i>, qui furent -publiées en 1678, ne nous apparaît -cependant comme bibliophile -que par les livres à ses armes qui -figurent dans les catalogues de la -vente Louis-Philippe. Il en est de -<span class="pagenum"><a id="Page_41"> 41</a></span> -même de ses deux fils: le prince -de Dombes, mort en 1755, et le -comte d'Eu, mort vingt ans plus -tard; le premier à l'âge de cinquante-cinq -ans, le second à -l'âge de soixante et onze ans. -Dans ces catalogues, l'on trouve -marqués aux armes du duc du -Maine les ouvrages suivants: -<i>Réflexions sur les vérités de la -religion</i>, par d'Alès, in-4<sup>o</sup>, ms.; -<i>Code militaire</i>, Paris, 1707; <i>Politique -tirée de l'Ecriture sainte</i>, par -Bossuet, Paris, 1709, in-4<sup>o</sup> (édition -originale); <i>Polyaeni stratagematum</i>, -1691; <i>Onosandri strategeticus</i>, -1599; <i>Observations sur -l'art de la guerre</i>, par Vaultier, -1714; <i>Pratique de la guerre</i>, par -Malthus, 1646; les <i>Œuvres de -Molière</i>, Amsterdam, 1684, fig.</p> - -<p>Aux armes du comte d'Eu: -<i>Traité de la concupiscence</i>, de -Bossuet, Paris, 1731, in-12; <i>Paraphrase -du Miserere</i>, par le P. Calabre, -1748, in-24; <i>Vegetii de re -militari</i>, 1592; de Traverse, <i>Extrait -du traité de la guerre par</i> -<span class="pagenum"><a id="Page_42"> 42</a></span> -<i>Puysegur</i>, 1755; <i>l'Iliade</i>, par La -Motte, 1714; <i>Antiqua numisma -S. Ducis Cenomanensium</i>, in-fol., -mar. vert, «beau manuscrit parfaitement -exécuté».</p> - -<hr class="tb" /> - -<p>Nous clorons cette liste des -Bourbons bibliophiles de la -branche aînée par le comte d'Artois, -qui fut un véritable bibliophile, -auquel nous devons la -Bibliothèque de l'Arsenal, qu'il -acheta du marquis de Paulmy.</p> - -<p>Malgré la réputation de frivolité -qui lui resta longtemps, le comte -d'Artois aimait les lettres et les -gens de lettres. Chamfort, le spirituel -et mordant auteur des -<i>Maximes et pensées morales</i>..., qui -le sont souvent si peu, fut son -lecteur. Et ce n'était pas là, quoi -qu'on en ait pu dire, «une sinécure -comme celle d'aumônier du -régent». La preuve en est dans la -très belle bibliothèque personnelle -que ce prince s'était formée, et -dont on possède l'inventaire. Ce -<i>Catalogue des livres du cabinet de</i> -<span class="pagenum"><a id="Page_43"> 43</a></span> -<i>Monseigneur le comte d'Artois</i>, à -Paris, de l'imprimerie de Didot -l'aîné, M DCC LXXXIII, est un -fort beau volume in-4<sup>o</sup>, papier -vergé de Hollande à grandes -marges, remarquable spécimen -de l'art de l'imprimerie à cette -époque.</p> - -<p>Le comte d'Artois avait alors -vingt-six ans, et ce n'était pas le -premier témoignage qu'il donnait -de son goût pour les livres. De -1780 à 1783 avait paru, chez -Fr. Ambroise Didot, une «collection -de romans et de poésies» -imprimée par les ordres et aux -frais de ce prince, qui s'en était -réservé les exemplaires, tirés -d'ailleurs à un très petit nombre, -«pour en faire des présents». -Cette collection est restée célèbre -parmi les bibliophiles.</p> - -<p>On comprend qu'un prince qui -éditait à ses frais toute une collection -de livres possédât lui-même -une assez belle bibliothèque et -mît quelque coquetterie à en -dresser l'inventaire. Le catalogue -<span class="pagenum"><a id="Page_44"> 44</a></span> -que nous venons de citer comprend -1,313 numéros, formant -136 pages. La partie des belles-lettres -a 542 numéros, tandis que -l'histoire n'en a que 385; les arts, -131; la philosophie et la politique, -101; les sciences, 86; la théologie, -39; et la jurisprudence, 14. D'ailleurs, -aucun étalage de fausse -érudition: ce n'est pas une bibliothèque -de parade, mais celle d'un -homme du monde qui n'a de -livres que ceux qu'il peut et qu'il -veut lire. Ce catalogue donne -l'idée d'une bibliothèque surtout -contemporaine, tenue au courant -de ce qui se publie en matière de -belles-lettres, et où les écrivains -anciens figurent plutôt dans d'élégantes -éditions modernes que -dans les éditions princeps du -XVI<sup>e</sup> siècle.</p> - -<p>La disposition même de ce -catalogue a cela d'insolite que la -théologie en forme l'avant-dernière -division. Ce classement -particulier ne saurait étonner -dans la bibliothèque d'un prince -<span class="pagenum"><a id="Page_45"> 45</a></span> -qui était alors presque aussi voltairien -que son frère, le comte de -Provence. N'oublions pas que -c'est le moment où les contemporains -nous représentent le -comte d'Artois comme un type -accompli de cette société élégante, -spirituelle et libre-penseuse. «Le -comte d'Artois, dit la baronne -d'Oberkirch, est le prince le plus -aimable du monde. Il a infiniment -d'esprit, non pas dans le -genre de M. le comte de Provence, -c'est-à-dire sérieux et savant, mais -le véritable esprit français, l'esprit -de saillie et d'à-propos.»—«Il est -vif, bouillant, décidé; dès l'âge -le plus tendre, il a fait parler de -lui», dit l'<i>Espion anglais</i>.</p> - -<p>On remarque cependant, dans -ce catalogue, l'absence des <i>Provinciales</i> -de Pascal. Le nom du -grand adversaire des Jésuites n'y -est inscrit que pour les <i>Pensées</i>, -édit. de la Haye, 1743, in-12, et -pour le <i>Traité de l'équilibre des -liqueurs</i>, Paris, 1698, in-12. Par -contre, on y trouve un livre -<span class="pagenum"><a id="Page_46"> 46</a></span> -auquel on ne s'attendrait guère -dans une bibliothèque composée -comme nous l'avons dit. C'est -celui de Marat: <i>Découvertes sur -le feu, l'électricité et la lumière</i>, -Paris, 1779, in-8<sup>o</sup>, qui vient immédiatement -avant celui de Pascal. -O hasard des catalogues! Il -est vrai que Marat était médecin -des gardes du corps du comte -d'Artois. Il avait probablement -offert respectueusement son livre -à ce prince, qui, pour faire -honneur à l'un de ses serviteurs, -l'avait fait mettre dans sa bibliothèque. -Ce fut là un honneur, -sinon un bienfait, mal placé.</p> - -<p>Le comte d'Artois, que les mémoires -du temps nous montrent -comme donnant dans l'anglomanie, -n'appréciait pas les Anglais -seulement pour la coupe de -leurs habits et pour leurs jockeys. -Parmi ses livres figure un Shakespeare, -de la belle édition annotée -de Johnson, <i>Londres</i>, 1765, -8 vol. in-8<sup>o</sup>; le poème de <i>Hudibras</i>, -les <i>Œuvres</i> d'Addison, les <i>Aventures -<span class="pagenum"><a id="Page_47"> 47</a></span> -de Robinson Crusoé</i>, et l'<i>Histoire -d'Angleterre</i>, de Hume, dans -le texte original. La langue anglaise -lui était familière, comme -à son frère, Louis XVI, qui traduisit -l'<i>Essai d'Horace Walpole sur -Richard III</i>. La révolution allait -bientôt le forcer à s'en servir -plus qu'il n'aurait voulu.</p> - -<p>Les encyclopédistes ne l'effrayaient -pas plus que les économistes. -Comme presque tous ses -contemporains, il eut même un -penchant pour eux: leurs œuvres -étaient si peu pour lui des œuvres -de réprouvés, qu'il possédait, fort -richement reliés, les trente-trois -volumes in-folio de l'<i>Encyclopédie</i>, -les <i>Pensées</i> de Diderot, les <i>Œuvres</i> -de La Mettrie, le livre de <i>l'Esprit</i>, -d'Helvetius, Paris, 1758, in-12, -les <i>Œuvres complètes</i> de Voltaire, -Genève, 1769, 24 vol. in-4<sup>o</sup>, avec -figures, les <i>Œuvres</i> de J.-J. Rousseau, -Paris, 16 vol. in-8<sup>o</sup>, l'<i>Histoire -philosophique des deux Indes</i>, de -Raynal.</p> - -<p>Dans sa bibliothèque, les livres -<span class="pagenum"><a id="Page_48"> 48</a></span> -galants y sont peu nombreux. Le -genre est représenté par <i>Félicia -ou mes fredaines</i>, le célèbre roman -de Nerciat; le <i>Sopha</i>, de Crébillon -fils; <i>les Bijoux indiscrets</i>, de -Diderot; <i>Honny soit qui mal y -pense ou Mémoires des filles célèbres -du XVIII<sup>e</sup> siècle</i>, par Desboulmiers, -Paris, 1775; <i>Journées -de l'Amour ou Heures de Cythère</i>, -Gnide, 1776; <i>les Leçons de la -volupté ou la Jeunesse du chevalier -de Moronville</i>, Paris, 1776.</p> - -<div class="section"> -<p class="subh">IV</p> -</div> - -<p>Les Bourbons-Orléans n'aimèrent -pas moins les livres que leurs -aînés. C'est surtout à partir du -Régent que nous voyons apparaître -chez eux les goûts du bibliophile. -Les livres du régent portent -les armes de sa maison: <i>de -France au lambel à trois pendants -d'argent</i>. C'est pour le régent que -les artistes du temps inventèrent -ces ornements pleins d'originalité -et de richesse, mosaïques -<span class="pagenum"><a id="Page_49"> 49</a></span> -fleuries, grenades entr'ouvertes, -feuilles, fruits. Ce prince ne se -contentait pas d'avoir de beaux -livres, il en faisait, ou du moins -il en illustrait, et son édition du -roman de <i>Daphnis et Chloë</i>, traduit -par Amyot, pour lequel il composa -des dessins que grava Audran, -est restée célèbre. A la vente -du roi Louis-Philippe, peu de -livres cependant provenaient de -lui; nous citerons un <i>Homère</i>, -traduction de Dacier, 1719, in-12. -Sa fille, la spirituelle mais bien -étrange duchesse de Berry, morte -à vingt-quatre ans, en 1719, eut le -temps, dans sa courte existence, -de se former une nombreuse -bibliothèque, dont les livres portaient -pour armes sur les plats: -<i>de France, à la bordure engrêlée -de gueules qui est de Berry accolé -d'Orléans</i>, et, sur le dos, M L entrelacées. -On rencontre aussi quelquefois -de beaux livres timbrés -des armes d'Espagne accolées à -celles d'Orléans. Ils ont appartenu -à Marie-Louise d'Orléans, -<span class="pagenum"><a id="Page_50"> 50</a></span> -sœur consanguine du régent, qui -avait épousé le roi d'Espagne, le -triste et malingre Charles II, et -qui mourut en 1689, à vingt-sept -ans, non sans soupçon de poison.</p> - -<p>Deux fils naturels du régent, -qu'il eut, l'un de la Florence, -danseuse de l'Opéra, en 1698, -l'autre, en 1702, de M<sup>lle</sup> de Sery, -comtesse d'Argenton, peuvent -être aussi comptés parmi les -bibliophiles. Charles, appelé -d'abord l'abbé de Saint-Albin, et -qui fut évêque de Cambrai de -1723 à 1764, avait formé une belle -bibliothèque, comme le prouve le -<i>Catalogue</i> qui en fut publié, -<i>Cambray</i>, 1766, in-8<sup>o</sup>. Ses armes -étaient: <i>de France, au bâton péri -en barre de gueules, au lambel -d'argent à trois pendants</i>. Son -frère, qui fut grand-prieur de -France de l'ordre de Malte et -mourut en 1748, posséda aussi de -beaux livres, qui étaient décorés -des mêmes armes, avec cette seule -modification: <i>au chef chargé de -la croix de Malte</i>.</p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_51"> 51</a></span> -Le troisième duc d'Orléans, -Louis, que la mort de sa femme, -une princesse de Bade, enlevée -en couches à vingt-deux ans, jeta -dans la plus grande dévotion, -avait réuni une précieuse bibliothèque -religieuse, qu'il légua à -l'abbaye de Sainte-Geneviève, où -il s'était retiré depuis 1730 et où il -mourut en 1752. Elle forme une -partie de la Bibliothèque Sainte-Geneviève -actuelle.</p> - -<p>Son fils, Louis-Philippe, quatrième -duc d'Orléans (1725-1785), -fut un prince débonnaire, qui, -soit au Palais-Royal, soit au -château de Sainte-Assise, partageait -son temps entre le commerce -des lettres et un petit cercle -d'amis. L'aimable Collé fut son -lecteur. Comme le comte de -Clermont, il aimait à donner chez -lui le spectacle de la comédie; il -y jouait même, fort bien, dit-on, -les rôles à manteau. Après la -mort de la duchesse d'Orléans, -Louise-Henriette de Bourbon-Conti, -en 1759, l'on sait quelle -<span class="pagenum"><a id="Page_52"> 52</a></span> -place tint près de lui M<sup>me</sup> de -Montesson: ce fut sa marquise -de Maintenon. Il aima certainement -les livres et en réunit une -riche collection qui fut vendue -après lui. Ce prince, qui mourut -le 18 novembre 1785, à soixante -ans, laissait deux enfants: le -nouveau duc d'Orléans, Louis-Philippe-Joseph, -qui mourut en -1793 sur l'échafaud révolutionnaire, -et alors âgé de quarante -ans; et la duchesse de Bourbon, -mère de l'infortuné duc d'Enghien. -C'est sans doute au partage -qui dut se faire entre ces deux -héritiers qu'il faut attribuer la -vente des livres de ce prince, qui -eut lieu à l'hôtel Bullion, seize -mois après sa mort, le 3 mai 1787 -et jours suivants. Le catalogue en -parut sous ce titre: <i>Catalogue des -livres de la bibliothèque de Son -Altesse Sérénissime Monseigneur le -duc d'Orléans, premier prince du -sang</i>, à Paris, chez Leclerc et -Baudouin, et la veuve Vallat La -Chapelle, 1787, in-8<sup>o</sup> de 333 pages. -<span class="pagenum"><a id="Page_53"> 53</a></span> -Ce catalogue, qui contient une -table alphabétique par auteurs, -comprend 1,247 numéros. Il est -malheureux qu'il n'indique l'origine -d'aucun des ouvrages décrits. -En mettant à part l'histoire, qui -forme 633 numéros, la division la -plus considérable est celle des -sciences et arts qui a 189 numéros, -tandis que les belles-lettres en -ont 172 seulement. La partie de -la musique doit être remarquée -comme indice des goûts de ce -prince pour les fêtes. Nous y -voyons 100 volumes, in-fol. et -in-4<sup>o</sup>, de <i>Symphonies, concertos, -trios</i> de Vivaldi, Corelli et autres; -27 volumes, in-fol. et in-4<sup>o</sup>, de -<i>Recueils d'airs à chanter et autres</i>; -<i>les Cantates de Clerambault</i>, 2 vol. -in-fol.; 80 volumes in-4<sup>o</sup> obl., -<i>Anciens opéras, tant gravés qu'imprimés, -de différents auteurs, dont</i> -<span class="cap">A</span><span class="smallc">LCIONE</span>, <i>par Marais</i>; 54 volumes -in-fol., <i>Anciens opéras de Lulli, Campra -et autres auteurs, dont</i> <span class="cap">P</span><span class="smallc">IRAME ET</span> <span class="cap">T</span><span class="smallc">HISBÉ</span>, <i>par Rebel et Francœur</i>.</p> - -<p>Le petit-fils de ce prince, le roi -<span class="pagenum"><a id="Page_54"> 54</a></span> -Louis-Philippe, avait, dans sa -jeunesse, connu l'exil; c'est dans -le travail et le commerce des -lettres qu'il en avait adouci -l'amertume. Soit en Suisse, au -milieu des montagnes sauvages -des Grisons, dans le village de -Reichenau, où, en 1793, sous le -nom de Chabot, il donna pendant -huit mois des leçons de français, -de mathématiques et d'histoire, -dans l'institution de M. Jost; soit -à Hambourg, où il fit imprimer -sous ses yeux et imprima peut-être -lui-même, un volume en -réponse à certaines allégations -hasardées de la comtesse de -Genlis, ce prince montra des -goûts de savant et de lettré qui -devaient le conduire fatalement à -devenir bibliophile. Aussi le fut-il -soit au Palais-Royal, quand il -n'était encore que duc d'Orléans, -soit aux Tuileries, quand il fut -devenu roi. Non seulement des -sommes considérables de sa liste -civile et de sa fortune particulière -furent consacrées à des acquisitions -<span class="pagenum"><a id="Page_55"> 55</a></span> -de livres, à des souscriptions -aux grandes publications de -l'époque, mais encore des ouvrages -très importants furent -publiés par ses ordres, à ses frais -et sous sa direction. Telles furent -les <i>Vues des châteaux royaux</i> par -l'architecte Fontaine, l'<i>Histoire -des résidences royales</i> par Vatout, -et peut-être les <i>Galeries de Versailles</i> -par Gavard, pour lesquelles -M. Montalivet avait pris un arrêté -par lequel l'ouvrage ne serait -accordé en don que sur un ordre -signé du roi. Ces trésors bibliographiques -qu'il avait rassemblés -dans ses résidences privées devaient -bientôt être dispersés.