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-The Project Gutenberg eBook of Adolescence, by Claude Anet
-
-This eBook is for the use of anyone anywhere in the United States and
-most other parts of the world at no cost and with almost no restrictions
-whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms
-of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at
-www.gutenberg.org. If you are not located in the United States, you
-will have to check the laws of the country where you are located before
-using this eBook.
-
-Title: Adolescence
-
-Author: Claude Anet
-
-Release Date: June 9, 2021 [eBook #65578]
-
-Language: French
-
-Character set encoding: UTF-8
-
-Produced by: Laurent Vogel (This file was produced from images generously
- made available by The Internet Archive/Canadian Libraries)
-
-*** START OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK ADOLESCENCE ***
-
-
-
- L’ALPHABET DES LETTRES
-
- ADOLESCENCE
-
- PAR
- CLAUDE ANET
-
- A
-
- PARIS. A LA CITÉ DES LIVRES
-
-
-
-
-Copyright by Claude Anet, 1925
-
-
-
-
-I
-
-
-. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
-
-J’ai été un adolescent précoce et timide. A l’heure où je goûtais les
-Géorgiques et où Virgile, avant Lucrèce, donnait une forme antique aux
-émotions confuses qu’éveillait en moi le spectacle de la nature, je
-sentis les premières fièvres d’un sang tumultueux. Je ne courais pas
-après une jeune paysanne, mais je poursuivais Galatée sous les saules.
-Elle fuyait et me laissait déçu. Plus heureux lorsque je rêvais, je
-serrais une nymphe dans mes bras et mêlais mes membres maladroits aux
-siens. J’étais élevé à la campagne, sans camarades. Le moindre lycéen
-aurait pris en pitié mon inexpérience. Sain et fort jusqu’à l’excès, je
-courais, je nageais, je montais à cheval; je me fatiguais sans arriver à
-calmer l’ardeur qui me dévorait.
-
-Ma mère vivait fort retirée dans sa propriété. Elle ne voyait plus guère
-que des amies de son âge qui ne faisaient pas grande attention à moi, ni
-moi à elles. Parfois arrivait de Paris une femme jeune, élégante, parée.
-Que de désirs elle excitait en ce grand garçon qui restait muet sur sa
-chaise dans un coin! Elle causait avec ma mère et cependant, à distance,
-sans l’écouter, je prenais possession d’elle. Je la dépouillais de ses
-vêtements, je l’étendais nue sur un divan, je m’agenouillais près
-d’elle, nos vies se confondaient.
-
-Mais lorsqu’à son départ je l’accompagnais jusqu’à sa voiture, je ne
-savais que lui dire. La robe dont elle était vêtue la séparait de moi
-comme une armure magique sur laquelle on ne peut porter la main sans
-tomber foudroyé. Comment imaginer que je pourrais la lui enlever?
-Comment croire que cette personne, amie de ma mère, je la verrais en
-chemise et en pantalon, que j’entourerais sa taille de mon bras, que ma
-main inexperte s’approcherait d’un sein délicatement fleuri? Elle
-m’adressait la parole. Gêné même dans mes regards, je me détournais ne
-sachant que répondre. J’avais quatorze ans...
-
-Je me souviens avec terreur de cette époque où la sève montait en moi
-avec tant de violence que j’en étais ébranlé. Je luttais, j’essayais de
-me dominer sans y parvenir et ce combat contre nature me laissait
-irritable, abattu, dégoûté de tout.
-
-Ma mère, si attentive aux moindres variations de ma santé, ne se doutait
-pas de la crise que je traversais. Elle se faisait mille soucis à mon
-sujet. Le moindre coup de froid l’alarmait: au plus léger mal de tête,
-elle voulait mander le médecin. Qu’étaient une migraine ou un rhume
-auprès de la tempête qui me secouait?
-
-Il aurait fallu qu’une femme me prît par la main... Aucune d’elles ne
-fit attention à ce garçon poussé trop tôt, gauche d’allure, à la voix
-changeante.
-
-Avec les jeunes filles, je ne ressentais pas les mêmes troubles. Auprès
-d’elles, j’étais libre, empressé, ardent à plaire. La sensualité qui me
-tourmentait dans mes heures de solitude me laissait la paix lorsque
-j’étais en leur compagnie. Pourtant nous échangions avec mes amies des
-caresses charmantes; c’étaient des serrements de mains, un bras passé
-sous un autre, parfois des baisers dérobés, mais surtout mille paroles
-tendres, une sympathie entière, un mouvement vif de l’âme à l’âme. Je
-garde un souvenir délicieux de ces heures innocentes, fraîcheur d’un
-bain pur après de lourdes fièvres.
-
-Les jeunes filles, je les voyais surtout dans la belle saison, car nous
-habitions un pays assez âpre en hiver, mais où l’été amenait des
-visiteurs. Les maisons du voisinage s’ouvraient; c’était soudain un
-bruit bien inattendu de fête.
-
-Ma mère qui aimait la solitude avait pourtant gardé ses relations, moins
-pour elle que pour moi. Ma mémoire des dates est incertaine, je sais
-pourtant que je préparais la première partie de mon baccalauréat lorsque
-nous apprîmes que la propriété la plus voisine de la nôtre, inhabitée
-depuis longtemps, avait été achetée par des étrangers. Les étrangers,
-c’étaient pour nous des gens d’une autre province. Ceux-ci venaient du
-Midi et s’appelaient Maure. Je leur rêvais tout aussitôt une ascendance
-sarrasine. Grand émoi dans le pays, car on gardait chez nous une
-méfiance un peu paysanne envers les inconnus. Qu’étaient ces Maure? Les
-verrait-on? On sut bientôt que M. Maure était avocat et qu’il ne
-passerait jamais beaucoup de temps aux Ormeaux qu’il avait acquis. L’été
-venu, il y installa sa femme et ses enfants et repartit.
-
-Peu de temps après, madame Maure fit une visite à ma mère. Nous étions
-tous deux à causer devant la maison sous les lauriers roses et les
-orangers, lorsque madame Maure et sa fille aînée arrivèrent.
-
-Madame Maure était une femme d’une quarantaine d’années, assez forte,
-assez commune, mais bonne et simple. Telle je la jugeais au premier
-jour, telle elle fut lorsque je la connus davantage. Comme on voit, elle
-ne trompait pas son monde et se livrait tout de suite. C’était une
-personne sans arrière-pensée, sans calculs, qui évitait de compliquer
-une vie prise tout entière par son mari, par ses enfants, par les soins
-du ménage. Derrière elle, sa fille... Par quel miracle apercevons-nous
-au premier coup d’œil jeté sur un être dont la vie va se mêler, ne
-serait-ce qu’un instant, à la nôtre, tout ce à quoi nous donnons du
-prix? Au moment même où mademoiselle Maure apparaissait sur la première
-des marches qui descendaient du salon à la terrasse, je savais déjà
-qu’elle était dans sa taille moyenne parfaitement proportionnée, que les
-membres s’attachaient souples au corps, que les pieds étaient étroits,
-les mains allongées, les poignets fins, la tête petite, les dents
-éblouissantes et les yeux noirs, riants et les plus doux du monde.
-
-Henriette Maure avait seize ans--mon âge--jeune fille déjà, alors que je
-restais un adolescent mal dégrossi. Elle était aimable et bonne,
-pareille en cela à sa mère. En elle, rien que de naturel et de simple,
-même sa coquetterie qui paraissait involontaire et qui l’était, en
-effet. Il semblerait qu’à vivre dans l’intimité de cette charmante jeune
-fille--car nous fûmes intimes dès le premier jour--j’aurais dû
-m’éprendre d’elle et que des sentiments si forts et si longtemps sans
-objet allaient enfin trouver à qui s’adresser. Mais non, Henriette
-n’était pour moi qu’une amie, la plus tendre des amies, et dans mes
-rêves passionnés, ce n’est pas elle qui apparaissait.
-
-La propriété des Maure jouxtait la nôtre; d’une maison à l’autre à peine
-dix minutes de chemin. Le sentier qui y conduisait longeait d’abord un
-champ, puis traversait un petit bois de chênes où coulait la rivière qui
-séparait nos terres. Je franchissais le pont et j’étais chez nos
-voisins. La maison était ancienne et sans prétention. Aux heures chaudes
-je trouvais madame Maure sous les tilleuls de la cour. Un ouvrage à la
-main, elle surveillait les plus jeunes enfants. Elle me gardait un
-instant près d’elle, s’informant de la santé de ma mère, des gens du
-pays. Puis elle me disait:
-
---Je vous ai assez retenu, Philippe, allez vers la jeunesse. Elle est
-là-bas.
-
-Là-bas, c’était un bosquet où les bouleaux au tronc blanc mariaient la
-grâce flexible de leurs branches aux masses lourdes des sapins. J’y
-retrouvais Henriette, avec quelques cousines ou amies de son âge qui
-passaient l’été chez les Maure. Et des jeunes gens étaient là. De quoi
-parlions-nous? De ce qui occupe les pensées des adolescents. Nos propos
-étaient parfois d’une singulière hardiesse, mais comme pour la pure
-Iphigénie «l’innocence habitait dans nos cœurs». C’était une cour
-d’amour platonique et sans expérience. Des couples se formaient. Un de
-nos voisins, un garçon de dix-neuf ans qui préparait l’Ecole
-polytechnique dans un lycée de Paris, au visage pâle et âpre, était
-épris d’Henriette qui se moquait de lui.
-
-Pour moi, je ne la quittais guère. Elle m’avait élu son ami. Et de l’ami
-elle faisait un confident, me contraignant à un rôle que, certes, je
-n’aurais pas choisi. Mais, par une singulière contradiction, j’entrais
-comme de moi-même dans le caractère qu’elle me prêtait et je l’outrais.
-J’affectais d’être supérieur aux faiblesses du cœur; je feignais de
-croire et je croyais, en effet, que l’amitié est au-dessus de l’amour,
-d’essence plus rare; et qu’entre deux êtres tels que nous, seule elle
-peut porter d’abondantes moissons. Ainsi je me trompais moi-même.
-
-Cependant l’admiration que je ressentais pour elle avait quelque peine à
-se concilier avec l’amitié, et si j’avais été plus clairvoyant j’aurais
-compris que c’était de bien autre chose qu’il s’agissait. Je lui faisais
-mille compliments, je lui disais ce que j’aimais en elle, je lui prenais
-les mains... Et je n’avais pas envie de la presser sur mon cœur et de
-poser mes lèvres sur sa bouche souriante!
-
-Bien mieux, de son consentement, avec son appui et sa complicité, je
-faisais la cour à une de ses cousines, ravissante fille aux cheveux
-d’or, au teint plus délicat que la fleur du pêcher. Gertrude était
-timide et rêveuse, Henriette vive et décidée. Lorsque nous étions tous
-trois ensemble, Henriette parlait pour nous deux, elle taquinait
-vivement sa cousine à mon sujet, la menaçant de me dire ce que Gertrude
-n’osait m’avouer elle-même. Gertrude rougissait et levait sur Henriette
-ses beaux yeux suppliants.
-
-Une fois, à la fin du jour, nous étions assis sur la mousse au pied d’un
-sapin, Henriette m’assura que les cheveux dénoués de sa cousine étaient
-admirables.
-
---Que ne la voyez-vous, disait-elle, lorsqu’elle s’agenouille pour sa
-prière le soir en chemise de nuit?
-
---Mais, Henriette... soupirait Gertrude.
-
---Ses cheveux tombent alors jusque sur ses jambes. Elle est baignée de
-lumière... Il faut que Philippe les voie, ajouta-t-elle vivement et,
-d’un geste rapide, elle enleva les deux épingles qui soutenaient la
-masse lourde des cheveux.
-
-Ils s’écroulèrent. Malgré les protestations de Gertrude, Henriette
-voulut que je les touchasse. J’y plongeai mes deux mains. Je sentis
-leurs mille caresses subtiles à fleur de peau.
-
-Gertrude maintenant restait immobile, comme engourdie.
-
---Mais, Philippe, embrassez-la, dit Henriette, je ne vous regarde pas.
-
-Je me penchai vers la jeune fille, cherchant sa bouche. Elle détourna la
-tête et mes lèvres ne rencontrèrent que sa joue rougissante.
-
-Telle était l’atmosphère dans laquelle nous vivions.
-
-L’automne arriva trop vite. Une à une les maisons du voisinage se
-fermèrent et les Maure annoncèrent leur départ. Gertrude et sa mère les
-devançaient de quelques jours. Henriette, feignant de s’attendrir sur le
-malheur de notre séparation, nous ménagea une dernière entrevue. C’était
-dans une partie du bois assez écartée où nous aimions à nous réfugier.
-J’y trouvai Gertrude seule, hésitante, voulant fuir. Je la retins, je la
-rassurai, je lui demandai si elle m’oublierait vite, s’il y avait pour
-moi une place dans son cœur, quel souvenir elle garderait des jours que
-nous avions vécus ensemble.
-
-Par un dédoublement curieux, je m’aperçus, en ce moment où d’autres
-préoccupations semblaient devoir m’absorber, que ma voix prenait pour
-prononcer ces mots une douceur persuasive et touchante que je ne lui
-connaissais pas, une qualité musicale qui m’émut moi-même. Et je parlais
-autant pour me plaire que pour gagner le cœur de Gertrude.
-
-Celle-ci ne fut pas insensible à l’accent de la mélodie que je lui
-murmurai et je vis bientôt l’effet produit moins par mes paroles que par
-le ton sur lequel elles étaient dites. Elle me serra les mains, ses yeux
-s’emplirent de larmes, elle pencha la tête sur mon épaule.
-
-Je couvris de baisers sa figure humide de pleurs. Je trouvai du charme à
-ces baisers, mais, faut-il l’avouer? ces caresses échangées m’émurent à
-peine. Ma curiosité y était plus intéressée que mes sens. Et mon cœur
-restait de glace...
