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-The Project Gutenberg EBook of Les Bourbons bibliophiles, by Eugène Asse
-
-This eBook is for the use of anyone anywhere in the United States and most
-other parts of the world at no cost and with almost no restrictions
-whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of
-the Project Gutenberg License included with this eBook or online at
-www.gutenberg.org. If you are not located in the United States, you'll have
-to check the laws of the country where you are located before using this ebook.
-
-
-
-Title: Les Bourbons bibliophiles
- Rois & Princes, Reines & Princesses
-
-Author: Eugène Asse
-
-Release Date: November 29, 2016 [EBook #53634]
-
-Language: French
-
-Character set encoding: UTF-8
-
-*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LES BOURBONS BIBLIOPHILES ***
-
-
-
-
-Produced by Clarity, Hélène de Mink, and the Online
-Distributed Proofreading Team at http://www.pgdp.net (This
-file was produced from images generously made available
-by The Internet Archive/Canadian Libraries)
-
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-Note sur la transcription: Les erreurs clairement introduites par le
-typographe ont été corrigées. L'orthographe d'origine a été conservée et
-n'a pas été harmonisée. Les mots et phrases imprimés en gras dans le
-texte d'origine sont marqués =ainsi=.
-
-
-
-
- LES
- BOURBONS BIBLIOPHILES
-
-
-
-
- Il a été tiré de cet ouvrage
-
- TROIS CENT SOIXANTE-QUINZE EXEMPLAIRES:
-
-
- 10 exempl. sur pap. du Japon (A à J).
- 5 exempl. sur pap. de Chine (K à O).
- 10 exempl. sur pap. de Hollande (P à Y).
- 350 exemplaires sur alfa vergé (1 à 350).
-
-
- Droits réservés pour tous pays y compris la
- Suède, la Norvège et le Danemark
-
-
-
-
- COLLECTION DU BIBLIOPHILE PARISIEN
-
- LES BOURBONS
- BIBLIOPHILES
-
- Rois & Princes
- Reines & Princesses
-
-
- PAR
-
- EUGÈNE ASSE
-
- Avant-propos
-
- PAR
-
- GEORGES VICAIRE
-
- [Illustration]
-
- _PARIS_
-
- HENRI DARAGON, LIBRAIRE
-
- 10, rue Notre-Dame de Lorette, 10
-
- 1901
-
-
-
-
-[Illustration: deco]
-
-
-_Eugène Asse, bibliothécaire à l'Arsenal, décédé il y a quelques mois à
-peine, était un passionné du livre. Il l'aimait de toutes les manières,
-sous toutes ses formes, pour ce qu'il contenait et pour sa décoration
-extérieure. Sa bibliothèque, généreusement léguée par lui à la ville de
-Versailles, formait, au point de vue de l'histoire comme à celui des
-lettres, un ensemble des plus importants et des mieux choisis. Mais s'il
-ne possédait point sur ses rayons des maroquins armoriés, de
-provenance célèbre, des reliures des Eve, des Ruette, des Le Gascon, des
-Derome et des Padeloup, des manuscrits précieux ou des estampes
-rares._--Non licet omnibus adire Corinthum--_du moins professait-il pour
-tous ces trésors un culte respectueux qui confinait à la dévotion. Il
-fallait voir Asse caresser amoureusement les plats d'une ancienne
-reliure, tourner les feuillets d'un volume, en examiner les armes ou
-l'ex-libris, son visage s'illuminait aussitôt. Et si, par hasard, quelque
-profane s'était permis, en sa présence, de manquer à un livre, vieil ou
-jeune, des égards qui lui sont dus, Asse devenait terrible, inexorable et
-le mécréant n'avait plus qu'à s'esquiver._
-
-_A cet amour du livre, mon regretté confrère joignait une érudition des
-plus solides et un goût fort délicat. Rien de notre littérature ou de
-notre histoire ne lui était étranger; le dix-huitième siècle surtout
-l'avait attiré; il le possédait à fond._
-
-_Nul plus qu'Eugène Asse, n'était donc qualifié pour écrire l'étude
-bibliophilique que M. H. Daragon vient de faire entrer dans sa
-«Collection du bibliophile parisien» et qui y trouve sa place naturelle._
-
-_Les_ Bourbons bibliophiles _parurent jadis dans une revue. Depuis,
-l'auteur des_ Petits Romantiques, _qui avait projeté de réunir ces
-intéressantes pages en volume, revisa, dans cette intention, son premier
-travail, le corrigea, le compléta de telle sorte que le livre
-d'aujourd'hui apparait, non seulement comme une première édition en
-librairie mais presque comme une édition originale. La mort n'a pas
-laissé le temps à Eugène Asse de réaliser lui-même son projet et c'est à
-moi qu'il appartient d'accomplir le vœu de celui qui fut mon
-collaborateur dévoué et mon ami fidèle._
-
-_La mission m'est d'autant plus douce à remplir que, tout en honorant la
-mémoire du consciencieux écrivain, je livre à ses confrères en
-bibliophilie une étude qui, j'en suis persuadé, ne manquera pas de les
-intéresser et de recueillir leurs suffrages._
-
- GEORGES VICAIRE.
-
-[Illustration: deco]
-
-
-ROIS ET PRINCES
-
-
-[Illustration: deco]
-
-
-On a compté les grands capitaines, les soldats valeureux que la maison de
-Bourbon a donnés à la France, depuis Pierre Ier, arrière-petit-fils de
-saint Louis, qui tomba à Poitiers, jusqu'à Jean II qui vengea son aïeul
-en battant les Anglais à Formigny; depuis ces deux ducs d'Enghien dont le
-jeune front fut illuminé l'un par la gloire de Rocroy, l'autre par celle
-de Cérisoles, jusqu'à l'aide de camp de Dumouriez à Valmy et au vainqueur
-d'Abd-el-Kader. Nous entreprenons une tâche bien différente, celle
-d'énumérer les bibliophiles que la maison de Bourbon posséda parmi ses
-princes. Ils sont presque aussi nombreux que les guerriers, et l'on peut
-dire que chez eux l'amour des livres le disputa à l'amour des armes,
-quand ces deux passions ne se partageaient pas également leur cœur.
-
-
-I
-
-Il faut remonter jusqu'au XIVe siècle, jusqu'aux anciens ducs de Bourbon,
-descendants immédiats de Robert de Clermont, pour trouver la première
-trace de l'amour que ces princes eurent de tout temps pour les livres.
-Dans la ville de Moulins, capitale de leur duché, ils avaient réuni de
-bonne heure une riche collection de livres, qui rivalisait avec celle que
-les rois de France de la maison de Valois commençaient, vers la même
-époque, à réunir eux-mêmes dans la grosse tour du Louvre. Nous voyons la
-femme de Louis Ier, Marie de Hainaut, morte en 1354, posséder déjà de
-beaux livres, et son nom se lit sur un manuscrit du roman de _Lancelot_
-que possède la Bibliothèque nationale. Mais le véritable fondateur de la
-bibliothèque des ducs de Bourbon à Moulins fut le petit-fils de cette
-princesse, Louis II, dit le Bon, qui mourut en 1410, et dont la sœur,
-Jeanne de Bourbon, épousa Charles V.
-
-Si Raoul de Presles, un contemporain, nous représente le roi de France
-«estudiant continuelement en divers livres et sciences», le chroniqueur
-Jean Cabaret nous montre son beau-frère, le duc de Bourbon, se faisant
-«lire à son disner continuelement les gestes des tres renommez princes
-jadis roys de France et d'autres dignes d'honneur». Laurent de
-Premier-fait, qui traduisit pour lui, et sur son désir, les deux traités
-de Cicéron sur la Vieillesse et sur l'Amitié, l'a loué «d'aimer et
-hanter les livres» autant que «les hommes raisonnables». D'autres
-auraient peut-être demandé au roi de France des fiefs et des seigneuries;
-lui, il lui demandait des livres; c'est ainsi, comme le constate M.
-Léopold Delisle dans son histoire du _Cabinet des manuscrits de la
-Bibliothèque nationale_, qu'il se fit donner par son neveu, Charles VI,
-dont il fut l'un des tuteurs, deux beaux volumes de la librairie du
-Louvre, un Tite-Live en 1392, et une Bible en 1397. Sous lui, la
-«librairie» de Moulins devint «l'une des plus belles et considérables» de
-l'époque. Elle était riche en «nombreux velins couverts de velours rouge
-et tanné, garnys de fermaux de leton, de boulhons et de carrees.»
-
-Le petit-fils de Louis II, Charles Ier, qui, bien qu'époux d'Agnès de
-Bourgogne, fille de Jean sans Peur, embrassa le parti du roi de France
-contre le parti bourguignon, contribua beaucoup à la paix d'Arras et
-mourut en 1456, a laissé un magnifique témoignage de son amour pour les
-livres. C'est le précieux armorial où sont figurés les blasons et les
-châteaux du Bourbonnais, de l'Auvergne et du Forez, et qu'il fit exécuter
-par son héraut Guillaume Revel.
-
-Jean II, son fils (1426-1488) et successeur, ne fut pas seulement célèbre
-par ses victoires de Formigny sur les Anglais, et de Gy sur le comte de
-Roucy, capitaine de Charles le Téméraire, qui vinrent puissamment en aide
-à la politique de Louis XI, dont il avait épousé la sœur, Jeanne de
-France; il aima aussi et protégea les savants.
-
- _Diligit et doctos doctior ipse viros_,
-
-dit un vers de Paulus Senilis. C'est pour lui que fut copié, vers 1480,
-le bel exemplaire de _la Danse des aveugles_ et de _l'Abusé en court_, où
-figurent vingt-trois écussons de la famille de Bourbon. N'étant encore
-que comte de Clermont, c'est-à-dire très jeune, il possédait déjà un
-beau manuscrit italien de _la Divine Comédie_.
-
-Deux frères du duc Jean II, Charles, cardinal de Bourbon, mort en 1488,
-et Louis, bâtard de Bourbon, amiral de France, mort en 1486, ont droit
-également au titre de bibliophiles: le premier par _la Complainte de la
-ville de Lyon_ et _l'Evangile grec_ qui porte sa devise: N'ESPOIR NE
-PEUR; le second, par une traduction des _Stratagèmes de Frontin_, et
-surtout par une _Vie de Jésus-Christ_, par Ludolfe, copiée par Gilles
-Richard, où se trouve un portrait de ce prince. (Bibl. nat., mss. franç.
-ancien fonds 177-179).
-
-Au duc Jean II, mort sans postérité légitime, succéda son frère Pierre
-II, sire de Beaujeu (1439-1503). L'époux un peu effacé de cette Anne de
-France, fille de Louis XI, si célèbre dans l'histoire sous le nom de dame
-de Beaujeu, fut un très délicat et très passionné bibliophile, s'il ne
-fut pas le plus grand politique de sa maison. Il enrichit sa «librairie»
-de Moulins de la collection remarquable des ducs de Nemours, qu'il avait
-achetée de Jean d'Armagnac, fils du décapité, avec les comtés de Murat et
-de Carlat, et, en 1467, à la mort de Philippe le Bon, duc de Bourgogne,
-son oncle maternel, il sut obtenir quelques manuscrits de la fameuse
-bibliothèque que ce prince avait formée à Bruges. «Les manuscrits qu'il
-faisait exécuter, dit M. Le Roux de Lincy, étaient aussi remarquables par
-la beauté des miniatures qui les décorent que par l'habileté des
-calligraphes qu'il employait.» Parmi ceux qui sont parvenus jusqu'à nous,
-il faut citer _l'Histoire universelle_, écrite en 1364 par Mathias du
-Rivau, et _les Antiquités_, de Joseph, illustrées de douze belles
-miniatures de Jehan Fouquet. Ce fut lui aussi qui plaça dans la
-«librairie» de Moulins une cinquantaine de volumes imprimés sur vélin «en
-molle», comme dit l'inventaire du temps, chefs-d'œuvre de la
-typographie naissante. Sur ses livres on voit son écusson aux armes de
-Bourbon, brisées d'un lionceau de sable sur la partie supérieure de la
-bande. Plusieurs aussi portent la devise: ESPÉRANCE, écrite de la main de
-son secrétaire François Robertet. C'est en sa personne que finit la
-lignée masculine de ces premiers ducs de Bourbon, dont le titre et les
-biens passèrent à la branche des Bourbons-Montpensier par le mariage de
-l'héritière de la branche aînée avec Charles III, comte de Montpensier.
-
-Le fameux connétable de Bourbon ne fut pas lui-même sans donner ses soins
-à l'accroissement de la bibliothèque de ses prédécesseurs, malgré les
-soucis et les mécomptes d'une politique qui devait lui être fatale.
-L'éducation très lettrée que lui fit donner la veuve de Pierre II, Anne
-de France, devenue plus tard sa belle-mère, par son mariage, en 1505,
-avec la fille de cette princesse, Suzanne de Bourbon, avait contribué
-sans doute à développer en lui ce goût délicat. Il fit exécuter pour son
-usage et pour celui de sa femme plusieurs manuscrits. C'est à lui que
-l'on doit probablement l'idée de ce _Recueil d'emblèmes, de proverbes,
-d'adages, d'allégories et de portraits, dessins à la gouache et en
-couleur, accompagnés de devises en prose et en vers_, que fit faire pour
-lui ce même François Robertet, secrétaire du défunt sire de Beaujeu,
-frère du fameux Florimond Robertet, ministre des rois Louis XII et
-François Ier, et qui fut lui-même, sous Charles VIII, secrétaire et
-bibliothécaire des rois de France.
-
-Au folio 139 recto de ce volume (Bibl. nat., F. La Vallière 44), on voit
-le portrait de Charles de Bourbon à cheval, armé de toutes pièces,
-galopant l'épée haute, tel qu'il était à la bataille d'Agnadel.
-
-Avant d'acquérir par son mariage la bibliothèque des ducs de Bourbon à
-Moulins, Charles de Bourbon possédait en propre celle que les comtes de
-Montpensier avaient réunie à leur château d'Aigueperse, et qui s'était
-elle-même enrichie de plusieurs volumes des comtes de Clermont et de
-Sancerre ornés de leurs armes: _au 1 et 4 d'or au dauphin d'azur; au 2 et
-3 d'azur à la bande d'argent côtoyée de deux cotices potencées et
-contre-potencées d'or, avec un lambel de gueules à trois pendant sur le
-tout_.
-
-L'on sait comment la révolte du connétable de Bourbon amena en 1523 la
-confiscation de ses biens. La «librairie» de Moulins fut comprise dans
-cette confiscation. Après avoir été soigneusement inventoriée par Pierre
-Antoine, commissaire du roi, en présence de Mathieu Espinette, chanoine
-de Moulins, garde des livres du duc de Bourbon, elle fut réunie à celle
-du roi, déposée alors au château de Fontainebleau. C'est de là que nous
-sont parvenus les soixante-seize manuscrits splendides que M. Léopold
-Delisle signale parmi ceux de la Bibliothèque nationale comme ayant
-appartenu aux anciens ducs de Bourbon.
-
-Aux Bourbons-Montpensier, descendants de Jean Ier, duc de Bourbon, et de
-Marie de Berry, éteints en la personne du connétable de Bourbon,
-succédèrent, comme chefs de la maison de Bourbon, les Bourbons-Vendôme,
-issus eux-mêmes de la branche des comtes de la Marche dont l'origine
-remontait à Louis Ier, premier duc de Bourbon, fils de Robert de
-Clermont. C'est de Charles de Bourbon, comte, puis duc de Vendôme en
-1515, mort en 1537, et de François d'Alençon, que descendent, par son
-fils Antoine de Bourbon, roi de Navarre, toutes les branches de Bourbon
-qui subsistent aujourd'hui, et par son autre fils, Louis de Bourbon,
-prince de Condé, les branches éteintes de Condé, de Soissons et de Conti.
-
-
-Les Bourbons-Vendôme, eux aussi, aimèrent les livres et en formèrent de
-belles collections. Telle fut celle du château de Vendôme, dont le
-domaine était entré dans leur maison, dès 1364, par Catherine, comtesse
-de Vendôme, femme de Jean Ier de Bourbon, comte de la Marche. Antoine de
-Bourbon, devenu roi de Navarre par son mariage avec Jeanne d'Albret,
-l'enrichit sans doute d'une partie des livres des anciens souverains de
-Béarn. Le Père Jacob, dans son _Traité des plus belles bibliothèques_,
-affirme en effet, après La Croix du Maine, que la bibliothèque des rois
-de Navarre «était autrefois conservée à Vendôme». Ce qui est certain,
-c'est que son frère, le célèbre cardinal de Bourbon que les ligueurs
-firent roi sous le nom de Charles X, et qui mourut en 1590, fut un des
-plus passionnés collectionneurs de livres du XVIe siècle. «Il a laissé,
-dit le même Père Jacob, cette mémoire à la postérité d'avoir été le plus
-grand amateur des gens de lettres et de livres qui fut en son temps.»
-
-Ses livres, qui étaient «excellemment reliés en maroquin», furent légués
-par lui, vers 1580, à la maison professe des Jésuites de la rue
-Saint-Antoine, qu'il avait lui-même établie sur l'emplacement de l'ancien
-hôtel d'Anville. Ils furent dispersés lors de la première expulsion des
-Jésuites en 1595. Son neveu, Charles III de Bourbon, deuxième cardinal de
-Bourbon, fils du premier prince de Condé, qui lui succéda sur le siège
-archiépiscopal de Rouen, et mourut en 1594, à trente-deux ans, n'aima pas
-moins passionnément les livres. Il fut le restaurateur de la belle
-bibliothèque formée au château de Gaillon par le cardinal d'Amboise. Ses
-livres étaient uniformément reliés en maroquin bleu ou rouge, la tranche
-dorée, sur le dos ses armes: _de France, au bâton péri en bande de
-gueules_, et un médaillon représentant un lis au naturel avec la devise:
-CANDORE SUPERAT ET ODORE.
-
-
-II
-
-L'avènement de Henri IV, chef de la maison de Bourbon, au trône de
-France, donne un caractère nouveau à l'amour des Bourbons pour les
-livres: c'est au profit de la France même que cette passion s'exerce. A
-la fin du règne de Charles IX, la bibliothèque formée à Fontainebleau par
-François Ier avait été rapportée à Paris, où elle courut de très grands
-dangers pendant les troubles de la Ligue. Dès le début de son règne,
-Henri IV porta sur elle sa sollicitude et la fit déposer dans le collège
-de Clermont, de la rue Saint-Jacques, abandonné par les Jésuites, puis
-installer en 1604, lors du rappel de ceux-ci, dans le cloître des
-Cordeliers. En 1609, il avait conçu le projet de lui consacrer une
-magnifique salle dans le nouveau collège de France qu'il voulait faire
-construire. Henri IV accrut beaucoup aussi la bibliothèque du collège des
-Jésuites de Lyon, si nous en croyons le Père Jacob. «La plus célèbre
-bibliothèque de la ville de Lyon, dit-il, est celle du collège des Pères
-Jésuites, qui pour la quantité de ses livres ne cède à beaucoup de
-France; car elle se peut vanter d'avoir plusieurs livres qui viennent de
-la libéralité du grand roy Henry IV.» Dans sa «librairie» particulière,
-Henri IV avait des livres nombreux et choisis, qu'il faisait luxueusement
-relier. Ils portaient tous, sur les plats, l'écu de France accolé de
-celui de Navarre, et au-dessous, soutenue de deux rinceaux, la lettre H
-couronnée; le tout entouré des colliers des ordres de Saint-Michel et du
-Saint-Esprit, et souvent surmonté d'une couronne royale.
-
-Si nous en croyions M. Édouard Fournier, Louis XIII aurait relié des
-livres de ses mains royales. Ce qui est certain, c'est qu'il aima les
-livres. Ceux qu'il posséda furent presque tous reliés en maroquin vert
-fleurdelisé par Clovis Eve, puis par Antoine Ruette. Dans l'écusson royal
-dont il sont marqués, l'H de Henri IV est remplacée par un L. Louis XIII,
-lorsqu'il rétablit la religion catholique en Béarn, fonda à Pau un
-couvent de capucins, auquel il donna «la très magnifique bibliothèque des
-roys de Navarre, ses prédécesseurs, qui sert, dit le Père Jacob, d'un
-rare ornement à ce couvent».
-
-Son frère, Gaston, duc d'Orléans, qui mourut à Blois, en 1660, à l'âge de
-cinquante-deux ans, après avoir cabalé toute sa vie, soit contre
-Richelieu, soit contre la régente, fut un excellent bibliophile tout en
-étant un très mauvais politique. Peut-être est-ce par repentir et amende
-honorable pour ses conspirations qu'il légua à son neveu, Louis XIV, «son
-cabinet plein de raretés de tout genre». Pour un bibliophile, un tel
-legs partait du cœur. En conséquence de sa libéralité, cinquante-trois
-de ces précieux manuscrits furent portés en 1667 à la Bibliothèque du
-roi.
-
-C'est au palais du Luxembourg, sa demeure, que Gaston avait réuni ce
-cabinet qui ne comprenait pas seulement des livres et des manuscrits,
-mais encore des médailles, des miniatures, des estampes, etc. Le Père
-Jacob en est émerveillé. Ce prince, dit-il, «donne de l'étonnement et de
-l'admiration à toute l'Europe, pour la connaissance qu'il a des médailles
-anciennes; et je puis dire de ce prince, sans flatterie, que ni Alexandre
-Sévère, empereur des Romains, ni Atticus, grand ami de Cicéron, ni le
-très docte Varron n'ont eu une connaissance desdites médailles comme lui;
-et sa curiosité ne se termine pas en icelles, mais encore dans la
-recherche des bons livres, desquels il orne sa très riche et splendide
-bibliothèque, qu'il a dressé depuis peu dans son hostel de Luxembourg, au
-bout de cette admirable gallerie où toute la vie de la feue reine Marie
-de Médicis a été dépeinte par l'excellent ouvrier Rubens. Or cette
-bibliothèque n'est pas seulement remarquable pour l'ornement de ses
-tablettes, qui sont toutes couvertes de velours verd, avec les bandes de
-même étoffe, garnies de passemens d'or, et les crespines de même: pour
-toute la menuiserie qui se void, elle est embellie d'or et de riches
-peintures. Mais outre cela, les livres sont de toutes les meilleures
-éditions qui se peuvent treuver; et quant à leur relieure, elle est toute
-d'une même façon, avec les chiffres de Son Altesse Réale[1]. Ce prince
-fait tous les jours une grande recherche des meilleurs livres qui se
-peuvent treuver dans l'Europe; donnant des mémoires pour ce sujet, par la
-sollicitation de M. Brunier, son médecin et bibliothécaire, qui travaille
-continuellement à la perfection de ce trésor des livres et des
-médailles.»
-
- [1] On trouve dans l'excellent _Guide du Libraire
- antiquaire et du Bibliophile_, Ed. Rouveyre, 1885, in-8, de
- remarquables imitations, par Capé, de reliures aux armes royales
- de Louis XIII. Il faut aussi signaler, du même éditeur, les
- autres publications relatives à l'histoire de la reliure: _la
- Reliure ancienne_, avec introduction par G. Brunet, _la Reliure
- moderne_, d'Octave Uzanne, rédacteur en chef du _Livre_, _la
- Reliure de luxe_, par L. Derôme, et _les Reliures d'art de la
- Bibliothèque nationale_, par Henri Bouchot.
-
-Gaston se plaisait aussi à faire exécuter en miniatures des objets
-d'histoire naturelle. Ce sont ces miniatures qui ont formé le fonds de la
-collection connue sous le nom de _Vélins du Muséum_, et transférée, en
-1793, de la Bibliothèque du Roi au Jardin des Plantes. La plupart de ses
-livres étaient reliés en veau, marqués de G couronnés.
-
-Le goût de Louis XIV pour les livres nous est surtout attesté par
-l'impulsion qu'il donna aux acquisitions qui furent faites sous
-son règne pour augmenter la Bibliothèque du roi, par les missions
-qui furent confiées à Vaillant, Monceaux, Laisné, Dipy, Wansleb,
-Lacroix, Cassini, Verjus, à Nointel, notre ambassadeur à
-Constantinople, très bien secondé par A. Galland, pour recueillir
-des livres et des manuscrits en Orient, en Grèce, en Italie, en
-Portugal. Mais pour lui comme pour Louis XV, comme pour Louis XVI,
-il est difficile de faire le départ entre le souverain et le
-particulier, et d'apprécier le bibliophile autrement que par les
-magnifiques reliures à ses armes qui figurent aujourd'hui dans nos
-bibliothèques publiques. Avec Louis XIV la reliure prit un
-caractère de simplicité majestueuse. Sur les livres marqués aux
-armes du roi, c'est-à-dire de France, il faut remarquer la large
-dentelle avec un simple filet sur les bords des plats. Son
-relieur le plus accrédité fut A. Ruette. Nous possédons cependant
-un témoignage de l'intérêt particulier que Louis XV prenait à
-orner et à accroître sa bibliothèque particulière. Vers 1766, nous
-le voyons acheter du duc de La Vallière plusieurs manuscrits qui
-devaient être portés à Trianon. Parmi ces manuscrits figurait le
-_Livre des tournois du roi René_ que le duc de La Vallière tenait
-du prince de Conti.
-
-Le grand Dauphin, fils de Louis XIV, posséda aussi, à Meudon, sa
-résidence, et à Versailles, une belle bibliothèque, dont Saint-Simon nous
-a raconté la vente à l'encan après sa mort, en 1711. Les reliures
-portaient les armes du Dauphin sur les plats, avec des L entrelacées et
-couronnées aux coins.
-
-Le père de Louis XV, ce jeune et charmant duc de Bourgogne, l'élève de
-Fénelon et l'espoir de la France, avait montré bien jeune encore un vrai
-penchant de bibliophile. Il s'intéressait beaucoup aux livres, aux
-manuscrits, aux sceaux et aux médailles. Gaignières se plaisait à lui
-communiquer ses découvertes, telles que celle d'un sceau de Louis le
-Gros, et son cabinet reçut, le 6 avril 1702, la visite de ce jeune
-prince. «Je vous félicite, écrivait à ce sujet l'intendant Foucault à
-Gaignières, de la visite que vous a rendue M. le duc de Bourgogne, et
-suis bien persuadé que le temps lui aura paru court dans votre grand
-appartement. Comme c'est un prince qui a du goût pour l'histoire et la
-littérature, vous aurés eu plaisir à satisfaire sa curiosité.»
-
-
-III
-
-C'est surtout dans les branches collatérales de la maison de Bourbon, et
-aussi parmi les princes légitimés, que nous allons trouver maintenant des
-collections de de livres nombreux, bien choisis, richement reliés.
-
-A la tête de ces princes bibliophiles se distinguent les membres de la
-maison de Condé. Le premier qui a droit à ce titre fut Henri II, prince
-de Condé, époux de cette belle et vertueuse Charlotte de Montmorency qui
-inspira une si vive passion à Henri IV, et père du vainqueur de Rocroy
-(1588-1646).
-
-Ce prince, qui était gouverneur de la province de Berry, avait fondé, à
-Bourges, une très belle bibliothèque, dont le Père Jacob nous parle
-ainsi: «Cette opulente bibliothèque a été faite avec de grands soins et
-somptueuse dépense par ce prince. La parfaite connaissance qu'il a de
-toutes les sciences et des livres rares et curieux le fait estimer pour
-un oracle des Muses. Chose admirable en cette Altesse, que nonobstant les
-grandes affaires qu'il a pour l'Estat, il ne perd aucun jour sans
-s'adonner à l'estude, où il treuve des divertissemens dignes d'un grand
-prince; ce qui luy acquiert une gloire immortelle par toute l'Europe,
-tant pour surpasser en sciences tous les autres princes, que pour le
-grand zèle qu'il a à les faire fleurir.»
-
-Son fils, le grand Condé, hérita de son goût pour les livres; sous lui
-(1621-1686), la bibliothèque de Chantilly devint l'une des plus belles de
-France. Un contemporain, Le Gallois, disait de cette bibliothèque, en
-1680, dans son _Traité des plus belles bibliothèques_: «Il faut aussi
-parler de celle de Monseigneur le prince de Condé, ce Mars de nostre
-siècle; mais qui, beaucoup plus illustre que Mars, a si bien joint la
-gloire des sciences avec celle des armes, puisque, sans le flatter, on
-peut dire que jamais prince n'a esté ny plus belliqueux ny plus sçavant
-que luy. Cette bibliothèque est nombreuse et contient grande quantité de
-manuscrits rares grecs et latins. Elle fut dressée par feu Monseigneur
-le Prince son père, qui était un des plus sçavans hommes de son temps; et
-parce que Monseigneur le Prince a hérité d'une si noble qualité, il
-continue avec la même passion et les mêmes soins l'agrandissement de
-cette bibliothèque.»
-
-Après le grand Condé, la bibliothèque de Chantilly fut augmentée par son
-fils, Henri-Jules, duc de Bourbon, mort en 1709. Elle était devenue une
-des plus nombreuses de son temps et contenait une grande quantité de
-manuscrits grecs et latins. Tous ces livres des Condé étaient marqués à
-leurs armes: _de France, au bâton péri en bande de gueules_. Vers le
-milieu du XVIIIe siècle, il en fut dressé par Dupuy un catalogue, dont le
-manuscrit existe aujourd'hui à la Bibliothèque nationale sous ce titre:
-_Table alphabétique par nom d'auteurs des ouvrages se trouvant dans la
-Bibliothèque du prince de Condé_.
-
-A la Révolution, 1,200 volumes de manuscrits, provenant de la maison de
-Condé, furent envoyés à la Bibliothèque nationale. Rendue en 1815 au
-prince de Condé, cette collection appartient aujourd'hui à la
-Bibliothèque de Chantilly.
-
-Le petit-fils de cet Henri-Jules, prince de Condé, Louis de Bourbon,
-comte de Clermont, né en 1709, mort en 1771, fut l'une des figures les
-plus intéressantes du XVIIIe siècle. Frère du duc de Bourbon, qui fut
-premier ministre de Louis XV, et de cette belle Mademoiselle de
-Vermandois, qui serait devenue reine de France sans Mme de Prie, il fut
-tout ensemble abbé commendataire de Saint-Germain-des-Prés, général
-d'armée, membre de l'Académie française, et directeur d'une excellente
-troupe de comédiens qu'il entretenait pour les plaisirs de ses amis.
-
-Il avait réuni une très nombreuse et belle bibliothèque, qui fut vendue,
-à sa mort, au palais abbatial de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, et
-dont le catalogue parut sous ce titre: _Catalogue des livres de la
-bibliothèque de feu S. A. S. Mgr le comte de Clermont, prince du sang_,
-Paris, Prault fils, 1771, in-8º de 111 pages. Ses livres étaient timbrés
-de ses armes: _de France, au bâton péri en bande de gueules, chargé à la
-pointe supérieure d'un croissant d'argent_. Ce catalogue comprend 2,021
-numéros, dont 229 pour la théologie, 138 pour la jurisprudence, 941 pour
-les belles-lettres, et 663 pour l'histoire.
-
-Le comte de Clermont aimait fort les lettres et les arts, et, à son
-château de Berny, il se donnait souvent des comédies ou des concerts.
-Nous trouvons la trace de ce goût dans le catalogue de 1771, sur lequel
-figurent: «trente-six cartons remplis de musique, pour les concerts et
-comédies, tels que simphonies, trios, divertissemens, etc., manuscrits»;
-un «paquet de musique instrumentale pour le violon, le clavecin,
-violoncelle, etc., gravée et manuscrite»; ainsi que «différents
-opéras-comiques, avec leur partition gravée». Sa collection théâtrale
-était très complète, et dans son inventaire on remarque encore
-«différents paquets de comédies séparées et brochées», plus «plusieurs
-cartons remplis de rôles pour jouer des comédies et très proprement
-écrits».
-
-Si le comte de Clermont ne fut pas un grand général, il avait de la
-valeur et aimait les choses militaires. On s'en aperçoit également à sa
-bibliothèque où la division de «l'art militaire» comprend 90 numéros,
-parmi lesquels il faut signaler plusieurs manuscrits: _Guerres des
-troupes légères_, in-8º, m. v.; _Remarques sur la cavalerie et
-l'infanterie_, in-4º; _Traité des sièges, de l'attaque et défense des
-places_, par le maréchal de Vauban, in-folio, «avec des plans très bien
-_dessinés et lavés_, m. r., avec fermoir d'argent», vendu 59 livres;
-_Traité des fortifications_, in-folio; _Différentes pièces d'artillerie
-dessinées et colorées_, in-8º obl., mar. r., dent.; _Etat de la
-composition des troupes d'infanterie et de cavalerie française et
-étrangère_, in-4º, mar. r., fermoirs d'argent; _Etat des officiers
-généraux_, etc., _employés à l'armée commandée par S. A. S. Mgr le comte
-de Clermont, en 1758_, 2 vol. in-16, mar. r.; _Etat des troupes de France
-sur pied, en 1755_, in-8º; _Etat de la maison du Roi, en 1751_; in-8º,
-mar. r.; _Etat des gouvernements généraux, 1751_, in-8º, mar. r.
-
-L'ami des choses légères, des poètes, des chansonniers, se manifeste, au
-contraire, dans les articles suivants: trois _Recueils de chansons_,
-mss., l'un en 9 vol. in-8º, l'autre en 8 vol. in-4º, le dernier en 9 vol.
-in-folio et 3 vol. de tables; et un _Recueil de poésies_, ms., 8 vol.
-in-8º.
-
-Des deux fils que Louis XIV eut de Mme de Montespan et qui lui
-survécurent, le duc du Maine et le comte de Toulouse, celui-ci paraît
-avoir eu particulièrement le goût des beaux livres. Il en avait rassemblé
-un grand nombre, soit à Paris, dans le magnifique hôtel de Toulouse, près
-la place des Victoires, soit au château de Rambouillet, qu'il acheta, en
-1705, de l'intendant des finances, Fleuriau d'Armenonville, et où il
-mourut en 1736.
-
-Louis-Alexandre de Bourbon, comte de Toulouse, était né le 6 juin 1678.
-Lui et sa sœur, la future duchesse d'Orléans, femme du régent, furent
-les suites de cette fameuse réconciliation des deux amants que Mme de
-Caylus a si joliment racontée.
-
-Par respect pour le jubilé et sur les exhortations de Bossuet, Louis et
-sa maîtresse ne se voyaient plus que sur la cérémonie et en présence des
-dames les plus respectables de la cour.--«Le roi, dit Mme de Caylus, vint
-donc chez Mme de Montespan, comme il avait été décidé; mais,
-insensiblement, il la tira dans une fenêtre; ils se parlèrent bas assez
-longtemps, pleurèrent, et se dirent ce qu'on a accoutumé de dire en
-pareil cas; ils firent ensuite une profonde révérence à ces vénérables
-matrones, passèrent dans une autre chambre; et il en avint Madame la
-duchesse d'Orléans et ensuite M. le comte de Toulouse.» Enfant, il avait
-été beau comme le jour; quand il parut pour la première fois à
-Versailles, sa beauté «surprit et éblouit tous ceux qui le virent». De ce
-côté, il avait la supériorité sur son frère, le duc du Maine, son aîné de
-huit ans, qui se rattrapait, il est vrai, du côté de l'esprit, ou du
-moins d'un certain esprit. Par la droiture, par la délicatesse et la
-tendresse de cœur, le comte de Toulouse l'emportait aussi beaucoup sur
-son frère. Saint-Simon lui accorde toutes ses préférences. «C'était,
-dit-il, l'honneur, la vertu, la droiture, la vérité, l'équité même, avec
-un accueil aussi gracieux qu'un froid naturel, mais glacial, le pouvait
-permettre; de la valeur et de l'envie de faire, mais par les bonnes
-voies, et en qui le sens droit et juste, pour le très-ordinaire,
-suppléait à l'esprit; fort appliqué d'ailleurs à servir sa marine de
-guerre et de commerce, et l'entendant très bien.» Ailleurs Saint-Simon le
-qualifie encore de «sage, silencieux, mesuré».
-
-Pourvu, dès l'année 1683, de la charge de grand amiral de France, il se
-montra plus tard digne de cette faveur, alors prématurée, à la fois par
-son courage et sa connaissance des choses navales. Après avoir fait sa
-première campagne, à l'âge de treize ans, en Flandre, où il monta à
-l'assaut de Mons et fut blessé au siège de Namur, il montra toutes les
-qualités d'un homme de mer à la bataille de Malaga, où, le 24 août 1704,
-il battit la flotte anglaise et démâta le navire de son chef, l'amiral
-Rooke. «On ne saurait, dit Saint-Simon, une valeur plus tranquille, qu'il
-fit paraître pendant toute l'action, ni plus de vivacité à tout voir et
-de jugement à commander à propos.» Obligé de renoncer à la mer par une
-cruelle maladie de la pierre, qui le tourmenta toute sa vie, restant
-éloigné de toutes les menées ambitieuses ourdies par son frère, le duc du
-Maine, il se contenta de vivre en sage. Il mourut le 1er décembre 1737, à
-l'âge de cinquante-neuf ans, laissant une mémoire aimée, que continua
-dignement son fils, l'aimable et bienfaisant duc de Penthièvre.
-
-Le comte de Toulouse avait formé une nombreuse bibliothèque, dont les
-livres, très heureusement choisis, portent ses armes: _de France, au
-bâton péri en barre de gueules_, et quelquefois une ancre, emblème de
-grand amiral. Nous connaissons la composition de cette bibliothèque soit
-par les deux volumes du _Catalogue des livres du roi Louis-Philippe_,
-vendus en 1852, soit par des catalogues qui en furent publiés du vivant
-même de ce prince pour son propre usage.
-
-Un premier catalogue fut dressé, en 1708, sous ce titre: _Catalogue de la
-bibliothèque du château de Rambouillet, appartenant à Son Altesse
-Sérénissime Monseigneur le comte de Toulouse_, M DCC VIII, s. l., in-8º
-de 216 pages, plus 13 pages de table des auteurs. Il comprend 1,589
-numéros, répartis en cinq divisions: théologie, droit, philosophie,
-belles-lettres et histoire. Parmi les manuscrits, l'on remarque:
-_Exercice et détail de toutes les manœuvres qui se font à la mer_, par
-le chevalier de Tourville, en 1681, sur vélin, in-4º; _Etat de la marine
-de l'Empire ottoman_, par M. de La Croix, in-4º; _les Noms, armes et
-qualitez des amiraux de France, avec les blasons enluminez_, in-fol.
-
-Un nouveau catalogue en fut fait dix-huit ans après: _Catalogue de la
-bibliothèque du chasteau de Rambouillet, appartenant à Son Altesse
-Sérénissime Monseigneur le comte de Toulouse_, à Paris, imprimé par les
-soins de Gabriel Martin, libraire de S. A. S., 1726, in-8º de 620 pages,
-plus 29 pages de table des auteurs. Les numéros ne se suivent pas, en
-sorte qu'il est difficile de se rendre compte de l'importance relative
-des divisions autrement que par la pagination. La théologie comprend 31
-pages; la jurisprudence, 11; la philosophie, les mathématiques et les
-arts, 33; les belles-lettres, 198; l'histoire, 322. Parmi les manuscrits,
-l'on remarque: _Mémoires de J.-B. Colbert sur les ordonnances générales_,
-8 vol. in-4º; _Mémoire présenté à M. le duc d'Orléans au commencement de
-sa régence_, par M. de Boulainvilliers, in-4º; _Réflexions sur l'histoire
-de France_, du même, 2 vol. in-4.; _Origine des parlements_, du même, 2
-vol. in-4º; _Traité de la noblesse_, du même, in-4º; _Journal de la
-campagne de Hongrie_, de 1717, in-fol.; _Recueil de pièces et mémoires
-concernant l'affaire des princes_ (légitimés), _avec des notes et une
-table_, in-fol.; _les Trophées et les disgrâces des princes de la maison
-de Vendôme_, par Bonair Stuart, in-8º; _Cérémonial du couronnement des
-ducs de Bretagne_, etc.
-
-Dans l'épître dédicatoire au comte de Toulouse, placée en tête de ce
-second catalogue, on lit:
-
-«Il est heureux pour moy que ma profession me mette en état de servir V.
-A. S. dans le genre qui luy est le plus agréable, et j'ose dire le plus
-glorieux. Je veux parler des lettres et des beaux-arts que Vous alliez si
-parfaitement, Monseigneur, avec la science de la cour et les devoirs de
-la société, qu'on remarque à travers l'éclat de votre auguste Naissance,
-les qualitez de l'honneste homme, et l'esprit orné de l'homme de lettres.
-C'est ce goust qui Vous a porté à former un cabinet de livres choisis
-dans votre château de Rambouillet, de tous temps le réduit des Muses.»
-
-
-Huit années plus tard parut un _Supplément du catalogue de la
-bibliothèque du château de Rambouillet_, s. l., 1734, in-8 de 140 pages,
-plus 8 pages de table des auteurs. La théologie y occupe 7 pages; la
-jurisprudence, 3; les sciences, 10; les belles-lettres, 45; l'histoire,
-68.
-
-Le comte de Toulouse avait une très belle bibliothèque musicale,
-peut-être la plus riche de son temps, dont il avait confié la garde à un
-musicien distingué, Philidor l'aîné. Nous trouvons la preuve de ce goût
-du comte de Toulouse dans le _Catalogue des livres du roi
-Louis-Philippe_, où figurent les recueils suivants:
-
-_Collection de partitions et tragédies lyriques ou opéras_, 206 vol.
-in-4º obl., v. f. et v. m. Cette collection était en partie manuscrite et
-en partie imprimée. Chaque volume manuscrit avait un titre imprimé, au
-bas duquel on lisait: _Copiez par ordre exprès de S. A. Mgr le comte de
-Toulouse, par Philidor l'aîné, garde de toute sa bibliothèque de
-musique_, l'an 1703. Autres collections de _Symphonies des opéras et
-vieux ballets de Lully_, manuscrites et imprimées, 11 vol. in-4º; de
-_Motets de Lully_, manuscrits, 5 vol. in-fol.; de _Motets à deux chœurs,
-pour la chapelle du roy, mis en musique par M. de Lully_, 15 vol. in-4º
-obl.; de _Motets de Colasse et de Minoret_, 9 vol. in-4º; de _Motets de
-M. de Lalande_, 21 vol. in-4º; de _Motets de Campra_, 13 vol. in-4º; de
-_Desmarets_, 17 vol. in-4º obl.; de _Bernier_, 12 vol. in-4º; de
-_Legrenzi_, 4 vol.; de _Couperin_, 6 vol.; de _Carissimi_, 3 vol. in-4º;
-des _Airs de violon de Matho_, 1733, 3 vol. in-4º.
-
-Le fils unique que le comte de Toulouse eut de son mariage avec Sophie de
-Noailles, veuve du marquis de Gondrin, marcha sur les traces de son père.
