diff options
| author | nfenwick <nfenwick@pglaf.org> | 2025-01-22 05:21:25 -0800 |
|---|---|---|
| committer | nfenwick <nfenwick@pglaf.org> | 2025-01-22 05:21:25 -0800 |
| commit | ebba037a3eb3ac7471900c970afe9f8a076d3b06 (patch) | |
| tree | 7a342b2a09e106959a7a5c2b9d319b4cd66be55d | |
| parent | 77be411731ec43fc54184af9a8f947c486574116 (diff) | |
| -rw-r--r-- | old/68297-0.txt | 2875 | ||||
| -rw-r--r-- | old/68297-0.zip | bin | 33924 -> 0 bytes | |||
| -rw-r--r-- | old/68297-h.zip | bin | 185846 -> 0 bytes | |||
| -rw-r--r-- | old/68297-h/68297-h.htm | 3339 | ||||
| -rw-r--r-- | old/68297-h/images/capitale_cover.jpg | bin | 177651 -> 0 bytes |
5 files changed, 0 insertions, 6214 deletions
diff --git a/old/68297-0.txt b/old/68297-0.txt deleted file mode 100644 index eb0df95..0000000 --- a/old/68297-0.txt +++ /dev/null @@ -1,2875 +0,0 @@ -The Project Gutenberg eBook of Capitale de la douleur, by Paul -Éluard - -This eBook is for the use of anyone anywhere in the United States and -most other parts of the world at no cost and with almost no restrictions -whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms -of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at -www.gutenberg.org. If you are not located in the United States, you -will have to check the laws of the country where you are located before -using this eBook. - -Title: Capitale de la douleur - Répétitions; Mourir de ne pas mourir; Les petits justes; - Nouveaux poèmes - -Author: Paul Éluard - -Release Date: June 12, 2022 [eBook #68297] - -Language: French - -Produced by: Laura Natal Rodrigues (Images generously made available by - Hathi Trust Digital Library.) - -*** START OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK CAPITALE DE LA DOULEUR *** - - -PAUL ELUARD - - - - -CAPITALE -DE LA DOULEUR - -RÉPÉTITIONS--MOURIR DE NE PAS MOURIR -LES PETITS JUSTES--NOUVEAUX POÈMES - - - - -Quatrième édition - - -_nrf_ - - - - -PARIS - -Librairie Gallimard - -ÉDITIONS DE LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE - -3, Rue De Grenelle (VIme) - - - - -TABLE DE MATIÈRES - -RÉPÉTITIONS - -MAX ERNST -SUITE -L'INVENTION -PLUS PRÈS DE NOUS -PORTE OUVERTE -SUITE -LA PAROLE -LA RIVIÈRE -L'OMBRE AUX SOUPIRS -NUL -POÈMES -LIMITE -LES MOUTONS -L'UNIQUE -LA VIE -NUL -INTÉRIEUR -À CÔTÉ -À CÔTÉ -L'IMPATIENT -SANS MUSIQUE -LUIRE -LA GRANDE MAISON INHABITABLE -LA MORT DANS LA CONVERSATION -RAISON DE PLUS -LESQUELS? -RUBANS -L'AMI -VOLONTAIREMENT -À LA MINUTE -PARFAIT -RONDE -CE N'EST PAS LA POÉSIE QUI -ŒIL DE SOURD - -MOURIR DE NE PAS MOURIR - -L'ÉGALITÉ DES SEXES -AU CŒUR DE MON AMOUR -POUR SE PRENDRE AU PIÈGE -L'AMOUREUSE -LE SOURD ET L'AVEUGLE -L'HABITUDE -DANS LA DANSE -LE JEU DE CONSTRUCTION -ENTRE AUTRES -GIORGIO DE CHIRICO -BOUCHE USÉE -DANS LE CYLINDRE DES TRIBULATIONS -DENISE DISAIT AUX MERVEILLES -LA BÉNÉDICTION -LA MALÉDICTION -SILENCE DE L'ÉVANGILE -SANS RANCUNE -CELLE QUI N'A PAS LA PAROLE -NUDITÉ DE LA VÉRITÉ -PERSPECTIVE -TA FOI -MASCHA RIAIT AUX ANGES - -LES PETITS JUSTES - -SUR LA MAISON DU RIRE -POURQUOI SUIS-JE SI BELLE? -AVEC TES YEUX -UNE COULEUR MADAME -À FAIRE RIRE LA CERTAINE -LE MONSTRE DE LA FUITE -LA NATURE S'EST PRISE -ELLE SE REFUSE TOUJOURS -SUR CE CIEL DÉLABRÉ -INCONNUE -LES HOMMES QUI CHANGENT - -NOUVEAUX POÈMES - -NE PLUS PARTAGER -ABSENCES I -ABSENCES II -FIN DES CIRCONSTANCES -BAIGNEUSE DU CLAIR AU SOMBRE -PABLO PICASSO -PREMIÈRE DU MONDE -SOUS LA MENACE ROUGE -CACHÉE -L'AS DE TRÈFLE -À LA FLAMME DES FOUETS -À LA FLAMME DES FOUETS -BOIRE -ANDRÉ MASSON -PAUL KLEE -LES GERTRUDE HOFFMANN GIRLS -PARIS PENDANT LA GUERRE -L'ICÔNE AÉRÉE -LE DIAMANT -L'HIVER SUR LA PRAIRIE -GRANDES CONSPIRATRICES -LEURS YEUX TOUJOURS PURS -MAX ERNST -UNE -LE PLUS JEUNE -AU HASARD -L'ABSOLUE NÉCESSITÉ -ENTRE PEU D'AUTRES -REVENIR DANS UNE VILLE -GEORGES BRAQUE -DANS LA BRUME -LES NOMS -LA NUIT -ARP -JOAN MIRO -JOUR DE TOUT -L'IMAGE D'HOMME -LE MIROIR D'UN MOMENT -TA CHEVELURE D'ORANGES -LES LUMIÈRES DICTÉES -TA BOUCHE AUX LÈVRES D'OR -ELLE EST -LE GRAND JOUR -LA COURBE DE TES YEUX -CELLE DE TOUJOURS, TOUTE - - - - - RÉPÉTITIONS - - - - - MAX ERNST - - - Dans un coin l'inceste agile - Tourne autour de la virginité d'une petite robe - Dans un coin le ciel délivré -Aux épines de l'orage laisse des boules blanches. - - Dans un coin plus clair de tous les yeux - On attend les poissons d'angoisse. - Dans un coin la voiture de verdure de l'été - Immobile glorieuse et pour toujours. - - À la lueur de la jeunesse - Des lampes allumées très tard -La première montre ses seins qui tuent des insectes rouges. - - - - - SUITE - - - Pour l'éclat du jour des bonheurs en l'air -Pour vivre aisément des goûts des couleurs - Pour se régaler des amours pour rire - Pour ouvrir les yeux au dernier instant - - Elle a toutes les complaisances. - - - - - MANIE - - - Après des années de sagesse -Pendant lesquelles le monde était aussi transparent qu'une aiguille - Roucouler s'agit-il d'autre chose? - Après avoir rivalisé rendu grâces et dilapidé le trésor - Plus d'une lèvre rouge avec un point rouge - Et plus d'une jambe blanche avec un pied blanc - Où nous croyons-nous donc? - - - - L'INVENTION - - - La droite laisse couler du sable. - Toutes les transformations sont possibles. - -Loin, le soleil aiguise sur les pierres sa hâte d'en finir. - La description du paysage importe peu, - Tout juste l'agréable durée des moissons. - - Clair avec mes deux yeux, - Comme l'eau et le feu. - - * - * * - - Quel est le rôle de la racine? - Le désespoir a rompu tous ses liens - Et porte les mains à sa tête. - Un sept, un quatre, un deux, un un. - Cent femmes dans la rue - Que je ne verrai plus. - - * - * * - -L'art d'aimer, l'art libéral, l'art de bien mourir, l'art de penser, -l'art incohérent, l'art de fumer, l'art de jouir, l'art du moyen-âge, -l'art décoratif, l'art de raisonner, l'art de bien raisonner, l'art -poétique, l'art mécanique, l'art érotique, l'art d'être grand-père, -l'art de la danse, l'art de voir, l'art d'agrément, l'art de caresser, -l'art japonais, l'art de jouer, l'art de manger, l'art de torturer. - - * - * * - -Je n'ai pourtant jamais trouvé ce que j'écris dans ce que j'aime. - - - - - PLUS PRÈS DE NOUS - - - Courir et courir délivrance - Et tout trouver tout ramasser - Délivrance et richesse - Courir si vite que le fil casse - Au bruit que fait un grand oiseau - Un drapeau toujours dépassé. - - - - - PORTE OUVERTE - - - La vie est bien aimable - Venez à moi, si je vais à vous c'est un jeu, -Les anges des bouquets dont les fleurs changent de couleur. - - - - - SUITE - - -Dormir, la lune dans un œil et le soleil dans l'autre, -Un amour dans la bouche, un bel oiseau dans les cheveux, -Parée comme les champs, les bois, les routes et la mer, - Belle et parée comme le tour du monde. - - Fuis à travers le paysage, -Parmi les branches de fumée et tous les fruits du vent, - Jambes de pierre aux bas de sable, - Prise à la taille, à tous les muscles de rivière, - Et le dernier souci sur un visage transformé. - - - - - LA PAROLE - - - J'ai la beauté facile et c'est heureux. - Je glisse sur le toit des vents - Je glisse sur le toit des mers - Je suis devenue sentimentale - Je ne connais plus le conducteur - Je ne bouge plus soie sur les glaces - Je suis malade fleurs et cailloux - J'aime le plus chinois aux nues - J'aime la plus nue aux écarts d'oiseau - Je suis vieille mais ici je suis belle -Et l'ombre qui descend des fenêtres profondes - Épargne chaque soir le cœur noir de mes yeux. - - - - - LA RIVIÈRE - - - La rivière que j'ai sous la langue, -L'eau qu'on n'imagine pas, mon petit bateau, - Et, les rideaux baissés, parlons. - - - - - L'OMBRE AUX SOUPIRS - - - Sommeil léger, petite hélice, - Petite, tiède, cœur à l'air. - L'amour de prestidigitateur, - Ciel lourd des mains, éclairs des veines, - - Courant dans la rue sans couleurs, - Pris dans sa traîne de pavés, - Il lâche le dernier oiseau - De son auréole d'hier-- - Dans chaque puits, un seul serpent. - -Autant rêver d'ouvrir les portes de la mer. - - - - - NUL - - -Ce qui se dit: J'ai traversé la rue pour ne plus être au soleil. Il -fait trop chaud, même à l'ombre. Il y a la rue, quatre étages et ma -fenêtre au soleil. Une casquette sur la tête, une casquette à la -main, il vient me serrer la main. Voulez-vous ne pas crier comme ça, -c'est de la folie! - - * - * * - -Des aveugles invisibles préparent les linges du sommeil. La nuit, la -lune et leur cœur se poursuivent. - - * - * * - -À son tour un cri: «l'empreinte, l'empreinte, je ne vois plus -l'empreinte. À la fin, je ne puis plus compter sur vous!» - - - - - POÈMES - - -Le cœur sur l'arbre vous n'aviez qu'à le cueillir, - Sourire et rire, rire et douceur d'outre-sens. -Vaincu, vainqueur et lumineux, pur comme un ange, - Haut vers le ciel, avec les arbres. - - Au loin, geint une belle qui voudrait lutter - Et qui ne peut, couchée au pied de la colline. - Et que le ciel soit misérable ou transparent - On ne peut la voir sans l'aimer. - -Les jours comme des doigts repliant leurs phalanges. - Les fleurs sont desséchées, les graines sont perdues, - La canicule attend les grandes gelées blanches. - - À l'œil du pauvre mort. Peindre des porcelaines. - Une musique, bras blancs tout nus. -Les vents et les oiseaux s'unissent--le ciel change. - - - - LIMITE - - -Songe aux souffrances taillées sous des voiles fautifs - Aux petits amateurs de rivières tournantes - Où promenade pour noyade - Nous irons sans plaisir - Nous irons ramer - Dans le cou des eaux - - Nous aurons un bateau. - - - - - LES MOUTONS - - - Ferme les yeux visage noir - Ferme les jardins de la rue - L'intelligence et la hardiesse - L'ennui et la tranquillité - Ces tristes soirs à tout moment - Le verre et la porte vitrée - Confortable et sensible - Légère et l'arbre à fruits - L'arbre à fleurs l'arbre à fruits - Fuient. - - - - - L'UNIQUE - - -Elle avait dans la tranquillité de son corps - Une petite boule de neige couleur d'œil - Elle avait sur les épaules - Une tache de silence une tache de rose - Couvercle de son auréole -Ses mains et des arcs souples et chanteurs - Brisaient la lumière - -Elle chantait les minutes sans s'endormir. - - - - LA VIE - - - Sourire aux visiteurs - Qui sortent de leur cachette - Quand elle sort elle dort. - - Chaque jour plus matinale - Chaque saison plus nue - Plus fraîche - - Pour suivre ses regards - Elle se balance. - - - - NUL - - -Il pose un oiseau sur la table et ferme les volets. Il se coiffe, ses -cheveux dans ses mains sont plus doux qu'un oiseau. - - * - * * - -Elle dit l'avenir. Et je suis chargé de le vérifier. - - * - * * - -Le cœur meurtri, l'âme endolorie, les mains brisées, les cheveux -blancs, les prisonniers, l'eau tout entière est sur moi comme une plaie -à nu. - - - - - INTÉRIEUR - - - Dans quelques secondes - Le peintre et son modèle - Prendront la fuite. - - Plus de vertus - Ou moins de malheurs - J'aperçois une statue - - Une sorte d'amande - Une médaille vernie - Pour le plus grand ennui. - - - - - À CÔTÉ - - - La nuit plus longue et la route plus blanche. -Lampes je suis plus près de vous que la lumière. - Un papillon l'oiseau d'habitude - Roue brisée de ma fatigue - De bonne humeur place - Signal vide et signal - À l'éventail d'horloge. - - - - - À CÔTÉ - - - Soleil tremblant - Signal vide et signal à l'éventail d'horloge - Aux caresses unies d'une main sur le ciel - Aux oiseaux entr'ouvrant le livre des aveugles -Et d'une aile après l'autre entre cette heure et l'autre - Dessinant l'horizon faisant tourner les ombres - Qui limitent le monde quand j'ai les yeux baissés. - - - - - L'IMPATIENT - - - Si triste de ses faux calculs - Qu'il inscrit ses nombres à l'envers - Et s'endort. - - Une femme plus belle - Et n'a jamais trouvé, -Cherché les idées roses des quinze ans à peine, - Ri sans le savoir, sans un compliment - Aux jeunesses du temps. - - À la rencontre - De ce qui passait à côté - L'autre jour, - - De la femme qui s'ennuyait, - Les mains à terre, - Sous un nuage. - - La lampe s'allumait aux méfaits de l'orage - Aux beaux jours d'Août sans défaillances, -La caressante embrassait Pair, les joues de sa compagne, - Fermait les yeux - Et comme les feuilles le soir - Se perdait à l'horizon. - - - - - SANS MUSIQUE - - - Les muets sont des menteurs, parle. - Je suis vraiment en colère de parler seul - Et ma parole - Éveille des erreurs, - - Mon petit cœur. - - - - - LUIRE - - - Terre irréprochablement cultivée, - Miel d'aube, soleil en fleurs, - Coureur tenant encore par un fil au dormeur - (Nœud par intelligences) - Et le jetant sur son épaule: - «Il n'a jamais été plus neuf, - Il n'a jamais été si lourd.» - Usure, il sera plus léger, - Utile. - Clair soleil d'été avec: - Sa chaleur, sa douceur, sa tranquillité - Et, vite, -Les porteurs de fleurs en l'air touchent de la terre. - - - - - LA GRANDE MAISON INHABITABLE - - - Au milieu d'une île étonnante - Que ses membres traversent - Elle vit d'un monde ébloui. - - La chair que l'on montre aux curieux - Attend là comme les récoltes - La chute sur les rives. - - En attendant pour voir plus loin -Les yeux plus grands ouverts sous le vent de ses mains -Elle imagine que l'horizon a pour elle dénoué sa ceinture. - - - - - LA MORT DANS LA CONVERSATION - - - Qui a votre visage? - La bonne et la mauvaise - La belle imaginable - Gymnastique à l'infini - Dépassant en mouvements - Les couleurs et les baisers - Les grands gestes la nuit. - - - - - RAISON DE PLUS - - - Les lumières en l'air, - L'air sur un tour moitié passé, moitié brillant, - Faites entrer les enfants, -Tous les saluts, tous les baisers, tous les remerciements. - - Autour de la bouche - Son rire est toujours différent, - C'est un plaisir, c'est un désir, c'est un tourment, - C'est une folle, c'est la fleur, une créole qui passe. - - La nudité, jamais la même. - Je suis bien laid. - Au temps des soins, des neiges, herbes en soins, - Neiges en foule, - Au temps en heures fixes, - Des souples satins des statues. - Le temple est devenu fontaine - Et la main remplace le cœur. - - Il faut m'avoir connu à cette époque pour m'aimer, - sûr du lendemain. - - - - - LESQUELS? - - - Pendant qu'il est facile - Et pendant qu'elle est gaie - Allons nous habiller et nous déshabiller. - - - - - RUBANS - - -L'alarme matérielle où, sans excuse, apparaît la douleur future. - -C'est bien: presque insensible. C'est un signe de plus de dignité. - -Aucun étonnement, une femme ou un gracieux enfant de toile fine et de -paille, idées de grandeur, Leurs yeux se sont levés plus tôt que le -soleil. - - * - * * - -Les sacrifiés font un geste qui ne dit rien parmi la dentelle de tous -les autres gestes, imaginaires, à cinq ou six, vers le lieu de repos -où il n'y a personne. - -Constaté qu'ils se sont réfugiés dans les branches nues d'une -politesse désespérée, d'une couronne taillée à coups de vent. - -Prendre, cordes de la vie. Pouviez-vous prendre plus de libertés? - - * - * * - -De petits instruments, - -Et les mains qui pétrissent un ballon pour le faire éclater, pour que -le sang de l'homme lui jaillisse au visage. - -Et les ailes qui sont attachées comme la terre et la mer. - - - - - L'AMI - - - La photographie: un groupe. - Si le soleil passait, - Si tu bouges. - - Fards. À l'intérieur, blanche et vernie, - Dans le tunnel. - «Au temps des étincelles - On débouchait la lumière.» - - Postérité, mentalité des gens. - La bien belle peinture. - L'épreuve, s'entendre. - L'espoir des cantharides - Est un bien bel espoir. - - - - - VOLONTAIREMENT - - - Aveugle maladroit, ignorant et léger, - Aujourd'hui pour oublier, - Le mois prochain pour dessiner, - Les coins de rue, les allées à perte de vue. - Je les imite pour m'étendre - Dans une nuit profonde et large de mon âge. - - - - - À LA MINUTE - - - L'instrument - Comme tu le vois. - Espérons - Et - Espérons - Adieu - Ne t'avise pas - Que les yeux - Comme tu le vois - Le jour et la nuit ont bien réussi. - Je le regarde je le vois. - - - - - PARFAIT - - - Un miracle de sable fin - Transperce les feuilles les fleurs - Éclôt dans les fruits - Et comble les ombres. - - Tout est enfin divisé - Tout se déforme et se perd - Tout se brise et disparaît - La mort sans conséquences. - - Enfin - La lumière n'a plus la nature - Ventilateur gourmand étoile de chaleur - Elle abandonne les couleurs - Elle abandonne son visage - - Aveugle silencieuse - Elle est partout semblable et vide. - - - - - RONDE - - - Sous un soleil ressort du paysage - Une femme s'emballe - Frise son ombre avec ses jambes - Et d'elle seule espère les espoirs les plus mystérieux. - - Je la trouve sans soupçons sans aucun doute amoureuse - Au lieu des chemins assemblés - De la lumière en un point diminuée - Et des mouvements impossibles - La grande porte de la face - Aux plans discutés adoptés - Aux émotions de pensée - Le voyage déguisé et l'arrivée de réconciliation - - La grande porte de la face - La vue des pierres précieuses - Le jeu du plus faible en plus fort. - - - - - CE N'EST PAS LA POÉSIE QUI - - - Avec des yeux pareils - Que tout est semblable - École de nu. - Tranquillement - Dans un visage délié - Nous avons pris des garanties - Un coup de main aux cheveux rapides - La bouche de voluptueux inférieur joue et tombe - Et nous lançons le menton qui tourne comme une toupie. - - - - - ŒIL DE SOURD - - - Faites mon portrait. - Il se modifiera pour remplir tous les vides. - Faites mon portrait sans bruit, seul le silence - À moins que--s'il--sauf--excepté-- - Je ne vous entends pas. - - Il s'agit, il ne s'agit plus. - Je voudrais ressembler-- - Fâcheuse coïncidence, entre autres grandes affaires. - Sans fatigue, têtes nouées - Aux mains de mon activité. - - - - - MOURIR DE NE PAS MOURIR - - _à André Breton_ - - - - - L'ÉGALITÉ DES SEXES - - - Tes yeux sont revenus d'un pays arbitraire - Où nul n'a jamais su ce que c'est qu'un regard - Ni connu la beauté des yeux, beauté des pierres, - Celle des gouttes d'eau, des perles en placards, - - Des pierres nues et sans squelette, ô ma statue, - Le soleil aveuglant te tient lieu de miroir - Et s'il semble obéir aux puissances du soir - C'est que ta tête est close, ô statue abattue - - Par mon amour et par mes ruses de sauvage. - Mon désir immobile est ton dernier soutien - Et je t'emporte sans bataille, ô mon image, - Rompue à ma faiblesse et prise dans mes liens. - - - - - AU CŒUR DE MON AMOUR - - - Un bel oiseau me montre la lumière - Elle est dans ses yeux, bien en vue. - Il chante sur une boule de gui - Au milieu du soleil. - - * - * * - - Les yeux des animaux chanteurs - Et leurs chants de colère ou d'ennui - M'ont interdit de sortir de ce lit. - J'y passerai ma vie. - - L'aube dans des pays sans grâce - Prend l'apparence de l'oubli. - Et qu'une femme émue s'endorme, à l'aube, - La tête la première, sa chute l'illumine. - - Constellations, - Vous connaissez la forme de sa tête. - Ici, tout s'obscurcit: - Le paysage se complète, sang aux joues, - Les masses diminuent et coulent dans mon cœur - Avec le sommeil. - Et qui donc veut me prendre le cœur? - - * - * * - - Je n'ai jamais rêvé d'une si belle nuit. - Les femmes du jardin cherchent à m'embrasser-- - Soutiens du ciel, les arbres immobiles - Embrassent bien l'ombre qui les soutient. - - Une femme au cœur pâle - Met la nuit dans ses habits. - L'amour a découvert la nuit - Sur ses seins impalpables. - - Comment prendre plaisir à tout? - Plutôt tout effacer. - L'homme de tous les mouvements, - De tous les sacrifices et de toutes les conquêtes - Dort. Il dort, il dort, il dort. - Il raye de ses soupirs la nuit minuscule, invisible. - - Il n'a ni froid, ni chaud. - Son prisonnier s'est évadé--pour dormir. - Il n'est pas mort, il dort. - - Quand il s'est endormi - Tout l'étonnait, - Il jouait avec ardeur, - Il regardait, - Il entendait. - Sa dernière parole:«Si c'était à recommencer, je te rencontrerais sans - te chercher.» - - Il dort, il dort, il dort. - L'aube a eu beau lever la tête, - Il dort. - - - - - POUR SE PRENDRE AU PIÈGE - - -C'est un restaurant comme les autres. Faut-il croire que je ne ressemble -à personne? Une grande femme, à côté de moi, bat des œufs avec ses -doigts. Un voyageur pose ses vêtements sur une table et me tient tête. -Il a tort, je ne connais aucun mystère, je ne sais même pas la -signification du mot: mystère, je n'ai jamais rien cherché, rien -trouvé, il a tort d'insister. - -L'orage qui, par instants, sort de la brume me tourne les yeux et les -épaules. L'espace a alors des portes et des fenêtres. Le voyageur me -déclare que je ne suis plus le même. Plus le même! Je ramasse les -débris de toutes mes merveilles. C'est la grande femme qui m'a dit que -ce sont des débris de merveilles, ces débris. Je les jette aux -ruisseaux vivaces et pleins d'oiseaux. La mer, la calme mer est entre -eux comme le ciel dans la lumière. Les couleurs aussi, si l'on me parle -des couleurs, je ne regarde plus. Parlez-moi des formes, j'ai grand -besoin d'inquiétude. - -Grande femme, parle-moi des formes, ou bien je m'endors et je mène la -grande vie, les mains prises dans la tête et la tête dans la bouche, -dans la bouche bien close, langage intérieur. - - - - - L'AMOUREUSE - - - Elle est debout sur mes paupières - Et ses cheveux sont dans les miens, - Elle a la forme de mes mains, - Elle a la couleur de mes yeux, - Elle s'engloutit dans mon ombre - Comme une pierre sur le ciel. - - Elle a toujours les yeux ouverts - Et ne me laisse pas dormir. - Ses rêves en pleine lumière - Font s'évaporer les soleils, - Me font rire, pleurer et rire, - Parler sans avoir rien à dire. - - - - - LE SOURD ET L'AVEUGLE - - - Gagnerons-nous la mer avec des cloches - Dans nos poches, avec le bruit de la mer - Dans la mer, ou bien serons-nous les porteurs - D'une eau plus pure et silencieuse? - - L'eau se frottant les mains aiguise des couteaux - Les guerriers ont trouvé leurs armes dans les flots - Et le bruit de leurs coups est semblable à celui - Des rochers défonçant dans la nuit les bateaux. - - C'est la tempête et le tonnerre. Pourquoi pas le silence - Du déluge, car nous avons en nous tout l'espace rêvé - Pour le plus grand silence et nous respirerons - Comme le vent des mers terribles, comme le vent - - Qui rampe lentement sur tous les horizons. - - - - - L'HABITUDE - - - Toutes mes petites amies sont bossues: - Elles aiment leur mère. - Tous mes animaux sont obligatoires, - Ils ont des pieds de meuble - Et des mains de fenêtre. - Le vent se déforme, - Il lui faut un habit sur mesure, - Démesuré. - Voilà pourquoi - Je dis la vérité sans la dire. - - - - - DANS LA DANSE - - - Petite table enfantine, - il y a des femmes dont les yeux sont comme des morceaux de sucre, - il y a des femmes graves comme les mouvements de l'amour qu'on ne surprend - pas - il y a des femmes au visage pâle - d'autres comme le ciel à la veille du vent. - Petite table dorée des jours de fête, - il y a des femmes de bois vert et sombre: - celles qui pleurent, - de bois sombre et vert: - celles qui rient. - - Petite table trop basse ou trop haute, - il y a des femmes grasses - avec des ombres légères, - il y a des robes creuses, - des robes sèches, - des robes que l'on porte chez soi et que l'amour ne fait jamais sortir. - Petite table, - je n'aime pas les tables sur lesquelles je danse, - je ne m'en doutais pas. - - - - - LE JEU DE CONSTRUCTION - - _À Raymond Roussel._ - - - L'homme s'enfuit, le cheval tombe, - La porte ne peut pas s'ouvrir, - L'oiseau se tait, creusez sa tombe, - Le silence le fait mourir. - - Un papillon sur une branche - Attend patiemment l'hiver, - Son cœur est lourd, la branche penche, - La branche se plie comme un ver. - -Pourquoi pleurer la fleur séchée -Et pourquoi pleurer les lilas? -Pourquoi pleurer la rose d'ambre? - - Pourquoi pleurer la pensée tendre? - Pourquoi chercher la fleur cachée - Si l'on n'a pas de récompense? - - --Mais pour ça, ça et ça. - - - - - ENTRE AUTRES - - - À l'ombre des arbres - Comme au temps des miracles, - - Au milieu des hommes - Comme la plus belle femme - - Sans regrets, sans honte, - J'ai quitté le monde. - - --Qu'avez-vous vu? - - --Une femme jeune, grande et belle - En robe noire très décolletée. - - - - - GIORGIO DE CHIRICO - - - Un mur dénonce un autre mur - Et l'ombre me défend de mon ombre peureuse. - Ô tour de mon amour autour de mon amour, - Tous les murs filaient blanc autour de mon silence. - - Toi, que défendais-tu? Ciel insensible et pur - Tremblant tu m'abritais. La lumière en relief - Sur le ciel qui n'est plus le miroir du soleil, - Les étoiles de jour parmi les feuilles vertes, - - Le souvenir de ceux qui parlaient sans savoir, - Maîtres de ma faiblesse et je suis à leur place - Avec des yeux d'amour et des mains trop fidèles - Pour dépeupler un monde dont je suis absent. - - - - - BOUCHE USÉE - - - Le rire tenait sa bouteille - À la bouche riait la mort - Dans tous les lits où l'on dort - Le ciel sous tous les corps sommeille - - Un clair ruban vert à l'oreille - Trois boules une bague en or - Elle porte sans effort - Une ombre aux lumières pareille - - Petite étoile des vapeurs - Au soir des mers sans voyageurs - Des mers que le ciel cruel fouille - - Délices portées à la main - Plus douce poussière à la fin - Les branches perdues sous la rouille. - - - - - DANS LE CYLINDRE DES TRIBULATIONS - - -Que le monde m'entraîne et j'aurai des souvenirs. - -Trente filles au corps opaque, trente filles divinisées par -l'imagination, s'approchent de l'homme qui repose dans la petite vallée -de la folie. - -L'homme en question joue avec ferveur. Il joue contre lui-même et -gagne. Les trente filles en ont vite assez. Les caresses du jeu ne sont -pas celles de l'amour et le spectacle n'en est pas aussi charmant, -séduisant et agréable. - -Je parle de trente filles au corps opaque et d'un joueur heureux. Il y a -aussi, dans une ville de laine et de plumes, un oiseau sur le dos d'un -mouton. Le mouton, dans les fables, mène l'oiseau en paradis. - -Il y a aussi les siècles personnifiés, la grandeur des siècles -présents, le vertige des années défendues et des fruits perdus. - -Que les souvenirs m'entraînent et j'aurai des yeux ronds comme le -monde. - - - - - DENISE DISAIT AUX MERVEILLES: - - - Le soir traînait des hirondelles. Les hiboux - Partageaient le soleil et pesaient sur la terre - Comme les pas jamais lassés d'un solitaire - Plus pâle que nature et dormant tout debout. - - Le soir traînait des armes blanches sur nos têtes. - Le courage brûlait les femmes parmi nous, - Elles pleuraient, elles criaient comme des bêtes, - Les hommes inquiets s'étaient mis à genoux. - - Le soir, un rien, une hirondelle qui dépasse, - Un peu de vent, les feuilles qui ne tombent plus, - Un beau détail, un sortilège sans vertus - Pour un regard qui n'a jamais compris l'espace. - - - - - LA BÉNÉDICTION - - - À l'aventure, en barque, au nord. - Dans la trompette des oiseaux - Les poissons dans leur élément. - - L'homme qui creuse sa couronne - Allume un brasier dans la cloche, - Un beau brasier-nid-de-fourmis. - - Et le guerrier bardé de fer - Que l'on fait rôtir à la broche - Apprend l'amour et la musique. - - - - - LA MALÉDICTION - - -Un aigle, sur un rocher, contemple l'horizon béat. Un aigle défend le -mouvement des sphères. Couleurs douces de la charité, tristesse, -lueurs sur les arbres décharnés, lyre en étoile d'araignée, les -hommes qui sous tous les cieux se ressemblent sont aussi bêtes sur la -terre qu'au ciel. Et celui qui traîne un couteau dans les herbes -hautes, dans les herbes de mes yeux, de mes cheveux et de mes rêves, -celui qui porte dans ses bras tous les signes de l'ombre, est tombé, -tacheté d'azur, sur les fleurs à quatre