-
-Deux jours plus tard, j’allai chercher Henriette pour une dernière
-promenade. Elle partait le lendemain. Par un besoin de secrète harmonie,
-nous choisîmes non pas les bois où souvent avaient retenti les éclats de
-rire de notre bande folle, mais une plaine dénudée au pied d’une colline
-et qui avait été longtemps un marécage. Aujourd’hui des fossés la
-traversant en drainaient les eaux. Elle était nue et triste, quelques
-touffes de ronces épineuses seules y poussaient. Le ciel gris, bas,
-plein des brumes de l’automne, s’appuyait sur le fin clocher d’une
-église au sommet du coteau. Dans les champs on brûlait les feuilles et
-les tiges des pommes de terre. Les fumées traînaient et ne s’élevaient
-qu’avec peine. Longtemps nous marchâmes sans parler. Enfin Henriette
-rompit le silence.
-
---Dire que je regretterai même cette pauvre plaine lorsque je serai à la
-ville. Je vous envie de rester ici.
-
-Je ne répondis pas. Je venais de comprendre que rien dans ce pays que
-j’aimais tant n’aurait plus de charme pour moi du jour où Henriette
-l’aurait quitté. La surprise de ce sentiment nouveau, la pensée de
-l’isolement où le départ d’Henriette me laisserait me serrèrent le cœur
-au point que je fus obligé de m’arrêter.
-
-Elle s’arrêta aussi et me regarda. Que lut-elle dans mes yeux? Il me
-parut qu’elle pâlissait. Elle se mordit la lèvre, puis, avec un
-mouvement d’épaules que je ne sus comment interpréter, elle dit:
-
---Il faut rentrer.
-
-Le lendemain elle partit, me laissant désespéré et fou de joie.
-J’aimais!
-
-L’ivresse d’un premier amour suffit à remplir une âme moins enflammée
-que ne l’était la mienne. Le monde transformé s’éclaira à mes yeux d’une
-lumière inconnue; je sentis s’agiter en moi la force qui anime la
-nature; je fus enfin une parcelle vivante de l’antique et toujours jeune
-univers. Mes livres participèrent de cet enchantement. Je les avais lus
-avec les yeux de l’esprit; ma sensibilité cette fois-ci s’émut. Les
-romans me racontèrent mon histoire; les livres de science eux-mêmes me
-parlaient un langage que je comprenais pour la première fois. C’est
-alors que mon professeur me mit entre les mains l’_Origine des espèces_
-de Darwin et je n’oublie pas l’émotion que j’en éprouvai. Je crus voir
-s’ouvrir devant moi les portes longtemps fermées du temple. Les secrets
-m’étaient révélés de la vie qui palpite, identique en tous les êtres.
-Et, au même moment, je découvrais que l’amour seul vaut de vivre et
-qu’il serait désormais mon maître. Mais sa tyrannie, sous laquelle tant
-d’âmes faibles succombent, ne m’effrayait pas. Elle me donnait, au
-contraire, un désir plus fort d’agir; je voulais maintenant exceller en
-mille choses; j’entendais dominer. Je me jetai dans l’étude, non pas
-tant par le désir d’apprendre et de m’enrichir ainsi que pour me prouver
-à moi-même ma puissance. Au collège où je venais d’entrer, j’obtins cet
-hiver-là de mémorables succès. Mon professeur s’étonnait de mon ardeur
-et me prédisait un succès certain au baccalauréat qui, à la fin de
-l’année, terminerait mes études secondaires.
-
-Mais Henriette?... Chose étrange, j’étais exalté à ce point que je ne
-souffrais pas de son absence. Ne lui devais-je pas la magique
-transformation que j’avais subie? Sans doute, je désirais la revoir; je
-lui parlais comme si elle avait été présente; son souvenir ennoblissait
-chaque heure de ma vie. Mais je me créais de si merveilleux bonheurs
-qu’à la lettre je n’avais pas le temps de pleurer sur notre séparation.
-L’image que je me faisais de mon amie était si parfaite que peut-être
-l’Henriette réelle, si elle m’était apparue soudain, n’aurait pas rempli
-exactement la place et le rôle que je réservais à l’Henriette de mes
-rêves.
-
-Nous nous écrivions. Mais comment traduire mes sentiments dans des
-lettres qui pouvaient être lues par d’autres? Comment lui écrire ce que
-je ne lui avais pas dit lorsqu’elle était près de moi? Ses lettres
-étaient, il faut l’avouer, décevantes, tant ce qu’elles exprimaient
-était éloigné du langage que je lui prêtais dans ma solitude.
-
-Par ailleurs, je ne souffrais plus autant du malaise mystérieux et
-redoutable qui m’avait si cruellement accablé depuis deux ans, comme si
-la fraîcheur de mon amour avait fait disparaître les fièvres malignes de
-la puberté.
-
-L’hiver, le printemps passèrent; je ne comptais pas les jours qui me
-séparaient d’Henriette, je vivais avec elle sous la lampe près du poële,
-dans les champs durcis par le froid ou sous les vertes frondaisons.
-L’été la ramènerait près de moi...
-
-Vers le début de juin ma mère tomba malade; elle fut longtemps retenue à
-la chambre. Elle y était encore lorsque je partis pour passer mes
-examens à l’Université voisine. Lorsque j’en revins, elle sortait de
-convalescence et les médecins l’envoyaient aux eaux. Elle était encore
-trop faible pour que je pusse songer à l’y laisser aller seule.
-
-Lorsqu’elle me l’apprit, elle pensait que la nouvelle de ce déplacement
-me serait agréable et qu’il me plairait de quitter, presque pour la
-première fois, nos campagnes.
-
-Mais je ne songeais qu’à Henriette. Ses yeux riants ne rencontreraient
-pas les miens lorsqu’elle arriverait dans le pays! Je lui envoyai une
-lettre désolée, la plus explicite de toutes celles que je lui avais
-écrites. J’annonçai mon retour pour le mois d’août, je la suppliai de ne
-pas m’en vouloir...
-
-
-
-
-II
-
-
-Aux eaux la nouveauté du spectacle me fut une distraction. Pourtant je
-ne voulais pas me l’avouer. Lorsque j’étais avec ma mère, je ne cessais
-de regretter le confort, le calme délicieux de notre demeure, de me
-plaindre de l’impossibilité d’être seuls dans le va-et-vient du grand
-hôtel où nous habitions. Cependant je trouvais un charme singulier à ce
-coudoiement de tant de personnes inconnues, à ces rapides coups d’œil
-échangés avec des étrangers, à la vie en commun qui mêlait nos plaisirs
-et nos occupations, aux repas au restaurant, à la danse, le soir.
-J’avais déclaré vouloir vivre en sauvage. Je n’étais pas à X... depuis
-quarante-huit heures que je jouais au lawn-tennis, que j’étais de toutes
-les parties, que je dansais chaque nuit. Je faisais tout avec fièvre
-comme si j’eusse voulu m’étourdir et oublier. Quoi?
-
-Je remarquai dès le premier jour une jeune femme qui mangeait à une
-table voisine de la nôtre. Ses yeux étaient sombres et elle semblait
-désireuse d’en voiler l’éclat en tenant ses paupières à moitié baissées.
-Elle me parut avoir une trentaine d’années. Ma mère lui en donnait plus
-généreusement quarante. Dans son visage pâle d’un ovale allongé ses
-lèvres plus rouges que celles des femmes que nous avions l’habitude de
-voir attiraient mes regards. J’eus la curiosité de chercher à connaître
-son nom. Elle s’appelait la comtesse de Francheret. J’avais lu ce nom
-dans les journaux mondains de Paris. A X... madame de Francheret ne
-faisait partie d’aucune des coteries où se groupaient les baigneurs. Ses
-manières, sa distinction, la solitude où elle vivait, le prestige aussi
-de la classe sociale à laquelle elle appartenait, voilà des motifs
-d’intérêt pour un jeune provincial jamais sorti de chez lui. Je me mis
-donc à l’observer, peut-être avec un peu trop d’insistance. Voulut-elle
-me faire sentir que je manquais aux convenances? Deux ou trois fois,
-elle fixa sur moi un regard qui semblait me pénétrer. L’après-midi, elle
-venait près du cours de tennis où je jouais. Les spectateurs étaient
-nombreux qui suivaient nos parties. Elle se tenait à l’écart. Pourtant
-il était rare, lorsque je levais les yeux sur elle que je ne surprisse
-pas les siens dirigés vers moi.
-
-Quelques jours passèrent ainsi. J’aurais voulu me rapprocher d’elle, lui
-parler, mais je ne savais comment m’y prendre. Le hasard vint à mon
-secours.
-
-Une fin d’après-midi, comme je descendais du tennis pour aller à la
-douche, je dépassai madame de Francheret. Une écharpe avec laquelle elle
-jouait glissa sur le chemin. Je la ramassai et la lui tendis.
-
-Elle me remercia, et simplement, comme si nous nous connaissions depuis
-longtemps, nous continuâmes à causer. La nouveauté de la situation eût
-pu m’embarrasser. Comme je ne pensais pas à moi et au personnage que
-j’avais à jouer, mais à elle, je fus simple et ne ressentis aucun
-embarras. Sa voix avait une certaine gravité qui me plut.
-
-Les jours suivants nous nous rencontrâmes encore. Elle paraissait
-écouter sans ennui ce que je racontais de moi-même et de notre vie
-provinciale, de mes plans incertains et magnifiques d’avenir. Elle
-parlait peu, mais ses paroles, lorsqu’on y réfléchissait, prenaient un
-sens plus profond que celui qu’elles présentaient tout d’abord. Elle ne
-causait ni de littérature, ni d’art, mais elle semblait connaître les
-gens et les choses mieux et plus réellement qu’il n’est accoutumé. Enfin
-son regard, dont elle était ménagère, ajoutait du poids à ses paroles.
-
---Que vous êtes jeune! disait-elle souvent.
-
-Nous ne nous voyions jamais que dans les jardins et, le soir, au salon,
-où elle s’asseyait près de ma mère.
-
-Un jour, après déjeuner, je me rendis pour la première fois chez elle.
-Elle était un peu souffrante et m’avait fait demander un livre. Elle
-occupait, sur la cour d’entrée célèbre par ses arbres centenaires, un
-appartement composé d’un salon minuscule et d’une chambre. Je la trouvai
-couchée sur une chaise longue, vêtue d’un blanc peignoir de dentelles.
-Les ormeaux jetaient leur ombre entre les persiennes à moitié closes; on
-entendait le bruit confus des conversations des baigneurs à quelques
-pieds au-dessous de nous.
-
---Asseyez-vous là, me dit-elle, montrant un fauteuil à côté d’elle.
-
-Une fois assis, moi qui étais à l’ordinaire si bavard, je ne trouvai
-rien à dire. Je n’avais aucune idée, aucune volonté. Le silence ne me
-pesait pas. Un parfum de je ne sais quoi flottait dans l’air. Je
-regardai madame de Francheret. Elle rêvait, un bras relevé sur le
-dossier de la chaise longue. Je voyais les chairs pleines et ambrées par
-où le bras s’attache à la poitrine qui se soulevait lentement à chaque
-respiration. Sa bouche s’entr’ouvrait comme pour un sourire. Je ne
-pensais pas que je me trouvais à côté de la comtesse de Francheret.
-C’était une femme qui était là près de moi. Et nous étions seuls.
-
-Sans plus y réfléchir, je pris sa main et j’eus la hardiesse de la
-porter à mes lèvres. Elle me laissa faire.
-
---Que vous êtes jeune! dit-elle encore. C’est délicieux!
-
-Elle m’attira vers elle; je sentis l’odeur tiède de sa gorge, et ses
-deux bras se nouèrent autour de mon cou.
-
-Quand je sortis de sa chambre, une heure plus tard, j’étais un homme.
-
-La joie que j’aurais pu prendre dans les bras de madame de Francheret
-avait été gâtée par la peur de lui paraître novice. Un jeune homme
-craint le ridicule. N’eût-il pas été plus simple de lui dire: «Je ne
-sais rien, je me remets entre vos mains; soyez vraiment ma maîtresse.»
-Mais on ne gagne la simplicité que par des chemins longs et difficiles.
-Je pensais: «Elle s’est aperçue, sans doute, de mon inexpérience. En
-elle-même, elle se moque de moi; elle ne voudra plus me voir. Et
-moi-même, comment la regarderai-je?»
-
-Mais, en même temps, j’étais gonflé de joie. Je connaissais enfin la
-réalité de ce monde féminin dont le mystère m’avait longtemps troublé.
-Ma première impression, la plus forte, celle qui ne devait point
-s’évanouir, je la traduisis par ces mots de la Bible: «l’œuvre de
-chair.» J’avais participé à une œuvre de chair, cela et rien de plus.
-Pour un garçon qui avait vécu dans les livres et dans les plus
-romanesques enchantements, la nouveauté était grande. Je sentais aussi
-que l’incomplète joie de cette première rencontre serait transformée
-bientôt en un bonheur plus complet, qu’il y avait là un point de
-perfection à atteindre et j’étais bien décidé à y arriver au plus vite.
-
-Pas un instant, je n’eus l’idée que j’avais commis une infidélité envers
-Henriette. Henriette vivait sur un plan différent. Elle habitait le
-palais que mon imagination lui avait bâti. Madame de Francheret m’avait
-invité dans une demeure plus terrestre. Je ne songeais même pas à me
-demander si j’aimais mon initiatrice. Aimer, c’était penser tendrement à
-une personne, désirer la voir, lui parler, deviner les moindres nuances
-de ses sentiments, s’émouvoir à son seul souvenir. Un regard d’elle,
-c’était assez pour être heureux; se sentir maître de son âme, y régner
-sans partage, la félicité suprême.
-
-Avec madame de Francheret, présente ou absente, je ne ressentais aucune
-de ces émotions. Lorsque je pensais à elle, des images précises se
-levaient devant mes yeux, et quelles images! Je sentais avec trouble sa
-chair contre ma chair et le désir m’agitait de renouveler ces obscures
-et violentes sensations.
-
-Désormais je passai mes après-midi dans l’appartement de madame de
-Francheret. Je ne montais au tennis, un peu las, qu’à la fin de la
-journée. J’eus bientôt perdu la gêne des premiers jours. Déjà je me
-croyais naïvement un maître...
-
-La seule ombre à mon bonheur, où la chercher? Dans la trop grande
-facilité avec laquelle je l’avais gagné. J’étais assez sot pour ne pas
-estimer à son prix une victoire qui ne m’avait rien coûté. «Je suis
-l’amant, me disais-je, de cette femme charmante et qui appartient à la
-meilleure société, mais sans doute a-t-elle l’habitude de satisfaire ses
-moindres caprices. J’étais là; elle m’a pris. Moi absent, un autre l’eût
-possédée.»