-
-Né à Rambouillet, le 16 novembre 1725, le duc de Penthièvre eut pour
-précepteur l'abbé Quénel. Comme son père, il eut la charge de grand
-amiral. Il se montra plein de courage à la bataille de Dettinghen--il
-avait dix-huit ans--où il se trouva dans le feu le plus vif, et à celle
-de Fontenoy, où il chargea, à la tête de Fitz-James cavalerie, la
-terrible colonne anglaise. Dans ses études, il avait manifesté du goût
-pour les mathématiques, la géométrie, la physique, et suivi les cours
-publics du célèbre abbé Nollet, qui, un jour, se félicita publiquement de
-l'assiduité de son élève. Le prince, qui fut l'ami de Florian et
-sollicita pour lui le titre d'académicien, devait aimer les livres. Il
-les aima, en effet, comme le prouve l'achat qu'il fit, à la vente du duc
-de La Vallière, d'un fort bel exemplaire du roman de _Perceforest_,
-Paris, 1528, 6 vol. in-fol. sur vélin, avec cinq grandes miniatures, et
-qui provenait de la collection du château d'Anet vendue en 1724, et des
-_Chroniques_ de Guillaume Cretin.
-
-Le duc de Penthièvre avait aussi une fort belle bibliothèque à
-Châteauneuf-sur-Loire, ancienne propriété des Phélyppeaux de la
-Vrillière, qu'il avait achetée, après la vente de Rambouillet au roi
-Louis XVI. De son vivant, ce prince avait fait dresser les catalogues de
-ses diverses bibliothèques: de Louveciennes--où était mort son fils, le
-prince de Lamballe, en 1768,--de Châteauneuf (1786), de Sceaux (1787)
-qu'il avait hérité de son cousin, le comte d'Eu, en 1775. Ces trois
-catalogues manuscrits figuraient à la vente du roi Louis-Philippe, en
-1852 (IIe partie, nos 2480-82).
-
-Le duc du Maine, élève de Mme de Maintenon, et qui, enfant, passa pour un
-petit prodige, témoin ces _Œuvres diverses d'un enfant de sept ans_, qui
-furent publiées en 1678, ne nous apparaît cependant comme bibliophile que
-par les livres à ses armes qui figurent dans les catalogues de la vente
-Louis-Philippe. Il en est de même de ses deux fils: le prince de Dombes,
-mort en 1755, et le comte d'Eu, mort vingt ans plus tard; le premier à
-l'âge de cinquante-cinq ans, le second à l'âge de soixante et onze ans.
-Dans ces catalogues, l'on trouve marqués aux armes du duc du Maine les
-ouvrages suivants: _Réflexions sur les vérités de la religion_, par
-d'Alès, in-4º, ms.; _Code militaire_, Paris, 1707; _Politique tirée de
-l'Ecriture sainte_, par Bossuet, Paris, 1709, in-4º (édition originale);
-_Polyaeni stratagematum_, 1691; _Onosandri strategeticus_, 1599;
-_Observations sur l'art de la guerre_, par Vaultier, 1714; _Pratique de
-la guerre_, par Malthus, 1646; les _Œuvres de Molière_, Amsterdam, 1684,
-fig.
-
-Aux armes du comte d'Eu: _Traité de la concupiscence_, de Bossuet, Paris,
-1731, in-12; _Paraphrase du Miserere_, par le P. Calabre, 1748, in-24;
-_Vegetii de re militari_, 1592; de Traverse, _Extrait du traité de la
-guerre par Puysegur_, 1755; _l'Iliade_, par La Motte, 1714; _Antiqua
-numisma S. Ducis Cenomanensium_, in-fol., mar. vert, «beau manuscrit
-parfaitement exécuté».
-
-
-Nous clorons cette liste des Bourbons bibliophiles de la branche aînée
-par le comte d'Artois, qui fut un véritable bibliophile, auquel nous
-devons la Bibliothèque de l'Arsenal, qu'il acheta du marquis de Paulmy.
-
-Malgré la réputation de frivolité qui lui resta longtemps, le comte
-d'Artois aimait les lettres et les gens de lettres. Chamfort, le
-spirituel et mordant auteur des _Maximes et pensées morales_..., qui le
-sont souvent si peu, fut son lecteur. Et ce n'était pas là, quoi qu'on en
-ait pu dire, «une sinécure comme celle d'aumônier du régent». La preuve
-en est dans la très belle bibliothèque personnelle que ce prince s'était
-formée, et dont on possède l'inventaire. Ce _Catalogue des livres du
-cabinet de Monseigneur le comte d'Artois_, à Paris, de l'imprimerie de
-Didot l'aîné, M DCC LXXXIII, est un fort beau volume in-4º, papier vergé
-de Hollande à grandes marges, remarquable spécimen de l'art de
-l'imprimerie à cette époque.
-
-Le comte d'Artois avait alors vingt-six ans, et ce n'était pas le premier
-témoignage qu'il donnait de son goût pour les livres. De 1780 à 1783
-avait paru, chez Fr. Ambroise Didot, une «collection de romans et de
-poésies» imprimée par les ordres et aux frais de ce prince, qui s'en
-était réservé les exemplaires, tirés d'ailleurs à un très petit nombre,
-«pour en faire des présents». Cette collection est restée célèbre parmi
-les bibliophiles.
-
-On comprend qu'un prince qui éditait à ses frais toute une collection de
-livres possédât lui-même une assez belle bibliothèque et mît quelque
-coquetterie à en dresser l'inventaire. Le catalogue que nous venons de
-citer comprend 1,313 numéros, formant 136 pages. La partie des
-belles-lettres a 542 numéros, tandis que l'histoire n'en a que 385; les
-arts, 131; la philosophie et la politique, 101; les sciences, 86; la
-théologie, 39; et la jurisprudence, 14. D'ailleurs, aucun étalage de
-fausse érudition: ce n'est pas une bibliothèque de parade, mais celle
-d'un homme du monde qui n'a de livres que ceux qu'il peut et qu'il veut
-lire. Ce catalogue donne l'idée d'une bibliothèque surtout contemporaine,
-tenue au courant de ce qui se publie en matière de belles-lettres, et où
-les écrivains anciens figurent plutôt dans d'élégantes éditions modernes
-que dans les éditions princeps du XVIe siècle.
-
-La disposition même de ce catalogue a cela d'insolite que la théologie en
-forme l'avant-dernière division. Ce classement particulier ne saurait
-étonner dans la bibliothèque d'un prince qui était alors presque aussi
-voltairien que son frère, le comte de Provence. N'oublions pas que c'est
-le moment où les contemporains nous représentent le comte d'Artois comme
-un type accompli de cette société élégante, spirituelle et
-libre-penseuse. «Le comte d'Artois, dit la baronne d'Oberkirch, est le
-prince le plus aimable du monde. Il a infiniment d'esprit, non pas dans
-le genre de M. le comte de Provence, c'est-à-dire sérieux et savant, mais
-le véritable esprit français, l'esprit de saillie et d'à-propos.»--«Il
-est vif, bouillant, décidé; dès l'âge le plus tendre, il a fait parler de
-lui», dit l'_Espion anglais_.
-
-On remarque cependant, dans ce catalogue, l'absence des _Provinciales_ de
-Pascal. Le nom du grand adversaire des Jésuites n'y est inscrit que pour
-les _Pensées_, édit. de la Haye, 1743, in-12, et pour le _Traité de
-l'équilibre des liqueurs_, Paris, 1698, in-12. Par contre, on y trouve un
-livre auquel on ne s'attendrait guère dans une bibliothèque composée
-comme nous l'avons dit. C'est celui de Marat: _Découvertes sur le feu,
-l'électricité et la lumière_, Paris, 1779, in-8º, qui vient immédiatement
-avant celui de Pascal. O hasard des catalogues! Il est vrai que Marat
-était médecin des gardes du corps du comte d'Artois. Il avait
-probablement offert respectueusement son livre à ce prince, qui, pour
-faire honneur à l'un de ses serviteurs, l'avait fait mettre dans sa
-bibliothèque. Ce fut là un honneur, sinon un bienfait, mal placé.
-
-Le comte d'Artois, que les mémoires du temps nous montrent comme donnant
-dans l'anglomanie, n'appréciait pas les Anglais seulement pour la coupe
-de leurs habits et pour leurs jockeys. Parmi ses livres figure un
-Shakespeare, de la belle édition annotée de Johnson, _Londres_, 1765, 8
-vol. in-8º; le poème de _Hudibras_, les _Œuvres_ d'Addison, les
-_Aventures de Robinson Crusoé_, et l'_Histoire d'Angleterre_, de Hume,
-dans le texte original. La langue anglaise lui était familière, comme à
-son frère, Louis XVI, qui traduisit l'_Essai d'Horace Walpole sur Richard
-III_. La révolution allait bientôt le forcer à s'en servir plus qu'il
-n'aurait voulu.
-
-Les encyclopédistes ne l'effrayaient pas plus que les économistes. Comme
-presque tous ses contemporains, il eut même un penchant pour eux: leurs
-œuvres étaient si peu pour lui des œuvres de réprouvés, qu'il
-possédait, fort richement reliés, les trente-trois volumes in-folio de
-l'_Encyclopédie_, les _Pensées_ de Diderot, les _Œuvres_ de La Mettrie,
-le livre de _l'Esprit_, d'Helvetius, Paris, 1758, in-12, les _Å’uvres
-complètes_ de Voltaire, Genève, 1769, 24 vol. in-4º, avec figures, les
-_Œuvres_ de J.-J. Rousseau, Paris, 16 vol. in-8º, l'_Histoire
-philosophique des deux Indes_, de Raynal.
-
-Dans sa bibliothèque, les livres galants y sont peu nombreux. Le genre
-est représenté par _Félicia ou mes fredaines_, le célèbre roman de
-Nerciat; le _Sopha_, de Crébillon fils; _les Bijoux indiscrets_, de
-Diderot; _Honny soit qui mal y pense ou Mémoires des filles célèbres du
-XVIIIe siècle_, par Desboulmiers, Paris, 1775; _Journées de l'Amour ou
-Heures de Cythère_, Gnide, 1776; _les Leçons de la volupté ou la Jeunesse
-du chevalier de Moronville_, Paris, 1776.
-
-
-IV
-
-Les Bourbons-Orléans n'aimèrent pas moins les livres que leurs aînés.
-C'est surtout à partir du Régent que nous voyons apparaître chez eux les
-goûts du bibliophile. Les livres du régent portent les armes de sa
-maison: _de France au lambel à trois pendants d'argent_. C'est pour le
-régent que les artistes du temps inventèrent ces ornements pleins
-d'originalité et de richesse, mosaïques fleuries, grenades
-entr'ouvertes, feuilles, fruits. Ce prince ne se contentait pas d'avoir
-de beaux livres, il en faisait, ou du moins il en illustrait, et son
-édition du roman de _Daphnis et Chloë_, traduit par Amyot, pour lequel il
-composa des dessins que grava Audran, est restée célèbre. A la vente du
-roi Louis-Philippe, peu de livres cependant provenaient de lui; nous
-citerons un _Homère_, traduction de Dacier, 1719, in-12. Sa fille, la
-spirituelle mais bien étrange duchesse de Berry, morte à vingt-quatre
-ans, en 1719, eut le temps, dans sa courte existence, de se former une
-nombreuse bibliothèque, dont les livres portaient pour armes sur les
-plats: _de France, à la bordure engrêlée de gueules qui est de Berry
-accolé d'Orléans_, et, sur le dos, M L entrelacées. On rencontre aussi
-quelquefois de beaux livres timbrés des armes d'Espagne accolées à celles
-d'Orléans. Ils ont appartenu à Marie-Louise d'Orléans, sœur consanguine
-du régent, qui avait épousé le roi d'Espagne, le triste et malingre
-Charles II, et qui mourut en 1689, à vingt-sept ans, non sans soupçon de
-poison.
-
-Deux fils naturels du régent, qu'il eut, l'un de la Florence, danseuse de
-l'Opéra, en 1698, l'autre, en 1702, de Mlle de Sery, comtesse d'Argenton,
-peuvent être aussi comptés parmi les bibliophiles. Charles, appelé
-d'abord l'abbé de Saint-Albin, et qui fut évêque de Cambrai de 1723 à
-1764, avait formé une belle bibliothèque, comme le prouve le _Catalogue_
-qui en fut publié, _Cambray_, 1766, in-8º. Ses armes étaient: _de France,
-au bâton péri en barre de gueules, au lambel d'argent à trois pendants_.
-Son frère, qui fut grand-prieur de France de l'ordre de Malte et mourut
-en 1748, posséda aussi de beaux livres, qui étaient décorés des mêmes
-armes, avec cette seule modification: _au chef chargé de la croix de
-Malte_.
-
-Le troisième duc d'Orléans, Louis, que la mort de sa femme, une princesse
-de Bade, enlevée en couches à vingt-deux ans, jeta dans la plus grande
-dévotion, avait réuni une précieuse bibliothèque religieuse, qu'il légua
-à l'abbaye de Sainte-Geneviève, où il s'était retiré depuis 1730 et où il
-mourut en 1752. Elle forme une partie de la Bibliothèque Sainte-Geneviève
-actuelle.
-
-Son fils, Louis-Philippe, quatrième duc d'Orléans (1725-1785), fut un
-prince débonnaire, qui, soit au Palais-Royal, soit au château de
-Sainte-Assise, partageait son temps entre le commerce des lettres et un
-petit cercle d'amis. L'aimable Collé fut son lecteur. Comme le comte de
-Clermont, il aimait à donner chez lui le spectacle de la comédie; il y
-jouait même, fort bien, dit-on, les rôles à manteau. Après la mort de la
-duchesse d'Orléans, Louise-Henriette de Bourbon-Conti, en 1759, l'on sait
-quelle place tint près de lui Mme de Montesson: ce fut sa marquise de
-Maintenon. Il aima certainement les livres et en réunit une riche
-collection qui fut vendue après lui. Ce prince, qui mourut le 18 novembre
-1785, à soixante ans, laissait deux enfants: le nouveau duc d'Orléans,
-Louis-Philippe-Joseph, qui mourut en 1793 sur l'échafaud révolutionnaire,
-et alors âgé de quarante ans; et la duchesse de Bourbon, mère de
-l'infortuné duc d'Enghien. C'est sans doute au partage qui dut se faire
-entre ces deux héritiers qu'il faut attribuer la vente des livres de ce
-prince, qui eut lieu à l'hôtel Bullion, seize mois après sa mort, le 3
-mai 1787 et jours suivants. Le catalogue en parut sous ce titre:
-_Catalogue des livres de la bibliothèque de Son Altesse Sérénissime
-Monseigneur le duc d'Orléans, premier prince du sang_, à Paris, chez
-Leclerc et Baudouin, et la veuve Vallat La Chapelle, 1787, in-8º de 333
-pages. Ce catalogue, qui contient une table alphabétique par auteurs,
-comprend 1,247 numéros. Il est malheureux qu'il n'indique l'origine
-d'aucun des ouvrages décrits. En mettant à part l'histoire, qui forme 633
-numéros, la division la plus considérable est celle des sciences et arts
-qui a 189 numéros, tandis que les belles-lettres en ont 172 seulement. La
-partie de la musique doit être remarquée comme indice des goûts de ce
-prince pour les fêtes. Nous y voyons 100 volumes, in-fol. et in-4º, de
-_Symphonies, concertos, trios_ de Vivaldi, Corelli et autres; 27 volumes,
-in-fol. et in-4º, de _Recueils d'airs à chanter et autres_; _les Cantates
-de Clerambault_, 2 vol. in-fol.; 80 volumes in-4º obl., _Anciens opéras,
-tant gravés qu'imprimés, de différents auteurs, dont_ ALCIONE, _par
-Marais_; 54 volumes in-fol., _Anciens opéras de Lulli, Campra et autres
-auteurs, dont_ $1, _par Rebel et Francœur_.
-
-Le petit-fils de ce prince, le roi Louis-Philippe, avait, dans sa
-jeunesse, connu l'exil; c'est dans le travail et le commerce des lettres
-qu'il en avait adouci l'amertume. Soit en Suisse, au milieu des montagnes
-sauvages des Grisons, dans le village de Reichenau, où, en 1793, sous le
-nom de Chabot, il donna pendant huit mois des leçons de français, de
-mathématiques et d'histoire, dans l'institution de M. Jost; soit à
-Hambourg, où il fit imprimer sous ses yeux et imprima peut-être lui-même,
-un volume en réponse à certaines allégations hasardées de la comtesse de
-Genlis, ce prince montra des goûts de savant et de lettré qui devaient le
-conduire fatalement à devenir bibliophile. Aussi le fut-il soit au
-Palais-Royal, quand il n'était encore que duc d'Orléans, soit aux
-Tuileries, quand il fut devenu roi. Non seulement des sommes
-considérables de sa liste civile et de sa fortune particulière furent
-consacrées à des acquisitions de livres, à des souscriptions aux grandes
-publications de l'époque, mais encore des ouvrages très importants furent
-publiés par ses ordres, à ses frais et sous sa direction. Telles furent
-les _Vues des châteaux royaux_ par l'architecte Fontaine, l'_Histoire des
-résidences royales_ par Vatout, et peut-être les _Galeries de Versailles_
-par Gavard, pour lesquelles M. Montalivet avait pris un arrêté par lequel
-l'ouvrage ne serait accordé en don que sur un ordre signé du roi. Ces
-trésors bibliographiques qu'il avait rassemblés dans ses résidences
-privées devaient bientôt être dispersés.
-
-Quatre ans après la révolution de février, eut lieu, le 8 mars 1852 et
-les vingt-six jours suivants, la vente des livres provenant des diverses
-bibliothèques du roi Louis-Philippe, mort le 20 août 1850. Un avis placé
-en tête du _Catalogue_, Paris, Potier, 1852, 2 vol. in-8º de 349 et 264
-pages, signale «les dégradations et mutilations qu'ont subies un certain
-nombre de livres dans des circonstances que, dit l'expert, nous ne
-voulons pas rappeler, et qui ont malheureusement atteint quelques-uns des
-plus importants et des plus précieux». Le premier volume contient 3,039
-numéros; le second, 2,523. Ces deux volumes sont consacrés aux
-«Bibliothèques du Palais-Royal et de Neuilly»; un troisième, qu'on
-rencontre plus rarement et dont nous devons la communication au vénérable
-et savant M. Louis Barbier, ancien administrateur de la Bibliothèque du
-Louvre, est relatif à la bibliothèque du château d'Eu: _Catalogue des
-livres provenant de la bibliothèque du château d'Eu_, Paris, Potier,
-1853, in-8 de 29 pages. Il comprend 337 numéros seulement. La vente eut
-lieu les 5, 6 et 7 avril 1853, à la salle Silvestre, rue des
-Bons-Enfants, comme la précédente.
-
-Ces catalogues ont un grand intérêt historique par l'origine qu'ils
-indiquent d'un très grand nombre de volumes ayant appartenu à divers
-membres de la famille de Bourbon: le régent; le duc et la duchesse du
-Maine, et leur fils, le comte d'Eu; le comte de Toulouse et le duc de
-Penthièvre; la duchesse d'Orléans, mère du roi. Nous avons fait le relevé
-de ces livres, la crainte seule de trop allonger ce travail nous empêche
-d'en donner la liste complète. Nous signalerons seulement les manuscrits
-et quelques livres d'une rareté particulière. Voici les manuscrits:
-
-_Li Romans du castelain de Couci_ (en vers), avec _Li Regret du comte de
-Haynnau_, in-4º de 33 et 58 ff., m. r., aux armes du comte de Toulouse;
-la _Cronique françoyse_, de Guill. Cretin, 5 vol. in-fol. sur vélin, ms.
-provenant du duc de La Vallière; le _Roman d'Yvain_, ms. de la fin du
-XIIIe siècle, in-fol. de 55 ff. (armes de Nicolas Foucault et du comte de
-Toulouse); les _Lettres spirituelles de la sœur Marceline Pauper,
-décédée à Tulle_, en 1706, in-4º; un recueil de _Lettres_ écrites de
-1687 à 1692, faussement attribuées à Mme de Sablé, laquelle mourut en
-1678 (aux armes de la comtesse de Toulouse); _Instructions de la vie
-civile et chrétienne_, (par un père à ses enfants), datées de Tlodosso,
-1722, in-4º (armes du duc du Maine); _Recueil d'ouvrages mss._, en partie
-autographes du Mis de Mirabeau 6 vol. in-fol.; _Mémoire et instruction
-sur les munitions des places, l'artillerie_, par Vauban, in-fol., mar. r.
-(aux armes du duc du Maine); _Recueil de chansons, par Blot et autres_,
-sous la Fronde, in-4º; _Recueil de poésies_, de Mlle de Caumont de La
-Force, in-4º, mar. r., avec cette note:
-
-«Manuscrit autographe. Ces poésies sont adressées au duc de Vendôme, au
-duc d'Estrées, à l'abbé de Chaulieu, à la duchesse du Maine, à
-Campistron, à Hamilton, avec des réponses de ce dernier.»
-
-_Chansons et autres poésies_, de la même, in-4º, mar. r., ms. autographe
-de 148 pp.; les pièces sont adressées à Mademoiselle, à la princesse de
-Conti, au prince de Turenne, à Mme de Maintenon, etc.; _Adélaïs de
-Bourgogne_, par la même, 2 vol. in-4º; _les Jeux ou la Promenade de la
-princesse de Conty à Eu_, par la même, 1701, in-4º ms. inédit; _Portrait
-de Mlle de La Force, fait par elle-même_, in-4º, mar. r., suivi de
-quelques autres écrits, de la même, etc.
-
-
-Parmi les imprimés, l'on remarque:
-
- _Gyron le Courtoys_, Paris, 1519, in-fol. goth.; _les Quatre filz
- Aymon_, Paris, 1508, pet. in-fol., fig. sur bois; _Sensuyt Ogier
- le Dannois_, Paris, Trepperel, s. d., in-4º goth.; _le Nouble roy
- Ponthus_, et _la Cronique et hystoire de Appollin, roy de Thyr_,
- Genesve, in-4º goth., fig. col.; l'_Histoire de Huon de
- Bordeaux_, Rouen, s. d., in-8º; _les Neuf preux_, Abbeville,
- 1487, in-fol. goth.; _Amadis de Gaule, mis en françois_ par Nic.
- de Herberay, Lyon et Paris, 1575-1615, 23 vol. in-16 et 3 vol.
- in-8º; l'_Histoire de Palmerin d'Olive_, trad. par Maugin, 1553,
- in-fol.; _Histoire de Perceforest_, Paris, 1528, 6 vol. in-fol.,
- imprimés sur vélin, avec cinq grandes miniatures (cet ex.
- provenait de la vente d'Anet en 1724, où il avait été acheté par
- le comte d'Hoym, puis racheté à la vente La Vallière par le duc
- de Penthièvre, au prix de 1,601 livres.); l'_Historien Josèphe_,
- 1534, in-fol. goth. sur vélin, provenant d'Honoré d'Urfé;
- l'_Histoire de Guy de Warvich_, Paris, s. d., in-4º goth.;
- _l'Amant resuscité_, par Th. Valentinian, Lyon, 1558, in-4º; _Du
- vray et parfaict amour, ou les Amours de Théagènes et de Charide_
- (_sic_), par Martin Fumée, Paris, 1599, in-12, vél.; _les Amours
- de Théagènes et Chariclée_, trad. d'Amyot, Paris, 1549, in-8, v.
- rac. (2e édition de ce livre); _Hypnerotomachie ou discours du
- songe de Poliphile_, Paris, 1561, in-fol., fig. sur bois; les
- _Cent excellentes nouvelles_, de Giraldy Cynthien, trad. par
- Chappuys, Paris, 1584, in-8º; le _Faust_ de Gœthe, trad. de
- Stapfer, avec les 17 dessins de Delacroix, Paris, Motte, 1828,
- in-fol. dem.-rel.
-
-Le roi Louis-Philippe avait formé aussi une magnifique collection de
-portraits historiques, qui était rassemblée au Palais-Royal. Ils
-s'élevaient au nombre de 4,600 et figurent au catalogue de 1852 (IIe
-partie), sous le no 777. Indépendamment de cette collection, dont un
-_Catalogue_ fut publié, Paris, 1829, 4 vol. in-8º et in-fol., le roi
-possédait encore de nombreux portraits de différentes époques et de
-différents pays, qui furent vendus sous les nos 780-832: œuvres de
-Morin, de M. Lasne, de Van Schuppen, de Nanteuil, de Simon, d'Edelinck,
-de Drevet, de Masson, de Carmontelle.
-
-Le roi Louis-Philippe ne fut pas le dernier Bourbon bibliophile; mais
-nous devons nous arrêter au seuil de l'histoire contemporaine, que nous
-nous sommes donnés pour limite.
-
-[Illustration: deco]
-
-
-REINES ET PRINCESSES
-
-
-[Illustration: deco]
-
-
-Si les princes de la maison de Bourbon aimèrent les livres et furent
-souvent de véritables bibliophiles, c'est une passion que les femmes de
-leur race partagèrent avec eux. Aussi serait-il injuste de ne pas parler
-d'elles, et de ne pas inscrire leurs noms sur le livre d'or de la
-Bibliophilie. Elles n'eurent pas seulement de précieuses collections de
-livres, livres choisis, habillés avec le goût le plus délicat, rangés
-dans de beaux corps de bibliothèques; elles firent aussi des livres,
-imitant d'ailleurs en cela leurs parents du sexe fort. Henri IV est un
-admirable épistolaire, mais Madame Elisabeth n'est pas à dédaigner, et
-ses lettres ont une originalité pleine de saveur. C'est à une princesse
-de Conti que l'on attribue les _Amours du grand Alcandre_, lisez de Henri
-IV. Mademoiselle de Montpensier a écrit des mémoires qui comptent parmi
-les meilleurs. Mademoiselle de Nantes, fille de Louis XIV et de Madame de
-Montespan, plus tard Madame la duchesse, faisait des vers--souvent par
-trop salés--qui réjouissaient fort la cour, tout en la scandalisant un
-peu; la duchesse du Maine--une Condé--tenait une véritable cour
-littéraire en son château de Sceaux, et n'était pas la dernière à payer
-son écot en vers et en prose, en madrigaux et en comédies. Une autre
-princesse de Condé, Louise-Adélaïde de Bourbon, tante du duc d'Enghien,
-qui mourut en 1824, prieure des Dames Bénédictines établies au Temple de
-Paris, a laissé un volume de lettres pleines d'élévation et de
-sentiments. Quand on a tant de dispositions pour les choses de l'esprit,
-comment ne serait-on pas bibliophile? Aussi beaucoup de ces princesses le
-furent-elles.
-
-
-I
-
-Il est à remarquer que la femme du roi de France qui fut le véritable
-fondateur de cette collection incomparable de livres qui s'appelle
-aujourd'hui la Bibliothèque nationale, fut une princesse de Bourbon.
-Jeanne de Bourbon, arrière-petite-fille de Robert, comte de Clermont,
-tige de cette maison, et qui épousa en 1350 le dauphin Charles, qui fut
-plus tard Charles V, lui apporta en dot, entre autres trésors, une
-vingtaine de manuscrits précieux, richement reliés, qui contribuèrent à
-former le premier fonds de la Bibliothèque que ce prince rassembla plus
-tard dans la grosse tour du Louvre. Le goût pour les livres, qu'elle
-avait puisé dans sa famille, ne fut certainement pas sans influence sur
-son royal époux, «dont la belle librairie» devint célèbre dans toute la
-chrétienté, et qui aimait à tracer son nom sur ses livres favoris. Quand
-elle mourut, en 1377, trois ans avant Charles V, elle laissa la
-réputation d'une reine amie des lettres et de ceux qui les cultivent.
-
-Ce que Jeanne de Bourbon avait été pour le roi Charles V, une nièce de ce
-prince le fut pour le duc Jean Ier. Par une heureuse rencontre, les ducs
-de Bourbon furent presque toujours heureusement secondés de leurs femmes
-dans l'accroissement de leur bibliothèque de Moulins. Ainsi en fut-il de
-la duchesse Marie, fille unique et héritière du duc de Berry, frère de
-Charles V, mort en 1416, qui apporta à son époux, le duc Jean Ier,
-quarante et un des plus beaux manuscrits que son père avait réunis dans
-son château de Mehun-sur-Yèvre. Ces livres lui furent comptés pour une
-somme de 2,500 livres tournois dans la succession de celui-ci. Les autres
-furent malheureusement dispersés par les créanciers de ce prince[2]. L'on
-voit encore sur un manuscrit exécuté pour elle par le P. de la Croix,
-cette note: «Et apertient ce dit livre à très haulte et poissant dame
-Marie, fille de très redoubté prince Jehan, duc de Berry,... et le fist
-escripre par grant diligence frère Symon de Coucy, cordelier, confesseur
-de laditte Dame.» Cet amour des livres, la duchesse Marie le transmit à
-son fils et à son petit-fils, les ducs Charles Ier et Jean II, qui tous
-deux, comme nous l'avons vu, furent de grands bibliophiles.
-
- [2] Voir sur cette librairie de Jean, duc de Berry: Le Laboureur,
- _Histoire de Charles V_, p. 75; Barrois, _Bibliothèque
- protypographique_, 1830; comte de Bastard, _Librairie de Jean de
- France, duc de Berry_; P. Paris, _Bulletin du bibliophile_, 1837;
- Douët d'Arcq, _Revue archéologique_, t. VII; Hiver de Beauvoir,
- _Trésor de la Sainte Chapelle de Bourges_, 1855, et _la Librairie
- de Jean, duc de Berry, au château de Mehun-sur-Yèvre_, 1860;
- surtout M. Léopold Delisle, _Bibliothèque de l'Ecole des
- Chartes_, 4e série, t. II, et le _Cabinet des manuscrits_, t. I,
- p. 56.--Beaucoup des manuscrits du duc de Berry étaient ornés de
- ses armes: _de France à la bordure engrêlée de gueules_; de sa
- devise: _Le Temps venra_, et de son chiffre, formé d'un V et d'un
- E enlacés.
-
-C'est dans la branche des Bourbons-Vendôme, détachée elle-même de celle
-des comtes de la Marche éteinte au XVe siècle, et qui succéda, dans le
-titre de duc de Bourbon, à la branche aînée et à celle des
-Bourbons-Montpensier, que nous rencontrons maintenant la plus illustre
-héritière de cet amour pour les livres qui distingua les princes de la
-maison de Bourbon. Nous voulons parler d'Antoinette de Bourbon, l'un des
-six enfants de François de Bourbon, comte de Vendôme, et de cette Marie
-de Luxembourg, fille et héritière du fameux comte de Saint-Pol, le
-décapité, qui enrichit si grandement cette branche des Vendôme. Née en
-1494, morte à près de quatre-vingt-dix ans, en 1583, sœur de Charles de
-Bourbon, créé duc de Vendôme par François Ier en 1515, tante d'Antoine de
-Bourbon, roi de Navarre, du comte d'Enghien, le vainqueur de Cérisoles,
-du cardinal de Bourbon, qui fut le roi des Ligueurs sous le nom de
-Charles X, et du prince de Condé, tige de la maison de Condé, elle occupe
-une grande place dans l'histoire de son temps, sous le nom de
-douairière de Guise. Elle avait, en effet, épousé, en 1513, Claude
-de Lorraine,--fils de René II, le vainqueur de Charles le
-Téméraire,--premier duc de Guise, et, fut la mère de toute cette lignée
-des Guises qui donnèrent tant de tracas aux derniers Valois. Ses
-petits-fils faillirent enlever la couronne à Henri IV, l'héritier
-légitime, dont elle était la grand'tante. Elle posséda une bibliothèque
-nombreuse, dont les volumes, pour la plupart, avaient été reliés par
-Nicolas Ève. Quelques-uns portaient sur les plats son chiffre formé d'un
-V et d'un A enlacés (_Antoinette de Vendôme_), accompagné d'un autre
-chiffre composé de deux LL (_Lorraine_). L'amour des livres fut
-peut-être la seule chose qu'Antoinette de Bourbon, duchesse de Guise,
-hérita de sa maison. A tous autres égards elle devint toute Lorraine, et
-ne fut pas la moins dangereuse adversaire d'Antoine de Navarre et de son
-fils Henri IV.
-
-
-II
-
-La conquête d'un trône, les soins d'un gouvernement qui s'était donné
-pour mission de fermer les blessures de la France, ne laissèrent pas
-beaucoup de temps à Henri IV pour être bibliophile. Sa sœur, Catherine
-de Bourbon, duchesse de Bar, eut pour cela plus de loisirs, et elle en
-usa largement. Elle a laissé des livres nombreux, tous magnifiquement
-reliés, marqués très souvent sur les plats de cet S fermé, qui était un
-signe de fidélité conjugale ou amoureuse. L'histoire intime de la sœur
-du roi Henri donnerait raison à cette interprétation. Née à Paris en
-1559, de six ans plus jeune que son frère, elle reçut les leçons de
-Florent Chrestien et de Palma Cayet, pour le grec, le latin et l'hébreu;
-de Charles Macrin, père de Salmon Macrin le poète, pour l'histoire et la
-poésie; Théodore de Bèze corrigea, dit-on, ses premiers vers. Deux
-ministres, Merlin de Vaulx et Espina, l'instruisirent dans les principes
-de la religion réformée. Les mémoires contemporains vantent aussi son
-habileté à chanter, à toucher du luth, à danser même les pavanes
-d'Espagne, les pazzamenos d'Italie, les voltes et les courantes
-françaises, et même les danses béarnaises, bien qu'elle fût née un peu
-boîteuse, et de santé très délicate. Elle avait treize ans seulement
-quand elle perdit sa mère, Jeanne d'Albret, qui, en mourant, l'avait
-placée spécialement sous la protection de son frère: «J'engage et je
-supplie mon fils, lit-on dans son testament, à prendre sa sœur Catherine
-sous sa protection, à être son tuteur et son défenseur.» Henri IV ne
-suivit peut-être pas très fidèlement cette dernière recommandation de sa
-mère, et dans les divers projets de mariage qu'il forma pour Catherine de
-Bourbon, il obéit plutôt aux conseils de la politique qu'il n'écouta les
-sentiments d'un frère. Il fut tour à tour question de la marier à Henri
-III, au frère de celui-ci, le duc d'Alençon, à Philippe II, au duc de
-Savoie Charles-Emmanuel Ier, à son cousin le prince de Condé, veuf de
-Marie de Clèves, au duc Charles III de Lorraine, au roi d'Ecosse, fils de
-Marie-Stuart. Au milieu de ces projets de la politique, Catherine avait
-écouté son cœur, et une promesse de mariage avait été échangée entre
-elle et son cousin, le comte de Soissons, frère du prince de Condé. Pour
-lui elle refusa positivement l'alliance du roi d'Ecosse, et résista
-énergiquement plus tard à son frère qui voulait donner sa main au duc de
-Montpensier. Elle resta cependant vaincue dans cette lutte, et finit par
-épouser, en 1599, le duc de Bar, fils de ce duc de Lorraine qu'elle avait
-autrefois refusé. Cette union tardive devait être bientôt dénouée par la
-mort. Catherine mourut le 13 février 1604, laissant le souvenir d'une âme
-généreuse et d'un esprit élevé. Ses plus belles années s'étaient écoulées
-au château de Pau, dans les fonctions de régente qu'elle avait remplies
-en Navarre. La bibliothèque, dont le catalogue existe encore en partie,
-avait été notablement augmentée par elle. Poète, elle y occupait ses
-loisirs à des traductions de psaumes en langue française, et à des
-poésies religieuses, qui eurent alors de la popularité en Béarn.
-
-L'on remarquait surtout dans sa bibliothèque une belle collection de
-classiques grecs et latins, de rares manuscrits, et une grande quantité
-de lettres autographes des principaux personnages de son temps. «La
-plupart de ses livres, dit M. Guigard, étaient reliés à la manière de
-Clovis Eve qui, bien certainement, a dû travailler pour elle. Beaucoup
-d'entre eux portaient sur les plats six doubles C entrelacés formant
-croix, avec une flamme au centre, le tout dans un ovale feuillé.»
-
-
-III
-
-L'époque des Précieuses devait avoir plus que toute autre des
-bibliophiles parmi ces femmes que passionnaient les choses de l'esprit. A
-leur tête il faut placer la fille de Gaston d'Orléans, frère de Louis
-XIII, et de Marie de Bourbon, duchesse de Montpensier, dernière
-représentante de la seconde branche des Bourbons-Montpensier, princes de
-La Roche-sur-Yon, détachée à la fin du XVe siècle de celle des comtes de
-Bourbon-Vendôme. Elle a droit, comme son frère, au titre de bibliophile.
-Née en 1627, morte en 1693, après cette fâcheuse aventure d'un mariage
-avec Lauzun, qui fit scandale sans faire son bonheur, Mademoiselle de
-Montpensier est l'auteur de ces _Mémoires_ qu'on lit toujours avec un si
-vif plaisir, d'une _Histoire de la princesse de Paphlagonie_ (1659),
-roman qui peut encore piquer aujourd'hui la curiosité, par les allusions
-qui s'y trouvent aux personnages du temps, et de _Portraits_, nés de
-cette mode qui occupa vers 1660 toute la société polie en France. Au
-milieu des Précieuses, elle fut comme une vierge Pallas, à laquelle
-poètes et courtisans s'empressaient d'apporter le tribut de leurs vers ou
-de leurs hommages. Retirée, un peu forcément, après la Fronde, soit dans
-ses châteaux, à Eu par exemple, soit au palais du Luxembourg, c'est
-surtout alors qu'elle prit goût aux lettres et au bel esprit. Le poète
-Segrais était l'un des gentilshommes de sa maison. C'est par lui qu'elle
-connut Huet, qui, jeune alors, lui servait parfois de lecteur pendant sa
-toilette. Ses livres timbrés au armes d'Orléans sont excessivement rares.
-
-A côté de la grande Mademoiselle, comme on appelait de son temps cette
-princesse, nous placerons Anne-Geneviève de Bourbon-Condé, duchesse de
-Longueville, la sœur du grand Condé, la galante héroïne de la Fronde.
-Ses livres portaient ordinairement sur les plats un semis de fleurs de
-lis, et, entouré de deux palmes, l'écusson _de France, au bâton péri en
-bande de gueules, au lambel d'argent à trois pendants_ (armes des
-Longueville). Ce n'est pas que la duchesse de Longueville ait été une
-savante. Loin de là; son éducation avait été assez négligée: mais elle
-avait l'esprit de sa race, et un goût inné. Retz insiste
-particulièrement sur ce que cet esprit devait tout à la nature, et
-presque rien à l'étude. «Mme de Longueville, dit-il, a naturellement bien
-du fonds d'esprit, mais elle en a encore plus le fin et le tour.» Plus
-tard elle tiendra, dans ce bel hôtel de Longueville qu'elle fit bâtir rue
-Saint-Thomas du Louvre, près de celui de Rambouillet, une cour d'esprit,
-donnera le ton à ses contemporains, et rendra, avec son frère le grand
-Condé, des jugements sur la littérature qui seront sans appel.
-
-
-IV
-
-Des deux filles que Louis XIV eut de la marquise de Montespan, la plus
-remarquable par son esprit--cet esprit des Mortemart, célèbre au
-XVIe siècle, esprit caustique, plein de saillies, souvent à
-l'emporte-pièce--fut Mademoiselle de Nantes. Née en 1673, mariée en
-1685, à Louis III, duc de Bourbon, petit-fils du grand Condé, sœur de la
-duchesse d'Orléans, femme du régent, elle ne mourut qu'en 1743. Survivant
-de trente-trois ans à son mari, elle passa son long veuvage dans les
-douceurs de l'amitié, peut-être d'un sentiment plus tendre, que lui
-inspira le marquis de Lassay, et dans la société des hommes d'esprit et
-des gens de lettres. «Dans une taille contrefaite, dit Saint-Simon, mais
-qui s'apercevait peu, sa figure était formée par les plus tendres amours,
-et son esprit était fait pour se jouer d'eux à son gré sans en être
-dominée... Rien en elle qui n'allât naturellement à plaire, avec une
-grâce non pareille jusque dans ses moindres actions, avec un esprit tout
-aussi naturel qui avait mille charmes... Avec ces qualités, beaucoup
-d'esprit, de sens pour la cabale et les affaires... féconde en chansons
-les plus cruelles dont elle affublait gaîment les personnes qu'elle
-semblait aimer et qui passaient leur vie avec elle. C'était la sirène
-des poètes, qui en avait tous les charmes et les périls.» Ailleurs,
-Saint-Simon, revenant sur ce talent pour la chanson et l'épigramme, dit:
-«Mme la duchesse qui avait bien de la grâce et de l'esprit à l'art des
-chansons salées, en fit d'étranges.» Cette verve satirique de la jeune
-princesse s'attaquait même à Louis XIV, et aux mœurs sévères que Mme de
-Maintenon avait introduites à la cour, comme le prouvent ces vers d'elle
-qui coururent en 1691, après le voyage du roi en Flandre:
-
- Enfin, après un mois je vous vois de retour,
- Courtisans surannés, vrais remèdes d'amour,
- Je vous revois, vieux fous si chéris de nos mères,
- Lorsque restés sur nos frontières,
- Nos amans loin de nous sont dans le champ de Mars
- Pour livrer leurs beaux jours aux plus cruels hasards.
- Ah! qu'une vieille cour à nos yeux est hideuse!!
- On n'y parle jamais ni d'amour ni d'amans;
- Qu'une princesse est malheureuse
- D'y passer ses plus jeunes ans!
- Que c'est une chose ennuyeuse
- De ne voir que de vieux pédans!
-
-La bibliothèque qu'elle avait rassemblée dans ce magnifique palais
-Bourbon qu'elle avait fait construire, et dont la plus grande partie a
-disparu pour être remplacée par le Palais Législatif, était riche et bien
-choisie. Ses livres se distinguaient par la magnificence des reliures, la
-plupart exécutées par Derôme et Padeloup. Ils étaient timbrés à ses
-armes: deux écus accolés, le premier, _de France, au bâton péri en bande
-de gueules_; le second, aussi _de France, au bâton péri en barre de
-gueules, qui est de Condé_.
-
-
-V
-
-C'est à une princesse de Bourbon-Condé, sinon par sa naissance, du moins
-par son mariage, à Anne de Bavière, femme de Henri-Jules, prince de
-Condé, fils du vainqueur de Rocroy, que se rattache le souvenir d'une des
-plus belles ventes de livres qui ait eu lieu sous l'ancienne monarchie.
-Nous voulons parler de la vente de la bibliothèque du château d'Anet, en
-1724, peu après la mort de cette princesse, veuve depuis le 1er avril
-1709. Il n'est pas sans intérêt, pour l'histoire de cette admirable
-collection de livres, de voir comment la célèbre demeure de Diane de
-Poitiers était passée avec toutes ses richesses mobilières aux mains de
-la belle-fille du grand Condé.
-
-Donnée d'abord par Philippe le Long, en 1318, à Louis, comte d'Evreux,
-son oncle, la seigneurie d'Anet avait été confisquée par Charles V, sur
-Charles le Mauvais, roi de Navarre, puis inféodée, par Charles VIII en
-1444, à Pierre de Brezé, en récompense des services de ce seigneur contre
-les Anglais qu'il avait chassés de Normandie. C'est par son mari, Louis
-de Brezé, dont elle devint veuve en 1531, que Diane de Poitiers se trouva
-en possession de la seigneurie d'Anet, dont l'ancien château, reconstruit
-sur les plans de Philibert Delorme, orné par Jean Cousin et Jean Goujon,
-fut une des merveilles de l'art français au XVIe siècle (1552). A la mort
-de Diane, en 1566, Anet devint la propriété de Claude de Lorraine, duc
-d'Aumale, qui avait épousé, en 1547, sa seconde fille, Louise de Brezé à
-laquelle ce domaine était échu dans un partage fait du vivant même de
-Diane, en 1561, entre elle et sa sœur Françoise, duchesse de Bouillon.