couleurs. - - - - - SILENCE DE L'ÉVANGILE - - -Nous dormons avec des anges rouges qui nous montrent le désert sans -minuscules et sans les doux réveils désolés. Nous dormons. Une aile -nous brise, évasion, nous avons des roues plus vieilles que les plumes -envolées, perdues, pour explorer les cimetières de la lenteur, la -seule luxure. - - * - * * - -La bouteille que nous entourons des linges de nos blessures ne résiste -à aucune envie. Prenons les cœurs, les cerveaux, les muscles de la -rage, prenons les fleurs invisibles des blêmes jeunes filles et des -enfants noués, prenons la main de la mémoire, fermons les yeux du -souvenir, une théorie d'arbres délivrés par les voleurs nous frappe -et nous divise, tous les morceaux sont bons. Qui les rassemblera: la -terreur, la souffrance ou le dégoût? - - * - * * - -Dormons, mes frères. Le chapitre inexplicable est devenu -incompréhensible. Des géants passent en exhalant des plaintes -terribles, des plaintes de géant, des plaintes comme l'aube veut en -pousser, l'aube qui ne peut ne plus se plaindre, depuis le temps, mes -frères, depuis le temps. - - - - - SANS RANCUNE - - - Larmes des yeux, les malheurs des malheureux. - Malheurs sans intérêt et larmes sans couleurs. - Il ne demande rien, il n'est pas insensible, - Il est triste en prison et triste s'il est libre. - - Il fait un triste temps, il fait une nuit noire - À ne pas mettre un aveugle dehors. Les forts - Sont assis, les faibles tiennent le pouvoir - Et le roi est debout près de la reine assise. - - Sourires et soupirs, des injures pourrissent - Dans la bouche des muets et dans les yeux des lâches. - Ne prenez rien: ceci brûle, cela flambe! - Vos mains sont faites pour vos poches et vos fronts. - - * - * * - - Une ombre... - Toute l'infortune du monde - Et mon amour dessus - Comme une bête nue. - - - - - CELLE QUI N'A PAS LA PAROLE - - - Les feuilles de couleur dans les arbres nocturnes - Et la liane verte et bleue qui joint le ciel aux arbres, - Le vent à la grande figure - Les épargne. Avalanche, à travers sa tête transparente - La lumière, nuée d'insectes, vibre et meurt. - - Miracle dévêtu, émiettement, rupture - Pour un seul être. - - La plus belle inconnue - Agonise éternellement. - - Étoiles de son cœur aux yeux de tout le monde. - - - - - NUDITÉ DE LA VÉRITÉ - - «_Je le sais bien_» - - - Le désespoir n'a pas d'ailes, - L'amour non plus, - Pas de visage, - Ne parlent pas, - Je ne bouge pas, - Je ne les regarde pas, - Je ne leur parle pas - Mais Je suis bien aussi vivant que mon amour et que mon désespoir. - - - - - PERSPECTIVE - - - Un millier de sauvages - S'apprêtent à combattre. - Ils ont des armes, - Ils ont leur cœur, grand cœur, - Et s'alignent avec lenteur - Devant un millier d'arbres verts - Qui, sans en avoir l'air, - Tiennent encore à leur feuillage. - - - - - TA FOI - - - Suis-je autre chose que ta force? - Ta force dans tes bras, - Ta tête dans tes bras, - Ta force dans le ciel décomposé, - Ta tête lamentable, - Ta tête que je porte. - Tu ne joueras plus avec moi, - Héroïne perdue, - Ma force bouge dans tes bras. - - - - - MASCHA RIAIT AUX ANGES - - - L'heure qui tremble au front du temps tout embrouillé - - Un bel oiseau léger plus vif qu'une poussière - Traîne sur un miroir un cadavre sans tête - Des boules de soleil adoucissent ses ailes - Et le vent de son vol affole la lumière - - Le meilleur a été découvert loin d'ici. - - - - - LES PETITS JUSTES - - - - - SUR LA MAISON DU RIRE - - - Sur la maison du rire - Un oiseau rit dans ses ailes. - Le monde est si léger - Qu'il n'est plus à sa place - Et si gai - Qu'il ne lui manque rien. - - - - - POURQUOI SUIS-JE SI BELLE? - - - Pourquoi suis-je si belle? - Parce que mon maître me lave. - - - - - AVEC TES YEUX - - - Avec tes yeux je change comme avec les lunes - Et je suis tour à tour et de plomb et de plume, - Une eau mystérieuse et noire qui t'enserre - Ou bien dans tes cheveux ta légère victoire. - - - - UNE COULEUR MADAME - - - Une couleur madame, une couleur monsieur, - Une aux seins, une aux cheveux, - La bouche des passions - Et si vous voyez rouge - La plus belle est à vos genoux. - - - - - À FAIRE RIRE LA CERTAINE - - - À faire rire la certaine, - Était-elle en pierre? - Elle s'effondra. - - - - - LE MONSTRE DE LA FUITE - - - Le monstre de la fuite hume même les plumes - De cet oiseau roussi par le feu du fusil. - Sa plainte vibre tout le long d'un mur de larmes - Et les ciseaux des yeux coupent la mélodie - Qui bourgeonnait déjà dans le cœur du chasseur. - - - - - LA NATURE S'EST PRISE - - - La nature s'est prise aux filets de ta vie. - L'arbre, ton ombre, montre sa chair nue: le ciel. - Il a la voix du sable et les gestes du vent - Et tout ce que tu dis bouge derrière toi. - - - - - ELLE SE REFUSE TOUJOURS - - - Elle se refuse toujours à comprendre, à entendre, - Elle rit pour cacher sa terreur d'elle-même. - Elle a toujours marché sous les arches des nuits - Et partout où elle a passé - Elle a laissé - L'empreinte des choses brisées. - - - - - SUR CE CIEL DÉLABRÉ - - - Sur ce ciel délabré, sur ces vitres d'eau douce, - Quel visage viendra, coquillage sonore, - Annoncer que la nuit de l'amour touche au jour, - Bouche ouverte liée à la bouche fermée. - - - - - INCONNUE - - - Inconnue, elle était ma forme préférée, - Celle qui m'enlevait le souci d'être un homme, - Et je la vois et je la perds et je subis - Ma douleur, comme un peu de soleil dans l'eau froide. - - - - - LES HOMMES QUI CHANGENT - - - Les hommes qui changent et se ressemblent - Ont, au cours de leurs jours, toujours fermé les yeux - Pour dissiper la brume de dérision - Etc... - - - - - NOUVEAUX POÈMES - - _à G._ - - - - - NE PLUS PARTAGER - - - Au soir de la folie, nu et clair, - L'espace entre les choses a la forme de mes paroles - La forme des paroles d'un inconnu, - D'un vagabond qui dénoue la ceinture de sa gorge - Et qui prend les échos au lasso. - - Entre des arbres et des barrières, - Entre des murs et des mâchoires, - Entre ce grand oiseau tremblant - Et la colline qui l'accable, - L'espace a la forme de mes regards. - - Mes yeux sont inutiles, - Le règne de la poussière est fini, - La chevelure de la route a mis son manteau rigide, - Elle ne fuit plus, je ne bouge plus, - Tous les ponts sont coupés, le ciel n'y passera plus - Je peux bien n'y plus voir. - Le monde se détache de mon univers - Et, tout au sommet des batailles, - Quand la saison du sang se fane dans mon cerveau, - Je distingue le jour de cette clarté d'homme - Qui est la mienne, - Je distingue le vertige de la liberté, - La mort de l'ivresse, - Le sommeil du rêve, - - Ô reflets sur moi-même! ô mes reflets sanglants! - - - - - ABSENCES - - - I - - - La plate volupté et le pauvre mystère - Que de n'être pas vu. - - Je vous connais, couleur des arbres et des villes, - Entre nous est la transparence de coutume - Entre les regards éclatants. - Elle roule sur pierres - Comme l'eau se dandine. - D'un côté de mon cœur des vierges s'obscurcissent, - De l'autre la main douce est au flanc des collines. - La courbe de peu d'eau provoque cette chute, - Ce mélange de miroirs. - Lumières de précision, je ne cligne pas des yeux, - Je ne bouge pas, - Je parle - Et quand je dors - Ma gorge est une bague à l'enseigne de tulle. - - - - - ABSENCES - - - II - - - Je sors au bras des ombres, - Je suis au bas des ombres, - Seul. - - La pitié est plus haut et peut bien y rester, - La vertu se fait l'aumône de ses seins - Et la grâce s'est prise dans les filets de ses paupières. - Elle est plus belle que les figures des gradins, - Elle est plus dure, - Elle est en bas avec les pierres et les ombres. - Je l'ai rejointe. - - C'est ici que la clarté livre sa dernière bataille. - Si je m'endors, c'est pour ne plus rêver. - Quelles seront alors les armes de mon triomphe? - Dans mes yeux grands ouverts le soleil fait les joints, - Ô jardin de mes yeux! - Tous les fruits sont ici pour figurer des fleurs, - Des fleurs dans la nuit, - Une fenêtre de feuillage - S'ouvre soudain dans son visage. - Où poserai-je mes lèvres, nature sans rivage? - - Une femme est plus belle que le monde où je vis - Et je ferme les yeux. - Je sors au bras des ombres, - Je suis au bas des ombres. - Et des ombres m'attendent. - - - - - FIN DES CIRCONSTANCES - - - Un bouquet tout défait brûle les coqs des vagues - Et le plumage entier de la perdition - Rayonne dans la nuit et dans la mer du ciel. - Plus d'horizon, plus de ceinture, - Les naufragés, pour la première fois, font des gestes -qui ne les soutiennent pas. Tout se diffuse, rien ne -s'imagine plus. - - - - - BAIGNEUSE DU CLAIR AU SOMBRE - - -L'après-midi du même jour. Légère, tu bouges et, légers, le sable -et la mer bougent. - -Nous admirons l'ordre des choses, l'ordre des pierres, l'ordre des -clartés, l'ordre des heures. Mais cette ombre qui disparaît et cet -élément douloureux, qui disparaît. - -Le soir, la noblesse est partie de ce ciel. Ici, tout se blottit dans un -feu qui s'éteint. - -Le soir. La mer n'a plus de lumière et, comme aux temps anciens, tu -pourrais dormir dans la mer. - - - - - PABLO PICASSO - - - Les armes du sommeil ont creusé dans la nuit - Les sillons merveilleux qui séparent nos têtes. - À travers le diamant, toute médaille est fausse, - Sous le ciel éclatant, la terre est invisible. - - Le visage du cœur a perdu ses couleurs - Et le soleil nous cherche et la neige est aveugle. - Si nous l'abandonnons, l'horizon a des ailes - Et nos regards au loin dissipent les erreurs. - - - - - PREMIÈRE DU MONDE - - - _À Pablo Picasso._ - - - Captive de la plaine, agonisante folle, - La lumière sur toi se cache, vois le ciel: - Il a fermé les yeux pour s'en prendre à ton rêve, - Il a fermé ta robe pour briser tes chaînes. - - Devant les roues toutes nouées - Un éventail rit aux éclats. - Dans les traîtres filets de l'herbe - Les routes perdent leur reflet. - - Ne peux-tu donc prendre les vagues - Dont les barques sont les amandes - Dans ta paume chaude et câline - Ou dans les boucles de ta tête? - - Ne peux-tu prendre les étoiles? - Écartelée, tu leur ressembles, - Dans leur nid de feu tu demeures - Et ton éclat s'en multiplie. - - De l'aube baillonnée un seul cri veut jaillir, - Un soleil tournoyant ruisselle sous l'écorce. - Il ira se fixer sur tes paupières closes. - Ô douce, quand tu dors, la nuit se mêle au jour. - - - - - SOUS LA MENACE ROUGE - - -Sous la menace rouge d'une épée, défaisant sa chevelure qui guide des -baisers, qui montre à quel endroit le baiser se repose, elle rit. -L'ennui, sur son épaule, s'est endormi. L'ennui ne s'ennuie qu'avec -elle qui rit, la téméraire, et d'un rire insensé, d'un rire de fin du -jour semant sous tous les ponts des soleils rouges, des lunes bleues, -fleurs fanées d'un bouquet désenchanté. Elle est comme une grande -voiture de blé et ses mains germent et nous tirent la langue. Les -routes qu'elle traîne derrière elle sont ses animaux domestiques et -ses pas majestueux leur ferment les yeux. - - - - - CACHÉE - - -Le jardinage est la passion, belle bête de jardinier. Sous les -branches, sa tête semblait couverte de pattes légères d'oiseaux. À -un fils qui voit dans les arbres. - - - - - L'AS DE TRÈFLE - - -Elle joue comme nul ne joue et je suis seul à la regarder. Ce sont ses -yeux qui la ramènent dans mes songes. Presque immobile, à l'aventure. - -Et cet autre qu'elle prend par les ailes de ses oreilles a gardé la -forme de ses auréoles. Dans l'accolade de ses mains, une hirondelle aux -cheveux plats se débat sans espoir. Elle est aveugle. - - - - - À LA FLAMME DES FOUETS - - - Ces beaux murs blancs d'apothéose - Me sont d'une grande utilité. - Tout au sérieux, celui qui ne paie pas les dégâts - Jongle avec ton trousseau, reine des lavandes. - - Est-il libre? Sa gorge montre d'un doigt impérieux - Des corridors où glissent les sifflets de ses chevilles. - Son teint, de l'aube au soir, démode ses tatouages - Et l'asile de ses yeux a des portes sans nuages. - - Ô régicide! ton corset appartient aux mignons - Et aux mignonnes de toutes sortes. Ta chair simple s'y développe, - Tu t'y pourlèches dans la pourpre, ô nouveau médiateur! - Par les fentes de ton sourire s'envole un animal hurleur - - Qui ne jouit que dans les hauteurs. - - - - - À LA FLAMME DES FOUETS - - - Métal qui nuit, métal de jour, étoile au nid, - Pointe à frayeur, fruit en guenilles, amour rapace, - Porte-couteau, souillure vaine, lampe inondée, - Souhaits d'amour, fruits de dégoût, glaces prostituées. - - Bien sûr, bonjour à mon visage! - La lumière y sonne plus clair un grand désir qu'un paysage. - Bien sûr, bonjour à vos harpons, - À vos cris, à vos bonds, à votre ventre qui se cache! - - J'ai perdu, j'ai gagné, voyez sur quoi je suis monté. - - - - - BOIRE - - - Les bouches ont suivi le chemin sinueux - Du verre ardent, du verre d'astre - Et dans le puits d'une étincelle - Ont mangé le cœur du silence. - - Plus un mélange n'est absurde-- - C'est ici que l'on voit le créateur de mots, - Celui qui se détruit dans les fils qu'il engendre - Et qui nomme l'oubli de tous les noms du monde. - - Quand le fond du verre est désert, - Quand le fond du verre est fané - Les bouches frappent sur le verre - Comme sur un mort. - - - - - ANDRÉ MASSON - - -La cruauté se noue et la douceur agile se dénoue. L'amant des ailes -prend des visages bien clos, les flammes de la terre s'évadent par les -seins et le jasmin des mains s'ouvre sur une étoile. - -Le ciel tout engourdi, le ciel qui se dévoue n'est plus sur nous. -L'oubli, mieux que le soir, l'efface. Privée de sang et de reflets, la -cadence des tempes et des colonnes subsiste. - -Les lignes de la main, autant de branches dans le vent tourbillonnant. -Rampe des mois d'hiver, jour pâle d'insomnie, mais aussi, dans les -chambres les plus secrètes de l'ombre, la guirlande d'un corps autour -de sa splendeur. - - - - - PAUL KLEE - - - Sur la pente fatale, le voyageur profite - De la faveur du jour, verglas et sans cailloux, - Et les yeux bleus d'amour, découvre sa saison - Qui porte à tous les doigts de grands astres en bague. - - Sur la plage la mer a laissé ses oreilles - Et le sable creusé la place d'un beau crime. - Le supplice est plus dur aux bourreaux qu'aux victimes - Les couteaux sont des signes et les balles des larmes. - - - - - LES GERTRUDE HOFFMANN GIRLS - - - Gertrude, Dorothy, Mary, Claire, Alberta, - Charlotte, Dorothy, Ruth, Catherine, Emma, - Louise, Margaret, Ferrai, Harriet, Sara, - Florence toute nue, Margaret, Toots, Thelma, - - Belles-de-nuit, belles-de-feu, belles-de-pluie, - Le cœur tremblant, les mains cachées, les yeux au vent - Vous me montrez les mouvements de la lumière, - Vous échangez un regard clair pour un printemps, - - Le tour de votre taille pour un tour de fleur, - L'audace et le danger pour votre chair sans ombre, - Vous échangez l'amour pour des frissons d'épées - Et le rire inconscient pour des promesses d'aube. - - Vos danses sont le gouffre effrayant de mes songes - Et je tombe et ma chute éternise ma vie, - L'espace sous vos pieds est de plus en plus vaste, - Merveilles, vous dansez sur les sources du ciel. - - - - - PARIS PENDANT LA GUERRE - - - «_Amoureux d'une statue._» - - - Les bêtes qui descendent des faubourgs en feu, - Les oiseaux qui secouent leurs plumes meurtrières, - Les terribles ciels jaunes, les nuages tout nus - Ont, en toute saison, fêté cette statue. - - Elle est belle, statue vivante de l'amour. - Ô neige de midi, soleil sur tous les ventres, - Ô flammes du sommeil sur un visage d'ange - Et sur toutes les nuits et sur tous les visages. - - Silence. Le silence éclatant de ses rêves - Caresse l'horizon. Ses rêves sont les nôtres - Et les mains de désir qu'elle impose à son glaive - Enivrent d'ouragans le monde délivré. - - - - - L'ICÔNE AÉRÉE - - -L'icône aérée qui se conjugue isolément peut faire une place -décisive à la plus fausse des couronnes ovales, crâne de Dieu, -polluée par la terreur. L'os gâté par l'eau, ironie à flots irrités -qui domine de ses yeux froids comme l'aiguille sur la machine des bonnes -mères la tranche du globe que nous n'avons pas choisie. - -Doux constructeurs las des églises, doux constructeurs aux tempes de -briques roses, aux yeux grillés d'espoir, la tâche que vous deviez -faire est pour toujours inachevée. Maisons plus fragiles que les -paupières d'un mourant, allaient-ils s'y employer à qui perd gagne? -Boîtes de perles avec, aux vitres, des visages multicolores qui ne se -doutent jamais de la pluie ou du beau temps, du soleil d'ivoire ou de la -lune tour à tour de soufre et d'acajou, grands animaux immobiles dans -les veines du temps, l'aube de midi, l'aube de minuit, l'aube qui n'a -jamais rien commencé ni rien fini, cette cloche qui partout et sans -cesse sonne le milieu, le cœur de toute chose, ne vous gênera pas. -Grandes couvertures de plomb sur des chevelures lisses et odorantes, -grand amour transparent sur des corps printaniers, délicats esclaves -des prisonniers, vos gestes sont les échelles de votre force, vos -larmes ont terni l'insouciance de vos maîtres impuissants, et -désormais vous pouvez rire effrontément, rire, bouquet d'épées, -rire, vent de poussière, rire comme arcs-en-ciel tombés de leur -balance, comme un poisson géant qui tourne sur lui-même. La liberté a -quitté votre corps. - - - - - LE DIAMANT - - -Le diamant qu'il ne t'a pas donné, c'est parce qu'il l'a eu à la fin -de sa vie, il n'en connaissait plus la musique, il ne pouvait plus le -lancer en l'air, il avait perdu l'illusion du soleil, il ne voyait plus -la pierre de ta nudité, chaton de cette bague tournée vers toi. - -De l'arabesque qui fermait les lieux d'ivresse, la ronce douce, -squelette de ton pouce et tous ces signes précurseurs de l'incendie -animal qui dévorera en un clin de retour de flamme ta grâce de la -Sainte-Claire. - -Dans les lieux d'ivresse, la bourrasque de palmes et de vin noir fait -rage. Les figures dentelées du jugement d'hier conservent aux journées -leurs heures entr'ouvertes. Es-tu sûre, héroïne aux sens de phare, -d'avoir vaincu la miséricorde et l'ombre, ces deux sœurs lavandières, -prenons-les à la gorge, elles ne sont pas jolies et pour ce que nous -voulons en faire, le monde se détachera bien assez vite de leur -crinière peignant l'encens sur le bord des fontaines. - - - - - L'HIVER SUR LA PRAIRIE - - - L'hiver sur la prairie apporte des souris. - J'ai rencontré la jeunesse. - Toute nue aux plis de satin bleu, - Elle riait du présent, mon bel esclave. - - Les regards dans les rênes du coursier, - Délivrant le bercement des palmes de mon sang, - Je découvre soudain le raisin des façades couchées sur le soleil, - Fourrure du drapeau des détroits insensibles. - - La consolation graine perdue, - Le remords pluie fondue, - La douleur bouche en cœur - Et mes larges mains luttent. - - La tête antique du modèle - Rougit devant ma modestie. - Je l'ignore, je la bouscule. - Ô! lettre aux timbres incendiaires - - Qu'un bel espion n'envoya pas. - Il glissa une hache de pierre - Dans la chemise de ses filles, - De ses filles tristes et paresseuses. - - À terre, à terre tout ce qui nage! - À terre, à terre tout ce qui vole! - J'ai besoin des poissons pour porter ma couronne - Autour de mon front, - - J'ai besoin des oiseaux pour parler à la foule. - - - - - GRANDES CONSPIRATRICES - - -Grandes conspiratrices, routes sans destinée, croisant l'x de mes pas -hésitants, nattes gonflées de pierres ou de neige, puits légers dans -l'espace, rayons de la roue des voyages, routes de brises et d'orages, -routes viriles dans les champs humides, routes féminines dans les -villes, ficelles d'une toupie folle, l'homme, à vous fréquenter, perd -son chemin et cette vertu qui le condamne aux buts. Il dénoue sa -présence, il abdique son image et rêve que les étoiles vont se guider -sur lui. - - - - - LEURS YEUX TOUJOURS PURS - - - Jours de lenteur, jours de pluie, - Jours de miroirs brisés et d'aiguilles perdues, - Jours de paupières closes à l'horizon des mers, - D'heures toutes semblables, jours de captivité, - - Mon esprit qui brillait encore sur les feuilles - Et les fleurs, mon esprit est nu comme l'amour, - L'aurore qu'il oublie lui fait baisser la tête - Et contempler son corps obéissant et vain. - - Pourtant, j'ai vu les plus beaux yeux du monde, - Dieux d'argent qui tenaient des saphirs dans leurs mains, - De véritables dieux, des oiseaux dans la terre - Et dans l'eau, je les ai vus. - - Leurs ailes sont les miennes, rien n'existe - Que leur vol qui secoue ma misère, - Leur vol d'étoile et de lumière - Leur vol de terre, leur vol de pierre - Sur les flots de leurs ailes, - - Ma pensée soutenue par la vie et la mort. - - - - - MAX ERNST - - - Dévoré par les plumes et soumis à la mer, - Il a laissé passer son ombre dans le vol - Des oiseaux de la liberté. - Il a laissé - La rampe à ceux qui tombent sous la pluie, - Il a laissé leur toit à tous ceux qui se vérifient. - - Son corps était en ordre, - Le corps des autres est venu disperser - Cette ordonnance qu'il tenait - De la première empreinte de son sang sur terre. - - Ses yeux sont dans un mur - Et son visage est leur lourde parure. - Un mensonge de plus du jour, - Une nuit de plus, il n'y a plus d'aveugles. - - - - - UNE - - -Je suis tombé de ma fureur, la fatigue me défigure, mais je vous -aperçois encore, femmes bruyantes, étoiles muettes, je vous apercevrai -toujours, folie. - -Et toi, le sang des astres coule en toi, leur lumière te soutient. Sur -les fleurs, tu te dresses avec les fleurs, sur les pierres avec les -pierres. - -Blanche éteinte des souvenirs, étalée, étoilée, rayonnante de tes -larmes qui fuient. Je suis perdu. - - - - - LE PLUS JEUNE - - - Au plafond de la libellule - Un enfant fou s'est pendu, - Fixement regarde l'herbe, - Confiant lève les yeux: - Le brouillard léger se lèche comme un chat - Qui se dépouille de ses rêves. - L'enfant sait que le monde commence à peine - Tout est transparent, - C'est la lune qui est au centre de la terre, - C'est la verdure qui couvre le ciel - Et c'est dans les yeux de l'enfant, - Dans ses yeux sombres et profonds - Comme les nuits blanches - Que naît la lumière. - - - - - AU HASARD - - - Au hasard une épopée, mais bien finie maintenant, - Tous les actes sont prisonniers - D'esclaves à barbe d'ancêtre - Et les paroles coutumières - Ne valent que dans leur mémoire. - - Au hasard tout ce qui brûle, tout ce qui ronge, - Tout ce qui use, tout ce qui mord, tout ce qui tue, - Mais ce qui brille tous les jours - C'est l'accord de l'homme et de l'or, - C'est un regard lié à la terre. - - Au hasard une délivrance, - Au hasard l'étoile filante - Et l'éternel ciel de ma tête - S'ouvre plus large à son soleil, - À l'éternité du hasard. - - - - - L'ABSOLUE NÉCESSITÉ - - -L'absolue nécessité, l'absolu désir, découdre tous ces habits, le -plomb de la verdure qui dort sous la feuillée avec un tapis rouge dans -les cheveux d'ordre et de brûlures semant la pâleur, l'azurine de -teinte de la poudre d'or du chercheur de noir au fond du rideau dur et -renâclant l'humide désertion, poussant le verre ardent, hachure -dépendant de l'éternité délirante du pauvre, la machine se disperse -et retrouve la ronde armature des rousses au désir de sucre rouge. - -Le fleuve se détend, passe avec adresse dans le soleil, regarde la -nuit, la trouve belle et à son goût, passe son bras sous le sien et -redouble de brutalité, la douceur étant la conjonction d'un œil -fermé avec un œil ouvert ou du dédain avec l'enthousiasme, du refus -avec la confiance et de la haine avec l'amour, voyez quand même la -barrière de cristal que l'homme a fermé devant l'homme, il restera -pris par les rubans de sa crinière de troupeaux, de foules, de -processions, d'incendies, de semailles, de voyages, de réflexions, -d'épopées, de chaînes, de vêtements jetés, de virginités -arrachées, de batailles, de triomphes passés ou futurs, de liquides, -de satisfactions, de rancunes, d'enfants abandonnés, de souvenirs, -d'espoirs, de familles, de races, d'armées, de miroirs, d'enfants de -chœur, de chemins de croix, de chemins de fer, de traces, d'appels, de -cadavres, de larcins, de pétrifications, de parfums, de promesses, de -pitié, de vengeances, de délivrances--dis-je--de délivrances comme au -son des clairons ordonnant au cerveau de ne plus se laisser distraire -par les masques successifs et féminins d'un hasard d'occasion, aux -prunelles des haies, la cavalcade sanglante et plus douce au cœur de -l'homme averti de la paix que la couronne des rêves, insouciante des -ruines du sommeil. - - - - - ENTRE PEU D'AUTRES - - - _À Philippe Soupault_ - - - Ses yeux ont tout un ciel de larmes. - Ni ses paupières, ni ses mains - Ne sont une nuit suffisante - Pour que sa douleur s'y cache. - - Il ira demander - Au Conseil des Visages - S'il est encore capable - De chasser sa jeunesse - - Et d'être dans la plaine - Le pilote du vent. - C'est une affaire d'expérience: - Il prend sa vie par le milieu. - - Seuls, les plateaux de la balance... - - - - - REVENIR DANS UNE VILLE - - -Revenir dans une ville de velours et de porcelaine, les fenêtres seront -des vases où les fleurs, qui auront quitté la terre, montreront la -lumière telle qu'elle est. - -Voir le silence, lui donner un baiser sur les lèvres et les toits de la -ville seront de beaux oiseaux mélancoliques, aux ailes décharnées. - -Ne plus aimer que la douceur et l'immobilité à l'œil de plâtre, au -front de nacre, à l'œil absent, au front vivant, aux mains qui, sans -se fermer, gardent tout sur leurs balances, les plus justes du monde, -invariables, toujours exactes. - -Le cœur de l'homme ne rougira plus, il ne se perdra plus, je reviens de -moi-même, de toute éternité. - - - - - GEORGES BRAQUE - - - Un oiseau s'envole, - Il rejette les nues comme un voile inutile, - Il n'a jamais craint la lumière, - Enfermé dans son vol, - Il n'a jamais eu d'ombre. - - Coquilles des moissons brisées par le soleil. - Toutes les feuilles dans les bois disent oui, - Elles ne savent dire que oui, - Toute question, toute réponse - Et la rosée coule au fond de ce oui. - - Un homme aux yeux légers décrit le ciel d'amour. - Il en rassemble les merveilles - Comme des feuilles dans un bois, - Comme des oiseaux dans leurs ailes - Et des hommes dans le sommeil. - - - - - DANS LA BRUME - - -Dans la brume où des verres d'eau s'entrechoquent, où les serpents -cherchent du lait, un monument de laine et de soie disparaît. C'est là -que, la nuit dernière, apportant leur faiblesse, toutes les femmes -entrèrent. Le monde n'était pas fait pour leurs promenades -incessantes, pour leur démarche languissante, pour leur recherche de -l'amour. Grand pays de bronze de la belle époque, par tes chemins en -pente douce, l'inquiétude a déserté. - -Il faudra se passer des gestes plus doux que l'odeur, des yeux plus -clairs que la puissance, il y aura des cris, des pleurs, des jurons et -des grincements de dents. - -Les hommes qui se coucheront ne seront plus désormais que les pères de -l'oubli. À leurs pieds le désespoir aura la belle allure des victoires -sans lendemain, des auréoles sous le beau ciel bleu dont nous étions -parés. - -Un jour, ils en seront las, un jour ils seront en colère, aiguilles de -feu, masques de poix et de moutarde, et la femme se lèvera, avec des -mains dangereuses, avec des yeux de perdition, avec un corps dévasté, -rayonnant à toute heure. - - -Et le soleil refleurira, comme le mimosa. - - - - - LES NOMS: CHÉRI-BIBI, GASTON LEROUX. - - -Il a dû bien souffrir avec ces oiseaux! Il a pris le goût des animaux, -faudra-t-il le manger? Mais il gagne son temps et roule vers le paradis. -C'est