-
-La manière d’être de madame de Francheret n’était pas faite pour me
-donner une trop haute idée de moi-même. Avec elle, on était toujours
-dans des rapports simples. Personne moins qu’elle ne prenait plaisir à
-jouer la comédie. Elle n’affecta aucun remords, aucune crainte; elle ne
-se crut pas obligée de chercher des excuses à ce que d’autres appellent
-leur faute; elle n’essaya pas de me faire croire qu’elle avait cédé à un
-sentiment irrésistible. Avec une aisance parfaite (seule, pensais-je,
-une grande dame--Balzac!--a cette inimitable liberté), elle m’invita à
-des jeux que j’ignorais et m’en apprit la douceur. Je dois avouer à ma
-décharge qu’une semaine ne se passa pas sans que je lui avouasse que
-j’étais arrivé neuf dans ses bras.
-
-Elle sourit.
-
---Croyez-vous que j’aie pu l’ignorer? dit-elle.
-
-Elle m’apprit bien d’autres choses encore, et surtout le prix du secret.
-Hors de sa chambre, elle fut avec moi comme avec un étranger, et je
-m’émerveillais de cette transformation qui paraissait ne lui rien
-coûter. Il n’y avait alors entre nous aucune familiarité, pas un mot
-équivoque, pas un regard trop appuyé. Je la voyais au restaurant ou au
-salon, le soir, causant avec ma mère, à son aise, libre, distante, et je
-ne pouvais m’imaginer que cette même femme je l’avais eue quelques
-heures auparavant nue entre mes bras et que je connaissais les parties
-les plus secrètes de son corps. Et je l’en admirai davantage.
-
-Nous vécûmes ainsi pendant deux semaines. Puis il fallut nous quitter.
-Le dernier jour où je la vis chez elle, je lui dis:
-
---Comment pourrai-je me passer de vous?
-
---Bien mieux que vous ne le croyez, me répondit-elle. Ce que je vous ai
-donné, d’autres vous l’offriront. Elles y mettront plus de façons sans
-doute et moins de franchise. J’ai été la première, vous ne m’oublierez
-pas. Peut-être nous reverrons-nous à Paris puisque vos études vous y
-appellent. Les choses ne seront pas là-bas ce qu’elles ont été ici. Il
-est des folies délicieuses qu’il faut savoir se refuser. Vous étiez en
-vacances, moi aussi. Maintenant la vie régulière reprend. Au moment de
-partir, vous donnerai-je un conseil? La différence de nos âges me le
-permet. Défendez-vous en amour des choses vulgaires qui ont vite fait de
-gâter les jeunes gens. Vous vous plairez toujours dans la société des
-femmes. Ne croyez pas, comme quelques-uns, qu’il faille être sincère
-avec elles. Il faut savoir leur mentir, ne serait-ce que pour les
-amuser. La plupart demandent à être trompées. Il est bon d’y mettre
-quelques manières. Voilà mon conseil. Et en voici un second: Ne croyez
-pas à l’irréparable. Il y a, cher ami, fort peu de choses
-irréparables...
-
-Elle ne m’en avait jamais tant dit. Ainsi me fit-elle participer à sa
-sagesse humaine au moment où nous nous séparions. Je quittai les eaux
-avec un beau sujet de méditation devant moi et les souvenirs tout
-proches d’un passé déjà plein de volupté.
-
-
-
-
-III
-
-
-J’eus le loisir d’y penser plus longuement que je ne l’aurais voulu. Au
-lieu de rentrer chez nous, nous allâmes passer quelques semaines au bord
-de la mer dans le sud de la Bretagne. Les médecins avaient ordonné ce
-repos à ma mère avant le retour au foyer.
-
-J’en fus moins affligé que je ne l’aurais cru. J’étais encore tout
-étonné de mon aventure et, malgré mon désir de revoir celle que j’aimais
-toujours, j’éprouvais le besoin de mettre un peu de temps entre le jour
-où j’avais quitté madame de Francheret et celui où je retrouverais
-Henriette. On se plaît à raconter dans les romans qu’une fois séparé
-d’une femme que l’on a aimée charnellement on découvre peu à peu qu’on
-lui est attaché par d’autres liens encore. Rien de semblable ne
-m’arriva. J’aimais Henriette et madame de Francheret m’avait attaqué là
-où Henriette n’avait jamais régné. Je savais un gré infini à madame de
-Francheret de m’avoir révélé la nature et l’agrément des rapports entre
-l’homme et la femme. Je n’oubliais pas les heures passées près d’elle,
-mais, par un phénomène bizarre, elle m’incitait à penser à Henriette et
-à voir celle-ci sous un jour nouveau. Grâce à madame de Francheret, mon
-amour pour Henriette quitta les sphères éthérées où il se mouvait et
-prit une forme sensuelle. C’était Henriette et non madame de Francheret
-que je tenais dans mes bras pendant mes rêves. C’était le corps frais et
-juvénile de mon amie que je pressais à l’heure où le désir suscitait
-devant moi des images voluptueuses.
-
-Je n’ai gardé de ces semaines aucun autre souvenir. Les gens qui
-m’entouraient étaient-ils vivants? Ils allaient et venaient autour de
-moi comme des ombres. Je faisais de longues promenades sur la plage à
-l’heure où le soleil couchant borde de nacre le sable humide au long de
-la mer. Des enfants jouaient, des jeunes femmes passaient vêtues de
-robes claires. Je ne les voyais pas, je ne voyais, bercée au jeu des
-vagues molles dont les crêtes d’argent s’irisaient dans les vapeurs du
-crépuscule, qu’Henriette, et quelle Henriette! non pas la fille que
-j’avais connue près de sa mère sous les ombrages de nos campagnes, mais
-une Vénus adolescente endormie au bord des flots.
-
-Nous nous écrivions. Que dire par lettre à une déesse? Je ne savais
-trouver le ton. J’étais grandiloquent et confus. En échange, je recevais
-quelques cartes postales, assez insignifiantes à la vérité. Henriette
-paraissait de triste humeur. Pourtant sa maison était pleine d’amis. Le
-cercle joyeux de l’an dernier s’était reformé. Seul, j’y manquais.
-
-Au début de septembre enfin, nous rentrâmes. A mesure que les heures
-s’approchaient où je devais revoir Henriette, je m’inquiétais. Je
-brûlais de devancer les jours, de courir à elle, de me jeter à ses
-genoux et, au même temps, une douloureuse appréhension me serrait le
-cœur. Je craignais de cette rencontre je ne sais quel heurt, quelle
-blessure insupportable. J’aurais voulu retarder encore une minute
-attendue avec tant de fièvre.
-
-Nous arrivâmes un matin. A la fin de l’après-midi, je me rendis chez nos
-voisins. De loin je vis madame Maure sous les tilleuls près de la
-vieille maison. Rien n’avait changé depuis un an. Henriette devait être
-à quelques pas de là. L’émotion de la sentir si près de moi me fit
-chanceler. Je m’arrêtai un instant, j’étais essoufflé moins par la
-rapidité de ma course que par la violence des sentiments qui se
-heurtaient en moi. Je compris pour la première fois et d’un seul
-coup--ainsi un éclair illumine dans la nuit les prés et les bois, et les
-montre au voyageur égaré--que le roman magnifique que j’avais vécu
-depuis l’automne passé s’était déroulé dans mon imagination, que je
-l’avais créé à moi seul, qu’Henriette en ignorait encore le premier
-mot... Un instant, je pensai à retourner sur mes pas, à différer une
-entrevue si hasardeuse. Mais j’eus honte à l’idée de reculer, je me
-repris et avançai vers madame Maure.
-
-Elle me fit l’accueil le plus aimable. Après s’être informée longuement
-de la santé de ma mère, elle me dit:
-
---Comme vous avez grandi, Philippe. Vous voilà un homme, maintenant. Et
-cette pointe de moustache! Qu’allez-vous faire?
-
-Je parlai de mes projets assez incertains. J’irais à Paris pour
-continuer mes études, à la Sorbonne sans doute et à l’Ecole de Droit,
-mais je ne désirais être ni professeur, ni avocat. D’autre part, nos
-terres n’étaient pas assez grandes pour absorber l’activité d’un jeune
-homme. En somme, je ne me voyais dans aucun cadre et ne pouvais dire ce
-que serait ma carrière. Cependant je pensais à Henriette,
-alternativement avec terreur et joie, à Henriette que je n’apercevais
-pas.
-
-La bonne dame d’elle-même me renseigna,
-
---Ma fille est avec sa cousine chez des voisins. Elles ne tarderont pas.
-Si elles avaient pensé vous voir aujourd’hui, elles seraient déjà là.
-
-Une demi-heure passa, j’entendis un bruit dans l’allée derrière moi.
-
-C’était Henriette et Gertrude, accompagnées par le polytechnicien de
-l’an dernier.
-
-Henriette me parut plus grande; elle restait mince, un peu maigre, mais
-le corsage de sa robe claire se gonflait légèrement et ses hanches se
-dessinaient plus pleines. Son visage n’avait pas changé, son teint hâlé
-par l’été faisait paraître les dents plus blanches et je retrouvais dans
-les yeux riants et doux le feu que j’aimais. Auprès d’elle, magnifique
-contraste, Gertrude était éblouissante de fraîcheur blonde. Elles
-étaient toutes deux vêtues de blanc; elles venaient heureuses et
-souriantes. Le printemps de ma vie s’avançait au devant de moi.
-
-Gertrude rougit en me voyant. L’accueil que me fit Henriette ne trahit
-aucun embarras. Elle ne me cacha pas le plaisir qu’elle avait à me
-revoir et me gronda gentiment de mon retard. Elle me demanda qui j’avais
-vu aux eaux et au bord de la mer. Rien de plus amical et de plus naturel
-que cette conversation, mais elle était si éloignée de celles que
-j’avais tenues avec la même Henriette dans mes promenades solitaires que
-j’en restai glacé. Je m’efforçais de découvrir dans ses propos un mot à
-double entente à moi seul destiné. Je ne le trouvai pas. Pourtant il me
-parut qu’à deux ou trois reprises son regard s’attachait à moi comme si
-elle y trouvait quelque chose de nouveau. Sur elle-même elle ne dit
-rien.
-
-Charles-Henri (le polytechnicien) se chargea de faire valoir les
-amusements de la saison. Rappelant des incidents que j’ignorais, il fit
-rire les filles en les évoquant et s’arrangea de façon que je me
-sentisse un étranger parmi eux. Cela me déplut.
-
-Lorsque je pris congé, Henriette et Gertrude décidèrent de
-m’accompagner. Mais Charles-Henri ne les laissa pas seules et, quand
-nous nous séparâmes à la lisière du petit bois de chênes, je n’avais pu
-échanger un mot avec Henriette sans témoins.
-
-Je ne fus pas plus heureux les jours suivants. Je vis Henriette, mais
-toujours entourée de sa cousine, de Charles-Henri, d’allants et de
-venants. Elle était le centre d’un cercle; tout se rapportait à elle.
-Charles-Henri ne la quittait pas plus que son ombre. Je ne fus pas
-longtemps avant de comprendre qu’il montait la garde auprès d’elle et
-qu’il ferait l’impossible pour m’empêcher de la joindre. Gertrude, sans
-dessein, j’imagine, le secondait. Elle semblait ne vivre que par
-Henriette, toujours à ses côtés, la main dans la main, le bras passé
-autour de la taille. Si elle était séparée de sa cousine, ses yeux
-restaient attachés sur Henriette. Vis-à-vis de moi, elle gardait une
-certaine réserve; elle s’effarouchait pour un rien et lorsqu’en
-plaisantant je voulus reprendre le thème de l’an passé, elle eut un
-mouvement de retraite.
-
-Malgré Charles-Henri, malgré Gertrude, je pensais arriver tout de même à
-Henriette, mais, à ma grande surprise, je fus amené à constater que
-c’était chez Henriette elle-même que je trouverais l’obstacle le plus
-difficile. Elle évitait tout aparté; elle apportait une attention
-toujours égale à ne pas se laisser isoler; et si, profitant d’un
-incident heureux, je réussissais à écarter ses deux gardiens, elle
-m’empêchait avec une incroyable habileté de choisir le thème de la
-conversation et, d’un mot, la ramenait à des banalités. Après une
-semaine ou deux de tentatives infructueuses, j’étais exaspéré.
-
-Tour à tour, j’imaginai ou qu’Henriette avait deviné que j’avais fait
-mon école d’homme et m’en voulait, qu’elle soupçonnait un danger à se
-lier avec moi et qu’instinctivement elle me fuyait, ou plus simplement,
-que je lui étais devenu indifférent.
-
-Suivant que j’adoptais l’un ou l’autre de ces partis, je décidais ou de
-m’imposer à elle ou de la fuir. Je déclarais alors que je ne la
-reverrais plus, que j’avais été victime de mon imagination, que je me
-trouvais en face d’une fille incapable d’éprouver les grands sentiments
-que je lui avais prêtés. Cette farouche résolution ne durait pas
-l’espace d’un matin. Il n’y eut pas de jour où je ne décidais de rompre;
-il n’y en eut pas un qui ne me vît près d’Henriette.
-
-Et cependant le temps coulait et bientôt octobre nous séparerait. J’eus
-l’idée, empruntée sans doute à mes lectures, d’essayer d’éveiller et de
-piquer sa jalousie. Je me mis à faire la cour à Gertrude; j’y déployais
-beaucoup d’application et, au bout de quelque temps, Gertrude parut y
-être sensible. Mais sa cousine veillait sur elle et, comme un jour,
-moitié plaisantant, moitié sérieux, j’adressais à Gertrude quelques
-propos tendres et lui baisais la main, Henriette intervint assez
-brusquement disant que les jeux permis naguère ne l’étaient plus
-aujourd’hui.
-
-Je fus surpris du ton vif sur lequel elle parla et qui était bien
-éloigné de celui que nous employions. Rentré chez moi et en y
-réfléchissant, il me parut que cette nouvelle attitude d’Henriette avait
-quelque chose de flatteur pour mon amour-propre.