</p> - -<p>Quatre ans après la révolution -de février, eut lieu, le 8 mars 1852 -et les vingt-six jours suivants, la -vente des livres provenant des -diverses bibliothèques du roi -Louis-Philippe, mort le 20 août -1850. Un avis placé en tête du -<i>Catalogue</i>, Paris, Potier, 1852, -2 vol. in-8<sup>o</sup> de 349 et 264 pages, -signale «les dégradations et mutilations -<span class="pagenum"><a id="Page_56"> 56</a></span> -qu'ont subies un certain -nombre de livres dans des circonstances -que, dit l'expert, nous -ne voulons pas rappeler, et qui -ont malheureusement atteint quelques-uns -des plus importants et -des plus précieux». Le premier -volume contient 3,039 numéros; -le second, 2,523. Ces deux volumes -sont consacrés aux «Bibliothèques -du Palais-Royal et de Neuilly»; -un troisième, qu'on rencontre -plus rarement et dont nous -devons la communication au vénérable -et savant M. Louis Barbier, -ancien administrateur de la -Bibliothèque du Louvre, est relatif -à la bibliothèque du château -d'Eu: <i>Catalogue des livres provenant -de la bibliothèque du château -d'Eu</i>, Paris, Potier, 1853, in-8 de -29 pages. Il comprend 337 numéros -seulement. La vente eut -lieu les 5, 6 et 7 avril 1853, à la -salle Silvestre, rue des Bons-Enfants, -comme la précédente.</p> - -<p>Ces catalogues ont un grand -intérêt historique par l'origine -<span class="pagenum"><a id="Page_57"> 57</a></span> -qu'ils indiquent d'un très grand -nombre de volumes ayant appartenu -à divers membres de la -famille de Bourbon: le régent; le -duc et la duchesse du Maine, et -leur fils, le comte d'Eu; le comte -de Toulouse et le duc de Penthièvre; -la duchesse d'Orléans, -mère du roi. Nous avons fait le -relevé de ces livres, la crainte -seule de trop allonger ce travail -nous empêche d'en donner la -liste complète. Nous signalerons -seulement les manuscrits et quelques -livres d'une rareté particulière. -Voici les manuscrits:</p> - -<div class="blockquote"> -<p><i>Li Romans du castelain de Couci</i> -(en vers), avec <i>Li Regret du comte de -Haynnau</i>, in-4<sup>o</sup> de 33 et 58 ff., m. r., -aux armes du comte de Toulouse; la -<i>Cronique françoyse</i>, de Guill. Cretin, -5 vol. in-fol. sur vélin, ms. provenant -du duc de La Vallière; le <i>Roman -d'Yvain</i>, ms. de la fin du XIII<sup>e</sup> siècle, -in-fol. de 55 ff. (armes de Nicolas -Foucault et du comte de Toulouse); -les <i>Lettres spirituelles de la sœur -Marceline Pauper, décédée à Tulle</i>, -<span class="pagenum"><a id="Page_58"> 58</a></span> -en 1706, in-4<sup>o</sup>; un recueil de <i>Lettres</i> -écrites de 1687 à 1692, faussement -attribuées à M<sup>me</sup> de Sablé, laquelle -mourut en 1678 (aux armes de la -comtesse de Toulouse); <i>Instructions -de la vie civile et chrétienne</i>, (par un -père à ses enfants), datées de Tlodosso, -1722, in-4<sup>o</sup> (armes du duc du -Maine); <i>Recueil d'ouvrages mss.</i>, en -partie autographes du M<sup>is</sup> de Mirabeau -6 vol. in-fol.; <i>Mémoire et instruction -sur les munitions des places, l'artillerie</i>, -par Vauban, in-fol., mar. r. -(aux armes du duc du Maine); <i>Recueil -de chansons, par Blot et autres</i>, sous -la Fronde, in-4<sup>o</sup>; <i>Recueil de poésies</i>, -de M<sup>lle</sup> de Caumont de La Force, in-4<sup>o</sup>, -mar. r., avec cette note:</p> - -<p>«Manuscrit autographe. Ces poésies -sont adressées au duc de Vendôme, -au duc d'Estrées, à l'abbé de -Chaulieu, à la duchesse du Maine, à -Campistron, à Hamilton, avec des -réponses de ce dernier.»</p> - -<p><i>Chansons et autres poésies</i>, de la -même, in-4<sup>o</sup>, mar. r., ms. autographe -de 148 pp.; les pièces sont adressées -à Mademoiselle, à la princesse de -Conti, au prince de Turenne, à M<sup>me</sup> -de Maintenon, etc.; <i>Adélaïs de Bourgogne</i>, -par la même, 2 vol. in-4<sup>o</sup>; <i>les</i> -<span class="pagenum"><a id="Page_59"> 59</a></span> -<i>Jeux ou la Promenade de la princesse -de Conty à Eu</i>, par la même, 1701, -in-4<sup>o</sup> ms. inédit; <i>Portrait de M<sup>lle</sup> de -La Force, fait par elle-même</i>, in-4<sup>o</sup>, -mar. r., suivi de quelques autres -écrits, de la même, etc.</p> -</div> - -<p>Parmi les imprimés, l'on remarque:</p> - -<div class="blockquote"> -<p><i>Gyron le Courtoys</i>, Paris, 1519, -in-fol. goth.; <i>les Quatre filz Aymon</i>, -Paris, 1508, pet. in-fol., fig. sur bois; -<i>Sensuyt Ogier le Dannois</i>, Paris, Trepperel, -s. d., in-4<sup>o</sup> goth.; <i>le Nouble roy -Ponthus</i>, et <i>la Cronique et hystoire de -Appollin, roy de Thyr</i>, Genesve, in-4<sup>o</sup> -goth., fig. col.; l'<i>Histoire de Huon de -Bordeaux</i>, Rouen, s. d., in-8<sup>o</sup>; <i>les -Neuf preux</i>, Abbeville, 1487, in-fol. -goth.; <i>Amadis de Gaule, mis en françois</i> -par Nic. de Herberay, Lyon et -Paris, 1575-1615, 23 vol. in-16 et 3 vol. -in-8<sup>o</sup>; l'<i>Histoire de Palmerin d'Olive</i>, -trad. par Maugin, 1553, in-fol.; <i>Histoire -de Perceforest</i>, Paris, 1528, -6 vol. in-fol., imprimés sur vélin, -avec cinq grandes miniatures (cet -ex. provenait de la vente d'Anet en -1724, où il avait été acheté par le -comte d'Hoym, puis racheté à la -<span class="pagenum"><a id="Page_60"> 60</a></span> -vente La Vallière par le duc de -Penthièvre, au prix de 1,601 livres.); -l'<i>Historien Josèphe</i>, 1534, in-fol. goth. -sur vélin, provenant d'Honoré d'Urfé; -l'<i>Histoire de Guy de Warvich</i>, Paris, -s. d., in-4<sup>o</sup> goth.; <i>l'Amant resuscité</i>, -par Th. Valentinian, Lyon, 1558, -in-4<sup>o</sup>; <i>Du vray et parfaict amour, ou -les Amours de Théagènes et de Charide</i> -(<i>sic</i>), par Martin Fumée, Paris, -1599, in-12, vél.; <i>les Amours de Théagènes -et Chariclée</i>, trad. d'Amyot, -Paris, 1549, in-8, v. rac. (2<sup>e</sup> édition -de ce livre); <i>Hypnerotomachie ou -discours du songe de Poliphile</i>, Paris, -1561, in-fol., fig. sur bois; les <i>Cent -excellentes nouvelles</i>, de Giraldy Cynthien, -trad. par Chappuys, Paris, -1584, in-8<sup>o</sup>; le <i>Faust</i> de Gœthe, trad. -de Stapfer, avec les 17 dessins de -Delacroix, Paris, Motte, 1828, in-fol. -dem.-rel.</p> -</div> - -<p>Le roi Louis-Philippe avait -formé aussi une magnifique collection -de portraits historiques, -qui était rassemblée au Palais-Royal. -Ils s'élevaient au nombre de -4,600 et figurent au catalogue de -1852 (II<sup>e</sup> partie), sous le n<sup>o</sup> 777. -<span class="pagenum"><a id="Page_61"> 61</a></span> -Indépendamment de cette collection, -dont un <i>Catalogue</i> fut publié, -Paris, 1829, 4 vol. in-8<sup>o</sup> et in-fol., -le roi possédait encore de nombreux -portraits de différentes -époques et de différents pays, -qui furent vendus sous les n<sup>os</sup> 780-832: -œuvres de Morin, de -M. Lasne, de Van Schuppen, de -Nanteuil, de Simon, d'Edelinck, -de Drevet, de Masson, de Carmontelle.</p> - -<p>Le roi Louis-Philippe ne fut -pas le dernier Bourbon bibliophile; -mais nous devons nous -arrêter au seuil de l'histoire -contemporaine, que nous nous -sommes donnés pour limite.</p> - -<div class="figcenterb"> -<img src="images/008.jpg" width="120" height="79" alt="" /> -</div> -<p><span class="pagenumh"><a id="Page_62"> 62</a></span> -<span class="pagenumh"><a id="Page_63"> 63</a></span></p> - -<p class="extra">REINES ET PRINCESSES</p> - -<p><span class="pagenumh"><a id="Page_64"> 64</a></span> -<span class="pagenumh"><a id="Page_65"> 65</a></span></p> - - -<div class="figcentert"> -<img src="images/005.jpg" width="295" height="60" alt="" /> -</div> - -<p>Si les princes de la maison de -Bourbon aimèrent les livres et -furent souvent de véritables bibliophiles, -c'est une passion que les -femmes de leur race partagèrent -avec eux. Aussi serait-il injuste -de ne pas parler d'elles, et de ne -pas inscrire leurs noms sur le -livre d'or de la Bibliophilie. Elles -n'eurent pas seulement de précieuses -collections de livres, livres -choisis, habillés avec le goût le -plus délicat, rangés dans de beaux -corps de bibliothèques; elles -<span class="pagenum"><a id="Page_66"> 66</a></span> -firent aussi des livres, imitant -d'ailleurs en cela leurs parents du -sexe fort. Henri IV est un admirable -épistolaire, mais Madame -Elisabeth n'est pas à dédaigner, -et ses lettres ont une originalité -pleine de saveur. C'est à une -princesse de Conti que l'on attribue -les <i>Amours du grand Alcandre</i>, -lisez de Henri IV. Mademoiselle de -Montpensier a écrit des mémoires -qui comptent parmi les meilleurs. -Mademoiselle de Nantes, fille de -Louis XIV et de Madame de -Montespan, plus tard Madame la -duchesse, faisait des vers—souvent -par trop salés—qui réjouissaient -fort la cour, tout en la -scandalisant un peu; la duchesse -du Maine—une Condé—tenait -une véritable cour littéraire en -son château de Sceaux, et n'était -pas la dernière à payer son écot -en vers et en prose, en madrigaux -et en comédies. Une autre -princesse de Condé, Louise-Adélaïde -de Bourbon, tante du duc -d'Enghien, qui mourut en 1824, -<span class="pagenum"><a id="Page_67"> 67</a></span> -prieure des Dames Bénédictines -établies au Temple de Paris, a laissé -un volume de lettres pleines d'élévation -et de sentiments. Quand on -a tant de dispositions pour les -choses de l'esprit, comment ne -serait-on pas bibliophile? Aussi -beaucoup de ces princesses le -furent-elles.</p> - -<div class="section"> -<p class="subh">I</p> -</div> - -<p>Il est à remarquer que la femme -du roi de France qui fut le véritable -fondateur de cette collection -incomparable de livres qui -s'appelle aujourd'hui la Bibliothèque -nationale, fut une princesse -de Bourbon. Jeanne de -Bourbon, arrière-petite-fille de -Robert, comte de Clermont, tige -de cette maison, et qui épousa -en 1350 le dauphin Charles, qui -fut plus tard Charles V, lui apporta -en dot, entre autres trésors, une -vingtaine de manuscrits précieux, -richement reliés, qui contribuèrent -à former le premier fonds -de la Bibliothèque que ce prince -<span class="pagenum"><a id="Page_68"> 68</a></span> -rassembla plus tard dans la grosse -tour du Louvre. Le goût pour les -livres, qu'elle avait puisé dans sa -famille, ne fut certainement pas -sans influence sur son royal -époux, «dont la belle librairie» -devint célèbre dans toute la chrétienté, -et qui aimait à tracer son -nom sur ses livres favoris. Quand -elle mourut, en 1377, trois ans -avant Charles V, elle laissa la -réputation d'une reine amie des -lettres et de ceux qui les cultivent.</p> - -<p>Ce que Jeanne de Bourbon avait -été pour le roi Charles V, une -nièce de ce prince le fut pour le -duc Jean I<sup>er</sup>. Par une heureuse -rencontre, les ducs de Bourbon -furent presque toujours heureusement -secondés de leurs femmes -dans l'accroissement de leur -bibliothèque de Moulins. Ainsi -en fut-il de la duchesse Marie, -fille unique et héritière du duc de -Berry, frère de Charles V, mort -en 1416, qui apporta à son époux, -le duc Jean I<sup>er</sup>, quarante et un des -plus beaux manuscrits que son -<span class="pagenum"><a id="Page_69"> 69</a></span> -père avait réunis dans son château -de Mehun-sur-Yèvre. Ces livres -lui furent comptés pour une -somme de 2,500 livres tournois -dans la succession de celui-ci. -Les autres furent malheureusement -dispersés par les créanciers -de ce prince<a id="FNanchor_2" href="#Footnote_2" class="fnanchor"> [2]</a>. L'on voit encore -sur un manuscrit exécuté pour -elle par le P. de la Croix, cette -note: «Et apertient ce dit livre à -très haulte et poissant dame Marie, -fille de très redoubté prince Jehan, -duc de Berry,... et le fist escripre -par grant diligence frère Symon -<span class="pagenum"><a id="Page_70"> 70</a></span> -de Coucy, cordelier, confesseur -de laditte Dame.» Cet amour des -livres, la duchesse Marie le transmit -à son fils et à son petit-fils, -les ducs Charles I<sup>er</sup> et Jean II, qui -tous deux, comme nous l'avons -vu, furent de grands bibliophiles.</p> - -<hr class="tb" /> - -<p>C'est dans la branche des Bourbons-Vendôme, -détachée elle-même -de celle des comtes de la -Marche éteinte au XV<sup>e</sup> siècle, et -qui succéda, dans le titre de duc -de Bourbon, à la branche aînée -et à celle des Bourbons-Montpensier, -que nous rencontrons -maintenant la plus illustre héritière -de cet amour pour les livres -qui distingua les princes de la -maison de Bourbon. Nous voulons -parler d'Antoinette de Bourbon, -l'un des six enfants de François -de Bourbon, comte de Vendôme, -et de cette Marie de Luxembourg, -fille et héritière du fameux comte -de Saint-Pol, le décapité, qui enrichit -si grandement cette branche -des Vendôme. Née en 1494, morte -<span class="pagenum"><a id="Page_71"> 71</a></span> -à près de quatre-vingt-dix ans, -en 1583, sœur de Charles de Bourbon, -créé duc de Vendôme par -François I<sup>er</sup> en 1515, tante d'Antoine -de Bourbon, roi de Navarre, -du comte d'Enghien, le vainqueur -de Cérisoles, du cardinal de Bourbon, -qui fut le roi des Ligueurs -sous le nom de Charles X, et du -prince de Condé, tige de la maison -de Condé, elle occupe une grande -place dans l'histoire de son temps, -sous le nom de douairière de -Guise. Elle avait, en effet, épousé, -en 1513, Claude de Lorraine,—fils -de René II, le vainqueur de -Charles le Téméraire,—premier -duc de Guise, et, fut la mère de -toute cette lignée des Guises qui -donnèrent tant de tracas aux -derniers Valois. Ses petits-fils -faillirent enlever la couronne à -Henri IV, l'héritier légitime, dont -elle était la grand'tante. Elle -posséda une bibliothèque nombreuse, -dont les volumes, pour la -plupart, avaient été reliés par -Nicolas Ève. Quelques-uns portaient -<span class="pagenum"><a id="Page_72"> 72</a></span> -sur les plats son chiffre -formé d'un V et d'un A enlacés -(<i>Antoinette de Vendôme</i>), accompagné -d'un autre chiffre composé -de deux λλ (<i>Lorraine</i>). L'amour -des livres fut peut-être la seule -chose qu'Antoinette de Bourbon, -duchesse de Guise, hérita de sa -maison. A tous autres égards elle -devint toute Lorraine, et ne fut -pas la moins dangereuse adversaire -d'Antoine de Navarre et de -son fils Henri IV.