BOUCHE-DE-CŒUR qui tient la roue et non CHÉRI-BIBI. On le nomme -aussi MAMAN, par erreur. - - - - - LA NUIT - - -Caresse l'horizon de la nuit, cherche le cœur de jais que l'aube -recouvre de chair. Il mettrait dans tes yeux des pensées innocentes, -des flammes, des ailes et des verdures que le soleil n'inventa pas. - -Ce n'est pas la nuit qui te manque, mais sa puissance. - - - - - ARP - - -Tourne sans reflets aux courbes sans sourires des ombres à moustaches, -enregistre les murmures de la vitesse, la terreur minuscule, cherche -sous des cendres froides les plus petits oiseaux, ceux qui ne ferment -jamais leurs ailes, résiste au vent. - - - - - JOAN MIRO - - - Soleil de proie prisonnier de ma tête, - Enlève la colline, enlève la forêt. - Le ciel est plus beau que jamais. - Les libellules des raisins - Lui donnent des formes précises - Que je dissipe d'un geste. - - Nuages du premier jour, - Nuages insensibles et que rien n'autorise, - Leurs graines brûlent - Dans les feux de paille de mes regards. - - À la fin, pour se couvrir d'une aube - Il faudra que le ciel soit aussi pur que la nuit. - - - - - JOUR DE TOUT - - -Empanaché plat, compagnie et compagnie à la parole facile, tout à -dire. Peur plus tiède que le soleil. Il est pâle et sans défauts. -Compagnie et compagnie s'est habitué à la lumière. - -Est-ce avoir l'air musicien que d'avoir l'air des villes? Il parle, -roses des mots ignorés de la plume. - -Et je me dresse devant lui comme le mât d'une tente, et je suis au -sommet du mât, colombe. - - - - - L'IMAGE D'HOMME - - -L'image d'homme, au dehors du souterrain, resplendit. Des plaines de -plomb semblent lui offrir l'assurance qu'elle ne sera plus renversée, -mais ce n'est que pour la replonger dans cette grande tristesse qui la -dessine. La force d'autrefois, oui la force d'autrefois se suffisait à -elle-même. Tout secours est inutile, elle périra par extinction, mort -douce et calme. - -Elle entre dans les bois épais, dont la silencieuse solitude jette -l'âme dans une mer où les vagues sont des lustres et des miroirs. La -belle étoile de feuilles blanches qui, sur un plan plus éloigné, -semble la reine des couleurs, contraste avec la substance des regards, -appuyés sur les troncs de l'incalculable impéritie des végétaux bien -accordés. - -Au-dehors du souterrain, l'image d'homme manie cinq sabres ravageurs. -Elle a déjà creusé la masure où s'abrite le règne noir des amateurs -de mendicité, de bassesse et de prostitution. Sur le plus grand -vaisseau qui déplace la mer, l'image d'homme s'embarque et conte aux -matelots revenant des naufrages une histoire de brigands: «À cinq ans, -sa mère lui confia un trésor. Qu'en faire? Sinon de l'amadouer. Elle -rompit de ses bras d'enfer la caisse de verre où dorment les pauvres -merveilles des hommes. Les merveilles la suivirent. L'œillet de poète -sacrifia les cieux pour une chevelure blonde. Le caméléon s'attarda -dans une clairière pour y construire un minuscule palais de fraises et -d'araignées, les pyramides d'Égypte faisaient rire les passants, car -elles ne savaient pas que la pluie désaltère la terre. Enfin, le -papillon d'orange secoua ses pépins sur les paupières des enfants qui -crurent sentir passer le marchand de sable.» - -L'image d'homme rêve, mais plus rien n'est accroché à ses rêves que -la nuit sans rivale. Alors, pour rappeler les matelots à l'apparence de -quelque raison, quelqu'un qu'on avait cru ivre prononce lentement cette -phrase: - -«Le bien et le mal doivent leur origine à l'abus de quelques -erreurs.» - - - - - LE MIROIR D'UN MOMENT - - - Il dissipe le jour, - Il montre aux hommes les images déliées de l'apparence, - Il enlève aux hommes la possibilité de se distraire. - Il est dur comme la pierre, - La pierre informe, - La pierre du mouvement et de la vue, - Et son éclat est tel que toutes les armures, tous les - masques en sont faussés. - Ce que la main a pris dédaigne même de prendre la - forme de la main, - Ce qui a été compris n'existe plus, - L'oiseau s'est confondu avec le vent, - Le ciel avec sa vérité, - L'homme avec sa réalité. - - - - - TA CHEVELURE D'ORANGES - - - Ta chevelure d'oranges dans le vide du monde - Dans le vide des vitres lourdes de silence - Et d'ombre où mes mains nues cherchent tous tes reflets. - - La forme de ton cœur est chimérique - Et ton amour ressemble à mon désir perdu. - Ô soupirs d'ambre, rêves, regards. - - Mais tu n'as pas toujours été avec moi. Ma mémoire - Est encore obscurcie de t'avoir vu venir - Et partir. Le temps se sert de mots comme l'amour. - - - LES LUMIÈRES DICTÉES - - -Les lumières dictées à la lumière constante et pauvre passent avec -moi toutes les écluses de la vie. Je reconnais les femmes à fleur de -leurs cheveux, de leur poitrine et de leurs mains. Elles ont oublié le -printemps, elles pâlissent à perte d'haleine. - -Et toi, tu te dissimulais comme une épée dans la déroute, tu -t'immobilisais, orgueil, sur le large visage de quelque déesse -méprisante et masquée. Toute brillante d'amour, tu fascinais l'univers -ignorant. - -Je t'ai saisie et depuis, ivre de larmes, je baise partout pour toi -l'espace abandonné. - - - - - TA BOUCHE AUX LÈVRES D'OR - - - Ta bouche aux lèvres d'or n'est pas en moi pour rire - Et tes mots d'auréole ont un sens si parfait - Que dans mes nuits d'années, de jeunesse et de mort - J'entends vibrer ta voix dans tous les bruits du monde. - - Dans cette aube de soie où végète le froid - La luxure en péril regrette le sommeil, - Dans les mains du soleil tous les corps qui s'éveillent - Grelottent à l'idée de retrouver leur cœur. - - Souvenirs de bois vert, brouillard où je m'enfonce - J'ai refermé les yeux sur moi, je suis à toi, - Toute ma vie t'écoute et je ne peux détruire - Les terribles loisirs que ton amour me crée. - - - - - ELLE EST - - -Elle est--mais elle n'est qu'à minuit quand tous les oiseaux blancs ont -refermé leurs ailes sur l'ignorance des ténèbres, quand la sœur des -myriades de perles a caché ses deux mains dans sa chevelure morte, -quand le triomphateur se plaît à sangloter, las de ses dévotions à -la curiosité, mâle et brillante armure de luxure. Elle est si douce -qu'elle a transformé mon cœur. J'avais peur des grandes ombres qui -tissent les tapis du jeu et les toilettes, j'avais peur des contorsions -du soleil le soir, des incassables branches qui purifient les fenêtres -de tous les confessionnaux où des femmes endormies nous attendent. - -Ô buste de mémoire, erreur de forme, lignes absentes, flamme éteinte -dans mes yeux clos, je suis devant ta grâce comme un enfant dans l'eau, -comme un bouquet dans un grand bois. Nocturne, l'univers se meut dans ta -chaleur et les villes d'hier ont des gestes de rue plus délicats que -l'aubépine, plus saisissants que l'heure. La terre au loin se brise en -sourires immobiles, le ciel enveloppe la vie: un nouvel astre de l'amour -se lève de partout--fini, il n'y a plus de preuves de la nuit. - - - - - LE GRAND JOUR - - -Viens, monte. Bientôt les plumes les plus légères, scaphandrier de -l'air, te tiendront par le cou. - -La terre ne porte que le nécessaire et tes oiseaux de belle espèce, -sourire. Aux lieux de ta tristesse, comme une ombre derrière l'amour, -le paysage couvre tout. - -Viens vite, cours. Et ton corps va plus vite que tes pensées, mais -rien, entends-tu? rien, ne peut te dépasser. - - - LA COURBE DE TES YEUX - - - La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur, - Un rond de danse et de douceur, - Auréole du temps, berceau nocturne et sûr, - Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu - C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu. - - Feuilles de jour et mousse de rosée, - Roseaux du vent, sourires parfumés, - Ailes couvrant le monde de lumière, - Bateaux chargés du ciel et de la mer, - Chasseurs des bruits et sources des couleurs - - Parfums éclos d'une couvée d'aurores - Qui gît toujours sur la paille des astres, - Comme le jour dépend de l'innocence - Le monde entier dépend de tes yeux purs - Et tout mon sang coule dans leurs regards. - - - - - CELLE DE TOUJOURS, TOUTE - - - Si je vous dis: «j'ai tout abandonné» - C'est qu'elle n'est pas celle de mon corps, - Je ne m'en suis jamais vanté, - Ce n'est pas vrai - Et la brume de fond où je me meus - Ne sait jamais si j'ai passé. - - L'éventail de sa bouche, le reflet de ses yeux, - Je suis le seul à en parler, - Je suis le seul qui soit cerné - Par ce miroir si nul où l'air circule à travers moi - Et l'air a un visage, un visage aimé, - Un visage aimant, ton visage, - À toi qui n'as pas de nom et que les autres ignorent, - La mer te dit: sur moi, le ciel te dit: sur moi, - Les astres te devinent, les nuages t'imaginent - Et le sang répandu aux meilleurs moments, - Le sang de la générosité - Te porte avec délices. - - Je chante la grande joie de te chanter, - La grande joie de t'avoir ou de ne pas t'avoir, - La candeur de t'attendre, l'innocence de te connaître, - Ô toi qui supprimes l'oubli, l'espoir et l'ignorance, - Qui supprimes l'absence et qui me mets au monde, - Je chante pour chanter, je t'aime pour chanter - Le mystère où l'amour me crée et se délivre. - - Tu es pure, tu es encore plus pure que moi-même. - -*** END OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK CAPITALE DE LA DOULEUR *** - -Updated editions will replace the previous one--the old editions will -be renamed. - -Creating the works from print editions not protected by U.S. copyright -law means that no one owns a United States copyright in these works, -so the Foundation (and you!) can copy and distribute it in the -United States without permission and without paying copyright -royalties. Special rules, set forth in the General Terms of Use part -of this license, apply to copying and distributing Project -Gutenberg-tm electronic works to protect the PROJECT GUTENBERG-tm -concept and trademark. Project Gutenberg is a registered trademark, -and may not be used if you charge for an eBook, except by following -the terms of the trademark license, including paying royalties for use -of the Project Gutenberg trademark. If you do not charge anything for -copies of this eBook, complying with the trademark license is very -easy. You may use this eBook for nearly any purpose such as creation -of derivative works, reports, performances and research. Project -Gutenberg eBooks may be modified and printed and given away--you may -do practically ANYTHING in the United States with eBooks not protected -by U.S. copyright law. Redistribution is subject to the trademark -license, especially commercial redistribution. - -START: FULL LICENSE - -THE FULL PROJECT GUTENBERG LICENSE -PLEASE READ THIS BEFORE YOU DISTRIBUTE OR USE THIS WORK - -To protect the Project Gutenberg-tm mission of promoting the free -distribution of electronic works, by using or distributing this work -(or any other work associated in any way with the phrase "Project -Gutenberg"), you agree to comply with all the terms of the Full -Project Gutenberg-tm License available with this file or online at -www.gutenberg.org/license. - -Section 1. General Terms of Use and Redistributing Project -Gutenberg-tm electronic works - -1.A. By reading or using any part of this Project Gutenberg-tm -electronic work, you indicate that you have read, understand, agree to -and accept all the terms of this license and intellectual property -(trademark/copyright) agreement. If you do not agree to abide by all -the terms of this agreement, you must cease using and return or -destroy all copies of Project Gutenberg-tm electronic works in your -possession. If you paid a fee for obtaining a copy of or access to a -Project Gutenberg-tm electronic work and you do not agree to be bound -by the terms of this agreement, you may obtain a refund from the -person or entity to whom you paid the fee as set forth in paragraph -1.E.8. - -1.B. "Project Gutenberg" is a registered trademark. It may only be -used on or associated in any way with an electronic work by people who -agree to be bound by the terms of this agreement. There are a few -things that you can do with most Project Gutenberg-tm electronic works -even without complying with the full terms of this agreement. See -paragraph 1.C below. There are a lot of things you can do with Project -Gutenberg-tm electronic works if you follow the terms of this -agreement and help preserve free future access to Project Gutenberg-tm -electronic works. See paragraph 1.E below. - -1.C. The Project Gutenberg Literary Archive Foundation ("the -Foundation" or PGLAF), owns a compilation copyright in the collection -of Project Gutenberg-tm electronic works. Nearly all the individual -works in the collection are in the public domain in the United -States. If an individual work is unprotected by copyright law in the -United States and you are located in the United States, we do not -claim a right to prevent you from copying, distributing, performing, -displaying or creating derivative works based on the work as long as -all references to Project Gutenberg are removed. Of course, we hope -that you will support the Project Gutenberg-tm mission of promoting -free access to electronic works by freely sharing Project Gutenberg-tm -works in compliance with the terms of this agreement for keeping the -Project Gutenberg-tm name associated with the work. You can easily -comply with the terms of this agreement by keeping this work in the -same format with its attached full Project Gutenberg-tm License when -you share it without charge with others. - -1.D. The copyright laws of the place where you are located also govern -what you can do with this work. Copyright laws in most countries are -in a constant state of change. If you are outside the United States, -check the laws of your country in addition to the terms of this -agreement before downloading, copying, displaying, performing, -distributing or creating derivative works based on this work or any -other Project Gutenberg-tm work. The Foundation makes no -representations concerning the copyright status of any work in any -country other than the United States. - -1.E. Unless you have removed all references to Project Gutenberg: - -1.E.1. The following sentence, with active links to, or other -immediate access to, the full Project Gutenberg-tm License must appear -prominently whenever any copy of a Project Gutenberg-tm work (any work -on which the phrase "Project Gutenberg" appears, or with which the -phrase "Project Gutenberg" is associated) is accessed, displayed, -performed, viewed, copied or distributed: - - This eBook is for the use of anyone anywhere in the United States and - most other parts of the world at no cost and with almost no - restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it - under the terms of the Project Gutenberg License included with this - eBook or online at www.gutenberg.org. If you are not located in the - United States, you will have to check the laws of the country where - you are located before using this eBook. - -1.E.2. If an individual Project Gutenberg-tm electronic work is -derived from texts not protected by U.S. copyright law (does not -contain a notice indicating that it is posted with permission of the -copyright holder), the work can be copied and distributed to anyone in -the United States without paying any fees or charges. If you are -redistributing or providing access to a work with the phrase "Project -Gutenberg" associated with or appearing on the work, you must comply -either with the requirements of paragraphs 1.E.1 through 1.E.7 or -obtain permission for the use of the work and the Project Gutenberg-tm -trademark as set forth in paragraphs 1.E.8 or 1.E.9. - -1.E.3. If an individual Project Gutenberg-tm electronic work is posted -with the permission of the copyright holder, your use and distribution -must comply with both paragraphs 1.E.1 through 1.E.7 and any -additional terms imposed by the copyright holder. Additional terms -will be linked to the Project Gutenberg-tm License for all works -posted with the permission of the copyright holder found at the -beginning of this work. - -1.E.4. Do not unlink or detach or remove the full Project Gutenberg-tm -License terms from this work, or any files containing a part of this -work or any other work associated with Project Gutenberg-tm. - -1.E.5. Do not copy, display, perform, distribute or redistribute this -electronic work, or any part of this electronic work, without -prominently displaying the sentence set forth in paragraph 1.E.1 with -active links or immediate access to the full terms of the Project -Gutenberg-tm License. - -1.E.6. You may convert to and distribute this work in any binary, -compressed, marked up, nonproprietary or proprietary form, including -any word processing or hypertext form. However, if you provide access -to or distribute copies of a Project Gutenberg-tm work in a format -other than "Plain Vanilla ASCII" or other format used in the official -version posted on the official Project Gutenberg-tm website -(www.gutenberg.org), you must, at no additional cost, fee or expense -to the user, provide a copy, a means of exporting a copy, or a means -of obtaining a copy upon request, of the work in its original "Plain -Vanilla ASCII" or other form. Any alternate format must include the -full Project Gutenberg-tm License as specified in paragraph 1.E.1. - -1.E.7. Do not charge a fee for access to, viewing, displaying, -performing, copying or distributing any Project Gutenberg-tm works -unless you comply with paragraph 1.E.8 or 1.E.9. - -1.E.8. You may charge a reasonable fee for copies of or providing -access to or distributing Project Gutenberg-tm electronic works -provided that: - -* You pay a royalty fee of 20% of the gross profits you derive from - the use of Project Gutenberg-tm works calculated using the method - you already use to calculate your applicable taxes. The fee is owed - to the owner of the Project Gutenberg-tm trademark, but he has - agreed to donate royalties under this paragraph to the Project - Gutenberg Literary Archive Foundation. Royalty payments must be paid - within 60 days following each date on which you prepare (or are - legally required to prepare) your periodic tax returns. Royalty - payments should be clearly marked as such and sent to the Project - Gutenberg Literary Archive Foundation at the address specified in - Section 4, "Information about donations to the Project Gutenberg - Literary Archive Foundation." - -* You provide a full refund of any money paid by a user who notifies - you in writing (or by e-mail) within 30 days of receipt that s/he - does not agree to the terms of the full Project Gutenberg-tm - License. You must require such a user to return or destroy all - copies of the works possessed in a physical medium and discontinue - all use of and all access to other copies of Project Gutenberg-tm - works. - -* You provide, in accordance with paragraph 1.F.3, a full refund of - any money paid for a work or a replacement copy, if a defect in the - electronic work is discovered and reported to you within 90 days of - receipt of the work. - -* You comply with all other terms of this agreement for free - distribution of Project Gutenberg-tm works. - -1.E.9. If you wish to charge a fee or distribute a Project -Gutenberg-tm electronic work or group of works on different terms than -are set forth in this agreement, you must obtain permission in writing -from the Project Gutenberg Literary Archive Foundation, the manager of -the Project Gutenberg-tm trademark. Contact the Foundation as set -forth in Section 3 below. - -1.F. - -1.F.1. Project Gutenberg volunteers and employees expend considerable -effort to identify, do copyright research on, transcribe and proofread -works not protected by U.S. copyright law in creating the Project -Gutenberg-tm collection. Despite these efforts, Project Gutenberg-tm -electronic works, and the medium on which they may be stored, may -contain "Defects," such as, but not limited to, incomplete, inaccurate -or corrupt data, transcription errors, a copyright or other -intellectual property infringement, a defective or damaged disk or -other medium, a computer virus, or computer codes that damage or -cannot be read by your equipment. - -1.F.2. LIMITED WARRANTY, DISCLAIMER OF DAMAGES - Except for the "Right -of Replacement or Refund" described in paragraph 1.F.3, the Project -Gutenberg Literary Archive Foundation, the owner of the Project -Gutenberg-tm trademark, and any other party distributing a Project -Gutenberg-tm electronic work under this agreement, disclaim all -liability to you for damages, costs and expenses, including legal -fees. YOU AGREE THAT YOU HAVE NO REMEDIES FOR NEGLIGENCE, STRICT -LIABILITY, BREACH OF WARRANTY OR BREACH OF CONTRACT EXCEPT THOSE -PROVIDED IN PARAGRAPH 1.F.3. YOU AGREE THAT THE FOUNDATION, THE -TRADEMARK OWNER, AND ANY DISTRIBUTOR UNDER THIS AGREEMENT WILL NOT BE -LIABLE TO YOU FOR ACTUAL, DIRECT, INDIRECT, CONSEQUENTIAL, PUNITIVE OR -INCIDENTAL DAMAGES EVEN IF YOU GIVE NOTICE OF THE POSSIBILITY OF SUCH -DAMAGE. - -1.F.3. LIMITED RIGHT OF REPLACEMENT OR REFUND - If you discover a -defect in this electronic work within 90 days of receiving it, you can -receive a refund of the money (if any) you paid for it by sending a -written explanation to the person you received the work from. If you -received the work on a physical medium, you must return the medium -with your written explanation. The person or entity that provided you -with the defective work may elect to provide a replacement copy in -lieu of a refund. If you received the work electronically, the person -or entity providing it to you may choose to give you a second -opportunity to receive the work electronically in lieu of a refund. If -the second copy is also defective, you may demand a refund in writing -without further opportunities to fix the problem. - -1.F.4. Except for the limited right of replacement or refund set forth -in paragraph 1.F.3, this work is provided to you 'AS-IS', WITH NO -OTHER WARRANTIES OF ANY KIND, EXPRESS OR IMPLIED, INCLUDING BUT NOT -LIMITED TO WARRANTIES OF MERCHANTABILITY OR FITNESS FOR ANY PURPOSE. - -1.F.5. Some states do not allow disclaimers of certain implied -warranties or the exclusion or limitation of certain types of -damages. If any disclaimer or limitation set forth in this agreement -violates the law of the state applicable to this agreement, the -agreement shall be interpreted to make the maximum disclaimer or -limitation permitted by the applicable state law. The invalidity or -unenforceability of any provision of this agreement shall not void the -remaining provisions. - -1.F.6. INDEMNITY - You agree to indemnify and hold the Foundation, the -trademark owner, any agent or employee of the Foundation, anyone -providing copies of Project Gutenberg-tm electronic works in -accordance with this agreement, and any volunteers associated with the -production, promotion and distribution of Project Gutenberg-tm -electronic works, harmless from all liability, costs and expenses, -including legal fees, that arise directly or indirectly from any of -the following which you do or cause to occur: (a) distribution of this -or any Project Gutenberg-tm work, (b) alteration, modification, or -additions or deletions to any Project Gutenberg-tm work, and (c) any -Defect you cause. - -Section 2. Information about the Mission of Project Gutenberg-tm - -Project Gutenberg-tm is synonymous with the free distribution of -electronic works in formats readable by the widest variety of -computers including obsolete, old, middle-aged and new computers. It -exists because of the efforts of hundreds of volunteers and donations -from people in all walks of life. - -Volunteers and financial support to provide volunteers with the -assistance they need are critical to reaching Project Gutenberg-tm's -goals and ensuring that the Project Gutenberg-tm collection will -remain freely available for generations to come. In 2001, the Project -Gutenberg Literary Archive Foundation was created to provide a secure -and permanent future for Project Gutenberg-tm and future -generations. To learn more about the Project Gutenberg Literary -Archive Foundation and how your efforts and donations can help, see -Sections 3 and 4 and the Foundation information page at -www.gutenberg.org - -Section 3. Information about the Project Gutenberg Literary -Archive Foundation - -The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non-profit -501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the -state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal -Revenue Service. The Foundation's EIN or federal tax identification -number is 64-6221541. Contributions to the Project Gutenberg Literary -Archive Foundation are tax deductible to the full extent permitted by -U.S. federal laws and your state's laws. - -The Foundation's business office is located at 809 North 1500 West, -Salt Lake City, UT 84116, (801) 596-1887. Email contact links and up -to date contact information can be found at the Foundation's website -and official page at www.gutenberg.org/contact - -Section 4. Information about Donations to the Project Gutenberg -Literary Archive Foundation - -Project Gutenberg-tm depends upon and cannot survive without -widespread public support and donations to carry out its mission of -increasing the number of public domain and licensed works that can be -freely distributed in machine-readable form accessible by the widest -array of equipment including outdated equipment. Many small donations -($1 to $5,000) are particularly important to maintaining tax exempt -status with the IRS. - -The Foundation is committed to complying with the laws regulating -charities and charitable donations in all 50 states of the United -States. Compliance requirements are not uniform and it takes a -considerable effort, much paperwork and many fees to meet and keep up -with these requirements. We do not solicit donations in locations -where we have not received written confirmation of compliance. To SEND -DONATIONS or determine the status of compliance for any particular -state visit www.gutenberg.org/donate - -While we cannot and do not solicit contributions from states where we -have not met the solicitation requirements, we know of no prohibition -against accepting unsolicited donations from donors in such states who -approach us with offers to donate. - -International donations are gratefully accepted, but we cannot make -any statements concerning tax treatment of donations received from -outside the United States. U.S. laws alone swamp our small staff. - -Please check the Project Gutenberg web pages for current donation -methods and addresses. Donations are accepted in a number of other -ways including checks, online payments and credit card donations. To -donate, please visit: www.gutenberg.org/donate - -Section 5. General Information About Project Gutenberg-tm electronic works - -Professor Michael S. Hart was the originator of the Project -Gutenberg-tm concept of a library of electronic works that could be -freely shared with anyone. For forty years, he produced and -distributed Project Gutenberg-tm eBooks with only a loose network of -volunteer support. - -Project Gutenberg-tm eBooks are often created from several printed -editions, all of which are confirmed as not protected by copyright in -the U.S. unless a copyright notice is included. Thus, we do not -necessarily keep eBooks in compliance with any particular paper -edition. - -Most people start at our website which has the main