-Son fils Charles de Lorraine, qui épousa en 1576 sa cousine germaine,
-Marie de Lorraine, fille du duc d'Elbeuf, hérita d'Anet, mais il dut le
-laisser vendre par ses créanciers, dont le principal était Marie de
-Luxembourg, duchesse douairière de Mercœur qui, en 1615, acheta Anet
-moyennant 400,000 livres. C'est par cette nouvelle propriétaire d'Anet
-que ce domaine passa aux Vendôme: César de Vendôme, fils de Henri IV et
-de Gabrielle d'Estrées, ayant épousé en 1609 Françoise de Lorraine, fille
-de la duchesse, et héritière de Philippe-Emmanuel de Lorraine, dernier
-duc de Mercœur.
-
-Le dernier rejeton des Vendôme, le célèbre général dont les victoires
-affermirent la couronne d'Espagne sur la tête du petit-fils de Louis XIV,
-le légua à sa femme, Marie-Anne de Bourbon-Condé, petite-fille du grand
-Condé (1712). Cette dernière duchesse de Vendôme, que son mari n'avait
-épousée que pour faire sa cour à Louis XIV, et être relevé d'une disgrâce
-que ses mœurs trop relâchées lui avaient fait encourir, étant morte sans
-enfant, le 11 avril 1718, laissa Anet et son magnifique héritage à sa
-mère, Anne de Bavière, princesse douairière de Condé, Madame la
-princesse, comme on disait alors, qui mourut elle-même peu après, le 23
-février 1723. L'avocat Barbier, dans son journal, dit à propos de cette
-mort: «Mardi 23, Madame la princesse de Condé, palatine en son nom et
-cousine de Madame, est morte dans son hôtel au petit Luxembourg, âgée de
-soixante-seize ans. Madame la princesse de Conti, sa fille aînée, à qui
-on avait refusé la porte la veille, a fait apposer le scellé le même jour
-par deux commissaires du Parlement.» Cette mort avait suivi de quelques
-semaines seulement celle de la duchesse d'Orléans, mère du régent,
-arrivée le 8 décembre 1722. Ces deux princesses, appartenaient toutes
-deux à la maison de Bavière, Madame à la branche électorale, la princesse
-à la branche palatine du Rhin.
-
-Le goût que les propriétaires d'Anet, ducs de Vendôme, ou ducs d'Aumale,
-avaient pour les livres et pour les lettres, nous est attesté par un
-document infiniment précieux. C'est le _Catalogue des manuscrits trouvez
-après le décès de Madame la Princesse, dans son Château Royal d'Anet_,
-Paris, Gandouin, 1724. Il est impossible d'imaginer une plus rare
-collection de livres, et la note suivante, placée en tête de ce
-catalogue, reste fort au-dessous de la vérité:
-
- Ces manuscrits sont sur vélin ornez de très-curieuses miniatures
- & autres ornemens, le tout très-bien conservé; et se vendront en
- gros ou en détail au commencement du mois de novembre prochain
- 1724, chez le sieur Pierre Gandouin, libraire, quay des
- Augustins, à la Belle Image.
-
-Il y avait dix-huit mois qu'Anne de Bavière, princesse douairière de
-Condé, était morte, lorsque fut mis en vente ce trésor incomparable du
-château d'Anet, par suite du partage des biens des ducs de Vendôme, entre
-ses deux petites-filles, la duchesse du Maine et la princesse de Conti,
-toutes deux sœurs de la duchesse de Vendôme. Comme la bibliothèque
-d'Anet n'avait pu être formée par la princesse de Condé, pas plus que par
-sa fille la duchesse de Vendôme, entre les mains desquelles Anet n'avait
-existé à titre de propriété que pendant onze ans, de 1712 à 1723, c'est
-certainement aux Bourbons-Vendôme, et avant eux aux princes lorrains et à
-Diane de Poitiers, que revient l'honneur d'avoir réuni ces richesses
-littéraires, pour lesquelles le monument de Philibert Delorme était un si
-digne écrin.
-
-Le catalogue de ces manuscrits forme une petite plaquette in-12 de 37
-pages. L'exemplaire que nous avons eu sous les yeux appartient à la
-Bibliothèque Mazarine--no 42884--où il a été désigné à tort, comme le
-«Catalogue de la princesse de Conti.» L'on sait que le titre de Madame la
-princesse, tout court, ne fut jamais porté sous l'ancienne monarchie que
-par la branche aînée de la maison de Condé, dont les Conti étaient la
-branche cadette. Il ne saurait y avoir de doute à cet égard, Anet n'ayant
-d'ailleurs jamais appartenu aux Conti. Ce catalogue, dont les articles ne
-sont pas numérotés, forme trois divisions: des manuscrits sur vélin, au
-nombre de cent soixante et onze; des manuscrits sur papier in-folio, au
-nombre de quatre-vingt-un; et des livres, la plupart in-folio (149
-articles).
-
-Des manuscrits sur vélin, il faudrait tout citer; nous nous contenterons
-cependant de noter ceux-ci:
-
- _La Bible Ystoriaux_, translatée du latin en François par
- Pierre... doyen du Chapitre de Saint-Pierre d'Aire, remplie de
- belles miniatures bien conservées; _la même_, avec des miniatures
- très curieuses; _la même_, dont les miniatures surpassent celles
- des autres; une _Partie de la Bible en Provençal_, avec
- miniatures; _Chronique depuis la création du monde, jusqu'à J.
- César_, avec des miniatures très singulières; _les Histoires de
- la Terre sainte_, ornées de miniatures; _la Légende dorée_, avec
- un grand nombre de miniatures; _Recueil des Miracles de
- Notre-Dame_, en vers, deux gros vol. in-fol. remplis de beaucoup
- de miniatures; _la Guerre des Juifs de Joseph_, ornée de
- miniatures des plus curieuses, d'une grandeur énorme, bien
- conservée; _le Bestiaire_, par Richard de Furneval, avec de
- belles miniatures; _le Jardin de Paradis_; _l'Horloge de
- Sapience_: tous deux avec miniatures; _l'Arbre de Sapience_, avec
- quatre-vingt miniatures d'une excellente beauté, in-fol. en 1469;
- _Chroniques de France_, par J. Froissart, deux vol. sur vélin,
- reliez en velours vert avec des fermoirs dorez d'or moulu; ce ms.
- est orné de miniatures très belles qui représentent les modes et
- les usages de ce temps; _les Décades de Tite Live_, 3 vol.
- in-fol. avec miniatures, couverts de velours rouge;
- _Quinte-Curce_, avec de très belles miniatures; _Histoire de
- Jules César_, avec de très belles miniatures; _les Métamorphoses
- d'Ovide, en vers François_, rempli de beaucoup de miniatures;
- _Histoire de la destruction de Troyes_, par Benoist de
- Saint-More, en vers françois, avec une grande quantité de
- miniatures; _Compilation de l'Histoire Grecque et Romaine_, par
- Jehan de Courcy, trois exemplaires, tous avec très belles et
- grandes miniatures; _les Histoires d'Orose_, avec des miniatures
- singulières; _les Chroniques de Saint-Denis_, deux très gros vol.
- in-fol., ornés de miniatures; _les Triomphes de Pétrarque_,
- trad. par G. de la Forge, in-fol. dans lequel se trouve une
- miniature de la grandeur du volume, qui est d'une très grande
- beauté; Petrarcha, _de Remediis_, trad. par N. Oresme, avec de
- très belles miniatures; Jean Boccace, _Des faits des nobles
- hommes_, ms. de 1409, rempli de plus de 400 miniatures, le volume
- est d'une grandeur énorme; _Idem_, avec de très belles
- miniatures; _Poésies de G. de Loris_, in-fol. avec des
- miniatures; _le Jouvencel_, avec des miniatures d'une beauté
- parfaite; _Le Roman de la Rose_, deux exemplaires, chacun avec
- d'excellentes miniatures; _le Roman d'Alexandre_; _le Songe du
- vieil pélerin_, rempli de grandes et belles miniatures; _Histoire
- de Saint-Graal_, trad. par Luces du Chastel, ms. très ancien et
- rempli de beaucoup de miniatures; _les Nobles faits du chevalier
- Tristan, Ugalaad, Lancelot_, trad. par le même, in-fol. sur vélin
- d'une grandeur énorme, orné d'un nombre infini de belles
- miniatures très bien conservées; _le Roman de Tristan Le Bret_,
- trad. par Robert Boron, orné d'un nombre infini de petites
- miniatures très finies pour le temps, in-fol.; _Le Séjour du
- deuil pour le trépas de Messire Philippe de Comines, seigneur
- d'Argenton_, en vers, avec 17 miniatures en or d'une beauté
- achevée; _le Pèlerinage de vie humaine_, en vers, avec
- miniatures; _Fables d'Esope_, avec miniatures; _Explication des
- Actes des Apôtres, par un Frère prescheur, dédié à Jean de Laval,
- sieur de Châteaubriant_, orné de grandes et belles miniatures,
- etc.
-
-Le château d'Anet échut en partage à la duchesse du Maine, et après la
-mort du comte d'Eu, son fils, passa à son cousin, le duc de Penthièvre,
-mais sa précieuse bibliothèque, formée par Diane de Poitiers, conservée
-avec soin et même accrue par la maison de Vendôme, eut une triste
-destinée. On ne trouva pas d'acquéreur pour cette admirable collection;
-elle fut dispersée. Beaucoup de volumes, dit M. Léopold Delisle, furent
-achetés par Denis Guyon de Sardière, dont la bibliothèque fut acquise,
-vers 1759, par le duc de La Vallière; plusieurs manuscrits furent
-adjugés à Cangé, à Lancelot et à d'autres amateurs, dont les cabinets
-contribuèrent dans la suite à l'accroissement de la bibliothèque du roi;
-un certain nombre passèrent à l'étranger.
-
-La duchesse du Maine, qui hérita seulement du château d'Anet, aurait
-cependant été digne d'en posséder aussi la précieuse bibliothèque. Elle
-aimait, en effet, beaucoup les livres et tint à Sceaux une véritable cour
-littéraire. Fontenelle, Malézieux, La Fare, Sainte-Aulaire, Chaulieu et,
-plus tard, Voltaire y firent avec elle assaut d'esprit.
-
- La divinité qui s'amuse
- A me demander mon secret,
- Si j'étais Apollon ne serait point ma muse
- Elle serait Thétis, et le jour finirait,
-
-répondait un jour Sainte-Aulaire à la duchesse, qui l'appelait Apollon.
-
-«La contrainte qu'il fallait avoir à la cour l'ennuya, raconte Mme de
-Caylus; elle alla à Sceaux jouer la comédie et faire tout ce qu'on a
-entendu dire des nuits blanches, et tout le reste. M. le duc, son frère,
-pendant un temps prit un très grand goût pour elle: les vers et les
-pièces d'éloquence volèrent entre eux; les chansons contre eux volèrent
-aussi. L'abbé de Chaulieu et M. de La Fare, Malézieux et l'abbé Genest
-secondaient le goût que M. le duc avait pour la poésie.» Ces goûts
-littéraires ne l'empêchèrent pas de s'occuper de politique, comme le
-prouve cette conspiration de Cellamare dont elle fut l'inspiratrice.
-Souvent la littérature fut pour elle le masque de la politique; et
-l'emblème dont elle timbrait ses livres était aussi le signe de
-ralliement de ses alliés, les chevaliers de la Mouche à miel. Sur ses
-livres, en effet, étaient frappées des abeilles d'or, avec cette devise
-autour de leur ruche: _Piccola Si Ma Fa Pur Gravi La Ferite_. (Je suis
-petite, mais je fais cependant de graves blessures). Allusion à la petite
-taille de la princesse et à l'ordre galant de la Mouche à miel, qu'elle
-avait fondé en 1703.
-
-De cette princesse bibliophile, nous rapprocherons deux filles du régent:
-cette galante duchesse de Berry d'abord, morte si prématurément en 1719,
-à vingt-quatre ans, veuve d'un petit-fils de Louis XIV, (Ses livres
-étaient nombreux et portaient pour armes sur les plats: _de France, à la
-bordure engrêlée de gueules, qui est de Berry, accolé d'Orléans_, et, sur
-le dos, le chiffre ML entrelacées): et Mademoiselle de Beaujolais
-(Philippe-Élisabeth d'Orléans), née en 1714, morte en 1734, sans avoir vu
-s'accomplir son union avec l'infant don Carlos, auquel elle avait été
-promise. Ses livres étaient timbrés d'un écu en losange, aux armes _de
-France, au lambel d'argent à trois pendants_, surmonté de la couronne
-ducale.
-
-
-VI
-
-Une autre princesse de la maison de Bourbon, petite-fille de cette
-princesse de Condé dont nous avons parlé à propos de la vente d'Anet,
-mérite de prendre place parmi les Bourbons bibliophiles. C'est
-Louise-Elisabeth de Bourbon, princesse de Conti, née à Versailles le 22
-novembre 1693. Elle était petite-fille du grand Condé, et le troisième
-des neuf enfants de Louis III, duc de Bourbon, dit Monsieur le duc, mort
-en 1710, et de Mademoiselle de Nantes, la caustique chansonnière. Elle
-avait pour frères le duc de Bourbon, premier ministre sous Louis XV, le
-comte de Charolais, d'étrange mémoire, et le comte de Clermont, qui fut à
-la fois abbé de Saint-Germain des Prés et général d'armée; pour sœurs
-cadettes, Mademoiselle de Charolais, Mademoiselle de Clermont, la
-touchante héroïne du roman de Mme de Genlis, Mademoiselle de Vermandois,
-qui faillit épouser Louis XV, et Mademoiselle de Sens, toutes mortes
-avant elle, ainsi que ses trois frères. A l'âge de vingt ans, elle avait
-épousé, le 9 juillet 1713, son cousin germain, Louis-Armand de Bourbon,
-prince de Conti, fils de ce prince de Conti si bien doué pour la guerre,
-élu roi de Pologne en 1697, et de Marie-Thérèse de Bourbon-Condé, sœur
-de la duchesse du Maine et de cette dernière duchesse de Vendôme dont
-nous avons vu hériter sa grand'mère, la princesse douairière de Condé.
-
-Restée veuve, en 1727, d'un mari spirituel comme toute sa race, mais
-contrefait et peu fidèle, elle avait montré une âme forte, un esprit
-élevé et libre, dont avait hérité son fils, ce prince de Conti si cher
-aux parlementaires. Lors de sa mort, arrivée le 27 mai 1775, un an avant
-celle de son fils, un contemporain la dépeignait ainsi: «J'ai vu avec
-vénération la douairière de la maison, la princesse de Conti, plus
-qu'octogénaire et le seul reste de la vieille cour. Un air de majesté
-imprimé sur sa figure n'a pas besoin d'être relevé par le luxe des
-vêtements, par la pompe du cortège. Elle est remarquable dans toutes les
-fêtes par sa simplicité; elle a toujours été au-dessus de cet accessoire
-frivole: elle a l'âme forte, dégagée de préjugés.»
-
-D'un autre côté, Mme du Deffand disait, en annonçant sa mort dans une
-lettre du 28 mai 1775, à Horace Walpole: «Mme la princesse de Conti
-mourut hier, à huit heures du matin; on en prend le deuil demain pour
-onze jours... Elle laisse tout son bien à partager selon les coutumes; on
-dit que M. le prince de Conti aura cent mille livres de rente; M. le duc
-de Chartres aura cinq cent mille francs, et Mme la duchesse de Bourbon,
-sa sœur, en aura autant. La maison de Paris était assurée de son vivant
-à M. le comte de La Marche, son petits-fils; elle ne fait aucun présent à
-personne.»
-
-Cette princesse possédait une belle bibliothèque. Elle fut vendue, en
-1775, à l'hôtel et au petit hôtel de Conti qui s'étendaient entre les
-rues Saint-Dominique, de Bourgogne et de l'Université: les mêmes
-qu'occupe aujourd'hui le ministère de la guerre. Le catalogue, qui en fut
-publié chez Prault fils, «libraire, quai des Augustins, près la rue
-Pavée, à l'Immortalité», contenait 1711 numéros, dont 138 pour la
-théologie, 27 pour la jurisprudence, 55 pour la philosophie, 35 pour la
-politique, 81 pour les sciences, 12 pour l'architecture, la peinture et
-les arts du dessin; 740 pour les belles-lettres, parmi lesquels la poésie
-française figure pour 54, le théâtre français pour 62; et 622 pour
-l'histoire, l'histoire de France en comprenant 223 à elle seule.
-
-On retrouve la trace du quiétisme dont les doctrines avaient été un
-moment fort répandues à la cour et parmi les membres de la famille de
-Conti, dans deux ouvrages célèbres: _la Sainte Bible, traduite en
-françois, avec des explications et des réflexions qui regardent la vie
-intérieure_, Cologne, 1713 et 1714, 20 vol. in-8, et dont Mme Guyon est
-l'auteur, et dans le fameux livre du P. Quesnel, _Nouveau Testament en
-françois, avec des réflexions morales sur chaque verset, et le texte
-latin en marge_, Paris, 1696, 4 tomes en 5 vol. in-12. Dans cette section
-de la théologie, il faut encore mentionner: _les Cent cinquante Psalmes
-du prophète royal David, traduits en rythme françoise_, par Clément
-Marot, Paris, 1555; et les _Heures nouvelles dédiées à Madame la
-Princesse_, Paris, 1765, in-12.
-
-Le premier prince de Conti, frère du grand Condé, après une jeunesse plus
-que mondaine, pendant laquelle il avait été très épris de théâtre comme
-le prouve la protection qu'il accorda à la troupe de Molière qui porta un
-instant son nom, s'était jeté dans la dévotion la plus rigoureuse, avait
-embrassé les doctrines de Port-Royal, et écrit, sous l'inspiration de
-ces Messieurs, des _Lettres sur la Grâce_, et un _Traité sur la comédie_,
-dans lequel il condamnait ce divertissement. Sa femme, Anne Martinozzi,
-une nièce de Mazarin, d'une remarquable beauté, avait aussi partagé ce
-zèle pour le jansénisme. De là un assez grand nombre de livres
-jansénistes dans cette bibliothèque. Ce sont:
-
- _Le Parallèle de la doctrine des Payens avec celles des Jésuites,
- les Principes des Jésuites sur la probabilité, réfutés par les
- Payens_, 1726 et 1727, in-8, mar. r.; _de la fréquente
- Communion_, par Antoine Arnauld, Paris, 1656; _les Provinciales_,
- de Pascal, Francfort, 1716, pet. in-12; les _Pensées_, de Pascal,
- Paris, 1683, mar. doub. de mar. r., et enfin un ouvrage du
- premier prince de Conti: _Les Devoirs des grands_, par
- Monseigneur Armand de Bourbon, prince de Conti, avec son
- testament, Paris 1666, in-8, mar. rouge.
-
-La princesse douairière de Conti ne semble pas d'ailleurs avoir hérité
-de ces sentiments jansénistes. Sa dévotion était fort mince, et elle
-passait plutôt pour un esprit fort, nous dirions aujourd'hui une
-libre-penseuse, auprès de ses contemporains. La façon dont les mémoires
-de Bachaumont annoncent sa mort laisse peu de doute sur ce point. «Mme la
-princesse de Conti, y lisons-nous, a fini hier. Elle voyait depuis
-longtemps approcher la mort avec une fermeté digne de son âme fière,
-courageuse et au-dessus des préjugés. Elle chantait peu d'heures
-auparavant la chanson faite sur le maréchal de Biron [à l'occasion de
-l'émeute sur les grains.]» Sa fille, la jeune duchesse d'Orléans, morte
-en 1759, et qui fut mère de Philippe-Egalité, avait fini dans les mêmes
-sentiments, qu'elle tenait, disait-on, de sa mère. «C'est sans doute à
-son école, dit _l'Observateur anglais_, que sa fille, la feue duchesse
-d'Orléans, avait puisé cette philosophie libre et ferme qui la fait
-descendre si gaiement au tombeau.»
-
-Nous ne serons donc pas étonnés de rencontrer sur les rayons de la
-bibliothèque de la princesse de Conti: _la Morale d'Epicure_, Paris,
-1685, par le baron des Coutures, dont elle a aussi la traduction de
-_Lucrèce_, Paris, 1708; l'_Ebauche de la religion naturelle_, traduction
-de _Wolaston_, dont Voltaire fit un si grand éloge dans ses _Lettres sur
-les Anglais_, en 1734; l'_Essai de philosophie morale_, Paris, 1749, par
-Maupertuis; l'_Essai sur les erreurs populaires ou Examen de plusieurs
-opinions reçues comme vraies qui sont fausses ou douteuses, traduit de
-l'anglois de Th. Brown_, Paris, 1713; _la Philosophie du bon sens_, La
-Haye, 1747, par le marquis d'Argens; _Histoire des diables de Loudun_,
-Amsterdam, 1694.
-
-Ce serait pousser trop loin les conjectures que de voir dans chaque livre
-d'une bibliothèque une preuve des sentiments ou des opinions personnels
-de son possesseur. Cependant, d'après ce que nous connaissons de la
-tournure d'esprit, du caractère de la princesse de Conti, il est permis
-de croire que ce n'était pas seulement à titre de nouveautés et pour
-tenir au courant sa collection de livres qu'elle y avait placé, de
-Montesquieu: les _Lettres persanes_, Amsterdam, 1721, 2 vol. in-12; les
-_Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur
-décadence_, Amsterdam, 1734, in-12; _De l'esprit des lois_, Genève, 2
-vol. in-4; et les _Lettres familières_, Paris, 1762, in-12, dans leurs
-éditions originales; Voltaire n'y est représenté que par: _la Ligue ou
-Henry le Grand_, par Fr. Arouet de Voltaire, Genève, 1723, in-8;
-l'_Histoire de Charles XII_, Basle, 1731, 2 vol. in-12; _le Siècle de
-Louis XIV_, par de Francheville, Berlin, 1752, 2 vol. in-12;
-_Micromegas_, in-12, v. m., tr. dor.; _Zadig, ou la destinée, histoire
-orientale_, 1748, in-12; _les Scythes_, Paris, 1767, in-8; _Tancrède_,
-_Charlot_, _l'Orphelin de la Chine_ qui font partie de deux volumes de
-recueil factice; _Œdipe_, _Marianne_, _Brutus_, _l'Indiscret_, _Zaïre_,
-_Alzire_ et la _Mort de César_, dans le second volume des _Œuvres_,
-Amsterdam, 1739, 2 vol. in-8. De Diderot, nous ne trouvons que son drame:
-_le Fils naturel_, 1757, in-8; de J.-J. Rousseau: le _Discours sur
-l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes_, Amsterdam,
-1755, in-8; _J.-J. Rousseau à M. d'Alembert sur l'article_ GENÈVE _dans
-l'Encyclopédie_, Amst., 1758, in-8, autrement dit: _la Lettre sur les
-spectacles_; _Julie, ou la Nouvelle Héloïse_, Amsterdam, 1761, 6 vol.
-in-12; les _Pensées de J.-J. Rousseau_, Paris, 1766, 2 vol. in-12.
-
-Pour terminer avec les écrivains plus ou moins célèbres du XVIIIe siècle,
-il faut citer encore, de Buffon: l'_Histoire naturelle_, Paris,
-Imprimerie royale, 1749 et suiv., 17 vol. in-4, v. marb., filets; les
-_Å’uvres diverses_ de Fontenelle avec figures, Londres, 1710, 2 vol.
-in-12; les _Œuvres mêlées_ de Moncrif, Paris, 1751, 3 vol. in-12, mar.
-r.; les _Contes moraux_ de Marmontel, La Haye, 1761, 2 vol. in-12; les
-_Å’uvres diverses_ de Chaulieu et de La Fare, Amsterdam, 1733, 2 vol.
-in-8; les _Fables nouvelles_ de La Motte, avec les figures de Gillot,
-Paris, 1719, in-4, gr. pap.; les _Œuvres_ de Gresset, Genève, 1743,
-in-12, et 1751, 2 vol. in-12.
-
-Mais c'est surtout en romans, et en histoires et mémoires qu'était riche
-la bibliothèque de la princesse de Conti.
-
-La partie du catalogue relative aux romans comprend 336 numéros. Voici le
-dénombrement des plus remarquables par l'édition, par la reliure, ou par
-le mérite littéraire:
-
- _Les Amours de Théagènes et de Chariclée ou l'Histoire
- d'Héliodore_, trad. en français par J. de Montlyard, avec les
- figures de Michel Lasne, Paris, 1623, in-8, couv. en parch.; _les
- Amours pastorales de Daphnis et Chloé_, trad. du grec de Longus
- en français par J. Amyot, avec des fig. gravées par Audran sur
- les dessins du régent, Amsterdam, mar. citr. doublé de tabis; _la
- Métamorphose ou l'âne d'or_, trad. d'Apulée par J. de Montlyard,
- Paris, 1623, in-8, fig.; _les Travaux de Persile et de
- Sigismonde_, trad. de Michel de Cervantès, par d'Audiguier,
- Paris, 1618, in-12; _la Constante Amarillis_, trad. de l'espagnol
- de Figueroa par N. Lancelot, Lyon, 1614, in-8, mar. bleu; _la
- Célestine_, trad. de Rojas, Rouen, 1634, in-8; _le Colloandre
- fidèle_, trad. de Marini, par G. de Scudéry, Paris, 1668, 3 vol.
- in-8, mar. bleu; _l'Aventurier Buscon_, trad. de Quevedo, Paris,
- 1639; _la Vie de Gusman d'Alfarache_, avec fig., Paris, 1696, 3
- vol. in-12, mar. citr.; _Histoire facétieuse du fameux Lazarille
- de Tormes_, Lyon, 1697, in-12; _la Dianée_, trad. de l'italien de
- Loredano, Paris, 1642, 2 vol. in-12, parch.; _l'Almorinde_, de L.
- Assurino, Paris, 1646, in-8, mar. bleu.
-
-Beaucoup de ces romans de la première moitié du XVIIe siècle sont reliés
-en maroquin bleu ou rouge, et pourraient bien avoir formé la
-bibliothèque de la première princesse de Conti, nièce de Mazarin. Ce
-sont:
-
- _La Haine et l'amour d'Arnoult et de Clairemonde_, Paris, 1709,
- in-12; _l'Astrée_, d'H. d'Urfé, Paris, 1618, 6 vol. in-8, v. f.;
- _les Amans jaloux_, de du Verdier, Paris, 1631, in-8; _Les
- Triomphes de la guerre et de l'amour_, par Humbert, Paris, 1631,
- in-8; _le Roman véritable_, Paris, 1648, in-8; _Clorinde_, Paris,
- 1667, 2 vol. in-8; _L'Amour dans son trône_, trad. de Loredano
- par du Breton, Paris, 1646, in-8; _Cassandre_, par La Calprenède,
- Paris, 1651, 10 vol. in-8, v. n., fil.; _Mithridate_, Paris,
- 1649, 4 vol.; _le Toledan_, Rouen, 1653; _Sapor_, par du Perret,
- Paris, 1668, 5 vol. in-12; _le Comte de Dunois_, Paris, 1671, v.
- éc., fil.; _La Princesse de Montpensier_, par Mme de la Fayette,
- Paris, in-8, mar. cit. doub. de mar. bleu; _La Relation de l'île
- imaginaire ou l'Histoire de la princesse de Paphlagonie_, par
- Mlle de Montpensier, 1659, in-8, mar. r. doubl. de mar.; _le
- Prince de Condé_, par Boursault, Paris, 1675, in-12; _Oracié_,
- (par Mlle de Senectaire), Paris, 1646; _les Amours historiques
- des princes_, par Grenaille, Paris, 1642; _La Promenade de
- Versailles ou l'Histoire de Celamire_, (par Mlle de Scudéry),
- Paris, 1669, in-8; _Don Pelage_ (par de Juvenel), Paris, 1646, 2
- vol. in-8; _le prince de Sicile_, (par Mlle Bernard), Paris,
- 1690, 3 vol.; _Elise_, par l'Evêque de Belley, Paris, 1621;
- _l'Iphigénie_, Lyon, 1625; _Palombe_, Paris, 1625, et les
- _Occurrences remarquables_, Paris, 1626, par le même, ainsi que
- tous ses autres romans; _la Maison des jeux_, par Ch. Sorel,
- Paris 1657, 2 vol. in-8.
-
-La princesse de Conti lut-elle beaucoup ces œuvres, qui faisaient les
-délices de la société des Précieuses? On en peut douter. Elle se plut, en
-tout cas, certainement davantage aux romans du XVIIIe siècle, que nous
-trouvons presque tous dans sa bibliothèque, ceux de Le Sage: _le Diable
-boiteux_, _Gil Blas_, _le Bachelier de Salamanque_, _Estevanille_; de
-l'abbé Prévost: les _Mémoires d'un homme de qualité, avec l'Histoire de
-Manon Lescaut_, Paris, 1729; _Cleveland_, _Clarisse_, _Grandisson_; de
-Marivaux: _Marianne_, Amsterdam, 1745, _le Paysan parvenu_, Paris, 1734;
-comme les _Confessions du comte de ***_, Paris, 1741, et _Acajou et
-Zirphile_, 1744, avec les figures de Boucher, par Duclos; _Tanzai et
-Néadarné_, Pékin, 1734, par Crébillon fils; comme ceux de La Place, du
-chevalier de Mouhy, de Mlle Lambert, de Mme Riccoboni.
-
-Les manuscrits, sans être nombreux dans la bibliothèque de la princesse
-de Conti, n'y faisaient pas cependant défaut et quelques-uns sont
-intéressants à signaler.
-
- C'est d'abord _le Roman de la Rose_, in-fol. ms. du XIIIe siècle,
- avec miniatures; puis les _Mémoires de Mlle de Montpensier_, 6
- vol. in-fol. mar. r., dont manque le tome Ier; les _Mémoires de
- H.-A. de Lomenie, comte de Brienne_, in-fol.; _le Procès criminel
- fait à Louis de Bourbon, prince de Condé_, en 1654, in-fol.; _les
- Alliances de la maison de Bourbon_, in-fol.; une relation de
- l'ambassadeur vénitien Nic. Tiepolo: _Relatione del Signor
- Nic. Tiepolo Ristornato, Ambasciadere di Carolo V et Ferdinande
- Re de Romani per la Republica di Venetia l'anno 1532_, in-4. La
- partie des sciences occultes contenait aussi trois manuscrits
- assez curieux: un _Recueil de nativités, thèmes célestes, ou de
- figures d'astrologie qui contiennent l'horoscope de plusieurs
- personnes illustres de différentes nations et de différents
- tems_, in-4, couv. en parch.; un second _Recueil de quelques
- nativités violentes, avec des règles ou aphorismes pour juger de
- la mort violente_, in-4, couv. en parch.; et les _Prédictions du
- grand et sublime Docteur Théophraste Paracelse, trad. en François
- avec des remarques par M. Christallin, commis de la Bibliothèque
- de M. le Duc en 1712_, in-4.
-
-Ce «Monsieur le duc», dont le nom figure sur ce dernier manuscrit, était
-Louis-Henri de Bourbon-Condé, arrière-petit-fils du grand Condé, né en
-1692, mort en 1740, et qui fut premier ministre après la mort du régent.
-Il était le frère aîné de la princesse de Conti dont nous nous occupons.
-
-
-Il ne nous reste plus à signaler que trois traductions manuscrites
-d'auteurs anciens: _les Nuées d'Aristophane_, in-4; _les Comédies de
-Térence_, 3 vol. in-fol., et _les Géorgiques de Virgile_, trad. en
-français par de Martignac, in-4. L'auteur de cette dernière traduction
-était Etienne Algay de Martignac, né en 1620, mort en 1698, qui fut
-attaché à la personne de Gaston d'Orléans, sur lequel il a écrit des
-_Mémoires_. Comme il publia, en 1681, une traduction complète des œuvres
-de Virgile en trois volumes, il est probable que nous en avons là une
-partie manuscrite. Peut-être aussi faut-il lui attribuer cette traduction
-de Térence qui précède, car il en publia plusieurs pièces sous ce titre:
-_l'Eunuque_, _l'Hecyre_ et _le Fâcheux à soi-même, de Térence, rendus
-très honnêtes en y changeant fort peu de chose_, Paris, 1670, 1700,
-in-12.
-
-Un assez grand nombre d'incunables, quelques belles éditions du XVIe
-siècle, et surtout une belle collection de pièces de théâtre dans leurs
-éditions originales, doivent être encore mentionnés pour achever la
-description de la bibliothèque de la princesse de Conti. Cette dernière
-collection, qui serait aujourd'hui si précieuse, formait cinquante
-volumes in-4, reliés en maroquin bleu, comme les romans du XVIIe siècle
-dont nous avons parlé plus haut. Chacun de ces volumes était composé de
-six pièces, sauf quelques-uns qui n'en contenaient que quatre ou cinq. Là
-se trouvaient réunies presque toutes les pièces de théâtre de Levert,
-Provais, Chapoton, du Cros, Gillet, Meret, Sallebray, des Cinq Auteurs,
-de Desmarets, Mareschal, Cadet, Chevreau, Claveret, Cyrano de Bergerac,
-Boyer, Puget de la Serre, Gilbert, Baro, Beys, Jodelle (avec les _Å’uvres
-et mélanges_ poétiques), Rosières de Beaulieu, La Fontaine, La
-Calprenède, Magnon, Jobert, Guérin de Bouscal, Grenaille, La Caze,
-Benserade, Metel d'Ouville, Le Vayer de Boutigny, Desfontaines, La
-Mesnardière, d'Ancour, P. Corneille (18 pièces), Scudéry, Rotrou (29
-pièces), du Ryer (12 pièces), Bois Robert (10 pièces), Tristan, Scarron,
-de Prade, Regnault, Dalibray, de l'Etoile, Mlle Cosnard, Colletet,
-Monléon, Saint-Germain, Nouvelon, Le Clerc, Marcassus, Raissiguier,
-Bigrède, Brosse, Vozelle, Montfleury père, Quinault, Fremiele, J. Michel
-(_la Résurrection de Notre-Seigneur par personnages_, goth.).
-
-Parmi les éditions du XVIe siècle l'on remarque les suivantes: _l'Horloge
-des princes_, trad. de Guevara par B. de la Grise et Herberay des Essars,
-Lyon, 1592, in-18, mar. bleu; les _Eléments et principes d'astronomie_,
-par R. Roussat, Paris, 1552, in-8; _le Roland furieux_, trad. par
-Chappuys, Lyon, 1582-1583, 2 vol., fig.; _le Décameron_ de J. Boccace,
-trad. par Le Maçon, Paris, 1545, in-fol.; _Histoires tragiques extraites
-de l'italien de Bandello_, par Boistuau et Belle-Forest, Lyon, 1582, 8
-vol. in-16; _le Trésor des histoires tragiques_, de F. de Belle-Forest,
-Paris, 1581, in-16; _Histoires prodigieuses_, par Boistuau et
-Belle-Forest, Paris, 1598, 2 vol. in-16, fig.; _l'Heptaméron_ de
-Marguerite de Valois, remis en son vrai ordre par C. Gruget, Paris, 1560,
-in-4, mar. r., doub. de mar.; _Histoire du noble Tristan, prince de
-Léonois_, trad. par Langevin, Paris, 1586, in-4; _Amadis de Gaule_, trad.
-de l'espagnol par Herberay des Essars, avec fig., Paris, 1548, 4 vol.
-in-fol., mar. r.; _le Premier livre de la chronique de Dom Floris de
-Grèce_, trad. par le même, Paris, 1552, in-fol., fig.; _Histoire de
-Palmerin d'Olive_, trad. du Castellan par Maugin, Paris, 1549, in-fol.,
-fig.; _Histoire palladienne_, mise en françois par C. Colet, Paris, 1555;
-_le Premier livre de l'histoire de Gérard d'Euphrate_, Paris, 1549, fig.;
-_les grandes Annales de France_, par Belle-Forest, Paris, 1579, 2 vol.
-in-fol.; les _Mémoires_ d'Olivier de la Marche, Gand, 1566, in-4.
-
-Un certain nombre de livres étaient particulièrement remarquables par
-leur reliure ou par leur tirage, tels que: _les Statuts de l'ordre du
-Saint-Esprit_, Paris, Imprimerie royale, 1703, in-4 grand papier, mar.
-bleu doubl. de tabis; _les Triomphes de Louis XIII_, représentés en
-figures par J. Valdor, avec les vers de Ch. Beys et de P. Corneille,
-Paris, 1649, in-fol., gr. pap., v. br., tr. dor.; _Recueil de lettres
-galantes_, Amsterdam, 1706, in-12, mar. bleu, doublé de mar. rouge;
-_Fables de La Fontaine_, ornées des figures d'Oudry, Dupuis et Cochin
-fils, Paris, 1755 et suiv., 4 vol. in-fol., gr. pap., mar. rouge, dent.,
-avec cette note de l'expert: «On croit devoir assurer que cet exemplaire
-est des premiers de ce livre donné par souscription, en ce que les
-volumes ont été reliés au fur et à mesure de leur livraison»; la
-magnifique édition des _Œuvres de Boileau_, avec les figures de B.
-Picart, Amsterdam, 1718, 2 vol. in-fol., mar. rouge, dent.
-
-Signalons, en terminant, un _Ronsard_, Paris, 1623, 2 vol. in-fol., v.
-f., filets; un _Du Bartas_, Paris, 1611, in-fol.; _la Satyre Ménippée_,
-1595, parch.; les _Essais de Montaigne_, Paris, 1640, in-fol.; les
-_Œuvres de Molière_, avec figures, Paris, 1697, 8 vol. in-12.
-
-
-VII
-
-La reine Marie Leczinska ne fut peut-être pas une bibliophile, bien que
-cette honnête passion eût pu adoucir les amertumes que lui causèrent les
-amours de Louis XV et la faveur de Mesdemoiselles de Nesle et de Mme de
-Pompadour; mais elle aimait la lecture, et les lettres n'étaient pas
-chose étrangère dans le cercle intime d'amis qu'elle s'était formé, et
-où l'on distinguait la duchesse de Luynes, née Marie Brulart, l'aimable
-président Hénault, Fontenelle, Moncrif. «Le respect qu'elle inspire, a
-dit d'elle Mme du Deffand, tient plus à ses vertus qu'à sa dignité; elle
-n'interdit ni ne refroidit point l'âme et les sens. On a toute la liberté
-de son esprit avec elle: on le doit à la pénétration et à la délicatesse
-du sien; elle entend si promptement et si finement, qu'il est facile de
-lui communiquer toutes les idées qu'on veut sans s'écarter de la
-circonspection que son rang exige.» La bibliothèque de cette princesse
-était peu nombreuse, mais d'un choix sévère. Les livres avaient été
-reliés par Padeloup; la plupart sont conservés à la Bibliothèque
-nationale.
-
-Avec Mesdames de France, filles de Louis XV et de Marie Leczinska, nous
-sommes au contraire en pleine bibliophilie. Mesdames, et sous ce nom nous
-désignons seulement Madame Adélaïde, née le 23 mars 1732, Madame
-Victoire, née le 11 mai 1733, Madame Sophie, née le 27 juillet 1734,
-laissant de côté Madame Elisabeth, l'aînée, qui devint duchesse de Parme,
-Madame Henriette, sa sœur jumelle, morte de bonne heure, en 1752, et
-Madame Louise, la dernière des filles de Louis XV, entrée en religion du
-vivant même de son père. Mesdames, disons-nous, étaient toutes, comme
-leurs autres sœurs, instruites, intelligentes, pieuses, et portées à
-aimer le bien. Elles avaient eu pour gouvernante la vieille duchesse de
-Ventadour, qui avait rempli les mêmes fonctions près de Louis XV, ou
-plutôt la duchesse de Talard, qui eut cette charge en survivance, et Mmes
-de La Lande, de Villefort et du Muy pour sous-gouvernantes. L'éducation
-de Mesdames Elisabeth, Henriette et Adélaïde seules se fit à la cour; les
-autres filles de Louis XV furent élevées à l'abbaye de Fontevrault, où,
-en 1738, elles furent envoyées et placées sous la direction de l'abbesse,
-Louise de Rochechouart-Mortemart, femme de haute vertu et de grand
-mérite.
-
-Madame Victoire n'en revint qu'en 1748, Mesdames Sophie et Louise en
-1750. L'on peut dire que ce fut alors seulement que se fit leur véritable
-éducation. Le roi leur donna un excellent précepteur, M. Hardion, de
-l'Académie française. «Cet aimable et savant homme passait une heure avec
-chacune des trois sœurs, dit M. Ed. de Barthélemy, leur faisant des
-cours d'histoire et même de philosophie, d'après lesquels elles
-rédigeaient des extraits.» Il leur apprit également plusieurs langues,
-même le grec, et les avança assez dans l'étude des belles-lettres.
-Grandes liseuses, «elles faisaient, dit le duc de Luynes, des entreprises
-de grandes lectures dont elles venaient à bout.» Sur l'invitation de
-Madame Adélaïde, M. Hardion composa même pour cette princesse une
-_Histoire universelle sacrée et profane_, en 20 vol. in-12. L'on sait que
-c'est par elles que Beaumarchais, qui leur fut comme un maître de
-musique, se poussa d'abord dans le monde.
-
-Mme Campan, qui avait été leur lectrice, nous a laissé d'elles, dans ses
-_Mémoires_, un portrait qui doit-être vrai, car on n'y remarque aucune
-flatterie: «Quand Mesdames encore fort jeunes, dit-elle, furent revenues
-à la cour....., elles se livrèrent avec ardeur à l'étude, et y
-consacrèrent presque tout leur temps; elles parvinrent à écrire
-correctement le français et à savoir très bien l'histoire. Madame
-Adélaïde, surtout, eut un désir immodéré d'apprendre; elle apprit à jouer
-de tous les instrumens de musique, depuis le cor, (me croira-t-on?),
-jusqu'à la guimbarde. L'italien, l'anglais, les hautes mathématiques, le
-tour, l'horlogerie, occupèrent successivement les loisirs de ces
-princesses. Madame Adélaïde avait eu un moment une figure charmante;
-mais jamais beauté n'a disparu si promptement que la sienne. Madame
-Victoire était belle et très gracieuse; son accueil, son regard, son
-sourire étaient parfaitement d'accord avec la bonté de son âme. Madame
-Sophie était d'une rare laideur... On assurait qu'elle montrait de
-l'esprit, et même de l'amabilité dans la société de quelques dames
-préférées; elle s'instruisait beaucoup, mais elle lisait seule; la
-présence d'une lectrice l'eût infiniment gênée.» Madame Louise, celle qui
-se fit religieuse à Saint-Denis, était plus passionnée encore que ses
-autres sœurs pour la lecture. Mme Campan la lui faisait cinq heures par
-jour; et comme ce n'était pas sans fatigue, la princesse lui préparait
-elle-même de l'eau sucrée, et s'excusait «de la faire lire si longtemps
-sur la nécessité d'achever un cours de lecture qu'elle s'était prescrit.»