</p> - -<div class="section"> -<p class="subh">II</p> -</div> - -<p>La conquête d'un trône, les soins -d'un gouvernement qui s'était -donné pour mission de fermer -les blessures de la France, ne -laissèrent pas beaucoup de temps -à Henri IV pour être bibliophile. -Sa sœur, Catherine de Bourbon, -duchesse de Bar, eut pour cela -plus de loisirs, et elle en usa -largement. Elle a laissé des livres -nombreux, tous magnifiquement -reliés, marqués très souvent sur -<span class="pagenum"><a id="Page_73"> 73</a></span> -les plats de cet S fermé, qui était -un signe de fidélité conjugale ou -amoureuse. L'histoire intime de -la sœur du roi Henri donnerait -raison à cette interprétation. Née -à Paris en 1559, de six ans plus -jeune que son frère, elle reçut les -leçons de Florent Chrestien et de -Palma Cayet, pour le grec, le -latin et l'hébreu; de Charles Macrin, -père de Salmon Macrin le -poète, pour l'histoire et la poésie; -Théodore de Bèze corrigea, dit-on, -ses premiers vers. Deux ministres, -Merlin de Vaulx et Espina, l'instruisirent -dans les principes de la -religion réformée. Les mémoires -contemporains vantent aussi son -habileté à chanter, à toucher du -luth, à danser même les pavanes -d'Espagne, les pazzamenos d'Italie, -les voltes et les courantes -françaises, et même les danses -béarnaises, bien qu'elle fût née -un peu boîteuse, et de santé très -délicate. Elle avait treize ans -seulement quand elle perdit sa -mère, Jeanne d'Albret, qui, en -<span class="pagenum"><a id="Page_74"> 74</a></span> -mourant, l'avait placée spécialement -sous la protection de son -frère: «J'engage et je supplie -mon fils, lit-on dans son testament, -à prendre sa sœur Catherine -sous sa protection, à être -son tuteur et son défenseur.» -Henri IV ne suivit peut-être pas -très fidèlement cette dernière -recommandation de sa mère, et -dans les divers projets de mariage -qu'il forma pour Catherine de -Bourbon, il obéit plutôt aux -conseils de la politique qu'il -n'écouta les sentiments d'un frère. -Il fut tour à tour question de la -marier à Henri III, au frère de -celui-ci, le duc d'Alençon, à -Philippe II, au duc de Savoie -Charles-Emmanuel I<sup>er</sup>, à son cousin -le prince de Condé, veuf de -Marie de Clèves, au duc Charles III -de Lorraine, au roi d'Ecosse, fils -de Marie-Stuart. Au milieu de -ces projets de la politique, Catherine -avait écouté son cœur, et -une promesse de mariage avait été -échangée entre elle et son cousin, -<span class="pagenum"><a id="Page_75"> 75</a></span> -le comte de Soissons, frère du -prince de Condé. Pour lui elle -refusa positivement l'alliance du -roi d'Ecosse, et résista énergiquement -plus tard à son frère qui -voulait donner sa main au duc de -Montpensier. Elle resta cependant -vaincue dans cette lutte, et finit -par épouser, en 1599, le duc de Bar, -fils de ce duc de Lorraine qu'elle -avait autrefois refusé. Cette union -tardive devait être bientôt dénouée -par la mort. Catherine mourut le -13 février 1604, laissant le souvenir -d'une âme généreuse et d'un -esprit élevé. Ses plus belles années -s'étaient écoulées au château de -Pau, dans les fonctions de régente -qu'elle avait remplies en Navarre. -La bibliothèque, dont le catalogue -existe encore en partie, avait été -notablement augmentée par elle. -Poète, elle y occupait ses loisirs à -des traductions de psaumes en -langue française, et à des poésies -religieuses, qui eurent alors de la -popularité en Béarn.</p> - -<p>L'on remarquait surtout dans -<span class="pagenum"><a id="Page_76"> 76</a></span> -sa bibliothèque une belle collection -de classiques grecs et latins, -de rares manuscrits, et une -grande quantité de lettres autographes -des principaux personnages -de son temps. «La plupart -de ses livres, dit M. Guigard, -étaient reliés à la manière de -Clovis Eve qui, bien certainement, -a dû travailler pour elle. Beaucoup -d'entre eux portaient sur les -plats six doubles C entrelacés -formant croix, avec une flamme -au centre, le tout dans un ovale -feuillé.»</p> - -<div class="section"> -<p class="subh">III</p> -</div> - -<p>L'époque des Précieuses devait -avoir plus que toute autre des -bibliophiles parmi ces femmes -que passionnaient les choses de -l'esprit. A leur tête il faut placer -la fille de Gaston d'Orléans, frère -de Louis XIII, et de Marie de -Bourbon, duchesse de Montpensier, -dernière représentante de la -seconde branche des Bourbons-Montpensier, -<span class="pagenum"><a id="Page_77"> 77</a></span> -princes de La Roche-sur-Yon, -détachée à la fin du -XV<sup>e</sup> siècle de celle des comtes de -Bourbon-Vendôme. Elle a droit, -comme son frère, au titre de bibliophile. -Née en 1627, morte en 1693, -après cette fâcheuse aventure d'un -mariage avec Lauzun, qui fit -scandale sans faire son bonheur, -Mademoiselle de Montpensier est -l'auteur de ces <i>Mémoires</i> qu'on lit -toujours avec un si vif plaisir, -d'une <i>Histoire de la princesse de -Paphlagonie</i> (1659), roman qui peut -encore piquer aujourd'hui la curiosité, -par les allusions qui s'y -trouvent aux personnages du -temps, et de <i>Portraits</i>, nés de cette -mode qui occupa vers 1660 toute -la société polie en France. Au -milieu des Précieuses, elle fut -comme une vierge Pallas, à -laquelle poètes et courtisans s'empressaient -d'apporter le tribut de -leurs vers ou de leurs hommages. -Retirée, un peu forcément, après -la Fronde, soit dans ses châteaux, -à Eu par exemple, soit au palais -<span class="pagenum"><a id="Page_78"> 78</a></span> -du Luxembourg, c'est surtout -alors qu'elle prit goût aux lettres -et au bel esprit. Le poète Segrais -était l'un des gentilshommes de -sa maison. C'est par lui qu'elle -connut Huet, qui, jeune alors, lui -servait parfois de lecteur pendant -sa toilette. Ses livres timbrés au -armes d'Orléans sont excessivement -rares.</p> - -<p>A côté de la grande Mademoiselle, -comme on appelait de son -temps cette princesse, nous placerons -Anne-Geneviève de Bourbon-Condé, -duchesse de Longueville, -la sœur du grand Condé, la -galante héroïne de la Fronde. Ses -livres portaient ordinairement sur -les plats un semis de fleurs de lis, -et, entouré de deux palmes, -l'écusson <i>de France, au bâton péri -en bande de gueules, au lambel -d'argent à trois pendants</i> (armes -des Longueville). Ce n'est pas que -la duchesse de Longueville ait été -une savante. Loin de là; son éducation -avait été assez négligée: -mais elle avait l'esprit de sa race, -<span class="pagenum"><a id="Page_79"> 79</a></span> -et un goût inné. Retz insiste particulièrement -sur ce que cet esprit -devait tout à la nature, et presque -rien à l'étude. «M<sup>me</sup> de Longueville, -dit-il, a naturellement bien -du fonds d'esprit, mais elle en a -encore plus le fin et le tour.» -Plus tard elle tiendra, dans ce -bel hôtel de Longueville qu'elle -fit bâtir rue Saint-Thomas du -Louvre, près de celui de Rambouillet, -une cour d'esprit, -donnera le ton à ses contemporains, -et rendra, avec son frère le -grand Condé, des jugements sur -la littérature qui seront sans -appel.</p> - -<div class="section"> -<p class="subh">IV</p> -</div> - -<p>Des deux filles que Louis XIV -eut de la marquise de Montespan, -la plus remarquable par son -esprit—cet esprit des Mortemart, -célèbre au XVI<sup>e</sup> siècle, esprit -caustique, plein de saillies, souvent -à l'emporte-pièce—fut Mademoiselle -de Nantes. Née en 1673, -<span class="pagenum"><a id="Page_80"> 80</a></span> -mariée en 1685, à Louis III, duc -de Bourbon, petit-fils du grand -Condé, sœur de la duchesse -d'Orléans, femme du régent, elle -ne mourut qu'en 1743. Survivant -de trente-trois ans à son mari, -elle passa son long veuvage dans -les douceurs de l'amitié, peut-être -d'un sentiment plus tendre, que -lui inspira le marquis de Lassay, -et dans la société des hommes -d'esprit et des gens de lettres. -«Dans une taille contrefaite, dit -Saint-Simon, mais qui s'apercevait -peu, sa figure était formée par les -plus tendres amours, et son esprit -était fait pour se jouer d'eux à son -gré sans en être dominée... Rien -en elle qui n'allât naturellement à -plaire, avec une grâce non pareille -jusque dans ses moindres actions, -avec un esprit tout aussi naturel -qui avait mille charmes... Avec -ces qualités, beaucoup d'esprit, de -sens pour la cabale et les affaires... -féconde en chansons les plus -cruelles dont elle affublait gaîment -les personnes qu'elle semblait -<span class="pagenum"><a id="Page_81"> 81</a></span> -aimer et qui passaient leur vie avec -elle. C'était la sirène des poètes, -qui en avait tous les charmes et -les périls.» Ailleurs, Saint-Simon, -revenant sur ce talent pour la -chanson et l'épigramme, dit: -«M<sup>me</sup> la duchesse qui avait -bien de la grâce et de l'esprit à -l'art des chansons salées, en fit -d'étranges.» Cette verve satirique -de la jeune princesse s'attaquait -même à Louis XIV, et aux mœurs -sévères que M<sup>me</sup> de Maintenon -avait introduites à la cour, comme -le prouvent ces vers d'elle qui -coururent en 1691, après le voyage -du roi en Flandre:</p> - -<div class="poetry"><div class="stanza"> -<p>Enfin, après un mois je vous vois de retour,</p> -<p>Courtisans surannés, vrais remèdes d'amour,</p> -<p>Je vous revois, vieux fous si chéris de nos mères,</p> -<p class="i3"> Lorsque restés sur nos frontières,</p> -<p>Nos amans loin de nous sont dans le champ de Mars</p> -<p>Pour livrer leurs beaux jours aux plus cruels hasards.</p> -<p>Ah! qu'une vieille cour à nos yeux est hideuse!!</p> -<p>On n'y parle jamais ni d'amour ni d'amans;</p> -<p class="i3"> Qu'une princesse est malheureuse</p> -<p class="i3"> D'y passer ses plus jeunes ans!</p> -<p class="i3"> Que c'est une chose ennuyeuse</p> -<p class="i3"> De ne voir que de vieux pédans!</p> -</div></div> - -<p>La bibliothèque qu'elle avait -rassemblée dans ce magnifique -<span class="pagenum"><a id="Page_82"> 82</a></span> -palais Bourbon qu'elle avait fait -construire, et dont la plus grande -partie a disparu pour être remplacée -par le Palais Législatif, -était riche et bien choisie. Ses -livres se distinguaient par la magnificence -des reliures, la plupart -exécutées par Derôme et Padeloup. -Ils étaient timbrés à ses -armes: deux écus accolés, le premier, -<i>de France, au bâton péri en -bande de gueules</i>; le second, aussi -<i>de France, au bâton péri en barre -de gueules, qui est de Condé</i>.</p> - -<div class="section"> -<p class="subh">V</p> -</div> - -<p>C'est à une princesse de Bourbon-Condé, -sinon par sa naissance, -du moins par son mariage, -à Anne de Bavière, femme de -Henri-Jules, prince de Condé, fils -du vainqueur de Rocroy, que se -rattache le souvenir d'une des -plus belles ventes de livres qui -ait eu lieu sous l'ancienne monarchie. -Nous voulons parler de -la vente de la bibliothèque du -<span class="pagenum"><a id="Page_83"> 83</a></span> -château d'Anet, en 1724, peu après -la mort de cette princesse, veuve -depuis le 1<sup>er</sup> avril 1709. Il n'est pas -sans intérêt, pour l'histoire de -cette admirable collection de -livres, de voir comment la célèbre -demeure de Diane de Poitiers -était passée avec toutes ses -richesses mobilières aux mains -de la belle-fille du grand Condé.</p> - -<p>Donnée d'abord par Philippe -le Long, en 1318, à Louis, comte -d'Evreux, son oncle, la seigneurie -d'Anet avait été confisquée par -Charles V, sur Charles le Mauvais, -roi de Navarre, puis inféodée, -par Charles VIII en 1444, à Pierre -de Brezé, en récompense des -services de ce seigneur contre les -Anglais qu'il avait chassés de -Normandie. C'est par son mari, -Louis de Brezé, dont elle devint -veuve en 1531, que Diane de -Poitiers se trouva en possession -de la seigneurie d'Anet, dont -l'ancien château, reconstruit sur -les plans de Philibert Delorme, -orné par Jean Cousin et Jean -<span class="pagenum"><a id="Page_84"> 84</a></span> -Goujon, fut une des merveilles de -l'art français au XVI<sup>e</sup> siècle (1552). -A la mort de Diane, en 1566, Anet -devint la propriété de Claude de -Lorraine, duc d'Aumale, qui avait -épousé, en 1547, sa seconde fille, -Louise de Brezé à laquelle ce -domaine était échu dans un partage -fait du vivant même de Diane, -en 1561, entre elle et sa sœur -Françoise, duchesse de Bouillon. -Son fils Charles de Lorraine, qui -épousa en 1576 sa cousine germaine, -Marie de Lorraine, fille du -duc d'Elbeuf, hérita d'Anet, mais -il dut le laisser vendre par ses -créanciers, dont le principal était -Marie de Luxembourg, duchesse -douairière de Mercœur qui, en -1615, acheta Anet moyennant -400,000 livres. C'est par cette nouvelle -propriétaire d'Anet que ce -domaine passa aux Vendôme: -César de Vendôme, fils de Henri IV -et de Gabrielle d'Estrées, ayant -épousé en 1609 Françoise de -Lorraine, fille de la duchesse, et -héritière de Philippe-Emmanuel -<span class="pagenum"><a id="Page_85"> 85</a></span> -de Lorraine, dernier duc de Mercœur.</p> - -<p>Le dernier rejeton des Vendôme, -le célèbre général dont les victoires -affermirent la couronne -d'Espagne sur la tête du petit-fils -de Louis XIV, le légua à sa femme, -Marie-Anne de Bourbon-Condé, -petite-fille du grand Condé (1712). -Cette dernière duchesse de Vendôme, -que son mari n'avait -épousée que pour faire sa cour à -Louis XIV, et être relevé d'une -disgrâce que ses mœurs trop -relâchées lui avaient fait encourir, -étant morte sans enfant, le 11 avril -1718, laissa Anet et son magnifique -héritage à sa mère, Anne de -Bavière, princesse douairière de -Condé, Madame la princesse, -comme on disait alors, qui mourut -elle-même peu après, le 23 février -1723. L'avocat Barbier, dans -son journal, dit à propos de -cette mort: «Mardi 23, Madame -la princesse de Condé, palatine -en son nom et cousine de -Madame, est morte dans son -<span class="pagenum"><a id="Page_86"> 86</a></span> -hôtel au petit Luxembourg, âgée -de soixante-seize ans. Madame la -princesse de Conti, sa fille aînée, -à qui on avait refusé la porte la -veille, a fait apposer le scellé le -même jour par deux commissaires -du Parlement.» Cette mort -avait suivi de quelques semaines -seulement celle de la duchesse -d'Orléans, mère du régent, arrivée -le 8 décembre 1722. Ces deux -princesses, appartenaient toutes -deux à la maison de Bavière, -Madame à la branche électorale, -la princesse à la branche palatine -du Rhin.</p> - -<p>Le goût que les propriétaires -d'Anet, ducs de Vendôme, ou ducs -d'Aumale, avaient pour les livres -et pour les lettres, nous est attesté -par un document infiniment précieux. -C'est le <i>Catalogue des manuscrits -trouvez après le décès de -Madame la Princesse, dans son -Château Royal d'Anet</i>, Paris, -Gandouin, 1724. Il est impossible -d'imaginer une plus rare collection -de livres, et la note suivante, -<span class="pagenum"><a id="Page_87"> 87</a></span> -placée en tête de ce catalogue, -reste fort au-dessous de la vérité:</p> - -<p class="blockquote">Ces manuscrits sont sur vélin -ornez de très-curieuses miniatures & -autres ornemens, le tout très-bien -conservé; et se vendront en gros ou -en détail au commencement du mois -de novembre prochain 1724, chez le -sieur Pierre Gandouin, libraire, quay -des Augustins, à la Belle Image.