PG search -facility: www.gutenberg.org - -This website includes information about Project Gutenberg-tm, -including how to make donations to the Project Gutenberg Literary -Archive Foundation, how to help produce our new eBooks, and how to -subscribe to our email newsletter to hear about new eBooks. diff --git a/old/68297-0.zip b/old/68297-0.zip Binary files differdeleted file mode 100644 index 38d76e5..0000000 --- a/old/68297-0.zip +++ /dev/null diff --git a/old/68297-h.zip b/old/68297-h.zip Binary files differdeleted file mode 100644 index dd368a5..0000000 --- a/old/68297-h.zip +++ /dev/null diff --git a/old/68297-h/68297-h.htm b/old/68297-h/68297-h.htm deleted file mode 100644 index f33c4ea..0000000 --- a/old/68297-h/68297-h.htm +++ /dev/null @@ -1,3339 +0,0 @@ -<!DOCTYPE html PUBLIC "-//W3C//DTD XHTML 1.0 Strict//EN" - "http://www.w3.org/TR/xhtml1/DTD/xhtml1-strict.dtd"> -<html xmlns="http://www.w3.org/1999/xhtml" xml:lang="fr" lang="fr"> - <head> - <meta http-equiv="content-type" content="text/html; charset=utf-8" /> - <meta http-equiv="Content-Style-Type" content="text/css" /> - <title> - The Project Gutenberg eBook of Capitale de la douleur - by Paul Éluard. - </title> - <style type="text/css"> - -body { - margin-left: 10%; - margin-right: 10%; -} - - h1,h2,h3,h4,h5,h6 { - text-align: center; /* all headings centered */ - clear: both; -} - -p { - margin-top: .51em; - text-align: justify; - margin-bottom: .49em; - text-indent:4%; -} - -.p2 {margin-top: 2em;} -.p4 {margin-top: 4em;} -.p6 {margin-top: 6em;} - -.nind {text-indent:0%;} - -hr { - width: 33%; - margin-top: 2em; - margin-bottom: 2em; - margin-left: auto; - margin-right: auto; - clear: both; -} - -.tb { - text-align: center; - padding-top: .76em; - padding-bottom: .24em; - letter-spacing: 1.5em; - margin-right: -1.5em; -} - -hr.tb {width: 45%;} -hr.chap {width: 65%} -hr.full {width: 95%;} - -hr.r5 {width: 5%; margin-top: 1em; margin-bottom: 1em;} -hr.r65 {width: 65%; margin-top: 3em; margin-bottom: 3em;} - -ul.index { list-style-type: none; } -li.ifrst { margin-top: 1em; } -li.indx { margin-top: .5em; } -li.isub1 {text-indent: 1em;} -li.isub2 {text-indent: 2em;} -li.isub3 {text-indent: 3em;} - -.bb {border-bottom: solid 2px;} - -.bl {border-left: solid 2px;} - -.bt {border-top: solid 2px;} - -.br {border-right: solid 2px;} - -.bbox {border: solid 2px;} - -.center {text-align: center;} - -.right {text-align: right;} - -.smcap {font-variant: small-caps;} - -.u {text-decoration: underline;} - -.caption {font-weight: bold;} - -/* Images */ -.figcenter { - margin: auto; - text-align: center; -} - -/* Poetry */ -.poem { - margin-left:10%; - margin-right:10%; - text-align: left; -} - -.poem br {display: none;} -.poetry-container { text-align: center; } -.poem { display: inline-block; text-align: left; } -.poem .stanza {margin: 1em 0em 1em 0em;} -.poem span.i0 {display: block; margin-left: 0em; padding-left: 3em; text-indent: -3em;} -.poem span.i1 {display: block; margin-left: 0.5em; padding-left: 3em; text-indent: -3em;} -.poem span.i2 {display: block; margin-left: 1em; padding-left: 3em; text-indent: -3em;} -.poem span.i3 {display: block; margin-left: 1.5em; padding-left: 3em; text-indent: -3em;} -.poem span.i4 {display: block; margin-left: 2em; padding-left: 3em; text-indent: -3em;} -.poem span.i5 {display: block; margin-left: 2.5em; padding-left: 3em; text-indent: -3em;} -.poem span.i6 {display: block; margin-left: 3em; padding-left: 3em; text-indent: -3em;} -.poem span.i7 {display: block; margin-left: 3.5em; padding-left: 3em; text-indent: -3em;} -.poem span.i8 {display: block; margin-left: 4em; padding-left: 3em; text-indent: -3em;} -.poem span.i9 {display: block; margin-left: 4.5em; padding-left: 3em; text-indent: -3em;} -.poem span.i10 {display: block; margin-left: 5em; padding-left: 3em; text-indent: -3em;} -.poem span.i11 {display: block; margin-left: 5.5em; padding-left: 3em; text-indent: -3em;} -.poem span.i12 {display: block; margin-left: 6em; padding-left: 3em; text-indent: -3em;} -.poem span.i13 {display: block; margin-left: 6.5em; padding-left: 3em; text-indent: -3em;} -.poem span.i14 {display: block; margin-left: 7em; padding-left: 3em; text-indent: -3em;} -.poem span.i15 {display: block; margin-left: 7.5em; padding-left: 3em; text-indent: -3em;} -.poem span.i16 {display: block; margin-left: 8em; padding-left: 3em; text-indent: -3em;} -.poem span.i17 {display: block; margin-left: 8.5em; padding-left: 3em; text-indent: -3em;} -.poem span.i18 {display: block; margin-left: 9em; padding-left: 3em; text-indent: -3em;} -.poem span.i19 {display: block; margin-left: 9.5em; padding-left: 3em; text-indent: -3em;} -.poem span.i20 {display: block; margin-left: 10em; padding-left: 3em; text-indent: -3em;} -.poem span.i21 {display: block; margin-left: 10.5em; padding-left: 3em; text-indent: -3em;} -.poem span.i22 {display: block; margin-left: 11em; padding-left: 3em; text-indent: -3em;} -.poem span.i23 {display: block; margin-left: 11.5em; padding-left: 3em; text-indent: -3em;} -.poem span.i24 {display: block; margin-left: 12em; padding-left: 3em; text-indent: -3em;} -.poem span.i25 {display: block; margin-left: 12.5em; padding-left: 3em; text-indent: -3em;} - - </style> - </head> -<body> -<div lang='en' xml:lang='en'> -<p style='text-align:center; font-size:1.2em; font-weight:bold'>The Project Gutenberg eBook of <span lang='fr' xml:lang='fr'>Capitale de la douleur</span>, by Paul Éluard</p> -<div style='display:block; margin:1em 0'> -This eBook is for the use of anyone anywhere in the United States and -most other parts of the world at no cost and with almost no restrictions -whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms -of the Project Gutenberg License included with this eBook or online -at <a href="https://www.gutenberg.org">www.gutenberg.org</a>. If you -are not located in the United States, you will have to check the laws of the -country where you are located before using this eBook. -</div> -</div> - -<p style='display:block; margin-top:1em; margin-bottom:0; margin-left:2em; text-indent:-2em'>Title: <span lang='fr' xml:lang='fr'>Capitale de la douleur</span></p> -<p style='display:block; margin-left:2em; text-indent:0; margin-top:0; margin-bottom:1em;'><span lang='fr' xml:lang='fr'>Répétitions; Mourir de ne pas mourir; Les petits justes; Nouveaux poèmes</span></p> -<p style='display:block; margin-top:1em; margin-bottom:0; margin-left:2em; text-indent:-2em'>Author: Paul Éluard</p> -<p style='display:block; text-indent:0; margin:1em 0'>Release Date: June 12, 2022 [eBook #68297]</p> -<p style='display:block; text-indent:0; margin:1em 0'>Language: French</p> - <p style='display:block; margin-top:1em; margin-bottom:0; margin-left:2em; text-indent:-2em; text-align:left'>Produced by: Laura Natal Rodrigues (Images generously made available by Hathi Trust Digital Library.)</p> -<div style='margin-top:2em; margin-bottom:4em'>*** START OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK <span lang='fr' xml:lang='fr'>CAPITALE DE LA DOULEUR</span> ***</div> - -<div class="figcenter" style="width: 500px;"> -<img src="images/capitale_cover.jpg" width="500" alt="" /> -</div> - -<h2>PAUL ELUARD</h2> - -<p><br /><br /></p> - -<h1>CAPITALE<br /> -DE LA DOULEUR</h1> - -<h3>RÉPÉTITIONS—MOURIR DE NE PAS MOURIR<br /> -LES PETITS JUSTES—NOUVEAUX POÈMES</h3> - -<p><br /><br /></p> - -<h5>Quatrième édition</h5> - - -<h4><i>nrf</i></h4> - -<p><br /><br /></p> - -<h4>PARIS</h4> - -<h4>Librairie Gallimard</h4> - -<h4>ÉDITIONS DE LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE</h4> - -<h5>3, Rue De Grenelle (VI<sup>me</sup>)</h5> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4>TABLE DE MATIÈRES</h4> - -<p class="nind"><a href="#REPETITIONS">RÉPÉTITIONS</a></p> -<p><br /></p> -<p class="nind"><a href="#MAX_ERNST">MAX ERNST</a><br /> -<a href="#SUITE">SUITE</a><br /> -<a href="#MANIE">MANIE</a><br /> -<a href="#LINVENTION">L'INVENTION</a><br /> -<a href="#PLUS_PRES_DE_NOUS">PLUS PRÈS DE NOUS</a><br /> -<a href="#PORTE_OUVERTE">PORTE OUVERTE</a><br /> -<a href="#SUITE_II">SUITE</a><br /> -<a href="#LA_PAROLE">LA PAROLE</a><br /> -<a href="#LA_RIVIERE">LA RIVIÈRE</a><br /> -<a href="#LOMBRE_AUX_SOUPIRS">L'OMBRE AUX SOUPIRS</a><br /> -<a href="#NUL">NUL</a><br /> -<a href="#POEMES">POÈMES</a><br /> -<a href="#LIMITE">LIMITE</a><br /> -<a href="#LES_MOUTONS">LES MOUTONS</a><br /> -<a href="#LUNIQUE">L'UNIQUE</a><br /> -<a href="#LA_VIE">LA VIE</a><br /> -<a href="#NUL_II">NUL</a><br /> -<a href="#INTERIEUR">INTÉRIEUR</a><br /> -<a href="#A_COTE">À CÔTÉ</a><br /> -<a href="#A_COTE_II">À CÔTÉ</a><br /> -<a href="#LIMPATIENT">L'IMPATIENT</a><br /> -<a href="#SANS_MUSIQUE">SANS MUSIQUE</a><br /> -<a href="#LUIRE">LUIRE</a><br /> -<a href="#LA_GRANDE_MAISON_INHABITABLE">LA GRANDE MAISON INHABITABLE</a><br /> -<a href="#LA_MORT_DANS_LA_CONVERSATION">LA MORT DANS LA CONVERSATION</a><br /> -<a href="#RAISON_DE_PLUS">RAISON DE PLUS</a><br /> -<a href="#LESQUELS">LESQUELS?</a><br /> -<a href="#RUBANS">RUBANS</a><br /> -<a href="#LAMI">L'AMI</a><br /> -<a href="#VOLONTAIREMENT">VOLONTAIREMENT</a><br /> -<a href="#A_LA_MINUTE">À LA MINUTE</a><br /> -<a href="#PARFAIT">PARFAIT</a><br /> -<a href="#RONDE">RONDE</a><br /> -<a href="#CE_NEST_PAS_LA_POESIE_QUI">CE N'EST PAS LA POÉSIE QUI</a><br /> -<a href="#OEIL_DE_SOURD">ŒIL DE SOURD</a></p> -<p><br /></p> -<p class="nind"><a href="#MOURIR_DE_NE_PAS_MOURIR">MOURIR DE NE PAS MOURIR</a></p> -<p><br /></p> -<p class="nind"><a href="#LEGALITE_DES_SEXES">L'ÉGALITÉ DES SEXES</a><br /> -<a href="#AU_COEUR_DE_MON_AMOUR">AU CŒUR DE MON AMOUR</a><br /> -<a href="#POUR_SE_PRENDRE_AU_PIEGE">POUR SE PRENDRE AU PIÈGE</a><br /> -<a href="#LAMOUREUSE">L'AMOUREUSE</a><br /> -<a href="#LE_SOURD_ET_LAVEUGLE">LE SOURD ET L'AVEUGLE</a><br /> -<a href="#LHABITUDE">L'HABITUDE</a><br /> -<a href="#DANS_LA_DANSE">DANS LA DANSE</a><br /> -<a href="#LE_JEU_DE_CONSTRUCTION">LE JEU DE CONSTRUCTION</a><br /> -<a href="#ENTRE_AUTRES">ENTRE AUTRES</a><br /> -<a href="#GIORGIO_DE_CHIRICO">GIORGIO DE CHIRICO</a><br /> -<a href="#BOUCHE_USEE">BOUCHE USÉE</a><br /> -<a href="#CYLINDRE_DES_TRIBULATIONS">DANS LE CYLINDRE DES TRIBULATIONS</a><br /> -<a href="#DENISE_DISAIT_AUX_MERVEILLES">DENISE DISAIT AUX MERVEILLES</a><br /> -<a href="#LA_BENEDICTION">LA BÉNÉDICTION</a><br /> -<a href="#LA_MALEDICTION">LA MALÉDICTION</a><br /> -<a href="#SILENCE_DE_LEVANGILE">SILENCE DE L'ÉVANGILE</a><br /> -<a href="#SANS_RANCUNE">SANS RANCUNE</a><br /> -<a href="#CELLE_QUI_NA_PAS_LA_PAROLE">CELLE QUI N'A PAS LA PAROLE</a><br /> -<a href="#NUDITE_DE_LA_VERITE">NUDITÉ DE LA VÉRITÉ</a><br /> -<a href="#PERSPECTIVE">PERSPECTIVE</a><br /> -<a href="#TA_FOI">TA FOI</a><br /> -<a href="#MASCHA_RIAIT_AUX_ANGES">MASCHA RIAIT AUX ANGES</a></p> -<p><br /></p> -<p class="nind"><a href="#LES_PETITS_JUSTES">LES PETITS JUSTES</a></p> -<p><br /></p> -<p class="nind"><a href="#SUR_LA_MAISON_DU_RIRE">SUR LA MAISON DU RIRE</a><br /> -<a href="#POURQUOI_SUISJE_SI_BELLE">POURQUOI SUIS-JE SI BELLE?</a><br /> -<a href="#AVEC_TES_YEUX">AVEC TES YEUX</a><br /> -<a href="#UNE_COULEUR_MADAME">UNE COULEUR MADAME</a><br /> -<a href="#A_FAIRE_RIRE_LA_CERTAINE">À FAIRE RIRE LA CERTAINE</a><br /> -<a href="#LE_MONSTRE_DE_LA_FUITE">LE MONSTRE DE LA FUITE</a><br /> -<a href="#LA_NATURE_SEST_PRISE">LA NATURE S'EST PRISE</a><br /> -<a href="#ELLE_SE_REFUSE_TOUJOURS">ELLE SE REFUSE TOUJOURS</a><br /> -<a href="#SUR_CE_CIEL_DELABRE">SUR CE CIEL DÉLABRÉ</a><br /> -<a href="#INCONNUE">INCONNUE</a><br /> -<a href="#LES_HOMMES_QUI_CHANGENT">LES HOMMES QUI CHANGENT</a></p> -<p><br /></p> -<p class="nind"><a href="#NOUVEAUX_POEMES">NOUVEAUX POÈMES</a></p> -<p><br /></p> -<p class="nind"><a href="#NE_PLUS_PARTAGER">NE PLUS PARTAGER</a><br /> -<a href="#ABSENCES_I">ABSENCES I</a><br /> -<a href="#ABSENCES_II">ABSENCES II</a><br /> -<a href="#FIN_DES_CIRCONSTANCES">FIN DES CIRCONSTANCES</a><br /> -<a href="#BAIGNEUSE_DU_CLAIR_AU_SOMBRE">BAIGNEUSE DU CLAIR AU SOMBRE</a><br /> -<a href="#PABLO_PICASSO">PABLO PICASSO</a><br /> -<a href="#PREMIERE_DU_MONDE">PREMIÈRE DU MONDE</a><br /> -<a href="#SOUS_LA_MENACE_ROUGE">SOUS LA MENACE ROUGE</a><br /> -<a href="#CACHEE">CACHÉE</a><br /> -<a href="#LAS_DE_TREFLE">L'AS DE TRÈFLE</a><br /> -<a href="#A_LA_FLAMME_DES_FOUETS">À LA FLAMME DES FOUETS</a><br /> -<a href="#A_LA_FLAMME_DES_FOUETS_II">À LA FLAMME DES FOUETS</a><br /> -<a href="#BOIRE">BOIRE</a><br /> -<a href="#ANDRE_MASSON">ANDRÉ MASSON</a><br /> -<a href="#PAUL_KLEE">PAUL KLEE</a><br /> -<a href="#LES_GERTRUDE_HOFFMANN_GIRLS">LES GERTRUDE HOFFMANN GIRLS</a><br /> -<a href="#PARIS_PENDANT_LA_GUERRE">PARIS PENDANT LA GUERRE</a><br /> -<a href="#LICONE_AEREE">L'ICÔNE AÉRÉE</a><br /> -<a href="#LE_DIAMANT">LE DIAMANT</a><br /> -<a href="#LHIVER_SUR_LA_PRAIRIE">L'HIVER SUR LA PRAIRIE</a><br /> -<a href="#GRANDES_CONSPIRATRICES">GRANDES CONSPIRATRICES</a><br /> -<a href="#LEURS_YEUX_TOUJOURS_PURS">LEURS YEUX TOUJOURS PURS</a><br /> -<a href="#MAX_ERNST_II">MAX ERNST</a><br /> -<a href="#UNE">UNE</a><br /> -<a href="#LE_PLUS_JEUNE">LE PLUS JEUNE</a><br /> -<a href="#AU_HASARD">AU HASARD</a><br /> -<a href="#LABSOLUE_NECESSITE">L'ABSOLUE NÉCESSITÉ</a><br /> -<a href="#ENTRE_PEU_DAUTRES">ENTRE PEU D'AUTRES</a><br /> -<a href="#REVENIR_DANS_UNE_VILLE">REVENIR DANS UNE VILLE</a><br /> -<a href="#GEORGES_BRAQUE">GEORGES BRAQUE</a><br /> -<a href="#DANS_LA_BRUME">DANS LA BRUME</a><br /> -<a href="#LES_NOMS">LES NOMS</a><br /> -<a href="#LA_NUIT">LA NUIT</a><br /> -<a href="#ARP">ARP</a><br /> -<a href="#JOAN_MIRO">JOAN MIRO</a><br /> -<a href="#JOUR_DE_TOUT">JOUR DE TOUT</a><br /> -<a href="#LIMAGE_DHOMME">L'IMAGE D'HOMME</a><br /> -<a href="#LE_MIROIR_DUN_MOMENT">LE MIROIR D'UN MOMENT</a><br /> -<a href="#TA_CHEVELURE_DORANGES">TA CHEVELURE D'ORANGES</a><br /> -<a href="#LES_LUMIERES_DICTEES">LES LUMIÈRES DICTÉES</a><br /> -<a href="#TA_BOUCHE_AUX_LEVRES_DOR">TA BOUCHE AUX LÈVRES D'OR</a><br /> -<a href="#ELLE_EST">ELLE EST</a><br /> -<a href="#LE_GRAND_JOUR">LE GRAND JOUR</a><br /> -<a href="#LA_COURBE_DE_TES_YEUX">LA COURBE DE TES YEUX</a><br /> -<a href="#CELLE_DE_TOUJOURS_TOUTE">CELLE DE TOUJOURS, TOUTE</a></p> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="REPETITIONS">RÉPÉTITIONS</a></h4> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="MAX_ERNST">MAX ERNST</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i14">Dans un coin l'inceste agile</span><br /> -<span class="i5">Tourne autour de la virginité d'une petite robe</span><br /> -<span class="i14">Dans un coin le ciel délivré</span><br /> -<span class="i4">Aux épines de l'orage laisse des boules blanches.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i10">Dans un coin plus clair de tous les yeux</span><br /> -<span class="i12">On attend les poissons d'angoisse.</span><br /> -<span class="i9">Dans un coin la voiture de verdure de l'été</span><br /> -<span class="i11">Immobile glorieuse et pour toujours.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i16">À la lueur de la jeunesse</span><br /> -<span class="i13">Des lampes allumées très tard</span><br /> -<span class="i4">La première montre ses seins qui tuent des insectes rouges.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="SUITE">SUITE</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">Pour l'éclat du jour des bonheurs en l'air</span><br /> -<span class="i4">Pour vivre aisément des goûts des couleurs</span><br /> -<span class="i7">Pour se régaler des amours pour rire</span><br /> -<span class="i6">Pour ouvrir les yeux au dernier instant</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i9">Elle a toutes les complaisances.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="MANIE">MANIE</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i18">Après des années de sagesse</span><br /> -<span class="i5">Pendant lesquelles le monde était aussi transparent qu'une aiguille</span><br /> -<span class="i15">Roucouler s'agit-il d'autre chose?</span><br /> -<span class="i6">Après avoir rivalisé rendu grâces et dilapidé le trésor</span><br /> -<span class="i11">Plus d'une lèvre rouge avec un point rouge</span><br /> -<span class="i9">Et plus d'une jambe blanche avec un pied blanc</span><br /> -<span class="i17">Où nous croyons-nous donc?</span> -</div></div></div> - - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="LINVENTION">L'INVENTION</a></h4> - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i9">La droite laisse couler du sable.</span><br /> -<span class="i7">Toutes les transformations sont possibles.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i2">Loin, le soleil aiguise sur les pierres sa hâte d'en finir.</span><br /> -<span class="i8">La description du paysage importe peu,</span><br /> -<span class="i8">Tout juste l'agréable durée des moissons.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i14">Clair avec mes deux yeux,</span><br /> -<span class="i16">Comme l'eau et le feu.</span><br /> - -<div class="tb">* * * * *</div> - -<span class="i14">Quel est le rôle de la racine?</span><br /> -<span class="i11">Le désespoir a rompu tous ses liens</span><br /> -<span class="i14">Et porte les mains à sa tête.</span><br /> -<span class="i10">Un sept, un quatre, un deux, un un.</span><br /> -<span class="i15">Cent femmes dans la rue</span><br /> -<span class="i16">Que je ne verrai plus.</span> -</div></div></div> - -<div class="tb">* * * * *</div> - -<p> -L'art d'aimer, l'art libéral, l'art de bien mourir, l'art de penser, -l'art incohérent, l'art de fumer, l'art de jouir, l'art du moyen-âge, -l'art décoratif, l'art de raisonner, l'art de bien raisonner, l'art -poétique, l'art mécanique, l'art érotique, l'art d'être grand-père, -l'art de la danse, l'art de voir, l'art d'agrément, l'art de caresser, -l'art japonais, l'art de jouer, l'art de manger, l'art de torturer. -</p> - -<div class="tb">* * * * *</div> - -<p> -Je n'ai pourtant jamais trouvé ce que j'écris dans ce que j'aime. -</p> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="PLUS_PRES_DE_NOUS">PLUS PRÈS DE NOUS</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">Courir et courir délivrance</span><br /> -<span class="i4">Et tout trouver tout ramasser</span><br /> -<span class="i8">Délivrance et richesse</span><br /> -<span class="i4">Courir si vite que le fil casse</span><br /> -<span class="i3">Au bruit que fait un grand oiseau</span><br /> -<span class="i4">Un drapeau toujours dépassé.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="PORTE_OUVERTE">PORTE OUVERTE</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i15">La vie est bien aimable</span><br /> -<span class="i6">Venez à moi, si je vais à vous c'est un jeu,</span><br /> -<span class="i1">Les anges des bouquets dont les fleurs changent de couleur.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="SUITE_II">SUITE</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i0">Dormir, la lune dans un œil et le soleil dans l'autre,</span><br /> -<span class="i0">Un amour dans la bouche, un bel oiseau dans les cheveux,</span><br /> -<span class="i0">Parée comme les champs, les bois, les routes et la mer,</span><br /> -<span class="i6">Belle et parée comme le tour du monde.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i14">Fuis à travers le paysage,</span><br /> -<span class="i0">Parmi les branches de fumée et tous les fruits du vent,</span><br /> -<span class="i8">Jambes de pierre aux bas de sable,</span><br /> -<span class="i4">Prise à la taille, à tous les muscles de rivière,</span><br /> -<span class="i4">Et le dernier souci sur un visage transformé.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="LA_PAROLE">LA PAROLE</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i6">J'ai la beauté facile et c'est heureux.</span><br /> -<span class="i9">Je glisse sur le toit des vents</span><br /> -<span class="i9">Je glisse sur le toit des mers</span><br /> -<span class="i9">Je suis devenue sentimentale</span><br /> -<span class="i7">Je ne connais plus le conducteur</span><br /> -<span class="i6">Je ne bouge plus soie sur les glaces</span><br /> -<span class="i7">Je suis malade fleurs et cailloux</span><br /> -<span class="i8">J'aime le plus chinois aux nues</span><br /> -<span class="i4">J'aime la plus nue aux écarts d'oiseau</span><br /> -<span class="i6">Je suis vieille mais ici je suis belle</span><br /> -<span class="i0">Et l'ombre qui descend des fenêtres profondes</span><br /> -<span class="i1">Épargne chaque soir le cœur noir de mes yeux.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="LA_RIVIERE">LA RIVIÈRE</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i6">La rivière que j'ai sous la langue,</span><br /> -<span class="i2">L'eau qu'on n'imagine pas, mon petit bateau,</span><br /> -<span class="i7">Et, les rideaux baissés, parlons.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="LOMBRE_AUX_SOUPIRS">L'OMBRE AUX SOUPIRS</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i6">Sommeil léger, petite hélice,</span><br /> -<span class="i7">Petite, tiède, cœur à l'air.</span><br /> -<span class="i6">L'amour de prestidigitateur,</span><br /> -<span class="i2">Ciel lourd des mains, éclairs des veines,</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i4">Courant dans la rue sans couleurs,</span><br /> -<span class="i6">Pris dans sa traîne de pavés,</span><br /> -<span class="i8">Il lâche le dernier oiseau</span><br /> -<span class="i8">De son auréole d'hier—</span><br /> -<span class="i4">Dans chaque puits, un seul serpent.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i2">Autant rêver d'ouvrir les portes de la mer.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="NUL">NUL</a></h4> - -<p> -Ce qui se dit: J'ai traversé la rue pour ne plus être au soleil. Il -fait trop chaud, même à l'ombre. Il y a la rue, quatre étages et ma -fenêtre au soleil. Une casquette sur la tête, une casquette à la -main, il vient me serrer la main. Voulez-vous ne pas crier comme ça, -c'est de la folie! -</p> - -<div class="tb">* * * * *</div> - -<p> -Des aveugles invisibles préparent les linges du sommeil. La nuit, la -lune et leur cœur se poursuivent. -</p> - -<div class="tb">* * * * *</div> - -<p> -À son tour un cri: «l'empreinte, l'empreinte, je ne vois plus -l'empreinte. À la fin, je ne puis plus compter sur vous!» -</p> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="POEMES">POÈMES</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i3">Le cœur sur l'arbre vous n'aviez qu'à le cueillir,</span><br /> -<span class="i8">Sourire et rire, rire et douceur d'outre-sens.</span><br /> -<span class="i4">Vaincu, vainqueur et lumineux, pur comme un ange,</span><br /> -<span class="i12">Haut vers le ciel, avec les arbres.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i8">Au loin, geint une belle qui voudrait lutter</span><br /> -<span class="i7">Et qui ne peut, couchée au pied de la colline.</span><br /> -<span class="i8">Et que le ciel soit misérable ou transparent</span><br /> -<span class="i11">On ne peut la voir sans l'aimer.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i4">Les jours comme des doigts repliant leurs phalanges.</span><br /> -<span class="i5">Les fleurs sont desséchées, les graines sont perdues,</span><br /> -<span class="i8">La canicule attend les grandes gelées blanches.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">À l'œil du pauvre mort. Peindre des porcelaines.</span><br /> -<span class="i11">Une musique, bras blancs tout nus.</span><br /> -<span class="i4">Les vents et les oiseaux s'unissent—le ciel change.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="LIMITE">LIMITE</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i0">Songe aux souffrances taillées sous des voiles fautifs</span><br /> -<span class="i4">Aux petits amateurs de rivières tournantes</span><br /> -<span class="i12">Où promenade pour noyade</span><br /> -<span class="i14">Nous irons sans plaisir</span><br /> -<span class="i16">Nous irons ramer</span><br /> -<span class="i14">Dans le cou des eaux</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i13">Nous aurons un bateau.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="LES_MOUTONS">LES MOUTONS</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i3">Ferme les yeux visage noir</span><br /> -<span class="i3">Ferme les jardins de la rue</span><br /> -<span class="i2">L'intelligence et la hardiesse</span><br /> -<span class="i4">L'ennui et la tranquillité</span><br /> -<span class="i1">Ces tristes soirs à tout moment</span><br /> -<span class="i3">Le verre et la porte vitrée</span><br /> -<span class="i5">Confortable et sensible</span><br /> -<span class="i4">Légère et l'arbre à fruits</span><br /> -<span class="i3">L'arbre à fleurs l'arbre à fruits</span><br /> -<span class="i11">Fuient.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="LUNIQUE">L'UNIQUE</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i0">Elle avait dans la tranquillité de son corps</span><br /> -<span class="i2">Une petite boule de neige couleur d'œil</span><br /> -<span class="i7">Elle avait sur les épaules</span><br /> -<span class="i2">Une tache de silence une tache de rose</span><br /> -<span class="i8">Couvercle de son auréole</span><br /> -<span class="i1">Ses mains et des arcs souples et chanteurs</span><br /> -<span class="i11">Brisaient la lumière</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i1">Elle chantait les minutes sans s'endormir.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="LA_VIE">LA VIE</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i4">Sourire aux visiteurs</span><br /> -<span class="i2">Qui sortent de leur cachette</span><br /> -<span class="i3">Quand elle sort elle dort.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i2">Chaque jour plus matinale</span><br /> -<span class="i4">Chaque saison plus nue</span><br /> -<span class="i9">Plus fraîche</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i4">Pour suivre ses regards</span><br /> -<span class="i7">Elle se balance.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="NUL_II">NUL</a></h4> - -<p> -Il pose un oiseau sur la table et ferme les volets. Il se coiffe, ses -cheveux dans ses mains sont plus doux qu'un oiseau. -</p> - -<div class="tb">* * * * *</div> - -<p> -Elle dit l'avenir. Et je suis chargé de le vérifier. -</p> - -<div class="tb">* * * * *</div> - -<p> -Le cœur meurtri, l'âme endolorie, les mains brisées, les cheveux -blancs, les prisonniers, l'eau tout entière est sur moi comme une plaie -à nu. -</p> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="INTERIEUR">INTÉRIEUR</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i3">Dans quelques secondes</span><br /> -<span class="i2">Le peintre et son modèle</span><br /> -<span class="i6">Prendront la fuite.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i8">Plus de vertus</span><br /> -<span class="i5">Ou moins de malheurs</span><br /> -<span class="i6">J'aperçois une statue</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i7">Une sorte d'amande</span><br /> -<span class="i7">Une médaille vernie</span><br /> -<span class="i4">Pour le plus grand ennui.</span><br /> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="A_COTE">À CÔTÉ</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i2">La nuit plus longue et la route plus blanche.</span><br /> -<span class="i0">Lampes je suis plus près de vous que la lumière.</span><br /> -<span class="i8">Un papillon l'oiseau d'habitude</span><br /> -<span class="i10">Roue brisée de ma fatigue</span><br /> -<span class="i11">De bonne humeur place</span><br /> -<span class="i13">Signal vide et signal</span><br /> -<span class="i12">À l'éventail d'horloge.