-
-Le lendemain, je la trouvai de méchante humeur. Je cessai de flirter
-avec Gertrude, mais Henriette ne s’apaisa pas. «Peut-elle sérieusement
-m’en vouloir, me demandai-je, de ce qui n’est qu’un jeu?» Mais elle ne
-me laissa pas lui poser la question.
-
-Je devins irritable: elle me contredisait pour un rien.
-
-Nous échangions des propos aigres. Les jours qui fuyaient ajoutaient à
-mon énervement. Un jour, sur un mot un peu plus piquant de moi, elle eut
-soudain les yeux pleins de larmes. Bouleversé à cette vue, je me
-précipitai vers elle. Nous étions seuls, mais, à une douzaine de pas, sa
-mère brodait sous les tilleuls. Henriette me repoussa vivement et, sans
-me laisser le temps de m’excuser, rentra dans la maison.
-
-Pendant deux jours je ne la vis point. Lorsque nous nous retrouvâmes,
-elle ne paraissait pas se souvenir de cette scène pénible.
-
-La première semaine d’octobre commença. Les Maure partaient le 10. Le
-temps était d’une admirable douceur et la lune dans son second quartier
-permettait de prolonger encore les soirées sur la terrasse. Un jour, une
-amie de ma mère s’invita à dîner. Ma mère envoya un mot à madame Maure,
-pour lui demander de venir avec sa fille et sa nièce. Le soir, je fus
-surpris de voir arriver madame Maure et Henriette seules. Gertrude un
-peu souffrante s’était couchée. «Enfin, pensais-je, j’aurai
-l’explication attendue depuis si longtemps.» Mais après-dîner Henriette
-refusa de quitter le salon pour s’asseoir avec moi sur la terrasse. A la
-demande de ma mère elle fit de la musique, puis resta près des dames et
-je fus obligé de me mettre dans le cercle.
-
-J’étouffais de fureur. En moi-même j’avais déjà rompu avec Henriette, je
-ne reverrais de ma vie cette fille insensible. Qu’elle parte et le plus
-tôt possible! Cependant, je m’absorbais dans un silence farouche.
-
-Vers dix heures, nos visiteurs se levèrent. L’amie de ma mère offrit à
-madame Maure et à sa fille de les ramener dans son coupé. Madame Maure,
-fatiguée, accepta. Mais le vieux coupé, très étroit, n’avait que deux
-places et Henriette, par politesse, se crut obligée de dire:
-
---Nous allons vous gêner beaucoup, madame.
-
-Alors, par une décision subite inexplicable, je m’avançai, pris la main
-d’Henriette dans l’ombre et, la lui serrant fortement pour briser toute
-résistance, je dis à madame Maure:
-
---Je raccompagnerai Henriette par le bois. Nous arriverons presque
-aussitôt que vous.
-
-Henriette, stupéfiée par la pression de ma main, hésita avant de parler.
-
-Déjà madame Maure de la voiture me jetait:
-
---Si cela ne vous ennuie pas, il sera excellent pour elle de marcher un
-peu. Elle est si paresseuse.
-
-La voiture partit nous laissant seuls sur les marches du perron.
-
-Tout de suite, le long de l’allée qui menait au bois, nous fûmes dans
-l’ombre fraîche de la nuit.
-
-Nous ne parlions pas, nous allions côte à côte sans nous toucher. Le
-silence, à se prolonger, pesa sur nous comme une menace. Pour rien au
-monde, je ne l’aurais rompu. J’étais plein de colère. Il me semblait
-qu’Henriette me devait des excuses pour son inexplicable conduite depuis
-ma rentrée. Je marchais la tête droite, les yeux fixés devant moi.
-
-Henriette fut la première à ne pouvoir supporter l’hostilité silencieuse
-qui était entre nous. A un détour du chemin--nous avions déjà franchi la
-moitié de la distance qui séparait nos deux maisons--elle se tourna un
-peu vers moi pour m’interroger du regard. Je vis à la clarté de la lune
-ses yeux inquiets chercher les miens. Bouleversé par la supplication
-muette que je lus dans son regard, je glissai mon bras sous le sien. Le
-contact de ma main sur sa chair suffit à opérer un prodige. L’irritation
-qui nous avait dressés l’un contre l’autre fondit comme neige d’avril au
-soleil; des rapports naturels, confiants, heureux s’établissaient entre
-nous. Sans que nous eussions échangé une parole, je sentis qu’Henriette,
-gagnée, m’appartenait. Nous entrions dans le bois de chênes. Je la
-conduisis jusqu’au banc où cent fois nous nous étions assis au cours de
-nos promenades. Elle me suivit sans opposer l’ombre de résistance. Je
-m’assis près d’elle, je la pris dans mes bras, je me penchai sur son
-visage pâle, je vis ses yeux si beaux m’implorer, et sous la pression de
-mes lèvres sa bouche s’entrouvrit.
-
- * * * * *
-
-Nous eûmes une semaine entière pour épuiser notre bonheur. Henriette,
-transformée, montra la bravoure d’une femme. Elle n’essaya pas de cacher
-ses sentiments. Nous étions ensemble le jour durant. Je la voyais le
-matin, l’après-midi, le soir même. Elle inventait mille ruses pour se
-débarrasser de Charles-Henri qui n’était pas de force à lutter avec
-elle. Quant à Gertrude, elle en fit sa complice, et cela sans
-hésitation, sans se demander si sa cousine en souffrirait, sans se
-soucier d’être jugée par elle. Elles sortaient à deux. Dès qu’elles
-n’avaient retrouvé, Henriette s’éloignait avec moi, la priant de nous
-attendre. Parfois même, elle l’appelait en riant: Brangaine. Un jour
-devant Gertrude, elle risqua une caresse hardie. Celle-ci rougit, puis
-pâlit, mais se tut.
-
-Nous vivions ainsi comme en dehors du temps et de nous-mêmes. La date
-approchait qui l’emmènerait, elle, à Marseille, moi, à Paris. Nos jours
-étaient comptés, nous ne les comptions pas. Nous ne parlions, ni de la
-séparation, ni des moyens de nous retrouver. Jamais il n’y eut gens plus
-acharnés à se satisfaire du présent. Pas une minute, Henriette ne
-souffrit à l’idée qu’elle goûtait d’un fruit défendu. Elle m’aimait.
-Cherche-t-on des excuses à l’amour? A ses yeux, il n’était pas besoin de
-se justifier.
-
- * * * * *
-
-La séparation vint. Je vis Henriette disparaître en voiture au détour du
-chemin, n’essayant pas de cacher ses larmes.
-
-Je restai seul quelques jours encore. Je ne sentais pas mon isolement.
-Le prix de mon bonheur était-il diminué parce que je l’avais perdu?
-J’étais déjà enclin, sans que je pusse en analyser les motifs avec
-précision à considérer toutes choses par rapport au développement de mon
-individualité. Plus tard quand mes lectures s’étendirent, je me trouvai
-d’illustres frères dans la littérature européenne. A ce moment, ce
-sentiment en moi ne devait rien à l’imitation, j’aurai à en fournir une
-preuve bien prochaine. Ainsi la séparation me fut adoucie par la joie
-orgueilleuse de constater que j’étais capable d’éprouver une grande
-passion et aussi de la faire naître chez autrui. Je n’eus, du reste, pas
-la plus légère fatuité à voir que j’avais triomphé d’Henriette pas plus
-que je n’en avais ressenti à éprouver que madame de Francheret avait du
-goût pour moi. Une obscure, mais juste idée de la fatalité qui nous mène
-m’empêcha toujours de m’attribuer à mérite ce dont je n’étais redevable
-qu’à un sort heureux.
-
-. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
-
-Six mois après, j’étais alors un jeune étudiant mal débrouillé dans la
-vie de Paris, j’appris par une lettre de ma mère qu’Henriette se mariait
-avec un riche industriel de Marseille, gaillard à tout le poil, grand
-coureur de filles et de cabarets, six pieds de haut, le verbe fort.
-
-Je ne lus pas cette lettre sans un serrement de cœur. Henriette dans les
-bras d’un rustre! La vilaine image!
-
-Je m’efforçais à l’exemple des stoïciens dont les doctrines alors
-m’enchantaient, à raisonner, pour l’amortir, sur le coup reçu. «Je me
-suis trompé moi-même, me disais-je. Voilà une expérience salutaire à ton
-début dans la vie. Ne mets pas à l’avenir les femmes sur un plan trop
-élevé. Elles ne sont jamais qu’à mi-hauteur et plus près de la terre que
-du ciel.»
-
-Mais cette leçon de sagesse avait un arrière-goût d’amertume qui fut
-longtemps à s’effacer.
-
-
-
-
-Ce livre, A de l’alphabet des lettres achevé d’imprimer pour la Cité des
-Livres, le 15 octobre 1925, par Ducros et Colas, Maîtres-Imprimeurs à
-Paris, a été tiré à 440 exemplaires: 5 sur papier vélin à la cuve
-“héliotrope” des papeteries du Marais, numérotés de 1 à 5; 10
-exemplaires sur japon ancien à la forme, numérotés de 6 à 15; 25
-exemplaires sur japon impérial, numérotés de 16 à 40; 50 exemplaires sur
-vergé de Hollande, numérotés de 41 à 90; et 350 exemplaires sur vergé à
-la forme d’Arches, numérotés de 91 à 440. Il a été tiré en outre: 25
-exemplaires sur madagascar réservés à M. Édouard Champion, marqués
-alphabétiquement de A à Z et 30 exemplaires hors commerce sur papiers
-divers, numérotés de I à XXX.
-
-
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-
-<div style='display:block; margin-top:1em; margin-bottom:1em; margin-left:2em; text-indent:-2em'>Title: Adolescence</div>
-
-<div style='display:block; margin-top:1em; margin-bottom:1em; margin-left:2em; text-indent:-2em'>Author: Claude Anet</div>
-
-<div style='display:block; margin:1em 0'>Release Date: June 9, 2021 [eBook #65578]</div>
-
-<div style='display:block; margin:1em 0'>Language: French</div>
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-<div style='display:block; margin-left:2em; text-indent:-2em'>Produced by: Laurent Vogel (This file was produced from images generously made available by The Internet Archive/Canadian Libraries)</div>
-
-<div style='margin-top:2em; margin-bottom:4em'>*** START OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK ADOLESCENCE ***</div>
-<p class="c u">L’ALPHABET DES LETTRES</p>
-
-<h1>ADOLESCENCE</h1>
-
-<p class="c">PAR<br />
-<span class="large">CLAUDE ANET</span></p>
-
-<p class="c huge">A</p>
-
-<p class="c gap">PARIS. A LA CITÉ DES LIVRES</p>
-
-<div class="break"></div>
-
-<p class="c top4em" lang="en" xml:lang="en">Copyright by Claude Anet, 1925</p>
-
-<div class="chapter"></div>
-
-<h2 class="nobreak">I</h2>
-
-
-<div class="dots"><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.
-</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.
-</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b></div>
-<p>J’ai été un adolescent précoce et timide.
-A l’heure où je goûtais les Géorgiques
-et où Virgile, avant Lucrèce, donnait
-une forme antique aux émotions confuses
-qu’éveillait en moi le spectacle de la nature,
-je sentis les premières fièvres d’un sang
-tumultueux. Je ne courais pas après une
-jeune paysanne, mais je poursuivais Galatée
-sous les saules. Elle fuyait et me
-laissait déçu. Plus heureux lorsque je rêvais,
-je serrais une nymphe dans mes bras et
-mêlais mes membres maladroits aux siens.
-J’étais élevé à la campagne, sans camarades.
-Le moindre lycéen aurait pris en pitié mon
-inexpérience. Sain et fort jusqu’à l’excès,
-je courais, je nageais, je montais à cheval ;
-je me fatiguais sans arriver à calmer l’ardeur
-qui me dévorait.</p>
-
-<p>Ma mère vivait fort retirée dans sa propriété.
-Elle ne voyait plus guère que des
-amies de son âge qui ne faisaient pas grande
-attention à moi, ni moi à elles. Parfois arrivait
-de Paris une femme jeune, élégante,
-parée. Que de désirs elle excitait en ce
-grand garçon qui restait muet sur sa chaise
-dans un coin ! Elle causait avec ma mère et
-cependant, à distance, sans l’écouter, je prenais
-possession d’elle. Je la dépouillais de
-ses vêtements, je l’étendais nue sur un
-divan, je m’agenouillais près d’elle, nos vies
-se confondaient.</p>
-
-<p>Mais lorsqu’à son départ je l’accompagnais
-jusqu’à sa voiture, je ne savais que lui
-dire. La robe dont elle était vêtue la séparait
-de moi comme une armure magique sur
-laquelle on ne peut porter la main sans
-tomber foudroyé. Comment imaginer que je
-pourrais la lui enlever ? Comment croire que
-cette personne, amie de ma mère, je la verrais
-en chemise et en pantalon, que j’entourerais
-sa taille de mon bras, que ma main inexperte
-s’approcherait d’un sein délicatement
-fleuri ? Elle m’adressait la parole. Gêné même
-dans mes regards, je me détournais ne sachant
-que répondre. J’avais quatorze ans…</p>
-
-<p>Je me souviens avec terreur de cette
-époque où la sève montait en moi avec tant
-de violence que j’en étais ébranlé. Je luttais,
-j’essayais de me dominer sans y parvenir et
-ce combat contre nature me laissait irritable,
-abattu, dégoûté de tout.</p>
-
-<p>Ma mère, si attentive aux moindres variations
-de ma santé, ne se doutait pas de
-la crise que je traversais. Elle se faisait
-mille soucis à mon sujet. Le moindre coup
-de froid l’alarmait : au plus léger mal de
-tête, elle voulait mander le médecin.