-
-
-Chacune d'elles avait les livres de sa bibliothèque, aux mêmes armes,
-c'est-à-dire _de France_, dans un écu en losange surmonté d'une couronne
-ducale. Seulement leurs livres différaient ordinairement par la couleur
-de la reliure: ceux de Mme Adélaïde étaient en maroquin rouge; ceux de
-Mme Sophie, en maroquin citron; ceux de Mme Victoire, en maroquin vert.
-Nous possédons les catalogues manuscrits de ces bibliothèques. En tête du
-_Catalogue des livres qui forment la bibliothèque de Madame Victoire_,
-1789, (Bibliothèque de l'Arsenal, manuscrit no 6274), on lit cet avis:
-
- Les livres de Madame Victoire occupent deux pièces dans le fond
- de son appartement, savoir: une au rez-de-chaussée contient deux
- corps d'armoires, dont six à droite, en regardant sur la
- terrasse, et seulement cinq à gauche, la sixième étant coupée à
- moitié par la porte d'entrée et formant une petite armoire
- séparée. Entre les deux corps, au fond de la dite pièce, est une
- armoire vitrée en glace au tain, laquelle renferme les livres
- Italiens et Espagnols. Les livres sont distribués sur huit rangs
- de tablettes, et, autant qu'on l'a pu, suivant l'ordre
- alphabétique. Les grands formats, considérés comme base, occupent
- les premières tablettes en bas, et les autres en montant de bas
- en haut. L'entresolle contient aussi deux corps de tablettes de
- huit chacun, et les livres y sont distribués suivant le même
- ordre et les lettres correspondantes.
-
-Ce catalogue forme 274 feuillets in-folio. Un second, rédigé en 1777,
-(Bibliothèque de l'Arsenal, manuscrit no 6275), comprend 121 pages. Le
-«_Catalogue des livres de la bibliothèque de Madame Adélaïde, 1786_»,
-forme un volume in-folio, relié en maroquin rouge, dentelle, timbré de
-ses armes, de 425 pages, dont 37 pour la philosophie et la jurisprudence,
-30 pour les arts et sciences, 36 pour la poésie, et 63 pour l'histoire
-(Bibliothèque de l'Arsenal, manuscrit no 6277). En tête se voit un
-portrait à l'aquarelle de la princesse représentée en Minerve, assise
-devant un bureau. Un quatrième catalogue porte ce titre: _Catalogue de la
-bibliothèque de Mesdames à Bellevue_, 1789 (Bibl. de l'Arsenal, ms. no
-6276).
-
-
-VIII
-
-La reine Marie-Antoinette eut plusieurs bibliothèques: une à Trianon,
-dont le catalogue a été publié, par Louis Lacour, sous le titre: _Livre
-du boudoir de la reine Marie-Antoinette_, Paris, Gay, 1862, in-16. Un
-inventaire de cette même bibliothèque, dressé par ordre de la Convention,
-a été publié, d'après le manuscrit de la Bibliothèque de l'Arsenal, par
-Paul Lacroix sous ce titre: _Bibliothèque de la reine Marie-Antoinette au
-petit Trianon_. Les livres en furent déposés, en 1800, à la Bibliothèque
-publique de Versailles, et les doubles vendus, en vertu d'une
-délibération du Conseil Municipal de cette ville. Un autre catalogue
-manuscrit en existe à la Bibliothèque nationale.
-
-L'autre bibliothèque de Marie-Antoinette était aux Tuileries. Les livres
-en portaient, presque tous, soit au dos, soit sur les plats, au bas des
-armes, les initiales couronnées C. T. Ils furent transportés, en 1793, à
-la Bibliothèque nationale, où ils sont aujourd'hui.
-
-Le catalogue en avait été dressé. Il forme un volume manuscrit, conservé
-à la Bibliothèque nationale, sous le no 13001, du fonds français. Il
-comprend 146 pages in-4º, relié en veau brun marbré, fil. Les armes, aux
-deux écussons accolés de France et d'Autriche surmontés de la couronne
-royale, ont été grattées. Sur le titre intérieur: _Catalogue des livres
-de la Reine_, les mots _la Reine_ ont été grattés. Dans une espèce
-d'avertissement placé au commencement de ce catalogue, on lit:
-
- Le catalogue suivant n'a d'autre objet que de procurer [à la
- Reine] la facilité de mettre le doigt sur chaque livre sans être
- obligé de les chercher. J'en écarterai donc toutes les divisions
- et subdivisions qui pourraient l'embarrasser. Il s'agit
- simplement de guider ses yeux.
-
-On y trouve de précieux renseignements sur la manière dont la
-bibliothèque de la reine était disposée.
-
- Son cabinet de livres, y lit-on, est composé de dix armoires
- séparées chacune par une cloison, et chaque armoire contient huit
- tablettes ou rayons. Chaque armoire est marquée par une lettre de
- l'alphabet à commencer par celle que Sa Majesté a à sa main
- gauche en passant la porte par laquelle elle va de sa chambre
- dans sa bibliothèque. Cette armoire est désignée par la lettre A.
- Celle qui se trouve à droite de la même porte est l'armoire B, et
- ainsi de suite en faisant le tour jusqu'à la lettre K.
-
-Ce catalogue est divisé en deux parties, la première où les livres sont
-inscrits par ordre de matière, la seconde par ordre alphabétique. Nous
-voyons que les divisions de l'ordre par matière avaient été faites par
-le roi lui-même. «Pour ces divisions, lisons-nous, on a suivi celles que
-le roi a indiquées lui-même, en faisant le premier arrangement des livres
-qui a épargné au bibliothécaire plus de la moitié de son travail.»
-
-Les divisions sont au nombre de quatre: Religion, Histoire, Arts,
-Belles-Lettres.
-
-La division de la Religion comprenait d'abord 53 articles, qui, plus
-tard, ont été portés à 69; l'Histoire, 140; les Sciences et Arts, 60; les
-Belles-Lettres, 93. Dans cette dernière division nous remarquons:
-
- _Les Femmes illustres_, de Scudéry, ms. in-fol.; _les Principales
- aventures de don Quichotte_, représentées en 31 figures par
- Coypel, Picart, in-fol.; _la Princesse de Clèves, Zaïde_, par Mme
- de La Fayette; _les Aventures de Télémaque_; _les Mémoires du
- chevalier de Grammont_, par Hamilton; _Gil Blas_, de Le Sage;
- _les Contes Moraux_, de Marmontel; de l'abbé Prévost, ses
- _Mémoires pour servir à l'histoire de la vertu_; presque tous les
- romans de Mme Riccoboni: _Fanny Butler_, _Miss Jenny_, _Juliette
- Catesby_, _la comtesse de Sancerre_, _Histoire du marquis de
- Cressy_; de Richardson, _Clarisse_, _Grandisson_; de Fielding,
- _Tomes Jones_, _Amélie_; _Gulliver_, de Swift; _Robinson Crusoé_;
- _les Contes de fées_ de Mme d'Aulnoy; tous nos écrivains de
- théâtre, et la traduction de Shakespeare par Letourneur.
-
-Il faut rapprocher de Marie-Antoinette, sa belle sœur, Madame Elisabeth,
-unie avec la reine de France dans la même tragique destinée. De dix ans
-plus jeune que Louis XVI, dernière des cinq enfants du Dauphin et de la
-princesse Josèphe de Saxe, Madame Elisabeth avait reçu une éducation
-sévère, sous la surveillance de la comtesse de Marsan, gouvernante des
-Enfants de France, et surtout de la baronne de Mackau, sous-gouvernante.
-C'est à leurs soins patients que fut due la transformation qui eut lieu
-dans le caractère de la jeune princesse, née emportée et violente: ce
-fut une répétition de ce qu'autrefois Fénelon avait fait pour le duc de
-Bourgogne. Et l'on ne peut s'empêcher de penser qu'en réformant ainsi la
-nature, l'éducation n'ait contribué à affaiblir dans les derniers
-Bourbons une énergie que les circonstances politiques allaient rendre si
-nécessaire. Moins vertueux, Louis XVI eut sans doute été un meilleur roi.
-Toutefois il est juste de dire, en ce qui concerne Madame Elisabeth, que
-si l'éducation en fit la plus vertueuse des princesses, elle laissa
-subsister en elle une énergie qu'on aurait souhaitée à son frère. Elle
-reçut de Guillaume Le Blond des leçons d'histoire et de géographie,
-suivit même assidûment les cours de physique de l'abbé Nollet. Le Dr Le
-Monnier, médecin des Enfants de France, et le Dr Dassy lui apprirent la
-botanique, dans les longues excursions qu'ils faisaient avec elle dans la
-forêt de Fontainebleau pendant les séjours de la cour dans cette
-résidence royale. La fille de la célèbre Mme Geoffrin, la marquise de la
-Ferté-Imbault, lui avait donné un goût très vif pour Plutarque, en
-composant pour elle une analyse des _Vies des hommes illustres_.
-
-Devenue, à quatorze ans (1778), maîtresse de ses actions, elle s'était
-arrangé dans sa maison de Montreuil, près de Versailles, une vie toute
-d'étude et de charité pratique. Elle a pour «secrétaire ordinaire et de
-cabinet, Chamfort l'académicien; pour page, ce jeune Adalbert de Chamisso
-de Boncourt, que l'émigration jettera en Allemagne, et qui écrira plus
-tard le roman de _Pierre Schlemihl_ (1814). Madame Elisabeth aima les
-livres; ceux de sa bibliothèque étaient élégamment reliés, timbrés d'un
-écusson en losange aux armes de France, surmonté d'une couronne ducale.
-La Bibliothèque de l'Arsenal en possède un, _l'Office de
-Saint-Symphorien_, qui rappelle les habitudes pieuses de la jeune
-princesse, et qui a dû l'accompagner bien souvent dans ses visites à sa
-paroisse. Cette église de Saint-Symphorien était celle de Montreuil:
-église très simple, assez laide, au style de temple grec, surmontée d'une
-sorte de pigeonnier carré, où sonnait une unique cloche, dont Madame
-Elisabeth avait été la marraine. Comme la maison de Montreuil n'avait pas
-de chapelle, la princesse s'y rendait à pied par les ruelles, souvent
-«par une crotte indigne», car l'accès en était difficile aux carrosses.
-C'est à propos de cette église qu'elle écrivait à Mme de Raigecourt, le
-lundi de Pâques: «J'ai l'air d'une vraie campagnarde: c'est que je suis à
-Montreuil depuis midi. J'ai été à vêpres à la paroisse. Elles sont aussi
-longues que l'année dernière, et ton cher vicaire chante _O Filii_ d'une
-manière aussi agréable. Des Essarts a pensé éclater, et moi de même.»
-
-Les seules fêtes de la résidence de Montreuil, nous ne voulons pas dire
-le château, étaient celles de l'étude et de l'amitié. Entre Mme de Mackau
-et son vieux maître Le Monnier, qui tous deux avaient une habitation
-voisine, la princesse passait des heures délicieuses. Le Monnier, raconte
-Mme d'Armaillé, associait Madame Elisabeth à ses recherches de botanique
-dans son jardin, à ses expériences de physique dans son cabinet. Le jeune
-Chamisso y assistait souvent à la suite de la princesse, et il en acquit
-des connaissances qui, plus tard, ne furent pas inutiles à sa carrière et
-à sa réputation. Chez elle nous voyons souvent Madame Elisabeth occupée à
-de vrais plaisirs de bibliophile. Plus d'une de ses matinées sont
-occupées à ranger ses livres. «Ma bibliothèque est presque finie,
-écrit-elle à Mme de Raigecourt, les tablettes se placent; tu n'imagines
-pas quel joli effet font les livres.»
-
-
-IX
-
-Caroline de Bourbon, fille du roi François Ier, roi de Naples, qui, en
-1816, à dix-huit ans épousa le duc de Berry, clôt dignement cette liste
-des princesses de Bourbon bibliophiles. D'un esprit très vif, très
-naturel, aimant les lettres et les arts, la duchesse de Berry, même après
-l'assassinat de son mari, en 1820, resta la protectrice des artistes et
-des gens de lettres. Sa collection de tableaux, et la collection de
-livres qu'elle s'était formée au château de Rosny, furent également
-célèbres. Les événements de 1830 les dispersèrent l'une et l'autre.
-
-La bibliothèque du château de Rosny fut une des mieux choisies, des plus
-élégantes, par ses exemplaires et par ses reliures, que l'on ait comptées
-dans la première moitié de ce siècle. Les livres en étaient presque tous
-timbrés sur le plat recto aux armes de la duchesse: _de France à la
-bordure engrêlée de gueules qui est de Berry, accolé des Deux-Sicile_;
-sur le plat verso, de son chiffre C couronné. La vente en eut lieu du 20
-février au 23 mars 1837, dans la salle de la galerie de Bossange père,
-rue de Richelieu 60. Le _Catalogue_[3], où figurent, sur la feuille de
-titre, les armes de la Duchesse, très finement gravées en taille douce,
-entourées de la cordelière des veuves et de deux branches de lis,
-comprend 2,578 numéros pour les livres, et 74 pour les estampes. La
-théologie y forme 141 articles, la jurisprudence 36, les sciences et arts
-445, les belles-lettres 565, l'histoire 1,163, les manuscrits 86, les
-lettres autographes 54.
-
- [3] Catalogue de la riche bibliothèque de Rosny, dans laquelle se
- trouvent les grands et beaux ouvrages à figures, tant anciens que
- modernes, publiés en France, en Angleterre, et en Italie, dont
- plusieurs sur peau de vélin, avec les dessins originaux
- (exemplaires uniques), une collection de quatre-vingt-dix
- manuscrits très précieux et de la plus haute antiquité, dont la
- vente aura lieu... par le ministère de Me Bataillard. _Paris,
- Bossange père, Techener et Bataillard_, in-8º de 264 pages. \#
-
-L'auteur de la préface considère comme «superflu» l'éloge de cette
-bibliothèque, où «chaque article annonce presque toujours le plus bel
-exemplaire, enrichi de gravures, de portraits, ou d'une riche et élégante
-reliure. Les manuscrits doivent exciter la curiosité à un très haut
-degré. Depuis plus de 30 ans, ajoute-il, il ne s'était pas présenté de
-collection aussi précieuse, sous le rapport de l'antiquité historique;
-une grande partie de ces richesses ont été recueillies par le célèbre
-Pithou.»
-
- Parmi les livres, on remarquait un _Rituel de l'Abbaye royale de
- Saint-Germain des Prés_, ms. sur vélin, pet. in-fol., offert à
- Anne d'Autriche dont il porte les armes; les _Roses_ représentées
- en 170 dessins originaux de Redouté, peintes sur peau vélin,
- renfermées en six portefeuilles gr. in-fol., qui avaient coûté
- trente mille francs; l'_Herbier de l'amateur_, par Mordant de
- Launoy et Loiseleur Des Longchamps, avec 526 dessins originaux
- de Bessa, sur beau vélin, en six étuis; la collection d'estampes,
- connue sous le nom de _Cabinet du roi_, 24 vol. in-fol., épreuves
- de choix et de la plus parfaite conservation; _Peintures Persanes
- et Mongoles_, représentant des costumes, rel. orientale; les
- _Poésies de Malherbe_, Didot, 1777, in-4º, exemplaire unique, sur
- vélin; une curieuse collection de romans du commencement du XIXe
- siècle, en éditions originales (330 numéros).
-
- Des manuscrits, nous mentionnerons seulement le _Code
- Théodosien_, ms. du VIe siècle, qu'une note de F. Pithou dit
- avoir servi à Cujas pour sa publication des Codes; le _Roman de
- la Rose_, ms. sur vélin, du XIIIe siècle; le _Roman de Gaides_,
- en vers, ms. de la fin du XIIIe siècle.
-
-Dans un tome des _Œconomies Royales_ de Sully, édition originale
-imprimée à Sully, se trouvait cette note de la main de la duchesse de
-Berry:
-
- Le procédé de la Cour a certainement quelque chose de bien
- singulier. Ce serait un mystère absolument incompréhensible si
- l'on ne sçavait dans quelles variations est capable de se jetter
- un prince livré à l'irrésolution, à la timidité et à la paresse.
- En matière d'Etat rien n'est pire que cet esprit d'indécision. Il
- ne faut, dans les conjonctures difficiles, tout abandonner ni
- tout refuser au hasard, mais après avoir choisi un but par les
- réflexions sages et froides, il faut que toutes les démarches
- qu'on fait décident à y parvenir.
-
- Le défaut de tous les esprits qui n'ont jamais embrassé que de
- petites et frivoles intrigues et, en général, de tous ceux qui
- ont plus de vivacité que de jugement, est de se représenter ce
- qui est proche de manière à s'en laisser éblouir, et de ne voir
- ce qui est loin qu'au travers d'un nuage.
-
-Quelques livres, ayant appartenu à sa fille, Louise-Marie-Thérèse
-d'Artois, née en 1819, appelée jusqu'en 1830 Mademoiselle, et mariée, en
-1845, à Charles III, duc de Parme, étaient timbrés de l'écusson en
-losange: _de France, à la bordure crénelée de gueules_.
-
-Quelques années avant la mort de la duchesse en 1870, eut lieu une
-seconde vente de manuscrits lui ayant appartenu.[4] Cette collection
-avait été distraite de la première, et ne comprenait que 35 articles. La
-vente produisit 98,075. Un seul _Livre d'heures_ fut adjugé au prix de
-60,000 francs pour le Musée des Souverains.
-
- [4] _Catalogue des manuscrits très précieux des XIIIe et XVIIe
- siècles composant la collection de Mme la duchesse de B***_ (par
- M. Paul Meyer), _dont la vente aura lieu le mardi 22 mars 1864_;
- Paris, in-8, de 36 pp.
-
-
-X
-
-Le temps et plus encore les révolutions, ont détruit ou dispersé ces
-richesses. Ce qui en reste dans nos grands dépôts littéraires est, sauf
-un petit nombre, comme noyé et perdu dans la foule des livres vulgaires.
-Il est cependant un lieu privilégié, où l'on peut encore se faire une
-idée de ces belles collections royales, dont les débris sont aussi
-précieux par les souvenirs historiques qui s'y rattachent que pour
-l'histoire de cet art de la reliure qui atteignit en France une si
-admirable perfection. Nous voulons parler de Versailles. C'est à la
-bibliothèque de la ville de Versailles, si heureusement installée dans
-l'ancien Hôtel du Dépôt des papiers de la guerre, de la marine et des
-affaires étrangères, bâti de 1761 à 1762 par le père du maréchal
-Berthier, qu'il faut aller pour avoir une idée de ce que pouvaient être
-les collections littéraires des princes de la maison de France. Cette
-Bibliothèque, en effet, est en grande partie composée des bibliothèques
-privées du Roi, des princes et princesses de la famille royale, qui se
-trouvaient dans les appartements du château à l'époque de la Révolution.
-
-
- [Illustration: deco]
-
-
- [Illustration: deco]
-
-
- AVANT-PROPOS I
- ROIS ET PRINCES 1
- REINES ET PRINCESSES 63
-
- [Illustration: deco]
-
-
- [Illustration: deco]
-
- _Achevé d'imprimer_
- Le huit juillet mil neuf-cent-un
- PAR
- FRÉDÉRIC EMPAYTAZ
- _A VENDOME_
-
- [Illustration: deco]
-
-
- Collection du Bibliophile Parisien
- OUVRAGES PARUS:
- Les Mystifications de Caillot-Duval
- par =LOREDAN-LARCHEY=
- _Choix de ses lettres les plus amusantes avec les réponses de ses
- victimes_
-
- 1 vol. in-18 tiré à 375 exemplaires numérotés et signés
-
- 10 ex. Japon imp. de Tokio (A à J) =10= fr.
- 5 ex. Chine (K à O) =8= fr.
- 10 ex. Hol. de Van Gelder Zonen (P à Y) =6= fr.
- 350 ex. sur bel alfa vergé (1 à 350) =4= fr.
-
-
- LA SEINE ET LES QUAIS
- _Promenades d'un Bibliophile_
- Par =Gabriel HANOTAUX= de l'Académie Française
- 1 vol. in-18 avec une eau-forte de =A. Robida=
- Tiré à 375 exemplaires--_Tous les exemplaires de luxe sont
- souscrits.
-
- Il ne reste que quelques exemplaires sur alfa vergé à =5= fr._
-
-
- Petit Essai de =Bibliothérapeutique=
- _ou l'Art de soigner et restaurer les livres vieux ou malades_
- par =R. YVE-PLESSIS=
- 1 vol. in-18, tiré à 250 exemplaires numérotés et signés
- _L'édition est entièrement épuisée_
-
-
- Bibliographe raisonnée de l'Argot et de la langue Verte
- en France du XVe au XXe siècle
- par =R. YVE-PLESSIS=
- Préface de =Gaston Esnault=
- Illustré de 8 planches hors texte.
- 1 vol. in-8º, tiré à 275 exemplaires numérotés et signés
-
- 10 ex. Jap. imp. de Tokio (A à J) =20= fr.
- 5 ex. Chine (K à O) _épuisés_
- 10 ex. Hol. Van Gelder Zonen (P à Y) _épuisés_
- 250 ex. sur alfa vergé (1 à 250) _épuisés_
-
-
- EN PRÉPARATION dans la même COLLECTION:
- Clavel d'Haurimonts
- _Un ancêtre des poètes montmartrois_
- par =Virgile JOSZ=
- 1 volume in-18, tiré à 375 exemplaires, numérotés et signés =4= fr.
-
-
- Bibliographie de la Presse Parisienne
- _A LA FIN DU SECOND EMPIRE_
- par =Maurice TOURNEUX=
- _Illustré de 8 planches hors texte_
- 1 vol. in-8°, tiré à 375 exemplaires numérotés et signés
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- 10 ex. Jap. imp. de Tokio (A à I) =20= 00 fr.
- 5 ex. Chine (K à O) =15= 00 fr.
- 10 ex. Hol. Van Gelder Zonen (P à Y) =12= 00 fr.
- 350 ex. sur alfa vergé (1 à 350) =7= 50 fr.
-
-
- MONTMARTRE et ses CHANSONS
- Poètes et Chansonniers - Cabarets et Théâtricules
- par =Léon de BERCY=
- _illustré de 4 planches hors texte_
- 1 vol. in-18, tiré à 375 exemplaires numérotés et signés
-
- 10 ex. Japon impérial (A à S) =10= fr.
- 5 ex. Chine (K à O) =8= fr.
- 10 ex. Hol. Van Gelder Zonen (P à Y) =6= fr.
- 350 ex. sur bel alfa vergé (1 à 350) =4= fr.
-
-
- LE RESPECT DES LIVRES
- _MEMENTO DU BIBLIOPHILE_
- par =R. YVE-PLESSIS=
- _Avec un frontispice en couleur_
- 1 vol. in-18, tiré à exemplaires numérotés et signés =4= fr.
-
-
- _Pour paraître incessamment, le 1er volume de la_
- Bibliothèque du Vieux Paris
- _On peut souscrire à tous les volumes à paraître en ces
- collections_
-
- Imp. A. Gautherin Paris
-
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- The Project Gutenberg's eBook of Les Bourbons bibliophiles, by Eugène Asse</title>
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-<pre>
-
-The Project Gutenberg EBook of Les Bourbons bibliophiles, by Eugène Asse
-
-This eBook is for the use of anyone anywhere in the United States and most
-other parts of the world at no cost and with almost no restrictions
-whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of
-the Project Gutenberg License included with this eBook or online at
-www.gutenberg.org. If you are not located in the United States, you'll have
-to check the laws of the country where you are located before using this ebook.
-
-
-
-Title: Les Bourbons bibliophiles
- Rois & Princes, Reines & Princesses
-
-Author: Eugène Asse
-
-Release Date: November 29, 2016 [EBook #53634]
-
-Language: French
-
-Character set encoding: ISO-8859-1
-
-*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LES BOURBONS BIBLIOPHILES ***
-
-
-
-
-Produced by Clarity, Hélène de Mink, and the Online
-Distributed Proofreading Team at http://www.pgdp.net (This
-file was produced from images generously made available
-by The Internet Archive/Canadian Libraries)
-
-
-
-
-
-
-</pre>
-
-
-<div class="tnote">
-<p>Note sur la transcription: Les erreurs clairement introduites par le typographe ont été corrigées.
-L'orthographe d'origine a été conservée et n'a pas été harmonisée.
-Les numéros des pages blanches n'ont pas été repris.</p>
-</div>
-
-<h1><span class="small">LES</span><br />
-<span class="large">BOURBONS BIBLIOPHILES</span></h1>
-
-<div class="frontmatter">
-<p>Il a été tiré de cet ouvrage<br />
-TROIS CENT SOIXANTE-QUINZE EXEMPLAIRES:</p>
-
-<ul>
-<li>10 exempl. sur pap. du Japon (A à J).</li>
-<li>&nbsp;5 exempl. sur pap. de Chine (K à O).</li>
-<li>&nbsp; 10 exempl. sur pap. de Hollande (P à Y).</li>
-<li>350 exemplaires sur alfa vergé (1 à 350).</li>
-</ul>
-
-<p>Droits réservés pour tous pays y compris la<br />
-Suède, la Norvège et le Danemark</p>
-</div>
-
-<div class="topspace titlepage">
-<p><span class="small">COLLECTION DU BIBLIOPHILE PARISIEN</span></p>
-</div>
-<hr class="deco" />
-<div class="titlepage">
-<p><span class="xxlarge">LES BOURBONS</span><br />
-<span class="xlarge">BIBLIOPHILES</span><br />
-<span class="sper">Rois &amp; Princes</span><br />
-<span class="sper">Reines &amp; Princesses</span><br />
-<span class="xs">PAR</span><br />
-<span class="large">EUGÈNE ASSE</span></p>
-
-<p><span class="space small">Avant-propos</span><br />
-<span class="small">PAR</span><br />
-<span class="medium">GEORGES VICAIRE</span></p>
-<div class="figcenter">
-<img src="images/lily.jpg" width="20" height="12" alt="logo" />
-</div>
-
-<p><span class="large"><i>Paris</i></span><br />
-<span class="cap">H</span><span class="smallc">ENRI</span> <span class="cap">D</span><span class="smallc">ARAGON,</span> libraire<br />
-<span class="small">10, rue Notre-Dame de Lorette, 10</span></p>
-</div>
-<hr class="deco" />
-<div class="titlepage">
-<p class="medium">1901</p>
-</div>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_I"> I</a></span></p>
-<div class="figcentert">
-<img src="images/005.jpg" width="295" height="60" alt="" />
-</div>
-
-<p><i>Eugène Asse, bibliothécaire à
-l'Arsenal, décédé il y a quelques
-mois à peine, était un passionné du
-livre. Il l'aimait de toutes les
-manières, sous toutes ses formes,
-pour ce qu'il contenait et pour sa
-décoration extérieure. Sa bibliothèque,
-généreusement léguée par
-lui à la ville de Versailles, formait,
-au point de vue de l'histoire comme
-à celui des lettres, un ensemble des
-plus importants et des mieux choisis.
-Mais s'il ne possédait point sur
-ses rayons des maroquins armoriés,</i>
-<span class="pagenum"><a id="Page_II"> II</a></span>
-<i>de provenance célèbre, des reliures
-des Eve, des Ruette, des Le Gascon,
-des Derome et des Padeloup, des
-manuscrits précieux ou des estampes
-rares.</i>&mdash;Non licet omnibus adire
-Corinthum&mdash;<i>du moins professait-il
-pour tous ces trésors un culte
-respectueux qui confinait à la
-dévotion. Il fallait voir Asse caresser
-amoureusement les plats d'une
-ancienne reliure, tourner les feuillets
-d'un volume, en examiner les
-armes ou l'ex-libris, son visage
-s'illuminait aussitôt. Et si, par
-hasard, quelque profane s'était
-permis, en sa présence, de manquer
-à un livre, vieil ou jeune, des égards
-qui lui sont dus, Asse devenait
-terrible, inexorable et le mécréant
-n'avait plus qu'à s'esquiver.</i></p>
-
-<p><i>A cet amour du livre, mon
-regretté confrère joignait une érudition
-des plus solides et un goût
-fort délicat. Rien de notre littérature
-ou de notre histoire ne lui était
-étranger; le dix-huitième siècle
-surtout l'avait attiré; il le possédait
-à fond.</i></p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_III"> III</a></span>
-<i>Nul plus qu'Eugène Asse, n'était
-donc qualifié pour écrire l'étude
-bibliophilique que M. H. Daragon
-vient de faire entrer dans sa
-«Collection du bibliophile parisien»
-et qui y trouve sa place naturelle.</i></p>
-
-<p><i>Les</i> Bourbons bibliophiles <i>parurent
-jadis dans une revue. Depuis,
-l'auteur des</i> Petits Romantiques,
-<i>qui avait projeté de réunir ces
-intéressantes pages en volume,
-revisa, dans cette intention, son
-premier travail, le corrigea, le
-compléta de telle sorte que le livre
-d'aujourd'hui apparait, non seulement
-comme une première édition
-en librairie mais presque comme
-une édition originale. La mort n'a
-pas laissé le temps à Eugène Asse
-de réaliser lui-même son projet et
-c'est à moi qu'il appartient d'accomplir
-le v&oelig;u de celui qui fut mon
-collaborateur dévoué et mon ami
-fidèle.</i></p>
-
-<p><i>La mission m'est d'autant plus
-douce à remplir que, tout en
-honorant la mémoire du consciencieux
-écrivain, je livre à ses confrères</i>
-<span class="pagenum"><a id="Page_IV"> IV</a></span>
-<i>en bibliophilie une étude qui, j'en
-suis persuadé, ne manquera pas de
-les intéresser et de recueillir leurs
-suffrages.</i></p>
-
-<p class="signature"><span class="cap">G</span><span class="smallc">EORGES</span> <span class="cap">V</span><span class="smallc">ICAIRE.</span></p>
-
-<div class="figcenterb">
-<img src="images/008.jpg" width="120" height="79" alt="" />
-</div>
-
-<p><span class="pagenumh"><a id="Page_V"> V</a></span></p>
-
-<p class="extra">ROIS ET PRINCES</p>
-
-<p><span class="pagenumh"><a id="Page_VI"> VI</a></span>
-<span class="pagenumh"><a id="Page_VII"> I</a></span></p>
-
-<div class="figcentert">
-<img src="images/005.jpg" width="295" height="60" alt="" />
-</div>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_1"> 1</a></span></p>
-
-<p>On a compté les grands capitaines,
-les soldats valeureux que
-la maison de Bourbon a donnés à
-la France, depuis Pierre I<sup>er</sup>, arrière-petit-fils
-de saint Louis, qui tomba
-à Poitiers, jusqu'à Jean II qui
-vengea son aïeul en battant les
-Anglais à Formigny; depuis ces
-deux ducs d'Enghien dont le jeune
-front fut illuminé l'un par la gloire
-de Rocroy, l'autre par celle de
-Cérisoles, jusqu'à l'aide de camp
-de Dumouriez à Valmy et au
-vainqueur d'Abd-el-Kader. Nous
-<span class="pagenum"><a id="Page_2"> 2</a></span>
-entreprenons une tâche bien différente,
-celle d'énumérer les bibliophiles
-que la maison de Bourbon
-posséda parmi ses princes. Ils
-sont presque aussi nombreux que
-les guerriers, et l'on peut dire que
-chez eux l'amour des livres le disputa
-à l'amour des armes, quand
-ces deux passions ne se partageaient
-pas également leur c&oelig;ur.</p>
-
-<p class="subh">I</p>
-
-<p>Il faut remonter jusqu'au XIV<sup>e</sup>
-siècle, jusqu'aux anciens ducs de
-Bourbon, descendants immédiats
-de Robert de Clermont, pour
-trouver la première trace de
-l'amour que ces princes eurent de
-tout temps pour les livres. Dans
-la ville de Moulins, capitale de
-leur duché, ils avaient réuni de
-bonne heure une riche collection
-de livres, qui rivalisait avec celle
-que les rois de France de la maison
-de Valois commençaient, vers la
-même époque, à réunir eux-mêmes
-dans la grosse tour du
-<span class="pagenum"><a id="Page_3"> 3</a></span>
-Louvre. Nous voyons la femme
-de Louis I<sup>er</sup>, Marie de Hainaut,
-morte en 1354, posséder déjà de
-beaux livres, et son nom se lit sur
-un manuscrit du roman de <i>Lancelot</i>
-que possède la Bibliothèque
-nationale. Mais le véritable fondateur
-de la bibliothèque des ducs
-de Bourbon à Moulins fut le petit-fils
-de cette princesse, Louis II,
-dit le Bon, qui mourut en 1410, et
-dont la s&oelig;ur, Jeanne de Bourbon,
-épousa Charles V.</p>
-
-<p>Si Raoul de Presles, un contemporain,
-nous représente le roi de
-France «estudiant continuelement
-en divers livres et sciences»,
-le chroniqueur Jean Cabaret nous
-montre son beau-frère, le duc de
-Bourbon, se faisant «lire à son
-disner continuelement les gestes
-des tres renommez princes jadis
-roys de France et d'autres dignes
-d'honneur». Laurent de Premier-fait,
-qui traduisit pour lui, et sur
-son désir, les deux traités de
-Cicéron sur la Vieillesse et sur
-l'Amitié, l'a loué «d'aimer et
-<span class="pagenum"><a id="Page_4"> 4</a></span>
-hanter les livres» autant que «les
-hommes raisonnables». D'autres
-auraient peut-être demandé au roi
-de France des fiefs et des seigneuries;
-lui, il lui demandait des
-livres; c'est ainsi, comme le constate
-M. Léopold Delisle dans son
-histoire du <i>Cabinet des manuscrits
-de la Bibliothèque nationale</i>, qu'il
-se fit donner par son neveu,
-Charles VI, dont il fut l'un des
-tuteurs, deux beaux volumes de
-la librairie du Louvre, un Tite-Live
-en 1392, et une Bible en 1397.
-Sous lui, la «librairie» de Moulins
-devint «l'une des plus belles et
-considérables» de l'époque. Elle
-était riche en «nombreux velins
-couverts de velours rouge et
-tanné, garnys de fermaux de leton,
-de boulhons et de carrees.»</p>
-
-<p>Le petit-fils de Louis II,
-Charles I<sup>er</sup>, qui, bien qu'époux
-d'Agnès de Bourgogne, fille de
-Jean sans Peur, embrassa le parti
-du roi de France contre le parti
-bourguignon, contribua beaucoup
-à la paix d'Arras et mourut en 1456,
-<span class="pagenum"><a id="Page_5"> 5</a></span>
-a laissé un magnifique témoignage
-de son amour pour les livres. C'est
-le précieux armorial où sont figurés
-les blasons et les châteaux du
-Bourbonnais, de l'Auvergne et du
-Forez, et qu'il fit exécuter par son
-héraut Guillaume Revel.</p>
-
-<p>Jean II, son fils (1426-1488) et
-successeur, ne fut pas seulement
-célèbre par ses victoires de Formigny
-sur les Anglais, et de Gy
-sur le comte de Roucy, capitaine
-de Charles le Téméraire, qui vinrent
-puissamment en aide à la
-politique de Louis XI, dont il
-avait épousé la s&oelig;ur, Jeanne de
-France; il aima aussi et protégea
-les savants.</p>
-
-<p class="quote"><i>Diligit et doctos doctior ipse viros</i>,</p>
-
-<p>dit un vers de Paulus Senilis.
-C'est pour lui que fut copié, vers
-1480, le bel exemplaire de <i>la Danse
-des aveugles</i> et de <i>l'Abusé en court</i>,
-où figurent vingt-trois écussons
-de la famille de Bourbon. N'étant
-encore que comte de Clermont,
-<span class="pagenum"><a id="Page_6"> 6</a></span>
-c'est-à-dire très jeune, il possédait
-déjà un beau manuscrit italien
-de <i>la Divine Comédie</i>.</p>
-
-<p>Deux frères du duc Jean II,
-Charles, cardinal de Bourbon,
-mort en 1488, et Louis, bâtard de
-Bourbon, amiral de France, mort
-en 1486, ont droit également au
-titre de bibliophiles: le premier
-par <i>la Complainte de la ville de
-Lyon</i> et <i>l'Evangile grec</i> qui porte
-sa devise: <span class="cap">N'</span><span class="smallc">ESPOIR NE PEUR</span>; le
-second, par une traduction des
-<i>Stratagèmes de Frontin</i>, et surtout
-par une <i>Vie de Jésus-Christ</i>, par
-Ludolfe, copiée par Gilles Richard,
-où se trouve un portrait
-de ce prince. (Bibl. nat., mss.
-franç. ancien fonds 177-179).</p>
-
-<p>Au duc Jean II, mort sans postérité
-légitime, succéda son frère
-Pierre II, sire de Beaujeu (1439-1503).
-L'époux un peu effacé de
-cette Anne de France, fille de
-Louis XI, si célèbre dans l'histoire
-sous le nom de dame de Beaujeu,
-fut un très délicat et très passionné
-bibliophile, s'il ne fut pas le plus
-<span class="pagenum"><a id="Page_7"> 7</a></span>
-grand politique de sa maison. Il
-enrichit sa «librairie» de Moulins
-de la collection remarquable des
-ducs de Nemours, qu'il avait
-achetée de Jean d'Armagnac, fils
-du décapité, avec les comtés de
-Murat et de Carlat, et, en 1467, à
-la mort de Philippe le Bon, duc de
-Bourgogne, son oncle maternel,
-il sut obtenir quelques manuscrits
-de la fameuse bibliothèque que ce
-prince avait formée à Bruges.
-«Les manuscrits qu'il faisait exécuter,
-dit M. Le Roux de Lincy,
-étaient aussi remarquables par la
-beauté des miniatures qui les
-décorent que par l'habileté des
-calligraphes qu'il employait.»
-Parmi ceux qui sont parvenus
-jusqu'à nous, il faut citer <i>l'Histoire
-universelle</i>, écrite en 1364 par
-Mathias du Rivau, et <i>les Antiquités</i>,
-de Joseph, illustrées de
-douze belles miniatures de Jehan
-Fouquet. Ce fut lui aussi qui plaça
-dans la «librairie» de Moulins une
-cinquantaine de volumes imprimés
-sur vélin «en molle», comme
-<span class="pagenum"><a id="Page_8"> 8</a></span>
-dit l'inventaire du temps, chefs-d'&oelig;uvre
-de la typographie naissante.
-Sur ses livres on voit son
-écusson aux armes de Bourbon,
-brisées d'un lionceau de sable sur
-la partie supérieure de la bande.
-Plusieurs aussi portent la devise:
-<span class="cap">E</span><span class="smallc">SPÉRANCE</span>, écrite de la main de
-son secrétaire François Robertet.
-C'est en sa personne que finit la
-lignée masculine de ces premiers
-ducs de Bourbon, dont le titre et
-les biens passèrent à la branche
-des Bourbons-Montpensier par le
-mariage de l'héritière de la
-branche aînée avec Charles III,
-comte de Montpensier.</p>
-
-<p>Le fameux connétable de Bourbon
-ne fut pas lui-même sans
-donner ses soins à l'accroissement
-de la bibliothèque de ses prédécesseurs,
-malgré les soucis et les
-mécomptes d'une politique qui
-devait lui être fatale. L'éducation
-très lettrée que lui fit donner la
-veuve de Pierre II, Anne de France,
-devenue plus tard sa belle-mère,
-par son mariage, en 1505, avec la
-<span class="pagenum"><a id="Page_9"> 9</a></span>
-fille de cette princesse, Suzanne
-de Bourbon, avait contribué sans
-doute à développer en lui ce goût
-délicat. Il fit exécuter pour son
-usage et pour celui de sa femme
-plusieurs manuscrits. C'est à lui
-que l'on doit probablement l'idée
-de ce <i>Recueil d'emblèmes, de proverbes,
-d'adages, d'allégories et de
-portraits, dessins à la gouache et
-en couleur, accompagnés de devises
-en prose et en vers</i>, que fit faire
-pour lui ce même François Robertet,
-secrétaire du défunt sire
-de Beaujeu, frère du fameux Florimond
-Robertet, ministre des rois
-Louis XII et François I<sup>er</sup>, et qui
-fut lui-même, sous Charles VIII,
-secrétaire et bibliothécaire des
-rois de France.</p>
-
-<p>Au folio 139 recto de ce volume
-(Bibl. nat., F. La Vallière 44), on
-voit le portrait de Charles de
-Bourbon à cheval, armé de toutes
-pièces, galopant l'épée haute, tel
-qu'il était à la bataille d'Agnadel.</p>
-
-<p>Avant d'acquérir par son mariage
-la bibliothèque des ducs de
-<span class="pagenum"><a id="Page_10"> 10</a></span>
-Bourbon à Moulins, Charles de
-Bourbon possédait en propre celle
-que les comtes de Montpensier
-avaient réunie à leur château
-d'Aigueperse, et qui s'était elle-même
-enrichie de plusieurs volumes
-des comtes de Clermont et
-de Sancerre ornés de leurs armes:
-<i>au 1 et 4 d'or au dauphin d'azur;
-au 2 et 3 d'azur à la bande d'argent
-côtoyée de deux cotices potencées et
-contre-potencées d'or, avec un lambel
-de gueules à trois pendant sur le tout</i>.</p>
-
-<p>L'on sait comment la révolte
-du connétable de Bourbon amena
-en 1523 la confiscation de ses biens.
-La «librairie» de Moulins fut
-comprise dans cette confiscation.
-Après avoir été soigneusement
-inventoriée par Pierre Antoine,
-commissaire du roi, en présence
-de Mathieu Espinette, chanoine
-de Moulins, garde des livres du
-duc de Bourbon, elle fut réunie à
-celle du roi, déposée alors au
-château de Fontainebleau. C'est
-de là que nous sont parvenus les
-soixante-seize manuscrits splendides
-<span class="pagenum"><a id="Page_11"> 11</a></span>
-que M. Léopold Delisle
-signale parmi ceux de la Bibliothèque
-nationale comme ayant
-appartenu aux anciens ducs de
-Bourbon.</p>
-
-<p>Aux Bourbons-Montpensier,
-descendants de Jean I<sup>er</sup>, duc de
-Bourbon, et de Marie de Berry,
-éteints en la personne du connétable
-de Bourbon, succédèrent,
-comme chefs de la maison de
-Bourbon, les Bourbons-Vendôme,
-issus eux-mêmes de la branche
-des comtes de la Marche dont
-l'origine remontait à Louis I<sup>er</sup>,
-premier duc de Bourbon, fils de
-Robert de Clermont. C'est de
-Charles de Bourbon, comte, puis
-duc de Vendôme en 1515, mort en
-1537, et de François d'Alençon,
-que descendent, par son fils
-Antoine de Bourbon, roi de
-Navarre, toutes les branches de
-Bourbon qui subsistent aujourd'hui,
-et par son autre fils, Louis
-de Bourbon, prince de Condé, les
-branches éteintes de Condé, de
-Soissons et de Conti.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_12"> 12</a></span>
-Les Bourbons-Vendôme, eux
-aussi, aimèrent les livres et en
-formèrent de belles collections.