</p> - -<p>Il y avait dix-huit mois qu'Anne -de Bavière, princesse douairière -de Condé, était morte, lorsque fut -mis en vente ce trésor incomparable -du château d'Anet, par -suite du partage des biens des -ducs de Vendôme, entre ses deux -petites-filles, la duchesse du Maine -et la princesse de Conti, toutes -deux sœurs de la duchesse de -Vendôme. Comme la bibliothèque -d'Anet n'avait pu être formée par -la princesse de Condé, pas plus -que par sa fille la duchesse de -Vendôme, entre les mains desquelles -Anet n'avait existé à titre -de propriété que pendant onze -<span class="pagenum"><a id="Page_88"> 88</a></span> -ans, de 1712 à 1723, c'est certainement -aux Bourbons-Vendôme, et -avant eux aux princes lorrains et -à Diane de Poitiers, que revient -l'honneur d'avoir réuni ces richesses -littéraires, pour lesquelles -le monument de Philibert Delorme -était un si digne écrin.</p> - -<p>Le catalogue de ces manuscrits -forme une petite plaquette in-12 -de 37 pages. L'exemplaire que -nous avons eu sous les yeux -appartient à la Bibliothèque -Mazarine—n<sup>o</sup> 42884—où il a été -désigné à tort, comme le «Catalogue -de la princesse de Conti.» -L'on sait que le titre de Madame -la princesse, tout court, ne fut -jamais porté sous l'ancienne monarchie -que par la branche aînée -de la maison de Condé, dont les -Conti étaient la branche cadette. -Il ne saurait y avoir de doute à -cet égard, Anet n'ayant d'ailleurs -jamais appartenu aux Conti. Ce -catalogue, dont les articles ne -sont pas numérotés, forme trois -divisions: des manuscrits sur -<span class="pagenum"><a id="Page_89"> 89</a></span> -vélin, au nombre de cent soixante -et onze; des manuscrits sur papier -in-folio, au nombre de quatre-vingt-un; -et des livres, la plupart -in-folio (149 articles).</p> - -<p>Des manuscrits sur vélin, il -faudrait tout citer; nous nous -contenterons cependant de noter -ceux-ci:</p> - -<p class="blockquote"> -<i>La Bible Ystoriaux</i>, translatée du -latin en François par Pierre... doyen -du Chapitre de Saint-Pierre d'Aire, -remplie de belles miniatures bien -conservées; <i>la même</i>, avec des miniatures -très curieuses; <i>la même</i>, dont -les miniatures surpassent celles des -autres; une <i>Partie de la Bible en -Provençal</i>, avec miniatures; <i>Chronique -depuis la création du monde, -jusqu'à J. César</i>, avec des miniatures -très singulières; <i>les Histoires de la -Terre sainte</i>, ornées de miniatures; <i>la -Légende dorée</i>, avec un grand nombre -de miniatures; <i>Recueil des Miracles -de Notre-Dame</i>, en vers, deux gros -vol. in-fol. remplis de beaucoup -de miniatures; <i>la Guerre des Juifs -de Joseph</i>, ornée de miniatures -des plus curieuses, d'une grandeur -<span class="pagenum"><a id="Page_90"> 90</a></span> -énorme, bien conservée; <i>le Bestiaire</i>, -par Richard de Furneval, avec -de belles miniatures; <i>le Jardin de -Paradis</i>; <i>l'Horloge de Sapience</i>: tous -deux avec miniatures; <i>l'Arbre de -Sapience</i>, avec quatre-vingt miniatures -d'une excellente beauté, in-fol. -en 1469; <i>Chroniques de France</i>, par -J. Froissart, deux vol. sur vélin, -reliez en velours vert avec des fermoirs -dorez d'or moulu; ce ms. est -orné de miniatures très belles qui -représentent les modes et les usages -de ce temps; <i>les Décades de Tite -Live</i>, 3 vol. in-fol. avec miniatures, -couverts de velours rouge; <i>Quinte-Curce</i>, -avec de très belles miniatures; -<i>Histoire de Jules César</i>, avec de très -belles miniatures; <i>les Métamorphoses -d'Ovide, en vers François</i>, rempli de -beaucoup de miniatures; <i>Histoire de -la destruction de Troyes</i>, par Benoist -de Saint-More, en vers françois, avec -une grande quantité de miniatures; -<i>Compilation de l'Histoire Grecque et -Romaine</i>, par Jehan de Courcy, trois -exemplaires, tous avec très belles et -grandes miniatures; <i>les Histoires -d'Orose</i>, avec des miniatures singulières; -<i>les Chroniques de Saint-Denis</i>, -deux très gros vol. in-fol., ornés de -<span class="pagenum"><a id="Page_91"> 91</a></span> -miniatures; <i>les Triomphes de Pétrarque</i>, -trad. par G. de la Forge, -in-fol. dans lequel se trouve une miniature -de la grandeur du volume, -qui est d'une très grande beauté; -Petrarcha, <i>de Remediis</i>, trad. par -N. Oresme, avec de très belles miniatures; -Jean Boccace, <i>Des faits des -nobles hommes</i>, ms. de 1409, rempli -de plus de 400 miniatures, le volume -est d'une grandeur énorme; <i>Idem</i>, -avec de très belles miniatures; -<i>Poésies de G. de Loris</i>, in-fol. avec des -miniatures; <i>le Jouvencel</i>, avec des -miniatures d'une beauté parfaite; -<i>Le Roman de la Rose</i>, deux exemplaires, -chacun avec d'excellentes -miniatures; <i>le Roman d'Alexandre</i>; -<i>le Songe du vieil pélerin</i>, rempli de -grandes et belles miniatures; <i>Histoire -de Saint-Graal</i>, trad. par Luces -du Chastel, ms. très ancien et rempli -de beaucoup de miniatures; <i>les -Nobles faits du chevalier Tristan, -Ugalaad, Lancelot</i>, trad. par le même, -in-fol. sur vélin d'une grandeur -énorme, orné d'un nombre infini de -belles miniatures très bien conservées; -<i>le Roman de Tristan Le Bret</i>, -trad. par Robert Boron, orné d'un -nombre infini de petites miniatures -<span class="pagenum"><a id="Page_92"> 92</a></span> -très finies pour le temps, in-fol.; <i>Le -Séjour du deuil pour le trépas de -Messire Philippe de Comines, seigneur -d'Argenton</i>, en vers, avec 17 miniatures -en or d'une beauté achevée; -<i>le Pèlerinage de vie humaine</i>, en -vers, avec miniatures; <i>Fables d'Esope</i>, -avec miniatures; <i>Explication des -Actes des Apôtres, par un Frère -prescheur, dédié à Jean de Laval, sieur -de Châteaubriant</i>, orné de grandes et -belles miniatures, etc.</p> - -<p>Le château d'Anet échut en -partage à la duchesse du Maine, -et après la mort du comte d'Eu, -son fils, passa à son cousin, le duc -de Penthièvre, mais sa précieuse -bibliothèque, formée par Diane -de Poitiers, conservée avec soin -et même accrue par la maison de -Vendôme, eut une triste destinée. -On ne trouva pas d'acquéreur -pour cette admirable collection; -elle fut dispersée. Beaucoup de -volumes, dit M. Léopold Delisle, -furent achetés par Denis Guyon -de Sardière, dont la bibliothèque -fut acquise, vers 1759, par le duc -<span class="pagenum"><a id="Page_93"> 93</a></span> -de La Vallière; plusieurs manuscrits -furent adjugés à Cangé, à -Lancelot et à d'autres amateurs, -dont les cabinets contribuèrent -dans la suite à l'accroissement de -la bibliothèque du roi; un certain -nombre passèrent à l'étranger.</p> - -<p>La duchesse du Maine, qui hérita -seulement du château d'Anet, -aurait cependant été digne d'en -posséder aussi la précieuse bibliothèque. -Elle aimait, en effet, beaucoup -les livres et tint à Sceaux une -véritable cour littéraire. Fontenelle, -Malézieux, La Fare, Sainte-Aulaire, -Chaulieu et, plus tard, Voltaire -y firent avec elle assaut d'esprit.</p> - -<div class="poetry"><div class="stanza"> -<p class="i3"> La divinité qui s'amuse</p> -<p class="i3"> A me demander mon secret,</p> -<p>Si j'étais Apollon ne serait point ma muse</p> -<p class="i2">Elle serait Thétis, et le jour finirait,</p> -</div></div> - -<p>répondait un jour Sainte-Aulaire à -la duchesse, qui l'appelait Apollon.</p> - -<p>«La contrainte qu'il fallait avoir -à la cour l'ennuya, raconte M<sup>me</sup> de -Caylus; elle alla à Sceaux jouer -la comédie et faire tout ce qu'on -<span class="pagenum"><a id="Page_94"> 94</a></span> -a entendu dire des nuits blanches, -et tout le reste. M. le duc, son frère, -pendant un temps prit un très -grand goût pour elle: les vers et -les pièces d'éloquence volèrent -entre eux; les chansons contre eux -volèrent aussi. L'abbé de Chaulieu -et M. de La Fare, Malézieux et -l'abbé Genest secondaient le goût -que M. le duc avait pour la poésie.» -Ces goûts littéraires ne l'empêchèrent -pas de s'occuper de politique, -comme le prouve cette -conspiration de Cellamare dont -elle fut l'inspiratrice. Souvent la -littérature fut pour elle le masque -de la politique; et l'emblème dont -elle timbrait ses livres était aussi -le signe de ralliement de ses alliés, -les chevaliers de la Mouche à -miel. Sur ses livres, en effet, -étaient frappées des abeilles d'or, -avec cette devise autour de leur -ruche: <i>Piccola Si Ma Fa Pur -Gravi La Ferite</i>. (Je suis petite, -mais je fais cependant de graves -blessures). Allusion à la petite -taille de la princesse et à l'ordre -<span class="pagenum"><a id="Page_95"> 95</a></span> -galant de la Mouche à miel, qu'elle -avait fondé en 1703.</p> - -<p>De cette princesse bibliophile, -nous rapprocherons deux filles du -régent: cette galante duchesse de -Berry d'abord, morte si prématurément -en 1719, à vingt-quatre -ans, veuve d'un petit-fils de -Louis XIV, (Ses livres étaient -nombreux et portaient pour -armes sur les plats: <i>de France, à -la bordure engrêlée de gueules, qui -est de Berry, accolé d'Orléans</i>, et, -sur le dos, le chiffre ML entrelacées): -et Mademoiselle de Beaujolais -(Philippe-Élisabeth d'Orléans), -née en 1714, morte en 1734, -sans avoir vu s'accomplir son -union avec l'infant don Carlos, -auquel elle avait été promise. Ses -livres étaient timbrés d'un écu en -losange, aux armes <i>de France, au -lambel d'argent à trois pendants</i>, -surmonté de la couronne ducale.</p> - -<div class="section"> -<p class="subh">VI</p> -</div> - -<p>Une autre princesse de la maison -de Bourbon, petite-fille de -<span class="pagenum"><a id="Page_96"> 96</a></span> -cette princesse de Condé dont -nous avons parlé à propos de la -vente d'Anet, mérite de prendre -place parmi les Bourbons bibliophiles. -C'est Louise-Elisabeth de -Bourbon, princesse de Conti, née -à Versailles le 22 novembre 1693. -Elle était petite-fille du grand -Condé, et le troisième des neuf -enfants de Louis III, duc de Bourbon, -dit Monsieur le duc, mort en -1710, et de Mademoiselle de Nantes, -la caustique chansonnière. -Elle avait pour frères le duc de -Bourbon, premier ministre sous -Louis XV, le comte de Charolais, -d'étrange mémoire, et le comte de -Clermont, qui fut à la fois abbé de -Saint-Germain des Prés et général -d'armée; pour sœurs cadettes, -Mademoiselle de Charolais, Mademoiselle -de Clermont, la touchante -héroïne du roman de -M<sup>me</sup> de Genlis, Mademoiselle -de Vermandois, qui faillit épouser -Louis XV, et Mademoiselle de -Sens, toutes mortes avant elle, -ainsi que ses trois frères. A l'âge -<span class="pagenum"><a id="Page_97"> 97</a></span> -de vingt ans, elle avait épousé, le -9 juillet 1713, son cousin germain, -Louis-Armand de Bourbon, -prince de Conti, fils de ce prince -de Conti si bien doué pour la -guerre, élu roi de Pologne en -1697, et de Marie-Thérèse de Bourbon-Condé, -sœur de la duchesse -du Maine et de cette dernière -duchesse de Vendôme dont nous -avons vu hériter sa grand'mère, -la princesse douairière de Condé.</p> - -<p>Restée veuve, en 1727, d'un -mari spirituel comme toute sa -race, mais contrefait et peu fidèle, -elle avait montré une âme forte, -un esprit élevé et libre, dont avait -hérité son fils, ce prince de Conti -si cher aux parlementaires. Lors -de sa mort, arrivée le 27 mai 1775, -un an avant celle de son fils, un -contemporain la dépeignait ainsi: -«J'ai vu avec vénération la douairière -de la maison, la princesse -de Conti, plus qu'octogénaire et -le seul reste de la vieille cour. Un -air de majesté imprimé sur sa -figure n'a pas besoin d'être relevé -<span class="pagenum"><a id="Page_98"> 98</a></span> -par le luxe des vêtements, par la -pompe du cortège. Elle est remarquable -dans toutes les fêtes par sa -simplicité; elle a toujours été -au-dessus de cet accessoire frivole: -elle a l'âme forte, dégagée -de préjugés.»</p> - -<p>D'un autre côté, M<sup>me</sup> du Deffand -disait, en annonçant sa mort dans -une lettre du 28 mai 1775, à Horace -Walpole: «M<sup>me</sup> la princesse de -Conti mourut hier, à huit heures -du matin; on en prend le deuil demain -pour onze jours... Elle laisse -tout son bien à partager selon les -coutumes; on dit que M. le prince -de Conti aura cent mille livres de -rente; M. le duc de Chartres aura -cinq cent mille francs, et M<sup>me</sup> la -duchesse de Bourbon, sa sœur, -en aura autant. La maison de -Paris était assurée de son vivant -à M. le comte de La Marche, son -petits-fils; elle ne fait aucun présent -à personne.»</p> - -<p>Cette princesse possédait une -belle bibliothèque. Elle fut vendue, -en 1775, à l'hôtel et au petit -<span class="pagenum"><a id="Page_99"> 99</a></span> -hôtel de Conti qui s'étendaient -entre les rues Saint-Dominique, -de Bourgogne et de l'Université: -les mêmes qu'occupe aujourd'hui -le ministère de la guerre. Le -catalogue, qui en fut publié chez -Prault fils, «libraire, quai des -Augustins, près la rue Pavée, à -l'Immortalité», contenait 1711 -numéros, dont 138 pour la théologie, -27 pour la jurisprudence, -55 pour la philosophie, 35 pour la -politique, 81 pour les sciences, -12 pour l'architecture, la peinture -et les arts du dessin; 740 pour les -belles-lettres, parmi lesquels la -poésie française figure pour 54, -le théâtre français pour 62; et -622 pour l'histoire, l'histoire de -France en comprenant 223 à elle -seule.</p> - -<p>On retrouve la trace du quiétisme -dont les doctrines avaient -été un moment fort répandues à -la cour et parmi les membres de -la famille de Conti, dans deux -ouvrages célèbres: <i>la Sainte Bible, -traduite en françois, avec des</i> -<span class="pagenum"><a id="Page_100"> 100</a></span> -<i>explications et des réflexions qui -regardent la vie intérieure</i>, Cologne, -1713 et 1714, 20 vol. in-8, et dont -M<sup>me</sup> Guyon est l'auteur, et dans -le fameux livre du P. Quesnel, -<i>Nouveau Testament en françois, -avec des réflexions morales sur -chaque verset, et le texte latin en -marge</i>, Paris, 1696, 4 tomes en -5 vol. in-12. Dans cette section de -la théologie, il faut encore mentionner: -<i>les Cent cinquante Psalmes -du prophète royal David, -traduits en rythme françoise</i>, par -Clément Marot, Paris, 1555; et les -<i>Heures nouvelles dédiées à Madame -la Princesse</i>, Paris, 1765, in-12.