-Qu’étaient une migraine ou un rhume auprès
-de la tempête qui me secouait ?</p>
-
-<p>Il aurait fallu qu’une femme me prît par
-la main… Aucune d’elles ne fit attention à
-ce garçon poussé trop tôt, gauche d’allure,
-à la voix changeante.</p>
-
-<p>Avec les jeunes filles, je ne ressentais pas
-les mêmes troubles. Auprès d’elles, j’étais
-libre, empressé, ardent à plaire. La sensualité
-qui me tourmentait dans mes heures de
-solitude me laissait la paix lorsque j’étais
-en leur compagnie. Pourtant nous échangions
-avec mes amies des caresses charmantes ;
-c’étaient des serrements de mains,
-un bras passé sous un autre, parfois des
-baisers dérobés, mais surtout mille paroles
-tendres, une sympathie entière, un mouvement
-vif de l’âme à l’âme. Je garde un souvenir
-délicieux de ces heures innocentes,
-fraîcheur d’un bain pur après de lourdes
-fièvres.</p>
-
-<p>Les jeunes filles, je les voyais surtout
-dans la belle saison, car nous habitions un
-pays assez âpre en hiver, mais où l’été
-amenait des visiteurs. Les maisons du voisinage
-s’ouvraient ; c’était soudain un bruit
-bien inattendu de fête.</p>
-
-<p>Ma mère qui aimait la solitude avait
-pourtant gardé ses relations, moins pour
-elle que pour moi. Ma mémoire des dates
-est incertaine, je sais pourtant que je
-préparais la première partie de mon baccalauréat
-lorsque nous apprîmes que la propriété
-la plus voisine de la nôtre, inhabitée
-depuis longtemps, avait été achetée par
-des étrangers. Les étrangers, c’étaient pour
-nous des gens d’une autre province. Ceux-ci
-venaient du Midi et s’appelaient Maure.
-Je leur rêvais tout aussitôt une ascendance
-sarrasine. Grand émoi dans le pays, car on
-gardait chez nous une méfiance un peu
-paysanne envers les inconnus. Qu’étaient
-ces Maure ? Les verrait-on ? On sut bientôt
-que M. Maure était avocat et qu’il ne passerait
-jamais beaucoup de temps aux
-Ormeaux qu’il avait acquis. L’été venu, il
-y installa sa femme et ses enfants et repartit.</p>
-
-<p>Peu de temps après, madame Maure fit
-une visite à ma mère. Nous étions tous
-deux à causer devant la maison sous les
-lauriers roses et les orangers, lorsque madame
-Maure et sa fille aînée arrivèrent.</p>
-
-<p>Madame Maure était une femme d’une
-quarantaine d’années, assez forte, assez
-commune, mais bonne et simple. Telle je
-la jugeais au premier jour, telle elle fut
-lorsque je la connus davantage. Comme on
-voit, elle ne trompait pas son monde et se
-livrait tout de suite. C’était une personne
-sans arrière-pensée, sans calculs, qui évitait
-de compliquer une vie prise tout entière
-par son mari, par ses enfants, par les soins
-du ménage. Derrière elle, sa fille… Par
-quel miracle apercevons-nous au premier
-coup d’œil jeté sur un être dont la vie va se
-mêler, ne serait-ce qu’un instant, à la nôtre,
-tout ce à quoi nous donnons du prix ? Au
-moment même où mademoiselle Maure
-apparaissait sur la première des marches
-qui descendaient du salon à la terrasse,
-je savais déjà qu’elle était dans sa taille
-moyenne parfaitement proportionnée, que
-les membres s’attachaient souples au corps,
-que les pieds étaient étroits, les mains
-allongées, les poignets fins, la tête petite,
-les dents éblouissantes et les yeux noirs,
-riants et les plus doux du monde.</p>
-
-<p>Henriette Maure avait seize ans — mon
-âge — jeune fille déjà, alors que je restais
-un adolescent mal dégrossi. Elle était aimable
-et bonne, pareille en cela à sa mère.
-En elle, rien que de naturel et de simple,
-même sa coquetterie qui paraissait involontaire
-et qui l’était, en effet. Il semblerait
-qu’à vivre dans l’intimité de cette
-charmante jeune fille — car nous fûmes
-intimes dès le premier jour — j’aurais dû
-m’éprendre d’elle et que des sentiments si
-forts et si longtemps sans objet allaient
-enfin trouver à qui s’adresser. Mais non,
-Henriette n’était pour moi qu’une amie, la
-plus tendre des amies, et dans mes rêves
-passionnés, ce n’est pas elle qui apparaissait.</p>
-
-<p>La propriété des Maure jouxtait la
-nôtre ; d’une maison à l’autre à peine dix
-minutes de chemin. Le sentier qui y conduisait
-longeait d’abord un champ, puis
-traversait un petit bois de chênes où coulait
-la rivière qui séparait nos terres. Je franchissais
-le pont et j’étais chez nos voisins.
-La maison était ancienne et sans prétention.
-Aux heures chaudes je trouvais madame
-Maure sous les tilleuls de la cour.
-Un ouvrage à la main, elle surveillait les
-plus jeunes enfants. Elle me gardait un
-instant près d’elle, s’informant de la santé
-de ma mère, des gens du pays. Puis elle
-me disait :</p>
-
-<p>— Je vous ai assez retenu, Philippe,
-allez vers la jeunesse. Elle est là-bas.</p>
-
-<p>Là-bas, c’était un bosquet où les bouleaux
-au tronc blanc mariaient la grâce
-flexible de leurs branches aux masses
-lourdes des sapins. J’y retrouvais Henriette,
-avec quelques cousines ou amies de son
-âge qui passaient l’été chez les Maure. Et
-des jeunes gens étaient là. De quoi parlions-nous ?
-De ce qui occupe les pensées
-des adolescents. Nos propos étaient parfois
-d’une singulière hardiesse, mais comme
-pour la pure Iphigénie « l’innocence habitait
-dans nos cœurs ». C’était une cour
-d’amour platonique et sans expérience. Des
-couples se formaient. Un de nos voisins,
-un garçon de dix-neuf ans qui préparait
-l’Ecole polytechnique dans un lycée de
-Paris, au visage pâle et âpre, était épris
-d’Henriette qui se moquait de lui.</p>
-
-<p>Pour moi, je ne la quittais guère. Elle
-m’avait élu son ami. Et de l’ami elle faisait
-un confident, me contraignant à un rôle
-que, certes, je n’aurais pas choisi. Mais,
-par une singulière contradiction, j’entrais
-comme de moi-même dans le caractère
-qu’elle me prêtait et je l’outrais. J’affectais
-d’être supérieur aux faiblesses du cœur ; je
-feignais de croire et je croyais, en effet,
-que l’amitié est au-dessus de l’amour, d’essence
-plus rare ; et qu’entre deux êtres tels
-que nous, seule elle peut porter d’abondantes
-moissons. Ainsi je me trompais
-moi-même.</p>
-
-<p>Cependant l’admiration que je ressentais
-pour elle avait quelque peine à se concilier
-avec l’amitié, et si j’avais été plus clairvoyant
-j’aurais compris que c’était de bien
-autre chose qu’il s’agissait. Je lui faisais
-mille compliments, je lui disais ce que
-j’aimais en elle, je lui prenais les mains…
-Et je n’avais pas envie de la presser sur
-mon cœur et de poser mes lèvres sur sa
-bouche souriante !</p>
-
-<p>Bien mieux, de son consentement, avec
-son appui et sa complicité, je faisais la cour
-à une de ses cousines, ravissante fille aux
-cheveux d’or, au teint plus délicat que la
-fleur du pêcher. Gertrude était timide et
-rêveuse, Henriette vive et décidée. Lorsque
-nous étions tous trois ensemble, Henriette
-parlait pour nous deux, elle taquinait vivement
-sa cousine à mon sujet, la menaçant
-de me dire ce que Gertrude n’osait
-m’avouer elle-même. Gertrude rougissait et
-levait sur Henriette ses beaux yeux suppliants.</p>
-
-<p>Une fois, à la fin du jour, nous étions
-assis sur la mousse au pied d’un sapin,
-Henriette m’assura que les cheveux dénoués
-de sa cousine étaient admirables.</p>
-
-<p>— Que ne la voyez-vous, disait-elle,
-lorsqu’elle s’agenouille pour sa prière le
-soir en chemise de nuit ?</p>
-
-<p>— Mais, Henriette… soupirait Gertrude.</p>
-
-<p>— Ses cheveux tombent alors jusque sur
-ses jambes. Elle est baignée de lumière…
-Il faut que Philippe les voie, ajouta-t-elle
-vivement et, d’un geste rapide, elle enleva
-les deux épingles qui soutenaient la masse
-lourde des cheveux.</p>
-
-<p>Ils s’écroulèrent. Malgré les protestations
-de Gertrude, Henriette voulut que je
-les touchasse. J’y plongeai mes deux mains.
-Je sentis leurs mille caresses subtiles à
-fleur de peau.</p>
-
-<p>Gertrude maintenant restait immobile,
-comme engourdie.</p>
-
-<p>— Mais, Philippe, embrassez-la, dit Henriette,
-je ne vous regarde pas.</p>
-
-<p>Je me penchai vers la jeune fille, cherchant
-sa bouche. Elle détourna la tête et
-mes lèvres ne rencontrèrent que sa joue
-rougissante.</p>
-
-<p>Telle était l’atmosphère dans laquelle
-nous vivions.</p>
-
-<p>L’automne arriva trop vite. Une à une
-les maisons du voisinage se fermèrent et
-les Maure annoncèrent leur départ. Gertrude
-et sa mère les devançaient de quelques
-jours. Henriette, feignant de s’attendrir
-sur le malheur de notre séparation, nous
-ménagea une dernière entrevue. C’était dans
-une partie du bois assez écartée où nous
-aimions à nous réfugier. J’y trouvai Gertrude
-seule, hésitante, voulant fuir. Je la retins, je
-la rassurai, je lui demandai si elle m’oublierait
-vite, s’il y avait pour moi une place dans
-son cœur, quel souvenir elle garderait des
-jours que nous avions vécus ensemble.</p>
-
-<p>Par un dédoublement curieux, je m’aperçus,
-en ce moment où d’autres préoccupations
-semblaient devoir m’absorber,
-que ma voix prenait pour prononcer ces
-mots une douceur persuasive et touchante
-que je ne lui connaissais pas, une qualité
-musicale qui m’émut moi-même. Et je
-parlais autant pour me plaire que pour
-gagner le cœur de Gertrude.</p>
-
-<p>Celle-ci ne fut pas insensible à l’accent
-de la mélodie que je lui murmurai et je
-vis bientôt l’effet produit moins par mes
-paroles que par le ton sur lequel elles
-étaient dites. Elle me serra les mains, ses
-yeux s’emplirent de larmes, elle pencha
-la tête sur mon épaule.</p>
-
-<p>Je couvris de baisers sa figure humide
-de pleurs. Je trouvai du charme à ces
-baisers, mais, faut-il l’avouer ? ces caresses
-échangées m’émurent à peine. Ma curiosité
-y était plus intéressée que mes sens. Et
-mon cœur restait de glace…</p>
-
-<p>Deux jours plus tard, j’allai chercher
-Henriette pour une dernière promenade.
-Elle partait le lendemain. Par un besoin
-de secrète harmonie, nous choisîmes non
-pas les bois où souvent avaient retenti les
-éclats de rire de notre bande folle, mais
-une plaine dénudée au pied d’une colline
-et qui avait été longtemps un marécage.
-Aujourd’hui des fossés la traversant en
-drainaient les eaux. Elle était nue et triste,
-quelques touffes de ronces épineuses seules
-y poussaient. Le ciel gris, bas, plein des
-brumes de l’automne, s’appuyait sur le fin
-clocher d’une église au sommet du coteau.
-Dans les champs on brûlait les feuilles et
-les tiges des pommes de terre. Les fumées
-traînaient et ne s’élevaient qu’avec peine.
-Longtemps nous marchâmes sans parler.
-Enfin Henriette rompit le silence.</p>
-
-<p>— Dire que je regretterai même cette
-pauvre plaine lorsque je serai à la ville.
-Je vous envie de rester ici.</p>
-
-<p>Je ne répondis pas. Je venais de comprendre
-que rien dans ce pays que j’aimais
-tant n’aurait plus de charme pour moi du
-jour où Henriette l’aurait quitté. La surprise
-de ce sentiment nouveau, la pensée de
-l’isolement où le départ d’Henriette me
-laisserait me serrèrent le cœur au point
-que je fus obligé de m’arrêter.</p>
-
-<p>Elle s’arrêta aussi et me regarda. Que
-lut-elle dans mes yeux ? Il me parut qu’elle
-pâlissait. Elle se mordit la lèvre, puis, avec
-un mouvement d’épaules que je ne sus
-comment interpréter, elle dit :</p>
-
-<p>— Il faut rentrer.</p>
-
-<p>Le lendemain elle partit, me laissant
-désespéré et fou de joie. J’aimais !</p>
-
-<p>L’ivresse d’un premier amour suffit à
-remplir une âme moins enflammée que ne
-l’était la mienne. Le monde transformé
-s’éclaira à mes yeux d’une lumière inconnue ;
-je sentis s’agiter en moi la force qui anime
-la nature ; je fus enfin une parcelle vivante
-de l’antique et toujours jeune univers. Mes
-livres participèrent de cet enchantement.
-Je les avais lus avec les yeux de l’esprit ;
-ma sensibilité cette fois-ci s’émut. Les
-romans me racontèrent mon histoire ; les
-livres de science eux-mêmes me parlaient
-un langage que je comprenais pour la
-première fois. C’est alors que mon professeur
-me mit entre les mains l’<i>Origine
-des espèces</i> de Darwin et je n’oublie pas
-l’émotion que j’en éprouvai. Je crus voir
-s’ouvrir devant moi les portes longtemps
-fermées du temple. Les secrets m’étaient
-révélés de la vie qui palpite, identique en
-tous les êtres. Et, au même moment, je
-découvrais que l’amour seul vaut de vivre
-et qu’il serait désormais mon maître. Mais
-sa tyrannie, sous laquelle tant d’âmes
-faibles succombent, ne m’effrayait pas. Elle
-me donnait, au contraire, un désir plus fort
-d’agir ; je voulais maintenant exceller en
-mille choses ; j’entendais dominer. Je me
-jetai dans l’étude, non pas tant par le
-désir d’apprendre et de m’enrichir ainsi
-que pour me prouver à moi-même ma puissance.
-Au collège où je venais d’entrer,
-j’obtins cet hiver-là de mémorables succès.
-Mon professeur s’étonnait de mon ardeur
-et me prédisait un succès certain au baccalauréat
-qui, à la fin de l’année, terminerait
-mes études secondaires.</p>
-
-<p>Mais Henriette ?… Chose étrange, j’étais
-exalté à ce point que je ne souffrais pas
-de son absence. Ne lui devais-je pas la
-magique transformation que j’avais subie ?