-Telle fut celle du château de Vendôme,
-dont le domaine était entré
-dans leur maison, dès 1364, par
-Catherine, comtesse de Vendôme,
-femme de Jean I<sup>er</sup> de Bourbon,
-comte de la Marche. Antoine de
-Bourbon, devenu roi de Navarre
-par son mariage avec Jeanne
-d'Albret, l'enrichit sans doute
-d'une partie des livres des anciens
-souverains de Béarn. Le Père
-Jacob, dans son <i>Traité des plus
-belles bibliothèques</i>, affirme en
-effet, après La Croix du Maine,
-que la bibliothèque des rois de
-Navarre «était autrefois conservée
-à Vendôme». Ce qui est certain,
-c'est que son frère, le célèbre cardinal
-de Bourbon que les ligueurs
-firent roi sous le nom de Charles X,
-et qui mourut en 1590, fut un des
-plus passionnés collectionneurs
-de livres du XVI<sup>e</sup> siècle. «Il a
-laissé, dit le même Père Jacob, cette
-mémoire à la postérité d'avoir été
-<span class="pagenum"><a id="Page_13"> 13</a></span>
-le plus grand amateur des gens
-de lettres et de livres qui fut en
-son temps.»</p>
-
-<p>Ses livres, qui étaient «excellemment
-reliés en maroquin»,
-furent légués par lui, vers 1580, à
-la maison professe des Jésuites
-de la rue Saint-Antoine, qu'il
-avait lui-même établie sur l'emplacement
-de l'ancien hôtel d'Anville.
-Ils furent dispersés lors de
-la première expulsion des Jésuites
-en 1595. Son neveu, Charles III de
-Bourbon, deuxième cardinal de
-Bourbon, fils du premier prince
-de Condé, qui lui succéda sur le
-siège archiépiscopal de Rouen, et
-mourut en 1594, à trente-deux ans,
-n'aima pas moins passionnément
-les livres. Il fut le restaurateur de
-la belle bibliothèque formée au
-château de Gaillon par le cardinal
-d'Amboise. Ses livres étaient uniformément
-reliés en maroquin
-bleu ou rouge, la tranche dorée,
-sur le dos ses armes: <i>de France,
-au bâton péri en bande de
-gueules</i>, et un médaillon représentant
-<span class="pagenum"><a id="Page_14"> 14</a></span>
-un lis au naturel avec la
-devise: <span class="smallc">Candore superat et
-odore</span>.</p>
-
-<div class="section">
-<p class="subh">II</p>
-</div>
-
-<p>L'avènement de Henri IV, chef
-de la maison de Bourbon, au
-trône de France, donne un caractère
-nouveau à l'amour des Bourbons
-pour les livres: c'est au
-profit de la France même que cette
-passion s'exerce. A la fin du règne
-de Charles IX, la bibliothèque
-formée à Fontainebleau par
-François I<sup>er</sup> avait été rapportée à
-Paris, où elle courut de très
-grands dangers pendant les troubles
-de la Ligue. Dès le début de
-son règne, Henri IV porta sur elle
-sa sollicitude et la fit déposer
-dans le collège de Clermont, de
-la rue Saint-Jacques, abandonné
-par les Jésuites, puis installer
-en 1604, lors du rappel de ceux-ci,
-dans le cloître des Cordeliers.
-En 1609, il avait conçu le projet
-de lui consacrer une magnifique
-<span class="pagenum"><a id="Page_15"> 15</a></span>
-salle dans le nouveau collège de
-France qu'il voulait faire construire.
-Henri IV accrut beaucoup
-aussi la bibliothèque du collège
-des Jésuites de Lyon, si nous
-en croyons le Père Jacob. «La plus
-célèbre bibliothèque de la ville de
-Lyon, dit-il, est celle du collège
-des Pères Jésuites, qui pour la
-quantité de ses livres ne cède à
-beaucoup de France; car elle se
-peut vanter d'avoir plusieurs
-livres qui viennent de la libéralité
-du grand roy Henry IV.» Dans sa
-«librairie» particulière, Henri IV
-avait des livres nombreux et
-choisis, qu'il faisait luxueusement
-relier. Ils portaient tous, sur
-les plats, l'écu de France accolé
-de celui de Navarre, et au-dessous,
-soutenue de deux rinceaux, la
-lettre H couronnée; le tout entouré
-des colliers des ordres de
-Saint-Michel et du Saint-Esprit,
-et souvent surmonté d'une couronne
-royale.</p>
-
-<p>Si nous en croyions M. Édouard
-Fournier, Louis XIII aurait relié
-<span class="pagenum"><a id="Page_16"> 16</a></span>
-des livres de ses mains royales.
-Ce qui est certain, c'est qu'il aima
-les livres. Ceux qu'il posséda
-furent presque tous reliés en maroquin
-vert fleurdelisé par Clovis
-Eve, puis par Antoine Ruette.
-Dans l'écusson royal dont il sont
-marqués, l'H de Henri IV est
-remplacée par un L. Louis XIII,
-lorsqu'il rétablit la religion catholique
-en Béarn, fonda à Pau un
-couvent de capucins, auquel il
-donna «la très magnifique bibliothèque
-des roys de Navarre, ses
-prédécesseurs, qui sert, dit le
-Père Jacob, d'un rare ornement à
-ce couvent».</p>
-
-<p>Son frère, Gaston, duc d'Orléans,
-qui mourut à Blois, en
-1660, à l'âge de cinquante-deux
-ans, après avoir cabalé toute sa
-vie, soit contre Richelieu, soit
-contre la régente, fut un excellent
-bibliophile tout en étant un très
-mauvais politique. Peut-être est-ce
-par repentir et amende honorable
-pour ses conspirations qu'il légua
-à son neveu, Louis XIV, «son
-<span class="pagenum"><a id="Page_17"> 17</a></span>
-cabinet plein de raretés de tout
-genre». Pour un bibliophile, un
-tel legs partait du c&oelig;ur. En conséquence
-de sa libéralité, cinquante-trois
-de ces précieux manuscrits
-furent portés en 1667 à la
-Bibliothèque du roi.</p>
-
-<p>C'est au palais du Luxembourg,
-sa demeure, que Gaston avait
-réuni ce cabinet qui ne comprenait
-pas seulement des livres et
-des manuscrits, mais encore des
-médailles, des miniatures, des
-estampes, etc. Le Père Jacob en
-est émerveillé. Ce prince, dit-il,
-«donne de l'étonnement et de
-l'admiration à toute l'Europe, pour
-la connaissance qu'il a des médailles
-anciennes; et je puis dire
-de ce prince, sans flatterie, que ni
-Alexandre Sévère, empereur des
-Romains, ni Atticus, grand ami
-de Cicéron, ni le très docte Varron
-n'ont eu une connaissance desdites
-médailles comme lui; et sa
-curiosité ne se termine pas en
-icelles, mais encore dans la recherche
-des bons livres, desquels
-<span class="pagenum"><a id="Page_18"> 18</a></span>
-il orne sa très riche et splendide
-bibliothèque, qu'il a dressé
-depuis peu dans son hostel de
-Luxembourg, au bout de cette
-admirable gallerie où toute la vie
-de la feue reine Marie de Médicis
-a été dépeinte par l'excellent ouvrier
-Rubens. Or cette bibliothèque
-n'est pas seulement remarquable
-pour l'ornement de ses
-tablettes, qui sont toutes couvertes
-de velours verd, avec les bandes
-de même étoffe, garnies de passemens
-d'or, et les crespines de
-même: pour toute la menuiserie
-qui se void, elle est embellie d'or
-et de riches peintures. Mais outre
-cela, les livres sont de toutes les
-meilleures éditions qui se peuvent
-treuver; et quant à leur relieure,
-elle est toute d'une même façon,
-avec les chiffres de Son Altesse
-Réale<a id="FNanchor_1" href="#Footnote_1" class="fnanchor">&nbsp;[1]</a>. Ce prince fait tous les
-<span class="pagenum"><a id="Page_19"> 19</a></span>
-jours une grande recherche des
-meilleurs livres qui se peuvent
-treuver dans l'Europe; donnant
-des mémoires pour ce sujet, par
-la sollicitation de M. Brunier,
-son médecin et bibliothécaire, qui
-travaille continuellement à la perfection
-de ce trésor des livres
-et des médailles.»</p>
-
-<p>Gaston se plaisait aussi à faire
-exécuter en miniatures des objets
-d'histoire naturelle. Ce sont ces
-miniatures qui ont formé le fonds
-de la collection connue sous le
-nom de <i>Vélins du Muséum</i>, et
-transférée, en 1793, de la Bibliothèque
-du Roi au Jardin des
-Plantes. La plupart de ses livres
-étaient reliés en veau, marqués
-de G couronnés.</p>
-
-<p>Le goût de Louis XIV pour les
-<span class="pagenum"><a id="Page_20"> 20</a></span>
-livres nous est surtout attesté par
-l'impulsion qu'il donna aux acquisitions
-qui furent faites sous son
-règne pour augmenter la Bibliothèque
-du roi, par les missions
-qui furent confiées à Vaillant,
-Monceaux, Laisné, Dipy, Wansleb,
-Lacroix, Cassini, Verjus, à
-Nointel, notre ambassadeur à
-Constantinople, très bien secondé
-par A. Galland, pour recueillir
-des livres et des manuscrits en
-Orient, en Grèce, en Italie, en
-Portugal. Mais pour lui comme
-pour Louis XV, comme pour
-Louis XVI, il est difficile de faire
-le départ entre le souverain et le
-particulier, et d'apprécier le bibliophile
-autrement que par les magnifiques
-reliures à ses armes qui
-figurent aujourd'hui dans nos
-bibliothèques publiques. Avec
-Louis XIV la reliure prit un
-caractère de simplicité majestueuse.
-Sur les livres marqués
-aux armes du roi, c'est-à-dire de
-France, il faut remarquer la large
-dentelle avec un simple filet sur
-<span class="pagenum"><a id="Page_21"> 21</a></span>
-les bords des plats. Son relieur le
-plus accrédité fut A. Ruette. Nous
-possédons cependant un témoignage
-de l'intérêt particulier que
-Louis XV prenait à orner et à
-accroître sa bibliothèque particulière.
-Vers 1766, nous le voyons
-acheter du duc de La Vallière
-plusieurs manuscrits qui devaient
-être portés à Trianon. Parmi ces
-manuscrits figurait le <i>Livre des
-tournois du roi René</i> que le duc de
-La Vallière tenait du prince de
-Conti.</p>
-
-<p>Le grand Dauphin, fils de
-Louis XIV, posséda aussi, à
-Meudon, sa résidence, et à Versailles,
-une belle bibliothèque,
-dont Saint-Simon nous a raconté
-la vente à l'encan après sa mort,
-en 1711. Les reliures portaient les
-armes du Dauphin sur les plats,
-avec des L entrelacées et couronnées
-aux coins.</p>
-
-<p>Le père de Louis XV, ce jeune
-et charmant duc de Bourgogne,
-l'élève de Fénelon et l'espoir de
-la France, avait montré bien jeune
-<span class="pagenum"><a id="Page_22"> 22</a></span>
-encore un vrai penchant de bibliophile.
-Il s'intéressait beaucoup
-aux livres, aux manuscrits, aux
-sceaux et aux médailles. Gaignières
-se plaisait à lui communiquer
-ses découvertes, telles que
-celle d'un sceau de Louis le Gros,
-et son cabinet reçut, le 6 avril
-1702, la visite de ce jeune prince.
-«Je vous félicite, écrivait à ce
-sujet l'intendant Foucault à Gaignières,
-de la visite que vous a
-rendue M. le duc de Bourgogne,
-et suis bien persuadé que le temps
-lui aura paru court dans votre
-grand appartement. Comme c'est
-un prince qui a du goût pour
-l'histoire et la littérature, vous
-aurés eu plaisir à satisfaire sa
-curiosité.»</p>
-
-<div class="section">
-<p class="subh">III</p>
-</div>
-
-<p>C'est surtout dans les branches
-collatérales de la maison de Bourbon,
-et aussi parmi les princes
-légitimés, que nous allons trouver
-maintenant des collections de
-<span class="pagenum"><a id="Page_23"> 23</a></span>
-de livres nombreux, bien choisis,
-richement reliés.</p>
-
-<p>A la tête de ces princes bibliophiles
-se distinguent les membres
-de la maison de Condé. Le premier
-qui a droit à ce titre fut
-Henri II, prince de Condé, époux
-de cette belle et vertueuse Charlotte
-de Montmorency qui inspira
-une si vive passion à Henri IV,
-et père du vainqueur de Rocroy
-(1588-1646).</p>
-
-<p>Ce prince, qui était gouverneur
-de la province de Berry, avait
-fondé, à Bourges, une très belle
-bibliothèque, dont le Père Jacob
-nous parle ainsi: «Cette opulente
-bibliothèque a été faite avec de
-grands soins et somptueuse dépense
-par ce prince. La parfaite
-connaissance qu'il a de toutes les
-sciences et des livres rares et
-curieux le fait estimer pour un
-oracle des Muses. Chose admirable
-en cette Altesse, que nonobstant
-les grandes affaires qu'il
-a pour l'Estat, il ne perd aucun
-jour sans s'adonner à l'estude,
-<span class="pagenum"><a id="Page_24"> 24</a></span>
-où il treuve des divertissemens
-dignes d'un grand prince; ce qui
-luy acquiert une gloire immortelle
-par toute l'Europe, tant pour
-surpasser en sciences tous les
-autres princes, que pour le grand
-zèle qu'il a à les faire fleurir.»</p>
-
-<p>Son fils, le grand Condé, hérita
-de son goût pour les livres; sous
-lui (1621-1686), la bibliothèque de
-Chantilly devint l'une des plus
-belles de France. Un contemporain,
-Le Gallois, disait de cette
-bibliothèque, en 1680, dans son
-<i>Traité des plus belles bibliothèques</i>:
-«Il faut aussi parler de celle de
-Monseigneur le prince de Condé,
-ce Mars de nostre siècle; mais qui,
-beaucoup plus illustre que Mars,
-a si bien joint la gloire des
-sciences avec celle des armes, puisque,
-sans le flatter, on peut dire
-que jamais prince n'a esté ny plus
-belliqueux ny plus sçavant que
-luy. Cette bibliothèque est nombreuse
-et contient grande quantité
-de manuscrits rares grecs et
-latins. Elle fut dressée par feu
-<span class="pagenum"><a id="Page_25"> 25</a></span>
-Monseigneur le Prince son père,
-qui était un des plus sçavans
-hommes de son temps; et parce
-que Monseigneur le Prince a hérité
-d'une si noble qualité, il
-continue avec la même passion
-et les mêmes soins l'agrandissement
-de cette bibliothèque.»</p>
-
-<p>Après le grand Condé, la bibliothèque
-de Chantilly fut augmentée
-par son fils, Henri-Jules, duc de
-Bourbon, mort en 1709. Elle était
-devenue une des plus nombreuses
-de son temps et contenait une
-grande quantité de manuscrits
-grecs et latins. Tous ces livres des
-Condé étaient marqués à leurs
-armes: <i>de France, au bâton péri
-en bande de gueules</i>. Vers le milieu
-du XVIII<sup>e</sup> siècle, il en fut dressé
-par Dupuy un catalogue, dont le
-manuscrit existe aujourd'hui à la
-Bibliothèque nationale sous ce
-titre: <i>Table alphabétique par nom
-d'auteurs des ouvrages se trouvant
-dans la Bibliothèque du prince de
-Condé</i>.</p>
-
-<p>A la Révolution, 1,200 volumes
-<span class="pagenum"><a id="Page_26"> 26</a></span>
-de manuscrits, provenant de la
-maison de Condé, furent envoyés à
-la Bibliothèque nationale. Rendue
-en 1815 au prince de Condé, cette
-collection appartient aujourd'hui
-à la Bibliothèque de Chantilly.</p>
-
-<p>Le petit-fils de cet Henri-Jules,
-prince de Condé, Louis de Bourbon,
-comte de Clermont, né en
-1709, mort en 1771, fut l'une des
-figures les plus intéressantes du
-XVIII<sup>e</sup> siècle. Frère du duc de
-Bourbon, qui fut premier ministre
-de Louis XV, et de cette belle
-Mademoiselle de Vermandois, qui
-serait devenue reine de France
-sans M<sup>me</sup> de Prie, il fut tout
-ensemble abbé commendataire de
-Saint-Germain-des-Prés, général
-d'armée, membre de l'Académie
-française, et directeur d'une excellente
-troupe de comédiens qu'il
-entretenait pour les plaisirs de
-ses amis.</p>
-
-<p>Il avait réuni une très nombreuse
-et belle bibliothèque, qui
-fut vendue, à sa mort, au palais
-abbatial de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés,
-<span class="pagenum"><a id="Page_27"> 27</a></span>
-et dont le catalogue
-parut sous ce titre: <i>Catalogue
-des livres de la bibliothèque
-de feu S. A. S. M<sup>gr</sup> le comte de Clermont,
-prince du sang</i>, Paris,
-Prault fils, 1771, in-8<sup>o</sup> de 111 pages.
-Ses livres étaient timbrés de ses
-armes: <i>de France, au bâton péri
-en bande de gueules, chargé à la
-pointe supérieure d'un croissant
-d'argent</i>. Ce catalogue comprend
-2,021 numéros, dont 229 pour la
-théologie, 138 pour la jurisprudence,
-941 pour les belles-lettres,
-et 663 pour l'histoire.</p>
-
-<p>Le comte de Clermont aimait
-fort les lettres et les arts, et, à son
-château de Berny, il se donnait
-souvent des comédies ou des
-concerts. Nous trouvons la trace
-de ce goût dans le catalogue de
-1771, sur lequel figurent: «trente-six
-cartons remplis de musique,
-pour les concerts et comédies,
-tels que simphonies, trios, divertissemens,
-etc., manuscrits»; un
-«paquet de musique instrumentale
-pour le violon, le clavecin,
-<span class="pagenum"><a id="Page_28"> 28</a></span>
-violoncelle, etc., gravée et manuscrite»;
-ainsi que «différents
-opéras-comiques, avec leur partition
-gravée». Sa collection théâtrale
-était très complète, et dans
-son inventaire on remarque encore
-«différents paquets de comédies
-séparées et brochées»,
-plus «plusieurs cartons remplis
-de rôles pour jouer des comédies
-et très proprement écrits».</p>
-
-<p>Si le comte de Clermont ne fut
-pas un grand général, il avait de
-la valeur et aimait les choses
-militaires. On s'en aperçoit également
-à sa bibliothèque où la
-division de «l'art militaire»
-comprend 90 numéros, parmi
-lesquels il faut signaler plusieurs
-manuscrits: <i>Guerres des troupes
-légères</i>, in-8<sup>o</sup>, m. v.; <i>Remarques
-sur la cavalerie et l'infanterie</i>, in-4<sup>o</sup>;
-<i>Traité des sièges, de l'attaque et
-défense des places</i>, par le maréchal
-de Vauban, in-folio, «avec des
-plans très bien <i>dessinés et lavés</i>,
-m. r., avec fermoir d'argent»,
-vendu 59 livres; <i>Traité des fortifications</i>,
-<span class="pagenum"><a id="Page_29"> 29</a></span>
-in-folio; <i>Différentes pièces
-d'artillerie dessinées et colorées</i>,
-in-8<sup>o</sup> obl., mar. r., dent.; <i>Etat de la
-composition des troupes d'infanterie
-et de cavalerie française et
-étrangère</i>, in-4<sup>o</sup>, mar. r., fermoirs
-d'argent; <i>Etat des officiers généraux</i>,
-etc., <i>employés à l'armée
-commandée par S. A. S. M<sup>gr</sup> le
-comte de Clermont, en 1758</i>, 2 vol.
-in-16, mar. r.; <i>Etat des troupes de
-France sur pied, en 1755</i>, in-8<sup>o</sup>;
-<i>Etat de la maison du Roi, en 1751</i>;
-in-8<sup>o</sup>, mar. r.; <i>Etat des gouvernements
-généraux, 1751</i>, in-8<sup>o</sup>, mar. r.</p>
-
-<p>L'ami des choses légères, des
-poètes, des chansonniers, se manifeste,
-au contraire, dans les
-articles suivants: trois <i>Recueils
-de chansons</i>, mss., l'un en 9 vol.
-in-8<sup>o</sup>, l'autre en 8 vol. in-4<sup>o</sup>, le
-dernier en 9 vol. in-folio et 3 vol.
-de tables; et un <i>Recueil de poésies</i>,
-ms., 8 vol. in-8<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>Des deux fils que Louis XIV
-eut de M<sup>me</sup> de Montespan et qui
-lui survécurent, le duc du Maine
-et le comte de Toulouse, celui-ci
-<span class="pagenum"><a id="Page_30"> 30</a></span>
-paraît avoir eu particulièrement
-le goût des beaux livres. Il en
-avait rassemblé un grand nombre,
-soit à Paris, dans le magnifique
-hôtel de Toulouse, près la place
-des Victoires, soit au château de
-Rambouillet, qu'il acheta, en
-1705, de l'intendant des finances,
-Fleuriau d'Armenonville, et où il
-mourut en 1736.</p>
-
-<p>Louis-Alexandre de Bourbon,
-comte de Toulouse, était né le
-6 juin 1678. Lui et sa s&oelig;ur, la
-future duchesse d'Orléans, femme
-du régent, furent les suites de cette
-fameuse réconciliation des deux
-amants que M<sup>me</sup> de Caylus a si
-joliment racontée.</p>
-
-<p>Par respect pour le jubilé et sur
-les exhortations de Bossuet, Louis
-et sa maîtresse ne se voyaient
-plus que sur la cérémonie et en
-présence des dames les plus respectables
-de la cour.&mdash;«Le roi,
-dit M<sup>me</sup> de Caylus, vint donc chez
-M<sup>me</sup> de Montespan, comme il avait
-été décidé; mais, insensiblement,
-il la tira dans une fenêtre; ils se
-<span class="pagenum"><a id="Page_31"> 31</a></span>
-parlèrent bas assez longtemps,
-pleurèrent, et se dirent ce qu'on a
-accoutumé de dire en pareil cas;
-ils firent ensuite une profonde
-révérence à ces vénérables matrones,
-passèrent dans une autre
-chambre; et il en avint Madame
-la duchesse d'Orléans et ensuite
-M. le comte de Toulouse.» Enfant,
-il avait été beau comme le jour;
-quand il parut pour la première
-fois à Versailles, sa beauté «surprit
-et éblouit tous ceux qui le virent».
-De ce côté, il avait la supériorité
-sur son frère, le duc du Maine,
-son aîné de huit ans, qui se rattrapait,
-il est vrai, du côté de
-l'esprit, ou du moins d'un certain
-esprit. Par la droiture, par la délicatesse
-et la tendresse de c&oelig;ur,
-le comte de Toulouse l'emportait
-aussi beaucoup sur son frère.
-Saint-Simon lui accorde toutes
-ses préférences. «C'était, dit-il,
-l'honneur, la vertu, la droiture,
-la vérité, l'équité même, avec un
-accueil aussi gracieux qu'un froid
-naturel, mais glacial, le pouvait
-<span class="pagenum"><a id="Page_32"> 32</a></span>
-permettre; de la valeur et de l'envie
-de faire, mais par les bonnes
-voies, et en qui le sens droit et
-juste, pour le très-ordinaire,
-suppléait à l'esprit; fort appliqué
-d'ailleurs à servir sa marine de
-guerre et de commerce, et l'entendant
-très bien.» Ailleurs Saint-Simon
-le qualifie encore de
-«sage, silencieux, mesuré».</p>
-
-<p>Pourvu, dès l'année 1683, de la
-charge de grand amiral de France,
-il se montra plus tard digne de
-cette faveur, alors prématurée, à
-la fois par son courage et sa
-connaissance des choses navales.
-Après avoir fait sa première campagne,
-à l'âge de treize ans, en
-Flandre, où il monta à l'assaut
-de Mons et fut blessé au siège de
-Namur, il montra toutes les qualités
-d'un homme de mer à la
-bataille de Malaga, où, le 24 août
-1704, il battit la flotte anglaise et
-démâta le navire de son chef,
-l'amiral Rooke. «On ne saurait,
-dit Saint-Simon, une valeur plus
-tranquille, qu'il fit paraître pendant
-<span class="pagenum"><a id="Page_33"> 33</a></span>
-toute l'action, ni plus de vivacité
-à tout voir et de jugement à
-commander à propos.» Obligé de
-renoncer à la mer par une cruelle
-maladie de la pierre, qui le tourmenta
-toute sa vie, restant éloigné
-de toutes les menées ambitieuses
-ourdies par son frère, le duc du
-Maine, il se contenta de vivre en
-sage. Il mourut le 1<sup>er</sup> décembre
-1737, à l'âge de cinquante-neuf ans,
-laissant une mémoire aimée, que
-continua dignement son fils,
-l'aimable et bienfaisant duc de
-Penthièvre.</p>
-
-<p>Le comte de Toulouse avait
-formé une nombreuse bibliothèque,
-dont les livres, très heureusement
-choisis, portent ses
-armes: <i>de France, au bâton péri
-en barre de gueules</i>, et quelquefois
-une ancre, emblème de grand
-amiral. Nous connaissons la
-composition de cette bibliothèque
-soit par les deux volumes du
-<i>Catalogue des livres du roi Louis-Philippe</i>,
-vendus en 1852, soit par
-des catalogues qui en furent
-<span class="pagenum"><a id="Page_34"> 34</a></span>
-publiés du vivant même de ce
-prince pour son propre usage.</p>
-
-<p>Un premier catalogue fut dressé,
-en 1708, sous ce titre: <i>Catalogue
-de la bibliothèque du château
-de Rambouillet, appartenant à
-Son Altesse Sérénissime Monseigneur
-le comte de Toulouse</i>,
-M DCC VIII, s. l., in-8<sup>o</sup> de 216
-pages, plus 13 pages de table des
-auteurs. Il comprend 1,589 numéros,
-répartis en cinq divisions:
-théologie, droit, philosophie,
-belles-lettres et histoire. Parmi
-les manuscrits, l'on remarque:
-<i>Exercice et détail de toutes les
-man&oelig;uvres qui se font à la mer</i>,
-par le chevalier de Tourville,
-en 1681, sur vélin, in-4<sup>o</sup>; <i>Etat de
-la marine de l'Empire ottoman</i>,
-par M. de La Croix, in-4<sup>o</sup>; <i>les
-Noms, armes et qualitez des amiraux
-de France, avec les blasons
-enluminez</i>, in-fol.</p>
-
-<p>Un nouveau catalogue en fut
-fait dix-huit ans après: <i>Catalogue
-de la bibliothèque du chasteau de
-Rambouillet, appartenant à Son</i>
-<span class="pagenum"><a id="Page_35"> 35</a></span>
-<i>Altesse Sérénissime Monseigneur
-le comte de Toulouse</i>, à Paris,
-imprimé par les soins de Gabriel
-Martin, libraire de S. A. S., 1726,
-in-8<sup>o</sup> de 620 pages, plus 29 pages
-de table des auteurs. Les numéros
-ne se suivent pas, en sorte qu'il
-est difficile de se rendre compte
-de l'importance relative des divisions
-autrement que par la pagination.
-La théologie comprend
-31 pages; la jurisprudence, 11; la
-philosophie, les mathématiques et
-les arts, 33; les belles-lettres, 198;
-l'histoire, 322. Parmi les manuscrits,
-l'on remarque: <i>Mémoires
-de J.-B. Colbert sur les ordonnances
-générales</i>, 8 vol. in-4<sup>o</sup>; <i>Mémoire
-présenté à M. le duc d'Orléans
-au commencement de sa régence</i>,
-par M. de Boulainvilliers, in-4<sup>o</sup>;
-<i>Réflexions sur l'histoire de France</i>,
-du même, 2 vol. in-4.; <i>Origine
-des parlements</i>, du même, 2 vol.
-in-4<sup>o</sup>; <i>Traité de la noblesse</i>, du
-même, in-4<sup>o</sup>; <i>Journal de la campagne
-de Hongrie</i>, de 1717, in-fol.;
-<i>Recueil de pièces et mémoires concernant
-<span class="pagenum"><a id="Page_36"> 36</a></span>
-l'affaire des princes</i> (légitimés),
-<i>avec des notes et une table</i>,
-in-fol.; <i>les Trophées et les disgrâces
-des princes de la maison de Vendôme</i>,
-par Bonair Stuart, in-8<sup>o</sup>;
-<i>Cérémonial du couronnement des
-ducs de Bretagne</i>, etc.</p>
-
-<p>Dans l'épître dédicatoire au
-comte de Toulouse, placée en
-tête de ce second catalogue, on lit:</p>
-
-<p>«Il est heureux pour moy que
-ma profession me mette en état
-de servir V. A. S. dans le genre
-qui luy est le plus agréable, et
-j'ose dire le plus glorieux. Je veux
-parler des lettres et des beaux-arts
-que Vous alliez si parfaitement,
-Monseigneur, avec la
-science de la cour et les devoirs
-de la société, qu'on remarque à
-travers l'éclat de votre auguste
-Naissance, les qualitez de l'honneste
-homme, et l'esprit orné de
-l'homme de lettres. C'est ce goust
-qui Vous a porté à former un
-cabinet de livres choisis dans
-votre château de Rambouillet, de
-tous temps le réduit des Muses.»</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_37"> 37</a></span>
-Huit années plus tard parut un
-<i>Supplément du catalogue de la
-bibliothèque du château de Rambouillet</i>,
-s. l., 1734, in-8 de 140 pages,
-plus 8 pages de table des auteurs.
-La théologie y occupe 7 pages; la
-jurisprudence, 3; les sciences, 10;
-les belles-lettres, 45; l'histoire, 68.</p>
-
-<p>Le comte de Toulouse avait une
-très belle bibliothèque musicale,
-peut-être la plus riche de son
-temps, dont il avait confié la garde
-à un musicien distingué, Philidor
-l'aîné. Nous trouvons la preuve
-de ce goût du comte de Toulouse
-dans le <i>Catalogue des livres du roi
-Louis-Philippe</i>, où figurent les
-recueils suivants:</p>
-
-<p><i>Collection de partitions et tragédies
-lyriques ou opéras</i>, 206 vol.
-in-4<sup>o</sup> obl., v. f. et v. m. Cette collection
-était en partie manuscrite
-et en partie imprimée. Chaque
-volume manuscrit avait un titre
-imprimé, au bas duquel on lisait:
-<i>Copiez par ordre exprès de S. A. M<sup>gr</sup>
-le comte de Toulouse, par Philidor</i>
-<span class="pagenum"><a id="Page_38"> 38</a></span>
-<i>l'aîné, garde de toute sa bibliothèque
-de musique</i>, l'an 1703. Autres
-collections de <i>Symphonies des
-opéras et vieux ballets de Lully</i>,
-manuscrites et imprimées, 11 vol.
-in-4<sup>o</sup>; de <i>Motets de Lully</i>, manuscrits,
-5 vol. in-fol.; de <i>Motets à
-deux ch&oelig;urs, pour la chapelle du
-roy, mis en musique par M. de
-Lully</i>, 15 vol. in-4<sup>o</sup> obl.; de <i>Motets
-de Colasse et de Minoret</i>, 9 vol.
-in-4<sup>o</sup>; de <i>Motets de M. de Lalande</i>,
-21 vol. in-4<sup>o</sup>; de <i>Motets de Campra</i>,
-13 vol. in-4<sup>o</sup>; de <i>Desmarets</i>, 17 vol.
-in-4<sup>o</sup> obl.; de <i>Bernier</i>, 12 vol. in-4<sup>o</sup>;
-de <i>Legrenzi</i>, 4 vol.; de <i>Couperin</i>,
-6 vol.; de <i>Carissimi</i>, 3 vol. in-4<sup>o</sup>;
-des <i>Airs de violon de Matho</i>, 1733,
-3 vol. in-4<sup>o</sup>.</p>
-
-<p>Le fils unique que le comte de
-Toulouse eut de son mariage avec
-Sophie de Noailles, veuve du
-marquis de Gondrin, marcha sur
-les traces de son père.</p>
-
-<p>Né à Rambouillet, le 16 novembre
-1725, le duc de Penthièvre
-eut pour précepteur l'abbé Quénel.
-<span class="pagenum"><a id="Page_39"> 39</a></span>
-Comme son père, il eut la charge
-de grand amiral. Il se montra
-plein de courage à la bataille de
-Dettinghen&mdash;il avait dix-huit
-ans&mdash;où il se trouva dans le feu
-le plus vif, et à celle de Fontenoy,
-où il chargea, à la tête de Fitz-James
-cavalerie, la terrible colonne
-anglaise. Dans ses études,
-il avait manifesté du goût pour
-les mathématiques, la géométrie,
-la physique, et suivi les cours
-publics du célèbre abbé Nollet,
-qui, un jour, se félicita publiquement
-de l'assiduité de son élève.
-Le prince, qui fut l'ami de Florian
-et sollicita pour lui le titre d'académicien,
-devait aimer les livres.
-Il les aima, en effet, comme le
-prouve l'achat qu'il fit, à la vente
-du duc de La Vallière, d'un fort
-bel exemplaire du roman de <i>Perceforest</i>,
-Paris, 1528, 6 vol. in-fol.
-sur vélin, avec cinq grandes miniatures,
-et qui provenait de la
-collection du château d'Anet
-vendue en 1724, et des <i>Chroniques</i>
-de Guillaume Cretin.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_40"> 40</a></span>
-Le duc de Penthièvre avait
-aussi une fort belle bibliothèque
-à Châteauneuf-sur-Loire, ancienne
-propriété des Phélyppeaux de la
-Vrillière, qu'il avait achetée, après
-la vente de Rambouillet au roi
-Louis XVI. De son vivant, ce
-prince avait fait dresser les catalogues
-de ses diverses bibliothèques:
-de Louveciennes&mdash;où
-était mort son fils, le prince de
-Lamballe, en 1768,&mdash;de Châteauneuf
-(1786), de Sceaux (1787) qu'il
-avait hérité de son cousin, le
-comte d'Eu, en 1775. Ces trois
-catalogues manuscrits figuraient
-à la vente du roi Louis-Philippe,
-en 1852 (II<sup>e</sup> partie, n<sup>os</sup> 2480-82).</p>
-
-<p>Le duc du Maine, élève de
-M<sup>me</sup> de Maintenon, et qui, enfant,
-passa pour un petit prodige,
-témoin ces <i>&OElig;uvres diverses d'un
-enfant de sept ans</i>, qui furent
-publiées en 1678, ne nous apparaît
-cependant comme bibliophile
-que par les livres à ses armes qui
-figurent dans les catalogues de la
-vente Louis-Philippe. Il en est de
-<span class="pagenum"><a id="Page_41"> 41</a></span>
-même de ses deux fils: le prince
-de Dombes, mort en 1755, et le
-comte d'Eu, mort vingt ans plus
-tard; le premier à l'âge de cinquante-cinq
-ans, le second à
-l'âge de soixante et onze ans.
-Dans ces catalogues, l'on trouve
-marqués aux armes du duc du
-Maine les ouvrages suivants:
-<i>Réflexions sur les vérités de la
-religion</i>, par d'Alès, in-4<sup>o</sup>, ms.;
-<i>Code militaire</i>, Paris, 1707; <i>Politique
-tirée de l'Ecriture sainte</i>, par
-Bossuet, Paris, 1709, in-4<sup>o</sup> (édition
-originale); <i>Polyaeni stratagematum</i>,
-1691; <i>Onosandri strategeticus</i>,
-1599; <i>Observations sur
-l'art de la guerre</i>, par Vaultier,
-1714; <i>Pratique de la guerre</i>, par
-Malthus, 1646; les <i>&OElig;uvres de
-Molière</i>, Amsterdam, 1684, fig.</p>
-
-<p>Aux armes du comte d'Eu:
-<i>Traité de la concupiscence</i>, de
-Bossuet, Paris, 1731, in-12; <i>Paraphrase
-du Miserere</i>, par le P. Calabre,
-1748, in-24; <i>Vegetii de re
-militari</i>, 1592; de Traverse, <i>Extrait
-du traité de la guerre par</i>
-<span class="pagenum"><a id="Page_42"> 42</a></span>
-<i>Puysegur</i>, 1755; <i>l'Iliade</i>, par La
-Motte, 1714; <i>Antiqua numisma
-S. Ducis Cenomanensium</i>, in-fol.,
-mar. vert, «beau manuscrit parfaitement
-exécuté».</p>
-
-<hr class="tb" />
-
-<p>Nous clorons cette liste des
-Bourbons bibliophiles de la
-branche aînée par le comte d'Artois,
-qui fut un véritable bibliophile,
-auquel nous devons la
-Bibliothèque de l'Arsenal, qu'il
-acheta du marquis de Paulmy.</p>
-
-<p>Malgré la réputation de frivolité
-qui lui resta longtemps, le comte
-d'Artois aimait les lettres et les
-gens de lettres. Chamfort, le spirituel
-et mordant auteur des
-<i>Maximes et pensées morales</i>..., qui
-le sont souvent si peu, fut son
-lecteur. Et ce n'était pas là, quoi
-qu'on en ait pu dire, «une sinécure
-comme celle d'aumônier du
-régent». La preuve en est dans la
-très belle bibliothèque personnelle
-que ce prince s'était formée, et
-dont on possède l'inventaire. Ce
-<i>Catalogue des livres du cabinet de</i>
-<span class="pagenum"><a id="Page_43"> 43</a></span>
-<i>Monseigneur le comte d'Artois</i>, à
-Paris, de l'imprimerie de Didot
-l'aîné, M DCC LXXXIII, est un
-fort beau volume in-4<sup>o</sup>, papier
-vergé de Hollande à grandes
-marges, remarquable spécimen
-de l'art de l'imprimerie à cette
-époque.</p>
-
-<p>Le comte d'Artois avait alors
-vingt-six ans, et ce n'était pas le
-premier témoignage qu'il donnait
-de son goût pour les livres. De
-1780 à 1783 avait paru, chez
-Fr. Ambroise Didot, une «collection
-de romans et de poésies»
-imprimée par les ordres et aux
-frais de ce prince, qui s'en était
-réservé les exemplaires, tirés
-d'ailleurs à un très petit nombre,
-«pour en faire des présents».
-Cette collection est restée célèbre
-parmi les bibliophiles.</p>
-
-<p>On comprend qu'un prince qui
-éditait à ses frais toute une collection
-de livres possédât lui-même
-une assez belle bibliothèque et
-mît quelque coquetterie à en
-dresser l'inventaire. Le catalogue
-<span class="pagenum"><a id="Page_44"> 44</a></span>
-que nous venons de citer comprend
-1,313 numéros, formant
-136 pages. La partie des belles-lettres
-a 542 numéros, tandis que
-l'histoire n'en a que 385; les arts,
-131; la philosophie et la politique,
-101; les sciences, 86; la théologie,
-39; et la jurisprudence, 14. D'ailleurs,
-aucun étalage de fausse
-érudition: ce n'est pas une bibliothèque
-de parade, mais celle d'un
-homme du monde qui n'a de
-livres que ceux qu'il peut et qu'il
-veut lire. Ce catalogue donne
-l'idée d'une bibliothèque surtout
-contemporaine, tenue au courant
-de ce qui se publie en matière de
-belles-lettres, et où les écrivains
-anciens figurent plutôt dans d'élégantes
-éditions modernes que
-dans les éditions princeps du
-XVI<sup>e</sup> siècle.</p>
-
-<p>La disposition même de ce
-catalogue a cela d'insolite que la
-théologie en forme l'avant-dernière
-division. Ce classement
-particulier ne saurait étonner
-dans la bibliothèque d'un prince
-<span class="pagenum"><a id="Page_45"> 45</a></span>
-qui était alors presque aussi voltairien
-que son frère, le comte de
-Provence. N'oublions pas que
-c'est le moment où les contemporains
-nous représentent le
-comte d'Artois comme un type
-accompli de cette société élégante,
-spirituelle et libre-penseuse. «Le
-comte d'Artois, dit la baronne
-d'Oberkirch, est le prince le plus
-aimable du monde. Il a infiniment
-d'esprit, non pas dans le
-genre de M. le comte de Provence,
-c'est-à-dire sérieux et savant, mais
-le véritable esprit français, l'esprit
-de saillie et d'à-propos.»&mdash;«Il est
-vif, bouillant, décidé; dès l'âge
-le plus tendre, il a fait parler de
-lui», dit l'<i>Espion anglais</i>.</p>
-
-<p>On remarque cependant, dans
-ce catalogue, l'absence des <i>Provinciales</i>
-de Pascal. Le nom du
-grand adversaire des Jésuites n'y
-est inscrit que pour les <i>Pensées</i>,
-édit. de la Haye, 1743, in-12, et
-pour le <i>Traité de l'équilibre des
-liqueurs</i>, Paris, 1698, in-12. Par
-contre, on y trouve un livre
-<span class="pagenum"><a id="Page_46"> 46</a></span>
-auquel on ne s'attendrait guère
-dans une bibliothèque composée
-comme nous l'avons dit. C'est
-celui de Marat: <i>Découvertes sur
-le feu, l'électricité et la lumière</i>,
-Paris, 1779, in-8<sup>o</sup>, qui vient immédiatement
-avant celui de Pascal.
-O hasard des catalogues! Il
-est vrai que Marat était médecin
-des gardes du corps du comte
-d'Artois. Il avait probablement
-offert respectueusement son livre
-à ce prince, qui, pour faire
-honneur à l'un de ses serviteurs,
-l'avait fait mettre dans sa bibliothèque.
-Ce fut là un honneur,
-sinon un bienfait, mal placé.</p>
-
-<p>Le comte d'Artois, que les mémoires
-du temps nous montrent
-comme donnant dans l'anglomanie,
-n'appréciait pas les Anglais
-seulement pour la coupe de
-leurs habits et pour leurs jockeys.
-Parmi ses livres figure un Shakespeare,
-de la belle édition annotée
-de Johnson, <i>Londres</i>, 1765,
-8 vol. in-8<sup>o</sup>; le poème de <i>Hudibras</i>,
-les <i>&OElig;uvres</i> d'Addison, les <i>Aventures
-<span class="pagenum"><a id="Page_47"> 47</a></span>
-de Robinson Crusoé</i>, et l'<i>Histoire
-d'Angleterre</i>, de Hume, dans
-le texte original. La langue anglaise
-lui était familière, comme
-à son frère, Louis XVI, qui traduisit
-l'<i>Essai d'Horace Walpole sur
-Richard III</i>. La révolution allait
-bientôt le forcer à s'en servir
-plus qu'il n'aurait voulu.</p>
-
-<p>Les encyclopédistes ne l'effrayaient
-pas plus que les économistes.