</p> - -<p>Le premier prince de Conti, -frère du grand Condé, après une -jeunesse plus que mondaine, -pendant laquelle il avait été très -épris de théâtre comme le prouve -la protection qu'il accorda à la -troupe de Molière qui porta un -instant son nom, s'était jeté dans -la dévotion la plus rigoureuse, -avait embrassé les doctrines de -Port-Royal, et écrit, sous l'inspiration -<span class="pagenum"><a id="Page_101"> 101</a></span> -de ces Messieurs, des -<i>Lettres sur la Grâce</i>, et un <i>Traité -sur la comédie</i>, dans lequel il -condamnait ce divertissement. Sa -femme, Anne Martinozzi, une -nièce de Mazarin, d'une remarquable -beauté, avait aussi partagé -ce zèle pour le jansénisme. De là -un assez grand nombre de livres -jansénistes dans cette bibliothèque. -Ce sont:</p> - -<p class="blockquote"><i>Le Parallèle de la doctrine des -Payens avec celles des Jésuites, les -Principes des Jésuites sur la probabilité, -réfutés par les Payens</i>, 1726 et -1727, in-8, mar. r.; <i>de la fréquente -Communion</i>, par Antoine Arnauld, -Paris, 1656; <i>les Provinciales</i>, de Pascal, -Francfort, 1716, pet. in-12; les -<i>Pensées</i>, de Pascal, Paris, 1683, mar. -doub. de mar. r., et enfin un ouvrage -du premier prince de Conti: <i>Les -Devoirs des grands</i>, par Monseigneur -Armand de Bourbon, prince de -Conti, avec son testament, Paris -1666, in-8, mar. rouge.</p> - -<p>La princesse douairière de Conti -ne semble pas d'ailleurs avoir -<span class="pagenum"><a id="Page_102"> 102</a></span> -hérité de ces sentiments jansénistes. -Sa dévotion était fort -mince, et elle passait plutôt pour -un esprit fort, nous dirions -aujourd'hui une libre-penseuse, -auprès de ses contemporains. La -façon dont les mémoires de -Bachaumont annoncent sa mort -laisse peu de doute sur ce point. -«M<sup>me</sup> la princesse de Conti, y -lisons-nous, a fini hier. Elle voyait -depuis longtemps approcher la -mort avec une fermeté digne de -son âme fière, courageuse et -au-dessus des préjugés. Elle chantait -peu d'heures auparavant la -chanson faite sur le maréchal de -Biron [à l'occasion de l'émeute sur -les grains.]» Sa fille, la jeune -duchesse d'Orléans, morte en -1759, et qui fut mère de Philippe-Egalité, -avait fini dans les mêmes -sentiments, qu'elle tenait, disait-on, -de sa mère. «C'est sans doute -à son école, dit <i>l'Observateur -anglais</i>, que sa fille, la feue -duchesse d'Orléans, avait puisé -cette philosophie libre et ferme -<span class="pagenum"><a id="Page_103"> 103</a></span> -qui la fait descendre si gaiement -au tombeau.»</p> - -<p>Nous ne serons donc pas étonnés -de rencontrer sur les rayons de la -bibliothèque de la princesse de -Conti: <i>la Morale d'Epicure</i>, Paris, -1685, par le baron des Coutures, -dont elle a aussi la traduction de -<i>Lucrèce</i>, Paris, 1708; l'<i>Ebauche de -la religion naturelle</i>, traduction de -<i>Wolaston</i>, dont Voltaire fit un si -grand éloge dans ses <i>Lettres sur -les Anglais</i>, en 1734; l'<i>Essai de -philosophie morale</i>, Paris, 1749, -par Maupertuis; l'<i>Essai sur les -erreurs populaires ou Examen de -plusieurs opinions reçues comme -vraies qui sont fausses ou douteuses, -traduit de l'anglois de Th. Brown</i>, -Paris, 1713; <i>la Philosophie du bon -sens</i>, La Haye, 1747, par le marquis -d'Argens; <i>Histoire des diables de -Loudun</i>, Amsterdam, 1694.</p> - -<p>Ce serait pousser trop loin les -conjectures que de voir dans -chaque livre d'une bibliothèque -une preuve des sentiments ou des -opinions personnels de son possesseur. -<span class="pagenum"><a id="Page_104"> 104</a></span> -Cependant, d'après ce -que nous connaissons de la -tournure d'esprit, du caractère de -la princesse de Conti, il est permis -de croire que ce n'était pas -seulement à titre de nouveautés -et pour tenir au courant sa collection -de livres qu'elle y avait placé, -de Montesquieu: les <i>Lettres persanes</i>, -Amsterdam, 1721, 2 vol. -in-12; les <i>Considérations sur les -causes de la grandeur des Romains -et de leur décadence</i>, Amsterdam, -1734, in-12; <i>De l'esprit des lois</i>, -Genève, 2 vol. in-4; et les <i>Lettres -familières</i>, Paris, 1762, in-12, dans -leurs éditions originales; Voltaire -n'y est représenté que -par: <i>la Ligue ou Henry le Grand</i>, -par Fr. Arouet de Voltaire, Genève, -1723, in-8; l'<i>Histoire de Charles XII</i>, -Basle, 1731, 2 vol. in-12; <i>le Siècle -de Louis XIV</i>, par de Francheville, -Berlin, 1752, 2 vol. in-12; <i>Micromegas</i>, -in-12, v. m., tr. dor.; <i>Zadig, -ou la destinée, histoire orientale</i>, -1748, in-12; <i>les Scythes</i>, Paris, -1767, in-8; <i>Tancrède</i>, <i>Charlot</i>, -<span class="pagenum"><a id="Page_105"> 105</a></span> -<i>l'Orphelin de la Chine</i> qui font -partie de deux volumes de recueil -factice; <i>Œdipe</i>, <i>Marianne</i>, <i>Brutus</i>, -<i>l'Indiscret</i>, <i>Zaïre</i>, <i>Alzire</i> et la <i>Mort -de César</i>, dans le second volume des -<i>Œuvres</i>, Amsterdam, 1739, 2 vol. -in-8. De Diderot, nous ne trouvons -que son drame: <i>le Fils naturel</i>, -1757, in-8; de J.-J. Rousseau: le -<i>Discours sur l'origine et les fondements -de l'inégalité parmi les -hommes</i>, Amsterdam, 1755, in-8; -<i>J.-J. Rousseau à M. d'Alembert sur -l'article</i> <span class="cap">G</span><span class="smallc">ENÈVE</span> <i>dans l'Encyclopédie</i>, -Amst., 1758, in-8, autrement -dit: <i>la Lettre sur les spectacles</i>; -<i>Julie, ou la Nouvelle -Héloïse</i>, Amsterdam, 1761, 6 vol. -in-12; les <i>Pensées de J.-J. Rousseau</i>, -Paris, 1766, 2 vol. in-12.</p> - -<p>Pour terminer avec les écrivains -plus ou moins célèbres du -XVIII<sup>e</sup> siècle, il faut citer encore, -de Buffon: l'<i>Histoire naturelle</i>, -Paris, Imprimerie royale, 1749 et -suiv., 17 vol. in-4, v. marb., filets; -les <i>Œuvres diverses</i> de Fontenelle -avec figures, Londres, 1710, 2 vol. -<span class="pagenum"><a id="Page_106"> 106</a></span> -in-12; les <i>Œuvres mêlées</i> de Moncrif, -Paris, 1751, 3 vol. in-12, mar. -r.; les <i>Contes moraux</i> de Marmontel, La -Haye, 1761, 2 vol. in-12; les -<i>Œuvres diverses</i> de Chaulieu et de -La Fare, Amsterdam, 1733, 2 vol. -in-8; les <i>Fables nouvelles</i> de La -Motte, avec les figures de Gillot, -Paris, 1719, in-4, gr. pap.; les -<i>Œuvres</i> de Gresset, Genève, 1743, -in-12, et 1751, 2 vol. in-12.</p> - -<p>Mais c'est surtout en romans, -et en histoires et mémoires -qu'était riche la bibliothèque de -la princesse de Conti.</p> - -<p>La partie du catalogue relative -aux romans comprend 336 numéros. -Voici le dénombrement des -plus remarquables par l'édition, -par la reliure, ou par le mérite -littéraire:</p> - -<p class="blockquote"><i>Les Amours de Théagènes et de -Chariclée ou l'Histoire d'Héliodore</i>, -trad. en français par J. de Montlyard, -avec les figures de Michel Lasne, -Paris, 1623, in-8, couv. en parch.; -<i>les Amours pastorales de Daphnis et -Chloé</i>, trad. du grec de Longus en -<span class="pagenum"><a id="Page_107"> 107</a></span> -français par J. Amyot, avec des fig. -gravées par Audran sur les dessins -du régent, Amsterdam, mar. citr. -doublé de tabis; <i>la Métamorphose ou -l'âne d'or</i>, trad. d'Apulée par J. de -Montlyard, Paris, 1623, in-8, fig.; <i>les -Travaux de Persile et de Sigismonde</i>, -trad. de Michel de Cervantès, par -d'Audiguier, Paris, 1618, in-12; <i>la -Constante Amarillis</i>, trad. de l'espagnol -de Figueroa par N. Lancelot, -Lyon, 1614, in-8, mar. bleu; -<i>la Célestine</i>, trad. de Rojas, Rouen, -1634, in-8; <i>le Colloandre fidèle</i>, trad. -de Marini, par G. de Scudéry, Paris, -1668, 3 vol. in-8, mar. bleu; <i>l'Aventurier -Buscon</i>, trad. de Quevedo, -Paris, 1639; <i>la Vie de Gusman -d'Alfarache</i>, avec fig., Paris, 1696, -3 vol. in-12, mar. citr.; <i>Histoire -facétieuse du fameux Lazarille de -Tormes</i>, Lyon, 1697, in-12; <i>la Dianée</i>, -trad. de l'italien de Loredano, Paris, -1642, 2 vol. in-12, parch.; <i>l'Almorinde</i>, -de L. Assurino, Paris, 1646, -in-8, mar. bleu.</p> - -<p>Beaucoup de ces romans de la -première moitié du XVII<sup>e</sup> siècle -sont reliés en maroquin bleu ou -rouge, et pourraient bien avoir -<span class="pagenum"><a id="Page_108"> 108</a></span> -formé la bibliothèque de la -première princesse de Conti, nièce -de Mazarin. Ce sont:</p> - -<p class="blockquote"> -<i>La Haine et l'amour d'Arnoult et -de Clairemonde</i>, Paris, 1709, in-12; -<i>l'Astrée</i>, d'H. d'Urfé, Paris, 1618, -6 vol. in-8, v. f.; <i>les Amans jaloux</i>, -de du Verdier, Paris, 1631, in-8; <i>Les -Triomphes de la guerre et de l'amour</i>, -par Humbert, Paris, 1631, in-8; <i>le -Roman véritable</i>, Paris, 1648, in-8; -<i>Clorinde</i>, Paris, 1667, 2 vol. in-8; -<i>L'Amour dans son trône</i>, trad. de -Loredano par du Breton, Paris, -1646, in-8; <i>Cassandre</i>, par La -Calprenède, Paris, 1651, 10 vol. in-8, -v. n., fil.; <i>Mithridate</i>, Paris, 1649, -4 vol.; <i>le Toledan</i>, Rouen, 1653; -<i>Sapor</i>, par du Perret, Paris, 1668, -5 vol. in-12; <i>le Comte de Dunois</i>, -Paris, 1671, v. éc., fil.; <i>La Princesse -de Montpensier</i>, par M<sup>me</sup> de la Fayette, -Paris, in-8, mar. cit. doub. de -mar. bleu; <i>La Relation de l'île -imaginaire ou l'Histoire de la princesse -de Paphlagonie</i>, par M<sup>lle</sup> de -Montpensier, 1659, in-8, mar. r. doubl. -de mar.; <i>le Prince de Condé</i>, par -Boursault, Paris, 1675, in-12; <i>Oracié</i>, -(par M<sup>lle</sup> de Senectaire), Paris, 1646; -<span class="pagenum"><a id="Page_109"> 109</a></span> -<i>les Amours historiques des princes</i>, par -Grenaille, Paris, 1642; <i>La Promenade -de Versailles ou l'Histoire de Celamire</i>, -(par M<sup>lle</sup> de Scudéry), Paris, 1669, in-8; -<i>Don Pelage</i> (par de Juvenel), Paris, -1646, 2 vol. in-8; <i>le prince de Sicile</i>, -(par M<sup>lle</sup> Bernard), Paris, 1690, 3 vol.; -<i>Elise</i>, par l'Evêque de Belley, Paris, -1621; <i>l'Iphigénie</i>, Lyon, 1625; -<i>Palombe</i>, Paris, 1625, et les <i>Occurrences -remarquables</i>, Paris, 1626, par -le même, ainsi que tous ses autres -romans; <i>la Maison des jeux</i>, par -Ch. Sorel, Paris 1657, 2 vol. in-8.</p> - -<p>La princesse de Conti lut-elle -beaucoup ces œuvres, qui faisaient -les délices de la société des -Précieuses? On en peut douter. -Elle se plut, en tout cas, certainement -davantage aux romans du -XVIII<sup>e</sup> siècle, que nous trouvons -presque tous dans sa bibliothèque, -ceux de Le Sage: <i>le Diable boiteux</i>, -<i>Gil Blas</i>, <i>le Bachelier de Salamanque</i>, -<i>Estevanille</i>; de l'abbé Prévost: -les <i>Mémoires d'un homme de qualité, -avec l'Histoire de Manon Lescaut</i>, -Paris, 1729; <i>Cleveland</i>, <i>Clarisse</i>, -<span class="pagenum"><a id="Page_110"> 110</a></span> -<i>Grandisson</i>; de Marivaux: <i>Marianne</i>, -Amsterdam, 1745, <i>le Paysan -parvenu</i>, Paris, 1734; comme -les <i>Confessions du comte de ***</i>, -Paris, 1741, et <i>Acajou et Zirphile</i>, -1744, avec les figures de Boucher, -par Duclos; <i>Tanzai et Néadarné</i>, -Pékin, 1734, par Crébillon fils; -comme ceux de La Place, du -chevalier de Mouhy, de M<sup>lle</sup> Lambert, -de M<sup>me</sup> Riccoboni.</p> - -<p>Les manuscrits, sans être nombreux -dans la bibliothèque de la -princesse de Conti, n'y faisaient -pas cependant défaut et quelques-uns -sont intéressants à signaler.</p> - -<p class="blockquote">C'est d'abord <i>le Roman de la Rose</i>, -in-fol. ms. du XIII<sup>e</sup> siècle, avec -miniatures; puis les <i>Mémoires de -M<sup>lle</sup> de Montpensier</i>, 6 vol. in-fol. -mar. r., dont manque le tome I<sup>er</sup>; les -<i>Mémoires de H.-A. de Lomenie, comte -de Brienne</i>, in-fol.; <i>le Procès criminel -fait à Louis de Bourbon, prince de -Condé</i>, en 1654, in-fol.; <i>les Alliances -de la maison de Bourbon</i>, in-fol.; -une relation de l'ambassadeur -vénitien Nic. Tiepolo: <i>Relatione del</i> -<span class="pagenum"><a id="Page_111"> 111</a></span> -<i>Signor Nic. Tiepolo Ristornato, -Ambasciadere di Carolo V et Ferdinande -Re de Romani per la Republica -di Venetia l'anno 1532</i>, in-4. La partie -des sciences occultes contenait aussi -trois manuscrits assez curieux: un -<i>Recueil de nativités, thèmes célestes, -ou de figures d'astrologie qui contiennent -l'horoscope de plusieurs personnes -illustres de différentes nations et de -différents tems</i>, in-4, couv. en parch.; -un second <i>Recueil de quelques nativités -violentes, avec des règles ou -aphorismes pour juger de la mort -violente</i>, in-4, couv. en parch.; et les -<i>Prédictions du grand et sublime -Docteur Théophraste Paracelse, trad. -en François avec des remarques par -M. Christallin, commis de la Bibliothèque -de M. le Duc en 1712</i>, in-4.</p> - -<p>Ce «Monsieur le duc», dont le -nom figure sur ce dernier manuscrit, -était Louis-Henri de Bourbon-Condé, -arrière-petit-fils du grand -Condé, né en 1692, mort en 1740, -et qui fut premier ministre après -la mort du régent. Il était le frère -aîné de la princesse de Conti dont -nous nous occupons.</p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_112"> 112</a></span> -Il ne nous reste plus à signaler -que trois traductions manuscrites -d'auteurs anciens: <i>les Nuées -d'Aristophane</i>, in-4; <i>les Comédies -de Térence</i>, 3 vol. in-fol., et <i>les -Géorgiques de Virgile</i>, trad. en -français par de Martignac, in-4. -L'auteur de cette dernière traduction -était Etienne Algay de Martignac, -né en 1620, mort en 1698, -qui fut attaché à la personne de -Gaston d'Orléans, sur lequel il a -écrit des <i>Mémoires</i>. Comme il -publia, en 1681, une traduction -complète des œuvres de Virgile en -trois volumes, il est probable que -nous en avons là une partie -manuscrite. Peut-être aussi faut-il -lui attribuer cette traduction de -Térence qui précède, car il en -publia plusieurs pièces sous ce -titre: <i>l'Eunuque</i>, <i>l'Hecyre</i> et <i>le -Fâcheux à soi-même, de Térence, -rendus très honnêtes en y changeant -fort peu de chose</i>, Paris, 1670, 1700, -in-12.</p> - -<p>Un assez grand nombre d'incunables, -quelques belles éditions -<span class="pagenum"><a id="Page_113"> 113</a></span> -du XVI<sup>e</sup> siècle, et surtout une -belle collection de pièces de -théâtre dans leurs éditions originales, -doivent être encore mentionnés -pour achever la description -de la bibliothèque de la -princesse de Conti. Cette dernière -collection, qui serait aujourd'hui -si précieuse, formait cinquante -volumes in-4, reliés en maroquin -bleu, comme les romans du -XVII<sup>e</sup> siècle dont nous avons parlé -plus haut. Chacun de ces volumes -était composé de six pièces, sauf -quelques-uns qui n'en contenaient -que quatre ou cinq. Là se trouvaient -réunies presque toutes les -pièces de théâtre de Levert, Provais, -Chapoton, du Cros, Gillet, -Meret, Sallebray, des Cinq -Auteurs, de Desmarets, Mareschal, -Cadet, Chevreau, Claveret, -Cyrano de Bergerac, Boyer, Puget -de la Serre, Gilbert, Baro, Beys, -Jodelle (avec les <i>Œuvres et mélanges</i> -poétiques), Rosières de -Beaulieu, La Fontaine, La Calprenède, -Magnon, Jobert, Guérin -<span class="pagenum"><a id="Page_114"> 114</a></span> -de Bouscal, Grenaille, La Caze, -Benserade, Metel d'Ouville, Le -Vayer de Boutigny, Desfontaines, -La Mesnardière, d'Ancour, P. -Corneille (18 pièces), Scudéry, -Rotrou (29 pièces), du Ryer (12 -pièces), Bois Robert (10 pièces), -Tristan, Scarron, de Prade, -Regnault, Dalibray, de l'Etoile, -M<sup>lle</sup> Cosnard, Colletet, Monléon, -Saint-Germain, Nouvelon, Le -Clerc, Marcassus, Raissiguier, -Bigrède, Brosse, Vozelle, Montfleury -père, Quinault, Fremiele, -J. Michel (<i>la Résurrection de Notre-Seigneur -par personnages</i>, goth.).