-Sans doute, je désirais la revoir ; je lui
-parlais comme si elle avait été présente ;
-son souvenir ennoblissait chaque heure
-de ma vie. Mais je me créais de si merveilleux
-bonheurs qu’à la lettre je n’avais pas
-le temps de pleurer sur notre séparation.
-L’image que je me faisais de mon amie
-était si parfaite que peut-être l’Henriette
-réelle, si elle m’était apparue soudain, n’aurait
-pas rempli exactement la place et le
-rôle que je réservais à l’Henriette de mes
-rêves.</p>
-
-<p>Nous nous écrivions. Mais comment
-traduire mes sentiments dans des lettres
-qui pouvaient être lues par d’autres ? Comment
-lui écrire ce que je ne lui avais pas
-dit lorsqu’elle était près de moi ? Ses lettres
-étaient, il faut l’avouer, décevantes, tant ce
-qu’elles exprimaient était éloigné du langage
-que je lui prêtais dans ma solitude.</p>
-
-<p>Par ailleurs, je ne souffrais plus autant
-du malaise mystérieux et redoutable qui
-m’avait si cruellement accablé depuis deux
-ans, comme si la fraîcheur de mon amour
-avait fait disparaître les fièvres malignes
-de la puberté.</p>
-
-<p>L’hiver, le printemps passèrent ; je ne
-comptais pas les jours qui me séparaient
-d’Henriette, je vivais avec elle sous la lampe
-près du poële, dans les champs durcis par
-le froid ou sous les vertes frondaisons. L’été
-la ramènerait près de moi…</p>
-
-<p>Vers le début de juin ma mère tomba
-malade ; elle fut longtemps retenue à la
-chambre. Elle y était encore lorsque je
-partis pour passer mes examens à l’Université
-voisine. Lorsque j’en revins, elle
-sortait de convalescence et les médecins
-l’envoyaient aux eaux. Elle était encore
-trop faible pour que je pusse songer à l’y
-laisser aller seule.</p>
-
-<p>Lorsqu’elle me l’apprit, elle pensait que
-la nouvelle de ce déplacement me serait
-agréable et qu’il me plairait de quitter,
-presque pour la première fois, nos campagnes.</p>
-
-<p>Mais je ne songeais qu’à Henriette. Ses
-yeux riants ne rencontreraient pas les miens
-lorsqu’elle arriverait dans le pays ! Je lui
-envoyai une lettre désolée, la plus explicite
-de toutes celles que je lui avais écrites.
-J’annonçai mon retour pour le mois d’août,
-je la suppliai de ne pas m’en vouloir…</p>
-
-<div class="chapter"></div>
-
-<h2 class="nobreak">II</h2>
-
-
-<p>Aux eaux la nouveauté du spectacle
-me fut une distraction. Pourtant je
-ne voulais pas me l’avouer. Lorsque
-j’étais avec ma mère, je ne cessais de
-regretter le confort, le calme délicieux de
-notre demeure, de me plaindre de l’impossibilité
-d’être seuls dans le va-et-vient du
-grand hôtel où nous habitions. Cependant
-je trouvais un charme singulier à ce coudoiement
-de tant de personnes inconnues,
-à ces rapides coups d’œil échangés avec des
-étrangers, à la vie en commun qui mêlait
-nos plaisirs et nos occupations, aux repas
-au restaurant, à la danse, le soir. J’avais
-déclaré vouloir vivre en sauvage. Je n’étais
-pas à X… depuis quarante-huit heures
-que je jouais au <span lang="en" xml:lang="en">lawn-tennis</span>, que j’étais de
-toutes les parties, que je dansais chaque
-nuit. Je faisais tout avec fièvre comme si
-j’eusse voulu m’étourdir et oublier. Quoi ?</p>
-
-<p>Je remarquai dès le premier jour une
-jeune femme qui mangeait à une table
-voisine de la nôtre. Ses yeux étaient sombres
-et elle semblait désireuse d’en voiler l’éclat
-en tenant ses paupières à moitié baissées.
-Elle me parut avoir une trentaine d’années.
-Ma mère lui en donnait plus généreusement
-quarante. Dans son visage pâle d’un ovale
-allongé ses lèvres plus rouges que celles
-des femmes que nous avions l’habitude de
-voir attiraient mes regards. J’eus la curiosité
-de chercher à connaître son nom. Elle
-s’appelait la comtesse de Francheret. J’avais
-lu ce nom dans les journaux mondains de
-Paris. A X… madame de Francheret ne
-faisait partie d’aucune des coteries où se
-groupaient les baigneurs. Ses manières,
-sa distinction, la solitude où elle vivait, le
-prestige aussi de la classe sociale à laquelle
-elle appartenait, voilà des motifs d’intérêt
-pour un jeune provincial jamais sorti de
-chez lui. Je me mis donc à l’observer, peut-être
-avec un peu trop d’insistance. Voulut-elle
-me faire sentir que je manquais aux
-convenances ? Deux ou trois fois, elle fixa
-sur moi un regard qui semblait me pénétrer.
-L’après-midi, elle venait près du cours de
-tennis où je jouais. Les spectateurs étaient
-nombreux qui suivaient nos parties. Elle
-se tenait à l’écart. Pourtant il était rare,
-lorsque je levais les yeux sur elle que je
-ne surprisse pas les siens dirigés vers moi.</p>
-
-<p>Quelques jours passèrent ainsi. J’aurais
-voulu me rapprocher d’elle, lui parler, mais
-je ne savais comment m’y prendre. Le
-hasard vint à mon secours.</p>
-
-<p>Une fin d’après-midi, comme je descendais
-du tennis pour aller à la douche, je
-dépassai madame de Francheret. Une
-écharpe avec laquelle elle jouait glissa sur
-le chemin. Je la ramassai et la lui tendis.</p>
-
-<p>Elle me remercia, et simplement, comme
-si nous nous connaissions depuis longtemps,
-nous continuâmes à causer. La
-nouveauté de la situation eût pu m’embarrasser.
-Comme je ne pensais pas à moi et
-au personnage que j’avais à jouer, mais à
-elle, je fus simple et ne ressentis aucun
-embarras. Sa voix avait une certaine gravité
-qui me plut.</p>
-
-<p>Les jours suivants nous nous rencontrâmes
-encore. Elle paraissait écouter sans
-ennui ce que je racontais de moi-même et
-de notre vie provinciale, de mes plans
-incertains et magnifiques d’avenir. Elle
-parlait peu, mais ses paroles, lorsqu’on y
-réfléchissait, prenaient un sens plus profond
-que celui qu’elles présentaient tout d’abord.
-Elle ne causait ni de littérature, ni d’art,
-mais elle semblait connaître les gens et les
-choses mieux et plus réellement qu’il n’est
-accoutumé. Enfin son regard, dont elle
-était ménagère, ajoutait du poids à ses
-paroles.</p>
-
-<p>— Que vous êtes jeune ! disait-elle
-souvent.</p>
-
-<p>Nous ne nous voyions jamais que dans
-les jardins et, le soir, au salon, où elle
-s’asseyait près de ma mère.</p>
-
-<p>Un jour, après déjeuner, je me rendis
-pour la première fois chez elle. Elle était
-un peu souffrante et m’avait fait demander
-un livre. Elle occupait, sur la cour d’entrée
-célèbre par ses arbres centenaires, un appartement
-composé d’un salon minuscule
-et d’une chambre. Je la trouvai couchée
-sur une chaise longue, vêtue d’un blanc
-peignoir de dentelles. Les ormeaux jetaient
-leur ombre entre les persiennes à moitié
-closes ; on entendait le bruit confus des
-conversations des baigneurs à quelques
-pieds au-dessous de nous.</p>
-
-<p>— Asseyez-vous là, me dit-elle, montrant
-un fauteuil à côté d’elle.</p>
-
-<p>Une fois assis, moi qui étais à l’ordinaire
-si bavard, je ne trouvai rien à dire.
-Je n’avais aucune idée, aucune volonté. Le
-silence ne me pesait pas. Un parfum de je
-ne sais quoi flottait dans l’air. Je regardai
-madame de Francheret. Elle rêvait, un bras
-relevé sur le dossier de la chaise longue.
-Je voyais les chairs pleines et ambrées
-par où le bras s’attache à la poitrine qui
-se soulevait lentement à chaque respiration.
-Sa bouche s’entr’ouvrait comme pour
-un sourire. Je ne pensais pas que je me
-trouvais à côté de la comtesse de Francheret.
-C’était une femme qui était là près
-de moi. Et nous étions seuls.</p>
-
-<p>Sans plus y réfléchir, je pris sa main et
-j’eus la hardiesse de la porter à mes lèvres.
-Elle me laissa faire.</p>
-
-<p>— Que vous êtes jeune ! dit-elle encore.
-C’est délicieux !</p>
-
-<p>Elle m’attira vers elle ; je sentis l’odeur
-tiède de sa gorge, et ses deux bras se
-nouèrent autour de mon cou.</p>
-
-<p>Quand je sortis de sa chambre, une
-heure plus tard, j’étais un homme.</p>
-
-<p>La joie que j’aurais pu prendre dans
-les bras de madame de Francheret avait
-été gâtée par la peur de lui paraître novice.
-Un jeune homme craint le ridicule. N’eût-il
-pas été plus simple de lui dire : « Je ne
-sais rien, je me remets entre vos mains ;
-soyez vraiment ma maîtresse. » Mais on
-ne gagne la simplicité que par des chemins
-longs et difficiles. Je pensais : « Elle s’est
-aperçue, sans doute, de mon inexpérience.
-En elle-même, elle se moque de moi ; elle
-ne voudra plus me voir. Et moi-même,
-comment la regarderai-je ? »</p>
-
-<p>Mais, en même temps, j’étais gonflé de
-joie. Je connaissais enfin la réalité de ce
-monde féminin dont le mystère m’avait
-longtemps troublé. Ma première impression,
-la plus forte, celle qui ne devait point
-s’évanouir, je la traduisis par ces mots de
-la Bible : « l’œuvre de chair. » J’avais participé
-à une œuvre de chair, cela et rien de
-plus. Pour un garçon qui avait vécu dans
-les livres et dans les plus romanesques
-enchantements, la nouveauté était grande.
-Je sentais aussi que l’incomplète joie de
-cette première rencontre serait transformée
-bientôt en un bonheur plus complet, qu’il
-y avait là un point de perfection à atteindre
-et j’étais bien décidé à y arriver au plus
-vite.</p>
-
-<p>Pas un instant, je n’eus l’idée que j’avais
-commis une infidélité envers Henriette.
-Henriette vivait sur un plan différent. Elle
-habitait le palais que mon imagination lui
-avait bâti. Madame de Francheret m’avait
-invité dans une demeure plus terrestre. Je
-ne songeais même pas à me demander si
-j’aimais mon initiatrice. Aimer, c’était penser
-tendrement à une personne, désirer la voir,
-lui parler, deviner les moindres nuances
-de ses sentiments, s’émouvoir à son seul
-souvenir. Un regard d’elle, c’était assez
-pour être heureux ; se sentir maître de son
-âme, y régner sans partage, la félicité
-suprême.</p>
-
-<p>Avec madame de Francheret, présente
-ou absente, je ne ressentais aucune de ces
-émotions. Lorsque je pensais à elle, des
-images précises se levaient devant mes
-yeux, et quelles images ! Je sentais avec
-trouble sa chair contre ma chair et le désir
-m’agitait de renouveler ces obscures et
-violentes sensations.</p>
-
-<p>Désormais je passai mes après-midi
-dans l’appartement de madame de Francheret.
-Je ne montais au tennis, un peu
-las, qu’à la fin de la journée. J’eus bientôt
-perdu la gêne des premiers jours. Déjà je
-me croyais naïvement un maître…</p>
-
-<p>La seule ombre à mon bonheur, où la
-chercher ? Dans la trop grande facilité avec
-laquelle je l’avais gagné. J’étais assez sot
-pour ne pas estimer à son prix une victoire
-qui ne m’avait rien coûté. « Je suis l’amant,
-me disais-je, de cette femme charmante et
-qui appartient à la meilleure société, mais
-sans doute a-t-elle l’habitude de satisfaire
-ses moindres caprices. J’étais là ; elle m’a
-pris. Moi absent, un autre l’eût possédée. »</p>
-
-<p>La manière d’être de madame de Francheret
-n’était pas faite pour me donner
-une trop haute idée de moi-même. Avec
-elle, on était toujours dans des rapports
-simples. Personne moins qu’elle ne prenait
-plaisir à jouer la comédie. Elle n’affecta
-aucun remords, aucune crainte ; elle ne se
-crut pas obligée de chercher des excuses
-à ce que d’autres appellent leur faute ; elle
-n’essaya pas de me faire croire qu’elle
-avait cédé à un sentiment irrésistible. Avec
-une aisance parfaite (seule, pensais-je, une
-grande dame — Balzac ! — a cette inimitable
-liberté), elle m’invita à des jeux que
-j’ignorais et m’en apprit la douceur. Je dois
-avouer à ma décharge qu’une semaine ne
-se passa pas sans que je lui avouasse que
-j’étais arrivé neuf dans ses bras.</p>
-
-<p>Elle sourit.</p>
-
-<p>— Croyez-vous que j’aie pu l’ignorer ?
-dit-elle.</p>
-
-<p>Elle m’apprit bien d’autres choses encore,
-et surtout le prix du secret. Hors de
-sa chambre, elle fut avec moi comme avec
-un étranger, et je m’émerveillais de cette
-transformation qui paraissait ne lui rien
-coûter. Il n’y avait alors entre nous aucune
-familiarité, pas un mot équivoque, pas un
-regard trop appuyé. Je la voyais au restaurant
-ou au salon, le soir, causant avec ma
-mère, à son aise, libre, distante, et je ne
-pouvais m’imaginer que cette même femme
-je l’avais eue quelques heures auparavant
-nue entre mes bras et que je connaissais
-les parties les plus secrètes de son corps.
-Et je l’en admirai davantage.</p>
-
-<p>Nous vécûmes ainsi pendant deux semaines.