-Comme presque tous ses
-contemporains, il eut même un
-penchant pour eux: leurs &oelig;uvres
-étaient si peu pour lui des &oelig;uvres
-de réprouvés, qu'il possédait, fort
-richement reliés, les trente-trois
-volumes in-folio de l'<i>Encyclopédie</i>,
-les <i>Pensées</i> de Diderot, les <i>&OElig;uvres</i>
-de La Mettrie, le livre de <i>l'Esprit</i>,
-d'Helvetius, Paris, 1758, in-12,
-les <i>&OElig;uvres complètes</i> de Voltaire,
-Genève, 1769, 24 vol. in-4<sup>o</sup>, avec
-figures, les <i>&OElig;uvres</i> de J.-J. Rousseau,
-Paris, 16 vol. in-8<sup>o</sup>, l'<i>Histoire
-philosophique des deux Indes</i>, de
-Raynal.</p>
-
-<p>Dans sa bibliothèque, les livres
-<span class="pagenum"><a id="Page_48"> 48</a></span>
-galants y sont peu nombreux. Le
-genre est représenté par <i>Félicia
-ou mes fredaines</i>, le célèbre roman
-de Nerciat; le <i>Sopha</i>, de Crébillon
-fils; <i>les Bijoux indiscrets</i>, de
-Diderot; <i>Honny soit qui mal y
-pense ou Mémoires des filles célèbres
-du XVIII<sup>e</sup> siècle</i>, par Desboulmiers,
-Paris, 1775; <i>Journées
-de l'Amour ou Heures de Cythère</i>,
-Gnide, 1776; <i>les Leçons de la
-volupté ou la Jeunesse du chevalier
-de Moronville</i>, Paris, 1776.</p>
-
-<div class="section">
-<p class="subh">IV</p>
-</div>
-
-<p>Les Bourbons-Orléans n'aimèrent
-pas moins les livres que leurs
-aînés. C'est surtout à partir du
-Régent que nous voyons apparaître
-chez eux les goûts du bibliophile.
-Les livres du régent portent
-les armes de sa maison: <i>de
-France au lambel à trois pendants
-d'argent</i>. C'est pour le régent que
-les artistes du temps inventèrent
-ces ornements pleins d'originalité
-et de richesse, mosaïques
-<span class="pagenum"><a id="Page_49"> 49</a></span>
-fleuries, grenades entr'ouvertes,
-feuilles, fruits. Ce prince ne se
-contentait pas d'avoir de beaux
-livres, il en faisait, ou du moins
-il en illustrait, et son édition du
-roman de <i>Daphnis et Chloë</i>, traduit
-par Amyot, pour lequel il composa
-des dessins que grava Audran,
-est restée célèbre. A la vente
-du roi Louis-Philippe, peu de
-livres cependant provenaient de
-lui; nous citerons un <i>Homère</i>,
-traduction de Dacier, 1719, in-12.
-Sa fille, la spirituelle mais bien
-étrange duchesse de Berry, morte
-à vingt-quatre ans, en 1719, eut le
-temps, dans sa courte existence,
-de se former une nombreuse
-bibliothèque, dont les livres portaient
-pour armes sur les plats:
-<i>de France, à la bordure engrêlée
-de gueules qui est de Berry accolé
-d'Orléans</i>, et, sur le dos, M L entrelacées.
-On rencontre aussi quelquefois
-de beaux livres timbrés
-des armes d'Espagne accolées à
-celles d'Orléans. Ils ont appartenu
-à Marie-Louise d'Orléans,
-<span class="pagenum"><a id="Page_50"> 50</a></span>
-s&oelig;ur consanguine du régent, qui
-avait épousé le roi d'Espagne, le
-triste et malingre Charles II, et
-qui mourut en 1689, à vingt-sept
-ans, non sans soupçon de poison.</p>
-
-<p>Deux fils naturels du régent,
-qu'il eut, l'un de la Florence,
-danseuse de l'Opéra, en 1698,
-l'autre, en 1702, de M<sup>lle</sup> de Sery,
-comtesse d'Argenton, peuvent
-être aussi comptés parmi les
-bibliophiles. Charles, appelé
-d'abord l'abbé de Saint-Albin, et
-qui fut évêque de Cambrai de
-1723 à 1764, avait formé une belle
-bibliothèque, comme le prouve le
-<i>Catalogue</i> qui en fut publié,
-<i>Cambray</i>, 1766, in-8<sup>o</sup>. Ses armes
-étaient: <i>de France, au bâton péri
-en barre de gueules, au lambel
-d'argent à trois pendants</i>. Son
-frère, qui fut grand-prieur de
-France de l'ordre de Malte et
-mourut en 1748, posséda aussi de
-beaux livres, qui étaient décorés
-des mêmes armes, avec cette seule
-modification: <i>au chef chargé de
-la croix de Malte</i>.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_51"> 51</a></span>
-Le troisième duc d'Orléans,
-Louis, que la mort de sa femme,
-une princesse de Bade, enlevée
-en couches à vingt-deux ans, jeta
-dans la plus grande dévotion,
-avait réuni une précieuse bibliothèque
-religieuse, qu'il légua à
-l'abbaye de Sainte-Geneviève, où
-il s'était retiré depuis 1730 et où il
-mourut en 1752. Elle forme une
-partie de la Bibliothèque Sainte-Geneviève
-actuelle.</p>
-
-<p>Son fils, Louis-Philippe, quatrième
-duc d'Orléans (1725-1785),
-fut un prince débonnaire, qui,
-soit au Palais-Royal, soit au
-château de Sainte-Assise, partageait
-son temps entre le commerce
-des lettres et un petit cercle
-d'amis. L'aimable Collé fut son
-lecteur. Comme le comte de
-Clermont, il aimait à donner chez
-lui le spectacle de la comédie; il
-y jouait même, fort bien, dit-on,
-les rôles à manteau. Après la
-mort de la duchesse d'Orléans,
-Louise-Henriette de Bourbon-Conti,
-en 1759, l'on sait quelle
-<span class="pagenum"><a id="Page_52"> 52</a></span>
-place tint près de lui M<sup>me</sup> de
-Montesson: ce fut sa marquise
-de Maintenon. Il aima certainement
-les livres et en réunit une
-riche collection qui fut vendue
-après lui. Ce prince, qui mourut
-le 18 novembre 1785, à soixante
-ans, laissait deux enfants: le
-nouveau duc d'Orléans, Louis-Philippe-Joseph,
-qui mourut en
-1793 sur l'échafaud révolutionnaire,
-et alors âgé de quarante
-ans; et la duchesse de Bourbon,
-mère de l'infortuné duc d'Enghien.
-C'est sans doute au partage
-qui dut se faire entre ces deux
-héritiers qu'il faut attribuer la
-vente des livres de ce prince, qui
-eut lieu à l'hôtel Bullion, seize
-mois après sa mort, le 3 mai 1787
-et jours suivants. Le catalogue en
-parut sous ce titre: <i>Catalogue des
-livres de la bibliothèque de Son
-Altesse Sérénissime Monseigneur le
-duc d'Orléans, premier prince du
-sang</i>, à Paris, chez Leclerc et
-Baudouin, et la veuve Vallat La
-Chapelle, 1787, in-8<sup>o</sup> de 333 pages.
-<span class="pagenum"><a id="Page_53"> 53</a></span>
-Ce catalogue, qui contient une
-table alphabétique par auteurs,
-comprend 1,247 numéros. Il est
-malheureux qu'il n'indique l'origine
-d'aucun des ouvrages décrits.
-En mettant à part l'histoire, qui
-forme 633 numéros, la division la
-plus considérable est celle des
-sciences et arts qui a 189 numéros,
-tandis que les belles-lettres en
-ont 172 seulement. La partie de
-la musique doit être remarquée
-comme indice des goûts de ce
-prince pour les fêtes. Nous y
-voyons 100 volumes, in-fol. et
-in-4<sup>o</sup>, de <i>Symphonies, concertos,
-trios</i> de Vivaldi, Corelli et autres;
-27 volumes, in-fol. et in-4<sup>o</sup>, de
-<i>Recueils d'airs à chanter et autres</i>;
-<i>les Cantates de Clerambault</i>, 2 vol.
-in-fol.; 80 volumes in-4<sup>o</sup> obl.,
-<i>Anciens opéras, tant gravés qu'imprimés,
-de différents auteurs, dont</i>
-<span class="cap">A</span><span class="smallc">LCIONE</span>, <i>par Marais</i>; 54 volumes
-in-fol., <i>Anciens opéras de Lulli, Campra
-et autres auteurs, dont</i> <span class="cap">P</span><span class="smallc">IRAME ET</span> <span class="cap">T</span><span class="smallc">HISBÉ</span>, <i>par Rebel et Franc&oelig;ur</i>.</p>
-
-<p>Le petit-fils de ce prince, le roi
-<span class="pagenum"><a id="Page_54"> 54</a></span>
-Louis-Philippe, avait, dans sa
-jeunesse, connu l'exil; c'est dans
-le travail et le commerce des
-lettres qu'il en avait adouci
-l'amertume. Soit en Suisse, au
-milieu des montagnes sauvages
-des Grisons, dans le village de
-Reichenau, où, en 1793, sous le
-nom de Chabot, il donna pendant
-huit mois des leçons de français,
-de mathématiques et d'histoire,
-dans l'institution de M. Jost; soit
-à Hambourg, où il fit imprimer
-sous ses yeux et imprima peut-être
-lui-même, un volume en
-réponse à certaines allégations
-hasardées de la comtesse de
-Genlis, ce prince montra des
-goûts de savant et de lettré qui
-devaient le conduire fatalement à
-devenir bibliophile. Aussi le fut-il
-soit au Palais-Royal, quand il
-n'était encore que duc d'Orléans,
-soit aux Tuileries, quand il fut
-devenu roi. Non seulement des
-sommes considérables de sa liste
-civile et de sa fortune particulière
-furent consacrées à des acquisitions
-<span class="pagenum"><a id="Page_55"> 55</a></span>
-de livres, à des souscriptions
-aux grandes publications de
-l'époque, mais encore des ouvrages
-très importants furent
-publiés par ses ordres, à ses frais
-et sous sa direction. Telles furent
-les <i>Vues des châteaux royaux</i> par
-l'architecte Fontaine, l'<i>Histoire
-des résidences royales</i> par Vatout,
-et peut-être les <i>Galeries de Versailles</i>
-par Gavard, pour lesquelles
-M. Montalivet avait pris un arrêté
-par lequel l'ouvrage ne serait
-accordé en don que sur un ordre
-signé du roi. Ces trésors bibliographiques
-qu'il avait rassemblés
-dans ses résidences privées devaient
-bientôt être dispersés.</p>
-
-<p>Quatre ans après la révolution
-de février, eut lieu, le 8 mars 1852
-et les vingt-six jours suivants, la
-vente des livres provenant des
-diverses bibliothèques du roi
-Louis-Philippe, mort le 20 août
-1850. Un avis placé en tête du
-<i>Catalogue</i>, Paris, Potier, 1852,
-2 vol. in-8<sup>o</sup> de 349 et 264 pages,
-signale «les dégradations et mutilations
-<span class="pagenum"><a id="Page_56"> 56</a></span>
-qu'ont subies un certain
-nombre de livres dans des circonstances
-que, dit l'expert, nous
-ne voulons pas rappeler, et qui
-ont malheureusement atteint quelques-uns
-des plus importants et
-des plus précieux». Le premier
-volume contient 3,039 numéros;
-le second, 2,523. Ces deux volumes
-sont consacrés aux «Bibliothèques
-du Palais-Royal et de Neuilly»;
-un troisième, qu'on rencontre
-plus rarement et dont nous
-devons la communication au vénérable
-et savant M. Louis Barbier,
-ancien administrateur de la
-Bibliothèque du Louvre, est relatif
-à la bibliothèque du château
-d'Eu: <i>Catalogue des livres provenant
-de la bibliothèque du château
-d'Eu</i>, Paris, Potier, 1853, in-8 de
-29 pages. Il comprend 337 numéros
-seulement. La vente eut
-lieu les 5, 6 et 7 avril 1853, à la
-salle Silvestre, rue des Bons-Enfants,
-comme la précédente.</p>
-
-<p>Ces catalogues ont un grand
-intérêt historique par l'origine
-<span class="pagenum"><a id="Page_57"> 57</a></span>
-qu'ils indiquent d'un très grand
-nombre de volumes ayant appartenu
-à divers membres de la
-famille de Bourbon: le régent; le
-duc et la duchesse du Maine, et
-leur fils, le comte d'Eu; le comte
-de Toulouse et le duc de Penthièvre;
-la duchesse d'Orléans,
-mère du roi. Nous avons fait le
-relevé de ces livres, la crainte
-seule de trop allonger ce travail
-nous empêche d'en donner la
-liste complète. Nous signalerons
-seulement les manuscrits et quelques
-livres d'une rareté particulière.
-Voici les manuscrits:</p>
-
-<div class="blockquote">
-<p><i>Li Romans du castelain de Couci</i>
-(en vers), avec <i>Li Regret du comte de
-Haynnau</i>, in-4<sup>o</sup> de 33 et 58 ff., m. r.,
-aux armes du comte de Toulouse; la
-<i>Cronique françoyse</i>, de Guill. Cretin,
-5 vol. in-fol. sur vélin, ms. provenant
-du duc de La Vallière; le <i>Roman
-d'Yvain</i>, ms. de la fin du XIII<sup>e</sup> siècle,
-in-fol. de 55 ff. (armes de Nicolas
-Foucault et du comte de Toulouse);
-les <i>Lettres spirituelles de la s&oelig;ur
-Marceline Pauper, décédée à Tulle</i>,
-<span class="pagenum"><a id="Page_58"> 58</a></span>
-en 1706, in-4<sup>o</sup>; un recueil de <i>Lettres</i>
-écrites de 1687 à 1692, faussement
-attribuées à M<sup>me</sup> de Sablé, laquelle
-mourut en 1678 (aux armes de la
-comtesse de Toulouse); <i>Instructions
-de la vie civile et chrétienne</i>, (par un
-père à ses enfants), datées de Tlodosso,
-1722, in-4<sup>o</sup> (armes du duc du
-Maine); <i>Recueil d'ouvrages mss.</i>, en
-partie autographes du M<sup>is</sup> de Mirabeau
-6 vol. in-fol.; <i>Mémoire et instruction
-sur les munitions des places, l'artillerie</i>,
-par Vauban, in-fol., mar. r.
-(aux armes du duc du Maine); <i>Recueil
-de chansons, par Blot et autres</i>, sous
-la Fronde, in-4<sup>o</sup>; <i>Recueil de poésies</i>,
-de M<sup>lle</sup> de Caumont de La Force, in-4<sup>o</sup>,
-mar. r., avec cette note:</p>
-
-<p>«Manuscrit autographe. Ces poésies
-sont adressées au duc de Vendôme,
-au duc d'Estrées, à l'abbé de
-Chaulieu, à la duchesse du Maine, à
-Campistron, à Hamilton, avec des
-réponses de ce dernier.»</p>
-
-<p><i>Chansons et autres poésies</i>, de la
-même, in-4<sup>o</sup>, mar. r., ms. autographe
-de 148 pp.; les pièces sont adressées
-à Mademoiselle, à la princesse de
-Conti, au prince de Turenne, à M<sup>me</sup>
-de Maintenon, etc.; <i>Adélaïs de Bourgogne</i>,
-par la même, 2 vol. in-4<sup>o</sup>; <i>les</i>
-<span class="pagenum"><a id="Page_59"> 59</a></span>
-<i>Jeux ou la Promenade de la princesse
-de Conty à Eu</i>, par la même, 1701,
-in-4<sup>o</sup> ms. inédit; <i>Portrait de M<sup>lle</sup> de
-La Force, fait par elle-même</i>, in-4<sup>o</sup>,
-mar. r., suivi de quelques autres
-écrits, de la même, etc.</p>
-</div>
-
-<p>Parmi les imprimés, l'on remarque:</p>
-
-<div class="blockquote">
-<p><i>Gyron le Courtoys</i>, Paris, 1519,
-in-fol. goth.; <i>les Quatre filz Aymon</i>,
-Paris, 1508, pet. in-fol., fig. sur bois;
-<i>Sensuyt Ogier le Dannois</i>, Paris, Trepperel,
-s. d., in-4<sup>o</sup> goth.; <i>le Nouble roy
-Ponthus</i>, et <i>la Cronique et hystoire de
-Appollin, roy de Thyr</i>, Genesve, in-4<sup>o</sup>
-goth., fig. col.; l'<i>Histoire de Huon de
-Bordeaux</i>, Rouen, s. d., in-8<sup>o</sup>; <i>les
-Neuf preux</i>, Abbeville, 1487, in-fol.
-goth.; <i>Amadis de Gaule, mis en françois</i>
-par Nic. de Herberay, Lyon et
-Paris, 1575-1615, 23 vol. in-16 et 3 vol.
-in-8<sup>o</sup>; l'<i>Histoire de Palmerin d'Olive</i>,
-trad. par Maugin, 1553, in-fol.; <i>Histoire
-de Perceforest</i>, Paris, 1528,
-6 vol. in-fol., imprimés sur vélin,
-avec cinq grandes miniatures (cet
-ex. provenait de la vente d'Anet en
-1724, où il avait été acheté par le
-comte d'Hoym, puis racheté à la
-<span class="pagenum"><a id="Page_60"> 60</a></span>
-vente La Vallière par le duc de
-Penthièvre, au prix de 1,601 livres.);
-l'<i>Historien Josèphe</i>, 1534, in-fol. goth.
-sur vélin, provenant d'Honoré d'Urfé;
-l'<i>Histoire de Guy de Warvich</i>, Paris,
-s. d., in-4<sup>o</sup> goth.; <i>l'Amant resuscité</i>,
-par Th. Valentinian, Lyon, 1558,
-in-4<sup>o</sup>; <i>Du vray et parfaict amour, ou
-les Amours de Théagènes et de Charide</i>
-(<i>sic</i>), par Martin Fumée, Paris,
-1599, in-12, vél.; <i>les Amours de Théagènes
-et Chariclée</i>, trad. d'Amyot,
-Paris, 1549, in-8, v. rac. (2<sup>e</sup> édition
-de ce livre); <i>Hypnerotomachie ou
-discours du songe de Poliphile</i>, Paris,
-1561, in-fol., fig. sur bois; les <i>Cent
-excellentes nouvelles</i>, de Giraldy Cynthien,
-trad. par Chappuys, Paris,
-1584, in-8<sup>o</sup>; le <i>Faust</i> de G&oelig;the, trad.
-de Stapfer, avec les 17 dessins de
-Delacroix, Paris, Motte, 1828, in-fol.
-dem.-rel.</p>
-</div>
-
-<p>Le roi Louis-Philippe avait
-formé aussi une magnifique collection
-de portraits historiques,
-qui était rassemblée au Palais-Royal.
-Ils s'élevaient au nombre de
-4,600 et figurent au catalogue de
-1852 (II<sup>e</sup> partie), sous le n<sup>o</sup> 777.
-<span class="pagenum"><a id="Page_61"> 61</a></span>
-Indépendamment de cette collection,
-dont un <i>Catalogue</i> fut publié,
-Paris, 1829, 4 vol. in-8<sup>o</sup> et in-fol.,
-le roi possédait encore de nombreux
-portraits de différentes
-époques et de différents pays,
-qui furent vendus sous les n<sup>os</sup> 780-832:
-&oelig;uvres de Morin, de
-M. Lasne, de Van Schuppen, de
-Nanteuil, de Simon, d'Edelinck,
-de Drevet, de Masson, de Carmontelle.</p>
-
-<p>Le roi Louis-Philippe ne fut
-pas le dernier Bourbon bibliophile;
-mais nous devons nous
-arrêter au seuil de l'histoire
-contemporaine, que nous nous
-sommes donnés pour limite.</p>
-
-<div class="figcenterb">
-<img src="images/008.jpg" width="120" height="79" alt="" />
-</div>
-<p><span class="pagenumh"><a id="Page_62"> 62</a></span>
-<span class="pagenumh"><a id="Page_63"> 63</a></span></p>
-
-<p class="extra">REINES ET PRINCESSES</p>
-
-<p><span class="pagenumh"><a id="Page_64"> 64</a></span>
-<span class="pagenumh"><a id="Page_65"> 65</a></span></p>
-
-
-<div class="figcentert">
-<img src="images/005.jpg" width="295" height="60" alt="" />
-</div>
-
-<p>Si les princes de la maison de
-Bourbon aimèrent les livres et
-furent souvent de véritables bibliophiles,
-c'est une passion que les
-femmes de leur race partagèrent
-avec eux. Aussi serait-il injuste
-de ne pas parler d'elles, et de ne
-pas inscrire leurs noms sur le
-livre d'or de la Bibliophilie. Elles
-n'eurent pas seulement de précieuses
-collections de livres, livres
-choisis, habillés avec le goût le
-plus délicat, rangés dans de beaux
-corps de bibliothèques; elles
-<span class="pagenum"><a id="Page_66"> 66</a></span>
-firent aussi des livres, imitant
-d'ailleurs en cela leurs parents du
-sexe fort. Henri IV est un admirable
-épistolaire, mais Madame
-Elisabeth n'est pas à dédaigner,
-et ses lettres ont une originalité
-pleine de saveur. C'est à une
-princesse de Conti que l'on attribue
-les <i>Amours du grand Alcandre</i>,
-lisez de Henri IV. Mademoiselle de
-Montpensier a écrit des mémoires
-qui comptent parmi les meilleurs.
-Mademoiselle de Nantes, fille de
-Louis XIV et de Madame de
-Montespan, plus tard Madame la
-duchesse, faisait des vers&mdash;souvent
-par trop salés&mdash;qui réjouissaient
-fort la cour, tout en la
-scandalisant un peu; la duchesse
-du Maine&mdash;une Condé&mdash;tenait
-une véritable cour littéraire en
-son château de Sceaux, et n'était
-pas la dernière à payer son écot
-en vers et en prose, en madrigaux
-et en comédies. Une autre
-princesse de Condé, Louise-Adélaïde
-de Bourbon, tante du duc
-d'Enghien, qui mourut en 1824,
-<span class="pagenum"><a id="Page_67"> 67</a></span>
-prieure des Dames Bénédictines
-établies au Temple de Paris, a laissé
-un volume de lettres pleines d'élévation
-et de sentiments. Quand on
-a tant de dispositions pour les
-choses de l'esprit, comment ne
-serait-on pas bibliophile? Aussi
-beaucoup de ces princesses le
-furent-elles.</p>
-
-<div class="section">
-<p class="subh">I</p>
-</div>
-
-<p>Il est à remarquer que la femme
-du roi de France qui fut le véritable
-fondateur de cette collection
-incomparable de livres qui
-s'appelle aujourd'hui la Bibliothèque
-nationale, fut une princesse
-de Bourbon. Jeanne de
-Bourbon, arrière-petite-fille de
-Robert, comte de Clermont, tige
-de cette maison, et qui épousa
-en 1350 le dauphin Charles, qui
-fut plus tard Charles V, lui apporta
-en dot, entre autres trésors, une
-vingtaine de manuscrits précieux,
-richement reliés, qui contribuèrent
-à former le premier fonds
-de la Bibliothèque que ce prince
-<span class="pagenum"><a id="Page_68"> 68</a></span>
-rassembla plus tard dans la grosse
-tour du Louvre. Le goût pour les
-livres, qu'elle avait puisé dans sa
-famille, ne fut certainement pas
-sans influence sur son royal
-époux, «dont la belle librairie»
-devint célèbre dans toute la chrétienté,
-et qui aimait à tracer son
-nom sur ses livres favoris. Quand
-elle mourut, en 1377, trois ans
-avant Charles V, elle laissa la
-réputation d'une reine amie des
-lettres et de ceux qui les cultivent.</p>
-
-<p>Ce que Jeanne de Bourbon avait
-été pour le roi Charles V, une
-nièce de ce prince le fut pour le
-duc Jean I<sup>er</sup>. Par une heureuse
-rencontre, les ducs de Bourbon
-furent presque toujours heureusement
-secondés de leurs femmes
-dans l'accroissement de leur
-bibliothèque de Moulins. Ainsi
-en fut-il de la duchesse Marie,
-fille unique et héritière du duc de
-Berry, frère de Charles V, mort
-en 1416, qui apporta à son époux,
-le duc Jean I<sup>er</sup>, quarante et un des
-plus beaux manuscrits que son
-<span class="pagenum"><a id="Page_69"> 69</a></span>
-père avait réunis dans son château
-de Mehun-sur-Yèvre. Ces livres
-lui furent comptés pour une
-somme de 2,500 livres tournois
-dans la succession de celui-ci.
-Les autres furent malheureusement
-dispersés par les créanciers
-de ce prince<a id="FNanchor_2" href="#Footnote_2" class="fnanchor">&nbsp;[2]</a>. L'on voit encore
-sur un manuscrit exécuté pour
-elle par le P. de la Croix, cette
-note: «Et apertient ce dit livre à
-très haulte et poissant dame Marie,
-fille de très redoubté prince Jehan,
-duc de Berry,... et le fist escripre
-par grant diligence frère Symon
-<span class="pagenum"><a id="Page_70"> 70</a></span>
-de Coucy, cordelier, confesseur
-de laditte Dame.» Cet amour des
-livres, la duchesse Marie le transmit
-à son fils et à son petit-fils,
-les ducs Charles I<sup>er</sup> et Jean II, qui
-tous deux, comme nous l'avons
-vu, furent de grands bibliophiles.</p>
-
-<hr class="tb" />
-
-<p>C'est dans la branche des Bourbons-Vendôme,
-détachée elle-même
-de celle des comtes de la
-Marche éteinte au XV<sup>e</sup> siècle, et
-qui succéda, dans le titre de duc
-de Bourbon, à la branche aînée
-et à celle des Bourbons-Montpensier,
-que nous rencontrons
-maintenant la plus illustre héritière
-de cet amour pour les livres
-qui distingua les princes de la
-maison de Bourbon. Nous voulons
-parler d'Antoinette de Bourbon,
-l'un des six enfants de François
-de Bourbon, comte de Vendôme,
-et de cette Marie de Luxembourg,
-fille et héritière du fameux comte
-de Saint-Pol, le décapité, qui enrichit
-si grandement cette branche
-des Vendôme. Née en 1494, morte
-<span class="pagenum"><a id="Page_71"> 71</a></span>
-à près de quatre-vingt-dix ans,
-en 1583, s&oelig;ur de Charles de Bourbon,
-créé duc de Vendôme par
-François I<sup>er</sup> en 1515, tante d'Antoine
-de Bourbon, roi de Navarre,
-du comte d'Enghien, le vainqueur
-de Cérisoles, du cardinal de Bourbon,
-qui fut le roi des Ligueurs
-sous le nom de Charles X, et du
-prince de Condé, tige de la maison
-de Condé, elle occupe une grande
-place dans l'histoire de son temps,
-sous le nom de douairière de
-Guise. Elle avait, en effet, épousé,
-en 1513, Claude de Lorraine,&mdash;fils
-de René II, le vainqueur de
-Charles le Téméraire,&mdash;premier
-duc de Guise, et, fut la mère de
-toute cette lignée des Guises qui
-donnèrent tant de tracas aux
-derniers Valois. Ses petits-fils
-faillirent enlever la couronne à
-Henri IV, l'héritier légitime, dont
-elle était la grand'tante. Elle
-posséda une bibliothèque nombreuse,
-dont les volumes, pour la
-plupart, avaient été reliés par
-Nicolas Ève. Quelques-uns portaient
-<span class="pagenum"><a id="Page_72"> 72</a></span>
-sur les plats son chiffre
-formé d'un V et d'un A enlacés
-(<i>Antoinette de Vendôme</i>), accompagné
-d'un autre chiffre composé
-de deux &#955;&#955; (<i>Lorraine</i>). L'amour
-des livres fut peut-être la seule
-chose qu'Antoinette de Bourbon,
-duchesse de Guise, hérita de sa
-maison. A tous autres égards elle
-devint toute Lorraine, et ne fut
-pas la moins dangereuse adversaire
-d'Antoine de Navarre et de
-son fils Henri IV.</p>
-
-<div class="section">
-<p class="subh">II</p>
-</div>
-
-<p>La conquête d'un trône, les soins
-d'un gouvernement qui s'était
-donné pour mission de fermer
-les blessures de la France, ne
-laissèrent pas beaucoup de temps
-à Henri IV pour être bibliophile.
-Sa s&oelig;ur, Catherine de Bourbon,
-duchesse de Bar, eut pour cela
-plus de loisirs, et elle en usa
-largement. Elle a laissé des livres
-nombreux, tous magnifiquement
-reliés, marqués très souvent sur
-<span class="pagenum"><a id="Page_73"> 73</a></span>
-les plats de cet S fermé, qui était
-un signe de fidélité conjugale ou
-amoureuse. L'histoire intime de
-la s&oelig;ur du roi Henri donnerait
-raison à cette interprétation. Née
-à Paris en 1559, de six ans plus
-jeune que son frère, elle reçut les
-leçons de Florent Chrestien et de
-Palma Cayet, pour le grec, le
-latin et l'hébreu; de Charles Macrin,
-père de Salmon Macrin le
-poète, pour l'histoire et la poésie;
-Théodore de Bèze corrigea, dit-on,
-ses premiers vers. Deux ministres,
-Merlin de Vaulx et Espina, l'instruisirent
-dans les principes de la
-religion réformée. Les mémoires
-contemporains vantent aussi son
-habileté à chanter, à toucher du
-luth, à danser même les pavanes
-d'Espagne, les pazzamenos d'Italie,
-les voltes et les courantes
-françaises, et même les danses
-béarnaises, bien qu'elle fût née
-un peu boîteuse, et de santé très
-délicate. Elle avait treize ans
-seulement quand elle perdit sa
-mère, Jeanne d'Albret, qui, en
-<span class="pagenum"><a id="Page_74"> 74</a></span>
-mourant, l'avait placée spécialement
-sous la protection de son
-frère: «J'engage et je supplie
-mon fils, lit-on dans son testament,
-à prendre sa s&oelig;ur Catherine
-sous sa protection, à être
-son tuteur et son défenseur.»
-Henri IV ne suivit peut-être pas
-très fidèlement cette dernière
-recommandation de sa mère, et
-dans les divers projets de mariage
-qu'il forma pour Catherine de
-Bourbon, il obéit plutôt aux
-conseils de la politique qu'il
-n'écouta les sentiments d'un frère.
-Il fut tour à tour question de la
-marier à Henri III, au frère de
-celui-ci, le duc d'Alençon, à
-Philippe II, au duc de Savoie
-Charles-Emmanuel I<sup>er</sup>, à son cousin
-le prince de Condé, veuf de
-Marie de Clèves, au duc Charles III
-de Lorraine, au roi d'Ecosse, fils
-de Marie-Stuart. Au milieu de
-ces projets de la politique, Catherine
-avait écouté son c&oelig;ur, et
-une promesse de mariage avait été
-échangée entre elle et son cousin,
-<span class="pagenum"><a id="Page_75"> 75</a></span>
-le comte de Soissons, frère du
-prince de Condé. Pour lui elle
-refusa positivement l'alliance du
-roi d'Ecosse, et résista énergiquement
-plus tard à son frère qui
-voulait donner sa main au duc de
-Montpensier. Elle resta cependant
-vaincue dans cette lutte, et finit
-par épouser, en 1599, le duc de Bar,
-fils de ce duc de Lorraine qu'elle
-avait autrefois refusé. Cette union
-tardive devait être bientôt dénouée
-par la mort. Catherine mourut le
-13 février 1604, laissant le souvenir
-d'une âme généreuse et d'un
-esprit élevé. Ses plus belles années
-s'étaient écoulées au château de
-Pau, dans les fonctions de régente
-qu'elle avait remplies en Navarre.
-La bibliothèque, dont le catalogue
-existe encore en partie, avait été
-notablement augmentée par elle.
-Poète, elle y occupait ses loisirs à
-des traductions de psaumes en
-langue française, et à des poésies
-religieuses, qui eurent alors de la
-popularité en Béarn.</p>
-
-<p>L'on remarquait surtout dans
-<span class="pagenum"><a id="Page_76"> 76</a></span>
-sa bibliothèque une belle collection
-de classiques grecs et latins,
-de rares manuscrits, et une
-grande quantité de lettres autographes
-des principaux personnages
-de son temps. «La plupart
-de ses livres, dit M. Guigard,
-étaient reliés à la manière de
-Clovis Eve qui, bien certainement,
-a dû travailler pour elle. Beaucoup
-d'entre eux portaient sur les
-plats six doubles C entrelacés
-formant croix, avec une flamme
-au centre, le tout dans un ovale
-feuillé.»</p>
-
-<div class="section">
-<p class="subh">III</p>
-</div>
-
-<p>L'époque des Précieuses devait
-avoir plus que toute autre des
-bibliophiles parmi ces femmes
-que passionnaient les choses de
-l'esprit. A leur tête il faut placer
-la fille de Gaston d'Orléans, frère
-de Louis XIII, et de Marie de
-Bourbon, duchesse de Montpensier,
-dernière représentante de la
-seconde branche des Bourbons-Montpensier,
-<span class="pagenum"><a id="Page_77"> 77</a></span>
-princes de La Roche-sur-Yon,
-détachée à la fin du
-XV<sup>e</sup> siècle de celle des comtes de
-Bourbon-Vendôme. Elle a droit,
-comme son frère, au titre de bibliophile.
-Née en 1627, morte en 1693,
-après cette fâcheuse aventure d'un
-mariage avec Lauzun, qui fit
-scandale sans faire son bonheur,
-Mademoiselle de Montpensier est
-l'auteur de ces <i>Mémoires</i> qu'on lit
-toujours avec un si vif plaisir,
-d'une <i>Histoire de la princesse de
-Paphlagonie</i> (1659), roman qui peut
-encore piquer aujourd'hui la curiosité,
-par les allusions qui s'y
-trouvent aux personnages du
-temps, et de <i>Portraits</i>, nés de cette
-mode qui occupa vers 1660 toute
-la société polie en France. Au
-milieu des Précieuses, elle fut
-comme une vierge Pallas, à
-laquelle poètes et courtisans s'empressaient
-d'apporter le tribut de
-leurs vers ou de leurs hommages.
-Retirée, un peu forcément, après
-la Fronde, soit dans ses châteaux,
-à Eu par exemple, soit au palais
-<span class="pagenum"><a id="Page_78"> 78</a></span>
-du Luxembourg, c'est surtout
-alors qu'elle prit goût aux lettres
-et au bel esprit. Le poète Segrais
-était l'un des gentilshommes de
-sa maison. C'est par lui qu'elle
-connut Huet, qui, jeune alors, lui
-servait parfois de lecteur pendant
-sa toilette. Ses livres timbrés au
-armes d'Orléans sont excessivement
-rares.</p>
-
-<p>A côté de la grande Mademoiselle,
-comme on appelait de son
-temps cette princesse, nous placerons
-Anne-Geneviève de Bourbon-Condé,
-duchesse de Longueville,
-la s&oelig;ur du grand Condé, la
-galante héroïne de la Fronde. Ses
-livres portaient ordinairement sur
-les plats un semis de fleurs de lis,
-et, entouré de deux palmes,
-l'écusson <i>de France, au bâton péri
-en bande de gueules, au lambel
-d'argent à trois pendants</i> (armes
-des Longueville). Ce n'est pas que
-la duchesse de Longueville ait été
-une savante. Loin de là; son éducation
-avait été assez négligée:
-mais elle avait l'esprit de sa race,
-<span class="pagenum"><a id="Page_79"> 79</a></span>
-et un goût inné. Retz insiste particulièrement
-sur ce que cet esprit
-devait tout à la nature, et presque
-rien à l'étude. «M<sup>me</sup> de Longueville,
-dit-il, a naturellement bien
-du fonds d'esprit, mais elle en a
-encore plus le fin et le tour.»
-Plus tard elle tiendra, dans ce
-bel hôtel de Longueville qu'elle
-fit bâtir rue Saint-Thomas du
-Louvre, près de celui de Rambouillet,
-une cour d'esprit,
-donnera le ton à ses contemporains,
-et rendra, avec son frère le
-grand Condé, des jugements sur
-la littérature qui seront sans
-appel.</p>
-
-<div class="section">
-<p class="subh">IV</p>
-</div>
-
-<p>Des deux filles que Louis XIV
-eut de la marquise de Montespan,
-la plus remarquable par son
-esprit&mdash;cet esprit des Mortemart,
-célèbre au XVI<sup>e</sup> siècle, esprit
-caustique, plein de saillies, souvent
-à l'emporte-pièce&mdash;fut Mademoiselle
-de Nantes. Née en 1673,
-<span class="pagenum"><a id="Page_80"> 80</a></span>
-mariée en 1685, à Louis III, duc
-de Bourbon, petit-fils du grand
-Condé, s&oelig;ur de la duchesse
-d'Orléans, femme du régent, elle
-ne mourut qu'en 1743. Survivant
-de trente-trois ans à son mari,
-elle passa son long veuvage dans
-les douceurs de l'amitié, peut-être
-d'un sentiment plus tendre, que
-lui inspira le marquis de Lassay,
-et dans la société des hommes
-d'esprit et des gens de lettres.
-«Dans une taille contrefaite, dit
-Saint-Simon, mais qui s'apercevait
-peu, sa figure était formée par les
-plus tendres amours, et son esprit
-était fait pour se jouer d'eux à son
-gré sans en être dominée... Rien
-en elle qui n'allât naturellement à
-plaire, avec une grâce non pareille
-jusque dans ses moindres actions,
-avec un esprit tout aussi naturel
-qui avait mille charmes... Avec
-ces qualités, beaucoup d'esprit, de
-sens pour la cabale et les affaires...
-féconde en chansons les plus
-cruelles dont elle affublait gaîment
-les personnes qu'elle semblait
-<span class="pagenum"><a id="Page_81"> 81</a></span>
-aimer et qui passaient leur vie avec
-elle. C'était la sirène des poètes,
-qui en avait tous les charmes et
-les périls.» Ailleurs, Saint-Simon,
-revenant sur ce talent pour la
-chanson et l'épigramme, dit:
-«M<sup>me</sup> la duchesse qui avait
-bien de la grâce et de l'esprit à
-l'art des chansons salées, en fit
-d'étranges.» Cette verve satirique
-de la jeune princesse s'attaquait
-même à Louis XIV, et aux m&oelig;urs
-sévères que M<sup>me</sup> de Maintenon
-avait introduites à la cour, comme
-le prouvent ces vers d'elle qui
-coururent en 1691, après le voyage
-du roi en Flandre:</p>
-
-<div class="poetry"><div class="stanza">
-<p>Enfin, après un mois je vous vois de retour,</p>
-<p>Courtisans surannés, vrais remèdes d'amour,</p>
-<p>Je vous revois, vieux fous si chéris de nos mères,</p>
-<p class="i3"> Lorsque restés sur nos frontières,</p>
-<p>Nos amans loin de nous sont dans le champ de Mars</p>
-<p>Pour livrer leurs beaux jours aux plus cruels hasards.</p>
-<p>Ah! qu'une vieille cour à nos yeux est hideuse!!</p>
-<p>On n'y parle jamais ni d'amour ni d'amans;</p>
-<p class="i3"> Qu'une princesse est malheureuse</p>
-<p class="i3"> D'y passer ses plus jeunes ans!</p>
-<p class="i3"> Que c'est une chose ennuyeuse</p>
-<p class="i3"> De ne voir que de vieux pédans!</p>
-</div></div>
-
-<p>La bibliothèque qu'elle avait
-rassemblée dans ce magnifique
-<span class="pagenum"><a id="Page_82"> 82</a></span>
-palais Bourbon qu'elle avait fait
-construire, et dont la plus grande
-partie a disparu pour être remplacée
-par le Palais Législatif,
-était riche et bien choisie. Ses
-livres se distinguaient par la magnificence
-des reliures, la plupart
-exécutées par Derôme et Padeloup.
-Ils étaient timbrés à ses
-armes: deux écus accolés, le premier,
-<i>de France, au bâton péri en
-bande de gueules</i>; le second, aussi
-<i>de France, au bâton péri en barre
-de gueules, qui est de Condé</i>.</p>
-
-<div class="section">
-<p class="subh">V</p>
-</div>
-
-<p>C'est à une princesse de Bourbon-Condé,
-sinon par sa naissance,
-du moins par son mariage,
-à Anne de Bavière, femme de
-Henri-Jules, prince de Condé, fils
-du vainqueur de Rocroy, que se
-rattache le souvenir d'une des
-plus belles ventes de livres qui
-ait eu lieu sous l'ancienne monarchie.
-Nous voulons parler de
-la vente de la bibliothèque du
-<span class="pagenum"><a id="Page_83"> 83</a></span>
-château d'Anet, en 1724, peu après
-la mort de cette princesse, veuve
-depuis le 1<sup>er</sup> avril 1709. Il n'est pas
-sans intérêt, pour l'histoire de
-cette admirable collection de
-livres, de voir comment la célèbre
-demeure de Diane de Poitiers
-était passée avec toutes ses
-richesses mobilières aux mains
-de la belle-fille du grand Condé.</p>
-
-<p>Donnée d'abord par Philippe
-le Long, en 1318, à Louis, comte
-d'Evreux, son oncle, la seigneurie
-d'Anet avait été confisquée par
-Charles V, sur Charles le Mauvais,
-roi de Navarre, puis inféodée,
-par Charles VIII en 1444, à Pierre
-de Brezé, en récompense des
-services de ce seigneur contre les
-Anglais qu'il avait chassés de
-Normandie. C'est par son mari,
-Louis de Brezé, dont elle devint
-veuve en 1531, que Diane de
-Poitiers se trouva en possession
-de la seigneurie d'Anet, dont
-l'ancien château, reconstruit sur
-les plans de Philibert Delorme,
-orné par Jean Cousin et Jean
-<span class="pagenum"><a id="Page_84"> 84</a></span>
-Goujon, fut une des merveilles de
-l'art français au XVI<sup>e</sup> siècle (1552).
-A la mort de Diane, en 1566, Anet
-devint la propriété de Claude de
-Lorraine, duc d'Aumale, qui avait
-épousé, en 1547, sa seconde fille,
-Louise de Brezé à laquelle ce
-domaine était échu dans un partage
-fait du vivant même de Diane,
-en 1561, entre elle et sa s&oelig;ur
-Françoise, duchesse de Bouillon.
-Son fils Charles de Lorraine, qui
-épousa en 1576 sa cousine germaine,
-Marie de Lorraine, fille du
-duc d'Elbeuf, hérita d'Anet, mais
-il dut le laisser vendre par ses
-créanciers, dont le principal était
-Marie de Luxembourg, duchesse
-douairière de Merc&oelig;ur qui, en
-1615, acheta Anet moyennant
-400,000 livres. C'est par cette nouvelle
-propriétaire d'Anet que ce
-domaine passa aux Vendôme:
-César de Vendôme, fils de Henri IV
-et de Gabrielle d'Estrées, ayant
-épousé en 1609 Françoise de
-Lorraine, fille de la duchesse, et
-héritière de Philippe-Emmanuel
-<span class="pagenum"><a id="Page_85"> 85</a></span>
-de Lorraine, dernier duc de Merc&oelig;ur.</p>
-
-<p>Le dernier rejeton des Vendôme,
-le célèbre général dont les victoires
-affermirent la couronne
-d'Espagne sur la tête du petit-fils
-de Louis XIV, le légua à sa femme,
-Marie-Anne de Bourbon-Condé,
-petite-fille du grand Condé (1712).