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="A_COTE_II">À CÔTÉ</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i16">Soleil tremblant</span><br /> -<span class="i6">Signal vide et signal à l'éventail d'horloge</span><br /> -<span class="i7">Aux caresses unies d'une main sur le ciel</span><br /> -<span class="i6">Aux oiseaux entr'ouvrant le livre des aveugles</span><br /> -<span class="i5">Et d'une aile après l'autre entre cette heure et l'autre</span><br /> -<span class="i6">Dessinant l'horizon faisant tourner les ombres</span><br /> -<span class="i5">Qui limitent le monde quand j'ai les yeux baissés.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="LIMPATIENT">L'IMPATIENT</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i12">Si triste de ses faux calculs</span><br /> -<span class="i8">Qu'il inscrit ses nombres à l'envers</span><br /> -<span class="i18">Et s'endort.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i14">Une femme plus belle</span><br /> -<span class="i14">Et n'a jamais trouvé,</span><br /> -<span class="i5">Cherché les idées roses des quinze ans à peine,</span><br /> -<span class="i7">Ri sans le savoir, sans un compliment</span><br /> -<span class="i12">Aux jeunesses du temps.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i15">À la rencontre</span><br /> -<span class="i12">De ce qui passait à côté</span><br /> -<span class="i17">L'autre jour,</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i11">De la femme qui s'ennuyait,</span><br /> -<span class="i15">Les mains à terre,</span><br /> -<span class="i17">Sous un nuage.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i7">La lampe s'allumait aux méfaits de l'orage</span><br /> -<span class="i8">Aux beaux jours d'Août sans défaillances,</span><br /> -<span class="i2">La caressante embrassait Pair, les joues de sa compagne,</span><br /> -<span class="i16">Fermait les yeux</span><br /> -<span class="i11">Et comme les feuilles le soir</span><br /> -<span class="i13">Se perdait à l'horizon.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="SANS_MUSIQUE">SANS MUSIQUE</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i3">Les muets sont des menteurs, parle.</span><br /> -<span class="i2">Je suis vraiment en colère de parler seul</span><br /> -<span class="i10">Et ma parole</span><br /> -<span class="i10">Éveille des erreurs,</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i11">Mon petit cœur.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="LUIRE">LUIRE</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i7">Terre irréprochablement cultivée,</span><br /> -<span class="i9">Miel d'aube, soleil en fleurs,</span><br /> -<span class="i3">Coureur tenant encore par un fil au dormeur</span><br /> -<span class="i10">(Nœud par intelligences)</span><br /> -<span class="i9">Et le jetant sur son épaule:</span><br /> -<span class="i9">«Il n'a jamais été plus neuf,</span><br /> -<span class="i10">Il n'a jamais été si lourd.»</span><br /> -<span class="i11">Usure, il sera plus léger,</span><br /> -<span class="i18">Utile.</span><br /> -<span class="i12">Clair soleil d'été avec:</span><br /> -<span class="i6">Sa chaleur, sa douceur, sa tranquillité</span><br /> -<span class="i17">Et, vite,</span><br /> -<span class="i2">Les porteurs de fleurs en l'air touchent de la terre.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="LA_GRANDE_MAISON_INHABITABLE">LA GRANDE MAISON INHABITABLE</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i12">Au milieu d'une île étonnante</span><br /> -<span class="i13">Que ses membres traversent</span><br /> -<span class="i14">Elle vit d'un monde ébloui.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i9">La chair que l'on montre aux curieux</span><br /> -<span class="i13">Attend là comme les récoltes</span><br /> -<span class="i16">La chute sur les rives.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i11">En attendant pour voir plus loin</span><br /> -<span class="i2">Les yeux plus grands ouverts sous le vent de ses mains</span><br /> -<span class="i2">Elle imagine que l'horizon a pour elle dénoué sa ceinture.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="LA_MORT_DANS_LA_CONVERSATION">LA MORT DANS LA CONVERSATION</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i8">Qui a votre visage?</span><br /> -<span class="i6">La bonne et la mauvaise</span><br /> -<span class="i8">La belle imaginable</span><br /> -<span class="i7">Gymnastique à l'infini</span><br /> -<span class="i5">Dépassant en mouvements</span><br /> -<span class="i6">Les couleurs et les baisers</span><br /> -<span class="i6">Les grands gestes la nuit.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="RAISON_DE_PLUS">RAISON DE PLUS</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i16">Les lumières en l'air,</span><br /> -<span class="i6">L'air sur un tour moitié passé, moitié brillant,</span><br /> -<span class="i15">Faites entrer les enfants,</span><br /> -<span class="i4">Tous les saluts, tous les baisers, tous les remerciements.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i17">Autour de la bouche</span><br /> -<span class="i13">Son rire est toujours différent,</span><br /> -<span class="i4">C'est un plaisir, c'est un désir, c'est un tourment,</span><br /> -<span class="i4">C'est une folle, c'est la fleur, une créole qui passe.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i14">La nudité, jamais la même.</span><br /> -<span class="i18">Je suis bien laid.</span><br /> -<span class="i4">Au temps des soins, des neiges, herbes en soins,</span><br /> -<span class="i19">Neiges en foule,</span><br /> -<span class="i16">Au temps en heures fixes,</span><br /> -<span class="i14">Des souples satins des statues.</span><br /> -<span class="i14">Le temple est devenu fontaine</span><br /> -<span class="i15">Et la main remplace le cœur.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Il faut m'avoir connu à cette époque pour m'aimer,</span><br /> -<span class="i19">sûr du lendemain.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="LESQUELS">LESQUELS?</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i9">Pendant qu'il est facile</span><br /> -<span class="i8">Et pendant qu'elle est gaie</span><br /> -<span class="i3">Allons nous habiller et nous déshabiller.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="RUBANS">RUBANS</a></h4> - -<p> -L'alarme matérielle où, sans excuse, apparaît la douleur future. -</p> -<p> -C'est bien: presque insensible. C'est un signe de plus de dignité. -</p> -<p> -Aucun étonnement, une femme ou un gracieux enfant de toile fine et de -paille, idées de grandeur, Leurs yeux se sont levés plus tôt que le -soleil. -</p> - -<div class="tb">* * * * *</div> - -<p> -Les sacrifiés font un geste qui ne dit rien parmi la dentelle de tous -les autres gestes, imaginaires, à cinq ou six, vers le lieu de repos -où il n'y a personne. -</p> -<p> -Constaté qu'ils se sont réfugiés dans les branches nues d'une -politesse désespérée, d'une couronne taillée à coups de vent. -</p> -<p> -Prendre, cordes de la vie. Pouviez-vous prendre plus de libertés? -</p> - -<div class="tb">* * * * *</div> - -<p> -De petits instruments, -</p> -<p> -Et les mains qui pétrissent un ballon pour le faire éclater, pour que -le sang de l'homme lui jaillisse au visage. -</p> -<p> -Et les ailes qui sont attachées comme la terre et la mer. -</p> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="LAMI">L'AMI</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i8">La photographie: un groupe.</span><br /> -<span class="i13">Si le soleil passait,</span><br /> -<span class="i15">Si tu bouges.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i6">Fards. À l'intérieur, blanche et vernie,</span><br /> -<span class="i16">Dans le tunnel.</span><br /> -<span class="i13">«Au temps des étincelles</span><br /> -<span class="i12">On débouchait la lumière.»</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i11">Postérité, mentalité des gens.</span><br /> -<span class="i13">La bien belle peinture.</span><br /> -<span class="i14">L'épreuve, s'entendre.</span><br /> -<span class="i12">L'espoir des cantharides</span><br /> -<span class="i14">Est un bien bel espoir.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="VOLONTAIREMENT">VOLONTAIREMENT</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i6">Aveugle maladroit, ignorant et léger,</span><br /> -<span class="i10">Aujourd'hui pour oublier,</span><br /> -<span class="i8">Le mois prochain pour dessiner,</span><br /> -<span class="i4">Les coins de rue, les allées à perte de vue.</span><br /> -<span class="i10">Je les imite pour m'étendre</span><br /> -<span class="i3">Dans une nuit profonde et large de mon âge.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="A_LA_MINUTE">À LA MINUTE</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i10">L'instrument</span><br /> -<span class="i8">Comme tu le vois.</span><br /> -<span class="i12">Espérons</span><br /> -<span class="i14">Et</span><br /> -<span class="i12">Espérons</span><br /> -<span class="i13">Adieu</span><br /> -<span class="i10">Ne t'avise pas</span><br /> -<span class="i11">Que les yeux</span><br /> -<span class="i9">Comme tu le vois</span><br /> -<span class="i3">Le jour et la nuit ont bien réussi.</span><br /> -<span class="i7">Je le regarde je le vois.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="PARFAIT">PARFAIT</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i10">Un miracle de sable fin</span><br /> -<span class="i7">Transperce les feuilles les fleurs</span><br /> -<span class="i12">Éclôt dans les fruits</span><br /> -<span class="i11">Et comble les ombres.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i12">Tout est enfin divisé</span><br /> -<span class="i10">Tout se déforme et se perd</span><br /> -<span class="i11">Tout se brise et disparaît</span><br /> -<span class="i10">La mort sans conséquences.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i19">Enfin</span><br /> -<span class="i10">La lumière n'a plus la nature</span><br /> -<span class="i6">Ventilateur gourmand étoile de chaleur</span><br /> -<span class="i11">Elle abandonne les couleurs</span><br /> -<span class="i11">Elle abandonne son visage</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i13">Aveugle silencieuse</span><br /> -<span class="i9">Elle est partout semblable et vide.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="RONDE">RONDE</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i12">Sous un soleil ressort du paysage</span><br /> -<span class="i16">Une femme s'emballe</span><br /> -<span class="i13">Frise son ombre avec ses jambes</span><br /> -<span class="i5">Et d'elle seule espère les espoirs les plus mystérieux.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i6">Je la trouve sans soupçons sans aucun doute amoureuse</span><br /> -<span class="i14">Au lieu des chemins assemblés</span><br /> -<span class="i13">De la lumière en un point diminuée</span><br /> -<span class="i14">Et des mouvements impossibles</span><br /> -<span class="i16">La grande porte de la face</span><br /> -<span class="i15">Aux plans discutés adoptés</span><br /> -<span class="i17">Aux émotions de pensée</span><br /> -<span class="i9">Le voyage déguisé et l'arrivée de réconciliation</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i17">La grande porte de la face</span><br /> -<span class="i15">La vue des pierres précieuses</span><br /> -<span class="i14">Le jeu du plus faible en plus fort.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="CE_NEST_PAS_LA_POESIE_QUI">CE N'EST PAS LA POÉSIE QUI</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i14">Avec des yeux pareils</span><br /> -<span class="i13">Que tout est semblable</span><br /> -<span class="i18">École de nu.</span><br /> -<span class="i17">Tranquillement</span><br /> -<span class="i15">Dans un visage délié</span><br /> -<span class="i13">Nous avons pris des garanties</span><br /> -<span class="i10">Un coup de main aux cheveux rapides</span><br /> -<span class="i8">La bouche de voluptueux inférieur joue et tombe</span><br /> -<span class="i4">Et nous lançons le menton qui tourne comme une toupie.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="OEIL_DE_SOURD">ŒIL DE SOURD</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i15">Faites mon portrait.</span><br /> -<span class="i7">Il se modifiera pour remplir tous les vides.</span><br /> -<span class="i6">Faites mon portrait sans bruit, seul le silence</span><br /> -<span class="i8">À moins que—s'il—sauf—excepté—</span><br /> -<span class="i8">Je ne vous entends pas.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i8">Il s'agit, il ne s'agit plus.</span><br /> -<span class="i8">Je voudrais ressembler—</span><br /> -<span class="i3">Fâcheuse coïncidence, entre autres grandes affaires.</span><br /> -<span class="i9">Sans fatigue, têtes nouées</span><br /> -<span class="i8">Aux mains de mon activité.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="MOURIR_DE_NE_PAS_MOURIR">MOURIR DE NE PAS MOURIR</a></h4> - -<p style="margin-left: 60%;"><i>à André Breton</i></p> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="LEGALITE_DES_SEXES">L'ÉGALITÉ DES SEXES</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">Tes yeux sont revenus d'un pays arbitraire</span><br /> -<span class="i5">Où nul n'a jamais su ce que c'est qu'un regard</span><br /> -<span class="i5">Ni connu la beauté des yeux, beauté des pierres,</span><br /> -<span class="i5">Celle des gouttes d'eau, des perles en placards,</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Des pierres nues et sans squelette, ô ma statue,</span><br /> -<span class="i5">Le soleil aveuglant te tient lieu de miroir</span><br /> -<span class="i5">Et s'il semble obéir aux puissances du soir</span><br /> -<span class="i5">C'est que ta tête est close, ô statue abattue</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Par mon amour et par mes ruses de sauvage.</span><br /> -<span class="i5">Mon désir immobile est ton dernier soutien</span><br /> -<span class="i5">Et je t'emporte sans bataille, ô mon image,</span><br /> -<span class="i5">Rompue à ma faiblesse et prise dans mes liens.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="AU_COEUR_DE_MON_AMOUR">AU CŒUR DE MON AMOUR</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">Un bel oiseau me montre la lumière</span><br /> -<span class="i5">Elle est dans ses yeux, bien en vue.</span><br /> -<span class="i5">Il chante sur une boule de gui</span><br /> -<span class="i5">Au milieu du soleil.</span> - -<div class="tb">* * * * *</div> - -<span class="i5">Les yeux des animaux chanteurs</span><br /> -<span class="i5">Et leurs chants de colère ou d'ennui</span><br /> -<span class="i5">M'ont interdit de sortir de ce lit.</span><br /> -<span class="i5">J'y passerai ma vie.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">L'aube dans des pays sans grâce</span><br /> -<span class="i5">Prend l'apparence de l'oubli.</span><br /> -<span class="i5">Et qu'une femme émue s'endorme, à l'aube,</span><br /> -<span class="i5">La tête la première, sa chute l'illumine.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Constellations,</span><br /> -<span class="i5">Vous connaissez la forme de sa tête.</span><br /> -<span class="i5">Ici, tout s'obscurcit:</span><br /> -<span class="i5">Le paysage se complète, sang aux joues,</span><br /> -<span class="i5">Les masses diminuent et coulent dans mon cœur</span><br /> -<span class="i5">Avec le sommeil.</span><br /> -<span class="i5">Et qui donc veut me prendre le cœur?</span> - -<div class="tb">* * * * *</div> - -<span class="i5">Je n'ai jamais rêvé d'une si belle nuit.</span><br /> -<span class="i5">Les femmes du jardin cherchent à m'embrasser—</span><br /> -<span class="i5">Soutiens du ciel, les arbres immobiles</span><br /> -<span class="i5">Embrassent bien l'ombre qui les soutient.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Une femme au cœur pâle</span><br /> -<span class="i5">Met la nuit dans ses habits.</span><br /> -<span class="i5">L'amour a découvert la nuit</span><br /> -<span class="i5">Sur ses seins impalpables.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Comment prendre plaisir à tout?</span><br /> -<span class="i5">Plutôt tout effacer.</span><br /> -<span class="i5">L'homme de tous les mouvements,</span><br /> -<span class="i5">De tous les sacrifices et de toutes les conquêtes</span><br /> -<span class="i5">Dort. Il dort, il dort, il dort.</span><br /> -<span class="i5">Il raye de ses soupirs la nuit minuscule, invisible.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Il n'a ni froid, ni chaud.</span><br /> -<span class="i5">Son prisonnier s'est évadé—pour dormir.</span><br /> -<span class="i5">Il n'est pas mort, il dort.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Quand il s'est endormi</span><br /> -<span class="i5">Tout l'étonnait,</span><br /> -<span class="i5">Il jouait avec ardeur,</span><br /> -<span class="i5">Il regardait,</span><br /> -<span class="i5">Il entendait.</span><br /> -<span class="i5">Sa dernière parole:«Si c'était à recommencer, je te rencontrerais sans</span><br /> -<span class="i8">te chercher.»</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Il dort, il dort, il dort.</span><br /> -<span class="i5">L'aube a eu beau lever la tête,</span><br /> -<span class="i5">Il dort.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="POUR_SE_PRENDRE_AU_PIEGE">POUR SE PRENDRE AU PIÈGE</a></h4> - -<p> -C'est un restaurant comme les autres. Faut-il croire que je ne ressemble -à personne? Une grande femme, à côté de moi, bat des œufs avec ses -doigts. Un voyageur pose ses vêtements sur une table et me tient tête. -Il a tort, je ne connais aucun mystère, je ne sais même pas la -signification du mot: mystère, je n'ai jamais rien cherché, rien -trouvé, il a tort d'insister. -</p> -<p> -L'orage qui, par instants, sort de la brume me tourne les yeux et les -épaules. L'espace a alors des portes et des fenêtres. Le voyageur me -déclare que je ne suis plus le même. Plus le même! Je ramasse les -débris de toutes mes merveilles. C'est la grande femme qui m'a dit que -ce sont des débris de merveilles, ces débris. Je les jette aux -ruisseaux vivaces et pleins d'oiseaux. La mer, la calme mer est entre -eux comme le ciel dans la lumière. Les couleurs aussi, si l'on me parle -des couleurs, je ne regarde plus. Parlez-moi des formes, j'ai grand -besoin d'inquiétude. -</p> -<p> -Grande femme, parle-moi des formes, ou bien je m'endors et je mène la -grande vie, les mains prises dans la tête et la tête dans la bouche, -dans la bouche bien close, langage intérieur. -</p> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="LAMOUREUSE">L'AMOUREUSE</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">Elle est debout sur mes paupières</span><br /> -<span class="i5">Et ses cheveux sont dans les miens,</span><br /> -<span class="i5">Elle a la forme de mes mains,</span><br /> -<span class="i5">Elle a la couleur de mes yeux,</span><br /> -<span class="i5">Elle s'engloutit dans mon ombre</span><br /> -<span class="i5">Comme une pierre sur le ciel.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Elle a toujours les yeux ouverts</span><br /> -<span class="i5">Et ne me laisse pas dormir.</span><br /> -<span class="i5">Ses rêves en pleine lumière</span><br /> -<span class="i5">Font s'évaporer les soleils,</span><br /> -<span class="i5">Me font rire, pleurer et rire,</span><br /> -<span class="i5">Parler sans avoir rien à dire.</span><br /> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="LE_SOURD_ET_LAVEUGLE">LE SOURD ET L'AVEUGLE</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">Gagnerons-nous la mer avec des cloches</span><br /> -<span class="i5">Dans nos poches, avec le bruit de la mer</span><br /> -<span class="i5">Dans la mer, ou bien serons-nous les porteurs</span><br /> -<span class="i5">D'une eau plus pure et silencieuse?</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">L'eau se frottant les mains aiguise des couteaux</span><br /> -<span class="i5">Les guerriers ont trouvé leurs armes dans les flots</span><br /> -<span class="i5">Et le bruit de leurs coups est semblable à celui</span><br /> -<span class="i5">Des rochers défonçant dans la nuit les bateaux.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">C'est la tempête et le tonnerre. Pourquoi pas le silence</span><br /> -<span class="i5">Du déluge, car nous avons en nous tout l'espace rêvé</span><br /> -<span class="i5">Pour le plus grand silence et nous respirerons</span><br /> -<span class="i5">Comme le vent des mers terribles, comme le vent</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Qui rampe lentement sur tous les horizons.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="LHABITUDE">L'HABITUDE</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">Toutes mes petites amies sont bossues:</span><br /> -<span class="i5">Elles aiment leur mère.</span><br /> -<span class="i5">Tous mes animaux sont obligatoires,</span><br /> -<span class="i5">Ils ont des pieds de meuble</span><br /> -<span class="i5">Et des mains de fenêtre.</span><br /> -<span class="i5">Le vent se déforme,</span><br /> -<span class="i5">Il lui faut un habit sur mesure,</span><br /> -<span class="i5">Démesuré.</span><br /> -<span class="i5">Voilà pourquoi</span><br /> -<span class="i5">Je dis la vérité sans la dire.</span><br /> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="DANS_LA_DANSE">DANS LA DANSE</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i2">Petite table enfantine,</span><br /> -<span class="i2">il y a des femmes dont les yeux sont comme des morceaux de sucre,</span><br /> -<span class="i2">il y a des femmes graves comme les mouvements de l'amour qu'on ne surprend</span><br /> -<span class="i4">pas</span><br /> -<span class="i2">il y a des femmes au visage pâle</span><br /> -<span class="i2">d'autres comme le ciel à la veille du vent.</span><br /> -<span class="i2">Petite table dorée des jours de fête,</span><br /> -<span class="i2">il y a des femmes de bois vert et sombre:</span><br /> -<span class="i2">celles qui pleurent,</span><br /> -<span class="i2">de bois sombre et vert:</span><br /> -<span class="i2">celles qui rient.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i2">Petite table trop basse ou trop haute,</span><br /> -<span class="i2">il y a des femmes grasses</span><br /> -<span class="i2">avec des ombres légères,</span><br /> -<span class="i2">il y a des robes creuses,</span><br /> -<span class="i2">des robes sèches,</span><br /> -<span class="i2">des robes que l'on porte chez soi et que l'amour ne fait jamais sortir.</span><br /> -<span class="i2">Petite table,</span><br /> -<span class="i2">je n'aime pas les tables sur lesquelles je danse,</span><br /> -<span class="i2">je ne m'en doutais pas.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="LE_JEU_DE_CONSTRUCTION">LE JEU DE CONSTRUCTION</a></h4> - -<p style="margin-left: 60%;"><i>À Raymond Roussel.</i></p> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">L'homme s'enfuit, le cheval tombe,</span><br /> -<span class="i5">La porte ne peut pas s'ouvrir,</span><br /> -<span class="i5">L'oiseau se tait, creusez sa tombe,</span><br /> -<span class="i5">Le silence le fait mourir.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Un papillon sur une branche</span><br /> -<span class="i5">Attend patiemment l'hiver,</span><br /> -<span class="i5">Son cœur est lourd, la branche penche,</span><br /> -<span class="i5">La branche se plie comme un ver.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i0">Pourquoi pleurer la fleur séchée</span><br /> -<span class="i0">Et pourquoi pleurer les lilas?</span><br /> -<span class="i0">Pourquoi pleurer la rose d'ambre?</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Pourquoi pleurer la pensée tendre?</span><br /> -<span class="i5">Pourquoi chercher la fleur cachée</span><br /> -<span class="i13">Si l'on n'a pas de récompense?</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i13">—Mais pour ça, ça et ça.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="ENTRE_AUTRES">ENTRE AUTRES</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">À l'ombre des arbres</span><br /> -<span class="i5">Comme au temps des miracles,</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Au milieu des hommes</span><br /> -<span class="i5">Comme la plus belle femme</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Sans regrets, sans honte,</span><br /> -<span class="i5">J'ai quitté le monde.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">—Qu'avez-vous vu?</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">—Une femme jeune, grande et belle</span><br /> -<span class="i5">En robe noire très décolletée.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="GIORGIO_DE_CHIRICO">GIORGIO DE CHIRICO</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">Un mur dénonce un autre mur</span><br /> -<span class="i5">Et l'ombre me défend de mon ombre peureuse.</span><br /> -<span class="i5">Ô tour de mon amour autour de mon amour,</span><br /> -<span class="i5">Tous les murs filaient blanc autour de mon silence.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Toi, que défendais-tu? Ciel insensible et pur</span><br /> -<span class="i5">Tremblant tu m'abritais. La lumière en relief</span><br /> -<span class="i5">Sur le ciel qui n'est plus le miroir du soleil,</span><br /> -<span class="i5">Les étoiles de jour parmi les feuilles vertes,</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Le souvenir de ceux qui parlaient sans savoir,</span><br /> -<span class="i5">Maîtres de ma faiblesse et je suis à leur place</span><br /> -<span class="i5">Avec des yeux d'amour et des mains trop fidèles</span><br /> -<span class="i5">Pour dépeupler un monde dont je suis absent.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="BOUCHE_USEE">BOUCHE USÉE</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">Le rire tenait sa bouteille</span><br /> -<span class="i5">À la bouche riait la mort</span><br /> -<span class="i5">Dans tous les lits où l'on dort</span><br /> -<span class="i5">Le ciel sous tous les corps sommeille</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Un clair ruban vert à l'oreille</span><br /> -<span class="i5">Trois boules une bague en or</span><br /> -<span class="i10">Elle porte sans effort</span><br /> -<span class="i5">Une ombre aux lumières pareille</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Petite étoile des vapeurs</span><br /> -<span class="i5">Au soir des mers sans voyageurs</span><br /> -<span class="i5">Des mers que le ciel cruel fouille</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Délices portées à la main</span><br /> -<span class="i5">Plus douce poussière à la fin</span><br /> -<span class="i5">Les branches perdues sous la rouille.