</p> - -<p>Parmi les éditions du XVI<sup>e</sup> -siècle l'on remarque les suivantes: -<i>l'Horloge des princes</i>, trad. -de Guevara par B. de la Grise et -Herberay des Essars, Lyon, 1592, -in-18, mar. bleu; les <i>Eléments -et principes d'astronomie</i>, par -R. Roussat, Paris, 1552, in-8; <i>le -Roland furieux</i>, trad. par Chappuys, -Lyon, 1582-1583, 2 vol., fig.; -<i>le Décameron</i> de J. Boccace, trad. -par Le Maçon, Paris, 1545, in-fol.; -<span class="pagenum"><a id="Page_115"> 115</a></span> -<i>Histoires tragiques extraites de -l'italien de Bandello</i>, par Boistuau -et Belle-Forest, Lyon, 1582, 8 vol. -in-16; <i>le Trésor des histoires -tragiques</i>, de F. de Belle-Forest, -Paris, 1581, in-16; <i>Histoires prodigieuses</i>, -par Boistuau et Belle-Forest, -Paris, 1598, 2 vol. in-16, -fig.; <i>l'Heptaméron</i> de Marguerite -de Valois, remis en son vrai ordre -par C. Gruget, Paris, 1560, in-4, -mar. r., doub. de mar.; <i>Histoire -du noble Tristan, prince de Léonois</i>, -trad. par Langevin, Paris, 1586, -in-4; <i>Amadis de Gaule</i>, trad. de -l'espagnol par Herberay des -Essars, avec fig., Paris, 1548, -4 vol. in-fol., mar. r.; <i>le Premier -livre de la chronique de Dom Floris -de Grèce</i>, trad. par le même, Paris, -1552, in-fol., fig.; <i>Histoire de -Palmerin d'Olive</i>, trad. du Castellan -par Maugin, Paris, 1549, -in-fol., fig.; <i>Histoire palladienne</i>, -mise en françois par C. Colet, -Paris, 1555; <i>le Premier livre de -l'histoire de Gérard d'Euphrate</i>, -Paris, 1549, fig.; <i>les grandes</i> -<span class="pagenum"><a id="Page_116"> 116</a></span> -<i>Annales de France</i>, par Belle-Forest, -Paris, 1579, 2 vol. in-fol.; -les <i>Mémoires</i> d'Olivier de la Marche, -Gand, 1566, in-4.</p> - -<p>Un certain nombre de livres -étaient particulièrement remarquables -par leur reliure ou par -leur tirage, tels que: <i>les Statuts de -l'ordre du Saint-Esprit</i>, Paris, -Imprimerie royale, 1703, in-4 -grand papier, mar. bleu doubl. -de tabis; <i>les Triomphes de -Louis XIII</i>, représentés en figures -par J. Valdor, avec les vers de -Ch. Beys et de P. Corneille, Paris, -1649, in-fol., gr. pap., v. br., tr. -dor.; <i>Recueil de lettres galantes</i>, -Amsterdam, 1706, in-12, mar. -bleu, doublé de mar. rouge; -<i>Fables de La Fontaine</i>, ornées des -figures d'Oudry, Dupuis et Cochin -fils, Paris, 1755 et suiv., 4 vol. -in-fol., gr. pap., mar. rouge, dent., -avec cette note de l'expert: «On -croit devoir assurer que cet exemplaire -est des premiers de ce livre -donné par souscription, en ce que -les volumes ont été reliés au -<span class="pagenum"><a id="Page_117"> 117</a></span> -fur et à mesure de leur livraison»; -la magnifique édition des -<i>Œuvres de Boileau</i>, avec les -figures de B. Picart, Amsterdam, -1718, 2 vol. in-fol., mar. rouge, -dent.</p> - -<p>Signalons, en terminant, un -<i>Ronsard</i>, Paris, 1623, 2 vol. in-fol., -v. f., filets; un <i>Du Bartas</i>, Paris, -1611, in-fol.; <i>la Satyre Ménippée</i>, -1595, parch.; les <i>Essais de Montaigne</i>, -Paris, 1640, in-fol.; les -<i>Œuvres de Molière</i>, avec figures, -Paris, 1697, 8 vol. in-12.</p> - -<div class="section"> -<p class="subh">VII</p> -</div> - -<p>La reine Marie Leczinska ne -fut peut-être pas une bibliophile, -bien que cette honnête passion -eût pu adoucir les amertumes que -lui causèrent les amours de -Louis XV et la faveur de Mesdemoiselles -de Nesle et de M<sup>me</sup> de -Pompadour; mais elle aimait la -lecture, et les lettres n'étaient pas -chose étrangère dans le cercle -intime d'amis qu'elle s'était formé, -<span class="pagenum"><a id="Page_118"> 118</a></span> -et où l'on distinguait la duchesse -de Luynes, née Marie Brulart, -l'aimable président Hénault, Fontenelle, -Moncrif. «Le respect -qu'elle inspire, a dit d'elle M<sup>me</sup> du -Deffand, tient plus à ses vertus -qu'à sa dignité; elle n'interdit ni -ne refroidit point l'âme et les sens. -On a toute la liberté de son esprit -avec elle: on le doit à la pénétration -et à la délicatesse du sien; -elle entend si promptement et si -finement, qu'il est facile de lui -communiquer toutes les idées -qu'on veut sans s'écarter de la -circonspection que son rang -exige.» La bibliothèque de cette -princesse était peu nombreuse, -mais d'un choix sévère. Les livres -avaient été reliés par Padeloup; -la plupart sont conservés à la -Bibliothèque nationale.</p> - -<p>Avec Mesdames de France, -filles de Louis XV et de Marie -Leczinska, nous sommes au -contraire en pleine bibliophilie. -Mesdames, et sous ce nom nous -désignons seulement Madame -<span class="pagenum"><a id="Page_119"> 119</a></span> -Adélaïde, née le 23 mars 1732, -Madame Victoire, née le 11 mai -1733, Madame Sophie, née le -27 juillet 1734, laissant de côté -Madame Elisabeth, l'aînée, qui -devint duchesse de Parme, -Madame Henriette, sa sœur -jumelle, morte de bonne heure, -en 1752, et Madame Louise, la -dernière des filles de Louis XV, -entrée en religion du vivant même -de son père. Mesdames, disons-nous, -étaient toutes, comme leurs -autres sœurs, instruites, intelligentes, -pieuses, et portées à aimer -le bien. Elles avaient eu pour -gouvernante la vieille duchesse -de Ventadour, qui avait rempli -les mêmes fonctions près de -Louis XV, ou plutôt la duchesse -de Talard, qui eut cette charge en -survivance, et M<sup>mes</sup> de La Lande, -de Villefort et du Muy pour sous-gouvernantes. -L'éducation de -Mesdames Elisabeth, Henriette et -Adélaïde seules se fit à la cour; -les autres filles de Louis XV -furent élevées à l'abbaye de Fontevrault, -<span class="pagenum"><a id="Page_120"> 120</a></span> -où, en 1738, elles furent -envoyées et placées sous la direction -de l'abbesse, Louise de -Rochechouart-Mortemart, femme -de haute vertu et de grand mérite.</p> - -<p>Madame Victoire n'en revint -qu'en 1748, Mesdames Sophie et -Louise en 1750. L'on peut dire -que ce fut alors seulement que se -fit leur véritable éducation. Le roi -leur donna un excellent précepteur, -M. Hardion, de l'Académie -française. «Cet aimable et -savant homme passait une heure -avec chacune des trois sœurs, dit -M. Ed. de Barthélemy, leur faisant -des cours d'histoire et même de -philosophie, d'après lesquels elles -rédigeaient des extraits.» Il leur -apprit également plusieurs langues, -même le grec, et les avança -assez dans l'étude des belles-lettres. -Grandes liseuses, «elles -faisaient, dit le duc de Luynes, -des entreprises de grandes lectures -dont elles venaient à bout.» -Sur l'invitation de Madame Adélaïde, -M. Hardion composa même -<span class="pagenum"><a id="Page_121"> 121</a></span> -pour cette princesse une <i>Histoire -universelle sacrée et profane</i>, en -20 vol. in-12. L'on sait que c'est -par elles que Beaumarchais, qui -leur fut comme un maître de -musique, se poussa d'abord dans -le monde.</p> - -<p>M<sup>me</sup> Campan, qui avait été leur -lectrice, nous a laissé d'elles, dans -ses <i>Mémoires</i>, un portrait qui -doit-être vrai, car on n'y remarque -aucune flatterie: «Quand Mesdames -encore fort jeunes, dit-elle, -furent revenues à la cour....., -elles se livrèrent avec ardeur à -l'étude, et y consacrèrent presque -tout leur temps; elles parvinrent -à écrire correctement le français -et à savoir très bien l'histoire. -Madame Adélaïde, surtout, eut -un désir immodéré d'apprendre; -elle apprit à jouer de tous les -instrumens de musique, depuis -le cor, (me croira-t-on?), jusqu'à -la guimbarde. L'italien, l'anglais, -les hautes mathématiques, le tour, -l'horlogerie, occupèrent successivement -les loisirs de ces princesses. -<span class="pagenum"><a id="Page_122"> 122</a></span> -Madame Adélaïde avait eu -un moment une figure charmante; -mais jamais beauté n'a disparu -si promptement que la sienne. -Madame Victoire était belle et -très gracieuse; son accueil, son -regard, son sourire étaient parfaitement -d'accord avec la bonté -de son âme. Madame Sophie était -d'une rare laideur... On assurait -qu'elle montrait de l'esprit, et -même de l'amabilité dans la -société de quelques dames préférées; -elle s'instruisait beaucoup, -mais elle lisait seule; la présence -d'une lectrice l'eût infiniment -gênée.» Madame Louise, celle qui -se fit religieuse à Saint-Denis, -était plus passionnée encore que -ses autres sœurs pour la lecture. -M<sup>me</sup> Campan la lui faisait cinq -heures par jour; et comme ce -n'était pas sans fatigue, la -princesse lui préparait elle-même -de l'eau sucrée, et s'excusait «de -la faire lire si longtemps sur la -nécessité d'achever un cours de -lecture qu'elle s'était prescrit.»</p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_123"> 123</a></span> -Chacune d'elles avait les livres -de sa bibliothèque, aux mêmes -armes, c'est-à-dire <i>de France</i>, dans -un écu en losange surmonté d'une -couronne ducale. Seulement leurs -livres différaient ordinairement -par la couleur de la reliure: ceux -de M<sup>me</sup> Adélaïde étaient en maroquin -rouge; ceux de M<sup>me</sup> Sophie, -en maroquin citron; ceux de M<sup>me</sup> -Victoire, en maroquin vert. Nous -possédons les catalogues manuscrits -de ces bibliothèques. En tête -du <i>Catalogue des livres qui forment -la bibliothèque de Madame Victoire</i>, -1789, (Bibliothèque de l'Arsenal, -manuscrit n<sup>o</sup> 6274), on lit cet avis:</p> - -<p class="blockquote">Les livres de Madame Victoire occupent -deux pièces dans le fond de son -appartement, savoir: une au rez-de-chaussée -contient deux corps d'armoires, -dont six à droite, en regardant -sur la terrasse, et seulement -cinq à gauche, la sixième étant coupée -à moitié par la porte d'entrée et -formant une petite armoire séparée. -Entre les deux corps, au fond de la -dite pièce, est une armoire vitrée en -<span class="pagenum"><a id="Page_124"> 124</a></span> -glace au tain, laquelle renferme les -livres Italiens et Espagnols. Les livres -sont distribués sur huit rangs de -tablettes, et, autant qu'on l'a pu, suivant -l'ordre alphabétique. Les grands -formats, considérés comme base, -occupent les premières tablettes en -bas, et les autres en montant de bas -en haut. L'entresolle contient aussi -deux corps de tablettes de huit chacun, -et les livres y sont distribués -suivant le même ordre et les lettres -correspondantes.</p> - -<p>Ce catalogue forme 274 feuillets -in-folio. Un second, rédigé en 1777, -(Bibliothèque de l'Arsenal, manuscrit -n<sup>o</sup> 6275), comprend 121 -pages. Le «<i>Catalogue des livres de la -bibliothèque de Madame Adélaïde, -1786</i>», forme un volume in-folio, -relié en maroquin rouge, dentelle, -timbré de ses armes, de 425 pages, -dont 37 pour la philosophie et la -jurisprudence, 30 pour les arts et -sciences, 36 pour la poésie, et 63 -pour l'histoire (Bibliothèque de -l'Arsenal, manuscrit n<sup>o</sup> 6277). En -tête se voit un portrait à l'aquarelle -de la princesse représentée -<span class="pagenum"><a id="Page_125"> 125</a></span> -en Minerve, assise devant un -bureau. Un quatrième catalogue -porte ce titre: <i>Catalogue de -la bibliothèque de Mesdames à -Bellevue</i>, 1789 (Bibl. de l'Arsenal, -ms. n<sup>o</sup> 6276).</p> - -<div class="section"> -<p class="subh">VIII</p> -</div> - -<p>La reine Marie-Antoinette eut -plusieurs bibliothèques: une à -Trianon, dont le catalogue a été -publié, par Louis Lacour, sous le -titre: <i>Livre du boudoir de la reine -Marie-Antoinette</i>, Paris, Gay, 1862, -in-16. Un inventaire de cette -même bibliothèque, dressé par -ordre de la Convention, a été publié, -d'après le manuscrit de la -Bibliothèque de l'Arsenal, par -Paul Lacroix sous ce titre: <i>Bibliothèque -de la reine Marie-Antoinette -au petit Trianon</i>. Les livres en -furent déposés, en 1800, à la Bibliothèque -publique de Versailles, et -les doubles vendus, en vertu d'une -délibération du Conseil Municipal -de cette ville. Un autre catalogue -<span class="pagenum"><a id="Page_126"> 126</a></span> -manuscrit en existe à la Bibliothèque -nationale.</p> - -<p>L'autre bibliothèque de Marie-Antoinette -était aux Tuileries. Les -livres en portaient, presque tous, -soit au dos, soit sur les plats, au -bas des armes, les initiales couronnées -C. T. Ils furent transportés, -en 1793, à la Bibliothèque -nationale, où ils sont aujourd'hui.</p> - -<p>Le catalogue en avait été dressé. -Il forme un volume manuscrit, -conservé à la Bibliothèque nationale, -sous le n<sup>o</sup> 13001, du fonds -français. Il comprend 146 pages -in-4<sup>o</sup>, relié en veau brun marbré, -fil. Les armes, aux deux écussons -accolés de France et d'Autriche -surmontés de la couronne royale, -ont été grattées. Sur le titre -intérieur: <i>Catalogue des livres de -la Reine</i>, les mots <i>la Reine</i> ont été -grattés. Dans une espèce d'avertissement -placé au commencement -de ce catalogue, on lit:</p> - -<p class="blockquote">Le catalogue suivant n'a d'autre -objet que de procurer [à la Reine] la -facilité de mettre le doigt sur chaque -<span class="pagenum"><a id="Page_127"> 127</a></span> -livre sans être obligé de les chercher. -J'en écarterai donc toutes les -divisions et subdivisions qui pourraient -l'embarrasser. Il s'agit simplement -de guider ses yeux.</p> - -<p>On y trouve de précieux renseignements -sur la manière dont la -bibliothèque de la reine était -disposée.</p> - -<p class="blockquote">Son cabinet de livres, y lit-on, est -composé de dix armoires séparées -chacune par une cloison, et chaque -armoire contient huit tablettes ou -rayons. Chaque armoire est marquée -par une lettre de l'alphabet à commencer -par celle que Sa Majesté a -à sa main gauche en passant la porte -par laquelle elle va de sa chambre -dans sa bibliothèque. Cette armoire -est désignée par la lettre A. Celle qui -se trouve à droite de la même porte -est l'armoire B, et ainsi de suite en -faisant le tour jusqu'à la lettre K.</p> - -<p>Ce catalogue est divisé en deux -parties, la première où les livres -sont inscrits par ordre de matière, -la seconde par ordre alphabétique. -Nous voyons que les divisions de -<span class="pagenum"><a id="Page_128"> 128</a></span> -l'ordre par matière avaient été -faites par le roi lui-même. «Pour -ces divisions, lisons-nous, on a -suivi celles que le roi a indiquées -lui-même, en faisant le premier -arrangement des livres qui a -épargné au bibliothécaire plus de -la moitié de son travail.»</p> - -<p>Les divisions sont au nombre -de quatre: Religion, Histoire, -Arts, Belles-Lettres.