-Cette dernière duchesse de Vendôme,
-que son mari n'avait
-épousée que pour faire sa cour à
-Louis XIV, et être relevé d'une
-disgrâce que ses m&oelig;urs trop
-relâchées lui avaient fait encourir,
-étant morte sans enfant, le 11 avril
-1718, laissa Anet et son magnifique
-héritage à sa mère, Anne de
-Bavière, princesse douairière de
-Condé, Madame la princesse,
-comme on disait alors, qui mourut
-elle-même peu après, le 23 février
-1723. L'avocat Barbier, dans
-son journal, dit à propos de
-cette mort: «Mardi 23, Madame
-la princesse de Condé, palatine
-en son nom et cousine de
-Madame, est morte dans son
-<span class="pagenum"><a id="Page_86"> 86</a></span>
-hôtel au petit Luxembourg, âgée
-de soixante-seize ans. Madame la
-princesse de Conti, sa fille aînée,
-à qui on avait refusé la porte la
-veille, a fait apposer le scellé le
-même jour par deux commissaires
-du Parlement.» Cette mort
-avait suivi de quelques semaines
-seulement celle de la duchesse
-d'Orléans, mère du régent, arrivée
-le 8 décembre 1722. Ces deux
-princesses, appartenaient toutes
-deux à la maison de Bavière,
-Madame à la branche électorale,
-la princesse à la branche palatine
-du Rhin.</p>
-
-<p>Le goût que les propriétaires
-d'Anet, ducs de Vendôme, ou ducs
-d'Aumale, avaient pour les livres
-et pour les lettres, nous est attesté
-par un document infiniment précieux.
-C'est le <i>Catalogue des manuscrits
-trouvez après le décès de
-Madame la Princesse, dans son
-Château Royal d'Anet</i>, Paris,
-Gandouin, 1724. Il est impossible
-d'imaginer une plus rare collection
-de livres, et la note suivante,
-<span class="pagenum"><a id="Page_87"> 87</a></span>
-placée en tête de ce catalogue,
-reste fort au-dessous de la vérité:</p>
-
-<p class="blockquote">Ces manuscrits sont sur vélin
-ornez de très-curieuses miniatures &amp;
-autres ornemens, le tout très-bien
-conservé; et se vendront en gros ou
-en détail au commencement du mois
-de novembre prochain 1724, chez le
-sieur Pierre Gandouin, libraire, quay
-des Augustins, à la Belle Image.</p>
-
-<p>Il y avait dix-huit mois qu'Anne
-de Bavière, princesse douairière
-de Condé, était morte, lorsque fut
-mis en vente ce trésor incomparable
-du château d'Anet, par
-suite du partage des biens des
-ducs de Vendôme, entre ses deux
-petites-filles, la duchesse du Maine
-et la princesse de Conti, toutes
-deux s&oelig;urs de la duchesse de
-Vendôme. Comme la bibliothèque
-d'Anet n'avait pu être formée par
-la princesse de Condé, pas plus
-que par sa fille la duchesse de
-Vendôme, entre les mains desquelles
-Anet n'avait existé à titre
-de propriété que pendant onze
-<span class="pagenum"><a id="Page_88"> 88</a></span>
-ans, de 1712 à 1723, c'est certainement
-aux Bourbons-Vendôme, et
-avant eux aux princes lorrains et
-à Diane de Poitiers, que revient
-l'honneur d'avoir réuni ces richesses
-littéraires, pour lesquelles
-le monument de Philibert Delorme
-était un si digne écrin.</p>
-
-<p>Le catalogue de ces manuscrits
-forme une petite plaquette in-12
-de 37 pages. L'exemplaire que
-nous avons eu sous les yeux
-appartient à la Bibliothèque
-Mazarine&mdash;n<sup>o</sup> 42884&mdash;où il a été
-désigné à tort, comme le «Catalogue
-de la princesse de Conti.»
-L'on sait que le titre de Madame
-la princesse, tout court, ne fut
-jamais porté sous l'ancienne monarchie
-que par la branche aînée
-de la maison de Condé, dont les
-Conti étaient la branche cadette.
-Il ne saurait y avoir de doute à
-cet égard, Anet n'ayant d'ailleurs
-jamais appartenu aux Conti. Ce
-catalogue, dont les articles ne
-sont pas numérotés, forme trois
-divisions: des manuscrits sur
-<span class="pagenum"><a id="Page_89"> 89</a></span>
-vélin, au nombre de cent soixante
-et onze; des manuscrits sur papier
-in-folio, au nombre de quatre-vingt-un;
-et des livres, la plupart
-in-folio (149 articles).</p>
-
-<p>Des manuscrits sur vélin, il
-faudrait tout citer; nous nous
-contenterons cependant de noter
-ceux-ci:</p>
-
-<p class="blockquote">
-<i>La Bible Ystoriaux</i>, translatée du
-latin en François par Pierre... doyen
-du Chapitre de Saint-Pierre d'Aire,
-remplie de belles miniatures bien
-conservées; <i>la même</i>, avec des miniatures
-très curieuses; <i>la même</i>, dont
-les miniatures surpassent celles des
-autres; une <i>Partie de la Bible en
-Provençal</i>, avec miniatures; <i>Chronique
-depuis la création du monde,
-jusqu'à J. César</i>, avec des miniatures
-très singulières; <i>les Histoires de la
-Terre sainte</i>, ornées de miniatures; <i>la
-Légende dorée</i>, avec un grand nombre
-de miniatures; <i>Recueil des Miracles
-de Notre-Dame</i>, en vers, deux gros
-vol. in-fol. remplis de beaucoup
-de miniatures; <i>la Guerre des Juifs
-de Joseph</i>, ornée de miniatures
-des plus curieuses, d'une grandeur
-<span class="pagenum"><a id="Page_90"> 90</a></span>
-énorme, bien conservée; <i>le Bestiaire</i>,
-par Richard de Furneval, avec
-de belles miniatures; <i>le Jardin de
-Paradis</i>; <i>l'Horloge de Sapience</i>: tous
-deux avec miniatures; <i>l'Arbre de
-Sapience</i>, avec quatre-vingt miniatures
-d'une excellente beauté, in-fol.
-en 1469; <i>Chroniques de France</i>, par
-J. Froissart, deux vol. sur vélin,
-reliez en velours vert avec des fermoirs
-dorez d'or moulu; ce ms. est
-orné de miniatures très belles qui
-représentent les modes et les usages
-de ce temps; <i>les Décades de Tite
-Live</i>, 3 vol. in-fol. avec miniatures,
-couverts de velours rouge; <i>Quinte-Curce</i>,
-avec de très belles miniatures;
-<i>Histoire de Jules César</i>, avec de très
-belles miniatures; <i>les Métamorphoses
-d'Ovide, en vers François</i>, rempli de
-beaucoup de miniatures; <i>Histoire de
-la destruction de Troyes</i>, par Benoist
-de Saint-More, en vers françois, avec
-une grande quantité de miniatures;
-<i>Compilation de l'Histoire Grecque et
-Romaine</i>, par Jehan de Courcy, trois
-exemplaires, tous avec très belles et
-grandes miniatures; <i>les Histoires
-d'Orose</i>, avec des miniatures singulières;
-<i>les Chroniques de Saint-Denis</i>,
-deux très gros vol. in-fol., ornés de
-<span class="pagenum"><a id="Page_91"> 91</a></span>
-miniatures; <i>les Triomphes de Pétrarque</i>,
-trad. par G. de la Forge,
-in-fol. dans lequel se trouve une miniature
-de la grandeur du volume,
-qui est d'une très grande beauté;
-Petrarcha, <i>de Remediis</i>, trad. par
-N. Oresme, avec de très belles miniatures;
-Jean Boccace, <i>Des faits des
-nobles hommes</i>, ms. de 1409, rempli
-de plus de 400 miniatures, le volume
-est d'une grandeur énorme; <i>Idem</i>,
-avec de très belles miniatures;
-<i>Poésies de G. de Loris</i>, in-fol. avec des
-miniatures; <i>le Jouvencel</i>, avec des
-miniatures d'une beauté parfaite;
-<i>Le Roman de la Rose</i>, deux exemplaires,
-chacun avec d'excellentes
-miniatures; <i>le Roman d'Alexandre</i>;
-<i>le Songe du vieil pélerin</i>, rempli de
-grandes et belles miniatures; <i>Histoire
-de Saint-Graal</i>, trad. par Luces
-du Chastel, ms. très ancien et rempli
-de beaucoup de miniatures; <i>les
-Nobles faits du chevalier Tristan,
-Ugalaad, Lancelot</i>, trad. par le même,
-in-fol. sur vélin d'une grandeur
-énorme, orné d'un nombre infini de
-belles miniatures très bien conservées;
-<i>le Roman de Tristan Le Bret</i>,
-trad. par Robert Boron, orné d'un
-nombre infini de petites miniatures
-<span class="pagenum"><a id="Page_92"> 92</a></span>
-très finies pour le temps, in-fol.; <i>Le
-Séjour du deuil pour le trépas de
-Messire Philippe de Comines, seigneur
-d'Argenton</i>, en vers, avec 17 miniatures
-en or d'une beauté achevée;
-<i>le Pèlerinage de vie humaine</i>, en
-vers, avec miniatures; <i>Fables d'Esope</i>,
-avec miniatures; <i>Explication des
-Actes des Apôtres, par un Frère
-prescheur, dédié à Jean de Laval, sieur
-de Châteaubriant</i>, orné de grandes et
-belles miniatures, etc.</p>
-
-<p>Le château d'Anet échut en
-partage à la duchesse du Maine,
-et après la mort du comte d'Eu,
-son fils, passa à son cousin, le duc
-de Penthièvre, mais sa précieuse
-bibliothèque, formée par Diane
-de Poitiers, conservée avec soin
-et même accrue par la maison de
-Vendôme, eut une triste destinée.
-On ne trouva pas d'acquéreur
-pour cette admirable collection;
-elle fut dispersée. Beaucoup de
-volumes, dit M. Léopold Delisle,
-furent achetés par Denis Guyon
-de Sardière, dont la bibliothèque
-fut acquise, vers 1759, par le duc
-<span class="pagenum"><a id="Page_93"> 93</a></span>
-de La Vallière; plusieurs manuscrits
-furent adjugés à Cangé, à
-Lancelot et à d'autres amateurs,
-dont les cabinets contribuèrent
-dans la suite à l'accroissement de
-la bibliothèque du roi; un certain
-nombre passèrent à l'étranger.</p>
-
-<p>La duchesse du Maine, qui hérita
-seulement du château d'Anet,
-aurait cependant été digne d'en
-posséder aussi la précieuse bibliothèque.
-Elle aimait, en effet, beaucoup
-les livres et tint à Sceaux une
-véritable cour littéraire. Fontenelle,
-Malézieux, La Fare, Sainte-Aulaire,
-Chaulieu et, plus tard, Voltaire
-y firent avec elle assaut d'esprit.</p>
-
-<div class="poetry"><div class="stanza">
-<p class="i3"> La divinité qui s'amuse</p>
-<p class="i3"> A me demander mon secret,</p>
-<p>Si j'étais Apollon ne serait point ma muse</p>
-<p class="i2">Elle serait Thétis, et le jour finirait,</p>
-</div></div>
-
-<p>répondait un jour Sainte-Aulaire à
-la duchesse, qui l'appelait Apollon.</p>
-
-<p>«La contrainte qu'il fallait avoir
-à la cour l'ennuya, raconte M<sup>me</sup> de
-Caylus; elle alla à Sceaux jouer
-la comédie et faire tout ce qu'on
-<span class="pagenum"><a id="Page_94"> 94</a></span>
-a entendu dire des nuits blanches,
-et tout le reste. M. le duc, son frère,
-pendant un temps prit un très
-grand goût pour elle: les vers et
-les pièces d'éloquence volèrent
-entre eux; les chansons contre eux
-volèrent aussi. L'abbé de Chaulieu
-et M. de La Fare, Malézieux et
-l'abbé Genest secondaient le goût
-que M. le duc avait pour la poésie.»
-Ces goûts littéraires ne l'empêchèrent
-pas de s'occuper de politique,
-comme le prouve cette
-conspiration de Cellamare dont
-elle fut l'inspiratrice. Souvent la
-littérature fut pour elle le masque
-de la politique; et l'emblème dont
-elle timbrait ses livres était aussi
-le signe de ralliement de ses alliés,
-les chevaliers de la Mouche à
-miel. Sur ses livres, en effet,
-étaient frappées des abeilles d'or,
-avec cette devise autour de leur
-ruche: <i>Piccola Si Ma Fa Pur
-Gravi La Ferite</i>. (Je suis petite,
-mais je fais cependant de graves
-blessures). Allusion à la petite
-taille de la princesse et à l'ordre
-<span class="pagenum"><a id="Page_95"> 95</a></span>
-galant de la Mouche à miel, qu'elle
-avait fondé en 1703.</p>
-
-<p>De cette princesse bibliophile,
-nous rapprocherons deux filles du
-régent: cette galante duchesse de
-Berry d'abord, morte si prématurément
-en 1719, à vingt-quatre
-ans, veuve d'un petit-fils de
-Louis XIV, (Ses livres étaient
-nombreux et portaient pour
-armes sur les plats: <i>de France, à
-la bordure engrêlée de gueules, qui
-est de Berry, accolé d'Orléans</i>, et,
-sur le dos, le chiffre ML entrelacées):
-et Mademoiselle de Beaujolais
-(Philippe-Élisabeth d'Orléans),
-née en 1714, morte en 1734,
-sans avoir vu s'accomplir son
-union avec l'infant don Carlos,
-auquel elle avait été promise. Ses
-livres étaient timbrés d'un écu en
-losange, aux armes <i>de France, au
-lambel d'argent à trois pendants</i>,
-surmonté de la couronne ducale.</p>
-
-<div class="section">
-<p class="subh">VI</p>
-</div>
-
-<p>Une autre princesse de la maison
-de Bourbon, petite-fille de
-<span class="pagenum"><a id="Page_96"> 96</a></span>
-cette princesse de Condé dont
-nous avons parlé à propos de la
-vente d'Anet, mérite de prendre
-place parmi les Bourbons bibliophiles.
-C'est Louise-Elisabeth de
-Bourbon, princesse de Conti, née
-à Versailles le 22 novembre 1693.
-Elle était petite-fille du grand
-Condé, et le troisième des neuf
-enfants de Louis III, duc de Bourbon,
-dit Monsieur le duc, mort en
-1710, et de Mademoiselle de Nantes,
-la caustique chansonnière.
-Elle avait pour frères le duc de
-Bourbon, premier ministre sous
-Louis XV, le comte de Charolais,
-d'étrange mémoire, et le comte de
-Clermont, qui fut à la fois abbé de
-Saint-Germain des Prés et général
-d'armée; pour s&oelig;urs cadettes,
-Mademoiselle de Charolais, Mademoiselle
-de Clermont, la touchante
-héroïne du roman de
-M<sup>me</sup> de Genlis, Mademoiselle
-de Vermandois, qui faillit épouser
-Louis XV, et Mademoiselle de
-Sens, toutes mortes avant elle,
-ainsi que ses trois frères. A l'âge
-<span class="pagenum"><a id="Page_97"> 97</a></span>
-de vingt ans, elle avait épousé, le
-9 juillet 1713, son cousin germain,
-Louis-Armand de Bourbon,
-prince de Conti, fils de ce prince
-de Conti si bien doué pour la
-guerre, élu roi de Pologne en
-1697, et de Marie-Thérèse de Bourbon-Condé,
-s&oelig;ur de la duchesse
-du Maine et de cette dernière
-duchesse de Vendôme dont nous
-avons vu hériter sa grand'mère,
-la princesse douairière de Condé.</p>
-
-<p>Restée veuve, en 1727, d'un
-mari spirituel comme toute sa
-race, mais contrefait et peu fidèle,
-elle avait montré une âme forte,
-un esprit élevé et libre, dont avait
-hérité son fils, ce prince de Conti
-si cher aux parlementaires. Lors
-de sa mort, arrivée le 27 mai 1775,
-un an avant celle de son fils, un
-contemporain la dépeignait ainsi:
-«J'ai vu avec vénération la douairière
-de la maison, la princesse
-de Conti, plus qu'octogénaire et
-le seul reste de la vieille cour. Un
-air de majesté imprimé sur sa
-figure n'a pas besoin d'être relevé
-<span class="pagenum"><a id="Page_98"> 98</a></span>
-par le luxe des vêtements, par la
-pompe du cortège. Elle est remarquable
-dans toutes les fêtes par sa
-simplicité; elle a toujours été
-au-dessus de cet accessoire frivole:
-elle a l'âme forte, dégagée
-de préjugés.»</p>
-
-<p>D'un autre côté, M<sup>me</sup> du Deffand
-disait, en annonçant sa mort dans
-une lettre du 28 mai 1775, à Horace
-Walpole: «M<sup>me</sup> la princesse de
-Conti mourut hier, à huit heures
-du matin; on en prend le deuil demain
-pour onze jours... Elle laisse
-tout son bien à partager selon les
-coutumes; on dit que M. le prince
-de Conti aura cent mille livres de
-rente; M. le duc de Chartres aura
-cinq cent mille francs, et M<sup>me</sup> la
-duchesse de Bourbon, sa s&oelig;ur,
-en aura autant. La maison de
-Paris était assurée de son vivant
-à M. le comte de La Marche, son
-petits-fils; elle ne fait aucun présent
-à personne.»</p>
-
-<p>Cette princesse possédait une
-belle bibliothèque. Elle fut vendue,
-en 1775, à l'hôtel et au petit
-<span class="pagenum"><a id="Page_99"> 99</a></span>
-hôtel de Conti qui s'étendaient
-entre les rues Saint-Dominique,
-de Bourgogne et de l'Université:
-les mêmes qu'occupe aujourd'hui
-le ministère de la guerre. Le
-catalogue, qui en fut publié chez
-Prault fils, «libraire, quai des
-Augustins, près la rue Pavée, à
-l'Immortalité», contenait 1711
-numéros, dont 138 pour la théologie,
-27 pour la jurisprudence,
-55 pour la philosophie, 35 pour la
-politique, 81 pour les sciences,
-12 pour l'architecture, la peinture
-et les arts du dessin; 740 pour les
-belles-lettres, parmi lesquels la
-poésie française figure pour 54,
-le théâtre français pour 62; et
-622 pour l'histoire, l'histoire de
-France en comprenant 223 à elle
-seule.</p>
-
-<p>On retrouve la trace du quiétisme
-dont les doctrines avaient
-été un moment fort répandues à
-la cour et parmi les membres de
-la famille de Conti, dans deux
-ouvrages célèbres: <i>la Sainte Bible,
-traduite en françois, avec des</i>
-<span class="pagenum"><a id="Page_100"> 100</a></span>
-<i>explications et des réflexions qui
-regardent la vie intérieure</i>, Cologne,
-1713 et 1714, 20 vol. in-8, et dont
-M<sup>me</sup> Guyon est l'auteur, et dans
-le fameux livre du P. Quesnel,
-<i>Nouveau Testament en françois,
-avec des réflexions morales sur
-chaque verset, et le texte latin en
-marge</i>, Paris, 1696, 4 tomes en
-5 vol. in-12. Dans cette section de
-la théologie, il faut encore mentionner:
-<i>les Cent cinquante Psalmes
-du prophète royal David,
-traduits en rythme françoise</i>, par
-Clément Marot, Paris, 1555; et les
-<i>Heures nouvelles dédiées à Madame
-la Princesse</i>, Paris, 1765, in-12.</p>
-
-<p>Le premier prince de Conti,
-frère du grand Condé, après une
-jeunesse plus que mondaine,
-pendant laquelle il avait été très
-épris de théâtre comme le prouve
-la protection qu'il accorda à la
-troupe de Molière qui porta un
-instant son nom, s'était jeté dans
-la dévotion la plus rigoureuse,
-avait embrassé les doctrines de
-Port-Royal, et écrit, sous l'inspiration
-<span class="pagenum"><a id="Page_101"> 101</a></span>
-de ces Messieurs, des
-<i>Lettres sur la Grâce</i>, et un <i>Traité
-sur la comédie</i>, dans lequel il
-condamnait ce divertissement. Sa
-femme, Anne Martinozzi, une
-nièce de Mazarin, d'une remarquable
-beauté, avait aussi partagé
-ce zèle pour le jansénisme. De là
-un assez grand nombre de livres
-jansénistes dans cette bibliothèque.
-Ce sont:</p>
-
-<p class="blockquote"><i>Le Parallèle de la doctrine des
-Payens avec celles des Jésuites, les
-Principes des Jésuites sur la probabilité,
-réfutés par les Payens</i>, 1726 et
-1727, in-8, mar. r.; <i>de la fréquente
-Communion</i>, par Antoine Arnauld,
-Paris, 1656; <i>les Provinciales</i>, de Pascal,
-Francfort, 1716, pet. in-12; les
-<i>Pensées</i>, de Pascal, Paris, 1683, mar.
-doub. de mar. r., et enfin un ouvrage
-du premier prince de Conti: <i>Les
-Devoirs des grands</i>, par Monseigneur
-Armand de Bourbon, prince de
-Conti, avec son testament, Paris
-1666, in-8, mar. rouge.</p>
-
-<p>La princesse douairière de Conti
-ne semble pas d'ailleurs avoir
-<span class="pagenum"><a id="Page_102"> 102</a></span>
-hérité de ces sentiments jansénistes.
-Sa dévotion était fort
-mince, et elle passait plutôt pour
-un esprit fort, nous dirions
-aujourd'hui une libre-penseuse,
-auprès de ses contemporains. La
-façon dont les mémoires de
-Bachaumont annoncent sa mort
-laisse peu de doute sur ce point.
-«M<sup>me</sup> la princesse de Conti, y
-lisons-nous, a fini hier. Elle voyait
-depuis longtemps approcher la
-mort avec une fermeté digne de
-son âme fière, courageuse et
-au-dessus des préjugés. Elle chantait
-peu d'heures auparavant la
-chanson faite sur le maréchal de
-Biron [à l'occasion de l'émeute sur
-les grains.]» Sa fille, la jeune
-duchesse d'Orléans, morte en
-1759, et qui fut mère de Philippe-Egalité,
-avait fini dans les mêmes
-sentiments, qu'elle tenait, disait-on,
-de sa mère. «C'est sans doute
-à son école, dit <i>l'Observateur
-anglais</i>, que sa fille, la feue
-duchesse d'Orléans, avait puisé
-cette philosophie libre et ferme
-<span class="pagenum"><a id="Page_103"> 103</a></span>
-qui la fait descendre si gaiement
-au tombeau.»</p>
-
-<p>Nous ne serons donc pas étonnés
-de rencontrer sur les rayons de la
-bibliothèque de la princesse de
-Conti: <i>la Morale d'Epicure</i>, Paris,
-1685, par le baron des Coutures,
-dont elle a aussi la traduction de
-<i>Lucrèce</i>, Paris, 1708; l'<i>Ebauche de
-la religion naturelle</i>, traduction de
-<i>Wolaston</i>, dont Voltaire fit un si
-grand éloge dans ses <i>Lettres sur
-les Anglais</i>, en 1734; l'<i>Essai de
-philosophie morale</i>, Paris, 1749,
-par Maupertuis; l'<i>Essai sur les
-erreurs populaires ou Examen de
-plusieurs opinions reçues comme
-vraies qui sont fausses ou douteuses,
-traduit de l'anglois de Th. Brown</i>,
-Paris, 1713; <i>la Philosophie du bon
-sens</i>, La Haye, 1747, par le marquis
-d'Argens; <i>Histoire des diables de
-Loudun</i>, Amsterdam, 1694.</p>
-
-<p>Ce serait pousser trop loin les
-conjectures que de voir dans
-chaque livre d'une bibliothèque
-une preuve des sentiments ou des
-opinions personnels de son possesseur.
-<span class="pagenum"><a id="Page_104"> 104</a></span>
-Cependant, d'après ce
-que nous connaissons de la
-tournure d'esprit, du caractère de
-la princesse de Conti, il est permis
-de croire que ce n'était pas
-seulement à titre de nouveautés
-et pour tenir au courant sa collection
-de livres qu'elle y avait placé,
-de Montesquieu: les <i>Lettres persanes</i>,
-Amsterdam, 1721, 2 vol.
-in-12; les <i>Considérations sur les
-causes de la grandeur des Romains
-et de leur décadence</i>, Amsterdam,
-1734, in-12; <i>De l'esprit des lois</i>,
-Genève, 2 vol. in-4; et les <i>Lettres
-familières</i>, Paris, 1762, in-12, dans
-leurs éditions originales; Voltaire
-n'y est représenté que
-par: <i>la Ligue ou Henry le Grand</i>,
-par Fr. Arouet de Voltaire, Genève,
-1723, in-8; l'<i>Histoire de Charles XII</i>,
-Basle, 1731, 2 vol. in-12; <i>le Siècle
-de Louis XIV</i>, par de Francheville,
-Berlin, 1752, 2 vol. in-12; <i>Micromegas</i>,
-in-12, v. m., tr. dor.; <i>Zadig,
-ou la destinée, histoire orientale</i>,
-1748, in-12; <i>les Scythes</i>, Paris,
-1767, in-8; <i>Tancrède</i>, <i>Charlot</i>,
-<span class="pagenum"><a id="Page_105"> 105</a></span>
-<i>l'Orphelin de la Chine</i> qui font
-partie de deux volumes de recueil
-factice; <i>&OElig;dipe</i>, <i>Marianne</i>, <i>Brutus</i>,
-<i>l'Indiscret</i>, <i>Zaïre</i>, <i>Alzire</i> et la <i>Mort
-de César</i>, dans le second volume des
-<i>&OElig;uvres</i>, Amsterdam, 1739, 2 vol.
-in-8. De Diderot, nous ne trouvons
-que son drame: <i>le Fils naturel</i>,
-1757, in-8; de J.-J. Rousseau: le
-<i>Discours sur l'origine et les fondements
-de l'inégalité parmi les
-hommes</i>, Amsterdam, 1755, in-8;
-<i>J.-J. Rousseau à M. d'Alembert sur
-l'article</i> <span class="cap">G</span><span class="smallc">ENÈVE</span> <i>dans l'Encyclopédie</i>,
-Amst., 1758, in-8, autrement
-dit: <i>la Lettre sur les spectacles</i>;
-<i>Julie, ou la Nouvelle
-Héloïse</i>, Amsterdam, 1761, 6 vol.
-in-12; les <i>Pensées de J.-J. Rousseau</i>,
-Paris, 1766, 2 vol. in-12.</p>
-
-<p>Pour terminer avec les écrivains
-plus ou moins célèbres du
-XVIII<sup>e</sup> siècle, il faut citer encore,
-de Buffon: l'<i>Histoire naturelle</i>,
-Paris, Imprimerie royale, 1749 et
-suiv., 17 vol. in-4, v. marb., filets;
-les <i>&OElig;uvres diverses</i> de Fontenelle
-avec figures, Londres, 1710, 2 vol.
-<span class="pagenum"><a id="Page_106"> 106</a></span>
-in-12; les <i>&OElig;uvres mêlées</i> de Moncrif,
-Paris, 1751, 3 vol. in-12, mar.
-r.; les <i>Contes moraux</i> de Marmontel, La
-Haye, 1761, 2 vol. in-12; les
-<i>&OElig;uvres diverses</i> de Chaulieu et de
-La Fare, Amsterdam, 1733, 2 vol.
-in-8; les <i>Fables nouvelles</i> de La
-Motte, avec les figures de Gillot,
-Paris, 1719, in-4, gr. pap.; les
-<i>&OElig;uvres</i> de Gresset, Genève, 1743,
-in-12, et 1751, 2 vol. in-12.</p>
-
-<p>Mais c'est surtout en romans,
-et en histoires et mémoires
-qu'était riche la bibliothèque de
-la princesse de Conti.</p>
-
-<p>La partie du catalogue relative
-aux romans comprend 336 numéros.
-Voici le dénombrement des
-plus remarquables par l'édition,
-par la reliure, ou par le mérite
-littéraire:</p>
-
-<p class="blockquote"><i>Les Amours de Théagènes et de
-Chariclée ou l'Histoire d'Héliodore</i>,
-trad. en français par J. de Montlyard,
-avec les figures de Michel Lasne,
-Paris, 1623, in-8, couv. en parch.;
-<i>les Amours pastorales de Daphnis et
-Chloé</i>, trad. du grec de Longus en
-<span class="pagenum"><a id="Page_107"> 107</a></span>
-français par J. Amyot, avec des fig.
-gravées par Audran sur les dessins
-du régent, Amsterdam, mar. citr.
-doublé de tabis; <i>la Métamorphose ou
-l'âne d'or</i>, trad. d'Apulée par J. de
-Montlyard, Paris, 1623, in-8, fig.; <i>les
-Travaux de Persile et de Sigismonde</i>,
-trad. de Michel de Cervantès, par
-d'Audiguier, Paris, 1618, in-12; <i>la
-Constante Amarillis</i>, trad. de l'espagnol
-de Figueroa par N. Lancelot,
-Lyon, 1614, in-8, mar. bleu;
-<i>la Célestine</i>, trad. de Rojas, Rouen,
-1634, in-8; <i>le Colloandre fidèle</i>, trad.
-de Marini, par G. de Scudéry, Paris,
-1668, 3 vol. in-8, mar. bleu; <i>l'Aventurier
-Buscon</i>, trad. de Quevedo,
-Paris, 1639; <i>la Vie de Gusman
-d'Alfarache</i>, avec fig., Paris, 1696,
-3 vol. in-12, mar. citr.; <i>Histoire
-facétieuse du fameux Lazarille de
-Tormes</i>, Lyon, 1697, in-12; <i>la Dianée</i>,
-trad. de l'italien de Loredano, Paris,
-1642, 2 vol. in-12, parch.; <i>l'Almorinde</i>,
-de L. Assurino, Paris, 1646,
-in-8, mar. bleu.</p>
-
-<p>Beaucoup de ces romans de la
-première moitié du XVII<sup>e</sup> siècle
-sont reliés en maroquin bleu ou
-rouge, et pourraient bien avoir
-<span class="pagenum"><a id="Page_108"> 108</a></span>
-formé la bibliothèque de la
-première princesse de Conti, nièce
-de Mazarin. Ce sont:</p>
-
-<p class="blockquote">
-<i>La Haine et l'amour d'Arnoult et
-de Clairemonde</i>, Paris, 1709, in-12;
-<i>l'Astrée</i>, d'H. d'Urfé, Paris, 1618,
-6 vol. in-8, v. f.; <i>les Amans jaloux</i>,
-de du Verdier, Paris, 1631, in-8; <i>Les
-Triomphes de la guerre et de l'amour</i>,
-par Humbert, Paris, 1631, in-8; <i>le
-Roman véritable</i>, Paris, 1648, in-8;
-<i>Clorinde</i>, Paris, 1667, 2 vol. in-8;
-<i>L'Amour dans son trône</i>, trad. de
-Loredano par du Breton, Paris,
-1646, in-8; <i>Cassandre</i>, par La
-Calprenède, Paris, 1651, 10 vol. in-8,
-v. n., fil.; <i>Mithridate</i>, Paris, 1649,
-4 vol.; <i>le Toledan</i>, Rouen, 1653;
-<i>Sapor</i>, par du Perret, Paris, 1668,
-5 vol. in-12; <i>le Comte de Dunois</i>,
-Paris, 1671, v. éc., fil.; <i>La Princesse
-de Montpensier</i>, par M<sup>me</sup> de la Fayette,
-Paris, in-8, mar. cit. doub. de
-mar. bleu; <i>La Relation de l'île
-imaginaire ou l'Histoire de la princesse
-de Paphlagonie</i>, par M<sup>lle</sup> de
-Montpensier, 1659, in-8, mar. r. doubl.
-de mar.; <i>le Prince de Condé</i>, par
-Boursault, Paris, 1675, in-12; <i>Oracié</i>,
-(par M<sup>lle</sup> de Senectaire), Paris, 1646;
-<span class="pagenum"><a id="Page_109"> 109</a></span>
-<i>les Amours historiques des princes</i>, par
-Grenaille, Paris, 1642; <i>La Promenade
-de Versailles ou l'Histoire de Celamire</i>,
-(par M<sup>lle</sup> de Scudéry), Paris, 1669, in-8;
-<i>Don Pelage</i> (par de Juvenel), Paris,
-1646, 2 vol. in-8; <i>le prince de Sicile</i>,
-(par M<sup>lle</sup> Bernard), Paris, 1690, 3 vol.;
-<i>Elise</i>, par l'Evêque de Belley, Paris,
-1621; <i>l'Iphigénie</i>, Lyon, 1625;
-<i>Palombe</i>, Paris, 1625, et les <i>Occurrences
-remarquables</i>, Paris, 1626, par
-le même, ainsi que tous ses autres
-romans; <i>la Maison des jeux</i>, par
-Ch. Sorel, Paris 1657, 2 vol. in-8.</p>
-
-<p>La princesse de Conti lut-elle
-beaucoup ces &oelig;uvres, qui faisaient
-les délices de la société des
-Précieuses? On en peut douter.
-Elle se plut, en tout cas, certainement
-davantage aux romans du
-XVIII<sup>e</sup> siècle, que nous trouvons
-presque tous dans sa bibliothèque,
-ceux de Le Sage: <i>le Diable boiteux</i>,
-<i>Gil Blas</i>, <i>le Bachelier de Salamanque</i>,
-<i>Estevanille</i>; de l'abbé Prévost:
-les <i>Mémoires d'un homme de qualité,
-avec l'Histoire de Manon Lescaut</i>,
-Paris, 1729; <i>Cleveland</i>, <i>Clarisse</i>,
-<span class="pagenum"><a id="Page_110"> 110</a></span>
-<i>Grandisson</i>; de Marivaux: <i>Marianne</i>,
-Amsterdam, 1745, <i>le Paysan
-parvenu</i>, Paris, 1734; comme
-les <i>Confessions du comte de ***</i>,
-Paris, 1741, et <i>Acajou et Zirphile</i>,
-1744, avec les figures de Boucher,
-par Duclos; <i>Tanzai et Néadarné</i>,
-Pékin, 1734, par Crébillon fils;
-comme ceux de La Place, du
-chevalier de Mouhy, de M<sup>lle</sup> Lambert,
-de M<sup>me</sup> Riccoboni.</p>
-
-<p>Les manuscrits, sans être nombreux
-dans la bibliothèque de la
-princesse de Conti, n'y faisaient
-pas cependant défaut et quelques-uns
-sont intéressants à signaler.</p>
-
-<p class="blockquote">C'est d'abord <i>le Roman de la Rose</i>,
-in-fol. ms. du XIII<sup>e</sup> siècle, avec
-miniatures; puis les <i>Mémoires de
-M<sup>lle</sup> de Montpensier</i>, 6 vol. in-fol.
-mar. r., dont manque le tome I<sup>er</sup>; les
-<i>Mémoires de H.-A. de Lomenie, comte
-de Brienne</i>, in-fol.; <i>le Procès criminel
-fait à Louis de Bourbon, prince de
-Condé</i>, en 1654, in-fol.; <i>les Alliances
-de la maison de Bourbon</i>, in-fol.;
-une relation de l'ambassadeur
-vénitien Nic. Tiepolo: <i>Relatione del</i>
-<span class="pagenum"><a id="Page_111"> 111</a></span>
-<i>Signor Nic. Tiepolo Ristornato,
-Ambasciadere di Carolo V et Ferdinande
-Re de Romani per la Republica
-di Venetia l'anno 1532</i>, in-4. La partie
-des sciences occultes contenait aussi
-trois manuscrits assez curieux: un
-<i>Recueil de nativités, thèmes célestes,
-ou de figures d'astrologie qui contiennent
-l'horoscope de plusieurs personnes
-illustres de différentes nations et de
-différents tems</i>, in-4, couv. en parch.;
-un second <i>Recueil de quelques nativités
-violentes, avec des règles ou
-aphorismes pour juger de la mort
-violente</i>, in-4, couv. en parch.; et les
-<i>Prédictions du grand et sublime
-Docteur Théophraste Paracelse, trad.
-en François avec des remarques par
-M. Christallin, commis de la Bibliothèque
-de M. le Duc en 1712</i>, in-4.</p>
-
-<p>Ce «Monsieur le duc», dont le
-nom figure sur ce dernier manuscrit,
-était Louis-Henri de Bourbon-Condé,
-arrière-petit-fils du grand
-Condé, né en 1692, mort en 1740,
-et qui fut premier ministre après
-la mort du régent. Il était le frère
-aîné de la princesse de Conti dont
-nous nous occupons.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_112"> 112</a></span>
-Il ne nous reste plus à signaler
-que trois traductions manuscrites
-d'auteurs anciens: <i>les Nuées
-d'Aristophane</i>, in-4; <i>les Comédies
-de Térence</i>, 3 vol. in-fol., et <i>les
-Géorgiques de Virgile</i>, trad. en
-français par de Martignac, in-4.
-L'auteur de cette dernière traduction
-était Etienne Algay de Martignac,
-né en 1620, mort en 1698,
-qui fut attaché à la personne de
-Gaston d'Orléans, sur lequel il a
-écrit des <i>Mémoires</i>. Comme il
-publia, en 1681, une traduction
-complète des &oelig;uvres de Virgile en
-trois volumes, il est probable que
-nous en avons là une partie
-manuscrite. Peut-être aussi faut-il
-lui attribuer cette traduction de
-Térence qui précède, car il en
-publia plusieurs pièces sous ce
-titre: <i>l'Eunuque</i>, <i>l'Hecyre</i> et <i>le
-Fâcheux à soi-même, de Térence,
-rendus très honnêtes en y changeant
-fort peu de chose</i>, Paris, 1670, 1700,
-in-12.</p>
-
-<p>Un assez grand nombre d'incunables,
-quelques belles éditions
-<span class="pagenum"><a id="Page_113"> 113</a></span>
-du XVI<sup>e</sup> siècle, et surtout une
-belle collection de pièces de
-théâtre dans leurs éditions originales,
-doivent être encore mentionnés
-pour achever la description
-de la bibliothèque de la
-princesse de Conti. Cette dernière
-collection, qui serait aujourd'hui
-si précieuse, formait cinquante
-volumes in-4, reliés en maroquin
-bleu, comme les romans du
-XVII<sup>e</sup> siècle dont nous avons parlé
-plus haut. Chacun de ces volumes
-était composé de six pièces, sauf
-quelques-uns qui n'en contenaient
-que quatre ou cinq. Là se trouvaient
-réunies presque toutes les
-pièces de théâtre de Levert, Provais,
-Chapoton, du Cros, Gillet,
-Meret, Sallebray, des Cinq
-Auteurs, de Desmarets, Mareschal,
-Cadet, Chevreau, Claveret,
-Cyrano de Bergerac, Boyer, Puget
-de la Serre, Gilbert, Baro, Beys,
-Jodelle (avec les <i>&OElig;uvres et mélanges</i>
-poétiques), Rosières de
-Beaulieu, La Fontaine, La Calprenède,
-Magnon, Jobert, Guérin
-<span class="pagenum"><a id="Page_114"> 114</a></span>
-de Bouscal, Grenaille, La Caze,
-Benserade, Metel d'Ouville, Le
-Vayer de Boutigny, Desfontaines,
-La Mesnardière, d'Ancour, P.
-Corneille (18 pièces), Scudéry,
-Rotrou (29 pièces), du Ryer (12
-pièces), Bois Robert (10 pièces),
-Tristan, Scarron, de Prade,
-Regnault, Dalibray, de l'Etoile,
-M<sup>lle</sup> Cosnard, Colletet, Monléon,
-Saint-Germain, Nouvelon, Le
-Clerc, Marcassus, Raissiguier,
-Bigrède, Brosse, Vozelle, Montfleury
-père, Quinault, Fremiele,
-J. Michel (<i>la Résurrection de Notre-Seigneur
-par personnages</i>, goth.).</p>
-
-<p>Parmi les éditions du XVI<sup>e</sup>
-siècle l'on remarque les suivantes:
-<i>l'Horloge des princes</i>, trad.
-de Guevara par B. de la Grise et
-Herberay des Essars, Lyon, 1592,
-in-18, mar. bleu; les <i>Eléments
-et principes d'astronomie</i>, par
-R. Roussat, Paris, 1552, in-8; <i>le
-Roland furieux</i>, trad. par Chappuys,
-Lyon, 1582-1583, 2 vol., fig.;
-<i>le Décameron</i> de J. Boccace, trad.
-par Le Maçon, Paris, 1545, in-fol.;
-<span class="pagenum"><a id="Page_115"> 115</a></span>
-<i>Histoires tragiques extraites de
-l'italien de Bandello</i>, par Boistuau
-et Belle-Forest, Lyon, 1582, 8 vol.
-in-16; <i>le Trésor des histoires
-tragiques</i>, de F. de Belle-Forest,
-Paris, 1581, in-16; <i>Histoires prodigieuses</i>,
-par Boistuau et Belle-Forest,
-Paris, 1598, 2 vol. in-16,
-fig.; <i>l'Heptaméron</i> de Marguerite
-de Valois, remis en son vrai ordre
-par C. Gruget, Paris, 1560, in-4,
-mar. r., doub. de mar.; <i>Histoire
-du noble Tristan, prince de Léonois</i>,
-trad. par Langevin, Paris, 1586,
-in-4; <i>Amadis de Gaule</i>, trad. de
-l'espagnol par Herberay des
-Essars, avec fig., Paris, 1548,
-4 vol. in-fol., mar. r.; <i>le Premier
-livre de la chronique de Dom Floris
-de Grèce</i>, trad. par le même, Paris,
-1552, in-fol., fig.; <i>Histoire de
-Palmerin d'Olive</i>, trad. du Castellan
-par Maugin, Paris, 1549,
-in-fol., fig.; <i>Histoire palladienne</i>,
-mise en françois par C. Colet,
-Paris, 1555; <i>le Premier livre de
-l'histoire de Gérard d'Euphrate</i>,
-Paris, 1549, fig.; <i>les grandes</i>
-<span class="pagenum"><a id="Page_116"> 116</a></span>
-<i>Annales de France</i>, par Belle-Forest,
-Paris, 1579, 2 vol. in-fol.;
-les <i>Mémoires</i> d'Olivier de la Marche,
-Gand, 1566, in-4.</p>
-
-<p>Un certain nombre de livres
-étaient particulièrement remarquables
-par leur reliure ou par
-leur tirage, tels que: <i>les Statuts de
-l'ordre du Saint-Esprit</i>, Paris,
-Imprimerie royale, 1703, in-4
-grand papier, mar. bleu doubl.
-de tabis; <i>les Triomphes de
-Louis XIII</i>, représentés en figures
-par J. Valdor, avec les vers de
-Ch. Beys et de P. Corneille, Paris,
-1649, in-fol., gr. pap., v. br., tr.
-dor.; <i>Recueil de lettres galantes</i>,
-Amsterdam, 1706, in-12, mar.
-bleu, doublé de mar. rouge;
-<i>Fables de La Fontaine</i>, ornées des
-figures d'Oudry, Dupuis et Cochin
-fils, Paris, 1755 et suiv., 4 vol.