-Puis il fallut nous quitter. Le dernier
-jour où je la vis chez elle, je lui dis :</p>
-
-<p>— Comment pourrai-je me passer de
-vous ?</p>
-
-<p>— Bien mieux que vous ne le croyez,
-me répondit-elle. Ce que je vous ai donné,
-d’autres vous l’offriront. Elles y mettront
-plus de façons sans doute et moins de
-franchise. J’ai été la première, vous ne
-m’oublierez pas. Peut-être nous reverrons-nous
-à Paris puisque vos études vous y
-appellent. Les choses ne seront pas là-bas
-ce qu’elles ont été ici. Il est des folies
-délicieuses qu’il faut savoir se refuser.
-Vous étiez en vacances, moi aussi. Maintenant
-la vie régulière reprend. Au moment
-de partir, vous donnerai-je un conseil ? La
-différence de nos âges me le permet.
-Défendez-vous en amour des choses vulgaires
-qui ont vite fait de gâter les jeunes
-gens. Vous vous plairez toujours dans la
-société des femmes. Ne croyez pas, comme
-quelques-uns, qu’il faille être sincère avec
-elles. Il faut savoir leur mentir, ne serait-ce
-que pour les amuser. La plupart demandent
-à être trompées. Il est bon d’y mettre
-quelques manières. Voilà mon conseil. Et
-en voici un second : Ne croyez pas à l’irréparable.
-Il y a, cher ami, fort peu de
-choses irréparables…</p>
-
-<p>Elle ne m’en avait jamais tant dit. Ainsi
-me fit-elle participer à sa sagesse humaine
-au moment où nous nous séparions. Je
-quittai les eaux avec un beau sujet de méditation
-devant moi et les souvenirs tout
-proches d’un passé déjà plein de volupté.</p>
-
-<div class="chapter"></div>
-
-<h2 class="nobreak">III</h2>
-
-
-<p>J’eus le loisir d’y penser plus longuement
-que je ne l’aurais voulu. Au lieu
-de rentrer chez nous, nous allâmes
-passer quelques semaines au bord de la
-mer dans le sud de la Bretagne. Les médecins
-avaient ordonné ce repos à ma mère
-avant le retour au foyer.</p>
-
-<p>J’en fus moins affligé que je ne l’aurais
-cru. J’étais encore tout étonné de mon
-aventure et, malgré mon désir de revoir
-celle que j’aimais toujours, j’éprouvais le
-besoin de mettre un peu de temps entre
-le jour où j’avais quitté madame de Francheret
-et celui où je retrouverais Henriette.
-On se plaît à raconter dans les romans
-qu’une fois séparé d’une femme que l’on
-a aimée charnellement on découvre peu à
-peu qu’on lui est attaché par d’autres liens
-encore. Rien de semblable ne m’arriva.
-J’aimais Henriette et madame de Francheret
-m’avait attaqué là où Henriette n’avait
-jamais régné. Je savais un gré infini à
-madame de Francheret de m’avoir révélé
-la nature et l’agrément des rapports entre
-l’homme et la femme. Je n’oubliais pas les
-heures passées près d’elle, mais, par un
-phénomène bizarre, elle m’incitait à penser
-à Henriette et à voir celle-ci sous un jour
-nouveau. Grâce à madame de Francheret,
-mon amour pour Henriette quitta les
-sphères éthérées où il se mouvait et prit
-une forme sensuelle. C’était Henriette et
-non madame de Francheret que je tenais
-dans mes bras pendant mes rêves. C’était
-le corps frais et juvénile de mon amie que
-je pressais à l’heure où le désir suscitait
-devant moi des images voluptueuses.</p>
-
-<p>Je n’ai gardé de ces semaines aucun
-autre souvenir. Les gens qui m’entouraient
-étaient-ils vivants ? Ils allaient et venaient
-autour de moi comme des ombres. Je
-faisais de longues promenades sur la plage
-à l’heure où le soleil couchant borde
-de nacre le sable humide au long de
-la mer. Des enfants jouaient, des jeunes
-femmes passaient vêtues de robes claires.
-Je ne les voyais pas, je ne voyais, bercée
-au jeu des vagues molles dont les crêtes
-d’argent s’irisaient dans les vapeurs du crépuscule,
-qu’Henriette, et quelle Henriette !
-non pas la fille que j’avais connue près
-de sa mère sous les ombrages de nos
-campagnes, mais une Vénus adolescente
-endormie au bord des flots.</p>
-
-<p>Nous nous écrivions. Que dire par lettre
-à une déesse ? Je ne savais trouver le ton.
-J’étais grandiloquent et confus. En échange,
-je recevais quelques cartes postales, assez
-insignifiantes à la vérité. Henriette paraissait
-de triste humeur. Pourtant sa maison
-était pleine d’amis. Le cercle joyeux de
-l’an dernier s’était reformé. Seul, j’y manquais.</p>
-
-<p>Au début de septembre enfin, nous rentrâmes.
-A mesure que les heures s’approchaient
-où je devais revoir Henriette, je
-m’inquiétais. Je brûlais de devancer les
-jours, de courir à elle, de me jeter à ses
-genoux et, au même temps, une douloureuse
-appréhension me serrait le cœur. Je craignais
-de cette rencontre je ne sais quel
-heurt, quelle blessure insupportable. J’aurais
-voulu retarder encore une minute
-attendue avec tant de fièvre.</p>
-
-<p>Nous arrivâmes un matin. A la fin de
-l’après-midi, je me rendis chez nos voisins.
-De loin je vis madame Maure sous les
-tilleuls près de la vieille maison. Rien
-n’avait changé depuis un an. Henriette
-devait être à quelques pas de là. L’émotion
-de la sentir si près de moi me fit chanceler.
-Je m’arrêtai un instant, j’étais essoufflé
-moins par la rapidité de ma course que
-par la violence des sentiments qui se heurtaient
-en moi. Je compris pour la première
-fois et d’un seul coup — ainsi un
-éclair illumine dans la nuit les prés et les
-bois, et les montre au voyageur égaré — que
-le roman magnifique que j’avais vécu
-depuis l’automne passé s’était déroulé dans
-mon imagination, que je l’avais créé à moi
-seul, qu’Henriette en ignorait encore le
-premier mot… Un instant, je pensai à
-retourner sur mes pas, à différer une entrevue
-si hasardeuse. Mais j’eus honte à l’idée
-de reculer, je me repris et avançai vers
-madame Maure.</p>
-
-<p>Elle me fit l’accueil le plus aimable.
-Après s’être informée longuement de la
-santé de ma mère, elle me dit :</p>
-
-<p>— Comme vous avez grandi, Philippe.
-Vous voilà un homme, maintenant. Et
-cette pointe de moustache ! Qu’allez-vous
-faire ?</p>
-
-<p>Je parlai de mes projets assez incertains.
-J’irais à Paris pour continuer mes
-études, à la Sorbonne sans doute et à
-l’Ecole de Droit, mais je ne désirais être
-ni professeur, ni avocat. D’autre part, nos
-terres n’étaient pas assez grandes pour
-absorber l’activité d’un jeune homme. En
-somme, je ne me voyais dans aucun cadre
-et ne pouvais dire ce que serait ma carrière.
-Cependant je pensais à Henriette,
-alternativement avec terreur et joie, à
-Henriette que je n’apercevais pas.</p>
-
-<p>La bonne dame d’elle-même me renseigna,</p>
-
-<p>— Ma fille est avec sa cousine chez des
-voisins. Elles ne tarderont pas. Si elles
-avaient pensé vous voir aujourd’hui, elles
-seraient déjà là.</p>
-
-<p>Une demi-heure passa, j’entendis un
-bruit dans l’allée derrière moi.</p>
-
-<p>C’était Henriette et Gertrude, accompagnées
-par le polytechnicien de l’an dernier.</p>
-
-<p>Henriette me parut plus grande ; elle
-restait mince, un peu maigre, mais le corsage
-de sa robe claire se gonflait légèrement
-et ses hanches se dessinaient plus pleines.
-Son visage n’avait pas changé, son teint
-hâlé par l’été faisait paraître les dents
-plus blanches et je retrouvais dans les
-yeux riants et doux le feu que j’aimais.
-Auprès d’elle, magnifique contraste, Gertrude
-était éblouissante de fraîcheur blonde.
-Elles étaient toutes deux vêtues de blanc ;
-elles venaient heureuses et souriantes. Le
-printemps de ma vie s’avançait au devant
-de moi.</p>
-
-<p>Gertrude rougit en me voyant. L’accueil
-que me fit Henriette ne trahit aucun
-embarras. Elle ne me cacha pas le plaisir
-qu’elle avait à me revoir et me gronda gentiment
-de mon retard. Elle me demanda
-qui j’avais vu aux eaux et au bord de la
-mer. Rien de plus amical et de plus naturel
-que cette conversation, mais elle était si
-éloignée de celles que j’avais tenues avec
-la même Henriette dans mes promenades
-solitaires que j’en restai glacé. Je m’efforçais
-de découvrir dans ses propos un mot
-à double entente à moi seul destiné. Je
-ne le trouvai pas. Pourtant il me parut
-qu’à deux ou trois reprises son regard
-s’attachait à moi comme si elle y trouvait
-quelque chose de nouveau. Sur elle-même
-elle ne dit rien.</p>
-
-<p>Charles-Henri (le polytechnicien) se
-chargea de faire valoir les amusements de
-la saison. Rappelant des incidents que
-j’ignorais, il fit rire les filles en les évoquant
-et s’arrangea de façon que je me sentisse
-un étranger parmi eux. Cela me déplut.</p>
-
-<p>Lorsque je pris congé, Henriette et Gertrude
-décidèrent de m’accompagner. Mais
-Charles-Henri ne les laissa pas seules et,
-quand nous nous séparâmes à la lisière du
-petit bois de chênes, je n’avais pu échanger
-un mot avec Henriette sans témoins.</p>
-
-<p>Je ne fus pas plus heureux les jours
-suivants. Je vis Henriette, mais toujours
-entourée de sa cousine, de Charles-Henri,
-d’allants et de venants. Elle était le centre
-d’un cercle ; tout se rapportait à elle.
-Charles-Henri ne la quittait pas plus que
-son ombre. Je ne fus pas longtemps avant
-de comprendre qu’il montait la garde auprès
-d’elle et qu’il ferait l’impossible pour
-m’empêcher de la joindre. Gertrude, sans
-dessein, j’imagine, le secondait. Elle semblait
-ne vivre que par Henriette, toujours
-à ses côtés, la main dans la main, le bras
-passé autour de la taille. Si elle était
-séparée de sa cousine, ses yeux restaient
-attachés sur Henriette. Vis-à-vis de moi,
-elle gardait une certaine réserve ; elle s’effarouchait
-pour un rien et lorsqu’en plaisantant
-je voulus reprendre le thème de l’an
-passé, elle eut un mouvement de retraite.</p>
-
-<p>Malgré Charles-Henri, malgré Gertrude,
-je pensais arriver tout de même à Henriette,
-mais, à ma grande surprise, je fus amené
-à constater que c’était chez Henriette elle-même
-que je trouverais l’obstacle le plus
-difficile. Elle évitait tout aparté ; elle apportait
-une attention toujours égale à ne pas
-se laisser isoler ; et si, profitant d’un incident
-heureux, je réussissais à écarter ses
-deux gardiens, elle m’empêchait avec une
-incroyable habileté de choisir le thème de
-la conversation et, d’un mot, la ramenait
-à des banalités. Après une semaine ou deux
-de tentatives infructueuses, j’étais exaspéré.</p>
-
-<p>Tour à tour, j’imaginai ou qu’Henriette
-avait deviné que j’avais fait mon école
-d’homme et m’en voulait, qu’elle soupçonnait
-un danger à se lier avec moi et
-qu’instinctivement elle me fuyait, ou plus
-simplement, que je lui étais devenu indifférent.</p>
-
-<p>Suivant que j’adoptais l’un ou l’autre de
-ces partis, je décidais ou de m’imposer à
-elle ou de la fuir. Je déclarais alors que je
-ne la reverrais plus, que j’avais été victime
-de mon imagination, que je me trouvais en
-face d’une fille incapable d’éprouver les
-grands sentiments que je lui avais prêtés.
-Cette farouche résolution ne durait pas
-l’espace d’un matin. Il n’y eut pas de jour
-où je ne décidais de rompre ; il n’y en eut
-pas un qui ne me vît près d’Henriette.</p>
-
-<p>Et cependant le temps coulait et bientôt
-octobre nous séparerait. J’eus l’idée, empruntée
-sans doute à mes lectures, d’essayer
-d’éveiller et de piquer sa jalousie. Je me
-mis à faire la cour à Gertrude ; j’y déployais
-beaucoup d’application et, au bout de quelque
-temps, Gertrude parut y être sensible.
-Mais sa cousine veillait sur elle et, comme
-un jour, moitié plaisantant, moitié sérieux,
-j’adressais à Gertrude quelques propos
-tendres et lui baisais la main, Henriette
-intervint assez brusquement disant que les
-jeux permis naguère ne l’étaient plus aujourd’hui.</p>
-
-<p>Je fus surpris du ton vif sur lequel elle
-parla et qui était bien éloigné de celui que
-nous employions. Rentré chez moi et en
-y réfléchissant, il me parut que cette nouvelle
-attitude d’Henriette avait quelque
-chose de flatteur pour mon amour-propre.</p>
-
-<p>Le lendemain, je la trouvai de méchante
-humeur. Je cessai de flirter avec Gertrude,
-mais Henriette ne s’apaisa pas. « Peut-elle
-sérieusement m’en vouloir, me demandai-je,
-de ce qui n’est qu’un jeu ? » Mais elle ne
-me laissa pas lui poser la question.</p>
-
-<p>Je devins irritable : elle me contredisait
-pour un rien.</p>
-
-<p>Nous échangions des propos aigres. Les
-jours qui fuyaient ajoutaient à mon énervement.
-Un jour, sur un mot un peu plus
-piquant de moi, elle eut soudain les yeux
-pleins de larmes. Bouleversé à cette vue, je
-me précipitai vers elle. Nous étions seuls,
-mais, à une douzaine de pas, sa mère
-brodait sous les tilleuls. Henriette me
-repoussa vivement et, sans me laisser le
-temps de m’excuser, rentra dans la maison.</p>
-
-<p>Pendant deux jours je ne la vis point.
-Lorsque nous nous retrouvâmes, elle ne
-paraissait pas se souvenir de cette scène
-pénible.</p>
-
-<p>La première semaine d’octobre commença.