</p> - -<p>La division de la Religion comprenait -d'abord 53 articles, qui, -plus tard, ont été portés à 69; -l'Histoire, 140; les Sciences et Arts, -60; les Belles-Lettres, 93. Dans -cette dernière division nous remarquons:</p> - -<p class="blockquote"> -<i>Les Femmes illustres</i>, de Scudéry, -ms. in-fol.; <i>les Principales aventures -de don Quichotte</i>, représentées en -31 figures par Coypel, Picart, in-fol.; -<i>la Princesse de Clèves, Zaïde</i>, par -M<sup>me</sup> de La Fayette; <i>les Aventures de -Télémaque</i>; <i>les Mémoires du chevalier -de Grammont</i>, par Hamilton; <i>Gil Blas</i>, -de Le Sage; <i>les Contes Moraux</i>, de -Marmontel; de l'abbé Prévost, ses -<span class="pagenum"><a id="Page_129"> 129</a></span> -<i>Mémoires pour servir à l'histoire de -la vertu</i>; presque tous les romans -de M<sup>me</sup> Riccoboni: <i>Fanny Butler</i>, <i>Miss -Jenny</i>, <i>Juliette Catesby</i>, <i>la comtesse -de Sancerre</i>, <i>Histoire du marquis de -Cressy</i>; de Richardson, <i>Clarisse</i>, <i>Grandisson</i>; -de Fielding, <i>Tomes Jones</i>, -<i>Amélie</i>; <i>Gulliver</i>, de Swift; <i>Robinson -Crusoé</i>; <i>les Contes de fées</i> de M<sup>me</sup> -d'Aulnoy; tous nos écrivains de -théâtre, et la traduction de Shakespeare -par Letourneur.</p> - -<p>Il faut rapprocher de Marie-Antoinette, -sa belle sœur, Madame -Elisabeth, unie avec la reine de -France dans la même tragique -destinée. De dix ans plus jeune -que Louis XVI, dernière des cinq -enfants du Dauphin et de la princesse -Josèphe de Saxe, Madame -Elisabeth avait reçu une éducation -sévère, sous la surveillance de la -comtesse de Marsan, gouvernante -des Enfants de France, et surtout -de la baronne de Mackau, sous-gouvernante. -C'est à leurs soins -patients que fut due la transformation -qui eut lieu dans le caractère -<span class="pagenum"><a id="Page_130"> 130</a></span> -de la jeune princesse, née -emportée et violente: ce fut une -répétition de ce qu'autrefois Fénelon -avait fait pour le duc de Bourgogne. -Et l'on ne peut s'empêcher -de penser qu'en réformant ainsi -la nature, l'éducation n'ait contribué -à affaiblir dans les derniers -Bourbons une énergie que les -circonstances politiques allaient -rendre si nécessaire. Moins vertueux, -Louis XVI eut sans doute -été un meilleur roi. Toutefois il -est juste de dire, en ce qui concerne -Madame Elisabeth, que si -l'éducation en fit la plus vertueuse -des princesses, elle laissa subsister -en elle une énergie qu'on aurait -souhaitée à son frère. Elle reçut -de Guillaume Le Blond des leçons -d'histoire et de géographie, suivit -même assidûment les cours de -physique de l'abbé Nollet. Le D<sup>r</sup> -Le Monnier, médecin des Enfants -de France, et le D<sup>r</sup> Dassy lui -apprirent la botanique, dans les -longues excursions qu'ils faisaient -avec elle dans la forêt de Fontainebleau -<span class="pagenum"><a id="Page_131"> 131</a></span> -pendant les séjours de la -cour dans cette résidence royale. -La fille de la célèbre M<sup>me</sup> Geoffrin, -la marquise de la Ferté-Imbault, -lui avait donné un goût très vif -pour Plutarque, en composant -pour elle une analyse des <i>Vies des -hommes illustres</i>.</p> - -<p>Devenue, à quatorze ans (1778), -maîtresse de ses actions, elle -s'était arrangé dans sa maison de -Montreuil, près de Versailles, une -vie toute d'étude et de charité -pratique. Elle a pour «secrétaire -ordinaire et de cabinet, Chamfort -l'académicien; pour page, ce jeune -Adalbert de Chamisso de Boncourt, -que l'émigration jettera en -Allemagne, et qui écrira plus -tard le roman de <i>Pierre Schlemihl</i> -(1814). Madame Elisabeth aima les -livres; ceux de sa bibliothèque -étaient élégamment reliés, timbrés -d'un écusson en losange aux -armes de France, surmonté d'une -couronne ducale. La Bibliothèque -de l'Arsenal en possède un, <i>l'Office -de Saint-Symphorien</i>, qui rappelle -<span class="pagenum"><a id="Page_132"> 132</a></span> -les habitudes pieuses de la jeune -princesse, et qui a dû l'accompagner -bien souvent dans ses visites -à sa paroisse. Cette église de Saint-Symphorien -était celle de Montreuil: -église très simple, assez -laide, au style de temple grec, -surmontée d'une sorte de pigeonnier -carré, où sonnait une unique -cloche, dont Madame Elisabeth -avait été la marraine. Comme la -maison de Montreuil n'avait pas -de chapelle, la princesse s'y rendait -à pied par les ruelles, souvent «par -une crotte indigne», car l'accès -en était difficile aux carrosses. -C'est à propos de cette église -qu'elle écrivait à M<sup>me</sup> de Raigecourt, -le lundi de Pâques: «J'ai -l'air d'une vraie campagnarde: -c'est que je suis à Montreuil -depuis midi. J'ai été à vêpres -à la paroisse. Elles sont aussi -longues que l'année dernière, et -ton cher vicaire chante <i>O Filii</i> -d'une manière aussi agréable. -Des Essarts a pensé éclater, et -moi de même.»</p> - -<p><span class="pagenum"><a id="Page_133"> 133</a></span> -Les seules fêtes de la résidence -de Montreuil, nous ne voulons -pas dire le château, étaient celles -de l'étude et de l'amitié. Entre -M<sup>me</sup> de Mackau et son vieux -maître Le Monnier, qui tous deux -avaient une habitation voisine, -la princesse passait des heures -délicieuses. Le Monnier, raconte -M<sup>me</sup> d'Armaillé, associait Madame -Elisabeth à ses recherches de -botanique dans son jardin, à ses -expériences de physique dans son -cabinet. Le jeune Chamisso y -assistait souvent à la suite de la -princesse, et il en acquit des -connaissances qui, plus tard, ne -furent pas inutiles à sa carrière -et à sa réputation. Chez elle nous -voyons souvent Madame Elisabeth -occupée à de vrais plaisirs de -bibliophile. Plus d'une de ses -matinées sont occupées à ranger -ses livres. «Ma bibliothèque est -presque finie, écrit-elle à M<sup>me</sup> de -Raigecourt, les tablettes se placent; -tu n'imagines pas quel joli -effet font les livres.»</p> - -<div class="section"> -<p class="subh"><span class="pagenum"><a id="Page_134"> 134</a></span> -IX</p> -</div> - -<p>Caroline de Bourbon, fille du -roi François I<sup>er</sup>, roi de Naples, -qui, en 1816, à dix-huit ans épousa -le duc de Berry, clôt dignement -cette liste des princesses de Bourbon -bibliophiles. D'un esprit très -vif, très naturel, aimant les lettres -et les arts, la duchesse de Berry, -même après l'assassinat de son -mari, en 1820, resta la protectrice -des artistes et des gens de lettres. -Sa collection de tableaux, et la -collection de livres qu'elle s'était -formée au château de Rosny, -furent également célèbres. Les -événements de 1830 les dispersèrent -l'une et l'autre.</p> - -<p>La bibliothèque du château de -Rosny fut une des mieux -choisies, des plus élégantes, par -ses exemplaires et par ses reliures, -que l'on ait comptées dans la -première moitié de ce siècle. Les -livres en étaient presque tous -timbrés sur le plat recto aux -armes de la duchesse: <i>de France</i> -<span class="pagenum"><a id="Page_135"> 135</a></span> -<i>à la bordure engrêlée de gueules -qui est de Berry, accolé des Deux-Sicile</i>; -sur le plat verso, de son -chiffre C couronné. La vente en -eut lieu du 20 février au 23 -mars 1837, dans la salle de la -galerie de Bossange père, rue de -Richelieu 60. Le <i>Catalogue</i><a id="FNanchor_3" href="#Footnote_3" class="fnanchor"> [3]</a>, où -figurent, sur la feuille de titre, les -armes de la Duchesse, très finement -gravées en taille douce, -entourées de la cordelière des -veuves et de deux branches de lis, -comprend 2,578 numéros pour les -livres, et 74 pour les estampes. -La théologie y forme 141 articles, -la jurisprudence 36, les sciences -et arts 445, les belles-lettres 565, -<span class="pagenum"><a id="Page_136"> 136</a></span> -l'histoire 1,163, les manuscrits 86, -les lettres autographes 54.</p> - -<p>L'auteur de la préface considère -comme «superflu» l'éloge de cette -bibliothèque, où «chaque article -annonce presque toujours le plus -bel exemplaire, enrichi de gravures, -de portraits, ou d'une riche -et élégante reliure. Les manuscrits -doivent exciter la curiosité -à un très haut degré. Depuis -plus de 30 ans, ajoute-il, il ne s'était -pas présenté de collection aussi -précieuse, sous le rapport de l'antiquité -historique; une grande -partie de ces richesses ont été -recueillies par le célèbre Pithou.»</p> - -<div class="blockquote"> -<p>Parmi les livres, on remarquait un -<i>Rituel de l'Abbaye royale de Saint-Germain -des Prés</i>, ms. sur vélin, pet. in-fol., -offert à Anne d'Autriche dont il -porte les armes; les <i>Roses</i> représentées -en 170 dessins originaux de -Redouté, peintes sur peau vélin, renfermées -en six portefeuilles gr. in-fol., -qui avaient coûté trente mille francs; -l'<i>Herbier de l'amateur</i>, par Mordant -de Launoy et Loiseleur Des Longchamps, -<span class="pagenum"><a id="Page_137"> 137</a></span> -avec 526 dessins originaux -de Bessa, sur beau vélin, en six étuis; -la collection d'estampes, connue sous -le nom de <i>Cabinet du roi</i>, 24 vol. in-fol., -épreuves de choix et de la plus -parfaite conservation; <i>Peintures Persanes -et Mongoles</i>, représentant des -costumes, rel. orientale; les <i>Poésies -de Malherbe</i>, Didot, 1777, in-4<sup>o</sup>, exemplaire -unique, sur vélin; une -curieuse collection de romans du -commencement du XIX<sup>e</sup> siècle, en -éditions originales (330 numéros).</p> - -<p>Des manuscrits, nous mentionnerons -seulement le <i>Code Théodosien</i>, -ms. du VI<sup>e</sup> siècle, qu'une note de -F. Pithou dit avoir servi à Cujas -pour sa publication des Codes; le -<i>Roman de la Rose</i>, ms. sur vélin, -du XIII<sup>e</sup> siècle; le <i>Roman de Gaides</i>, -en vers, ms. de la fin du XIII<sup>e</sup> siècle.</p> -</div> - -<p>Dans un tome des <i>Œconomies -Royales</i> de Sully, édition originale -imprimée à Sully, se trouvait cette -note de la main de la duchesse de -Berry:</p> - -<div class="blockquote"> -<p>Le procédé de la Cour a certainement -quelque chose de bien singulier. -<span class="pagenum"><a id="Page_138"> 138</a></span> -Ce serait un mystère absolument -incompréhensible si l'on ne -sçavait dans quelles variations est -capable de se jetter un prince livré -à l'irrésolution, à la timidité et à la -paresse. En matière d'Etat rien n'est -pire que cet esprit d'indécision. Il ne -faut, dans les conjonctures difficiles, -tout abandonner ni tout refuser au -hasard, mais après avoir choisi un -but par les réflexions sages et froides, -il faut que toutes les démarches qu'on -fait décident à y parvenir.</p> - -<p>Le défaut de tous les esprits qui -n'ont jamais embrassé que de petites -et frivoles intrigues et, en général, de -tous ceux qui ont plus de vivacité -que de jugement, est de se représenter -ce qui est proche de manière -à s'en laisser éblouir, et de ne voir -ce qui est loin qu'au travers d'un -nuage.</p> -</div> - -<p>Quelques livres, ayant appartenu -à sa fille, Louise-Marie-Thérèse -d'Artois, née en 1819, -appelée jusqu'en 1830 Mademoiselle, -et mariée, en 1845, à -Charles III, duc de Parme, étaient -timbrés de l'écusson en losange: -<span class="pagenum"><a id="Page_139"> 139</a></span> -<i>de France, à la bordure crénelée de -gueules</i>.</p> - -<p>Quelques années avant la mort -de la duchesse en 1870, eut lieu -une seconde vente de manuscrits -lui ayant appartenu.<a id="FNanchor_4" href="#Footnote_4" class="fnanchor"> [4]</a> Cette -collection avait été distraite de la -première, et ne comprenait que -35 articles. La vente produisit -98,075. Un seul <i>Livre d'heures</i> fut -adjugé au prix de 60,000 francs -pour le Musée des Souverains.</p> - -<div class="section"> -<p class="subh">X</p> -</div> - -<p>Le temps et plus encore les -révolutions, ont détruit ou dispersé -ces richesses. Ce qui en -reste dans nos grands dépôts -littéraires est, sauf un petit -nombre, comme noyé et perdu -dans la foule des livres vulgaires. -Il est cependant un lieu privilégié, -où l'on peut encore se faire une -idée de ces belles collections -<span class="pagenum"><a id="Page_140"> 140</a></span> -royales, dont les débris sont aussi -précieux par les souvenirs historiques -qui s'y rattachent que -pour l'histoire de cet art de la -reliure qui atteignit en France -une si admirable perfection. Nous -voulons parler de Versailles. C'est -à la bibliothèque de la ville de -Versailles, si heureusement installée -dans l'ancien Hôtel du -Dépôt des papiers de la guerre, -de la marine et des affaires -étrangères, bâti de 1761 à 1762 par -le père du maréchal Berthier, -qu'il faut aller pour avoir une -idée de ce que pouvaient être les -collections littéraires des princes -de la maison de France. Cette -Bibliothèque, en effet, est en grande -partie composée des bibliothèques -privées du Roi, des princes et -princesses de la famille royale, qui -se trouvaient dans les appartements -du château à l'époque de la -Révolution.</p> - -<div class="figcenterb"> -<img src="images/150.jpg" width="150" height="73" alt="" /> -</div> - - -<div class="chapter"> -<p><span class="pagenumh"><a id="Page_141"> 141</a></span></p> -<h2 class="normal">TABLE</h2> -</div> -<div class="figcentert"> -<img src="images/005.jpg" width="295" height="60" alt="" /> -</div> - -<table id="ToC" summary="contents"> -<tr> -<td class="tdl"><span class="smallc">Avant-propos</span></td> -<td class="tdr">I</td> -</tr> -<tr> -<td class="tdl"><span class="smallc">Rois et princes</span></td> -<td class="tdr">1</td> -</tr> -<tr> -<td class="tdl"><span class="smallc">Reines et Princesses</span></td> -<td class="tdr">63</td> -</tr> -</table> - -<div class="figcenterb"> -<img src="images/008.jpg" width="120" height="79" alt="" title="" /> -</div> - -<div class="figcenterb"> -<img src="images/153.jpg" width="35" height="18" alt=""/> -</div> -<p><span class="pagenumh"><a id="Page_142"> 142</a></span> -<span class="pagenumh"><a id="Page_143"> 143</a></span></p> - -<p class="end"><span class="medium"><i>Achevé d'imprimer</i></span><br /> -<span class="medium">Le huit juillet mil neuf-cent-un</span><br /> -<span class="xs">PAR</span><br /> -<span class="cap">F</span><span class="smallc">RÉDÉRIC</span> <span class="cap">E</span><span class="smallc">MPAYTAZ</span><br /> -<i><span class="medium">A VENDOME</span></i></p> - -<div class="figcentert"> -<img src="images/153b.jpg" width="35" height="18" alt="" /> -</div> - -<p><span class="pagenumh"><a id="Page_144"> 144</a></span> -<span class="pagenumh"><a id="Page_145"> 145</a></span> -<span class="pagenumh"><a id="Page_146"> 146</a></span></p> - -<div class="chapter"> -<div class="footnotes"> -<h2 class="normal">NOTES:</h2> -<div class="footnote"> - -<p><a id="Footnote_1" href="#FNanchor_1" class="label">[1]</a> On trouve dans l'excellent <i>Guide du -Libraire antiquaire et du Bibliophile</i>, Ed. Rouveyre, -1885, in-8, de remarquables imitations, -par Capé, de reliures aux armes royales de -Louis XIII. Il faut aussi signaler, du même -éditeur, les autres publications relatives à -l'histoire de la reliure: <i>la Reliure ancienne</i>, -avec introduction par G. Brunet, <i>la Reliure -moderne</i>, d'Octave Uzanne, rédacteur en chef -du <i>Livre</i>, <i>la Reliure de luxe</i>, par L. Derôme, -et <i>les Reliures d'art de la Bibliothèque nationale</i>, -par Henri Bouchot.