-in-fol., gr. pap., mar. rouge, dent.,
-avec cette note de l'expert: «On
-croit devoir assurer que cet exemplaire
-est des premiers de ce livre
-donné par souscription, en ce que
-les volumes ont été reliés au
-<span class="pagenum"><a id="Page_117"> 117</a></span>
-fur et à mesure de leur livraison»;
-la magnifique édition des
-<i>&OElig;uvres de Boileau</i>, avec les
-figures de B. Picart, Amsterdam,
-1718, 2 vol. in-fol., mar. rouge,
-dent.</p>
-
-<p>Signalons, en terminant, un
-<i>Ronsard</i>, Paris, 1623, 2 vol. in-fol.,
-v. f., filets; un <i>Du Bartas</i>, Paris,
-1611, in-fol.; <i>la Satyre Ménippée</i>,
-1595, parch.; les <i>Essais de Montaigne</i>,
-Paris, 1640, in-fol.; les
-<i>&OElig;uvres de Molière</i>, avec figures,
-Paris, 1697, 8 vol. in-12.</p>
-
-<div class="section">
-<p class="subh">VII</p>
-</div>
-
-<p>La reine Marie Leczinska ne
-fut peut-être pas une bibliophile,
-bien que cette honnête passion
-eût pu adoucir les amertumes que
-lui causèrent les amours de
-Louis XV et la faveur de Mesdemoiselles
-de Nesle et de M<sup>me</sup> de
-Pompadour; mais elle aimait la
-lecture, et les lettres n'étaient pas
-chose étrangère dans le cercle
-intime d'amis qu'elle s'était formé,
-<span class="pagenum"><a id="Page_118"> 118</a></span>
-et où l'on distinguait la duchesse
-de Luynes, née Marie Brulart,
-l'aimable président Hénault, Fontenelle,
-Moncrif. «Le respect
-qu'elle inspire, a dit d'elle M<sup>me</sup> du
-Deffand, tient plus à ses vertus
-qu'à sa dignité; elle n'interdit ni
-ne refroidit point l'âme et les sens.
-On a toute la liberté de son esprit
-avec elle: on le doit à la pénétration
-et à la délicatesse du sien;
-elle entend si promptement et si
-finement, qu'il est facile de lui
-communiquer toutes les idées
-qu'on veut sans s'écarter de la
-circonspection que son rang
-exige.» La bibliothèque de cette
-princesse était peu nombreuse,
-mais d'un choix sévère. Les livres
-avaient été reliés par Padeloup;
-la plupart sont conservés à la
-Bibliothèque nationale.</p>
-
-<p>Avec Mesdames de France,
-filles de Louis XV et de Marie
-Leczinska, nous sommes au
-contraire en pleine bibliophilie.
-Mesdames, et sous ce nom nous
-désignons seulement Madame
-<span class="pagenum"><a id="Page_119"> 119</a></span>
-Adélaïde, née le 23 mars 1732,
-Madame Victoire, née le 11 mai
-1733, Madame Sophie, née le
-27 juillet 1734, laissant de côté
-Madame Elisabeth, l'aînée, qui
-devint duchesse de Parme,
-Madame Henriette, sa s&oelig;ur
-jumelle, morte de bonne heure,
-en 1752, et Madame Louise, la
-dernière des filles de Louis XV,
-entrée en religion du vivant même
-de son père. Mesdames, disons-nous,
-étaient toutes, comme leurs
-autres s&oelig;urs, instruites, intelligentes,
-pieuses, et portées à aimer
-le bien. Elles avaient eu pour
-gouvernante la vieille duchesse
-de Ventadour, qui avait rempli
-les mêmes fonctions près de
-Louis XV, ou plutôt la duchesse
-de Talard, qui eut cette charge en
-survivance, et M<sup>mes</sup> de La Lande,
-de Villefort et du Muy pour sous-gouvernantes.
-L'éducation de
-Mesdames Elisabeth, Henriette et
-Adélaïde seules se fit à la cour;
-les autres filles de Louis XV
-furent élevées à l'abbaye de Fontevrault,
-<span class="pagenum"><a id="Page_120"> 120</a></span>
-où, en 1738, elles furent
-envoyées et placées sous la direction
-de l'abbesse, Louise de
-Rochechouart-Mortemart, femme
-de haute vertu et de grand mérite.</p>
-
-<p>Madame Victoire n'en revint
-qu'en 1748, Mesdames Sophie et
-Louise en 1750. L'on peut dire
-que ce fut alors seulement que se
-fit leur véritable éducation. Le roi
-leur donna un excellent précepteur,
-M. Hardion, de l'Académie
-française. «Cet aimable et
-savant homme passait une heure
-avec chacune des trois s&oelig;urs, dit
-M. Ed. de Barthélemy, leur faisant
-des cours d'histoire et même de
-philosophie, d'après lesquels elles
-rédigeaient des extraits.» Il leur
-apprit également plusieurs langues,
-même le grec, et les avança
-assez dans l'étude des belles-lettres.
-Grandes liseuses, «elles
-faisaient, dit le duc de Luynes,
-des entreprises de grandes lectures
-dont elles venaient à bout.»
-Sur l'invitation de Madame Adélaïde,
-M. Hardion composa même
-<span class="pagenum"><a id="Page_121"> 121</a></span>
-pour cette princesse une <i>Histoire
-universelle sacrée et profane</i>, en
-20 vol. in-12. L'on sait que c'est
-par elles que Beaumarchais, qui
-leur fut comme un maître de
-musique, se poussa d'abord dans
-le monde.</p>
-
-<p>M<sup>me</sup> Campan, qui avait été leur
-lectrice, nous a laissé d'elles, dans
-ses <i>Mémoires</i>, un portrait qui
-doit-être vrai, car on n'y remarque
-aucune flatterie: «Quand Mesdames
-encore fort jeunes, dit-elle,
-furent revenues à la cour.....,
-elles se livrèrent avec ardeur à
-l'étude, et y consacrèrent presque
-tout leur temps; elles parvinrent
-à écrire correctement le français
-et à savoir très bien l'histoire.
-Madame Adélaïde, surtout, eut
-un désir immodéré d'apprendre;
-elle apprit à jouer de tous les
-instrumens de musique, depuis
-le cor, (me croira-t-on?), jusqu'à
-la guimbarde. L'italien, l'anglais,
-les hautes mathématiques, le tour,
-l'horlogerie, occupèrent successivement
-les loisirs de ces princesses.
-<span class="pagenum"><a id="Page_122"> 122</a></span>
-Madame Adélaïde avait eu
-un moment une figure charmante;
-mais jamais beauté n'a disparu
-si promptement que la sienne.
-Madame Victoire était belle et
-très gracieuse; son accueil, son
-regard, son sourire étaient parfaitement
-d'accord avec la bonté
-de son âme. Madame Sophie était
-d'une rare laideur... On assurait
-qu'elle montrait de l'esprit, et
-même de l'amabilité dans la
-société de quelques dames préférées;
-elle s'instruisait beaucoup,
-mais elle lisait seule; la présence
-d'une lectrice l'eût infiniment
-gênée.» Madame Louise, celle qui
-se fit religieuse à Saint-Denis,
-était plus passionnée encore que
-ses autres s&oelig;urs pour la lecture.
-M<sup>me</sup> Campan la lui faisait cinq
-heures par jour; et comme ce
-n'était pas sans fatigue, la
-princesse lui préparait elle-même
-de l'eau sucrée, et s'excusait «de
-la faire lire si longtemps sur la
-nécessité d'achever un cours de
-lecture qu'elle s'était prescrit.»</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_123"> 123</a></span>
-Chacune d'elles avait les livres
-de sa bibliothèque, aux mêmes
-armes, c'est-à-dire <i>de France</i>, dans
-un écu en losange surmonté d'une
-couronne ducale. Seulement leurs
-livres différaient ordinairement
-par la couleur de la reliure: ceux
-de M<sup>me</sup> Adélaïde étaient en maroquin
-rouge; ceux de M<sup>me</sup> Sophie,
-en maroquin citron; ceux de M<sup>me</sup>
-Victoire, en maroquin vert. Nous
-possédons les catalogues manuscrits
-de ces bibliothèques. En tête
-du <i>Catalogue des livres qui forment
-la bibliothèque de Madame Victoire</i>,
-1789, (Bibliothèque de l'Arsenal,
-manuscrit n<sup>o</sup> 6274), on lit cet avis:</p>
-
-<p class="blockquote">Les livres de Madame Victoire occupent
-deux pièces dans le fond de son
-appartement, savoir: une au rez-de-chaussée
-contient deux corps d'armoires,
-dont six à droite, en regardant
-sur la terrasse, et seulement
-cinq à gauche, la sixième étant coupée
-à moitié par la porte d'entrée et
-formant une petite armoire séparée.
-Entre les deux corps, au fond de la
-dite pièce, est une armoire vitrée en
-<span class="pagenum"><a id="Page_124"> 124</a></span>
-glace au tain, laquelle renferme les
-livres Italiens et Espagnols. Les livres
-sont distribués sur huit rangs de
-tablettes, et, autant qu'on l'a pu, suivant
-l'ordre alphabétique. Les grands
-formats, considérés comme base,
-occupent les premières tablettes en
-bas, et les autres en montant de bas
-en haut. L'entresolle contient aussi
-deux corps de tablettes de huit chacun,
-et les livres y sont distribués
-suivant le même ordre et les lettres
-correspondantes.</p>
-
-<p>Ce catalogue forme 274 feuillets
-in-folio. Un second, rédigé en 1777,
-(Bibliothèque de l'Arsenal, manuscrit
-n<sup>o</sup> 6275), comprend 121
-pages. Le «<i>Catalogue des livres de la
-bibliothèque de Madame Adélaïde,
-1786</i>», forme un volume in-folio,
-relié en maroquin rouge, dentelle,
-timbré de ses armes, de 425 pages,
-dont 37 pour la philosophie et la
-jurisprudence, 30 pour les arts et
-sciences, 36 pour la poésie, et 63
-pour l'histoire (Bibliothèque de
-l'Arsenal, manuscrit n<sup>o</sup> 6277). En
-tête se voit un portrait à l'aquarelle
-de la princesse représentée
-<span class="pagenum"><a id="Page_125"> 125</a></span>
-en Minerve, assise devant un
-bureau. Un quatrième catalogue
-porte ce titre: <i>Catalogue de
-la bibliothèque de Mesdames à
-Bellevue</i>, 1789 (Bibl. de l'Arsenal,
-ms. n<sup>o</sup> 6276).</p>
-
-<div class="section">
-<p class="subh">VIII</p>
-</div>
-
-<p>La reine Marie-Antoinette eut
-plusieurs bibliothèques: une à
-Trianon, dont le catalogue a été
-publié, par Louis Lacour, sous le
-titre: <i>Livre du boudoir de la reine
-Marie-Antoinette</i>, Paris, Gay, 1862,
-in-16. Un inventaire de cette
-même bibliothèque, dressé par
-ordre de la Convention, a été publié,
-d'après le manuscrit de la
-Bibliothèque de l'Arsenal, par
-Paul Lacroix sous ce titre: <i>Bibliothèque
-de la reine Marie-Antoinette
-au petit Trianon</i>. Les livres en
-furent déposés, en 1800, à la Bibliothèque
-publique de Versailles, et
-les doubles vendus, en vertu d'une
-délibération du Conseil Municipal
-de cette ville. Un autre catalogue
-<span class="pagenum"><a id="Page_126"> 126</a></span>
-manuscrit en existe à la Bibliothèque
-nationale.</p>
-
-<p>L'autre bibliothèque de Marie-Antoinette
-était aux Tuileries. Les
-livres en portaient, presque tous,
-soit au dos, soit sur les plats, au
-bas des armes, les initiales couronnées
-C. T. Ils furent transportés,
-en 1793, à la Bibliothèque
-nationale, où ils sont aujourd'hui.</p>
-
-<p>Le catalogue en avait été dressé.
-Il forme un volume manuscrit,
-conservé à la Bibliothèque nationale,
-sous le n<sup>o</sup> 13001, du fonds
-français. Il comprend 146 pages
-in-4<sup>o</sup>, relié en veau brun marbré,
-fil. Les armes, aux deux écussons
-accolés de France et d'Autriche
-surmontés de la couronne royale,
-ont été grattées. Sur le titre
-intérieur: <i>Catalogue des livres de
-la Reine</i>, les mots <i>la Reine</i> ont été
-grattés. Dans une espèce d'avertissement
-placé au commencement
-de ce catalogue, on lit:</p>
-
-<p class="blockquote">Le catalogue suivant n'a d'autre
-objet que de procurer [à la Reine] la
-facilité de mettre le doigt sur chaque
-<span class="pagenum"><a id="Page_127"> 127</a></span>
-livre sans être obligé de les chercher.
-J'en écarterai donc toutes les
-divisions et subdivisions qui pourraient
-l'embarrasser. Il s'agit simplement
-de guider ses yeux.</p>
-
-<p>On y trouve de précieux renseignements
-sur la manière dont la
-bibliothèque de la reine était
-disposée.</p>
-
-<p class="blockquote">Son cabinet de livres, y lit-on, est
-composé de dix armoires séparées
-chacune par une cloison, et chaque
-armoire contient huit tablettes ou
-rayons. Chaque armoire est marquée
-par une lettre de l'alphabet à commencer
-par celle que Sa Majesté a
-à sa main gauche en passant la porte
-par laquelle elle va de sa chambre
-dans sa bibliothèque. Cette armoire
-est désignée par la lettre A. Celle qui
-se trouve à droite de la même porte
-est l'armoire B, et ainsi de suite en
-faisant le tour jusqu'à la lettre K.</p>
-
-<p>Ce catalogue est divisé en deux
-parties, la première où les livres
-sont inscrits par ordre de matière,
-la seconde par ordre alphabétique.
-Nous voyons que les divisions de
-<span class="pagenum"><a id="Page_128"> 128</a></span>
-l'ordre par matière avaient été
-faites par le roi lui-même. «Pour
-ces divisions, lisons-nous, on a
-suivi celles que le roi a indiquées
-lui-même, en faisant le premier
-arrangement des livres qui a
-épargné au bibliothécaire plus de
-la moitié de son travail.»</p>
-
-<p>Les divisions sont au nombre
-de quatre: Religion, Histoire,
-Arts, Belles-Lettres.</p>
-
-<p>La division de la Religion comprenait
-d'abord 53 articles, qui,
-plus tard, ont été portés à 69;
-l'Histoire, 140; les Sciences et Arts,
-60; les Belles-Lettres, 93. Dans
-cette dernière division nous remarquons:</p>
-
-<p class="blockquote">
-<i>Les Femmes illustres</i>, de Scudéry,
-ms. in-fol.; <i>les Principales aventures
-de don Quichotte</i>, représentées en
-31 figures par Coypel, Picart, in-fol.;
-<i>la Princesse de Clèves, Zaïde</i>, par
-M<sup>me</sup> de La Fayette; <i>les Aventures de
-Télémaque</i>; <i>les Mémoires du chevalier
-de Grammont</i>, par Hamilton; <i>Gil Blas</i>,
-de Le Sage; <i>les Contes Moraux</i>, de
-Marmontel; de l'abbé Prévost, ses
-<span class="pagenum"><a id="Page_129"> 129</a></span>
-<i>Mémoires pour servir à l'histoire de
-la vertu</i>; presque tous les romans
-de M<sup>me</sup> Riccoboni: <i>Fanny Butler</i>, <i>Miss
-Jenny</i>, <i>Juliette Catesby</i>, <i>la comtesse
-de Sancerre</i>, <i>Histoire du marquis de
-Cressy</i>; de Richardson, <i>Clarisse</i>, <i>Grandisson</i>;
-de Fielding, <i>Tomes Jones</i>,
-<i>Amélie</i>; <i>Gulliver</i>, de Swift; <i>Robinson
-Crusoé</i>; <i>les Contes de fées</i> de M<sup>me</sup>
-d'Aulnoy; tous nos écrivains de
-théâtre, et la traduction de Shakespeare
-par Letourneur.</p>
-
-<p>Il faut rapprocher de Marie-Antoinette,
-sa belle s&oelig;ur, Madame
-Elisabeth, unie avec la reine de
-France dans la même tragique
-destinée. De dix ans plus jeune
-que Louis XVI, dernière des cinq
-enfants du Dauphin et de la princesse
-Josèphe de Saxe, Madame
-Elisabeth avait reçu une éducation
-sévère, sous la surveillance de la
-comtesse de Marsan, gouvernante
-des Enfants de France, et surtout
-de la baronne de Mackau, sous-gouvernante.
-C'est à leurs soins
-patients que fut due la transformation
-qui eut lieu dans le caractère
-<span class="pagenum"><a id="Page_130"> 130</a></span>
-de la jeune princesse, née
-emportée et violente: ce fut une
-répétition de ce qu'autrefois Fénelon
-avait fait pour le duc de Bourgogne.
-Et l'on ne peut s'empêcher
-de penser qu'en réformant ainsi
-la nature, l'éducation n'ait contribué
-à affaiblir dans les derniers
-Bourbons une énergie que les
-circonstances politiques allaient
-rendre si nécessaire. Moins vertueux,
-Louis XVI eut sans doute
-été un meilleur roi. Toutefois il
-est juste de dire, en ce qui concerne
-Madame Elisabeth, que si
-l'éducation en fit la plus vertueuse
-des princesses, elle laissa subsister
-en elle une énergie qu'on aurait
-souhaitée à son frère. Elle reçut
-de Guillaume Le Blond des leçons
-d'histoire et de géographie, suivit
-même assidûment les cours de
-physique de l'abbé Nollet. Le D<sup>r</sup>
-Le Monnier, médecin des Enfants
-de France, et le D<sup>r</sup> Dassy lui
-apprirent la botanique, dans les
-longues excursions qu'ils faisaient
-avec elle dans la forêt de Fontainebleau
-<span class="pagenum"><a id="Page_131"> 131</a></span>
-pendant les séjours de la
-cour dans cette résidence royale.
-La fille de la célèbre M<sup>me</sup> Geoffrin,
-la marquise de la Ferté-Imbault,
-lui avait donné un goût très vif
-pour Plutarque, en composant
-pour elle une analyse des <i>Vies des
-hommes illustres</i>.</p>
-
-<p>Devenue, à quatorze ans (1778),
-maîtresse de ses actions, elle
-s'était arrangé dans sa maison de
-Montreuil, près de Versailles, une
-vie toute d'étude et de charité
-pratique. Elle a pour «secrétaire
-ordinaire et de cabinet, Chamfort
-l'académicien; pour page, ce jeune
-Adalbert de Chamisso de Boncourt,
-que l'émigration jettera en
-Allemagne, et qui écrira plus
-tard le roman de <i>Pierre Schlemihl</i>
-(1814). Madame Elisabeth aima les
-livres; ceux de sa bibliothèque
-étaient élégamment reliés, timbrés
-d'un écusson en losange aux
-armes de France, surmonté d'une
-couronne ducale. La Bibliothèque
-de l'Arsenal en possède un, <i>l'Office
-de Saint-Symphorien</i>, qui rappelle
-<span class="pagenum"><a id="Page_132"> 132</a></span>
-les habitudes pieuses de la jeune
-princesse, et qui a dû l'accompagner
-bien souvent dans ses visites
-à sa paroisse. Cette église de Saint-Symphorien
-était celle de Montreuil:
-église très simple, assez
-laide, au style de temple grec,
-surmontée d'une sorte de pigeonnier
-carré, où sonnait une unique
-cloche, dont Madame Elisabeth
-avait été la marraine. Comme la
-maison de Montreuil n'avait pas
-de chapelle, la princesse s'y rendait
-à pied par les ruelles, souvent «par
-une crotte indigne», car l'accès
-en était difficile aux carrosses.
-C'est à propos de cette église
-qu'elle écrivait à M<sup>me</sup> de Raigecourt,
-le lundi de Pâques: «J'ai
-l'air d'une vraie campagnarde:
-c'est que je suis à Montreuil
-depuis midi. J'ai été à vêpres
-à la paroisse. Elles sont aussi
-longues que l'année dernière, et
-ton cher vicaire chante <i>O Filii</i>
-d'une manière aussi agréable.
-Des Essarts a pensé éclater, et
-moi de même.»</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a id="Page_133"> 133</a></span>
-Les seules fêtes de la résidence
-de Montreuil, nous ne voulons
-pas dire le château, étaient celles
-de l'étude et de l'amitié. Entre
-M<sup>me</sup> de Mackau et son vieux
-maître Le Monnier, qui tous deux
-avaient une habitation voisine,
-la princesse passait des heures
-délicieuses. Le Monnier, raconte
-M<sup>me</sup> d'Armaillé, associait Madame
-Elisabeth à ses recherches de
-botanique dans son jardin, à ses
-expériences de physique dans son
-cabinet. Le jeune Chamisso y
-assistait souvent à la suite de la
-princesse, et il en acquit des
-connaissances qui, plus tard, ne
-furent pas inutiles à sa carrière
-et à sa réputation. Chez elle nous
-voyons souvent Madame Elisabeth
-occupée à de vrais plaisirs de
-bibliophile. Plus d'une de ses
-matinées sont occupées à ranger
-ses livres. «Ma bibliothèque est
-presque finie, écrit-elle à M<sup>me</sup> de
-Raigecourt, les tablettes se placent;
-tu n'imagines pas quel joli
-effet font les livres.»</p>
-
-<div class="section">
-<p class="subh"><span class="pagenum"><a id="Page_134"> 134</a></span>
-IX</p>
-</div>
-
-<p>Caroline de Bourbon, fille du
-roi François I<sup>er</sup>, roi de Naples,
-qui, en 1816, à dix-huit ans épousa
-le duc de Berry, clôt dignement
-cette liste des princesses de Bourbon
-bibliophiles. D'un esprit très
-vif, très naturel, aimant les lettres
-et les arts, la duchesse de Berry,
-même après l'assassinat de son
-mari, en 1820, resta la protectrice
-des artistes et des gens de lettres.
-Sa collection de tableaux, et la
-collection de livres qu'elle s'était
-formée au château de Rosny,
-furent également célèbres. Les
-événements de 1830 les dispersèrent
-l'une et l'autre.</p>
-
-<p>La bibliothèque du château de
-Rosny fut une des mieux
-choisies, des plus élégantes, par
-ses exemplaires et par ses reliures,
-que l'on ait comptées dans la
-première moitié de ce siècle. Les
-livres en étaient presque tous
-timbrés sur le plat recto aux
-armes de la duchesse: <i>de France</i>
-<span class="pagenum"><a id="Page_135"> 135</a></span>
-<i>à la bordure engrêlée de gueules
-qui est de Berry, accolé des Deux-Sicile</i>;
-sur le plat verso, de son
-chiffre C couronné. La vente en
-eut lieu du 20 février au 23
-mars 1837, dans la salle de la
-galerie de Bossange père, rue de
-Richelieu 60. Le <i>Catalogue</i><a id="FNanchor_3" href="#Footnote_3" class="fnanchor">&nbsp;[3]</a>, où
-figurent, sur la feuille de titre, les
-armes de la Duchesse, très finement
-gravées en taille douce,
-entourées de la cordelière des
-veuves et de deux branches de lis,
-comprend 2,578 numéros pour les
-livres, et 74 pour les estampes.
-La théologie y forme 141 articles,
-la jurisprudence 36, les sciences
-et arts 445, les belles-lettres 565,
-<span class="pagenum"><a id="Page_136"> 136</a></span>
-l'histoire 1,163, les manuscrits 86,
-les lettres autographes 54.</p>
-
-<p>L'auteur de la préface considère
-comme «superflu» l'éloge de cette
-bibliothèque, où «chaque article
-annonce presque toujours le plus
-bel exemplaire, enrichi de gravures,
-de portraits, ou d'une riche
-et élégante reliure. Les manuscrits
-doivent exciter la curiosité
-à un très haut degré. Depuis
-plus de 30 ans, ajoute-il, il ne s'était
-pas présenté de collection aussi
-précieuse, sous le rapport de l'antiquité
-historique; une grande
-partie de ces richesses ont été
-recueillies par le célèbre Pithou.»</p>
-
-<div class="blockquote">
-<p>Parmi les livres, on remarquait un
-<i>Rituel de l'Abbaye royale de Saint-Germain
-des Prés</i>, ms. sur vélin, pet. in-fol.,
-offert à Anne d'Autriche dont il
-porte les armes; les <i>Roses</i> représentées
-en 170 dessins originaux de
-Redouté, peintes sur peau vélin, renfermées
-en six portefeuilles gr. in-fol.,
-qui avaient coûté trente mille francs;
-l'<i>Herbier de l'amateur</i>, par Mordant
-de Launoy et Loiseleur Des Longchamps,
-<span class="pagenum"><a id="Page_137"> 137</a></span>
-avec 526 dessins originaux
-de Bessa, sur beau vélin, en six étuis;
-la collection d'estampes, connue sous
-le nom de <i>Cabinet du roi</i>, 24 vol. in-fol.,
-épreuves de choix et de la plus
-parfaite conservation; <i>Peintures Persanes
-et Mongoles</i>, représentant des
-costumes, rel. orientale; les <i>Poésies
-de Malherbe</i>, Didot, 1777, in-4<sup>o</sup>, exemplaire
-unique, sur vélin; une
-curieuse collection de romans du
-commencement du XIX<sup>e</sup> siècle, en
-éditions originales (330 numéros).</p>
-
-<p>Des manuscrits, nous mentionnerons
-seulement le <i>Code Théodosien</i>,
-ms. du VI<sup>e</sup> siècle, qu'une note de
-F. Pithou dit avoir servi à Cujas
-pour sa publication des Codes; le
-<i>Roman de la Rose</i>, ms. sur vélin,
-du XIII<sup>e</sup> siècle; le <i>Roman de Gaides</i>,
-en vers, ms. de la fin du XIII<sup>e</sup> siècle.</p>
-</div>
-
-<p>Dans un tome des <i>&OElig;conomies
-Royales</i> de Sully, édition originale
-imprimée à Sully, se trouvait cette
-note de la main de la duchesse de
-Berry:</p>
-
-<div class="blockquote">
-<p>Le procédé de la Cour a certainement
-quelque chose de bien singulier.
-<span class="pagenum"><a id="Page_138"> 138</a></span>
-Ce serait un mystère absolument
-incompréhensible si l'on ne
-sçavait dans quelles variations est
-capable de se jetter un prince livré
-à l'irrésolution, à la timidité et à la
-paresse. En matière d'Etat rien n'est
-pire que cet esprit d'indécision. Il ne
-faut, dans les conjonctures difficiles,
-tout abandonner ni tout refuser au
-hasard, mais après avoir choisi un
-but par les réflexions sages et froides,
-il faut que toutes les démarches qu'on
-fait décident à y parvenir.</p>
-
-<p>Le défaut de tous les esprits qui
-n'ont jamais embrassé que de petites
-et frivoles intrigues et, en général, de
-tous ceux qui ont plus de vivacité
-que de jugement, est de se représenter
-ce qui est proche de manière
-à s'en laisser éblouir, et de ne voir
-ce qui est loin qu'au travers d'un
-nuage.</p>
-</div>
-
-<p>Quelques livres, ayant appartenu
-à sa fille, Louise-Marie-Thérèse
-d'Artois, née en 1819,
-appelée jusqu'en 1830 Mademoiselle,
-et mariée, en 1845, à
-Charles III, duc de Parme, étaient
-timbrés de l'écusson en losange:
-<span class="pagenum"><a id="Page_139"> 139</a></span>
-<i>de France, à la bordure crénelée de
-gueules</i>.</p>
-
-<p>Quelques années avant la mort
-de la duchesse en 1870, eut lieu
-une seconde vente de manuscrits
-lui ayant appartenu.<a id="FNanchor_4" href="#Footnote_4" class="fnanchor">&nbsp;[4]</a> Cette
-collection avait été distraite de la
-première, et ne comprenait que
-35 articles. La vente produisit
-98,075. Un seul <i>Livre d'heures</i> fut
-adjugé au prix de 60,000 francs
-pour le Musée des Souverains.</p>
-
-<div class="section">
-<p class="subh">X</p>
-</div>
-
-<p>Le temps et plus encore les
-révolutions, ont détruit ou dispersé
-ces richesses. Ce qui en
-reste dans nos grands dépôts
-littéraires est, sauf un petit
-nombre, comme noyé et perdu
-dans la foule des livres vulgaires.
-Il est cependant un lieu privilégié,
-où l'on peut encore se faire une
-idée de ces belles collections
-<span class="pagenum"><a id="Page_140"> 140</a></span>
-royales, dont les débris sont aussi
-précieux par les souvenirs historiques
-qui s'y rattachent que
-pour l'histoire de cet art de la
-reliure qui atteignit en France
-une si admirable perfection. Nous
-voulons parler de Versailles. C'est
-à la bibliothèque de la ville de
-Versailles, si heureusement installée
-dans l'ancien Hôtel du
-Dépôt des papiers de la guerre,
-de la marine et des affaires
-étrangères, bâti de 1761 à 1762 par
-le père du maréchal Berthier,
-qu'il faut aller pour avoir une
-idée de ce que pouvaient être les
-collections littéraires des princes
-de la maison de France. Cette
-Bibliothèque, en effet, est en grande
-partie composée des bibliothèques
-privées du Roi, des princes et
-princesses de la famille royale, qui
-se trouvaient dans les appartements
-du château à l'époque de la
-Révolution.</p>
-
-<div class="figcenterb">
-<img src="images/150.jpg" width="150" height="73" alt="" />
-</div>
-
-
-<div class="chapter">
-<p><span class="pagenumh"><a id="Page_141"> 141</a></span></p>
-<h2 class="normal">TABLE</h2>
-</div>
-<div class="figcentert">
-<img src="images/005.jpg" width="295" height="60" alt="" />
-</div>
-
-<table id="ToC" summary="contents">
-<tr>
-<td class="tdl"><span class="smallc">Avant-propos</span></td>
-<td class="tdr">I</td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="tdl"><span class="smallc">Rois et princes</span></td>
-<td class="tdr">1</td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="tdl"><span class="smallc">Reines et Princesses</span></td>
-<td class="tdr">63</td>
-</tr>
-</table>
-
-<div class="figcenterb">
-<img src="images/008.jpg" width="120" height="79" alt="" title="" />
-</div>
-
-<div class="figcenterb">
-<img src="images/153.jpg" width="35" height="18" alt=""/>
-</div>
-<p><span class="pagenumh"><a id="Page_142"> 142</a></span>
-<span class="pagenumh"><a id="Page_143"> 143</a></span></p>
-
-<p class="end"><span class="medium"><i>Achevé d'imprimer</i></span><br />
-<span class="medium">Le huit juillet mil neuf-cent-un</span><br />
-<span class="xs">PAR</span><br />
-<span class="cap">F</span><span class="smallc">RÉDÉRIC</span> <span class="cap">E</span><span class="smallc">MPAYTAZ</span><br />
-<i><span class="medium">A VENDOME</span></i></p>
-
-<div class="figcentert">
-<img src="images/153b.jpg" width="35" height="18" alt="" />
-</div>
-
-<p><span class="pagenumh"><a id="Page_144"> 144</a></span>
-<span class="pagenumh"><a id="Page_145"> 145</a></span>
-<span class="pagenumh"><a id="Page_146"> 146</a></span></p>
-
-<div class="chapter">
-<div class="footnotes">
-<h2 class="normal">NOTES:</h2>
-<div class="footnote">
-
-<p><a id="Footnote_1" href="#FNanchor_1" class="label">[1]</a> On trouve dans l'excellent <i>Guide du
-Libraire antiquaire et du Bibliophile</i>, Ed. Rouveyre,
-1885, in-8, de remarquables imitations,
-par Capé, de reliures aux armes royales de
-Louis XIII. Il faut aussi signaler, du même
-éditeur, les autres publications relatives à
-l'histoire de la reliure: <i>la Reliure ancienne</i>,
-avec introduction par G. Brunet, <i>la Reliure
-moderne</i>, d'Octave Uzanne, rédacteur en chef
-du <i>Livre</i>, <i>la Reliure de luxe</i>, par L. Derôme,
-et <i>les Reliures d'art de la Bibliothèque nationale</i>,
-par Henri Bouchot.</p>
-
-<p><a id="Footnote_2" href="#FNanchor_2" class="label">[2]</a> Voir sur cette librairie de Jean, duc de
-Berry: Le Laboureur, <i>Histoire de Charles V</i>,
-p. 75; Barrois, <i>Bibliothèque protypographique</i>,
-1830; comte de Bastard, <i>Librairie de Jean de
-France, duc de Berry</i>; P. Paris, <i>Bulletin du
-bibliophile</i>, 1837; Douët d'Arcq, <i>Revue archéologique</i>,
-t. VII; Hiver de Beauvoir, <i>Trésor de la
-Sainte Chapelle de Bourges</i>, 1855, et <i>la Librairie
-de Jean, duc de Berry, au château de Mehun-sur-Yèvre</i>,
-1860; surtout M. Léopold Delisle,
-<i>Bibliothèque de l'Ecole des Chartes</i>, 4<sup>e</sup> série,
-t. II, et le <i>Cabinet des manuscrits</i>, t. I, p. 56.&mdash;Beaucoup
-des manuscrits du duc de Berry
-étaient ornés de ses armes: <i>de France à la
-bordure engrêlée de gueules</i>; de sa devise:
-<i>Le Temps venra</i>, et de son chiffre, formé d'un
-V et d'un E enlacés.</p>
-
-<p><a id="Footnote_3" href="#FNanchor_3" class="label">[3]</a> Catalogue de la riche bibliothèque de
-Rosny, dans laquelle se trouvent les grands
-et beaux ouvrages à figures, tant anciens que
-modernes, publiés en France, en Angleterre,
-et en Italie, dont plusieurs sur peau de vélin,
-avec les dessins originaux (exemplaires uniques),
-une collection de quatre-vingt-dix
-manuscrits très précieux et de la plus haute
-antiquité, dont la vente aura lieu... par le
-ministère de M<sup>e</sup> Bataillard. <i>Paris, Bossange
-père, Techener et Bataillard</i>, in-8<sup>o</sup> de 264
-pages.</p>
-
-<p><a id="Footnote_4" href="#FNanchor_4" class="label">[4]</a> <i>Catalogue des manuscrits très précieux
-des XIII<sup>e</sup> et XVII<sup>e</sup> siècles composant la collection
-de M<sup>me</sup> la duchesse de B***</i> (par M. Paul Meyer),
-<i>dont la vente aura lieu le mardi 22 mars 1864</i>;
-Paris, in-8, de 36 pp.</p>
- </div>
-</div>
-</div>
-
-<p class="ad"><span class="xs">Collection du Bibliophile Parisien</span><br />
-<span class="small">OUVRAGES PARUS:</span><br />
-<span class="medium"><b>Les Mystifications de Caillot-Duval</b></span><br />
-<span class="small">par <b>LOREDAN-LARCHEY</b></span><br />
-<i><span class="xs">Choix de ses lettres les plus amusantes avec les réponses de ses victimes</span></i><br />
-<i><span class="xs">1 vol. in-18 tiré à 375 exemplaires numérotés et signés</span></i></p>
-<table id="pub1" summary="contents">
-<tr>
-<td class="tdl"><span class="small">10 ex. Japon imp. de Tokio (A à J)</span></td>
-<td class="tdr"><span class="small"><b>10</b> fr.</span></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="tdl"><span class="small">5 ex. Chine (K à O)</span></td>
-<td class="tdr"><span class="small"><b>8</b> fr.</span></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="tdl"><span class="small">10 ex. Hol. de Van Gelder Zonen (P à Y)</span></td>
-<td class="tdr"><span class="small"><b>6</b> fr.</span></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="tdl"><span class="small">350 ex. sur bel alfa vergé (1 à 350)</span></td>
-<td class="tdr"><span class="small"><b>4</b></span> fr.</td>
-</tr>
-</table>
-
-<hr />
-<p class="ad"><span class="xlarge">LA SEINE ET LES QUAIS</span><br />
-<span class="xs"><i>Promenades d'un Bibliophile</i></span><br />
-<span class="xs">Par <b>Gabriel HANOTAUX</b></span><br />
-<span class="xxs">de l'Académie Française</span><br />
-<span class="xxs">1 vol. in-18 avec une eau-forte de</span><br />
-<span class="xs"><b>A. Robida</b></span><br />
-<span class="xxs"><i>Tiré à 375 exemplaires&mdash;Tous les exemplaires de luxe sont souscrits.</i></span><br />
-<span class="xxs"><i>Il ne reste que quelques exemplaires sur alfa vergé à <b>5</b> fr.</i></span></p>
-
-<hr />
-<p class="ad"><span class="large">Petit Essai de <b>Bibliothérapeutique</b></span><br />
-<span class="xs"><i>ou l'Art de soigner et restaurer les livres vieux ou malades</i></span><br />
-<span class="medium">par <b>R. YVE-PLESSIS</b></span><br />
-<span class="xxs">1 vol. in-18, tiré à 250 exemplaires numérotés et signés</span><br />
-<span class="xxs"><i>L'édition est entièrement épuisée</i></span></p>
-
-<hr />
-<p class="ad"><span class="large"><b>Bibliographe raisonnée de l'Argot et de la langue Verte</b></span><br />
-<span class="xs">en France du XV<sup>e</sup> au XX<sup>e</sup> siècle</span><br />
-<span class="medium">par <b>R. YVE-PLESSIS</b></span><br />
-<span class="xxs">Préface de <b>Gaston Esnault</b></span><br />
-<span class="xxs">Illustré de 8 planches hors texte.</span><br />
-<span class="xxs">1 vol. in-8<sup>o</sup>, tiré à 275 exemplaires numérotés et signés</span></p>
-
-<table id="pub2" summary="contents">
-<tr>
-<td class="tdl"><span class="small">10 ex. Jap. imp. de Tokio (A à J)</span></td>
-<td class="tdr"><span class="small"><b>20</b> fr.</span></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="tdl"><span class="small">5 ex. Chine (K à O)</span></td>
-<td class="tdr"><span class="small"><i>épuisés</i></span></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="tdl"><span class="small">10 ex. Hol. Van Gelder Zonen (P à Y)</span></td>
-<td class="tdr"><span class="small"><i>épuisés</i></span></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="tdl"><span class="small">250 ex. sur alfa vergé</span> (1 à 250)</td>
-<td class="tdr"><span class="small"><i>épuisés</i></span></td>
-</tr>
-</table>
-
-
-<hr />
-<p class="ad"><span class="medium">EN PRÉPARATION dans la même COLLECTION:</span><br />
-<span class="large">Clavel d'Haurimonts</span><br />
-<span class="xs"><i>Un ancêtre des poètes montmartrois</i></span><br />
-<span class="medium">par <b>Virgile JOSZ</b></span><br />
-<span class="xs">1 volume in-18, tiré à 375 exemplaires, numérotés et signés <b>4</b> fr.</span></p>
-
-<hr />
-<p class="ad"><span class="large">Bibliographie de la Presse Parisienne</span><br />
-<span class="medium"><i>A LA FIN DU SECOND EMPIRE</i></span><br />
-<span class="medium">par <b>Maurice TOURNEUX</b></span><br />
-<span class="xs"><i>Illustré de 8 planches hors texte</i></span><br />
-<span class="xs">1 vol. in-8<sup>o</sup>, tiré à 375 exemplaires numérotés et signés</span></p>
-
-<table id="pub3" summary="contents">
-<tr>
-<td class="tdl"><span class="small">10 ex. Jap. imp. de Tokio (A à I)</span></td>
-<td class="tdr"><span class="small"><b>20 00</b> fr.</span></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="tdl"><span class="small">5 ex. Chine (K à O)</span></td>
-<td class="tdr"><span class="small"><b>15 20</b> fr.</span></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="tdl"><span class="small">10 ex. Hol. Van Gelder Zonen (P à Y)</span></td>
-<td class="tdr"><span class="small"><b>12 00</b> fr.</span></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="tdl"><span class="small">350 ex. sur alfa vergé (1 à 350)</span></td>
-<td class="tdr"><span class="small"><b>7</b> 50 fr.</span></td>
-</tr>
-</table>
-
-<hr />
-<p class="ad"><span class="large">MONTMARTRE</span> <span class="small">et ses</span> <span class="large">CHANSONS</span><br />
-<span class="xs">Poètes et Chansonniers &ndash; Cabarets et Théâtricules</span><br />
-<span class="medium">par <b>Léon de BERCY</b></span><br />
-<span class="xs"><i>illustré de 4 planches hors texte</i></span><br />
-<span class="xs">1 vol. in-18, tiré à 375 exemplaires numérotés et signés</span></p>
-
-<table id="pub4" summary="contents">
-<tr>
-<td class="tdl"><span class="small">10 ex. Japon impérial(A à S)</span></td>
-<td class="tdr"><span class="small"><b>10</b> fr.</span></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="tdl"><span class="small">5 ex. Chine (K à O)</span></td>
-<td class="tdr"><span class="small"><b>8</b> fr.</span></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="tdl"><span class="small">10 ex. Hol. Van Gelder Zonen (P à Y)</span></td>
-<td class="tdr"><span class="small"><b> 6</b> fr.</span></td>
-</tr>
-<tr>
-<td class="tdl"><span class="small">350 ex. sur bel alfa vergé (1 à 350)</span></td>
-<td class="tdr"><span class="small"><b> 4</b> fr.</span></td>
-</tr>
-</table>
-
-<p class="ad"><span class="large">LE RESPECT DES LIVRES</span><br />
-<span class="medium"><i>MEMENTO DU BIBLIOPHILE</i></span><br />
-<span class="medium">par <b>R. YVE-PLESSIS</b></span><br />
-<span class="xs"><i>Avec un frontispice en couleur</i></span><br />
-<span class="xs">1 vol. in-18, tiré à exemplaires numérotés et signés</span></p>
-
-<p class="ad"><i><span class="xs">Pour paraître incessamment, le 1<sup>er</sup> volume de la</span></i><br />
-<span class="large">Bibliothèque du Vieux Paris</span><br />
-<span class="xs"><i>On peut souscrire à tous les volumes à paraître en ces collections</i></span><br />
-<span class="signature small">Imp. A. Gautherin Paris</span></p>
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-<pre>
-
-
-
-
-
-End of Project Gutenberg's Les Bourbons bibliophiles, by Eugène Asse
-
-*** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LES BOURBONS BIBLIOPHILES ***
-
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-
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-
-1.E.3. If an individual Project Gutenberg-tm electronic work is posted
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-additional terms imposed by the copyright holder. Additional terms
-will be linked to the Project Gutenberg-tm License for all works
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-Section 4. Information about Donations to the Project Gutenberg
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-Project Gutenberg-tm depends upon and cannot survive without wide
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-ways including checks, online payments and credit card donations. To
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-Section 5. General Information About Project Gutenberg-tm electronic works.
-
-Professor Michael S. Hart was the originator of the Project
-Gutenberg-tm concept of a library of electronic works that could be
-freely shared with anyone. For forty years, he produced and
-distributed Project Gutenberg-tm eBooks with only a loose network of
-volunteer support.
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-Project Gutenberg-tm eBooks are often created from several printed
-editions, all of which are confirmed as not protected by copyright in
-the U.S. unless a copyright notice is included. Thus, we do not
-necessarily keep eBooks in compliance with any particular paper
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-
-Most people start at our Web site which has the main PG search
-facility: www.gutenberg.org
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-This Web site includes information about Project Gutenberg-tm,
-including how to make donations to the Project Gutenberg Literary
-Archive Foundation, how to help produce our new eBooks, and how to
-subscribe to our email newsletter to hear about new eBooks.
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