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="CYLINDRE_DES_TRIBULATIONS">DANS LE CYLINDRE DES TRIBULATIONS</a></h4> - -<p> -Que le monde m'entraîne et j'aurai des souvenirs. -</p> -<p> -Trente filles au corps opaque, trente filles divinisées par -l'imagination, s'approchent de l'homme qui repose dans la petite vallée -de la folie. -</p> -<p> -L'homme en question joue avec ferveur. Il joue contre lui-même et -gagne. Les trente filles en ont vite assez. Les caresses du jeu ne sont -pas celles de l'amour et le spectacle n'en est pas aussi charmant, -séduisant et agréable. -</p> -<p> -Je parle de trente filles au corps opaque et d'un joueur heureux. Il y a -aussi, dans une ville de laine et de plumes, un oiseau sur le dos d'un -mouton. Le mouton, dans les fables, mène l'oiseau en paradis. -</p> -<p> -Il y a aussi les siècles personnifiés, la grandeur des siècles -présents, le vertige des années défendues et des fruits perdus. -</p> -<p> -Que les souvenirs m'entraînent et j'aurai des yeux ronds comme le -monde. -</p> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="DENISE_DISAIT_AUX_MERVEILLES">DENISE DISAIT AUX MERVEILLES:</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">Le soir traînait des hirondelles. Les hiboux</span><br /> -<span class="i5">Partageaient le soleil et pesaient sur la terre</span><br /> -<span class="i5">Comme les pas jamais lassés d'un solitaire</span><br /> -<span class="i5">Plus pâle que nature et dormant tout debout.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Le soir traînait des armes blanches sur nos têtes.</span><br /> -<span class="i5">Le courage brûlait les femmes parmi nous,</span><br /> -<span class="i5">Elles pleuraient, elles criaient comme des bêtes,</span><br /> -<span class="i5">Les hommes inquiets s'étaient mis à genoux.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Le soir, un rien, une hirondelle qui dépasse,</span><br /> -<span class="i5">Un peu de vent, les feuilles qui ne tombent plus,</span><br /> -<span class="i5">Un beau détail, un sortilège sans vertus</span><br /> -<span class="i5">Pour un regard qui n'a jamais compris l'espace.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="LA_BENEDICTION">LA BÉNÉDICTION</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">À l'aventure, en barque, au nord.</span><br /> -<span class="i5">Dans la trompette des oiseaux</span><br /> -<span class="i5">Les poissons dans leur élément.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">L'homme qui creuse sa couronne</span><br /> -<span class="i5">Allume un brasier dans la cloche,</span><br /> -<span class="i5">Un beau brasier-nid-de-fourmis.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Et le guerrier bardé de fer</span><br /> -<span class="i5">Que l'on fait rôtir à la broche</span><br /> -<span class="i5">Apprend l'amour et la musique.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="LA_MALEDICTION">LA MALÉDICTION</a></h4> - -<p> -Un aigle, sur un rocher, contemple l'horizon béat. Un aigle défend le -mouvement des sphères. Couleurs douces de la charité, tristesse, -lueurs sur les arbres décharnés, lyre en étoile d'araignée, les -hommes qui sous tous les cieux se ressemblent sont aussi bêtes sur la -terre qu'au ciel. Et celui qui traîne un couteau dans les herbes -hautes, dans les herbes de mes yeux, de mes cheveux et de mes rêves, -celui qui porte dans ses bras tous les signes de l'ombre, est tombé, -tacheté d'azur, sur les fleurs à quatre couleurs. -</p> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="SILENCE_DE_LEVANGILE">SILENCE DE L'ÉVANGILE</a></h4> - -<p> -Nous dormons avec des anges rouges qui nous montrent le désert sans -minuscules et sans les doux réveils désolés. Nous dormons. Une aile -nous brise, évasion, nous avons des roues plus vieilles que les plumes -envolées, perdues, pour explorer les cimetières de la lenteur, la -seule luxure. -</p> - -<div class="tb">* * * * *</div> - -<p> -La bouteille que nous entourons des linges de nos blessures ne résiste -à aucune envie. Prenons les cœurs, les cerveaux, les muscles de la -rage, prenons les fleurs invisibles des blêmes jeunes filles et des -enfants noués, prenons la main de la mémoire, fermons les yeux du -souvenir, une théorie d'arbres délivrés par les voleurs nous frappe -et nous divise, tous les morceaux sont bons. Qui les rassemblera: la -terreur, la souffrance ou le dégoût? -</p> - -<div class="tb">* * * * *</div> - -<p> -Dormons, mes frères. Le chapitre inexplicable est devenu -incompréhensible. Des géants passent en exhalant des plaintes -terribles, des plaintes de géant, des plaintes comme l'aube veut en -pousser, l'aube qui ne peut ne plus se plaindre, depuis le temps, mes -frères, depuis le temps. -</p> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="SANS_RANCUNE">SANS RANCUNE</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">Larmes des yeux, les malheurs des malheureux.</span><br /> -<span class="i5">Malheurs sans intérêt et larmes sans couleurs.</span><br /> -<span class="i5">Il ne demande rien, il n'est pas insensible,</span><br /> -<span class="i5">Il est triste en prison et triste s'il est libre.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Il fait un triste temps, il fait une nuit noire</span><br /> -<span class="i5">À ne pas mettre un aveugle dehors. Les forts</span><br /> -<span class="i5">Sont assis, les faibles tiennent le pouvoir</span><br /> -<span class="i5">Et le roi est debout près de la reine assise.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Sourires et soupirs, des injures pourrissent</span><br /> -<span class="i5">Dans la bouche des muets et dans les yeux des lâches.</span><br /> -<span class="i5">Ne prenez rien: ceci brûle, cela flambe!</span><br /> -<span class="i5">Vos mains sont faites pour vos poches et vos fronts.</span> - -<div class="tb">* * * * *</div> - -<span class="i5">Une ombre...</span><br /> -<span class="i5">Toute l'infortune du monde</span><br /> -<span class="i5">Et mon amour dessus</span><br /> -<span class="i5">Comme une bête nue.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="CELLE_QUI_NA_PAS_LA_PAROLE">CELLE QUI N'A PAS LA PAROLE</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">Les feuilles de couleur dans les arbres nocturnes</span><br /> -<span class="i5">Et la liane verte et bleue qui joint le ciel aux arbres,</span><br /> -<span class="i5">Le vent à la grande figure</span><br /> -<span class="i5">Les épargne. Avalanche, à travers sa tête transparente</span><br /> -<span class="i5">La lumière, nuée d'insectes, vibre et meurt.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Miracle dévêtu, émiettement, rupture</span><br /> -<span class="i5">Pour un seul être.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">La plus belle inconnue</span><br /> -<span class="i5">Agonise éternellement.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Étoiles de son cœur aux yeux de tout le monde.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="NUDITE_DE_LA_VERITE">NUDITÉ DE LA VÉRITÉ</a></h4> - -<p style="margin-left: 50%;">«<i>Je le sais bien</i>»</p> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">Le désespoir n'a pas d'ailes,</span><br /> -<span class="i5">L'amour non plus,</span><br /> -<span class="i5">Pas de visage,</span><br /> -<span class="i5">Ne parlent pas,</span><br /> -<span class="i5">Je ne bouge pas,</span><br /> -<span class="i5">Je ne les regarde pas,</span><br /> -<span class="i5">Je ne leur parle pas</span><br /> -<span class="i5">Mais Je suis bien aussi vivant que mon amour et que mon désespoir.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="PERSPECTIVE">PERSPECTIVE</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">Un millier de sauvages</span><br /> -<span class="i5">S'apprêtent à combattre.</span><br /> -<span class="i5">Ils ont des armes,</span><br /> -<span class="i5">Ils ont leur cœur, grand cœur,</span><br /> -<span class="i5">Et s'alignent avec lenteur</span><br /> -<span class="i5">Devant un millier d'arbres verts</span><br /> -<span class="i5">Qui, sans en avoir l'air,</span><br /> -<span class="i5">Tiennent encore à leur feuillage.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="TA_FOI">TA FOI</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">Suis-je autre chose que ta force?</span><br /> -<span class="i5">Ta force dans tes bras,</span><br /> -<span class="i5">Ta tête dans tes bras,</span><br /> -<span class="i5">Ta force dans le ciel décomposé,</span><br /> -<span class="i5">Ta tête lamentable,</span><br /> -<span class="i5">Ta tête que je porte.</span><br /> -<span class="i5">Tu ne joueras plus avec moi,</span><br /> -<span class="i5">Héroïne perdue,</span><br /> -<span class="i5">Ma force bouge dans tes bras.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="MASCHA_RIAIT_AUX_ANGES">MASCHA RIAIT AUX ANGES</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">L'heure qui tremble au front du temps tout embrouillé</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Un bel oiseau léger plus vif qu'une poussière</span><br /> -<span class="i5">Traîne sur un miroir un cadavre sans tête</span><br /> -<span class="i5">Des boules de soleil adoucissent ses ailes</span><br /> -<span class="i5">Et le vent de son vol affole la lumière</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Le meilleur a été découvert loin d'ici.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="LES_PETITS_JUSTES">LES PETITS JUSTES</a></h4> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="SUR_LA_MAISON_DU_RIRE">SUR LA MAISON DU RIRE</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">Sur la maison du rire</span><br /> -<span class="i5">Un oiseau rit dans ses ailes.</span><br /> -<span class="i5">Le monde est si léger</span><br /> -<span class="i5">Qu'il n'est plus à sa place</span><br /> -<span class="i5">Et si gai</span><br /> -<span class="i5">Qu'il ne lui manque rien.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="POURQUOI_SUISJE_SI_BELLE">POURQUOI SUIS-JE SI BELLE?</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">Pourquoi suis-je si belle?</span><br /> -<span class="i5">Parce que mon maître me lave.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="AVEC_TES_YEUX">AVEC TES YEUX</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">Avec tes yeux je change comme avec les lunes</span><br /> -<span class="i5">Et je suis tour à tour et de plomb et de plume,</span><br /> -<span class="i5">Une eau mystérieuse et noire qui t'enserre</span><br /> -<span class="i5">Ou bien dans tes cheveux ta légère victoire.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="UNE_COULEUR_MADAME">UNE COULEUR MADAME</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">Une couleur madame, une couleur monsieur,</span><br /> -<span class="i5">Une aux seins, une aux cheveux,</span><br /> -<span class="i12">La bouche des passions</span><br /> -<span class="i12">Et si vous voyez rouge</span><br /> -<span class="i5">La plus belle est à vos genoux.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="A_FAIRE_RIRE_LA_CERTAINE">À FAIRE RIRE LA CERTAINE</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">À faire rire la certaine,</span><br /> -<span class="i5">Était-elle en pierre?</span><br /> -<span class="i5">Elle s'effondra.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="LE_MONSTRE_DE_LA_FUITE">LE MONSTRE DE LA FUITE</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">Le monstre de la fuite hume même les plumes</span><br /> -<span class="i5">De cet oiseau roussi par le feu du fusil.</span><br /> -<span class="i5">Sa plainte vibre tout le long d'un mur de larmes</span><br /> -<span class="i5">Et les ciseaux des yeux coupent la mélodie</span><br /> -<span class="i5">Qui bourgeonnait déjà dans le cœur du chasseur.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="LA_NATURE_SEST_PRISE">LA NATURE S'EST PRISE</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">La nature s'est prise aux filets de ta vie.</span><br /> -<span class="i5">L'arbre, ton ombre, montre sa chair nue: le ciel.</span><br /> -<span class="i5">Il a la voix du sable et les gestes du vent</span><br /> -<span class="i5">Et tout ce que tu dis bouge derrière toi.</span><br /> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="ELLE_SE_REFUSE_TOUJOURS">ELLE SE REFUSE TOUJOURS</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">Elle se refuse toujours à comprendre, à entendre,</span><br /> -<span class="i5">Elle rit pour cacher sa terreur d'elle-même.</span><br /> -<span class="i5">Elle a toujours marché sous les arches des nuits</span><br /> -<span class="i5">Et partout où elle a passé</span><br /> -<span class="i5">Elle a laissé</span><br /> -<span class="i5">L'empreinte des choses brisées.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="SUR_CE_CIEL_DELABRE">SUR CE CIEL DÉLABRÉ</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">Sur ce ciel délabré, sur ces vitres d'eau douce,</span><br /> -<span class="i5">Quel visage viendra, coquillage sonore,</span><br /> -<span class="i5">Annoncer que la nuit de l'amour touche au jour,</span><br /> -<span class="i5">Bouche ouverte liée à la bouche fermée.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="INCONNUE">INCONNUE</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">Inconnue, elle était ma forme préférée,</span><br /> -<span class="i5">Celle qui m'enlevait le souci d'être un homme,</span><br /> -<span class="i5">Et je la vois et je la perds et je subis</span><br /> -<span class="i5">Ma douleur, comme un peu de soleil dans l'eau froide.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="LES_HOMMES_QUI_CHANGENT">LES HOMMES QUI CHANGENT</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">Les hommes qui changent et se ressemblent</span><br /> -<span class="i5">Ont, au cours de leurs jours, toujours fermé les yeux</span><br /> -<span class="i5">Pour dissiper la brume de dérision</span><br /> -<span class="i5">Etc...</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="NOUVEAUX_POEMES">NOUVEAUX POÈMES</a></h4> - -<p style="margin-left: 60%;"><i>à G.</i></p> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="NE_PLUS_PARTAGER">NE PLUS PARTAGER</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">Au soir de la folie, nu et clair,</span><br /> -<span class="i5">L'espace entre les choses a la forme de mes paroles</span><br /> -<span class="i5">La forme des paroles d'un inconnu,</span><br /> -<span class="i5">D'un vagabond qui dénoue la ceinture de sa gorge</span><br /> -<span class="i5">Et qui prend les échos au lasso.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Entre des arbres et des barrières,</span><br /> -<span class="i5">Entre des murs et des mâchoires,</span><br /> -<span class="i5">Entre ce grand oiseau tremblant</span><br /> -<span class="i5">Et la colline qui l'accable,</span><br /> -<span class="i5">L'espace a la forme de mes regards.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Mes yeux sont inutiles,</span><br /> -<span class="i5">Le règne de la poussière est fini,</span><br /> -<span class="i5">La chevelure de la route a mis son manteau rigide,</span><br /> -<span class="i5">Elle ne fuit plus, je ne bouge plus,</span><br /> -<span class="i5">Tous les ponts sont coupés, le ciel n'y passera plus</span><br /> -<span class="i5">Je peux bien n'y plus voir.</span><br /> -<span class="i5">Le monde se détache de mon univers</span><br /> -<span class="i5">Et, tout au sommet des batailles,</span><br /> -<span class="i5">Quand la saison du sang se fane dans mon cerveau,</span><br /> -<span class="i5">Je distingue le jour de cette clarté d'homme</span><br /> -<span class="i5">Qui est la mienne,</span><br /> -<span class="i5">Je distingue le vertige de la liberté,</span><br /> -<span class="i5">La mort de l'ivresse,</span><br /> -<span class="i5">Le sommeil du rêve,</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Ô reflets sur moi-même! ô mes reflets sanglants!</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="ABSENCES_I">ABSENCES</a></h4> - - -<h4>I</h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">La plate volupté et le pauvre mystère</span><br /> -<span class="i5">Que de n'être pas vu.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Je vous connais, couleur des arbres et des villes,</span><br /> -<span class="i5">Entre nous est la transparence de coutume</span><br /> -<span class="i5">Entre les regards éclatants.</span><br /> -<span class="i5">Elle roule sur pierres</span><br /> -<span class="i5">Comme l'eau se dandine.</span><br /> -<span class="i5">D'un côté de mon cœur des vierges s'obscurcissent,</span><br /> -<span class="i5">De l'autre la main douce est au flanc des collines.</span><br /> -<span class="i5">La courbe de peu d'eau provoque cette chute,</span><br /> -<span class="i5">Ce mélange de miroirs.</span><br /> -<span class="i5">Lumières de précision, je ne cligne pas des yeux,</span><br /> -<span class="i5">Je ne bouge pas,</span><br /> -<span class="i5">Je parle</span><br /> -<span class="i5">Et quand je dors</span><br /> -<span class="i5">Ma gorge est une bague à l'enseigne de tulle.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="ABSENCES_II">ABSENCES</a></h4> - - -<h4>II</h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">Je sors au bras des ombres,</span><br /> -<span class="i5">Je suis au bas des ombres,</span><br /> -<span class="i5">Seul.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">La pitié est plus haut et peut bien y rester,</span><br /> -<span class="i5">La vertu se fait l'aumône de ses seins</span><br /> -<span class="i5">Et la grâce s'est prise dans les filets de ses paupières.</span><br /> -<span class="i5">Elle est plus belle que les figures des gradins,</span><br /> -<span class="i5">Elle est plus dure,</span><br /> -<span class="i5">Elle est en bas avec les pierres et les ombres.</span><br /> -<span class="i5">Je l'ai rejointe.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">C'est ici que la clarté livre sa dernière bataille.</span><br /> -<span class="i5">Si je m'endors, c'est pour ne plus rêver.</span><br /> -<span class="i5">Quelles seront alors les armes de mon triomphe?</span><br /> -<span class="i5">Dans mes yeux grands ouverts le soleil fait les joints,</span><br /> -<span class="i5">Ô jardin de mes yeux!</span><br /> -<span class="i5">Tous les fruits sont ici pour figurer des fleurs,</span><br /> -<span class="i5">Des fleurs dans la nuit,</span><br /> -<span class="i5">Une fenêtre de feuillage</span><br /> -<span class="i5">S'ouvre soudain dans son visage.</span><br /> -<span class="i5">Où poserai-je mes lèvres, nature sans rivage?</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Une femme est plus belle que le monde où je vis</span><br /> -<span class="i5">Et je ferme les yeux.</span><br /> -<span class="i5">Je sors au bras des ombres,</span><br /> -<span class="i5">Je suis au bas des ombres.</span><br /> -<span class="i5">Et des ombres m'attendent.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="FIN_DES_CIRCONSTANCES">FIN DES CIRCONSTANCES</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">Un bouquet tout défait brûle les coqs des vagues</span><br /> -<span class="i5">Et le plumage entier de la perdition</span><br /> -<span class="i5">Rayonne dans la nuit et dans la mer du ciel.</span><br /> -<span class="i5">Plus d'horizon, plus de ceinture,</span><br /> -<span class="i5">Les naufragés, pour la première fois, font des gestes</span><br /> -<span class="i0">qui ne les soutiennent pas. Tout se diffuse, rien ne</span><br /> -<span class="i0">s'imagine plus.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="BAIGNEUSE_DU_CLAIR_AU_SOMBRE">BAIGNEUSE DU CLAIR AU SOMBRE</a></h4> - -<p> -L'après-midi du même jour. Légère, tu bouges et, légers, le sable -et la mer bougent. -</p> -<p> -Nous admirons l'ordre des choses, l'ordre des pierres, l'ordre des -clartés, l'ordre des heures. Mais cette ombre qui disparaît et cet -élément douloureux, qui disparaît. -</p> -<p> -Le soir, la noblesse est partie de ce ciel. Ici, tout se blottit dans un -feu qui s'éteint. -</p> -<p> -Le soir. La mer n'a plus de lumière et, comme aux temps anciens, tu -pourrais dormir dans la mer. -</p> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="PABLO_PICASSO">PABLO PICASSO</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">Les armes du sommeil ont creusé dans la nuit</span><br /> -<span class="i5">Les sillons merveilleux qui séparent nos têtes.</span><br /> -<span class="i5">À travers le diamant, toute médaille est fausse,</span><br /> -<span class="i5">Sous le ciel éclatant, la terre est invisible.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Le visage du cœur a perdu ses couleurs</span><br /> -<span class="i5">Et le soleil nous cherche et la neige est aveugle.</span><br /> -<span class="i5">Si nous l'abandonnons, l'horizon a des ailes</span><br /> -<span class="i5">Et nos regards au loin dissipent les erreurs.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="PREMIERE_DU_MONDE">PREMIÈRE DU MONDE</a></h4> - - -<p style="margin-left: 60%;"><i>À Pablo Picasso.</i></p> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">Captive de la plaine, agonisante folle,</span><br /> -<span class="i5">La lumière sur toi se cache, vois le ciel:</span><br /> -<span class="i5">Il a fermé les yeux pour s'en prendre à ton rêve,</span><br /> -<span class="i5">Il a fermé ta robe pour briser tes chaînes.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i10">Devant les roues toutes nouées</span><br /> -<span class="i10">Un éventail rit aux éclats.</span><br /> -<span class="i10">Dans les traîtres filets de l'herbe</span><br /> -<span class="i10">Les routes perdent leur reflet.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i10">Ne peux-tu donc prendre les vagues</span><br /> -<span class="i10">Dont les barques sont les amandes</span><br /> -<span class="i10">Dans ta paume chaude et câline</span><br /> -<span class="i10">Ou dans les boucles de ta tête?</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i10">Ne peux-tu prendre les étoiles?</span><br /> -<span class="i10">Écartelée, tu leur ressembles,</span><br /> -<span class="i10">Dans leur nid de feu tu demeures</span><br /> -<span class="i10">Et ton éclat s'en multiplie.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">De l'aube baillonnée un seul cri veut jaillir,</span><br /> -<span class="i5">Un soleil tournoyant ruisselle sous l'écorce.</span><br /> -<span class="i5">Il ira se fixer sur tes paupières closes.</span><br /> -<span class="i5">Ô douce, quand tu dors, la nuit se mêle au jour.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="SOUS_LA_MENACE_ROUGE">SOUS LA MENACE ROUGE</a></h4> - -<p> -Sous la menace rouge d'une épée, défaisant sa chevelure qui guide des -baisers, qui montre à quel endroit le baiser se repose, elle rit. -L'ennui, sur son épaule, s'est endormi. L'ennui ne s'ennuie qu'avec -elle qui rit, la téméraire, et d'un rire insensé, d'un rire de fin du -jour semant sous tous les ponts des soleils rouges, des lunes bleues, -fleurs fanées d'un bouquet désenchanté. Elle est comme une grande -voiture de blé et ses mains germent et nous tirent la langue. Les -routes qu'elle traîne derrière elle sont ses animaux domestiques et -ses pas majestueux leur ferment les yeux. -</p> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="CACHEE">CACHÉE</a></h4> - -<p> -Le jardinage est la passion, belle bête de jardinier. Sous les -branches, sa tête semblait couverte de pattes légères d'oiseaux. À -un fils qui voit dans les arbres. -</p> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="LAS_DE_TREFLE">L'AS DE TRÈFLE</a></h4> - -<p> -Elle joue comme nul ne joue et je suis seul à la regarder. Ce sont ses -yeux qui la ramènent dans mes songes. Presque immobile, à l'aventure. -</p> -<p> -Et cet autre qu'elle prend par les ailes de ses oreilles a gardé la -forme de ses auréoles. Dans l'accolade de ses mains, une hirondelle aux -cheveux plats se débat sans espoir. Elle est aveugle. -</p> - - - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="A_LA_FLAMME_DES_FOUETS">À LA FLAMME DES FOUETS</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">Ces beaux murs blancs d'apothéose</span><br /> -<span class="i5">Me sont d'une grande utilité.</span><br /> -<span class="i5">Tout au sérieux, celui qui ne paie pas les dégâts</span><br /> -<span class="i5">Jongle avec ton trousseau, reine des lavandes.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Est-il libre? Sa gorge montre d'un doigt impérieux</span><br /> -<span class="i5">Des corridors où glissent les sifflets de ses chevilles.</span><br /> -<span class="i5">Son teint, de l'aube au soir, démode ses tatouages</span><br /> -<span class="i5">Et l'asile de ses yeux a des portes sans nuages.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Ô régicide! ton corset appartient aux mignons</span><br /> -<span class="i5">Et aux mignonnes de toutes sortes. Ta chair simple s'y développe,</span><br /> -<span class="i5">Tu t'y pourlèches dans la pourpre, ô nouveau médiateur!</span><br /> -<span class="i5">Par les fentes de ton sourire s'envole un animal hurleur</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Qui ne jouit que dans les hauteurs.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="A_LA_FLAMME_DES_FOUETS_II">À LA FLAMME DES FOUETS</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">Métal qui nuit, métal de jour, étoile au nid,</span><br /> -<span class="i5">Pointe à frayeur, fruit en guenilles, amour rapace,</span><br /> -<span class="i5">Porte-couteau, souillure vaine, lampe inondée,</span><br /> -<span class="i5">Souhaits d'amour, fruits de dégoût, glaces prostituées.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Bien sûr, bonjour à mon visage!</span><br /> -<span class="i5">La lumière y sonne plus clair un grand désir qu'un paysage.</span><br /> -<span class="i5">Bien sûr, bonjour à vos harpons,</span><br /> -<span class="i5">À vos cris, à vos bonds, à votre ventre qui se cache!</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">J'ai perdu, j'ai gagné, voyez sur quoi je suis monté.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="BOIRE">BOIRE</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">Les bouches ont suivi le chemin sinueux</span><br /> -<span class="i5">Du verre ardent, du verre d'astre</span><br /> -<span class="i5">Et dans le puits d'une étincelle</span><br /> -<span class="i5">Ont mangé le cœur du silence.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Plus un mélange n'est absurde—</span><br /> -<span class="i5">C'est ici que l'on voit le créateur de mots,</span><br /> -<span class="i5">Celui qui se détruit dans les fils qu'il engendre</span><br /> -<span class="i5">Et qui nomme l'oubli de tous les noms du monde.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Quand le fond du verre est désert,</span><br /> -<span class="i5">Quand le fond du verre est fané</span><br /> -<span class="i5">Les bouches frappent sur le verre</span><br /> -<span class="i5">Comme sur un mort.</span> -</div></div></div> - - - - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="ANDRE_MASSON">ANDRÉ MASSON</a></h4> - -<p> -La cruauté se noue et la douceur agile se dénoue. L'amant des ailes -prend des visages bien clos, les flammes de la terre s'évadent par les -seins et le jasmin des mains s'ouvre sur une étoile. -</p> -<p> -Le ciel tout engourdi, le ciel qui se dévoue n'est plus sur nous. -L'oubli, mieux que le soir, l'efface. Privée de sang et de reflets, la -cadence des tempes et des colonnes subsiste. -</p> -<p> -Les lignes de la main, autant de branches dans le vent tourbillonnant. -Rampe des mois d'hiver, jour pâle d'insomnie, mais aussi, dans les -chambres les plus secrètes de l'ombre, la guirlande d'un corps autour -de sa splendeur. -</p> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="PAUL_KLEE">PAUL KLEE</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">Sur la pente fatale, le voyageur profite</span><br /> -<span class="i5">De la faveur du jour, verglas et sans cailloux,</span><br /> -<span class="i5">Et les yeux bleus d'amour, découvre sa saison</span><br /> -<span class="i5">Qui porte à tous les doigts de grands astres en bague.