-Les Maure partaient le 10. Le
-temps était d’une admirable douceur et la
-lune dans son second quartier permettait
-de prolonger encore les soirées sur la
-terrasse. Un jour, une amie de ma mère
-s’invita à dîner. Ma mère envoya un mot
-à madame Maure, pour lui demander de
-venir avec sa fille et sa nièce. Le soir, je
-fus surpris de voir arriver madame Maure
-et Henriette seules. Gertrude un peu souffrante
-s’était couchée. « Enfin, pensais-je,
-j’aurai l’explication attendue depuis si longtemps. »
-Mais après-dîner Henriette refusa
-de quitter le salon pour s’asseoir avec moi
-sur la terrasse. A la demande de ma mère
-elle fit de la musique, puis resta près des
-dames et je fus obligé de me mettre dans
-le cercle.</p>
-
-<p>J’étouffais de fureur. En moi-même j’avais
-déjà rompu avec Henriette, je ne reverrais
-de ma vie cette fille insensible. Qu’elle parte
-et le plus tôt possible ! Cependant, je
-m’absorbais dans un silence farouche.</p>
-
-<p>Vers dix heures, nos visiteurs se levèrent.
-L’amie de ma mère offrit à madame Maure
-et à sa fille de les ramener dans son coupé.
-Madame Maure, fatiguée, accepta. Mais le
-vieux coupé, très étroit, n’avait que deux
-places et Henriette, par politesse, se crut
-obligée de dire :</p>
-
-<p>— Nous allons vous gêner beaucoup,
-madame.</p>
-
-<p>Alors, par une décision subite inexplicable,
-je m’avançai, pris la main d’Henriette
-dans l’ombre et, la lui serrant fortement
-pour briser toute résistance, je dis à madame
-Maure :</p>
-
-<p>— Je raccompagnerai Henriette par le
-bois. Nous arriverons presque aussitôt que
-vous.</p>
-
-<p>Henriette, stupéfiée par la pression de
-ma main, hésita avant de parler.</p>
-
-<p>Déjà madame Maure de la voiture me
-jetait :</p>
-
-<p>— Si cela ne vous ennuie pas, il sera
-excellent pour elle de marcher un peu.
-Elle est si paresseuse.</p>
-
-<p>La voiture partit nous laissant seuls sur
-les marches du perron.</p>
-
-<p>Tout de suite, le long de l’allée qui
-menait au bois, nous fûmes dans l’ombre
-fraîche de la nuit.</p>
-
-<p>Nous ne parlions pas, nous allions côte
-à côte sans nous toucher. Le silence, à se
-prolonger, pesa sur nous comme une
-menace. Pour rien au monde, je ne l’aurais
-rompu. J’étais plein de colère. Il me semblait
-qu’Henriette me devait des excuses
-pour son inexplicable conduite depuis ma
-rentrée. Je marchais la tête droite, les yeux
-fixés devant moi.</p>
-
-<p>Henriette fut la première à ne pouvoir
-supporter l’hostilité silencieuse qui était
-entre nous. A un détour du chemin — nous
-avions déjà franchi la moitié de la distance
-qui séparait nos deux maisons — elle se
-tourna un peu vers moi pour m’interroger
-du regard. Je vis à la clarté de la lune
-ses yeux inquiets chercher les miens. Bouleversé
-par la supplication muette que je
-lus dans son regard, je glissai mon bras
-sous le sien. Le contact de ma main sur
-sa chair suffit à opérer un prodige. L’irritation
-qui nous avait dressés l’un contre
-l’autre fondit comme neige d’avril au soleil ;
-des rapports naturels, confiants, heureux
-s’établissaient entre nous. Sans que nous
-eussions échangé une parole, je sentis
-qu’Henriette, gagnée, m’appartenait. Nous
-entrions dans le bois de chênes. Je la
-conduisis jusqu’au banc où cent fois nous
-nous étions assis au cours de nos promenades.
-Elle me suivit sans opposer l’ombre
-de résistance. Je m’assis près d’elle, je la
-pris dans mes bras, je me penchai sur
-son visage pâle, je vis ses yeux si beaux
-m’implorer, et sous la pression de mes
-lèvres sa bouche s’entrouvrit.</p>
-
-<hr />
-
-
-<p>Nous eûmes une semaine entière pour
-épuiser notre bonheur. Henriette, transformée,
-montra la bravoure d’une femme.
-Elle n’essaya pas de cacher ses sentiments.
-Nous étions ensemble le jour durant. Je
-la voyais le matin, l’après-midi, le soir
-même. Elle inventait mille ruses pour se
-débarrasser de Charles-Henri qui n’était
-pas de force à lutter avec elle. Quant à
-Gertrude, elle en fit sa complice, et cela
-sans hésitation, sans se demander si sa
-cousine en souffrirait, sans se soucier d’être
-jugée par elle. Elles sortaient à deux. Dès
-qu’elles n’avaient retrouvé, Henriette s’éloignait
-avec moi, la priant de nous attendre.
-Parfois même, elle l’appelait en riant :
-Brangaine. Un jour devant Gertrude, elle
-risqua une caresse hardie. Celle-ci rougit,
-puis pâlit, mais se tut.</p>
-
-<p>Nous vivions ainsi comme en dehors
-du temps et de nous-mêmes. La date approchait
-qui l’emmènerait, elle, à Marseille,
-moi, à Paris. Nos jours étaient comptés,
-nous ne les comptions pas. Nous ne parlions,
-ni de la séparation, ni des moyens
-de nous retrouver. Jamais il n’y eut gens
-plus acharnés à se satisfaire du présent.
-Pas une minute, Henriette ne souffrit à
-l’idée qu’elle goûtait d’un fruit défendu.
-Elle m’aimait. Cherche-t-on des excuses
-à l’amour ? A ses yeux, il n’était pas besoin
-de se justifier.</p>
-
-<hr />
-
-
-<p>La séparation vint. Je vis Henriette
-disparaître en voiture au détour du chemin,
-n’essayant pas de cacher ses larmes.</p>
-
-<p>Je restai seul quelques jours encore. Je
-ne sentais pas mon isolement. Le prix de
-mon bonheur était-il diminué parce que je
-l’avais perdu ? J’étais déjà enclin, sans que
-je pusse en analyser les motifs avec précision
-à considérer toutes choses par rapport
-au développement de mon individualité.
-Plus tard quand mes lectures s’étendirent,
-je me trouvai d’illustres frères dans la littérature
-européenne. A ce moment, ce sentiment
-en moi ne devait rien à l’imitation,
-j’aurai à en fournir une preuve bien prochaine.
-Ainsi la séparation me fut adoucie
-par la joie orgueilleuse de constater que
-j’étais capable d’éprouver une grande passion
-et aussi de la faire naître chez autrui.
-Je n’eus, du reste, pas la plus légère fatuité
-à voir que j’avais triomphé d’Henriette pas
-plus que je n’en avais ressenti à éprouver
-que madame de Francheret avait du goût
-pour moi. Une obscure, mais juste idée de
-la fatalité qui nous mène m’empêcha toujours
-de m’attribuer à mérite ce dont je
-n’étais redevable qu’à un sort heureux.</p>
-
-<div class="dots"><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.
-</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.
-</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b></div>
-<p>Six mois après, j’étais alors un jeune
-étudiant mal débrouillé dans la vie de
-Paris, j’appris par une lettre de ma mère
-qu’Henriette se mariait avec un riche industriel
-de Marseille, gaillard à tout le poil,
-grand coureur de filles et de cabarets, six
-pieds de haut, le verbe fort.</p>
-
-<p>Je ne lus pas cette lettre sans un serrement
-de cœur. Henriette dans les bras d’un
-rustre ! La vilaine image !</p>
-
-<p>Je m’efforçais à l’exemple des stoïciens
-dont les doctrines alors m’enchantaient, à
-raisonner, pour l’amortir, sur le coup reçu.
-« Je me suis trompé moi-même, me disais-je.
-Voilà une expérience salutaire à ton
-début dans la vie. Ne mets pas à l’avenir
-les femmes sur un plan trop élevé. Elles
-ne sont jamais qu’à mi-hauteur et plus près
-de la terre que du ciel. »</p>
-
-<p>Mais cette leçon de sagesse avait un
-arrière-goût d’amertume qui fut longtemps
-à s’effacer.</p>
-
-<div class="break"></div>
-
-<p class="noindent narrow scfirst top6em">Ce livre, A de l’alphabet des lettres
-achevé d’imprimer pour la Cité des Livres, le 15
-octobre 1925, par Ducros et Colas, Maîtres-Imprimeurs
-à Paris, a été tiré à 440 exemplaires : 5 sur
-papier vélin à la cuve “héliotrope” des papeteries
-du Marais, numérotés de 1 à 5 ; 10 exemplaires sur
-japon ancien à la forme, numérotés de 6 à 15 ; 25
-exemplaires sur japon impérial, numérotés de
-16 à 40 ; 50 exemplaires sur vergé de Hollande,
-numérotés de 41 à 90 ; et 350 exemplaires sur vergé
-à la forme d’Arches, numérotés de 91 à 440. Il a été
-tiré en outre : 25 exemplaires sur madagascar réservés
-à M. Édouard Champion, marqués alphabétiquement
-de <small>A</small> à <small>Z</small> et 30 exemplaires hors commerce
-sur papiers divers, numérotés de <small>I</small> à <small>XXX</small>.</p>
-
-
-<div style='display:block; margin-top:4em'>*** END OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK ADOLESCENCE ***</div>
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-
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-
-<div style='display:block; font-size:1.1em; margin:1em 0; font-weight:bold'>
-Section 2. Information about the Mission of Project Gutenberg&#8482;
-</div>
-
-<div style='display:block; margin:1em 0'>
-Project Gutenberg&#8482; is synonymous with the free distribution of
-electronic works in formats readable by the widest variety of
-computers including obsolete, old, middle-aged and new computers. It
-exists because of the efforts of hundreds of volunteers and donations
-from people in all walks of life.
-</div>
-
-<div style='display:block; margin:1em 0'>
-Volunteers and financial support to provide volunteers with the
-assistance they need are critical to reaching Project Gutenberg&#8482;&#8217;s
-goals and ensuring that the Project Gutenberg&#8482; collection will
-remain freely available for generations to come. In 2001, the Project
-Gutenberg Literary Archive Foundation was created to provide a secure
-and permanent future for Project Gutenberg&#8482; and future
-generations. To learn more about the Project Gutenberg Literary
-Archive Foundation and how your efforts and donations can help, see
-Sections 3 and 4 and the Foundation information page at www.gutenberg.org.
-</div>
-
-<div style='display:block; font-size:1.1em; margin:1em 0; font-weight:bold'>
-Section 3. Information about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation
-</div>
-
-<div style='display:block; margin:1em 0'>
-The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non-profit
-501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the
-state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal
-Revenue Service. The Foundation&#8217;s EIN or federal tax identification
-number is 64-6221541. Contributions to the Project Gutenberg Literary
-Archive Foundation are tax deductible to the full extent permitted by
-U.S. federal laws and your state&#8217;s laws.
-</div>
-
-<div style='display:block; margin:1em 0'>
-The Foundation&#8217;s business office is located at 809 North 1500 West,
-Salt Lake City, UT 84116, (801) 596-1887. Email contact links and up
-to date contact information can be found at the Foundation&#8217;s website
-and official page at www.gutenberg.org/contact
-</div>
-
-<div style='display:block; font-size:1.1em; margin:1em 0; font-weight:bold'>
-Section 4. Information about Donations to the Project Gutenberg Literary Archive Foundation
-</div>
-
-<div style='display:block; margin:1em 0'>
-Project Gutenberg&#8482; depends upon and cannot survive without widespread
-public support and donations to carry out its mission of
-increasing the number of public domain and licensed works that can be
-freely distributed in machine-readable form accessible by the widest
-array of equipment including outdated equipment. Many small donations
-($1 to $5,000) are particularly important to maintaining tax exempt
-status with the IRS.
-</div>
-
-<div style='display:block; margin:1em 0'>
-The Foundation is committed to complying with the laws regulating
-charities and charitable donations in all 50 states of the United
-States. Compliance requirements are not uniform and it takes a
-considerable effort, much paperwork and many fees to meet and keep up
-with these requirements. We do not solicit donations in locations
-where we have not received written confirmation of compliance. To SEND
-DONATIONS or determine the status of compliance for any particular state
-visit <a href="https://www.gutenberg.org/donate/">www.gutenberg.org/donate</a>.
-</div>
-
-<div style='display:block; margin:1em 0'>
-While we cannot and do not solicit contributions from states where we
-have not met the solicitation requirements, we know of no prohibition
-against accepting unsolicited donations from donors in such states who
-approach us with offers to donate.
-</div>
-
-<div style='display:block; margin:1em 0'>
-International donations are gratefully accepted, but we cannot make
-any statements concerning tax treatment of donations received from
-outside the United States. U.S. laws alone swamp our small staff.
-</div>
-
-<div style='display:block; margin:1em 0'>
-Please check the Project Gutenberg web pages for current donation
-methods and addresses. Donations are accepted in a number of other
-ways including checks, online payments and credit card donations. To
-donate, please visit: www.gutenberg.org/donate
-</div>
-
-<div style='display:block; font-size:1.1em; margin:1em 0; font-weight:bold'>
-Section 5. General Information About Project Gutenberg&#8482; electronic works
-</div>
-
-<div style='display:block; margin:1em 0'>
-Professor Michael S. Hart was the originator of the Project
-Gutenberg&#8482; concept of a library of electronic works that could be
-freely shared with anyone. For forty years, he produced and
-distributed Project Gutenberg&#8482; eBooks with only a loose network of
-volunteer support.
-</div>
-
-<div style='display:block; margin:1em 0'>
-Project Gutenberg&#8482; eBooks are often created from several printed
-editions, all of which are confirmed as not protected by copyright in
-the U.S. unless a copyright notice is included. Thus, we do not
-necessarily keep eBooks in compliance with any particular paper
-edition.
-</div>
-
-<div style='display:block; margin:1em 0'>
-Most people start at our website which has the main PG search
-facility: <a href="https://www.gutenberg.org">www.gutenberg.org</a>.
-</div>
-
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-Archive Foundation, how to help produce our new eBooks, and how to
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