</p> - -<p><a id="Footnote_2" href="#FNanchor_2" class="label">[2]</a> Voir sur cette librairie de Jean, duc de -Berry: Le Laboureur, <i>Histoire de Charles V</i>, -p. 75; Barrois, <i>Bibliothèque protypographique</i>, -1830; comte de Bastard, <i>Librairie de Jean de -France, duc de Berry</i>; P. Paris, <i>Bulletin du -bibliophile</i>, 1837; Douët d'Arcq, <i>Revue archéologique</i>, -t. VII; Hiver de Beauvoir, <i>Trésor de la -Sainte Chapelle de Bourges</i>, 1855, et <i>la Librairie -de Jean, duc de Berry, au château de Mehun-sur-Yèvre</i>, -1860; surtout M. Léopold Delisle, -<i>Bibliothèque de l'Ecole des Chartes</i>, 4<sup>e</sup> série, -t. II, et le <i>Cabinet des manuscrits</i>, t. I, p. 56.—Beaucoup -des manuscrits du duc de Berry -étaient ornés de ses armes: <i>de France à la -bordure engrêlée de gueules</i>; de sa devise: -<i>Le Temps venra</i>, et de son chiffre, formé d'un -V et d'un E enlacés.</p> - -<p><a id="Footnote_3" href="#FNanchor_3" class="label">[3]</a> Catalogue de la riche bibliothèque de -Rosny, dans laquelle se trouvent les grands -et beaux ouvrages à figures, tant anciens que -modernes, publiés en France, en Angleterre, -et en Italie, dont plusieurs sur peau de vélin, -avec les dessins originaux (exemplaires uniques), -une collection de quatre-vingt-dix -manuscrits très précieux et de la plus haute -antiquité, dont la vente aura lieu... par le -ministère de M<sup>e</sup> Bataillard. <i>Paris, Bossange -père, Techener et Bataillard</i>, in-8<sup>o</sup> de 264 -pages.</p> - -<p><a id="Footnote_4" href="#FNanchor_4" class="label">[4]</a> <i>Catalogue des manuscrits très précieux -des XIII<sup>e</sup> et XVII<sup>e</sup> siècles composant la collection -de M<sup>me</sup> la duchesse de B***</i> (par M. Paul Meyer), -<i>dont la vente aura lieu le mardi 22 mars 1864</i>; -Paris, in-8, de 36 pp.</p> - </div> -</div> -</div> - -<p class="ad"><span class="xs">Collection du Bibliophile Parisien</span><br /> -<span class="small">OUVRAGES PARUS:</span><br /> -<span class="medium"><b>Les Mystifications de Caillot-Duval</b></span><br /> -<span class="small">par <b>LOREDAN-LARCHEY</b></span><br /> -<i><span class="xs">Choix de ses lettres les plus amusantes avec les réponses de ses victimes</span></i><br /> -<i><span class="xs">1 vol. in-18 tiré à 375 exemplaires numérotés et signés</span></i></p> -<table id="pub1" summary="contents"> -<tr> -<td class="tdl"><span class="small">10 ex. Japon imp. de Tokio (A à J)</span></td> -<td class="tdr"><span class="small"><b>10</b> fr.</span></td> -</tr> -<tr> -<td class="tdl"><span class="small">5 ex. Chine (K à O)</span></td> -<td class="tdr"><span class="small"><b>8</b> fr.</span></td> -</tr> -<tr> -<td class="tdl"><span class="small">10 ex. Hol. de Van Gelder Zonen (P à Y)</span></td> -<td class="tdr"><span class="small"><b>6</b> fr.</span></td> -</tr> -<tr> -<td class="tdl"><span class="small">350 ex. sur bel alfa vergé (1 à 350)</span></td> -<td class="tdr"><span class="small"><b>4</b></span> fr.</td> -</tr> -</table> - -<hr /> -<p class="ad"><span class="xlarge">LA SEINE ET LES QUAIS</span><br /> -<span class="xs"><i>Promenades d'un Bibliophile</i></span><br /> -<span class="xs">Par <b>Gabriel HANOTAUX</b></span><br /> -<span class="xxs">de l'Académie Française</span><br /> -<span class="xxs">1 vol. in-18 avec une eau-forte de</span><br /> -<span class="xs"><b>A. Robida</b></span><br /> -<span class="xxs"><i>Tiré à 375 exemplaires—Tous les exemplaires de luxe sont souscrits.</i></span><br /> -<span class="xxs"><i>Il ne reste que quelques exemplaires sur alfa vergé à <b>5</b> fr.</i></span></p> - -<hr /> -<p class="ad"><span class="large">Petit Essai de <b>Bibliothérapeutique</b></span><br /> -<span class="xs"><i>ou l'Art de soigner et restaurer les livres vieux ou malades</i></span><br /> -<span class="medium">par <b>R. YVE-PLESSIS</b></span><br /> -<span class="xxs">1 vol. in-18, tiré à 250 exemplaires numérotés et signés</span><br /> -<span class="xxs"><i>L'édition est entièrement épuisée</i></span></p> - -<hr /> -<p class="ad"><span class="large"><b>Bibliographe raisonnée de l'Argot et de la langue Verte</b></span><br /> -<span class="xs">en France du XV<sup>e</sup> au XX<sup>e</sup> siècle</span><br /> -<span class="medium">par <b>R. YVE-PLESSIS</b></span><br /> -<span class="xxs">Préface de <b>Gaston Esnault</b></span><br /> -<span class="xxs">Illustré de 8 planches hors texte.</span><br /> -<span class="xxs">1 vol. in-8<sup>o</sup>, tiré à 275 exemplaires numérotés et signés</span></p> - -<table id="pub2" summary="contents"> -<tr> -<td class="tdl"><span class="small">10 ex. Jap. imp. de Tokio (A à J)</span></td> -<td class="tdr"><span class="small"><b>20</b> fr.</span></td> -</tr> -<tr> -<td class="tdl"><span class="small">5 ex. Chine (K à O)</span></td> -<td class="tdr"><span class="small"><i>épuisés</i></span></td> -</tr> -<tr> -<td class="tdl"><span class="small">10 ex. Hol. Van Gelder Zonen (P à Y)</span></td> -<td class="tdr"><span class="small"><i>épuisés</i></span></td> -</tr> -<tr> -<td class="tdl"><span class="small">250 ex. sur alfa vergé</span> (1 à 250)</td> -<td class="tdr"><span class="small"><i>épuisés</i></span></td> -</tr> -</table> - - -<hr /> -<p class="ad"><span class="medium">EN PRÉPARATION dans la même COLLECTION:</span><br /> -<span class="large">Clavel d'Haurimonts</span><br /> -<span class="xs"><i>Un ancêtre des poètes montmartrois</i></span><br /> -<span class="medium">par <b>Virgile JOSZ</b></span><br /> -<span class="xs">1 volume in-18, tiré à 375 exemplaires, numérotés et signés <b>4</b> fr.</span></p> - -<hr /> -<p class="ad"><span class="large">Bibliographie de la Presse Parisienne</span><br /> -<span class="medium"><i>A LA FIN DU SECOND EMPIRE</i></span><br /> -<span class="medium">par <b>Maurice TOURNEUX</b></span><br /> -<span class="xs"><i>Illustré de 8 planches hors texte</i></span><br /> -<span class="xs">1 vol. in-8<sup>o</sup>, tiré à 375 exemplaires numérotés et signés</span></p> - -<table id="pub3" summary="contents"> -<tr> -<td class="tdl"><span class="small">10 ex. Jap. imp. de Tokio (A à I)</span></td> -<td class="tdr"><span class="small"><b>20 00</b> fr.</span></td> -</tr> -<tr> -<td class="tdl"><span class="small">5 ex. Chine (K à O)</span></td> -<td class="tdr"><span class="small"><b>15 20</b> fr.</span></td> -</tr> -<tr> -<td class="tdl"><span class="small">10 ex. Hol. Van Gelder Zonen (P à Y)</span></td> -<td class="tdr"><span class="small"><b>12 00</b> fr.</span></td> -</tr> -<tr> -<td class="tdl"><span class="small">350 ex. sur alfa vergé (1 à 350)</span></td> -<td class="tdr"><span class="small"><b>7</b> 50 fr.</span></td> -</tr> -</table> - -<hr /> -<p class="ad"><span class="large">MONTMARTRE</span> <span class="small">et ses</span> <span class="large">CHANSONS</span><br /> -<span class="xs">Poètes et Chansonniers – Cabarets et Théâtricules</span><br /> -<span class="medium">par <b>Léon de BERCY</b></span><br /> -<span class="xs"><i>illustré de 4 planches hors texte</i></span><br /> -<span class="xs">1 vol. in-18, tiré à 375 exemplaires numérotés et signés</span></p> - -<table id="pub4" summary="contents"> -<tr> -<td class="tdl"><span class="small">10 ex. Japon impérial(A à S)</span></td> -<td class="tdr"><span class="small"><b>10</b> fr.</span></td> -</tr> -<tr> -<td class="tdl"><span class="small">5 ex. Chine (K à O)</span></td> -<td class="tdr"><span class="small"><b>8</b> fr.</span></td> -</tr> -<tr> -<td class="tdl"><span class="small">10 ex. Hol. Van Gelder Zonen (P à Y)</span></td> -<td class="tdr"><span class="small"><b> 6</b> fr.</span></td> -</tr> -<tr> -<td class="tdl"><span class="small">350 ex. sur bel alfa vergé (1 à 350)</span></td> -<td class="tdr"><span class="small"><b> 4</b> fr.</span></td> -</tr> -</table> - -<p class="ad"><span class="large">LE RESPECT DES LIVRES</span><br /> -<span class="medium"><i>MEMENTO DU BIBLIOPHILE</i></span><br /> -<span class="medium">par <b>R. YVE-PLESSIS</b></span><br /> -<span class="xs"><i>Avec un frontispice en couleur</i></span><br /> -<span class="xs">1 vol. in-18, tiré à exemplaires numérotés et signés</span></p> - -<p class="ad"><i><span class="xs">Pour paraître incessamment, le 1<sup>er</sup> volume de la</span></i><br /> -<span class="large">Bibliothèque du Vieux Paris</span><br /> -<span class="xs"><i>On peut souscrire à tous les volumes à paraître en ces collections</i></span><br /> -<span class="signature small">Imp. A. Gautherin Paris</span></p> - - - - - - - - - -<pre> - - - - - -End of Project Gutenberg's Les Bourbons bibliophiles, by Eugène Asse - -*** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LES BOURBONS BIBLIOPHILES *** - -***** This file should be named 53634-h.htm or 53634-h.zip ***** -This and all associated files of various formats will be found in: - http://www.gutenberg.org/5/3/6/3/53634/ - -Produced by Clarity, Hélène de Mink, and the Online -Distributed Proofreading Team at http://www.pgdp.net (This -file was produced from images generously made available -by The Internet Archive/Canadian Libraries) - - -Updated editions will replace the previous one--the old editions will -be renamed. - -Creating the works from print editions not protected by U.S. copyright -law means that no one owns a United States copyright in these works, -so the Foundation (and you!) can copy and distribute it in the United -States without permission and without paying copyright -royalties. 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Redistribution is subject to the -trademark license, especially commercial redistribution. - -START: FULL LICENSE - -THE FULL PROJECT GUTENBERG LICENSE -PLEASE READ THIS BEFORE YOU DISTRIBUTE OR USE THIS WORK - -To protect the Project Gutenberg-tm mission of promoting the free -distribution of electronic works, by using or distributing this work -(or any other work associated in any way with the phrase "Project -Gutenberg"), you agree to comply with all the terms of the Full -Project Gutenberg-tm License available with this file or online at -www.gutenberg.org/license. - -Section 1. General Terms of Use and Redistributing Project -Gutenberg-tm electronic works - -1.A. By reading or using any part of this Project Gutenberg-tm -electronic work, you indicate that you have read, understand, agree to -and accept all the terms of this license and intellectual property -(trademark/copyright) agreement. 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It -exists because of the efforts of hundreds of volunteers and donations -from people in all walks of life. - -Volunteers and financial support to provide volunteers with the -assistance they need are critical to reaching Project Gutenberg-tm's -goals and ensuring that the Project Gutenberg-tm collection will -remain freely available for generations to come. In 2001, the Project -Gutenberg Literary Archive Foundation was created to provide a secure -and permanent future for Project Gutenberg-tm and future -generations. To learn more about the Project Gutenberg Literary -Archive Foundation and how your efforts and donations can help, see -Sections 3 and 4 and the Foundation information page at -www.gutenberg.org Section 3. Information about the Project Gutenberg -Literary Archive Foundation - -The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non profit -501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the -state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal -Revenue Service. The Foundation's EIN or federal tax identification -number is 64-6221541. Contributions to the Project Gutenberg Literary -Archive Foundation are tax deductible to the full extent permitted by -U.S. federal laws and your state's laws. - -The Foundation's principal office is in Fairbanks, Alaska, with the -mailing address: PO Box 750175, Fairbanks, AK 99775, but its -volunteers and employees are scattered throughout numerous -locations. Its business office is located at 809 North 1500 West, Salt -Lake City, UT 84116, (801) 596-1887. Email contact links and up to -date contact information can be found at the Foundation's web site and -official page at www.gutenberg.org/contact - -For additional contact information: - - Dr. Gregory B. Newby - Chief Executive and Director - gbnewby@pglaf.org - -Section 4. Information about Donations to the Project Gutenberg -Literary Archive Foundation - -Project Gutenberg-tm depends upon and cannot survive without wide -spread public support and donations to carry out its mission of -increasing the number of public domain and licensed works that can be -freely distributed in machine readable form accessible by the widest -array of equipment including outdated equipment. Many small donations -($1 to $5,000) are particularly important to maintaining tax exempt -status with the IRS. - -The Foundation is committed to complying with the laws regulating -charities and charitable donations in all 50 states of the United -States. 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Thus, we do not -necessarily keep eBooks in compliance with any particular paper -edition. - -Most people start at our Web site which has the main PG search -facility: www.gutenberg.org - -This Web site includes information about Project Gutenberg-tm, -including how to make donations to the Project Gutenberg Literary -Archive Foundation, how to help produce our new eBooks, and how to -subscribe to our email newsletter to hear about new eBooks. - - - -</pre> - -</body> -</html> diff --git a/old/53634-h/images/005.jpg b/old/53634-h/images/005.jpg Binary files differdeleted file mode 100644 index 3a55829..0000000 --- a/old/53634-h/images/005.jpg +++ /dev/null diff --git a/old/53634-h/images/008.jpg b/old/53634-h/images/008.jpg Binary files differdeleted file mode 100644 index 3a55829..0000000 --- a/old/53634-h/images/008.jpg +++ /dev/null diff --git a/old/53634-h/images/150.jpg b/old/53634-h/images/150.jpg Binary files differdeleted file mode 100644 index 2d4f5ac..0000000 --- a/old/53634-h/images/150.jpg +++ /dev/null diff --git a/old/53634-h/images/153.jpg b/old/53634-h/images/153.jpg Binary files differdeleted file mode 100644 index 80bbdbc..0000000 --- a/old/53634-h/images/153.jpg +++ /dev/null diff --git a/old/53634-h/images/153b.jpg b/old/53634-h/images/153b.jpg Binary files differdeleted file mode 100644 index e567f59..0000000 --- a/old/53634-h/images/153b.jpg +++ /dev/null diff --git a/old/53634-h/images/cover.jpg b/old/53634-h/images/cover.jpg Binary files differdeleted file mode 100644 index 144025b..0000000 --- a/old/53634-h/images/cover.jpg +++ /dev/null diff --git a/old/53634-h/images/lily.jpg b/old/53634-h/images/lily.jpg Binary files differdeleted file mode 100644 index 56c5a40..0000000 --- a/old/53634-h/images/lily.jpg +++ /dev/null |