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Sur la plage la mer a laissé ses oreilles</span><br /> -<span class="i5">Et le sable creusé la place d'un beau crime.</span><br /> -<span class="i5">Le supplice est plus dur aux bourreaux qu'aux victimes</span><br /> -<span class="i5">Les couteaux sont des signes et les balles des larmes.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="LES_GERTRUDE_HOFFMANN_GIRLS">LES GERTRUDE HOFFMANN GIRLS</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">Gertrude, Dorothy, Mary, Claire, Alberta,</span><br /> -<span class="i5">Charlotte, Dorothy, Ruth, Catherine, Emma,</span><br /> -<span class="i5">Louise, Margaret, Ferrai, Harriet, Sara,</span><br /> -<span class="i5">Florence toute nue, Margaret, Toots, Thelma,</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Belles-de-nuit, belles-de-feu, belles-de-pluie,</span><br /> -<span class="i5">Le cœur tremblant, les mains cachées, les yeux au vent</span><br /> -<span class="i5">Vous me montrez les mouvements de la lumière,</span><br /> -<span class="i5">Vous échangez un regard clair pour un printemps,</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Le tour de votre taille pour un tour de fleur,</span><br /> -<span class="i5">L'audace et le danger pour votre chair sans ombre,</span><br /> -<span class="i5">Vous échangez l'amour pour des frissons d'épées</span><br /> -<span class="i5">Et le rire inconscient pour des promesses d'aube.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Vos danses sont le gouffre effrayant de mes songes</span><br /> -<span class="i5">Et je tombe et ma chute éternise ma vie,</span><br /> -<span class="i5">L'espace sous vos pieds est de plus en plus vaste,</span><br /> -<span class="i5">Merveilles, vous dansez sur les sources du ciel.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="PARIS_PENDANT_LA_GUERRE">PARIS PENDANT LA GUERRE</a></h4> - - -<p style="margin-left: 60%;">«<i>Amoureux d'une statue.</i>»</p> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">Les bêtes qui descendent des faubourgs en feu,</span><br /> -<span class="i5">Les oiseaux qui secouent leurs plumes meurtrières,</span><br /> -<span class="i5">Les terribles ciels jaunes, les nuages tout nus</span><br /> -<span class="i5">Ont, en toute saison, fêté cette statue.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Elle est belle, statue vivante de l'amour.</span><br /> -<span class="i5">Ô neige de midi, soleil sur tous les ventres,</span><br /> -<span class="i5">Ô flammes du sommeil sur un visage d'ange</span><br /> -<span class="i5">Et sur toutes les nuits et sur tous les visages.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Silence. Le silence éclatant de ses rêves</span><br /> -<span class="i5">Caresse l'horizon. Ses rêves sont les nôtres</span><br /> -<span class="i5">Et les mains de désir qu'elle impose à son glaive</span><br /> -<span class="i5">Enivrent d'ouragans le monde délivré.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="LICONE_AEREE">L'ICÔNE AÉRÉE</a></h4> - -<p> -L'icône aérée qui se conjugue isolément peut faire une place -décisive à la plus fausse des couronnes ovales, crâne de Dieu, -polluée par la terreur. L'os gâté par l'eau, ironie à flots irrités -qui domine de ses yeux froids comme l'aiguille sur la machine des bonnes -mères la tranche du globe que nous n'avons pas choisie. -</p> -<p> -Doux constructeurs las des églises, doux constructeurs aux tempes de -briques roses, aux yeux grillés d'espoir, la tâche que vous deviez -faire est pour toujours inachevée. Maisons plus fragiles que les -paupières d'un mourant, allaient-ils s'y employer à qui perd gagne? -Boîtes de perles avec, aux vitres, des visages multicolores qui ne se -doutent jamais de la pluie ou du beau temps, du soleil d'ivoire ou de la -lune tour à tour de soufre et d'acajou, grands animaux immobiles dans -les veines du temps, l'aube de midi, l'aube de minuit, l'aube qui n'a -jamais rien commencé ni rien fini, cette cloche qui partout et sans -cesse sonne le milieu, le cœur de toute chose, ne vous gênera pas. -Grandes couvertures de plomb sur des chevelures lisses et odorantes, -grand amour transparent sur des corps printaniers, délicats esclaves -des prisonniers, vos gestes sont les échelles de votre force, vos -larmes ont terni l'insouciance de vos maîtres impuissants, et -désormais vous pouvez rire effrontément, rire, bouquet d'épées, -rire, vent de poussière, rire comme arcs-en-ciel tombés de leur -balance, comme un poisson géant qui tourne sur lui-même. La liberté a -quitté votre corps. -</p> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="LE_DIAMANT">LE DIAMANT</a></h4> - -<p> -Le diamant qu'il ne t'a pas donné, c'est parce qu'il l'a eu à la fin -de sa vie, il n'en connaissait plus la musique, il ne pouvait plus le -lancer en l'air, il avait perdu l'illusion du soleil, il ne voyait plus -la pierre de ta nudité, chaton de cette bague tournée vers toi. -</p> -<p> -De l'arabesque qui fermait les lieux d'ivresse, la ronce douce, -squelette de ton pouce et tous ces signes précurseurs de l'incendie -animal qui dévorera en un clin de retour de flamme ta grâce de la -Sainte-Claire. -</p> -<p> -Dans les lieux d'ivresse, la bourrasque de palmes et de vin noir fait -rage. Les figures dentelées du jugement d'hier conservent aux journées -leurs heures entr'ouvertes. Es-tu sûre, héroïne aux sens de phare, -d'avoir vaincu la miséricorde et l'ombre, ces deux sœurs lavandières, -prenons-les à la gorge, elles ne sont pas jolies et pour ce que nous -voulons en faire, le monde se détachera bien assez vite de leur -crinière peignant l'encens sur le bord des fontaines. -</p> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="LHIVER_SUR_LA_PRAIRIE">L'HIVER SUR LA PRAIRIE</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">L'hiver sur la prairie apporte des souris.</span><br /> -<span class="i5">J'ai rencontré la jeunesse.</span><br /> -<span class="i5">Toute nue aux plis de satin bleu,</span><br /> -<span class="i5">Elle riait du présent, mon bel esclave.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Les regards dans les rênes du coursier,</span><br /> -<span class="i5">Délivrant le bercement des palmes de mon sang,</span><br /> -<span class="i5">Je découvre soudain le raisin des façades couchées sur le soleil,</span><br /> -<span class="i5">Fourrure du drapeau des détroits insensibles.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">La consolation graine perdue,</span><br /> -<span class="i5">Le remords pluie fondue,</span><br /> -<span class="i5">La douleur bouche en cœur</span><br /> -<span class="i5">Et mes larges mains luttent.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">La tête antique du modèle</span><br /> -<span class="i5">Rougit devant ma modestie.</span><br /> -<span class="i5">Je l'ignore, je la bouscule.</span><br /> -<span class="i5">Ô! lettre aux timbres incendiaires</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Qu'un bel espion n'envoya pas.</span><br /> -<span class="i5">Il glissa une hache de pierre</span><br /> -<span class="i5">Dans la chemise de ses filles,</span><br /> -<span class="i5">De ses filles tristes et paresseuses.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">À terre, à terre tout ce qui nage!</span><br /> -<span class="i5">À terre, à terre tout ce qui vole!</span><br /> -<span class="i5">J'ai besoin des poissons pour porter ma couronne</span><br /> -<span class="i5">Autour de mon front,</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">J'ai besoin des oiseaux pour parler à la foule.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="GRANDES_CONSPIRATRICES">GRANDES CONSPIRATRICES</a></h4> - -<p> -Grandes conspiratrices, routes sans destinée, croisant l'x de mes pas -hésitants, nattes gonflées de pierres ou de neige, puits légers dans -l'espace, rayons de la roue des voyages, routes de brises et d'orages, -routes viriles dans les champs humides, routes féminines dans les -villes, ficelles d'une toupie folle, l'homme, à vous fréquenter, perd -son chemin et cette vertu qui le condamne aux buts. Il dénoue sa -présence, il abdique son image et rêve que les étoiles vont se guider -sur lui. -</p> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="LEURS_YEUX_TOUJOURS_PURS">LEURS YEUX TOUJOURS PURS</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">Jours de lenteur, jours de pluie,</span><br /> -<span class="i5">Jours de miroirs brisés et d'aiguilles perdues,</span><br /> -<span class="i5">Jours de paupières closes à l'horizon des mers,</span><br /> -<span class="i5">D'heures toutes semblables, jours de captivité,</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Mon esprit qui brillait encore sur les feuilles</span><br /> -<span class="i5">Et les fleurs, mon esprit est nu comme l'amour,</span><br /> -<span class="i5">L'aurore qu'il oublie lui fait baisser la tête</span><br /> -<span class="i5">Et contempler son corps obéissant et vain.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Pourtant, j'ai vu les plus beaux yeux du monde,</span><br /> -<span class="i5">Dieux d'argent qui tenaient des saphirs dans leurs mains,</span><br /> -<span class="i5">De véritables dieux, des oiseaux dans la terre</span><br /> -<span class="i5">Et dans l'eau, je les ai vus.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Leurs ailes sont les miennes, rien n'existe</span><br /> -<span class="i5">Que leur vol qui secoue ma misère,</span><br /> -<span class="i5">Leur vol d'étoile et de lumière</span><br /> -<span class="i5">Leur vol de terre, leur vol de pierre</span><br /> -<span class="i5">Sur les flots de leurs ailes,</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Ma pensée soutenue par la vie et la mort.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="MAX_ERNST_II">MAX ERNST</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">Dévoré par les plumes et soumis à la mer,</span><br /> -<span class="i5">Il a laissé passer son ombre dans le vol</span><br /> -<span class="i5">Des oiseaux de la liberté.</span><br /> -<span class="i5">Il a laissé</span><br /> -<span class="i5">La rampe à ceux qui tombent sous la pluie,</span><br /> -<span class="i5">Il a laissé leur toit à tous ceux qui se vérifient.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Son corps était en ordre,</span><br /> -<span class="i5">Le corps des autres est venu disperser</span><br /> -<span class="i5">Cette ordonnance qu'il tenait</span><br /> -<span class="i5">De la première empreinte de son sang sur terre.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Ses yeux sont dans un mur</span><br /> -<span class="i5">Et son visage est leur lourde parure.</span><br /> -<span class="i5">Un mensonge de plus du jour,</span><br /> -<span class="i5">Une nuit de plus, il n'y a plus d'aveugles.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="UNE">UNE</a></h4> - -<p> -Je suis tombé de ma fureur, la fatigue me défigure, mais je vous -aperçois encore, femmes bruyantes, étoiles muettes, je vous apercevrai -toujours, folie. -</p> -<p> -Et toi, le sang des astres coule en toi, leur lumière te soutient. Sur -les fleurs, tu te dresses avec les fleurs, sur les pierres avec les -pierres. -</p> -<p> -Blanche éteinte des souvenirs, étalée, étoilée, rayonnante de tes -larmes qui fuient. Je suis perdu. -</p> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="LE_PLUS_JEUNE">LE PLUS JEUNE</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">Au plafond de la libellule</span><br /> -<span class="i5">Un enfant fou s'est pendu,</span><br /> -<span class="i5">Fixement regarde l'herbe,</span><br /> -<span class="i5">Confiant lève les yeux:</span><br /> -<span class="i5">Le brouillard léger se lèche comme un chat</span><br /> -<span class="i5">Qui se dépouille de ses rêves.</span><br /> -<span class="i5">L'enfant sait que le monde commence à peine</span><br /> -<span class="i5">Tout est transparent,</span><br /> -<span class="i5">C'est la lune qui est au centre de la terre,</span><br /> -<span class="i5">C'est la verdure qui couvre le ciel</span><br /> -<span class="i5">Et c'est dans les yeux de l'enfant,</span><br /> -<span class="i5">Dans ses yeux sombres et profonds</span><br /> -<span class="i5">Comme les nuits blanches</span><br /> -<span class="i5">Que naît la lumière.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="AU_HASARD">AU HASARD</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">Au hasard une épopée, mais bien finie maintenant,</span><br /> -<span class="i5">Tous les actes sont prisonniers</span><br /> -<span class="i5">D'esclaves à barbe d'ancêtre</span><br /> -<span class="i5">Et les paroles coutumières</span><br /> -<span class="i5">Ne valent que dans leur mémoire.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Au hasard tout ce qui brûle, tout ce qui ronge,</span><br /> -<span class="i5">Tout ce qui use, tout ce qui mord, tout ce qui tue,</span><br /> -<span class="i5">Mais ce qui brille tous les jours</span><br /> -<span class="i5">C'est l'accord de l'homme et de l'or,</span><br /> -<span class="i5">C'est un regard lié à la terre.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Au hasard une délivrance,</span><br /> -<span class="i5">Au hasard l'étoile filante</span><br /> -<span class="i5">Et l'éternel ciel de ma tête</span><br /> -<span class="i5">S'ouvre plus large à son soleil,</span><br /> -<span class="i5">À l'éternité du hasard.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="LABSOLUE_NECESSITE">L'ABSOLUE NÉCESSITÉ</a></h4> - -<p> -L'absolue nécessité, l'absolu désir, découdre tous ces habits, le -plomb de la verdure qui dort sous la feuillée avec un tapis rouge dans -les cheveux d'ordre et de brûlures semant la pâleur, l'azurine de -teinte de la poudre d'or du chercheur de noir au fond du rideau dur et -renâclant l'humide désertion, poussant le verre ardent, hachure -dépendant de l'éternité délirante du pauvre, la machine se disperse -et retrouve la ronde armature des rousses au désir de sucre rouge. -</p> -<p> -Le fleuve se détend, passe avec adresse dans le soleil, regarde la -nuit, la trouve belle et à son goût, passe son bras sous le sien et -redouble de brutalité, la douceur étant la conjonction d'un œil -fermé avec un œil ouvert ou du dédain avec l'enthousiasme, du refus -avec la confiance et de la haine avec l'amour, voyez quand même la -barrière de cristal que l'homme a fermé devant l'homme, il restera -pris par les rubans de sa crinière de troupeaux, de foules, de -processions, d'incendies, de semailles, de voyages, de réflexions, -d'épopées, de chaînes, de vêtements jetés, de virginités -arrachées, de batailles, de triomphes passés ou futurs, de liquides, -de satisfactions, de rancunes, d'enfants abandonnés, de souvenirs, -d'espoirs, de familles, de races, d'armées, de miroirs, d'enfants de -chœur, de chemins de croix, de chemins de fer, de traces, d'appels, de -cadavres, de larcins, de pétrifications, de parfums, de promesses, de -pitié, de vengeances, de délivrances—dis-je—de délivrances -comme au son des clairons ordonnant au cerveau de ne plus se laisser -distraire par les masques successifs et féminins d'un hasard d'occasion, -aux prunelles des haies, la cavalcade sanglante et plus douce au cœur de -l'homme averti de la paix que la couronne des rêves, insouciante des -ruines du sommeil. -</p> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="ENTRE_PEU_DAUTRES">ENTRE PEU D'AUTRES</a></h4> - - -<p style="margin-left: 60%;"><i>À Philippe Soupault</i></p> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">Ses yeux ont tout un ciel de larmes.</span><br /> -<span class="i5">Ni ses paupières, ni ses mains</span><br /> -<span class="i5">Ne sont une nuit suffisante</span><br /> -<span class="i5">Pour que sa douleur s'y cache.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Il ira demander</span><br /> -<span class="i5">Au Conseil des Visages</span><br /> -<span class="i5">S'il est encore capable</span><br /> -<span class="i5">De chasser sa jeunesse</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Et d'être dans la plaine</span><br /> -<span class="i5">Le pilote du vent.</span><br /> -<span class="i5">C'est une affaire d'expérience:</span><br /> -<span class="i5">Il prend sa vie par le milieu.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Seuls, les plateaux de la balance...</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="REVENIR_DANS_UNE_VILLE">REVENIR DANS UNE VILLE</a></h4> - -<p> -Revenir dans une ville de velours et de porcelaine, les fenêtres seront -des vases où les fleurs, qui auront quitté la terre, montreront la -lumière telle qu'elle est. -</p> -<p> -Voir le silence, lui donner un baiser sur les lèvres et les toits de la -ville seront de beaux oiseaux mélancoliques, aux ailes décharnées. -</p> -<p> -Ne plus aimer que la douceur et l'immobilité à l'œil de plâtre, au -front de nacre, à l'œil absent, au front vivant, aux mains qui, sans -se fermer, gardent tout sur leurs balances, les plus justes du monde, -invariables, toujours exactes. -</p> -<p> -Le cœur de l'homme ne rougira plus, il ne se perdra plus, je reviens de -moi-même, de toute éternité. -</p> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="GEORGES_BRAQUE">GEORGES BRAQUE</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">Un oiseau s'envole,</span><br /> -<span class="i5">Il rejette les nues comme un voile inutile,</span><br /> -<span class="i5">Il n'a jamais craint la lumière,</span><br /> -<span class="i5">Enfermé dans son vol,</span><br /> -<span class="i5">Il n'a jamais eu d'ombre.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Coquilles des moissons brisées par le soleil.</span><br /> -<span class="i5">Toutes les feuilles dans les bois disent oui,</span><br /> -<span class="i5">Elles ne savent dire que oui,</span><br /> -<span class="i5">Toute question, toute réponse</span><br /> -<span class="i5">Et la rosée coule au fond de ce oui.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Un homme aux yeux légers décrit le ciel d'amour.</span><br /> -<span class="i5">Il en rassemble les merveilles</span><br /> -<span class="i5">Comme des feuilles dans un bois,</span><br /> -<span class="i5">Comme des oiseaux dans leurs ailes</span><br /> -<span class="i5">Et des hommes dans le sommeil.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="DANS_LA_BRUME">DANS LA BRUME</a></h4> - -<p> -Dans la brume où des verres d'eau s'entrechoquent, où les serpents -cherchent du lait, un monument de laine et de soie disparaît. C'est là -que, la nuit dernière, apportant leur faiblesse, toutes les femmes -entrèrent. Le monde n'était pas fait pour leurs promenades -incessantes, pour leur démarche languissante, pour leur recherche de -l'amour. Grand pays de bronze de la belle époque, par tes chemins en -pente douce, l'inquiétude a déserté. -</p> -<p> -Il faudra se passer des gestes plus doux que l'odeur, des yeux plus -clairs que la puissance, il y aura des cris, des pleurs, des jurons et -des grincements de dents. -</p> -<p> -Les hommes qui se coucheront ne seront plus désormais que les pères de -l'oubli. À leurs pieds le désespoir aura la belle allure des victoires -sans lendemain, des auréoles sous le beau ciel bleu dont nous étions -parés. -</p> -<p> -Un jour, ils en seront las, un jour ils seront en colère, aiguilles de -feu, masques de poix et de moutarde, et la femme se lèvera, avec des -mains dangereuses, avec des yeux de perdition, avec un corps dévasté, -rayonnant à toute heure. -</p> - -<p><br /></p> - -<p> -Et le soleil refleurira, comme le mimosa. -</p> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="LES_NOMS">LES NOMS: CHÉRI-BIBI, GASTON LEROUX.</a></h4> - -<p> -Il a dû bien souffrir avec ces oiseaux! Il a pris le goût des animaux, -faudra-t-il le manger? Mais il gagne son temps et roule vers le paradis. -C'est BOUCHE-DE-CŒUR qui tient la roue et non CHÉRI-BIBI. On le nomme -aussi MAMAN, par erreur. -</p> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="LA_NUIT">LA NUIT</a></h4> - -<p> -Caresse l'horizon de la nuit, cherche le cœur de jais que l'aube -recouvre de chair. Il mettrait dans tes yeux des pensées innocentes, -des flammes, des ailes et des verdures que le soleil n'inventa pas. -</p> -<p> -Ce n'est pas la nuit qui te manque, mais sa puissance. -</p> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="ARP">ARP</a></h4> - -<p> -Tourne sans reflets aux courbes sans sourires des ombres à moustaches, -enregistre les murmures de la vitesse, la terreur minuscule, cherche -sous des cendres froides les plus petits oiseaux, ceux qui ne ferment -jamais leurs ailes, résiste au vent. -</p> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="JOAN_MIRO">JOAN MIRO</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">Soleil de proie prisonnier de ma tête,</span><br /> -<span class="i5">Enlève la colline, enlève la forêt.</span><br /> -<span class="i5">Le ciel est plus beau que jamais.</span><br /> -<span class="i5">Les libellules des raisins</span><br /> -<span class="i5">Lui donnent des formes précises</span><br /> -<span class="i5">Que je dissipe d'un geste.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Nuages du premier jour,</span><br /> -<span class="i5">Nuages insensibles et que rien n'autorise,</span><br /> -<span class="i5">Leurs graines brûlent</span><br /> -<span class="i5">Dans les feux de paille de mes regards.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">À la fin, pour se couvrir d'une aube</span><br /> -<span class="i5">Il faudra que le ciel soit aussi pur que la nuit.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="JOUR_DE_TOUT">JOUR DE TOUT</a></h4> - -<p> -Empanaché plat, compagnie et compagnie à la parole facile, tout à -dire. Peur plus tiède que le soleil. Il est pâle et sans défauts. -Compagnie et compagnie s'est habitué à la lumière. -</p> -<p> -Est-ce avoir l'air musicien que d'avoir l'air des villes? Il parle, -roses des mots ignorés de la plume. -</p> -<p> -Et je me dresse devant lui comme le mât d'une tente, et je suis au -sommet du mât, colombe. -</p> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="LIMAGE_DHOMME">L'IMAGE D'HOMME</a></h4> - -<p> -L'image d'homme, au dehors du souterrain, resplendit. Des plaines de -plomb semblent lui offrir l'assurance qu'elle ne sera plus renversée, -mais ce n'est que pour la replonger dans cette grande tristesse qui la -dessine. La force d'autrefois, oui la force d'autrefois se suffisait à -elle-même. Tout secours est inutile, elle périra par extinction, mort -douce et calme. -</p> -<p> -Elle entre dans les bois épais, dont la silencieuse solitude jette -l'âme dans une mer où les vagues sont des lustres et des miroirs. La -belle étoile de feuilles blanches qui, sur un plan plus éloigné, -semble la reine des couleurs, contraste avec la substance des regards, -appuyés sur les troncs de l'incalculable impéritie des végétaux bien -accordés. -</p> -<p> -Au-dehors du souterrain, l'image d'homme manie cinq sabres ravageurs. -Elle a déjà creusé la masure où s'abrite le règne noir des amateurs -de mendicité, de bassesse et de prostitution. Sur le plus grand -vaisseau qui déplace la mer, l'image d'homme s'embarque et conte aux -matelots revenant des naufrages une histoire de brigands: «À cinq ans, -sa mère lui confia un trésor. Qu'en faire? Sinon de l'amadouer. Elle -rompit de ses bras d'enfer la caisse de verre où dorment les pauvres -merveilles des hommes. Les merveilles la suivirent. L'œillet de poète -sacrifia les cieux pour une chevelure blonde. Le caméléon s'attarda -dans une clairière pour y construire un minuscule palais de fraises et -d'araignées, les pyramides d'Égypte faisaient rire les passants, car -elles ne savaient pas que la pluie désaltère la terre. Enfin, le -papillon d'orange secoua ses pépins sur les paupières des enfants qui -crurent sentir passer le marchand de sable.» -</p> -<p> -L'image d'homme rêve, mais plus rien n'est accroché à ses rêves que -la nuit sans rivale. Alors, pour rappeler les matelots à l'apparence de -quelque raison, quelqu'un qu'on avait cru ivre prononce lentement cette -phrase: -</p> -<p> -«Le bien et le mal doivent leur origine à l'abus de quelques -erreurs.» -</p> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="LE_MIROIR_DUN_MOMENT">LE MIROIR D'UN MOMENT</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">Il dissipe le jour,</span><br /> -<span class="i5">Il montre aux hommes les images déliées de l'apparence,</span><br /> -<span class="i5">Il enlève aux hommes la possibilité de se distraire.</span><br /> -<span class="i5">Il est dur comme la pierre,</span><br /> -<span class="i5">La pierre informe,</span><br /> -<span class="i5">La pierre du mouvement et de la vue,</span><br /> -<span class="i5">Et son éclat est tel que toutes les armures, tous les</span><br /> -<span class="i7">masques en sont faussés.</span><br /> -<span class="i5">Ce que la main a pris dédaigne même de prendre la</span><br /> -<span class="i7">forme de la main,</span><br /> -<span class="i5">Ce qui a été compris n'existe plus,</span><br /> -<span class="i5">L'oiseau s'est confondu avec le vent,</span><br /> -<span class="i5">Le ciel avec sa vérité,</span><br /> -<span class="i5">L'homme avec sa réalité.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="TA_CHEVELURE_DORANGES">TA CHEVELURE D'ORANGES</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">Ta chevelure d'oranges dans le vide du monde</span><br /> -<span class="i5">Dans le vide des vitres lourdes de silence</span><br /> -<span class="i5">Et d'ombre où mes mains nues cherchent tous tes reflets.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">La forme de ton cœur est chimérique</span><br /> -<span class="i5">Et ton amour ressemble à mon désir perdu.</span><br /> -<span class="i5">Ô soupirs d'ambre, rêves, regards.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Mais tu n'as pas toujours été avec moi. Ma mémoire</span><br /> -<span class="i5">Est encore obscurcie de t'avoir vu venir</span><br /> -<span class="i5">Et partir. Le temps se sert de mots comme l'amour.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="LES_LUMIERES_DICTEES">LES LUMIÈRES DICTÉES</a></h4> - -<p> -Les lumières dictées à la lumière constante et pauvre passent avec -moi toutes les écluses de la vie. Je reconnais les femmes à fleur de -leurs cheveux, de leur poitrine et de leurs mains. Elles ont oublié le -printemps, elles pâlissent à perte d'haleine. -</p> -<p> -Et toi, tu te dissimulais comme une épée dans la déroute, tu -t'immobilisais, orgueil, sur le large visage de quelque déesse -méprisante et masquée. Toute brillante d'amour, tu fascinais l'univers -ignorant. -</p> -<p> -Je t'ai saisie et depuis, ivre de larmes, je baise partout pour toi -l'espace abandonné. -</p> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="TA_BOUCHE_AUX_LEVRES_DOR">TA BOUCHE AUX LÈVRES D'OR</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">Ta bouche aux lèvres d'or n'est pas en moi pour rire</span><br /> -<span class="i5">Et tes mots d'auréole ont un sens si parfait</span><br /> -<span class="i5">Que dans mes nuits d'années, de jeunesse et de mort</span><br /> -<span class="i5">J'entends vibrer ta voix dans tous les bruits du monde.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Dans cette aube de soie où végète le froid</span><br /> -<span class="i5">La luxure en péril regrette le sommeil,</span><br /> -<span class="i5">Dans les mains du soleil tous les corps qui s'éveillent</span><br /> -<span class="i5">Grelottent à l'idée de retrouver leur cœur.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Souvenirs de bois vert, brouillard où je m'enfonce</span><br /> -<span class="i5">J'ai refermé les yeux sur moi, je suis à toi,</span><br /> -<span class="i5">Toute ma vie t'écoute et je ne peux détruire</span><br /> -<span class="i5">Les terribles loisirs que ton amour me crée.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="ELLE_EST">ELLE EST</a></h4> - -<p> -Elle est—mais elle n'est qu'à minuit quand tous les oiseaux blancs -ont refermé leurs ailes sur l'ignorance des ténèbres, quand la sœur des -myriades de perles a caché ses deux mains dans sa chevelure morte, -quand le triomphateur se plaît à sangloter, las de ses dévotions à -la curiosité, mâle et brillante armure de luxure. Elle est si douce -qu'elle a transformé mon cœur. J'avais peur des grandes ombres qui -tissent les tapis du jeu et les toilettes, j'avais peur des contorsions -du soleil le soir, des incassables branches qui purifient les fenêtres -de tous les confessionnaux où des femmes endormies nous attendent. -</p> -<p> -Ô buste de mémoire, erreur de forme, lignes absentes, flamme éteinte -dans mes yeux clos, je suis devant ta grâce comme un enfant dans l'eau, -comme un bouquet dans un grand bois. Nocturne, l'univers se meut dans ta -chaleur et les villes d'hier ont des gestes de rue plus délicats que -l'aubépine, plus saisissants que l'heure. La terre au loin se brise en -sourires immobiles, le ciel enveloppe la vie: un nouvel astre de l'amour -se lève de partout—fini, il n'y a plus de preuves de la nuit. -</p> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="LE_GRAND_JOUR">LE GRAND JOUR</a></h4> - -<p> -Viens, monte. Bientôt les plumes les plus légères, scaphandrier de -l'air, te tiendront par le cou. -</p> -<p> -La terre ne porte que le nécessaire et tes oiseaux de belle espèce, -sourire. Aux lieux de ta tristesse, comme une ombre derrière l'amour, -le paysage couvre tout. -</p> -<p> -Viens vite, cours. Et ton corps va plus vite que tes pensées, mais -rien, entends-tu? rien, ne peut te dépasser. -</p> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="LA_COURBE_DE_TES_YEUX">LA COURBE DE TES YEUX</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur,</span><br /> -<span class="i5">Un rond de danse et de douceur,</span><br /> -<span class="i5">Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,</span><br /> -<span class="i5">Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu</span><br /> -<span class="i5">C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Feuilles de jour et mousse de rosée,</span><br /> -<span class="i5">Roseaux du vent, sourires parfumés,</span><br /> -<span class="i5">Ailes couvrant le monde de lumière,</span><br /> -<span class="i5">Bateaux chargés du ciel et de la mer,</span><br /> -<span class="i5">Chasseurs des bruits et sources des couleurs</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Parfums éclos d'une couvée d'aurores</span><br /> -<span class="i5">Qui gît toujours sur la paille des astres,</span><br /> -<span class="i5">Comme le jour dépend de l'innocence</span><br /> -<span class="i5">Le monde entier dépend de tes yeux purs</span><br /> -<span class="i5">Et tout mon sang coule dans leurs regards.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<h4><a id="CELLE_DE_TOUJOURS_TOUTE">CELLE DE TOUJOURS, TOUTE</a></h4> - - -<div class="poetry-container"> -<div class="poem"><div class="stanza"> -<span class="i5">Si je vous dis: «j'ai tout abandonné»</span><br /> -<span class="i5">C'est qu'elle n'est pas celle de mon corps,</span><br /> -<span class="i5">Je ne m'en suis jamais vanté,</span><br /> -<span class="i5">Ce n'est pas vrai</span><br /> -<span class="i5">Et la brume de fond où je me meus</span><br /> -<span class="i5">Ne sait jamais si j'ai passé.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">L'éventail de sa bouche, le reflet de ses yeux,</span><br /> -<span class="i5">Je suis le seul à en parler,</span><br /> -<span class="i5">Je suis le seul qui soit cerné</span><br /> -<span class="i5">Par ce miroir si nul où l'air circule à travers moi</span><br /> -<span class="i5">Et l'air a un visage, un visage aimé,</span><br /> -<span class="i5">Un visage aimant, ton visage,</span><br /> -<span class="i5">À toi qui n'as pas de nom et que les autres ignorent,</span><br /> -<span class="i5">La mer te dit: sur moi, le ciel te dit: sur moi,</span><br /> -<span class="i5">Les astres te devinent, les nuages t'imaginent</span><br /> -<span class="i5">Et le sang répandu aux meilleurs moments,</span><br /> -<span class="i5">Le sang de la générosité</span><br /> -<span class="i5">Te porte avec délices.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Je chante la grande joie de te chanter,</span><br /> -<span class="i5">La grande joie de t'avoir ou de ne pas t'avoir,</span><br /> -<span class="i5">La candeur de t'attendre, l'innocence de te connaître,</span><br /> -<span class="i5">Ô toi qui supprimes l'oubli, l'espoir et l'ignorance,</span><br /> -<span class="i5">Qui supprimes l'absence et qui me mets au monde,</span><br /> -<span class="i5">Je chante pour chanter, je t'aime pour chanter</span><br /> -<span class="i5">Le mystère où l'amour me crée et se délivre.</span><br /> -</div><div class="stanza"> -<span class="i5">Tu es pure, tu es encore plus pure que moi-même.</span> -</div></div></div> - -<p><br /><br /><br /></p> - -<div lang='en' xml:lang='en'> -<div style='display:block; margin-top:4em'>*** END OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK <span lang='fr' xml:lang='fr'>CAPITALE DE LA DOULEUR</span> ***</div> -<div style='text-align:left'> - -<div style='display:block; margin:1em 0'> -Updated editions will replace the previous one—the old editions will -be renamed. -</div> - -<div style='display:block; margin:1em 0'> -Creating the works from print editions not protected by U.S. copyright -law means that no one owns a United States copyright in these works, -so the Foundation (and you!) can copy and distribute it in the United -States without permission and without paying copyright -royalties. Special rules, set forth in the General Terms of Use part -of this license, apply to copying and distributing Project -Gutenberg™ electronic works to protect the PROJECT GUTENBERG™ -concept and trademark. Project Gutenberg is a registered trademark, -and may not be used if you charge for an eBook, except by following -the terms of the trademark license, including paying royalties for use -of the Project Gutenberg trademark. If you do not charge anything for -copies of this eBook, complying with the trademark license is very -easy. You may use this eBook for nearly any purpose such as creation -of derivative works, reports, performances and research. Project -Gutenberg eBooks may be modified and printed and given away—you may -do practically ANYTHING in the United States with eBooks not protected -by U.S. copyright law. Redistribution is subject to the trademark -license, especially commercial redistribution. -</div> - -<div style='margin-top:1em; font-size:1.1em; text-align:center'>START: FULL LICENSE</div> -<div style='text-align:center;font-size:0.9em'>THE FULL PROJECT GUTENBERG LICENSE</div> -<div style='text-align:center;font-size:0.9em'>PLEASE READ THIS BEFORE YOU DISTRIBUTE OR USE THIS WORK</div> - -<div style='display:block; margin:1em 0'> -To protect the Project Gutenberg™ mission of promoting the free -distribution of electronic works, by using or distributing this work -(or any other work associated in any way with the phrase “Project -Gutenberg”), you agree to comply with all the terms of the Full -Project Gutenberg™ License available with this file or online at -www.gutenberg.org/license. -</div> - -<div style='display:block; font-size:1.1em; margin:1em 0; font-weight:bold'> -Section 1. General Terms of Use and Redistributing Project Gutenberg™ electronic works -</div> - -<div style='display:block; margin:1em 0'> -1.A. By reading or using any part of this Project Gutenberg™ -electronic work, you indicate that you have read, understand, agree to -and accept all the terms of this license and intellectual property -(trademark/copyright) agreement. If you do not agree to abide by all -the terms of this agreement, you must cease using and return or -destroy all copies of Project Gutenberg™ electronic works in your -possession. If you paid a fee for obtaining a copy of or access to a -Project Gutenberg™ electronic work and you do not agree to be bound -by the terms of this agreement, you may obtain a refund from the person -or entity to whom you paid the fee as set forth in paragraph 1.E.8. -</div> - -<div style='display:block; margin:1em 0'> -1.B. “Project Gutenberg” is a registered trademark. It may only be -used on or associated in any way with an electronic work by people who -agree to be bound by the terms of this agreement. There are a few -things that you can do with most Project Gutenberg™ electronic works -even without complying with the full terms of this agreement. See -paragraph 1.C below. There are a lot of things you can do with Project -Gutenberg™ electronic works if you follow the terms of this -agreement and help preserve free future access to Project Gutenberg™ -electronic works. See paragraph 1.E below. -</div> - -<div style='display:block; margin:1em 0'> -1.C. The Project Gutenberg Literary Archive Foundation (“the -Foundation” or PGLAF), owns a compilation copyright in the collection -of Project Gutenberg™ electronic works. Nearly all the individual -works in the collection are in the public domain in the United -States. If an individual work is unprotected by copyright law in the -United States and you are located in the United States, we do not -claim a right to prevent you from copying, distributing, performing, -displaying or creating derivative works based on the work as long as -all references to Project Gutenberg are removed. Of course, we hope -that you will support the Project Gutenberg™ mission of promoting -free access to electronic works by freely sharing Project Gutenberg™ -works in compliance with the terms of this agreement for keeping the -Project Gutenberg™ name associated with the work. You can easily -comply with the terms of this agreement by keeping this work in the -same format with its attached full Project Gutenberg™ License when -you share it without charge with others. -</div> - -<div style='display:block; margin:1em 0'> -1.D. The copyright laws of the place where you are located also govern -what you can do with this work. Copyright laws in most countries are -in a constant state of change. If you are outside the United States, -check the laws of your country in addition to the terms of this -agreement before downloading, copying, displaying, performing, -distributing or creating derivative works based on this work or any -other Project Gutenberg™ work. The Foundation makes no -representations concerning the copyright status of any work in any -country other than the United States. -</div> - -<div style='display:block; margin:1em 0'> -1.E. Unless you have removed all references to Project Gutenberg: -</div> - -<div style='display:block; margin:1em 0'> -1.E.1. The following sentence, with active links to, or other -immediate access to, the full Project Gutenberg™ License must appear -prominently whenever any copy of a Project Gutenberg™ work (any work -on which the phrase “Project Gutenberg” appears, or with which the -phrase “Project Gutenberg” is associated) is accessed, displayed, -performed, viewed, copied or distributed: -</div> - -<blockquote> - <div style='display:block; margin:1em 0'> - This eBook is for the use of anyone anywhere in the United States and most - other parts of the world at no cost and with almost no restrictions - whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms - of the Project Gutenberg License included with this eBook or online - at <a href="https://www.gutenberg.org">www.gutenberg.org</a>. If you - are not located in the United States, you will have to check the laws - of the country where you are located before using this eBook. - </div> -</blockquote> - -<div style='display:block; margin:1em 0'> -1.E.2. If an individual Project Gutenberg™ electronic work is -derived from texts not protected by U.S. copyright law (does not -contain a notice indicating that it is posted with permission of the -copyright holder), the work can be copied and distributed to anyone in -the United States without paying any fees or charges. If you are -redistributing or providing access to a work with the phrase “Project -Gutenberg” associated with or appearing on the work, you must comply -either with the requirements of paragraphs 1.E.1 through 1.E.7 or -obtain permission for the use of the work and the Project Gutenberg™ -trademark as set forth in paragraphs 1.E.8 or 1.E.9. -</div> - -<div style='display:block; margin:1em 0'> -1.E.3. If an individual Project Gutenberg™ electronic work is posted -with the permission of the copyright holder, your use and distribution -must comply with both paragraphs 1.E.1 through 1.E.7 and any -additional terms imposed by the copyright holder. Additional terms -will be linked to the Project Gutenberg™ License for all works -posted with the permission of the copyright holder found at the -beginning of this work. -</div> - -<div style='display:block; margin:1em 0'> -1.E.4. Do not unlink or detach or remove the full Project Gutenberg™ -License terms from this work, or any files containing a part of this -work or any other work associated with Project Gutenberg™. -</div> - -<div style='display:block; margin:1em 0'> -1.E.5. Do not copy, display, perform, distribute or redistribute this -electronic work, or any part of this electronic work, without -prominently displaying the sentence set forth in paragraph 1.E.1 with -active links or immediate access to the full terms of the Project -Gutenberg™ License. -</div> - -<div style='display:block; margin:1em 0'> -1.E.6. You may convert to and distribute this work in any binary, -compressed, marked up, nonproprietary or proprietary form, including -any word processing or hypertext form. However, if you provide access -to or distribute copies of a Project Gutenberg™ work in a format -other than “Plain Vanilla ASCII” or other format used in the official -version posted on the official Project Gutenberg™ website -(www.gutenberg.org), you must, at no additional cost, fee or expense -to the user, provide a copy, a means of exporting a copy, or a means -of obtaining a copy upon request, of the work in its original “Plain -Vanilla ASCII” or other form. Any alternate format must include the -full Project Gutenberg™ License as specified in paragraph 1.E.1. -</div> - -<div style='display:block; margin:1em 0'> -1.E.7. Do not charge a fee for access to, viewing, displaying, -performing, copying or distributing any Project Gutenberg™ works -unless you comply with paragraph 1.E.8 or 1.E.9. -</div> - -<div style='display:block; margin:1em 0'> -1.E.8. You may charge a reasonable fee for copies of or providing -access to or distributing Project Gutenberg™ electronic works -provided that: -</div> - -<div style='margin-left:0.7em;'> - <div style='text-indent:-0.7em'> - • You pay a royalty fee of 20% of the gross profits you derive from - the use of Project Gutenberg™ works calculated using the method - you already use to calculate your applicable taxes. The fee is owed - to the owner of the Project Gutenberg™ trademark, but he has - agreed to donate royalties under this paragraph to the Project - Gutenberg Literary Archive Foundation. Royalty payments must be paid - within 60 days following each date on which you prepare (or are - legally required to prepare) your periodic tax returns. Royalty - payments should be clearly marked as such and sent to the Project - Gutenberg Literary Archive Foundation at the address specified in - Section 4, “Information about donations to the Project Gutenberg - Literary Archive Foundation.” - </div> - - <div style='text-indent:-0.7em'> - • You provide a full refund of any money paid by a user who notifies - you in writing (or by e-mail) within 30 days of receipt that s/he - does not agree to the terms of the full Project Gutenberg™ - License. You must require such a user to return or destroy all - copies of the works possessed in a physical medium and discontinue - all use of and all access to other copies of Project Gutenberg™ - works. - </div> - - <div style='text-indent:-0.7em'> - • You provide, in accordance with paragraph 1.F.3, a full refund of - any money paid for a work or a replacement copy, if a defect in the - electronic work is discovered and reported to you within 90 days of - receipt of the work. - </div> - - <div style='text-indent:-0.7em'> - • You comply with all other terms of this agreement for free - distribution of Project Gutenberg™ works. - </div> -</div> - -<div style='display:block; margin:1em 0'> -1.E.9. If you wish to charge a fee or distribute a Project -Gutenberg™ electronic work or group of works on different terms than -are set forth in this agreement, you must obtain permission in writing -from the Project Gutenberg Literary Archive Foundation, the manager of -the Project Gutenberg™ trademark. Contact the Foundation as set -forth in Section 3 below. -</div> - -<div style='display:block; margin:1em 0'> -1.F. -</div> - -<div style='display:block; margin:1em 0'> -1.F.1. Project Gutenberg volunteers and employees expend considerable -effort to identify, do copyright research on, transcribe and proofread -works not protected by U.S. copyright law in creating the Project -Gutenberg™ collection. Despite these efforts, Project Gutenberg™ -electronic works, and the medium on which they may be stored, may -contain “Defects,” such as, but not limited to, incomplete, inaccurate -or corrupt data, transcription errors, a copyright or other -intellectual property infringement, a defective or damaged disk or -other medium, a computer virus, or computer codes that damage or -cannot be read by your equipment. -</div> - -<div style='display:block; margin:1em 0'> -1.F.2. LIMITED WARRANTY, DISCLAIMER OF DAMAGES - Except for the “Right -of Replacement or Refund” described in paragraph 1.F.3, the Project -Gutenberg Literary Archive Foundation, the owner of the Project -Gutenberg™ trademark, and any other party distributing a Project -Gutenberg™ electronic work under this agreement, disclaim all -liability to you for damages, costs and expenses, including legal -fees. YOU AGREE THAT YOU HAVE NO REMEDIES FOR NEGLIGENCE, STRICT -LIABILITY, BREACH OF WARRANTY OR BREACH OF CONTRACT EXCEPT THOSE -PROVIDED IN PARAGRAPH 1.F.3. YOU AGREE THAT THE FOUNDATION, THE -TRADEMARK OWNER, AND ANY DISTRIBUTOR UNDER THIS AGREEMENT WILL NOT BE -LIABLE TO YOU FOR ACTUAL, DIRECT, INDIRECT, CONSEQUENTIAL, PUNITIVE OR -INCIDENTAL DAMAGES EVEN IF YOU GIVE NOTICE OF THE POSSIBILITY OF SUCH -DAMAGE. -</div> - -<div style='display:block; margin:1em 0'> -1.F.3. LIMITED RIGHT OF REPLACEMENT OR REFUND - If you discover a -defect in this electronic work within 90 days of receiving it, you can -receive a refund of the money (if any) you paid for it by sending a -written explanation to the person you received the work from. If you -received the work on a physical medium, you must return the medium -with your written explanation. The person or entity that provided you -with the defective work may elect to provide a replacement copy in -lieu of a refund. If you received the work electronically, the person -or entity providing it to you may choose to give you a second -opportunity to receive the work electronically in lieu of a refund. If -the second copy is also defective, you may demand a refund in writing -without further opportunities to fix the problem. -</div> - -<div style='display:block; margin:1em 0'> -1.F.4. Except for the limited right of replacement or refund set forth -in paragraph 1.F.3, this work is provided to you ‘AS-IS’, WITH NO -OTHER WARRANTIES OF ANY KIND, EXPRESS OR IMPLIED, INCLUDING BUT NOT -LIMITED TO WARRANTIES OF MERCHANTABILITY OR FITNESS FOR ANY PURPOSE. -</div> - -<div style='display:block; margin:1em 0'> -1.F.5. Some states do not allow disclaimers of certain implied -warranties or the exclusion or limitation of certain types of -damages. If any disclaimer or limitation set forth in this agreement -violates the law of the state applicable to this agreement, the -agreement shall be interpreted to make the maximum disclaimer or -limitation permitted by the applicable state law. The invalidity or -unenforceability of any provision of this agreement shall not void the -remaining provisions. -</div> - -<div style='display:block; margin:1em 0'> -1.F.6. INDEMNITY - You agree to indemnify and hold the Foundation, the -trademark owner, any agent or employee of the Foundation, anyone -providing copies of Project Gutenberg™ electronic works in -accordance with this agreement, and any volunteers associated with the -production, promotion and distribution of Project Gutenberg™ -electronic works, harmless from all liability, costs and expenses, -including legal fees, that arise directly or indirectly from any of -the following which you do or cause to occur: (a) distribution of this -or any Project Gutenberg™ work, (b) alteration, modification, or -additions or deletions to any Project Gutenberg™ work, and (c) any -Defect you cause. -</div> - -<div style='display:block; font-size:1.1em; margin:1em 0; font-weight:bold'> -Section 2. Information about the Mission of Project Gutenberg™ -</div> - -<div style='display:block; margin:1em 0'> -Project Gutenberg™ is synonymous with the free distribution of -electronic works in formats readable by the widest variety of -computers including obsolete, old, middle-aged and new computers. It -exists because of the efforts of hundreds of volunteers and donations -from people in all walks of life. -</div> - -<div style='display:block; margin:1em 0'> -Volunteers and financial support to provide volunteers with the -assistance they need are critical to reaching Project Gutenberg™’s -goals and ensuring that the Project Gutenberg™ collection will -remain freely available for generations to come. In 2001, the Project -Gutenberg Literary Archive Foundation was created to provide a secure -and permanent future for Project Gutenberg™ and future -generations. To learn more about the Project Gutenberg Literary -Archive Foundation and how your efforts and donations can help, see -Sections 3 and 4 and the Foundation information page at www.gutenberg.org. -</div> - -<div style='display:block; font-size:1.1em; margin:1em 0; font-weight:bold'> -Section 3. Information about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation -</div> - -<div style='display:block; margin:1em 0'> -The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non-profit -501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the -state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal -Revenue Service. The Foundation’s EIN or federal tax identification -number is 64-6221541. Contributions to the Project Gutenberg Literary -Archive Foundation are tax deductible to the full extent permitted by -U.S. federal laws and your state’s laws. -</div> - -<div style='display:block; margin:1em 0'> -The Foundation’s business office is located at 809 North 1500 West, -Salt Lake City, UT 84116, (801) 596-1887. Email contact links and up -to date contact information can be found at the Foundation’s website -and official page at www.gutenberg.org/contact -</div> - -<div style='display:block; font-size:1.1em; margin:1em 0; font-weight:bold'> -Section 4. Information about Donations to the Project Gutenberg Literary Archive Foundation -</div> - -<div style='display:block; margin:1em 0'> -Project Gutenberg™ depends upon and cannot survive without widespread -public support and donations to carry out its mission of -increasing the number of public domain and licensed works that can be -freely distributed in machine-readable form accessible by the widest -array of equipment including outdated equipment. Many small donations -($1 to $5,000) are particularly important to maintaining tax exempt -status with the IRS. -</div> - -<div style='display:block; margin:1em 0'> -The Foundation is committed to complying with the laws regulating -charities and charitable donations in all 50 states of the United -States. Compliance requirements are not uniform and it takes a -considerable effort, much paperwork and many fees to meet and keep up -with these requirements. We do not solicit donations in locations -where we have not received written confirmation of compliance. To SEND -DONATIONS or determine the status of compliance for any particular state -visit <a href="https://www.gutenberg.org/donate/">www.gutenberg.org/donate</a>. -</div> - -<div style='display:block; margin:1em 0'> -While we cannot and do not solicit contributions from states where we -have not met the solicitation requirements, we know of no prohibition -against accepting unsolicited donations from donors in such states who -approach us with offers to donate. -</div> - -<div style='display:block; margin:1em 0'> -International donations are gratefully accepted, but we cannot make -any statements concerning tax treatment of donations received from -outside the United States. U.S. laws alone swamp our small staff. -</div> - -<div style='display:block; margin:1em 0'> -Please check the Project Gutenberg web pages for current donation -methods and addresses. Donations are accepted in a number of other -ways including checks, online payments and credit card donations. To -donate, please visit: www.gutenberg.org/donate -</div> - -<div style='display:block; font-size:1.1em; margin:1em 0; font-weight:bold'> -Section 5. General Information About Project Gutenberg™ electronic works -</div> - -<div style='display:block; margin:1em 0'> -Professor Michael S. Hart was the originator of the Project -Gutenberg™ concept of a library of electronic works that could be -freely shared with anyone. For forty years, he produced and -distributed Project Gutenberg™ eBooks with only a loose network of -volunteer support. -</div> - -<div style='display:block; margin:1em 0'> -Project Gutenberg™ eBooks are often created from several printed -editions, all of which are confirmed as not protected by copyright in -the U.S. unless a copyright notice is included. Thus, we do not -necessarily keep eBooks in compliance with any particular paper -edition. -</div> - -<div style='display:block; margin:1em 0'> -Most people start at our website which has the main PG search -facility: <a href="https://www.gutenberg.org">www.gutenberg.org</a>. -</div> - -<div style='display:block; margin:1em 0'> -This website includes information about Project Gutenberg™, -including how to make donations to the Project Gutenberg Literary -Archive Foundation, how to help produce our new eBooks, and how to -subscribe to our email newsletter to hear about new eBooks. -</div> - -</div> -</div> -</body> - -</html> diff --git a/old/68297-h/images/capitale_cover.jpg b/old/68297-h/images/capitale_cover.jpg Binary files differdeleted file mode 100644 index 1c51cdd..0000000 --- a/old/68297-h/images/capitale_cover.jpg +++ /dev/null |
